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La mise en oeuvre des Cadres des Dépenses à  Moyen Terme (CDMT ) et ses impacts sur la structure de l'organisation administrative en Côte d'Ivoire

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par Falikou KANDE
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - D. E. S. S des hautes études en gestion de la politique économique 2012
  

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CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS

Dans les pays de l'UEMOA, et notamment en Côte d'Ivoire, les critiques sur le faible impact des CDMT et budgets-programmes sur le processus de préparation budgétaire et sur l'efficacité de la dépense publique ne sont pas très surprenantes. Si des instruments de programmation pluriannuelle y ont déjà été introduits de manière ad hoc depuis une dizaine d'années dans certains pays, et trois années en côte d'Ivoire, ils ne se sont pas inscrits dans le cadre d'une véritable réforme budgétaire axée sur les résultats. Certaines faiblesses des processus de programmation à moyen terme pourraient être corrigées par des améliorations ponctuelles, comme l'amélioration du calendrier budgétaire ou la prise en compte des rapports annuels de performance dans le processus budgétaire. Cependant l'absence d'un cadre juridique approprié qui a caractérisé jusqu'en 2009 les initiatives de CDMT et de budgets-programmes dans les pays de l'UEMOA explique pour une large part que ces instruments n'aient pas produit tous les résultats attendus.

S'ils sont élaborés de manière simple et réaliste et en lien effectif avec les stratégies existantes, les CDMT et budgets programmes ont un rôle essentiel à jouer pour améliorer la qualité de la programmation budgétaire et favoriser l'atteinte des objectifs nationaux de développement et des OMD. En effet, les principaux effets des CDMT global et pluriannuel n'ont pas encore eu lieu car plusieurs fondements de la gestion budgétaire axée sur les résultats ne sont pas encore mis en place.

Au-delà des évaluations négatives dont ils peuvent faire l'objet, les résultats des premières expériences nationales dans la plupart des pays de l'UEMOA en matière de CDMT et budgets-programmes méritent d'être jugés, l'une d'une réforme budgétaire tout juste initiée, qui n'a pas encore produit ses principaux effets. Ainsi, quatre dimensions essentielles de ce mode de gestion budgétaire font actuellement défaut aujourd'hui et limitent fortement l'efficacité des CDMT et des budgets programmes dans la zone l'UEMOA et plus particulièrement en Côte d'Ivoire, bien qu'elles sont mentionnées dans la nouvelle directive: (i) la reconnaissance juridique des documents et concepts de programmation axée sur les résultats ; (ii) la spécialité des crédits budgétaires par programme ; (iii) la fongibilité des crédits à l'intérieur des programmes ; (iv) la désignation de responsables de programmes dont la responsabilité sur les résultats est engagée, même s'il convient de noter que la directive ne prévoit pas qu'il soit automatiquement ordonnateur délégué et que l'engagement de sa responsabilité n'est pas précisé et dépendra in fine de l'évolution du statut de la fonction publique en Côte d'Ivoire.

La transposition de la nouvelle directive budgétaire relative aux lois de finances (Directive 06/2009/ CM/UEMOA) adoptée en juin 2009 par les Etats Membres de l'UEMOA marquera pour la Côte d'Ivoire le début d'une véritable gestion budgétaire axée sur les résultats, qui se caractérisera par plusieurs innovations majeures qui auront un impact direct sur l'efficacité des instruments de programmation budgétaire à moyen terme. Seul le Sénégal a réussi à le faire, alors que cette transposition nécessitera un délai significatif et soulèvera des défis importants en termes de renforcement des capacités et des dispositifs de contrôle tant des dépenses publiques que des résultats de l'action gouvernementale. Plusieurs voies sont

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cependant possibles pour renforcer dès maintenant l'efficacité des initiatives nationales dans le champ de la programmation budgétaire à moyen terme et axée sur les résultats, qui imposent de limiter le formalisme des outils pour se concentrer sur leur opérationnalité, de relier les instruments sectoriels isolés au processus budgétaire et de mieux aligner les CDMT global et sectoriels et les DSRP.

Parmi les nombreuses avancées introduites par la récente rénovation des processus budgétaires en zone UEMOA (Imbert, 2009), les quatre dimensions précédemment citées (cadre juridique adapté, spécialité des crédits par programme, fongibilité des crédits à l'intérieur des programmes, responsables de programmes jugés sur les résultats) sont particulièrement susceptibles de renforcer le rôle et l'opérationnalité des instruments de programmation à moyen terme axés sur la performance.

Si les nouvelles dispositions de la directive de l'UEMOA relative aux lois de finances sont susceptibles de renforcer l'efficacité des CDMT en Côte d'Ivoire, la période de transition est importante pour bien préparer la réforme, en particulier pour ce qui concerne l'adoption des budgets-programmes triennaux (DPPD), pour lesquelles un délai supplémentaire est prévu, la date butoir étant fixée au 1er janvier 2017. Cette période de transition devrait être mise à profit pour améliorer les outils existants.

Il retenir que la mise en oeuvre des CDMT mentionnés dans les nouvelles directives aura un impact sur la réforme administrative, en redistribuant l'exercice des responsabilités entre les acteurs de la chaîne budgétaire et comptable, et en incitant à la réorganisation des structures administratives.

Le « responsable de programme » est l'acteur clé de la future gestion publique. Désigné par le ministre, il définit avec lui la stratégie du programme, et élabore les objectifs stratégiques dans le PAP qu'il établit. Il procède à la mise en oeuvre opérationnelle du programme, notamment en conduisant le dialogue de gestion le long de la chaîne de « responsabilité managériale », avec les responsables de BOP et d'UO. Enfin, il assure le pilotage et le suivi de la performance. L'exercice de « responsabilité managériale » débouche sur un rééquilibrage des compétences, notamment avec le DAF, le DRH et les responsables de support de chaque ministère. Le DAF assure la fonction de synthèse financière et à ce titre prépare les arbitrages que le ministre est amené à prononcer entre les programmes : le DRH doit concilier le cadre statutaire de la fonction publique et la nécessité de garantir à chaque RdP sa capacité de pilotage de la masse salariale.

La mise en oeuvre des CDMT va conduire le Gouvernement ivoirien à adopter les modalités de contrôle d'exécution du budget. Le contrôleur financier assure désormais des fonctions de contrôle budgétaire et de maîtrise de l'exécution de la loi de finances et de la soutenabilité des programmes.

Enfin, la mise en oeuvre des CDMT contribuera à la réforme de l'administration en situant son action dans les stratégies ministérielles de réforme. Celle-ci portera sur des réorganisations administratives majeures.

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Comme recommandations, plusieurs pistes d'amélioration des outils existants peuvent être envisagées pour renforcer leur efficacité. Elles renvoient à trois objectifs précis : (i) éviter le formalisme des outils et se concentrer sur leur opérationnalité ; (ii) relier les travaux isolés au processus budgétaire ; (iii) utiliser les CDMT et budgets-programmes pour réduire la fracture entre Budget et Stratégies de réduction de la pauvreté. Pour éviter le formalisme des outils et se concentrer sur leur opérationnalité, trois dispositions sont essentielles pour éviter que les budgets-programmes ne constituent plus un exercice formel mais un véritable outil de programmation, se sont :

? le réalisme des projections utilisées dans les CDMT globaux et sectoriels doit être renforcé et la cohérence entre ces documents doit être assurée.

? il est essentiel de mettre en place un dispositif de suivi des dépenses par programmes, par l'introduction d'une classification programme qui doit être paramétrée dans le système d'informations budgétaire et comptable, ou à défaut par l'élaboration de tableaux de passage et d'une nouvelle nomenclature budgétaire.

? enfin, il est important de clarifier au niveau ministériel les responsabilités des différentes structures dans l'élaboration des CDMT sectoriels et des budgets programmes, en particulier le rôle respectif des directions administratives financières d'une part et des directions de la planification d'autre part.

