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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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A mes parents,

Pour leurs énormes sacrifices, l'heure la plus sombre est celle qui vient juste avant le levé du soleil. Proverbe oriental.

Ayons foi en l'avenir.

REMERCIEMENTS

Le présent travail n'aurait pas pu être réalisé sans le concours, sous quelque forme que ce soit, de certaines personnes à qui nous adressons nos sincères remerciements.

Nous remercions tout d'abord notre directeur, le Docteur Robert KPWANG, pour avoir bien voulu diriger ce travail ainsi que ses conseils multiformes et sa disponibilité constante en dépit de ses multiples occupations et préoccupations.

Nos remerciements vont ensuite à l'encontre de nos informateurs, tant ceux cités dans le travail que ceux qui ont bien voulu garder l'anonymat. Nous leur en sommes gré.

A tous nos enseignants du département d'histoire de l'Université de Yaoundé I et de l'Ecole Normale Supérieure de l'université de Yaoundé I, Nous leur remercions pour leurs formations et le culte de l'effort qu'ils nous ont inculqué. Puissent-ils trouver ici notre profonde reconnaissance.

A notre grande famille, nos frères et soeurs, pour leur soutien moral et leur encouragement sans faille.

A madame Chaché née Tseguen Clotilde pour ses précieux conseils ainsi que pour son soutien matériel.

A nos amis de toujours, nos compagnons de route, dont ni la distance ni le temps n'ont su altérer les liens profonds qui nous unis. Nous pensons notamment à Valéry Dzeumkoé, Gislain Takouo, Bertrand Mbiakop, Lambert Metampa, Alexis Njohnou, Martial Tagatio...

A toute notre promotion de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) pour les encouragements sans faille qui ont été les leurs durant ces deux années. Nous leur en sommes gré.

A Mademoiselle Clarisse Alida Djiya pour avoir bien voulu mettre à notre disposition le matériel ayant servi à la saisie de ce travail.

A Mademoiselle Moudze Sandrine pour sa disponibilité et son effort de recherche de certains documents ayant servis à la réalisation de ce travail. Puisse-t-elle trouver ici notre profonde reconnaissance.

Enfin, que toutes les personnes, de près ou de loin, qui reconnaissent avoir contribué, à quelques niveaux que se soit, à la réalisation de ce travail, trouvent ici le témoignage de notre profonde gratitude et l'expression de notre sincère reconnaissance.

SOMMAIRE

Pages

DEDICACE.................................................................................................i

REMERCIEMENTS.......................................................................................ii

SOMMAIRE...............................................................................................iii

LISTES DES SIGLES ET ABBREVIATIONS......................................................vi

LISTES DES TABLEAUX, ILLUSTRATIONS ET DOCUMENTS ANNEXES............vii

RESUME.................................................................................................viii

ABSTRACT................................................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE........................................................................1

PREMIERE PARTIE : LE CAMEROUN DU PARTI UNIQUE A L'EXPERIENCE DEMOCRATIQUE : LA TRAME DE LA DEMONOPOLISATION DU SYSTEME POLITIQUE CAMEROUNAIS (1982-1992)......................................................17

CHAPITRE I : LES FACTEURS DE LA LIBERALISATION POLITIQUE AU CAMEROUN (1982-1990). LES PREMICES DE LA DEMOCRATISATION................18

I-LES FACTEURS EXOGENES : LA FIN DE LA GUERRE FROIDE ET LA LEGITIMATION DU « DISCOURS DE LA PAIX».............................................18

A-L'EFFET GORBATCHEV OU LA FIN DU BLOC DE L'EST..............................19

B-L'AFFIRMATION DES REGIMES CAPITALISTES OU LA NAISSANCE DE L'UNIPOLARITE.......................................................................................22

II-LES FACTEURS ENDOGENES : LES AVATARS DE L'ALTERNANCE POLITIQUE AU CAMEROUN........................................................................................25

A-LE CHANGEMENT DE REGIME POLOITIQUE AU CAMEROUN : ENTRE CONTINUITE ET ESPOIRS...........................................................................25

B-CRISE SOCIALE ET NAISSANCE DES APPETITS DE POUVOIRS......................30

CHAPITRE II : L'AVENEMENT DU PLURALISME POLITIQUE OU LE RETOUR A L'EXPERIENCE DEMOCRATIQUE AU CAMEROUN (1990-1992). LE DISCOURS DE LA PAIX A L'EPREUVE..............................................................................34

I-LES GRANDES ETAPES DE L'OUVERTURE POLITIQUE AU CAMEROUN : ENTRE CONTAGION ET EPIDEMIE PROPRE.............................................................34

A-L'IMPULSION DE L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL : L'EFFET PAPILLON SE MATERIALISE......................................................................................34

B-LES SIGNES INTERNES DE LA DEMOCRATISATION AU CAMEROUN : DES REACTIONS EPARSES AUX MANIFESTATIONS DE MASSE..............................38

II-LE VENT D'EST AU CAMEROUN : MANIFESTATIONS ET REAPPROPRIATION INTERNE..................................................................................................41

A-L'EPOPEE DES BOULEVERSEMENTS SOCIAUX : LA PAIX EN QUESTION........42

B-L'ETAPE DE LA CONSTRUCTION D'UN DIALOGUE SOCIAL : REALITES ET LIMITES................................................................................................45

DEUXIEME PARTIE : DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE A LA DEMOCRATISATION DE LA SOCIETE POLITIQUE AU CAMEROUN : LES USAGES DU SYMBOLE DE LA PAIX (1992-2006)..........................................................52

CHAPITRE III : LA CONSTRUCTION DE «L'HEGEMONIE DE PACIFICATION »AU CAMEROUN : LE POIDS DE L'INCIDENCE INTERNE -EXTERNE (1992-2000)........53

I-LA MISE EN PLACE D'UN ESPACE DEMONOPOLISE AU CAMEROUN : VOLONTE DE FAIRE CORPS AVEC LA MONDIALISATION ET FIN DE LA TRANSITION POLITIQUE (1992-1997)..............................................................................53

A-LE CAMEROUN ENTRE CRISE DE MULTIPARTISME ET VOLONTE DE LIBERALISATION POLITIQUE : ENTRE REFORMES IMPORTANTES ET MENACES SUR LA PAIX..........................................................................................53

B-L'AMELIORATION NECESSAIRE DE L'IMAGE INTERNATIONALE DU CAMEROUN : LE DOUBLE JEU GOUVERNEMENT- OPPOSITION........................57

II-LE CAMEROUN SOUS LE PRISME DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE : UNE CREDIBILITE NECESSAIRE ? (1997-2000)................................................62

A-ENTRE ESPOIRS ET ILLUSIONS : CONSTRUCTION D'UNE « QUERELLE POLITIQUE » ENTRE LE CAMEROUN ET LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE.62

B-LA REACTION CAMEROUNAISE : LE RENFORCEMENT DU SYSTEME DE GOUVERNANCE PUBLIQUE........................................................................66

CHAPITRE IV : LE CAMEROUN FACE AUX ENJEUX DE LA DEMOCRATISATION AU DEBUT DU XXIEME SIECLE : ENTRE EXIGENCES INTERNATIONALES ET VOLONTE INTERNE (2000-2006)...................................................................70

I-DES SANCTIONS INTERNATIONALES AUX INITIATIVES INTERNES : «SORTIR DE LA CRISE DE DEMOCRATISATION» (2000-2004).......................................70

A-LE PROCESSUS DE DEMOCRATISATION AU BORD DU GOUFFRE OU « LA GREFFE QUI TARDE A PRENDRE» : LES MENACES SUR LA PAIX.....................71

B-LA POURSUITE DES MESURES DE BONNE GOUVERNANCE : LE DEBUT DE LA FIN DE L'IMPUNITE ? ENJEUX ET REALITES.................................................73

II-«LE GRAND BOND» OU L'ARRIMAGE PROGRESSIF DU CAMEROUN AUX ENJEUX DE DEMOCRATISATION EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE A L'AUNE DU XXIEME SIECLE (2004-2006)..........................................................................80

A-TIRER LES LEÇONS DU PASSE : LA DEMOCRATISATION PASSE PAR L'ERADICATION DE FLEAUX SOCIAUX. LA REALITE CAMEROUNAISE............80

B-ENTRE BATAILLE AUTOUR D'UNE COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE ET REFORMES ECONOMIQUES SUBSTANTIELLES...............84

CONCLUSION GENERALE...........................................................................89

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...........................................93

ANNEXES.............................................................................................101

TABLE DES MATIERES...........................................................................133

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS

AN : Assemblée Nationale

ANIF : Agence Nationale d'Investigation Financière

ANY : Archives Nationales de Yaoundé

BICIC : Banque Internationale du Cameroun pour l'Industrie et le commerce

CONAC : Commission Nationale Anti- Corruption

DSA : Dimension Sociale de l'Ajustement

DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

DTS : Droit de Tirages Spéciaux

ELECAM : Election's Cameroon

FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines

FBI : Federal Bureau of Investigation

FMI : Fond Monétaire International

FPAE : Fondation Paul Ango Ela

IFC-Y : Institut Français du Cameroun-Yaoundé

IPPTE : Initiative des Pays Pauvres et Très Endettés

MDR : Mouvement Des Républicains

NOIA : Nouvel Ordre International Africain

OCI : Organisation de la Conférence Islamique

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONEL : Observatoire National des Elections

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

ONUDC : Organisation des Nations Unies contre la Drogue et la Corruption

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PNG : Programme National de Gouvernance

RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais

SDF : Social Democratic Front

UDC : Union Démocratique du Cameroun

UNC : Union nationale Camerounaise

UNDP : Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès

UPC : Union des Populations du Cameroun

URSS : Union des Républiques Socialistes et Soviétiques

USA: United States of America

LISTE DES TABLEAUX, ILLUSTRATIONS ET DOCUMENTS ANNEXES

Tableau n° 1 : taux de croissance de l'URSS sous Brejnev en % et par an...............

Tableau n° 2 : taux de croissance annuel moyen de l'économie soviétique entre 1971 et 1985..................................................................................................

Tableau n° 3 : sélection de quelques partis politiques de l'opposition......................

Tableau n° 4 : résultats des élections législatives de 1992 ainsi que le nombre de sièges par partis politiques.......................................................................................

Carte n° 1 : carte politique du Cameroun à l'issue des législatives de 1992................

Tableau n° 5 : résultats de l'élection présidentielle de 1992 au Cameroun par candidat et par région.....................................................................................................

Carte n° 2 : carte politique du Cameroun à l'issue des présidentielles de 1992...............

Tableau n° 6 : résultat des élections législatives de 1997 au Cameroun........................

Graphique n° 1 : courbe d'évolution des ratifications des conventions de Mérida et de Palerme...................................................................................................

Graphique n° 2 : évolution du taux de ratification de la convention de Mérida par continent et en pourcentage........................................................................................

Photo n° 1 : Monsieur Ni John Fru Ndi, principal leader de l'opposition camerounais.........

Photo n° 2 : Le Chef de l'Etat Paul Biya..................................................................................

Photo n° 3 et 4: Messieurs François Xavier Mbouyom, ancien président de l'ONEL et Samuel Fonka Azuu, actuel président d'ELECAM................................................

Annexe n° 1 : quelques lois importantes promulguée entre 1990 et 1992 (la loi relative aux partis politiques, la loi portant amnistie des infractions et condamnations politiques et la loi portant réhabilitation de certaines figures de l'histoire du Cameroun.............................

Annexe n° 2 : Allocution de M. Ni John Fru Ndi à l'occasion de sa proclamation de victoire aux élections présidentielles de 1992..................................................................

Annexe n° 3: discours de Madame Frances Cook lors du discours d'adieu offert à son honneur par le gouvernement Cameroun................................................................

Annexe n° 4: rapport liminaire du NDI sur les élections présidentielles du 11 Octobre 1992 au Cameroun................................................................................................

Annexe n° 5: composition du gouvernement de coalition de 1992 à l'issue des élections présidentielles de 1992.....................................................................................

Annexe n° 6 : déclaration d'approbation du Programme national de Gouvernance...................

RESUME

Le lien entre le processus de démocratisation et le maintien de la paix et de la stabilité a été institutionnalisé comme paradigme d'analyse des relations Internationales au début des années 1990. Si au Cameroun, « l'ouverture » s'est manifestée un peu tôt à la faveur de la passation de pouvoir de 1982, il n'en demeure pas moins que ce sont les évènements de 1990 à 1992 ont précipité le Cameroun dans l'ouverture au multipartisme. Celle-ci s'est manifestée parfois par des procédés violents, des élections contestées, mais la classe politique a su pendant cette période, malgré des divergences il est vrai, trouver des points de consensus traduisant ainsi la volonté pacificatoire et pacificatrice qui les animent. Dès lors, l'étape des élections tumultueuses ont laissé place à une période de malaise général au sein de la société camerounaise où la population souffre de nombreux maux et où l'on constate une vie ostentatoire de sa classe dirigeante. Comme à la période précédente, les injonctions de la communauté internationale auront raison du gouvernement qui entreprit des réformes visant à aménager un cadre de gouvernance viable et fiable au Cameroun. Ceci passa par des mesures de lutte contre la corruption et de réhabilitation progressive des institutions démocratiques. Ainsi, le gouvernement du Cameroun obtiendra quelques lauriers au nombre desquels on mentionne l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative pays pauvres très endettés.

ABSTRACT

The link between democratization, maintenance of law, order and stability has been institutionalizing as a paradigm for the analysis of international relations in the early 1990. In fact, Cameroon started quiete earlier this process, namely by the transfer of power of 1982, though it is the events of 1990 to 1992 that will really settle multipartism in Cameroon. The advent of this multipartism will be followed by rude process, controversial elections, but the political class, inspite of difference of opinion came out with a consensus, showing their lively need of peace; From then on, Cameroon stepped forward turmoiled elections, but this set place to a period of general problems in the society; In the meantime, the ruling class was having a luxurious life. Similarly to the previous period, the interference of the international community will have reason on the government that will take some reforms so as to settle viable and reliable governance in Cameroon. This was made possible through some measures of fight against corruption and progressive rehabilitation of democratic institutions. By so doing, the government earned some laurels within which we had the completion point of the initiative poor and heavily in debt countries.

INTRODUCTION GENERALE

En Décembre 1990, le président Américain Georges Bush annonçait au monde la volonté des USA d'assurer la paix et la stabilité partout dans le monde. Ceci passait par la promotion des régimes de démocraties libérales. Si ces mesures ont connues leurs « années de gloires » avec le phénomène de la fin des régimes monolithiques d'Afrique noire, il faut dire que les années n'ont pas suivi les exploits escomptés. En effet, le 19 Décembre 2000, la Côte d'Ivoire, un exemple de démocratie jusque reconnu sombre dans le « chaos ». En Mars 2003, La République Centrafricaine est en proie à de nouveau tumulte dont les répercutions se sont fait sentir au Cameroun. Toutes ces considérations nous ont amené à nous interroger la fonctionnalité et la régularité du diptyque « démocratie et paix »dans ce que Zartman a appelé les  fauled States1(*).

Ainsi, le fonctionnement de la démocratie camerounaise se fait, depuis 1990, sur un double prisme à la fois interne et externe. Se faisant, elle coïncide avec les idéaux de la fin du XXème siècle, l'évolution politique du Cameroun a, après les années de braise, retrouver peu à peu une stabilité. C'est donc la volonté de ressortir les tenants et les aboutissants de cette situation qui nous poussé à définir le thème de recherche intitulé « Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des « régimes monolithiques » d'Afrique noire : le cas du Cameroun (1982-2006). Approche historique ».

Cette partie du continent a été présenté comme le talon d'Achille en matière d'avancée démocratique. En outre, le choix du Cameroun obéit à une logique d'identification et d'identisation. Ceci apparait d'autant plus pertinent que Zacharie serge Nyanid2(*) écrivait à l'ouverture de sa thèse que son choix d'éviter le Cameroun dans son étude,

Participe non de faire dans la langue de bois que dans le fait que malgré les entorses relatives qu'on pourrait constater ça et là dans ce pays, il demeure un îlot de paix où jusqu'alors aucune dérive démocraticide n'a été observée .

« Ilot de paix », voilà justement le terreau dans lequel notre travail ambitionne de se déployer. Ceci pour ressortir les tenants et les aboutissants de cette réalité.

Intérêt de la recherche 

Ce sujet révèle des intérêts à plus d'un titre. Et puisque « la pensée d'un auteur, un mouvement scientifique ou encore une science sont en rapport avec le milieu social qui les suscite» selon Saint-Arnaud3(*), sur un plan beaucoup plus subjectif, le désir de traiter ce thème relève tout d'abord de notre formation d'historien désireux d'apporter sa contribution à la rédaction et à la compréhension de l'histoire de son pays. Ensuite, nous avons été marqués par l'unité d'enseignement portant sur « la résolution des conflits et la promotion de la paix » de master I à l'université de Yaoundé I. Nous nous sommes alors rendu compte que les Relations internationales avaient subi de profondes modifications après 1990. Ainsi, au Cameroun comme partout en Afrique, la légitimation politique passe désormais non seulement par l'ouverture démocratique, mais aussi par la préservation de la paix et d la stabilité. Ilo est donc important pour nous de ressortir l'influence de la communauté internationale sur les choix politiques, stratégiques et gouvernementaux du Cameroun.

Sur un autre plan plutôt objectif, notre intérêt relève de ce que le monde de l'après 1990 est celui d'un capitalisme triomphant. En situant notre travail quelques années avant ces bouleversements, nous avions aussi la volonté de mettre en évidence la réponse du Cameroun par rapport aux nouvelles dynamiques de la communauté internationale que sont la stabilité et la démocratie. Ainsi donc, le Cameroun pourrait constituer un espace-leader en ce sens qu'il peut et doit servir d'exemple pour les autre pays d'Afrique noire dans ce vaste contexte qu'est la mondialisation.

Cadre théorique de la recherche 

La recherche historique est un long canevas mêlant à la fois discussions aussi bien d'époques que d'écoles. De fait, l'histoire a toujours été considérée comme « une science du passé »4(*) en ce sens qu'elle est sensée s'occuper des périodes révolus. Mais progressivement, la conception historique connut des changements et des évolutions non seulement sur l'objet de la discipline, mais aussi sur le concept de « périodicité ». Resté latente pendant les périodes antiques et moyenâgeuses, elles prirent de l'ampleur au début du XXème siècle avec la fondation de l'école des Annales dont les travaux influencèrent la science historique. Désormais, l'histoire quitte le champ de l'évènementiel pour recouvrir celui de « la globalité et de la totalité »5(*). Ainsi, écrit Fernand Braudel, « l'histoire se trouve aujourd'hui, devant des responsabilités redoutables, mais aussi exaltantes. Sans doute parce qu'elle n'a jamais cessé, dans son être et dans ses changements, de dépendre des conditions sociales concrètes. L'histoire est fille de son temps »6(*). C'est donc dire qu'avec l'école des Annales, c'est non seulement un pan de l'histoire qui se ferme, mais c'est aussi une nouvelle ère qui s'ouvre car désormais, « tout est objet de l'histoire » au sens de Marc Bloc. Aucun domaine n'échappe désormais à l'entendement historique. Mais, un problème demeure à savoir celui de la périodicité.

En effet, la perspective évènementielle et annaliste de l'histoire considère toujours qu'il doit avoir un fossé entre la période des faits et leur moment d'étude. En un mot, « le temps de l'histoire doit être différent du temps de l'historien »7(*).Il faut dire cette conception de l'histoire a été très répandue dans la plupart des Etats francophones d'Afrique. Mais cette approche apparait de plus en plus comme une incongruité. Ceux d'autant plus que ce modèle a connu des réaménagements dont on tarde encore à s'en apprivoiser sous les tropiques. Or, à l'heure de la cybernétique, pourquoi rester dans ce que René Rémond a appelé la « proto-histoire »8(*). C'est sous ce prisme que voit le jour la perspective de la nouvelle histoire avec des auteurs comme Emmanuel Leroy Ladurie, René Rémond... rejoignant ainsi certains auteurs antiques comme Voltaire qui établissait un rapprochement étroit entre l'objet étudié et le temps d'étude. C'est ainsi que sonne le glas de l'approche classique de l'histoire mettant en relief la possibilité d'une histoire immédiate dont la consécration est manifeste au début des années 1990 et qui constitue aujourd'hui tout un champ de la recherche historique9(*).

L'histoire immédiate appréhende désormais les faits actuels comme relevant de l'analyse historique. Le reproche à eux fait par les annalistes est relative à la temporalité car dit Fernand Braudel l'histoire s'évalue et s'appréhende sous le prisme de ce qu'il appelle « la longue durée » qui catégorise les évènements entre « évènements-monstre » et donc propre à l'histoire et les « phénomènes de surface » qui relève beaucoup plus du journalisme.

Le mot est lancé et les historiens de l'histoire immédiate sont assimilés aux journalistes car traitant des faits présents et actuels comme des journalistes sans toute considération sur la durée des faits étudiés. Or, abordant cette problématique du « présent » en histoire, Corneille y répondait déjà dans ses mémoires lorsqu'il écrivait que « considérer l'histoire comme une science relevant de l'étude du passé, c'est bien omettre que toute étude se fonde d'abord sur la réalité vécu par les hommes du présent »10(*). C'est donc dire qu'il n'existe pas de passé sans présent tout comme le présent ne prend du sens et de la compréhension que par rapport à l'intériorisation du passé. Cela donne donc au présent une consonance relativiste. Alors, qu'est-ce donc que le présent ? Pour Marc Bloch, « le présent est cet instant qui meurt aussitôt né »11(*). C'est dire que tout instant passé est considéré comme relevant du domaine de l'histoire. Comme l'a donc écrit, Henri Irénée Marrou, «  tout ce qui a été dit hier, tout ce qui é été dit il y a une heure, tout ce qui a été dit il y a une minute fait partir du passé »12(*) et donc peut être étudié.

Tout compte fait, la querelle des époques et des écoles ne pourrait contribuée qu'à affaiblir la science historique plus globalement. Si le problème de l'histoire immédiate est celui du risque de faire du journalisme, il faut tout suite dire que ce qui distingue l'historien du journaliste c'est « l'effort de mise en perspective historique » qui caractérise l'historien. Cet effort de mise en perspective donne à l'historien de l'histoire immédiate l'obligation de faire preuve de la pluri-disciplinarité qui occupe ainsi une place de choix dans ses investigations.

C'est donc dans toutes ces considérations d'ensemble qu'ambitionne de s'inscrire le présent travail non pas pour battre en brèche la conception classique de l'histoire, mais pour montrer tout simplement que l'histoire peut et doit désormais être analysé selon de nouveaux postulats afin de faire de cette discipline « la mère des sciences » au sens d'Hérodote. L'histoire se doit de s'accommoder à l'évolution du temps à la fois au sens historique qu'au sens classique du terme13(*). C'est donc seulement ainsi que la science historique prendra plus d'échos dans les sociétés d'Afrique francophone globalement et du Cameroun spécifiquement.

Cadre conceptuel de la recherche 

Comme l'écrit Emile Durkheim, « les mots de la langue usuelle comme les concepts qui les expriment sont toujours ambigus et le savant qui les exploiterait tel qu'il les reçoit de l'usage sans leur faire subir d'autres élaborations s'exposerait aux plus graves confusions »14(*). Ainsi poursuit-il,

 Toute investigation scientifique porte sur un groupe déterminé de phénomènes qui répondent à une même définition [...] La première démarche du chercheur [...] doit être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache de quoi il est question [...] C'est la première et la plus indispensable condition de toute preuve et de toute vérification15(*).

Ainsi donc, il convient dans le cadre de ce travail, pour éviter toute confusion, de définir les concepts clés de notre recherche. Le premier de ces concepts c'est le concept de démocratisation. De prime abord, il faut préciser que démocratisation ne veut pas dire démocratie même si le concept de « démocratisation est une excroissance de celui de démocratie dans la mesure où il implique une action tendant à l'instauration des normes, pratiques et valeurs d'un système démocratique »16(*). Dans cette logique, il convient de s'appesantir un instant sur le concept de démocratie car son éclaircissement permet une meilleure compréhension de celui de démocratisation. De fait, l'examen de la notion de démocratie exige un « passage obligé par l'histoire et l'évolution des mentalités, des institutions, des mutations sociales et économiques, qui met à jour peu à peu l'avènement d'un régime politique autre que la monarchie et la tyrannie... »17(*). Comme on peut le constater, la démocratie n'est pas seulement une manière d'être des institutions, elle est plus encore peut-être une exigence morale. Or, cette exigence n'est pas définissable dans l'abstrait, car son contenu est déterminé à la fois par l'insatisfaction que procure une situation présente et par l'image de ce que serait un ordre politico-social meilleur18(*).

Démocratisation s'entend donc selon le dictionnaire Larousse comme « l'action de démocratiser ». Au plan strictement interne, elle s'entend comme « le processus d'établissement et de reconstruction d'un régime de libertés appréciés tant au niveau de son enracinement durable que de son authenticité en matière de respect de la volonté populaire et des Droits de l'Homme »19(*). Passer donc d'une conception interne à une conception globale, amène à considérer ce concept comme,

Une quête inachevée, qui s'appréhende sous la perspective d'un processus par lequel les règles et les procédures de la citoyenneté sont soient élargies afin d'englober les individus qui n'en bénéficiaient pas, ou encore étendues pour recouvrir les domaines et les institutions qui précédemment étaient fermés à la participation des citoyens20(*).

Dans cette logique, Georg Sorensen21(*) élabore trois modèles de démocratisation à savoir les démocratisations faibles et non consolidées, les démocratisations confrontées aux problèmes socio-économiques et les organisations et mobilisations populaires pour la démocratie. Le premier modèle s'observe dans les pays politiquement et économiquement non viables. Ce sont des démocratisations dites « néo-patrimoniales » marquées par l'omniprésence du « chef ». Le Cameroun comme la plupart des pays d'Afrique noire obéit à ce premier modèle de démocratisation.

Coïncidant donc avec les idéaux de la fin de la guerre froide, la démocratisation s'entend donc comme,

Le développement d'une culture démocratique précise, exigeante, évolutive, à la fois originale pour le peuple qui la génère et s'y reconnait, et pourtant universelles par leurs valeurs et principes qu'elle inculture [...] : Droits de l'Homme et des peuples. Le principe de fonctionnement est le dialogue systématiquement institutionnalisé supposant la reconnaissance de multiples pôles d'autorités [...] et par conséquent la distinction des pouvoirs coordonnés [...] Il y a démocratisation lorsqu' un progrès dans la distinction et la coordination des pouvoirs est réalisé. Une démocratisation est donc une double dynamique de pluralisation et de cohérence22(*).

Le second concept est celui de la paix. La paix, voilà un concept dont la consonance et la signification posent un certains nombre de problèmes. En effet, s'il est des termes dont la définition pose problème, le concept de paix fait partie de ces termes. De fait, tout comme il est impossible de penser à la vie sans penser à la mort, il est difficile de concevoir la paix sans la guerre, la stabilité sans le conflit, le repos sans le tumulte. Ainsi donc, pour comprendre le concept de paix, il faut élucider celui de guerre car comme le dit Proudhon, « la guerre a pour elle le fait, c'est-à-dire une possession de six milles (6000) ans, tandis que la paix est toujours à l'état de projet et de perspective »23(*). Alors, Thierry de Montbrial et Jean Klein continue en déclarant que :

La guerre a sur la paix l'avantage de la visibilité [...] Le fait qu'on en donne souvent une réponse négative (absence de guerre ou intervalle entre deux guerres) ne plaide pas en faveur d'un repérage chronologique, mais souligne aussi combien il est difficile de donner à la paix un visage autre que banal et sans relief24(*).

Comprise alors comme « l'état de concorde, d'accord entre les membres d'un groupe, d'une nation » selon le Petit Larousse, « la paix désigne un état positif de concorde, d'harmonie, de sérénité et n'est donc pas qu'une simple absence de guerre »25(*).Elle est un bel idéal qu'on cependant difficilement cerner, mesurer ou localiser. En effet, « la paix pose des problèmes bien plus complexes que la guerre, celle-ci peut être totale, la paix ne l'est jamais »26(*). La charte des nations Unies, acte fondateur du nouvel ordre mondial après 1945 fait du respect et du maintien de la paix le premier de ses objectifs27(*).

C'est dire que la paix a donc désormais son statut, de plus en plus précis et détaillé. Ainsi, le projet de paix perpétuel d'Emmanuel Kant, remis au gout du jour après 1009 assimile le maintien de la paix à la pratique de la démocratie. Alors, le concept de paix a une signification polysémique et polymorphe car il signifie à la fois un état d'esprit (paix intérieure) et un comportement. En tant que comportement, il peut s'agir du comportement d'un individu ou d'un Etat. Dans le cas d'un Etat, la paix est alors assimilable à la stabilité. Il est donc important de considérer dans ce travail, de manière interchangeable, les concepts de paix et de Stabilité.

La stabilité, étymologiquement « caractère de ce qui est stable », pour un Etat est une conjonction à la fois des données structurelles et du comportement de ceux qui constituent au sens de Luc Sindjoun, « le marché gouvernant ». Le maintien de la paix c'est donc le maintien de la stabilité. Et ceci n'est possible que si l'ensemble des acteurs de la société internationale appréhendent et apprécient une même logique de comportement. Ainsi, la convergence vers l'unilatéralisme de la pensée est induite par la promotion des valeurs démocratiques de plus en plus véhiculées sur la scène internationale. C'est ainsi que le concept de la paix prend des allures de mondialisation au point où l'on pense désormais à « mondialiser la paix ». Mondialiser la paix suppose donc prôner des valeurs de démocraties car « les démocraties tendent à former une communauté de sécurité informelle reposant sur leur caractéristiques domestiques et au sein de la quelle le recours à la violence et à la guerre seront pour l'essentiel exclu »28(*).

Ainsi, l'un des faits majeurs de la fin du XXème siècle est « l'émergence de la mondialisation comme paradigme quasi-central de l'évolution des Relations Inter-étatiques »29(*). Cette dernière est dès lors présentée comme une « occurrence irrésistible, un évènement implacable, un phénomène d'ordre quasi-naturel, qui déferlerait sur nos sociétés comme une forte pluie dont on ne peut attendre à la fois des effets fertilisants et quelques dégâts matériels »30(*). C'est donc dans toutes ces considérations conceptuelles qu'il faudra comprendre certains concepts utilisés dans le cadre de ce travail.

De plus, l'expression important dont il est nécessaire de clarifier est celui de « régimes monolithiques ». De fait, définir l'expression de régimes monolithiques revient à clarifier celui de régime. En effet, un régime se définit étymologiquement vient du latin regimen qui signifie « direction », « c'est une règle observée dans le mode de vie »31(*). C'est le mode de fonctionnement d'une organisation politique, économique et sociale d'un Etat32(*). Le terme monolithique quand à lui est un adjectif qui signifie « d'un seul bloc où il n'y a pas de tendances ». Ainsi, un régime monolithique est un régime au sein duquel le fonctionnement politique, économique et social suit un seul et même direction. Cela veut dire que ce type de régime est basé sur la volonté d'un seul homme. Ils furent institués en Afrique au lendemain des indépendances basé sur le règne de ceux que l'on a appelé « les pères d'indépendances »33(*) dont les régimes étaient basés sur l'institution d'un parti unique, « un parti unifié », comme ils l'appelaient à cette période, l'embrigadement de la parole, le bannissement des opposants politiques.

Ainsi, les évènements de 1990 constituent donc à cet égard un changement radical dans le mode de gouvernance où désormais, le jeu politique est favorisé par l'organisation d'élections démocratiques. C'est ainsi que les anciennes dictatures d'Afrique noire ont été, malgré elles, contrainte à s'ouvrir aux nouvelle dynamiques mises en place par l'accroissement du phénomène de la mondialisation. C'est donc dans cette logique qu'il faut entendre l'expression de régimes monolithiques dans le cadre de ce travail.

Cadre Spatio-temporelle de la recherche

Tout travail de recherche, tout raisonnement scientifique obéit au diptyque espace-temps. Et ceci est d'autant plus important que l'histoire a justement pour vocation de « reconstituer ce qui s'est passé ». Ainsi, la réalisation de ce travail prend en compte un découpage à la fois spatial et temporel.

L'espace d'étude considéré ici est le Cameroun, pays situé en Afrique centrale au fond du golfe de guinée, constitué d'une multitude d'ethnie et gouverné par l'interaction de plusieurs climats. Cet état de chose fait de lui le microcosme de l'Afrique. De fait, avec une population estimée à 19406100 habitants, le Cameroun est un pays considérable et à considérer non seulement dans la logique des puissances en Afrique centrale qu'en Afrique en général.

La délimitation chronologique quant à elle se déploie dans le cadre temporel dont les extrémités sont 1982 et 2006. La première extrémité marque la date de la passation de pouvoir au Cameroun entre les présidents Ahmadou Ahidjo et Paul Biya. « Transition pacifique » a-t-on considérer au soir du 06 Novembre 1982.

La seconde extrémité à savoir 2006, marque un double évènement au Cameroun, l'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative Pays Pauvre Très Endetté (IPPTE) et la signature du décret de loi portant création d'Election's Cameroun (ELECAM). Il s'agira donc essentiellement de mettre en évidence le fonctionnement du duopole démocratisation et paix dans l'espace-temps considéré.

Revue de la littérature 

Yves Alexandre Chouala34(*) écrivait que « toute construction scientifique est une immense combinatoire, une reformulation et une création nouvelle à partir du déjà là» et Jean Pierre Frangnière35(*) de dire que :

On est rarement le premier à aborder une question, ou plus précisément, le champ thématique que l'on entreprend a déjà été balisé par des études voisines ou « cousines », ou bien il se réfère à des termes fondamentaux sur lesquels les bibliothèques entières ont été écrites.

Ainsi donc, il est nécessaire de faire l'inventaire des travaux relatifs à la thématique de la démocratisation au Cameroun. Que se soit « la revue de la littérature »36(*) pour les uns ou « l'état de la question »37(*) pour les autres, c'est un exercice important car il jette les bases de l'orientation ou la réorientation même de la thématique choisie. Ainsi donc, la démocratisation au Cameroun a fait l'objet d'une immense littérature. Nous avons entre autre Hugues François Onana38(*), Zacharie Ngniman39(*) et Valentin Ndi Mbarga40(*). A la différence des deux premiers qui font simplement l'assemblage d'évènements historiques relatifs à la période de démocratisation au Cameroun, Valentin Ndi Mbarga y apporte des analyses importantes notamment sur l'impact de la conjoncture internationale sur le processus de transition démocratique au Cameroun. Néanmoins, son analyse fait la part belle à l'exagération de l'élément ethnique dans le choc des idées au Cameroun.

Moukoko Priso41(*) y apporte une analyse supplémentaire et complémentaire en y mettant en exergue le rôle de l'opposition Camerounaise dans l'ouverture démocratique au Cameroun. Mais, on y relève une confusion entre l'histoire politique du Cameroun et celle du «parti nationaliste » l'Union des Populations du Cameroun (UPC).

En outre, Zacharie Ngniman42(*) dans un autre ouvrage y fait un bilan de l'évolution démocratique au Cameroun. Pour lui, la démocratisation ne saurait être une donnée figée mais bien un construit qui devra chaque subir des aménagements. Mais, pour Ngniman, cette construction est imputable seulement au parti au pouvoir d'où le risque pour lui de faire l'hagiographie du parti au pouvoir le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Or, la démocratisation d'un Etat est une interaction gouvernement-opposition. De plus, il n'insiste pas sur l'élément de la paix ou mieux de la stabilité dans la construction de cette architecture.

Fabien Eboussi Boulaga43(*) à travers son ouvrage met en évidence tous les mécanismes ayant entouré le processus démocratique au Cameroun. Pour lui l'ouverture démocratique au Cameroun est antérieure à ce qu'il est convenu d'appeler «  le vent de démocratisation venu de l'Est ». C'est pourquoi il divise la période camerounaise de démocratisation en deux ; ce qu'il appelle « la démocratisation du parti unique » et la « démocratisation à l'heure du pluralisme politique ». Ainsi, conclut-il le processus démocratique au Cameroun est encore à cheval entre l'acquis et le souhaitable d'où le terme de « démocratie de transit ». Néanmoins, son analyse bien qu'intéressante ne prend pas en compte tout l'aménagement démocratique au Cameroun car son ouvrage se limite aux évènements couvrant la période allant de 1982 à 1997.

A contrario, Francine Bitee44(*) y poursuit son raisonnement jusqu'en 2004. Son ouvrage constitue peut être la dernière parution sur la question de la démocratisation au Cameroun. Au demeurant, elle y omet d'inclure cette évolution dans la dynamique globale de la mondialisation. Ceci lui a empêché de comprendre et de justifier un certains nombre d'actes et de décisions posés par le gouvernement Camerounais.

Zacharie Ngniman45(*), bien qu'érigeant la paix en «impératif absolu» au Cameroun, la limite à la seule dimension locale. Or, l'unipolarisation implique nécessairement une mondialisation de la paix comme l'a bien montré Denis Arielle46(*).

Au titre des travaux de recherche, on peut mettre en évidence Martin Dieudonné Ebolo47(*) et Kenedy Fonju Njuafack48(*) qui mettent en évidence l'action des facteurs extérieurs dans la démocratisation du Cameroun. Néanmoins, le reproche que nous pouvons leurs faire est d'omettre l'influence du facteur paix dans cette transition. Or, comme nous pouvons le relever, le paradigme Camerounais doit s'appréhender avec les « inputs» inhérents à la situation camerounaise. Ainsi donc, les connivences et les convergences qui existent entre démocratisation et paix à « l'ère de la pensée unique» sont mises de coté.

Si Renner-Mamer-Lie Onana49(*) insiste pour sa part sur la dynamique de la transition démocratique en Afrique subsaharienne depuis la fin de la « situation coloniale », Zacharie Serges Nyanid50(*) y montre qu'à l'ère de l'unipolarisation du monde, la diplomatie y joue un rôle important dans les changements de régimes en Afrique noire. Ce qui pousse de facto les gouvernements africains à s'arrimer à cette nouvelle donne. Il y présente l'expérience camerounaise de cette appropriation.

Problématique de la recherche 

Tout travail de recherche passe incontestablement par la présentation d'une problématique centrale, car « elle peut être considérée comme l'intermédiaire entre la forme et le contenu de la connaissance scientifique»51(*) . Madeleine Grawitz52(*) dira qu'« elle correspond à un besoin de cohérence logique, met en oeuvre un ensemble de problème qui oriente la recherche et un corps de concepts qui, directement ou indirectement débouchent sur des hypothèses rendant compte d'un contenu riche de conflit». A l'entendement donc, « la problématique c'est l'ensemble construit, autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyses qui permettront de traiter le sujet choisi»53(*). Ainsi donc dans ce travail il s'énonce comme suit :

L'accession à l'indépendance de la plupart des Etats africains en 1960 marque le début d'une vie politique mouvementée dans la plupart de ces pays. Celles-ci sont d'autant plus mouvementées que les modes d'accession à la souveraineté internationale diffère d'un pays à un autre54(*). Le système politique adopté par la plupart de ces pays fut identique à savoir le régime de parti unique. La raison avancée ici et là étant d'éviter « le prêt-à-porter institutionnel »55(*). Le Cameroun employant donc cette voie ne peut échapper à cette conjoncture africaine et avec elle le poids des évènements mondiaux marqués par la bipolarisation du monde. Le crédo du choix camerounais fut ainsi tempérer par la recherche d'une stabilité quasi certaine. Cette aventure franchit un cap important à la faveur du changement de régime intervenu à la tête de l'Etat camerounais. « Le Renouveau » pose donc au Cameroun un double enjeu, celui du maintien de la paix et de la promotion de la démocratisation du système politique jusque là en vigueur. Ceci allait le confronter à une double dynamique : le maintien de la paix et l'arrimage à l'évolution internationale marquée par la fin de la bipolarité et l'avènement de l'unipolarité du monde où les principes démocratiques sont érigés en mode de gouvernance universelle permettant l'émulation de « l'ordre mondial».

Dans cet écheveau et cet éventail de logique globale, l'Afrique noire, et le Cameroun, furent entrainés dans ce labyrinthe. Les réactions des uns et des autres allaient être consécutives à leurs modes de fonctionnement intrinsèque. Ainsi donc, le Cameroun allie stabilité et démocratisation afin de construire un environnement politique de plus en plus compréhensif et compréhensible faisant de lui une « entité unique » dans sa sous région conférant à ce dernier des attributs d'identification et d'identisation dans un contexte global de la, mondialisation où rien ne se fait désormais en marge de la compréhension internationale.

Alors, quels rapports pouvons-nous établir entre la démocratie et la paix dans la scène politique camerounaise ?

Quelle contenance peut-on et doit-on donner à la paix telle qu'appréhender sur la scène politique camerounaise ?

Tel sera le cadre d'analyse à partir duquel nous allons mettre en évidence la manifestation de la démocratisation dans le contexte camerounais.

Objectif de la recherche 

« Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice », écrit Louis Segond56(*). Ainsi, le choix de ce thème est guidé par le désir de mettre en relief le parallèle qui existe entre la démocratisation et la paix. Il est donc important de faire comprendre aux politiciens africains que les instabilités politiques ne peuvent et ne doivent plus être le lot quotidien des pays africains. Car, en l'absence de la paix, ce sont les conditions d'un sous développement qui s'installe.

D'un autre coté, ce travail poursuit un tout autre objectif, celui de faire comprendre aux politiciens africains en général et camerounais en particulier que « la paix est un bien avec lequel il faut continuer de composer » En effet, les conditions de développement de la paix mettent en exergue la formation d'un environnement démocratique. Ce qui suppose tout aussi l'organisation d'élections libres et transparentes, la lutte contre les fléaux sociaux...Car, au XXIème, la cause d'un conflit n'est plus seulement le refus d'accepter le verdict d'une élection présidentielle, mais bien les conditions sociales de vie des populations dans un pays donné. En l'absence de ces mesures d'amélioration des conditions de vies des populations, c'est un corps social qui se met en branle. C'est pourquoi les pays qui, comme le Cameroun, connaissent des conditions de « stabilité » doivent se rendre compte qu'à l'évidence la paix n'est pas seulement absence de guerre, mais aussi trouble de l'harmonie sociale.

En outre, il est aussi important de faire savoir à la nouvelle génération, et la plus jeune destinée à prendre la relève, que les idéaux de la paix doivent être pérenniser en se basant sur des éléments palpables et concrets permettant d'en mesurer le degré d'évolution du Cameroun.

Méthodologie et technique de collecte des données

La dialectique de la démocratisation et de la paix en tant que dynamique de recomposition de l'ordre politique au Cameroun soulève de grandes questions épistémologiques. En tant que phénomène ou dynamique en cours, le dialogue démocratisation-paix est un objet fluide qui refuse à s'enfermer dans le monisme analytique. D'où la nécessité d'une analyse pluridisciplinaire car « le but de la science est une connaissance et une compréhension meilleure de tout ce qui existe »57(*).

De fait, la méthode s'entend comme « l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »58(*). Elle est aussi « le fondement de la scientificité de toute recherche et constitue l'ensemble des opérations matérielles permettant au chercheur de transcender les obstacles qui jonchent le parcours conduisant à la vérité »59(*). Ainsi, Madeleine Grawitz renchérit :

Dans une recherche, la nature même des informations qu'il convient de recueillir pour atteindre l'objectif, commande les moyens employés pour le faire. On ne chasse pas les papillons avec les hameçons en admettant que l'on puisse attraper parfois, des papillons avec un filet à papillons. Il est donc indispensable d'approprier l'outil à la recherche60(*).

De prime abord, l'on pourrait considérer que la thématique que nous ambitionnons de traiter est plus du domaine de la science politique que de l'histoire. Mais, il n'en est rien car dit le Professeur Dieudonné Oyono, « l'approche historique est la pierre angulaire de l'étude de la politique internationale »61(*). C'est pourquoi notre méthode est un combinatoire de la méthode empirico-inductive fait de la constatation des faits suivi de l'analyse.

Nous emprunterons aussi à la démarche comparativiste qui consiste en « un rapprochement raisonné d'objets de nature analogue afin de mieux identifier les caractéristiques »62(*). Ainsi, à travers cette méthode, il s'agira pour nous de confronter le modèle camerounais à d'autres modèles qui ont cours en Afrique en général et en Afrique centrale en particulier afin de mieux saisir la spécificité camerounaise.

La démarche systémique ne sera pas en reste dans ce travail. Cette démarche est « interactionniste en ce sens qu'elle met l'accent sur les interactions entre les membres d'un système ainsi les échanges entre le système et son environnement »63(*).

Pour mieux élucider cette dynamique, nous avons utilisés des sources de premières mains parmi lesquelles nous pouvons citer les sources d'archives constituées essentiellement des journaux recueillis aux Archives Nationales de Yaoundé (ANY), principalement ceux qui couvrent notre période d'étude64(*). Ces recueils de journaux nous ont ensuite permis d'avoir une idée sur l'évolution du processus de démocratisation du Cameroun.

A coté de ces journaux, nous nous sommes également servis des recueils de lois et de décret trouves aux Archives de L'Assemblée Nationale (AN) du Cameroun. Ces lois nous ont permis de comprendre et d'appréhender l'ensemble des actions prises par le gouvernement du Cameroun pour apaiser la situation critique des années 1990. Cela nous a dès lors permis de mieux évaluer à travers ces lois le symbole de la paix qui a en ces occasions jouer un rôle important. A titre illustratif, ,nous pouvons citer la loi sur l'amnistie général à l'issue des évènements de 1991, la loi portant réhabilitation de certaines figures historiques du Cameroun, bref toutes les lois adoptées lors de la session de l'Assemblée nationale en 1990, baptisé « lois de la session des libertés ». Nous avons également consulté la bibliothèque de l'AN où nous sommes entrés en possession de certains ouvrages comme ceux de Zacharie Ngniman sur la démocratie et la paix.

En outre, nous avons ensuite eu recours aux sources orales que nous avions recueillis auprès de certaines personnalités politiques camerounaises ayant vécu les évènements ou faisant parti de la scène politique camerounaise. A ce titre, nous pouvons mentionner notre voyage à Ebolowa pour rencontrer Abel Eyinga avec qui nous des entretiens fructueux65(*). C'est ainsi que nous avons rencontrés certaines personnalités de l'opposition camerounaise afin de d'appréhender leurs point de vue. C'est dans cette logique que nous avons effectué un voyage à Bafoussam et à Bamenda afin de rencontrer certains leaders de partis politiques sans oublier ceux rencontrer à Yaoundé avec qui nous avons eu des échanges fructueux.

Nous avons aussi rencontrés certains universitaires comme le Professeur Charly Gabriel Mbock avec qui nous avons eu des discussions très fructueuses. Il nous a permis d'avoir une autre idée de notre sujet de recherche.

En ce qui concerne la conduite des discussions, nous pouvons dire que nous avons plus largement eu recours à un guide d'entretien car nous avons eu des contacts directs. Ce guide d'entretien nous a permis d'orienter nos discussions avec nos informateurs.

De plus, les sources de secondes mains n'ont pas été en reste dans la réalisation de ce travail. De ce fait, ils sont constitués d'ouvrages, de mémoires et de thèses que nous avons recueillies dans différents centres de recherches. Nous avons tout d'abord consultés la bibliothèque centrale de l'Université de Yaoundé I où nous avons trouvé des ouvrages sur l'ouverture démocratique du Cameroun, surtout ceux qui traite de l'apport de l'extérieur sur cette ouverture. A ce titre nous pouvons citer l'ouvrage de Charly Gabriel Mbock intitulé Cameroun, l'intention démocratique. Nous avons également eu recours aux ouvrages de la bibliothèque de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) où nous avons trouvés la plupart de nos ouvrages traitant du Cameroun comme celui de Fabien Eboussi Boulaga qui nous a été très précieux dans la réalisation de ce travail. Nous avons en outre eu accès aux ouvrages et mémoires de Relations Internationales notamment les mémoires de Martin Dieudonné Ebolo, de Zacharie Serges Nyanid et autre.

Mentionnons aussi ici la bibliothèque de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH) de l'université de Yaoundé I où nous sommes entré en possession de nombreux mémoires et thèses non seulement en Histoire, mais aussi des autres disciplines comme la sociologie, la Philosophie ou encore l'Anthropologie. Nous pouvons citer entre autre les mémoires d'histoire de collince Gueguim Zébazé, de Timothée Bodo Messina, de Laurent Aimé Perez Amougou Mbida ou encore de la thèse Kenedy Fonju Njuafack. Nous pouvons également citer la thèse de sociologie de Jacqueline Biyegue Noa et le mémoire de Diplôme d'Etude Approfondie (DEA) de philosophie de Christian Loajembe.

C'est le lieu aussi de mentionner la bibliothèque de l'Institut Français du Cameroun-Yaoundé (IFC-Y), ancien Centre Culturel Français (CCF), où nous avons trouvé des documents sur la fin du régime communiste d'Union Soviétique utilisé pour la réalisation d'une partie de travail. Nous pouvons à ce titre mentionner l'ouvrage de Joseph Heffer, Jean Sapir ou encore de Marc Ferro sur la démocratisation du bloc de l'Est.

Nous ne saurons finir sans mentionner la Bibliothèque de la Fondation Paul Ango Ela (FPAE) où nous avons trouvés d'énormes documents sur la démocratisation du Cameroun, mais aussi sur les fléaux sociaux comme la corruption ou encore la pauvreté et la faim. Nous pouvons à ce titre citer l'ouvrage de Didier Boukongou ou encore celui de Pierre Titi Nwel, d'Alain Didier Olinga, mais aussi la thèse de Mathias Eric Owona Nguini. Tous ces ouvrages ont ainsi contribué dans une large mesure à la réalisation de ce travail.

Toutefois, ce travail a butté face à de nombreuses difficultés parmi lesquelles on peut énumérer les difficultés d'accès aux sources orales dont la plupart de nos informateurs, ceux qui ont bien voulu nous parler, ont choisi garder l'anonymat en raison disent-ils de l'actualité de notre sujet. En outre, l'autre blocage non moins important est le refus à nous opposé par certains centres de recherche, ce qui a fragilisé un peu notre travail. Nous devons aussi mentionner ici le fait que la période de notre étude a coïncidé avec une période où les ANY venaient de connaitre un coup de vols. Ce qui a freiné et ralenti un tout petit peu l'avancée de notre travail. Car, après une période de fermeture, les ANY, lorsqu'elles ont rouvertes les portes ne donnaient aux chercheurs que des journaux et non des dossiers proprement dites.

Néanmoins, ces difficultés ne nous ont pas empêchés de mener notre travail à bout car malgré tous ces désagréments, nous avons pu réaliser le travail et le peaufiner.

Plan du travail

Ainsi, pour mieux rendre cette réalité compréhensive et compréhensible, nous avons fait un plan constitué de deux parties ayant chacune deux chapitres. La première partie met en évidence l'évolution politique du Cameroun entre les deux extrémités de l'évènement-monstre de 1990. La première extrémité s'attèle à rendre de la dynamique opérée au Cameroun depuis la passation de pouvoir de 1982. Cette passation a portée les germes de la transition démocratique au Cameroun. Le ver étant déjà dans le fruit, les évènements d'Europe de l'Est ont précipité le Cameroun dans la marre de l'agitation démocratique. Tandis que le second chapitre met en évidence les tenants et les aboutissants de la transition démocratique au Cameroun avec notamment l'organisation du premier scrutin pluraliste de l'après 1990. Nous y verrons qu'en ces occasions, des dérives ont pu être constatées de part et d'autre des protagonistes de la lutte démocratique.

La seconde partie qui porte sur l'extension de la transition démocratique ce qui suppose l'implémentation de la démocratisation. Ici, le troisième chapitre met en évidence le fin de siècle difficile tel que constater au Cameroun avec notamment la construction de « l'hégémonie de pacification », ce qui a contribué à jeter du bémol sur l'idéal de paix prôné par le pays. Alors que le dernier chapitre y met en exergue ce que nous avons appelé des mesures imposées qui ont contribué quelques fois en l'absence de volonté de l'Etat à prendre un certain nombre d'initiatives comme par exemple les mesures de lutte contre la pauvreté et les détournements de fonds publics, ceci aussi permit de réaliser un certain nombre d'aménagement institutionnelle afin d'assurer un espace démocratique de plus en plus viable et fiable.

PREMIERE PARTIE

LE CAMEROUN DU PARTI UNIQUE A L'EXPERIENCE DEMOCRATIQUE : LA TRAME DE LA «DEMONOPOLISATION» DU SYSTEME POLITIQUE CAMEROUNAIS (1982-1992).

Avec l'accession à l'indépendance du Cameroun, ce fut des « instants de gloire » qui s'emparèrent du peuple camerounais. Toutefois, à l'euphorie des années 1960, succéda une période de contrôle politique au Cameroun caractérisée par l'instauration du parti unique en 1966. Ainsi, questionner la problématique des transitions politiques en Afrique subsaharienne plus globalement et au Cameroun plus spécifiquement, pose de facto l'étude et la compréhension du fonctionnement des systèmes politiques africains au lendemain des indépendances. Ces derniers étaient, de manière caricaturale, constitués de régimes forts où l'autorité du chef de l'Etat faisait figure de règle établie et de norme à respecter. Joseph Ki-Zerbo y a vu dans cet état de chose la volonté de la part de ceux-ci de tourner le dos au «  prêt-à-porter institutionnel »66(*). L'ordre est ici rétabli parfois par la force. Ceci est d'autant plus vrai que l'Afrique tout entière et l'Afrique subsaharienne en particulier y est le théâtre de la guerre froide. Dans cette perspective, le changement de régime politique au Sénégal en 1980 apparait comme un geste sui generis.67(*) Au Cameroun, la situation est spécifique à plus d'un titre. En effet, le régime politique camerounais sorti des luttes de décolonisation fut marqué par des actes de « brutalités extrêmes » qui ont parfois sapé l'effort de stabilité entrepris par le gouvernement du président Ahmadou Ahidjo68(*). Ainsi donc, inspiré sans doute de l'exemple sénégalais, le Cameroun connait son premier changement à la tête de l'Etat au début de l'année 1980. Poussé en cela par la conjoncture internationale de l'époque où la guerre froide vivait ses derniers instants, cette « transition pacifique » devait constituer sans doute les prémices d'un renouvèlement de la gouvernance politique au Cameroun. Mais, les comportements des années antérieurs continuaient à se faire ressentir, remettant ainsi en cause l'« îlot de paix que constituait déjà le Cameroun ». C'est pourquoi l'ouverture politique au Cameroun sera le fait de la conjonction des facteurs à la fois internes et externes. Les deux chapitres que constitue cette partie s'attèleront donc à mettre en évidence non seulement ces facteurs, mais aussi les étapes de l'ouverture démocratique au Cameroun.

Chapitre I

LES FACTEURS DE LA LIBERALISATION POLITIQUE AU CAMEROUN (1982-1990). LES PREMICES DE LA DEMOCRATISATION.

Les réalités d'un système monolithique étaient perceptibles au Cameroun comme partout en Afrique. Mais, la dynamique internationale allait avoir raison des comportements politique au Cameroun car, si la passation de pouvoir de 1982 apparaissait comme un moment important dans l'évolution politique au Cameroun, il faut dire que les évènements ayant suivi cette passation de pouvoir ont bien montés au combien « les mentalités avaient la peau dures ». C'est donc pourquoi il est important de s'arrêter un instant sur ce moment crucial afin d'en comprendre et d'en déceler une fois les tenant et les aboutissants de cette passation de pouvoir. Cela nous amènera sans doute à comprendre pourquoi malgré les espoirs qu'elle a suscité, la réalité fut tout autre. à une époque où l'opinion publique international était résolument en faveur des régimes démocratiques, le gouvernement camerounais consentira, il est vrai malgré elle, à une ouverture politique. Ainsi, ce chapitre mettra donc en exergue concomitamment, les différents facteurs ayant présidés au retour à l'expérience démocratique au Cameroun.

I- Les facteurs externes : la fin de la guerre froide et la légitimation du «discours de la paix».

Le fonctionnement du monde au lendemain de ce que Paul Ricoeur a qualifié « d'évènement-monstre » 69(*) de 1945 est caractérisé par la bipolarité. Constituée de ses logiques propres, la guerre froide était une sorte de conflit de positionnement entre les deux grandes puissances de l'époque. Dans cette guerre de positionnement, la partie du monde qui allait en pâtir était sans nul doute le tiers monde et spécifiquement l'Afrique, tributaire de cet état de chose. C'est pourquoi l'avènement de la fin de la guerre froide est fondamental à plus d'un titre. En effet, après y avoir installé des éléments de « déstabilisation », le « gentleman agreement » militait désormais pour la promotion des valeurs de paix et de stabilité à l'échiquier international. Ce qui supposait, spécifiquement pour l'Afrique noire le début de la fin des « autocraties » car la fin de la guerre froide signifiait aussi fin « supposée du communisme »70(*) et donc le passage à un monde « uni-centré » où les régimes capitalistes imposent désormais leurs lois.

A- L'effet Gorbatchev ou «la fin du bloc de l'Est».

L'évolution des évènements mondiaux après 1945 est caractérisé par la bipolarisation du monde et donc de l'évolution du système communiste. Cependant, au milieu des années 1970, l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques(URSS) commence à connaitre des problèmes d'ordre interne dû à la crise économique. C'est dans ce contexte que Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir et y entreprend une restructuration du système politique soviétique.

1- Le système soviétique à la veille de l'arrivée de Gorbatchev.

Caractériser le système soviétique avant l'arrivée de Gorbatchev revient à mettre en exergue les différents problèmes dont souffre l'URSS à partir de la fin des années 1970.

En effet, l'URSS est gouvernée par l'entremise du Secrétariat général du parti communiste. C'est donc le secrétaire général du parti qui fait office de chef de gouvernement. Mais, à partir de 1970, des voix s'élèvent au sein du parti afin de remettre en question l'autorité du Secrétaire général. Heffer y notera dans cette logique que,

malgré le fait que l'autorité suprême de l'Etat repose sur les épaules du Secrétaire général du parti communiste, qui n' a certes plus le pouvoir de décider de tout comme à l'époque de Staline, mais dispose au nom du centralisme démocratique , de la capacité de fixer les grandes lignes de l'action politique, le poste fut cependant confié à des hommes âgés et malades entre 1973 et 198571(*).

C'est dire que l'une des raisons de l'affaiblissement du communisme est due à la gérontocratie de ce régime. Et pour cause, lorsqu'on observe attentivement les différents secrétaires généraux ayant précédés Mikhaïl Gorbatchev, l'on est frappé des contrastes qui existent entre les uns et les autres. On prendra pour illustration ici Léonid Brejnev (Octobre 1964- Novembre 1982) dont on accusait d'avoir un sérieux penchant pour Bacchus72(*) et dont le règnent est caractérisé par une extrême corruption73(*). A sa mort à l'âge de 76 ans, il fut remplacé par un autre vieillard, Jouri Andropov (68 ans) qui, atteint d'une maladie rénale, n'occupe le poste que pendant quinze mois (Novembre 1982- Février 1984). Il fut à son tour remplacé par Constantin Tchernenko, 72 ans, dont la santé chancelante rappelle déjà Brejnev. A l'entendement donc, l'URSS fut traversé pendant cette période d'une crise d'autorité qui l'a amené à faiblir et à faire du champ au capitalisme en pleine expansion.

L'absence d'une « autorité forte » à la tête de l'Etat a entrainé le pays dans une sorte de laisser-aller. C'est pourquoi,

Le choix de Gorbatchev comme secrétaire général du parti communiste ne permet pas de déduire ce que sera l'évolution future de l'Union Soviétique, mais au moins sa relative jeunesse met un terme à une période où les responsabilités suprêmes du pays ont été confiées à des vieillards malades.74(*)

A coté de ces dysfonctionnements structurels de l'élite dirigeante de l'Union Soviétique, l'on constate également une économie en totale déliquescence. De fait, «  à la fin des années 1970 », « l'économie soviétique est entrée dans une crise structurelle »75(*). L'URSS est ainsi traversée par de nombreux maux tels que la pénurie de logement, l'absence des produits de consommation, ainsi que le taux de chômage élevé à hauteur de 62%. Cela a des répercussions sur le taux de croissance de l'URSS qui baisse d'année en année pendant que les industries peinent à apporter l'excédent d'autrefois. Ainsi, le tableau ci-après présente l'évolution du taux de croissance de l'URSS entre 1961 et 1982 :

Tableau n°1 : taux de croissance de l'URSS sous Brejnev, en % et par an.

 

Produit National Brut (PNB)

Industries

1961-1970

5,0

6,5

1971-1975

3,8

5,8

1976-1980

2,8

3,4

1981-1982

1,2

3,0

Source: J. W. Parker, Kremlin in transition, vol 1, Boston, Boston university press, 1991, p.76.

L'on comprend dès lors à partir de ce tableau que le taux de croissance de l'URSS a commence à régresser dès 1971, traduisant ainsi l'absence d'une politique économique appropriée. La faiblesse des industries soviétiques augurent du retard que ce dernier enregistrait déjà par rapport à sa rivale du bloc capitaliste. Néanmoins, il convient de ne pas justifier ce retard par ce seul fait de la crise économique. En effet, l'on peut également faire le constat selon lequel la plupart de ressources économiques de l'Union soviétique était détourné vers le secteur militaire sans doute pour ne pas perdre du pied dans le domaine des armements. C'est cette situation qui a sans doute justifié la régression de l'économique76(*). Il n'en demeure toutefois pas moins que tous « les chiffres sont au rouge »77(*) en Union soviétique. Le taux de croissance continuera sa décrépitude jusqu'au tournant de l'année 1985 comme nous le confirme ce tableau :

Tableau n° 2 : Taux de croissance annuel moyen de l'économie soviétique (en %)

 

1971-1980

1981-1985

1

5,30

3,20

2

3,70

2,00

3

2,00

0,59

4

3,50

0,65

1= Revenu National (chiffre officiel)

2= PNB

3= Revenu National

4=Produit Social Brut

Source : M. Ferro, Mélanges. De la Russie et d'ailleurs, Paris, Plon, 1995, pp.216-218.

Ainsi, à l'analyse, la situation de l'Union soviétique en 1985 était proche du tragique et même du néant, annonçant par là même une période tumultueuse dont Gorbatchev en sera le principal artisan.

2- Les mesures «Gorbatchéviennes» : Perestroïka et Glasnost.

L'accession à la tête de l'URSS de Mikhaïl Gorbatchev marque le début d'une série de reformes en union soviétique. En effet, son gouvernement est marqué par l'application de trois concepts clés à savoir la perestroïka, la Glasnost et l'Uskorenie. Le dernier concept qui signifie « accélération » s'applique à l'économie et se présente comme le contraire de la « stagnation » de l'époque de Brejnev. Mais la faillite de l'économie dont le redressement semble de plus en plus difficile pousse le chef de l'Etat à l'abandonner à partir de 1986. Resta alors les deux « maitre-mots » de la politique soviétique sous Gorbatchev.

En effet, le terme  perestroïka  qui signifie « restructuration, reconstruction », s'applique d'abord aux seules méthodes de gestion de l'économie. Mais à partir de 1986, Gorbatchev plaide  « pour nue profonde perestroïka du système de planification et d'administration, et de l'ensemble du mécanisme économique »78(*). De l'économique, la perestroïka englobe désormais le domaine politique et se faisant prend des allures de « transparence », « d'ouverture ». C'est le sens même de la glasnost. La combinaison de ces deux concepts introduit en URSS des idées nouvelles. Heffer dit d'ailleurs que «  dans sa signification la plus large, il [la perestroïka et la glasnost] va jusqu'à la liberté d'expression et d'information. Le concept de glasnost autorisant de plus en plus le citoyen à pousser très loin sa curiosité et de s'affranchir de la vérité officielle »79(*). Adopté lors du vingt septième congrès du parti unique en 1986 et ayant pour but de combler le retard que l'Union Soviétique accusait par rapport au système capitaliste,

La perestroïka a quitté les dorures des salles du comité central. En Union soviétique, elle est devenue l'objet d'un débat public qui déstabilise les structures les mieux assises [...] En Europe de l'Est, c'est le début de la fin des partis communistes et leur rôle dirigeant. Une révolution, donc, si l'on entend par là une destruction radicale de l'ordre existant80(*).

Ainsi prend corps ce que Bertrand Badie a appelé « le vent d'Est »81(*). A l'analyse donc, les réformes que Gorbatchev initia eu des proportions importantes telles que lui-même ne l'avait imaginé. Et parmi ces conséquences figurent en bonne place la dislocation de l'URSS et son corollaire l'affirmation du capitalisme occidental.

B- L'affirmation des régimes capitalistes ou la naissance de l'unipolarité.

« Politiquement instable », l'URSS allait suivre les lignes directrices élaborée par Gorbatchev. C'est pourquoi l'analyse du revirement de 1988 tient une place essentielle dans l'évolution politique de l'Union soviétique. En effet, d'abord hostile au renversement du système communiste, Gorbatchev change de position en 1988 lorsqu'il affirme que,

Pour nous, la nécessité du principe de liberté de choix est claire. Refuser ce droit au peuple, quelque soit le prétexte invoqué, quelque soit les mots employés pour masquer ce refus, revient à mettre en péril l'équilibre instable qu'il a été possible d'atteindre. La liberté de choix est un principe universel qui ne souffre d'aucune exception82(*).

La conséquence qui s'en suit en est inévitablement la chute du mur de Berlin accompagnée de la divulgation des valeurs capitalo-occidentales parmi lesquelles l'institutionnalisation du discours de la paix comme valeur cardinale et norme de régulation de la société internationale.

1- La chute du mur de Berlin : catalyseur du monde unipolaire.

Construit le 13 Aout 1961, le mur de Berlin était le symbole de la guerre froide. En effet, caricaturer par la division en deux de l'Allemagne, la chute du mur de Berlin allait apparaitre comme le point d'aboutissement de la politique gorbatchévienne en Europe. De fait, les bouleversements de l'Union soviétique, marqué par l'agitation des «nationalismes d'Etat», conduisant à la chute des sanguinaires comme Ceausescu83(*) et la montée au pouvoir des dramaturges comme Vaclav Havel84(*), posait le problème du maintien de l'Allemagne divisée en deux.

Ainsi, confiné aux frontières par des gouvernements pro-capitalistes comme la Tchécoslovaquie ou encore la Hongrie, le gouvernement sur place en Allemagne de l'Est adopte une « politique de repli sur soi » avec la fermeture des frontières d'avec ses voisins le 03 Octobre 1989. Néanmoins, privé de possibilité de sortie, « les allemands de l'Est se mobilisent en masse, affrontent la police à Berlin, Leipzig et Dresde »85(*). Ces affrontements contraints le Chancelier Honecker à la démission le 18 Octobre. Son successeur, Egon Krenz, dépassé par l'ampleur des contestations dû se résoudre à l'ouverture des frontières le 09 Novembre 1989. Ainsi, « le mur de Berlin, symbole du repli sur soi du bloc communiste tombe et avec lui la liberté de mouvement des populations d'Allemagne de l'Est »86(*).

Il appert donc qu'avec la chute du mur de Berlin, c'est la Perestroïka qui s'étend désormais en dehors des frontières de l'Union Soviétique. Elle a donc constituée en soi une « apocalypse » pour les régimes autoritaires d'Afrique. Et pour cause, avec la perestroïka,

Un monde s'écroule, celui des dictatures bureaucratiques affublées des attributs du socialisme. Un monde s'évanouit, celui dont les trois grands avaient, dans leur superbe, retaillé les frontières au lendemain de la guerre. Désormais plus rien ne sera nulle part comme avant. L'heure est à la créativité, à l'invention. C'est la première et la plus essentielle des leçons qu'il faut tirer des années quatre vingt87(*).

Avec la chute du mur de Berlin, c'est la naissance d'un monde uni-centré où désormais aucune nation n'est à l'abri de tels soubresauts. Autrement dit, c'est l'affirmation des régimes capitalistes avec son corollaire, l'excroissance du phénomène de la mondialisation. Les Etats-Unis d'Amérique (USA), première puissance capitaliste en tirera forcément des conséquences.

2- La divulgation des valeurs occidentalo-capitalistes : « dame paix s'impose ».

La dislocation du bloc soviétique laisse désormais le monde en proie à la suprématie capitaliste avec ses valeurs telles que la démocratie, la libre concurrence, la liberté d'expression et la coopération entre Etats. Cela suppose donc que désormais, c'est d'un monde stable dont a besoin les chantres du capitalisme néolibéral. Désormais, le discours de la paix s'invite à toutes les tables, au déjeuné, au repas et même au diner. C'est le président américain Georges Bush qui le premier l'introduit dans la norme globale lors de son discours aux Nations Unies en Septembre 1989 où il annonce déjà ce qu'il appelait le  « nouvel ordre international 88(*) : les USA s'engage désormais à promouvoir les valeurs de paix, de stabilité et de prospérité à l'échelle planétaire. Qu'on soit tous d'accord, rien ne pourra être possible dans le siècle qui s'ouvre sans stabilité, paix et liberté des peuples »89(*). Le ton était donc donné et la machine n'attendait qu'à se mettre en place.

L'Afrique y occupe dans cette logique une place de premier plan car dans la majorité des cas, l'on est encore aux « balbutiements » de la poussée démocratique. Au pire, y règne-t-il encore de « dictatures de parti-uniques »90(*).

La démocratie tend désormais à s'affirmer comme « meilleur moyen de gouvernance mondiale » dans un contexte où la paix occupe une place central sur l'échiquier international. Au Cameroun, les usages de cette libéralisation y trouvent un terrain favorable du fait que ce pays a connu une période post-indépendante relativement atroce. Nulle part qu'ici l'on mesure les biens fondés de la paix. C'est donc sous ce fond de stabilité que le Cameroun va négocier sa sortie de dictature, sortie dont il convient tout d'abord d'en préciser les modalités internes l'ayant engendrée afin de comprendre par la suite les comportements des uns et des autres lors de cette transition.

II- Les facteurs endogènes : les avatars de l'alternance politique au Cameroun.

Le vent de libéralisation politique au Cameroun peut être perçue comme antérieur au « vent d'Est ». Et pour cause, le changement survenu à la tête de l'Etat du Cameroun est un fait important dans la dynamique politique de ce pays. Cet acte est donc perçu, à travers les conséquences produit, comme un catalyseur du retour au multipartisme au Cameroun. En effet, il est important de le considérer sous ce prisme pour mieux comprendre «l'évolution de la société camerounaise» avant le début des contestations politiques de 1990.

A- Le changement de régime politique au Cameroun : entre crises de continuité et espoirs de rupture.

Lorsque le président Ahmadou Ahidjo affirme au soir du 04 Novembre 1982 à la radio camerounaise :

Camerounaises, camerounais, mes chers compatriotes, j'ai décidé de démissionner de mes fonctions de président de la république du Cameroun [...] J'invite toutes les camerounaises et tous les camerounais à accorder sans réserve leur confiance et à apporter leur concours à mon successeur constitutionnel Mr Paul Biya. Il mérite la confiance de tous, à l'extérieur comme à l'intérieur91(*).

C'est tout un peuple qui est plongé dans l'incertitude et dans le doute non seulement vis-à-vis de l'acte qui vient d'être posé mais aussi quant à l'avenir. De fait, la démission d'Ahmadou Ahidjo posait un certain nombre de questionnements dont l'un des plus pertinents semble être aujourd'hui l'enjeu et même le fondement de cet acte politique. Nous pourront percevoir que l'analyse de ces enjeux ont eu des conséquences qui, d'une manière volontaire ou non, ont impacté sur l'évolution de l'Etat du Cameroun.

1- Les enjeux de la passation de pouvoir

Le « système monolithique » instauré par le président Ahmadou Ahidjo au lendemain de la lutte pour l'indépendance avait jeté les camerounais dans « une psychose générale dues à l'état de violence politique et de brutalité sans limite instauré par les gendarmes politiques du président de la république »92(*).Bien sûr comme le rappelle Jean-François Bayart, l'Etat post-indépendant du Cameroun était caractérisé essentiellement par un « système clientéliste ». Et pour cause, le chef de l'Etat souffrait d'une « légitimité claire » :

Le chef de l'Etat a tiré sa légitimité même du pouvoir, légitimité de facto qu'à justifiée sa seule réussite et qui s'est ensuite transmuée en une légitimé secondaire, de jure et démocratique [...] La survie du régime est ainsi liée à la réussite d'un homme(en l'occurrence Ahmadou Ahidjo). L'histoire de l'un se résume largement à la maximisation continue des prérogatives de l'autre93(*).

L'on comprend dès lors que l'annonce du départ du président ait surpris plus d'un. Mais après la surprise vient l'instant de l'angoisse et de l'espoir. Fanny Pigeaud le résume d'ailleurs en ces termes :

Pour comprendre à la fois la popularité de Paul Biya à son accession au pouvoir en 1982 et la nature de son régime, il faut s'attarder sur les décennies qui l'ont précédé et l'ont en grande partie façonné. Sans remonter à l'ère précoloniale qui n'a pas été exempte de violences, la période de protectorat allemand qui a duré trente ans, celle de la tutelle française (1914-1960) puis les vingt-deux années de présidence d'Ahmadou Ahidjo ont été marquées par une même caractéristique : une gestion autoritaire et brutale, qui a durablement marqué l'ensemble des Camerounais94(*).

L'accession au pouvoir du président Biya pose ainsi un double enjeu : celui de la libéralisation de la gestion de l'Etat et de la consolidation de l'unité nationale c'est- à-dire en fin de compte la promotion d'un cadre pacifique dans un environnement international en proie à de nombreuses «  turbulences »95(*). Le Cameroun comme la plupart des pays d'Afrique et du tiers monde est en position de contrariété dû aux exigences internationales de cette dernière décennie du XXème siècle. Envisager la reconfiguration de la conception de la notion d'Etat entraine ainsi à opérer une sorte de révolution de la part de l'élite gouvernante à Yaoundé. Car qu'est ce qu'une révolution sinon ? De l'avis d'Hubert Mono Ndjana, « toute révolution est un retournement radical, et ce retournement, tranquille ou non, constitue déjà en lui-même une violence faite aux structures anciennes »96(*).

A l'analyse donc, la passation de pouvoir au Cameroun posait un problème de renouvellement de la classe politique dirigeante. Les « idées neuves » veulent se substituées aux « vieilles idées ». Ce qui, au-delà de toute idée avancée pour justifier le départ de l'ancien chef de l'Etat97(*), pose le problème de la pérennité du système. C'est à l'aune de ces considérations qu'on peut « rigueur, moralisation de la gestion publique, démocratisation » comprendre les slogans politiques adoptés par Paul Biya lors de sa prestation de serment à savoir dont il en fait les maitres-mots de sa ligne politique. Mais,

Quelles que soit les motivations qui le poussent à se prévaloir de ces mots d'ordre (rigueur, moralisation de la gestion publique, démocratisation), ceux-ci ont canalisé de puissantes aspirations au changement et introduit la notion de démocratie comme idée régulatrice et norme de jugement dans la politique au sein même du parti unique98(*).

Ceci a amené les deux hommes à se brouiller au sujet de la base même du pouvoir politique au Cameroun après 1982. Pour le président Ahmadou Ahidjo, « l'UNC (parti unique) définit les grandes orientations de la politique que le gouvernement doit mettre en oeuvre »99(*), tandis que pour le nouveau chef de l'Etat, c'est le président de la république qui incarne la politique gouvernementales. Ainsi déclare-t-il, « en ce qui concerne la constitution [...] qui est la règle la plus élevée, il est dit que c'est le président de la république qui définit la politique de la nation »100(*). On peut dès lors penser que cet usage controversé met en place au Cameroun les germes d'une « crise de succession » car le socle de stabilité que constituait le cumul de fonctions de président de la république et de président du parti est désormais remis en cause et même contesté par deux hommes dont les aspirations s'avèrent de plus en plus opposées. Alors, note Luc Sindjoun,

La crise de succession présidentielle met en jeu, de manière succincte, des acteurs ayant des ressources politiques différentes. L'un, le président Paul Biya, a comme ressource matérielle l'Etat, et idéologique le changement et l'autre, Ahmadou Ahidjo, le parti unique et idéologique, la continuité101(*)

Toujours est-il que cette confrontation posa le problème du bicéphalisme politique au Cameroun. Cette situation allait, de manière volontaire ou non, entrainer le Cameroun au bord du gouffre et susciter des enjeux dont le terme sera l'ouverture politique à la compétition électorale.

2- Le bicéphalisme politique et ses conséquences.

La condition de stabilité et de maintien de la paix dans les pays d'Afrique noire post coloniales résidait pour une grande sur le fait des « hommes forts », « les pères de la nation »102(*), qui incarnaient tous les pouvoirs. Or, la crise économique des années 1980 a fait perdre à ces derniers le monopole d'influence dont ils disposaient. En effet, l'exigence de libéralisation économique prônée au niveau international avec la mise en évidence de l'émulation des forces du marché, le monopole de contrôle échappe dès lors à ces « pères de la nation ». De plus, coïncidant avec les crises sociales en Europe de l'Est, favorisait les vagues de démocratisation dans les Etats satellites d'Europe de l'Est mais aussi d'Afrique subsaharienne.

Cependant, ces derniers devaient se dérouler dans un environnement stable. Cela entraina donc la perte d'autorité de l'ancien chef de l'Etat sur l'appareil d'Etat. En effet, « à la succession ordonnée du 06 Novembre 1982, qui marque l'auto-consécration du système de domination politique, va suivre la perte de l'emprise du parrain sur l'appareil dont il a contribué, de manière décisive à mettre sur pied »103(*). Cette situation débouche tout naturellement sur des manoeuvres de suspicions dont on a assisté au Cameroun après 1982. A la vérité, « le court printemps de complicité entre le prédécesseur et le successeur a cédé la place à l'hiver de conflit politique pour la prééminence »104(*).

Ainsi, naquit des accusations mutuelles et conflictuelles. Celles-ci se traduisant par des paroles du genre, « je me suis trompé, le président Biya est faible. Mais je ne savais qu'il était aussi fourbe et hypocrite »105(*).

Il faut tout de même remarquer que cette déclaration vient juste après l'annonce, à travers un message présidentiel radiodiffusé, « d'un complot contre la sécurité de la république ». Les mesures prises à la suite de cette déclaration sont entre autre le limogeage de Bello Bouba Maigari, alors Premier Ministre et du ministre d'état chargé des forces armées, Maikano Abdoulaye ; l'organisation d'un procès tenu du 24 au 28 Février 1984 et au terme duquel l'ancien chef de l'Etat est jugé pour outrage au chef de l'Etat et condamné à cinq ans de prisons et une amende de 20 millions de FCFA106(*).

Pour certains, comme pierre Flambeau Ngayap, la gestion autocratique et personnalisée du pouvoir par Ahmadou Ahidjo n'avait pas laissé la place à une continuité du système après lui. Ainsi y note-t-il, « l'enjeu aujourd'hui, c'est de savoir si sa gestion politique (Ahmadou Ahidjo) a été telle que son remplacement à la tête de l'élite dirigeante ne débouchera pas sur la dislocation de l'édifice c'est-à-dire sur une crise de régime »107(*). L'hypothèse du coup d'Etat manqué de 1984 est donc prévisible.

De fait, la confrontation des deux chefs de l'Etat débouche sur le coup d'Etat manqué du 06 Avril 1984. Les officiers accusés sont « tous originaires du Grand nord ». Ceci paraissait d'autant plus logique qu'à l'annonce de cette tentative de coup d'Etat, l'ancien chef de l'Etat déclara : « si ce sont mes partisans, ils auront le dessus »108(*). Le bilan fait état de 70 morts, 52 blessés, 1053 putschistes faits prisonniers et 265 gendarmes portés disparus109(*).

Au-delà d'un simple constat de « menaces sur la paix et la stabilité » au Cameroun, la tentative de coup d'Etat du 06 Avril 1984 a permis de redéfinir les bases et les logiques du pouvoir au Cameroun. Outre la valse des postes constatée au lendemain de ce triste évènement110(*), la question centrale en politique est la remise en cause de la base de la logique de l'Etat qu'était le parti. Le chef de l'Etat annonça dès la couleur en ces termes :

...Il nous faut convenir, et le déplorer, qu'en ces circonstances particulièrement graves (tentative de coup d'Etat), notre parti n'a pas su démontré la pleine mesure de ses capacités d'encadrement et de mobilisation des masses. Notre parti aura davantage révélé en ces circonstances, les faiblesses de ses structures et de son fonctionnement, telles qu'elles ses sont manifestées dans l'impression de flottement qu'il a laissé apparaitre et dans son attentisme qui a pu être perçu comme traduisant de sa part, sinon de l'irrésolution, du moins un manque notoire d'organisation111(*).

C'est à la suite de cela que se tint le congrès du Renouveau à Bamenda, congrès au cours du quel l'on note la consécration et la substitution de l'Union Nationale Camerounaise (UNC) par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). La naissance du RDPC pose ainsi Paul Biya comme dénominateur commun de tout pouvoir au Cameroun. Désormais, « il n'existe plus par procuration ». Cette « ouverture » permettait dès lors la libéralisation des forces politiques au Cameroun. Ceci est d'autant plus vrai qu'à la même période, l'environnement international est propice à une décrispation des masses. A partir de 1985 donc, on peut dire que le Cameroun est entré dans une logique de contestation et de remise en cause de l'autorité. Le chef de l'Etat allait l'apprendre à ses dépends avec la montée d'adrénaline qui gagnait déjà toutes les forces sociales du pays en cette année de 1985.

C- La naissance des appétits de pouvoir.

Le constat palpable de l'opposition au Cameroun entre les partisans de l'ancien chef de l'Etat et ceux du nouveau, accentuée par l'échec de la tentative de coup d'Etat manqué d'Avril 1984, avait contribué à tort ou à raison à la décrispation du paysage politique au Cameroun. Ce qui conduit à la fin de la « pensée unique »112(*). De fait, le Cameroun est consécutivement animé par plusieurs maux parmi lesquels le plus spectaculaire semble être les signes annonciateurs de la crise au Cameroun. Tout élément qui contribuera, volontairement ou involontairement, l'ouverture démocratique au Cameroun et fera valser le pouvoir résolu à maintenir le statu quo ante.

1- Les réactions « disparates» de la classe politique camerounaise.

Au lendemain du coup d'Etat manqué de 1984 et surtout de l'institutionnalisation du RDPC en lieu et place de l'UNC, le Cameroun est entré dans une ère de « lévitation extrême »113(*). Et pour cause, tous les feux Cameroun avaient presque tous virés du vert au Jaune, la limite du rouge restant à être franchi. Le gouvernement se devait donc de réagir afin de tempérer les esprits et éviter le pire. Le chef de l'Etat n'avait plus sous la main qu'une seule option : faire changer la vision du part unique. C'est ainsi qu'il annonce des élections pour le renouvellement des organes de bases du parti pour la mi- janvier 1986. On peut comprendre dès lors que l'intention du chef de l'Etat était de permettre une certaine émulation, un certain dilettantisme au sein du «  marché gouvernant camerounais »114(*).

C'est ainsi que du 12 Janvier au 10 Mars 1986, se tinrent effectivement les élections pour le renouvellement des organes de bases du parti115(*) . Ces élections ont donc permis pour la première fois une multitude de candidature pour les postes du parti. Le système de liste était dès lors abandonné. De toute façon, «  les élections pour le renouvellement des organes de bases du parti (RDPC) sont la première expression tangible de l'intention démocratique du Renouveau »116(*). Cet intention démocratique allait se poursuivre notamment lors des élections municipales du 25 Octobre 1987 et surtout les législatives du 20 Avril 1988, scrutins qui allaient permettre l'irruption d'une « nouvelle classe au sein du parti »117(*). En effet, à l'issue des législatives de 1988, le débat politique au sein du RDPC est à son paroxysme avec de « jeunes loups » comme Jean Jacques Ekindi qui représente déjà ce que l'on ne manquera plus de qualifié « d'ailes progressistes »118(*). Valentin Ndi Mbarga souligne en ces termes :

Ces élections témoignent de [sa] volonté de traduire [ses] paroles en actes. L'ouverture démocratique entre dans les faits. Même s'ils ne se limitent qu'à une concurrence entre partisans du RDPC, ces scrutins libres ont valeur de symbole. Ils annoncent qu'il est désormais permis de penser que le jour pourrait bientôt venir où les camerounais, dans leur ensemble, choisiront librement leurs responsables municipaux, leurs députés à l'Assemblée Nationale, voire le président de la république parmi une multiplicité de candidats119(*).

En effet, Jean Jacques Ekindi et ses amis notamment le pasteur Sendé, étaient partisans d'une refondation de l'organe dirigeante du parti. Devant le refus manifesté par les « caciques » du pouvoir représenté par Grégoire Owona, l'aile progressiste commence à avoir des idées d'ailleurs ; toute chose qui, pour le contexte international de l'époque, n'était pas favorable au parti au pouvoir120(*).

Cela est d'autant plus critique que le Cameroun vit en ces fins des années 1980 une crise économique et sociale sans précédent. Le bureau et la rue auront donc certainement raisons du gouvernement. On peut même dire que c'est la conjugaison de ces deux réalités sociales qui a entrainé l'ouverture politique au Cameroun. Mais arrêtons-nous un instant sur cette crise économique.

2- Une crise économique et sociale importante.

Pour comprendre les raisons du mécontentement social et de la crise économique des années 1980 au Cameroun, il faut remonter aux dernières heures de la passation de pouvoir. En effet, comme le déclare l'ancien président Ahmadou Ahidjo au journaliste de la chaine nationale Henri Bandolo, « j'ai laissé un pays fort économiquement et qui fait la fierté de toute l'Afrique. En effet, le Cameroun est un pays stable où tous les indices sont au vert, ce qui augure d'un pays en bonne santé »121(*). Ces mots laissent sans doute entendre que tous les malheurs futurs de l'économie camerounaise devront être mis à l'actif de son successeur. La réponse du chef de l'Etat est sans équivoque. En effet, pour Paul Biya, « toutes les sociétés d'Etat héritées de la période Ahidjo étaient presque toutes en état de déliquescence avancée »122(*).

Ainsi, lorsque la crise économique des années 1980 atteint le Cameroun, au-delà des querelles partisanes, c'est un pays totalement affecté. Les raisons de cette faillite sont imputables aux deux régimes car en fin de compte, « l'un n'est que l'excroissance de l'autre avec toutefois quelques arrondis »123(*). En effet, le Cameroun des années 1980 avait presque tout perdu de sa superbe. Malgré la croissance exceptionnelle des années 1970-1980, « l'économie camerounaise présentait des facteurs de blocage que les statistiques officielles ne faisaient pas ressortir »124(*). De fait, l'agriculture camerounaise, principal socle de son économie est en perte de vitesse. Jean Ngandjeu en a dressé un tableau synthétique de l'état de cette agriculture à cette période :

L'agriculture concerne les trois quarts de l'économie camerounaise. Avant la manne pétrolière, elle contribuait pour plus de 70% aux recettes des devises du pays et alimentait pour près de 40% le budget de l'Etat [...] Or, le pays accuse une tendance à la stagnation et à la baisse [...] Si le Cameroun est 5ème producteur mondial de cacao, sa production stagne depuis plusieurs années. Celle du café Robusta, après avoir le niveau record de 110000 tonnes en 1984-1985, a ralentie, tandis que l'Arabica est en déclin depuis 1980125(*).

Lorsqu'on sait que le tableau dressé ci-dessus affecte en premier lieu les populations locales, on peut dès lors comprendre le contexte social du Cameroun après 1985, lorsque les rumeurs d'entrée au Fond Monétaire International (FMI) se font sentir. Le chef de l'Etat interviendra même pour se fendre de ce que « le Cameroun n'ira pas au FMI »126(*).Mais il fut très vite rattrapé par la réalité et du se résoudre à abdiquer et à prendre le chemin de New York. Voilà la lecture que Dieudonné Oyono en fait de cette décision :

Le 20 Juin 1987, Paul Biya annonçait une série de mesure pour réduire le train de vie de l'Etat. Ce fut le point de départ de l'ajustement structurel [...] Ainsi, comme de nombreux pays africains, le Cameroun est entré dans une ère d'ajustement à travers les fourches caudines des organisations du système de Brettons Wood127(*).

De fait, mettant en application ces mesures, le ministre des finances, monsieur Sadou Hayatou, par une lettre d'intention, sollicite un accord de confirmation de 18 mois portant sur un montant équivalent à 69, 523 millions de DTS128(*).

C'est dans ce contexte que l'année 1989 s'ouvre au Cameroun sous le couvert d'une année-témoin avec notamment les évènements d'Europe de l'Est qui embrase le monde entier comme une foulée de poudre. L'agitation sociale prend alors la forme de la contestation. Les îlots de paix, jusque là préservés, mutatis mutandis, sont au bord du préjudice. Et pour cause, alors que des voix s'élèvent pour réclamer l'ouverture politique, le chef de l'Etat monte au créneau lors d'une déclaration radio télévisée en Avril 1989 et y affirme que « le Cameroun aujourd'hui a un seul problème majeur , la crise économique, tout le reste n'est que manoeuvres de diversions, d'intoxications et de déstabilisations »129(*). Ce fut peut être l'erreur du régime de Yaoundé qui avait cru devoir opposer aux revendications démocratiques, l'idée d'une crise économique. Valentin Ndi Mbarga y cerne certainement l'erreur lorsqu'il écrit que « le président Paul Biya et le RDPC n'anticipent pas. Il ne semble pas se rendre compte que le glas des particularismes et des régimes totalitaires a sonné à travers le monde »130(*).

C'est sans doute cette « maladresse », ajoutée à d'autres facteurs importants comme les « appétits de pouvoirs » manifestés par l'aile progressiste, aussi bien interne qu'externe au parti, qui précipiteront à coup sûr le Cameroun dans l'épopée de la lutte pour la transition politique. Cette lutte sera toutefois gérée avec et selon les modalités peut être pas spécifiquement camerounaises, mais orientée vers la vision globale du monde de l'après guerre froide.

Chapitre II

L'AVENEMENT DU PLURALISME POLITIQUE AU CAMEROUN OU

« LE RETOUR A L'EXPERIENCE DEMOCRATIQUE» (1990-1992).

La problématique de l'ouverture politique au Cameroun commence à se faire jour aux premières heures de la chute du mur de Berlin. Evénement sinon déterminant du moins décisif, la fin du régime communiste d'Europe de l'Est posait de facto le problème de la régulation de la gouvernance mondiale. Cette régulation s'appréhende et se comprend à l'aune du « discours de la paix » mis en évidence par les « nouveaux maitres du monde ». Cette boutade jetée à la marre trouve dans les pays sous-développés un terreau favorable car la survie de ces nations dépend désormais du degré d'allégeance au sein duquel ces Etats sont disposés à faire des efforts. C'est sous ce prisme que le Cameroun se trouve lancé dans ce dilemme entre « conjoncture politique » et « respect d'allégeance » prônée par les alliés occidentaux. C'est donc sous ce postulat qu'il convient désormais de relire « l'épopée démocratique » en Afrique noire globalement et au Cameroun spécifiquement. La trame du Cameroun a suivi des étapes bien précises avant de connaitre des manifestations spécifiquement camerounaises.

I- Les étapes de L'Ouverture Politique Au Cameroun

L'ouverture politique au Cameroun s'est manifesté sous la forme d'une succession d'évènements dont les liens entre les uns et les autres permettent d'établir des effets de causalité. C'est pourquoi avant de préciser l'ordre de succession de ces évènements au niveau interne, il est important de mettre eh évidence l'influence de l'environnement international dans ce passage à la démocratie.

A- L'impulsion de l'environnement international

La chute du mur de Berlin en Novembre 1989 avait sonné le glas de la guerre froide. Désormais, les alliés capitalistes font parler l'élément monétaire afin d'obtenir des régimes dictatoriaux des reformes nécessaires.

1- Les effets de la fin de la guerre froide.

La guerre froide, pendant tout le temps qu'elle a vécu avait offert l'occasion aux jeunes Nations africaines, parmi lesquelles le Cameroun de s'inscrire dans la logique de « non alignement ». Cela supposait que ces Etats n'avaient pas à choisir entre le bloc capitaliste et le bloc communisme. Or la capitulation du bloc communiste influence le discours des jeunes Nations africaines131(*), car le rapprochement entre les deux blocs «  privait les pays du tiers-monde de la possibilité d'exploiter la compétition entre l'Est et l'Ouest comme certains en maîtrisaient l'art »132(*) En effet, les pays africains profitaient de non alignement pour échapper à l'emprise d'un bloc or avec la fin de la guerre Froide, le non alignement perdait de la valeur. L'on assiste en Afrique au retour d'une force de la puissance américaine. Ceci est d'autant plus important que les USA eux même ont été ébranlé par cette situation « car l'anticommuniste à toujours été le fondement de leurs politique depuis 1944 »133(*). Désormais entendaient conditionner leur guide au respect des valeurs américaines telles que présentées par James Baker, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, dans un discours prononcé devant la commission sénatoriale des affaires étrangères. Les points saillants développés par M. Baker touchent au premier plan l'Afrique car ils concernent entre le respect des droits de l'homme, la pratique de la Démocratie et l'économie de marché. Herman Cohen, analysant cette sortie à donc déclarer que c'est dans un proche avenir, la démocratisation serait la condition nécessaire pour obtenir une aide au développement134(*). Dans cette logique devenant important aux puissances de s'entendre sur l'échiquier à respecter. Ceci est important dans la mesure où en Afrique, l'on n'est pas sensible au renversement de l'Europe de l'Est,

 Les profonds bouleversements dont l'Europe de l'Est est aujourd'hui le théâtre et le est ouvert qui en découle se traduiront tôt ou tard d'intense changement à travers le monde. Le vent de ce changement ne pourra en particulier épargner l'Afrique [...] grâce à la puissance du transistor et de la télévision, de la vidéo cassette du téléphone et de ses multiples dérivés, l'Afrique n'est et ne peut plus désormais être un vase clos135(*).

L'on perçoit par là qu'avec la fin de la Guerre Froide, c'est le du moins la du phénomène de la mondialisation qui d'abord compris sous le prisme économique propre en ces années 1990, une dimension purement politique. En effet,

 Les dynamiques de la mondialisation prennent formes aussi à travers l'institutionnalisation des conditionnalités politiques dans la coopération au développement, pendant du processus de globalisation. Ces conditionnalités politiques sont d'un type nouveau par rapport à ceux qui ont existé pendant la Guerre Froide celles là moins regardantes sur les questions relatives aux droits humains avaient surtout favorisé politique, des dictatures d'enjeux idéologiques et géostratégiques structurant. Elles diffèrent donc de conditionnalité politiques qui apparaissait dans les années 1990 et complète le valet économique présentant par un valet politique tout entrer vers la promotion de la Démocratie libérale et les valeurs qui en sont sous jacentes »136(*).

L'on perçoit par là le lien étroit qui peut être étalé entre le de la guerre froide et la globalisation du phénomène mondialisation. Aucune nation, aucun continent ne procure plus être en. D'ailleurs Paul BIYA déclarait que « l'évolution d'une société politique est la résultante d'une multitude de facteurs dont les facteurs externes ou l'ère du temps »137(*). L'Afrique subsaharienne ne pouvait donc pas échapper à cette réalité.

Mais, suivant le grand partage de la guerre froide qui faisait du continent africain « la chasse gardée de la France »138(*). Il lui a paru important d'en manifester le désir de prendre les commandes de la réorientation politique du continent. C'est ainsi que le président français François Mitterrand prit l'initiative d'en préciser désormais le cadre d'évolution des relations franco-africaines.

2- Le discours de la Baule et la naissance du Nouvel Ordre International Africain (NOIA).

Prenant ainsi la logique de la conditionnalité afin de ne point perdre du leste en Afrique, la France par l'entremise de son président fixa le cadre de la future coopération franco africaine. D'ailleurs, «  il se dit partout aujourd'hui que François Mitterrand par la déclaration de la baule en 1990 a déclenché indirectement l'agitation populaire dans les républiques francophones en y donnant le coup d'envoi de la démocratisation »139(*) .

De fait, à y regarder de près, l'on se rend compte que l'attitude de Paris visait non pas le bien être des Etats Africains mais sa survie en tant que grande puissance à l'heure où les Etats Unis gagnaient du terrain. C'est donc cette logique qui guide le président français à procéder à ce que Francine Bitée appelle le « revirement »140(*). En recevant donc ces pairs africains pour le compte du quatorzième sommet des chefs d'Etat et de gouvernements d'Afrique et de France qui se tint à La Baule en France entre le 19 et le 21 Juin 1990, le président français prononça un discours important. Le thème central portait sur la démocratie et les Droits de l'Homme. Après avoir félicité et remerciés ses pairs d'avoir acceptés l'invitation, Mitterrand se plut à dire à propos des évènements de l'Europe de l'Est, « ce souffle fera le tour de la planète »141(*). Invitant ainsi ses pairs à adopter la voie de la démocratisation.

Allant plus loin, et précisant la pensée de son président, le ministre français des affaires étrangères chargé de la coopération, M. Rolland Dumas sera plus explicite :

 Ce que le président a voulu dire c'est que le vent de la liberté qui a soufflé à l'Est devra inévitablement souffler un jour en direction du Sud [...] il n'ya pas de développement sans démocratie et il n'ya pas de démocratie sans développement142(*).

Le ton était donc donné désormais la France lierait son aide au développement à l'effort consenti par les pays africains vers plus de liberté143(*)et pour cause, martèlera le président de la République lors de la conférence qui allait suivre, il y'aura désormais selon lui « une aide tiède » pour les régimes totalitaires africains et une « une aide enthousiaste » pour ceux qui franchiront le pas de la démocratie144(*) avec courage.

C'est donc un publique médusé qui quitte le sol français au soir du 21 Juin 1990. Chaque pays est désormais mis en garde et il appartiendra à chacun d'eux d'en faire bonne usage de ces injonctions. Au-delà de tout, le discours de La Baule consacre l'entrée de l'Afrique dans le mouvement global de reconfiguration des positions internationales. J-F bayart a ainsi perçu le discours de La Baule comme manifestant la naissance du nouvel ordre africain. Ainsi note Francine Bitée :

 Cette entrée de la Pérestroïka à l'Elysée signifiait que la France, base arrière des dictatures africaines avait préférée la fuite en avant à une crise aigüe qui viendrait de son indifférence à l'égard d'une évolution du monde qui balaierait son pré Carré africain et son propre prestige si elle s'entêtait à soutenir mordicus ses suppôts au pouvoir(...) ce revirement consistait en un changement dans la demande politique vis-à-vis de la France après l'autorité et des centres politiques forts, la France demandait simplement le contraire à ses « clients », à savoir la démocratie et la liberté d'expression 145(*).

Il revenait donc aux élites politiques africaines d'en tirer les meilleures conséquences.

On constate dès lors que la fin de la guerre froide et le revirement de paris ont « fortement contribué en faveur du retour à la démocratie intégrale au Cameroun »146(*). Paul Yambe Tchientcheu l'a d'ailleurs affirmé en ces termes « ce sommet sonne le glas du parti unique et un retour anticipé du système du multipartisme en Afrique en général et au Cameroun en particulier »147(*).

De plus, en face d'un calendrier d'arrimage pas clairement défini, la contestation interne naquit au Cameroun et hâta l'avènement du multipartisme. Cette contestation interne, apparu de prime à bord comme une simple réaction éparse au refus du gouvernement de libéraliser le champ politique camerounais allait progressivement prendre l'allure des manifestations de masse. Le détonateur principal de cette confluence est attribué à l'ordre des avocats du Cameroun qui ont jeté les bases du mouvement démocratique camerounais à partir de 1990.

B- Les signes internes de la démocratisation au Cameroun : des réactions éparses aux manifestations de masse

La libéralisation pris de ce fait le cours des événements au Cameroun a partir des janvier 1990. En effet, si tout semble calme en ce début de mois de janvier, des réactions se font de plus en plus entendre. Le pouvoir avait bien évidement mis en garde contre une quelconque manifestation politique faisant entendre par la que le véritable socle de la concertation restait la résorption de la crise économique. Mais, la frange de l'opposition naissante allait entreprendre des manoeuvres jugées dispendieuses par le système. Ce fut le début de la contestation sociale au Cameroun. Cette dernière partir sur un coup de tête des avocats conduisit à la naissance des partis politiques

1- l'affaire Yondo black et les autres : et tout a commencé.

La base sociale de la contestation au Cameroun date officiellement du 19 Février 1990. En effet, c'est à cette date que Maître Yondo black Mandengué, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats est arrêté à Douala avec onze autres de ses compagnons148(*) parmi lesquels on peut retrouver entre autre Anicet Ekanè, Albert Mukong, Francis Kwa Moutoné, Rudolphe Bwanga, Vincent Feko Amani, Mme Badjé, Henriette Ekwé, Charles René Djoudjoce. Ils sont accusés de « sédition, subversion et affront au chef de l'Etat ».Mais, à la réalité Yondo black et ses compagnons sont accusés d'avoir émis des tracts au nom du «Comité de coordination pour le multipartisme et la démocratie ». En terme claire, on les accuse « d'avoir l'intention de créer un parti politique sans l'autorisation de l'administration »149(*). Or, cet acte du gouvernement allait à l'encontre même de la loi fondamentale qui en son article 2 du titre premier permettait la liberté d'association150(*). Cet acte devait donc sans nul doute émouvoir le peuple camerounais qui constate des manoeuvres de subversion de la part du gouvernement camerounais.

Quoiqu'il soit, les accusés seront jugés et condamnés à trois ans de prison pour Yondo black, cinq ans pour Anicet Ekanè et deux ans pour les autres151(*). Le procès mobilisa d'énorme réaction à la fois interne et externe. C'est ainsi que l'ordre des avocats se mobilisa. A la vérité comme le remarque Andréas Mehler,

Le procès de l'ex bâtonnier Yondo black fut une première apogée : environ deux cents avocats assistaient au procès devant le tribunal militaire de Yaoundé impressionnait par cet acte de solidarité [...] les organisations internationales de défenses des Droits de l'Homme se mobilisèrent contre le régime pour revendiquer la libération des accusés...152(*)

A l'analyse donc, le mouvement initié par Yondo black a eu le mérite de poser pour la première fois le problème resté tabou depuis 1966. Le gouvernement camerounais ne pouvait que réagir avec tempérance. Ceci est d'autant plus vrai que cette contestation remettait ainsi en cause « le tempérament pacifique» du gouvernement de Yaoundé. C'est ce qui explique d'ailleurs cette sortie du gouvernement à travers le communiqué du journal parlé le 14 Mars 1990, c'est-à-dire quatre jours après le début du procès pour défendre le fait que « l'arrestation de Yondo black ne portait pas sur le fait qu'il ait voulu créer un parti politique mais bien parce que le mouvement formé attentait à la vie de l'Etat»153(*). Cette réaction, aussi tardive soit-elle, a permis de déceler de la part du gouvernement camerounais des relents pacifistes. Mais, entrainé par le vent du multipartisme qui s'était imposé dans des pays comme le Bénin, le Cameroun n'allait pas rester indifférent. D'ailleurs, comme l'affirme Michel lobé Ewane, « ce qui est sûr aujourd'hui, c'est qu'il sera difficile que le souffle revendicatif initié par les avocats ne laisse pas de traces»154(*).

Cela allait être visible à la suite des évènements. Celles-ci ont contribué à prendre le gouvernement aux mots. Ce sera la raison d'être de la marche du 26 Mai 1990.

2- La marche du 26 mai 1990 à Bamenda : et le Social Democratic Front (SDF) naquit.

De l'ordre des avocats, les signes de la démocratisation allait gagner le terrain des partis politiques. En effet, voulant prendre le gouvernement aux mots, un jeune libraire, Ni John Fru Ndi et maitre Siga Asange, déposent les dossiers administratifs pour la légalisation d'un parti politique, le SDF à Bamenda, à la préfecture de la Mezzan. En effet, ils étaient animés par le fait que Yondo Black et les autres n'avaient pas été condamnés ; comme l'affirme le gouvernement, « la démocratie n'est effectivement pas proscrit »155(*).

Trois mois après le dépôt légal, le fondateur n'avait toujours pas reçu de réponse de l'administration. Or, la législation est claire dans ce domaine, « trois mois après le dépôt légal des statuts, la non-réponse des autorités vaut reconnaissance implicite de l'organisation ou du parti »156(*). C est sur la base de cette disposition que le communique de presse numéro 2 daté du 15 Mai 1990, la décision est prise :

Le SDF annonce à ses sympathisants et militants potentiels que suite au dossier déposé à la préfecture de Bamenda, le meeting inaugural du parti aura lieu le 26 Mai dans la ville de Bamenda à partir de 14h. Le meeting commencera par une longue marche depuis le Rond point City chemist jusqu'au stade municipal Bamenda où des discours de lancements seront prononcés en même temps que les manifestes du SDF seront distribués.157(*)

Le même communiqué ajoute que la date a été choisie pour ne pas perturber la fête nationale du 20 mai. Toujours est-il que la marche sera interdite par les autorités administratives.

Le 26 mai 1990 donc, la marche est officiellement lancé. Bravant les mesures policières, une foule déferlante se rue dans la ville de Bamenda ; on parle d'environ 80000 personnes. Le bilan de la riposte policière fait état de six morts158(*). Ce sont selon les mots de Valentin Ndi Mbarga « les premiers morts de la démocratie ».

Ainsi, la marche de Bamenda, avec les conséquences qu'elle a générée, a prouvé la détermination du peuple camerounais à militer pour le multipartisme. La réaction gouvernementale, comme on peut le remarquer oscillera entre tâtonnements et adaptation. Le tâtonnement est perceptible à travers l'organisation des manifestations pro-gouvernementales contre le multipartisme à partir de juin 1990. Mené par le tout puissant maire de Yaoundé Emah Basile, les partisans du régime militent contre « le multipartisme précipité ».

Mais, les évènements de La Baule amena le gouvernement camerounais à changer de vision politique afin de faire corps non seulement avec l'environnement international, mais aussi et surtout pour témoigner de son « intention démocratique »159(*). Ainsi, lors du congrès du RDPC tenu du 28 au 30 Juin 1990, le chef de l'Etat prend la parole et, tranchant avec les divergences des cadres de son parti affirment clairement que « le RDPC doit se préparer désormais à une éventuelle concurrence »160(*). C'est le début de la concurrence politique au Cameroun161(*). Ainsi, note Luc Sindjoun,

Le passage de monopole à la concurrence, fut-elle déloyale, engendre un désordre structurel se traduisant par l'entrée dans le marché politique de nouveaux entrepreneurs tels que John Fru Ndi, Ndam Njoya, Bello Bouba Maigari [...] qui échappent, dans une certaine mesure, au contrôle du président Paul Biya, et aspirent à prendre sa place162(*).

Le président de la république entreprit donc de prendre un certain nombre de mesure pour contenir cette vague de mobilisation. Les vannes de l'ouverture démocratique s'ouvraient ainsi avec la promulgation d'une série de lois issues de la session des libertés de l'Assemblée Nationale. La plus importante de ces lois est sans doute la loi n°90/056 du 19 Décembre 1990163(*).

Ceci prouve que la conjonction des évènements aussi bien nationaux qu'internationaux a eu raison des forces de conservation. Le ver était déjà dans le fruit et il ne fallait que prendre des mesures afin qu'il pourrisse sans dégager des effluves.

II- « Le vent d'est » au Cameroun : manifestations et réappropriations internes.

Le « vent d'est » entre officiellement au Cameroun à partir des éléments de contestations mis en place par l'affaire Yondo Black et « les premiers morts de la démocratie camerounaise » du 26 Mai 1990. Ainsi, « le cadeau de noël de Décembre 1990 des lois assouplissants la vie politique camerounaise avait eu pour conséquence la légalisation de l'opposition camerounaise »164(*). Cette opposition naissante allait user de toutes les stratégies dont elle disposait pour changer le paradigme politique au Cameroun. Mais en même temps, « sa jeunesse et son inexpérience ont plongé le pays dans une tourmente, caractérisé par l'accentuation de la dépression économique et un grand malaise politique »165(*). Ces bouleversements sociaux remettent en cause la situation d'accalmie politique au Cameroun. La tripartite de 1991 ainsi que le double scrutin de 1992 allait contribuer dans un sens ou dans un autre à soit tendre, soit détendre l'atmosphère politique au Cameroun166(*). Le comportement des acteurs politiques camerounais ont été dans cette période déterminante pour l'évolution du Pays.

A- L'épopée des bouleversements sociaux : la paix en question.

La fin de l'année 1990 marque un point important dans l'histoire du Cameroun. La « session des libertés »167(*) de l'Assemblée nationale avait balisée le champ. Le peuple souhaitant le changement politique, accueille cette décision avec joie. De nombreux partis politiques virent le jour à partir de février 1992. On peut y voir dans le tableau suivant, la sélection de quelques partis politiques dénombrés par la presse camerounaise :

Tableau n°3 : sélection de quelques partis politiques de l'opposition

Partis

Direction

Lancement

Autorisation

MDP

Samuel Eboua

24 Février 1992

13 Mars 1992

MDR

Dakolé Daissala

...

09 Octobre 1991

SDF

John Fru Ndi

26 Mai 1990

01er Mars 1991

UDC

Ndam Njoya

02 Mars 1991

26 Avril 1991

UFDC

Hameni Bieuleu

25 Septembre 1990

01er Mars 1991

UNDP

Bello Bouba Maigari

Mai 1990

25 Mars 1991

UPC (Nkongsamba)

Ndeh Ntumazah, Augustin Frédéric Kodock

10 Avril 1990

12 Février 1991

UPC (Bafoussam)

Michel Ndoh

...

Non autorisé

Source : Cameroon Tribune du 10 Janvier 1992, Messager n°206 du 22 Novembre 1990, rapports variés compilés par Andréas Mehler, « Cameroun, une transition qui n'a pas eu lieu ...», p. 116.

On peut voir à travers ce tableau que la plupart des partis politiques d'opposition lancée pour la plupart à la fin de l'année 1990 n'ont été reconnus qu'après Janvier 1991. Ceci est la preuve de ce que la démocratie libérale instaurée dans les textes ne le fut dans les faits que bien plus tard. A la fin de l'année 1992, tous les partis d'opposition sont donc mis sur pied. Ainsi, cette jeune opposition « qui n'a ni projet politique ni assise nationale va exiger le pouvoir »168(*). Ajouté à cela la montée d'une forte contestation sociale qui entraina le pays dans une grande tourmente économique.

1- Le procès Monga-Njawé : « la goutte d'eau qui déborda le vase».

La construction du « désordre social »169(*) au Cameroun à partir de 1990 s'est manifesté à travers des actions et des comportements éparses conjugué à la « grotesque bavure [...] d'un régime encore gauche actions de liberté »170(*). De fait, le procès Monga-Njawé apparait comme la première manifestation de cet état de chose. En effet, prenant la parole à la clôture des travaux de l'AN marquant la fin de la « session des libertés » le 03 Décembre 1990, le chef de l'Etat pouvait se fendre d'avoir « apporté la liberté et la démocratie au Cameroun » et de demander au peuple camerounais « d'en faire bon usage ». Cette posture gouvernementale dans un contexte africain où l'heure est à la contestation des régimes des « pères de la nation » et de « présidentialisme accru » irrita quelques camerounais. C'est ainsi que Célestin Monga, jeune cadre à la Banque International pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) monte au créneau à travers ce que l'on a appelé « la lettre ouverte au président de la république » sous le titre de « démocratie truquée ».

Cette lettre est publiée dans le Numéro 209 du journal le messager dont le Directeur de publication est Pius Njawé. Dans cette lettre, Monga reproche au chef de l'Etat le ton employé pour défendre les idéaux dont il est porteur. Au lendemain du nouvel an, Monga et Njawé sont arrêtés pour « outrage au président de la république, à la cour, aux tribunaux et aux membres de l'AN ». Le procès qui s'ouvre au Cameroun le 10 Janvier 1991 est lourd de conséquences. Il est baptisé « procès des libertés » car c'est le premier procès qui se tient après les lois de l'AN votées en Décembre 1990. Ceci est d'autant plus symbolique que le chef de l'Etat dans son message à la nation du 31 Décembre 1990 avait déclaré qu' « au Cameroun, nul ne peut désormais être inquiété de ses idées et de ses opinions ».

L'arrestation de Monga allait donc en contradiction avec les propos du Chef de l'Etat. Ainsi, comme l'écrira Njawé, « décidément, l'histoire bégaie au Cameroun du renouveau et les actes y prennent le contre pied des discours officiels »171(*). Le procès mobilisa tout le barreau camerounais qui constitua un peu plus de vingt avocats pour défendre les accusés. Ceci permit à ces derniers de s'en sortir avec six mois de condamnation et trois cents milles francs d'amendes.

Toutefois, les enseignements du procès sont lourds de conséquence pour l'avenir du Cameroun. En effet, non seulement ce procès constitue le premier de l'ère du multipartisme, mais c'est aussi pendant ce procès que surgit pour la première fois des pancartes et banderoles portant les expressions de « conférence nationale ». On y voit là l'influence du contexte africain sur l'évolution du combat politique au Cameroun. C'est aussi pendant ce procès qu'on a vu la mobilisation quasi-unanime entre toutes les forces sociales que sont les avocats, les journalistes et l'opposition naissante. Cette conjonction de forces entraine une radicalisation entre le champ social et le gouvernement. Cela entraina des dérives dont les viles mortes ont constituées le pic de l'affrontement.

2- L'opération «villes mortes» : malaise général ou effet domino.

L'idée des « villes mortes » est née du refus gouvernemental de convoquer une conférence nationale. En effet, la conférence nationale souveraine est devenue le point focal de la contestation politique au Cameroun au lendemain du procès Monga-Njawé. Ainsi, « illusionné par le cours des évènements dans d'autres pays d'Afrique et d'Europe de l'Est, l'opposition anticipait vraisemblablement une chute rapide du régime, omettait par là même d'élaborer de véritables stratégies de conquêtes du pouvoir à la fois cohérentes et crédibles »172(*). L'opposition est en effet immature à ses débuts. La conférence réclamée par l'opposition avait pour mission de « faire l'inventaire de ce qui s'est passé, comment le pays a fonctionné jusqu'ici et donner les directives pour l'avenir »173(*). Face à cela, la réaction gouvernementale est sans équivoque174(*). Lors de la réunion du bureau politique du RDPC, le président de la république réaffirma que « la conférence nationale est sans objet »175(*). Ajouté à cela, le marasme économique du Cameroun contraint les forces sociales à se mettre en ébullition. C'est ainsi que dans un tract publié à Douala, Mboua Massock demande

 A tous les chefs d'entreprises et d'établissement scolaires et hospitaliers de la capitale économique, d'arrêter toutes activités les 18 et 19 Avril, afin que le pouvoir soit sensibilisé à la nécessité d'accorder la conférence nationale qu'il appelle « conférence de détente nationale »176(*).

Le mois d'Avril 1991 au Cameroun est un mois symbole. Aux incendies et dégâts des institutions républicaines, le gouvernement réagit en prenant des mesures draconiennes comme le retour des commandements opérationnels. Pour l'opposition c'est un « mouvement de résistance pacifique aux agressions du gouvernement »177(*). D'ailleurs, Vianney Ombe Ndzana considère ce phénomène des villes mortes comme étant « la plus longue et la plus populaire résistance interne organisé contre l'Etat post-colonial dans ce pays depuis les indépendances »178(*).

L'obstination du pouvoir à refuser d'accorder au peuple la conférence nationale amena l'opposition à se radicaliser davantage et à impulser le mot d'ordre de désobéissance civile dès le 11 Mai 1991. Cela impliquait « la cessation de paiement des taxes et des impôts à l'Etat et le boycott des réunions convoquées par les autorités administratives. Les pertes de l'économie camerounaise ont été évalué à cinq milliards de FCFA environ par jour »179(*). Ce qui donnait un total d'environ750 milliards de perte pour l'économie camerounaise à la fin de l'opération villes-mortes180(*). Ces évènements montraient à quel point le gouvernement et l'opposition balbutiaient chacun dans les stratégies à adopter. De fait, bien qu'ayant des fondements internes, le front des « villes-mortes » au Cameroun s'appuie davantage de l'impact régional africain sur l'évolution des évènements internes. Après ce moment de désordre total, la raison reprend le dessus, et le gouvernement décide de prendre la mesure des choses, même si cela n'allait pas toujours dans le sens souhaité par l'opposition. Mais elles eurent néanmoins le mérite d'être prises.

B- L'étape de la construction d'un dialogue social : réalités et limites.

Il faut dire que les efforts consentis aussi bien par l'opposition que par le gouvernement durant toute l'année 1991 les avaient épuisés. C'est pourquoi lorsque le chef de l'Etat annonce lors d'une déclaration radiodiffusée la tenue d'une « coordination tripartite, mettant aux prises le gouvernement, les partis de l'opposition et la société civile », cela apparait aux yeux de l'opposition comme l'occasion de parler franc-jeu avec le gouvernement. C'est d'ailleurs ce qu'exprimait Hamadou Moustapha, premier vice président de l'UNDP en ces termes : « Nous ne sommes pas venus à la tripartite pour claquer la porte, nous sommes venus pour négocier, avec un maximum d'honnêteté, d'ouverture et de souplesse, les termes d'un réel retour à la décrispation de la vie socio-politique »181(*).

On peut dès lors mesurer l'enjeu de la tripartite qui s'ouvre le 30 octobre, devant entrainer l'organisation du double scrutin de 1992.

1- La rencontre tripartite : termes et résolutions

La conférence tripartite s'ouvre dès lors au palais des congrès de Yaoundé le 30 Octobre 1991 et s'acheva le 15 novembre 1991. Elle réunit en effet les responsables des partis politiques, les personnalités de la société civile et les représentants des pouvoirs publics. Regroupant trois cents personnes, elle était dirigée par le premier ministre sur recommandation du Président de la République. Une commission fut mise sur pied charger de rédiger l'avant projet du décret d'accès aux médias publics et un avant projet du code électoral182(*). Elle permettait ainsi au gouvernement d'éviter les conséquences imprévisibles d'une conférence nationale souveraine. Elle permit en outre de s'assurer un certain retour au calme dans le pays tout en offrant au gouvernement « un substitut démocratique acceptable ou même préférable à une aventureuse conférence nationale »183(*).

Au début des travaux, on pouvait noter pour les personnalités de la société civile, Monseigneur Jérôme Owono Mimboé, le professeur Aletum, le Cardinal Christian Tumi et bien d'autres. Mais le 31 Octobre, les acteurs de l'opposition amenés par Samuel Eboua et John Fru Ndi quittent la salle après le retrait de la parole à Pierre Flambeau Ngayap par le Premier ministre Hayatou, pour non respect du code de bonne conduite qui stipule que chaque interlocuteur lié à un parti s'exprime seulement au nom de celui-ci. Après la médiation du cardinal Tumi, ces acteurs regagnèrent la tripartite. Ainsi, après deux semaines de débats, c'est à la satisfaction de toutes les parties y compris l'aile dure de l'opposition, qu'allait être signés par quarante partis politiques la déclaration de la tripartite184(*). L'opposition acceptait ainsi la levée du mot d'ordre de villes mortes et de désobéissance civile auxquels devait suivre la reprise normale des activités ; En contre partie, le gouvernement accepte de démilitariser les zones sous contrôle de l'opposition, de réhabiliter certaines figures historiques du pays et de fixer un moratoire pour le commerçants victimes de villes mortes185(*).

Au demeurant, c'est un régime beaucoup plus confiant qui sortit des assises de la tripartite. Elles marquaient malgré tout une étape importante dans le processus de transition démocratique au Cameroun car,

C'est au cours de cette conférence que le gouvernement donna l'estocade à une opposition visiblement essoufflées par plus d'un semestre de villes mortes et qui ne savaient plus comment s'en sortir. C'est aussi à l'occasion de cette rencontre que le RDPC posa les jalons de sa stratégie pour les élections législatives et pour l'élection présidentiel de 1992.186(*)

La tripartite confirme aussi la prééminence du chef de l'Etat sur les travaux car c'est lui qui, bien que ne participant pas directement, organise tout par l'entremise de ce que Zébazé appelle « le premier ministre de façade »187(*). Ainsi, les élections pluralistes qui suivirent la tripartite constituèrent l'enjeu réel de la transition démocratique au Cameroun.

2- Les élections anticipées de 1992 : transition démocratique ou consolidation du système ?

La fin de la tripartite offrait au chef de l'Etat une occasion importante de convoquer enfin le corps électoral. Le climat social était alors propice à l'organisation d'une élection. C'est ainsi que le corps électoral fut convoqué le 07 Février 1992 et les élections fixées au 1er mars 1992. Cependant, cette convocation crée des remouds au sein de la classe politique de l'opposition ; en effet, ceux que l'on nommera désormais d'opposition radicale selon les mots de Mathias Eric Owona Nguini, à savoir le SDF et l'UDC refusèrent de participer à ces élections sous le prétexte que le code électoral mis en place ne respectait pas les termes de la tripartite. Les partis politiques de l'opposition ayant participé à ces élections sont appelés « opposition républicaine »188(*) c'est-à-dire celle là qui a bien voulu se battre pour obtenir une part de pouvoir au sein de la nouvelle assemblée ; Ainsi, le scrutin législatif donna les résultats suivants :

Tableau n°4 : résultats des élections législatives de 1992 ainsi que le nombre de siège par partis.

Partis politiques

Nombres de sièges

RDPC

88

UNDP

68

UPC

18

MDR

06

Source : A. Mehler, « Cameroun, la transition qui n'a pas eu lieu ...», p.223.

Ainsi, comme le montre le tableau, le RDPC sortit de cette élection avec une légère avance. Mais cette avance ne permettait pas au parti au pouvoir de gouverner en toute quiétude car comme le montre la carte politique du Cameroun au sortit des législatives, les forces politiques étaient polarisées (carte n° 1).

Carte n° 1 : carte politique du Cameroun à l'issue des législatives de 1992.

Source : L. Sindjoun, « construction et déconstruction locale de l'ordre politique au Cameroun ; La sociogenèse de l'Etat», thèse de doctorat d'Etat en science politique, UYII, 1994, p. 438.

Après l'épopée des législatives vient celle des présidentielles d'octobre 1992. En effet, usant des prérogatives à lui accordées par la constitution, le chef de l'Etat décida de convoquer le corps électoral pour les présidentiels le 25 Aout 1992 et en profita pour annoncer la date de sa tenue pour le 11 Octobre 1992. Cette fois, tout le monde répond présent à l'appel. Le consensus entre l'opposition radicale et l'opposition républicaine n'était pas fait mais l'enjeu était tel que personne ne voulait rater ce rendez-vous avec l'histoire189(*). La période pré-électorale fut ainsi marquée par quelques soubresauts notamment dans la région du Nord- Ouest190(*). Mais dans l'ensemble, le climat de relative accalmie régnait sur l'ensemble des régions du pays. C'est ainsi que le 11 Octobre, les camerounais se rendit aux urnes et à l'issue de ce vote, malgré le fait que le candidat du SDF se déclara vainqueur à travers un communiqué de presse tonitruant191(*), le candidat du RDPC fut déclaré vainqueur comme en témoigne les résultats publiés par la cour suprême du Cameroun tels que retransmis dans le tableau suivant :

Tableau n°5 : résultat des élections présidentielles de 1992 au Cameroun par candidats et par région.

 

Candidats

Provinces

P. Biya

M. Bello Bouba

J.-J. Ekindi

J. Fru Ndi

A. Ndam Njoya

Ema Otu

Totaux

Adamaoua

(%)

31910

26,73

78204

64,04

1235

01,01

7797

06,38

2255

01,85

711

00,59

122112

Centre

(%)

408718

71,03

52060

09,05

1452

00,25

106848

18,57

5135

00,89

1193

00,21

575406

Est

(%)

93099

68,50

29339

02,59

1137

00,84

8975

06,60

2623

01,93

741

00,54

135914

Ext-Nord

(%)

202134

47,65

180185

42,88

9903

02,33

18001

04,24

8567

02,02

5426

01,28

424216

Littoral

(%)

57096

14,31

57641

14,44

3517

00,88

269774

67,60

10083

02,53

959

00,24

399070

Nord

(%)

94704

42,87

111387

50,42

3087

01,40

6950

03,15

3186

01,44

1592

00,72

220906

Nord-Ouest

(%)

32348

09,60

10227

03,03

467

00,13

290816

86,30

22830

00,83

315

00,09

337048

Ouest

(%)

46069

11,86

7687

01,98

2010

00,52

263321

67,78

68284

17,58

1086

00,28

388457

Sud

(%)

183295

94,82

2376

01,23

92

00,05

6874

03,55

602

00,32

72

00,03

193311

Sud-ouest

(%)

36093

21,36

40781

24,13

625

00,37

87201

51,60

3846

02,27

450

00,27

168996

Totaux

(% national)

1185466

39,976

569887

19,218

23525

0,793

1066602

35,968

107411

03,622

12543

0,423

2965436

100,00

Source : L. Sindjoun, «construction et déconstruction... », p.450.

Il en ressort de ce tableau publié par la cour suprême que l'élection présidentielle de 1992 faisait entrevoir des perspectives difficiles pour le nouveau chef de l'Etat. Ceux d'autant plus que son élection était contestée non seulement par ses protagonistes du scrutin que par une partie de la communauté internationale comme en témoigne la carte politique du Cameroun au sorti des élections de 1992 (carte n° 2).

Carte n° 2 : La carte politique du Cameroun à l'issue de l'élection présidentielle de 1992.

Source : L. Sindjoun, « construction et déconstruction locale de l'ordre politique...», p. 463.

L'on perçoit à travers cette carte, une redistribution des pouvoir de vote au Cameroun. Une lecture simpliste et claire de la carte fait apparaitre l'existence d'un vote communautaire car la plupart des candidats recueillent le maximum de voix dans leurs fiefs d'origine, ce qui est normale. Mais, cela s'apparente aussi à un vote ethnique et tribal en vertu duquel un électeur vote pour un candidat davantage parce qu'il est son frère que par rapport au programme politique présenté par ce dernier.

Au demeurant, l'analyse qui ressort de l'attitude des acteurs politiques de l'opposition est celle des « opportunistes » car comment comprendre cette volte-face en l'espace de sept mois d'intervalle. En refusant de participer aux législatives de 1992, une partie de cette opposition, et la plus importante, avait laissée passer sa chance de réaliser une véritable coalition parlementaire. Or comme l'écrit Samuel Huntington, « dans les nouveaux Etats démocratique de la fin du XXème siècle, l'obtention d'une véritable coalition et d'un partage de pouvoir passe nécessairement par la force d'impulsion réalisée au sein du parlement »192(*).

L'attitude des opposants camerounais avait donc été tout autre. En décidant de participer aux présidentielles, l'aile dure de l'opposition, considérée comme la plus importante en capacité de mobilisation, avait montré par là que l'institution présidentielle camerounaise, présentait le sommet de la carrière politique193(*). Tous se définissent donc par ou en dehors de celle-ci. On comprend dès lors ces mots Luc Sindjoun :

Certain partis de l'opposition comme le SDF et l`UDC avaient refusait de présenter les candidats aux législatives de Mars 1992, mais présentèrent leur candidat à l'élection présidentielle, organisée à sept mois d'intervalle, sans la moindre réserve. C'est par rapport à l'élection présidentielle que s'organise l'intégration du champ politique. La dramatisation de la dite élection présentée comme un « tournant de l'histoire », la performance démagogique et les stratégies charismatiques des candidats contribuent à la promotion du rôle présidentielle [...] le conflit avec le président Paul Biya, ne traduit pas une dénégation du rôle présidentiel. Son intensité est à la mesure de la centralité qu'on lui prête dans la vie politique camerounaise...194(*).

C'est donc dire que c'est l'idéalisation du poste de président de la république qui a causé en partie l'échec de l'opposition pendant cette période. Or, ils leurs auraient plus loisible de faire preuve de « realpolitik » en pesant de façon raisonnable tous les ressorts de l'assise politique au Cameroun. A cet égard, le parlement semble de notre avis être un des ressorts les plus importants qu'il aurait fallu bâillonner en 1992 afin d'avoir plus d'emprise sur le gouvernement.

Ainsi, comme on peut le comprendre, l'ouverture politique au Cameroun s'est faite sous le prisme de plusieurs considérations. Si la passation de pouvoir de 1982 apparait ici comme un moment important pour avoir permit une « démocratisation au sein du parti unique », ce sont les évènements internationaux qui viendront précipiter le Cameroun dans cette voie. Cela a été perceptible à travers les comportements du gouvernement qui oint quelques fois donnés l'impression d'un tâtonnement ou des essais et à d'autres moments l'on a perçu une réelle volonté de dialogue et d'ouverture. Toujours est il que ce comportement à demi-teinte a créé des remouds sans précédent au Cameroun. Les villes mortes en ont été les points le plus crucial de cet état d'esprit. C'est donc avec raison que la première élection multipartite ait été contesté par certains acteurs, même si leurs responsabilités furent aussi notable comme nous avons put le constater.

Quoiqu'il en soit, le Cameroun à la fin de l'année 1992 est en situation de turbulence et de marginalisation internationale traduite par les réactions à l'issu des scrutins pluralistes. Le gouvernement doit donc prendre les mesures afin de regagner du terrain et aussi retrouver de la confiance auprès des partenaires internationaux. Mais, cette démarche entrait davantage dans le cadre du combat pour la démocratisation du Cameroun que de celui de la transition politique.

DEUXIEME PARTIE :

DE LA TRANSITION POLITIQUE A LA DEMOCRATISATION DE LA SOCIETE POLITIQUE AU CAMEROUN : LES USAGES DU «SYMBOLE DE LA PAIX» (1992-2006).

La fin des élections pluralistes de 1992 marquait au Cameroun la fin de ce que l'on peut appeler «  transition démocratique ». En effet, si le régime monolithique du début des années 1960 avait connu de profonds changements prenants l'allure d'une « révolution copernicienne », la réalité sociale ne traduisait pas les espoirs placés en la démocratisation. Et pour cause, la légitimité du gouvernement sorti des urnes étaient radicalement remis en cause par une grande partie de la communauté internationale, notamment le bloc anglo-saxon représenté pendant les moments de braise par l'ambassadrice des USA au Cameroun195(*). Son discours d'adieu au gouvernement du Cameroun témoigne, en des termes diplomatiques certes, de cet état d'esprit196(*). Quoi qu'il en soit il était important pour le gouvernement de regagner l'estime de cette communauté internationale. C'est pourquoi les orientations de la politique étrangères du Cameroun prirent plus d'échos avec le passage de la « politique du ni ni à la double affiliation »197(*). A coté de cela, l'option de la gouvernance occupa aussi en ces moments une place de choix. Cependant, cette période marquée par une conjoncture difficile au Cameroun prend une nouvelle tournure avec l'entrée au XXIème siècle dont les discours allaient être articulés autour de l'amélioration des institutions démocratiques dans la plupart des Etats africains. Tout en continuant son effort d'amélioration de la gouvernance, marqué par la lutte contre les fléaux sociaux tels que la corruption, le Cameroun essaie tant bien que mal à s'arrimer à cette donne africaine. L'objet de cette partie est donc de retracer tout cet éventail de fait et d'actions car la dénonciation de tout ces actes sont des facteurs de déstabilisations important pour la société camerounaise. A cet égard, « l'hégémonie de pacification » constituera le « ventre-moue » du troisième chapitre tandis que le dernier s'attèlera à mettre en évidence les efforts du gouvernement camerounais dans l'amélioration de la gouvernance publique au Cameroun. Bien sûr, nous ne manqueront pas de signaler l'influence de la communauté internationale sur ces choix. Tout ceci nous permettra de peser et d'évaluer l'impact du symbole de la paix dans la gestion politique au Cameroun.

Chapitre III

LA CONSTRUCTION DE «L'HEGEMONIE DE PACIFICATION »AU CAMEROUN : LE POIDS DE L'INCIDENCE INTERNE -EXTERNE (1992-2000).

Au sortir des Scrutins pluralistes de 1992, le Cameroun est dans une situation de « crise latente ». Les espoirs de paix semblent de plus en plus faire place aux excès de crises. Le gouvernement est à l'aboi et l'opposition naissante semble désormais vouloir apprendre de ses erreurs. Ajouter à cela, les réactions étrangères après les élections de 1992, font du Cameroun peut être pas « un paria de la société internationale »198(*) du moins un accusé qui se doit de se défendre. C'est la réaction gouvernementale à toutes ces considérations à la fois internes et internationales qui constituera la trame de ce chapitre dont les deux parties se réunissent entre réformes et quête de crédibilité. Nous y verrons qu'à cette occasion le discours de la paix a plus que jamais occupé une place de choix au sein du « marché gouvernant » camerounais.

I- La mise en place d'un espace démonopolisé au Cameroun : volonté de faire corps avec la mondialisation et fin de la transition politique (1992-1997).

La volonté de mettre en place un cadre démocratique dé monopolisé au Cameroun fut construite au crépuscule du « désordre collectif » issu des doubles scrutins législatif et présidentiel de 1992. On peut même dire qu'en ces temps, le Cameroun constitue une « démocratisation de crise » au sens de Raoul serge Zacharie Nyanid199(*). Les réformes apportées visaient donc à mettre fin à cette situation.

A- Le Cameroun entre crise de multipartisme et volonté de libéralisation politique : entre réformes importantes et menaces sur la paix.

Il est sans conteste de remarquer qu'n ce début de l'année 1993 au Cameroun, l'on est encore en situation de « convalescence démocratique ». Cet état ne permet tout de même pas d'échec total. On peut y relever dans cet état, des actes qui témoignent d'une spécificité camerounaise. C'est pourquoi nous verrons que l'accalmie politique au Cameroun s'est traduite davantage grâce au dialogue, fut-il tacite, entre le gouvernement et l'opposition. Ceci a permis de mettre sur pieds un échafaudage constitutionnel sans heurts particuliers à partir de 1993.

1- Les fondements de l'accalmie politique au Cameroun : le dialogue opposition- gouvernement.

La fin des consultations électorales de 1992 avec « l'échec » que les uns et les autres de reprochaient réciproquement laissaient entrevoir une situation de « conjoncture critique » au Cameroun200(*) ; Néanmoins, les jours et lies mois qui suivirent l'élection présidentielle de 1992 furent marqués par un certains nombre de mesures ayant contribués peu ou prou à mettre sur pied s les jalons d'une accalmie politique. En effet, si les problèmes de «  reconnaissance mutuelle des acteurs du jeu politique continue à se poser », il faut reconnaitre qu'un certains nombre de mesures furent prises aussi bien par le gouvernement que par les partis d'opposition. C'est en effet au lendemain des élections de 1992 que le chef de l'Etat émet l'idée der la formation d' gouvernement de coalition avec toute la classe politique ainsi que les partis politiques existantes. Bien sûr tout le monde ne fut pas d'accord. Tout de même le RDPC initia une coalition gouvernementale. Le parti au pouvoir avait déjà depuis les législatives de Mars 1992 une plate forme, gouvernementale avec l'UPC tendance Kodock ainsi que le MDR. Avec cela, on peut y ajouter la bénédiction tacite accordée par la France au candidat du RDPC comme en témoigne le ballet de réception des personnalités françaises au palais de l'unité avant les élections présidentielles de 1992.

Ainsi, même si le rapport des observateurs internationaux à l'issue de cette élection élaborait un tableau noir201(*), il reste palpable que la balance penchait davantage du coté gouvernementale avec notamment le soutien de la France.

En retour, l'opposition avait opté pour une stratégie différente. En effet, l'opposition camerounaise s'attela à demander le soutien des USA à travers son ambassadeur accrédité au Cameroun en la personne de Madame Francès COOK qui sillonna tout le territoire afin de faire partager le point de vue des USA202(*). Le choix de l'opposition s'avéra être un mauvais casting de la part de l'opposition camerounaise car malgré toutes ces mesures, le gouvernement semblait gagner du terrain. Cet échec était d'autant plus palpable que la problématique d'une candidature unique de l'opposition avait fissuré l'opposition camerounaise. Ainsi, l'échec constatée de cette initiative ajouté à la crise interne que connaissait la plupart des partis de l'opposition justifie ainsi leur mutisme postélectoral.

Ceci est important d'être relever car à la lecture des ces évènements, l'on constate que le Cameroun était en situation d'accalmie en majorité grâce au constat d'échec manifeste de l'opposition conjuguée aux « succès gouvernementaux ». Car comment comprendre le dialogue sinon de le déduire du jeu de réaction et contre-réaction manifeste au Cameroun à partir de 1993 ? En refusant de participer aux élections municipales et législatives de Mars 1992, l'opposition radicale avait permis au parti au pouvoir de nouer des contacts avec l'opposition molle à telle enseigne qu'avec ou sans eux, le gouvernement était en mesure de s'assurer une stabilité gouvernementale quasi normale. D'ailleurs, la composition du gouvernement sorti des urnes témoigne si besoin en était de cette situation203(*).

Il ne restait plus au gouvernement que de parachever l'oeuvre débutée après les élections. Cela passait par la construction d'un cadre constitutionnel acceptable.

2- L'échafaudage constitutionnel de la pacification politique au Cameroun.

Le gouvernement formé à l'issue des élections de 1992 traduisait une certaine idée du consensualisme même s'il est vrai que les principaux leaders de l'opposition étaient absents. D' ailleurs, l'UNDP s'était désolidarisé de ses partisans entré au gouvernement. Son président, Bello Bouba Maigari l'avait exprimé en ces termes : «  les membres de l'UNDP qui ont accepté d'entrer au gouvernement ne représente pas le parti mais leur propre intérêts »204(*). Afin de rendre ce gouvernement crédible, le chef de l'Etat décida de mettre en évidence quelques idées issues de la tripartite. Ceci était d'autant plus important que la conjoncture internationale de l'époque s'y prêtait agréablement. Narcisse Mouelle Kombi relève à cet effet que,

L'établissement d'un ordre démocratique interne a pour corollaire la soumission à la légalité internationale et celle selon laquelle la promotion de l'état de droit passe par l'acceptation de la primauté du Droit International, dont l'emprise sur les ordres juridiques internes est de plus en plus affirmée205(*).

C'est donc dans l'optique de s'arrimer à ces normes dites internationales que la Cameroun entrepris de modifier la constitution de 1972 afin qu'elle réponde aux nouvelles normes internationales. C'est ainsi que des consultations au sein des partis furent entreprises. Pour cela, une commission fut mise sur pieds : la « commission Owona »206(*) dont la mission était de rédiger un avant projet de la constitution de la république du Cameroun. Cette commission remis en effet les résultats de son travail en début d'année 1994. Il revenait donc au gouvernement de mieux l'étudier afin de procéder à son adoption. De manière générale, l'avant projet Owona prenait en compte certaines dispositions du consensualisme issus de la tripartite de 1991. Toutefois, dans sa volonté de gagner du terrain de plus en plus menaçante au début de l'année 1995, le gouvernement adopta une version revue de l'avant projet Owona, version faites des juristes français où le mandat présidentiel passa de cinq à sept ans renouvelable une fois207(*).

L'opposition se montra hésitante. On ne la senti pas pendant cette phase de discussion sur l'issue de la loi constitutionnelle208(*). On peut dire que les coups de forces gouvernementales des années précédentes l'avait certainement affaiblit209(*). Mais, il faut aussi ajouter à cela la discréditation d'une opposition qui ne se fait sentir qu'en année électorale. Ainsi, la loi constitutionnelle fut adoptée par le parlement à majorité constituée de représentant de la plateforme gouvernementale, et promulguée le 18 Janvier 1996. Et Alain Didier Olinga d'écrire :

Comme tout texte juridique, la loi constitutionnelle adoptée en 1996 en révision de la constitution du 02 Juin 1972 procède d'un contexte social et historique précis, d'une configuration des forces données. Le texte semble avoir été adopté un peu tard, par rapport à la pression politique et populaire des années de braises, à un moment où la superstructure politique en place, après avoir fortement vacillé, reprenait progressivement de sa superbe, au point d'être en mesure d'ignorer plusieurs éléments du consensus minimum issu de la tripartite210(*).

Quoiqu'il en soit, l'adoption de la loi constitutionnelle, un an avant les élections présidentielles plaçant à nouveau le Cameroun en situation de « conjoncture critique ». Comme en 1992, l'année 1997 allait apparaitre comme une année charnière pour le Cameroun. Il fallait dès lors affuter ses armes avant le combat211(*). L'opposition comme le gouvernement y allait de ses propres convictions. Le consensus général étant toutefois appréhender comme l'action incontestable de l'amélioration de l'image internationale du Cameroun.

B- L'amélioration nécessaire de l'image internationale du Cameroun : le double jeu gouvernement- opposition.

Après l'entrée en vigueur de la loi constitutionnelle de 1996, une certaine effervescence s'empara des formations politiques de l'opposition qui décidèrent comme en 1992 de former une plate forme commune212(*). Celle-ci avait pour but de remettre en cause la force des institutions démocratiques. En face d'elle, le gouvernement, jouissant d'une certaine embellie internationale, prirent des mesures pour contrecarrer les initiatives de l'opposition. C'est la trame de cette situation qui fera l'objet de cette partie.

1- La formation du «front du boycott» camerounais et ses incidences internationales.

Les évènements de 1992 semblaient reprendre de la place au Cameroun en ce début d'année 1997. En effet, le rapprochement opérer entre l'UPC radicale, le SDF, l'UNDP et l'UDC en vue de la formation d'un groupe unique visait à faire du lobbying auprès des nations amies du Cameroun. L'idée poursuivie par l'opposition camerounaise était de contraindre le gouvernement à opérer plus de réformes. Mais, l'ordre est d'abord aux élections municipales, et législatives de Mai 1997. Contrairement à 1992, tout le monde est au rendez-vous213(*), du moins, toutes les formations politiques de poids sont au départ de la campagne pour les élections de Mai. Cependant, les stratégies de divisions opérées par le gouvernement menaçaient la stabilité du Cameroun. En effet, certaines candidatures de l'opposition sont invalidées. Certains candidats même de la majorité présidentielle furent boycottés. C'est le cas de monsieur Tchouta Moussa dont l'élection fut annulée dans sa circonscription pour cause de « fraudes massives »214(*). Il ne sera élue qu'à l'issue des partielles.

Quoiqu'il en soit, les législatives du 17 Mars 1997 donnaient au parti au pouvoir une majorité absolue comme en témoigne les résultats publiés le lendemain de ces consultations :

Tableau n° 6 : Résultats des élections législatives de 1997

Partis Politiques

Nombre de Sièges

RDPC

109

SDF

43

UNDP

13

NON ATTRIBUE215(*)

07

UDC

05

MLJC

01

MDR

01

UPC(K)

01s

Source : Cameroon Tribune, n°2653 du lundi 09 Juin 1997, PP.02-08

A la lecture de ce tableau, on se rend compte que les formations politiques les plus importantes de 1992 comme l'UNDP avaient perdus du pied à l'issue de ces nouvelles élections. Ceci est dû à la crise interne qui secoua le parti après la formation du gouvernement d'union de 1992. L'autre remarque importante à faire est le positionnement du SDF comme deuxième formations politiques du Cameroun. Malgré son absence de 1992, il apparaissait toujours comme le champion de l'opposition camerounaise. Néanmoins, le RDPC, parti au pouvoir récolta la majorité absolue. Ce qui du point de vue de Francine Bitee s'avère être une contradiction. Elle l'exprima en ces termes :

Cette majorité est surprenante dans un pays où les causes de mécontentements vis-à-vis du gouvernement ne cessent d'augmenter, face aux salaires insignifiants et à la montée du chômage [...] Plus que dans la fraude, l'explication la plus plausible d'une telle « popularité » du parti est dans l'intimidation et la corruption des électeurs216(*).

Qu'à cela ne tienne, c'est à la suite de ces consultations que les leaders de l'opposition prirent la décision de boycotter les présidentielles d'Octobre 1997. Ils formeront donc ce qui resta dans l'imaginaire quotidien des camerounais comme le « front du boycott». Ainsi, lorsque le 12 septembre 1997, le chef de l'Etat convoque le corps électoral pour le 12 octobre 1997, les leaders des principaux partis de l'opposition signèrent « la déclaration conjointe SDF, UNDP, UDC » et les principaux leaders s'envolent pour l'étranger. Bello Bouba Maigari se rendit en Egypte, John Fru Ndi au Sénégal et Adamou Ndam Njoya en Allemagne217(*).

La stratégie de ces leaders, à l'heure de « l'internationalisme accru », visait à gagner du terrain auprès des partenaires privilégiés du gouvernement. Le choix de l'Egypte vise notamment un soutien important dans le cadre de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) dont l'Egypte apparait comme un leader. Le Sénégal est u choix résolument francophone afin que cette dernière face du lobbying auprès des autres Etats dans le cadre de la Francophonie. Enfin, l'Allemagne c'est dans le cadre de l'Union Européenne dont ils savent pertinemment qu'elle est la locomotive par excellence. C'est de retour des ces voyages que les leaders de l'opposition ont cru devoir s'abstenir lors des élections présidentielles de 1997. Toutefois, il apparait pour Yves Alexandre Chouala que cette stratégie ne fut pas ingénieuse dans la mesure où les intérêts et les enjeux des nations occidentales semblaient plus assurés par le gouvernement en place dont ils savaient comment le faire fléchir contrairement à une opposition dont ils ignorent encore « les atouts et les faiblesses »218(*).

En tout état de cause, un ensemble de mesures furent prises par le gouvernement afin de témoigner de sa volonté d'ouverture et de dialogue.

2- La contre- réaction gouvernementale : la construction de la« magistrature présidentielle apaisée» et ses avatars.

S'il ya un constat à faire, c'est bien celui de la décrédibilisation du gouvernement camerounais au sorti des élections de 1992. La campagne de dénigrement entamée par l'opposition faisait du Cameroun un Etat anti démocratique. On peut donc considérer que la construction de l'idéologie de la magistrature présidentielle apaisée prit naissance grâce d'abord aux actions concrets de la diplomatie camerounaise. Gueguim Zebaze y fait une analyse intéressante de l'impact de la diplomatie camerounaise dans la construction de l'image de marque du Cameroun. En effet, les actions les plus éclatantes du gouvernement fut l'organisation du 32ème sommet de l'organisation de l'Unité Africaine (OUA) et l'adhésion du Cameroun au Commonwealth. De fait, en accueillant le 32ème sommet de l'OUA, Paul Biya devenait par la même occasion le président de l'Afrique pendant toute une année. Cette tâche ne lui aurait pas été confiée s'il ne respectait pas les exigences de la communauté africaine. Ainsi, précise Clément Malliat, « le pays candidat à l'organisation de la conférence des chefs d'Etats et de gouvernement de l'institution panafricaine doit aussi pratiquer une politique de consensus qui soit à même de concilier les intérêts des Etats- membres »219(*). La politique de consensus intègre ici les exigences démocratiques. C'est donc sans fard que le sommet s'est tenu à Yaoundé du 08 au 10 Juillet 1996.

Toutefois, il faut reconnaitre ici l'action de l'opposition camerounaise dans l'organisation de ce sommet. En effet, comme le note Yves Alexandre Chouala,

La capacité de l'opposition animée par John Fru Ndi à influencer la scène sociale et politique nationale et à capitaliser les sympathies internationales a contribué à construire l'incontournabilité du Chairman et de quelques autres leaders dans le processus de pacification interne.220(*)

C'est dans cet optique que le Secrétaire Général de l'OUA monsieur Salim Ahmed Salim rencontra Fru Ndi (voir Photo) lors de sa visite au Cameroun du 30 Mars au 03 Avril 1996 afin d'obtenir son « assentiment pour la tenue du 32ème sommet de l'OUA à Yaoundé »221(*).

Photo n° 1 : Ni John Fru Ndi, leader de l'opposition camerounaise pendant les « années de braise ».

Source : http://www.google.fr/photo du président de l'ONEL/, consulté le 12 Mai 2012 à 16h.

C'est ainsi qu'on peut considérer que « la main tendue du président Paul Biya à l'opposition est aussi dans une large mesure un indicateur de l'impact des manoeuvres et des pressions extérieures sur le régime »222(*).

A coté de cela, l'on note l'adhésion du Cameroun au Commonwealth. Si les principaux contestataires au régime camerounais en 1992 étaient presque tous des pays anglo-saxons, qui l'avaient fait savoir en publiant la «déclaration d'Harare» fixant un certain nombre de conditionnalité démocratique pour intégrer l'organisation, l'action contestataire de l'opposition a eu un impact sur l'entrée du Cameroun dans cette organisation223(*). En acceptant donc l'entrée du Cameroun lors du sommet d'Auckland en Nouvelle Zélande, le Commonwealth voulait par là dire que le Cameroun remplissait désormais les normes édictées par la déclaration d'Harare. Cela voulait donc dire que la « démocratie camerounaise était en progrès ». Toutes ces mesures ont contribué à délégitimer l'action du « front du boycott » après 1996.

Néanmoins, l'action la plus spectaculaire viendra du camp présidentiel. En effet, en Avril 1997, le professeur Titus Edzoa, ancien Secrétaire Général de la présidence de la république, démissionna de son poste de ministre de la santé et se porta candidat aux élections présidentielles d'octobre 1997. Il fut arrêté manu militari et jeté en prison en Juillet de la même année pour « détournement de fonds publics » à quinze ans d'emprisonnement ferme au terme d'un procès très médiatisé. On aura à cette occasion noté la formation du « collectif pour la libération de Titus Edzoa » présidé par Mongo Béti et qui posait cette question pertinente : « Titus Edzoa ne serait-il pas victime d'un complot politique visant à l'éliminer de l'élection présidentielle, de peur qu'il ne piétine les plates-bandes ethnico-électorales du chef de l'Etat ? »224(*)

Aussi pertinente que soit cette question, l'analyse globale du système permet de remarquer une forte collusion entre les détournements de fonds publics et la course à la présidence. Car, l'on ne peut pas éloigner de l'analyse un minimum de vérité. Pour un homme qui a occupé toutes les sphères du pouvoir, sphères où la circulation de l'argent en espèce y est le lot quotidien, la tentation est d'autant plus grande que la culpabilité est vite trouvée.

Quoiqu'il en soit, « cette figure du biyaïsme [...] trop confiant sur ses positions dans la hiérarchie politique et ethnique, croyait pouvoir « cracher dans la soupe » ou faire impunément ombrage au président de la république »225(*). Cependant, une lecture entre les lignes de la lettre de démission du professeur Titus Edzoa laisse néanmoins apparaitre « l'existence dans les cercles du pouvoirs des clans qui se battent les uns contre les autres pour le contrôle du pouvoir »226(*).

De fait, ce « désordre horizontal » au sens de Luc Sindjoun remettait en cause les quelques espoirs de paix et de stabilité acquis par le gouvernement depuis 1992. Ainsi se créait entre le Cameroun et le reste de la société internationale une « querelle politique » dont l'issue fut cruciale pour l'entrée du Cameroun dans le XXIème siècle.

II- Le Cameroun sous le prisme de la Communauté Internationale : une crédibilité nécessaire ? (1997-2000).

L'approche de l'élection présidentielle replongeait de fait le Cameroun dans la situation de 1992. A cette inconnue s'ajoutait les performances du Cameroun à l'internationale. Ceci a eu pour corollaire de créer des situations difficiles dont le Cameroun dû prendre des mesures importantes pour s'en sortir. Telle est la ligne directrice qui guide notre raisonnement dans cette partie dont on mettra d'abord en évidence la querelle politique qui opposa le Cameroun à la Communauté Internationale avant d'apprécier la réaction gouvernementale.

A- Entre espoirs et illusions : construction d'une « querelle politique » entre le Cameroun et la Communauté Internationale.

La nouvelle conjoncture politique qui secoue le Cameroun en ce début de l'année 1997 a impacté sur les élections présidentielles de 1997 ainsi que l'annonce du mauvais classement du Cameroun par Transparency International.

1- La problématique de l'élection présidentielle d'Octobre 1997.

Parlant des élections présidentielles d'Octobre 1997, Zacharie Ngniman écrit : « en effet, contre toute attente, alors que les indicateurs de la météo politique semblaient afficher une clarté sans équivoque, et sans précédent, des secousses d'une brutalité inouïe manquaient de dérégler le tableau de bord du calendrier électoral »227(*). C'est dire combien la situation et l'environnement dans lequel l'élection présidentielle de 1997 fut organisé était tumultueuse. En effet, seul candidat en raison de l'absence des ténors du Front du Boycott, l'élection de l'ancien-nouveau chef de l'Etat prit l'allure d'un « non-évènement » au sens de Marc Bloch. De fait, le candidat Biya est réélu à 92, 5% des voix pour sept ans. Le 03 Novembre, dans un hémicycle déserté par les soixante trois députés de l'opposition radicale, Paul Biya prêta serment comme président de la république (voir photo n° 1) au terme d'une élection que la presse qualifia de « formalité électorale »228(*).

Photo n° 2 : Le chef de l'Etat Paul Biya.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Paul_Biya_with_Obamas_cropped.jpg, consulté le 12 Février 2012 à 18h 25.

La situation devenait ainsi de plus en plus critique et les espoirs suscités auprès de la communauté internationale semblaient s'évanouir. Ajouté à cela la situation sous-régionale inquiétante du fait de crises politique et militaire dans la plupart des pays frontaliers du Cameroun. C'est dans cette atmosphère que le chef de l'Etat annonça dans son discours à la nation du 31 Décembre 1997 ce qu'il appela le début de la magistrature présidentielle apaisée lorsqu'il affirma :

 Il nous faut ensemble, préserver la stabilité et la paix, consolider notre système démocratique et poursuivre le redressement économique, clefs de la justice sociale et du retour à la prospérité [...] parce que notre démocratie [...] est une démocratie de rassemblement et non d'exclusion229(*).

Cet état d'esprit se manifesta quelques jours plus tard par la formation d'une plate-forme gouvernementale avec l'UNDP230(*). Très peu de chose ont été divulguée concernant cette plate-forme. Elle permit tout de même l'entrée au gouvernement de Bello Bouba Maigari. Une page était donc entrain de se tourner, celle du radicalisme oppositionnel. Toutefois, la situation du Cameroun reste préoccupante notamment dans le domaine de la gouvernance.

2- Le concept de «bonne gouvernance mitigée» : de la critique à la coordination.

S'il est une constante dans la vie politique camerounaise depuis 1990, c'est bien le fait que « l'argent coule à flot »231(*). La machine gouvernementale y est assez huilée pour dissimuler cette situation. Or, les évènements de 1990 avaient aussi inscrit à l'ordre des principes démocratiques, le respect de la Bonne Gouvernance. De manière globale, l'on conçoit la gouvernance comme « un processus d'organisation et d'administration des sociétés humaines dans le respect et l'épanouissement des diversités »232(*). En l'élargissant dans le contexte des évènements de l'après 1990 où l'ancrage démocratique y est fortement manifeste, la gouvernance prend une toute autre signification, « elle peut être analysée comme un système démocratique de gestion. Elle reprend dans une perspective de management, les ingrédients de la démocratie »233(*).

Le concept de « bonne gouvernance » quant à lui intègre d'autres éléments importants à la compréhension du concept. De fait,

La bonne gouvernance vise à épanouir et responsabiliser les populations. L'ordre, au lieu d'être imposé d'en haut et détesté, est modelé d'en bas. L'enjeu n'est plus de se mobiliser contre un ennemi extérieur mais d'obtenir le consentement de chacun à des disciplines [...] L'idée de la bonne gouvernance illustre la transformation du rôle et de la légitimité de l'Etat234(*).

Vu sous ce prisme, il est manifeste que le Cameroun était en proie à un déficit de gouvernance et même de bonne gouvernance car l'ordre continuait d'être donné d'en haut. Comme en témoigne les situations tendues au lendemain des consultations électorales. Bien sûr le gouvernement de Biya arguait haut et fort de l'existence d'une certaine « gouvernance maitrisée », interprétant ainsi autrement le concept même de la gouvernance. Peut-être pouvait-il avoir raison car « la gouvernance reste une réalité floue »235(*). Soit, mais son interprétation aussi large soit-elle ne peut éluder le fait qu'il existe un minimum d'élément convergeant. Et pour cause, « la notion de gouvernance est heureusement un concept assez solide pour cristalliser la réflexion et assez flexible pour faciliter les convergences de vues »236(*).

Quoiqu'il en soit, le Cameroun ;à la fin de la décennie 1990, pose un certain nombre d'interrogation. Les premiers sons de cloches se font sentir à la fin de l'année 1997 et prit le chemin de croisière en 1998 lorsque le rapport de Transparency International sur la corruption classe le Cameroun premier pays le plus corrompu de la planète. Le gouvernement se mobilisa pour remettre en cause la crédibilité de l'organisation Non Gouvernementale (ONG). Répondant aux critiques de l'Etat camerounais, monsieur Franck Vogt, alors vice-président de Transparency International déclare :

Le renforcement de la démocratie, l'atténuation de la pauvreté et des souffrances humaines de même qu'un développement durable des investissements et du commerce sont dans la plupart des pays [...] dépendant de la maitrise du problème de la corruption.237(*)

C'est donc dire qu'en l'absence de la maitrise et de la temporisation de la corruption, le Cameroun ne pouvait se targuer d'être un Etat démocratique, même si des élections régulières étaient organisées. Ceci n'était que la manifestation de ce que Samuel Huntington appelle sous d'autres cieux « la démocratie procédurale »238(*).

La communauté internationale à travers Transparency International remettait ainsi en cause toutes les actions entreprises par le gouvernement camerounais depuis le retour à la démocratie pluraliste. Ce qui signifiait autrement que « l'îlot de paix » n'était qu'une apparence et que des conflits bien plus importants que l'affrontement armé avait cours au Cameroun. La réaction gouvernementale fut à partir de ce moment là plus vives qu'avant.

B- La réaction camerounaise : le renforcement du système de gouvernance publique.

La gouvernance publique camerounaise critiquée par la communauté internationale avec une nouvelle fois la première place du Cameroun au rapport de Transparency International en 1999 mettait le gouvernement camerounais au désarroi. En réaction, le gouvernement entreprit un certain nombre de mesures visant là endiguer la corruption et à renforcer le rôle de l'Etat.

1- Le concept de « bonne gouvernance » au coeur du management publique au Cameroun.

Si la théorisation du concept de bonne gouvernance au Cameroun date de 1995, ce n'est qu'en 1999 qu'elle prit plu d'effets. En effet, dans son message à la nation le 31 décembre 1995, le président de la république avait annoncé la mise sur pieds d'un Programme National de Gouvernance (PNG). Il s'agit essentiellement à travers cet outil de « donner au Cameroun les moyens de faire face aux défis de la mondialisation »239(*). De fait, en tant qu'instrument, le PNG est conçu et lancé officiellement le 11 Aout 1998 par le Premier Ministre Peter Mafany Musonge, président du comité de pilotage. Les travaux de ce comité sont livrés en Aout 1999 et le document de stratégie globale fut adopté le 31 Aout 1999 par l'Assemblée nationale et approuvé par le Chef de l'Etat le 29 Juin 2000. Le PNG entrait ainsi dans les faits.

A l'analyse, le double rapport de Transparency International de 1998 et 1999 n'est pas étranger à l'accélération de la mise sur pieds du PNG. Sinon comment justifier cet intermède de trois ans entre l'émission de l'idée et la mise en place du comité de pilotage. L'action du gouvernement apparait dès lors comme une contre réaction à la critique émise par la Communauté Internationale sur le système de gouvernance camerounais. Qu'à cela ne tienne, de l'avis du coordonnateur national de ce programme, « il replace l'Etat dans la stratégie de développement économique et sociale du Cameroun »240(*). De fait, le programme retient cinq domaines prioritaires :

- La mise en place d'une administration publique véritablement au service des usagers (secteur « administration publique ») ;

- La consolidation de l'Etat de droit à travers notamment la mise en place d'un environnement juridique et judiciaire garantissant la sécurité des investissements (secteur « justice ») ;

- La promotion d'une culture de responsabilité dans la gestion économique, financière et sociale et l'obligation de rendre compte (secteur « gestion économique, financière et sociale ») ;

- Le renforcement de la transparence dans la gestion des affaires publiques en luttant contre la corruption (secteur « lutte contre la corruption ») ;

- La mise en place des structures de décentralisation pour une participation effective et efficiente des populations dans la gestion des affaires publiques (secteur « décentralisation »)241(*).

A l'analyse, l'on se rend compte que la mise sur pieds du PNG a suscité de nombreux espoirs auprès des populations locales. Mais les difficultés d'application des lignes directrices du PNG a fait comprendre que le mal était bien plus profond que ce qui y paraissait. L'existence d'une « psychologie corruptrice »242(*) au Cameroun y est dès lors visible. Elle résulte dès lors de la « mauvaise gouvernance et de la criminalisation de l'Etat »243(*). De même, tout comme la corruption, le renforcement de l'espace démocratique participe de la mise sur pieds d'une gouvernance acceptable.

2- Le renforcement de l'espace démocratique camerounais : entre euphorie et bémol.

Parallèlement à l'échafaudage d'un programme de gouvernance en réponse aux critiques de la communauté internationale, le gouvernement camerounais décida d'évoluer dans le cadre de l'aménagement des institutions démocratiques au Cameroun. Comme la plupart des pays africains en cette fin d'année 1999, le Cameroun est en proie aux revendications de l'opposition qui réclament la mise en place d'une commission électorale indépendante. La réponse du gouvernement camerounais n'est pas à la mesure des attentes. Alain Didier Olinga écrit à cet effet que,

Dans un contexte politique marqué par la revendication insistante par l'opposition d'une structure indépendante qui serait chargée de gérer l'ensemble du processus électoral, de la gestion du fichier électorale à la proclamation des résultats, le Président de la république a opté pour une solution intermédiaire, la mise sur pieds d'un observatoire244(*).

Il y a donc une volonté d'ouverture mais pas d'ouverture totale. Le chef de l'Etat l'ordonnateur et le coordonnateur de tout le processus. C'est ainsi que naquit l'Observatoire National des Elections (ONEL). L'ONEL a été instituée par la loi n°2000/016 du 19 Décembre 2000 et modifiée substantiellement par la loi n°2003/015 du 22 Décembre 2003. Le décret présidentiel n°2001/036 du 08 Octobre 2001 précise les modalités d'application de la loi tandis que le décret présidentiel n°2001/397 du 20 Décembre 2001 fixe la composition et le fonctionnement des structures provinciales, départementales et communales de l'ONEL245(*).

Structure indépendante comme l'affirme son Article premier, l'ONEL n'est formellement rattachée à aucun pouvoir au sein de l'Etat, même si ses membres sont nommés par le Chef de l'Etat après consultation des partis politiques et de la société civile. Cet élément de nomination, prérogative du Chef de l'Etat laisse tout de même entrevoir une possibilité de distorsions et de contrôle de l'organe. C'est pourquoi Alain Didier Olinga renchérit :

L'indépendance de l'ONEL n'est pas une donnée statique, déjà acquise. Elle est un processus, une construction progressive, dépendant de la politique institutionnelle de l'organe, de l'engagement civique et démocratique de ses membres, des circonstances de l'environnement sociopolitique et économique246(*).

C'est dire de manière simple que la force et l'indépendance de l'ONEL dépendrait de l'autorité que devait incarner ses futurs dirigeants. Mais, dans un régime de « démocratie rigide » où la force collective du parti prime sur celle individuelle des hommes et où l'administration fonctionne de manière verticale, le président de l'ONEL est resté durant toute l'existence de cet organe, soumis aux ordres de l'exécutif dont le pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat le liait à lui comme un cordon ombilical lie un bébé à sa maman247(*).

Cela a donc créé au sein des autres acteurs de la scène politique camerounaise des suspicions. Toute chose qui n'est pas propice à la construction d'un environnement pacifique au Cameroun. Ceci est d'autant plus vrai qu'un ensemble de mesures gouvernementales remettent en cause les slogans même de paix et de sécurité nationale. Car, la paix n'est pas seulement absence de conflits mais « toutes actions pouvant troubler l'harmonie et la concorde entre les populations »248(*). Or, le Cameroun souffre de nombreux autre maux comme la pauvreté qui par ses effets remet en cause la symbolique de la paix au sein du triangle camerounais.

Chapitre IV

LE CAMEROUN FACE AUX ENJEUX DE LA DEMOCRATISATION AU DEBUT DU XXIème SIECLE : ENTRE EXIGENCES INTERNATIONALES ET VOLONTE INTERNE (2000-2006).

Le XXIème siècle s'ouvre au Cameroun sous des auspices mitigés. Le gouvernement sort d'un siècle où la dernière décennie aura été difficile pour le Cameroun. L'entrée dans le nouveau siècle suscite donc des peurs de vacillement de l'autorité gouvernementale. Les mesures prises s'apparentes presque toutes à des époques antérieures du Cameroun. Néanmoins, la société civile camerounaise, bien que balbutiante essaie de faire jouer sa partition. Ceci eut sur le gouvernement camerounais un impact considérable. Cela leur rappelle toutefois que nous vivons désormais dans un « monde d'ingérence ». En effet, débuté au début des années 1990 avec notamment le concept d'ingérence militaire, l'ingérence démocratique commence à être théorisée au début des années 2000. Elle permet désormais à la communauté internationale d'avoir un droit de regard sur l'avancée démocratique des Etats et notamment ceux du Sud. La trame de ce chapitre constituera donc à située cette réalité dans le contexte spécifiquement camerounais. Il se muera donc entre les sanctions internationales et les réactions du gouvernement camerounais visant à rester au contact de ces enjeux de début de siècle.

I- Des sanctions internationales aux initiatives internes : «sortir de la crise de démocratisation» (2000-2004).

Si la transition démocratique au Cameroun prend formellement fin avec les élections pluralistes de 1997, la démocratisation de la société camerounaise demeure une gageure. Ceci est d'autant plus palpable que le double classement du Cameroun par Transparency International fait craindre des effets néfastes. Le peuple semble de plus en plus être mis au pas, les contrôles sécuritaires des « années de braise » refont surface249(*). Mais, l'époque étant différente, l'action de la société civile pousse le gouvernement à changer de cap.

A- Le processus de démocratisation au bord du gouffre ou « la greffe qui tarde à prendre» : les menaces sur la paix.

Le rapport de Transparency International sur la corruption a eu plus de mal au Cameroun que le gouvernement n'a bien voulu le montrer. En témoigne le renforcement de l'ancrage sécuritaire dans certaines régions du Cameroun. Le clergé catholique dénoncera ces mesures avec une vigueur à nulle autre pareille.

1- L'épopée du renforcement de l'ancrage sécuritaire.

Au début de la décennie 2000 au Cameroun, les évènements produits au cours des années 1998 et 1999 amenèrent le gouvernement camerounais à changer de fusil d'épaules et à généraliser le « discours de la paix » comme paradigme et lignes directrices d'impulsion des actes gouvernementaux. C'est d'ailleurs à l'aune de ce changement de stratégie qu'il faut appréhender le discours du chef de l'Etat camerounais devant le corps diplomatique accrédité à Yaoundé le 06 Janvier 2000 lorsqu'il dit qu' «  en Afrique [...] la paix a le même prix qu'ailleurs »250(*). Mais la réalité est tout autre. Le peuple vit une toute autre réalité. C'est cette dichotomie d'appréhension de la réalité de la paix au Cameroun qui conduira le gouvernement à prendre des mesures qualifiées « d'hérésie » par Fanny Pigeaud251(*).

En effet, alors que les effets de la crise économique et sociale entrainent comme effet la montée de la haine vers un ennemi qualifié « d'intouchable », le système sécuritaire camerounais est renforcé. Car, à la réalité, le phénomène des coupeurs de route, des bandits de grands chemins prend de l'ampleur dans la plupart des villes du pays. Ceci est la conséquence d'un taux de chômage élevé et estimé à plus de 65% par la Banque mondiale dans son rapport sur les économies de l'Afrique subsaharienne252(*) ; La réaction gouvernementale prône plutôt pour un renforcement de la sécurité. C'est dans cette logique que contre toute attente, le Chef de l'Etat annonce en février 2000 la création d'un « commandement opérationnel » pour dit-il « combattre la criminalité dans les grandes villes camerounaises »253(*). Mais, dans un pays où les forces de l'ordre sont exemptes de tout contrôle et sanction, la mise sur pieds de ce « commandement opérationnel » donne ainsi aux forces de l'ordre les pouvoirs d'agir en toute impunité. C'est donc la manifestation d'une cristallisation des positions conduisant à créer au Cameroun une sorte « d'Etat dans l'Etat » au sens de Sophie Quagnard. Les conséquences de ce mécanisme ont été désastreuses. Plusieurs familles se sont vues enlevées certains de leurs membres sur la simple dénonciation du voisinage. Le commandement opérationnel dévie très vite un instrument de règlement de compte entre des populations où «  les replis identitaires ont pris le pas sur l'idéal de paix »254(*). La logique de « l'Etat partout » qu'à voulu créer le gouvernement perd toute sa crédibilité.

L'autorité de l'Etat est déterritorialisé non seulement sur le plan des allégeances électorales, mais également sur le plan de la sécurité. Le pays est devenu un ensemble « d'archipels sécuritaires » dans lequel l'Etat, qui avoue ne pas être capable de « mettre un policier derrière chaque camerounais »255(*), est contraint de céder ses prérogatives à des agences privées.256(*)

C'est ainsi que le phénomène de la « justice populaire » put se développer. L'action la plus spectaculaire est sans doute l'affaire des neufs disparus de Bépanda qui toucha l'ensemble de la société civile aussi nationale qu'internationale. Ceci témoigne de ce que l'époque est différente », les mesures gouvernementales n'allaient plus être soumises au silence et à la complaisance comme par le passé.

2- Les mesures gouvernementales contestées : le combat de la société civile.

La situation en ce début des années 2000 se résume en un mot : « turbulence de pacification ». Autrement dit, il pèse sur le Cameroun des menaces pouvant fragiliser l'élan de démocratisation du pays. Mais, le combat de la société civile permettait d'entrevoir des lueurs d'espoirs. En effet, la réaction née de la mise sur pieds du commandement opérationnel allait dans le sens de sa désapprobation, parce disaient-ils « le commandement opérationnel prenait quelques libertés avec l'ordre judiciaire »257(*). L'un des plus fervents acteurs de la contestation a été à cette période fut le Clergé catholique représenté par le Cardinal Christian Tumi. C'est ainsi que le 16 Juin 2000, le cardinal adresse une lettre au gouverneur du Littoral à propos du commandement opérationnel dans lequel il disait : « depuis la mise en place du commandement opérationnel, de nombreux cas de tortures, de blessures graves et d'assassinats sont signalés sur des victimes innocentes ou peut être coupables, mais exécutées sans jugement »258(*). Se joignant à l'action du Cardinal Christian Tumi, le clergé catholique composé de Monseigneur Victor Tonye Bakot, évêque d'Edéa, Monseigneur Jean Bosco Ntep, évêque d'Eséka, Monseigneur Dieudonné Watio, évêque de Nkongsamba et Monseigneur Dieudonné Bogmis, évêque auxiliaire de Douala, adressèrent le 14 Mars 2001 au gouverneur afin que les autorités administratives et judiciaires fassent toute la lumière sur cette affaire.

Allant dans le même sens, le député du SDF, Joseph Mba Ndam, soutenu par le parlement Européen, réclamait la création d'une commission parlementaire.

Bien sûr tous ces reproches n'ont pas changées la posture gouvernementale. Mais tout de même, l'on assista à des valses de poste à la tête de la délégation générale à la sureté nationale avec l'arrivée de Pierre Minlo Medjo qui adresse en Mai 2001, une circulaire rappelant à l'ordre ses principaux collaborateurs259(*).

Mais la généralisation de l'insécurité est le corollaire de la généralisation de la corruption qui touche tous les secteurs de la vie politique, publique et militaire du Cameroun et partant constitue un important facteur d'instabilité et donc de menaces sur la paix. Pour maintenir un environnement stable, le gouvernement se devait de combattre la corruption et la pauvreté, mais comme toujours, l'impulsion allait être donnée de l'extérieure.

B- La poursuite des mesures de bonne gouvernance : le début de la fin de l'impunité ? Enjeux et réalités.

La mise sur pied du PNG au Cameroun avait pour but, au moins formellement, de lutter contre la corruption et les détournements de fonds publics. Cependant, l'espace de temps entre l'entrée en vigueur du PNG et les premières mesures concrètes de lutte contre la corruption est si grand qu'il apparait étonnant. Car, comment comprendre qu'entre l'entrée en vigueur du PNG et les débuts de mesures, il se soit écoulé trois longues années. Cette distance permet tout de même de comprendre que l'option prise par le gouvernement camerounais ne fut que dans le but de contenter la communauté internationale. C'est pourquoi les mesures camerounaises ne viendront qu'après la prise en main du phénomène de la corruption par la communauté internationale.

1- Les fondements de l'appropriation camerounaise de lutte contre la corruption : la convention des nations Unies contre la corruption.

La lutte contre la corruption s'est affirmée au sein de la communauté internationale avec le début du XXIème siècle. En effet, le début de années 2000 coïncide avec la promulgation par les Nations Unies de la décennie du développement pour couvrir les années 2000-2010. C'est dans cette logique que l'interdépendance prit plus de tonus et plus d'envergure avec notamment la promulgation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) parmi lesquels on y relève un fort relent de lutte contre la corruption. Car, comment atteindre l'autosuffisance alimentaire et la lutte contre pauvreté dans les pays sous-développés sans combattre le mal qui était susceptible d'entraver l'atteinte de ces objectifs. C'est dans cette logique que l'office des nations Unies contre la drogue et les stupéfiants (ONUDC) entreprit de mettre sur pied deux conventions pour lutter contre les stupéfiants et la corruption.

Le volet de la corruption est abordé ici comme un crime d'Etat car les fonds de la corruption sont généralement ceux destinés au développement des Etats concernés. C'est pourquoi le processus d'adoption de la convention des Nations Unies contre la corruption est amorcé en 2000 avec l'adoption de la Convention des Nations Unies contre la Criminalité Organisée et la création d'un comité Ad-Hoc pour la négociation d'une Convention contre la Corruption260(*). Ce comité se met aussitôt au travail et fourni des termes de référence en matière de corruption. C'est à partir de là que la corruption est considérée comme un crime dont tous les Etats doivent combattre et ceci en synergie. Mais, pour mieux combattre, il fallait des établir des bases applicables à tous et à chacun. C'est pourquoi le comité Ad-Hoc recommande la mise sur pied d'un groupe de travail d'experts intergouvernemental à composition non limitée afin que tous les Etats se sentent concernés par cette convention. Ce groupe de travail verra ainsi le jour en 2001261(*). Le travail conjoint du comité Ad-Hoc et groupe d'experts internationaux aboutis en 2002 à la tenue de sept (07) sessions du Comité Ad Hoc à Vienne avec plus de 120 Etats participants. Ils eurent pour but de discuter sur les points de la convention devant être soumis à l'Assemblée Générale l'année suivante262(*). Les points de discussion portent sur la coopération internationale en matière de corruption avérée d'un agent d'un Etat et des mécanismes de transfert des fonds détournés. C'est ainsi qu'après toutes ces tractations, rendez-vous fut donné à Mérida en Octobre 2003 pour la clôture des discussions. C'est ainsi que l'année suivante, la convention fut effectivement adoptée lors de la réunion de l'ONUDC le 31 Octobre 2003 à Mérida au Mexique. Elle est encore appelée convention de Mérida263(*). L'objet principal de la convention était de prévenir et combattre la corruption de manière plus efficace, promouvoir la coopération internationale et l'assistance technique, y compris le recouvrement d'avoirs et enfin de promouvoir l'intégrité, la responsabilité et la bonne gestion des affaires publiques et des biens publics.

Ainsi présentée, la convention de Mérida recouvre un ensemble de Soixante trois (63) articles plus les annexes. Elle commence non pas par une définition du terme corruption, puisqu'il est un peu mitigé264(*), mais de celle d'un « Agent public » qui est entendu comme « Toute personne qui détient un mandat législatif, exécutif, administratif ou judiciaire ; toute personne qui exerce une fonction publique ou fournit un service public ; toute autre personne définie comme agent public dans le droit interne d'un Etat partie »265(*).

Après quoi la convention met en place des mesures préventives de lutte contre la corruption. Elles couvrent les articles 5 à 14. De fait, la convention recommande à chaque Etat de mettre sur pieds des politiques et des structures de prévention et de lutte contre la corruption266(*) efficaces et coordonnées afin d'éviter toute confusion des rôles et des prérogatives. Toutes ces mesures préventives visent à assurer la transparence dans la gestion des biens publics, l'intégrité et la responsabilité.

Une fois établi les mesures préventives, il convenait des définir les cadres de sanction c'est-à-dire des actes qui peuvent être considérés comme relevant de la corruption. C'est ce qui est fait entre les articles 15et 25 où on définit le régime des incriminations, de la détection et de la répression. Un accent est ainsi mis sur le terme d' « infractions obligatoires »267(*) parmi lesquels on a la corruption des agents publics nationaux, l'entrave au bon fonctionnement de la justice, la soustraction, le détournement ou autre usage illicite de biens par un agent public. Il faut relever que ces infractions sont notamment les mieux identifiée dans la société camerounaise. Après quoi la convention identifie d'autres infractions pénales parmi lesquelles on peut relever « le trafic d'influence, l'abus de fonctions, l'enrichissement illicite, la corruption dans le secteur privé... »268(*). Tous ces cas sont des comportements biens identifiés dans la société camerounaise. Pour assurer la bonne marche de ces mesures et éviter des menaces de la part des agents publics puissants vis-à-vis des personnes qui dénoncent des cas de corruption, la convention établie un régime protection des témoins, experts et victimes conformément aux dispositions internes et à la limite des moyens269(*).

Ce régime de protection des témoins ouvre ainsi la voie à la coopération entre les Etats en cas de corruption et de détection des avoirs d'un Etat sur un compte privé d'un individu dans un autre Etat270(*), ceci pour assurer un meilleur recouvrement des avoirs d'un Etat se trouvant sur le compte d'un autre Etat partie à la convention271(*). Néanmoins, ce régime de recouvrement des avoirs prend deux acceptions claires. D'abord, on fait du recouvrement des avoirs un principe fondamental de lutte contre la corruption272(*) avant de déterminer d'autres mécanismes de recouvrement parmi lesquels on a la prévention et la détection, le recouvrement direct, la confiscation du produit du crime international ou national273(*).

C'est en satisfaisant ce préalable que le législateur de Mérida établi des mécanismes d'assistance technique et d'échange d'information274(*) qui prend en compte les programmes de formations, la collecte, échanges et analyses des informations, l'assistance aux pays en développement et aux pays à économies de transition. Tout ceci vise une justice pénale équitable et un renforcement des institutions des Etats parties à la convention.

Ainsi, la convention se referme en mettant en place des mécanismes d'application de la convention qui prévoyait entre autre l'atteinte du quota de signature donc l'évaluation allait être faites au sommet de Jordan tenu du 10 au 14 Décembre 2006, mais aussi la mise sur pieds d'un deuxième groupe d'experts internationaux entre le 27 et le 31 Aout 2007.

De fait, la convention de Mérida ouvre un nouveau champ de lutte contre les fléaux de lutte contre la corruption et de détournement des deniers publics. Ainsi, la lutte contre la corruption entre dans les priorités des Nations Unies dont tout Etats se doit « s'approprier les mécanismes de nivellement à l'interne »275(*). C'est pourquoi son processus de ratification est bien distinct de celui de Palerme contre les stupéfiants comme l'atteste la courbe d'évolution suivante :

Graphique n°1 : courbe d'évolution des ratifications de la convention de Mérida et de Palerme

Source : J. Hirakawa, « comprendre la convention de Mérida », in www.google.fr/la convention des Nations Unies contre la corruption/, le 12 Février 2012 à 18h35.

Ainsi, comme le montre la courbe, l'évolution de la ratification de la convention de Mérida est bien plus importante que celle de la convention de Palerme. Ceci témoigne de ce que le phénomène de la corruption est un problème mondial dont tous les Etats veulent combattre. Mais cette évolution vertigineuse peut aussi se comprendre par le f ait que le phénomène de la corruption est bien plus important dans les pays sous développés que dans les pays développés contrairement au phénomène des stupéfiants dont certaines économies des pays développés en dépendent.

Le coup d'envoi donné à l'international donnait ainsi au Cameroun le choix entre la régularité et la clandestinité internationale. La voie de la régularité fut ainsi choisie avec des mesures internes visant à répondre aux exigences internationales.

2- La matérialisation du combat sur la scène politique camerounaise : la mise sur pied des structures de lutte contre la corruption.

La lutte contre dévient ainsi une gageure camerounaise au lendemain de la prise en main de ce combat par la communauté internationale. C'est ainsi que les discours des années 2000 prennent de l'écho au début de l'année 2004 avec l'adoption par l'Assemblée Nationale d'une loi autorisant le chef de l'Etat à ratifier la convention de Mérida276(*). Mais, pour se faire, il fallait s'assurer que le Cameroun remplissait toutes les conditions édictées par ladite convention. Ainsi, mettant en exergue les mesures de renforcement des mesures de lutte contre la corruption et de création des structures de prévention de la corruption, le gouvernement du Cameroun entreprit de mettre sur pied de nouvelles structures de lutte contre la corruption en complément de celles existantes déjà dans le paysage politique camerounais.

Ainsi, voit le jour la commission Nationale Anti-corruption (CONAC) comme organisme de lutte et d'enquête contre les actes de corruption au Cameroun. Alors,

Après la phase de l'excuse et de la tolérance des années de braise telles qu'évoquées par le chef de l'Etat à François Soudan en 1999, venait la phase pédagogique au cours de laquelle le gouvernement réfléchissait sur les mesures appropriées pour endiguer la corruption. Cette dernière allait donner naissance à la phase de répression manifestée par l'opération épervier277(*).

Mais en attendant, l'heure était à la pédagogie. Nous verrons dans la suite de ce travail les manifestations de cette opération au Cameroun. De fait, la mise sur de la CONAC venait non pas éclaircir le champ de lutte contre la corruption, mais l'obscurcir dans la mesure où l'on ne savait plus quel était le rôle de chacune des institutions présente. En effet, avec la CONAC, on disposait au moins de deux structures de lutte contre la corruption si l'on s'en tient seulement à l'existence près de la CONAC, de l'Agence Nationale d'Investigation Financière (ANIF). C'est pourquoi il faudra attendre un décret du chef de l'Etat en 2005 qui statue le rôle de chacune de ces structures ainsi que la redéfinition des fonctions et prérogatives du contrôle supérieur de l'Etat dont le ministère a pris plus d'ampleur et de pouvoir au sein de l'opinion politique camerounaise.

Ce n'est qu'après la mise sur pied de ces structures que le chef se résolut de ratifier la convention de Mérida. C'est ainsi que le Cameroun ratifie officiellement cette convention le 06 Février 2006 c'est-à-dire quelques jours avant le lancement de « l'opération épervier »278(*). La coïncidence est si frappante qu'il n'échappe pas à une lecture de causalité entre les deux actes. On peut en effet lire dans le lancement de l'opération répond davantage à une pression internationale sur le régime279(*). D'ailleurs, le Cameroun ne pouvait être en reste en cette année 2006 où le taux de ratification de la convention de Mérida prit de plus en plus d'ampleur dans la société internationale en général et africaine en particulier comme le montre le schéma suivant sur l'évolution mondiale du taux de ratification de la convention de Mérida par continent.

251652608Graphique n° 2 : évolution du taux de ratification de la convention de Mérida par continent.

Source : J. Hirakawa, « comprendre la convention de Mérida », in www.google.fr/la convention des Nations Unies contre la corruption/, le 12 Février 2012 à 18h35.

Comme on peut le remarquer, l'Afrique détient le taux de ratification le plus élevé du monde avec trente- un (31) pays ayant ratifiés cette convention soit un taux de ratification de 32%. Par contre, les autres continents se partage le reste des parts avec la deuxième place pour l'Amérique Latine pour un taux de 22% de ratification. Vient ensuite l'Europe de l'Est, l'Asie et enfin le bloc occidental avec respectivement 18%, 16% et 12%. On peut comprendre le taux élevé de ratification de l'Afrique et de l'Amérique latine par le fait que ce sont des pays sous développés pour la plupart et où sévit encore de forts actes de corruption.

II- «Le grand bond» ou l'arrimage progressif du Cameroun aux enjeux de démocratisation en Afrique subsaharienne à l'aune du XXIème siècle (2004-2006).

A l'aube de l'année 2004, le Cameroun est « dans une impasse ». Le processus de démocratisation semble de plus en plus s'apparenter à un mirage. Pour y remédier, l'Etat est contraint de réagir, mais en attendant, nous sommes en pleine année électorale et comme toujours, l'administration tourne au ralenti. Alors, 2004 demeurera comme une année de quasi mutisme non seulement en ce qui concerne les institutions étatiques mais aussi les actions politiques.

A- Tirer les leçons du passé : la démocratisation passe par l'éradication de fléaux sociaux. La réalité camerounaise.

Si le problème de la gouvernance préoccupe l'Etat depuis les années 2000, il faut reconnaitre que les résultats concrets se font toujours attendre. Dans cette perspective, il est difficile de parler de démocratisation de la société. Pire encore, en pleine année électorale, la scène politique camerounaise ressemble à un ring où les différents adversaires d'observent. Entre temps, le pays s'enfonce dans le chaos.

1- L'impact l'atteinte amorcée du point d'achèvement de l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE).

La période de la démocratisation du Cameroun correspond aussi à une période de contrainte économique qui amena le pays, malgré lui quelques fois, à tendre la main aux partenaires financiers internationaux280(*). C'est même sur fond de crise économique que le phénomène de la démocratisation prit de l'ampleur en Afrique noire globalement et au Cameroun spécifiquement. Car, « si l'on sait généralement que les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) ont débuté avant l'avènement du processus démocratique, il est clair que pour les populations, les nouveaux régimes doivent être ceux du changement »281(*). De fait, les PAS au Cameroun ont apparu comme l'antichambre de l'IPPTE. C'est en effet en 1996 que le Cameroun est inscrit à l'IPPTE282(*). Ainsi, après avoir essayé en vain les Dimensions Sociales de l'Ajustement (DSA)283(*), le Cameroun entra dans l'ère de l'IPPTE284(*). Ainsi, au terme de l'atteinte du point de décision en Octobre 2000, « le Cameroun a bénéficié des ressources intérimaires estimées à 213 milliards de FCFA »285(*). C'est à partir de là que le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) fut conçu et adopté officiellement en Avril 2003.

L'objectif fondamental du DSRP est de soutenir un effort global, mené par les pays eux-mêmes, en vue de donner à la réduction de la pauvreté une place plus importante dans les stratégies de développement des pays à faible revenus, renforçant ainsi leur efficacité, et d'accroitre le soutien que leur apportent les partenaires extérieurs286(*).

Cependant, au même moment, la réalité sociale camerounaise est tout autre. Chaque jour, un fossé énorme se creuse entre la classe dirigeante et les populations locales mettant ainsi en évidence le phénomène des détournements de fonds publics287(*). C'est dire que la mise sur pieds du DSRP, au delà de la fonction de lutte contre la pauvreté, apparait davantage comme une simple réponse aux exigences de la communauté internationale. Or, le Cameroun est depuis 2000 engagé dans la seconde phase de l'IPPTE devant le conduire au point d'achèvement. Et, la réussite de cette seconde phase dépend de l'exécution satisfaisante des reformes fondamentales convenues au point de décision et du maintien et de l'exécution pendant au moins un an du DSRP. Certes, les sociétés d'Etat connaissent un début de privatisation, mais globalement, l'ensemble des mesures prises vont à l'encontre de la réalité décrite par les ONG nationaux et internationaux sur le Cameroun. Etant entendu que la batterie de mesures exigées doivent contribuer à élargir le champ de la démocratisation du pays, il est donc inconcevable de parler d'aménagement de l'espace démocratique lorsque le pays est en proie aux fléaux sociaux importante. Cela ne peut que contribuer à exaspérer les populations et jeter les bases de l'insurrection. Toute chose qui remettrait en cause la situation de paix et de stabilité dont le pays se réclame. Zahir Farès a très bien mis en exergue la relation qui existe entre la démocratie et la pauvreté lorsqu'il écrit :

La démocratie est, tous les jours, remis en question dans un Etat de famine, de malnutrition, de maladies endémiques, de chômage. Focaliser l'attention sur le multipartisme et la construction d'un Etat de droit est positif, mais insuffisant. Conditionner l'aide aux réformes politiques est certes, un excellent levier de pression pour éviter des tentations extrémistes. Mais ce levier doit pouvoir jouer de façon harmonieuse avec un programme efficace de redressement économique288(*).

Or, au Cameroun, le levier n'était pas en adéquation avec le programme national. C'est donc tout naturellement que les échéances fixées pour l'atteinte du point d'achèvement ne seront pas respectées ; en effet, prévue dans l'accord intérimaire pour Octobre 2004, le point d'achèvement n'est pas à l'ordre du jour de la gouvernance publique au Cameroun. C'est donc tout naturellement que le Cameroun n'atteint pas le point d'achèvement en 2004.

Cette décision des bailleurs de fonds internationaux recèle deux enseignements : tout d'abord, le Cameroun n'a pas satisfait aux deux critères clés du point de décision ; ensuite, le Cameroun continue d'avoir de sérieux problèmes de gouvernance et enfin que la démocratisation de la société camerounaise est un mirage. Ainsi, le pays obéit à la définition classique de la « crise de la démocratisation » donnée par Raoul Serges Zacharie Nyanid. Mais, pour le gouvernement, l'enjeu le plus important en cette fin d'année 2004 est bel et bien l'élection présidentielle.

2- Le scrutin présidentiel de 2004 : les débuts de la problématique de l'alternance politique au Cameroun.

Le scrutin présidentiel d'Octobre 2004, s'ouvre donc sur une double problématique : celle de la crise de l'Etat et de l'alternance politique289(*). En effet, les conséquences de la crise sociale au sein des populations locales ont contribué à créer un fossé énorme entre l'Etat et les populations locales. Même si l'Etat prétend pouvoir occuper tout le champ social, la recherche frénétique de sa toute-puissance a plutôt contribué à un désenchantement. Nous sommes là en pleine manifestation de ce que Luc Sindjoun appelle « noyau dur et case vide »290(*).

Ainsi, les conditions de la candidature du chef de l'Etat est bien la manifestation d'un cas de « transition qui n'a pas eu lieu »291(*) catalyser par la figure imposante du chef de l'Etat qui semble capitaliser toutes les énergies vers sa seule personne. Tout naturellement, candidat à sa propre succession, le candidat Biya est réélu le 11 Octobre 2004 à 75% des suffrages exprimés. Certes, l'attitude d'une opposition tatillonne qui ne se regroupe qu'à l'approche des scrutins présidentiels y est pour beaucoup. Mais tout de même comme l'écrit Francine Bitee,

On ne peut pas dire non plus que les adversaires du président soient devenus « nuls » au point de perdre aussi facilement leurs « bastions », dans un pays qui ne change pas et où le choix des candidats est encore très fortement infecté par des déterminants ethnico-alimentaires292(*).

La raison est que la population éprouve une sorte de « désaffection pour la politique et les élections qui ne sont pas restitué par des statistiques publique [...] Cela se traduisant tantôt par l'abstention tantôt par le monnayage des votes »293(*). Ainsi, cette technique qui a fait recette « s'est progressivement incrustée dans la société où l'on ne va plus aux meetings des partis politiques que contre la promesse de recevoir un billet de banque, un tee-shirt ou une casquette »294(*).

Cette posture signifie donc que pour les camerounais, c'est bien l'implémentation de la « politique du ventre »295(*). Au-delà de l'analyse, l'on perçoit dans l'imaginaire des camerounais à travers ces gestes, une volonté de « statu quo ante » où l'on entend çà et là dire «  au moins avec lui, on a la paix »296(*).

C'est donc dire que les élections de 2004 posaient de facto le problème de l'alternance politique. Mais elle n'a pas eu lieu et le Chef de l'Etat rempila à nouveau pour sept ans. Ce nouveau septennat apparaissait comme l'ultime pour Paul Biya. Il fallait donc entreprendre toute une série de mesures visant à assainir le « marché gouvernant camerounais ». Ce chantier portait donc sur la mise en place d'une commission électorale indépendante réclamée depuis 1992 par l'opposition.

B- Entre bataille autour d'une commission électorale indépendante et réformes économiques substantielles.

La proclamation des résultats de l'élection présidentielle d'Octobre 2004 laissait transparaitre au Cameroun un « air du déjà vu ». Car, depuis 1992, c'est le même nom fonctionnant comme un refrain qui est à chaque fois revenu. Et comme toujours, c'est l'action des institutions qui est remis en cause. Cette fois ci l'ONEL ne sera pas en reste. Ceci est d'autant plus important que le Cameroun vient d'échouer au test de passage initié par les bailleurs de fonds. Le gouvernement doit donc prendre un certain nombre de mesures afin de mieux répondre à ces critiques. Tel est l'idée qui sera retransmis dans ce chapitre.

1- Des critiques de l'ONEL à la mise sur pieds d'une nouvelle institution de gestion électorale : les chemins vers ELECAM

Si la mise sur pied de l'ONEL en 2000 avait permis de croire que le Cameroun était en pleine évolution constante, il n'en demeure pas moins que dans le principe, l'organe restait fustigé aussi bien par les partis politiques de l'opposition que par la société civile. Cette critique portait d'abord sur le fond car elle n'était ni plus ni moins qu'un « observatoire ». Or, entre un « observatoire » et une « commission » écrit Fanny Pigeaud, « il existe non seulement un fossé de considération mais aussi un océan de significations symbolique »297(*). C'est donc dire qu'en termes de prérogative et de fonctions, l'ONEL est seulement chargée de « contribuer à faire respecter la loi électorale de manière à assurer la régularité, l'impartialité, l'objectivité, la transparence et la sincérité des scrutins »298(*). Or, « contribuer à faire respecter la loi, c'est aider les instances chargées de le faire à titre principal de s'acquitter au mieux de leur tâche constitutionnelle, légale ou réglementaire »299(*). Ainsi donc, l'ONEL joue le rôle d'éclaireur auprès des organes principaux que sont le conseil constitutionnel et la chambre administrative de la cour suprême. Ceci du point de vue de l'opposition était malsain et donc demandait des réformes.

La contestation de l'ONEL s'est aussi manifestée sur le plan de la forme avec la composition de l'équipe dirigeante de l'organe. En effet, la nomination des membres de l'ONEL, en excluant certaines catégories du corps social, visait une certaine neutralité. La formation des deux équipes d'observateurs durant tout le temps qu'elle aura existé, a contribué à décrédibiliser l'organe. En effet, la première équipe nommée le 10 Octobre 2001 et conduite par monsieur Enoch Kwayeb, a été fortement critiqué car « certains de ses membres avaient du mal à dissimuler leur sympathies pour le RDPC, parti au pouvoir, même si les membres de l'équipe appartenaient à des sphères diverses »300(*). De plus « la figure de son président, homme politique du sérail, âgé de 77 ans et physiquement affaibli, aura à elle seule jeté le doute sur la légalité de l'acte de nomination et sur l'indépendance de la structure constituée »301(*).

La deuxième équipe nommée le 26 Mai 2004 et conduite par François Xavier Mbouyom (voir Photo page 96) fut accueillie avec moins de scepticisme. La raison à cela c'est l'hétérogénéité des membres nommés. Toutefois, la qualité des hommes ne garantissant pas la capacité d'analyse de l'organe, on remarque tout de même que la première équipe, malgré les critiques, a abattu un travail bien plus important que la seconde dont on a critiqué le mutisme et l'introversion. Là où la première équipe dressa un rapport général intéressant sur les élections législatives et municipales de 2002, la seconde équipe ne fut en mesure de dresser un rapport général sur les présidentielles de 2004302(*). Peut-être peut-on y voir la catégorie de scrutin électoral supervisé par l'une et l'autre équipe. Tout de même, la pertinence de l'existence de l'ONEL devenait obsolète. Et le gouvernement, en proie à des pressions internationales, avait besoin de se refaire une légitimité constitutionnelle. C'est là le bien fondé de l'émission d'une nouvelle idée pour la mise sur pieds d'une nouvelle commission.

Répondant à cette préoccupation, le gouvernement soumet un projet de loi 805 à l'AN portant création d'Election's Cameroon (ELECAM). Après étude et amendement, le projet de loi 805 fut adopté par la loi n° 2006-011 du 29 Décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement d'ELECAM. Avec elle, le Cameroun faisait un bond considérable car contrairement à l'ONEL, ELECAM (Voir photo du président d'ELECAM page 96) avait des dispositions permettant de croire en son indépendance. Mais les dispositions formelles étant différentes du déploiement matériel, il fallait attendre de la voir sur le terrain concret.

Photo n° 3 et 4: Messieurs François Xavier Mbouyom, ancien président de l'ONEL et Samuel Fonka Azuu, actuel président d'ELECAM

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Source : http://www.google.fr/photo du président de l'ONEL/, consulté le 12 Mai 2012 à 16h.

En attendant, le Cameroun avait des maux bien plus importants qui se résumaient en un mot à savoir le point d'achèvement de l'initiative PPTE.

2- La consécration économique du Cameroun : l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE.

« Le rejet du dossier camerounais a eu un impact sur la politique économique du pays entre 2004 et 2006 car tout se régulait sous le prisme et le spectre du point d'achèvement »303(*). Cette affirmation de Touna Mama témoigne à souhait la réalité économique du Cameroun après 2004. En effet, à la suite de l'échec avorté de l'IPPTE en 2004, il fallait pour le Cameroun les points sur lesquels il n'avait pas accomplis les directives des bailleurs de fonds. Ces points se résument en lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. De fait, si le taux de chômage en cette année 2004 est de 45% à l'échelle nationale, il faut dire qu'il existe deux classes de populations au Cameroun : le personnel administratif et la population locale. Cette double réalité au sein d'un même territoire constitue des leviers de discorde pouvant remettre en cause les signes même de la paix à l'intérieur du pays. Les détournements de fonds se font sur des méthodes plurielles parmi lesquelles on a « le phénomène de la surfacturation, les marchés fictifs et les missions fictives conduisant à l'enrichissement des fonctionnaires, agents de l'Etat et opérateurs économiques »304(*). Lorsque le constat est fait par un agent de l'administration comme Zacharie Ngniman, il faut reconnaitre que le mal est bien plus profond que ce qu'il y parait. Le gouvernement devait donc prendre des mesures importantes. Voilà pourquoi dans son discours à la nation le 31 Décembre 2005, le chef de l'Etat affirme sa volonté de lutter contre des « voleurs à col blanc »305(*). C'était donc dire que le gouvernement entendait désormais lutter contre les détournements de fonds publics.

C'est donc pour mettre en évidence ses paroles que le chef de l'Etat lancer ce que l'on appellera bientôt «  l'opération Epervier » dont la mission est de combattre les détournements de fonds publics au sein de l'administration. Cependant, le bien fondé de cette opération pose encore de sérieux problèmes et considérations dont la plus répandue voudrait qu'elle soit « une opération d'épurement politique dont se sert le chef de l'Etat pour combattre et évincer ses adversaires politiques »306(*). Au final, l'opération épervier a déjà mis en oeuvre « une vingtaine d'affaire, plus de soixante dix-sept (77) personnes impliquées et plus de 215 milliards de FCFA détournés »307(*).

Tout de même, l'on reconnait à l'opération épervier une origine extérieure. Ainsi, écrit François Soudan,

 ...C'est l'ambassadeur des USA à Yaoundé, Niels Marquardt, qui fin 2005 tire le premier la sonnette d'alarme. Se fondant à la fois sur les classements, calamiteux pour le Cameroun, de l'ONG Transparency International et sur les enquêtes du Federal Bureau of Investigation (FBI) à propos des réseaux de blanchiments d'argent, le diplomate sonne les autorités à agir. Le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale prennent aussitôt le relais308(*).

Or, l'on sait que le point sur la gouvernance est un levier important des bailleurs de fonds internationaux. En effet, « L'anti-corruption est une sorte de religion civile à laquelle il convient de se convertir si l'on veut figurer parmi les Born Again, les élus de l'initiative en faveur des pays pauvres et très endettés (PPTE) »309(*). C'est donc dire que le lancement de l'opération épervier avait pour but non seulement de combattre la corruption, mais davantage à respecter les normes du FMI et de la banque mondiale. Ceci a donc contribué à arrêter plusieurs cadres oubliant par là que la plupart des fonds détournés sont logés dans les chancelleries occidentales. Ainsi, cette campagne de sabordage se résume en cette boutade d'Olivier Vallée à savoir « rendre les pauvres meilleurs faute de les rendre moins pauvres »310(*).

Quoiqu'il en soit, cette opération d'épuration politique a permis au Cameroun d'atteindre le point d'achèvement de l'IPPTE. Ainsi, le vendredi 28 Avril 2006, le conseil d'administration conjoint de la banque mondiale et le FMI annonce l'atteinte du point d'achèvement par le Cameroun. Certes, le pays retrouve une notoriété internationale car elle permet l'annulation progressive de près de 714 milliards de FCFA de la part des créanciers internationaux du Cameroun311(*). Mais, l'état de démocratisation du Cameroun reste faible. Les signaux sont d'autant plus importants que la problématique de l'alternance à la tête de l'Etat du Cameroun se pose de plus en plus avec acuité. Les risques de vacillement et donc de menaces sur la paix et la stabilité du Cameroun risque de se poser. Ainsi, les années à venir seront cruciales pour l'évaluation du processus de démocratisation du Cameroun.

CONCLUSION GENERALE

Il nous a été donné dans ce travail d'évaluer, de peser et même de sous-peser les rapports entre l'extension du processus de démocratisation et l'assurance d'une société stable dans un environnement où l'on remarque çà et là des remous politiques. L'investigation menée nous a permis de comprendre que le processus d'ouverture démocratique qui suppose la présence d'une pluralité d'acteurs s'est manifesté au tout début de la passation de pouvoir de 1982. Celle-ci a entrainé des changements dans la gestion de l'Etat. Changements que l'on pourrait considérer de majeurs même s'il s'agissait encore selon les mots de Fabien Eboussi Boulaga d'une « démocratisation du parti unique ». De fait, les logiques réfractaires y sont encore très vives et seuls les facteurs externes « comme toujours dans la vie politique camerounaise »312(*) viendront y apporter un coup d'accélérateur avec notamment la fin de la guerre froide et son corollaire l'excroissance du processus de mondialisation.

Le régime a donc dû s'adapter à la nouvelle donne. Ainsi, à la pression populaire de la revendication d'une conférence nationale souveraine, le régime y a préféré une tripartite donc le souci majeur pour la classe politique camerounaise en générale, l''opposition comme le gouvernement, était de mettre fin au mouvement des « villes mortes » qui avait embrasé le pays tout entier et qui apparentait le Cameroun aux « pays de tradition instable ». Or, ici plus que partout ailleurs, l'histoire y a laissé un mauvais souvenir de ce qu'est la violence et l'instabilité. C'est ainsi qu'au-delà de la querelle sur la tenue ou non d'une conférence nationale souveraine, tous les acteurs se retrouvent tout de même sur le consensus d'un retour à la stabilité. C'est seulement ainsi qu'on peut comprendre l'acception de l'opposition de participer à la tripartite et c'est ainsi aussi qu'on peut interpréter le fait qu'ils aient ratifié la déclaration finale de la tripartite, il est vrai à l''exception du SDF dont on peut comprendre son refus par le fait qu'il avait peut être un peu trop surestimé son poids sur la scène politique camerounaise.

Se faisant, l'ouverture démocratique s'est manifestée sous la forme d'un double scrutin pluraliste en 1992 dont l'absence de certains partis aux législatives, au-delà de traduire une certaine radicalisation, manifeste davantage un mauvais calcul politique car, comment vouloir obtenir des assises politiques sans assises parlementaires, qui plus est dans un régime qui sort à peine d'un système monolithique caractérisé par un verrouillage strict des données politiques. Alors, c'est en négligeant les législatives d 1992 que l'opposition assura, il est vrai avec quelques abus gouvernementaux, une assise politique au gouvernement dans un contexte multipartisme.

Ainsi, comment ne pas penser que « ...le retour au multipartisme a permis des sorties négociées de l'autoritarisme, en garantissant souvent, il est vrai, à l'ancienne classe dirigeante des conserver ses positions et ses habitudes »313(*). Dès lors, doit-on concevoir le processus de démocratisation comme un échec dans les sociétés d'Afrique noire ? certes comme l'écrit Noa Biyegue Jacqueline, « l'avènement du multipartisme [en Afrique subsaharienne depuis 1990]314(*) constitue un processus de décompression autoritaire plutôt qu'un processus de démocratisation, lui, synonyme d'un marché politique véritablement concurrentiel »315(*), mais il faut reconnaitre qu'une séparation stricte entre multipartisme et démocratie et entre démocratie et démocratisation nous permet de convenir que l'idée de démocratie résulte d'un « vouloir-vivre et d'un vouloir-faire collectifs, ce qui suppose la participation de tous et de chacun à la production, à la gestion de la chose publique et un partage équilibré du produit commun. Elle évoque donc l'idée de justice sociale »316(*). On peut dès lors considérer que la démocratie au Cameroun pose tout aussi les problèmes que connait la démocratie en général ; Alors, Hountonji a bien résumé la situation de la démocratie en Afrique en général et au Cameroun an particulier en ce termes :

La démocratie ne va pas de soi, gouvernement du peuple par le peuple, il n'est pas évident qu'elle soit une valeur, ou une valeur absolue [...] Et si la démocratie est un défi, c'est peut-être d'abord pour cela : parce qu'elle suppose non seulement l'affrontement de la machine répressive, la dénonciation sans complaisance et la lutte pratique contre la barbarie triomphante, mais aussi, mais d'abord, que nous fassions sur nous-mêmes le travail intérieur préalable nécessaire pour nous libérer de la peur et devenir enfin ce que nous n'avons peut-être jamais été : nous-mêmes317(*).

C'est donc dire qu'en l'absence des mesures de lutte contre les fléaux sociaux, c'est la justice sociale qui est remise en cause. Or, si la justice sociale est compromise, c'est la paix et la stabilité qui sont ébranlées. Ainsi donc ;, le Cameroun en l'absence des mesures de préservation de la cohésion sociale accentue les facteurs d'instabilités. De fait, considérer la problématique de la paix dans le contexte social camerounais revient à considérer en dernier ressort ce concept comme allant bien au-delà de la simple démocratisation. Elle englobe dès lors toute la vie politique camerounaise. Alors, il devient plus louable de parler ni plus ni moins que d'une transition politique.

Mais, la transition politique, entendue comme le passage d'un régime à un autre, est différent de la démocratisation ; il faut dire qu'au Cameroun, le début de l'année 1997 marque non seulement la fin de la transition démocratique, mais aussi le début de la démocratisation de la scène politique camerounaise. Dans cette logique, la paix prend une toute autre signification. Au-delà de caractériser « l'absence de guerre », elle signifie tout aussi une gestion équitable des rouages étatiques, une amélioration claire des institutions étatiques. Or, dans ce registre, le constat fait est plutôt mitigé car l'ensemble des mesures prises par le gouvernement depuis la fin de la transition politique au Cameroun, sont certes louables, mais ne manquent pas de laisser un goût d'inachevé et d'incompréhensions. La manifestation de la corruption comme cheville ouvrière de la gouvernance politique au Cameroun a plongé le pays dans des situations parfois catastrophiques conduisant aux « exploits malheureux » comme l'a attesté le classement de Transparency International.

Ainsi, loin de constituer un « îlot de paix », le Cameroun traduit progressivement une situation de « malaise général » où la population a l'impression, et ce n'est qu'une impression, peut être fondée, que la communauté internationale tisse parfois avec le régime en place des liens si complexes qu'ils s' apparentent à une toile d'araignée dont il est toujours difficile de déterminer ni le début ni la fin de la toile. Ainsi, on peut dire que,

La démocratisation a élargi l'espace politique, mais de manière incomplète. Les élites africaines [et donc camerounaises]318(*) vivent en lévitation au dessus des sociétés. La concomitance de la démocratisation et de l'excroissance de la mondialisation a en effet crée un nouveau type de régimes politiques : « les démocraties FMI ». La sélection des élites y est le produit d'une double dynamique : élections multipartites et adoubement par les institutions financières internationales319(*).

Soit, « si la démocratie ne se construit pas dans la rue [...] mais plutôt par le recours aux verdicts des urnes »320(*), il n'en demeure pas moins qu' « une élection publique n'est jamais un évènement ordinaire, un banal fait de société [...] C'est un évènement sociétal total, dynamique et historique, qui tire se arguments dans le passé et réalise son projet dans le futur »321(*). C'est donc dire que c'est par rapport au projet de société passé et futur d'un candidat qu'il est élu. Or, le Cameroun comme on l'a vu souffre d'un déficit de projet de société. Si le slogan de l'opposition se résume en une sorte de « Biya must go » dont la population en a de plus en plus marre d'entendre, celui du gouvernement se résume à agiter devant la place publique la « nébuleuse de la paix » dont se réclame le système.

Certes, l'on peut parler de stabilité institutionnelle en lieu et place de la paix car la paix suppose une société où l'harmonie sociale est assurée. Tout au moins, on peu parler davantage de libération de l'ancrage autoritaire car celle-ci s'entend comme « un phénomène de redéfinition et d'extension des droits. Une caractéristique de ce stade précoce de la transition est la dépendance précaire sur un pouvoir gouvernemental qui demeure arbitraire et fantasque »322(*). Quoi qu'il en soit, cela pose le problème de la complexité d'appréhension de la réalité de l'étude que nous achevons sur la démocratie et la paix, qui plus est dans un pays pluri-ethnique comme le Cameroun. La symbiose réalisée va alors au-delà de la conception de la démocratie sur le maintient de la pacification politique au Cameroun.

Alors, au sortie de ce travail, nous éprouvons certes un sentiment de satisfaction, mais aussi et en même temps un goût d'inachevé. Un goût d'inachevé dans la mesure où nous avons l'impression qu'au-delà du lien démocratisation et paix où la paix prend davantage le sens d'un mirage dans le contexte camerounais, il est important de s'interroger sur ce sentiment de résignation telle que constater dans la société camerounaise où au-delà de la pauvreté, du chômage, du sous-emploi, l'on s'accorde à penser tout de même que la paix permet de transcender tous les autres maux. Peut-être les futurs travaux permettront d'établir un lien entre la « psychologie pacificatrice » actuelle du Cameroun et le legs colonial. Ainsi, il est important de s'interroger sur cette question de la construction d'une « psychologie pacificatrice » dans la société camerounaise. Cela permettra d'ébaucher un raisonnement qui va bien au-delà de la démocratisation apparaissant dans cette logique comme une discontinuité, une césure dans le processus global de construction camerounaise de la pacification.

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I- Sources primaires

A- Sources orales

Noms et Prénoms de l'informateur

Ages

Fonctions

Dates et Lieux de l'entretien

Hubert Kamgang

Environ 65 ans

politiciens

12 Mars 2012 à Yaoundé

Jean Takougang

Environ 60 ans

Politicien

09 Février 2012 à Yaoundé

Abel Eyinga

Environ 73 ans

Politicien

Décembre 2011 à Ebolowa

Charly Gabriel Mbock

Environ 55 ans

Politicien et Universitaire

24 Janvier 2012 à Yaoundé

Ngouo Woungly Massaga

Environ 80 ans

Politicien

24 Novembre 2011 à Yaoundé

Joseph Ouafo

Environ 60 ans

Politiciens, ancien membre de la cellule de communication du SDF

08 Janvier 2012 à Bafoussam

Samuel Fordjika Tamouo

Environ 60 ans

Politicien, ancien membre de l'UDC

06 Janvier 2012 à Bafoussam

Alphonse Muka

Environ 50 ans

Politicien, ancien membre de l'UDC

06 Janvier 2012 à Bafoussam

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B- Source Audio-visuelle

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TABLE DES MATIERES

* 1 Cela signifie « Etats Faibles », Cf. W. Zartman, La faillite de l'Etat, Paris, LGDJ, 1999.

* 2 Z.-S. Nyanid, « Crise de la démocratisation et démocratisation de crise : essai sur la problématique de l'universalisation du modèle de démocratie libérale en Afrique subsaharienne post- guerre froide», thèse de doctorat 3e cycle, Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC)/Université de Yaoundé II (UYII), 2002, p.13.

* 3 P. Saint-Arnaud, William Grammar Summer et les débuts de la sociologie américaine, Québec, Presse de l'Université de Laval, 1984, p.10.

* 4 Ch. Langlois et Ch. Seignobos, Introduction aux études historiques, 1897, cité par F. Braudel, Ecrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1969.

* 5 F. Braudel, Ecrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1969, p. 3.

* 6 Ibid., p. 15.

* 7 F. Dosse, L'histoire ou le temps réfléchi, Paris, Hatier, 1999, p.34.

* 8 La proto-histoire c'est cette histoire qui reste cantonné sur les principes basiques de la science historique oubliant par là que la science évolue avec son temps.

* 9 J.-F. Soulet, L'histoire immédiate. Historiographie, Sources et Méthodes, Paris, Armand Colin, 2009.

* 10 Corneille, Mémoires, cité par J-F Soulet, L'histoire immédiate...p. 67.

* 11 J-F. Soulet, L'histoire immédiate...p. 87.

* 12 H.-I. Marrou, De la connaissance historique, Cité par J. Pycke, La critique Historique, Bruxelles, Bruylant, 2000, p. 59.

* 13 Cf. à ce propos l'article de Z. Laïdi, « le temps mondiale », M-C. Smouts, Les nouvelles Relations Internationales. Théories et pratiques, Paris, Presse de science Pô, 1999.

* 14 E. Durkheim, Le suicide, Paris, PUF, 1930, p.1.

* 15 E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1981, p. 35.

* 16 M.-D. Ebolo, « L'implication des puissances étrangères dans le processus de démocratisation... », p. 10.

* 17 A. Baudart, Qu'est ce que la démocratie ?, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 2005, p.7.

* 18 Encyclopédia Universalis, t. 5, p. 408.

* 19 G. Hermet, Le passage à la démocratie, Paris, Presse de la Fondation Nationale de Science Politique, 1996, p. 14.

* 20 R.-M.-L. Onana, « Les transitions politiques en Afrique... », p. 3.

* 21 G. Sorensen, Democracy and democratization, Boulders- San Francisco- Oxford, West - view press, 1993, pp. 47-51.

* 22 P. Meyerbisch, « démocratisation : genèse de nouvelles distinctions démocratiques de pouvoirs », C.-A.-O. Huythan et A. Fenet (dir.), Mutations internationales et évolutions des normes, Paris, PUF, 1998, p. 178.

* 23 Proudhon, La guerre et la paix, Cité par T. De Montbrial et J. Klein (dir.), Dictionnaire de stratégie, Paris, PUF, 2000, p.403.

* 24 T. De Montbrial et J. Klein (dir.), Dictionnaire de stratégie, Paris, PUF, 2000, p. 408.

* 25 J. Ricot, Leçons sur la paix, Paris, PUF, 2002, p. 1.

* 26 Ph. Bretton et J.-P. Chaudet, La coexistence pacifique, Paris, Armand Colin, 1995, p. 5.

* 27 Cf. Chapitre VII de la charte des nations Unies.

* 28 J.-F. Thibault, « Réflexions sur la démocratie, la mondialisation et les Relations Internationales », Associations transnationales, Avril, 1999, p. 174, consulté sur http:// www.google.fr/démocratie et paix /, le 12 Novembre 2011, 18h50.

* 29 J.-S. Oyono Oyono, « La diplomatie camerounaise face aux défis de la mondialisation », thèse de doctorat 3ème cycle en Relations Internationales, IRIC/UYII, 1999, p. 22.

* 30 A. Minkoa She, « L'Afrique face aux défis de l'Etat de droit et des Droits de l'Homme à l'ère de la mondialisation », Actes du colloque sur l'Afrique face aux défis de la mondialisation, Vol. II, Minrex-NU-Cameroun, 2000, p. 69.

* 31 Petit Larousse Illustré, Paris, 1987, p. 857.

* 32 A. Heymann-Doat, Les régimes politiques, Paris, La Découverte, 1998, p. 34.

* 33 M.-C. Diop et M. Diouf, Les figures du politiques en Afrique. Des pouvoirs Hérités aux pouvoirs élus, paris, Karthala, 1999, p.45.

* 34 Y.-A. Chouala, « désordre et ordre dans l'Afrique  centrale actuelle : démocratisation, conflictualisation et transition géostratégique régionale», thèse de doctorat 3e cycle, IRIC/UYII, 1999, p. 39.

* 35 J.-P. Frangnière, Comment réussir un mémoire ?, Paris, Dunod, 1986, p. 75.

* 36 M. Beaud, L'Art de la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du net, Paris, La découverte, 5e Ed., 2006, p. 43.

* 37 R. Quivy et L.-V. Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1995.

* 38 H.-F. Onana, Les transitions démocratiques en Afrique : le cas du Cameroun, Ydé, CEPER, 1994.

* 39 Z. Ngniman, Cameroun, la démocratie emballée, Ydé, Clé, 1993.

* 40 V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1993.

* 41 Moukoko Priso, Cameroun/Kamerun, la transition dans l'impasse, Paris, L'Harmattan, 1994.

* 42 Z. Ngniman, Les chemins de la démocratie. Un pari perpétuel, Ydé, Edi' Action, 2003.

* 43 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit au Cameroun, Paris, L'harmattan, 1997.

* 44 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun de 1990 à 2004, Paris, L'harmattan, 2004.

* 45 Z. Ngniman, La paix au Cameroun, un impératif absolu, Ydé, Clé, 2003.

* 46 D. Arielle, Mondialiser la paix, Paris, La dispute, 2000.

* 47 M.-D. Ebolo, « l'implication des puissances étrangères dans le processus de démocratisation au Cameroun : l'expérience française et américaine (1990-1997)», thèse de doctorat 3e cycle, IRIC/UYII, 1997.

* 48 K. Fonju Njuafack, «The influence of the Unites States of America in the democratization process in central Africa: the case study of Cameroon and Chad», these de doctorat 3e cycle en Histoire, UYI, 2005.

* 49 R.-M.-L. Onana, « la problématique de la transition démocratique en Afrique noire post-coloniale», thèse de doctorat 3e cycle, IRIC/UYII, 1992.

* 50 Z.-S. Nyanid, « la diplomatie à l'épreuve de la démocratisation du régime politique camerounais», Mémoire de DESS en Relations Internationales, IRIC, 2001.

* 51E.-T. Biloa Tang, « La politique étrangère du Cameroun à l'ère de la transition vers le «le nouvel ordre mondial» (1990-2001). Une analyse sous le prisme des politiques publiques », thèse de doctorat 3e cycle, IRIC/UYII, 2002, p.11.

* 52 M. Grawitz, Méthode de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, 9e éd., 1993, p. 4.

* 53 M. Beaud, L'art de la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout travail universitaire à l'ère du Net, Paris, La découverte, 5e éd., 2006, p. 55.

* 54 Pour rappel, il faut dire que les pays africains ont connu des fortunes diverses dans leurs différents modes d'accession à l'indépendance. De manière caricaturale, il faut faire le distinguo entre l'Afrique du nord et l'Afrique noire car les moyens de pressions furent différents dans ces deux parties du continent. Si l'Afrique noire a connu une « décolonisation en douceur », ce ne fut pas le cas de l'Afrique du nord. Et même, dans cette Afrique noire, l'on note des luttes d'indépendance dans des pays comme le Cameroun. Cf. Hélène d'Almeida Topor, L'Afrique au XXe siècle, sur cette question. Ce qui faut dire c'est que le mode d'accession à l'indépendance allait influencer la vie politique dans ces différents pays.

* 55 J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Paris, Présence africaine, 1973, p.686.

* 56 L. Segond, La sainte Bible, 2Timothée 3 :16, éd. Alliance Biblique Universelle, p. 212, cité par L.-M. Kouna Metala, Les opérations de maintien de la paix de l'ONU et la condition du militaire, Yaoundé, PUY, 2006.

* 57 V. Kourganoff, La recherche scientifique, Paris, PUF, 1958, p. 40, cité par J. P. Frangnière, comment réussir un mémoire...p.79.

* 58 M. Grawitz, Méthode de recherche en sciences sociales...p. 3.

* 59 G. Bachelard, La formation de l'esprit scientifique. Contribution à la psychanalyse de la connaissance objective, Paris, Librairie philosophique F. Vrin, 11ème éd., 1980, pp.14-22.

* 60 M. Grawitz, Méthode des sciences sociales..., p.6.

* 61 D. Oyono, « L'apport de l'histoire à l'enseignement des Relations Internationales », Revue camerounaise de Relations Internationales, Décembre 1982, p. 113.

* 62 Ph. Lagroye, Sociologie politique, Paris, Presse de l'école nationale de science politique et Dalloz, 1997, p. 142.

* 63 Y.-A. Chouala, « désordre et ordre dans l'Afrique Centrale actuelle... », p. 63. Cf. à cet égard D. Easton, l'analyse du système politique, Paris, PFNSP, 1996.

* 64 Il faut dire qu'en raison de l'actualité de notre thème, nous n'avions pas trouvé des informations concernant notre période dans la rubrique Affaires Politiques et Administratives (APA) des ANY.

* 65 Il faut dire ici que ce voyage a été possible grâce au groupe citoyen pour la préservation de la mémoire de Mongo Béti qui, faisant un déplacement à Ebolowa pour rencontrer Abel Eyinga, parrain de l'évènement, nous a permis de les accompagner. C'est ainsi que nous avons pu rencontrer le rencontrer et qui à cette occasion était en compagnie de Fabien Eboussi Boulaga avec qui avons également énormément échangés.

* 66 J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1978, p.687.

* 67 Terme latin qui signifie « d'un genre particulier ».

* 68 Sur cette question du fonctionnement du régime Ahidjo, de référer notamment aux travaux de J.- F. Bayart, l'Etat au Cameroun. Il est aussi intéressant de consulter les écrits d'A. Eyinga, introduction à la politique camerounaise, ou encore de Mongo Béti, main basse sur le Cameroun...

* 69 Pour Paul Ricoeur et Fernand Braudel, l'évolution de l'histoire se fait de rupture et de continuités. Les ruptures se manifestants très souvent lorsque un évènement restructure toute l'évolution du monde après s'être produit. A l'opposé de ce concept d'évènement- monstre, Fernand Braudel a parlé de « phénomènes de surface » pour qualifier les évènements qui donnent l'impression d'influencer le cours de l'histoire mais qui en réalité n'en influence point. A cet égard, la Deuxième guerre mondiale apparait comme un évènement-monstre car il restructure et redéfini l'évolution du monde après 1945. Cf. pour cette question l'article de Z. Laïdi, « le temps mondial », M. C. Smouts, les nouvelles Relations Internationales : théories et pratiques, Paris, presse de science Pô, 1997 ou encore F. Braudel, Ecrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1977.

* 70 Cette assertion est cependant à relativiser car même si la guerre froide est formellement terminée, elle demeure fondamentalement présente en raison de l'existence de certains vestiges de cette période comme la division de la Corée ou encore l'existence du régime communiste en Chine.

* 71 J. Heffer, La fin du XXème siècle, Paris, Hachette, 1995, p. 37.

* 72 Dieu grec de la boisson et de l'alcool.

* 73 J. Heffer, La fin du..., p.38.

* 74 Ibid.

* 75 J. Sapir, « Ruptures et continuités dans l'histoire économique russe et soviétique. Le dialogue entre économistes et historiens : nécessaire et impossible ? », M. Ferro (dir.), Mélanges. De la Russie et d'ailleurs, Paris, Plon, 1995, p.92.

* 76 J. Sapir (dir.), L'URSS au tournant : une économie en transition, Paris, Economica, 1990, p.102.

* 77 Ibid., p.104.

* 78 J. Heffer, La fin du XXème siècle..., p.49.

* 79 Ibid., p.50.

* 80 D. Berger, « perestroïka, une révolution réellement existante ? », article paru en 1989 et mis en ligne en Mai 1990 sur http://multitudes.samizdat.net/auteur-phps/, consulté le 16 Novembre 2011 à 20h35.

* 81 B. Badie et M. C. Smouts, Le retournement du monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, Presse de science Pô, 1992, p.8.

* 82 Discours de Gorbatchev à l'Organisation des Nations Unies (ONU) en Décembre 1988, cité par A. Brown, The Gorbatchev factor, London, Cambridge University Press, 1996, p. 36.

* 83 Ceausescu était président de la Roumanie pendant la période des révolutions socialistes. Il y avait instauré à la tête de cet Etat un véritable régime dictatorial. C'est ainsi que sa chute en 1989 marque le début des révolutions sanglantes en Europe de l'Est.

* 84 Il est à rappeler que Vaclav Havel fut porté au pouvoir en Tchécoslovaquie en 1989.Il symbolise l'arrivée des régimes démocratiques à la tête des Etats en Union soviétique.

* 85 J. Levesque, 1989. La fin d'un empire : l'URSS et la libéralisation de l'Europe de l'Est, Paris, Armand colin, 1995, p. 129.

* 86 J. Heffer, La fin du..., p.65.

* 87 D. Berger, «perestroika...» , p.13.

* 88 J. Nye Jr., Les USA, superpuissance, New York, New York university press, 1991, p. 12.

* 89 Ibid., p.56.

* 90 G. Hermet, Les désenchantements de la liberté. La sortie des dictatures dans les années 1990, Paris, Fayard, 1993, p.8.

* 91 V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1993, pp.11-12.

* 92 A. Eyinga, Introduction à la politique camerounaise, Paris, L'Harmattan, 1986, p. 234.

* 93 J. F. Bayart, L'Etat au Cameroun, Paris, presse de la Fondation Nationale de Science Politique, 1986, p.143.

* 94 F. Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya, Paris, Karthala, 2011, p. 9, consulté sur http:// www.google.fr/le-processus-de-démocratisation-au-cameroun/, le 05 Octobre 2011 à 21h32.

* 95 Y-A. Chouala, « Désordre et ordre dans l'Afrique Centrale actuelle : démocratisation, conflictualisation et transitions géostratégiques régionales », thèse de doctorat 3ème cycle, Diplomatie, Relations Internationales, IRIC, Yaoundé, 1999, p.283.

* 96 H. Mono Ndjana, L'idée sociale chez Paul Biya, Yaoundé, UY/SOPECAM, 1985, p.90.

* 97 Pour plus amples information sur les raisons du départ d'Ahmadou Ahidjo, se référer à Ph. Gaillard, Ahmadou Ahidjo, patriote et despote. Bâtisseur de l'Etat camerounais, Paris, éd. Jeune Afrique, 1996.

* 98 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1997, p. 34.

* 99 Cameroon Tribune, n°2592 du 30 au 31 Janvier 1983, p. 3.

* 100 Ibid., n°2703 du 18 Juin 1983, p.8.

* 101 L. Sindjoun, «Le président de la république du Cameroun à l'épreuve de l'alternance néo-patrimoniale et de la transition démocratique », M.-C. Diop et M. Diouf, Les figures du politique en Afrique. Des pouvoirs hérités aux pouvoirs élus, Paris/ Dakar, CODESRIA/ Karthala, 1999, p.78.

* 102 Terme emprunté à J. Ki Zerbo, A quand l'Afrique ?, Paris, Denoël, 2003.

* 103 L. Sindjoun, « Le président de la république du Cameroun...», p.75.

* 104 Ibid.

* 105 Ahmadou Ahidjo le 24 Aout 1983, cité par Luc Sindjoun, « le président de la république du Cameroun...», p.75.

* 106 Cameroon Tribune du 03 mars 1984, p.8. Il faut tout de même relever que cette peine capitale sera commué en en simple détention par le chef de l'Etat le 09 mars de la même année.

* 107 P. F. Ngayap, Cameroun. Qui gouverne ? D'Ahidjo à Biya, l'héritage et l'enjeu, Paris, L'Harmattan, 1983, p.8.

* 108 Ahmadou Ahidjo à la radio monté Carlo, le 06 Avril 1984, Cité par V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités au Cameroun..., p.47.

* 109 Cameroon Tribune, n°2950 du 13 Avril 1984, p.6-7.

* 110 V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités..., p.55.

* 111 P. Biya, Le message du renouveau, vol 2, Ydé, 1992, p.95.

* 112 Terme emprunté à Y-A. Chouala.

* 113 Terme emprunté à L. Sindjoun.

* 114 Terme emprunté par Luc Sindjoun et qui englobe l'ensemble de la classe politique camerounaise appelé à être candidat à un poste de renouvellement au sein du parti. Le chef de l'Etat, en élargissant cette base, faisait de facto perdre à l'élite dure sa position de monopole s'offrait un échantillon de choix conséquent parmi les nouveaux venus à la table de la consécration.

* 115 Cameroon Tribune du 10 Janvier 1986, pp.6-7.

* 116 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit..., p.38.

* 117 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit..., p.52.

* 118 D. Oyono, un parcours vital. Essai sur le renouveau camerounais, Yaoundé, édit' action, 1996, p.23.

* 119 V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités..., p.85.

* 120 Ibid., p. 46.

* 121 H. Bandolo, La flamme et la fumée, Yaoundé, SOPECAM, 1985, p. 468.

* 122 Ibid., p.489.

* 123 G. Courade, « Des complexes qui coûtent chers. La priorité agro-industrielle dans l'agriculture camerounaise », Politique Africaine, n°14, Juin 1984, p. 80.

* 124Ibid., p.10.

* 125 J. Ngandjeu, Le Cameroun et la crise. Renaissance ou Blocage ?, Paris, l'Harmattan, 1985, p.50.

* 126 Cameroon Tribune du 22 Mars 1986.

* 127 D. Oyono, Un parcours vital..., pp.124-125.

* 128 DTS signifie Droit de Tirage Spéciaux, système de convertibilité et d'équivalence des monnaies utilisé par les institutions de Brettons Wood. Cela voulait dire que le Cameroun avait besoin d'être renfloué à hauteur de 311 milliards de FCFA.

* 129 Cameroon Tribune du 14 Avril 1989, p.8.

* 130 V. Ndi Mbarga, Ruptures et continuités..., p.132.

* 131 C. Gueguim Zébazé, «les scrutins pluralistes de 1992 au Cameroun et leur impact sur sa diplomatie », mémoire de Maîtrise en Histoire, UYI, 2005, p. 8.

* 132 Manga Kuoh, Cameroun : un nouveau départ, Paris, l'harmattan, 1996, p. 56.

* 133 A. Kaspi, « Etats Unis, quel nouvel objectif face aux bouleversements mondiaux », P. Wapsman, l'année internationale 1990-1991, annuaire de géopolitique international, Paris, hachette, 1991, p. 64.

* 134 A. Mehler, « Cameroun, une transition qui n'a pas eu lieu », P. Quantin et J.P. Dalloz, Transitions Démocratiques Africaines, Paris, Kartala, 1997, p. 129.

* 135 S. Diallo, cité par M. Banoch, le processus de démocratisation en Afrique : le cas Camerounais, Paris, l'harmattan, 1992, p. 6.

* 136 M. Tidjani Alou, « Globalisation, l'Etat en question », Afrique contemporaine, N°199, Juillet-Septembre 2001, p.18.

* 137 Paul Biya, un nouvel élan. Entretien avec Charles Ndongo, Ydé, Ed. Africa multimédia, 1997, p. 49.

* 138S. Smith et A. Glaser, Comment la France a perdu l'Afrique, Paris, Calman- Levy, 2005, p. 78.

* 139 Mongo Béti, la France contre l'Afrique, Paris, la découverte, 1999, p.178.

* 140 F. Bitée, la transition démocratique au Cameroun de 1990 à 2004, Paris, l'harmattan, 2008, p. 53.

* 141 Mitterrand, cité par Z. Ngniman, Cameroun, la démocratie emballée, Ydé, clé, 1993, p. 212.

* 142 F. Bitee, la transition..., p. 53.

* 143 J.-F. Bayart, « La Baule et après... », Afrique politique, 1993, p. 21.

* 144 C'est nous qui soulignons

* 145 F. Bitee, La transition..., p. 54.

* 146 C. Gueguim Zébazé, « les scrutins pluralistes de 1992... », p. 14.

* 147 P. Yambé Tchientcheu, le Social Democratic Front se meurt-il ?, Paris, Ed. biblio-Europe, 1999, p. 23.

* 148 C. Gueguim Zébazé, «Les scrutins pluralistes de 1992... », p. 18.

* 149 J. Takougang, environ 60ans, politicien, Ydé le 02 Février 2012, 19h25

* 150 A.D. Olinga, La constitution de la république du Cameroun, Ydé, éd. Terre Africaine, 2006, p.68.

* 151 V. Ndi Mbarga, Rupture et continuité au Cameroun... p. 134.

* 152 A. Mehler, « Cameroun : la transition qui n'a pas eut lieu ...», p. 104.

* 153 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun...p. 59.

* 154 M. Lobé Ewané « Yaoundé n'a pas pris son parti », Jeune Afrique Economie, N°131, Mai 1990, p.120.

* 155 G. Gueguim Zébazé, « les élections pluralistes de 1992 au Cameroun... », p.20.

* 156 P. Yambé Tchientcheu, Le Social Democratic Front...p. 22.

* 157 Http : // www.Sdfparty.org/french/communiqués/124.php/ consulté le 14 Décembre 2011 à 18h30.

* 158 Il existe une vive polémique quant à la cause des morts ; Pour le gouvernement on parle de « six morts piétinés » tandis que l'opposition parle de « morts par balle ». L'autre polémique porte sur le nombre exacte de victimes. Pendant que la presse nationale annonçait six morts des radios privées comme BBC annonçaient un mort.

* 159 C.-G. Mbock, Cameroun, l'intention démocratique, Ydé, SOPECAM, 1992, p. 8.

* 160 Allocution du chef de l'Etat au congrès du RDPC, Cameroun Tribune n°4347 du 02 Juillet 1990, p.6.

* 161 Ceci est d'autant plus vrai que durant le mois de mars 1990, Bello Bouba Maigari lance l'UNDP à paris avec l'aide de quelques amis. Dans le même temps, l'UPC est en ordre de passage pour tenter une unification de ses différentes factions.

* 162 L. Sindjoun, « Le président de la république du Cameroun... », p. 86.

* 163 «Les lois de la session des liberté », Cameroon Tribune, n°4709 du Jeudi 20 Décembre 1990, Cf. Annexe 1.

* 164 T. Bodo Messina, « De «la conférence de la table ronde (1959)» à la « conférence nationale souveraine (1991)» : permanence de l'attitude des acteurs politiques camerounais », mémoire de maitrise en histoire, UY1, 2008, p. 28.

* 165 C. Gueguim Zébazé, « les scrutins pluralistes de 1992... », p. 22.

* 166 H. Kamgang, environ 65 ans, politicien, le 12 Mars 2012 à Yaoundé.

* 167 La session des libertés de l'AN se tient en Novembre 1990 sous la présidence de Fonka Shang Lawrence. Elle adopta plusieurs lois réhabilitant les libertés dans tous les domaines de la vie publique

* 168 O. J. Tobie, La Décennie Biya : de la grâce à la disgrâce, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 171.

* 169 L. Sindjoun (Dir.), La révolution passive au Cameroun. Politique parlementaire et politique autoritaire, Dakar, CODESRIA, 2002, p. 12.

* 170 V. Ndi Mbarga, Rupture et continuité au Cameroun...p. 146.

* 171 P. Njawé, « la démocratie bégaie », le Messager, n°210-211 du 24 Janvier 1991, p. 8.

* 172 Manga Kuoh, Cameroun. Un nouveau départ, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 80.

* 173 Hameni Bieuleu, interview recueilli par Challenge hebdo, n°0037 du 19 au 26 Juin 1991, p. 9.

* 174 En effet, la hantise d'un jugement pareil à celui de Mathieu Kérékou n'enchante pas le gouvernement de Biya.

* 175 P. Biya, Cameroon Tribune, n°4852 du 24 au 25 Mars 1991, p. 3.

* 176 P. F. Ngayap, L'opposition au Cameroun. Les années de braise, Paris, L'Harmattan, 1999, pp. 11-12.

* 177 Ibid., p. 26.

* 178 V.O. Ndzana, « 18 Avril 1991-18 Avril 1992, villes mortes, un anniversaire symbole », Challenge Hebdo, n°067 du 22 Avril 1992, p. 15.

* 179 J.B. Placca, « le peuple cherche un vrai héros », Jeune Afrique Economie, n°149, novembre 1992, p. 94.

* 180 L. A. P. Amougou Mbida, « Les villes mortes au Cameroun. Etude historique et impact socio-économique », mémoire de maitrise en histoire, UY1, 2005, p. 53.

* 181 Z. Ngniman, Cameroun, la démocratie dans l'impasse..., p. 189.

* 182 M. E. Owona Nguini, « La sociogenèse de l'ordre politique au Cameroun : entre autoritarisme et démocraties (1978-1996), thèse de doctorat en science politique, Institut d'Etude Politique de Bordeaux, 1997, p. 645.

* 183 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit au Cameroun..., p. 95.

* 184 L. Onana Mvondo, 1990-1992 au Cameroun : chronique des années rebelles, Paris, éd. Des Ecrivains, 2004, p. 218.

* 185 Il faut tout de même relever que seul le SDF n'a pas parapher la déclaration finale de le tripartite car il avait refusé de participer aux négociations secrètes qui se poursuivaient entre les leaders de l'opposition et le gouvernement pendant la période de suspension.

* 186 Ngouo Woungly Massaga (commandant Kissamba), Combat pour la démocratie, Ydé, éd. Saint Paul, 1994, p. 26.

* 187 C. Gueguim Zébazé, « les élections pluralistes de 1992... », p. 30.

* 188 Woungly Massaga, Environ 80 ans, politicien, le 24 Novembre 2011 à Ydé.

* 189 J. Ouafo, environ 60 ans, politicien, Le 08 Janvier 2012 à Bafoussam.

* 190 L. Onana Mvondo, 1990-1992 au Cameroun..., p. 328.

* 191 Cf. Annexe 2.

* 192 S. Huntington, Troisième vague, les démocratisations de la fin du XXème siècle..., p. 246.

* 193 S. Fordita, Politicien, membre de la cellule de communication du SDF, environ 60 ans, Le 06 Janvier 2012 à Bafoussam.

* 194 L. Sindjoun, « le président de la république du Cameroun... », p. 91.

* 195 K. Fonju Njuafack, «The influence of the USA in the democratization process in central Africa ...» , p. 258.

* 196 Cf. Annexe 3

* 197 N. Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1995, p.118.

* 198 J. Takougang, politicien, membre du SDF, environ 65 ans, Le 09 février 2012 à Ydé.

* 199 R. S. Z. Nyanid, « crise de la démocratisation et démocratisation de crise... », p. 34.

* 200 Ce terme est de Mathias Eric Owona Nguini dans sa thèse précitée

* 201 Il faut v relever à cet égard le rapport du National Democratic Institute (NDI) sur les élections pluralistes de 1992 au Cameroun, Cf. Annexe 4.

* 202 Z. Ngniman, Cameroun, la démocratie emballée..., p. 84.

* 203 Cf. Annexe 5.

* 204 Woungly Massaga, Combat pour la démocratie..., p. 69.

* 205 N. Mouelle Kombi, « Les dispositions relatives aux conventions internationales dans les nouvelles constitutions des Etats d'Afrique francophone », A. A. Yusuf (dir.), African yearbook of international Law, La Haye, 1993, p. 235.

* 206 A. D. Olinga, La constitution de la république du Cameroun, Yaoundé, éd. Terre Africaine/presse de l'UCAC, 2006, p. 22.

* 207 Ibid., p. 48.

* 208 Abel Eyinga, 73ans, Politiciens, 12 décembre 2011 à Ebolawa, 14h50.

* 209 Ibid.

* 210 A. D. Olinga, La constitution de la république..., p. 2.

* 211 A. Muka, environ 50 ans, politicien, 06 Janvier 2012 à Bamenda.

* 212 C.-G. Mbock, environ 55 ans, politicien, Janvier 2012 à Ydé.

* 213 Ibid.

* 214 Il faut dire que monsieur Tchouta Moussa, alors directeur général de l'office national des ports du Cameroun (ONPC) était en désaccord avec monsieur Niat, considéré comme son mentor. En vertu de la logique de l'allégeance bureaucratique, il n'avait pas reçu l'assentiment de son patron.

* 215 Le nombre de siège non attribué résulte des cas où  les élections avaient été annulées. Ils ne seront attribué qu'à l'issue des partielles organisées peu de temps après.

* 216 F. Bitee, La transition démocratique..., p. 88.

* 217 Z. Ngniman, Paul Biya, la magistrature présidentielle apaisée ?, Ydé, édi'Action, 1998, p. 28.

* 218 Y.-A. Chouala, « L'action internationale de l'opposition : la transnationalisation de la vie internationale camerounaise », L. Sindjoun, Comment peut-on être opposants au Cameroun ? Politique parlementaire et politique autoritaire, Dakar, CODESRIA, 2004, p. 308.

* 219 C. Malliat, « Yaoundé accueille l'OUA », Jeune Afrique Economie, hors série, Cameroun : cap sur l'an 2000, coll. Nouveaux marchés, Aout 1996, p. 19.

* 220 Y.-A. Chouala, « l'action international de l'opposition camerounaise...», p. 316.

* 221 Ibid. Il faut dire qu'il avait déjà été mainte fois approché par le passé pour négocier le processus de pacification du Cameroun. C'est le cas de Desmond Tutu qui avait entrepris une médiation en novembre 1992 entre le gouvernement et Fru Ndi après les élections mouvementées de 1992, du Secrétaire Général du Commonwealth Chief Emeka A. Oku lors de sa visite officielle du 12 au 23 Juin 1993 et de monsieur Jacques Godefrain, ministre français délégué à la coopération qui rencontra également Fru Ndi lors de sa visite officielle au Cameroun en Mars 1996.

* 222 Y.-A. Chouala, « l'action international de l'opposition camerounaise...», p. 324.

* 223 Ibid., p. 322.

* 224 V. Hodonou, « sept ans de stagnation !», Afrique-Asie, n°99, Décembre 1997, p. 68.

* 225 A. Ngando, L'affaire Titus Edzoa, revue de la presse camerounaise, Paris, L'Harmattan, 2000, p. 68.

* 226 Z. Ngniman, Paul Biya, la magistrature..., p. 68.

* 227 Z. Ngniman, Paul Biya, la magistrature..., p. 5.

* 228 P. Njawé, « une formalité électorale », Le messager, n°343 du 04 Novembre 1997, p.2.

* 229 Z. Ngniman, Paul Biya, la magistrature..., p. 47.

* 230 Z. Ngniman, Les chemins de la démocratie, un pari perpétuel, Ydé, édi'Action, 2003, p. 45.

* 231 Manga Kuoh, Cameroun, un nouveau départ..., p. 45.

* 232 P.-M. Defarges, La gouvernance, Paris, PUF, 2003, p. 6.

* 233Ibid., p. 19.

* 234 P.-M. Defarges, La gouvernance..., pp. 39-40.

* 235 J.-P. Gaudin, Pourquoi la gouvernance ? , Paris, Presse de science Politique, 2002, p. 127.

* 236 Ibid., p. 99.

* 237 J.-B. Talla, « controverse autour d'un communiqué de presse : Transparency International et le Cameroun », P. Titi Nwel, De la corruption au Cameroun, Ydé, Friedrich Ebert Stiftung, Juin 1999, p. 233.

* 238 S. Huntington, Troisième vague, les démocratisations de la fin du XXème siècle...p. 288.

* 239 Dieudonné Oyono, Coordonnateur national du PNG, Actions Economiques du Cameroun, Service du Premier Ministre, 2004, p. 54.

* 240 Actions Economiques du Cameroun, Service du Premier Ministre, 2004, p. 56.

* 241 Cf. Annexe 6 sur la déclaration d'approbation du PNG.

* 242 L.-R. Ngimbog, « La justice administrative à l'épreuve du phénomène de la corruption au Cameroun », Droit et Société, n°51/52, 2002, pp. 301-323.

* 243 Ibid., p.304.

* 244 A.-D. Olinga, La constitution de la république du Cameroun ..., p.227.

* 245 Ibid.

* 246Ibid., p. 228.

* 247C. G. Mbock, environ 55 ans, politicien, Ydé le 19 Janvier 2012.

* 248 C.-G. Mbock, environ 55ans, politicien, Janvier 2012 à Ydé.

* 249 Moukoko Priso, Kamerun/ Cameroun : la transition..., p. 145.

* 250 Z. Ngniman, La paix au Cameroun. Un impératif absolue, Ydé, Edi' Action, 2000, p. 175.

* 251 F. Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya..., p. 182.

* 252 Banque Mondiale, rapport annuel, « les économies de l'Afrique subsaharienne », http:// www. Undp.org/le sous-développement de l'Afrique/le taux de chômage au Cameroun/, consulté le 22 Janvier 2012 à 18h55.

* 253 Z. Ngniman, Les chemins de la démocratie. Un pari perpétuel, Ydé, Edi' Action, 2003, p. 93.

* 254 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun..., p. 115.

* 255 Propos de monsieur Bell Luc René, alors délégué Général à la sureté nationale

* 256 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun..., p. 116.

* 257 Z. Ngniman, Les chemins de la démocratie..., p. 93.

* 258 F. Dorse, « Entretien avec le Cardinal Christian Tumi », Jeune Afrique Economie (JAE) n°317 du 02 au 15 Octobre 2000, p. 46.

* 259 Z. Ngniman, Les chemins de la démocratie...p. 95.

* 260 ONUDC, (Resolution A/RES/55/61), New York, NU, 2000.

* 261 Ibid.

* 262 Ibid.

* 263 Voir à cet effet la résolution A/RES/58/4 du 31 Octobre 2003. Elle est dite convention de Mérida par opposition à la convention dite de Palerme de la même année pour la lutte contre les stupéfiants et les drogues illicites.

* 264 Article 1 de la Convention. Malheureusement, nous ne pouvons reproduire dans toute sa totalité et sa globalité ladite convention dans ce travail puisqu'elle est assez longue et assez étoffé pour être prise comme document annexe. Nous ferons néanmoins une analyse minutieuse de toutes les parties de cette convention notamment celles relatives et transposables dans la situation camerounaise.

* 265 Article 2 de la convention.

* 266 Articles 5 et 6 de la convention.

* 267 Articles 15 à 17, 23 et 25.

* 268 Articles 18 à 22 de la convention.

* 269 Article 32 à 35 de la convention.

* 270 Articles 43 à 50 de la convention.

* 271 Articles 51 à 59 de la convention.

* 272 Articles 51, 53 à 55, 57de la convention.

* 273 Articles 52, 53, 31de la convention.

* 274 Articles 60 et 62 de la convention.

* 275 J. Hirakawa, «comprendre la convention de Mérida », http:// www.google.fr/la convention des Nations Unies contre la corruption/, le 12 Février 2012 à 18h35.

* 276 Cf. Loi n° 2004/010 du 24 Avril 2004 autorisant le Président de la République à ratifier la convention des Nations Unies contre la corruption du 31 Octobre 2003.

* 277 V.S. Zinga, « la vérité en face », émission sur Equinoxe TV, entretien avec Charly Gabriel Mbock auteur de l'opération épervier : un devoir d'injustice ?, le 08 Janvier 2012, 22h.

* 278 V. S. Zinga, «La vérité en face »...

* 279 Ibid.

* 280 Donnés économique du gouvernement 2004...p. 24.

* 281 Z. Farès, Afrique et démocratie. Espoirs et illusions, Paris, L'Harmattan, 1992, p. 75.

* 282 Programme conjoint de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International mis sur pied en Septembre 1996 et qui vise à atténuer les inconvénients sociaux des PAS. Dans son principe, la dette n'est pas annulée mais le service de la dette est transféré dans un compte spécial pour servir à des fins purement sociales : éducation, santé, développement des infrastructures de communication...Cf. à cet égard Touna Mama, l'économie camerounaise, un nouveau départ, Paris, Afrédit, 2008.

* 283 Cela signifie que l'on reste dans la logique des PAS c'est-à-dire un désengagement de l'Etat, mais les ressources financières octroyées par la communauté Internationale sont directement acheminées vers les groupes de la société civile.

* 284 Pour atteindre le point de décision, le pays doit satisfaire à un certain nombre de critères parmi lesquels : pouvoir faire face à un volume de la dette insupportable, engager des réformes politiques et économiques, formuler un Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP). Au terme du respect de ces critères, le conseil d'Administration de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International décide officiellement de l'admissibilité du pays. Ainsi, la communauté internationale décide de ramener la dette du pays au seuil de viabilité c'est-à-dire à un niveau tel qu'il peut lui-même supporter le remboursement.

* 285 I. Tamba, Stratégies de désendettement et politique de développement au Cameroun : ruptures, permanences ou continuités ?, Ydé, Friedrich Ebert Stiftung, 2002, p. 80.

* 286Ibid., p. 98.

* 287 D. Boukongou (Dir.), De la pauvreté au Cameroun, Ydé, Presse de l'UCAC, 2005, p. 62.

* 288 Z. Farès, Afrique et Démocratie...p. 146.

* 289 H. Kamgang, environ 65 ans, politicien, 12 Mars 2012 à Ydé.

* 290 L. Sindjoun, L'Etat ailleurs. Entre noyau dur et case vide, Paris, Economica, 2002.

* 291 Nous reprenons ici l'expression d'A. Mehler, «Cameroun : la transition qui n'a pas eu lieu »...p. 234.

* 292 F. Bitee, La transition démocratique au Cameroun...p. 94.

* 293 P. Tourel, « Cameroun : Biya pour toujours ? », Afrique-Asie, n°182, novembre 2004, p. 18.

* 294 Ibid., p. 21.

* 295 J. F. Bayart, L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1995.

* 296 P. Tourel, «Cameroun : Biya pour toujours ? »..., p. 24.

* 297 F. Pigeaud, Au Cameroun de Paul Biya...p. 168.

* 298 A. D. Olinga, La constitution de la république du Cameroun...p. 236.

* 299 Ibid., p. 237.

* 300 A.D. Olinga, La constitution de la république du Cameroun...p. 234.

* 301 Ibid.

* 302 Ibid., p. 235.

* 303 Touna Mama, L'économie camerounaise...p. 204.

* 304 Z. Ngniman, La paix au Cameroun...p. 107.

* 305 « Discours à la Nation de Paul Biya », Cameroon Tribune, n°12235 du 03 Janvier 2006, pp. 2-6.

* 306 G. Dougueli, «le bien fondé de l'épervier ? », Jeune Afrique, n°2553 du 03au 07 Décembre 2009, p. 33.

* 307 G. Dougueli, « la dernière proie de l'épervier », Jeune Afrique, n°2574 du 09 au 15 Mai 2010, p. 32.

* 308 F. Soudan, « Biya lave plus blancs », Jeune Afrique, n° 2574 du 09 au 15 Mai 2010, p. 34.

* 309 Ibid.

* 310O. vallée, La police morale de l'anti-corruption, Paris, Karthala, 2010, p. 128.

* 311 Touna Mama, L'économie camerounaise..., p. 332.

* 312 F. Eboussi Boulaga, La démocratie de transit au Cameroun..., p.78.

* 313 Atlas du monde diplomatique, Hors série, « L'Afrique au tournant », Novembre 2009, p. 170.

* 314 C'est nous qui Soulignons.

* 315 J. Noa Biyegue, «Le processus de démocratisation en Afrique : un mariage à négocier entre tradition et modernité», Thèse de doctorat Ph D en Sociologie, UY I, 2003, p. 48.

* 316 Ibid., p. 124.

* 317 P. Hountonji, « la démocratie aujourd'hui», Afrique 2000, n° 1, Avril-Juin 1990, pp.61-62.

* 318 C'est nous qui soulignons

* 319 L'atlas du monde diplomatique..., p. 174.

* 320 Mongo Béti, La France contre l'Afrique..., p. 149.

* 321 Service OEcuménique pour la paix et la promotion humaine, Les élections camerounaises de 1997, Ydé, Service Humanus, 1998, p. 11.

* 322 R.-M.-L. Onana, «La problématique de la transition démocratique...», p. 54.






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