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Impact de l'exploitation des ressources sur l'environnement de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Cas de l'extraction des phosphates de Hahotoé au Togo

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par Kegnide AMOUSSOU
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies 2002
  

Disponible en mode multipage

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ANNEE UNIVERSITAIRE : 2000 - 2002

UNIVERSITE DE LOME

LOME - TOGO

FACULTE DES LETTRES & SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

FORMATIONS DOCTORALES

L'IMPACT DE L'EXPLOITATION DES RESSOURCES SUR
L'ENVIRONNEMENT DE L'UNION ECONOMIQUE & MONETAIRE
OUEST AFRICAINE :
Cas de l'extraction des phosphates de HAHOTOE (TOGO)

MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME D'ETUDES
APPROFONDIES (DEA - 3ème CYCLE) PLURIDISCIPLINAIRE

OPTION : SOCIOLOGIE

Présenté et soutenu par : Sous la Direction de :

Kégnidé AMOUSSOU Mr. Aziagbédé Essé AMOUZOU

Maître de Conférences Université de Lomé

2

DEDICACE

3

Je dédie ce mémoire, en tout honneur et toute

gloire, à Dieu pour Sa Grandeur et Sa Bonté

incommensurables; l'aboutissement de ce

travail est la résultante de toute l'intelligence

dont il a su doter l'Etre humain.

Il est également dédié à mon fils Georges-Hector Ayédon

AMOUSSOU et à mon neveu Axel Owognanon

AMOUSSOU en espérant que

Dieu leur prête santé et longue vie pour

bénéficier de Son Intelligence ! ! !

4

REMERCIEMENTS

5

Le présent mémoire, résultat de deux (2) années de recherches, est le fruit non seulement d'un certain nombre de contacts pris à divers niveaux, mais aussi des expériences et savoir-faire du corps professoral nous ayant servi de guide au cours de la formation au Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA).

Nos remerciements vont en général à l'ensemble du corps professoral de DEA et en particulier au corps professoral du Groupe I sous la direction du Professeur Nicoué L. GAYIBOR dont la rigueur au travail et l'abnégation ont contribué à achever ce travail.

Nous ne saurions passer sous silence nos remerciements à l'endroit de Messieurs Ambroise ZAGRE, Maître de Conférences en Sociologie à l'Université de Ouagadougou (BURKINA-FASO) et Komi KOSSI-TITRIKOU, Maître-Assistant en Anthropologie à l'Université de Lomé dont les séances de spécialité ont permis de raffermir et consolider nos connaissances générales dans la méthodologie en sociologie.

Notre mot de gratitude va également à l'endroit de Monsieur Essè A. AMOUZOU, Maître de Conférences en Sociologie à l'Université de Lomé, qui a eu l'insigne honneur de poursuivre et d'achever le travail amorcé par les précédents encadreurs. Vos observations, remarques et suggestions nous ont aidé à améliorer notre travail.

Nos remerciements vont également aux diverses personnes-ressources qui, de près ou de loin, ont contribué à l'aboutissement de ce travail.

Nous ne saurions oublier les autorités administratives du Rectorat pour toutes les facilités auxquelles nous avons eu droit en dépit des obligations professionnelles qui sont les nôtres. Nous tenons particulièrement à remercier Madame FATODZI Kossiwa, ex-Directrice des Ressources Humaines de l'Université de Lomé, qui n'a de cesse apporter son soutien moral et matériel à l'ambition que nous nourrissons de poursuivre nos études.

Ce travail n'aurait abouti sans l'apport combien inestimable de mon épouse Mariette et ma belle-soeur Laure dont le dévouement, l'abnégation et l'aide ont facilité ledit travail.

6

INTRODUCTION

7

Assurer le développement économique et social et le minimum de bien-être à leurs populations, préserver l'indépendance de leur économie sont les objectifs recherchés par tous les pays de l'UEMOA1. Atteindre ces objectifs nécessite une utilisation rationnelle des ressources disponibles, une détermination des priorités et moyens d'actions précis, bref une politique de développement qui reste la voie à suivre. D'une manière générale, pour ce qui est des pays sous-développés auxquels font partie sans exception les Etats de l'UEMOA, la mise en valeur des ressources du sous-sol fait le plus souvent l'objet d'une simple extraction à la suite de laquelle, le minerai est exporté vers les pays développés pour être transformé. Ainsi, une activité mal orientée détruit l'environnement, mais il n'est point de développement durable sans une saine gestion des ressources. (Jean-Philippe BARDE, 1992, p. 147)2.

En effet, un pays en développement peut tirer d'importants avantages d'une industrie minière bien gérée. Ces activités, outre qu'elles procurent des devises étrangères, constituent, pour certains pays, l'élément moteur du développement économique. C'est pourquoi aux lendemains des indépendances, la plupart des pays sous-développés se sont lancés dans de vastes programmes de développement industriel (notamment l'industrie extractive) pour soutenir leur développement économique. Mais, force est de constater que, dans la plupart des cas, ces projets furent réalisés sans se soucier des impacts écologiques et socio-humains qu'ils généreraient. Ainsi, se référant au rôle joué par les industries dans les pays développés, certains pays africains trouvaient en ces dernières le moteur idéal du développement, et ont fixé leur choix sur celles-ci en négligeant, ou du moins, en reléguant au second rang l'environnement et ses diverses composantes.

Bien que les activités du secteur rural commencent par prendre une place plus importante dans les programmes de développement des pays africains en particulier, les industries déjà implantées continuent leurs activités d'exploitation et de production et s'installent le plus souvent en milieu rural. Leur implantation occasionne des problèmes et des changements

1 L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine regroupe les pays suivants : Mali, Sénégal, Guinée-Bissau, Niger, Côte d'Ivoire, Bénin et Togo.

2 In Economie de l'environnement, PUF.

8

dans le milieu d'implantation. Cette problématique sera traitée dans le cas du Togo notamment avec l'exploitation des phosphates à Hahotoé.

Avant toute analyse inhérente à la résolution de la dégradation de l'environnement au Togo et particulièrement à Hahotoé, il importe d'avoir des données et informations illustrant les dégâts causés à l'écosystème des pays en voie de développement à une grande échelle ou au plan sous-régional3.

Certes la problématique de l'environnement dans l'ensemble des pays de l'UEMOA nous paraît complexe et immense du fait de l'étendue de la superficie à explorer. Tout en étant conscient que nous n'effleurons que le sujet à travers l'impact de l'exploitation des phosphates à Hahotoé, il nous paraît important de souligner ici quelques points essentiels. Cette perspective d'étude extensive à ces pays sera beaucoup plus envisagée dans le cadre de la thèse. Cependant, la présente étude inhérente à l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA), sera consacrée à l'impact de l'exploitation des ressources naturelles notamment le phosphate dans la zone de Hahotoé et ses environs.

3 Pays de la zone subsaharienne notamment ceux entourant le Togo : Bénin à l'Est, Burkina-Faso au Nord et Ghana à l'Ouest.

1ère PARTIE :

9

PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE

10

ENONCE DU PROBLEME

Depuis la période coloniale, les économies du tiers monde ont été contraintes de jouer un rôle précis : fournir aux pays riches - les métropoles - les matières premières brutes dont les usines occidentales avaient le plus grand besoin et servir de débouchés aux surplus industriels des nations colonisatrices (J. Y. CARFANTAN al. , 1980)4 . A titre d'illustration, on peut citer le Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo) qui, devenu grand producteur de cuivre, de par les ressources naturelles que renferme son sous-sol, ne dispose pas d'une véritable industrie électrique. Les bagues et bijoux sont fabriqués ailleurs que sur son territoire. En 1970, le tiers-monde assurait la quasi totalité de la production mondiale en caoutchouc naturel et pourtant, 10% des pneumatiques, des joints élastiques ou autres dérivés étaient fabriqués ou montés dans les pays en développement. Nombreux sont ces exemples qui démontrent que les usines des pays développés n'auraient pas fonctionné sans l'extraction de la bauxite dont le tiers-monde fournissait encore 80% de la consommation mondiale en 1977.

Les choses se passèrent sous forme de répartition du travail où les pays développés ont pu croire que le rôle exclusif des pays colonisés correspondait à la vocation naturelle d'alimenter leurs usines des matières et ressources naturelles de pays en développement. Ainsi, dès la colonisation, ceux-ci ont été «mis en valeur», en y pratiquant une économie de «cueillette» parce que les ressources minières locales étaient considérées comme un don inépuisable de la nature aux pays colonisateurs.

La recherche de solutions au problème de surendettement des pays en développement a incité les institutions de Brettons Wood (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale) à mettre en oeuvre des Politiques d'Ajustement Structurel (PAS) d'inspiration libérale, qui, appliquées à partir des années 1980, ont pour objectif principal d'encourager les pays concernés à se spécialiser là où ils ont des avantages comparatifs. Ainsi, pour acquérir des devises étrangères, ceux-ci ont renforcé leur spécialisation non seulement dans la production des biens primaires, mais aussi dans l'échange d'une seule et unique ressource.

4 In Qui a peur du Tiers Monde ? Rapports Nord-Sud : les faits. Edt° Le Seuil 1980

11

C'est le cas par exemple des pays comme le Nigeria et le Ghana dont le cumul des exportations, en 1980, avoisinait 98% des produits de base. Il en est de même de la Zambie dont la production de cuivre exporté est estimée à 90%5 . Le Togo s'est également illustré dans la production des phosphates.

Cette spécialisation peut, par conséquent, conduire à l'intensification des méthodes d'exploitation ou à l'extension de la mise en valeur des ressources non exploitées, non sans effets sur la qualité de l'environnement. Ainsi, les pays en développement poussés par la spécialisation dans le cadre des PAS subissent des conséquences sociales et environnementales les plus graves entraînant parfois la substitution effrénée d'écosystèmes riches par l'exploitation de ressources naturelles. Le fardeau de la dette est tel que beaucoup de pays en développement surexploitent leurs sols et leurs ressources naturelles pour l'alléger.

Au regard de ce qui précède, la croissance de l'ensemble de l'économie des pays en développement se fait au détriment du milieu de vie. Cette croissance débouche sur une destruction de l'humanité parce que l'exploitation des ressources naturelles est faite sans tenir compte de l'incidence que cela pourrait provoquer sur l'environnement. Dans ce cas, toute modification ou atteinte à l'environnement est intimement liée à des activités productives gouvernées par des processus économiques. Ainsi, une activité économique mal orientée détruit l'environnement ... (Jean-Philippe BARDE, 1992)6.

Telle que conçue, la croissance est plus basée voire orientée vers une vision matérialiste qui privilégie plus les gains en «avoir» au détriment de l'«être». Depuis plusieurs décennies, l'exploitation des ressources naturelles, loin de contribuer au développement des populations, a davantage appauvri celles-ci tant sous l'angle physique que humain. La dégradation écologique est, pour une large part la conséquence d'«erreurs économiques, sociales et politiques ... ; elle est aussi, et avec une force croissante, la principale cause de la pauvreté» (Erik P. ECKOLM, 1976 p. 28)7. En aliénant l'environnement, l'homme, de par ses atteintes à la nature, non seulement atrophie le soubassement de sa vie, mais aussi

5In Qui a peur du Tiers Monde ? Rapports Nord-Sud : les faits. Edt° Le Seuil 1980

6 Economie et politique de l'environnement, PUF, P. 147

7 La terre sans arbres: la destruction des sols à l'échelle mondiale, traduction française : éditions Robert LAFFONT

12

s'aliène lui-même et, de cette aliénation, naissent des formes de misère et de paupérisation indicibles.

La dégradation de l'environnement et son coût en argent, en misère sociale et en souffrance individuelle est essentiellement le résultat d'une politique technologique anti-écologique qui a été utilisée en vue de l'exploitation des ressources minières. D'ailleurs, les populations qui vivent sur le site d'exploitation ne sont pas soumises à un choix d'exploitation ou non de ces ressources, car celles-ci sont considérées comme propriété de l'Etat. Il y a chez ces populations ce que l'on appelle « un consentement à accepter (CAA)»8. En contrepartie, il est question de savoir s'il y a auprès de l'entreprise un consentement à payer (CAP) les dommages causés à l'écosystème.

Les effets consécutifs sur l'environnement attaquent les écosystèmes de base qui supportent la vie des êtres humains, détruisent le «capital biologique» essentiel au fonctionnement de l'agriculture et peuvent, si l'on n'y prend garde, provoquer une dislocation catastrophique de ces systèmes. (Robert et Nancy DORFMAN, al. 1975. P. 220)9 .

Sur le plan physique, l'exploitation des phosphates entraîne le déboisement excessif, la désorganisation du profil du relief, la dégradation du sol, la menace à l'extinction de certaines espèces biologiques. Ce dénuement de la zone d'exploitation constitue la première étape de l'exploitation des phosphates.

Sur le plan social, la progression des carrières d'extraction sur les nouveaux sites (terres en jachères, champs) entraîne pour la population locale la perte de ses terres d'habitation et de culture et son déplacement. Lorsque l'équilibre de l'environnement est ébranlé et que la capacité des écosystèmes à répondre aux besoins humains entre dans une période critique, les mauvaises conditions de vie de ceux qui dépendent directement de la terre empirent, et leurs efforts de redressement et de développement - ... - deviennent de plus en plus difficiles. (Erik P. ECKOLM, 1976 p. 28)10. Il en résulte un bouleversement socio-économique de toute la région. En outre, les terres soumises à l'exploitation des phosphates deviennent peu

8 Economie et politique de l'environnement, PUF, P. 92.

9 Economie de l'Environnement, (Robert et Nancy S. DORFMAN, al.), Ed. Calmann-Lévy, 1975

10 Op. cité

13

propices à l'agriculture, surtout de type traditionnel, par le simple fait que la reconstitution de la végétation sur ces terres s'effectue avec une extrême lenteur. Cette exploitation entraîne voire impose des coûts sociaux non compensés à la collectivité.

Les incidences relatives à l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement

physique et social des pays de l'UEMOA
en général et du Togo en particulier avec l'exploitation des phosphates à Hahotoé suscite quelques interrogations.

- Quelles sont les conséquences engendrées par l'exploitation des ressources naturelles dans les pays en développement en général ?

- Quelles sont les incidences de l'exploitation des phosphates à Hahotoé ?

- Quelle serait la solution au problème de l'environnement face à l'exploitation effrénée des ressources naturelles dans les pays en développement ?

- Quelles politiques appliquer pour protéger l'environnement ?

- Peut-on évaluer le coût exact de la destruction de l'environnement par l'exploitation des ressources naturelles ?

Ce sont là des questions auxquelles la recherche tentera de répondre.

Si par critères environnementaux, faut-il regrouper l'ensemble des «considérations directement liées à l'objectif de protection de la santé et du bien-être», il est impérieux de savoir si ces critères sont pris en compte lors de la décision d'exploiter ces terres. Par cette décision, il est question d'identifier les éléments pouvant nuire à l'environnement et à la santé ou les seuils au-delà desquels la détérioration de l'environnement met en péril la santé, le bien-être, le développement économique (menaces sur les ressources en eau, sur la productivité des sols et autres écosystèmes, sur la diversité écologique, le climat, etc.). En effet, si l'exploitation des ressources naturelles dans les pays en développement est capable de mettre en péril l'environnement physique et humain, il devient indispensable de s'en préoccuper. Pour ce faire, la problématique de l'environnement est devenue une préoccupation primordiale, la question étant évoquée à toutes les rencontres internationales. Cette tendance à l'internationalisation a été illustrée en juin 1972, lorsque s'est tenue à Stockholm la conférence des Nations-Unies sur l'environnement humain dont la devise est

14

« une seule terre » (C. RUSSEL et al., 1971)11 et vingt ans plus tard à Rio de Janeiro en 1992. C'est à juste titre que Jean-Philippe BARDE12 prône la coopération internationale dans la préservation de l'écosystème.

Il fait remarquer que « la dimension internationale de l'environnement n'est pas seulement affaire d'échange commerciaux, ... L'environnement ne connaît pas de frontières : ... les ressources de la planète, atmosphère, océans, ressources biologiques constituent un patrimoine partagé que seule une gestion commune ou coordonnée sur le plan international, pourra efficacement préserver»13. Ainsi nous nous proposons d'analyser les statistiques disponibles pour avoir une vision quantitative fiable de la destruction de l'environnement de Hahotoé.

Ceci nous aidera à mieux comprendre l'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement dans les pays en développement en général et à Hahotoé en particulier avec l'exploitation des phosphates. Toutes ces questions seront examinées à travers le thème spécifique à développer relatif à l'impact de l'exploitation des phosphates sur l'environnement physique et humain à Hahotoé

HYPOTHESES DE TRAVAIL

Pour mieux appréhender la problématique ci-dessus, nous partirons des hypothèses suivantes :

1 - l'exploitation des ressources naturelles dans les pays en développement n'a guère contribué au développement de ceux-ci ; pire, elle les a davantage appauvris en ce sens que la dégradation de l'environnement doit être perçue comme la dégradation subie par les systèmes écologiques qui constituent l'habitacle de toute forme de vie sur cette planète ;

2 - l'exploitation des phosphates a créé dans la zone d'étude une « politique de pauvreté de masse » ;

3 - la dégradation de l'environnement ou du milieu de vie peut annihiler une hausse du niveau de vie et même entraîner une réduction du bien-être global lorsque la nocivité de

11 «International Environmental Problems = A Taxonomy»(Les problèmes d'environnement à l'échelle internationale), extrait de Science, vol. CVXXII, 25 juin 1971 in Economie de l'environnement sous la direction de Robert et Nancy DORFMAN, éditions Calmann-Lévy, 1975.

12 Op. cité

13 In Chapitre XII : «Pollutions transfrontières et pollutions globales» P. 342

15

cette dégradation apparaît supérieure. Cette dégradation constitue une entrave à la réalisation de trois (03) conditions essentielles pour les populations des zones concernées :

· vivre longtemps et en bonne santé ;

· acquérir un savoir ;

· avoir accès aux ressources nécessaires afin de jouir d'un niveau de vie convenable.

OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

En nous situant dans la perspective de la thèse, l'objectif principal consistera à dégager et analyser l'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement dans la zone UEMOA en vue de susciter un besoin d'évaluation régionale des politiques environnementales.

Comme objectifs spécifiques, il sera question de :

· évaluer l'impact de l'exploitation des phosphates à Hahotoé sur l'environnement tant physique qu'humain en faisant ressortir les divers déséquilibres entraînés par ladite exploitation;

· faire le point sur l'évolution de l'exploitation des phosphates à Hahotoé et ses répercussions sur l'environnement ;

· répertorier les dommages environnementaux dus à l'extraction des phosphates ;

· stimuler la prise de conscience sur la dégradation de l'environnement ;

· identifier les problèmes sanitaires liés à l'exploitation des phosphates ;

· relever les problèmes fonciers auxquels sont soumis les populations de la zone d'exploitation ;

16

RESULTATS ATTENDUS

Au terme de cette étude qui va déboucher sur la thèse, on doit :

+ faire un état des lieux de l'exploitation des ressources naturelles dans la zone de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ;

+ analyser les conséquences de la dégradation de l'environnement liée à l'exploitation des ressources naturelles dans la zone UEMOA ;

+ dégager les similitudes et les divergences de gestion de l'environnement dans cette zone ;

+ pouvoir incorporer la perspective écologique dans le processus de planification sous régionale;

+ satisfaire les besoins sociaux fondamentaux comme les soins médicaux élémentaires, une nutrition adéquate et l'alphabétisation à partir des fonds générés par l'exploitation des ressources minières notamment les phosphates ;

+ parvenir à une indemnisation effective prenant en compte les besoins essentiels des populations vivant sur les sites d'exploitation minière;

+ contribuer à ralentir voire freiner la dégradation de l'environnement et à instaurer une politique de reconstitution des terres ;

+ favoriser un reboisement de reconstitution ;

+ viser à accroître et pérenniser rapidement les biens immatériels notamment les satisfactions collectives à l'égard de l'environnement sous le double aspect des conditions de vie qui expriment l'environnement social (enseignement, culture, soins de santé...) et du milieu de vie qui traduit l'environnement physique des populations.

17

2ème PARTIE :

INVENTAIRE CRITIQUE DES SOURCES

CONSULTABLES

18

La littérature qui a fait l'objet d'une revue et d'une analyse dans la présente étude se présente sous deux aspects.

- Ouvrages généraux et spéciaux traitant des problèmes de l'environnement

- Documents relatifs à l'exploitation du phosphate dans la zone minière publiés par l'OTP

Il existe une littérature bien fournie en la matière. Cependant, nous nous bornerons tout simplement à l'analyse de quelques ouvrages dont la pertinence de l'analyse faite par les auteurs nous paraît répondre indéniablement aux préoccupations que soulève le thème de notre recherche.

Dans la série des ouvrages généraux consultés portant sur les problèmes d'environnement, on peut citer entre autres ceux de Robert et Nancy S. DORFMAN et al14. (1975), Erik P. ECKHOLM15, Jean-Philippe BARDE16.

Robert et Nancy S. DORFMAN et al. (1975) ont, sous leur direction, dans un recueil de textes, analysé les aspects essentiellement économiques qui peuvent découler des atteintes causées à l'environnement. Leur préoccupation a essentiellement porté sur la qualité de l'air et de l'eau ; la préservation des sites naturels, de la faune, de la flore comme éléments faisant partie de l'espace vital que se partagent toutes les créatures.

Erik P. ECKHOLM a, quant à lui, examiné et analysé les diverses formes de destruction écologique de l'équilibre fragile des systèmes alimentaires. A l'aide d'exemples concrets et pertinents, il a lié cette destruction au déboisement, au surpâturage, à l'érosion et à l'abandon du sol, à la désertification ainsi qu'aux variations dans la fréquence et la gravité des inondations. Pour lui, outre les phénomènes naturels tels que la sécheresse et les inondations transformant un phénomène temporaire en un désastre, l'intensité croissante de la surexploitation des sols et la continuation des pratiques culturales en sont des causes . Il a, par conséquent, démontré l'impact qu'une terre sans arbres peut avoir sur la production alimentaire des zones qui font l'objet de ces exploitations. A cet effet, il a, à travers le même

14 Economie de l'Environnement

15 La terre sans arbres : la destruction des sols à l'échelle mondiale

16 Economie et politique de l'environnement, PUF, l'économiste

19

ouvrage, lancé un cri de détresse sous forme d'invite à la prise de conscience du public et à la compréhension du problème écologique que vit l'humanité tout entière. D'où la nécessité d'accorder une attention toute particulière au problème en vue d'établir des moyens d'action à mettre en oeuvre si la bataille contre la faim voire la pauvreté doit être combattue, vaincue.

Dans son ouvrage ci-dessus cité, J. P. BARDE a établi la relation qui a caractérisé l'économie et l'environnement. Pour lui, l'homme, tirant sa subsistance et son bien-être des ressources naturelles, ne peut que vivre en étroite harmonie avec la nature. L'activité économique qui découle de cette relation économie / environnement est source de différents conflits à travers les besoins de l'homme et l'exploitation qu'il en fait de la nature. Face à une telle situation conflictuelle, il se pose la question de savoir : «si l'environnement se trouve au centre de la vie économique, quel est dès lors son « poids » économique, aussi bien au niveau des coûts de la détérioration de l'environnement, des ressources affectées à la protection de l'environnement ou des conséquences économiques des politiques de l'environnement.» Pour répondre à ces divers questionnements, il a fait usage des outils d'analyse et d'évaluation de cette dimension économique de l'environnement.

En rendant plus accablante la civilisation de consommation et de matérialisme qui caractérise la société européenne, Philippe Saint MARC17 a analysé les atteintes causées à la nature en pointant un doigt accusateur sur la mécanisation, l'industrialisation et l'urbanisation, responsables de ces destructions continues et permanentes. Il montre dans son ouvrage que «la terre y a fait place à un amalgame de bétons et d'espaces verts, l'eau est polluée par les déchets ménagers et industriels, l'air est dégradé par le bruit et la pollution»18. La conséquence qui découle de ce gaspillage, de cette absurde ignorance voire cette indifférence est la rareté de plus en plus criarde des éléments constituant l'espace naturel notamment l'eau, l'air et le sol. Ceux-ci deviennent de plus en plus coûteux et difficiles à obtenir.

17 Socialisation de la nature

18 Philippe ST MARC, op. cit. P. 15

20

Nous nous contenterons seulement des ouvrages ci-dessus mentionnés pour des raisons d'ordre pédagogique. Une analyse minutieuse de ces ouvrages nous conduit à un dénominateur commun qui constitue la préoccupation majeure des auteurs ; celle de la problématique de l'environnement.

3ème PARTIE :

21

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

22

III. 1/ CHAMP D'ETUDE ET POPULATION CIBLE

La recherche vue sous l'angle de la thèse aura pour cadre d'étude l'ensemble des éléments physiques, chimiques, biologiques qui caractérisent l'environnement des Etats de L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine. Ne seront pris en considération que ceux dont l'environnement aussi bien physique qu'humain se trouvent affectés par l'exploitation des ressources naturelles.

Cependant, la recherche qui fait l'objet de la présente analyse se déroule dans la zone d'exploitation des phosphates. Celle-ci a la forme d'une bande presque rectiligne s'étirant d'Avéta au SW à 10 km de la côte jusqu'au-delà de Dagbati au NE. Cette couche est constituée d'une longueur de 35 à 36 km sur une largeur de 2 km. Cette zone d'exploitation est discontinue du fait de l'érosion et subdivisée en trois (3) parties dites taches notamment au sud la tache Avéta-Kpogamé ; au centre la tache Hahotoé-Akoumapé et au nord la tache Dagbati. La plus importante des coupures s'étendant sur environ 6 km de Kpogamé à Hahotoé correspond aux vallées du Haho et de ses affluents. A gauche au NW s'aperçoit la dépression de la Lama et au Sud-Est se trouve le plateau de Vogan-Attitogon caractérisé par le terrain naturel avec une faible pente. Notre champ d'étude ne saurait être limitative à la zone de Hahotoé seulement. L'exploitation du minerai doit être perçue en amont comme en aval. Ceci justifie la prise en compte de la zone de traitement des phosphates, Kpémé.

III. 2/ TECHNIQUES ET OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES

Notre recherche plus fondamentale qu'appliquée va consister en une double approche complémentaire l'une de l'autre notamment la recherche documentaire et la recherche sur le terrain. Si la première s'intéresse à l'ensemble des sources de documentation inhérente à l'exploitation des phosphates la seconde quant à elle prend en compte les opérations par lesquelles le modèle d'analyse conçu dans le cadre de ladite étude sera soumis à l'épreuve des faits à l'aide de techniques appropriées à l'étude.

La problématique élaborée et l'objet d'étude construit, il nous paraît évident de confectionner et annexer un guide d'entretien organisé de façon plus ou moins détaillée en catégories de sujets à aborder au cours de l'enquête de terrain en y déterminant l'échantillon

23

de population à observer dans le cadre du thème d'étude ainsi que les indicateurs de dimensions physiques et humaines liées à l'exploitation des phosphates à Hahotoé.

Tout au long de notre démarche quant aux procédures d'enquêtes, on aura recours à des techniques qualitatives aussi bien que quantitatives ; les premières relatives à l'impact de l'exploitation des phosphates sur l'environnement physique sont plus descriptives, explicatives et interprétatives, car il s'agira d'accumuler des informations dans tous les secteurs d'activités de façon à pouvoir dresser le tableau le plus complet possible de l'état de dégradation de l'environnement physique. Les secondes quant à elles seront orientées vers l'environnement social.

Ce faisant, les deux techniques nous paraissent indispensables du fait de leur complémentarité. C'est à ce titre que Didier FASSIN19 dit en substance qu'aux «différents moments de la recherche, les procédures qualitatives et quantitatives se répondent- les premières permettant la première découverte du terrain et l'interprétation ultime des résultats ; les secondes apportant la mesure des phénomènes .... »

? L'observation indirecte

Elle a consisté en une étude documentaire et entretiens avec des personnes-ressources de l'OTP, des services techniques des mines, du Ministère de l'agriculture et de l'élevage, du Ministère de l'Environnement et des Ressources Forestières. Cette démarche a permis la collecte de données secondaires. Ces différentes informations ont été exploitées pour la préparation de la pré-enquête.

? La pré-enquête

C'est une enquête informelle dont le but est de mieux comprendre les systèmes d'exploitation et de gestion des ressources minières au Togo et leur impact sur l'environnement physique et humain. La pré-enquête a consisté d'abord en l'élaboration de deux guides d'entretien, le premier pour les entretiens individuels et le second pour les

19 Analyser variables et questions in Questions de méthodes, P 124.

24

entretiens de groupe. Le guide individuel a concerné les chefs d'exploitation, tandis que le guide de groupe s'est adressé à des groupements villageois.

Les localités de la pré-enquête ont été prises au hasard sur la base de la couverture de la zone en phosphate. Les deux guides ont été préalablement testés et corrigés avant la descente sur le terrain. La collecte a duré six jours.

Les logiciels Word et Excel ont été utilisés pour la saisie et l'analyse des données.

? L'enquête par questionnaire

A partir de l'analyse des données de la pré-enquête, nous avons élaboré un check-list qui va servir d'ossature pour la confection du questionnaire de l'enquête relative à l'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement humain. L'outil de collecte choisi est le questionnaire semi-structuré. Il comportera des questions fermées en majorité et quelques questions ouvertes relatives aux données socio-démographiques, aux systèmes de culture, aux habitudes alimentaires, à la santé des populations de la zone d'étude.

? Stratégie de collecte

Dans la perspective de la thèse, la collecte sera faite par des enquêteurs. Ces derniers seront recrutés par zone, à raison de 5 enquêteurs par zone sur la base de la connaissance du milieu, de la langue parlée et d'un niveau d'instruction relativement acceptable. Les enquêteurs seront formés sur le terrain. A cet effet, une séance d'explication et d'appropriation du questionnaire sera organisée avant le début de la collecte dans chaque zone. Un questionnaire sera administré à chaque chef de ménage. Une descente sur le terrain se fera ultérieurement pour la correction des biais.

25

4ème PARTIE :

PROPOSITION DE PLAN

COMMENTE

26

IV- 1/ Contribution à l'étude d'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement de l'Union Economique Monétaire Ouest Africaine :

Ce chapitre permettra d'évaluer de manière exhaustive les problèmes environnementaux auxquels sont exposés les pays de la zone UEMOA. Dès lors, il sera question d'exprimer concrètement dans cette zone l'état global du cadre physique d'existence matérialisé par trois éléments fondamentaux notamment la terre, l'air et l'eau ; une telle étude nous aidera à procéder à des comparaisons dans le temps et dans l'espace, sur des bases objectives. Ainsi on procédera à la détection, pays par pays, des points de ressemblance et de dissemblances en matière de dégradation et de détérioration de l'environnement dans la zone UEMOA. Ces comparaisons nous permettront d'identifier les situations alarmantes en matière de dégradation de l'environnement, d'évaluer les dangers d'une nuisance par rapport à une autre et de constater les résultats des mesures prises dans tel ou tel pays de la zone UEMOA.

IV- 2/ Pauvreté et destruction de l'environnement : un cercle vicieux :

La détérioration accélérée de la situation d'endettement extérieur des pays en voie de développement constitue un élément supplémentaire d'exploitation des ressources naturelles et de destruction de l'écosystème. Dans les pays pauvres s'est installé un processus de détérioration de l'environnement qui entrave tout processus de développement de façon irrémédiable. La pauvreté en elle-même constitue une cause de destruction de l'environnement dans plusieurs pays pauvres. Cette problématique n'est guère étrange dans les pays de l'UEMOA. En situation de pauvreté, les agressions écologiques sont inéluctables.

Ainsi, nous montrerons dans l'évolution de la recherche inhérente à la thèse comment de pauvres paysans, chassés des terres productives et en quête de terres arables, se replient sur des terres marginales, arides, qui exploitées au maximum, perdent le peu de fertilité qu'il leur reste. Le besoin de survie entraîne la dégradation rapide de l'écosystème empêchant ainsi tout entretien du capital naturel, mais aussi toute reconstitution des sols. Les paysans de ces régions dont les cultures se trouvent sur des pentes escarpées, soumettent celles-ci à de

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fortes érosions. La recherche des terres arables vient détruire davantage les forêts dans l'espoir de pouvoir cultiver ces terres défrichées.

J-P BARDE, exploitant les estimations de la FAO, fait observer qu'en 1990 par exemple, les forêts tropicales couvrant 1046 millions ha soit 9% des terres sont détruites au rythme de 17 millions ha/an20 .

IV- 3/ Population, environnement et développement humain durable

dans les pays de la zone UEMOA

:

L'Homme de tout temps se révèle comme un prédateur, car toutes ses activités se résument à l'utilisation des ressources naturelles. Les pays africains connaissent une croissance démographique vertigineuse caractérisée par un taux d'accroissement moyen de 2,7%.

Si l'Afrique de l'ouest à elle seule compte de nos jours plus de 221 millions d'âmes, cette population risquera de doubler dans les 25 ans à venir. Surtout dans les pays en développement on s'accorde à reconnaître que les modes de production et de consommation liés à l'extraction, à la production des matières premières minières et agricoles contribuent à la dégradation de l'environnement. Ainsi cette évolution démographique accentuée par une utilisation irrationnelle des ressources disponibles constituerait une menace sérieuse pour l'environnement. La problématique de ce chapitre sera d'analyser comment un développement humain durable est-il impossible lorsque la population croît plus vite que les ressources disponibles. Tout le long de notre analyse, il sera également nécessaire de s'interroger sur les questions suivantes :

- quelles relations devrons-nous dégager des concepts population, environnement et développement ?

- quels sont les problèmes environnementaux liés à la pression démographique ?

- quel est l'impact de cette pression démographique sur les ressources du point de vue économique et social ?

- à quelles conditions un développement humain durable est-il possible pour ces pays ?

20 Economie et Politique de l'Environnement, PUF 1991 P. 190

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Au terme de ce chapitre, on devra pouvoir établir l'interdépendance existant entre ces différents concepts de façon à démontrer l'impact de la population et du développement sur l'environnement. Mais il n'en demeure pas moins que l'environnement ait en retour une influence sur les populations. Il s'agira également de trouver l'équilibre entre d'une part, la population et la croissance de ses besoins, et d'autre part le développement et les ressources disponibles tout en réduisant le rythme de destruction de l'environnement et ses effets sur le milieu humain et physique.

IV- 4/ Impact des instruments de politiques de sauvegarde de l'environnement

L'avenir de la terre et de toutes ses composantes dépend de la prise de conscience nationale comme internationale du danger. En effet, depuis la conférence de Stockholm, la communauté internationale s'organise et s'active pour pallier à la situation de dégradation et de détérioration de l'environnement. Cependant, il est question de s'interroger trente (30) ans après sur l'efficience des actions qui ont été menées jusqu'à ce jour.

Dans ce chapitre, nous essayerons d'analyser l'impact desdits instruments de politiques de sauvegarde de l'environnement dans les pays de l'UEMOA.

Certes la protection de l'environnement se justifie souvent par le respect des normes sanitaires garantissant à tout être humain une certaine sécurité : l'accès à une eau potable, une alimentation saine, un air respirable, etc. Tous les êtres humains ont a priori les mêmes besoins et doivent se préserver des mêmes dangers. Mais peut-on exiger de tous les pays le respect des mêmes normes ? L'expression «un environnement sain minimal» n'a pas forcément la même signification pour les autorités d'un pays développé que pour celles d'un pays sous-développé.

Il sera question de savoir si les politiques de sauvegarde et de protection de l'environnement, telles qu'adoptées aux diverses rencontres internationales, sont traduites dans la réalité.

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Hormis quelques «avancées et résultats honorables» (Guy CORCELLE, 199321), il est surprenant de constater que toutes les mesures prises ne sont pas traduites dans les faits.

21 20 ans après Stockholm, la Conférence des NU de Rio sur l'environnement. Voir cet article dans Revue du marché commun et l'UE, n° 365, Février 1993, P. 126 s.

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5ème PARTIE :

CHAPITRE / THEME A DEVELOPPER :

Impact de l'exploitation des phosphates sur l'environnement à

Hahotoé (Lomé - TOGO)

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A - PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D'EXPLOITATION

Situé sur le plateau de Vogan-Attitogon à 1°24'E et 6°22'N, le village de Hahotoé se trouve dans la Préfecture de Vo à une cinquantaine de Km au Nord-Est de Lomé. La zone minière est traversée par la vallée du cours d'eau haho qui divise la zone minière en deux secteurs dénommés siège Nord incluant Hahotoé, Akoumapé et Dagbati et le siège Kpogamé regroupant Kpogamé lui-même et Avéta.

I - MILIEU BIOCLIMATIQUE

I - 1/ Le climat

A l'image de l'ensemble du bas-Togo, le site jouit d'un climat de type subéquatorial guinéen. Ce climat est influencé par des courants marins froids de profondeur et par la circulation atmosphérique dominée par deux grands alizés : l'alizé continental boréal (harmattan), l'alizé maritime austral (mousson).

Ce climat comporte quatre saisons dont deux saisons pluvieuses s'alternant avec deux saisons sèches et se répartissent de la façon suivante :

- grande saison pluvieuse (mi-mai à mi-juillet)

- petite saison sèche : (mi-juillet à mi-septembre)

- petite saison pluvieuse : (mi-septembre à mi-novembre)

- grande saison sèche (mi-novembre à mi-mars)

I - 2 / Les précipitations et températures

Cette zone comme le reste de la partie sud du Togo est le théâtre privilégié d'une anomalie climatique. Le régime pluviométrique est bimodal. Les minima au niveau des températures sont de 23,2°C et les maxima sont de 30,5°C. La moyenne annuelle est de 26,8°C.

I - 3 / Les formations végétales

A l'image de l'ensemble des plateaux de terre de barre, la zone minière fut le domaine de fourrées qui sont une formation végétale, parfois formée d'épineux. Ce paysage de savane est très imbriqué en mosaïque avec une formation herbacée graminéenne du fait des particularités climatiques et enfin sous l'influence de l'action anthropique notamment les activités agricoles.

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On peut y remarquer des fourrées à milletia thonningii, vitex doniana, ptérocarpus erinaceus, daniella oliveri, etc....

Cette végétation est piquetée par endroits d'arbres reliques comme adansonia digitata (baobab), ceiba pentadra (kapokier), borassus aethiopum (rônier). Par ailleurs, on note la présence de quelques espèces introduites par l'homme : mangifera indica (manguier), elaesis guineensis (palmier à huile).

I - 4 / Géologie

Cette zone, dominée par le bassin sédimentaire côtier, est limitée au nord par une ligne transversale passant approximativement par Tsévié et Kouvé. Vers le sud, il plonge sous l'océan atlantique. L'histoire de ce bassin sédimentaire s'inscrit dans celle plus générale du bassin sédimentaire allant du Ghana au delta du Niger au Nigeria. La connaissance de ce bassin se révèle à travers de nombreux travaux notamment ceux de Kouriatchy (1933) et Johnson (1987).

I - 5 / Les grandes unités topographiques

La zone des plateaux de barre est divisée en deux par une dépression transversale appelée généralement dépression de la Lama (boue en portugais) qui permet d'identifier deux types de plateaux :

? Les plateaux septentrionaux comprenant d'est en ouest :

- le plateau de Kouvé ou de Tabligbo

- le plateau de Tsévié

? Les plateaux méridionaux qui sont d'est en ouest

- le plateau de Vogan-Attitogon

- le plateau de Kpogamé

- le plateau d'Agoenyievé

Pour terminer, nous avons la dépression de la Lama d'orientation SSW - NNE qui résulte

des effets érosifs. Elle doit son nom à un sol argileux qui reste détrempé et boueux en saison

des pluies.

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B - Découverte du phosphate.

Découvert en 1952 par des sondages des experts français, l'exploitation systématique est menée jusqu'à la mise à jour d'importants gisements sédimentaires avec des réserves exploitables évaluées à environ 100 millions de minerais brut. Après les travaux de prospection et l'étude géologique, les autorités françaises décidèrent la création de la Société Minière du Bénin (SMB) en 1954. En 1957, une convention fut signée entre le gouvernement togolais et la SMB en vue de la mise en valeur du gisement. La même année fut créée la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin (CTMB) qui est la modification de la Société des Mines du Bénin (SMB). Le 4 février 1974, la CTMB devint une société nationale au capital entièrement souscrit par l'Etat togolais.

Le 4 février 1980, la société nationale prend la dénomination de l'Office Togolaise des Phosphates (OTP) qui, depuis le 23 Janvier 2002, se retrouve sous la dénomination «International Fertilizers Group-Togo» (IFG-Togo).

Depuis cette date, cette entité industrielle s'active dans la recherche, l'extraction, l'enrichissement et la commercialisation du phosphate.

Les phosphates naturels trouvent à travers le phosphore et l'acide phosphorique des applications dans de nombreux domaines. En raison de leur rôle fertilisant, ils sont utilisés dans la fabrication d'engrais. Cependant, la grande transformation et la non-tonicité des composés phosphatés d'une manière générale les rendent plus attrayants pour la fabrication des détergents et de certains produits alimentaires.

Le phosphate, dans le domaine des engrais phosphatés, est utilisé de deux manières :

? D'abord on en fait une application directe dans les sols acides (phosphate de fond). Mais, il s'agit là d'une utilisation limitée.

? Ensuite, il est utilisé sous forme d'engrais solubles complexes. Il s'agit de la transformation industrielle des phosphates pour les rendre rapidement solubles et assimilables pour les plantes.

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Dans l'alimentation, le bétail, les industries alimentaires et pharmaceutiques font de plus en plus appel aux phosphates de chaux sous les formes les plus diverses. Néanmoins, il faut que ces phosphates soient dans un état de pureté convenable, débarrassés de l'arsenic ou du fluor qui les accompagne souvent. Le phosphate dissodique et le pyrophosphate dissodique sont utilisés dans l'alimentation humaine pour la fabrication des fromages, des levures chimiques et pour la conservation des viandes.

Les détergents actuellement commercialisés sont pour l'essentiel accompagnés de polyphosphates employés comme agents anticalcaires.

Pour la fabrication des réfractaires de fonderies, certaines industries métallurgiques utilisent des phosphates.

Les phosphates sont aussi utilisés sous forme d'organo-phosphorés dans l'industrie chimique pour la fabrication des pesticides et dans l'industrie militaire pour la fabrication des bombes.

C - Extraction

L'opération d'exploitation commence par le déplacement des villages situés sur le gisement de phosphate. Cette opération consiste à l'abattage des arbres, au débroussaillement, à la destruction des maisons d'habitation au fur et à mesure de l'avancement des fronts d'exploitation.

L'exploitation proprement dite se pratique à ciel ouvert. Il s'agit de nettoyer de la surface à exploiter toutes les impuretés qui se trouvent sur le phosphate, d'atteindre le minerai sis à une profondeur d'à peu près 35 à 40 m de stérile de matériaux inutiles avant de l'exploiter.

Il existe trois gradins principaux qui font l'objet d'excavation:

? Le gradin supérieur ou découverture supérieure composé essentiellement de terre de barre avec une épaisseur de 24 mètres;

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w' Le gradin intermédiaire ou découverture intermédiaire ;

w' Le gradin inférieur qui repose directement sur le gisement, sur le minerai de phosphate.

De 1960 jusqu'en novembre 1988, la surface exploitée est évaluée à 1377 ha 76 a. De novembre 1988 au 30 juin 1996, elle est de 569 ha 79 a. A partir de ces chiffres, on peut donc dire que le rythme d'exploitation est évalué à 87,66 ha par an.

D - IMPACT DE CETTE EXPLOITATION SUR L'ENVIRONNEMENT

L'exploitation du phosphate à Hahotoé n'est pas sans conséquences sur l'environnement physique et humain. Sans entrer dans des détails, le présent chapitre se bornera à l'analyse des aspects les plus criards de la détérioration de l'environnement du fait de l'exploitation du minerai de phosphate.

D. 1 - Conséquences de l'exploitation du phosphate sur l'environnement physique

1 - Les perturbations dans le relief

L'étude morphologique et géologique a clairement relevé que les phosphates de Hahotoé gisent dans la zone des plateaux de terre de barre de Vo-Attitogan et de Kpogamé. Mais dans les régions affectées par l'exploitation minière et aux alentours apparaît un nouveau type de relief dit accidenté qui est le résultat de la modification radicale du relief naturel. De ce fait, deux types de reliefs se dégagent : les collines et les plateaux artificiels.

Les collines artificielles sont le résultat de l'accumulation des morts-terrains des différentes découvertures, en l'occurrence les découvertures supérieure et intermédiaire, sur le terrain naturel (non exploité) sans aucun aménagement. En dehors de ces collines, on observe également dans le milieu des cônes en forme de buttes géantes qui ne sont rien d'autre que des remblais obtenus par rejet direct des stériles de la découverture inférieure. Entre les cônes se trouvent différentes sortes de vallées qui sont occupées par endroit par des étangs artificiels. Ne tarissant jamais, quoique représentant un danger permanent à la population du milieu, ces étangs sont riches en poissons et constituent un gîte privilégié des crocodiles.

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L'ensemble des collines et des cônes s'étend sur plusieurs centaines d'hectares (1300 ha environ) et sont difficilement accessibles.

Les plateaux artificiels quant à eux ne sont que le résultat des efforts d'aménagement des remblais entrepris par la structure industrielle. A cet effet, un dispositif de remblayage fut mis en place à l'arrière du front de l'exploitation s'étendant sur environ 1000 hectares. Ces plateaux présentent en surface des crêtes qui expliquent l'imperfection de l'opération de remblayage. Cependant, ils sont peu accidentés par rapport aux collines et aux cônes et par conséquent relativement faciles à l'accession humaine. Il est alors impossible d'admettre que le sol reste intact lorsque le relief s'en est profondément affecté.

2 - Dégradation des sols.

La dégradation des sols est consécutive aux modifications de leur structure physique et de leur nature chimique sous l'effet des phénomènes des érosions hydrique et éolienne. Ainsi, dire qu'une terre est actuellement dans une telle situation signifie qu'elle est comparée à la même terre qui, dans le passé, n'était pas dégradée (BRABANT, 1992).

2. 1 - Structure des sols avant l'extraction des phosphates

Texture

Sablo argileuse

Structure

Grumeleuse

Consistance

Adhésivité moyenne et forte plasticité par endroit

Perméabilité

Bonne

Enracinement

Peu abondant mais bonne pénétration radiculaire

Activité biologique

Bonne

Horizons

Uniformes

Parage

Diffus

Profil

Non perturbé

Source : Direction de la Recherche Agronomique, 1983.

Mais, suite à l'exploitation, le caractère des sols se trouve profondément modifié rendant ces sols peu propices à l'agriculture surtout celle du type traditionnel.

Le tableau ci-dessous montre l'état des sols de remblais :

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Remblai datant de
moins de 10 ans

Remblai de plus
de 10 ans

Texture

argile sableuse

sablo-argileuse

Structure

massive

grumeleuse

Consistance

dure

faible

Perméabilité / Porosité

faible

faible (bétons par endroit)

 

Fente de dessiccation

Beaucoup de cailloux dont certains sont altérés

 

Beaucoup de cailloux en surface relief ondulé

Passage distinct

Source : Direction de la Recherche Agronomique, 1983.

Les remblais datant de moins de 10 ans présentent une structure argilo-sableux. Cela est dû au fait que lors du remblayage, le profil vertical du sol a été profondément bouleversé, les couches les plus profondes argileuses se trouvant en surface. C'est la présence de ces argiles à la surface des sols qui explique aussi leur structure massive avec une consistance dure et une faible perméabilité, favorisant ainsi la séparation par les eaux difficiles, les fentes de dessiccation en saison sèche et de petits cailloux en surface provenant des zones grumeleuses.

Pour des remblais datant de plus de 10 ans, les sols sont argilo-argileux. L'appauvrissement de la partie supérieure en argile provient de la migration verticale des éléments de la fraction argileuse (Kaolinite, quartz très fin, hydroxydes) par lessivage. La consistance est généralement fiable et la porosité faible.

2. 2 - Evolution chimique des sols

Les résultats des analyses des sols montrent une certaine tendance mais peu prononcée à l'acidification, surtout dans les premières années d'exploitation. Après une trentaine d'années ces sols évoluent vers des sols neutres comme l'indique le tableau ci-dessous.

Echantillons des sols

PH

N°1

Sols des remblais de 1960

6,78

N°2

Sols des remblais de 1965 - 75

6,5

N°3

Sols des remblais de 1980

6,60

N°4

Sols des remblais de 1990

4,90

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Source : DJANGBEDJA, 2000.

2. 3 - Erosion des sols

L'érosion est, par définition, l'ensemble des phénomènes physiques, physico-chimiques qui dégradent le relief, transforment la composition chimique et biochimique du sol, modifient sa texture et sa structure en transformant et en accumulant les matériaux arrachés. Cette érosion se caractérise par la disparition du sol superficiel sous l'action d'agents atmosphériques notamment l'eau de ruissellement et le vent. Telles sont les manifestations que présente le site de Hahotoé suite à l'exploitation de ses terres.

Plusieurs auteurs s'accordent pour reconnaître le rôle important que joue la pente (longueur, forme, inclinaison) sur le développement de l'érosion hydrique. La zone de Hahotoé présente un relief accidenté, résultat de l'accumulation des morts-terrains déposés en désordre formant ainsi par endroits des buttes. Ces buttes sont exposées aux phénomènes d'érosion hydrique diffuse voire concentrée du fait des pratiques culturales répétées, de l'agressivité du climat, de la dégradation de la végétation.

L'intensité étant le paramètre qui lie la pluie à l'érosion, elle intervient à trois niveaux : V' La saturation momentanée de la porosité du sol,

V' L'énergie cinétique de la pluie,

V' L'intensité du ruissellement consécutif (débit et vitesse des filets d'eau).

Faisant le parallèle entre le rôle de la pente et du climat dans le processus de l'érosion hydrique, FOURNIER (1967) fait remarquer qu'il n'est point d'une forte pente pour déclencher ce processus d'érosion sur certains sols. Par ailleurs, lorsque le sol est totalement couvert par une végétation, l'érosion est faible quelle que soit la pente.

Selon certains auteurs notamment ROOSE (1981) et MIETTON (1980) cités par TCHAA, 1981 et repris par DJANGBEDJA 2000, on considère en général que au delà de 20 mm, une pluie unitaire peut être à l'origine de l'érosion, alors que Olivry cité par le même auteur propose 12 mm en 24 h. Au regard des données pluviométriques des stations de Togoville, d'Akoumapé et de Tchappo, la pluviométrie de la région remplit cette condition.

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L'érosion éolienne est aussi remarquable dans la région ; cela est dû à l'absence du couvert négatif, à la topographie et à la structure du sol qui est ici sablo-argileuse.

2.4 - Considérations générales des dépôts humides sur le sol.

Le sol où cohabitent les racines des végétaux, les animaux et les micro organismes est un assemblage complexe de substances minérales et organiques, de gaz et d'eaux à l'intérieur duquel se déroulent simultanément des phénomènes de dégradation et de synthèse. C'est donc un milieu vivant et en constante évolution. Il est constitué de particules absorbantes qui fixent les bases et les éléments nutritifs afin de les maintenir disponibles pour les végétaux à l'intérieur d'un sol. Les éléments peuvent se déplacer soit vers le fond, sous l'effet des pluies (le lessivage) soit vers la surface, sous l'effet des dessèchements intenses de remontées de nappes d'eau. Ce déplacement est également possible sous l'action des animaux et des végétaux qui puisent en profondeur les éléments en les restituant en surface : ce sont les cycles biologiques. Ces déplacements peuvent être accélérés ou freinés par le climat (pluvieux ou sec, chaud ou froid) par la perméabilité du sol sur le type d'humus formé mais aussi par l'action de l'homme conditionnant en majeur partie l'état de l'équilibre du sol (Bâ, 1995).

Ces précipitations apportent au sol d'une part les anions sulfates SO4 et nitrate NO3 qui sont mobiles, lessivés et qui passent dans les écosystèmes aquatiques et d'autre part les cations hydronium (H+) dont l'apport conduit au remplacement progressif des cations barriques (Na, K, Ca, Mg) et a pour conséquence la réduction d'éléments nutritifs dans le sol et la libération d'éléments toxiques (Bâ, 1995).

Ainsi dans la mesure où les conditions climatiques permettent l'entraînement des ions basiques vers le sous-sol et dans les nappes phréatiques, les plantes disposent de moins d'éléments nutritifs diminuant ainsi la richesse du sol.

3 - Dégradation des eaux

Cette exploitation entraîne non seulement la dégradation des eaux marines, mais aussi celle des eaux continentales et souterraines.

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Les eaux usées de l'usine de phosphate sorties sont directement déversées dans la mer sans aucune forme d'épuration à l'instar du village de Goumou-Kopé. Une fois déversées, ces eaux polluent alors les eaux marines et lagunaires de la côte togolaise. Cela fait que les eaux situées entre le point de déversement et le Bénin ont une couleur jaunâtre différente de la couleur naturelle de la mer (bleue-ciel). Ces eaux sont pour l'essentiel composées environ d'un tiers de boue de phosphate et le reste du chlore, du phosphate dissout et d'autres éléments chimiques (comme le calcium qui est un métal très lourd).

Le chlore contenu dans ces eaux usées peut former avec d'autres minéraux ou molécules des complexes toxiques aux organismes marins.

Il faut aussi souligner que la pollution des eaux marines empêche le développement de l'aliment de base des poissons.

Pour ce qui est des eaux continentales souterraines et de surface, nous pouvons dire que l'analyse chimique des eaux de la rivière Haho et des mares donne respectivement un PH de 6,93 et de 6,53 (DJANGBEDJA, 2000). Ces résultats laissent apparaître une légère tendance à l'acidité.

Néanmoins, on ne peut pas conclure immédiatement que cette tendance à l'acidité des eaux est due à l'exploitation des phosphates, il faudrait d'autres études plus poussées pour en conclure.

En outre, la disparition progressive des forêts-galeries a entraîné l'assèchement des zones humides et marécageuses et le tarissement des cours d'eau de la région. Ce tarissement tue les poissons. En effet, la végétation joue un rôle de régulateur thermique et pluviométrique important. La disparition de la végétation empêche ce rôle thermique et dégrade le microclimat.

La baisse de la pluviométrie ces dernières années, les irrégularités et le retard de l'arrivée de la saison des pluies témoignent de la modification que subit le climat de la zone. Aussi, le sol étant devenu nu en raison de l'absence de la végétation, l'eau de la nappe peut monter par

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capillarité et s'évaporer. A ces facteurs, il faut aussi ajouter que le ruissellement a pris le pas sur l'infiltration. Tout cela favorise l'abaissement de la nappe phréatique, cause de nombreux problèmes d'eau dans la région diminuant ainsi l'humidité des sols.

D. 2 - Conséquences de l'exploitation du phosphate sur l'environnement humain à Hahotoé

L'environnement humain est caractérisé par le cadre socio-économique de la population de Hahotoé qui est essentiellement composée d'agriculteurs. La zone minière est une zone de forte densité de population est due à la présence des terres de bonne qualité avec de meilleures conditions agronomiques. Cette situation s'est accentuée avec l'exploitation à ciel ouvert du gisement de phosphate caractérisée par un déficit alimentaire, une déforestation, une faiblesse des revenus monétaires agricoles, la dislocation de l'unité de résidence caractérisée par le déplacement des populations des sites d'origine, l'exode rural et des problèmes d'ordre sanitaire.

1. Déficit alimentaire

L'agriculture est la base des économies des pays en voie de développement. Elle occupe 75% de la population active (FAO, 1999), et se subdivise en cultures d'exportation et en cultures vivrières. Selon L. Thiébaut, « l'agriculture serait passée d'une fonction nourricière à celle d'exportation, puis à celle, insoupçonnée jusqu'alors, de gestionnaire de l'environnement » (Thiébaut, 1996). La fonction initiale de l'agriculture est donc d'assurer la sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire est assurée à travers l'autoconsommation des récoltes et la commercialisation des surplus des produits vivriers.

Bien que peuplées, ces zones sont à fort usage agricole atteignant parfois 80% des terres occupées. Outre cette surexploitation minière, la surexploitation agricole entraîne la dégradation des sols et l'érosion différentielle (les eaux de ruissellement vers les vallées emportant les éléments fertiles du sol). Le déficit alimentaire s'explique par non seulement la croissance démographique mais aussi par l'exploitation du minerai. Le rendement agricole est par conséquent très bas en dépit des efforts fournis par les paysans. Nous assistons à un changement des habitudes alimentaires lié à l'insuffisance des produits de base (maïs,

manioc, haricot). D'autres produits non cultivés tels que la farine de blé, le riz y sont introduits pour pallier au problème alimentaire.

2. La faiblesse des revenus monétaires :

L'agriculture étant la principale activité de la région au rendement très faible, le revenu monétaire des paysans en a été affecté du fait de l'expropriation des terres aux paysans, d'où la baisse du niveau de vie de la population. La seule source de revenu sur laquelle peuvent compter les paysans est l'indemnisation des cultures, des terres louées voire expropriées. Malheureusement la faiblesse du taux des indemnisations n'a pas contribué à améliorer la situation précaire dans laquelle vivent ces populations. Ces indemnisations ne suivent guère l'évolution du coût de vie. Or, il est stipulé dans le contrat de bail des terrains et d'indemnisations une révision tous les 5 ans des modalités. Rien ne fut entrepris dans ce sens, exception faite des révisions datant du 8 décembre 1977 et du 28 décembre 1991. Ces tarifications sont restées inchangées jusqu'en 1993 où des troubles socio-politiques vont bouleverser l'ordre des choses. De 8000 F CFA l'hectare par an on est passé à 20 000 FCFA l'hectare par trimestre. Ces indemnités au regard du coût de la vie demeurent insuffisantes surtout lorsque celles-ci doivent concerner toute une famille. Alors qu'en sera-t-il des familles nombreuses.

3. L'exode rural :

Le déficit alimentaire, la faiblesse des revenus accentués par l'inexploitation de la main-d'oeuvre locale favorisent des mouvements d'émigration surtout au sein de la population jeune. Les jeunes désertent les villages au profit des grandes villes environnantes de la sous-région (Ghana, Bénin, Côte d'Ivoire, etc. ) Les jeunes filles pour la plupart sont employées de maisons (domestiques) et sont victimes de mariages des plus précoces ou de la prostitution.

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4. Problème sanitaire :

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D'une manière générale, la pollution générée par l'exploitation du phosphate a de fâcheuses conséquences sur la santé des populations de Hahotoé et ses environs. Entre autres maux, on peut citer la toux, la pneumopathie, la bronchite, la grippe et le rhum. A défaut de données liées à l'impact exclusivement sanitaire de l'exploitation des du phosphate, nous exploitons à titre d'illustration celles recueillies par DJANGBEDJA Minkilabe22. Ces chiffres datent de 1998.

TYPES D'AFFECTION

NOMBRE DE CAS

Toux

97

Pneumopathie

15

Grippe et rhume

147

Bronchite

21

4. a. Affections causées ou aggravées chez les agents internes par l'exposition à la poussière à Hahotoé

TYPES D'AFFECTION

NOMBRE DE CAS

Toux

145

Pneumopathie

18

Grippe et rhume

408

 

4. b. Affections causées ou aggravées chez les agents externes par l'exposition à la poussière à Hahotoé

D. 3 - Recommandations

La problématique de l'environnement devenant de plus en plus préoccupante, il importe de suggérer quelques pistes de recommandations en vue de pallier la dégradation et la détérioration de l'environnement. Ces suggestions se situeront aussi bien sur le plan physique que sur le plan socio-humain du fait des atteintes observables à ces deux niveaux.

Il y a lieu de souligner que l'Etat avec l'appui des bonnes volontés entreprend des actions en vue de protéger l'environnement aussi bien physique qu'humain.

22 Les conséquences de l'extraction du minerai de phosphate à Hahotoé sur l'environnement naturel et humain (Sud-Est Togo),

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Sur le plan physique, il faut noter les reboisements entrepris de part et d'autre. Cela dénote d'une insuffisance Ainsi avant 1990 une partie de la zone a été réhabilitée par l'Office du Développement et d'Exploitation des Forêts (ODEF) et par l'Institut National des Sols (INS). Il est indispensable de faire remarquer que ce reboisement ne couvre qu'une petite partie de la zone exploitée.

L'OTP entreprend aussi des travaux de reboisements de réhabilitation par le biais des sociétés privées ou étatiques spécialisées en matière de reboisement notamment le groupement Lumière, l'Institut National des Sols, l'ODEF, l'Union Chrétienne des Jeunes Gens (UCJG). Ces travaux de reboisement consistaient en la production des plants (pépinière) mis en place pour l'entretien et la protection contre les feux de brousse. Cet objectif de reboisement est la restauration des sols des carrières. Il faut souligner que le reboisement est précédé d'une opération de remblayage.

Dans le souci d'alléger les conditions de vie et relever le niveau de vie des populations de Hahotoé et des zones environnantes suite à l'exploitation effrénée, il conviendrait de suggérer aux autorités ce qui suit :

? mettre en adéquation le processus d'exploitation des ressources naturelles notamment les phosphates avec la lutte contre la pauvreté dans ces sites ;

? réviser et appliquer les tarifications en vigueur en matière d'indemnisation des terres louées ou expropriées aux paysans ;

? multiplier des projets de développement dans ces régions en faveur des jeunes en vue de les maintenir sur place et valoriser les ressources humaines. Ceci permettra de freiner tant soi peu le phénomène d'exode rural et la prostitution auxquels sont le plus exposés les jeunes ;

mémoire de maîtrise, 1999 - 2000

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w' mettre au profit des populations paysannes des moyens modernes de production agricole en vue de relever le niveau du rendement agricole ;

w' installer et multiplier des projets d'assainissements en eau potable et d'infrastructures sanitaires ;

w' alimenter la région en électricité ;

w' renforcer les capacités coopératives et techniques des ressources humaines locales ...

etc.

En nous situant sur le plan sous-régional de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), il y a lieu notamment de :

> élaborer une politique environnementale à l'échelle sous-régionale en harmonisant des règles de protection et de sauvegarde de l'environnement avec la mise au point d'instruments appropriés à la protection d'intérêts considérés comme communs à l'ensemble des populations résidant sur les sites d'exploitation ;

> renforcer les institutions publiques au plan régional et formuler des politiques environnementales en vue de stratégies de développement durable ;

> aider les populations des sites exploités à tirer parti de la complémentarité

existant entre la lutte contre la pauvreté et la protection de l'environnement en maîtrisant l'évolution démographique, en faisant de la lutte contre la pauvreté un leitmotiv avec l'instauration des conditions de vie des populations et l'installation d'assainissements nécessaires à leur survie ;

> privilégier la lutte contre la pauvreté et satisfaire les besoins fondamentaux des populations des sites d'exploitation en faisant répercuter un pourcentage des bénéfices générés en vue de relever leur niveau de vie ;

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? élaborer des projets de loi à caractère contraignant visant, avant toute exploitation, aux pays bénéficiant de ces ressources

naturelles, des critères de protection de l'environnement ;

? réorienter la croissance économique par la mise en oeuvre et l'adoption d'un plan de la Nature sous forme d'un programme d'action pluriannuel où devront s'inscrire des perspectives d'utilisation du milieu naturel, des mesures de sauvegarde à prendre et des améliorations à apporter suite aux atteintes causées à la nature. Il s'agira de ce qu'il conviendra d'appeler une planification physique ou du milieu de vie ;

? repenser les innovations techniques tendant à paupériser et à reléguer au second plan l'Homme dans son cadre de vie ;

? concevoir une autre forme de développement à caractère protecteur et non

destructeur de la nature prenant en compte toutes les composantes de la biodiversité ; ...etc.

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CONCLUSION GENERALE

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Le thème qui fait l'objet de la présente recherche n'est donc pas un bilan clos des impacts liés à l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement encore moins un catalogue de solutions prétentieuses. Il est le produit d'une recherche soulevant des questions et apportant quelques débuts de réponses au problème de l'environnement.

A partir de l'aire géographique de l'UEMOA, cette recherche évaluera la situation environnementale, analysera les mécanismes d'accélération de la dégradation de l'écosystème et appréciera les diverses propositions de solutions liées à la question. L'analyse de l'impact de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement des pays de la zone UEMOA révèle une situation doublement préoccupante : d'une part l'impact sur l'environnement physique et d'autre part l'impact sur l'environnement humain. Les coûts environnementaux liés à cette exploitation sont inestimables au vu de la dégradation très accentuée de l'environnement physique et humain. Ce genre d'exploitation effrénée et sans aucune considération pour l'environnement expose davantage les régions concernées au grave risque de récoltes déficitaires mettant à rude épreuve la survie des populations. Il contribue également à la baisse de la productivité agricole et à l'amenuisement des ressources naturelles. Il est de toute évidence que le développement socio-économique durable du continent ne pourra se faire si la base des ressources naturelles s'appauvrit. L'exploitation des ressources naturelles entraînant une raréfaction des sols ne constitue pas seulement un danger pour la nourriture des populations ; elle l'est également pour leur milieu de vie.

Le processus de développement des pays de l'UEMOA en général et du Togo en particulier avec l'exploitation locale des sites de Hahotoé ne peut que se ralentir lorsque les ressources naturelles sont dégradées par l'érosion des sols, la déforestation, ...

Avec la dégradation incessante de l'environnement, une grande partie de la population africaine éprouve de plus en plus de difficultés à satisfaire ses besoins essentiels en nourriture, en logement et en eau potable. Le problème environnemental le plus grave des régions soumises à la présente étude est l'érosion et la dégradation à long terme des terres arables.

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Il n'y a pas de solution à la crise de l'environnement inhérente à l'exploitation destructrice qui en est faite, si l'on ne change pas de façon radicale de système économique. Car en aliénant la terre, l'Homme finit par procéder à son autodestruction dont les conséquences sont misère, paupérisation du cadre de vie. Ainsi à force d'exploiter les ressources sans une reconstitution appropriée des sols, l'Homme finit par détruire l'humanité tout entière.

La solution à cette crise résiderait dans la recherche et la mise en pratique d'une politique nouvelle, celle d'un refus d'entraîner systématiquement la terre au suicide aux dépens du profit, du gain. Il faudrait concevoir une autre forme de développement, celle qui a essentiellement pour but de protéger et non de détruire la nature. Cette nouvelle forme de développement devra se traduire par une nouvelle politique de gestion des ressources naturelles issues du sol et des sous-sols et une nouvelle politique de l'aménagement du territoire qui devra prendre en compte et considérer l'Homme dans toutes ses dimensions voire toutes les composantes de l'écosystème. Il devra être possible de sauvegarder l'environnement sans pouvoir freiner la croissance économique en procédant à une nouvelle réorientation, d'où l'élaboration d'un «plan de la nature» sous forme d'un programme d'action pluriannuel des pays de l'UEMOA en général et du site de Hahotoé en particulier. Ce programme d'action devra mettre en place des perspectives d'utilisation des ressources de l'environnement, des mesures de sauvegarde et d'amélioration à apporter. A ce programme d'action devront être associés des bilans à caractère prospectif en vue d'une évaluation à long terme de l'évolution des besoins et ressources.

Une étude d'impact tant écologique qu'économique devra être considérée avant toute entreprise d'exploitation des ressources afin de voir si telle recherche est utile à l'Homme et doit être poursuivie. De cette manière, il serait possible d'annihiler toute exploitation qui paupériserait l'Homme dans son cadre de vie. Ainsi on aurait atteint le principe 1 de la Déclaration de Stockholm qui s'exprime en ces termes : «l'Homme a un droit fondamental à la liberté, ..., à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permet de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir solennel de protéger et améliorer l'environnement pour les générations présentes et futures». Ce principe a été consolidé par la Déclaration de Rio de Janeiro en ces mots : « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable. Il ont droit à une vie saine et productive avec la nature.»

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