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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

( Télécharger le fichier original )
par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITÉ

    ÉCOLE

    SCIENCES

    CONSEILLER

    PROMOTION

    DE KOUDOUGOU BURKINA FASO

    NORMALE SUPÉRIEURE Unité-Progrès-Justice

    DE L'ÉDUCATION

    D'ÉDUCATION

    : 2010-2013

    Mém~~re de lin de fcnnaticn I'empl~~ de Ccnselller d'Educat~~n

     
     
     

    Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition
    scolaire des filles issues des zones périurbaines de Ouagadougou
    :
    cas des établissements d'enseignement secondaire de la commune

     

    rurale de Saaba.

    lève Email

    SAWADOGO

    Présenté par Directeur de Mémoire

    Zah Marie Issa Abdou MOUMOULA

    Conseiller d'Éducation Maitre-Assistant à l'Université de Koudougou
    : zahmarie@gmail.com

    Année Académique 2011-2012

     

    « Un enfant de plus à l'école est une unité gagnée mais une fille, c'est une unité
    multipliée par le nombre d'enfants qu'elle aura » Georges HARDY (1913) in
    Bulletin de l'enseignement de l'AOF

    SCMMAI ?E

    SOMMAIRE i

    DEDICACE ii

    REMERCIEMENTS iii

    RESUME iv

    LISTE DES ACRONYMES ET ABREVIATIONS v

    LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES .vii

    ANNEXE x

    INTRODUCTION ..2

    PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL 6
    CHAPITRE I :L'ETAT DES LIEUX DE L'EDUCATION DES FILLES AU BURKINA

    FASO

    7

    CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE, L'INTERET ET LES OBJECTIFS DE LA

     

    RECHERCHE

    12

    CHAPITRE III : LE CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

    16

    CHAPITRE IV : LA REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE

    25

    DEUXIEME PARTIE : LE CADRE METHODOLOGIQUE

    44

    CHAPITRE I : LE CADRE METHODOLOGIQUE DE RECHERCHE

    .45

    CHAPITRE II : LA PRESENTATION DES DONNEES DE L'ENQUETE

    56

    CHAPITRE III : L'ANALYSE DES DONNEES ET VALIDATION DES

     

    HYPHOTHESES

    78

    CHAPITRE IV : LES SUGGESTIONS ST LES RECOMMANDATIONS

    89

    CONCLUSION

    ..99

    LES ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

    ..104

    i

    LELICACE

    ,2% ftIO72e C.5e2 2e~2e77e

    BAZIE Moïse, ami et collègue élève Conseiller d'Education de la promotion 2010-2013 arraché à notre affection à la fleur de l'âge.

    May your Soul rest in Peace!!! Que ton âme repose en Paix!!!

    Amen !!!

    ii

    L?EMEL?CIEME~1S

    La réalisation de ce présent document a été rendue possible grâce à l'appui et au concours de plusieurs personnes à qui nous adressons notre sincère reconnaissance.

    Nous exprimons tout particulièrement notre profonde gratitude au Dr Issa Abdou MOUMOULA qui, malgré ses multiples occupations, a accepté diriger ce travail.

    Merci Docteur pour toute votre sincère disponibilité, vos critiques instructives et vos encouragements.

    Nos remerciements vont également à l'endroit de l'ensemble du corps professoral de l'école Normale Supérieure de l'Université de Koudougou pour la qualité de la formation reçue pendant les deux années de la formation.

    Une pensée particulière à tous ceux qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce travail.

    Mes remerciements les plus sincères vont à l'endroit de :

    · M. ZEBA Ali, professeur de Français au Lycée Bogodogo de Ouagadougou ;

    · M.OUEDRAOGO Richard, Biochimiste, Msc. Doctorant en Toxicologie appliquée à l'Institut de recherche en sciences de la santé/direction régionale de l'ouest ;

    · Mes parents qui m'ont soutenu durant ces longues années ;

    · Dr SAWADOGO Jean Pierre, Enseignant-Chercheur à l'UFR/SEG ;

    · Messieurs OUEDRAOGO Ibrahima, OUEDRAOGO Hermann, SAWADOGO Gérard, TRAORE Edouard, KONFE Zacharia, LEAMA Leonard, KY Désiré, KONFE Ibrahim et épouses respectives ;

    · Les collègues Conseillers d'Education des promotions 2009-2012,2010-2013 et celle de 2011-2013 et particulièrement aux membres de mon groupe de travail. J'ai nommé DIASSO Donald, NIKIEMA Nicolas, ILBOUDO Nadège, SANON Dominique et ZAGRE Amidou ;

    · Ma chérie KISSU Beatrice qui m'a énormément épaulé dans des moments difficiles de mon travail ;

    · Aux différents chefs d'établissement ainsi qu'à toutes les filles et parents d'élève que nous avons approché et qui nous ont facilité ce présent travail de recherche ;

    · M. Jean Paul BOUMBOUNDI, proviseur du Lycée BOGODOGO pour son soutien et l'ensemble du personnel dudit établissement.

    Puisse le Bon DIEU, vous rendre au centuple vos secours, conseils, appuis que vous avez eu à mon égard.

    iii

    ?ES IJME

    Au Burkina Faso, la promotion de l'Education Pour Tous demeure un enjeu de taille pour tous les acteurs du système éducatif et des politiques. D'énormes efforts sont consentis à tous les niveaux pour booster l'éducation et la rendre accessible à toutes les couches sociales. En dépit des efforts tout azimut consentis dans le sens de l'amélioration de l'accès à l'éducation, la gente féminine se heurte à des difficultés de divers ordres. Une grande disparité existe entre les deux sexes dans la poursuite des études tant au post primaire qu'au secondaire dans les établissements d'enseignement secondaire. L'analyse des différentes données statistiques montre que le quotidien des filles n'est guère meilleur et ne leur permet pas d'être efficaces en termes de rendement scolaire. Le quotidien des filles est marqué par une forte participation aux activités domestiques et commerciales aux côtés de leurs géniteurs au détriment des révisions, repos et loisir. Cette participation des filles se fait le plus souvent avec la bénédiction de leurs parents qui trouvent en elle un rôle formateur et de reproduction sociale. La forte sollicitation des filles dans ces différentes activités serait liée à la combinaison des facteurs socioculturels, économiques qui encourage le travail précoce des adolescentes à la vie du ménage même étant à l'école. La situation est beaucoup préoccupante pour les filles vivant sous tutorat dans les familles d'accueil dans le but de poursuivre les études.

    iv

    LISTE DES ACI?CNYMES ET AMEVIAICNS

    ADEA : Association pour le Développement de l'Education en Afrique

    ADEP : Association D'appui et d'Eveil Pougsada

    AGR : Activités Génératrices de Revenus

    AME : Association des Mères Educatrices

    AOF : Afrique Occidentale Française

    APE : Association des Parents d'élèves

    BEPC: Brevet d'Etude du Premier Cycle

    BRIGHT: Burkinabe Response to Improve Girls cHances to Succeed

    CEDEAO : Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest

    CEG : Collège d'Enseignement Général

    CEPE : Certificat d'Etude Primaire Elémentaire

    CRAEF : Commission de Réflexion et d'Action pour l'Education des Filles

    CRS : Catholic Relief Service

    CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté

    DEMP : Direction de l'Education en Matière de Population

    DEP : Direction de l'Education et de la Planification

    DGES : Direction Générale des Enseignements Spécifiques

    ENS/UK : Ecole Normale Supérieure/Université de Koudougou

    EPT : Education Pour Tous

    FAWE : Forum des Educatrices Africaines

    IDH : Indice de Développement Humain

    INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

    IRD : Institut de Recherche pour le Développement

    MESS : Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur

    MESSRS : Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur et de la Recherche Scientifique

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    v

    ONG : Organisme Non Gouvernemental

    PDDEB : Plan Décennal de Développement de l'Education de Base

    PDDESS : Plan Décennal de Développement de l'Education Secondaire et Supérieure

    PEPP : Projet Education Post Primaire

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    RGPH: Recensement Général de la Population et de l'Habitat

    SCADD : Stratégie de Croissance Accélérée pour le Développement Durable

    SPSS: Statistical Package for Social Sciences

    TACH: Taux d'Achèvement

    TBA: Taux Brut d'Achèvement

    TBS: Taux Brut de Scolarisation

    TBSF: Taux Brut de Scolarisation des Filles

    UA/CIEFFA: Centre International de l'Education des Filles et des Femmes en Afrique de l'Union

    Africaine

    UFR/SH : Unité de Formation et de Recherche/Sciences Humaines

    UNESCO: Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture UNICEF: Fonds des Nations unies pour l'enfance

    vi

    I ISTE DES TAU I EAUX ET GUAIDUIQUES

    NUMEROS ET TITRES DES TABLEAUX

    PAGES

    Tableau N°1 : Liste des établissements secondaires de Saaba

    42

    Tableau N°2 : Situation des effectifs du lycée Wendpouiré de Saaba

    49

    Tableau N°3 : Situation des effectifs du CEG Municipal de Saaba

    49

    Tableau N°4 : Situation des effectifs du Groupe scolaire Guinkouma de Saaba

    50

    Tableau N°5 : Situation des effectifs du Lycée privé SANA Hyppolite de Saaba

    50

    Tableau N°6 : Récapitulatif des effectifs de quatre établissements échantillonnés

    50

    Tableau N°7 : Echantillon de départ par établissement

    51

    Tableau N°8 : Recouvrement des questionnaires par établissement

    56

    Tableau N°9 : Etat de niveau d'instruction croisé père-mère

    57

    Tableau N°10 : Niveau d'instruction des parents par sexe

    58

    Tableau N°11 : Profession des parents des filles

    58

    Tableau N°12 : Etendu des ménages

    58

    Tableau N°13 : Nombre d'enfants scolarisés par sexe

    59

    Tableau N°14 : La distance domicile-école parcourue par les filles par jour

    59

    Tableau N°15 : Moyen de locomotion

    60

    Tableau N°16 : Temps de ralliement domicile-école

    60

    Tableau N°17 : Degré de ponctualité et d'assiduité aux cours

    60

    Tableau N°18 : Mobiles des différents retards enregistrés

    61

    Tableau N°19 : Utilisation du temps de pause entre 12 H et 15H

    61

    Tableau N°20 : Prise en charge des dépenses scolaires des filles

    62

    Tableau N°21 : Parcours scolaire des filles enquêtées

    62

    Tableau N°22 : Non-participation à au moins une journée de cours

    63

    Tableau N°23 : Disposition du temps libre les soirs pour la révision

    63

    Tableau N°24 : Implication des parents dans l'apprentissage de leurs filles

    64

    Tableau N°25 : Intérêt accordé aux résultats scolaires par les parents

    64

    Tableau N°26 : Raisons d'abandon des filles

    65

    Tableau N°27 : Occupation des filles en dehors des heures de cours

    66

    Tableau N°28 : Participation des garçons aux activités domestiques et commerciales

    67

     

    vii

    Tableau N°29 : Destination des économies

    68

    Tableau N°30 : Degré d'appréciation de la condition d'étude fille-garçons

    68

    Tableau N°31 : Profil d'instruction des parents d'élèves enquêtés

    69

    Tableau N°32 : Profil professionnel des parents d'élèves

    69

    Tableau N°33 : Tranche de temps réservé aux activités commercial et domestiques les jours de cours

    71

    Tableau N°34 : Appréciation des travaux domestiques et commerciaux des élèves filles par les parents d'élèves

    71

    Tableau N°35 : Implication des parents dans les révisions

    72

    Tableau N°36 : Intérêt des parents au sujet des résultats scolaires

    72

    Tableau N°37 : Soutiens dont bénéficient les filles de la part de leurs parents

    73

    Tableau N°38 : La nature du soutien

    73

    Tableau N°39 : Origine principale du soutien

    73

    Tableau N°40 : Membre de l'APE/AME

    74

    Tableau N°41 : Etat de participation aux activités de l'APE/AME

    74

    Tableau N°42 : Situation de logement des filles

    75

    Tableau N°43 : Présence de filles sous tutorat dans les ménages

    75

    Tableau N°44 : Fréquence de participation aux activités

    76

    Tableau N°45 : Occupation des filles en dehors des heures de classe

    76

    Tableau N°46 : Tranche de temps réservé aux activités commerciales et domestiques des filles sous tutorat les jours de cours

    77

    Tableau 47 : Les traités et engagements internationaux, régionaux en faveur de l'éducation de la fille

    89

     

    viii

    LES GRAPHIQUES

    NUMEROS ET TITRES DES GRAPHIQUES

    PAGES

    Graphique N°1 : Achèvement selon le sexe au post primaire de la région du

    centre de 1997 à 2010

    10

    Graphique N°2 : Achèvement selon le sexe au Secondaire de la région du centre de 1997 à 2010

    10

    Graphique N°3 : Nature du soutien reçu par les filles de la part de leurs parents

    81

    Graphique N°4 : Origine du soutien reçu par les filles

    81

    Graphique N°5 : Degré de participation des filles aux activités

    83

    Graphique N°6 : Combinaison des activités des filles sous tutorat

    83

    Graphique N°7 : Participation aux activités en volume horaire journalier

    84

    Graphique N°8 : Volume horaire moyen de participation aux activités les jours de weekend

    84

    Carte de la commune rurale de Saaba

    40

     

    ix

    INTRODUCTION

    L'éducation joue un rôle important dans le développement des sociétés et il serait utopique d'envisager un développement durable sans elle. Elle occupe une place centrale dans le classement de l'IDH (Indice de Développement Humain) des différents pays à l'échelle mondiale. Ses effets sur la démographie, la croissance économique, le progrès social et politique font d'elle un des meilleurs leviers de la réduction de la pauvreté, tandis qu'au plan individuel, elle transmet les connaissances indispensables pour comprendre la complexité du monde actuel et ainsi y vivre le mieux possible. La place de l'éducation dans le développement de toute société est unanimement reconnue par tous de nos jours. Elle a toujours été considérée comme primordiale car participant pleinement au développement socio-économique des sociétés.

    Au Burkina Faso, l'éducation apparait au centre des préoccupations des autorités et des politiques, tant elle permet au développement optimal des ressources humaines et constitue un instrument important dans la réduction de la pauvreté et l'accroissement du bien-être de la population. Le rôle de l'éducation s'avère incontournable dans le développement socio-économique du Burkina Faso. Celle des filles et femmes, en particulier s'avère d'un grand intérêt compte tenu de son impact sur la maitrise de la fécondité, l'amélioration de la santé maternelle et infantile, la préservation de l'environnement, l'accès à un emploi qualifié... gage d'un développement harmonieux et durable. Pour ce faire, nous pouvons affirmer que le problème de l'éducation des filles et des femmes est aussi vieux que le monde car dans « la République », Platon, le philosophe, reconnaissait en la femme les mêmes aptitudes que l'homme pour participer aux affaires de la cité, même si cette aptitude n'était acceptée que pour une minorité, c'est-à-dire les femmes appartenant à l'élite. Dans notre ère du temps qui est marquée par la nécessité de la société à éduquer sa population dans sa globalité, Joseph KI ZERBO (1990, p.36) affirmait que « l'éducation est la fille d'une société globale donnée et s'adapte aux mutations de ladite société ».

    Cependant, ce n'est qu'en 1980, sous l'impulsion de la communauté internationale et des grandes institutions internationales (Banque Mondiale, Unicef, UNESCO ...) que la problématique de la scolarisation des filles a été dévoilée au grand jour. L'actualité de cette problématique a été débattue lors de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing en 1995.A cette conférence, l'on reconnait que « Filles et garçons ont tout à gagner d'un enseignement non discriminatoire qui, en fin de compte, contribue à instaurer des relations plus égalitaires entre les femmes et les hommes. Les femmes ne pourront prendre une part plus active au changement que si l'égalité d'accès à l'éducation et l'obtention de qualifications dans ce domaine leur sont assurées. L'alphabétisation des femmes est un important moyen d'améliorer la santé, la nutrition et l'éducation de la famille et de permettre aux femmes de participer à la prise de décisions

    1

    intéressant la société »,(Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, Beijing, 1995, Programme d'action, paragraphe 69).

    Les pays en voie de développement ont été ainsi interpellés à élaborer des politiques spécifiques visant à réduire les inégalités entre filles et garçons dans la quête du savoir, condition sine qua non à leur plein épanouissement et développement.

    La carte éducative des filles est la plus basse, (74%) des filles ont accès au primaire dans la partie subsaharienne du continent africain en 2008, (Parce que je suis une fille, rapport Afrique

    2012 de l'ONG Plan Afrique).

    Pour cette même partie de continent, le taux de passage du primaire au secondaire était de 62% pour les filles en 2008, (Parce que je suis une fille, rapport Afrique 2012 de l'ONG Plan Afrique), Il subsiste toujours des inégalités structurelles alarmantes confinant la jeune fille aux travaux domestiques au profit du jeune garçon qui se heurte à moins d'obstacles à son éducation. Non seulement, le taux de scolarisation féminin est faible (74%) par rapport à celui des garçons, mais encore leur espérance de vie scolaire est plus réduite car même si elles entrent à l'école tard, elles échouent fréquemment en terme de résultats scolaires et de redoublement (70%),(Parce que je suis une fille, rapport Afrique 2012 de l'ONG Plan Afrique),et minorent leur potentiel en terme d'orientation. Au niveau spatial, le fossé s'écarte encore, entre filles des villes, des zones périphériques de la ville et des zones rurales.

    Au Burkina Faso, les contrastes spatiaux, socio-économiques et de genre sont une réalité dans la scolarisation et de la survie scolaire des filles au primaire. Le constat est beaucoup plus alarmant au niveau du secondaire car en ce moment elle n'est plus considérée comme mineure mais comme adolescente à part entière, pouvant être utile pour les travaux domestiques et commerciaux.

    En effet, sa place et son rôle se trouve renforcés avec sa participation au bien-être socio-économique des ménages. Ainsi, bon nombre d'obstacles (redoublement, retard, séchage des cours...) se dressent sur son chemin éducatif et contribuant sans doute à sa déperdition scolaire à court et long terme. Ce phénomène de déperdition scolaire est beaucoup plus récurent dans les ménages à revenus modestes (pauvres) et analphabètes. En effet, l'origine sociale est un déterminant dans la survie scolaire des filles tant au primaire qu'au niveau du secondaire dans nos lycées et collèges.

    Des politiques d'incitatives à une scolarisation massive des filles au niveau du primaire a eu un écho favorable au niveau des populations et a permis d'enregistrer des performances au niveau de la scolarisation des filles et des garçons En 2011, on enregistrait une croissance notable en terme de Taux Brut de Scolarisation (TBS) qui se chiffrait à 79,2%(IDH, 2011).

    2

    La comparaison du taux brut d'admission et du taux d'achèvement montre qu'il existe un écart important entre les filles et garçons. L'écart passe de 9,3% en 2008/09 à 14,3% en 2009/10. Les disparités entre filles et garçons sont aussi importantes et ce, malgré la sensibilisation pour l'accès et le maintien des filles dans le système. Les taux d'achèvement des filles et des garçons sont respectivement de 14,7% et de 19,6%.L'indice de parité entre les filles et les garçons est de 0,75(MESS,2009-2010).Ces chiffres montrent à quel point le problème de maintien des filles dans leur scolarité se pose avec acuité et constitue une priorité pour nos politiques qui visent une scolarisation universelle d'ici à 2015.Contrairement, à nos politiques éducatives qui font l'éloge de la gratuité de l'école, il est avéré que celle-ci connait une augmentation graduelle des coûts de scolarisation au fil de la promotion de l'élève et difficilement supportable par les ménages à faible revenu. Face à un revenu réduit, le choix est vite fait quand il s'agit de payer entre l'écolage d'une fille ou celui d'un garçon. Ces différentes représentations véhiculées par les ménages ne sont pas de nature à faciliter la scolarisation des filles et leur maintien d'où la prééminence du phénomène de la déperdition chez une frange de la société.

    Les quartiers périphériques représentent une zone de tampon entre la campagne et la ville avec des similitudes plus poussées vers la campagne. Cette zone, bien qu'elle présente un arrière-plan beaucoup plus reluisant est une zone où la pauvreté sévit le plus. Quels peuvent être les déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire en général et celui des filles en particulier dans cette entité géographique de la capitale ? Ainsi, il s'agit de comprendre en quoi l'appartenance à un ménage à modeste revenu prédispose la jeune fille à la déperdition et comment se manifeste ce phénomène dans les lycées et collèges dans la commune rurale de Saaba ?

    Notre préoccupation dans cette étude est d'examiner les obstacles au maintien des filles à l'école en général tant au niveau du post primaire qu'au niveau du secondaire. En effet, il a été constaté que même si les filles sont inscrites, il est parfois assez difficile de les maintenir à l'école jusqu'à la fin de leur cycle d'étude.

    Afin de mieux cerner la question de la déperdition scolaire des filles, notre travail se subdivise en deux grandes parties à savoir une phase théorique et une phase empirique constituées chacune de quatre chapitres. Les considérations générales sur l'éducation des filles seront détaillées dans le premier chapitre de la première partie (un état de lieux de la scolarisation des filles au Burkina Faso).Le second chapitre présente les éléments relatifs à la problématique, les intérêts et les objectifs de la recherche. Le troisième chapitre mentionne le choix théorique retenu pour la recherche à travers la définition des hypothèses et des différentes acceptions conceptuelles. Enfin, en ce qui concerne le quatrième chapitre, il expose la revue critique de la littérature disponible que nous avons eu à consulter dans le cadre de la recherche suivi de la présentation de la zone d'étude.

    3

    Pour ce qui est de la deuxième partie de l'étude intitulée phase empirique, elle présente comme, premier chapitre, la méthodologie de la recherche suivi de la présentation des données (deuxième chapitre). L'analyse de ces données et la validation des hypothèses de recherche figurent au troisième chapitre de la phase empirique. Enfin, le dernier chapitre mentionne quelques suggestions et recommandations à l'endroit de tous les acteurs du système éducatif pour une meilleure prise charge de la situation des filles issues de milieux défavorables. Nous ne saurons terminer notre travail sans faire un bref aperçu de quelques politiques incitatives à la scolarisation et au maintien des filles entrepris par l'Etat et certaines structures qui demanderaient à être vulgarisées.

    4

    'L?FMIEL?E 'AFTIE*

    CAUIES U(ECI~) E El

    CC~CE'1 E!

    5

    CHAPITRE I : L'ETAT DES LIEUX SUR L'EDUCATION DES FILLES AU BURKINA FASO

    Du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté(CSLP) à la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD), l'éducation reste une priorité nationale pour le Burkina Faso. Elle a toujours été considérée comme primordiale, car participant pleinement au développement socio-économique et du capital humain de toute société. De l'antiquité au monde contemporain, tous sont unanimes quant à son rôle transformateur. Le Burkina Faso fait de l'éducation « une obligation pour tout burkinabè âgé de 6 à 16 ans et sans discrimination ».L'éducation des filles et des femmes en particulier, par son impact sur la maitrise de la fécondité, l'amélioration de la santé, l'accès à un emploi qualifié, sur l'environnement est perçue comme la clef de tout développement durable et équitable pour les pays en quête de leur devenir.

    Ainsi au cours des deux dernières décennies, la volonté de la communauté internationale à éliminer toute discrimination à l'égard des femmes s'est faite plus pressante. Dans le domaine de l'éducation, cette tendance s'est accélérée grâce au processus de l'Education Pour Tous(EPT) initié en 1990 à JOMTIEN.

    En 2000, à Dakar, la communauté internationale s'est résolument engagée à « éliminer les disparités entre genre dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2005 et instaurer l'égalité dans ce domaine en 2015 en veillant à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité, avec les mêmes chances de réussite» (UNESCO, 2000). L'éducation des filles et des femmes se trouve être un impératif à tout développement économique et social, notamment dans les pays en développement comme le Burkina Faso .Comme le fait remarquer A. Bah cité par Tiendrebeogo /Kaboret.A(2003)«doter la fille et la femme africaine des outils intellectuels et mentaux de développement constitue les meilleurs gages pour réduire, à terme, la pauvreté en Afrique, accroître les revenus familiaux, planifier les naissances, réduire la mortalité infantile, améliorer l'état de santé de toute la famille, réduire les chances de conflits, augmenter l'espérance de vie ... »

    Or l'éducation en tant qu'accès au savoir, donc au pouvoir et à l'amélioration du bien-être des individus reste un luxe pour les filles et femmes en Afrique. Au Burkina Faso, comme dans bien d'autres pays africain où l'éducation tend à se généraliser à toutes les couches sociales, est perçue comme un investissement devant produire des dividendes, non seulement pour celui qui a investi mais aussi pour celui qui a reçu cette éducation. Ces représentations utilitaristes et rentables de l'éducation véhiculées dans nos sociétés ne sont pas de nature à encourager l'éducation des filles, à plus forte raison leur maintien dans le système éducatif. La jeune fille est considérée comme

    6

    étrangère dans nos sociétés traditionnelles. Par le biais du mariage, elle est appelée un jour à quitter sa famille pour rejoindre son conjoint dans une autre famille ; donc investir dans son éducation est une perte pour sa famille d'origine. A cela s'ajoute l'impact de l'éducation dans la réduction voire l'élimination de certaines pratiques ancestrales (mariage forcé, excision...), les parents voient en l'éducation des filles un moyen d'éloignement des filles de leur culture.

    Il est nécessaire de reconnaitre que l'éducation est un des facteurs incontournables de la mobilité sociale et permet de corriger les inégalités entre les classes sociales à moyen et long terme. En d'autres termes, l'éducation permet de corriger les inégalités et la discrimination dont est victime une certaine couche de la société en l'occurrence celle des filles et des enfants de milieux pauvres.

    Pour le cas précis du Burkina Faso, le statut et les conditions de vie des filles ne sont guère meilleurs par rapport à ceux des hommes jusqu'à une période récente. Les hommes sont les privilégiés dans la plupart des situations car détenant les principaux pouvoirs de décision.

    Il faut reconnaitre que la scolarisation des filles ces derniers temps a connu une avancée notable à travers les politiques incitatives d'éducation des filles (parrainage, octroi des bourses, gratuité des manuels et scolarité, la politique de la discrimination positive...) du PDDEB avec l'implication des ONG, Associations oeuvrant au plan national. Ces mécanismes incitatifs mis en place par les acteurs de l'éducation ont permis de faire un bon quantitatif et permettre d'enregistrer un taux brut de scolarisation des filles (TBSF) de 76% pendant l'année scolaire 2009/2010.Pourtant ce même taux était de 48,7% en 2000/2001(SCADD,2011-2015).

    Apres une décennie, la jeune fille burkinabè retrouve sa place parmi les siens à l'école et ce progrès est à saluer car elle réduit les inégalités filles-garçons dans l'accès au savoir élémentaire et permet au Burkina de corriger une inégalité qui n'a que trop duré.

    Si le problème de la scolarisation des filles au primaire semble trouver des solutions, le constat est amer quand celle-ci finit le primaire et doit poursuivre au post primaire voire au secondaire. Lors de la transition primaire-post primaire, on constate une nette disparité d'accès entre filles et garçons. En 2008-2009, le Taux Brut d'Accès (TBA) des filles au post-primaire était de 27,6 % contre 35,2% pour les garçons (MESSRS, 2010). Ce constat pourrait s'expliquer en partie par des raisons socio-économiques et culturelles (distance, frais d'écolage, tutorat, mariage précoce, grossesses indesirées...).En la matière, des efforts ont été fournis par les acteurs de l'éducation pour permettre cette transition primaire-post primaire. En réduisant le taux de décrochage des filles, on peut espérer voir un bon nombre de filles prétendre à des études secondaires.

    En ce qui nous concerne, pour ce présent travail, c'est le phénomène de la survie scolaire des filles qui ont eu la chance de poursuivre leur scolarité dans les lycées et collèges de la commune rurale de Saaba en termes de rendement scolaire. Même si elles arrivent à échapper aux mailles de

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    l'abandon primaire, la situation n'est guère meilleure quand elles sont admises à poursuivre leur parcours scolaire. Elles font face à d'énormes difficultés socio-économiques propices à leur abandon ou décrochage à long terme.

    Le phénomène de la déperdition est le catalyseur de l'abandon scolaire par excellence. Ce n'est pas un phénomène nouveau au système éducatif en général, elle se manifeste tant chez les garçons que chez les filles. La gravité du phénomène n'est pas le même quand on se situe chez les filles à qui on attribue des rôles traditionnels. Et pire, le phénomène tend à s'exacerber quand celle-ci devient adolescente et la société attend d'elle qu'elle s'implique davantage dans la vie du ménage où elle est beaucoup sollicitée à seconder sa mère. Son rôle prépondérant dans la vie socio-économique du ménage n'est pas sans incident sur son rendement scolaire et sa réussite.

    Cette situation état est perceptible quand on essaie de faire l'état des lieux des données disponibles sur le Taux d'Achèvement (TACH) scolaire des filles au secondaire et au post-primaire. Les filles au post primaire enregistrent un taux d'achèvement respectif de 14,7% au post primaire contre 5,4% au secondaire pour l'année scolaire 2009/2010 (MESS, 2010).Par contre les garçons sont les mieux lotis en termes d'achèvement. Ces derniers enregistrent courant année scolaire (2009/2010) un taux d'achèvement de 19,6% au post primaire et 8,6% au niveau du secondaire (MESS, 2010). Les différents taux brut d'achèvement disponibles montrent que les filles et les garçons n'ont pas les mêmes chances tant au primaire qu'au secondaire et cela se résume à travers les graphiques ci-dessous qui montrent cette disparité. Cette iniquité de représentativité des filles est plus parlante lorsqu'on se situe dans la sphère du secondaire qui pourrait s'expliquer par sa maturité et sa sollicitation de plus en plus accrue dans la vie du ménage à travers des activités diverses. A cet âge (13-19 ans), la jeune fille est vulnérable et peut être victime de divers maux pouvant faire obstacle à sa progression scolaire(mariage précoce et forcé, grossesses non désirées, harcèlement sexuel...).Au contraire, chez le jeune garçon, c'est une période d'affirmation et d'épanouissement à travers les activités ludiques et scolaires. La famille s'investit pleinement dans l'aboutissement de sa scolarité par des encouragements diverses. Libre cours est donné au jeune garçon pour poursuivre pleinement sa scolarité avec moins de surcharge de travaux domestiques au détriment de la jeune fille qui doit croupir sous le poids de ces activités qui lui sont imposées par ses parents ou tuteurs.

    L'abandon et le redoublement étant les facteurs essentiels de la déperdition scolaire, il nous est paru important de faire une étude comparative des données existantes en la matière pour voir si les filles sont privilégiées ou pas par rapport aux garçons. Les statistiques sur le taux d'achèvement montre un taux des filles par rapport à celui des garçons et ce dans presque toutes les classes du post primaire et du secondaire dans la Région du Centre.

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    Graphique 1 : Achèvement selon le sexe au post primaire du centre de 1997 à 2010(MESS, 2010)

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    10

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    Graphique 2 : Achèvement selon le sexe au Secondaire du centre de 1997 à 2010(MESS, 2010)

    25

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    10

    0

    5

    G F

    Quoi qu'on dise, les garçons sont les plus nantis dans le système éducatif burkinabè si l'on se fie à ces différentes statistiques existantes et qui traitent spécifiquement de la question du genre à l'école. C'est pourquoi, notre sujet de recherche s'oriente dans ce sens afin de mieux appréhender le phénomène de la déperdition avec son corollaire de manifestation afin de proposer des solutions qui permettront de remédier aux disparités de rendements liées au genre.

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    CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE, L'INTERET ET LES OBJECTIFS DE LA

    RECHERCHE

    II.1.Le constat

    L'éducation au Burkina Faso est une priorité dans le sens où, selon l'article 2 de la loi N°013-2007/AN portant loi d'orientation de l'éducation au Burkina Faso, elle constitue : « l'ensemble des activités visant à développer chez l'Etre humain l'ensemble de ses potentialités physiques, intellectuelles, morales, spirituelles, psychologiques, et sociales, en vue d'assurer sa socialisation, son autonomie, son épanouissement et sa participation au développement économique, social et culturel ». Cette définition montre la nécessité de l'éducation aussi bien pour l'individu que pour la société, et également pour parvenir au développement. Ce développement requiert la participation de tous sans distinction et discrimination.

    Cette même loi en son article 3 stipule que « l'Education est une priorité nationale. Toute personne vivant au Burkina Faso a droit à l'éducation, sans discrimination aucune, notamment celle fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race, la religion, les opinions politiques, la nationalité ou l'état de santé. Ce droit s'exerce sur la base de l'équité et de l'égalité des chances de tous les citoyens. ».Cet article se voit renforcé en rendant l'enseignement primaire obligatoire pour tous les enfants de six à seize ans c'est-à-dire que cette obligation s'impose jusqu'au post primaire dans le nouveau organigramme de la réforme de l'éducation.

    La mondialisation a eu une incidence notable en réduisant drastiquement les dépenses publiques de l'Etat, qui doit désormais faire face à plusieurs défis de développement en même temps. Ainsi, le secteur éducatif sera le plus affecté par la hausse des coûts d'éducation, préjudiciable aux enfants de pauvres en général, et aux filles en particulier en raison de la préférence masculine qui persiste culturellement dans nos sociétés. Une proportion non négligeable de filles et de garçons, 29% au post primaire et 27% au secondaire (MESS, 2010) sont totalement exclus du système éducatif avant d'avoir acquis une connaissance solide de base. Le plus souvent, les filles issues en majorité de familles pauvres sont de plus en plus exclues de l'éducation, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas prétendre à un emploi décent dans l'avenir (SAMIR AMIN,2007).Cette disparité d'accès des femmes aux services sociaux de bases tels l'éducation nous interpelle sur la problématique de genre et éducation, condition sine qua non de son plein épanouissement et partant de là sa pleine participation au processus de développement du Burkina Faso.

    La dualité du système éducatif privé/public qui nécessite des efforts financiers considérables, reproduit et exacerbe le processus d'exclusion des filles issues de familles pauvres. Cette dualité du secteur éducatif rend l'éducation post primaire et secondaire budgétivore excluant les enfants de pauvres qui n'y ont pas accès. Ces derniers sont vite exclus des classes quand les parents sont dans

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    l'incapacité de couvrir les frais de scolarité, ce qui rend difficile leur maintien dans le système scolaire. A cette pauvreté ambiante des ménages à faire face aux dépenses scolaires dans cette libéralisation de l'éducation, s'ajoute la sollicitation sans cesse croissante de la jeune fille à participer à la vie du ménage. La jeune fille, dans nos sociétés traditionnelles, est beaucoup sollicitée par sa mère dans l'exécution des tâches domestiques et dont la contribution est fort louable. A peine mineure, elle seconde sa mère mais à l'adolescence son rôle se trouvera renforcé car elle sera davantage sollicitée dans les activités socio-économiques au détriment des activités para et périscolaires (révision, lecture, exercice...). L'adolescente devient une aide précieuse dans la quête du bien-être du ménage, c'est une main forte. La reproduction sociale de son rôle de future épouse commence à l'adolescence malgré qu'elle soit à l'école. La gravité et la fréquence des travaux domestiques ont un impact non négligeable sur le rendement scolaire des filles qui se manifeste par l'inattention en classe, le séchage des cours, la fatigue, la somnolence, la distraction, le retard, les absences...).En substance, les corvées domestiques dont sont victimes les enfants issues de familles modestes en général, des filles en particulier, ont un impact psychoaffectif sur ces deniers et se ressent dans leurs résultats scolaires.

    La préoccupation centrale de notre travail est de montrer dans quelle mesure la contribution ou la participation des filles issues des milieux pauvres aux activités socio-économiques et domestiques affecte leur trajectoire scolaire.

    II.2.La problématique

    Au Burkina Faso, l'éducation constitue une des priorités du moment qui s'impose à lui dans sa marche vers le développement. Son idéal serait d'atteindre les objectifs de l'Education Pour Tous d'ici à 2015.L'objectif de toute éducation efficiente est « de conduire un maximum d'individus vers l'acquisition d'un maximum de connaissances et de savoirs, utiles dans la vie de tout individu ». Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON (1964) croient au caractère démocratique de l'éducation en ce sens qu'elle doit permettre « au plus grand nombre possible d'individus de s'en emparer le moins temps possible, le plus complètement et le plus parfaitement possible, du plus grand nombre possible des aptitudes qui font la culture scolaire à un moment donné ».Cette acquisition de connaissances, d'une grande importance pour l'individu, requiert un minimum de connaissances appris à l'école c'est-à-dire au moins avoir terminé le post primaire dans le but de pérenniser ces acquis utiles dans la vie quotidienne. Mais il subsiste toujours des disparités de rendement selon le sexe, la région, le milieu de vie et l'origine sociale. Cette disparité de rendement est préoccupante et importante lorsqu'on essaie d'analyser les résultats scolaires des différentes couches de la société. Plus encore pour le primaire, l'accessibilité au post primaire et au

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    secondaire semble dépendre avant tout du niveau de pauvreté des ménages et de l'opposition entre le milieu rural, semi urbain et urbain. Face à ces réalités alarmantes, la survie scolaire reste un luxe quand on nait fille en Afrique en général et dans sa partie au sud du Sahara en particulier. Cette incapacité à tenir le plus longtemps possible dans le système scolaire nous fait parler des dimensions de l'inégalité scolaire, à savoir l'accès à l'école, le rendement scolaire et la « survie » au sein du système d'enseignement. Les filles ont un accès à l'école plus faible que les garçons en Afrique sub-saharienne, mais à la différence de la grande majorité des pays du monde, elles ont une survie scolaire inférieure et redoublent aussi plus que les garçons dans un bon nombre de cas(LucilaJallade GRETAF international,2004).Ainsi, pour situer notre question de départ nous nous sommes demandé quels étaient les mobiles faisant obstruction au succès scolaire des élèves en général et des filles en particulier dans les lycées et collèges?

    Afin de comprendre le phénomène de déperdition scolaire au post primaire et au secondaire des filles et apporter des solutions palliatives, nous avons décidé de travailler sur le thème portant « analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périurbaines de Ouagadougou : cas des établissements d'enseignement secondaires de la commune rurale de Saaba ».

    II.3. L'intérêt et les objectifs de la recherche

    L'intérêt de notre recherche pour ce sujet peut être subdivisé en trois parties essentielles, qui nous permettront de comprendre les conditions d'études spécifiques des filles dans les milieux défavorisés.

    Premièrement, nous voulons, à travers ce présent travail, apporter notre modeste contribution à l'amélioration du rendement scolaire des élèves en général, et des filles en particulier en levant tout tabou sur le rôle inhibiteur des corvées domestiques sur le rendement scolaire des filles.

    Deuxièmement, conscientiser et sensibiliser les parents d'élèves sur l'impact de certaines pratiques familiales dégradant le rendement scolaire des élèves qui ne consacrent pas assez de temps aux activités péri et parascolaires. Inviter ces derniers à être beaucoup plus regardant sur la vie scolaire de leur progéniture par une plus grande implication dans leur suivi scolaire en respectant leur temps de repos, de loisir et d'études qui contribuent sans doute à un meilleur rendement scolaire. Nous pensons qu'en impliquant davantage les parents d'élèves dans la vie scolaire par une méthode participative beaucoup plus renforcée, nous pourrons arriver à pallier le phénomène de la déperdition scolaire des élèves en général et des filles en particulier.

    Enfin de notre expérience d'ancien élève et notre vécu à proximité du quartier périphérique de Bendogo, nous ont permis de constater la pleine participation des filles dans des activités socio-

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    économiques aux côtés de leurs parents et ceux jusqu'à des heures tardives au détriment du repos et des révisions. Les vacances sont, pour ces jeunes filles de conditions défavorables, des moments propices pour se transformer en vendeuses ambulantes de mets divers à travers les artères de la ville et débits de boissons (arachides, wandzou, fabirama, maïs...), qui ne sont pas sans risque pour leur propre sécurité. A la question de savoir pourquoi en tant qu'élèves vous vous adonnez aux activités commerciales à vos temps libres ?la réponse est unanime : « je fais ça pour pouvoir aider mes parents à assurer ma scolarité ou pour acquérir un bien ostentatoire en l'occurrence un vélo ou un téléphone portable... ».Ainsi, de nombreuses familles doivent quelques fois leur survie à la participation de tous les membres (y compris des enfants) aux activités de production. Ces derniers arrivent donc précocement dans le dur milieu du travail, le plus souvent dans des conditions précaires. Une telle situation expose de nombreux enfants aux pires formes de travail au détriment de leur scolarisation. Ces différents constats nous ont confortés en tant qu'étudiant en Sociologie puis futur Conseiller d'Education à porter un regard critique sur ce phénomène qui est monnaie courante dans ces quartiers. Cette étude de néophyte dans le domaine de la recherche, pour notre part, contribuera à comprendre le phénomène de la déperdition scolaire des filles, de le réduire et de booster l'éducation de cette frange de la population dans l'atteinte des objectifs de l'éducation burkinabè.

    L'objectif général poursuivi par cette étude vise à comprendre l'influence de certaines pratiques familiales sur le rendement scolaire des filles. Puis de déterminer leurs conséquences sur le rendement scolaire de celle-ci dans les lycées et collèges dans les établissements se trouvant dans la zone périurbaine de la commune rurale de Saaba. En effet, la banlieue est une entité à cheval entre la ville et la campagne et qui présente des traits géographiques, culturels et économiques spécifiques échappant à toute maitrise. Cette zone, si elle est bien comprise et analysée dans sa spécificité, pourra nous aider à avoir un regard plus critique et objectif sur les conditions d'études des filles issues de ce milieu.

    Afin de mieux cerner le phénomène de la déperdition et de la responsabilité des parents d'élèves sur le rendement scolaire, notre étude se fixe pour objectif de traiter le phénomène en trois(3) dimensions qui nous paraissent essentielles dans son élucidation :

    · montrer la responsabilité des parents analphabètes, qui entretiennent certaines pratiques qui sont de nature à faire obstruction ou affecte directement le rendement scolaire de ces filles par leur participation aux activités domestiques et économiques ;

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    · d'analyser le degré d'implication des parents analphabètes dans la vie scolaire de leurs filles dans les lycées et collèges ;

    · d'analyser la situation des filles sous tutorat dans les familles en vue de comparer le temps réservé aux études (apprentissage) et celui consacré aux travaux domestiques et économiques du ménage d'accueil.

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    CHAPITRE III : LE CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

    III.1. Les hypothèses de la recherche

    Dans l'optique de répondre à notre question de recherche, nous avons émis l'hypothèse principale suivante : Les filles issues de parents analphabètes ont les rendements scolaires les moins satisfaisants à cause de certaines pratiques familiales nuisibles à leur scolarité.

    Pour vérifier l'hypothèse principale, nous avons élaboré des hypothèses secondaires suivantes :

    · Les parents non instruits ou analphabètes utilisent abusivement le temps des filles destiné aux apprentissages au profit des activités socio-économiques et domestiques ,
    ·

    · Les parents d'élèves non instruits ou analphabètes s'impliquent peu ou se désintéressent de la vie scolaire de leur filles par ignorance ou par mépris ,
    ·

    · Les filles sous tutorat dans les familles d'accueil consacrent plus leurs temps à des fins domestiques et économiques au détriment de leurs études.

    III.2.Les indicateurs de vérification des hypothèses

    Pour vérifier nos hypothèses, nous allons à travers nos entretiens rechercher des indices qui nous permettront de les vérifier. Ainsi, ces indicateurs de vérification des hypothèses sont donnés par hypothèse.

    III.2.1. De la première hypothèse

    L'ignorance des parents est un indice de vérification de la première hypothèse. L'analphabétisme des parents est un handicap à la connaissance des avantages liés à l'éducation en général, et celle des filles en particulier. Et de plus, si les parents n'ont pas de connaissances véritables sur les débouchés et les bienfaits de cette éducation, ils auront tendance à être un peu réticents quant au choix de garder longtemps leurs enfants à l'école et à suivre rigoureusement leur scolarité. Cette manière de voir les choses est exacerbée par le fait que l'école est étrangère à la famille, les parents ignorent ou ne savent pas ce qu'on apprend à leurs enfants à l'école. C'est pourquoi ils n'hésitent pas à impliquer les filles comme aides précieuses dans le fonctionnement de leurs entreprises et travaux domestiques contribuant ainsi à l'équilibre socio-économique du ménage. Enfin, les parents analphabètes ont une représentation spécifique de l'éducation des filles. Ils ont tendance à prendre exemple sur leurs vécus, parce que convaincus que l'éducation des filles n'est pas aussi rentable que celle des garçons qui doivent assurer le relais de la famille. Pour certains géniteurs, l'école en elle-même n'est pas le seul moyen de réussite. Vu le rôle futur que la jeune fille doit jouer dans son

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    foyer, elle doit au contraire s'appliquer dans l'apprentissage des tâches domestiques. Dans les sociétés traditionnelles comme la nôtre, le rôle principal qui est assigné à la femme est d'assurer la reproduction sociale. Selon Jaquet (1995), il existe trois principaux rôles attribués aux femmes : le rôle reproductif, le rôle économique et le rôle social. Tout en étant considérée comme le moule de la reproduction sociale, la femme est aussi sollicitée pour transmettre cette responsabilité à la petite fille en l'initiant aux travaux domestiques qui s'inscrivent comme un processus d'apprentissage de son futur rôle de femme au sein de la société. L'école, pour eux, ne fait qu'éloigner la jeune fille de sa mission première. Pour être une épouse modèle, elle se doit de maitriser les rouages de la vie conjugale.

    III.2.2. De la deuxième hypothèse

    Le degré d'implication familiale est un indicateur pour vérifier cette hypothèse. En effet, la démission des parents dans l'éducation et l'encadrement de leur progéniture a un impact notable sur leur rendement. Cette démission des parents occasionnée par le manque de communication parents-enfants pour comprendre leurs préoccupations scolaires. Ces derniers se contentent de payer la scolarité et attendent un miracle en fin d'année et pire, il y a des parents qui ont du mal à indiquer avec exactitude les classes fréquentées par leurs enfants. Les élèves sont laissés à eux- mêmes. Cette démission des parents dans le suivi éducatif de leurs enfants est perceptible tant chez les parents non instruits que chez ceux instruits. Les enfants s'éduquent eux- mêmes par imitation, les médias et la rue, avec toutes les conséquences que cela pourrait occasionner dans leur vécu et rendement scolaire. Plus les parents s'impliqueront dans la vie scolaire de leurs progénitures, plus les enfants se sentiront encouragés, et moins il y aura un faible taux de déperdition. Cela évitera aux élèves de se fier à des pair(e)s avec toutes les conséquences que cela pourra occasionner dans leur vie scolaire et sociale.

    III.2.3. De la troisième hypothèse

    Les filles sous tutorat dans les ménages en ville chez un proche parent pour poursuivre leurs études représentent une aide précieuse dans les activités socio-économiques et domestiques dans la famille d'accueil. En effet, leur contribution à l'équilibre du ménage d'accueil est combien importante dans la vie du ménage. Elles sont sollicitées dans plusieurs travaux rentrant dans la vie du ménage au détriment de leur scolarité. Leur force de travail sert à compenser les efforts financiers du ménage dans leur prise en charge. Elles jouent le rôle de domestique souvent à l'insu de leurs parents biologiques restés à la campagne. Les filles sous tutorat sont victimes de mauvais traitements comparativement aux filles du ménage en question. Il y a une préférence des filles sous

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    tutorat dans les corvées domestiques par rapport à leurs propres filles. Cette discrimination n'est pas sans conséquences sur son équilibre psychoaffectif avec impact direct sur son rendement scolaire. Le volume horaire de travail de ces filles sous tutorat comparé à celui réservé aux apprentissages nous permettra de faire une analyse comparative pour voir si le poids des travaux domestiques peut influencer négativement sur leur rendement scolaire.

    III.3. Le cadre conceptuel

    Le cadre conceptuel fait l'objet d'éclaircissement, de définition des différents concepts qui seront utilisés dans le présent travail de recherche. Nous allons nous intéresser à quelques concepts clés que nous utiliserons. Un éclaircissement approfondi pourra nous aider à la compréhension du sujet. Cet exercice est important pour nous, car il permet une meilleure compréhension du sujet traité et permet aussi de lever toute ambigüité dans le sens des mots. En effet, un mot peut avoir plusieurs sens selon la tournure ou le contexte dans lequel il est utilisé. A ce propos, Emile Durkheim (1922) insiste sur l'importance de toujours définir les termes en déclarant : « le savant doit d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache bien de quoi il est question».

    Dans cet ordre d'idée, nous avons entrepris de définir quelques concepts qui, à notre avis, semblent impératifs dans la compréhension et la maitrise du sujet. Au nombre de ces concepts on peut énumérer :

    ~ La déperdition scolaire, zones périurbaines, trajectoire scolaire, le genre, le niveau d'instruction ou niveau d'étude, influence, éducation, rendement scolaire, faible revenu.

    III.3.1. Le concept de déperdition scolaire

    Pour S.BASSONON cité par Ouattara Maimouna (2011, p.29), « la déperdition renvoie à la combinaison de quatre facteurs d'importance inégale : le redoublement, l'abandon volontaire, ou involontaire, qui intervient avant la fin du cycle, l'exclusion définitive (par le conseil de classe ou le conseil de discipline, l'insuffisance de rendement), le décès qui interrompt et la vie et les études ». En effet, au terme d'une année scolaire, il est fréquent de lire sur les bulletins de notes des élèves les appréciations comme : admis en classe supérieure, redouble la classe, exclus. Autrement dit, chaque cohorte d'élèves se répartit à la fin de l'année entre trois groupes suivants : les promus, les redoublants, les exclus pour insuffisance de résultat et /ou pour abandon. En somme, la déperdition scolaire résulte de la combinaison de deux facteurs essentiels que sont le redoublement de classe et l'exclusion pour insuffisance de résultats, mauvaise conduite ou abandon. Félix N.D COMPAORE(2010) a donné une définition de la déperdition scolaire. Pour lui, le terme de déperditions scolaires ou déperditions d'effectifs désigne « la sortie prématurée d'une partie des

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    effectifs scolaires engagés dans un cycle ou dans un programme d'études ».Les déperditions scolaires désignent donc l'ensemble des difficultés qui empêchent l'élève inscrit dans un cycle d'achever ses études dans le délai prescrit. Certains assimilent les déperditions scolaires aux échecs scolaires qui sont des manques de réussite dans les études. C'est un phénomène qui affecte de façon négative le rendement scolaire.

    Dans notre entendement, le phénomène de la déperdition renvoie à la notion de gaspillage de ressources économiques, humaines consenties à l'éducation tant par l'Etat que par les familles. Cette situation se manifeste par des redoublements et abandons. Ces manifestations sont monnaie courante chez les filles dont les résultats scolaires présentent ce visage désolant.

    III.3.2. Le concept de zones périurbaines

    Le dictionnaire Larousse 2008, le définit comme un espace situé aux abords immédiat de la ville. Pour les sociologues urbanistes de l'Ecole de Chicago, elle se définit comme une entité autonome occasionnée par des changements sociaux et culturels considérables qui accompagnent la croissance des villes. C'est le lieu de désorganisation et de réorganisation qui affectent, aussi bien les attitudes individuelles et les modes de vie de l'espace urbain. Les citadins qui y vivent se distribuent dans l'agglomération en fonction de processus de filtrage, de regroupement et de ségrégation qui se fondent sur la diversité des origines géographiques, sociales et culturelles, les réaménagent, et produisent de nouvelles différentiations. Pour Grafmeyer, Joseph(1979), cette zone est caractérisée par sa spécificité des relations entre les groupes sociaux d'une part, et des modes de vie spécifiques d'autre part. Produit des activités humaines, la zone périurbaine exerce en retour de multiples influences sur les comportements et les mentalités de ceux qui y vivent. Une spécificité se lit sur le plan organisationnel, économique, éducatif. Cette forme d'organisation a une influence directe sur les modes de vie citadine, on remarque des modes de vie et d'adaptations tout à fait originaux dont il faut tenir compte dans l'analyse de certains de leurs comportements.

    III.3.3. Le concept de trajectoire scolaire

    La trajectoire désigne une ligne décrite par un point matériel en mouvement pour atteindre son point d'impact. Quant à la trajectoire scolaire, elle peut signifier le cursus scolaire parcouru par un élève dans son processus d'apprentissage et d'acquisition de connaissances. Elle peut être subdivisée en trajectoire maternelle, primaire, post primaire, secondaire et supérieure dans le système scolaire du Burkina Faso. Un enfant inscrit à l'école doit parcourir ces différentes étapes qui sont définies par le système scolaire. Le parcours de ces différentes étapes scolaires vise à outiller l'individu de connaissances pratiques et théoriques nécessaires et utiles pour sa vie future.

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    III.3.4. Le concept de genre

    Selon le dictionnaire de Sociologie(1989), le mot genre est en passe d'entrer dans le vocabulaire de la sociologie francophone, gender étant d'usage dans la sociologie anglo-saxonne depuis dix ans. Il désigne ce qui relève de la différenciation sociale entre les deux sexes. Il a l'avantage, de souligner la nécessité de séparer les différences sociales des différences biologiques. Le rôle sexuel était traditionnellement conçu comme le résultat d'une division naturelle du travail qui assignait aux femmes les responsabilités domestiques et d'élevage des enfants. Pour les sociologues d'orientation féministe, la division sexuelle des tâches loin d'être la conséquence naturelle de différences biologiques, a été construite et maintenue par la société. La théorie féministe met au centre de ses préoccupations la distribution du pouvoir et des ressources entre hommes et femmes, les images et symboles associés aux deux sexes et à leurs relations. Elle considère le genre comme une dimension fondamentale de toute organisation sociale, au même titre que la classe, et comme une catégorie socialement aussi bien sur le lieu de travail, dans la famille, à l'école que dans la sphère économique, politique et culturelle.

    Samir Amin (2007), dans la mondialisation, les femmes arabes et l'égalité entre les sexes a donné une définition plus originale du concept genre « en tant que cadre analytique qui examine les relations hommes/femmes inégales, socialement construites, qui influent sur leurs rôles, leurs droits et leurs responsabilités au sein de la société. Elle révèle les écarts entre les sexes en ce qui concerne l'accès aux opportunités sociales, aux services et aux ressources, ainsi que dans les processus de prise de décisions. La perspective genre vise à combler les écarts entre les sexes, à renforcer les capacités tant des hommes que des femmes afin qu'ils soient en mesure de participer à tous les processus sociétaux en tant que partenaires égaux » (FATOU SARR, 2007, p.18).

    III.3.5. Le concept de niveau d'instruction ou niveau d'étude

    Le niveau d'instruction est le degré d'enseignement dans lequel on est ou dans lequel on a arrêté ses études. Dans le système éducatif actuel du Burkina, on peut classer les individus par rapport à la dernière classe fréquentée, on aura : les analphabètes, ceux du primaire, du secondaire et du supérieur. D'autres arrêtent très tôt leur cursus scolaire ; on parle donc d'abandon, de déscolarisation qui peuvent être dus au manque de bons résultats, à un souci financier de la famille ou aux choix des parents mais souvent de l'élève lui-même. Cet arrêt est un frein à l'acquisition de certaines connaissances liées à l'école. Aussi, ce bref passage dans l'institution scolaire ne permet pas à cet individu de la connaître réellement. C'est pourquoi face à une situation qui concerne l'école, il est perdu, car n'ayant pas d'informations dans ce domaine. Nous pensons donc qu'un parent dans cette situation est confronté à une multitude de problèmes quant au suivi et à

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    l'encadrement de ses enfants. Le niveau d'instruction peut également être élevé ; dans ce cas la familiarité avec l'institution scolaire est effective et les difficultés pour le suivi des enfants ne sont pas nombreuses. Pour Afsata Paré-Kabore(1998), plus le parent est instruit, plus il aura tendance à comprendre l'importance du repos, des loisirs et activités para et périscolaires pour l'élève d'où sa non implication dans les travaux domestiques et pénibles. Dans le cas contraire où le parent d'élève est analphabète, il aura tendance à ne pas comprendre la nécessité de ces moments pour l'enfant d'où sa pleine implication dans la vie socio-économique du ménage.

    III.3.6. Le concept d'influence

    Selon le Vocabulaire technique et critique de la philosophie André Lalande, 1996, l'influence se rapporte presque toujours à l'idée que l'action dont il s'agit s'exerce d'une façon graduelle, continue, presque insensible, et coopère avec d'autres causes dans la production de ses effets. Dans notre contexte, il s'agit de l'incidence du niveau d'instruction des parents sur les résultats scolaires des enfants. Autrement dit, c'est l'effet de la scolarité ou de l'espérance de vie scolaire des parents sur celui des enfants. Il s'agit pour nous, de savoir la répercussion que peut avoir le niveau scolaire des parents sur la scolarité des élèves. Retenons qu'une influence peut jouer à l'avantage ou au désavantage de quelqu'un ou de quelque chose. Ainsi, cette influence pourra dans certains cas être positive et d'autres négative. Son aspect positif est l'effet que tout parent espère. Cependant si l'effet est négatif, il est important de se poser des questions afin de remédier à cela.

    III.3.7. Le concept d'éducation

    Le terme « éducation » serait issu d'une racine latine : dux-ducis qui signifie chef, guide. Ce terme est dérivé de ducere qui voudrait dire guider, conduire. L'éducation a une double origine : educere sous-entend conduire hors de, conduire vers, élever au sens psychologique ;

    educare veut dire nourrir, instruire, former, prendre soin de. L'éducation est donc un processus qui permet à l'être humain d'améliorer sa manière de vivre dans la société. Cela est démontré par le fait qu'à la naissance l'enfant n'est pas doté d'un certain nombre de connaissances qui lui permettent de mieux se comporter socialement. Du moment où l'homme ne nait pas mature, il est donc nécessaire de l'éduquer et c'est cela qui le distinguerait de l'animal. Cette éducation doit être graduelle dans le sens où on ne peut pas tout apprendre du même coup. Ainsi, il existerait plusieurs types d'éducations telles que l'éducation familiale, l'éducation scolaire et l'éducation de la « rue ». Notre intérêt porte sur l'éducation scolaire et plus particulièrement l'éducation formelle qui est selon la loi N° 013-2007/AN portant loi d'orientation de l'éducation « l'ensemble des activités éducatives se déroulant dans un cadre scolaire, universitaire ou de formation professionnelle ».

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    Dans Education et sociologie (EMILE DURKHEIM, 1922, p.9) considère « L'éducation comme l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour but de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné. ».

    Pour nous, il s'agit du cadre scolaire et précisément le secondaire. C'est une éducation délicate à cause du stade de développement humain dans lequel se trouvent les apprenants ; c'est l'adolescence, période du développement humain intermédiaire entre l'enfance et l'âge adulte. C'est le moment le plus délicat de l'adolescent compte tenu de sa forte sollicitation tant au niveau familial que scolaire.

    En somme, l'éducation serait l'action d'inculquer des connaissances et des aptitudes à un groupe de personnes par un groupe de professionnels spécialisés intervenant dans des institutions spécialisées telles les écoles, collèges, lycées, les Universités ... et cette définition se réfère à John Dewey(1968 ,p.91) « Au fur et à mesure que la civilisation progresse, le fossé entre les capacités des jeunes et les préoccupations des adultes s'agrandit. L'apprentissage par participation directe aux activités des adultes devient de plus en plus difficile sauf dans le cas des professions les moins avancées. Beaucoup de ce que les adultes font est si éloigné dans l'espace et dans sa signification que l'imitation ludique est de moins en moins adéquate pour en reproduire l'esprit. L'aptitude à participer effectivement aux activités du monde adulte dépend donc d'un entrainement donné avec cet objectif précis en vue. Des agences intentionnelles(les écoles) et un matériel explicite(les études) sont établis. La tâche d'enseigner certaines choses et d'inculquer certaines valeurs est déléguée à un groupe spécial de personnes. Sans telle éducation formelle il n'est pas possible de transmettre toutes les ressources et les réalisations d'une société complexe ».

    III.3.8. Le concept de rendement scolaire

    Les résultats scolaires ou rendement scolaire désignent les performances réalisées dans le cadre du travail scolaire. En d'autres termes, il s'agit de l'appréciation de l'enseignant sur le travail d'un élève. C'est la preuve qu'un élève a donné de sa valeur. Cette valeur se mesure au moyen des notes ou moyennes. On peut apprécier qualitativement les performances réalisées par les élèves par des termes tels que très bien, excellent, bon, mauvais, médiocre. On peut également apprécier quantitativement le score obtenu par les élèves (la note 15/20 ; la moyenne 08/20 ; le nombre d'items réussis 15/25.Le rendement scolaire pourrait aussi, dans une certaine mesure, être considéré comme le degré de réalisation des objectifs préalablement fixés. Il peut s'apprécier par rapport à la dynamique des flux à travers le système éducatif en mettant l'accent sur le calcul des taux de

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    réussite aux examens, les taux de promotion et de déperdition (exclusions, redoublements, abandons). Il est important de souligner que le rendement scolaire peut s'exprimer en pourcentage ou sous la forme de rapports entre les objectifs, les moyens déployés et les résultats obtenus. De ces définitions, nous ajoutons surtout dans le contexte de notre question de recherche que le rendement scolaire est perçu comme les résultats attendus d'un apprenant soumis à une évaluation. Ces résultats peuvent, dans une certaine mesure, être négatifs ou positifs.

    III.3.9. Le concept de déterminants socio-économiques

    Les déterminants socioéconomiques peuvent être définis opérationnellement comme étant la combinaison du revenu, du niveau d'éducation et du prestige professionnel. Plus le statut socioéconomique d'une famille est élevé, plus les enfants sont susceptibles d'avoir de bonnes aptitudes scolaires et de connaître davantage de succès et de réalisations dans leurs études (PARE-KABORE, 1997).

    Une analyse de la majeure partie des publications sur le sujet a montré que le rendement scolaire à l'école est un processus multifactoriel: le niveau d'instruction des parents et surtout celui de la mère est corrélé significativement à la moyenne générale annuelle des élèves. Plus les parents sont instruits, mieux les retombées sur l'éducation et le rendement scolaire de leur progéniture sont appréciables. En effet, les parents les plus instruits ont tendance à s'impliquer davantage dans la scolarisation et le maintien de leurs enfants car n'ignorant pas les bienfaits de l'école et le rôle accompagnateur qu'ils doivent jouer. Il ne s'agit pas pour nous d'avancer que les enfants issus de famille modeste à faible niveau d'instruction ne réussissent pas mais en terme d'accompagnement. Ceux des familles instruites sont mieux loties que leurs pairs (Ateilah, K., Aboussaleh, Y., Ahami, A., 2012).Quoi qu'on dise, l'école représente un coût financier et matériel pour les parents d'élèves qui doivent faire des sacrifices énormes pour faire face aux frais d'écolage (fournitures, tenue scolaire, moyens de déplacement, cotisations diverses, frais de scolarité...).Il arrive des fois qu'un élève brillant par manque d'un ou de plusieurs de ces biens soit dans l'incapacité de poursuivre ses études. Enfin, le dévouement que les parents d'élèves ont pour la scolarité de leur progéniture est proportionnel à leur éducation.

    PARE-KABORE note que la structure de la famille, la classe sociale, le niveau économique, la dynamique sociale de la famille, les modes de prise en charge des enfants, le niveau d'instruction du père et de la mère, le statut du ménage, la taille de la famille, les commodités domestiques, les moyens financiers, les coûts des fournitures, les frais de scolarité, les coûts directs et les coûts d'opportunité de la scolarisation des filles, etc. ont un impact direct sur la scolarisation et la survie scolaire des filles(PARE-KABORE,1997).

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    III.3.10. Le concept de ménage à faible revenu

    Selon le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), il est possible de différencier trois définitions de la pauvreté dans le cadre d'une théorie de développement : de revenu, de besoins et de capacités (BREMOND ; A.GELEDAN, 2002). L'approche qui nous intéresse dans ce travail est celle prenant en compte le volet revenu. En effet, considérant que tout ménage à la possibilité de corriger son statut économique et financier, il serait inadapté de considérer un ménage pauvre, si bien qu'il ait un revenu aussi faible. Ainsi, nous préférons le concept de faible revenu à celui de pauvre même si ce n'est qu'une question de registre. L'approche par le revenu définit un seuil à partir duquel on est considéré comme pauvre. Sont pauvres tous ceux qui ne disposent pas de revenu suffisant pour se procurer la nourriture nécessaire à assurer les besoins de survie et incapables d'assurer les prestations élémentaires dans les domaines vitaux(santé, éducation ,services essentiels).Avoir un emploi et participer à la vie sociale est aussi pris en compte.

    Pour nous, un ménage à faible revenu est un ménage qui est dans l'incapacité de résoudre ses besoins élémentaires de base (alimentation, scolarisation, santé, éducation..).Sont considérés comme à faibles revenus ou pauvres, ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Au Burkina, est considéré comme ménage pauvre ou à faible revenu celui qui a un revenu annuel inférieur à 108454 FCFA par adulte. Cela concerne 43,9% de la population (INSD, 2009).

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    CHAPITRE IV : LA REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE

    Lorsqu'on entame un travail de recherche, on commence toujours par une exploration documentaire pour avoir une orientation par rapport à la problématique que l'on veut construire et les postulats posés. De ce point de vue, nous pouvons dire que la revue de la littérature constitue un maillon essentiel dans le processus de recherche car elle permet au chercheur d'approfondir ses connaissances sur le sujet qu'il veut étudier. Ce travail s'appuie sur les expériences empiriques, le vécu quotidien et/ou les études théoriques produites par les prédécesseurs. Ces « savoirs » antérieurs permettent au chercheur non pas de traiter le thème en utilisant les mêmes approches mais, de l'aborder dans une perspective nouvelle. Notons ici que l'éducation est un champ très vaste qui intéresse de nombreux spécialistes : les pédagogues, les psychologues, les sociologues, etc.

    Les productions sur l'éducation tournent en général autour de deux aspects : l'offre et la demande. En effet, les difficultés auxquelles font face le système éducatif actuel du Burkina dans le maintien des filles trouvent à la fois leurs explications dans système éducatif même (facteurs liés à l'offre d'éducation) et aussi externes à ce système, c'est-à-dire qu'ils sont le fait de la famille, de la collectivité et de la société en général (facteurs liés à la demande d'éducation).Cela étant, il est à noter que le problème du succès et des déperditions scolaires a fait l'objet de plus d'une approche même si elles sont l'apanage des pays occidentaux. Même si ces productions d'auteurs occidentaux sont insuffisantes pour mettre en évidence la situation scolaire au Burkina Faso parce qu'elles sont inadaptées et inappropriées ; elles peuvent servir de référentiel pour comprendre le phénomène de l'échec scolaire de certaines couches sociales en l'occurrence celui des filles.

    IV.1.L'impact environnemental comme facteur explicatif du rendement scolaire

    L'influence de l'environnement auquel appartient l'élève sur son rendement scolaire a été défendue par Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON(1964). Pour eux, l'observation des différentes performances entre les différents groupes sociaux montre que la culture utilisée par l'école et les universités est celle de la culture dominante. Par conséquent, il est tout à fait naturel que la sélection scolaire s'opère au bénéfice de cette classe. A BOURDIEU ET PASSERON(1964) de soutenir qu'il s'en suit logiquement que la mortalité scolaire ne peut que croitre à mesure que l'on va vers les classes éloignées de la langue scolaire.

    Soutenant la thèse du rendement par l'obstacle linguistique, KI-ZERBO(2010) soutient que l'éducation en Afrique Noire est en inadéquation quantitative mais surtout qualitative par rapport aux besoins et réalités socio-culturels de l'Afrique. En effet, l'éducation en Afrique est assimilationniste et vise à faire des Africains des Européens par la tête vu que tout le programme

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    d'enseignement est calqué sur celui de la puissance coloniale. Il préconise « pour remédier à cette situation préjudiciable au développement de l'Afrique, il faut reformer le système éducatif africain, avec, comme outil fondamental, l'utilisation des langues africaines selon un processus graduel avec une période transitoire à mettre à profit pour sélectionner et adapter quelques langues africaines à usage pédagogique » (KI- ZERBO, 2010, p.18) .L'expérimentation de l'éducation bilingue vise à faire de la langue maternelle, une langue pédagogique en vue de permettre l'adhésion de tous.

    Dans la même perspective que les auteurs ci-dessus mentionnés, si on peut préconiser la langue maternelle comme langue pédagogique pour faciliter l'apprentissage de l'enfant, Marc PILON et Yacouba YARO (2001) proposent une autre alternative. Dans un ouvrage collectif, ils font un plaidoyer pour une meilleure prise en compte de la demande d'éducation, au même titre que l'offre d'éducation, tant dans les recherches en éducation, que dans les initiatives de développement du système scolaire. Ils partent du constat que la plupart des études portent sur l'offre d'éducation et plus particulièrement sur les politiques éducatives, les infrastructures scolaires, etc. Dans cette nouvelle approche en éducation, ils mettent l'accent sur le rapport entre la fréquentation scolaire et le sexe du parent et montrent comment la variable sexe du parent influe sur la scolarisation des enfants notamment celle des filles. Ainsi, du point de vue de ces auteurs et par rapport à leur contexte d'étude, les enfants ont plus de chance de fréquenter l'école si la mère a fait des études. Dans cette logique, la proximité de la mère avec son enfant est un facteur important dans la survie scolaire des enfants. En effet, la fonction éducatrice de la mère peut être utilisée comme un canal de transmission et de suivi de la scolarité de l'enfant. On pourra sans risque de se tromper dire selon Marc PILON et Yacouba YARO qu'éduquer une mère c'est éduquer la future génération. D'où l'importance que certaines ONG accordent aux AME (Association des Mères Educatrices) comme relais dans la promotion de l'éducation des jeunes filles (Plan Burkina, Bornfonden, Save the Children...).Si l'influence maternelle est importante, ne perdons pas de vue que l'influence géographique pourrait en partie expliquer l'échec scolaire, d'où la difficulté des élèves d'accéder à une étude secondaire ou de s'y maintenir. En effet, il existerait des environnements plus propices aux études scolaires que d'autres. Dans cet ordre d'idée, BOURDIEU et PASSERON(1971) affirmeront que « le facteur géographique détermine d'abord des inégalités tranchées dans les chances d'accéder à l'enseignement secondaire et supérieur ».

    En effet, dans un pays comme le Burkina Faso, où des disparités énormes existent entre les milieux rural et urbain, il est indéniable que cette géographie aura une incidence immédiate sur le rendement scolaire des élèves qui y vivent. Que l'on se situe en ville ou en campagne, les élèves n'ont pas les mêmes chances de poursuivre leur scolarité. Cela se traduit par des facteurs aggravants

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    ou propices à la déperdition tels la distance séparant l'école et le ménage, le moyen de locomotion, le temps mi journalier pour rejoindre la classe. Plus ces facteurs à risque sont importants, plus les élèves auront tendance à céder sous le poids de la fatigue et à sombrer dans la démotivation. Partant de ces considérations géographiques ayant un impact réel sur la survie scolaire et de son rendement, on peut dire sans risque de se tromper que la vie en zone périurbaine n'est pas propice à la survie scolaire.

    IV.2. L'obstacle culturel, comme élément explicatif de la déperdition scolaire

    L'école est un produit de la classe bourgeoise (Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON 1970), avec ses méthodes et moyens qui lui sont propres. L'école, dans l'optique de transmettre un ensemble de savoir aux différents individus en situation d'apprentissage imprime une certaine violence sur les élèves qui sont extérieurs à ce système. Les élèves issus d'une classe sociale élevée auront une familiarité, une certaine aisance à intérioriser les savoirs dispensés car étant le propre de leur culture, leur vécu quotidien, de leur « biotope ».A propos, BOURDIEU ET PASSERON font allusion au théâtre pour illustrer la difficulté que certains élèves ont à s'adapter à certaines disciplines « une bonne connaissance de théâtre classique n'a pas la même signification chez les fils de cadre supérieurs parisiens, qui l'associent à une bonne connaissance du théâtre d'avant-garde et même du théâtre de boulevard, et chez le fils d'ouvrier de Lille ou de Clermont-Ferrand, qui connaissant aussi bien le théâtre classique ignorent tout du théâtre d'avant-garde ou du théâtre de boulevard »(BOURDIEU,PASSERON,1964,p.33).

    En effet, tenant compte de leurs origines sociales, les étudiants ne sont pas formellement égaux dans l'accès de la culture savante. Le capital culturel est un facteur déterminant dans l'acquisition du savoir que l'on soit d'un milieu favorisé ou défavorisé. Les matières enseignées dans les écoles sont le propre de la culture dominante .Cette culture transmet aux autres cultures « non savante » implicitement un corps de savoirs, de savoir-faire et surtout de savoir dire qui constitue le patrimoine des classes cultivées. Tout porte à croire que l'inégalité culturelle a pour corollaire l'inégalité des chances et de réussite à l'école des différentes couches sociales. BOURDIEU ET PASSERON iront plus loin en disant que croire que l'on donne à tous les chances égales d'accéder à l'enseignement, c'est rester à mi-chemin dans l'analyse des obstacles. Il ne faudrait pas ignorer que les aptitudes mesurées au critère scolaire tiennent plus à des dons naturels et à des habitudes culturelles d'une classe privilégiée.

    Les études de Basile BERNSTEIN cité par BOURDIEU(1964) ont montré la place que tient, parmi les obstacles culturels, la structure de la langue parlée dans les familles ouvrières. Il s'est penché sur le problème des échecs scolaires et des performances médiocres en se fondant sur le

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    langage. Selon lui « les différences de performances s'expliquent essentiellement par une inégalité d'accès au langage formel et à son code élaboré, qui favorise les classes moyennes en leur donnant les possibilités de nommer et ainsi de distinguer les objets de leur environnement immédiat. Le langage `'public'Ç c'est-à-dire peu personnalisé et concret dans les classes populaires, rend au contraire difficile la verbalisation des sentiments et partant, la différenciation cognitive et émotionnelle » (A. GRAS, 1961, p.143).

    BERNSTEIN distingue deux codes linguistiques : il y a un code restreint ayant pour base de communication le sous-entendu.Le locuteur étant sûr que son interlocuteur comprend ce qu'il veut dire ; ce code est celui des classes moyennes et supérieures, qui privilégie l'individualité et contraint le locuteur à choisir parmi les synonymes. Or remarque l'auteur, c'est ce dernier code qui est utilisé à l'école, d'où l'avantage des classes moyennes et supérieures déjà initiées à ce code.

    Pour BERNSTEIN, les élèves issus de milieu populaire ont un désavantage lié à leur origine sociale qui se manifeste par leur orientation scolaire. Ainsi l'héritage culturel joue un rôle prépondérant dans la survie scolaire et détermine ses résultats tout au long du parcours scolaire. Si les élèves issus de la bourgeoisie ont des aptitudes dans des disciplines spécifiques et présentent des résultats satisfaisants, ceux-ci doivent cet avantage à leur héritage culturel qui correspond à celui de l'école. BOURDIEU, à ce propos, dira que « les étudiants les plus favorisés ne le doivent pas seulement à leur milieu d'origine des habitudes, des entrainements et attitudes qui les servent directement dans leurs tâches scolaires ; ils en héritent aussi des savoirs et un savoir-faire, des goûts et un `'bon goût'' dont la rentabilité scolaire » (BOURDIEU, PASSERON, 1964, p.30).

    En effet, l'école reste la seule et unique voie d'accès à la culture et cela tout au long de leur parcours ; elle serait la voie royale de la démocratisation de la culture. Si les élèves de milieu défavorisé sont peu réceptifs à cette culture, c'est par souci de protectionnisme vis-à-vis de cette nouvelle culture aliénante. A ce sujet BOURDIEU est catégorique « pour les fils de paysans, d'ouvriers, d'employés ou de petits commerçants, l'acquisition de la culture scolaire est acculturation » (BOURDIEU, PASSERON, 1964, p.37).

    IV.3.La violence scolaire, facteur explicatif de la déperdition scolaire

    Le caractère violent de l'école a intéressé plus d'un spécialiste de l'éducation au début du XX e siècle. Pour DURKHEIM (1922), l'école est le lieu de socialisation par excellence de l'enfant en le moulant, le façonnant selon les attentes de la société dans laquelle il est appelé à jouer pleinement son rôle au processus de développement. Cette inculcation des manières de faire et d'être socialement admises se font souvent par contrainte en utilisant quelques doses de violence dans ses méthodes. Etant donné que la violence émane de la société en générale, il sera vain de vouloir se

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    passer de cette violence qui participe à la socialisation primaire et secondaire de l'individu. Parmi, les institutions utilisant la violence se place en bonne place l'institution scolaire qui l'utilise dans ses méthodes de transmission de connaissances. Bon nombre de chercheurs se sont attachés à démontrer que cette violence utilisée par l'école s'exerce au profit de quelques classes sociales privilégiées (BOURDIEU, PASSERON, 1964).Michel Foucault a mieux décrit l'école comme étant une « institution disciplinaire » (FOUCAULT, 1975). Pour Foucault, le système de surveillance est au coeur de la pratique d'enseignement et du rapport pédagogique. Le système scolaire développe une « technique de dressage » qui suppose un « pouvoir disciplinaire » autoritaire et la mise en place d'un dispositif de contrôle et de contrainte ostensible : les moyens de coercition doivent être visibles par tous, tant pour exprimer le pouvoir des uns, que pour susciter la crainte des autres. Comme un « microscope de la conduite », l'institution veille à la docilité des corps et de l'esprit par une « micro pénalité » du temps, de l'activité, du comportement, du discours que sanctionne une série de punitions, du châtiment corporel aux privations et aux humiliations : « châtier, c'est exercer » (FOUCAULT,1975,p. 211). La pénalité du système scolaire différencie, hiérarchise, homogénéise donc normalise les comportements. L'examen a alors une double utilité. Il permet de classer mais aussi de punir dans un mouvement à la fois d'uniformisation et d'individualisation. Foucault se situe alors dans un courant « conflictualiste » (DURU-BELLAT, VAN ZANTEN, 1999) qui met en évidence le rôle de contrôle social et de reproduction du système scolaire. Louis Althusser (1974, p.76) parle de l'école comme d'un « appareil idéologique d'État »dominant dans le système capitaliste. « En fonctionnant à l'idéologie », « l'appareil »scolaire reproduit à la fois la qualification de la force de travail mais aussi son« assujettissement à l'idéologie dominante » (1974, p.339). L'école enseigne avant tout un« savoir-faire » : le « savoir-obéir » aux classes populaires et le « savoir-commander » aux classes dominantes. Dans le modèle althussérien, la question de la violence de l'école est secondaire puisque la base de son fonctionnement est idéologique. Cette propagation idéologique participe à forger et à maintenir le pouvoir, elle n'est qu'un moyen aux mains des politiques.

    Pierre BOURDIEU et Jean Claude PASSERON, décrivent la violence dans l'enseignement en l'analysant sous un autre angle en parlant de la violence symbolique dans leur ouvrage célèbre « la reproduction ».Pour eux la violence que décrit Foucault n'est que l'aspect visible du phénomène mais moins contraignant que celle qui est symbolique et latente. Pour ces auteurs, « toute action pédagogique est objectivement une violence symbolique en tant qu'imposition d'un arbitraire culturel » (1970, p.19). La violence symbolique légitime les savoirs scolaires en masquant l'arbitraire culturel, sous un vernis d'objectivité et d'universalisme. Elle extorque des soumissions qui ne sont pas perçues par la masse populaire. Elle reproduit alors les inégalités sociales et

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    maintient une certaine élite, en s'assurant de l'acceptation par les exclus des principes de l'élimination scolaire. Cette action réussit lorsqu'elle est investie d'une autorité pédagogique, c'est-à-dire lorsqu'elle est reconnue digne et légitime d'être exercée par ceux qui la subissent. En parallèle à une démocratisation de l'école qui accueille de plus en plus d'individus de toutes les origines sociales, la sélectivité s'est accentuée au profit de ceux qui peuvent mobiliser des capitaux scolaires, économiques et relationnels tout au long du parcours scolaire de leurs enfants. Les autres ont une scolarité précaire et une promotion sociale conditionnelle. Le système scolaire continue donc à exclure et à reproduire un même modèle social inégalitaire.

    Ces rappels théoriques exposés très succinctement permettent d'éclairer la difficulté de certains élèves en l'occurrence les filles à s'adapter et à se maintenir dans le système scolaire actuel du Burkina Faso.

    IV.4.Les représentations sociales de l'école, élément explicatif de la déperdition scolaire

    Les représentations sociales sont définies par un des fondateurs du concept comme « une modalité de connaissance particulière ayant pour fonction l'élaboration de comportements et la communication entre individus » (Moscovici, cité par Brigitta ORFALI, 2000, p.240).Elles forment donc un mode de connaitre et d'agir en proposant un regard sur la réalité et en orientant l'action. Historiquement et socialement déterminées, elles « investissent la vie collective et engendrent des pratiques plus ou moins différentes selon les groupes sociaux (Brigitta ORFALI, 2000, p.240).Les actions et les modes de penser propres à chaque individu en société sont déterminés par cette autre vision spécifique à chaque classe sociale. Elles représentent les premiers instants de nos jugements et dépendent de plusieurs facteurs tels la position sociale, le statut, le rôle, le niveau d'instruction, le statut économique...Pour comprendre certains phénomènes sociaux qui paraissent évidents par le spécialiste et qui rencontrent des difficultés dans son fonctionnement, il est nécessaire de se pencher sur les représentations véhiculées à propos du phénomène en question .En anthropologie, elles sont la voie de sagesse dans la compréhension des phénomènes sociaux dans leur complexité. Elles sont des construits sociaux, entretenus dans les différentes sociétés.

    En ce qui concerne l'institution scolaire, elle est investie, interprétée par l'ensemble des acteurs et de manières différentes. Dans les zones faiblement scolarisées, ainsi que dans les zones où l'institution scolaire est absente, les populations qui y vivent ont une connaissance de l'école par le biais des agents de l'Etat en exercice. Ces représentations se construisent et se renforcent quotidiennement. L'école semble familière comme toute les institutions (KOHLER et WACQUANT ,1985).Tous les acteurs sociaux sans exception « connaissent » l'école, émettent des critiques, proposent des reformes : l'école a ceci de particulier qu'elle semble appartenir à tous,

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    même si le plus grand nombre est exclu selon les différents processus et à différents niveaux (LANGE, 1987, p.7).

    Le noyau familial demeure et reste le premier lieu de l'éducation, il est l'institution qui pense le plus l'école, qui a le plus à dire en matière d'éducation, mais en réalité, elle est la moins consultée. Sa consultation pour savoir les différents mobiles entravant la bonne marche de l'école s'avère nécessaire si l'on part du principe du développement à la base. En effet, dans ces sociétés traditionnelles, la perpétuation de l'ordre passe par la stabilité du groupe et la transmission de la norme. L'école est souvent vue d'un mauvais oeil pour les filles. Surtout lorsque la fillette se transforme en adolescente. L'école pour les parents, émancipe la jeune fille, la soumet à des risques sexuels et la soustrait à ses corvées domestiques : il s'agit d'un réflexe identitaire et reproducteur. Le maintien des filles à l'école passe aussi au second plan lorsque la survie quotidienne de la famille, comme c'est fréquemment le cas, est en jeu. Des représentations de ce type, établies et véhiculées depuis des lustres, ne sont pas de nature à favoriser la scolarisation des jeunes filles et n'en parlons pas de sa survie scolaire. Cette méconnaissance des représentations familiales et sociales de l'éducation formelle des enfants ne permet pas de cerner le problème dans sa globalité. Les critères de choix des enfants à éduquer sont fonction de ces représentations. Ces représentations sont multiples et multiformes. Elles sont d'ordre historique, social, culturel, économique, politique...et nécessitent une attention particulière car, participant à la compréhension des attitudes des parents vis-à-vis de la scolarisation de leurs progénitures. Ajoutons à cela que la quête permanente d'un emploi à tout prix dans l'optique de décharger les parents des dépenses scolaires incite les élèves et avec l'aval de certains parents à s'investir très tôt dans le marché de l'emploi. Au Burkina, les concours de la Fonction Publique semblent être l'ultime recours des enfants de conditions modestes. N'avons-nous pas coutume d'entendre que le premier mari de la femme, c'est son travail ? C'est l'ultime recours de la réussite pour les enfants de conditions défavorables. Pourtant, la représentation sociale de la réussite ou du succès dépend du milieu social d'origine.Pour les personnes de milieu social défavorisé, réussir à un concours direct de la Fonction Publique de niveau B.E.P.C ou CEPE constitue une réussite. Il n'en est point de même pour ceux issus du milieu social favorisé. C'est de facto un échec que d'arrêter ses études avant le niveau maîtrise ou le doctorat pour un quelconque concours. Donc selon l'origine sociale, le succès des uns peut être un échec pour les autres qui n'ont pas atteint leurs objectifs visés. Il est fréquent de constater des élèves arrêter les cours après le BEPC pour se consacrer aux concours directs, tout en ignorant que les sujets proposés à ces différents concours requiert une avancée dans les études secondaires voire supérieures.

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    IV.5.Les conditions d'étude et de vie comme obstacle à la survie scolaire des filles

    OUATTARA Maimouna (2011) dans « la problématique du maintien des filles dans l'enseignement secondaire au Burkina Faso : état des lieux et efficacité de la politique en la matière, cas de la province du Kadiogo », met en lumière les facteurs principaux de la déperdition qui sont entre autres :

    -la mauvaise gestion de la sexualité, la pauvreté, la situation précaire des parents ou de la famille.

    -concernant l'accès des filles à l'école, les principaux motifs pour OUATTARA restent les pesanteurs socio-culturelles, l'insuffisance de l'offre éducative et le manque de moyens financiers.

    Quant à la performance des filles par rapport à celle des garçons, l'auteur remarque que la performance des filles est en deçà de celle des garçons. Les mobiles de cette contre-performance restent : le manque de confiance en soi, le manque d'infrastructure, l'éloignement géographique.

    Les différentes raisons expliquant la difficulté du maintien des filles dans le système scolaire émises par l'auteur nous paraissent intéressantes dans la mesure où elles nous permettent de comprendre un pan du problème. La prise en compte de l'impact des corvées domestiques et leur participation à la vie économique nous parait nécessaire dans la maitrise du phénomène de la déperdition chez les filles.

    Comme pour compléter le précédent mémoire de OUATTARA, Marc PILON dans « confiage scolaire en Afrique de l'ouest »(2003), fait une importante communication sur les conditions de scolarisation des filles sous tutorat en ville. La question de confiage scolaire en Afrique est ambivalente et complexe. Si le confiage est considéré dans d'autres circonstances comme moyen efficace de promotion de la scolarisation pour certains élèves, il constitue pour d'autres une pratique entravant voire annihilant les efforts de scolarisation. Bon nombre d'élèves filles abandonnent les classes sous le poids des activités domestiques. Pour lui, la situation de confiage des filles devant permettre la scolarisation n'est pas toujours celle que l'on croit ; des problèmes peuvent survenir dans le déroulement de sa scolarité. Il est à noter que la nature du confiage va dépendre de la nature des rapports entre la famille d'origine de l'enfant et sa famille d'accueil d'une part, entre l'enfant lui-même et cette famille d'autre part. Une analyse de la situation des élèves sous tutorat laisse voir que, plus l'implication financière de la famille d'origine de l'enfant est faible, l'enfant confié aura un risque de traitement défavorable. On attendra de l'enfant qu'il effectue un certain nombre de tâches domestiques (lavage de vaisselle et vêtements, transport d'eau, garde des enfants et malades, courses diverses...),ou même contribuer à certaines activités productives ou commerciales du ménage (PILON,2003).Sous prétexte que ces enfants reçoivent une éducation voire une socialisation, ces traitements ne peuvent qu'avoir une influence négative sur leur performance scolaire(VANDERMEESH,2000).Leur risque de redoubler, d'échouer et d'abandonner s'avère plus

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    élevé lorsque les charges domestiques deviennent plus importantes. L'école et le travail entretiennent des relations ambivalentes. L'école elle-même peut pousser des enfants vers le monde du travail : la mauvaise qualité et l'inefficacité du système éducatif, à travers les échecs, les abandons et les exclusions scolaires, contribuent à la mise au travail des enfants, surtout les plus âgés. Cette réalité est valable aussi bien pour les garçons que pour les filles sous tutorat. Mais elle est beaucoup plus accrue chez les filles, davantage sollicitées pour les travaux domestiques. Le confiage, tel pratiqué dans certains ménages citadins peuvent être source de « souffrance psychologique » pour l'enfant car il ne met pas l'enfant à l'abri de l'abus, de mauvais traitements et d'autres formes d'exploitation qui peuvent conduire inexorablement les enfants à l'échec scolaire et à l'abandon. A ce propos CHARMES, (1993), a observé chez les « déflatés » de Cotonou au début des années 1990, que les enfants les plus vulnérables à une déscolarisation étaient les enfants sous tutorat, et surtout les filles.

    Laure ZONGO dans la « scolarisation des filles dans les zones périphériques de Ouagadougou : droit et accès à l'éducation »(2004) dépeint d'une manière particulière la survie scolaire des filles dans les zones périphériques de la ville de Ouagadougou. Elle soutient que la discrimination dont font l'objet les filles est souvent justifiée par les parents qui prétextent que les garçons sont les premiers héritiers de la famille, tandis que les filles, futures épouses appartiendraient à la famille de leurs époux. A cela s'ajoutent les causes diverses de la déscolarisation des filles qui sont entre autres : les mariages précoces, les grossesses indésirables et précoces, le harcèlement sexuel de la part des éducateurs, le poids des travaux domestiques...Les filles, même si elles se maintiennent à l'école n'ont pas les mêmes marges de manoeuvre que les garçons de repasser leurs leçons après l'école. Elles sont contraintes d'aider dans les travaux domestiques. A ces différents facteurs de déscolarisation des filles s'ajoute l'extrême pauvreté des parents qui arrivent à peine à supporter les dépenses de scolarisation. Face à une situation de précarité des ménages à supporter les dépenses de tous les enfants, la plupart des parents opèrent un choix de scolarisation en défaveur de la jeune fille. Pour ZONGO, bien qu'à Ouagadougou le taux de scolarisation au primaire et au secondaire soit élevé, avec des infrastructures en abondance, on observe des écarts de scolarisation et une déperdition importante en fonction des zones de résidence. Les anciens quartiers sont favorables à la scolarisation et au maintien au détriment de la périphérie qui est faiblement doté en infrastructures éducatives de base. Même s'il existe des infrastructures, elles sont inaccessibles aux ménages à faibles revenus. Les quartiers périphériques constituent également les zones d'implantation des populations issues de l'exode rurale, donc très pauvres. Cette extrême pauvreté amène les parents à opérer des choix stratégiques de lutte pour la survie au détriment de la scolarisation et du maintien de leur progéniture dans le système éducatif.

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    Laure ZONGO avance que le secteur des travaux domestiques est très souvent alimenté par des filles qui résident en périphérie. Les fonctionnaires et ménages en quête d'aides familiales se tournent généralement vers les quartiers périphériques comme Tampouy, Pissy, Nonsin, Zagtoulli, Bendogo, Saaba etc. Cette forte demande en domestiques ou gouvernantes a pour conséquence immédiate l'abandon scolaire ou l'incitation à la déscolarisation des filles scolarisées.

    Stephanie BAUX dans « les inégalités face à l'école au Burkina Faso : analyse comparative des déterminants de la scolarisation en milieu urbain, semi urbain et rural », dirigée par Marc PILON et Komla LOPKO, a tenté de faire une analyse des inégalités face à l'école dans différentes zones et situé les responsabilités des différents acteurs intervenant dans l'éducation. Il ressort que les représentations construites autour de l'école ne sont pas de nature à favoriser l'essor de l'éducation des filles. A ces représentations s'ajoutent les facteurs économiques, sociaux, familiaux, et culturels qui sont de nature à faire obstruction au parcours scolaire des élèves.

    Komla LOPKO, dans « Conditions socio-économiques et rendement scolaire des élèves sous tutorat à Ouagadougou : une approche des relations entre la famille « tutorale » et les résultats à l'école, traite de la situation des élèves vivant dans les familles d'accueil dans le cadre de leur scolarité et rendement scolaire. Le rendement scolaire de ces derniers est moins reluisant à cause des charges domestiques qui prennent le dessus sur la fonction éducative.

    A Ouagadougou, le placement des élèves auprès d'un parent ou dans une famille d'accueil est une pratique sociale assez répandue. Cette pratique sociale est exacerbée par la pauvreté des parents à dominance agriculteurs et la crise du logement qui prévaut dans la capitale. Aussi, cette ruée des élèves vers la capitale s'explique en partie par l'attrait de la ville sur son « arrière monde » et l'espoir de recevoir une éducation de qualité dans les établissements de la capitale. Ce placement auprès des tuteurs n'est pas sans conséquences sur la survie scolaire de l'élève. En effet, la vie dans la famille d'accueil est régie par une certaine organisation sociale fonctionnant avec des normes préétablies et qui s'impose à tous .C'est le tuteur qui oriente les rapports au sein de son microcosme familial, mais les autres membres du ménage ont une certaine autorité sur l'élève accueilli. L'élève peut mieux se sentir si les différents traitements qu'il reçoit sont proportionnels à celui que reçoivent les autres élèves du ménage. La nature de cette relation est un élément décisif et déterminera sa fréquentation scolaire et ses performances académiques.

    Pour le cas précis de la ville de Ouagadougou, Stéphanie BAUX pense que les zones périphériques disposent d'une offre éducative insuffisante au regard du nombre important des élèves. Les écoles dans ces quartiers périphériques sont détenues par le privé et inaccessibles aux ménages vulnérables. A cela s'ajoute le problème de la distance que les élèves doivent parcourir quotidiennement pour rejoindre les écoles publiques. La pertinence de cette étude n'est plus à

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    démontrer mais sa généralisation au post primaire et au secondaire nous permettrait de comprendre la situation des filles. Les effets des conditions socio-économiques des familles sur les pratiques scolaires ne sont pas pris en compte dans cette étude.

    IV.6. Le problème de l'intelligence scolaire et de l'environnement familial

    Les héréditaristes comme les psychologues Cyril Burt(1961), Arthur R Jesen (1969), Richard Herrenstein(1971) pensent que le facteur décisif dans le succès scolaire est l'héritage génétique. Pour Jensen et Herrenstein, il existerait une très forte corrélation entre l'intelligence mesurée par le quotient intellectuel (QI) et la race. L'hérédité génétique représenterait 80% de la variance de l'intelligence, les 20% autres par l'environnement. Dans, ces conditions, si, suivant les recommandations des environnementalistes, on égalisait les conditions de vie et de travail à l'environnement des élèves. L'hérédité apparait comme facteur décisif et unique de la stratification sociale par le mérite.

    Cette thèse que l'on peut qualifier de raciste est d'obédience américaine, et est le propre d'auteurs américains soucieux de démontrer la suprématie intellectuelle de la race blanche sur les autres races, plutôt que de traiter objectivement le phénomène de l'intelligence et du succès scolaire. En ramenant l'intelligence à l'hérédité, l'explication que ces auteurs américains voudraient faire comprendre est que dans les mêmes écoles et dans les mêmes conditions d'études et de travail, les différences de performances chez les élèves est fonction de la race à laquelle ils appartiennent. Marie Duru Bellat (2004), sociologue contemporain a tenté d'expliquer à sa manière l'échec et la réussite scolaires des filles en tablant sur plusieurs axes. Elle se base sur des théories de différences d'aptitudes ou des différences d'aptitudes pour expliquer que les inégalités de réussite auraient une base biologique. Elle tente d'expliquer pourquoi les garçons sont supérieurs aux filles dans des matières comme les mathématiques et les filles meilleures en matières littéraires. Dans « le sexe du cerveau » (ALPER, 1986 ; VIDAL, 2002), les spécialistes tentent de dégager des relations entre la morphologie cérébrale et les activités cognitives, bref entre la structure et le fonctionnement du cerveau. Partant du fait que les hémisphères gauche et droit du cerveau ne sont pas fonctionnellement équivalent(le cerveau gauche étant dominant pour les aptitudes verbales, le droit pour les activités non verbales), on admet comme hypothèse que le cerveau des hommes serait plus asymétrique que celui des femmes. Autrement dit que la différence entre l'hémisphère gauche et droit serait plus grande chez l'homme que chez la femme ; ceci expliquerait la supériorité des secondes pour le verbal et leur infériorité spatio-visuelle. Certains vont jusqu'à dire que cette moindre spécialisation hémisphérique des femmes aurait des incidences sur le plan émotionnel

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    (elles pourraient moins que les hommes, dissocier leur comportement analytique, logique de leur comportement émotionnel).

    La même théorie du Quotient Intellectuel est reprise par Hélène Bee, mais vue sous un autre angle qui parait plus objectif et crédible .Dans son ouvrage « La psychologie du développement », bon nombre de facteurs influencent le rendement scolaire des élèves du secondaire. Selon elle, le meilleur indicateur de la performance scolaire d'un élève à l'école est le quotient intellectuel (QI). Cette vision des choses la conduit à dire que les élèves issus de la classe moyenne sont plus portés à réussir leurs études que ceux qui sont issus d'un milieu défavorisé. Elle note que pour chaque classe sociale et pour chaque groupe ethnique, les élèves qui ont un QI élevé ont la chance d'obtenir de bonnes notes, de mener à bien leurs études secondaires et de poursuivre des études supérieures. Son analyse met un accent particulier sur la famille et ses mécanismes de fonctionnement dans la réussite ou l'échec scolaire des élèves.

    Hélène BEE souligne à ce titre que les adolescents issus des familles démocratiques sont ceux qui réussissent le mieux à l'école et ce, indépendamment de l'appartenance ethnique. Elle affirme à ce niveau que quel que soit la situation économique de la famille ou le groupe ethnique d'appartenance, les élèves ont de meilleurs résultats scolaires lorsque les parents établissent des règles claires, encouragent leurs enfants à réussir, sont chaleureux et compréhensifs et ont de grandes capacités de communication. En substance, lorsque les parents sont regardants sur l'éducation de leurs progénitures, ces derniers tentent de mieux faire pour leur faire plaisir, pour signifier leur reconnaissance vis-à-vis des différents sacrifices consentis en leur regard.

    L'étude de BEE soutient par ailleurs que le revers de la médaille est le décrochage. La classe sociale constitue un meilleur indicateur que le groupe ethnique. A cet effet, elle constate que les enfants qui grandissent dans les familles défavorisées sont davantage portés à abandonner leurs études secondaires que les adolescents issus des familles plus aisées. Selon l'auteur, le décrochage scolaire peut aussi s'expliquer par diverses façons telles que l'aversion pour l'école, de faibles résultats scolaires, le renvoi de l'établissement ou la nécessité de trouver un emploi pour aider la famille. En ce qui concerne le cas des filles, l'auteur note qu'elles abandonnent souvent leurs études pour des raisons telles que le mariage, une grossesse précoce, etc. En outre, l'auteur estime que certaines attitudes parents-enfants peuvent dénaturer la qualité des relations naturelles entre eux, pouvant avoir des répercussions négatives sur le travail scolaire des adolescents. Il s'agit de l'augmentation des conflits parents- adolescents. L'auteur signifie dans ce sens que dans la majorité des familles, l'augmentation des conflits mineurs concerne généralement les problèmes quotidiens comme les règles à suivre à la maison, l'habillement, les sorties, les résultats scolaires ou des tâches ménagères.

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    IV.7. La spécificité de l'individu comme facteur explicatif de la réussite ou de l'échec scolaire.

    L'on ne peut pas explorer les différentes pistes explicatives du succès et de l'échec scolaire sans situer la responsabilité de l'acteur clé qu'est l'élève lui-même. Il est vrai, le domaine du succès et de l'échec scolaire est vaste et a été exploré par bon nombre de chercheurs en sciences de l'éducation et chacun situe les responsabilités selon son mode opératoire de recherche, ses hypothèses et ses théories. Il est courant de constater que même toutes les conditions ci-dessous citées réunies, il y a des élèves qui échouent quand même. Dans d'autres circonstances, des élèves ne réunissant aucune des conditions propices à une scolarité épanouie s'arrangent pour tirer leur épingle du jeu et surpassent même ceux issus des conditions normales de vie et d'apprentissage. Comme pour dire que l'élève lui-même est au centre de sa réussite et de son échec scolaire. Parlant d'éducation inclusive et non discriminatoire, toutes les couches de la société ont droit à cette éducation et sans distinction et la seule conditionnalité serait la compétence. Pour le cas du Burkina Faso, où l'analphabétisme et la pauvreté sont la chose la mieux partagée, il serait impensable de voir le fils du pauvre se hisser et bien se positionner dans le monde intellectuel, économique et social car ne réunissant pas les conditions optimales d'une éducation de qualité. Mais force est de constater que le monde universitaire, administratif, financier, intellectuel etc. est inondé de cadres issus de classes sociales défavorisées. Ce constat nous amène à croire comme certains chercheurs que la réussite scolaire et sociale est avant tout question d'individualité. La réussite scolaire est une question d'application et d'efforts personnels renforcés par une assiduité et une attention en classe. Les élèves qui exécutent convenablement les différentes activités (exercices) en classe avec une dose de curiosité et de recherche parviennent à de bons résultats. En effet, les élèves qui ont conscience de l'importance de l'école dans l'amélioration de leur condition de vie future auront une appréciation différente de l'école et de ses bienfaits que ceux ne savant pas pourquoi ils sont à l'école.

    L'analyse du phénomène du succès et de l'échec scolaire intéresse plusieurs spécialités qui interviennent dans le domaine éducatif. Les sociologues et les psychologues ont développé des théories pour cerner le problème. Les psychologues expliquent le phénomène par des théories mettant un accent particulier sur les considérations individuelles, mettant ainsi l'élève au centre de sa réussite. Cette théorie fait appel à des considérations individuelles (intelligence, attitude face à l'école...) car même si on parle de réussite ou d'échec, elle est personnelle d'abord.

    L'approche sociologique de la déperdition scolaire met l'accent sur les inégalités de chances d'accès à l'éducation pour une certaine frange de la population. Un accent particulier est mis sur l'origine familiale qui entretient de pratiques qui ne favorisent pas la scolarisation et la survie scolaire des filles. Ces inégalités apparaissent à travers l'analyse des taux de scolarisation, d'abandon, d'échec et de redoublement. Ces différentes variations de taux sont fonction de

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    l'origine sociale qui entretient certaines pratiques faisant obstruction au succès. Les théories défendues par les sociologues dans l'explication de l'échec d'une certaine frange de la population se focalisent en grande partie sur le capital économique, culturel et social. Le capital économique étant constitué par le patrimoine et les revenus. Le capital culturel qui comprend aussi bien la maitrise de la langue pédagogique facilitera la réussite scolaire. Et enfin, le capital social qui est constitué par l'ensemble du réseau de relations d'un individu ou de sa famille. Un enfant réunissant toutes ces conditions est prédisposé à la réussite scolaire.

    Au Burkina Faso, la théorie de la reproduction de Pierre BOURDIEU et Raymond BOUDON expliquerait le mieux, selon nous, la situation éducative des enfants issus de milieux pauvres en général, et des filles en particulier. En effet, le contexte social dans lequel vit un enfant lui transmet un ensemble de dispositions, façons de voir, façons de se comporter que BOURDIEU nomme Habitus. L'habitus influence les pratiques sociales, tant à l'école que dans la vie professionnelle .L'habitus de classe des milieux les plus favorisés est plus favorable à la réussite scolaire et professionnelle que l'habitus des classes sociales défavorisées qui est marqué par un instinct de survie. Bourdon a fait une analyse qui cadre le mieux avec la situation éducative du Burkina. Pour lui, l'attitude des parents vis-à-vis de l'école s'explique selon leur milieu social et statut économique :

    -les probabilités de réussite sont plus grandes dans les milieux aisés car ils ont des dispositions culturelles mieux adaptées et qu'ils sont mieux disposés à l'égard des longues études que les milieux moins favorisés ;

    -à résultats scolaires égaux, la probabilité de poursuivre des études est d'autant plus forte que l'on appartient à un milieu aisé. La perception des avantages liés à un diplôme donné est plus forte lors que l'on appartient à un milieu aisé. La motivation de faire des études est en moyenne plus faible dans des catégories sociales les plus défavorisées comme c'est le cas de la majorité des ménages Burkinabè vivant en dessous du seuil de pauvreté (43,9%).

    V. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE

    Nous proposons dans cette section de faire la présentation du contexte spécifique qui aidera à mieux comprendre les réalités du milieu d'étude.

    V.1.Contexte général de création de la commune de la commune rurale de Saaba

    La loi N°055-2004 /AN du 21 Décembre 2004 portant Code générale des collectivités territoriales au Burkina Faso a jeté les bases de la décentralisation .Elle se fixe pour objectif l'autonomisation des différentes commune par le transfert des pouvoirs décisionnels au niveau

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    local. Elle vise à rendre chaque commune acteur et maitre de son développement. Ainsi, le pays a été en treize régions(13) et 302 communes dont 47 communes urbaines et deux communes à statut particulier que sont Ouagadougou et Bobo Dioulasso. C'est dans cette optique que Saaba fut érigée en commune rurale .Cette communalisation intégrale met les autorités administrative et les populations en face de responsabilité : chacun doit oeuvrer pour le plein épanouissement de sa population. La commune de Saaba fait partie des communes à proximité de la capitale et qui sont concernée par le projet « Grand Ouaga » que sont : des communes rurales de Koubri, Komsilga, Komki-Ipala, Pabré, Saaba, Tanghin-Dassouri, ainsi que celle de Loumbila.

    V.2.Situation géographique et administrative de la commune rurale de Saaba

    La commune de Saaba fait partie de l'une des six communes rurales de la région du centre. D'une superficie de 446 km2, elle se situe à l'Est de Ouagadougou et a15 Km de celle-ci. .La Commune de Saaba compte vingt-trois (23) villages administratifs est limitée à l'Ouest par la Commune de Ouagadougou, au Sud et au Sud-Est par la Commune de Koubri, à l'Est par la Commune de Nagréongo et au Nord par les Communes de Loumbila et Ziniaré.La carte suivante schématise la commune rurale de Saaba à travers ses villages et communes voisines.

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    Carte1 : Carte de la commune rurale de Saaba

    Selon le recensement administratif (RGPH, 2006), elle compte 50532 habitants pour 6840 ménages soit respectivement 50,5% de femmes contre 49,5% d'hommes. Les projections de ce même recensement lui attribut en 2013 une population de 81819 personnes. La densité de la population de Saaba est de 49 hbts/Km2.En 2006, Saaba à elle seule enregistrait une densité de 113,3 hbts/ Km2.En tenant compte de la dynamique actuelle de la population caractérisée par un flux de la population vers les quartiers périphérique ,la commune a vu sa densité augmentée avec le temps passant de 125,59 hbts/Km2 en 2008 a peut-être 180,08 hbts/Km2 en 2013.La population de Saaba regorge de presque toutes les couches socio professionnelles en partant des cadres administratifs aux professions libérales. On y rencontre une pléthore de ces activités qui contribue à alimenter la vie économique et sociale de la commune.

    V.3.Les mouvements migratoires vers la commune rurale de Saaba

    La commune de Saaba connait actuellement un phénomène important de migration qui influence sérieusement la structure de sa population, son développement et son devenir. De par sa position

    39

    géographique et sa proximité avec la ville de Ouagadougou, la commune subit un mouvement de population particulièrement important largement dominé par l'immigration du fait de l'influence urbaine. Le mouvement le plus important reste dominé par celui des populations de la région du centre et des communes voisines, principalement de la ville de Ouagadougou vers la commune .Les principales mobiles de cette ruée vers Saaba sont essentiellement : l'exploitation des ressources naturelles, la quête des parcelles et d'habitats décents et à moindre coût ,la quête d'un cadre agréable et loin des nuisances sonores, une éducation de qualité dans un cadre de sécurité et loin des perturbations que connaissent les établissements de la capitale.

    V.4.La problématique de l'influence urbaine

    La spécificité des communes voisines de Ouagadougou réside dans l'influence que ces derniers subissent du fait du boom démographique avec ses corollaires de difficultés. Saaba présente un paysage urbain avec des conditions de vie précaires de la grande majorité de sa population. Exception faite quelques ménages étrangers venus résider sont des ménages à revenus modestes. Depuis un certain temps, Saaba est devenu la destination privilégiée des citadins. Il ne faut pas perdre de vue que Saaba est située dans la zone d'influence immédiate du projet « Grand Ouaga » qui ambitionne une meilleure organisation et un aménagement économiquement rentable de la zone périurbaine de Ouagadougou sur un rayon de 25 Km. Cet aménagement vise à freiner l'exode des populations vers la capitale en aménageant et en la dotant de services et conditions similaires à celle de la capitale.

    Avant que ce projet ne soit une réalité, les populations ne cessent d'affluer dans cette zone dans l'optique d'être des résidents au moment de sa réalisation et bénéficier des parcelles lors des

    lotissements. L'effet boomerang serait l'exacerbation, la condensation, l'envahissement par les
    populations des zones d'intervention du projet. Ce phénomène est déjà visible précisément à Nioko I Gampela et Barogho qui sont dotés d'habitats de fortune et des opérateurs économiques qui s'accaparent de grandes espaces pour y installer des unités industrielles et établissements d'enseignement. Certes le développement de toute ville connait ses étapes avec une influence immédiate sur les périphéries et les banlieues. Les conséquences sont innombrables si le développement ne suit aucun Schémas directeur de développement urbain. Pour ce qui est de la commune de Saaba nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu'elle est victime de la migration rapide et incontrôlée.

    V.5. Education dans la commune rurale de Saaba

    Sur le plan éducatif, la commune connait une pléthore d'établissements de qualité et qui font sa renommée dans l'environnement éducatif de la capitale. Les parents d'élève en quête d'une bonne

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    éducation pour leurs progénitures n'hésitent pas à les inscrire dans cette commune dotée d'infrastructures scolaires. On y rencontre tous les paliers du système éducatif du préscolaire au supérieur avec l'Université St Thomas D'Aquin. En effet, un élève peut aisément terminer tout son cycle préscolaire, primaire, post primaire, secondaire et supérieur sans avoir à quitter la commune. Mais le fait que ces établissements sont dans la plupart des privés instaure une certaine sélection et qui n'est pas de nature à faciliter l'accès des enfants issus des conditions modestes .Cette triste réalité de sélection, oblige les familles pauvres à se retourner vers les établissements publics et étatiques ou leurs enfants pourront suivre une scolarisation à coût réduit. Cette difficulté d'accès des établissements privés a pour conséquences immédiates, la pléthore des effectifs pouvant aller jusqu'à 120 élèves par classe et les difficultés d'apprentissage que cela occasionne. Aussi bien que l'accès de ces établissements soit un casse-tête pour les parents d'élèves, ces derniers sont confrontés à une scolarité difficile compte tenu des difficultés de divers ordres qu'ils vivent au quotidien.

    Nous ferons un point exhaustif des établissements d'enseignement secondaire se trouvant dans la commune de Saaba.

    Tableau 1 : Liste des établissements secondaire de la commune Saaba

    Numéro
    d'ordre

    Nom de l'établissement

    Statut

    Type d'enseignement
    dispensé

    1

    Lycée Municipal de Saaba

    Public

    Général

    2

    Lycée Wendpouiré de Saaba

    Public

    Général

    3

    Lycée Gabriel Taborin

    Privé

    Technique/Général

    4

    Groupe Scolaire Guinkouma

    Privé

    Général

    5

    Lycée Elisa de Saaba

    Privé

    Général

    6

    Lycée St Joseph de Saaba

    Privé

    Général

    7

    Lycée Sana Hippolyte

    Privé

    Général

    8

    Lycée NabaYemdé

    Privé

    Général

    9

    Juvénat St Joseph de Saaba

    Confessionnel

    Religieux

    10

    Groupe Scolaire Protestant

    Privé

    Général

    11

    CEG de Nioko

    Public

    Général

    12

    CEG Municipal de Gonsé

    Public

    Général

    13

    CEG Municipal de Tanlarghin

    Privé

    Général

     

    41

    14

    Collège Privé Evangélique Annie
    Franca

    Privé

    Général

    15

    Collège Privé Excellence

    Privé

    Général

    16

    Collège Privé le Chandelier du Faso

    Privé

    Général

    17

    Collège Privé Dayangnewendé

    Privé

    Général

    18

    Collège Privé la Nasa

    Privé

    Général

    19

    Collège Privé Philadelphia

    Privé

    Général

    20

    Collège Privé Pierre DUPRET

    Privé

    Général

    21

    Collège Privé les Racines

    Privé

    Général

    22

    Collège Privé Relwendé

    Privé

    Général

    23

    Collège Privé Saint André

    Privé

    Général

    24

    Collège Privé Saint Dominique

    Privé

    Général

    25

    Collège Privé Sainte Rita

    Privé

    Général

    26

    Complexe Scolaire WendRaabo

    Privé

    Général

    27

    Lycée Privé El- Eliasaphe

    Privé

    Général

    28

    Lycée Privé des Jeunes Filles Notre
    Dame des Victoires

    Privé

    Général

    29

    Lycée Privé El- Ishane

    Privé

    Général

    30

    Lycée Privé Sompingda de Songdin

    Privé

    Général

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Au total pour la commune rurale de Saaba, on enregistre 31 établissements d'enseignement mais avec une prédominance du privé comme le montre le tableau ci-dessus (Tableau 1).

    42

     

    DEIJXIEME IDAUTIE : CADUE

    METIIGDGLGGI(IJE

     
     
     
     
     
     
     

    43

    CHAPITRE I : CADRE METHODOLOGIQUE DE RECHERCHE

    Le cadre méthodologique présente la manière dont nous nous sommes pris pour effectuer la collecte, le traitement des données et les éventuels écueils rencontrés lors de la phase empirique. Nous avons préconisé dans cette étude l'approche hypothético-déductive qui a consisté à vérifier les hypothèses que nous avons au préalable posées dans le cadre théorique. Egalement dans ce chapitre, nous décrirons la population d'enquête et le milieu d'étude, les instruments de collecte des données et comment se déroulera l'enquête à proprement parlé.

    I. LES METHODES, TECHNIQUES DE COLLECTE ET DE

    TRAITEMENT DES DONNEES

    La Science de l'éducation est, à l'instar des autres sciences, une discipline qui obéit à certaines exigences méthodologiques. Autrement dit, elle a des méthodes et des techniques qui lui sont propres.

    Avant de présenter nos stratégies de collecte, nous allons, d'abord, essayer de définir ce que sont une méthode et une technique d'investigation. Dans son étymologie, la méthode désigne un chemin à suivre. Dans Méthodes des sciences sociales, le terme est définit comme «l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie » (GRAWITZ, 2001, p.351). En d'autres termes elle est une manière de mener la recherche. Pour entreprendre ces démarches, il faut, cependant, des outils scientifiques c'est-à-dire des procédés qui soient adaptés à l'objet d'étude, aux objectifs fixés ainsi qu'à la démarche suivie. Ces outils renvoient aux techniques utilisées. Une technique est donc un ensemble de moyens employés pour réussir une démarche.

    La méthode de collecte de données évoque également nos sources de documentation, les statistiques scolaires. Nos références documentaires concernent les études antérieures menées par divers auteurs sur l'éducation que nous avons eu à citer dans les pages précédentes tant sur le plan général que national .Ces documents ont été dans la grande majorité consultés dans les bibliothèques de : ENS/UK, IRD, INSS et celle de UFR/SH de l'Université de Ouagadougou.

    Quant aux données chiffrées, elles proviennent de la DEP du MESS notamment du tableau de bord et l'annuaire statistique 2010 du Ministère. D'autres données ont été collectées sur le site internet de l'ONG Plan Burkina, la Banque Mondiale et bien d'autres institutions intervenant dans l'éducation des filles (Aide et Action, CIEFFA, FAWE...).

    Dans notre étude, nous avons utilisé concomitamment la méthode quantitative et qualitative (la méthode mixte). Toutefois, nous avons dû privilégier la méthode mixte car nous voulons comprendre l'influence de l'environnement familial (travaux domestiques et économiques, rôle et

    44

    place des parents...) sur la déperdition scolaire des filles l'école dans la zone périphérique de la commune rurale de Saaba. Il s'agit précisément, d'analyser leurs conditions d'étude, les statuts sociaux et économiques de leurs parents, en somme les déterminants socio-économiques qui affectent d'une manière ou d'une autre le maintien des filles dans le système éducatif.

    I.1.La méthode quantitative

    La démarche quantitative permet de recueillir des données mesurables et comparables entre elles. Elle est utilisée par les sciences dites dures ou exactes et sciences humaines. La collecte de données quantitatives peut s'effectuer à partir de plusieurs procédés. Le questionnaire est un des instruments de quantification. Il permet de mesurer des fréquences, d'établir des corrélations entre des variables de faire des comparaisons (BERTHIER, 2006, p.27). L'utilisation du questionnaire comme outil de collecte se justifie par le fait que, dans notre étude, nous établissons des corrélations entre le niveau de vie économique, le poids des déterminants socio-économiques et maintien des filles à l'école.

    Etant donné que notre étude est composée de trois cibles différentes, nous avons élaboré trois modèles de questionnaire pour tenir compte des caractéristiques spécifiques de chacune d'elles. Notre population cible nous permettant de comprendre le phénomène de la déperdition dans sa complexité est : les parents d'élèves, le personnel administratif des établissements d'enseignement secondaire public et privé, les élèves filles du post primaire et du secondaire.

    Les différents questionnaires comportent des questions ouvertes, fermées et semi ouvertes mais avec une grande partie réservées au recueil des opinions personnels de l'enquête sur un certain nombre de phénomène.

    I.2.La méthode qualitative

    Elle est utilisée conjointement avec la méthode quantitative. La démarche qualitative a aussi ses propres instruments dont l'entretien. L'entretien est une technique qui consiste à organiser une conversation entre un enquêté et un enquêteur (BEITONE et al, 2002, p.27). Dans cette optique, l'enquêteur doit préparer un guide d'entretien où figurent les différents centres d'intérêt qui seront abordés.

    I.3.Le milieu et la population de l'étude

    Comme le montre bien notre thème de recherche « analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périurbaines de Ouagadougou : cas des établissements d'enseignement secondaires de la commune rurale de Saaba », la zone d'étude est la

    45

    commune rurale de Saaba y compris les villages rattachés et environnants. Toute personne issue de cette commune rurale et ayant un élève dans un établissement secondaire constitue d'ores et déjà pour nous une personne ressource pouvant aider, orienter dans la compréhension du phénomène de la déperdition scolaire des filles dans cette zone.

    Notre intérêt pour la commune rurale de Saaba se justifie par le souci de prendre en compte les élèves filles issues des familles de toutes les catégories socio-professionnelles et d'origine sociales diverses.

    Nous définissons la population comme l'ensemble des personnes concernées par l'enquête. Elle est constituée des scolarisées, de parents d'élèves et du personnel administratif des établissements d'enseignement secondaire public et privé. Le personnel administratif des établissements, les membres de l'Association des Parents d'Elève et les membres de l'Association des Mères Educatrices (AME), des élèves filles de la commune rurale de Saaba seront interrogés comme informateurs clés pour approfondir notre démarche.

    I.4.L'échantillonnage

    Compte tenu de nos moyens limités et du temps qui nous était imparti, le nombre des établissements concernés a été limité. C'est ainsi que, sur la pléthore établissements d'enseignement secondaire publics et privés que compte la commune rurale de Saaba, notre choix s'est porté sur quatre d'entre eux ; soit deux(2) établissements d'enseignement public général et également deux autres (2) du privé. Les établissements concernés sont :Lycée Municipal de Saaba, Lycée Wendpouiré de Saaba,Groupe Scolaire Guinkouma et le Lycée Sana Hippolyte.

    De ce principe, nous avons tenté de faire un état de lieux de la déperdition scolaire des filles dans ces quatre établissements dans l'optique d'avoir une base de sondage qui sera proportionnelle aux réalités des filles dans ces établissements .Ces données ci-dessous énumérées montrent la situation scolaire des filles au cours de l'année scolaire 2012-2013.

    Au total on enregistrait dans les quatre établissements sélectionnés un total de 439 redoublantes. Sur cet effectif de redoublantes, notre choix s'est porté sur 120 d'entre elles. La répartition du quota des filles à enquêter par établissement a été faite de façon proportionnelle au nombre total de l'effectif de toutes les redoublantes.

    46

    Tableau 2 : Situation de l'effectif des filles du lycée Wendpouiré de Saaba

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Total

    Effectifs
    Total des
    filles

    119

    179

    156

    118

    100

    56

    82

    890

    Redoublantes

    40

    73

    55

    52

    12

    9

    30

    271

    Abandons

    0

    0

    0

    0

    0

    0

    0

    0

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le lycée Wendpouiré de Saaba est le plus grand établissement de la commune en termes d'effectif et de nombre de classe. C'est également en son sein que l'on enregistre le plus gros effectif de filles. Sur un total de 890 filles qui fréquente cet établissement durant l'année scolaire 2012-2013, les redoublantes sont au nombre de 271 soit 30,44% de l'effectif. Par ailleurs, on n'enregistre aucun abandon de filles dans son effectif.

    Tableau 3 : Situation de l'effectif des filles du CEG Municipal de Saaba

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Total

    Effectifs
    Total des
    filles

    121

    107

    -

    -

    -

    -

    -

    228

    Redoublantes

    31

    23

    -

    -

    -

    -

    -

    54

    Abandons

    0

    0

    -

    -

    -

    -

    -

    0

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le CEG Municipal de Saaba a récemment ouvert ses portes et est à sa deuxième promotion cette année. L'établissement comporte les classes de 6e et de 5e.On enregistre 228 filles pendant l'année scolaire 2012-2013 dont 54 redoublantes soit 23,68 % et aucun abandon dans l'effectif des filles.

    47

    Tableau 4 : Situation de l'effectif des filles du Groupe scolaire GUINKOUMA de Saaba

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Total

    Effectifs
    Total des
    filles

    94

    72

    70

    80

    102

    41

    41

    489

    Redoublantes

    11

    6

    7

    13

    4

    1

    2

    44

    Abandons

    1

    1

    1

    0

    3

    1

    1

    8

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le Groupe Scolaire Guinkouma de Saaba est le plus grand établissement privé de la commune. L'établissement comporte toutes les classes de la 6e à la Terminale avec une forte représentativité féminine. On enregistre au total 489 filles dont 44 redoublantes qui représentent 8,99% de l'effectif des filles. Contrairement aux précédents établissements n'enregistrent pas d'abandon, on enregistre 8 abandons du côté des filles durant l'année scolaire 2012-2013.

    Tableau 5 : Situation de l'effectif des filles du Lycée privé SANA Hippolyte de Saaba

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Total

    Effectifs
    Total des
    filles

    107

    83

    61

    89

    -

    -

    -

    340

    Redoublantes

    16

    11

    4

    39

    -

    -

    -

    70

    Abandons

    0

    0

    2

    0

    -

    -

    -

    2

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Quant au lycée privé SANA Hippolyte, on enregistre un effectif de 340 filles reparti de la 6e à la 3e.Parmis ces filles qui fréquentent cet établissement, 70 d'entre elles soit 20,58% de l'effectif sont des redoublantes. Dans cet établissement, deux filles ont abandonné les cours au cours de l'année scolaire.

    48

    Tableau 6 : Récapitulatif des effectifs des filles des quatre établissements échantillonnés

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Total

    Effectifs total
    des filles

    521

    441

    278

    287

    202

    97

    112

    1947

    Effectif total
    des

    Redoublantes

    98

    113

    66

    104

    16

    10

    32

    439

    Effectif total
    des abandons

    1

    1

    3

    0

    3

    1

    1

    10

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le tableau récapitulatif des filles qui fréquentent les quatre établissements révèle un taux élevé de redoublantes, soit 22,54% de l'effectif total des filles.

    Précisons que l'ensemble des élèves concernées par cette présente enquête doivent être d'abord originaire de la commune rurale de Saaba et fréquenter un des quatre établissements ci-dessus cités. Les différents calculs pour affecter la taille des élèves à enquêter par établissement donne :

    · 1-Lycée Wendpouiré de Saaba : 271/439 élèves soit 61,7% de l'effectif total des redoublantes des quatre établissements.

    Donc : 61,7*120/100 =74 élèves.

    · 2-Collège Municipal de Saaba : 54/439 élèves soit 12,30% de l'effectif total des redoublantes des quatre établissements.

    Donc : 12,30*120/100=14,76 élèves soit 15 élèves.

    · 3-Lycée Privé Sana Hippolyte de Saaba : 70/439 élèves, soit 15,9% de l'effectif des redoublantes des quatre établissements.

    Donc : 15,9*120/100= 19,08 élèves soit 19 élèves.

    · 4-Groupe scolaire Guinkouma de Saaba : 44/439 élèves, soit 12,02% de l'effectif des redoublantes des quatre établissements.

    Donc : 10,02*120/100=12,02 élèves, soit 12 élèves.

    Du coté des parents d'élèves, nous avons voulu nous entretenir avec le tiers de la population féminine soit 40 parents d'élèves tout sexe confondus. Le procédé de fixation des quotas a été similaire à celui des filles c'est-à-dire la proportionnalité par rapport à la représentativité des filles par établissement. Cela nous a permis d'avoir des tailles suivants :

    49

    · Le lycée Wendpouiré de Saaba : 61,7% des 40 parents d'élèves, soit 61,7*40/100=24,68 parents d'élèves donc 25 pour cet établissement.

    · Le collège Municipal de Saaba : 12,30% des 40 parents d'élèves, soit 12,30*40/100=4,92 parents d'élèves donc 5 pour cet établissement.

    · Lycée Privé Sana Hippolyte de Saaba : 15,9% des parents d'élèves, soit 15,9*40/100=6,36 parents d'élèves donc 6 pour cet établissement.

    · Groupe Scolaire Guinkouma de Saaba : 10,02% des parents d'élèves, soit 10,02*40/100=4,00 parents d'élèves donc 4 pour cet établissement.

    Pour le cas des chefs d'établissement, les quatre directeurs ou proviseurs font partie d'office de notre échantillon pour le questionnaire les concernant. Cela donne un tableau récapitulatif de personne à enquêter comme suit dans le tableau :

    Tableau 7 : Echantillon de départ par établissement

    Population Etablissement

    Elèves

    Parents d'élèves

    Chefs

    d'établissement

    Lycée Wendpouiré de Saaba

    74

    25

    1

    Collège Municipal de Saaba

    15

    5

    1

    Lycée Sana Hippolyte de Saaba

    19

    6

    1

    Groupe scolaire

    Guinkouma de Saaba

    12

    4

    1

    Total

    120

    40

    4

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    50

    I.5.La méthode de collecte de données

    Dans le cadre de notre étude, nous avons eu recours à une enquête par questionnaire qui a consisté à poser une série de questions relatives à la situation familiale, à la vie scolaire et extra-scolaire de l'élève. Ces questions visaient à explorer certaines pratiques familiales de l'apprenant en rapport avec son environnement scolaire ainsi qu'à son rendement.

    L'administration des questionnaires a été directe, c'est-à-dire qu'ils ont été remplis par enquêtés eux-mêmes. Nous tenons à préciser que la technique utilisée pour le choix de la population de l'échantillon à consister en un procédé d'échantillonnage raisonné qui suppose les éléments de la population a été choisis à partir d'un critère spécifique.

    En déterminant les différentes cohortes par population et en collaboration avec l'administration scolaire, il leur a été demandé de dispatcher le questionnaire de manière aléatoire à toute les filles qui remplissaient les conditions d'éligibilité (être résidante de la commune rurale de Saaba et fréquentée un des établissements échantillonnés).

    Ces mêmes filles, de manière aléatoire sont chargées de faire remplir le questionnaire auprès de leurs parents ou tuteurs. Le questionnaire adressé auprès des responsables d'établissements échantillonnés qui sont au nombre de quatre(4) a été similaire à celui des élèves et parents d'élèves.

    Nous avons opté pour une administration par l'enquêté lui-même pour divers raisons : elle donne plus de temps et de marge de manoeuvre à l'enquêté de donner des réponses pertinentes et sans pression.

    L'administration du questionnaire des élèves filles auprès des parents à une vision sensibilisatrice sur l'importance de l'éducation des filles et de permettre aux parents de comprendre l'influence de certaines pratiques pouvant nuire à l'éducation de leur progéniture.

    + Quelques éléments descriptifs du questionnaire adressé aux filles des lycées et collèges.

    Le questionnaire soumis aux filles comporte cinquante-huit (58) items portant sur différents aspects pouvant aider dans la compréhension de la déperdition scolaire des filles en zone périurbaine.

    La première rubrique représente la phase d'identification de l'élève telle que son genre ou sexe, le lieu d'habitation (chez le père, chez la mère, chez les deux parents, chez un tuteur), la profession des parents, le vécu scolaire dans le ménage, etc.

    Le second axe nous renseigne sur les données socio-économiques, la situation scolaire de l'élève. A ce niveau, nous avons cherché à exploiter les informations sur les questions de retard, d'absence, le vécu quotidien de l'élève à l'école.

    51

    Quant à la troisième partie, elle abordait la vie scolaire des filles à proprement parlé en mettant un accent sur la place des parents dans la scolarisation de leurs filles. A propos, nous avons cherché essentiellement à savoir si les parents s'impliquent ou non dans la vie scolaire de leurs enfants et leur perception de la scolarisation des filles par rapport à celle des garçons.

    Enfin, la partie portant sur les conditions de vie extra-scolaire tente de cerner le quotidien de ces filles et le rôle qu'elles jouent dans la vie du ménage. Dans cette rubrique, il est demandé aux filles d'estimer leur temps de participation aux différentes activités socio-économiques, domestiques et scolaires par jour. Ainsi que l'influence de ces activités sur leur rendement scolaire.

    + Quelques éléments descriptifs du questionnaire adressé aux parents d'élèves de

    la commune

    Le questionnaire adressé aux parents d'élèves de la commune rurale de Saaba est similaire à celui des filles avec une nette différence au niveau du nombre de questions. Contrairement à celui des filles qui comporte un nombre important de question, celui des parents est nettement réduit mais faisant la synthèse des questions posées aux filles. Il comprend vingt-trois questions portant sur l'identification, la perception de la scolarisation des filles et de l'influence que peut avoir les différentes activités sur le rendement scolaire. Quelques questions tentent de cerner le vécu quotidien des filles sous tutorat dans des ménages qui ont la charge de ces filles. Aussi, la participation des parents aux différentes activités de l'APE ou AME, en somme l'intérêt accordé à ces structures qui interviennent dans l'éducation et le bien-être des élèves.

    + Quelques éléments descriptifs du questionnaire adressé aux chefs

    d'établissements

    Cette partie est similaire à un guide d'entretien car elle est beaucoup qualitative avec des questions ouvertes faisant appel à des commentaires sur la situation scolaire des filles dans les établissements dont ils ont la charge. L'effectif des filles au cours des deux dernières années ainsi que leur état de redoublement, de promotion et d'abandon.

    Des items sur les activités socio-économiques et domestiques sont portés à l'appréciation du chef d'établissement qui, pour nous vit au quotidien les difficultés que vivent ces filles en générale et celles sous tutorat en particulier.

    Une autre partie concerne les suggestions et recommandations à toutes les sphères de décision pour améliorer le rendement scolaire des filles.

    I.6.Le mode de saisie et de traitement des données

    En considérant le fait qu'il y a eu des questions ouvertes avec des éléments de justification à l'appui, nous avons jugé convenable de procéder à un traitement manuel de certaines données. Par contre, nous avons eu recours à un logiciel de traitement de données statistiques dénommé SPSS

    52

    (Statistical Package for Social Sciences, version 14) pour la saisie et le traitement de certaines données quantitatives collectées.

    I.7. Le déroulement de l'enquête

    La phase empirique appelée aussi enquête de terrain s'est déroulé en deux moments. Le premier consiste à faire un pré enquête et de tester le questionnaire pour avoir une première idée de sa compréhension auprès des enquêtés, vu que le niveau de compréhension diffère d'un individu à un autre. Elle consiste à aider dans le choix de certaines questions au détriment d'autre dans l'élaboration définitive de notre questionnaire.

    Cette phase s'est déroulée du 8 au 9 Janvier 2013 au Lycée Bogodogo et au Collège Bogodogo auprès de quelques élèves et à différents niveaux d'étude.

    L'enquête proprement dite est le deuxième moment du terrain. Elle est la phase la plus difficile car elle nécessite plusieurs allers et retours sur le terrain pour le dispatching des questionnaires et la collecte des données dans les différents établissements. Cette phase s'est déroulée du 5 au 20 Mars 2013 dans les établissements échantillonnés de la commune rurale de Saaba.

    I.8.Les difficultés rencontrées

    Comme tout travail de recherche et à fortiori pour un néophyte en la matière, il est évident que des difficultés de tout ordre ne manqueront pas dans la réalisation de ce travail.

    En effet, lorsque nous entreprenons de travailler sur la déperdition scolaire des filles dans la commune rurale de Saaba, nous n'avons jamais imaginé que nous serions confrontés à un problème de documentation. Une documentation traitant spécifiquement de la déperdition scolaire des filles fait défaut dans les rayons de la bibliothèque de l'ENS et de l'Université de Koudougou à part quelques mémoires et des documents traitant de l'échec scolaire en général. Pour ce faire, nous étions par moment donné contraint de nous rendre à Ouagadougou où on pouvait espérer avoir des documents appropriés. Par moment, il fallait se rendre dans des ONG oeuvrant dans la scolarisation des filles avec des multiples démarches administratives qui ne facilitent pas la recherche. Nous étions des fois contraint d'acheter des oeuvres spécialisés qui ne sont pas disponibles dans les rayons de nos bibliothèques mais avec quels moyens ? Les frais de mémoire qui était supposé nous aider dans le travail tardaient à nous être donnés.

    Donc l'aspect financier a beaucoup joué dans la réalisation de ce travail. Une des difficultés et non des moindres était le temps matériel consacré eu travail de recherche. En effet, il fallait concilier stage de terrain qui dure six(6) mois et travaux de recherche. Ces entités étant antinomiques, il y a risque d'oubli de l'un au profit de l'autre. La durée du stage ne facilite pas le travail de terrain et de rédaction.

    53

    La difficulté majeure réside dans la collecte des données auprès des chefs d'établissements et autres personnels de soutien chargés de ventiler les outils. Ces derniers sont peu réceptifs à nos doléances malgré le fait que nous soyions muni d'un document officiel émanant de la Direction Régional des Enseignements Secondaire et Supérieur de la Région du Centre. Ce document nous autorise à effectuer des enquêtes auprès des établissements. Contrairement à certains chefs d'établissement qui nous ont facilité la tâche en s'impliquant dans la collecte et dans de meilleurs délais, d'autres par contre ne nous ont pas rendu la tâche facile. La preuve en ait qu'au moment où nous dépouillons les données, d'autres questionnaires ne nous sont pas encore parvenus malgré la taille réduite de notre échantillon. Le taux élevé de rétention s'explique et joue sur la taille de notre échantillon de départ qui se trouve modifier à la fin.

    54

    CHAPITRE II : LA PRESENTATION DES DONNEES DE L'ENQUETE

    Comme précédemment mentionné, nous avons eu recours, outre la recherche documentaire, à l'enquête par questionnaire afin de pouvoir obtenir un certain nombre de données pour la présente étude.

    Le tableau ci-dessous nous renseigne sur le nombre de questionnaire remis par catégorie et ceux récupérés selon les établissements échantillonnés.

    Tableau 8 : Recouvrement des questionnaires par établissement

    Fiches

    Etablissements

    Elèves

    Parents d'élèves

    Chefs

    d'établissement

    Lycée Wendpouiré de Saaba

    60

    14

    1

    Collège Municipal de Saaba

    14

    5

    1

    Lycée Sana

    Hippolyte de Saaba

    19

    5

    0

    Groupe scolaire Guinkouma de Saaba

    10

    4

    1

    Total

    103

    29

    3

    Taux de réalisation

    85,83%

    72,5%

    75%

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Sur un total de 120 questionnaires partagés aux filles dans les différents établissements, 103 d'entre eux ont été remplis et reçus soit un taux de réalisation de 85,83%.

    Pour ce qui est des parents d'élèves qui étaient au nombre de 40, seulement 29 ont eu un écho favorable et cela représente un taux de 72,5%.

    En ce qui concerne les chefs d'établissement qui sont au nombre de 4, on a enregistré une absence qui équivaut à un taux de réalisation de 75%. Ces différents taux de réalisation se situent au-delà des 2/3 de la population totale au départ à enquêter. Ce taux pour nous, est satisfaisant et nous permet de mener notre analyse.

    II.1. LA PRESENTATION GLOBALE DES RESULTATS

    La présentation des résultats de nos enquêtes auprès des filles, parents d'élèves et chefs d'établissement suit quatre axes majeurs.

    Une toute première partie présentera les données sur la situation socio-économique et éducative des filles et de leur origine familiale dans l'optique de nous permettre d'avoir une vue beaucoup

    55

    plus large sur le problème. En effet, cet état de lieux s'avère nécessaire car les hypothèses découlent du problème général et concerne des éléments de l'échantillon répondant à des critères spécifiques au problème.

    Une autre partie qui se fixe pour objectif d'analyser les problèmes de manière spécifique et par hypothèse sera subdivisé en trois parties. La première partie s'intéressera à la participation des filles ayant des parents analphabètes aux activités socio-économiques et domestiques. La seconde partie présentera le degré d'implication des parents analphabètes dans la vie scolaire des filles. Enfin la troisième partie s'articulera sur les conditions de travail et d'étude des filles sous tutorat dans les ménages.

    II.1.1. La situation socio-économique et éducative des filles

    Dans cette rubrique, nous avons analysé les différents mobiles pouvant accroitre la participation des filles aux activités domestiques et économiques. Le niveau d'instruction est un des facteurs clé pouvant entretenir des pratiques qui sont de nature à handicaper l'apprentissage des filles. Le tableau ci-dessous ressort les différents niveaux d'instruction qui cohabite dans les 103 ménages dont sont issues les filles que nous avons enquêtées.

    Tableau 9 : Etat de niveau d'instruction croisé père-mère

    Père

    Mère

    Analphabète

    Primaire

    Secondaire

    Supérieur

    Analphabète

    40

    15

    4

    0

    Primaire

    6

    7

    8

    1

    Secondaire

    4

    2

    10

    3

    Supérieur

    0

    0

    0

    3

    Total

    50

    24

    22

    7

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le tableau N° 9 montre le taux élevé de couple analphabète 40 soit un taux de 38,83% de l'effectif total des ménages dont sont issues les filles enquêtées (103).Nous voyons que notre population est à domination analphabète.

    56

    Tableau 10 : Niveau d'instruction des parents par sexe

    Père

    Niveau

    d'instruction

    Mère

    Niveau

    d'instruction

    Analphabète

    49

    Analphabète

    60

    Primaire

    25

    Primaire

    20

    Secondaire

    22

    Secondaire

    18

    Supérieur

    7

    Supérieur

    5

    Décédé

    0

    Décédé

    0

    Total

    103

    Total

    103

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    L'analphabétisme des parents par sexe sur les 103 élèves auprès desquelles nous avons approché est fortement présente soit 58,25% chez les mères contre 49 au niveau des pères soit 47,57% de l'effectif des parents des filles. Les mères sont les plus touchées par l'analphabétisme comme le dénote le tableau ci-dessus (tableau 10).

    Tableau 11 : Profession des parents des filles

    Profession

    Père

    Profession

    Mère

    Cultivateur

    58

    Cultivatrice/ménagère

    87

    Fonctionnaire

    21

    Fonctionnaire

    4

    Profession libérale

    14

    Profession libérale

    3

    Commerçant

    9

    Commerçant

    9

    Eleveur

    1

    Eleveur

    0

    Décédé

    0

    Décédé

    0

    Total

    103

    Total

    103

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Les agriculteurs sont les plus représentés quand on se situe chez les pères (56,63%) de famille et les mères (84,44%).Cette catégorie socio professionnelle représente plus de la moitié de population d'étude. Il est à remarquer que les mères sont les plus présentes dans les activités domestiques et manuelles (cultivatrices et ménagère).

    Tableau 12: Etendu des ménages

    Membres

    Effectif

    Fréquence

    Moins de 5 membres

    8

    7,76

    5-9 membres

    70

    67,96

    10-15 membres

    20

    19,41

    16-20 membres

    2

    1,94

    21 membres et plus

    3

    2,92

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    57

    Les différents ménages dont sont issues les filles sont dominés par ceux ayant une taille de membre compris entre 5 à 9 membres (70 soit 67,96%).La charge familiale des parents est importante pour plus de la moitié des familles dont sont issues les filles. Une charge familiale élevée influe nécessairement sur le mode de gestion à adopter par les parents pour assurer la survie des membres de la famille.

    Tableau 13 : Nombre d'enfants scolarisés par sexe

    Sexe

    Tranche

    Effectif de garçons

    Effectif de filles

    1-2 élèves

    58

    46

    3-4 élèves

    18

    49

    5-6 élèves

    1

    6

    7-8 élèves

    0

    0

    9 élèves et plus

    0

    0

    Sans réponse

    2

    2

    Total

    79

    103

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Ce tableau montre que les filles sont plus présentes en termes de scolarisation dans les familles par rapport à celui des garçons qui sont présents dans les 79 familles soit 76,66% des familles. La tranche d'élèves les plus dominants sont celles ayant entre 1 à 2 élèves et 3 à 4 élèves tout sexe confondu.

    Tableau 14 : La distance domicile-école parcourue par les filles par jour

    Tranche de distance

    Effectif

    Fréquence

    Moins de 1 Km

    4

    3,88

    1-2 Km

    41

    39,80

    3-4 Km

    26

    25,24

    5-6 Km

    13

    12,62

    7-8 Km

    9

    8,73

    Plus de 8 Km

    10

    9,71

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Seulement 4 filles soit 3,88 % de l'effectif total sont les plus nanties et parcourent une petite distance pour se rendre à l'école les jours de classe. La dispersion des ménages dans l'espace et la concentration des établissements d'enseignement secondaire dans des zones spécifiques éloignent davantage les élèves de leur lieu d'apprentissage. Ce tableau montre que les filles fournissent un effort considérable pour rejoindre les classes chaque jour. Qu'en est-il du moyen de locomotion pour se rendre en classe ?

    58

    Tableau 15: Moyen de locomotion

    Moyen de locomotion

    Effectif

    Fréquence

    À pied

    39

    37,86

    À vélo

    60

    58,25

    À moto

    4

    3,88

    En bus/voiture

    0

    0

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    On remarque que le vélo et la marche sont les moyens de locomotion les plus utilisés pour rallier les jours de cours domicile et école. Les cyclistes représentent 58,25% contre 37,86% d'élèves se rendant en classe à pied. Aussi bien que les moyens de locomotion permettent un temps soit peu de réduire le temps mis, mais qu'en est il de cette variable sur la durée journalière pour rejoindre les classes ?

    Tableau 16 : Temps de ralliement journalier domicile-école

    Tranche de temps

    Effectif

    Fréquence

    Moins de 15 mn

    14

    13,59

    Entre 15 et 30 mn

    27

    26,21

    Entre 30 et 45 mn

    35

    33,98

    Entre 45 et 60 mn

    22

    21,35

    Plus de 60 mn

    5

    4,85

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le tableau fait ressortir que plus de 75% des filles mettent au moins 15 minutes pour rejoindre les classes et le pic est détenu par quelques 5 élèves qui mettent plus d'une heure sur la route de l'école. Ces facteurs distance-moyen de locomotion et temps mis aura une incidence sur la ponctualité et assiduité aux cours.

    Tableau 17 : Degré de ponctualité et d'assiduité aux cours

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    58

    56,32

    Non

    45

    43,68

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    On voit à travers ce tableau que 45 filles soit 43,68 % des filles ont un souci de ponctualité et d'assiduité aux cours et ce pour des raisons diverses que nous verrons dans le tableau suivant qui fait un état sur les motifs et mobiles soutenant ces retards.

    Tableau 18: Mobiles des différents retards enregistrés

    59

    Raisons

    Effectif

    Fréquence

    Travaux domestiques

    16

    35,55

    Distance éloignée

    9

    20

    Panne de vélo/moto

    12

    26,66

    Maladies

    0

    0

    Manque de moyen de locomotion

    7

    15,55

    Obligation maternelle (allaitement...)

    1

    2,22

    Total

    45

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Ce tableau qui met en relief les effectifs des filles en retard et différentes raisons montrent que les travaux domestiques (35,55%) occupent le haut de l'échelle comme raison principale occasionnant les retards chez les filles. Les travaux domestiques sont suivis par les pannes de moyens de déplacement (26,66%) et l'éloignement du domicile et de l'école (20%).

    Tableau 19: Utilisation du temps de pause entre 12 H et 15H

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Reste à l'école

    43

    41,74

    Rentre à la maison

    60

    58,26

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Sur l'effectif des 43(soit 41,74%) filles qui restent à l'école à la pause en attendant la reprise à 15 H, les mobiles de ce choix nous paraissent originaux et stratégiques. En effet, 20(soit 46,51%) d'entre elles affirment que le choix de rester à l'école leur permet de réviser les leçons, vu qu'à la maison il est difficile de se concentrer contre 23(soit 53,49%) qui associent deux mobiles comme la révision et la fuite des travaux domestiques. Il est évident que lorsqu'une situation perdure comme ce qui est des travaux domestiques à répétition et sans relâche, des stratégies sont développées pour tenter d'y remédier.

    Les lieux de restauration quant à celles qui restent à l'école sont variés, la cantine pour les unes et marché de Saaba, kiosques et vendeuses de met à l'école pour les autres. Sauf une minorité de filles(5) qui déclarent ne pas déjeuner à la pause par manque de moyens financiers.

    Pour ce qui est du gouter de la recréation, 41 d'entre elles (soit 39,80%) déclarent ne pas en prendre contre 62 (soit 60,20%) qui mangent à la recréation. Cette abstinence ou privation de manger à la recréation est soutenu par le manque d'argent de poche donné aux élèves. La pauvreté des ménages fait que certains parents sont dans l'incapacité de subvenir à quelques besoins élémentaires de leur progéniture.

    60

    Les charges scolaires étant une des conditions de scolarisation, beaucoup de personnes interviennent dans la cellule familiale pour porter mains forte dans la scolarisation des enfants en prenant en charges les dépenses liés à l'éducation des filles. Le tableau ci-dessous montre la part de contribution des différents intervenants dans les charges scolaires des filles.

    Tableau 20 : Prise en charge des dépenses scolaires des filles

    Intervenants

    Effectif

    Fréquence

    Père

    39

    37,86

    Mère

    14

    12,59

    Père/Mère

    33

    32,03

    Tuteur

    13

    12,62

    Frère/soeur

    3

    2,91

    Parrain/marraine/ONG

    1

    0,97

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Les pères restent les plus gros intervenants dans les charges scolaires (37,86%) contre les mères dont la contribution n'est guère négligeable (12,59%) et qu'il faut saluer à sa juste valeur. La plus grande contribution vient de l'association père et mère et cela pour 33 filles soit 32,03% des interventions. Ne perdons pas de vue la contribution des tuteurs, frère, soeur et ONG qui prennent en charge ces filles dans leur éducation. Cela montre que l'éducation en général, concerne tous les membres de la famille et même des individus extérieurs à la famille.

    Le parcours scolaire des élèves en générale, et des filles en particulier ne se fait pas sans difficultés. Le parcours de certaines d'entre elle se fait sans obstacles c'est-à-dire de promotion mais d'autres par contre connaissent un état de redoublement, d'abandon et d'exclusion. Le tableau qui va suivre montre le parcours scolaire des 103 filles.

    Tableau 21 : Parcours scolaire des filles enquêtées

    Cursus

    Non

    %

    Oui

    %

    Total

    Redoublemen t

    48

    46,6

    55

    53,4

    100

    Abandon

    102

    99

    1

    1

    100

    Exclusion

    102

    99

    1

    1

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le tableau récapitulant le parcours scolaire des filles fait ressortir que 53,4% d'entre elle ont déjà redoublé, une exclusion et un abandon avant de revenir sur les bancs. Tout en sachant que chaque élève a la possibilité de redoubler plusieurs fois, il suffit de changer d'établissement surtout privé pour continuer sa scolarité. L'analyse de la fréquence de redoublement fait ressortir que sur les 55

    61

    filles ayant déjà redoublé : 43 d'elles (soit 78,18%) ont redoublé une fois, 11 autres deux fois (soit 20%) et une seule trois fois (soit 1,81%).

    Les cours de soutien sont une alternative permettant de renforcer certains cours non assimilés en classe avec des exercices d'applications. Les répétiteurs sont dans une certaine mesure un appui nécessaire aux élèves en difficulté. En ce qui concerne notre échantillon aucune élève ne bénéficie de cours de soutien ni à l'école, ni à domicile.

    Les devoirs de classe permettent aux enseignants d'évaluer le niveau des élèves mais il arrive que des élèves manquent à un devoir pour une raison ou une autre. Sur les 103 élèves, seulement 19 ont manqué à des devoirs pour cause de maladie.

    Pour ce qui est de la non-participation à une journée de cours et plus, le tableau ci-dessous relate cet état de fait chez les filles de la commune de Saaba.

    Tableau 22: Non-participation à au moins une journée de cours

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    36

    34,95

    Non

    67

    65,05

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Pour ces cas d'absence, 36 filles soit 34,95% de la population déclarent avoir manqué à au moins une journée de cours contre 67 filles qui sont assidues. Les raisons de cette non-participation sont essentiellement la maladie (77,78%), raisons sociales (8,33%), activités familiales (8,33%) et l'expulsion pour non-paiement de frais de scolarité à 5,55%.Meme si toutes les conditions sont réunies pour une scolarité sans problème, qu'en est il du temps libres les soirs réservés à l'apprentissage et la révision ?

    Tableau 23 : Disposition du temps libre les soirs pour la révision

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    66

    64,07

    Non

    37

    35,93

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    On remarque qu'une part non négligeable (35,93%) de filles qui ne disposent pas d'assez temps les soirs pour se consacrer à la révision une fois à domicile. Parmi ces 37 filles qui ne disposent pas d'assez de temps à la révision, 36 d'entre elle en sont empêchées à cause des travaux domestiques. Seulement une fille consacre son temps du soir aux activités commerciales. Pour celles qui avouent

    62

    avoir du temps libre pour la révision, le domicile reste le lieu privilégié (73,78%) suivi des abords de la route sous les lampadaires (15,89%) et chez les voisins (10,33%).

    Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans l'apprentissage de leurs enfants. Plus ceux-ci accordent un grand intérêt à travers une bonne implication, plus les élèves se verront dans l'obligation de s'appliquer dans l'apprentissage. Les tableaux ci-dessous (tableau 24 et 25) relatent la répartition par degré d'implication et par intérêt accordé aux résultats scolaire de leurs filles. Tableau 24 : Implication des parents dans l'apprentissage de leurs filles

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    39

    37,86

    Non

    64

    62,14

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Tableau 25 : Intérêt accordé aux résultats scolaires par les parents

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    98

    95,14

    Non

    5

    4,86

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Les résultats montrent que les parents accordent un intérêt sans précèdent aux résultats scolaires de leurs filles (95,14%), mais ne s'impliquent pas suffisamment dans leur apprentissage (62,14%).Cette non implication dans les apprentissages s'explique par l'analphabétisme des géniteurs. L'idéale serait que l'implication soit la même que l'implication pour le bien être de la vie scolaire des filles. Les soutiens que les filles reçoivent de la part de leurs parents sont de divers ordres et peuvent être combiné pour rechercher l'adhésion des filles et les permettre de mieux s'appliquer dans les études.

    -Soutien moral concerne 54 filles, représentant 52,42% de l'effectif des filles ;

    -Soutien matériel concerne 7 filles avec un pourcentage de 6,79 % de l'effectif ;

    -Le soutien financier intéresse 11 filles soit 10,67 % de l'effectif ;

    -Seize(16) filles reçoivent des soutiens financiers, moraux et matériels et représentent 15,53% ; -Seulement 10 d'entre elles bénéficient de soutiens matériels et moraux soit 9,70%.

    Les personnes principales soutenant les filles dans leur scolarité sont les pères qui occupent la première place avec 43,68% des intervenants. Les mères qui sont au nombre de 37 à soutenir leurs filles et représentent 37,92 % du soutien. Les frères et soeurs ne sont pas à négliger car ils sont 12 à soutenir leurs soeurs et cela représente 11,65 % des interventions. Les tuteurs jouent un rôle

    63

    important en termes de soutien scolaire, 9 filles bénéficient de soutien de la part de leurs tuteurs représentant 8,73 %.

    Ces différents soutiens sont appréciés positivement et à l'unanimité par les 103 filles qui en bénéficient. Ces différents soutiens dont nous faisons cas visent à permettre aux filles de rester le plus longtemps possible et d'aller le plus loin possible à l'école.

    En terme de poursuite et de niveau d'arrêt des études pour les filles, 101 filles soit 98,05 % pensent qu'une fille devrait aller jusqu'au supérieur contre deux d'entre elles qui pensent qu'elles devraient arrêter les études au secondaire. Pour celles qui pensent qu'elles devraient arrêter les cours au secondaire, elles évoquent les raisons de mariage surtout.

    Par moment, des filles pour une raison ou une autre abandonnent l'école. Nous avons demandé aux 103 filles si elles ont connaissance des filles qui ont abandonnées les classes. Et les réponses que nous avons enregistré démontrent que 76 d'entre elles ont connaissance d'au moins une fille de cette situation contre 27 qui n'en connaissent pas. Sur les 76 filles ayant répondu positivement, les mobiles occasionnant ces abandons sont récapitulés dans le tableau ci-dessous.

    Tableau 26 : Raisons d'abandon des filles

    Raisons

    Effectif

    Fréquence

    Non-paiement de scolarité

    37

    48,68

    Grossesses précoces et indesirées

    18

    23,68

    Mariage précoce ou forcé

    9

    11,84

    Maladies

    0

    0

    Discorde avec les parents

    5

    6,57

    Quête d'emploi (domestique)

    3

    3,94

    Manque de soutien

    4

    5,26

    Total

    76

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Les différents taux récapitulés auprès des filles montrent que la responsabilité des parents est grande dans l'abandon scolaire de leur progéniture. Le non-paiement des frais de scolarité occasionne des renvois temporaires mais peut constituer un des mobiles si cela se fait à répétition et sur les mêmes élèves. Les grossesses indesirées et mariages précoces occupent une place de choix dans l'abandon scolaire des filles. Les autres mobiles tels la discorde avec les parents, le manque de soutien et la quête d'un emploi rémunérateur ne sont pas à négliger.

    Les travaux domestiques jouent un rôle majeur dans l'éducation de la jeune fille, ces travaux préparent les filles à bien jouer leur rôle dans leur vie future de femme au foyer. Il faut savoir que tout excès est nuisible et c'est le cas des activités domestiques dont les filles exercent à longueur de journée. Il nous est paru nécessaire de demander aux filles leur appréciation sur les travaux

    64

    domestiques. Les opinions recueillis auprès des filles montrent que 42 filles soit 40,77 % de filles qui apprécient les travaux domestiques de façon négative contre 61 filles soit 59,23 % qui les trouve positif et contribuant à leur éducation.

    Les différents stéréotypes véhiculés dans nos sociétés confinant la femme à des tâches domestiques donc il est compréhensible que les filles trouvent certaines activités normales et spécifiquement féminines.

    En dehors des heures de classes, les filles s'investissent dans diverses activités que nous pouvons voir à travers ce tableau ci-dessous.

    Tableau 27 : Occupation des filles en dehors des heures de cours

    Activités concernées

    Effectif

    Fréquence

    Commerciale uniquement

    1

    0,97

    Domestique uniquement

    17

    16,50

    Scolaire uniquement

    26

    25,24

    Commerciales et domestiques

    0

    0

    Commerciales et scolaires

    1

    0,97

    Domestiques et scolaires

    45

    43,68

    Domestiques-scolaires-commerciales

    13

    12,61

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Une analyse de la participation des filles à des activités domestiques, commerciales et scolaires montre une part importante de temps réservée aux activités scolaires et domestiques en dehors des heures de classe. Mais une participation simultanée à deux activités(domestiques et scolaires) concerne près de la moitié de notre échantillon(43,68%).Par contre, on enregistre 26 filles qui ne participent à aucune des corvées domestiques et activités commerciales, mais consacrent tous leurs temps aux activités scolaires(révisions, exercices...).Les filles dans ce cas de situation représentent les 1/4 de l'échantillon (25,24%).Aussi, une partie importante de filles (13) cumulent les trois activités en dehors des heures de cours. Il est tout à fait évident que ces derniers ne bénéficient d'aucun repos en dehors des cours.

    Nous avons tenté de comprendre si les garçons vivaient le même traitement que les filles en termes de participation aux différentes activités. Les réponses se lisent à travers le tableau suivant.

    65

    Tableau 28: Participation des garçons aux activités domestiques et commerciales

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    47

    45,63

    Non

    56

    54,37

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Ces différentes réponses des filles montrent une grande implication des filles dans les activités domestiques et commerciales que les garçons. Plus de la moitié des filles (54,37%) déclarent qu'elles sont laissées à elle seule dans l'exécution de ces tâches domestiques et commerciales contre 47 filles soit 45,63 % de l'effectif qui bénéficient d'un accompagnement des garçons dans ces activités.

    A la question de savoir s'il existerait des activités spécifiquement féminines, les filles déclarent 58,26 % par l'affirmative contre 41,74 % qui pensent que les garçons peuvent exécuter les mêmes taches qu'elles. Pour celles qui pensent qu'il y aurait des activités spécifiquement féminines, elles font allusion à la garde des enfants, cuisine, lessive, vaisselle, aménagement, entretien et éducation des enfants comme si les garçons étaient exemptés de ces tâches. Cela met en valeur les stéréotypes sexistes véhiculés dans nos sociétés confinant ainsi les jeunes filles à des tâches domestiques. En effet, ces activités ne sont pas sans conséquences sur l'éducation des filles, voire même leur assiduité aux cours.

    Il faut ajouter que la totalité des filles enquêtées (100%) s'investissent plus dans les mêmes activités ci-dessus énumérées (Tableau 27) pendant les weekends, moment supposé être de repos pour elles.

    Les congés et les vacances sont pour elles le moment propice pour s'investir dans des AGR (Activités Génératrices de Revenus) à leur propre compte ou à coté de leurs parents. On enregistre 62 filles sur les 103 qui exercent une activité commerciale les congés et vacances. Les différentes destinations des retombés issus de ces activités lucratives sont compilées dans le tableau suivant (tableau 29).

    66

    Tableau 29 : Destination des économies

    Destination

    Effectif

    Fréquence

    Paiement de scolarité

    3

    4,83

    Achat de fournitures

    7

    11,29

    Paiement de loyer

    1

    1,61

    Aide des parents en dépenses scolaires

    28

    45,16

    Achat d'habillement

    22

    35,48

    Aider le tuteur dans ses dépenses

    1

    1,61

    Total

    62

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Dans l'optique de savoir ce que pensent les filles sur leurs conditions d'apprentissage en rapport à celles des garçons, les différentes réponses sont présentées dans ce tableau (tableau 30).

    Tableau 30 : Degré d'appréciation de la condition d'étude fille-garçons

    Degré d'appréciation

    Effectif

    Fréquence

    Moins bonne

    19

    18,44

    Passable

    26

    25,24

    Bonne

    33

    32,03

    Meilleure

    25

    24,27

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Pour les filles ayant une condition d'étude passable et moins bonne que celle des garçons soit 45 filles et représentent 43,68 % de l'effectif des filles enquêtées.

    Comme solutions proposées par ces filles pour améliorer leur rendement et leur permettre de travailler dans de bonnes conditions, elles préconisent la réduction des travaux domestiques. En effet, elles affirment que les différents travaux les empêchent de se concentrer et d'être assidues et attentives aux cours, la fatigue les en empêchent à plus forte raison la révision des leçons qui se trouve être compromise.

    Dans l'optique de mieux cerner le phénomène de la déperdition scolaire chez les filles, nous avons étendu notre population aux parents d'élèves de la commune de Saaba et ayant leurs enfants qui fréquentent les établissements dont nous avons enquêté les filles. Toutes nos hypothèses prennent en compte les parents d'élèves car ceux-ci entretiennent des pratiques qui sont de nature à faire obstruction à la scolarisation des filles.

    Les parents d'élèves sont des informateurs privilégiés pour notre étude. Pour ce faire, nous avons compilé le profil des parents d'élèves enquêtés dans le tableau suivant en fonction de leur niveau d'instruction et statut socio professionnel. Le niveau d'instruction et le statut socio professionnel

    67

    sont des indicateurs pertinents dans la compréhension de certains comportements des parents d'élèves.

    Tableau 31 : Profil d'instruction des parents d'élèves enquêtés

    Niveau d'instruction

    Effectif

    Fréquence

    Analphabète

    9

    31,03

    Primaire

    5

    17,27

    Secondaire

    12

    41,36

    Supérieur

    3

    10,34

    Total

    29

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Les différentes données recueillies auprès des parents d'élèves font état d'une prédominance de ceux ayant le niveau secondaire à 41,36% contre quelques parents ayant un niveau d'instruction atteint le supérieur (10,34%).Par contre les analphabètes occupent une place de choix car représentant plus du 1/3 de la population. On enregistre seulement 5 parents d'élèves ayant atteint le niveau primaire. Le niveau d'instruction influencera les attitudes à l'égard de la scolarisation des filles.

    Tableau 32 : Profil professionnel des parents d'élèves

    Profession

    Effectif

    Fréquence

    Cultivateur

    12

    41,37

    Fonctionnaire

    11

    37,93

    Profession libérale

    3

    10,34

    Commerçant

    1

    3,44

    Ménagère

    2

    6,88

    Total

    29

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le profil professionnel reste dominé par les cultivateurs (41,37%), cela s'explique par le fait que l'on se situe dans une commune rurale et l'agriculture reste l'activité principale dans ces zones. Une part importante de fonctionnaires (37,93%) à cause de l'implantation des services déconcentrés et de la proximité avec la capitale. Quelques parents d'élèves s'exercent dans le commerce (3,44%) et autres professions libérales (10,34%) dans la commune.

    68

    II.1.2.L'utilisation du temps des filles ayant des parents analphabètes dans les activités socio-économiques et domestiques

    L'analyse de la participation des filles issues de parents analphabètes aux activités socio-économiques et domestiques s'intéressera à une catégorie de parents. Etant donné que dans un ménage il est possible de rencontrer des niveaux d'instruction différents dans un couple ; nous nous sommes intéressé à l'analphabétisme totale des parents. C'est à dire analphabètes de père et de mère et cela concerne 40 ménages (tableau 9) de notre échantillon. Les couples analphabètes représentent 38,83% de la population.

    L'utilisation abusive du temps des filles au profit des corvées domestiques se lit à travers ce graphique (graphique 3) qui montre que sur l'effectif total des filles issues de ces ménages type (analphabètes), une part importante de filles exerce ces activités. Sur les 40 filles issues de ces ménages, 27 d'entre elles soit 67,50% participent aux activités domestiques les soirs une fois à la maison contre 13 d'entre elles qui n'y participent pas et représentent 32,50% de l'effectif des filles. Plus de la moitié de l'effectif n'échappe pas aux corvées domestiques pendant que les 13 autres s'investissent dans d'autres domaines (repos, révision. .).Parmi les 27 filles qui s'investissement après les cours dans les activités domestiques ,21 affirment ne pas disposer d'assez de temps aux révisions des leçons contre 6 qui affirment avoir toujours du temps de révision après ces corvées.

    Les filles ne disposant pas assez de temps pour les révisions, les raisons qui les en empêchent sont essentiellement les corvées domestiques (puisage d'eau, cuisine, lessive, vaisselles. .).En effet, celles qui sont exemptées de ces activités les jours de cours (13) participent à ces corvées domestiques les weekends (samedi et dimanche).La totalité des filles (100%) participent aux activités domestiques sans exception et de façon plus renforcée. Pendant les weekends, ces derniers sont une main précieuse aux côtés de leurs mamans ou de leurs soeurs dans l'exécution de certaines tâches liées à leur genre. La seule différence dans la participation se lit au niveau du temps réservé à ces activités. Pendant que certaines filles consacrent moins de temps, d'autres au contraire consacrent tout leur temps au détriment de la distraction, repos et révision.

    Pour celles qui s'investissent le plus dans les corvées domestiques et activités commerciales après les cours, le tableau ci-dessous (33) détaille le temps réservé à ces différentes activités.

    69

    Tableau 33 : Tranche de temps réservé aux activités commerciales et domestiques les jours de cours

    Tranche de temps

    Effectif

    Fréquence

    Moins d'une heure

    3

    11,11

    Entre 1 et 2 heures

    5

    18,52

    Entre 3 et 4 heures

    13

    48,14

    Entre 5 et 6 heures

    6

    22,22

    Plus de 7 heures

    0

    0

    Total

    27

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    La répartition par tranche de temps réservée à ces activités montre que les activités domestiques occupent une place importante dans le quotidien de certaines filles. Pendant qu'une grande partie de files(19) y consacrent au moins 3 heures à ces activités, d'autres par contre y participent mais de façon modérée, 8 filles consacrent tout au plus 2 heures par jour à ces mêmes activités.

    Pour ce qui est de l'apprentissage de ces filles concernées à plein temps par ces différentes tâches, elles trouvent dans leur grande majorité qu'elles préfèrent rester à l'école après les cours pour consacrer le temps de pause pour repasser les leçons que de rentrer à la maison. En effet, le domicile ne leur offre pas la possibilité d'étudier compte tenu du quotidien qui les attend une fois à la maison. L'école devient le lieu idéal pour ces filles en termes de repos et d'apprentissage et elles y consacrent en moyenne 1,85 heure aux apprentissages à l'école contre 3,68 heures à ces activités domestiques à domicile. Soit le double du temps réservé aux activités scolaires.

    Pour ce qui est de l'appréciation des parents d'élèves sur la participation des filles à ces activités, les réponses sont diverses. Sur les 29 parents d'élèves auprès desquels nous avons administré le questionnaire sur la participation des filles aux différentes activités, les réponses sont ainsi présentées dans le tableau suivant.

    Tableau 34 : Appréciation des travaux domestiques et commerciaux des élèves filles par les parents d'élèves

    Niveau d'instruction

    Appréciation

    Effectif

    Fréquence

    Analphabètes

    Positive

    5

    38,46

     

    8

    63,54

    Total

     

    13

    100

    Scolarisés

    Positive

    11

    68,75

     

    5

    31,25

    Total

     

    16

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Que l'on se situe du côté des parents analphabètes ou scolarisés, certains parents trouvent que la participation aux activités domestiques et commerciales est positive sur la scolarité des filles. Ceux-

    70

    ci avancent comme mobiles que les travaux domestiques contribuent à forger la jeune fille pour qu'elle puisse jouer pleinement son futur rôle de femme au foyer. D'autre même diront que ces activités participent à l'éducation et l'éveil de la jeune fille.

    Ceux qui pensent négatif l'impact de ces activités sur le rendement scolaire des filles, trouvent qu'à petite dose elles ne sont pas mal en soit mais à un certain degré empêche les filles de réviser et de se concentrer en classe. Ces activités à forte dose empêche la jeune fille d'être attentive en classe, car croupissant tous les jours sous le poids de ces activités. Finalement, nous comprenons que chaque parent d'élève à sa compréhension des tâches domestiques que l'on soit averti ou pas. Le niveau d'instruction ne permet pas de trancher le problème car même si pour certains, ces activités sont nuisibles et incompatibles avec la vie scolaire, d'autres par contre trouvent en elles un rôle éducateur des filles. Chacun y va de sa compréhension du phénomène des travaux domestiques.

    Quant aux concernées par ces travaux domestiques, elles les trouvent négatifs à l'unanimité sur leur rendement scolaire et sont cause de leur échec par la réduction du temps consacré aux études.

    II.1.3. Le degré d'implication des parents analphabètes dans la vie scolaire de leurs filles

    Cette partie s'intéressera également à la population précédente, c'est-à-dire les filles issues des couples analphabètes. Elle tentera de présenter les données qui concernent l'implication de ce type de parents dans la vie scolaire de leurs filles.

    Tableau 35 : Implication des parents dans les révisions

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    17

    42,50

    Non

    23

    57,50

    Total

    40

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Sur un effectif de 40 filles, 23 d'entre elles déclarent que leurs parents ne les obligent pas à

    réviser leurs leçons ni à étudier. Par contre 17 filles déclarent que leurs parents les obligent à réviser leurs leçons. Celles qui ne bénéficient de l'implication des parents dans les révisions représentent 57,50% contre 42,50 %pour celles qui en bénéficient.

    Tableau 36 : Intérêt des parents au sujet des résultats scolaires

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    37

    92,50

    Non

    3

    7,50

    Total

    40

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    71

    Les parents d'élèves portent un intérêt particulier aux résultats scolaires de leurs filles à 97,50%.Seulement 3 parents d'élèves qui n'accordent pas un intérêt aux résultats scolaires.

    Tableau 37 : Soutiens dont bénéficient les filles de la part de leurs parents

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    39

    97,50

    Non

    1

    2,5

    Total

    40

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    La presque totalité des filles enquêtées (39) bénéficient du soutien de leur parents dans le cadre de leurs études. Seulement une seule fille n'a pas de soutien de ses parents dans ses études.

    Tableau 38 : Nature du soutien

    Nature du soutien

    Effectif

    Fréquence

    Morale uniquement

    24

    61,54

    Matériel uniquement

    3

    7,69

    Financier uniquement

    6

    15,38

    Morale et matériel

    2

    5,13

    Morale et financier

    0

    0

    Matériel et financier

    0

    0

    Morale, matériel et financier

    4

    10,26

    Pédagogique (encadrement)

    0

    0

    Total

    39

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    La nature du soutien que reçoivent les filles est essentiellement morale pour la grande majorité (61,54%) suivi de 6 filles bénéficiant de motivation financière (15,38%) de la part de leurs parents dans le cadre de leurs études. Aussi 3 filles reçoivent des soutiens matériels et 2 d'entre elles cumulent soutien moral et matériel. Les plus nanties sont celles qui cumulent les trois types de soutiens et cela concerne 4 filles soit 10,26 % de l'effectif des filles bénéficiant de soutien. Il est à remarquer qu'aucune d'entre elle ne reçoit un soutien pédagogique venant de leurs parents.

    Tableau 39 : Origine principale du soutien

    Origine du soutien

    Effectif

    Fréquence

    Père

    11

    28,20

    Mère

    18

    46,16

    Frère/soeur

    6

    15,38

    Tuteur

    4

    10,26

    Marraine/parrain/ONG

    0

    0

    Total

    39

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    72

    Au regard de ces résultats, il est évident que les mères sont celles qui soutiennent le plus leurs filles dans le cadre de leurs études. Elles sont au nombre de 18 et représentent au total 46,16% du soutien que reçoivent les filles. Elles sont suivies par les pères qui représentent 28,20% des effectifs de soutien. Les frères et soeurs plus âgé interviennent à 15,38% dans le soutien scolaire de leurs soeurs cadettes. Les tuteurs de ces filles qui sont au nombre de 4 apportent leur contribution en soutenant ces filles qui sont à leur charge dans le déroulement de leurs études. Les différents soutiens que les filles reçoivent sont positivement appréciés à l'unanimité par les filles concernées.

    L'intérêt accordé par les parents d'élèves aux activités de l'APE est important dans la vie scolaire de l'élève. Nous avons approché des parents d'élèves pour voir l'intérêt qu'ils accordent à cette structure qui veillent au bien être des élèves par la création des conditions optimales d'études au sein de l'établissement. La participation des parents analphabètes aux activités de l'APE est synthétisée dans le tableau suivant.

    Tableau 40 : Membre de l'APE/AME

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    2

    15,38

    Non

    11

    84,62

    Total

    13

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Sur un effectif de 13 parents d'élèves analphabètes, seulement deux d'entre eux sont membres du

    bureau de l'APE des établissements fréquentés par leurs enfants. Il est bien vrai que tous les parents d'élèves ne peuvent être membre du bureau de l'APE mais la participation aux activités est ouverte à tous.

    Tableau 41 : Etat de participation aux activités de l'APE/AME

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    8

    61,53

    Non

    5

    38,47

    Total

    13

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Le tableau ci-dessus (tableau 41) montre que les parents d'élèves analphabètes participent à 61,53% soit 8 parents sur 13 aux activités des APE. Seulement 5 parents d'élèves n'y participent pas à ces instances de décisions au sein de l'établissement.

    Pour compléter la question sur l'intérêt accordé par les parents à la vie scolaire de leur progéniture, les chefs d'établissements ont été appelés à la rescousse. De leurs entretiens, il ressort que ce sont les parents d'élèves non alphabétisés qui sont les plus fréquents dans l'établissement pour s'enquérir des nouvelles et résultats de leurs enfants. A l'unanimité les trois chefs d'établissements

    73

    affirment que les parents d'élèves analphabètes sont plus regardants sur la vie scolaire de leurs enfants dans les établissements.

    II.1.4. Les conditions de vie et d'étude des filles sous tutorat

    L'appréciation des conditions des filles sous tutorat se fera tout d'abord à partir du questionnaire adressé aux filles elles-mêmes, puis auprès des parents d'élèves qui ont à leur charge au moins une fille vivant sous tutorat. Les deux effectifs se présentent comme suit :

    Tableau 42 : Situation de logement des filles

    Cohorte

    Effectif

    Fréquence

    Filles vivant avec tuteur

    24

    23,33

    Filles sans tuteur

    79

    76,67

    Total

    103

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Sur l'ensemble des filles auprès desquelles nous avons administré nos questionnaires, 24 d'entre

    elles vivent avec des tuteurs et représentent 23,33% de l'effectif total contre 79 qui vivent chez leurs parents biologiques soit un taux de 76,67%.

    Dans cette partie nous intéresserons aux 24 filles vivant chez des tuteurs.

    Dans le questionnaire adressé aux parents d'élèves, il a été demandé s'ils avaient à leur charge une fille. Les différentes réponses sont représentées dans le tableau qui suit :

    Tableau 43: Présence de filles sous tutorat dans les ménages

    Réponses

    Effectif

    Fréquence

    Oui

    14

    48,27

    Non

    15

    51,73

    Total

    29

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Auprès des 29 parents auprès desquels, le questionnaire a été administré, 14 d'entre eux ont à leur

    charge une fille qui vit sous tutorat contre 15 autres qui n'en ont aucune à leur charge. Dans cette partie du travail, nous nous intéresserons aux 14 parents d'élève ayant à leur charge des filles autre que ses enfants biologiques.

    Parmi celles qui vivent chez un tuteur, on enregistre 11 filles qui participent aux activités domestiques du ménage d'accueil et les trois autres qui ne participent pas à ces activités.

    Pour celles qui s'impliquent dans ces activités, toutes ne le font au même degré. Leur fréquence de participation est détaillée dans le tableau(44) suivant.

    74

    Tableau 44 : Fréquence de participation aux activités

    Fréquence de participation

    Effectif

    Fréquence

    Rarement

    1

    9,09

    Fréquemment

    7

    63,63

    Très fréquemment

    3

    27,27

    Total

    11

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Excepté une seule fille qui participe à ces activités rarement, pour le restant ces activités font partie intégrante de leur quotidien. Les tuteurs en question ont une appréciation diversifiée de cette participation sur le rendement scolaire de ces filles vivant chez les tuteurs.

    Trois tuteurs représentant 27,27 % des tuteurs trouvent positive cette participation, les huit autres les trouvent négatives sur le rendement scolaire de ces filles soit 72,73% de l'effectif.

    La participation des filles aux activités domestiques et économiques est résumée dans le tableau suivant (tableau 45). Les différentes modalités de participation est appréciable à l'observation de ce tableau.

    Tableau 45 : Occupation des filles en dehors des heures de classe

    Activités concernées

    Effectif

    Fréquence

    Commerciale uniquement

    0

    0

    Domestique uniquement

    5

    20,84

    Scolaire uniquement

    3

    12,5

    Commerciales et domestiques

    1

    4,16

    Commerciales et scolaires

    0

    0

    Domestiques et scolaires

    9

    37,50

    Commerciales, domestiques et scolaires

    6

    25

    Total

    24

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Partant du principe qu'une seule fille a la possibilité de participer concomitamment aux activités commerciales et scolaires au cours de la même journée. Ce tableau montre également que celles qui exercent les activités domestiques et scolaires sont majoritaires avec un effectif de 9 filles sur les 24 qui vivent chez des tuteurs. Celles exerçant les trois activités quotidiennement représentent les 1/4 de l'effectif. Ces dernières sont suivies par les filles sous tutorat et qui exercent uniquement les activités domestiques, elles sont au nombre de cinq. Seulement trois filles consacrent leur temps en dehors de classes aux activités scolaires uniquement tandis qu'une seule s'investit en activité commerciale et domestiques au détriment des révisions.

    75

    Tableau 46 : Tranche de temps réservé aux activités commerciales et domestiques des filles sous tutorat les jours de cours

    Tranches de temps

    Effectif

    Fréquence

    Moins d'une heure

    3

    12,5

    Entre 1 et 2 heures

    5

    20,83

    Entre 3 et 4 heures

    10

    41,66

    Entre 5 et 6 heures

    6

    25

    Plus de 7 heures

    0

    0

    Total

    24

    100

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    A la lecture de ce tableau, les filles vivant chez des tuteurs s'investissent plus en temps aux

    différentes activités du ménage. Plus de la moitié des filles consacrent au moins trois heures de leurs temps supposés utiliser dans les révisions aux activités domestiques. Tandis que huit d'entre elle, consacrent leur temps mais de façon modérée. Elles s'investissent tout au plus deux heures dans ces activités.

    La quasi-totalité des filles(24) sous tutorat s'investissent et participent pleinement aux activités domestiques et scolaires les weekends mais à des fréquences différentes. Elles consacrent en moyenne 6,60 H aux activités domestiques par jour de weekend contre 2,85 H pour repasser les leçons et le reste du temps à la distraction soit en moyenne 2,25 H. L'ensemble des filles vivant chez des tuteurs trouvent les activités auxquelles elles participent quotidiennement nuisibles et influencent négativement leurs résultats scolaires.

    76

    CHAPITRE III : L'ANALYSE DES DONNEES ET LA VALIDATION DES

    HYPOTHESES

    III.1. L'analyse et interprétation des données

    Le logiciel SPSS que nous avons utilisé pour la saisie des données de l'enquête ne nous a pas permis de l'utiliser dans l'analyse. SPSS est un logiciel qui nécessite une certaine connaissance et maitrise des procédés statistiques. Nous n'avons pas voulu nous hasarder sur ce chemin au risque de nous créer des difficultés lourdes de conséquences. Ainsi, nous avons opté pour un traitement manuel de nos données d'enquête après avoir effectué la saisie sur ce logiciel. Dans la suite de ce travail nous tenterons d'établir des relations entre les variables qui s'intéressent aux différentes hypothèses.

    III.1.1.La relation niveau d'instruction des parents et participation des filles aux activités socio-économiques et domestiques

    Les activités socio-économiques et domestiques font partie intégrante de la vie des femmes et des filles dans la société burkinabè. Les femmes sont les garantes de la vie du ménage avec des tâches qui lui sont assignées. La jeune fille, à peine à peine gamine participe aux côtes de sa mère dans des tâches ménagères (cuisine, prendre soins des petits, lessive, vaisselles...).Même étant inscrite à l'école, elle échappe difficilement à un certain nombre de tâches. Par moment elles s'investissent plus dans ces activités en énergie et en temps qu'à l'école et aux études.

    Les parents analphabètes qui ignorent la place du repos et des révisions dans la vie d'un élève n'hésitent pas à solliciter leur concours dans certaines tâches domestiques. Sur un total de 40 filles issues de parents analphabètes de père et de mère, 27 d'entre elle soit 67,50% participent de façon active à ces activités et en tout temps. Elles consacrent en moyenne 1,85 heure aux apprentissages contre 3,68 heures aux activités domestiques et socio-économiques du ménage. Tout en sachant que la durée du temps de participation aux activités domestiques peut aller jusqu'à 6 heures pour certaines filles et 2 heures pour d'autres dans les révisions et autres activités scolaires (Tableau 33).On voit qu'elles s'investissent plus en temps aux activités domestiques qu'à celui réservé aux révisions les jours de cours. Cet investissement est apprécié de façon positive par 16 parents d'élèves contre 13 autres qui les trouvent nuisibles sur le rendement scolaire de ces filles en question.

    Pour ceux qui trouvent cette participation des filles positive, ils avancent comme mobiles qu'elle participe à la formation de la jeune fille dans l'optique de lui permettre d'être aguerrie aux tâches féminines pour bien jouer son futur rôle de mère et d'épouse. Un parent d'élève qui fait partie de

    77

    notre échantillon, pour soutenir ses propos sur cette participation des filles disait : « l'école des blancs éloignent nos filles de leur vrai rôle futur à jouer. Elles passent tout le temps à l'école et à la fin ne savent même pas faire la cuisine pour leur mari, ni s'occuper des enfants et ce sont les domestiques et les gouvernantes qui doivent jouer le rôle de la femme de foyer. Je me demande si toutes les filles devraient être exemptées des travaux domestiques, qui jouera ce rôle de domestiques à la fin ?».Il est évident que ces représentations et considérations confinant la femme à des tâches domestiques et ménagères ne sont pas de nature à libérer la jeune fille du joug des activités domestiques et socio-économiques.

    En effet, la participation des filles à ces activités n'est pas mauvaise en soit pour certains parents d'élève. La meilleure manière d'apprentissage est l'imitation des plus expérimentées et des aînées. La jeune fille peut tout apprendre de sa mère pour être une bonne épouse, une mère modèle pour ses enfants. Il faut reconnaitre que cet apprentissage doit respecter certaines normes au risque de la rendre nuisible à l'éducation des apprenants. C'est l'intensité et la régularité avec laquelle elles s'investissent de gré ou de force dans ces activités qui joue sur leur rendement à l'école à court, moyen et long terme.

    Lorsque les parents non avertis inscrivent ces activités dans le quotidien des filles et sans relâche et à des heures exagérées, il est évident que l'activité perd son aspect formateur et se transforme en punition. C'est pourquoi les filles qui participent activement à ces activités préfèrent rester à l'école pendant la pause et rentrer les soirs de peur de ne pas avoir assez de temps pour réviser et traiter des exercices pour le lendemain. L'école devient une échappatoire des activités domestiques.

    En terme de temps moyen consacré aux activités domestiques de filles issues de milieux analphabètes, le temps consacré aux activités scolaires est disproportionnel à celui réservé aux activités domestiques et ce avec la bénédiction de certains parents. Les conséquences immédiates de cette participation est la fatigue et le manque d'attention en classe. De l'analyse des différentes données, nous pouvons affirmer que le temps réservé aux apprentissages est en deçà du temps réservé aux apprentissages. Si nous considérons ces résultats, les filles consacrent en moyenne 3,68 Heures dans la participation aux activités domestiques contre seulement 1,85 Heure pour les apprentissages après les cours. Nous pouvons affirmer que notre première hypothèse est confirmée car il y a prédominance des activités domestiques sur celles scolaires dans les ménages dont les parents sont analphabètes.

    78

    III.1.2.La relation niveau d'instruction des parents et intérêt accordé à la vie scolaire des filles

    Les parents jouent un rôle important dans la vie scolaire des élèves ainsi que celle de sa survie scolaire. Ils sont ceux qui décident en premier de l'école et aussi ceux qui supportent le plus les charges scolaires. En somme les parents sont au commencement, au déroulement et à la fin d'une carrière scolaire. La survie scolaire des élèves en général et des filles en particulier dépendra du degré d'implication des parents. Socialement, les élèves ont besoin de leurs parents qui doivent les orienter dans la vie active. Sur le plan scolaire, les élèves ont beaucoup plus besoin de l'appui de leurs géniteurs dans la poursuite de leur scolarité. Ce besoin est beaucoup plus accru lorsqu'il s'agit d'une fille car son éducation demande beaucoup plus d'attention que celle des garçons.

    En ce qui nous intéresse dans cette partie, c'est de voir si les parents analphabètes s'impliquent dans la vie scolaire de leurs filles ou elles sont laissées pour compte. Nos outils ont intéressé les parents et les filles. Sur le plan pédagogique, on enregistre 17 filles dont les parents malgré leur analphabétisme sont regardants sur leurs apprentissages en les obligeant à réviser leurs leçons les soirs et à des heures libres. Par contre, 23 parents d'élèves n'obligent pas leurs filles à réviser. Celles qu'on oblige à réviser représentent 42,50 % contre 57,50% pour celles que les parents n'obligent pas à réviser les leçons. L'intérêt qu'un parent accorde aux résultats scolaires de ses enfants permet de déceler les failles de rendement et oeuvrer à les corriger. Sur un effectif de 40 filles issues de parents analphabètes, 37 d'entre elles bénéficient du soutien des parents contre trois autres dont leurs parents n'accordent pas d'intérêt à leurs résultats scolaires. Soit 92,5 % de parents analphabètes qui accordent un intérêt particulier aux résultats scolaires de leurs filles. Les soutiens dont bénéficient les filles de la part de leurs sont multiples et variés. Sur notre effectif de 40 filles, une seule fille déclare ne pas recevoir de soutien de la part des parents dans le cadre scolaire. La nature du soutien qu'elles reçoivent est essentiellement morale à 61,54% contre quelques-unes d'entre elles qui reçoivent des soutiens spécifiques. Cette situation est perceptible à travers le graphique suivant (graphique 3).

    79

    Graphique 3 : Nature du soutien reçu par les filles de leurs parents

    40

    70

    60

    50

    30

    20

    10

    0

    24

    61,54

    7,69 6

    3

    15,38

    2 5,13 4

    0 0 0 0

    10,26

    0

    0

    Source : résultat de nos enquêtes

    A l'unanimité, les filles apprécient positivement le soutien dont elles bénéficient de la part de leurs parents et leur permet de s'appliquer davantage dans les études. Il est à remarquer que les mères interviennent le plus aux côtés de leurs filles en termes de soutien.

    Graphique 4 : Origine du soutien des filles

    50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

     
     
     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Les parents d'élèves malgré leur analphabétisme participent aux instances décisionnelles des établissements fréquentés par leurs filles. Il s'agit de l'APE et de l'AME qui oeuvrent pour le bien-être scolaire des élèves. Sur les 13 parents analphabètes à qui nous nous sommes intéressé, leur niveau d'instruction ne les a pas éloignés de ces instances décisionnelles des établissements

    80

    d'enseignement fréquenté par leurs enfants. Deux parents sont membres du bureau exécutif et huit autres participent activement aux activités de l'APE et de l'AME.

    Au regard du degré d'implication, de l'intérêt accordé aux résultats scolaire et de la participation des parents aux différentes instances décisionnelles qui sont positifs et concernent plus de la moitié de l'effectif nous pouvons dire sans risque de nous tromper que les parents analphabètes s'impliquent assez dans la vie scolaire de leurs filles. Notre deuxième hypothèse qui trouvait que les parents analphabètes s'impliquent peu ou se désintéressent à la vie scolaire de leurs filles est infirmé. Les parents sont engagés à toutes les instances de la vie scolaire de leur progéniture en dépit de leur analphabétisme.

    III.1.3. L'état de participation des filles sous tutorat aux activités domestiques de la famille d'accueil

    De nos jours, dans une ville comme Ouagadougou où la crise du logement sévit ; placer son enfant dans une famille d'accueil est une pratique sociale assez répandue. On sait aussi que tous les élèves n'ont pas forcement leurs parents résidants dans les zones où sont implanté les lycées et collèges. En effet, les élèves qui fréquentent les établissements d'enseignement secondaire de Saaba proviennent pour la plupart des villages environnant de la commune et de la ville de Ouagadougou. Le placement des élèves auprès des familles d'accueil permet à l'élève de se socialiser et poursuivre ses études. Aborder la question du tutorat féminin nous amène à examiner les conditions environnementales et des incidences sur la performance scolaire de ces filles.

    Dans cette étude, nous nous sommes intéressé à 24 filles qui vivent auprès des tuteurs contre 79 autres qui résident chez leurs parents biologiques. Du coté des parents d'élèves, sur un total de 29 parents, 14 d'entre eux ont en charge au moins une fille. Il faut souligner que les 14 parents sont issus de toutes les catégories socio professionnelles et de tous les niveaux d'instruction.

    Selon les 14 parents d'élèves, 11 filles à leur charge participent activement aux travaux domestiques du ménage contre 3 autres filles qui ne participent pas du tout à ces activités. La seule différence au niveau de ces filles est le degré de participation. Elles s'investissent à des fréquences différentes comme le montre le graphique suivant (graphique 5).

    81

    Graphique 5 : Degré de participation aux activités domestiques

    8 7 6 5 4 3 2 1 0

     
     
     

    Rarement Frequemment Tres frequemment

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    Sur les tuteurs qui utilisent ces filles dans ces activités, huit(8) d'entre eux trouvent cette participation incompatible avec les études donc, nuisibles sur le rendement scolaire des filles. Cette participation se fait le plus souvent par combinaison avec d'autres activités et pouvant aller jusqu'à trois activités dans la même journée. Cette combinaison se lit sur le graphique suivant avec des effectifs correspondant à ces modalités.

    Graphique 6 : Combinaison des activités des filles sous tutorat

    40

    35

    30

    25

    20

    15

    10

    0

    5

    Source : résultat de nos enquêtes

    La combinaison activités domestiques et scolaires concerne la plus grande partie des filles sous tutorat. Il est évident que cette combinaison aura une incidence sur les apprentissages.

    82

    Elles participent également à des volumes horaires différents qui se laissent apprécier dans le graphique suivant.

    Graphique 7 : Participation aux activités en volume horaire journalier

    45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

     
     
     

    Moins d'une Entre 1 et 2 Entre 3 et 4 Entre 5 et 6 Plus de 7

    heure heures heures heures heures

    Source : résultat de nos enquêtes

    La majorité des filles sous tutorat passent au moins 3 Heures de temps par jours dans ces activités. Le weekend, elles passent encore plus de temps à effectuer ces tâches domestiques. Par comparaison les tâches domestiques occupent la grande partie du temps des filles.

    Le weekend des filles fonctionne selon le graphique suivant (graphique 8).

    Graphique 8 : Volume horaire moyen de participation aux activités les jours de weekend

    7 6 5 4 3 2 1 0

     
     
     

    Activités domestiques Activités scolaires Activités ludiques

     

    Source : résultat de nos enquêtes

    83

    Les différents graphiques mettent en lumière la situation de la fille placée sous tutorat dans les ménages. On est tenté de dire que le quotidien des filles sous tutorat n'est guère meilleur car elles s'investissent plus en temps et en énergie dans l'équilibre socio-économique des ménages d'accueil au détriment de leur bien être scolaire.

    Les différentes manifestations dans le vécu quotidien des filles résidant chez des tuteurs ne sont pas du tout propice à une éclosion scolaire. Cela nous amène à confirmer notre troisième hypothèse qui affirmait que les filles sous tutorat consacraient plus leur temps aux travaux domestiques au détriment de celui réservé aux apprentissages.

    III.2. L'ANALYSE SPECIFIQUE DES RESULTATS

    Le rendement scolaire d'un élève peut être influencé par des facteurs internes et externes. Les facteurs internes sont inhérents à l'école elle-même. Il faut entendre par facteurs externes, l'environnement et les conditions de vie et d'étude de l'élève en question. Il existerait des environnements hostiles à l'épanouissement de l'élève et ayant une influence sur le rendement scolaire de celui-ci. Plus l'environnement est propice, plus il y aura une bonne adaptation de l'élève avec une influence positive sur son rendement scolaire.

    Plusieurs études ont montré la responsabilité de l'environnement dans la déperdition et la baisse de rendement scolaire des élèves.

    KYEDREBEOGO (2004), à travers ses recherches a mis le doigt sur les causes socio-culturelles de la déperdition scolaire chez les filles. Pour elle, l'origine sociale de l'élève prédéterminerait sa survie scolaire. Les filles issues d'environnements défavorables porteraient les prémisses de l'échec scolaire. Elles seraient victimes des tâches ménagères, les mariages précoces qui influenceraient négativement leur rendement scolaire.

    Les résultats de notre étude montrent que les filles, qu'elles soient avec un tuteur ou pas, prennent part aux activités domestiques de manière accrue et ce au détriment du temps qu'elles devraient normalement consacrer aux révisions, apprentissages et repos.

    Cette participation est encouragée par les parents eux-mêmes qui trouvent que ces activités contribuent à forger la personnalité en vue de lui permettre de pleinement jouer son futur rôle de femme. La participation à ces travaux représente pour eux une voie salutaire et obligatoire pour toute jeune fille pendant son adolescence.

    KOMLA LOPKO (2002) pour sa part se penche sur les conditions socio-économiques et le rendement scolaire des élèves sous tutorat à Ouagadougou. Dans son étude, il montre que les parents à faibles revenus sont les plus aptes à envoyer leurs enfants auprès des tuteurs avec des fois le transfert des charges scolaires. Pour lui, les élèves vivant chez des tuteurs de couches

    84

    défavorables (agriculteurs, ouvriers, retraités) sont les plus exposés à l'échec scolaire. Ceci s'explique par un manque accru de moyen qui traduit l'incapacité des tuteurs à offrir des meilleures conditions d'étude aux enfants dont ils ont la charge. Par contre la volonté du tuteur à s'occuper réellement de l'enfant comme son propre enfant est un facteur déterminant dans le succès scolaire. En somme, il existerait des tuteurs compte tenu de leur statut économique seraient plus hostiles ou plus favorables au succès scolaire des élèves dont ils ont la charge.

    Sur ce plan, notre étude a révélé une plus grande implication des filles sous tutorat dans les activités domestiques avec un volume horaire ne permettant pas de se consacrer à une autre activité de réflexion, la fatigue aidant.

    MARC PILON (1995) pour sa part, trouve que les politiques éducatives en Afrique sont fortement axées sur l'offre au détriment de la demande en éducation. La demande en éducation susciterait un intérêt bien moindre. Il pense que les déterminants familiaux jouent un rôle important dans la scolarisation. Il met en exergue le rôle de la femme dans l'éducation et la survie scolaire des élèves. Ses études soutiennent que les enfants sont mieux scolarisés quand le chef de ménage est une femme. Les femmes chef de ménage s'investissent davantage que les hommes dans leurs enfants, que ce soit en termes de temps, d'argent ou de support affectif, et cela est particulièrement vrai en matière d'éducation. On pourrait être tenté de dire que les femmes ayant été victimes d'une sous scolarisation, elles perçoivent mieux que les hommes l'enjeu de l'instruction pour le devenir de leurs enfants en général et des filles en particulier.

    Les différents résultats que nous avons pu compiler sur la participation des parents dans le suivi éducatif des élèves montrent que les parents en dépit de leur analphabétisme s'investissent bien dans l'éducation des filles. Il faut remarquer que les mères restent les personnes ressources qui soutiennent le plus les filles dans leur scolarité. Les élèves filles doivent en grande partie leur succès scolaire à leurs mères qui s'investissent le plus dans leur scolarité à travers des soutiens de diverses natures.

    III.2.La validation des hypothèses de la recherche

    La première hypothèse de notre étude à savoir « les parents non instruits ou analphabètes utilisent abusivement le temps des filles destiné aux apprentissages au profit des activités socio-économiques et domestiques »a été confirmée par les données de nos enquêtes. Au regard de l'analyse des résultats, il a été constaté que la plus grande majorité des filles s'investissent dans les activités domestiques et socio-économiques au détriment de leur apprentissage.

    En effet, en dehors des cours elles consacrent en moyenne 1,85 H aux apprentissages contre 3,68 H aux activités domestiques et commerciales aux côtés de leurs parents. Le volume horaire de

    85

    participation à ces différentes activités pouvant aller jusqu'à 6 H/jour pour certaines filles. Il faut remarquer que la participation à ces activités se fait avec le consentement des parents qui trouvent en cette participation une chose tout à fait normale. Pendant ce temps, les concernées ellesmême trouvent ces activités nuisibles à leur rendement scolaire.

    Quant à la deuxième hypothèse selon laquelle « Les parents d'élèves non instruits ou analphabètes s'impliquent peu ou se désintéressent à la vie scolaire de leur filles par ignorance ou par mépris » a été infirmé par les résultats de nos enquêtes auprès des filles et des parents d'élèves.

    Les parents d'élèves ont compris la nécessité de mettre un élève à l'école et de permettre à ce dernier de poursuivre sa scolarité. Les parents ont une préférence pour les deux sexes en termes de scolarisation, le temps de la discrimination étant révolue. L'analphabétisme n'a pas été un indicateur suffisant pour expliquer l'intérêt ou le désintérêt des parents vis-à-vis de l'éducation de leurs enfants.

    La plus grande majorité des parents d'élèves avouent s'impliquer dans l'éducation de leurs filles par des encouragements, intérêt au sujet des résultats scolaires et une participation active aux activités de l'APE/AME des établissements. Les filles dans leur grande majorité trouvent qu'elles bénéficient suffisamment de soutiens de la part de leurs géniteurs.

    Enfin la troisième hypothèse qui avance que « les filles sous tutorat dans des familles d'accueil consacrent plus leurs temps à des fins domestiques et économiques au détriment de leurs études » a été confirmée par les résultats de nos enquêtes auprès des filles vivant sous tutorat et auprès des tuteurs eux même. Il ressort que les filles vivant chez des tuteurs/tutrices dans la grande majorité s'investissent réellement en temps et en énergie dans la vie domestique de la famille d'accueil. Elles y passent plus de temps dans ces activités domestiques que dans l'apprentissage et à des volumes horaires indus. Cette situation de forte participation des filles sous tutoratest d'autant plus valable les jours de cours que pour les jours de weekend.

    Dans cette perspective, nous pouvons affirmer que la confirmation des deux hypothèses spécifiques sur les trois que nous avons formulées certifie que notre hypothèse générale à savoir : «Les filles issues de parents analphabètes ont les rendements scolaires les moins satisfaisants à cause de certaines pratiques familiales nuisibles à leur scolarité » est confirmée en ce sens que des parents d'élèves encouragent la participation des filles aux activités socio-économiques et domestiques pour la simple raison qu'elles participent à leur éducation et leur socialisation. Ces activités sont de nature à faire obstruction à l'apprentissage de la jeune fille par manque de temps et de repos et de révisions des leçons.

    86

    Traités internationaux relatif aux droits de l'Homme comprenant le droit fondamental à l'éducation

    Engagements

    internationaux pour l'éducation des filles

    CHAPITRE IV : LES SUGGESTIONS ET LES RECOMMANDATIONS

    IV.1. QUELQUES POLITIQUES ET ACTIONS INCITATIVES EN FAVEUR

    DE L'EDUCATION DES FILLES AU BURKINA FASO

    Le Burkina Faso, à l'instar de nombreux pays Africains, a mis en place des politiques nationales pour tenir leurs engagements en faveur de l'éducation des filles dans des cadres internationaux et régionaux. Dans des pays comme le Burkina, des politiques nationales ont été mises en place pour booster l'éducation des filles et réduire au maximum le taux de déperdition féminine. Dans la même logique, des ONG et Associations développent des politiques incitatives en faveur de l'éducation des filles.

    En première instance, nous proposerons l'état des lieux des traités, conventions internationaux et régionaux en faveur de l'éducation des filles. Puis celles des politiques nationales en faveur des filles. Enfin, les ONG et Associations oeuvrant toujours au profit de l'éducation, du maintien des filles dans le système scolaires en dépit des difficultés qui entachent leur succès.

    Tableau 47 : Les traités et engagements internationaux, régionaux en faveur de l'éducation de la fille

    Traités/Engagements

    · Le pacte international relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels(1966)

    · La convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes(1979)

    · Convention des Nations Unies relatives aux droits de l'enfant(1989)

    · La plateforme d'action de Pékin (1995)

    · Le cadre d'action de Dakar pour l'Education pour Tous(EPT) (2000)

    · Les objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) (2000)

     

    87

    Engagements régionaux Africain pour

    l'Education des filles

    · La charte Africaine des droits de l'Homme et des Peuples(1986)

    · La charte Africaine des Droits et du Bien-être de l'enfant(1999)

    · La deuxième décennie de l'Education pour l'Afrique (2006-2015)

    · Les recommandations issue des conférences des Ministres de l'Education de la CEDEAO (2002, 2004, 2009)

    · La conférence de l'ADEA avec les Ministres Africains de l'Education, les agences de développement internationales, les chercheurs et experts de l'Education(2008)

     

    Source : Because i am a girl, rapport Afrique 2012 sur l'éducation des filles.

    Les politiques nationales pour l'éducation des filles et les différentes actions en faveur de la fille prennent comme référentiel la Loi N°013-2007/AN du 30 Juillet 2007 portant orientation de l'éducation. Elle stipule comme énuméré plus haut que « l'éducation est une priorité nationale, un droit garanti à chaque citoyen et s'exerce sans discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race ou la religion ».

    Pour atteindre les objectifs d'une éducation sans discrimination, il a été mis en place un Plan Décennal de Développement de l'Education Secondaire et Supérieur (PDDESS) qui tient compte du genre dans ses politiques éducatives.

    En ce qui concerne les filles, on peut citer :

    · L'existence de textes et mesures de discriminations positives que sont l'arrêté ministériel N° 96-087/MESSRS/MEF du 13 Aout portant octroi de bourses nationales et d'études secondaires et supérieurs pour l'année académique 1996-1997 ;

    · Le texte N°99001/MESSRS/SG/DBES du 20 Avril 1999 portant gestion des bourses et qui renforce l'arrêté ci-dessus en précisant les modalités d'octroi de bourses aux filles ;

    · La création au sein de l'organigramme du MESSRS en 1994 de la commission de réflexion et d'action pour l'éducation des filles (CRAEF) dans les établissements d'enseignement secondaire et supérieur. Un peu plus tard en 2001,cette instance est

    88

    érigée en commission nationale pour l'éducation des filles au secondaire et au supérieur (CNEFSS) qui, par la suite en 2007 deviendra la direction générale des enseignements spécifiques (DGES),composée de quatre directions techniques dont celle de l'éducation des filles au secondaire et au supérieur (DFESS) ;

    · La création d'une direction de l'éducation en matière de population(DEMP).

    Si bien que des traités et actions ont été adoptés pour garantir le bien être de la jeune fille, sa mise en oeuvre se heurte à d'énormes obstacles les rendant invisibles sur le terrain. En effet les différentes lois demanderaient à être vulgarisé à tous les acteurs du système éducatif pour leur application efficiente. Les bourses dont il est question plus haut et utilisé pour inciter les filles dans leur parcours scolaire est quasiment inexistante depuis un certain temps. Aussi, les actions de la Direction de l'éducation en matière de population(DEMP) qui était supposé travailler auprès des filles dans l'optique de réduire les facteurs d'abandon comme les grossesses indesirées, sexualité précoces, avortement et autres brillent par son absence dans les établissements du Burkina Faso. La discrimination comme moyen incitatif à l'endroit des filles n'est pas visible dans nos établissements secondaires. Pourtant la discrimination positive était supposée aider à accroitre le rendement scolaire des filles par des méthodes incitatives à l'endroit des couches sociales les plus défavorisées. Jusque-là, on ne voit pas des stratégies mis en place pour booster cette couche sociale.

    IV.2. LES SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE SCOLARISATION DES FILLES

    A partir des différentes informations recueillies auprès des enquêtés, il parait nécessaire et urgent que des actions soient menées dans le sens de l'amélioration des conditions de vie et d'études des filles. Ces recommandations s'intéressent à tous les intervenants dans l'éducation, en l'occurrence les parents d'élèves, le personnel d'enseignement, d'encadrement et les décideurs politiques dans l'optique de pallier les facteurs favorisant les déperditions scolaires des filles.

    Nos suggestions vont à l'endroit :

    IV.2.1.Des parents d'élèves

    Dans le cadre de notre étude, nous pouvons affirmer que le noyau familial est incontournable dans les manifestations de la vie scolaire d'un élève. La famille reste le premier lieu de l'éducation et l'école vient en renfort à cette dernière. Donc il est indéniable que la famille s'implique véritablement dans le suivi éducatif des élèves en générale, et des filles en particulier. Etant donné que l'environnement familial joue un rôle prépondérant dans le rendement scolaire, les parents se doivent de rendre cet environnement propice aux apprentissages.

    89

    En premier lieu, bannir tous comportement ou pratique qui sont de nature à empêcher l'épanouissement scolaire des filles. Sur ce plan, nous faisons référence aux travaux domestiques répétés à longueur de journée et occupant le temps destiné aux apprentissages, divertissement. .Il est bien vrai la participation des filles aux travaux domestiques joue un rôle formateur, mais à un certain degré, pouvant empêcher les révisions, elle perd sa fonction formatrice des filles. En toute activité, il faut de la modération pour permettre aux participants de se consacrer à d'autres activités en toute lucidité. Exclure les filles des activités commerciales car elles nécessitent la présence des filles à des heures tardives et hors du domicile donc plus exposée au monde extérieur avec des dérives que cette présence pourra occasionnée. Cette présence hors domicile peut donner lieu à des comportements à risque pour les filles elle-même et pour leurs études.

    En second lieu, un suivi rigoureux des parents des études et des résultats scolaires de leurs progénitures permet de déceler à temps des défaillances que l'on pourrait remédier à temps. Une consultation régulière des acteurs de l'éducation (Conseillers, assistants et attachés d'éducation) s'avère nécessaire pour comprendre le comportement scolaire des élèves (assiduité, ponctualité, discipline. .).Cette consultation permettra de savoir les difficultés que vivent les élèves dont ils ont du mal à expliquer aux parents. Les parents se doivent de communiquer régulièrement avec les filles pour comprendre les difficultés qu'elles traversent au quotidien dans l'optique de prévenir des déviations.

    Troisièmement, les parents qui ont la charge des filles ne doivent pas créer des conditions discriminatoires entre leurs propres enfants et les autres vivants à sa charge. Les tuteurs doivent respecter le temps d'apprentissage, de repos et de loisir des filles sous tutorat. Bref, réserver un traitement acceptable à l'égard de ces filles dont ils ont la charge.

    Enfin, offrir des conditions d'étude optimale aux élèves en générale des filles en particulier. Il faut que la fille de condition défavorable ne se sente pas gênée par manque de fourniture, d'aliments, de frais de scolarité. Bref, tout ce qui participe à une bonne scolarisation et sans discrimination.

    IV.2.2. Des enseignants et autres personnels de l'éducation

    A ce niveau, c'est de travailler à susciter l'envie d'étudier aux filles en leur conseillant sur les comportements à risque pouvant porter préjudice à leur rendement scolaire et les orienter sur les bonnes pratiques en termes de scolarisation.

    En effet, les personnels de l'éducation sont des référentiels pour ces élèves dont ils ont la charge d'inculquer le savoir. Par conséquent un comportement déviant de leur part sera automatiquement considéré comme modèle par ces élèves et bonjour les dérives par conformisme. Les personnes

    90

    intervenant dans l'éducation se doivent d'avoir des comportements de modèle et surtout avoir le gout du travail bien fait.

    Le personnel intervenant dans l'éducation doit d'être attentif aux difficultés que traversent ces élèves et si possible approcher les parents ou les tuteurs pour leur conseiller sur les comportements et attitudes qui ont des répercussions sur le rendement, le comportement et l'assiduité des élèves. Une formation en genre et éducation s'avère nécessaire à l'endroit du personnel éducatif dans l'optique de bannir les discriminations et autres attitudes que le personnel éducatif entretiennent et qui sont de nature à défavoriser une certaine couche sociale au profit de l'autre.

    Au Burkina, l'éducation est obligatoire et non discriminatoire, il faut que toutes les couches de la société se sentent mieux dans les établissements d'enseignement. Développer une pédagogie qui prend en compte tous les élèves en vue de permettre à tous de participer aux cours et d'assimiler les cours dispensés.

    IV.2.3. Des décideurs politiques et partenaires de l'éducation

    La promotion de l'éducation des filles nécessite l'engagement de tous et toutes les sphères de décision. Pour une question d'égalité et de justice, les décideurs politiques et leurs partenaires devraient prendre des initiatives pour garantir les mêmes chances à tous les élèves d'aller à l'école et de s'y maintenir le plus longtemps possible pour recevoir un enseignement de qualité, utile et durable.

    Cela passe d'abord par la création et la promotion de milieux éducatifs favorables aux filles et qui visent à :

    · Garantir des milieux éducatifs sûrs et favorables aux filles en exigeant que les établissements adoptent des politiques qui font participer les filles aux prises de décisions et qui renforcent la capacité des filles à participer à la gouvernance scolaire. Il faut également développer/renforcer et appliquer la législation concernant la violence sexospecifique, notamment les codes de conduite obligatoire à l'école et pour les enseignants et autres acteurs intervenant dans l'éducation ;

    · Assurer un nombre suffisant d'enseignants qualifiés et motivés et outillés, particulièrement les enseignantes en leur offrant des avantages ou en leur apportant plus d'aide et de formation en vue de les attirer et de les retenir. Une formation de qualité doit être fournie à tous les enseignants portant sur les droits des enfants, la discrimination positive, les méthodes et approches pédagogiques sensibles au genre ;

    91

    · Examiner et réviser le matériel pédagogique et les programmes d'enseignement afin d'assurer qu'ils sont exempts de stéréotypes et de préjugés liés au genre ;

    · Renforcer l'éducation sexuelle et reproductive à l'endroit des scolaires et instaurer l'éducation en matière de population comme matière obligatoire pour le post primaire et le secondaire ;

    · Renforcer les campagnes d'information à l'intention du service public et le plaidoyer communautaire en matière d'éducation des filles et de normes sexospecifiques dangereuses. Cette formation devrait permettre à tous les acteurs et à tous les niveaux de responsabilité de maitriser les facteurs nuisibles à l'éducation de la jeune fille ;

    · Renforcer l'application des politiques visant à permettre aux filles enceintes et aux jeunes mères de rester à l'école ;

    · Prendre des mesures appropriées pour prévenir le mariage des enfants et adolescentes, notamment par des mesures coercitives à l'endroit des contrevenants ;

    · Rendre les institutions scolaires accessibles aux couches les plus défavorisées en exonérant les coûts directs liés à l'éducation ;

    · Doter les établissements des banlieues et autres zones éloignées d'internat pour les filles en situation de précarité ;

    · Instaurer les méthodes incitatives à l'endroit des filles dans les établissements et au

    niveau national (concours d'excellence, bourses scolaires,
    parrainage...).Vulgarisation des Activités Génératrices des Revenus à l'endroit des mères en situation défavorable dans l'optique de pouvoir prendre en charge convenablement les charges scolaires des élèves à une condition que les élèves ne participent pas à ces activités ;

    · Encourager les ONG intervenant dans l'éducation des filles à étendre leur rayon d'intervention à d'autres zones les plus reculées où les filles en dépit de leur bonne volonté ne peuvent poursuivre une scolarité normale ;

    · Etendre le système de parrainage aux élèves en difficultés dans les établissements d'enseignement, cela permettra de décharger les charges des parents à une condition d'éligibilité : le suivi parental de l'éducation de l'élève concerné ;

    · Réintroduire les bourses scolaires à l'endroit des élèves les plus méritants en général et des filles issues de milieux défavorables en particulier ;

    · Rendre gratuit les inscriptions tant au post primaire qu'au secondaire dans les établissements publics à l'endroit de tous les élèves ;

    92

    · La créationde cellules sociales au sein des établissements dans l'optique d'une prise en charge efficace des élèves vivant dans des conditions difficiles. Et permettre à cette cellule d'intervenir dans l'environnement familial de l'élève en difficulté pour y proposer des solutions ;

    · Créer des instances de concertation et de sensibilisation des parents d'élèves sur les pratiques nuisibles à l'épanouissement scolaire des élèves ;

    · Doter les établissementsde répétiteurs pour l'encadrement des élèves en difficulté dans certaines matières spécifiques ;

    · Enfin, rendre les filles plus proches de leurs parents en favorisant la création

    d'établissements d'enseignement secondaire publiques et accessibles. Cette création

    permettra de juguler la mobilité des filles vers d'autres zones pour étudier avec tous

    les obstacles et risques qui se dressent sur son chemin.

    Il est à noter que le Burkina se fait accompagner par des partenaires techniques et financiers dans

    l'amélioration des conditions d'études des filles. Ce sont notamment :

    -La Banque mondiale à travers le projet éducation post primaire(PEPP)

    -La coopération Autrichienne

    -La coopération Canadienne

    -La coopération Suisse

    -UNICEF

    -UNESCO

    -CRS

    -PAM...

    Au niveau national, une pléthore d'ONG et Associations interviennent dans le domaine de l'éducation des filles en leur offrant des conditions optimales d'études et leur donnant des conseils utiles dans leurs carrières scolaires.

    Les plus visibles sont :

    L'UA/CIEFFA(Le Centre International pour l'Education des Filles et des Femmes en Afrique de l'Union Africaine) est une institution publique des Etats africains et a pour domaine d'action l'éducation, le genre, la formation, les études, la recherche, la publication, le plaidoyer, les appuis divers en faveur de la jeune fille et de la femme. Son siège se trouve à Ouagadougou.

    L'UA/CIEFFA a pour mission :

    · La coordination des actions en faveur de la promotion de l'éducation des filles et des femmes ;

    93

    · La promotion de l'intégration de l'approche genre dans les politiques et programmes de développement ;

    · Le renforcement des capacités opérationnelles des différents pays en matière d'éducation des filles et des femmes ;

    · La mise en place d'un réseau d'information et d'échange sur l'éducation des filles et des femmes ;

    · Le développement d'un plaidoyer et d'un partenariat pluriel et fécond en faveur de la promotion de l'éducation des filles et des femmes ;

    · Un soutien à la recherche sur l'éducation et la formation des filles et des femmes ;

    FAWE (Forum des Educatrices Africaines), est une ONG panafricaine rassemblant des femmes ministres de l'éducation nationale, des femmes rectrices d'université et d'autres femmes occupant des postes de décideurs en Afrique. Il a été créé en 1992 et à pour siège au Kenya.

    Le FAWE a pour mission de créer des attitudes, politiques et pratiques positives dans la société, qui favorisent l'équité pour les filles en termes d'accès, de rétention, de performance et de qualité en influençant la transformation des systèmes éducatifs en Afrique. L'ONG utilise des stratégies innovantes, telles que le lancement des centres d'excellence, la promotion de l'apprentissage démocratique et les compétences en leadership dans les programmes et la formation des enseignants en Pédagogie Sensible au Genre.

    Tous ces efforts visent à permettre à la jeune fille d'être dans des conditions optimales d'apprentissage.

    Plan Burkina

    Plan est une organisation de développement communautaire centré sur l'enfant. Sa vision est celle d'un monde où les enfants réalisent leur potentiel dans des sociétés qui respectent les droits et la dignité des individus.

    Sa mission est d'améliorer d'une manière durable la qualité de vie des enfants démunis dans les pays en développement, à travers un processus qui unifie les hommes de cultures différentes. Les domaines d'intervention de Plan sont la santé, l'assainissement et l'éducation.

    Depuis sa création en 1976, Plan s'est investi dans l'éducation de la jeune fille et des élèves issues de couches sociales défavorables par l'octroi de bourses d'étude et de formation.

    Un de ses programmes en faveur des filles et qui a eu plus d'écho a été sans doute le projet BRIGHT (BurkinabèResponse to Improve Girls cHances to Succeed), s'investit dans l'éducation des filles à travers la discrimination positive (octroi de bourses, de ration sèches à emporter,

    94

    formation du personnel enseignant sur le genre...), bref un paquet de mesure pour permettre aux filles en situation difficile de se maintenir à l'école et d'améliorer leurs performances scolaires.

    ADEP (Association D'appui et d'Eveil Pugsada)

    L'Association d'appui et d'éveil Pugsada (ADEP) est une association burkinabè féminine créée en 1995. Elle a pour principal objectif d'oeuvrer à l'amélioration du statut social des jeunes filles et de leurs conditions de vie. Pour y parvenir, elle doit favoriser la prise de conscience, la connaissance et le respect des droits des jeunes filles au sein de la population et ceci sur tous les plans.

    C'est à travers diverses activités que l'ADEP interagit directement avec les jeunes filles en favorisant leur éducation, leur scolarisation, leur formation, l'apprentissage de métiers qui leur permettront d'accéder à une certaine autonomie financière. Elle mène dans des établissements secondaires des activités visant à lutter contre le harcèlement en milieu scolaire.

    Aide et Action

    L'ONG Aide et Action est établie au Burkina Faso depuis 2001. Elle oeuvre pour un monde où la dignité est garantie pour tous-femmes, hommes et enfants grâce à l'éducation qui conduit au développement humain. C'est pourquoi cette ONG a fait de l'éducation des filles et des femmes l'un de ses thèmes prioritaires. Comme les femmes et les filles sont les plus exclues de l'éducation, Aide et Action est convaincue que le développement de l'éducation de qualité pour tous dépendra dans une large mesure de l'autonomisation des femmes. Pour ce faire, elle met en oeuvre des stratégies qui qui priorisent le travail de terrain et de plaidoyer pour promouvoir le respect du droit des filles et des femmes à l'éducation, ainsi que la promotion de l'entreprenariat féminin.

    L'alphabétisation des mères est aussi concernée par le projet, comme moyen de lutte contre les déperditions.

    La liste des ONG et Association intervenant dans l'éducation des filles et de leur maintien n'est pas exhaustive. Il faut reconnaitre qu'en matière d'éducation et de maintien des filles, des ministères de tutelle en passant par les associations, tous sont concernés par ce phénomène. Le Ministère de la Promotion de la Femme, à travers des publications dans les quotidiens de la place attire l'attention du public sur le statut et la situation sociale de la Femme et de la fille au Burkina. Ces écrits interpellent l'opinion nationale et les conseillent sur des pratiques nuisibles au bien-être social de la Femme burkinabè.

    Les cris de coeur de ces différentes publications, pour nous interpelle une fois de plus un public déjà averti et en majorité alphabétisé. Ce qui est pour nous moins efficace car ceux qui entretiennent

    95

    des pratiques qui sont de nature à faire obstruction au bien être éducatif de la jeune fille et de la femme ne savent ni lire ni écrire. Une large campagne de sensibilisation de mobilisation à l'endroit du monde rural et des analphabètes s'impose pour prendre à bras le corps les différents fléaux et comportement qui compromettent les efforts de l'Etat et de ses partenaires dans la quête du bien être des femmes et des filles.

    96

    CONCLUSION

    L'éducation accessible à toutes les couches est la clé de développement des sociétés. Cette éducation se doit d'être démocratique pour prendre en considération les différentes sexes, couches socio professionnelle et sans discrimination.

    Le Burkina Faso, comme dans la plupart des pays africains se sont résolument engagés à faire de l'éducation une obligation jusqu'à un âge minimal pouvant influer sur la vie des individus concernés. Nul ne doute que l'éducation des filles et des femmes joue un rôle important sur la santé maternelle, infantile, l'environnement économique, social et familial. Hommes et femmes gagneraient tous à recevoir une éducation durable et de qualité.

    Contrairement au jeune garçon, l'éducation de la jeune fille se heurte à des difficultés de tout ordre, compromettant son acquisition de connaissances. Les facteurs qui influent sur l'accès et la rétention des filles à l'école sont complexes et dynamiques. Les contraintes auxquelles les filles font face dans leur scolarité sont essentiellement dues à la pauvreté, aux distances, aux stéréotypes sexuels, aux normes sociales, aux coutumes qui lui sont préjudiciables.

    Au pays des Hommes intègres, la pauvreté et l'analphabétisme qui sévissent dans les ménages obligent certains parents d'élève à entretenir des pratiques qui réduisent le plus souvent les opportunités des filles à être efficaces et de se maintenir dans le système éducatif. Pourtant, la Charte Africaine des Droits et du Bien-Etre de l'Enfant en son article 21 stipule que « Les Etats...prennent toutes les mesures appropriées pour abolir les coutumes et pratiques négatives, culturelles et sociales qui sont au détriment du Bien-Etre, de la dignité, de la croissance et du développement normal de l'enfant, en particulier...les coutumes et pratiques qui constituent une discrimination à l'égard de certains enfants, pour des raisons de sexe ou autres raisons ».

    En somme, la préférence des filles dans les travaux domestiques trouvent ses explications dans les représentations sexospecifiques que les parents ont vis-à-vis des enfants et qu'on a du mal à dépasser. Malgré l'évolution progressive des mentalités, le jeune garçon mieux loti est « prédestiné » à réaliser des études afin, plus tard, de pouvoir subvenir aux besoins financier de sa propre famille et de sa famille paternelle comme si la jeune fille était incapable de secourir ses parents et son époux au quotidien. Ce rôle que la société lui attribue injustement et qui mérite d'être revu est constitué de nombreuses facettes qui confinent la fille et la femme à des rôles de dispensatrice de soins, mères, épouses et ménagères doivent être dépassé pour permettre à cette couche de la société de jouer sa partition au développement.

    97

    Des actions de sensibilisation méritent d'être menées auprès de tous les acteurs et intervenant dans le système éducatif dans le but de permettre aux filles de disposer d'assez de temps pour se consacrer à leurs études.

    Les traitements dont bénéficient les filles sous tutorat et qui inhibent leurs efforts scolaires méritent d'être pris à bras le corps auprès des bonnes volontés qui décident de donner une chance de réussite à ces filles en les accueillant sous leurs toits. Amener ces derniers à être indulgents à leur égard en respectant les moments cruciaux de la vie scolaire des filles, en réduisant leurs participations aux différentes activités domestiques et en les encourageant à s'appliquer dans les études.

    98

    LES ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

    OUVRAGES GENERAUX

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    · BAUDELOT, C et ESTABLET, R.1971 : l'école capitaliste en France, Paris, Maspero.

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    · BEE, H. 1997 : La Psychologie de l'adolescent : les âges de la vie, Bruxelles édition De Boeck.

    · BERTHIER, N.2006 : Les techniques d'enquête en sciences sociales, méthodes et exercices corrigés, Paris, 3eEdition, Armand Colin.

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    · BOUDON, R.1973 : L'inégalité des chances, Paris, Armand Colin.

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    · IVERSEN, E. NYAMAKANGA, R. 2012 : « because i am a girl,rapport Afrique 2012:Progrès et obstacles à l'éducation des filles en Afrique », in Rapport Afrique 2012 de Plan International, Ouagadougou/Burkina Faso.

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    LES ACTES OFFICIELS

    · Loi 013-2007/AN portant loi d'orientation de l'éducation au Burkina Faso.

    · Loi 055-2004/AN portant Code général des collectivités au Burkina Faso.

    102

    DEDICACE ii

    REMERCIEMENTS iii

    RESUME iv

    LISTE DES ACRONYMES ET ABREVIAIONS v

    LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES vii

    INTRODUCTION 1

    PREMIERE PARTIE :CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL 5

    CHAPITRE I : L'ETAT DES LIEUX SUR L'EDUCATION DES FILLES AU BURKINA FASO 6

    CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE, L'INTERET ET LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 10

    II.1.Le constat 10

    II.2.La problématique 11

    II.3. L'intérêt et les objectifs de la recherche 12

    CHAPITRE III : LE CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL 15

    III.1. Les hypothèses de la recherche 15

    III.2.Les indicateurs de vérification des hypothèses 15

    III.2.1. De la première hypothèse 15

    III.2.2. De la deuxième hypothèse 16

    III.2.3. De la troisième hypothèse 16

    III.3. Le cadre conceptuel 17

    III.3.1. Le concept de déperdition scolaire 17

    III.3.2. Le concept de zones périurbaines 18

    III.3.3. Le concept de trajectoire scolaire 19

    III.3.4. Le concept de genre 19

    III.3.5. Le concept de niveau d'instruction ou niveau d'étude 20

    III.3.6. Le concept d'influence 20

    III.3.7. Le concept d'éducation 21

    III.3.8. Le concept de rendement scolaire 22

    III.3.9. Le concept de déterminants socio-économiques 22

    103

    III.3.10. Le concept de ménage à faible revenu 23

    CHAPITRE IV : LA REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE 25

    IV.1.L'impact environnemental comme facteur explicatif du rendement scolaire 25

    IV.2. L'obstacle culturel, comme élément explicatif de la déperdition scolaire 27

    IV.3.La violence scolaire, facteur explicatif de la déperdition scolaire 29

    IV.4.Les représentations sociales de l'école, élément explicatif de la déperdition scolaire 30

    IV.5.Les conditions d'étude et de vie comme obstacle à la survie scolaire des filles 32

    IV.6. Le problème de l'intelligence scolaire et de l'environnement familial 35

    IV.7. La spécificité de l'individu comme facteur explicatif de la réussite ou de l'échec scolaire. 37

    V. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 39

    V.1.Contexte général de création de la commune de la commune rurale de Saaba 39

    V.2.Situation géographique et administrative de la commune rurale de Saaba 39

    V.3.Les mouvements migratoires vers la commune rurale de Saaba 41

    V.4.La problématique de l'influence urbaine 41

    V.5. Education dans la commune rurale de Saaba 42

    DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE 44

    CHAPITRE I : CADRE METHODOLOGIQUE DE RECHERCHE 45

    I. LES METHODES, TECHNIQUES DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES DONNEES 45

    I.1.La méthode quantitative 46

    I.2.La méthode qualitative 46

    I.3.Le milieu et la population de l'étude 47

    I.4.L'échantillonnage 47

    I.5.La méthode de collecte de données 52

    I.6.Le mode de saisie et de traitement des données 53

    I.7. Le déroulement de l'enquête 54

    I.8.Les difficultés rencontrées 54

    CHAPITRE II : LA PRESENTATION DES DONNEES DE L'ENQUETE 56

    II.1. LA PRESENTATION GLOBALE DES RESULTATS 56

    II.1.1. La situation socio-économique et éducative des filles 57

    II.1.2.L'utilisation du temps des filles ayant des parents analphabètes dans les activités socio-économiques

    et domestiques 70

    II.1.3. Le degré d'implication des parents analphabètes dans la vie scolaire de leurs filles 72

    II.1.4. Les conditions de vie et d'étude des filles sous tutorat 75

    CHAPITRE III : L'ANALYSE DES DONNEES ET LA VALIDATION DES HYPOTHESES 78

    104

    III.1. L'analyse et interprétation des données 78

    III.1.1.La relation niveau d'instruction des parents et participation des filles aux activités socio-économiques

    et domestiques 78

    III.1.2.La relation niveau d'instruction des parents et intérêt accordé à la vie scolaire des filles 80

    III.1.3. L'état de participation des filles sous tutorat aux activités domestiques de la famille d'accueil 82

    III.2. L'ANALYSE SPECIFIQUE DES RESULTATS 85

    III.2.La validation des hypothèses de la recherche 86

    CHAPITRE IV : LES SUGGESTIONS ET LES RECOMMANDATIONS 89

    IV.1. QUELQUES POLITIQUES ET ACTIONS INCITATIVES EN FAVEUR DE L'EDUCATION DES FILLES AU BURKINA

    FASO 89

    IV.2. LES SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE SCOLARISATION DES FILLES 91

    IV.2.1.Des parents d'élèves 91

    IV.2.2. Des enseignants et autres personnels de l'éducation 92

    IV.2.3. Des décideurs politiques et partenaires de l'éducation 93

    CONCLUSION 99

    ANNEXE x

    105

    A~~EXES

    X

    xi

    QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX ELEVES FILLES DES LYCEES ET COLLEGES DE
    LA COMMUNE RURALE DE SAABA

    Identification

    1- Nom de l'établissement

    2- Classe fréquentée :

    3-Age

    :

    4-Profession du père :

    5-Profession de la mère :

    6-Vis-tu avec un Tuteur/Tutrice ? OUI NON

    7-Lieu de résidence : Secteur:/ / Quartier non lotis: / /

    8-Situation matrimoniale des parents : Célibataire/ .. / Monogame/ .. /

    Polygame/ .. / Veuf /Veuve/ .. / Divorcé /Séparé/ .. /
    9-Niveau d'instruction des parents :

    9a-Père : Analphabète/ .. /Primaire/ .. /Secondaire/ .. /Supérieur/ .. /

    9b-Mère : Analphabète/ .. /Primaire/ .. /Secondaire/ .. /Supérieur/ .. /

    9c- Quelle est l'activité principale de ton tuteur/tutrice ?
    10-Combien de personnes dans la famille ?:

    11-Combien de frères qui sont à l'école ? :

    12-Combien de soeurs qui sont à l'école ? :

    13- Combien y'a-t-il de filles sous tutorat dans la famille où tu vis ? :

    14- Combien d'entre elles sont à l'école ?

    DONNEES SOCIO ECONOMIQUES

    15-Quelle distance sépare ton domicile de l'école ? : Km

    16-Quel moyen de locomotion utilises-tu pour te rendre à l'école ?

    17-Combien de temps mets-tu pour te rendre à l'école ? Minutes

    18-Arrives-tu des fois en retard en classe ? OUI .NON
    19- Quelles sont les raisons principales de ces retards ?

    xii

    20-On t'a déjà retiré des points pour absence, retard, indiscipline ? OUI .NON

    20a-Si OUI, combien de points de soustrait ? points

    21-Ces soustractions de points t'ont il empêcher d'avoir la moyenne?

    OUI .NON

    22-Restes-tu à midi à l'école en attendant la reprise à 15 heures : OUI .NON
    22a- Pourquoi faire ?

    23-Où déjeunes-tu à midi ?

    24-Prends-tu un gouter à la recréation ? OUI . NON
    25-Qui assure tes dépenses scolaires ?

    25a-Père / /

    25b-Mère / /

    25c-Père et Mère / /

    25d-Tuteur / /

    25e-Parrain/Marraine / /

    25f-ONG, préciser / /

    25g-Moi-même (travail personnel) / /

    LA VIE SCOLAIRE DES ELEVES FILLES

    26-As-tu déjà ?

    Redoublé

    : OUI/

    / NON /

    .. /

    Nombre de fois

    / /

    Abandonné

    : OUI/

    / NON /

    .. /

    Nombre de fois

    / /

    Eté exclue

    : OUI/

    / NON /

    .. /

    Nombre de fois

    / /

    27-T'arrives-tu d'être en retard ? OUI/ / NON / .. /

    27a-Si oui, pour quelle raison ?

    28-T'arrives tu de manquer un devoir OUI/ / NON / .. /

    28a-Si oui, pour quelles raison ?

    29- T'arrives tu de manquer une journée et plus de cours OUI/ / NON / .. /

    29a-Si oui, pour quelles raison ?

    30-As-tu assez de temps libre les soirs pour réviser tes leçons ?

    OUI/ / NON / .. /

    30a-Si non, qu'est ce qui t'en empêche ?

    31-Où étudies-tu les soirs ?à la maison/..... /au bord de la route/..... /chez les voisins/ / à

    l'école/ /sous les lampadaires/ /

    32-As-tu suffisamment de temps pour réviser tes cours les soirs ?

    OUI/ / NON / .. /

    33-Tes parents/Tuteurs t'obligent t ils à réviser tes leçons ? OUI/ / NON / .. /

    34-Tes parents s'intéressent-ils à tes résultats scolaires ? OUI/ / NON / .. /
    35-Reçois-tu du soutien de tes parents dans le cadre de tes études ?

    OUI/.../ NON / .. /

    36-Quelle est la nature du soutien que tu reçois ?

    -Morales/ /Matériels/ /Financiers/ /

    -Autres, à

    préciser

    37- Qui te soutient le plus dans tes études ?

    -Père/ /Mère/ /Frères /Soeurs/ /Tuteur/ /

    xiii

    -Autres, à

    préciser

    38- Pense tu que le soutient que tu reçois est-il nécessaire dans ta vie scolaire ?

    38a-Si oui,

    comment ?

    38b-Si non comment ?

    39- Parles-tu Français à la maison ? OUI/ / NON / .. /

    40- Regardes tu la Télé les soirs à la maison : OUI/ / NON / .. /
    41-Que penses-tu de la scolarité des filles ?

    42-Que pense de la poursuite des études des filles ?

    43-Selon, toi à quel niveau d'étude les filles devraient arrêter l'école ?

    Post primaire/ /Secondaire/ /Supérieur/ /

    43a-Pour quelles raisons ?

    44-Connais-tu une fille qui a abandonné les études ? OUI/ / NON / .. /

    44a-Si OUI, quelle était la raison principale de leur abandon ?

    CONDITIONS DE VIE EXTRA SCOLAIRE

    xiv

    45-Que fais-tu en dehors des heures de classe ?

    1) Activités commerciales (aide à la vente de marchandises...) / /

    2) Activités domestiques (corvées d'eau, cuisine, garde des enfants...)/ /

    3) Activités scolaires (révisions, exercices...) / /
    46-Combien de temps réserves-tu à ces différentes activités par jour ?

    Activités

    Temps réservé en Heures ou Minutes

    Activités commerciales (aide à la vente de marchandises...)

     

    Activités domestiques (corvées d'eau, cuisine, garde des enfants...)

     

    Activités scolaires (révisions, exercices...)

     

    47-Comment tes parents apprécient votre participation à ces différentes activités ?

    Positif / / Négatif/ /

    48-Comment apprécies-tu l'impact de ces activités sur ton rendement scolaire ?

    49-Tes frères participent t- ils aux activités domestiques ou commerciales de la famille au même

    titre que toi ? OUI/ / NON / .. /

    50-Penses-tu qu'il existe des taches spécifiquement féminine ? OUI/ / NON / .. /
    50a-Si OUI, lesquelles ?

    51-T'arrives-tu d'être en retard ou absente à un cours à cause d'une activité domestique ou

    commerciale ? OUI/ / NON / .. /

    52-Combien de temps (heures ou minutes) réserves-tu à ces différentes activités en dehors des heures des heures de cours/jour ? :

    xv

    Activités

    Avant les cours

    Apres les cours

    Les

    weekends

    La vaisselle/ Lessive

     
     
     

    Nettoyage de la cour

     
     
     

    La garde des enfants

     
     
     

    Vente d'aliments, mets divers...

     
     
     

    La cuisine

     
     
     

    Corvées d'eau

     
     
     

    53-Exerces-tu une activité commerciale pendant les vacances ou congés ?

    OUI......NON ..

    54-Que fais-tu de l'argent que tu as pu économiser de ton activité commerciale ?

    Payer ma scolarité/ /Payer mes fournitures/ /Payer mon loyer /..../Aider les parents

    dans les dépenses scolaires/ /Payer habillements/ /Aider mon tuteur dans ses

    dépenses/ /

    55-Comment apprécies-tu tes conditions d'études par rapport à celle des garçons ?

    Moins bonne/ /Passable/ /Bonne/ /Meilleure/ /

    56-Quelles solutions préconises-tu pour permettre aux filles de travailler dans des bonnes

    conditions?

    57-Reçois-tu un encadrement scolaire à la maison (répétiteur, professeur de maison...)

    OUI......NON

    58-Peux-tu estimer le temps (en heure ou minute) réservé à ces différentes rubriques par jour ?

    Activités

    Avant les
    cours

    Apres les cours

    Les

    weekends

    xvi

    Révisions

    Exercices

    Distraction

    xvii

    QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX PARENTS D'ELEVES DES LYCEE ET COLLEGES DE LA COMMUNE DE SAABA

    Questionnaire N°
    Identification

    1-Sexe : Homme / .. / Femme/ .. /
    2-Age : / /

    3-Situation matrimoniale : Célibataire/ .. / Monogame/ .. / Polygame/ .. /

    Veuf /Veuve/ .. / Divorcé /Séparé/ .. /

    4-Niveau d'instruction :

    Analphabète/ .. /Primaire/ .. /Secondaire/ .. /Supérieur/ .. /
    5-Profession :

    6-Nombre d'enfants : / .. /

    7-Nombre d'enfants scolarisés : / .. /

    8-Nombre d'enfants non scolarisés : / .. /

    9-Combien de filles au lycée ou collège : / .. /

    10-Combien de ces filles ont déjà redoublé au collège ou au lycée ? : / .. /
    10a-Pour quelles raisons ?

    11-Combien de ces filles ont déjà été exclues au collège ou au lycée : / .. /

    11a-Pour quelles raisons ?

    12-Êtes-vous à jours vis-à-vis de la scolarité et des fournitures de vos enfants ? OUI/ /

    NON / .. /

    13-Etes-vous le tuteur /tutrice d'une fille qui fréquente ? OUI/ / NON / .. /

    xviii

    14-Si OUI, qui prend en charge ses dépenses scolaires ?:Moi-même / .. /ses parents

    biologiques / .. /Parrains /Marraines / .. /Elle-même / .. /

    15-La fille sous tutorat participe-t-elle aux activités domestiques et économiques du

    ménage?OUI/ / NON / .. /

    15a-Si OUI, à quelle fréquence ?Rarement/ ... /Fréquemment/ .... / Très fréquemment/ /

    16-Pensez-vous que les activités domestiques et économiques ont un impact sur le rendement

    scolaire de ces filles ? OUI/ / NON / .. /
    16a-Si OUI, comment ?

    17-Êtes-vous membre du bureau APE ? OUI/ / NON / .. /

    18-Participez-vous aux différentes rencontres de l'APE ? OUI/ / NON / .. /
    18-Que pensez-vous de la scolarisation desfilles ?

    19-Que pensez-vous de la poursuite des études des filles ?

    20-Selon, vous à quel niveau d'étude les filles devraient arrêter l'école ?

    20a-Primaire / /Post primaire/ /Secondaire/ /Supérieur/ /

    xix

    20b-Pour quelles raisons ?

    21-Entre la scolarisation des filles et celle des garçons, qu'elle est votre préférence ?

    Celle des filles/ /Celle des garçons/ /Même préférence pour les deux sexes/ /

    22-Qu'est ce qui explique selon vous le faible rendement scolaire des filles par rapport à celui des garçons ?

    23-Quelles solutions préconisez-vous pour pallier au phénomène de la déperdition scolaire des filles ?

    Je vous remercie

    QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHEFS D'ETABLISSEMENT

    xx

    (PUBLIQUES ET PRIVES) DE LA COMMUNE RURALE DE SAABA

    Questionnaire N°

    IDENTIFICATION DE L'ETABLISSEMENT

    NOM DE L'ETABLISSEMENT .

    STATUT D'ETABLISSEMENT : Publique:/_____/Privé:/ /Semi privé:/ /
    Date d'ouverture de l'établissement : Profession du Fondateur de l'Etablissement si Privé et Semi privé :

    NOMBRE DE CLASSE :Année Scolaire 2012-2013

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    nombre

     
     
     
     
     
     
     

    STATUT DES ELEVES FILLES PAR CLASSE : Année Scolaire 2012-2013

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Effectifs des filles

     
     
     
     
     
     
     

    Promues

     
     
     
     
     
     
     

    Redoublantes

     
     
     
     
     
     
     

    SITUATION DES ELEVES FILLES PAR CLASSE : Année Scolaire 2011-2012

    Classe

    6e

    5e

    4e

    3e

    2nde

    1ere

    Tle

    Exclues

     
     
     
     
     
     
     

    Abandons

     
     
     
     
     
     
     

    xxi

    Quel est le genre qui est le plus en difficulté d'apprentissage dans votre établissement ?

    Les garçons .les filles

    Qu'est ce qui explique selon vous le taux élevé de redoublant chez les filles au post primaire et au secondaire ?

    Qu'est ce qui explique selon vous le taux élevé des abandons chez les filles au post primaire et au secondaire ?

    Qu'est ce qui explique selon vous le taux élevé des exclusions chez les filles au post primaire et au secondaire ?

    Quelles solutions pour pallier ces facteurs favorisant la déperdition scolaire chez les filles ?

    Pensez-vous que l'origine familiale des filles à un lien sur leur rendement scolaire ?

    OUI/ / NON / .. /

    Pensez-vous que les corvées domestiques et commerciales des filles influencent leurs rendements

    scolaires ? OUI/ / NON / .. /

    Si OUI, comment ?

    Pensez-vous que les parents d'élèves s'impliquent suffisamment dans l'éducation des filles ?

    OUI/ / NON / .. /

    Si OUI, comment ?

    xxii

    Si NON, comment ?

    Votre établissement dispose-t-il d'une bibliothèque ? OUI/ / NON / .. /

    Comment juger vous sa fréquentation par les filles ? Faible/ .. /Passable / .. /Forte/

    .. /

    Existe-t-il dans votre établissement une méthode incitative d'apprentissage pour les filles ? (prix

    d'excellence...) OUI/ / NON / .. /

    Pensez-vous que certaines pratiques de certains enseignant(e)s entretiennent des comportements qui sont de nature à favoriser la déperdition scolaires des élèves en général, et des filles en particulier ?

    OUI/ / NON / .. /

    Si OUI, pouvez-vous nous en citer ?

    Selon vous, quelles sont les conditions d'étude des filles sous tutorat ? Mauvaises/

    /Acceptable / .. /Assez bien / .. /Bonne / .. /

    Êtes-vous le tuteur d'une fille ? OUI/ / NON / .. /

    Si OUI, quel est son rendement scolaire ?

    Pensez-vous que les filles sous tutorat travaillent plus au détriment de leur scolarité ?

    OUI/ / NON / .. /

    Des parents d'élèves vous approche-t-il pour s'imprégner des résultats scolaire et conduite de leurs

    filles ? OUI/ / NON / .. /

    Si Oui, quelle est la couche socio professionnelle la plus fréquente ?

    xxiii

    Quelles recommandations pour une meilleure scolarité des filles de milieux modestes (pauvres) en générale, et celle vivant sous tutorat en particulier ?

    Au niveau des parents ?

    Au niveau du corps professoral ?

    Au niveau du politique ?

    Votre commentaire en tant que père ou mère de famille sur la situation scolaire des filles sous tutorat et celles vivant dans des situations de précarité et de pauvreté.

    Qu'est-ce que l'établissement propose pour venir en aide à ces filles en situation difficile ?

    xxiv

    Je vous remercie






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus