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Le symbole de la paix dans le processus de démocratisation des régimes monolithiques d'Afrique noire. Le cas du Cameroun

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par Fridolin Martial FOKOU
Ecole normale supérieure de l'Université de Yaoundé I - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade 2012
  

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Chapitre I

LES FACTEURS DE LA LIBERALISATION POLITIQUE AU CAMEROUN (1982-1990). LES PREMICES DE LA DEMOCRATISATION.

Les réalités d'un système monolithique étaient perceptibles au Cameroun comme partout en Afrique. Mais, la dynamique internationale allait avoir raison des comportements politique au Cameroun car, si la passation de pouvoir de 1982 apparaissait comme un moment important dans l'évolution politique au Cameroun, il faut dire que les évènements ayant suivi cette passation de pouvoir ont bien montés au combien « les mentalités avaient la peau dures ». C'est donc pourquoi il est important de s'arrêter un instant sur ce moment crucial afin d'en comprendre et d'en déceler une fois les tenant et les aboutissants de cette passation de pouvoir. Cela nous amènera sans doute à comprendre pourquoi malgré les espoirs qu'elle a suscité, la réalité fut tout autre. à une époque où l'opinion publique international était résolument en faveur des régimes démocratiques, le gouvernement camerounais consentira, il est vrai malgré elle, à une ouverture politique. Ainsi, ce chapitre mettra donc en exergue concomitamment, les différents facteurs ayant présidés au retour à l'expérience démocratique au Cameroun.

I- Les facteurs externes : la fin de la guerre froide et la légitimation du «discours de la paix».

Le fonctionnement du monde au lendemain de ce que Paul Ricoeur a qualifié « d'évènement-monstre » 69(*) de 1945 est caractérisé par la bipolarité. Constituée de ses logiques propres, la guerre froide était une sorte de conflit de positionnement entre les deux grandes puissances de l'époque. Dans cette guerre de positionnement, la partie du monde qui allait en pâtir était sans nul doute le tiers monde et spécifiquement l'Afrique, tributaire de cet état de chose. C'est pourquoi l'avènement de la fin de la guerre froide est fondamental à plus d'un titre. En effet, après y avoir installé des éléments de « déstabilisation », le « gentleman agreement » militait désormais pour la promotion des valeurs de paix et de stabilité à l'échiquier international. Ce qui supposait, spécifiquement pour l'Afrique noire le début de la fin des « autocraties » car la fin de la guerre froide signifiait aussi fin « supposée du communisme »70(*) et donc le passage à un monde « uni-centré » où les régimes capitalistes imposent désormais leurs lois.

A- L'effet Gorbatchev ou «la fin du bloc de l'Est».

L'évolution des évènements mondiaux après 1945 est caractérisé par la bipolarisation du monde et donc de l'évolution du système communiste. Cependant, au milieu des années 1970, l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques(URSS) commence à connaitre des problèmes d'ordre interne dû à la crise économique. C'est dans ce contexte que Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir et y entreprend une restructuration du système politique soviétique.

1- Le système soviétique à la veille de l'arrivée de Gorbatchev.

Caractériser le système soviétique avant l'arrivée de Gorbatchev revient à mettre en exergue les différents problèmes dont souffre l'URSS à partir de la fin des années 1970.

En effet, l'URSS est gouvernée par l'entremise du Secrétariat général du parti communiste. C'est donc le secrétaire général du parti qui fait office de chef de gouvernement. Mais, à partir de 1970, des voix s'élèvent au sein du parti afin de remettre en question l'autorité du Secrétaire général. Heffer y notera dans cette logique que,

malgré le fait que l'autorité suprême de l'Etat repose sur les épaules du Secrétaire général du parti communiste, qui n' a certes plus le pouvoir de décider de tout comme à l'époque de Staline, mais dispose au nom du centralisme démocratique , de la capacité de fixer les grandes lignes de l'action politique, le poste fut cependant confié à des hommes âgés et malades entre 1973 et 198571(*).

C'est dire que l'une des raisons de l'affaiblissement du communisme est due à la gérontocratie de ce régime. Et pour cause, lorsqu'on observe attentivement les différents secrétaires généraux ayant précédés Mikhaïl Gorbatchev, l'on est frappé des contrastes qui existent entre les uns et les autres. On prendra pour illustration ici Léonid Brejnev (Octobre 1964- Novembre 1982) dont on accusait d'avoir un sérieux penchant pour Bacchus72(*) et dont le règnent est caractérisé par une extrême corruption73(*). A sa mort à l'âge de 76 ans, il fut remplacé par un autre vieillard, Jouri Andropov (68 ans) qui, atteint d'une maladie rénale, n'occupe le poste que pendant quinze mois (Novembre 1982- Février 1984). Il fut à son tour remplacé par Constantin Tchernenko, 72 ans, dont la santé chancelante rappelle déjà Brejnev. A l'entendement donc, l'URSS fut traversé pendant cette période d'une crise d'autorité qui l'a amené à faiblir et à faire du champ au capitalisme en pleine expansion.

L'absence d'une « autorité forte » à la tête de l'Etat a entrainé le pays dans une sorte de laisser-aller. C'est pourquoi,

Le choix de Gorbatchev comme secrétaire général du parti communiste ne permet pas de déduire ce que sera l'évolution future de l'Union Soviétique, mais au moins sa relative jeunesse met un terme à une période où les responsabilités suprêmes du pays ont été confiées à des vieillards malades.74(*)

A coté de ces dysfonctionnements structurels de l'élite dirigeante de l'Union Soviétique, l'on constate également une économie en totale déliquescence. De fait, «  à la fin des années 1970 », « l'économie soviétique est entrée dans une crise structurelle »75(*). L'URSS est ainsi traversée par de nombreux maux tels que la pénurie de logement, l'absence des produits de consommation, ainsi que le taux de chômage élevé à hauteur de 62%. Cela a des répercussions sur le taux de croissance de l'URSS qui baisse d'année en année pendant que les industries peinent à apporter l'excédent d'autrefois. Ainsi, le tableau ci-après présente l'évolution du taux de croissance de l'URSS entre 1961 et 1982 :

Tableau n°1 : taux de croissance de l'URSS sous Brejnev, en % et par an.

 

Produit National Brut (PNB)

Industries

1961-1970

5,0

6,5

1971-1975

3,8

5,8

1976-1980

2,8

3,4

1981-1982

1,2

3,0

Source: J. W. Parker, Kremlin in transition, vol 1, Boston, Boston university press, 1991, p.76.

L'on comprend dès lors à partir de ce tableau que le taux de croissance de l'URSS a commence à régresser dès 1971, traduisant ainsi l'absence d'une politique économique appropriée. La faiblesse des industries soviétiques augurent du retard que ce dernier enregistrait déjà par rapport à sa rivale du bloc capitaliste. Néanmoins, il convient de ne pas justifier ce retard par ce seul fait de la crise économique. En effet, l'on peut également faire le constat selon lequel la plupart de ressources économiques de l'Union soviétique était détourné vers le secteur militaire sans doute pour ne pas perdre du pied dans le domaine des armements. C'est cette situation qui a sans doute justifié la régression de l'économique76(*). Il n'en demeure toutefois pas moins que tous « les chiffres sont au rouge »77(*) en Union soviétique. Le taux de croissance continuera sa décrépitude jusqu'au tournant de l'année 1985 comme nous le confirme ce tableau :

Tableau n° 2 : Taux de croissance annuel moyen de l'économie soviétique (en %)

 

1971-1980

1981-1985

1

5,30

3,20

2

3,70

2,00

3

2,00

0,59

4

3,50

0,65

1= Revenu National (chiffre officiel)

2= PNB

3= Revenu National

4=Produit Social Brut

Source : M. Ferro, Mélanges. De la Russie et d'ailleurs, Paris, Plon, 1995, pp.216-218.

Ainsi, à l'analyse, la situation de l'Union soviétique en 1985 était proche du tragique et même du néant, annonçant par là même une période tumultueuse dont Gorbatchev en sera le principal artisan.

* 69 Pour Paul Ricoeur et Fernand Braudel, l'évolution de l'histoire se fait de rupture et de continuités. Les ruptures se manifestants très souvent lorsque un évènement restructure toute l'évolution du monde après s'être produit. A l'opposé de ce concept d'évènement- monstre, Fernand Braudel a parlé de « phénomènes de surface » pour qualifier les évènements qui donnent l'impression d'influencer le cours de l'histoire mais qui en réalité n'en influence point. A cet égard, la Deuxième guerre mondiale apparait comme un évènement-monstre car il restructure et redéfini l'évolution du monde après 1945. Cf. pour cette question l'article de Z. Laïdi, « le temps mondial », M. C. Smouts, les nouvelles Relations Internationales : théories et pratiques, Paris, presse de science Pô, 1997 ou encore F. Braudel, Ecrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1977.

* 70 Cette assertion est cependant à relativiser car même si la guerre froide est formellement terminée, elle demeure fondamentalement présente en raison de l'existence de certains vestiges de cette période comme la division de la Corée ou encore l'existence du régime communiste en Chine.

* 71 J. Heffer, La fin du XXème siècle, Paris, Hachette, 1995, p. 37.

* 72 Dieu grec de la boisson et de l'alcool.

* 73 J. Heffer, La fin du..., p.38.

* 74 Ibid.

* 75 J. Sapir, « Ruptures et continuités dans l'histoire économique russe et soviétique. Le dialogue entre économistes et historiens : nécessaire et impossible ? », M. Ferro (dir.), Mélanges. De la Russie et d'ailleurs, Paris, Plon, 1995, p.92.

* 76 J. Sapir (dir.), L'URSS au tournant : une économie en transition, Paris, Economica, 1990, p.102.

* 77 Ibid., p.104.

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