Comme toute réforme d'envergure, les CDMT doivent être accompagnés d'un renforcement des capacités nationales, à la fois en termes de ressources humaines et d'instruments. En particulier, les cellules de programmation, de suivi et de formulation doivent recevoir dans ce cadre une attention renforcée. Le système informatique SIGFIP doit être adapté à la gestion des budgets-programmes. Deux conditions devraient cependant être remplies pour que les CDMT permettent réellement une meilleure articulation entre le Budget et le DSRP, qui sont :

? premièrement, les CDMT sectoriels ou ministériels doivent davantage prendre en compte les actions qui figurent dans les Programmes d'Actions Prioritaires (PAP).

? deuxièmement, il faut développer les dispositifs de suivi-évaluation des budgets-programmes (en particulier la production des rapports annuels de performance par les ministères, sur la base d'un nombre d'indicateurs par programme très limité et pour lesquels l'information est disponible à faible coût) pour alimenter et préparer le suivi de la mise en oeuvre du DSRP et du PAP et ainsi éviter la duplication inutile des mécanismes de reporting.

Le succès de l'approche préconisée pour la gestion des politiques publiques et la programmation budgétaire pluriannuelle exige un certain nombre d'éléments indispensables qui sont entre autres :

? l'engagement du Chef de l'exécutif sur la réforme. Le choix des ministres chargés de la coordination des stratégies et des finances est crucial. Ils doivent être des champions de réformes, et un réel consentant des résultats. En effet, cela permettrait seulement de maintenir au Gouvernement que des membres qui performent.

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> la révision du cadre juridique et réglementaire. Il est nécessaire pour l'adapter à la réforme de gestion des finances publiques couvrant aussi bien la programmation, que l'exécution, le contrôle, le reporting et la responsabilité financière. Pour les pays hors UEMOA, la loi organique relative aux lois de finances devra être révisée pour intégrer ces réformes.

> le changement de culture de budgétisation. Ceci nécessite une plus grande appropriation par les ministères. Il doit y avoir une acceptation du caractère contraignant de leurs enveloppes et programmes. Les interventions du Ministre des finances se limitent à la détermination des enveloppes sectorielles et au contrôle de la qualité de la dépense sans arbitrer à l'intérieur des secteurs.

> de fortes capacités administratives. Celles-ci sont particulièrement nécessaires pour les fonctions de programmation, de suivi et d'évaluation dans les ministères ainsi que de gestion des programmes. Ceci requiert d'avoir une stratégie de renforcement de ces capacités. Ce qui inclut en particulier des nominations à des fonctions basées sur le mérite, de développer des programmes de formation, de mettre en place des systèmes d'évaluation des performances, et des incitations adéquates.

> un alignement des interventions des partenaires sur les besoins de renforcement des capacités. Le Gouvernement devra préparer un programme hiérarchisant ses priorités que les partenaires peuvent soutenir aussi bien en termes de dialogue que de ressources financières et techniques.

> une définition d'un nouveau circuit des dépenses et recettes publiques eu égard à la déconcentration de la fonction d'ordonnateur et envisager la multiplicité des PGT auprès des ministères est nécessaire ;

> il faut une réflexion aux problèmes d'accumulation des arriérés de paiement qui peuvent entraver l'exécution des programmes. Car les disponibilités de la trésorerie peuvent être une contrainte additionnelle à la mise en oeuvre des CDMT.

La Côte d'Ivoire doit impérative transposer toutes les dispositions contenues dans les directives de l'UEMOA à l'image du Sénégal si elle veut être au rendez-vous de 2017. Elle doit également prendre toutes les mesures (décrets ou arrêtés ministériels) lui permettant d'assurer un véritable dialogue de gestion.

Pour finir, il faut retenir que l'impact de la mise en oeuvre des CDMT ne limitera pas seulement sur les structures de l'organisation administrative. Il peut évidemment y avoir des impacts sur les relations entre l'Etat, les citoyens, les contribuables et usagers.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein