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Evaluation et caractérisation du statut martial chez les femmes en à¢ge de procréer non enceintes et les femmes au cours de la grossesse en Côte d'Ivoire: étude multicentrique dans la ville d'Abidjan

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par Mathieu Nahounou BLEYERE
Université Nangui Abrogoua ( ex université d'Abobo- Adjamé ) - Doctorat unique d'Université 2010
  

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2. Discussion

2-1. Statut en fer au cours de la grossesse

L'étude effectuée dans les 4 formations sanitaires de la ville d'Abidjan montre que les données globulaires et les indices érythrocytaires sont effondrés pendant les 3 trimestres de la grossesse avec une altération beaucoup plus prononcée au troisième trimestre. En effet, il est généralement admis 3 stades de carence martiale pour décrire le déficit du fer dans l'organisme (Hercberg et al., 1998). D'abord, la simple déplétion des réserves tissulaires en fer sans déficit de l'érythropoïèse qui se caractérise par une baisse isolée de la ferritine sérique en dessous de 20 ug/l. Ensuite, la déplétion des réserves en fer avec déficience de l'érythropoïèse, qui s'accompagne d'une diminution du coefficient de saturation de la transferrine, d'une augmentation de la transferrine et de la capacité totale de fixation du fer, d'une baisse de la sidérémie et d'une perturbation des paramètres érythrocytaires classiques (VGM, TCMH). Enfin, le dernier stade correspond à l'anémie ferriprive où la chute du taux d'hémoglobine en dessous du seuil limite fait reconnaître l'anémie (Preziosi et al., 1994).

Les valeurs moyennes observées chez les femmes enceintes sont largement abaissées comparativement aux normes définies par l'OMS (UNICEF/WHO/UNU/MI, 1998). Cette baisse s'explique par l'augmentation du volume plasmatique et l'expansion de la masse des globules rouges au regard des taux d'hématocrite et des concentrations d'hémoglobine (Fleming, 1989b ; Marti-Carvajal et al., 2002). L'hémodilution est moindre au début de la grossesse, elle s'accentue au second trimestre et dans la moitié du troisième trimestre avant de retrouver des valeurs normales vers la fin de la grossesse (Hytten, 1985). Les femmes enceintes ont présenté des taux moyens d'hématocrite qui sont inférieurs à ceux trouvés chez des Belges et des Sud-Coréennes enceintes (Beguin et al., 1991 ; Lee et al., 2002). Ceci permet de conclure que l'hémodilution est plus prononcée chez les sujets d'Abidjan depuis le début jusqu'au troisième trimestre de la grossesse.

La baisse des taux d'hématocrite et d'hémoglobine par l'hémodilution ne devrait pas être considérable si les réserves en fer et autres nutriments nécessaires à la production de nouveaux globules rouges avaient été suffisants pour les besoins de la grossesse (Kaufer et Casanueva, 1990 ; Knight et al., 1994 ; Dillon, 2000). Dans cette étude, les diminutions remarquables du VGM et de la TCMH au troisième trimestre ont montré que les femmes enceintes ont présenté un véritable déficit en fer au cours de la grossesse. Ce résultat est similaire aux études chez les Sud-Coréennes et chez les adolescentes noires américaines (Lee et al., 2002 ; Iannotti et al., 2005).

En ce qui concerne la taille des réserves en fer évaluée par la ferritine sérique, son effondrement depuis le début de la grossesse a conduit à des taux de carence martiale et des anémies très significatifs au dernier trimestre. Deux femmes enceintes sur 3 soit 66 % présentent une anémie nutritionnelle (anémie ferriprive) plus prononcée que les autres anémies observées. En outre, aucune femme n'a présenté un statut normal en fer au troisième trimestre de grossesse. Ces taux de prévalence de carence martiale et d'anémies (Bléyéré et al., 2007) sont supérieurs à ceux obtenus chez des Sud-Coréennes et des Chinoises enceintes (Liao, 2004 ; Lee et al., 2002).

En revanche, les fréquences observées chez les femmes enceintes de la ville d'Abidjan sont similaires à celles obtenues chez les adolescentes noires américaines (Bléyéré et al., 2007 ; Iannotti et al., 2005).

En Afrique, les travaux menés chez des malawites enceintes ont montré que 60 % et 19 % des femmes ont présenté respectivement une anémie ferriprive et une anémie inflammatoire (Broek et Letsky, 2000). Ce dernier type d'anémie est provoqué en général par les parasitoses et des syndromes infectieux (Dillon, 2000), ce qui expliquerait les proportions de 18,5 % ; 24,1 % et de 15 %, respectivement au premier, au second et au troisième trimestres de la grossesse de l'anémie inflammatoire. Par ailleurs, des études au Malawi et au Nigeria, ont montré que de nombreuses femmes en âge de procréer, ont une alimentation qui contient très peu ou pas de protéine animales. Elles ont un régime alimentaire à base de végétaux (Broek et Letsky, 2000 ; Oguntona et al., 2002 ; Vanderjagt et al., 2007). Or, le fer des végétaux est non héminique, donc peu absorbable (Galan et al., 1990 ; Dillon, 2000). Cela pourrait justifier l'insuffisance de la taille des réserves en fer, en rapport avec le présent travail. Cette insuffisance martiale s'est aggravée au troisième trimestre de la grossesse avec pour conséquence, l'altération des indicateurs biologiques qui évaluent le statut en fer.

En outre, l'anémie ferriprive est la seule anémie d'origine nutritionnelle observée chez les femmes enceintes sélectionnées dans les 3 communes. Il ressort donc que la principale raison de l'anémie des femmes au cours de la grossesse est liée au déficit en fer des sujets de la ville d'Abidjan. Plusieurs études confirment nos résultats (Bondevik et al., 2000 ; Achidi et al., 2005 ; Khan et al., 2006 ; Agarwal et al., 2007).

En outre, ce taux d'anémie ferriprive que nous avons enregistré est considérablement au-dessus de ceux enregistrés dans plusieurs pays africains tels qu'en Algérie (37,4 %) par Moulessehoul et al. (2004) ; au Bénin (48 %) par Makoutodé et al. (2004), au Niger (43,3 %) par Nayama et al. (2006) et au Malawi (60 %) par Broek et Letsky (2000).

En revanche, cette fréquence d'anémie d'origine nutritionnelle de notre étude est inférieure à celles observées au Kenya (76 %) par Gneissler et al. (1998) ; au Mali (73 %) par Aguayo et al. (2003) et au Sénégal (72,6 %) par Touré-Fall et al. (2004).

Aussi les études de Méda et al. (2000) ont-elles rapporté une prévalence (66 %) des femmes enceintes au Burkina Faso semblable à celle notre étude.

De plus, la prévalence de l'anémie d'origine nutritionnelle que nous avons obtenue, est plus élevée que celles indiquées en Australie (11 %) par Makrides et al. (2003) ; au Bangladesh (50 %) par Hyder et al. (2004) ; en Corée du Sud (34 %) par Lee et al. (2002) ; par Liao et al. (2004) en Chine (33,8 %) et en Thaïlande (19,9 %) par Chotnopparatpattara et al. (2003). Cependant, les fréquences d'anémie ferriprive obtenues dans notre étude sont significativement plus faibles que celle observée en Inde (69,5 %), Abel et al. (2001).

D'autres résultats obtenus au Bangladesh, au Kenya, au Malawi et au Niger ont montré, tout comme notre travail, que des réserves insuffisantes en fer, au départ de la grossesse, s'accompagnent de taux d'anémie ferriprive supérieurs aux taux de carence martiale (Hyder et al., 2004 ; Gneissler et al., 1998 ; Broek et Letsky, 2000 ; Nayama et al., 2006). En revanche, des études au cours desquelles des femmes présentent des réserves en fer suffisantes en début de la grossesse indiquent des taux de prévalence de carence martiale au-dessus de ceux de l'anémie ferriprive. Il s'agit des femmes enceintes en Algérie (60,2 % et 37,4 %), en Australie (67,5 % et 11 %),  en Corée du Sud (65 % et 34 %) (Moulessehoul et al., 2004 ; Makrides et al., 2003 ; Lee et al., 2002) et en Guyane française (92,7 et 6,4 %) (Guindi et al., 2004).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault