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Dedollarisation : enjeux, regard et perspectives

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par Espoir KAHENGA KALEMBO BUTALELE
Université de Lubumbashi - Licence 2014
  

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IV.2. TIMING D'UNE NOUVELLE RÉFORME MONÉTAIRE

Aussitôt que le pays aura retrouvé son intégrité territoriale et la paix sur l'ensemble du territoire national, et après avoir mis en place les institutions légales (le Sénat et les Assemblées Provinciales actuels sont hors mandat), et parce que l'indépendance de la Banque centrale est prescrite par la Constitution du pays et ses propres statuts, il serait opportun de réformer la Banque Centrale du Congo, le secteur financier et celui de la monnaie, qui devront apporter un appui sans faille aux efforts de mobilisation de ressources indispensables à la mise en oeuvre d'une véritable nouvelle vision de développement du pays. Cette réforme devra utilement compléter les efforts de redressement économique entrepris par le Gouvernement dans tous les secteurs en vue de relancer l'économie nationale et de créer la base d'une croissance économique durable, condition requise pour générer des emplois et améliorer les conditions sociales de la population.

Une nouvelle réforme monétaire est fondamentale pour plusieurs raisons. D'abord parce que, nonobstant la mise en circulation de coupures de 1.000 ; 5.000 ; 10.000 et 20.000 Francs congolais en juillet 2012, la nomenclature actuelle des billets est hors d'état d'usage. Leur coût de fabrication étant devenu trop élevé relativement à leur valeur faciale, la monnaie congolaise est obsolète, sale et difficilement utilisable. Ensuite, parce qu'il existe au Congo deux masses monétaires distinctes (francs congolais et dollars américains, respectivement). Faute de pouvoir contrôler la masse monétaire en dollars la plus importante en volume la Banque centrale ne peut pas conduire une politique monétaire crédible car tous ses instruments (taux directeurs, taux de réserves obligatoires, et interventions sur le marché de change) sont sans effet réel, mesurable et durable sur l'économie. Une bonne illustration de cette incapacité est la disparité entre le taux directeur de la Banque centrale (environ 3%) et les taux d'intérêt commerciaux des banques commerciales, qui oscillent entre 19 et 22% actuellement. L'irrationalité d'un tel écart montre que les mécanismes de transmission de la politique monétaire ne fonctionnent pas normalement en RDC, d'où la nécessité de réformer profondément et de façon synchronisée la Banque centrale, le secteur financier et la monnaie. Une approche parcellaire ne suffit pas. La réforme monétaire ne doit pas non plus être perçue comme la simple introduction de signes monétaires de grande dénomination (par ailleurs porteurs d'un effet psychologique hyper-inflationniste important), qui serait promise à des conséquences dévastatrices sur le pouvoir d'achat de la population. Le public congolais en a déjà souffert dans le passé.

La Banque centrale et le Gouvernement doivent donc travailler ensemble à rétablir une discipline permettant la conception et la mise en oeuvre d'une politique monétaire et de change saine et crédible. Il s'agit de réinstaurer un État de droit fonctionnel respectueux des statuts de la Banque, de soutenir la politique économique du Gouvernement et la vision de développement du pays, de respecter les principes d'orthodoxie budgétaire et financière, de coordonner efficacement les politiques monétaires et budgétaires, de compter sur l'engagement et le leadership du ministère des finances dans la restructuration du secteur financier et sur l'engagement de la Banque centrale à se restructurer pour devenir une institution moderne en hommes, instruments, politiques et infrastructures. Cette discipline exige une volonté politique ferme de mettre fin, méthodiquement, à la dollarisation ; de redresser le déficit de l'autorité monétaire ; de permettre à la Banque de jouer son rôle de prêteur de dernier ressort en cas de difficultés du système financier pour rétablir la souveraineté monétaire nationale dans l'intérêt supérieur du pays et du peuple congolais.

Les perspectives d'une monnaie nationale attractives sont liées à celles de l'économie congolaise et requièrent l'engagement de réformes multisectorielles en particulier dans l'assainissement des finances publiques ; la poursuite du renforcement de l'intégration économique nationale, de la stabilité socio-politique, de l'amélioration de la gouvernance politique et économique, de la mise en place d'un environnement incitatif pour le secteur privé, de la construction d'infrastructures économiques et sociales, de la valorisation des ressources humaines et naturelles et de la relance durable de la production nationale.

Nous sommes conscient qu'on ne peut pas simplement éradiquer la dollarisation avec une baguette magique. Il convient de procéder par étapes, en commençant par changer les conditions qui ont conduit à la perte de confiance dans la monnaie nationale. C'est pour cette raison qu'une stratégie globale de développement du secteur financier, de développement du secteur privé et de relance économique est primordiale, et qu'il importe d'inscrire cet exercice dans le cadre d'un programme intégré visant à mettre en place progressivement un véritable État de droit en République Démocratique du Congo.

Contrairement aux pratiques et normes internationales favorisant l'indépendance de la banque et de la politique monétaire, la République Démocratique du Congo a commis l'erreur de se doter d'un Comité de Politique Monétaire incluant des représentants de la présidence de la république, de la primature, du ministère des finances, et du ministère du budget. Là où un seul représentant du Ministère des Finances pouvait satisfaire à l'exigence de coordination entre la Banque centrale et l'exécutif, l'institut d'émission a créé en 2011 une structure bureaucratique superflue. Ces balbutiements dans le  domaine critique de la politique monétaire soulèvent la question fondamentale d'une vision appropriée pour un Congo nouveau que les 70 millions de ressortissants de ce pays appellent maintenant de tous leurs voeux.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius