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Emancipation et représentations sexuées des femmes dans le système fédéral du tennis français

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par Baptiste Jalleau
Université Paris-Est Créteil - Licence STAPS Management du Sport 2013
  

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Université de Créteil Paris-Est - Val de Marnes

Département STAPS Management du Sport

IUT Sénart

- Mémoire de recherche -

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Emancipation et représentations sexuées des femmes dans le système fédéral du tennis français

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Baptiste JALLEAU

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Diplôme préparé : Licence STAPS Management du Sport

Directrice de mémoire : Rozenn MARTINOIA

Année universitaire 2012-2013

Remerciements

Je tiens à remercier l'ensemble des personnes qui se sont rendues disponibles pour que mon travail soit le plus complet possible, en particulier Emmanuel DINELLI, directeur sportif au sein de l'association Cercle Tennistique de Draveil, Thomas LEONETTI, entraineur fédéral au sein de la ligue de l'Essonne, Olivier THOREL et Marc MICHAUDEL, tous deux entraineurs de ligue au sein de la ligue de l'Essonne, et Romain WATTRE, entraineur au Cercle Tennistique de Draveil.

Je remercie également ma directrice de mémoire, Rozenn MARTINOIA, pour sa disponibilité, ses remarques et ses encouragements tout au long de la rédaction du mémoire.

Sommaire

Sommaire .............................................................................................. p. 02

Introduction .............................................................................................. p. 03

Titre I) Contextualisation ..................................................................................................... p. 06

Chapitre 1 - Le rôle de la pratique féminine du sport dans les modifications de représentation des femmes depuis les années 1970................................................... p. 06

I/ Les évolutions concernant les pratiques sportives................................................... p. 06

II/ Les facteurs d'évolution des pratiques sportives.................................................... p. 14

III/ Le genre : une explication des différences sexuées................................................ p. 15

Chapitre 2 - La place des femmes dans le système fédéral du tennis français............... p. 22

I/ Les évolutions de la pratique féminine du tennis..................................................... p. 22

II/ La place actuelle des femmes dans le tennis.......................................................... p. 25

Conclusion du Titre I....................................................................................... p. 29

Titre II) Discours et représentations de la Fédération Française de Tennis................... p. 30

Chapitre 1 - Comment la FFT communique-t-elle à propos des pratiquantes féminines ?

..................................................................................................................................................... p. 30

Chapitre 2 - Quelles représentations des femmes dans le tennis féminin français ?.......... p. 34

I/ A travers les discours de la FFT......................................................................... p. 35

II/ A travers les pratiques autour de la pédagogie........................................................ p. 36

Conclusion du Titre II...................................................................................... p. 38

Titre III) Méthodologie et analyse des observations de terrain............................................ p. 40

Chapitre 1 - La méthodologie de l'observation...................................................................... p. 40

Chapitre 2 - Existe-t-il des différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes ?............................................................. p. 43

I/ Observation des « loisirs sérieux »........................................................................................... p. 43

II/ Observations des loisirs traditionnels..................................................................................... p. 47

Conclusion du Titre III............................................................................................................. p. 50

Tables des matières..................................................................................................................... p. 51

Bibliographie.............................................................................................................................. p. 52

Annexes...................................................................................................................................... p. 54

Introduction

Dans le cadre du sport que je pratique et du stage de fin de licence effectué cette année, je me suis intéressé au tennis féminin. J'ai pu observer les entraînements du centre de ligue avec les jeunes du pôle espoir, ce qui m'a permis de mener une enquête sur l'attitude des enseignants en fonction des sexes à deux niveaux de pratique : le loisir traditionnel et le loisir sérieux avec des sportifs de haut-niveau.

La ligue de l'Essonne, régie par la loi des associations de 1901, a pour objectifs de former des jeunes et de les aider à mener à bien leurs projets professionnels dans le monde du tennis de haut niveau. La ligue est aussi et surtout le centre de coordination et d'organisation des quelques 149 clubs référencés et affiliés à la Fédération Française de Tennis sur le département de l'Essonne. Si la plupart des intervenants sont bénévoles (comité de direction et commissions), la ligue compte aussi plusieurs salariés parmi lesquels nous retrouvons l'équipe technique (le conseiller technique régional et les enseignants) composée de 7 personnes, et l'équipe administrative avec un directeur, un conseiller en développement, un chargé de communication, une secrétaire, un comptable, et un responsable des équipements.

Mon choix concernant le sujet de mon mémoire s'est rapidement porté sur le tennis. Etant moi-même pratiquant depuis une quinzaine d'années et enseignant initiateur depuis cinq ans, ce sport constitue une grande passion pour moi. Je porte un intérêt particulier au fonctionnement et à l'organisation du tennis au niveau associatif et fédéral depuis quelques années, ceci m'ayant même encourager à suivre des études dans le Management du Sport. Au sein de mon club, le Cercle Tennistique de Draveil, je me suis rapidement intégrer à l'équipe pédagogique (dès l'âge de 14 ans) afin d'aider au développement de l'association avec les moyens que l'on me permet. Au départ, je souhaitais orienter le sujet de mon mémoire sur les liens apparaissant entre les mesures pédagogiques édictées par la FFT et celles réellement mises en place sur le terrain par les enseignants, en exprimant les limites et les voies de développement envisageables. Après avoir pris contact avec ma directrice de mémoire, je me suis rendu compte que le sujet était assez vaste et difficilement exploitable. J'ai donc décidé de travailler sur le tennis féminin, axe majeur de développement de la Fédération Française de Tennis depuis dix ans. De nombreuses actions sont mises en place par la fédération pour développer le tennis féminin, et celui-ci représente de manière infaillible « l'avenir » de la politique sportive fédérale.

Il y avait plusieurs façons d'aborder le tennis féminin, j'ai fais le choix d'adopter une méthode de travail avec des éléments sociologiques. Ma problématique est « Quelles sont les représentations sexuées des femmes dans le tennis féminin français ? ».

Le plan du mémoire qui va suivre a largement été modifié tout au long du travail. En finalité, j'ai fais le choix d'accorder une place importante à la contextualisation générale du sujet, celle-ci me paraissant primordiale pour comprendre les notions de représentation sexuée et de genre. Le centrage spécifique au monde du tennis n'est arrivé qu'ensuite. Mon plan est conçu en trois titres liés par notre ligne directrice : la place des femmes dans le tennis et le sport en générale, d'un point de vue sociologique, mais distincts dans leurs fonctions. Pour une question pratique, j'ai synthétisé à la fin de chaque titre les différentes parties travaillées. Ainsi, une lecture brève des conclusions peut permettre de cerner rapidement le sujet. Les nombreuses lectures et l'acheminement de la rédaction m'ont amené à modifier parfois en profondeurs certains aspects du sujet, il a été long et difficile de parfaitement cerner les contours de mon travail sans m'égarer sur des points externes à notre intérêt.

Avant de tenter de répondre à la problématique, il a été important de définir les termes. Le premier titre consacré à une large contextualisation, nous a permis de le faire. A la demande de ma directrice de mémoire, les titres de mon plan détaillé devaient être formulés sous forme de questions afin de maintenir le fil conducteur du mémoire. Le titre I a été construit en deux chapitres. Au départ je me suis posé la question de savoir quel était le rôle de la pratique féminine du sport dans les modifications de représentation historiques des femmes depuis les années 1970. Pour y répondre, je me suis intéressé aux évolutions concernant les pratiques sportives, ainsi qu'aux facteurs d'évolution de celles-ci. Ensuite, la question du genre et des différences sexuées a été abordée de la manière la plus précise possible. Après m'être centré sur la pratique du sport d'une manière générale, j'ai tenté de revenir sur la pratique féminine du tennis en étudiant la place des femmes dans le système fédéral français. Là encore, les évolutions de pratique et la place actuelle, aussi bien en tant qu'actrices que pratiquantes ont été abordées.

Le deuxième titre a été consacré aux discours de la Fédération Française de tennis, l'aspect « communication » a largement été abordé. J'ai essayé de comprendre et d'analyser comment la FFT communique à propos de ses pratiquantes dans le mesure où elle cherche à développer le tennis féminin sur le territoire national. Différents outils sont ainsi détaillés d'un regard extérieur et analytique.

J'ai ensuite rejoint le fil conducteur du mémoire en positionnant la représentation des femmes dans le tennis féminin français à travers la communication faite par la fédération. Ainsi, l'analyse des discours et des mesures pédagogiques a permis de faire le lien. Cette partie a subit de nombreuses modifications, car bien trop descriptive au départ. Les documents sur lesquels je me suis appuyés n'étaient pas très nombreux mais particulièrement précis. Il m'a donc fallu synthétiser de la manière la plus neutre possible ceux-ci pour rester dans le cadre de mon sujet.

Le troisième et dernier titre comprend l'enquête du mémoire. J'ai été confronté à de nombreuses difficultés dans l'acheminement de cette partie, des difficultés sur lesquelles nous reviendrons dans une première sous-partie consacrée à la méthodologie de l'observation. Plusieurs questions m'ont intéressé. Le temps et les moyens ne m'ont pas permis d'aborder tout ce que j'aurais souhaité, néanmoins j'ai pu aborder la question de l'attitude des enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes. Au départ, j'ai fais le choix de travailler sur une enquête quantitative : le contexte de mon stage à la ligue de l'Essonne et les cours de Renaud Laporte m'ont encouragé sur cette voie. Après réflexion avec ma directrice de mémoire, cette méthode n'était en réalité pas adaptée à mon questionnement. Je me suis donc attelé à travailler sur une enquête qualitative basée sur l'observation à partir de critères prédéfinis. Un travail important mené en amont sur la définition de critères précis et viables, a permis d'obtenir des observations de terrain exploitables dans le cadre de notre question sur les attitudes. Il m'a fallu ensuite retranscrire de manière la plus précise possible les points intéressants observés et établir des liens avec le discours et les mesures de la Fédération Française de Tennis vu en Titre II. Pour produire un travail correct, j'ai essayé de m'inspirer de lectures relatives à la méthodologie d'enquête.

Titre I) Contextualisation

Pour contextualiser les choses, il me semble important d'étudier deux vues différentes ; dans un premier temps une vue générale (le sport et les femmes) en partant sur un questionnement quantitatif et qualitatif tel que « comment a évolué la pratique sportive féminine depuis 1970 ? ». Dans un second temps, il s'agit de centrer l'étude sur une vue plus précise, celle qui correspond au fondement de notre sujet : le tennis et les femmes. Notre questionnement porte sur l'évolution de la pratique féminine du tennis, aussi bien d'un point de vu qualitatif que quantitatif.

Chapitre 1 - Le rôle de la pratique féminine du sport dans les modifications de représentation des femmes depuis les années 1970

Ce premier chapitre nous donnera l'occasion de revenir sur les évolutions des pratiques sportives féminines aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif, qui de manière globale nous aidera à comprendre les questions portant sur le genre sexué et les inégalités qui en découlent. Le travail mené dans ce chapitre se concentre sur le monde sportif. L'étude générale du sport menée en amont semble essentielle dès lors que l'on souhaite aborder la question du genre sexué sur un secteur spécifique comme le tennis.

I/ Les évolutions concernant les pratiques sportives

Dans cette première partie, nous traiterons les évolutions concernant la pratique sportive féminine sur un plan global. Dans un premier temps nous introduirons avec les aspects quantitatifs des évolutions observées par le Ministère sur les dernières années. En nous appuyant sur les observations quantitatives, nous reviendrons sur les facteurs qualitatifs des pratiques sportives féminines avec un retour sur l'historiographie relative à notre sujet depuis 1970, aussi bien sur le plan national, qu'international. Cette partie sera consacrée aux changements concernant les pratiques sous la question « comment ? » qui apportera une dimension descriptive.

A- Sur le plan quantitatif

Sur un plan quantitatif, des dispositions sont prises. En effet, des articles concernant l'accès des femmes aux instances dirigeantes sportives apparaissent :

L'article L.121-4 du Code du sport conditionne l'obtention de l'agrément des groupements sportifs à « l'existence de dispositions statutaires garantissant [...] l'égal accès des femmes et des hommes à ses instances dirigeantes ». Désormais le Code du sport s'intéresse aux conditions d'accès sexuées aux instances dirigeantes sportives. L'article dont il est question ici, permet l'égal accès des femmes et des hommes aux instances dirigeantes dans le monde sportif.

On peut constater que les hommes sont très majoritairement présents sur les postes à responsabilité dans le secteur sportif. Selon une enquête du Cnos/Ups1(*) faîte en 2002, on constate que les postes de présidents sont représentés à 94,8% par les hommes pour seulement 5,2% de femmes. Pour les directeurs techniques nationaux (DTN), l'écart est une fois encore remarquable : 96,2% des postes sont occupés par des hommes, pour seulement 3,8% de femmes. L'article démontre la volonté de palier à ces inégalités très importantes quantifiées, l'objectif étant de rétablir un certain équilibre, inexistant sur les postes de dirigeants dans le secteur sportif. Le Code du Sport, par ses articles parus en 2004, révèle la volonté de l'état de palier aux inégalités hommes/femmes présentes dans le secteur sportif. La mise en place de ces articles dans le Code du Sport, s'avère nécessaire. En ce sens qu'ils s'inscrivent dans le cadre législatif sportif français, incitant et obligeant les fédérations à faire leur possible pour la promotion (dimension de communication) et l'évolution (dimension pédagogique, quantitative, et professionnelle) du sport féminin français. Cela révèle en quelque sorte l'inégalité hommes/femmes portant préjudice à ces dernières, notamment par la volonté de l'état à réagir par la mise en application concrète de textes et d'articles officiels comme ceux présentés précédemment.

D'un point de vue quantitatif, on observe une augmentation remarquable du nombre de pratiquantes sportives en France depuis 2007, au moins proportionnelle à l'augmentation générale de licenciés. Néanmoins, la pratique féminine reste largement minoritaire comparée aux hommes (voir histogramme ci-dessous). La pratique sportive féminine représente 37,3% des licences distribuées en France en 2010 ; 36,2% en 2009 (voir courbe graphique ci-après). Le ministère insiste sur le fait que l'accès des femmes aux formations et aux métiers du sport reste encore insuffisant.

Figure 1 - Histogramme des licenciés sportifs hommes/femmes entre 2007 et 20102(*)

Figure 2 - Courbe graphique du taux de licences sportives féminines entre 2007 et 20103(*)

B- Sur le plan qualitatif

Les chercheurs s'intéressant à l'histoire du sport ont commencé à travailler en faveur des femmes assez tardivement. Ce phénomène reste très contemporain lorsque l'on sait que les premiers travaux en faveur des femmes dans le secteur du sport apparurent au début des années 1970. Des travaux nord-américains, précurseurs dans ce domaine, apparaissent dans les années 1980 plus massivement, ce qui justifie le fait que notre historiographie débutera en 1983. L'histoire du sport, des femmes et du genre a largement été abordée par les Etats-Unis et le Canada, nations pionnières en la matière. L'Allemagne et l'Angleterre suivront par la suite. La France s'y intéressera que plus tard, elle bénéficiera des héritages précédents, ce qui lui permettra la production de travaux de qualité, malgré un retard très conséquent sur l'Amérique du Nord. Les travaux de Bourdieu changent beaucoup de choses dans la deuxième moitié du XXème siècle, il compare la société à un espace de jeu polarisé et définie une homologie entre la distribution sociale des pratiques sportives et l'espace des positions sociales. Ainsi il affirme qu'on ne peut comprendre une position sociale qu'en fonction d'autres positions sociales. La société est basée sur des aspects relationnels, elle se veut constamment évolutive. Un rapprochement avec notre sujet semble inévitable dès lors que l'on considère que la place des femmes dans leur pratique sportive notamment, ne s'aborde qu'en prenant compte de la place des hommes.

Les années 1970 initiatrices du féminisme, puis focus sur la période 1983-1991 :

Dans les années 1970, quelques biographies de sportives, dirigeantes ou éducatrices apparaissent, mais celles-ci demeurent marginales et descriptives, et se limitent à sortir ces femmes de l'ombre sur le plan individuel plus que pour oeuvrer et participer à l'évolution du sport et de ses représentations sociétales aux Etats-Unis. Néanmoins c'est dans ces années que les premières vraies déconstructions sociologiques féministes apparaissent. Les années 1970 représentent le fer de lance des travaux et études qui ont suivi et des évolutions observées, notamment avec les travaux menés sur les rapports sociaux de sexe, le genre. Apparaît le souhait de déconstruire des représentations concernant le masculin et le féminin, même si les travaux et concepts avancés à l'époque ne sont qu'un début... Nancy Struna publie un article en 1984 dans le « Journal of Sport History » où elle appelle à intégrer les apports de l'histoire des femmes au sein de l'histoire du sport. Elle va bien au-delà de simples approches descriptives, elle met en place des analyses critiques en terme de pouvoir, d'inégalité, de conflit et d'identité.

« L'histoire du sport féminin demeure d'abord celle de la lutte des femmes pour la conquête d'un territoire historiquement masculin »4(*). A la fin des années 1980, les relations entre le sport et les femmes sont quasi-systématiquement étudiées avec la médecine. « Là où le sport n'était qu'oppression des femmes, il apparaît désormais aussi source d'émancipation »5(*). Les chercheurs s'aperçoivent que l'expérience acquise par le public féminin varie beaucoup en fonction de la pratique sportive courtisée. Ainsi des travaux apparaissent sur des sports pratiqués par les femmes, mais à connotation masculine, comme les sports mécaniques avec Gertrud Pfister, ou le cyclisme avec Patricia Mark. Entre 1983 et 1991, le sport est étudié à travers ses pratiques, ses institutions et ses discours. Il est étudié et appréhendé dans sa dimension inégalitaire, sa dissymétrie bien présente entre les hommes et les femmes. La domination masculine et l'exclusion des femmes représentent une branche du processus analysé par les chercheurs à cette époque. On y retrouve aussi le « rôle des représentations normatives du corps, la lutte des femmes pour conquérir l'institution sportive et les trajectoires d'excellence (championnes sportives et/ou dirigeantes) »6(*). Une forme de résistance aux courants machistes et misogynes historiques de la culture sportive apparaît dans les années 1980 avec l'insertion professionnelle au sein des UFR Staps en France, des historiens du sport. Des auteurs comme Georges Vigarello, André Rauch ou Pierre Arnaud vont s'intéresser à l'histoire du genre dans le domaine sportif, et produiront des travaux importants. Néanmoins, ce sont des spécialistes femmes de sociologie, de psychologie, et de psychanalyse qui produiront les premiers travaux concernant la question des pratiques sportives féminines en France. « La psychanalyste Françoise Libridy prononcera la première conférence d'une Française dans l'histoire du sport féminin, en 1978, lors d'un congrès de la société internationale d'histoire du sport (HIPSA) tenu à Paris »7(*). Sur la décennie suivante, celle-ci poursuivra ses analyses dans la construction des rôles sociaux et des normalisations corporelles. « Deux thèses de sociologie du sport sont soutenues sur les pratiques physiques des femmes en 1982 et 1986 »8(*). Cela montre que l'intérêt porté aux femmes dans le secteur sportif prend de l'importance en termes de recherches, la considération portée aux femmes dans le sport change, et évolue. A la même période, Catherine Louveau s'impose comme LA spécialiste de la sociologie du sport féminin. Elle se charge du chapitre concernant l'approche sexuée des pratiques dans l'ouvrage de Christian Pociello « Sport et société » en 1984.

Les analyses de Catherine Louveau sont novatrices à plusieurs titres : d'une part elles puisent dans les travaux de Bourdieu et de la sociologie du travail, qui a développé des outils permettant l'interprétation des pratiques féminines ; d'autre part en anticipant sur l'analyse des différences entre les sexes, mise en corrélation avec une étude sur la différenciation sociale des sportives elles-mêmes. Les travaux de Catherine Louveau déboucheront en 1991, sur une véritable sociologie historique du sport féminin dans une synthèse co-signée avec Annick Davisse.

Focus sur la période 1991-2000 :

Dans les années 1990 et 2000, de nombreuses évolutions apparaissent au niveau historiographique sur le plan international, et méthodologique pour le cas français concernant le sport et les femmes. Au début des années 2000 il devient même logique et indispensable d'étudier l'histoire du sport en prenant en compte les facteurs de genre sexué. En 1994, à l'initiative de Pierre Arnaud (historien du sport réputé) et Thierry Terret, avec l'aide d'autres chercheurs concernant la question de la construction et représentation du sport féminin (Catherine Louveau, Gertrud Pfister, Tony Mangan), est prononcée une conférence réunissant 120 participants. Les analyses et les perspectives prononcées s'inscrivaient dans un registre relativement « nouveau » pour l'époque. Les auteurs cités ci-dessus, même s'ils travaillent sur un seul et même sujet (aussi vaste soit-il), ne sont pas en accord sur tous les points. Ainsi « pour Pierre Arnaud, l'histoire du sport féminin révèle une progressive a-sexuation de ses caractéristiques au profit d'une logique de l'efficience motrice, elle est au contraire pour Catherine Louveau l'illustration du conservatoire des identités sexuelles que constitue depuis toujours l'institution sportive »9(*). Cette citation révèle les points de vue divergents obtenus de l'étude historiographique du sport féminin. Pour Pierre Arnaud, le sport s'en va dans une direction où les genres sexués « s'effacent » au profit d'objectifs sportifs privilégiant l'efficience motrice10(*). Catherine Louveau quant à elle, opte une idéologie selon laquelle le sport persiste à asseoir les identités sexuelles, comme il l'a toujours fait. Dans les années 1990 en France, les études et avancées sur le thème que l'on convoite végètent11(*) quelque peu. En effet, seulement une douzaine d'articles paraissent entre 1994 et 199912(*), ceci dû certainement aux divergences en termes de point de vue et d'interprétation entre les auteurs, les amenant sur des chemins différents concernant le sujet de l'histoire du sport et des femmes.

Les travaux menés sur cette période montrent la domination masculine prégnante sur le sport, le phénomène naturel qui en découle, ainsi que l'exclusion des femmes. Les critères utilisés sont centrés sur les pratiques sportives largement connotées masculines (base-ball, football américain, rugby...), mais aussi sur l'institution scolaire (sur laquelle nous reviendrons plus tard dans ce mémoire) et les médias. Le sport féminin s'inscrit historiquement dans l'idéologie confortant les stéréotypes dominants. Stéréotypes comprenant la sexualité, maternité, et la beauté des femmes ; mais également des stéréotypes articulant les femmes avec les autres catégories sociales (nation, religion, classes sociales, race, ethnicité...). L'émancipation des femmes n'est que peu évoquée et analysée dans la mesure où les mouvements féministes et le sport féminin ont encore une relation très étroite dans les années 1990. « La conquête du sport par les femmes ne se produit pas de la même manière, ni selon les mêmes rythmes en fonction des activités, des lieux (fédérations sportives ou affinitaires, mouvements de jeunesse...) ou des cultures nationales »13(*). C'est en ces termes que l'on voit les différences d'évolution concernant le sport féminin qu'ont pu observer les chercheurs. On a vu précédemment que les études menées ont commencé bien plus tôt en Amérique du Nord qu'en Europe, la vision du sport dans sa dimension culturelle est bien différente et à dissocier d'une nation à l'autre. Les systèmes d'organisation (au niveau de l'Etat et dans le secteur privé avec les fédérations) varient beaucoup selon les pays, et les cultures nationales jouent un rôle dans la chronologie des évolutions observées concernant l'histoire du sport et des femmes. Au début des années 2000, de nombreuses thèses sont rédigées et présentées pour améliorer les travaux menés jusqu'à cette période. Des communications sont prononcées en 2004, l'idée étant désormais de ne plus présenter simplement le sport féminin comme une catégorie à la conquête d'un univers masculin, mais d'insister sur le champ précis qu'il représente, « dans sa propre dynamique interne, avec ses figures d'excellence ou atypiques, ses institutions et ses conflits internes ».14(*)

En finalité, on peut dire que l'attention portée aux femmes dans le sport est quelque chose de « récent », en ce sens que les études menées et conférences orientées sur le sport et les femmes pour améliorer les représentations accordées à celles-ci et faire évoluer la pratique sportive féminine, sont apparues il y a peu de temps. « La première conférence internationale sur les femmes et le sport, à laquelle ont participé des décisionnaires nationaux et internationaux du sport a eu lieu en mai 1994 à Brighton, au Royaume-Uni.

La prise de conscience de cet enjeu15(*) est donc récente et s'inscrit dans un contexte social et politique devenu favorable à la prise en compte des inégalités entre les femmes et les hommes »16(*). En France, c'est à partir de 1998 que le Ministère chargé des sports met en place des moyens et des structures pour faire progresser la place des femmes dans la société et le monde sportif, et permettre la pratique quelque soit le niveau, de toutes les femmes sportives, constituant un des objectifs principaux. Le 6 juillet 2000, une loi réaffirme l'accès égal des femmes et des hommes à la pratique sportive à tous les niveaux de responsabilité au sein des associations.

En 2004, l'Etat français s'applique à faciliter l'accès à la fonction publique dans le secteur du sport pour les femmes, à assurer des contenus de formation égalitaires. Des articles de loi sont mis en place concernant l'accès des femmes à la pratique sportive... (L.100-1 et L.131-9 du Code du sport)

 "Les activités physiques et sportives constituent un élément important de l'éducation, de la culture, de l'intégration et de la vie sociale. Elles contribuent notamment à la lutte contre l'échec scolaire et à la réduction des inégalités sociales et culturelles, ainsi qu'à la santé. La promotion et le développement des activités physiques et sportives pour tous, notamment pour les personnes handicapées, sont d'intérêt général ». Cette citation fait référence aux externalités positives apparaissant avec les activités physiques et sportives. Le sport peut s'inscrire dans un registre éducatif bénéfique à la Jeunesse en difficulté d'un point de vue scolaire, car il contribue à un bien-être corporel et mental. L'Etat souhaite améliorer le développement des activités physiques et sportives dans sa dimension institutionnelle, il souhaite améliorer l'accès et l'enseignement des APS. Il juge bon ce développement pour palier aux problèmes d'inégalités sociales, le sport étant un « terrain de jeu » pouvant être bénéfique pour tous.

« Les fédérations sportives agréées participent à la mise en oeuvre des missions de service public relatives au développement et à la démocratisation des activités physiques et sportives... » L'Etat souhaite une mise en application coordonnée des projets pédagogiques et institutionnels relatifs aux activités physiques et sportives avec les fédérations agréées. Apparaît alors une nécessité de contribution des fédérations sportives agréées, communiquant pour l'Etat. Les fédérations jouent désormais un rôle d'intermédiaire en terme de communication relative aux APS pour l'Etat.

II/ Les facteurs d'évolution des pratiques sportives

Dans cette partie, nous aborderons le thème des évolutions du sport féminin à travers la question « pourquoi ? ». L'objectif sera alors d'identifier les causes et les raisons des évolutions abordées dans les lignes précédentes.

On a pu constater que la prise en compte des femmes dans l'histoire du sport est récente. Depuis le début des années 1980 de nombreuses études ont été menées, ayant soulevés des questions concernant les représentations de la gente féminine au sein du sport. Des changements sont apparus, avec des mesures telles que des articles scientifiques, l'apparition d'enseignants historiens, chercheurs au sein d'UFR Staps dans les universités. Des questions nouvelles sont apparues concernant le positionnement du sport en fonction des sexes, une sociologie nouvelle prenant en compte les femmes dans l'évolution des pratiques sportives, etc. Des auteurs ont adoptés dans les années 1990 notamment, des points de vue divergents concernant le sport et les femmes. Certains ayant une vision péjorative du conservatisme des identités sexuelles par le sport (Catherine Louveau), d'autres voyant davantage une tendance évolutive vers une a-sexuation (au sens d'une tendance vers l'égalité des sexes) par le sport (Pierre Arnaud). Des articles de loi apparaissent en France à la fin des années 1990 et début 2000, pour réaffirmer la nécessité de tendre vers une égalité des sexes dans le monde sportif. Tous ces changements abordés sont le fruit d'une évolution des représentations, de nombreux travaux. Des facteurs apparaissent pour expliquer le phénomène de société que soulève l'étude des femmes dans le sport. Le facteur géographique notamment, en effet nous savons que les premières études sont apparues aux Etats-Unis et au Canada, puis bien après en Europe et en France. L'intérêt porté varie donc en fonction des cultures et des lieux géographiques sur lesquels les auteurs se trouvent. Avant de prendre une ampleur internationale, les travaux menés étaient concentrés sur un secteur géographique particulier. Le deuxième facteur à prendre en compte est le facteur historique ; en effet la condition féminine a beaucoup évoluée dans la société française à la fin des années 1960, il aura fallu attendre encore quinze années (début années 1980) pour que la place des femmes soit étudiée dans le monde sportif par les chercheurs/auteurs. Les travaux menés ont évolué avec les années suivantes et ont bouleversé les représentations. Un troisième facteur entre en jeu : l'insertion des historiens du sport dans les UFR Staps des universités. En effet le système éducatif français se voit imprégné pour la première fois dans les années 1980 de chercheurs et auteurs abordant la question des femmes et du sport dans le système éducatif, cela a joué un rôle primordial dans les changements observés. Enfin, vient bien entendu le facteur politique avec l'Etat, influent sur la population et les « consommateurs de sport ». Le sport n'est plus considéré seulement comme un loisir, il est essentiel au bien-être, il est enseigné à l'école et dans les universités.

On forme les enseignants sportifs, on cherche à faire évoluer les pratiques de manière perpétuelle. Des articles de lois paraissent, affirmant qu'il est nécessaire de tendre vers une égalité des sexes dans le sport comme pour la société en général.

III/ Le genre : une explication des différences sexuées

Cette troisième et dernière partie conclura le travail mené en amont (l'énumération des changements et évolutions opérées dans le secteur sportif féminin), avec les questions se rapportant au genre et aux rapports sociaux de sexe. Nous reviendrons sur les termes clés que sont « le genre » et « les rapports sociaux de sexe » pour détailler les facteurs qui interviennent : les traitements pédagogiques et les représentations sociales.

A- Le genre, les rapports sociaux de sexe

Dans cette première sous-partie, nous essayeront de définir les deux termes clés que sont « le genre » et « les rapports sociaux de sexe », en les reliant à notre sujet. Le genre est bien souvent confondu avec le terme « sexe », mais en réalité il faut voir en cette expression une dimension sociale et non biologique.

Ainsi d'après Christine Delphy17(*), « le genre c'est ce que l'on pourrait appeler « le sexe social », c'est à dire tout ce qui est social dans les différences constatées entre les femmes et les hommes, dans les divisions du travail ou dans les caractères qu'on attribue à l'un ou l'autre sexe »18(*). La distinction entre le terme « sexe » et « genre » semble donc essentielle. Le sexe est un terme pour désigner la différence biologique entre le male et la femelle.

Le genre est une construction sociale et un système de croyances auxquels sont associés des attributs psychologiques, des rôles et des statuts assignés à chaque catégorie de sexe.19(*) La notion de « sport féminin », « sport masculin », même si on peut la définir statistiquement à partir de % de pratiquants selon leur sexe, est souvent utilisée pour signifier des sports plus appropriés pour les femmes ou pour les hommes, au regard de prédispositions naturelles (donc biologiques).

Le phénomène socioculturel que sont le sport et les stéréotypes de genre, joue un rôle dans la construction sociale de la masculinité et de la féminité.

Le sport est souvent perçu comme un berceau de la masculinité, ainsi les femmes pratiquantes peuvent être perçues dans certaines activités comme « masculines ». Néanmoins il est nécessaire de nuancer ces représentations en considérant que le sport peut être l'occasion de redéfinir ce que représentent la féminité et la masculinité plutôt que de réaffirmer les acceptations dominantes des hommes. Du moins en théorie c'est ce que l'on peut dégager, en pratique cela apparaît moins évident de se défaire des stéréotypes de genre.

Si l'on prend l'exemple du football, l'opinion publique considère qu'il est un sport masculin. Une femme qui pratique le football devrait entendre qu'elle pratique un « sport de garçon ». Ainsi, la question de sa féminité serait remise en cause. Au regard de ce que l'on considère comme une « vraie » femme, elle ne serait pas reconnue comme telle socialement. Son statut apparaitrait alors comme non convenable. C'est ce que l'on appelle une « discrimination de genre », sans oublier que le genre est en soi également une discrimination. Celle-ci repose sur la reconnaissance sociale et sur la valorisation qu'on lui accorde. On constate qu'il y a une distribution genré des sports. En ce qui concerne la répartition sexuée des activités (par rapport au sexe biologique attribué à la naissance), on s'aperçoit que c'est une construction sociale : on considère que tel sport est connoté comme féminin, parce qu'il y a des filles et donc on encourage celles-ci à y aller et vice-versa pour les hommes avec des sports connotés comme masculins. Le phénomène s'auto-entretient. Ainsi certaines activités seront connotées féminines (danse, gymnastique, natation synchronisée) et d'autres seront à connotation masculine (boxe, football, rugby) ; alors qu'en réalité, d'un point de vue biologique, les deux sexes peuvent pratiquer tous types de sports.

Des différences de représentations apparaissent selon les sociétés et cultures, ainsi certaines sociétés ont une vision du sport selon laquelle celui-ci est essentiel au bien-être et contribue à la santé physique de la population. Les modèles de masculinité et de féminité (constructions sociales liées au genre) sont multiples. Ils diffèrent selon les cultures, les époques. Il y a des modèles qui sont dominants mais ce n'est pas figé.

On constate que les hommes et les femmes ont des pratiques sportives distinctes, les attitudes à l'égard du sport varient selon le genre. Les femmes, comme certains hommes, peuvent rencontrer des obstacles à leur pratique. En effet, certaines sportives peuvent manquer d'équipements sportifs sûrs et appropriés (d'un point de vue social), ainsi que de ressources et d'assistance technique. Elles sont aussi souvent confrontées au manque de temps dû à leur « rôle familial ». Comparativement aux hommes, celles-ci manquent cruellement de modèles (construction sociale liée au genre), notamment de femmes ayant une fonction de coach ou de leader.

Elles sont sous-représentées dans les organes de direction des institutions et organisations sportives20(*). À l'inverse, on constate une part importante de femmes dans les postes non qualifiés d'employés. La notion américaine de « plafond de verre » (« glass ceiling » en anglais) fait apparaître les obstacles auxquels sont confronté les femmes pour accéder à des postes hiérarchiquement élevés professionnellement. L'intérêt de cette expression est de porter une attention particulière aux raisons pour lesquelles les femmes, à compétences égales, accèdent plus difficilement aux organes de direction. D'après le site <scienceshumaines.com>, « les chefs de moyennes et grandes entreprises en France sont à 93% des hommes ». Ce qui va dans le sens d'une inégalité des représentations aux postes à responsabilités.

Figure 3 - Graphique de taux de féminisation dans quatre catégories professionnelles en 200221(*)

Le graphique ci-dessus nous montre que les femmes sont très présentes sur des postes peu qualifiés comme « secrétaires » et « aides soignants », voire quasi exclusivement.

À l'inverse, celles-ci sont sous-représentées aux postes de « cadres commerciaux » et « cadres administratifs ». D'une façon générale, on observe que les femmes sont bien plus représentées dans les professions peu qualifiées que celles à responsabilité.

Comme on a pu le voir, depuis une dizaine d'années l'égalité hommes-femmes est devenu un objectif essentiel dans le développement du sport en général aux yeux de l'Etat. Cette égalité fait partie des droits civiques, culturels, économiques, politiques et sociaux fondamentaux et universellement reconnus.

Les premières ruptures féministes des années 1970 ont conduit à repenser les rapports sociaux de sexe. Cette notion sociologique fait référence à la place de chaque sexe par rapport à l'autre au départ dans les relations de travail. Les travaux des sociologues féministes ont montré que le système social fonde une domination certaine des hommes sur les femmes ; aujourd'hui il est question de casser certains codes, ou plutôt de les affiner afin de rétablir des positions sociales davantage égalitaires des hommes et des femmes dans l'évolution en marche. La théorie des rapports sociaux de sexe est réellement apparue dans les années 1970 avec les travaux féministes, précurseurs à l'époque d'une idéologie nouvelle.

L'auteur Mathieu en 1971 montre comment « le traitement différentiel appliqué aux catégories de sexe en ethnologie et en sociologie conduit à une impasse méthodologique et à l'impossibilité de dépasser une conception essentialiste du sexe »22(*). En effet, la femme serait traitée comme objet particulier dans les études, et l'homme comme objet général sur lequel une base comparative s'ensuivrait dans les affirmations avancées. Ce qui mènerait à un déséquilibre déjà présent, donc à un renforcement des inégalités des sexes. Si l'on ramène cette théorie au secteur sportif, l'objectif devient alors de ne plus considérer un genre sexué qu'en fonction de l'autre, mais en revanche de l'étudier dans son entité, dans sa particularité pour l'adapter. Plusieurs auteurs se penchent sur la question et tentent de mettre en place des outils pour tendre vers cette idée de déconstruction des rôles prédéfinis du masculin et féminin dans la société. « Delphy en 1970 élabore une analyse matérialiste de l'oppression des femmes »23(*). Guillaumin, huit ans plus tard, propose la notion de « système de sexage », selon lui les femmes seraient dans un rapport reposant sur l'appropriation physique de leur corps par les hommes, il souhaite détruire ces représentations.

B- Traitements pédagogiques, facteur d'inégalité

Pour aborder les différences de traitement pédagogiques, il semble important de revenir sur les questions relatives à la mixité scolaire, ses déconvenues et ses apports dans la course à l'égalité des sexes. La mixité scolaire a longtemps été l'objet d'une controverse, aujourd'hui encore. Un accord est établi sur le fait que la mixité est un premier pas vers l'égalité, d'autant plus dans le secteur éducatif que représente la scolarité. Néanmoins, la mixité est loin d'avoir supprimé toutes les inégalités. Des recherches sont menées en 1995 par Duru-Bellat, les filles et les garçons auraient tendance à se conformer dans les représentations liées à leur genre : les filles seraient soucieuses de leur apparence physique, plus en retrait que les garçons. Néanmoins, ces observations varient selon le milieu social et géographique, mais également et surtout dans le temps. L'école mixte n'entraine pas automatiquement une égalité de parcours scolaire et de chance aux élèves comme on pourrait le penser. En effet, les différences d'éducation, de milieu social de chacun et représentations sociales selon le genre sexué, interfèrent beaucoup sur le parcours de chacun et chacune. « Le sexe marque le parcours, alors que l'institution scolaire se veut neutre et ne tolère aucune discrimination »24(*). Cette citation marque le fait que l'école ne peut résoudre à elle-seule les problèmes d'inégalité qui subsistent au niveau sociétal. Duru-Bellat met en place des observations pour son étude, celles-ci révèlent que les maîtres recourent fréquemment aux oppositions entre garçons et filles dans la gestion quotidienne de leur classe.

Une étude de Zaidman en 1996 révèle que dès l'école primaire, beaucoup d'enseignants placent alternativement un garçon et une fille dans leur plan de classe afin de favoriser un climat de travail et optimiser la discipline. L'étude de Younger et Alii en 2002 montre que les enseignants consacrent un peu moins de temps aux filles (environ 44% de leur temps, contre 56% pour les garçons), étude à prendre en compte dès lors qu'on comptabilise le temps qu'un élève passe en classe. Selon cette même étude de 2002, « les garçons reçoivent un enseignement plus personnalisé, alors que les filles sont davantage perçues et traitées comme un groupe »25(*). Les garçons sont davantage réprimandés par les enseignants, ceux-ci semblent soucieux de ne pas se laisser déborder par la gente masculine. Des différences dans la notation apparaissent, les garçons seraient notés plus sévèrement que les filles (étude réalisée et mesurée par des épreuves standardisées). Ce phénomène soutient une fois de plus le fait que les garçons font l'objet d'une attention plus appuyée, d'un enseignement plus individualisé que les filles car davantage sujet à des attentes importantes de la part des enseignants.

On constate donc que malgré une mixité scolaire voulue, mise en place et appliquée, les enseignants (dans une relative inconscience) ont des attentes et méthodes pédagogiques diversifiées en fonction du sexe de l'élève. Selon Vouillot en 2002, « les choix d'orientation qui engagent et révèlent aux yeux des autres ce qu'on veut devenir, restent aussi conformes aux stéréotypes du masculin et du féminin ». Selon Geneviève Fraisse, « la mixité n'est ni un objectif politique, ni un instrument sûr, c'est une expérience propre à l'espace démocratique »26(*). Cette citation révèle le caractère insuffisant de la mixité dans la quête à l'égalité des sexes. En effet, elle n'est pas un moyen sûr, elle n'est qu'un outil bénéfique mais également des préjudiciable à travers une conformation des représentations et stéréotypes sexués.

Dans le milieu sportif, les traitements pédagogiques varient aussi selon les sexes. A la fin des années 1980, des femmes s'engagent dans une volonté d'émancipation concernant différents ordres sociaux, moraux, esthétiques et médicaux, qui structure la société. Une question illustre alors la teneur du développement qui se joue à l'époque : « La liberté de choix n'existe-t-elle que pour les hommes ? ». Le football féminin fait l'objet à cette période d'un certain conservatisme qui subsiste face à cette pratique semblant « trop » novatrice pour l'époque. Des études vont être menées sur l'implication des femmes dans le football sous quatre angles : « La façon dont les femmes vivent le monde du football ; la footballeuse et sa construction identitaire ; la joueuse de football et son corps ; le partage du jeu entre les hommes et les femmes »27(*) Le simple fait que des travaux soient effectués sur ce sujet évoque une prise de conscience sur l'inégalité présente entre les sexes sur le secteur sportif. Le football étant un sport particulièrement représentatif de par sa connotation très masculine. En effet seulement 2% des licenciés de football en France sont des femmes.

En 1999, Sheila Scraton s'intéresse au sujet et conclue de ses observations que le football féminin ne menace pas l'ordre qui régit les rapports entre les sexes. En effet, il renforcerait même les contours de la masculinité bien plus qu'il n'accorderait une redéfinition de la vision traditionnelle de la femme. La mixité dans le football est abordée dans les travaux de M. Henry et Howard P. Comeaux en 1999. La mixité ayant pour but d'instaurer une égalité est contrée par l'omniprésence masculine sur le plan physique. Les rapports contrastés entre les hommes et les femmes sont mis en évidence. Le sens tactique et la technicité présents dans le football semblent être des points de ralliement entre la pratique masculine et féminine, car pas ou peu de différences apparaissent selon le discours des analystes.

Néanmoins, la dimension physique au sens de la rapidité d'exécution et de la puissance développées par le jeu masculin, semble souligner une forte inégalité entre les femmes et les hommes. Nous avons à faire là à des inégalités physiologiques, plus que sociologiques. La pratique féminine du football souffre du fait qu'un facteur de comparaison apparaît quasi-systématiquement avec la pratique masculine dès lors qu'on l'étudie. Ceci étant dû à la prépondérance écrasante des hommes sur ce sport (Les hommes représentant 98% des licenciés de football en France). En 2009, seulement 19,5% des titulaires du Brevet d'Etat d'Educateur Sportif sont des femmes. Les rapports sociaux de sexe hommes/femmes sont comme on peut l'imaginer facilement, stéréotypés. Ces stéréotypes jouent un rôle conséquent dans la considération et l'enseignement (notamment en Alpinisme). Ainsi un guide de montagne, abordera de manière spécifique une clientèle féminine, régie par les stéréotypes sexués qui contribuent à reproduire les rapports sociaux de sexe préexistants, et à entretenir, dans l'esprit des hommes comme des femmes, les stéréotypes sexués. L'étude est menée par rapport à une analyse de discours (qui doit être dissociée de la réalité pratique), certainement subjectifs mais on ne peut plus révélateur du ressenti des guides. Le fait d'enseigner à des hommes ou à des femmes ne peut être mené de façon neutre, ceci étant du aux rapports sociaux sexués, et stéréotypés.28(*)

C- Représentations des genres, facteur d'inégalité

Les publicités constituent des prises de positions importantes, elles deviennent donc révélatrices des normes et des valeurs sexuées contemporaines. La problématique peut se centrer sur le fait que les rôles féminins et masculins sont largement stéréotypés, malgré une « évolution sensible » en sens contraire concernant les sports et sociétés modernes. La publicité, dans sa dimension de communication se place quasi exclusivement sur l'identité masculine. Comme si, de manière caricaturale, les images publicitaires diffusées étaient conçues pour les hommes. Dans le document « sport et publicités », il est dit que « les APS se féminisent progressivement » (ce que je retrouve dans les projets pédagogiques de la fédération française de tennis), même si la place des hommes dans les médias reste amplement dominante.

Un clivage des genres de sexe reste apparent dans le cadre médiatique sportif : « L'exploit sportif réalisé par une femme est presque toujours rapporté au modèle masculin. »29(*)

Chapitre 2 - La place des femmes dans le système fédéral du tennis français

Maintenant que l'on connaît le contexte général, les évolutions dans leurs grandes lignes, tous sports confondus, ce deuxième chapitre nous permettra de nous focaliser sur le cas du tennis. De la même manière, on va s'interroger sur les évolutions de la pratique féminine (avec les mêmes critères quantitatifs et qualitatifs que le chapitre 1) pour s'intéresser à la situation actuelle des femmes dans le tennis. On donnera des éléments qui nous permettent de nous faire une vision de la place des femmes actuellement dans le tennis, en tant que pratiquantes mais aussi en tant qu'actrices dans les organisations cadrant le tennis féminin (fédération, ligues, et clubs).

I/ Les évolutions de la pratique féminine du tennis

Cette première partie nous donnera l'occasion de revenir sur les évolutions concernant la pratique féminine du tennis dans sa dimension quantitative avec une évolution sur la dernière décennie depuis 2003, aussi bien que dans sa dimension qualitative.

A- Sur le plan quantitatif

On constate que les licenciés FFT hommes sont beaucoup plus nombreux que les femmes sur les dix dernières années. En effet, les hommes représentent environ 70% des licenciés FFT actuellement. Si l'on se centre sur les hommes, on voit que la courbe est ascendante, ce qui signifie que le taux de licenciés FFT hommes est en légère augmentation depuis 2003. Les hommes sont passés de 67,7% à 70,1%, soit 2,4 points en dix ans. En ce qui concerne les femmes, ce qui nous intéresse plus particulièrement, le taux de licenciées FFT a légèrement augmenté entre 2003 et 2007, s'est stabilisé jusqu'en 2009, avant de baisser jusqu'à aujourd'hui. En dix ans, le taux de licenciées FFT a perdu 2,4 points. Sur un plan plus global, on constate que les courbes sont relativement stables. Pour faire un parallèle avec l'évolution du taux de licences sportives depuis 2007, il est notable que la FFT ne rend pas compte des mêmes évolutions que la tendance générale du sport institutionnalisé français. En effet, le taux de licences sportives est en légère hausse depuis 2008, alors que la FFT observe une baisse sensible. Toutefois, il semble important de signaler la place importante que garde le tennis au regard du sport français en général, le tennis étant le premier sport individuel en terme de pratiquants licenciés. Néanmoins, la FFT souhaite depuis quelques années promouvoir le tennis féminin, le faire évoluer.

L'évolution souhaitée par la fédération invoque en partie une augmentation de licenciées femmes, ainsi que son taux.

L'objectif n'est visiblement pas encore atteint malgré de nombreux travaux menés en faveur des femmes dans le milieu du tennis français. Nous reviendrons un peu plus tard sur les travaux de la Fédération Française de Tennis.

Figure 4 - Courbe graphique de l'évolution des taux de licenciés FFT hommes et femmes entre 2003 et 201230(*)

B- Sur le plan qualitatif

Pour comprendre l'aspect historique du tennis féminin il me semble important d'aborder des points plus généralistes concernant le tennis sur un plan global, dans sa dimension sportive et sociologique. L'objectif de cette sous-partie est de comprendre l'évolution du tennis féminin depuis les débuts de ce sport de raquette, aussi bien dans les représentations sociologiques (le genre) que sur le plan sportif.

Il faut savoir que le tennis sous ses premières formes fut créé à la fin du 19ème siècle en Angleterre. Il n'est à l'époque qu'un simple jeu de balle (en 1874) appelé « Sphéristique ». Cette activité se répand assez rapidement sur les côtes françaises proches de l'Angleterre.

C'est au début du 20ème siècle que le tennis prend une nouvelle dimension dans le paysage sportif français, devenant un sport « phénomène de mode balnéaire »31(*). L'essor des espaces ludosportifs avec l'urbanisation des plages notamment permet une implantation du tennis de plage. Le développement des sports et des loisirs touristiques prennent de l'ampleur, ce qui a notamment été bénéfique au développement du tennis sur le territoire français. Un lien apparait comme évident entre le développement tennistique et le tourisme. Cette notion est importante dès lors que l'on considère le tennis aussi bien dans sa dimension simpliste et ludique (tennis de plage) que dans sa dimension davantage « classique », plus stricte dans ses règles, car la montée en puissance de la culture du loisir a propulsé cette discipline à un niveau de popularité nouveau pour l'époque. Le tennis est un sport de raquette se pratiquant principalement en plein air, surtout à la période estivale. Il est dès le départ une activité très élitiste, ce sont en effet les aristocrates et les citadins fortunés qui la pratiquent. Le tennis s'implante très rapidement et facilement dans les lieux de villégiature grâce à ce caractère élitiste, sa pratique est un outil de représentation et de reconnaissance propre aux élites. Ainsi, « jouer au tennis, dresser un court temporaire ou disposer d'un court, surtout en zone balnéaire, c'est affirmer l'appartenance à une catégorie sociale »32(*). C'est dans ces notions qu'il est essentiel de traiter l'historique du tennis dans une dimension sociologique, afin de comprendre les éléments propres à l'évolution et représentations de ce sport. D'une façon générale, la sociabilité sportive s'inscrit dans le processus de constitution d'une « révolution culturelle » liée aux pratiques de loisir. Dès la fin du 19ème siècle, des terrains de tennis sont construits à l'initiative d'établissements hôteliers situés en zone balnéaire, les premières compétitions apparaissent, signe d'une institutionnalisation et d'une organisation plus précise. Le rapport au corps évolue dans les mentalités, un individualisme apparaît concernant les exigences liées au corps. Désormais on se soucie de son corps, de la nature, c'est une nouvelle forme de sociabilité mondaine (début 20ème siècle). Le tennis présente une illustration idéale de ce phénomène de sociabilité, apparu avec l'émergence du loisir, l'aménagement des espaces, et la considération nouvelle du sport et des activités physiques. Selon un travail d'Elias et Dunning mené en 1994, le tennis s'est déployé à travers l'évolution des mentalités et des sensibilités, des normes et valeurs intériorisées par les pratiquants et les spectateurs.

Le pratiquant se fixe des objectifs personnels et se soumet à des contraintes à l'entrainement pour y parvenir, c'est ce que l'on peut appeler « la contrainte sur soi-même ». « L'entrainement repose sur le principe d'une production physique, intellectuelle, sociale, réalisée dans des conditions prédéfinies, notamment par des règles et une éthique portant une valeur et du sens »33(*). Cette citation illustre bien le rapport nouveau au corps, l'importance récente au début du 20ème siècle accordée par les pratiquants et spectateurs à l'entrainement dans des objectifs d'efficacité sportive et/ou d'appropriation de soi par le corps.

Pour conclure cette sous-partie, nous pouvons dire que le tennis est passé d'un jeu mondain à la fin du 19ème siècle reposant sur des valeurs de simple divertissement/passe-temps pour les classes sociales aisées, à un entrainement à la formation de soi correspondant à de nouveaux besoins apparus avec l'évolution de la société post-industrielle et la progression des loisirs sous toutes ses formes. L'appropriation du tennis par un groupe restreint au départ (les « riches ») a permis une considération nouvelle et novatrice de cette activité comme l'affirmation d'un style de vie. Des valeurs se sont ajoutées à la panoplie que revêt le tennis, notamment la dimension éducative.

II/ La place actuelle des femmes dans le tennis

Nous aborderons de manière la plus précise possible, la place des femmes dans le tennis sous deux dimensions essentielles : la pratiquante de tennis, et l'actrice dans les organisations tennistiques. Cette partie constituera un travail nécessaire pour ensuite analyser les orientations que prend (sous l'impulsion des institutions fédérales) le tennis féminin. Dans notre titre II, on s'intéressera plus précisément, à travers les discours et les pratiques autour de la pédagogie, aux représentations des femmes dans le tennis féminin.

A- En tant que pratiquantes

Pour débuter cette sous-partie, il me semble important de définir ce qu'est la notion de « pratiquante ». On entend par « pratiquantes » les joueuses. Nous avons vu que les femmes sont bien moins présentes que les hommes en terme de licenciées. Il semble important de dissocier les types de pratiquantes recensées dans le tennis. En effet, la plupart pratique ce sport comme « loisir », où aller à l'entrainement est l'occasion de pratiquer une activité physique extra-scolaire ou après le travail ; mais beaucoup aussi ont une pratique centrée sur les performances sportives et la dimension compétitive que cela soit au niveau amateur ou professionnel.

Il est difficile qualitativement d'émettre une définition précise de la place des femmes dans les associations sportives de tennis tellement les politiques sportives locales de chaque club varient d'un dirigeant à l'autre. La place des femmes en tant que pratiquantes peut être abordée sur le ressenti de celles-ci, mais également étudiée selon les politiques sportives des dirigeants d'association. Nous l'avons vu, les femmes sont en minorité mais peuvent dans certains cas, prendre une place importante dans la politique sportive d'un club de par le niveau des équipes présentes. Ainsi dans certains clubs, les équipes dames inscrites pour les championnats par équipes régionaux voire nationaux, sont d'un niveau bien supérieur (en terme de classement, donc proportionnellement) au niveau des équipes hommes, ce qui justifiera une place plus importante accordée aux femmes au sein de ces associations en termes d'entrainements et de structure pédagogique. Ce type de cas reste bien moins présent que pour le cas des hommes, qui largement en surnombre, occupent davantage les places privilégiées dans les structures d'entrainement.

Depuis quelques années, et nous y reviendrons, la Fédération Française de Tennis tente de développer le tennis féminin en insistant sur plusieurs mesures pédagogiques à adopter avec ce public. L'accent est mis notamment sur les jeunes joueuses, où tous les bons éléments doivent être conservés et donc entretenir une motivation sans faille. Le travail des entraineurs et les structures mises en place jouent un rôle très important dans ce domaine. Prenons l'exemple des ligues départementales et/ou régionales où les jeunes joueuses des pôles espoirs sont accueillies au même titre que les garçons en terme d'encadrement pédagogique (entrainement physique, programmation et suivi des compétition, entrainement tennis...). Nous pourrions même déceler une motivation toute particulière des entraineurs affectés à ces postes de réussir à entretenir la motivation et mener à bien la progression de ces jeunes joueuses tellement les enjeux futurs du tennis féminin en France sont importants dans la politique de la Fédération Française de Tennis. Nous y reviendrons dans notre Titre III. Les joueuses compétitrices participant à de multiples tournois dans la saison demeurent en nombre limité, ce qui engendre des complications dans la constitution de tableaux de tournois pour les juges-arbitres. Beaucoup de ces compétitrices, voire la totalité, sont amenées à rencontrer les mêmes joueuses plusieurs fois dans la saison. Ce phénomène existe également chez les hommes mais reste bien moins présent chez les femmes.

B- En tant qu'actrices dans les organisations

Nous avons vu précédemment que les femmes sont bien moins présentes aux postes de direction dans les organisations sportives que les hommes, notamment en nous basant sur une étude du Cnos/Ups.

Il est question dans cette sous-partie de présenter la place des femmes davantage sur le secteur associatif du tennis, précisément dans les clubs. Ayant effectué mon stage à la ligue de l'Essonne de tennis durant deux mois à temps plein, j'ai pu avoir accès aux bases de données fédérales. En me centrant sur l'Essonne, j'ai recensé 454 enseignants évoluant sur les 150 clubs présents sur le département. Plusieurs types d'enseignants apparaissent dès lors que l'on prend en compte les diplômés fédéraux premier et second degré, les assistants moniteur tennis, les brevetés d'état premier et second degré (diplôme disparu, remplacé par les diplômes d'état), et les diplômés d'état premier degré et diplômés d'état supérieur. Sur 454 enseignants, seules 97 femmes occupent un poste d'enseignant tennis. Lorsque l'on prend seulement en compte les brevetés d'état premier degré et diplômés d'état premier degré, nous obtenons seulement 11 femmes occupant ce poste sur 107 enseignants recensés. Concernant les enseignants les plus qualifiés (B.E.2 et D.E.S), l'Essonne compte 3 femmes qualifiées sur un total de 17 personnes. Le graphique ci-dessous illustre le propos tenu.

Figure 5 - Graphique Courbes représentatives du nombre d'hommes et de femmes aux postes d'enseignants tennis à la Ligue de l'Essonne sur l'année sportive 201334(*)

Ce graphique nous confirme le fait que les femmes restent bien moins implantées que les hommes aussi bien au niveau des instances dirigeantes que dans l'enseignement du tennis. Les explications pourraient se trouver dans le fait que la gente féminine est moins importante en nombre sur les licenciées FFT, peut-être aussi parce qu'un manque apparaît concernant l'implication et surtout l'intégration des femmes, comparativement aux hommes bien sûr, à ces postes. Ce manque de présence féminine dans les clubs au niveau des enseignants joue logiquement un rôle dans la course au développement du tennis féminin recherché par la Fédération Française de Tennis. Peut-être une présence plus importante d'enseignants femmes jouerait en faveur d'une évolution positive et bénéfique au tennis féminin ?

Conclusion du titre I

Ce Titre I a été l'occasion de revenir à travers divers aspects généraux, sur les représentations liées aux femmes dans le milieu sportif et tennistique plus particulièrement. Il m'a semblé bon de mettre en place deux parties distinctes sous forme de chapitres. Le premier chapitre étant centré sur le milieu sportif dans un plan global. Nous nous sommes intéressé aux évolutions concernant les pratiques sportives féminines. Sur un plan quantitatif, est apparue la volonté de chercheurs et sociologues avec la parution d'articles, de permettre l'égal accès des femmes et hommes aux instances sportives. Petit à petit, l'Etat français s'est mêlé à ces sujets ayant pris de l'importance en terme de considération depuis les premiers écrits relatifs au sport avec les femmes des années 1970. Des articles de loi intégrés dans le Code du Sport ont confirmé l'idée selon laquelle le sport doit tendre vers une égalité des sexes. Sur l'ensemble du milieu sportif, on a pu constater que les licences sportives féminines ont augmenté en nombre entre 2007 et 2010. Sur un plan qualitatif, on a vu que plusieurs auteurs se sont attachés à mettre en place des travaux en faveur de la considération des femmes dans le sport. En l'espace de quatre décennies, la volonté d'adaptation des pratiques sportives au public féminin a beaucoup évolué. Les représentations et regards portés à ce sujet ont changé. Dans notre deuxième chapitre, nous nous sommes centré davantage sur le sport pilier de ce mémoire : le tennis. On a pu voir une stabilisation voire une légère baisse des licenciées FFT depuis 2003 sur le plan national. Nous sommes revenus sur les aspects historiques ayant amené le tennis moderne que l'on connaît aujourd'hui, avec les politiques sportives engagées relayées dans les associations par les ligues. Pour terminer, nous avons étudié la place des femmes dans le tennis. En tant que pratiquantes, celles-ci occupent une place particulière dans le paysage tennistique français, car notamment en large minorité comparé aux hommes. On a segmenté notre propos selon les niveaux de jeu, avec des particularités apparaissant pour les compétitrices. En tant qu'actrices, les femmes sont aussi en minorité, le recensement sur l'année sportive 2013 étudié à la Ligue de l'Essonne de Tennis, nous a permis de constater en chiffres l'étendu des inégalités présentes au niveau du nombre d'enseignantes par rapport aux hommes enseignants dans le milieu du tennis. Dans le Titre II, il sera davantage question de se centrer sur la politique sportive de la Fédération Française de Tennis en faveur du tennis féminin, sur les aspects de communication, les orientations, les moyens mis en place au niveau pédagogique, et le discours tenu.

Titre II) Discours et représentations de la Fédération Française de Tennis

Ce deuxième Titre sera l'occasion de comprendre et analyser la politique sportive de la FFT en faveur du tennis féminin. Les moyens de communication mis en place : quels types de messages sont diffusés ? Quelles sont les cibles ? Pourquoi ?

Chapitre 1 - Comment la FFT communique-t-elle à propos des pratiquantes féminines ?

Nous construirons ce chapitre autour de l'argumentation ciblée sur la communication adoptée par la FFT concernant le tennis féminin. Nous essayerons d'évoquer précisément les documents édictés et les actions diverses, pour proposer une analyse resituée dans le contexte qui nous intéresse : le tennis et les femmes, l'émancipation sportive, les enjeux de représentation, les axes de développement pédagogiques. Nous tiendrons compte de la dimension communicative qui régit ce chapitre en nous référant à des notions concrètes de communication.

Notre propos sera tourné sur ce qui se passe en France, et notamment sur les projets de la Fédération Française de Tennis. Les performances sportives concernant le tennis féminin, constituent un élément majeur de l'axe de la politique sportive soutenue par la FFT. Il suffit de s'intéresser de plus près au site internet de la fédération pour y apercevoir des rubriques spécifiquement consacrées au développement du tennis féminin. Cela concerne aussi bien les femmes et le tennis à grande échelle (les licenciées féminines françaises) que les compétitrices et le tennis à haut niveau féminin, qui par ailleurs connaît de grandes difficultés sur le circuit professionnel (Equipe de France de Fed Cup reléguée plusieurs fois, plus aucune joueuse française présente dans le « top ten » mondial). Il apparaît une volonté particulière des communications mises en place par la FFT, de cibler le public féminin d'une manière globale. Ainsi, les ligues départementales et régionales se retrouvent dans la position de « relais » entre la fédération et les clubs, qui eux sont directement chargés de transmettre aux licenciés. Les enseignants, psychologues et dirigeants s'étant penché sur la question ont rapidement souhaité des travaux axés sur le fond. Il paraît logique désormais, de devoir commencer à fidéliser un plus grand nombre de licenciées féminines à tous les niveaux et âges pour, par la suite, permettre de dégager plus d'éléments compétitifs au plus haut niveau. Nous allons essayer de comprendre comment la FFT communique auprès de ses pratiquantes ? Les types de messages diffusés et les cibles visées seront deux axes essentiels à notre réflexion.

· Opération GDF SUEZ

L'Open GDF Suez partenaire de la FFT depuis 1992, oeuvre pour soutenir l'essor du tennis féminin. Le tournoi organisé chaque année à Paris développe une structure pour favoriser le développement souhaité par la fédération. « L'engagement de GDF Suez s'engage autours de quatre pôles d'actions principaux : le support aux institutions à travers le partenariat avec la Fédération Française de Tennis et les ligues régionales, la création et le parrainage d'évènements, le soutien aux joueuses de haut niveau, et la solidarité. »35(*) Depuis quelques années, la direction du tournoi organisé par GDF Suez à Paris met à disposition des ligues, des places offertes pour le public féminin des clubs (en nombre limité) afin de sensibiliser les jeunes filles à la compétition de haut niveau.

Cette opération de communication « séduction » a été pensée avec la fédération française de tennis, qui permet la bonne distribution de l'action de GDF Suez, toujours dans une idée de développement du tennis féminin. Le tournoi est aussi le lieu idéal pour que la fédération organise une communication articulée autours de colloques, s'adressant davantage aux enseignants cette fois-ci... Deux cibles peuvent donc être dégagées de cette action : d'une part le public féminin pratiquant avec une sensibilisation au haut niveau et une considération particulière avec « l'opération-séduction » ; d'autre part les acteurs et actrices du tennis en France, c'est à dire les enseignants eux-mêmes, où la motivation concernant l'enseignement aux filles doit être un axe de progression pour eux. Il faut encourager les femmes à se former à l'enseignement du tennis, et inciter les enseignants hommes à s'intéresser de plus près et favoriser leur implication concernant l'enseignement du tennis aux femmes.

· Colloque (2011) de la fédération pour améliorer la pédagogie adaptée au tennis féminin36(*)

En 2011, à l'occasion du tournoi Open GDF Suez à Paris, un colloque réunissant 300 enseignants et enseignantes s'est déroulé sur le thème du développement du tennis féminin. Différents points en sont sortis. Dans un premier temps, l'accent a été mis sur la communication entre les enseignants et les joueuses sur et hors terrain. Celle-ci passe par le langage pour 20%, et à 80% par d'autres canaux comme le regard, les mouvements, etc. L'idée d'accepter et d'identifier ses émotions aide à dépasser ses difficultés et à agir. La FFT a aussi la volonté que les enseignants fassent des feedbacks37(*) fréquents, positifs ou négatifs, surtout sur ce que la joueuse produit et non sur elle-même. Une des idées principales, qui ne peut être occultée : il faut des heures de travail pour apprendre à exprimer ses ressentis et ses difficultés. Les « femmes entraineurs » ont également fait l'objet d'un thème abordé, celles-ci demeurent minoritaires comme on a pu le constater précédemment avec notre étude centrée sur le cas de la Ligue de l'Essonne de Tennis, et leur objectif sera d'apprendre à se positionner, se confronter, se faire accepter et se faire reconnaître. Tout cela passera par un travail sur leurs propres représentations de l'entraineur, un travail sur elles-mêmes, et leur pratique professionnelle. Le colloque a également évoqué le sujet du suivi médical des joueuses. Pour Jacques BADY, docteur en médecine intervenant à la Fédération Française de Tennis, l'entrainement intensif chez les jeunes joueuses peut avoir des effets néfastes sur leur organisme.

Il souhaiterait généraliser le suivi gynécologique pour assurer une bonne prévention. Concernant les exigences du haut niveau pour le tennis féminin, la recherche d'efficience motrice38(*) semble primordiale. L'accent est mis sur la qualité d'exécution des déplacements et coups du tennis (respect des alignements segmentaires, contrôle de la statique pelvienne), mais aussi sur l'intensité (qui doit être maximale) concernant l'engagement physique et mental de la joueuse. L'objectif général restant toujours la plus grande efficacité possible en compétition. À l'issue de ce colloque, plusieurs idées sont ressorties : il faut changer les habitudes pour mieux prendre en compte les spécificités du tennis féminin, et informer sur les principales adaptations dans la formation des jeunes joueuses (moins de compétitions en simple et davantage en doubles, des rassemblements sous forme de stages plus nombreux dans l'année). Cela montre bien la volonté de la Fédération Française de Tennis de mener des actions fortes pour le développement du tennis féminin.

· Communication sur le site internet de la FFT (rubrique spécialisée)39(*)

On retrouve sur le site officiel de la Fédération Française de Tennis un espace dédié au tennis féminin, où deux documents sont accessibles en téléchargement direct (« j'aime, j'aime pas » ; « enseigner le tennis aux filles). Ces deux documents sont essentiellement destinés aux parents (en complément d'information, pour informer les parents de l'approche pédagogique de la fédération concernant le tennis féminin ; mais également pour aider les enseignants dans la direction de leurs séances). Ce point tient aujourd'hui une place primordiale dans la politique sportive développée par la FFT. Outre les deux documents cités précédemment, des articles couvrant des pages du site web ont été rédigés. On y trouve toujours la même idée de communication et cette même envie de développement.

« Jusque-là, l'enseignement du tennis a très souvent été le même pour les filles et les garçons. Il a été entièrement repensé pour être adapté aux filles. « Cette prise de conscience permet aujourd'hui à notre Fédération, à sa direction technique en particulier, de déployer une pédagogie prenant en compte la dimension psychologique des jeunes filles, en termes de détection, d'entraînement ou de compétition », a précisé Jean-Pierre Dartevelle. Avec le but, comme le souhaite Patrice Hagelauer, le directeur technique national, de « relancer une dynamique et de redonner envie aux petites filles de jouer ». »40(*) Ce type de communication s'inscrit dans une dimension « média relations publiques » où la FFT cherche à transmettre des informations en les mettant à disposition des internautes gratuitement sur leur site internet officiel.

· Dépliants distribués dans les ligues et clubs pour attirer un public plus important

On trouve aujourd'hui dans la majorité des clubs, le journal mensuel de la fédération, où chaque mois une ou plusieurs rubriques évoquent le tennis féminin. Que cela soit au stade de la pratique en loisir, en compétition, ou à haut niveau. Les ligues sont également chargées de distribuer des dépliants dans les clubs pour un accès élargi aux licenciés (joueuses, entraineurs et parents).

· Contenus de formation spécifiques à l'enseignement du tennis féminin pour les nouveaux diplômes d'état (sensibilisation des enseignants)41(*)

Depuis 2009, le brevet d'état moniteur tennis s'est transformé en diplôme d'état. Désormais le tronc commun ne fait plus partie intégrante du contenu de formation, mais l'accent est mis davantage sur les capacités de direction de clubs, et surtout sur les approches pédagogiques avec les élèves. L'enseignement pour les filles/femmes fait l'objet d'une approche spécifique dissociable de celle (plus traditionnelle) mise en place pour les garçons/hommes. Le futur enseignant doit s'adapter au public et engager ses séances dans une idée d'individualisation avec l'élève, où la communication tient une place importante. L'objectif est de mettre en confiance les joueuses, la dimension psychologique est devenue essentielle dans l'apprentissage du tennis.

· Document « J'aime, j'aime pas »

Ce document est également accessible sur le site officiel de la FFT, mais aussi sous forme de dépliant cartonné dans les clubs. Cette fois-ci, il s'adresse directement aux joueuses, en se plaçant (dans le discours) comme telle.

Un côté (à thématique rouge) énumère toute une série de points/critères que les filles « aiment » ; à l'inverse l'autre côté (à thématique bleue) résume différents points que les filles « n'aiment pas ». Ce dépliant, en se basant sur un discours à la première personne du singulier (dans la peau d'une joueuse, future joueuse) s'adresse également aux parents. Et ce notamment en arborant cinq points essentiels décelés par la FFT (des deux côtés du dépliant) : l'entraineur, la dimension sociale, l'identification de la joueuse, la dimension physique, et l'aspect psychopédagogique du tennis. Tout est mis en oeuvre pour séduire le public féminin déjà pratiquant ou futur pratiquant, encourager les enfants à vouloir s'inscrire au tennis : le document est facilement compréhensible, très accessible, décoré, et consultable de manière ludique.

· Les compétitions spécifiques au tennis féminin

La Fédération Française de Tennis a mis en place une compétition appelée « Les Raquettes FFT » depuis 1996. Cette compétition ouverte aux joueuses débutantes (NC, 40, 30/5) est organisée dans chaque centre de ligue par les commissions spécialisées au tennis féminin. C'est sous forme de matchs par équipes avec deux simples et un double au format réduit (un seul set) que la compétition se déroule. La Fédération Française de Tennis organise des réunions ouvertes aux membres de commissions féminines de toutes les ligues nationales pour informer ceux-ci de la manière dont doit être organisée la compétition afin de la promouvoir. Ayant pu assister à une réunion de ce type sur le site de Roland Garros à la porte d'Auteuil, j'ai pu constater que les dirigeants de la fédération souhaitaient, à travers les Raquettes FFT, rendre accessible le plus possible un format de compétition aux joueuses débutantes, et ce avec une dimension prépondérante qu'est la convivialité. À l'issue de la compétition, des lots sont remis aux gagnantes directement sur les centres de ligue, lots fournis par la FFT.

Chapitre 2 - Quelles représentations des femmes dans le tennis féminin français ?

Ce chapitre sera l'occasion de revenir sur les représentations des femmes dans le tennis aux yeux de la Fédération Française de Tennis. Les deux parties qui suivent s'appuient largement sur le document mis en ligne par la FFT « Enseigner le tennis aux filles ». Le contenu et la structure du document m'ont paru bien en adéquation avec l'objet de mes recherches. Nous aurons à faire à une partie relativement descriptive avec toutefois des commentaires argumentés et analytiques personnels pour étoffer le travail effectué par la fédération.

I/ A travers les discours de la FFT

Le document42(*) que l'on va étudier dans ce chapitre se découpe en cinq parties : « la personnalité féminine », « les séances », « la communication », « les filles et la compétition », « paroles de championnes ». Ce sont les quatre premières parties qui nous intéresserons. Cette première sous-partie sera centrée sur le chapitre « la personnalité féminine », nous reviendrons sur des principes psychologiques et scientifiques prouvés concernant le comportement des filles/femmes, remis en contexte avec le tennis.

Revenons sur l'aptitude émotionnelle des femmes, bien plus importante que celle observée chez les hommes. En effet, les femmes sont davantage sujettes au stress et à l'anxiété. Dans l'esprit féminin, l'échec est bien souvent perçu comme une dévalorisation personnelle. Ainsi, des manifestations telles que « je suis nulle » apparaitront comme courantes. Aussi, le langage non-verbal prendra une importance toute particulière, celui-ci étant tout aussi efficace avec les femmes que le discours verbal traditionnel. Ainsi, les enseignants devront faire preuve de tact lors d'explications diverses et d'énumération de consignes, ne pas hésiter à montrer un exemple avant un exercice, mimer, etc. Les filles ont également tendance à intérioriser davantage que les garçons les critiques personnelles à leur égard.

Parlons maintenant de la motivation à jouer des filles, en effet celle-ci apparaît particulière dès lors que nous savons aujourd'hui que les filles possèdent une motivation intrinsèque davantage basée sur la maîtrise, que sur l'aspect comparatif que l'on peut avoir avec l'adversaire. Les filles prennent le plus souvent un grand plaisir à apprendre, à s'améliorer sur le plan personnel. Contrairement aux garçons, celles-ci ont besoin d'être en confiance et d'être motivées pour produire/créer de l'action/être efficaces. (Les garçons eux, obtiennent de la confiance et de la motivation par l'action). Il est important pour elles de maîtriser la tâche qu'elles sont en train d'accomplir, car 80% de leur confiance apparaît par cela : le travail analytique, le fait de revenir sur des actions passées, d'en parler pour comprendre.

La collaboration demeure un facteur essentiel dans la personnalité féminine. Les filles ont besoin de « travailler, jouer avec ». À faible niveau notamment, l'aspect relationnel tient bien souvent une place prépondérante à la pratique-même du sport. Le jeu en coopération est à privilégié car davantage apprécié par le public féminin. L'enseignant doit être capable de mettre en place une relation de qualité avec sa/ses joueuse(s). En effet, les femmes/filles ont besoin de l'approbation de l'enseignant pour être motivées et entretenir leur envie de jouer et progresser. Sur les plus jeunes, l'enseignant a une emprise très importante sur l'aspect émotionnel, ce qui peut provoquer chez certaines un phénomène de passivité.

Les filles sont également « très sensibles à l'expression corporelle, à la fluidité et à l'harmonie du mouvement »43(*). En effet, celles-ci s'expriment beaucoup avec leur corps et ressentent de bonnes sensations internes. Chez les femmes des changements d'humeur et de comportement apparaissent avec les fluctuations hormonales.

II/ A travers les pratiques autour de la pédagogie

Il faut savoir que la fédération souhaite à travers les mesures prises en faveur du tennis féminin, que les enseignants en charge de ce public spécifique, mettent en application les mesures pédagogiques de la fédération afin « d'uniformiser » une politique sportive, que les clubs affiliés soient en adéquation avec les ambitions fédérales. La FFT insiste sur le fait que les enseignants travaillant avec les femmes et les jeunes filles devront faire preuve d'enthousiasme et de motivation à l'égard de leur tâche. Les recommandations édictées dans le document sont à prendre selon la loi du 80%/20% pour les enseignants dès lors que des cas particuliers allant à l'encontre des « normes » peuvent apparaître concernant les élèves féminines. Nous étudierons dans cette partie les éléments pédagogiques liés aux séances de tennis loisir et d'entrainement, mais également à la communication que les enseignants devront adopter avec les élèves.

A- A l'école de tennis

A l'école de tennis, la FFT préconise plusieurs mesures à prendre pour les enseignants au niveau pédagogique. Il est conseillé qu'un encadrement féminin soit mis en place dans la mesure du possible pour entrainer les filles/femmes. Néanmoins, les hommes (bien plus nombreux chez les enseignants tennis comme on a pu le voir précédemment) peuvent très bien s'occuper du public féminin s'ils font preuve de motivation et qu'ils sont formés aux spécificités du public. Pour les directeurs sportifs des associations, la consigne de la FFT est de « former autant que possible des groupes de filles »44(*). Néanmoins, les groupes mixtes peuvent être une bonne solution dès lors que ceux-ci sont constitués de plusieurs filles en leur sein. Il est également conseillé de conserver les mêmes groupes de filles d'une saison tennistique sur l'autre.

L'idéal de la fédération serait que les clubs soient en mesure de réserver des plages horaires spécifiques aux femmes, afin de leur permettre une meilleure intégration dans leur association tennistique. La FFT insiste aussi sur le « tennis évolutif »45(*), très efficace avec le public féminin qui doit apprendre rapidement à « produire du jeu » (c'est-à-dire être capable de faire des échanges et de servir). Combiner le jeu (dimension ludique) et l'apprentissage (dimension technico-tactique) demeure être un des objectifs prioritaires en terme de pédagogie pour la FFT. Les enseignants doivent au maximum permettre une continuité du jeu chez les élèves, garçons et filles. Ceux-ci doivent « taper » le plus de balles possibles afin de progresser, telle est la philosophie du tennis français aujourd'hui. Au niveau de la communication entre les enseignants et les élèves de l'école de tennis, la FFT insiste sur les feedbacks positifs des enseignants, c'est à dire que ceux-ci doivent impérativement revenir sur les points positifs observés dans le jeu pour valoriser et mettre en confiance les joueuses. Répartir équitablement les interventions entre les joueuses demeure un facteur essentiel, l'enseignant se doit de porter de l'attention à chacune au cours d'une séance.

B- A l'entraînement

En ce qui concerne les entraînements, une dissociation claire est faite par la fédération. Le niveau de jeu étant supérieur, les objectifs et attentes des joueurs et entraineurs varient. Plusieurs notions clés sont dégagées dans le document de la FFT. Ainsi, il est vivement conseillé aux enseignants de soigner la mise en route et de diversifier leurs séances spécifiques au tennis féminin. L'objectif de ces deux mesures résident dans le fait que les joueuses ont un besoin d'intensité et de variété dans leur pratique, pour encourager un certain enthousiasme à venir jouer au tennis.

Les exercices mis en place devront prendre en compte la motivation des joueuses basée sur la maitrise des coups et l'amélioration technique (et physique) plutôt que sur l'adversaire. Ainsi les situations de gammes seront privilégiées avec le public féminin, des gammes comprenant un travail technique précis et évolutif avec des objectifs clairs pour les joueuses. Les « gammes ouvertes »46(*) ne devront pas permettre une rupture trop rapide de l'échange.

Les situations de collaboration devront apparaitre régulièrement également. Les consignes et les objectifs d'une manière générale, devront être clairs et précis pour les joueuses, un encadrement prononcé de celles-ci est vivement conseillé de la part de la fédération. L'apprentissage de l'ensemble des coups fondamentaux du tennis constitue un objectif essentiel pour la FFT. Mettre en place des groupes mixtes pour les entrainements paraît intéressant pour la fédération, à condition que les niveaux soient homogènes. En terme de communication entre l'enseignant et les élèves, la FFT insiste sur le fait qu'une relation de qualité doit être mise en place par l'entraineur. Le piège que souligne la FFT dans le document est de tomber dans une relation de séduction ou de dépendance affective. L'enseignant se doit de construire sa communication sur une relation individualisée avec sa ou ses joueuse(s). L'enseignant devra également chercher à développer la confiance et la motivation de ses joueuses, les propositions évoquées sont le soutien et une grande présence de l'entraineur (tant au niveau physique que verbal), la valorisation des points forts en priorité, le développement de l'autonomie et de la prise de décision pour les joueuses. En effet, l'adhésion des joueuses aux objectifs de l'entraineur doit être parfaite, et celui-ci doit y veiller en priorité. Les mots employés par l'enseignant sur les notions d'agressivité et de combativité doivent être clairs pour les joueuses. Il est également conseillé par la FFT d'instaurer pour les enseignants une relation saine avec les parents des joueuses pour asseoir la confiance de celles-ci.

Conclusion du titre II

Plusieurs questions ont constitué notre Titre II : Quels sont les objectifs de communication de la FFT ? Quels types de communication fait-elle ? Quelles sont les cibles ? Quelles représentations des femmes dans le tennis français ?

Dans un premier temps, nous avons vu que les objectifs de la fédération sont multiples en ce qui concerne le tennis féminin. En effet celui-ci doit se développer dans les clubs, mais aussi s'améliorer sur le plan des performances sportives au plus haut niveau. La FFT souhaite une considération toute particulière pour les femmes dans le système fédéral français. L'uniformisation d'une politique sportive semble importante pour la fédération, avec l'idée que les clubs affiliés soient en adéquations avec les ambitions fédérales.

Nous avons pu voir également que les comités et les ligues sont des « antennes relais » de la FFT en termes de communication auprès des clubs.

Différentes actions sont mises en place pour favoriser le développement du tennis féminin, notamment avec des manifestations sportives, des partenariats, des colloques spécifiques, l'élaboration de documents consultables en ligne sur le site internet officiel de la FFT et en format papier dans les clubs, l'amélioration des contenus de formation pour l'enseignement du tennis au public féminin... Les cibles sont diverses, chaque document édicté a des objectifs clairs. Ainsi nous pouvons voir apparaître un document comme « enseigner le tennis aux filles » destiné aux enseignants ou encore un « j'aime, j'aime pas » à l'attention des joueuses et de leurs parents.

En ce qui concerne les représentations des femmes dans le tennis français, nous avons dissocié le discours tenu par la fédération et les mesures pédagogiques concrètes proposées par celle-ci. Le discours se veut multiple et complet, ainsi on y apprend que les filles sont particulièrement sujettes au stress et à l'anxiété avec des aptitudes émotionnelles importantes. Des caractéristiques spécifiques au public féminin sont soulignées, comme la dévalorisation personnelle, l'intériorisation des émotions et des ressentis, une motivation intrinsèque basée sur la maitrise... La confiance des joueuses constitue un facteur primordial dans la motivation et la progression de celles-ci. Elles préfèrent le jeu en collaboration avec un/une partenaire plutôt que l'adversité.

Pour finir, nous avons abordé les mesures pédagogiques conseillées et voulues par la Fédération Française de Tennis. Une dissociation claire en faite entre l'école de tennis et les entrainements. Nous avons vu qu'un encadrement féminin est conseillé, que les enseignants doivent être formés et enthousiastes à l'idée de travailler avec le public féminin. Des mesures comme former autant que possible des groupes de filles, ne pas isoler une fille dans un groupe masculin, favoriser le tennis évolutif, la continuité du jeu, apparaissent. Il est conseillé aux enseignants de revenir sur les points positifs observés au cours des séances, d'accorder une attention individualisée et également répartie à chaque élève. Pour les entrainements, les enseignants doivent diversifier au maximum leurs séances, favoriser le plaisir du jeu et les situations d'exercice privilégiant la technique. Les mots employés par les enseignants doivent être clairs et expliqués aux joueuses entrainées.

Titre III) Méthodologie et analyse des observations de terrain

Il s'agira dans ce titre de détailler les démarches que j'ai eues concernant la méthodologie de mes observations de terrain. Dans un premier chapitre, nous verrons les difficultés rencontrées, les choix qui ont été faits, validés ou non pour la suite finale du mémoire. Dans le chapitre 2 nous analyserons les données observées pour répondre à notre double problématique concernant les attitudes des acteurs de terrain au tennis : « Existe-t-il des différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes ? » et « Comment les joueuses semblent-elle se comporter par rapport aux stéréotypes sexués que l'on associe au féminin ? ». Nous essaierons d'apporter une réponse claire à ces questions.

Chapitre 1 - La méthodologie de l'observation

Nous nous sommes intéressés au comportement des enseignants selon qu'ils enseignent aux hommes ou aux femmes. Le fait d'observer les joueurs et les joueuses m'a permis d'établir des différences, mais aussi des similitudes. Ce chapitre sera l'occasion de revenir sur les différentes étapes auxquelles j'ai procédé et les difficultés rencontrées pour mener à bien mon travail de recherche, relatif au tennis féminin.

Ayant effectué un stage de huit semaines au sein du service administratif de la Ligue de l'Essonne de Tennis, j'ai pu obtenir de nombreux renseignements et accéder aux données de l'administration fédérale de la FFT. J'ai rapidement décidé de centrer mon enquête sur les joueuses et entraineurs affectés aux clubs de l'Essonne. Il m'a semblé pertinent d'établir des panels. Dans un premier temps j'ai cherché à établir des catégories de clubs référencés par leur nombre de licenciés. Ainsi, cinq catégories sont sorties : les clubs ayant 100 licenciés et moins, entre 101 et 200, entre 201 et 300, entre 301 et 450, et les clubs ayant 451 licenciés et plus. La deuxième étape fût d'établir un panel d'enseignants. Je souhaitais contacter tous les enseignants référencés, diplômés fédéraux et/ou d'état, quelque soit leur niveau de qualification. J'ai recensé l'ensemble des enseignants présents sur les quinze clubs choisis précédemment. Ceux-ci ont été triés selon leur club de rattachement, or dans le milieu du tennis ceux-ci sont autorisés à enseigner dans plusieurs clubs. 65 enseignants sont référencés sur les quinze clubs sélectionnés, seuls 62 d'entre eux ont renseigné leur adresse mail. La troisième et dernière étape au niveau méthodologique était de constituer un panel de joueuses. Celles-ci ont été sélectionnées selon leur club de rattachement.

J'ai affiné mon tri en ne sélectionnant que les joueuses née en 1997 et avant pour la simple raison que les joueuses plus jeunes n'étaient pas aptes à répondre comme je le souhaitais à l'enquête. C'était donc 533 joueuses qui sont sorties de mon tri.

Les lectures de documents relatifs aux enquêtes dans le milieu sportif47(*) m'ont été d'une aide précieuse pour mon travail, et notamment sur l'élaboration de grilles d'observations. Ces grilles d'observation avaient pour objectif d'obtenir une vision synthétique des données recueillies, pour ensuite pouvoir rédiger un rapport clair et précis. Ces grilles d'observation ont été construites selon des critères précis prédéfinis avant l'enquête, aidant également à l'élaboration de questionnaires que j'avais prévus.

Or, cette démarche entamée n'était pas une solution viable pour répondre de manière précise à notre problématique. Sur les conseils de ma directrice de mémoire, j'ai décidé d'orienter mon travail d'enquête sur des observations (à partir de critères prédéfinis) d'enseignants en train d'exercer sur le terrain. Ce choix a été motivé par plusieurs difficultés rencontrées. En effet, apparaissait une incohérence entre ma problématique et la méthode que j'avais mise en place. C'est davantage en observant directement les entraineurs en train d'exercer que l'on peut percevoir les changements de comportement. Alors que je m'étais orienté sur leurs avis et leurs visions des choses. Par ailleurs, j'ai évité de mettre au courant les enseignants observés pour ne pas influencer indirectement leur manière de se comporter avec leurs élèves. Mon étude s'est donc finalement pleinement centrée sur ce que les enseignants font, plutôt que ce qu'ils pensent. Il a fallu également que je me positionne de façon neutre par rapport à mes observations. Ce qui fût une tâche délicate dès lors que je suis moi-même enseignant de tennis. J'ai essayé au maximum, de me détacher des ressentis que je peux avoir afin de traiter de la manière la plus objective possible mes observations.

Méthodologie :

Ayant des objectifs plus clairs concernant l'avancée de mon enquête, je me suis concentré à mettre en place des grilles d'observation. Ces grilles devaient être les plus précises possible, et c'est pour cette raison que j'ai choisi de les constituer en trois parties distinctes : La situation, la mise en scène, et les indicateurs de comportement. Sur chacune des parties, plusieurs critères observables apparaissent, avec à chaque fois une contextualisation de la situation et de l'enseignant avec les élèves, observés.

Vous trouverez en annexe le contenu détaillé de la grille d'observation avec, pour chaque critère, une explication. Nous avons convenu avec ma directrice de mémoire qu'une segmentation en fonction des loisirs serait effectuée. Ce choix se justifie par les différences observables entre les entrainements en ligue (joueurs et joueuses de haut niveau, pôle espoir) et les entrainements de club (joueurs compétiteurs et/ou loisirs). Il était essentiel de trouver plusieurs enseignants observables avec les deux publics (féminin et masculin) pour avoir un outil de comparaison viable. Nous verrons précisément dans le chapitre 2 les corrélations qui apparaissent entre les écrits de la fédération et la réalité du terrain. Pour chaque observation effectuée, la rédaction se verra structurée sur le public masculin dans un premier temps, le public féminin dans un deuxième temps, et les rapprochements qui apparaissent avec le discours et les attentes de la Fédération Française de Tennis dans un troisième. Néanmoins, il est important de prendre en compte le fait que les analyses qui vont suivre ne peuvent être considérées comme représentatives, car l'objet de notre questionnement s'inscrit davantage dans une dimension qualitative que quantitative. Un approfondissement de la question avec l'élaboration d'une enquête quantitative dans un mémoire ultérieur en Master me permettrait d'aller au bout de mon objet d'étude.

Pour des raisons d'égalité, j'ai effectué plusieurs observations en centre de ligue et plusieurs également en club, deux de celles-ci sont retranscrites dans le chapitre suivant, basé sur les analyses. Certaines fois, les observations d'enseignants sur le centre de ligue n'ont pu être exploitées car ceux-ci n'ont pas pu être observés sur des séances avec les deux sexes. L'objet de mon travail consistant en une comparaison des attitudes des enseignants selon les sexes entrainés n'a donc pu être résolu.

Avant de rédiger mes analyses, celles-ci ont été retranscrites de manière brève dans des tableaux récapitulatifs auparavant. Pour des raisons pratiques j'ai fais le choix de procéder comme cela. Ces tableaux seront présents en annexe pour une meilleure lecture du travail effectué.

Par ailleurs, un tableau synthétisant la pyramide des classements de tennis français sera disponible en annexe pour mieux situer les niveaux observés en centre de ligue.

L'ensemble des retranscriptions présentes en chapitres 2 ont été rédigées dans le respect de l'anonymat des enseignants et élèves observés. Ainsi, des détails caractéristiques seront donnés (fonction, classement, expérience professionnelle) sans les noms et prénoms des gens faisant partie de l'étude.

Chapitre 2 - Les différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes. 

Nous verrons dans ce chapitre les analyses des observations effectuées sur le centre de Ligue de l'Essonne de Tennis (loisirs sérieux) et celles effectuées en club (loisirs traditionnels). Pour chaque observation, nous préciserons le profil de l'enseignant et la mise en scène de la séance analysée. Des parallèles seront établis entre le travail mené sur le terrain par les enseignants et les discours de la Fédération Française de Tennis. Chaque fois, les propos seront positionnés en fonction de la problématique soulevée : Existe-t-il des différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes ?

I/ Observations des « loisirs sérieux »

Dans un premier temps, nous allons essayer de définir ce que recouvre la notion de « loisirs sérieux ». D'après STEBBINS, les gens s'engageant dans les loisirs sérieux cherchent à être reconnus socialement.

Robert A. STEBBINS distingue plusieurs types d'individus : les « amateurs » (activités de théâtre, d'art, de musique, de danse, de sport et de science), les « hobbyistes » (activités de collection, de décoration, de cuisine, de nature et de fabrication de jeux) et les « bénévoles de carrière » (activités de nécessité, d'éducation, d'affaire civique, de développement spirituel, de santé, d'art...). Néanmoins, le loisir sérieux ne doit pas être perçu seulement comme une détente, un divertissement ou une récupération. Cette notion est rattachée aux valeurs d'investissement en termes de ressources humaines, de temps, et d'apprentissage. Le loisir sérieux se distingue de la notion de « loisir » au sens traditionnel par sa dimension importante. Le ludique n'est plus l'objectif prépondérant, le loisir sérieux se veut constructif et suit une logique d'apprentissage afin d'atteindre un objectif prédéfini. Dans notre cas, la notion de « loisir sérieux » apparaît comme justifiée dès lors que nos observations se font dans le cadre d'entrainements sur le centre de ligue de jeunes sportifs de haut-niveau ayant un projet professionnel sportif à court ou moyen terme. Ainsi, nous retiendrons que les jeunes joueurs et joueuses vus lors des observations de terrain, ne jouent pas au tennis que dans une dimension ludique et de plaisir, mais suivent un cheminement prédéfinis par eux-mêmes et les entraineurs pour mener à bien leurs projets en tant que futurs joueurs professionnels. Lors des observations effectuées plusieurs choses en sont sorties concernant les critères établis.

Première observation :

Dans un premier temps, j'ai observé un enseignant diplômé d'état deuxième degré, entraineur de ligue ayant en charge plusieurs jeunes du pôle espoir de l'Essonne et responsable de section au sein de la Ligue de l'Essonne de Tennis. Je l'ai d'abord observé en train de travailler avec cinq garçons âgés entre 14 et 16 ans, tous au niveau régional/national (classés entre 4/6 et 2/648(*)). La séance observée a duré deux heures, faisant l'objet d'un entrainement quotidien de ces jeunes sur le centre de ligue. Ce jour-là les objectifs attendus par l'enseignant étaient essentiellement tactiques avec des situations de jeu en gammes fermées dans un premier temps et des points à thèmes dans un second. J'ai pu constater que l'enseignant parlait fort et très régulièrement. Les consignes étaient surtout transmises de manière générale avec quelques fois des passages individuels avec chacun pour préciser les attentes sur le plan technique (« transfert vers l'avant », « relâche ton coude », « pose tes appuis »...). Les termes spécifiques sont nombreux, à tel point qu'un individu novice au tennis ne serait en position de comprendre la plupart des consignes. Il apparaît assez nettement qu'une grande proximité régit les rapports entre les élèves et l'enseignant, ceci dû certainement au fait que les entrainements soient quotidiens avec l'entraineur. J'ai pu remarquer que les joueurs étaient réceptifs de l'enseignant sans pour autant poser des questionnements.

L'enseignant a son attitude propre à lui-même en ce qui concerne sa gestuelle : sa raquette est plaquée contre le corps, il tient continuellement trois ou quatre balles dans sa main, prêt à en fournir au joueur le plus proche ayant besoin. Au niveau du placement, l'enseignant se trouve le plus souvent relativement éloigné des joueurs, en retrait par rapport au jeu. Le langage verbal utilisé par l'enseignant se veut particulièrement familier, il apparaît même régulièrement des blagues.

Quelques jours plus tard, j'ai pris le temps d'observer ce même enseignant lors d'un entraînement de deux filles âgées de 15 et 19 ans, la plus jeune étant au niveau national (-2/649(*)), l'autre se rapprochant du circuit mondial junior (ITF/WTA) classée -1550(*). Concernant la séance observée, le thème était quasi scrupuleusement le même que pour les garçons : un travail de gammes fermées et des points à thèmes avec des objectifs essentiellement tactiques. Néanmoins, l'attitude de l'enseignant varie sur plusieurs points. Contrairement aux garçons, la voix est basse, les consignes sont systématiquement individualisées directement. Les termes utilisés sont là encore très spécifiques et difficilement accessibles à un non-initié au tennis. Une grande proximité régie les relations entre l'enseignant et les deux élèves observés. L'enseignant nomme les joueuses par des surnoms, sobres mais affectifs. A l'inverse des garçons, les joueuses paraissent très demandeuses et démontrent un besoin d'attention parfois décuplé. Une impression générale nous mène à penser que les joueuses sont davantage sujettes à des doutes durant la séance (lors de plusieurs fautes consécutives, d'échecs concernant les objectifs attendus, etc.). L'attention portée par l'enseignant aux joueuses apparaît individualisée et également répartie entre elles. Contrairement aux garçons, l'entraineur est systématiquement placé près des joueuses, les consignes sont données à voix basse comme si un cadre plus personnalisé et intime était recherché par l'enseignant.

Des parallèles peuvent être faits entre les observations effectuées et le discours de la fédération. En effet, l'attention particulière de l'enseignant envers ses joueuses correspond aux attentes la FFT vues précédemment dans notre Titre II. L'individualisation dans les relations observées correspond également. L'entraineur est en effet toujours placé proche des joueuses. Concernant le comportement de celles-ci, les observations vont dans le sens de la FFT une fois encore, celles-ci ont en effet montré une attitude où elles sont demandeuses et davantage sujettes au doute que les garçons. L'enseignant essaye au maximum d'installer une présence sur le terrain, tant verbale que non-verbale, une prestance. Beaucoup d'éléments apparaissent comme évidents entre le discours et la réalité du terrain, le fait que l'enseignant observé soit particulièrement formé et expérimenté à travers son parcours professionnel et le poste qu'il occupe (entraineur de ligue) doit jouer en faveur de ce raisonnement.

Deuxième observation :

L'analyse de l'observation qui va suivre est centrée sur l'entraineur fédérale de la ligue, c'est-à-dire celui qui avec le conseiller technique régional, coordonne l'équipe enseignante du centre de ligue pour mener à bien les projets professionnels des jeunes du pôle espoir essonnien. Celui-ci justifie d'une grande expérience en tant qu'entraineur et est titulaire du Diplôme d'Etat Supérieur d'entraineur tennis. La première séance observée avec les garçons était en réalité un entrainement individuel d'un jeune de 13 ans au niveau national (classé 4/6) avec un sparring partner51(*) adulte homme. Le type d'exercice majeur observé était une situation de jeu en gammes ouvertes. L'enseignant ne s'est placé que sur la partie de terrain de son joueur, sur le côté. La voix était forte, le ton dynamique. Néanmoins il apparaissait comme évident que l'entraineur interférait de manière pondérée sur le jeu pour laisser place à une continuité et à une gestion autonome du joueur.

Les interventions verbales peu présentes laissaient davantage place à une grande présence physique de l'entraineur, très proche du jeu et de son joueur, très observateur et donc influent. Les interventions sont centrées sur des correctifs techniques, les mots employés sont très spécifiques et familiers. L'entraineur nomme son joueur par un surnom. Il circule beaucoup dans un périmètre restreint, ce qu'on pourrait interpréter comme une grande présence pour son joueur. Sur toutes les phases de repos, des feedbacks sont faits pour comprendre et analyser le ressenti du joueur.

Par la suite, j'ai eu l'occasion d'observer ce même enseignant sur l'entrainement de deux joueuses du centre de ligue, la première ayant 15 ans classée -2/6, l'autre étant -15 et ayant 19 ans (niveau national). Il apparaît comme évident de fortes différences de comportement chez l'enseignant une fois encore. En effet celui-ci s'adresse aux joueuses avec un ton plus doux, moins familier, mais tout de même dynamique. La relation enseignant/élèves paraît moins évidente et familière qu'avec les garçons. Les interventions verbales sont significativement plus présentes. La présence de l'enseignant sur le terrain est très marquée, il circule beaucoup. On entend moins de blagues, davantage de termes techniques, les propos sont moins évasifs, davantage centrés sur le jeu et la dimension technico-tactique. Les consignes sont systématiquement individualisées en fonction des objectifs de chacune. Les attentes de l'entraineur varient selon les joueuses. Le regard est porté sur les aspects techniques des joueuses et leur placement sur le terrain.

Là encore des liens apparaissent entre le discours de la FFT et les observations faîtes sur le terrain. L'enseignant s'inscrit dans les attentes de la fédération en individualisant ses consignes et en accordant une répartition égale de son attention auprès de ses joueuses. La présence tant au niveau verbal que physique de l'enseignant est importante. Néanmoins, on décèle une proximité moindre entre l'enseignant et les joueuses comparativement aux garçons entrainés. Le ton et le langage choisi par l'entraineur sont moins familiers, les mots employés sont tempérés.

Peut-être pourrait-on interpréter cela par une « barrière » ou distance dans les relations entre l'enseignant et les élèves filles ? On distingue tout de même une nette différence d'attitude chez l'enseignant en fonction des sexes entrainés dans le contexte sportif particulier du centre de ligue.

II/ Observations des loisirs traditionnels

Cette partie est consacrée à l'analyse descriptive des observations effectuées en club. Pour des raisons évidentes, l'identité des enseignants et des élèves observés et décrits ci-après ne sera pas dévoilée, ainsi que les clubs dans lesquels se sont déroulées les observations... Comme pour la première partie, nous verrons pour chaque observation, les points importants dégagés dans l'entrainement d'hommes, puis de femmes, et enfin nous essayerons d'établir des liaisons et/ou contre-liaisons qui peuvent apparaître avec le discours de la Fédération Française de Tennis. Pour des raisons de temps, seules deux observations de club ont pu être retranscrites.

Quatrième observation :

L'observation ici était celle d'un jeune enseignant, tout juste diplômé d'état, âgé de 20 ans. Celui-ci enseigne dans une moyenne structure, club comprenant environ 350 adhérents. J'ai dans un premier temps, observé une séance d'entrainement de quatre hommes âgés de 30 ans environ, dans le cadre d'un cours collectif adulte hebdomadaire d'une heure. Les joueurs sont au niveau perfectionnement, ils sont non-compétiteurs. Ce jour-là, les objectifs étaient essentiellement tactiques. L'enseignant a un volume de voix normal, assez dynamique. Les consignes sont données entre les phases de jeu et de manière collective, jamais pendant. J'ai constaté beaucoup de feedbacks positifs et d'encouragements pendant les phases de jeu (« c'est bien ça », « parfait », « bien joué, continues »...). Les exercices observés étaient basés sur des phases « au panier » en début de séance, puis surtout des points. L'enseignant favorise la continuité du jeu plutôt que les aspects techniques, on pourrait interpréter cela comme une adaptation au public «  loisir » observé. Les élèves participent activement et engagent même parfois des conversations extérieures au tennis. L'enseignant garde une certaine distance relationnelle avec les élèves. Celui-ci est majoritairement placé derrière les joueurs, assez éloigné d'eux. Le regard est porté sur le jeu, la distance prise avec les joueurs pourrait être interprétée comme si l'enseignant souhaitait avoir une vision plus globale du jeu et du terrain. Je constate peu d'individualisation dans les consignes, davantage pour les encouragements.

J'ai par la suite, observé ce même enseignant sur un groupe de six femmes âgées entre 30 et 45 ans, jouant à un niveau perfectionnement, début de compétition. Celles-ci étant joueuses d'équipe pour le club, l'entrainement observé avait pour objectif la préparation de matchs. Comme pour les hommes, le volume de voix est normal, mais cette fois-ci un peu plus dynamique. Les consignes sont davantage individualisées. Celles-ci apparaissent, même pendant les phases de jeu, et marquent un suivi des joueuses permanent de l'enseignant. J'ai constaté beaucoup d'encouragements également. Là encore, l'enseignant souhaite une continuité du jeu, que les joueuses puissent frapper le plus de balles possibles. La participation des femmes est moins active que les hommes, on décèle plus de conseils de l'enseignant par rapport aux joueurs observés auparavant. De manière générale, l'encadrement est plus marqué, notamment sur le plan technique. L'enseignant est placé derrière les joueuses, relativement proche pour avoir l'occasion de corriger si besoin.

Plusieurs points importants sont à relever concernant les parallèles louables avec la FFT. En effet, l'encadrement des femmes est plus marqué, plus dynamique que celui des hommes. L'enseignant conseille davantage les joueuses, individualise plus. Le comportement des femmes correspond au discours tenu par la fédération, en ce sens qu'elles sont plus « effacées », davantage sujettes à l'anxiété et au doute, davantage en besoin d'encouragements que les hommes. Néanmoins, subsistent beaucoup de similitudes, à tel point qu'une observation sans grille de critères et sans un oeil averti, pourrait ne rien donner à dire concernant les différences qui apparaissent. Les différences observables apparaissent bien plus nettes dans les séances d'entrainement de la Ligue de l'Essonne de Tennis.

Cinquième observation :

L'entraineur observé ici est un homme de 50 ans, directeur sportif et technique d'un club comprenant environ 350 adhérents, donc moyenne structure. L'enseignant dispose d'une grande expérience, puisque il a été directeur technique d'un autre club auparavant. Il est titulaire du Diplôme d'Etat Supérieur, équivalent au BE2. Dans un premier temps, l'entrainement d'un cours collectif adultes hommes a été observé, cinq élèves étaient présents, tous âgés d'environ 40 ans et pratiquant le tennis à un niveau perfectionnement, non compétiteurs. La séance observée est hebdomadaire, une heure par semaine. L'enseignant a un volume de voix normal, très dynamique. Il apparaît un flow continu de paroles. L'enseignant fait beaucoup de blagues mais reste très exigent sur les consignes techniques. Il exige une écoute quasi permanente. Les exercices sont d'une difficulté particulièrement élevée proportionnellement au niveau des joueurs. Les termes employés sont généraux, bien que spécifiques parfois sur quelques situations d'exercice. Les élèves sont très actifs, discutent beaucoup entre eux et avec l'enseignant. Celui-ci est systématiquement placé sur le côté du terrain, toujours très proche des joueurs avec des interventions très fréquentes voire continues. Le regard est porté sur le jeu, le saut de balles est toujours à proximité comme pour montrer une disponibilité et une implication permanente aux élèves.

Ce même enseignant a été observé sur un groupe de trois dames âgées de 20, 30, et 50 ans, toutes pratiquantes au niveau initiation, débutantes. L'entrainement est hebdomadaire, une heure par semaine. Cette fois-ci l'enseignant parle fort, toujours aussi dynamique. Le langage verbal employé est familier. Beaucoup d'informations et de consignes sont données en dehors et pendant le jeu. L'enseignant fait des blagues, on pourrait même y déceler une dimension « d'animation » avec un discours parfois extérieur au tennis. Les termes employés par l'enseignant sont très généraux, très imagés, afin de permettre la compréhension des consignes techniques par toutes.

Les consignes sont générales, une individualisation apparaît durant le jeu, celle-ci n'étant pas répartie également entre les joueuses. Les situations d'exercice sont dîtes « au panier »52(*), les joueuses passent chacune leur tour. Quelque soit la situation d'exercice, l'enseignant engage toujours le jeu. Celui-ci questionne beaucoup les joueuses, il est d'une grande exigence. Contrairement aux hommes, les élèves sont très « effacées » et participent peu sur le plan verbal. On pourrait penser à un certain manque de confiance en elles. Celles-ci acquiescent la plupart des consignes, elles expriment un besoin de jeu. L'enseignant utilise fréquemment des exercices correctifs, relatifs à la notion de « tennis évolutif » mise en place par la Fédération Française de Tennis. Comme pour les joueurs, l'enseignant est toujours placé sur le côté du terrain, proche des joueurs. Il est très présent aussi bien physiquement que verbalement. Comme pour les hommes, l'enseignant a toujours le saut de balles à proximité, prêt à engager. Les élèves ne sont jamais en autonomie.

Si d'une manière globale, peu de différences d'attitude chez l'enseignant sont visibles de l'entrainement des hommes à celui des femmes, quelques points spécifiques font l'objet d'une différenciation. En effet, avec les femmes l'enseignant utilise davantage des exercices correctifs relatifs au tennis évolutif, fortement conseillé par la FFT. Une individualisation des consignes techniques pendant le jeu est visible, mais peu ou pas répartie de manière égale sur chacune d'entres elles. On décèle dans les observations, une dimension « d'animation » plus importante chez les femmes avec un souhait de l'enseignant d'amener un côté ludique dans la séance. Les termes employés par l'enseignant avec les femmes sont plus généraux, compréhensibles par tous, même les plus novices. J'ai pu constater que les femmes sont moins participatives que les hommes, plus sujettes à un manque de confiance en elles. Il me semble tout de même important de souligner que peu de différences apparaissent dans le comportement général de l'enseignant, quelque soit le sexe des élèves, celui-ci se place et déplace de la même manière, toujours sur le côté du terrain, proche des joueurs avec le saut de balles à proximité. Le fait que l'enseignant ait une cinquantaine d'années, avec une expérience solide, suggère une méthode de travail et un code de conduite déjà bien acquis et difficilement transposable et/ou modifiable.

Conclusion du Titre III

Nous pouvons constater que dans le cadre de loisirs sérieux, les enseignants bien souvent davantage diplômés que la plupart présents dans les clubs, mettent un point d'honneur à appliquer la majeure partie des prérogatives de la Fédération Française de Tennis en termes de mesures pédagogiques. Néanmoins, des différences assez nettes apparaissent entre eux dans leur manière de se comporter, notamment au niveau de la gestuelle, particulièrement propre à chacun. Il semble nécessaire de souligner que les enseignants observés sur le centre de la ligue de l'Essonne ont tous une expérience vaste du métier et un parcours qui leur est propre, ce qui engendre une manière d'enseigner et de transmettre significativement personnelle. Les différences énumérées et voulues par la FFT dans l'enseignement aux filles se retrouvent assez nettement dans les observations. Les notions d'individualisation dans les consignes et de relationnel affectif enseignant/élèves, se retrouvent quasi- systématiquement. Ce phénomène apparaît bien moins évident dans les loisirs traditionnels lors des observations effectuées dans les clubs. Le public auquel est enseigné le tennis n'est pas dans les mêmes attentes et la dimension de loisir influence majoritairement la conduite des séances. Les enseignant s'inscrivent dans une adaptation au niveau et aux attentes des joueurs et joueuses. Les deux observations menées en club ont vu s'opposés deux profils d'entraineurs radicalement différents : l'un étant jeune diplômé, l'autre ayant une grande expérience du terrain et occupant un poste de directeur sportif. Des différences apparaissent dans l'attitude des enseignants selon les sexes, notamment dans la dimension relationnelle. Les consignes sont davantage individualisées, bien que ça soit moins marquant que lors des observations de loisirs sérieux. C'est surtout la présence générale de l'enseignant qui demeure bien plus significative avec les femmes qu'avec les hommes. Selon les profils et les expériences de chacun, des enseignants se verront très expressifs, proches des joueurs et joueuses, très impliqués même dans le jeu ; d'autres seront plus en retrait, appliqués à conseiller quand ils le jugent bon, favorisent une autonomie des élèves dans le jeu...

Le discours de la Fédération Française de Tennis paraît très appliqué en « milieu officiel » sur des joueurs et joueuses de haut niveau comme sur le centre de Ligue de l'Essonne. La corrélation est moins évidente dans le milieu associatif « loisir traditionnel » des clubs, même si des différences sont observables selon les sexes. Une impression générale pourrait amener à penser que les enseignants en loisirs sérieux sont totalement impliqués dans l'adaptation aux joueurs et joueuses au niveau affectif, relationnel, et tennistique (technico-tactique) ; alors que les enseignants qui travaillent en club cherchent davantage à s'adapter au niveau de jeu et attentes des joueurs et joueuses, avec une dimension ludique tenant une place prépondérante.

Table des matières

Introduction 3

Titre I) Contextualisation 6

Chapitre 1 - Le rôle de la pratique féminine du sport dans les modifications de représentation des femmes depuis les années 1970 6

I/ Les évolutions concernant les pratiques sportives 6

A- Sur le plan quantitatif 6

B- Sur le plan qualitatif 9

II/ Les facteurs d'évolution des pratiques sportives 14

III/ Le genre : une explication des différences sexuées 15

A- Le genre, les rapports sociaux de sexe 15

B- Traitements pédagogiques, facteur d'inégalité 19

C- Représentations des genres, facteur d'inégalité 21

Chapitre 2 - La place des femmes dans le système fédéral du tennis français 22

I/ Les évolutions de la pratique féminine du tennis 22

A- Sur le plan quantitatif 22

B- Sur le plan qualitatif 23

II/ La place actuelle des femmes dans le tennis 25

A- En tant que pratiquantes 25

B- En tant qu'actrices dans les organisations 27

Conclusion du titre I 29

Titre II) Discours et représentations de la Fédération Française de Tennis 30

Chapitre 1 - Comment la FFT communique-t-elle à propos des pratiquantes féminines ? 30

Chapitre 2 - Quelles représentations des femmes dans le tennis féminin français ? 34

I/ A travers les discours de la FFT 35

II/ A travers les pratiques autour de la pédagogie 36

A- A l'école de tennis 36

B- A l'entraînement 37

Conclusion du titre II 38

Titre III) Méthodologie et analyse des observations de terrain 40

Chapitre 1 - La méthodologie de l'observation 40

Chapitre 2 - Les différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes. 43

I/ Observations des « loisirs sérieux » 43

II/ Observations des loisirs traditionnels 47

Conclusion du Titre III 50

Bibliographie

Ouvrages et articles consultés :

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CHIFFLET pierre et RUNDSTADLER Laurent, « Le jeu de rôles des moniteurs dans les clubs de tennis », Staps n°57, p. 7-20, 01/2002.

COMBAZ Gilles et HOIBIAN Olivier, « Contenus d'enseignement et inégalités sexuées. Le cas des activités physiques de pleine nature en éducation physique et sportive », Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle Vol.43, p. 13-35, 03/2010.

DAUNE-RICHARD Anne-Marie et DEVREUX Anne-Marie, « Rapports sociaux de sexe et conceptualisation sociologique », Recherches féministes Vol.5 n°2, p. 7-30, 1992.

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FRAISSE Geneviève, « Que penser d'une évidence ? », Travail, genre et sociétés n°11, p. 195-197, 01/2004.

HEAS Stephane, BODIN Dominique, ROBENE Luc, MEUNIER Dominique et BLUMRODT Jens, « Sports et publicités imprimées dans les magazines en France : une communication masculine dominante et stéréotypée ? », Etudes de communication n°29, p. 02-17, 2006.

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MARRY Catherine, « Mixité scolaire : abondance des débats, pénurie des recherches », Travail, genre et sociétés n°11, p. 189-194, 01/2004.

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MERON Monique, OKBA Mahrez, VINEY Xavier « Les femmes et les métiers : vingt ans d'évolutions contrastées », Données sociales - La société française, p. 228-229, 2006.

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PETER Jean-Michel, « Tennis, « Leisure class » et nouvelles représentations du corps à la Belle Epoque », Staps n°87, p. 45-56, 01/2010.

ROSOL Nathalie, « « Le sport vers le féminisme ». L'engagement du milieu athlétique féminin français au temps de la FSFSF (1917-1936) », Staps n°66, p. 63-77, 04/2004.

SAOUTER Anne, « Pratiques sportives et représentations du corps : consécration de l'éternel masculin », Emplan n°79, p. 105-110, 03/2010.

TERRET Thierry, « Le genre dans l'histoire du sport », CLIO, Histoire, femmes et sociétés, n°23, p. 02-18, 2006.

TRAVERT Maxime et SOTO Hélène, « Une passion féminine pour une pratique masculine : le football », Sociétés n°103, p. 85-95, 01/2009.

Sources internet :

www.admin.appli-fft.fr, ADMINISTRATION FEDERALE FEDERATION FRANCAISE DE TENNIS, 03/2013.

www.fft.fr, FEDERATION FRANCAISE DE TENNIS, Statistiques à l'issue de l'année sportive 2012, Direction Administrative et Financière, Département Organisation et Système d'Information, 01/2013.

www.sports.gouv.fr, MINISTERE DES SPORTS, DE LA JEUNESSE, DE L'EDUCATION POPULAIRE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE, Article « Femmes et sport », 12/2012.

www.trans-faire.fr, CABINET DE CONSEIL ET CENTRE DE FORMATION EN ALTERNANCE, DU SPORT ET DE L'ANIMATION, 01/2013.

Annexes

Séries de classement

Classements

Equivalence de niveau

(en adulte)

1ère série

De PROMO à numérotés

Niveau professionnel, circuit mondial

2nde série négative

-30

-15

-4/6

-2/6

Haut niveau national

2nde série positive

0

1/6

2/6

3/6

4/6

5/6

15

Niveau régional/national

3ème série

15/1

15/2

15/3

15/4

15/5

30

Niveau départemental

4ème série

30/1

30/2

30/3

30/4

30/5

40

Niveau perfectionnement/début compétition

Non compétiteur

NC (non classé)

Niveau débutant

Annexe 1 : Pyramide des classements de tennis français avec équivalences de niveau.

 

 

Situation

Mise en scène

Indicateurs de comportement

Rapports avec FFT

OBSERVATIONS DES LOISIRS SERIEUX

Observation 1

BE - Entraineur de ligue - 17 ans 3/6 - entrainement individuel quotidien pôle espoir

2 garçons, 1h30, travail au panier avec consignes techniques

Parle fort, langage détendu/familier. Beaucoup de blagues. Grande proximité enseignant/élèves. Enseignant compte les frappes, rythme verbal. Mimes et voix en même temps, gestes à blanc. Elèves acquiescent les consignes, peu actifs dans leur réponse. Enseignant placé en dehors des limites du terrain. Regard porté sur le joueur et la balle en permanence. Consignes supplémentaires entre les phases de jeu. Enseignant ramasse les balles pendant la récupération des joueurs.

NON EXPLOITABLE

Observation 2

DES - Entraineur privé joueuse (2/6) de 16 ans. Entrainement privé sur le centre de ligue. Entrainement individuel avec sparring-partner

2 filles, 1h30, travail en gamme avec évolution des objectifs techniques

Parle fort et beaucoup. Ton détendu. Rythme verbal, compte les frappes de sa joueuse. Flow d'explication continu pendant le jeu. Correctifs techniques directement pendant le jeu. La joueuse ne dit pas un mot, pas ou peu d'expression sur le visage. Pas de surnom donné par l'enseignant. Enseignant placé sur le côté, parfois dans les limites du terrain, jamais derrière la joueuse. Placement au plus près de la joueuse (-3 mètres). Beaucoup de mimes et gestes à blanc, raquette tenue contre le corps bras croisés. Regard porté quasi exclusivement sur sa joueuse, pas ou peu sur la balle. Arrêts fréquents du jeu pour faire des correctifs techniques en mimant, interventions très fréquentes voire continues.

NON EXPLOITABLE

Observation 3

DES - Entraineur de ligue - 2 filles (-2/6 et -15) de 15 et 19 ans. Entrainement quotidien sur le centre de ligue.

2 filles, 2h, travail en gamme et points à thème. Objectifs tactiques.

Voix basse, consignes individualisées. Termes spécifiques très présents, très adaptés aux joueuses. Surnoms donnés entre les élèves et l'enseignant. Les joueuses questionnent beaucoup, demande d'attention. Attention du prof également répartie. Enseignant circule tout le temps sur le terrain, placé toujours au plus près des joueuses. Regard porté sur le jeu en général.

Individualisation, répartition égale. Grande présence de l'enseignant. Joueuses sujettes au stress et à l'anxiété, davantage dans le besoin d'attention et de soutien.

Observation 3 Bis

DES - Entraineur de ligue - 5 garçons (16 ans (entre 4/6 et 3/6)). Entrainement quotidien sur le centre de ligue

5 garçons, 2h, travail de gamme et points à thème. Objectifs tactiques.

Parle fort, consignes générales avec quelques passages avec chacun. Termes spécifiques nombreux. Grande proximité enseignant/élèves. Pas ou peu de questionnement de la part des élèves. Autonomie dans la mise en route des exercices. Prof circule sur le terrain, plus éloigné sur le terrain que pour les joueuses. Langage plus familier avec les garçons. Regard porté sur le jeu.

-

Observation 4

DES - Entraineur fédéral - 2 garçons (1 adulte sparring, 1 13 ans 4/6). Entrainement individuel sur le centre de ligue

2 garçons, 2h, travail de gammes ouvertes. Objectifs tactiques

Voix forte, ton dynamique. Peu d'interventions verbales mais grande présence physique. Volonté d'autonomiser l'élève. Placé toujours du côté de son joueur, au plus près. Quelques correctifs techniques. Mots employés très spécifiques. Surnom donné au joueur. Enseignant circule beaucoup dans un périmètre restreint, pour montrer sa présence au joueur. Explications et questionnement de l'entraineur sur le ressenti du joueur.

-

Observation 4 Bis

DES - Entraineur fédéral - 2 filles (19 ans et 15 ans) -2/6 et -15. Entrainement collectif quotidien sur le centre de ligue.

2 filles, 2h, match d'entrainement. Objectifs tactiques en vue de préparation de compétition

Voix plus douce, ton dynamique. Beaucoup d'interventions, grande présence aussi bien verbale que physique. Enseignant circule beaucoup. Enseignant paraît plus distant avec les filles qu'avec les garçons, moins de blague, ton moins familier. Interventions également réparties entre les deux joueuses. Explications des consignes individualisées en fonction des objectifs de chacune. Regard porté sur les aspects techniques des joueuses, leur placement sur le terrain.

Individualisation, répartition égale. Grande présence de l'enseignant. Moins de proximité avec les joueuses, mots employés tempérés. Barrière enseignant/élèves dû au sexe.

 

 

Situation

Mise en scène

Indicateurs de comportement

Rapports avec FFT

OBSERVATIONS DES LOISIRS TRADITIONNELS

Observation 6

DE - jeune enseignant de club - 4 hommes (environ 30 ans); entrainement collectif adultes hommes - niveau perfectionnement non compétiteurs.

4 hommes, 1h hebdomadaire. Objectifs tactiques

Le volume de la voix est normal, assez dynamique. Les consignes sont données entre les phases de jeu, jamais pendant. Beaucoup d'encouragement et de feedbacks positifs pendant les phases de jeu ("c'est bien ça", "parfait", "bien joué"...). Exercices basés essentiellement sur des phases "au panier" en début de séance, puis des points majoritairement. L'enseignant favorise la continuité du jeu plutôt que les aspects techniques. Participation active des élèves qui engagent souvent des conversations, même extérieures au tennis. Certaine distance relationnelle gardée par l'enseignant. L'enseignant est majoritairement placé derrière les joueurs, relativement éloigné comme pour avoir une vision globale du jeu. Peu d'individualisation concernant les consignes, davantage pour les encouragements.

-

Observation 6 Bis

DE - jeune enseignant de club - 6 femmes (entre 30 et 45 ans), entrainement collectif adultes femmes - niveau perfectionnement début compétition.

6 femmes, 1h hebdomadaire. Objectifs tactiques

Le volume de voix est normal mais très dynamique, plus que pour les hommes. Il apparaît beaucoup de consignes individualisées supplémentaires pendant les phases de jeu, beaucoup d'encouragements. Séance observée essentiellement basée sur des points pour préparer les joueuses aux matchs par équipes. Continuité du jeu favorisée. Participation moins active des femmes par rapport aux hommes. L'enseignant les conseille un peu plus, l'encadrement est plus marqué sur le plan technique. Distance relationnelle gardée par l'enseignant. Placé derrière les joueuses systématiquement, assez proche.

Encadrement de l'enseignant plus dynamique, plus marqué. Participation moins active des femmes, plus en retrait que les hommes. Plus d'individualisation.

Observation 7

DES - Directeur technique et sportif de club - 5 hommes (environ 40 ans), entrainement collectif adultes hommes - niveau perfectionnement non compétiteurs.

5 hommes, 1h hebdomadaire. Objectifs tactiques et techniques

Volume de voix normal, très dynamique. Flow continu de paroles. Beaucoup de blagues, mais très exigeants sur les consignes techniques. Les exercices ont une difficulté élevée proportionnellement aux élèves. L'enseignant exige une écoute quasi permanente. Termes employés assez généraux avec quelques spécificités parfois. La proximité enseignant/élèves est calculée et contrôlée. Interventions très fréquentes, si ce n'est continues. Elèves très actifs, discutent beaucoup entre eux et avec l'enseignant. L'enseignant est placé sur le côté systématiquement, très proche des joueurs. Le regard est porté sur le jeu, il a toujours le saut de balles à proximité, des balles dans la main, disponible continuellement pour les joueurs.

-

Observation 7 Bis

DES - Directeur technique et sportif de club - 3 femmes de 20, 30, et 50 ans. Niveau initiation, débutantes.

3 femmes, 1h hebdomadaire. Objectifs techniques et tactiques

Parle fort, très dynamique. Le langage est familier. Beaucoup d'informations et de consignes, hors et pendant le jeu. Beaucoup de blagues => dimension d'animation, discours extérieur au tennis parfois. Les termes employés sont très généraux, très imagés. Les consignes sont générales, il apparaît une individualisation pendant le jeu. Travail au panier, les joueuses jouent chacune leur tour, l'enseignant engage la balle systématiquement. Celui-ci questionne souvent les joueuses, exigence importante dans le ton. Les élèves sont assez "effacées", peu de confiance en elles. Acquiesce beaucoup, elles expriment un besoin de jeu. Utilisation fréquente de correctifs, tennis évolutif. L'enseignant est placé proche des joueuses, très présent aussi bien verbalement que physiquement. Toujours placé sur le côté du terrain, jamais derrière. Le regard est porté sur le jeu plus que les joueuses. Saut de balles toujours à proximité de l'enseignant, enseignant disponible en permanence pour les joueuses, celles-ci sont rarement en autonomie.

Utilisation fréquente de correctifs => "tennis évolutif". Individualisation avec chacune pendant le jeu, pas forcément répartie. Dimension d'animation plus importante qu'avec les hommes. Termes plus généraux, moins spécifiques pour désigner la technique. Elèves davantage effacées, moins participantes que les hommes. Comportement général de l'enseignant varie peu d'un sexe à l'autre, mêmes codes de conduite.

Mise en scène

Entraînement

Effectif en nombre

 Effectif total du groupe observé

Effectif des sexes en nombre

 Nombre de filles et de garçons dans le groupe observé

Durée de l'entraînement

 

Types d'exercices

 Précision sur la nature des exercices, les objectifs (ex : physique, travail au panier, jeu en groupe, points...)

Matériel particulier utilisé

 Précision sur l'utilisation du matériel par les enseignants (en quantité, et en détails : plots, lattes, élastiques...)

Situation

Lieu

Club

 Précision du club dans lequel l'enseignant et les joueurs sont observés

Ligue de l'Essonne

 Lorsque l'observation de l'enseignant et des joueurs est faite sur les terrains de la ligue de l'Essonne de tennis

Acteurs

 

Enseignants en fonction du poste occupé

 Poste de l'enseignant observé au sein de son club (ex : directeur sportif, initiateur, préparateur physique...)

Enseignants en fonction du diplôme

 Diplôme détenu par l'enseignant observé

Elèves en fonction du sexe

 Précision s'il y a mixité ou non dans le groupe observé

Elèves en fonction de l'âge

 Catégorie d'âge des élèves observés

Elèves en fonction du niveau

 Niveau des élèves observés

Moments

 

Contexte environnement

 Précision sur le jour où l'observation se fait, le cadre.

Contexte sportif

 Ex : lors de préparation de tournoi, renforcement physique, séance quotidienne...

Indicateurs de comportement

Langage verbal

Ton de la voix

 

Termes spécifiques

 Précision sur les termes spécifiques au tennis prononcés par l'enseignant (ex : baduf, frotte, exter', décale...)

Transmission des consignes

 Précision sur la manière de transmettre les consignes, les mots employés, le ton.

Surnoms

 Surnoms éventuels donnés par l'enseignant aux élèves et/ou inverse.

Réponses des élèves

 Précision sur la présence ou non de réponses de l'élève vis-à-vis des consignes de l'entraineur

Participation des élèves

 Participation active ou passive..

Langage corporel

 

Placement sur le terrain entraineur

 Ex : placement sur les côtés, derrière les joueurs, manière de se déplacer...

Placement entraineur par rapport aux joueurs

 Ex : éloigné des joueurs, proche, les deux...

Gestes spécifiques (enseignants et élèves)

 Présence de mime ou non, exemple joué par l'entraineur ou non...

Regard

 Précision sur le regard de l'enseignant et des élèves

Particularités diverses

 Remarques supplémentaires sur des observations pouvant apparaître, non listées précédemment.

Annexe 4 : Grille des critères d'observation (Mise en scène, situation, indicateurs de comportement).

* 1 Source : CHIMOT C. (2002). Enquête Cnos/Ups

* 2 Source : Recensement réalisé par la Mission des Etudes, de l'Observation et des Statistiques, auprès des fédérations sportives agréées par le Ministère des Sports

* 3 Ibidem

* 4 TERRET Thierry, « Le genre dans l'histoire du sport », CLIO. Histoire, femmes et sociétés, n°23, 2006, p. 209 

* 5 Ibid., (Thierry, 2006) p.210

* 6 Ibidem.

* 7 Ibidem.

* 8 Ibid., p. 211

* 9 Ibid., p. 212

* 10 Efficience : Une activité sera dite d'autant plus efficiente qu'elle permettra d'atteindre à moindre coût (énergie et cognitif) le même niveau d'efficacité (efficacité = résultat). LEPLAT "Les habiletés cognitives dans le travail", 1989.

* 11 Synonyme : Stagner.

* 12 Ibid., p. 212

* 13 Ibid., p.215

* 14 Ibidem

* 15 « L'enjeu » dont il est question ici fait référence à la reconnaissance sportive des femmes, leur considération sur le plan du développement sportif.

* 16 Source internet : www.sports.gouv.fr - Site du Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Education populaire et de la Vie associative - Article « Femmes et sport », 12/2012

* 17 Christine DELPHY est une militante et théoricienne féministe, coprésidente de la Fondation Copernic et dirigeante de la revue Nouvelles Questions féministes.

* 18 Site internet : www.lagauche.com, « entrevue de Christine DELPHY : Le genre, sexe social », 02/06/2002

* 19 HURTIG Marie-Claude, KAIL Michèle et ROUCH Hélène (dir.), « Sexe et Genre. De la hiérarchie entre les sexes », 1991, Paris, CNRS, seconde édition, 2002, p. 13.

* 20 Voir étude sur la place des femmes sur les postes de direction des organisations sportives vu précédemment : CHIMOT C. (2002) Enquête Cnos/Ups

* 21 Graphique basé sur des données recueillies dans le document : MERON Monique, OKBA Mahrez, VINEY Xavier « Les femmes et les métiers : vingt ans d'évolutions contrastées », Données sociales - La société française, p. 228-229, 2006.

* 22 DAUNE-RICHARD et DEVREUX, « Rapports sociaux de sexe et conceptualisation sociologique », Recherches féministes, vol. 5, n°2, p. 08, 1992.

* 23 Ibid., p. 09

* 24 DURU-BELLAT Marie, « Ce que la mixité fait aux élèves », Revue de l'OFCE, 2010/3 n°114, p. 199. DOI : 10.3917/reof.114.0197

* 25 Ibid., p. 200

* 26 FRAISSE Geneviève, « Que penser d'une évidence ? », Travail, genre et sociétés, 2004/1 N° 11, p. 197. DOI : 10.3917/tgs.011.0195

* 27 TRAVERT Maxime et SOTO Hélène, « Une passion féminine pour une pratique masculine : le football », Sociétés, 2009/1 n°103, p.86. DOI : 10.3917/soc.103.0085

* 28 MARTINOIA « Ce qu'il y a d'agréable avec les femmes »... Les stéréotypes sexués, un refuge confortable pour les guides de montagne ? », p. 131-145, 2009.

* 29 HEAS, BODIN, ROBENE, MEUNIER et BLUMRODT, « Sport et publicités - une communication masculine dominante et stéréotypée », Etudes de communication, n° 29 Performativité : Relectures et usages d'une notion frontière, p. 02-17, 2006.

* 30 Interprétation statistiques FEDERATION FRANÇAISE DE TENNIS, Direction Administrative et Financière, Département Organisation et Systèmes d'Information

* 31 PETER Jean-Michel, « Tennis,  « Leisure class » et nouvelles représentations du corps à la Belle Epoque », Staps n°87, 01/2010, p. 47

* 32 Ibid., p. 49

* 33 Ibid., p. 53

* 34 Base de données fédérale officielle Fédération Française de Tennis

* 35 Article « GDF SUEZ », page 2, Dossier « Le tennis féminin », FFT, 2012.

* 36 Source internet : <http://blog.trans-faire.fr/tennis-feminin> - Le 02/01/2012.

* 37 Rétroaction, action de contrôle en retour. L'enseignant revient sur un point précis pour faire prendre conscience de quelque chose à sa/ses joueuse(s).

* 38 Performance maximum qui s'inscrit dans une économie de l'effort.

* 39 Source internet : <http://www.fft.fr/fft/enseignant/comment-enseigner-aux-filles> - Le 04/01/2013

* 40 Source internet : <http://www.fft.fr/jouer/tennis-au-feminin/la-revolution-du-tennis-feminin> - Le 04/01/2012

* 41 Source internet : <http://www.trans-faire.fr/portail.aspx?page=14> - Le 04/01/2013

* 42 Document « Enseigner aux filles », Fédération Française de Tennis associée avec GDF Suez, 2012

* 43 Document « Enseigner aux filles », Fédération Française de Tennis associée avec GDF Suez, 2012, p. 05

* 44 Ibid., p. 07

* 45 La notion de « tennis évolutif » fait référence aux outils développés par la fédération à l'attention des enseignants pour mettre en places des « éducatifs » au sein des exercices d'entrainement, de garder des bases d'exercice pour les différents coups du jeu (coup droit, revers, service, vollée) et de les faire évoluer. Le tennis évolutif a pour finalité de permettre davantage de flexibilité dans le jeu pour permettre l'accès du tennis au plus grand nombre.

* 46 La notion de « gammes ouvertes » fait référence à un jeu guidé au départ qui abouti sur un jeu libre pour finir. Rupture de l'échange.

* 47 CHIFFLET pierre et RUNDSTADLER Laurent, « Le jeu de rôles des moniteurs dans les clubs de tennis », Staps n°57, p. 7-20, 01/2002.

* 48 Les classements sont visibles en annexe dans un tableau synthétique de la pyramide des classements de tennis français.

* 49 Ibidem

* 50 Ibidem

* 51 La notion de « sparring-partner » fait référence à un partenaire d'entraînement présent pour favoriser la préparation d'un sportif entraîné. En général, celui-ci n'est pas conseillé par l'entraineur, il n'est présent que pour relayer le jeu et permettre la constitution de situations d'exercice précises.

* 52 La notion d'exercices « au panier » signifie que l'enseignant engage la balle pour débuter le jeu et les élèves passent chacun leur tour pour une individualisation des consignes techniques.






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