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La présomption d'innocence dans la presse quotidienne burkinabè

( Télécharger le fichier original )
par Ouaogarim Roger SANKARA
Institut des sciences et techniques de l'information et de la communication ( ISTIC ) de Ouagadougou - Conseiller en sciences et techniques de l'information et de la communication 2013
  

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B. Le respect de la présomption d'innocence par les illustrations dans Le Pays

Au journal Le Pays, tout comme dans les deux autres journaux, la photo demeure la seule forme d'illustration des articles. Le nombre des articles illustrés par les photos des personnes poursuivies n'est pas élevé. En tout cas, nous n'avons recensé que deux articles dont les photos, à notre avis, ont été traitées de manière à sauvegarder la présomption d'innocence des individus concernés.

Le premier article a été publié dans le Pays numéro 5 143 du jeudi 21 juin 2012, à la page 2. A la une de ce numéro est affichée la photo de quatre individus accusés, selon les termes du journal, de « trafic de faux billets de banque ». La même photo est reprise dans l'article. En face des suspects, sont exposés un certain nombre de biens saisis entre leurs mains.

Rien n'indique que le journal a obtenu ou non l'autorisation des personnes mises en cause avant de les photographier. Mais si l'on s'en tient à l'une des exceptions du principe de l'autorisation préalable, qui permet de passer outre ce consentement si la ou les personne(s) photographiée(s) se trouve(ent) au centre d'une actualité, il est difficile de reprocher au journal une quelconque atteinte.

Mais le traitement que le journal fait de la photo est la manifestation de son souci ou de son insouciance vis-à-vis du principe de la présomption d'innocence. Dans la photo publiée dans l'article ci-dessus évoqué, le journal a posé des bandes noires sur les visages des personnes photographiées. Cette technique de traitement des photos n'empêchera pas que des proches des individus suspectés de la commission d'une infraction les identifient. Et même dans ce cas, ajoutons qu'en l'absence même d'une publication quelconque par un journal, il est rare que l'entourage de la personne poursuivie ne soit pas informé de son arrestation ou de son inculpation. C'est dire que cette possibilité pour les proches de reconnaître l'un des leurs sur une photo est peu attentatoire à l'innocence présumée.

Mais en bandant les visages des personnes photographiées, si le grand public n'arrive pas à reconnaître les intéressés, on doit reconnaître un effort dans la protection de l'innocence. Le Pays, dans l'article de la page 2 du numéro 5 138 du jeudi 21 juin, en plus du traitement de l'image, écrit la légende suivante : « Les présumés faussaires devant leur butin et le matériel ». L'emploi du terme « butin » dans la légende est tendancieux parce que par définition, le butin est le produit d'un vol. Mais en parlant de « présumés faussaires », le journal demeure dans une logique de protection de l'innocence.

On perçoit la même logique dans le traitement des photos dans l'article de la page 28 du numéro 5 143 du jeudi 28 juin 2012. Il s'agit de la photo d'individus accusés de « fraudes de ciment ». Sur les visages des trois présumés faussaires, le journal a placé des bandes noires.

A l'instar des autres journaux, dans le quotidien Le Pays le nombre des articles assortis des photos des personnes arrêtées ou poursuivies et respectant le principe de la présomption d'innocence n'est pas élevé. Cela s'explique d'une part par le fait que certaines informations sur l'actualité judicaire ne sont pas illustrées et d'autre part par la non-publication des photos des suspects dans les comptes rendus d'audience.

S'agissant des articles respectant la présomption d'innocence mais non illustrés, ils sont publiés dans les rubriques telles que « On en parle » (exemple de l'article de la page 6 du numéro 5 246 du mardi 27 novembre) ; « Confidences du week-end » (exemple de l'article de la page 33 du numéro 5 207 du lundi 1er octobre 2012)

Concernant les comptes rendus non illustrés par les photos des personnes poursuivies, on peut citer l'article paru à la page 31 du numéro 5 240 du lundi 19 novembre. Ce compte rendu d'audience sur le « Conflit intercommunautaire de Passakongo » montre deux photos avec les légendes suivantes : « Pour avoir la vie sauve, certains membres de la communauté ont fui Passakongo » et « Plusieurs habitations comme celle-là ont été soit détruites, soit saccagées ou incendiées ». Les photos des personnes poursuivies n'ont pas été publiées.

C'est le cas de l'article sur le procès dit de la « Manifestation de Tonkar » publié à la page 26 du numéro 5 227 du mardi 30 octobre 2012. Une seule photo qui n'est pas celle des prévenus illustre l'article avec la légende suivante : « Une partie du public suivait le procès hors de la salle grâce à la sonorisation ».

Même certains comptes rendus de présentations de personnes arrêtées par les officiers de police judicaire, quoique illustrés, ne comportent pas les photos des suspects. A titre d'exemple, on peut relever l'article de la page 25 du numéro 5140 du lundi 25 juin 2012. L'article qui fait état du démantèlement d'une fabrique de liqueurs frelatées au secteur 30 de Ouagadougou n'affiche pas les photos des personnes arrêtées. Les deux illustrations sont composées de deux photos. L'une est celle du commissaire de police dont les agents ont arrêté les suspects. L'autre présente « les cartons de boissons (Pastis et Gin) et quelque matériel saisi par la police », selon les termes du journal.

L'absence de photos des personnes poursuivies dans certains articles du quotidien Le Pays peut être comprise comme une autre manière de préserver leur innocence. Toutefois, il nous a paru judicieux de ne pas regrouper ces articles dans une catégorie à part, à côté de ceux protégeant l'innocence présumée par la terminologie et le traitement des illustrations. La raison est que presque tous ces articles ont été répertoriés comme respectant la présomption d'innocence par la terminologie. On évite ainsi de les comptabiliser doublement.

Dans le quotidien privé Le Pays, le respect de la présomption d'innocence est assuré dans le traitement de l'information. A travers les articles sélectionnés, on constate de la part du journal un usage adéquat des termes pour désigner les personnes poursuivies. En plus, les photos des suspects, lorsqu'elles sont publiées, sont traitées de façon à réduire la possibilité d'identifier les personnes photographiées.  

L'observance du principe de la présomption d'innocence est une réalité dans la presse quotidienne burkinabè, du moins dans les journaux qui ont fait l'objet de notre étude, à savoir Sidwaya, L'Observateur Paalga et Le Pays. Toutefois, il subsiste dans ces journaux des atteintes à la présomption d'innocence.

Tableau récapitulatif des articles respectant la présomption d'innocence dans la presse quotidienne burkinabè

 

Sidwaya

L'Observateur Paalga

Le Pays

Nombre d'articles respectant la présomption d'innocence par la terminologie

27

14

17

Pourcentage

90

87,5

89,47

Nombre d'articles respectant la présomption d'innocence par l'image

3

2

2

Pourcentage

10

12,5

10,53

Total des articles respectant la présomption d'innocence

30

16

19

Pourcentage total

100

100

100

Source : Conçu par l'auteur

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore