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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

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par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

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IV.5.Les conditions d'étude et de vie comme obstacle à la survie scolaire des filles

OUATTARA Maimouna (2011) dans « la problématique du maintien des filles dans l'enseignement secondaire au Burkina Faso : état des lieux et efficacité de la politique en la matière, cas de la province du Kadiogo », met en lumière les facteurs principaux de la déperdition qui sont entre autres :

-la mauvaise gestion de la sexualité, la pauvreté, la situation précaire des parents ou de la famille.

-concernant l'accès des filles à l'école, les principaux motifs pour OUATTARA restent les pesanteurs socio-culturelles, l'insuffisance de l'offre éducative et le manque de moyens financiers.

Quant à la performance des filles par rapport à celle des garçons, l'auteur remarque que la performance des filles est en deçà de celle des garçons. Les mobiles de cette contre-performance restent : le manque de confiance en soi, le manque d'infrastructure, l'éloignement géographique.

Les différentes raisons expliquant la difficulté du maintien des filles dans le système scolaire émises par l'auteur nous paraissent intéressantes dans la mesure où elles nous permettent de comprendre un pan du problème. La prise en compte de l'impact des corvées domestiques et leur participation à la vie économique nous parait nécessaire dans la maitrise du phénomène de la déperdition chez les filles.

Comme pour compléter le précédent mémoire de OUATTARA, Marc PILON dans « confiage scolaire en Afrique de l'ouest »(2003), fait une importante communication sur les conditions de scolarisation des filles sous tutorat en ville. La question de confiage scolaire en Afrique est ambivalente et complexe. Si le confiage est considéré dans d'autres circonstances comme moyen efficace de promotion de la scolarisation pour certains élèves, il constitue pour d'autres une pratique entravant voire annihilant les efforts de scolarisation. Bon nombre d'élèves filles abandonnent les classes sous le poids des activités domestiques. Pour lui, la situation de confiage des filles devant permettre la scolarisation n'est pas toujours celle que l'on croit ; des problèmes peuvent survenir dans le déroulement de sa scolarité. Il est à noter que la nature du confiage va dépendre de la nature des rapports entre la famille d'origine de l'enfant et sa famille d'accueil d'une part, entre l'enfant lui-même et cette famille d'autre part. Une analyse de la situation des élèves sous tutorat laisse voir que, plus l'implication financière de la famille d'origine de l'enfant est faible, l'enfant confié aura un risque de traitement défavorable. On attendra de l'enfant qu'il effectue un certain nombre de tâches domestiques (lavage de vaisselle et vêtements, transport d'eau, garde des enfants et malades, courses diverses...),ou même contribuer à certaines activités productives ou commerciales du ménage (PILON,2003).Sous prétexte que ces enfants reçoivent une éducation voire une socialisation, ces traitements ne peuvent qu'avoir une influence négative sur leur performance scolaire(VANDERMEESH,2000).Leur risque de redoubler, d'échouer et d'abandonner s'avère plus

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élevé lorsque les charges domestiques deviennent plus importantes. L'école et le travail entretiennent des relations ambivalentes. L'école elle-même peut pousser des enfants vers le monde du travail : la mauvaise qualité et l'inefficacité du système éducatif, à travers les échecs, les abandons et les exclusions scolaires, contribuent à la mise au travail des enfants, surtout les plus âgés. Cette réalité est valable aussi bien pour les garçons que pour les filles sous tutorat. Mais elle est beaucoup plus accrue chez les filles, davantage sollicitées pour les travaux domestiques. Le confiage, tel pratiqué dans certains ménages citadins peuvent être source de « souffrance psychologique » pour l'enfant car il ne met pas l'enfant à l'abri de l'abus, de mauvais traitements et d'autres formes d'exploitation qui peuvent conduire inexorablement les enfants à l'échec scolaire et à l'abandon. A ce propos CHARMES, (1993), a observé chez les « déflatés » de Cotonou au début des années 1990, que les enfants les plus vulnérables à une déscolarisation étaient les enfants sous tutorat, et surtout les filles.

Laure ZONGO dans la « scolarisation des filles dans les zones périphériques de Ouagadougou : droit et accès à l'éducation »(2004) dépeint d'une manière particulière la survie scolaire des filles dans les zones périphériques de la ville de Ouagadougou. Elle soutient que la discrimination dont font l'objet les filles est souvent justifiée par les parents qui prétextent que les garçons sont les premiers héritiers de la famille, tandis que les filles, futures épouses appartiendraient à la famille de leurs époux. A cela s'ajoutent les causes diverses de la déscolarisation des filles qui sont entre autres : les mariages précoces, les grossesses indésirables et précoces, le harcèlement sexuel de la part des éducateurs, le poids des travaux domestiques...Les filles, même si elles se maintiennent à l'école n'ont pas les mêmes marges de manoeuvre que les garçons de repasser leurs leçons après l'école. Elles sont contraintes d'aider dans les travaux domestiques. A ces différents facteurs de déscolarisation des filles s'ajoute l'extrême pauvreté des parents qui arrivent à peine à supporter les dépenses de scolarisation. Face à une situation de précarité des ménages à supporter les dépenses de tous les enfants, la plupart des parents opèrent un choix de scolarisation en défaveur de la jeune fille. Pour ZONGO, bien qu'à Ouagadougou le taux de scolarisation au primaire et au secondaire soit élevé, avec des infrastructures en abondance, on observe des écarts de scolarisation et une déperdition importante en fonction des zones de résidence. Les anciens quartiers sont favorables à la scolarisation et au maintien au détriment de la périphérie qui est faiblement doté en infrastructures éducatives de base. Même s'il existe des infrastructures, elles sont inaccessibles aux ménages à faibles revenus. Les quartiers périphériques constituent également les zones d'implantation des populations issues de l'exode rurale, donc très pauvres. Cette extrême pauvreté amène les parents à opérer des choix stratégiques de lutte pour la survie au détriment de la scolarisation et du maintien de leur progéniture dans le système éducatif.

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Laure ZONGO avance que le secteur des travaux domestiques est très souvent alimenté par des filles qui résident en périphérie. Les fonctionnaires et ménages en quête d'aides familiales se tournent généralement vers les quartiers périphériques comme Tampouy, Pissy, Nonsin, Zagtoulli, Bendogo, Saaba etc. Cette forte demande en domestiques ou gouvernantes a pour conséquence immédiate l'abandon scolaire ou l'incitation à la déscolarisation des filles scolarisées.

Stephanie BAUX dans « les inégalités face à l'école au Burkina Faso : analyse comparative des déterminants de la scolarisation en milieu urbain, semi urbain et rural », dirigée par Marc PILON et Komla LOPKO, a tenté de faire une analyse des inégalités face à l'école dans différentes zones et situé les responsabilités des différents acteurs intervenant dans l'éducation. Il ressort que les représentations construites autour de l'école ne sont pas de nature à favoriser l'essor de l'éducation des filles. A ces représentations s'ajoutent les facteurs économiques, sociaux, familiaux, et culturels qui sont de nature à faire obstruction au parcours scolaire des élèves.

Komla LOPKO, dans « Conditions socio-économiques et rendement scolaire des élèves sous tutorat à Ouagadougou : une approche des relations entre la famille « tutorale » et les résultats à l'école, traite de la situation des élèves vivant dans les familles d'accueil dans le cadre de leur scolarité et rendement scolaire. Le rendement scolaire de ces derniers est moins reluisant à cause des charges domestiques qui prennent le dessus sur la fonction éducative.

A Ouagadougou, le placement des élèves auprès d'un parent ou dans une famille d'accueil est une pratique sociale assez répandue. Cette pratique sociale est exacerbée par la pauvreté des parents à dominance agriculteurs et la crise du logement qui prévaut dans la capitale. Aussi, cette ruée des élèves vers la capitale s'explique en partie par l'attrait de la ville sur son « arrière monde » et l'espoir de recevoir une éducation de qualité dans les établissements de la capitale. Ce placement auprès des tuteurs n'est pas sans conséquences sur la survie scolaire de l'élève. En effet, la vie dans la famille d'accueil est régie par une certaine organisation sociale fonctionnant avec des normes préétablies et qui s'impose à tous .C'est le tuteur qui oriente les rapports au sein de son microcosme familial, mais les autres membres du ménage ont une certaine autorité sur l'élève accueilli. L'élève peut mieux se sentir si les différents traitements qu'il reçoit sont proportionnels à celui que reçoivent les autres élèves du ménage. La nature de cette relation est un élément décisif et déterminera sa fréquentation scolaire et ses performances académiques.

Pour le cas précis de la ville de Ouagadougou, Stéphanie BAUX pense que les zones périphériques disposent d'une offre éducative insuffisante au regard du nombre important des élèves. Les écoles dans ces quartiers périphériques sont détenues par le privé et inaccessibles aux ménages vulnérables. A cela s'ajoute le problème de la distance que les élèves doivent parcourir quotidiennement pour rejoindre les écoles publiques. La pertinence de cette étude n'est plus à

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démontrer mais sa généralisation au post primaire et au secondaire nous permettrait de comprendre la situation des filles. Les effets des conditions socio-économiques des familles sur les pratiques scolaires ne sont pas pris en compte dans cette étude.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon