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Construire une démocratie consociative en afrique subsaharienne. cas de la république démocratique du congo

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par David NZENZE
Université de Kinshasa (RDCongo) - Licence en Sciences Politiques et Administratives 2015
  

Disponible en mode multipage

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EPIGRAPHE

« Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens » Proverbe africain

« Lorsque tu vas au marigot et que quelqu'un te lave le dos, tu peux au moins te frotter le ventre » Proverbe africain

« Si la démocratie était une baguette magique, les occidentaux la cacheraient jalousement afin de résoudre tous leurs problèmes » NZENZE EGBONENE David

LES ABREVIATIONS

B.C.E. : Banque Centrale Européenne

B.M. : Banque Mondiale

C.E. : Commission Européenne

C.N.T. : Conseil National de Transition

EPRDF: Ethiopian Peoples Revolutionary Democratic Front

Etc. : Et cetera (et le reste)

F.M.I. : Fonds Monétaire International

M.O.N.U.S.CO. : Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo

O.M.C: Organisation Mondiale du Commerce

O.N.U. : Organisation des Nations Unies

O.T.A.N. : Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

R.D.C. : République Démocratique du Congo

R.F.I. : Radio France Internationale

U.E: Union Européenne

U.R.S.S. : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

U.S.D.: United States Dollar (Dollar des États-Unis)

0. INTRODUCTION GENERALE

1. Etat de la question

Même si la problématique est posée de façon pertinente, il est recommandé de vérifier les résultats des recherches antérieures ainsi que toute la documentation sur la théorie qui pourraient se rapporter au thème sous examen1(*).

A cet effet, la rédaction du présent travail n'est pas un fait hasardeux, il est le fruit d'une lecture objective des travaux relatifs à la démocratie en Afrique subsaharienne en général et au Congo(RDC) en particulier. Parmi lesquels nous citons :

FILIP REYNTJENS, dans son article intitulé « Coopération : qui perd ? Qui gagne ? L'échec d'une génération », cet auteur constate que le souci de démocratisation a déstabilisé de nombreux pays d'Afrique [...]. De ce fait, il aboutit à la conclusion selon laquelle, il ne faut pas chercher à imposer le modèle occidental de la démocratie. Le problème de l'Afrique, c'est de découvrir quel modèle serait opérant »2(*)

Quant à MBADU KIA MANGUEDI CHARLES, dans son ouvrage intitulé : Le propos d'une démocratie africaine : de l'arithmétique à l'éthique sur le livre de NGOMA BINDA, une démocratie libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique. Cet auteur remarque que presque partout on réclame l'avènement de la démocratie. Les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe veillent et grondent, conditionnant l'aide au développement à l'instauration de la démocratie, à la bonne gouvernance, au respect des droits de l'homme. Pour ces raisons, la question que l'on oublie souvent, dit-il, et que l'on devrait absolument se poser, est : Quelle démocratie ? Les intentions américano-européennes sont-elles sincères ? Ne risquons-nous pas de tomber dans le même piège que lors des indépendances ? Car en réalité, aucune conscience droite ne peut comprendre que les puissances revendiquent la démocratie et qu'en même temps elles s'adonnent intensément à l'entreprise d'esclavage, de colonisation, de néo-colonisation, d'oppression politique et d'exploitation économique, de financement des guerres et rébellions diverses3(*).

Pour sa part, ZAHIR FARES, dans son ouvrage intitulé : Afrique et démocratie. Espoir et illusions, estime que l'Afrique est un continent de tous les accueils, de toutes les fraternités, et qui, docilement, a toujours accepté les modèles qu'on lui propose. Modèle de développement autocentré, modèle de démocratie, programme d'ajustement structurel, programme de promotion des exportations, développement du secteur d'Etat, priorité au secteur privé ; l'énumération de toutes les mesures mises en oeuvre depuis trente ans serait fastidieuse. Pour finir, cet auteur pense que si la démocratie est la reconnaissance du droit des peuples à gérer librement leurs affaires, il revient à l'Afrique d'apporter librement sa contribution à l'enrichissement de cette idée4(*).

Et selon MPUNDU JOSÉ, dans son ouvrage « Démocratie » cet auteur trouve qu'aujourd'hui, on parle partout de la démocratie. Nous entendons critiquer le gouvernement, le chef de l'Etat, les hommes politiques de tout bord. Certaines choses que l'on dit sur la démocratie sont contredites par les actes de ceux-là même qui tiennent ses discours. Par exemple, on parle de démocratie et en même temps on continue à imposer ses idées aux autres. Dans ce climat de confusion, le processus semble être bloqué. Ainsi, dit-il, il nous faut donc tous nous mettre à l'école de la démocratie. Car, celle-ci est une question d'esprit et de mentalité avant d'être une manière d'exercer le pouvoir politique et d'organiser le pays. Il aboutit à la conclusion selon laquelle, le peuple ne doit pas attendre qu'une société démocratique lui soit servie comme un plat tout préparé par d'autres. L'avènement et la réussite d'une société démocratique dépend donc essentiellement de la prise de conscience que le peuple aura fait de ses responsabilités5(*).

Fort de ce qui précède, nous avons constaté que les auteurs cités ci-dessus parmi les centaines qui ont abordé la problématique de la démocratie en Afrique, ont abouti à la conclusion selon laquelle l'Afrique devrait s'auto-approprier son modèle de démocratie.

En conséquence, en ce qui nous concerne, nous abordons les faits relatifs toujours à la démocratie en Afrique subsaharienne en général et en RDC en particulier. En effet, contrairement aux autres, la présente étude essaie de proposer aux africains en général et aux congolais en particulier la démocratie consociative. C'est de cette façon que nous nous démarquons de nos prédécesseurs.

2. Problématique

La problématique désigne l'ensemble d'idées qui spécifient la position du problème suscité par le sujet d'étude6(*).

A un siècle de distance, l'Europe occidentale continue de se présenter comme la pourvoyeuse des remèdes aux maux et misères endurés par l'Afrique et les Africains. Et tout cela en escamotant, mine de rien, son rôle de fournisseurs des instruments de destruction de l'Afrique. A la fin du 19e siècle, l'Europe se proclamait génitrice de la civilisation en Afrique. Depuis la fin du 20e siècle, la marchandise que l'Europe occidentale et ses alliés veulent vendre à tout prix s'appelle la démocratie et le respect pour les droits de l'Homme7(*). Toutefois, pendant la colonisation la France et la Belgique ne faisaient pas allusion aux principes démocratiques et ceux de droits de l'homme parce qu'ils dirigeaient nos ancêtres en main de fer. Ils les massacraient(en leur coupant les mains,...) et pillaient systématiquement leurs richesses (caoutchouc, ivoire, cuivre,...). Et après les indépendances des pays africains, les mêmes occidentaux, pour leurs intérêts politico-économiques, imposaient et soutenaient les régimes autocratiques brutaux clairement refusés par les peuples africains (MOBUTU, HUSSIEN HABRE, BONGO OMAR, ...).

Paradoxalement, vers les années 1990, la France prétexta : « L'Afrique ne se développe pas parce qu'il n'y a pas de démocratie. Lorsque les pays africains auront l'alternance au pouvoir, alors on verra le vrai décollage du développement ». Voilà un ensemble de refrains de mensonges venant de la part des occidentaux. L'objectif affiché est celui de détourner l'attention des africains des vrais enjeux de la souveraineté effective des pays africains. Et de continuer à rester dans la position de subalterne de receveur des leçons qui devra donc se prosterner pour savoir comment fonctionne cette prétendue démocratie et surtout, comment réussir à s'y conformer8(*).

Malgré tout cela, la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne ont repris mécaniquement le modèle Français. En d'autres termes les Constitutions, les institutions politiques et les régimes politiques sont calqués sur le modèle Français.

En RDC, la Constitution du 18 février 2006 qui définit l'organisation et fonctionnement du pays a été une affaire internationale car, elle a été non seulement rédigée à Liège(Belgique) par les « experts » belges, français et quelques congolais, mais selon le modèle français, sans une quelconque étude de faisabilité, afin de savoir que la RDC est une société pluriethnique. Et pourtant, nous disposons des hommes et femmes capables de rédiger ce document en fonction de l'intérêt et des réalités de leur société. En plus, suite à l'inadaptabilité de cette « démocratie » et l'immaturité politique de beaucoup de nos politiciens (incapables d'innover), la démocratie est axée plus sur les élections, celles-ci sont considérées comme une véritable guerre, parce que la logique veut que « la majorité ou le gagnant récupère tout » et « la minorité ou le perdant perd tout ». Dans un tel contexte, la démocratie qui devrait être un gage de développement devient source des conflits et des divisions. A cet effet, les donneurs de leçons profitent de cette occasion afin de montrer aux congolais comment fonctionne cette démocratie dont ils sont architectes.

En prenant en compte tout ce qui précède, nous nous sommes posés la question fondamentale suivante :

v L'Afrique subsaharienne précoloniale, pratiquait-t-elle la démocratie?

De cette question, deux autres questions spécifiques se posent :

v Existe-t-il un meilleur modèle de démocratie applicable partout ?

v Quel modèle démocratique pour la RDC et l'Afrique subsaharienne ?

3. Hypothèses

Selon PINTO et GRAWITZ, définissent l'hypothèse comme une proposition des réponses aux questions que l'on se pose de l'objet de la recherche formulé à des termes tels que l'observation et analyse puissent fournir une réponse9(*).

Au regard de ce qui précède, nous émettons les hypothèses suivantes:

La démocratie existerait en Afrique subsaharienne précoloniale, bien que les ethnocentristes nous disent le contraire. En réalité, la démocratie africaine ou, si l'on préfère, la forme africaine traditionnelle de la démocratie est décrite par les scientifiques comme communautaire. Elle est caractérisée par deux éléments essentiels : le premier est visible dans l'institution de la libre discussion en commun de tous les problèmes importants de la société ; le second est la gestion collégiale du pouvoir suprême par un nombre de personnes minutieusement sélectionnées en raison du degré de leur sagesse. Ces deux traits fondamentaux contiennent les exigences de l'égalité, de la justice et du partage ordonnées vers l'impératif de solidarité. La démocratie africaine valorise le consensus au bout de longues réflexions et discussions palabriques10(*). Et pour le cas de la RDC, les sociétés congolaises précoloniales (Yaka, Fuliro, Anamongo, Azandé, Pendé, etc.) inventaient naguère la démocratie segmentaire11(*). En définitive, ce sont les colonisateurs qui ont détruit ce modèle afin d'effacer dans les têtes des africains les valeurs démocratiques qui n'autorisent pas l'esclavage d'un peuple à un autre. De cette façon, il n'existerait pas un meilleur modèle de démocratie applicable partout car, la démocratie est naturellement liée à une histoire et à une culture de chaque peuple. Dans le même esprit, la démocratie à la française n'est pas forcement la démocratie à la suissesse, à l'américaine, à l'italienne, à la chinoise, etc.

Par conséquent, le modèle démocratique pour la RDC et l'Afrique subsaharienne serait pour nous le modèle consociatif. Celui-ci est un modèle de cohésion sociale. Il est basé sur le dialogue, l'intégration et la solidarité. Pour ces raisons, il est capable de prévenir ou de gérer les conflits. En plus de ces éléments, il viendrait atténuer les problèmes de la majorité et de l'opposition, des vainqueurs et des vaincus.

4. Méthode et techniques de recherche

4.1. Méthode

Selon M. GRAWITZ, la méthode est un ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie12(*).

Dans le cadre de notre étude, nous avons opté pour la méthode historique.

La méthode historique est axée sur l'histoire qui, sans être explicative par elle-même, rend possible l'explication dans la mesure où : « d'une part, en replaçant les institutions dans le milieu social où elles ont pris naissance, parmi leurs « conditions d'existence ; et, d'autre part, elle permet la comparaison »13(*).

En effet, cette méthode nous permet d'analyser les documents et les faits historiques au sujet de la démocratie en Afrique subsaharienne en général et en RDC en particulier depuis son origine jusqu'à nos jours, de les commenter, les interpréter et les critiquer afin de proposer une solution adéquate pour l'Afrique subsaharienne.

4.2. Techniques

Les techniques sont des « outils utilisés dans la collecte des informations (chiffrées ou non) qui devront, plus tard, être soumises à l'interprétation et à l'explication grâce aux méthodes »14(*).

En vue d'obtenir des informations recherchées, nous avons recouru à la technique documentaire et de l'observation directe.

4.2.1. Technique documentaire

Dans cette technique, il faut signaler qu'il existe des documents de diverse nature. A cet effet, celle-ci nous permet de consulter une série des documents parmi lesquels : les ouvrages, les revues, les notes de cours, les mémoires, les périodiques, les journaux et les sites internet relatifs à la démocratie en Afrique subsaharienne en général et au Congo(RDC) en particulier.

4.2.2. Technique d'observation directe

Nous avons utilisé cette technique par le fait que nous sommes nous-mêmes témoin oculaire de certaines réalités qui gangrènent l'Afrique subsaharienne, telles que la fragmentation lors des grands enjeux politiques, les conflits postélectoraux, les contestations violentes et les guerres civiles qui prouvent que la démocratie à l'occidentale n'est pas adaptable aux réalités socioculturelles africaines.

5. Choix et intérêt du sujet

5.1. Choix du sujet

La démocratie comme telle est un bon mode d'organisation de la société. A cela, il faut ajouter que la démocratie dépend d'une société à une autre et d'un peuple à un autre. Au 21e siècle, l'Afrique est devenue une poudrière suite à la démocratie dont l'Occident est architecte. A cet effet, il est utile aujourd'hui de réfléchir sur ce sujet d'actualité afin de pouvoir trouver des alternatives constructives et raisonnables non seulement pour la RDC mais aussi pour l'Afrique subsaharienne. C'est par ce souci que se justifie le choix de notre sujet d'étude.

Ainsi, ce travail présente un triple intérêt : scientifique, national et personnel.

5.2. Intérêt du sujet

5.2.1 Intérêt scientifique

Cette étude vient appuyer les travaux de nos prédécesseurs relatifs à la démocratie en Afrique subsaharienne et au Congo(RDC) en particulier, en vue de permettre à ceux qui viendront après nous de pouvoir comprendre l'une des raisons majeures qui bloque le bon fonctionnement des institutions des Etats Africains.

5.2.2. Intérêt national

JULIUS NYERERE, l'un des rares chefs d'Etat a posé des bases d'un régime démocratique dans un Etat multiethnique(Tanzanie) souligne que : « la démocratie doit régner partout, mais elle doit se faire conformément à l'histoire, à la culture et au niveau de développement de chaque pays »15(*). Dans le même ordre d'idées, la démocratie à la chinoise n'est pas à l'américaine, à la suissesse, à la grecque, à l'italienne, pour ne citer que ces Etats. En vertu de cette logique, cette étude va permettre aux congolais de maitriser non seulement la « Démocratie », mais aussi les vrais enjeux électoraux et ceux de la mondialisation.

5.2.3. Intérêt personnel

Un scientifique est celui qui éclaire la société sur un problème précis. A cet effet, après avoir suivi attentivement les cours en rapport avec la démocratie durant notre parcours universitaire et, observé l'évolution de la démocratie en Afrique subsaharienne, il est aujourd'hui indispensable de réfléchir sur l'inadaptabilité de la démocratie à l'occidentale en Afrique subsaharienne et au Congo(RDC) en particulier de manière à pouvoir trouver des solutions durables quant à ce.

6. Délimitation du sujet

Toute démarche scientifique procède fatalement par un découpage de la réalité. Il n'est pas possible d'étudier, de parcourir tous les éléments influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au début des temps16(*).

De cette façon, notre étude est délimitée dans l'espace et dans le temps.

Ø Dans l'espace, notre étude a comme champ d'action la RDC. Et, celle-ci est prise comme échantillon de l'Afrique subsaharienne.

Ø Dans le temps, pour des raisons d'efficacité, cette étude va de la période allant de 1990 à nos jours, période pendant laquelle la classe politique congolaise continue toujours à être agitée à propos des élections démocratiques.

7. Subdivision du sujet

Hormis l'introduction et la conclusion, cette étude est repartie en quatre chapitres :

· Le premier porte sur le cadre conceptuel et théorique ;

· Le deuxième parle de la démocratie en Afrique subsaharienne précoloniale;

· Le troisième approche la démocratie à l'occidentale et l'évalue ;

· Et enfin, le quatrième propose un modèle de démocratie adaptable en RDC et en Afrique subsaharienne.

CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATIONS GENERALES

Ce chapitre sur les généralités est subdivisé en deux sections : la première définit le concept de base utilisé dans cette étude et la seconde porte sur la notion de la démocratie.

Section 1.Définition de concept

· Démocratie

Selon l'ancien président américain, ABRAHAM LINCOLN, « la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Toutefois, prenons seulement le cas de la Grèce, parce qu'on dit : « Les Grecs ont été parmi les premiers à poser, sinon à résoudre, certains des problèmes essentiels que doit affronter l'intelligence humaine »17(*). En effet, la dette extérieure publique de ce pays est estimée à plus de 150% de son PIB. En d'autres termes, le montant de la dette extérieure publique grecque est estimé à plus de 300 milliards d'Euros, alors que son PIB est estimé à plus de 170 milliards d'Euros. Sa dette extérieure publique enveloppe toutes les dettes extérieures publiques de l'Afrique subsaharienne. A ce stade, peut-on dire que le gouvernement grec est un gouvernement du peuple ? Parce que nous constatons de plus en plus l'ingérence permanente des créanciers internationaux (BCE, FMI, CE,...) dans la politique intérieure de ce pays, notamment lors de l'élection des gouvernants et de la formation du gouvernement.

ROBERT DAHL de son côté, définit la démocratie à partir de huit critères18(*) qui sont : (i) le droit de voter, (ii) le droit d'être élu, (iii) le droit pour un leader politique d'entrer en compétition et de voter,(iv) des élections libres et transparentes, (v) la liberté d'association, (vi) la liberté d'expression,(vii) des sources d'information diversifiées, (viii) des institutions qui permettent aux politiques publiques d'être dépendantes des votes et d'autres expressions si elles existent. Cependant, cette définition n'est pas riche, car elle met plus l'accent sur les élections. Et pourtant, celles-ci ne font pas nécessairement la démocratie, elles constituent néanmoins un élément de la démocratie et non plus un aspect de succès.

Prenons l'exemple d'un pays comme le Benin, ce pays organise régulièrement (depuis 1991) les élections, mais sa population vit toujours dans une misère accablante. En claire, le but ultime de la démocratie est de créer les conditions propices pour le développement socio-économique de la société.

Pour OSMAN SAMANTAR, la démocratie est un régime qui n'admet pas l'exploitation d'un peuple par un autre, un régime qui donne à la démocratie politique un contenu social, dans lequel les citoyens sont économiquement égaux et assument le pouvoir19(*). Dans le cadre de notre étude, cette définition est très intéressante, car elle critique la démocratie par la règle de la majorité qui divise souvent les africains. Dans cette démocratie, il n'y a pas vraiment la solidarité, c'est plus l'esprit capitaliste qui domine.

Et pour nous, la démocratie est généralement l'aptitude d'un peuple à pouvoir s'organiser de manière libre sur le plan politique, économique et social en fonction de ses intérêts.

Section 2. Notions sur la démocratie

Avant même d'être un système politique, un mode d'organisation de la gestion du pouvoir, la démocratie n'a pas été autre chose que l'effort permanent des êtres humains pour s'organiser, se mettre ensemble pour atteindre un but commun. Ils le font de plus en plus aujourd'hui au-delà de leur nation. Participer librement, s'associer pour prendre part à l'organisation de la communauté dans laquelle on vit est, sans doute, le premier fondement de la démocratie. Cette participation peut prendre des formes différentes selon les régions du monde, en fonction des caractéristiques différentes de ces régions et de leurs cultures20(*). Dans cette même logique, la démocratie est à la fois fait et valeur. En tant que fait, elle implique une organisation politique et des institutions à travers lesquelles elle prend forme et révèle une pleine signification. Mais, en tant que valeur, la démocratie est une manière d'être, une culture qui n'est pas seulement celle de l'élite de la société dans laquelle elle est appelée à prendre corps et à s'exercer. Et de toute façon, la culture «n'est pas l'objet de négoce international ; elle ne se vend pas clefs en main?21(*).

§1. Argumentaire négatif de la démocratie

La conception négative de la démocratie tient, pour une large part, au statut habituellement assigné à ce qu'on nomme "peuple?, la masse, comme couche sociale inférieure. Considérée comme inculte, surtout dans une société hautement analphabète, la masse non intelligente n'est point jugée apte à conduire la destinée de tout un peuple22(*). A cet effet, beaucoup de penseurs ont critiqué ce fameux concept, parmi lesquels : PLATON, JEAN JACQUES ROUSSEAU, JEAN PAUL POUGALA. En effet, la démocratie, pour PLATON, est un système qui n'est pas basé sur une longue préparation morale, scientifique et technique pour accéder aux plus hautes fonctions. Seul le dévouement pour la cause du peuple est la condition requise. Dans un Etat démocratique, on se contente de vagues promesses sans chercher à savoir si celui qui les formule est capable de les tenir. La démocratie proclame d'éléments par nature inégaux23(*). Il est à peu près évident, dit-il, que la tyrannie vient de la démocratie24(*). Et JEAN JACQUES ROUREAU, pour sa part, est même allé très loin dans ses exigences au point d'écrire que la démocratie est « un régime qui convient mieux aux anges qu'aux hommes ». De ce point de vue, découle l'idée selon laquelle la démocratie est un idéal qui ne sera jamais atteint par les Etats. A chaque fois qu'on s'y approche, les exigences des citoyens éloignent l'horizon démocratique25(*).

Dans le même esprit, JEAN-PAUL POUGALA pense que la démocratie n'existe pas parce que nulle part le peuple ne décide quoique ce soit. Le seul fait de mettre son bulletin dans l'urne ne peut pas signifier qu'on est dans le meilleur système possible. Le modèle d'organisation de la société à l'occidentale qu'on a désigné avec le terme de démocratie a démontré ses limites au 21ème siècle, avec le pouvoir d'argent qui a installé au trône du pouvoir politique de véritables aventuriers sans foi ni loi capables de déclencher des guerres pour de simples conflits postélectoraux et des mouvements de mécontentement dans d'autres pays26(*).

§2. Argumentaire positif de la démocratie

Cependant, une conception positive et actuelle de la démocratie s'impose à partir du XVIIIe siècle. Plusieurs facteurs y concourent. Il y a, d'abord, la philosophie des lumières qui exalte les droits de l'individu, notamment l'égalité, la liberté, la participation et la discussion par tous les citoyens des problèmes de la cité. Ensuite, il faut citer les découvertes scientifiques nouvelles qui apprennent à relativiser les vérités et à écouter les particularités. Enfin, il y a l'émergence des nouvelles théories sociales qui proclament le libéralisme et le nationalisme27(*).

§3. Les types de démocratie

De manière générale, il existe deux types de démocratie dans le village planétaire : la démocratie libérale et la démocratie sociale. Toutefois, à côté de ces deux modèles nous ajoutons un troisième type nommé la démocratie consociative. Celle-ci est un modèle d'intégration et de solidarité. Il s'adapte mieux aux sociétés pluriethniques.

3.1. La démocratie libérale

La démocratie libérale (Conception libérale) qui accorde une plus grande importance à la limitation du pouvoir de l'Etat par la loi et la reconnaissance des droits fondamentaux28(*).

Elle est une démocratie qui cherche à résoudre l'antagonisme entre le pouvoir et la liberté ; antagonisme tenant à l'existence d'une majorité s'imposant à la minorité, cela au moyen de procédés divers de conciliation et d'équilibre : reconnaissance aux individus de droits opposables à l'Etat tel que liberté d'opposition, aménagement de la structure de l'Etat de manière à limiter le pouvoir politique29(*). En effet, ce modèle est non seulement incompatible aux sociétés pluriethniques africaines, suite à son principe selon lequel c'est la majorité qui gouverne, mais il démontre aussi ses limites là où il a été conçu. Il suffit de tourner le regard vers l'Occident pour voir comment les occidentaux posent des actes déplacés au nom de la démocratie. Aujourd'hui en Occident, la politique ne commande presque rien, c'est l'argent qui détermine tout.

3.2. La démocratie sociale

Dans les pays communistes, la démocratie populaire a été la version prédominante de l'idéale démocratie. Les communistes appelaient généralement à la dictature révolutionnaire du prolétariat30(*), le pouvoir procède d'une volonté populaire dont l'orientation globale est définitivement fixée par les exigences de la cité socialiste. C'est un pouvoir dont l'inspiration, le programme et les plans, arrêtés selon les impératifs de cette volonté prépondérante, échappent à toute discussion parce que l'aménagement de l'exercice de la puissance étatique est monopolisé par la force politique qui s'est érigée en maîtresse de l'Etat31(*). Ce modèle a vu le jour en Afrique subsaharienne après les indépendances des pays africains mais il n'a pas donné un résultat probant suite à son caractère autarcique.

3.3. La démocratie consociative

Le modèle consociatif est central dans cette étude. Il est présenté ici comme une solution ultime pour la construction démocratique dans une société pluriethnique en Afrique subsaharienne et en RDC en particulier. Dans une démocratie consociative, les tendances inhérentes à une société plurale sont neutralisées par une attitude de coopération des leaders qui représentent les différents segments constitutifs de la société et des institutions qui favorisent cette représentation. La coopération de l'élite est la particularité principale de la démocratie consociative32(*). Bref, c'est un modèle d'intégration, de coopération et de solidarité.

On retiendra donc que ce chapitre est articulé autour de deux sections, dont la première a été relative à la définition de concept de base afin d'apporter un éclairage sur notre étude et, la seconde a été consacrée à la notion de démocratie car, nous remarquons qu'il y a une confusion dans la compréhension de ce concept.

CHAPITRE DEUXIEME : L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE PRECOLONIALE ET LA DEMOCRATIE

Ce chapitre sur l'Afrique noire précoloniale et la démocratie est divisé en deux sections : la première est axée sur la démocratie en Afrique noire traditionnelle et la seconde s'attelle sur la démocratie au royaume Kongo.

Section1. La démocratie en Afrique noire traditionnelle

Certains auteurs pensent que : « ce sont les grecs, somme toute, qui ont découvert non seulement la démocratie, mais aussi la politique, l'art de parvenir à des décisions grâce à la discussion publique »33(*). De nombreux faits inclinent à penser qu'à l'origine le pouvoir royal, étant donné son caractère sacro-saint, était absolu. L'idée que l'on se fait de la royauté en Afrique ne permet pas d'imaginer qu'on ait songé à limiter à l'origine, par un système constitutionnel quelconque, son autorité34(*). On parle souvent de la démocratie comme si elle était quelque chose d'inconnu de l'africain, quelque chose qu'il faut par conséquent lui apprendre35(*). Cependant, comme forme de gouvernement, la démocratie existe dans le monde depuis l'apparition des sociétés humaines. Des études anthropologiques et historiques montrent qu'elle a existé, sous une forme ou sous une autre, dans les sociétés africaines, comme ailleurs dans le monde36(*).

En effet, en Afrique, on trouvait toutes les notions qui font le contenu de la démocratie même comme celle entendue en Occident : individu, personne humaine, personnalité juridique, peuple, idée de Droit, droit subjectif, liberté, justice, égalité. Ces notions sont peut-être conçues différemment dans leurs interactions, mais existent37(*).

De ce fait, la démocratie en Afrique noire traditionnelle était caractérisée par: la libre expression de l'opinion publique, l'accord unanime dans l'intérêt de l'unité du groupe et la personnalité du chef dont le rôle est celui d'un médiateur plus que d'un dictateur. L'opinion publique est souvent consultée par le moyen de réunions de la population ou de ses délégués si la circonscription est trop étendue avant toute décision qui engage les intérêts de la communauté38(*). WAMBA-DIA-WAMBA, a démontré qu'il était possible de voir dans la palabre un des éléments centraux de la façon dont la démocratie était exercée dans les villages. Un des aspects centraux de la palabre est le fait que tout le monde peut participer et que tout le monde a une connaissance parfaite des règles de fonctionnement. Il démontre aussi comment cette pratique était soumise à des tensions contradictoires, et que sa reproduction automatique n'était pas toujours acquise d'avance39(*).

En un mot, la société d'Afrique précoloniale était tout sauf une jungle. On y observait des normes précises dont certaines avaient pour objectif de freiner efficacement le pouvoir absolu du chef. Ceux qui avaient le pouvoir de le choisir avaient également celui de le déposer40(*). Et donc, il ne s'agit pas ici de rendre un hommage facile à l'Afrique précoloniale. Celle-ci, on le sait, n'était ni un paradis, encore moins un enfer. C'était tout simplement une société humaine avec ses succès et ses travers41(*). Et il n'est pas aussi question de retourner à l'ordre monarchique pré-colonial, car le monde a déjà changé. Mais il est question tout simplement de répondre à certains ethnocentristes et de rappeler aux africains qu'il existait dans leurs sociétés traditionnelles des caractéristiques fondamentales de la démocratie qui pourront leur permettre à se ressourcer en vue de poser des bases d'un modèle démocratique stable en Afrique subsaharienne.

Section1.Cas de royaume Kongo

Il est difficile pour nous dans le cadre de cette étude de passer en revue tous les royaumes et empires africains. A cet effet, nous avons choisi le royaume Kongo comme référence, tout en sachant que d'autres royaumes et empires africains pèsent sur l'histoire traditionnelle africaine. En plus, nous savons que l'organisation du royaume Kongo n'était pas la même avec d'autres royaumes africains mais elle était presque voisine.

En effet, le royaume Kongo a une longue histoire, une histoire intéressante, riche en leçons pour nous tous. Il est classé parmi les pays les plus riches en préhistoire : pierres taillées, grottes à dessins, pierres gravées. Son histoire est basée sur de très nombreux documents à partir de l'an 150042(*).

§1.Les fondements du royaume

L'espace de la côte atlantique était dominé, vers la fin du XIVe siècle, par trois centres d'innovation politique, immédiatement au Nord et aux alentours du bas fleuve, ainsi qu'en amont, davantage dans l'arrière-pays. Ces structures primaires allaient se transformer en royaumes : Loango, Teke et Kongo. On évoquera ici l'histoire de ce dernier royaume dont le nom allait designer celui de l'ensemble du pays43(*). En effet, quand les portugais arrivèrent en 1482, il y avait déjà un siècle et demi environ que sur le cours inférieur du Congo, un grand royaume s'était établi. Les autochtones étaient de souche Ambundu. Leur ancêtre fondateur, c'était NTUNU qui, à la tête des groupes conquérants, descendit du Nord du Mayombe vers le Bas-Kongo (province du Nsundi) qui servit de base pour une conquête rayonnante, surtout en direction du Sud. Une alliance intervint entre le nouveau chef et le pontife local Nsaku, grand guérisseur qui le débarrassa d'une maladie nerveuse en l'aspergeant d'une eau lustrale avec une queue de buffle. Cette alliance fut scellée par un mariage et la province du guérisseur, le Mbata, fut incorporée au royaume. Le roi prit donc le titre de Mani-kongo, ou seigneur du Kongo. Dans sa plus grande envergure aux XVe et XVIe siècles, le royaume s'étendait du Bas-Kongo au Nord, au fleuve Kwanza au Sud et de la rivière Kwango à l'Est, à la Côte atlantique44(*).

§2.L'organisation politique

Dès leur arrivée, les navigateurs portugais, commandés par Diego cao, sont frappés par l'organisation du royaume et son degré de culture45(*). Plus tard, des relations s'étaient établies entre le Portugal et le royaume Kongo46(*). Celui-ci regorgeait quatre principales castes47(*) :

Ø La caste dirigeante regroupait toute la noblesse exerçant certaines fonctions particulières au sein du royaume ; il s'agissait d'un groupement et non d'une assemblée opérationnelle.

Ø Le conseil d'Etat était une assemblée plus constitutionnelle que représentative. Il était composé de 9 à 12 membres et avait de l'influence, tant lors de l'élection d'un roi que sur les décisions politiques que celui-ci pouvait prendre.

Ø Le corps administratif était le corps des fonctionnaires qui comprenait trois catégories :

· les gouvernements des provinces et chefs des villages ;

· les fonctionnaires de la cour et

· Les prêtres chargés du culte.

Ø La garde royale était l'instance chargée de l'exécution des décisions royales. Elle était composée des serviteurs du roi, souvent d'origine esclave.

En effet, la gestion du royaume revenait au roi et aux nobles. Le roi en principe le maître incontesté du royaume ; il représentait la force et la vitalité. De ce fait, il rendait la justice en dernière instance, nommait et destituait les fonctionnaires. Un code reprenant une série des principes de gestion du royaume existait, pour aider le roi dans sa tache48(*). Il faisait les lois avec son conseil, et on les proclamait sur les marchés49(*). Sa structure politique centralisée, du moins au moment de sa splendeur, constitue une des originalités de ce royaume, malgré cela, le Roi ne fait pas ce qu'il veut. Son autorité est limitée et contrôlée par son conseil ainsi que par la classe dirigeante. Il nomme des gouverneurs dans les différentes provinces auxquels viennent rendre compte les chefs de village50(*).

Le royaume était divisé en six provinces, ces dernières en districts et districts en villages.

L'unité de base de la structure politique était le village. A un niveau supérieur on trouvait des districts dirigés par des fonctionnaires nommés par le roi ou par un gouverneur de province, et qui pouvaient être mutés au gré du souverain51(*).

La structure militaire du royaume était simple. Le roi disposait d'une garde du corps permanente composée principalement des soldats étrangers comme des Teke ou des Hum, qui, pensons-nous, étaient des esclaves. A part cela, il n'y avait pas d'armée permanente. En cas de guerre chaque fonctionnaire territorial en appelait aux chefs de ses villages et tous les hommes valides étaient dirigés vers des zones de concentration où l'armée se formait52(*).

2.1. L'élection

Il faut d'abord se rappeler que la monarchie au Kongo était élective. Ce principe visait à dégager du groupe des candidats éventuels une personnalité susceptible d'exercer le pouvoir de manière effective53(*).Il n'y avait donc pas de clan royal ce qui donnait lieu à une élection authentique du roi par un collège électoral composé de neuf ou douze membres au nombre desquels nous savons que se trouvaient le mani Kabunga, détenteur du droit de veto, le mani Soyo et le mani Mbata54(*). Les deux derniers combinaient leur fonction d'électeur avec celle de la gestion des provinces. Il s'agissait également des rares régions sur lesquelles n'intervenaient pratiquement pas des nominations royales55(*). Le roi élu était obligé de se conformer pour sa manière de vivre aux règles prescrites par les lois, et de suivre, dans tout ce qu'il fait, les mêmes usages que ses pères56(*).

2.2. La gestion des provinces

La gestion des provinces revenait aux gouverneurs, élus par le peuple et confirmés ensuite par le roi. Dans des situations spéciales, le roi nommait de manière directe les gouverneurs. Et certains chefs de district étaient aussi nommés directement par le roi, quoique leur territoire fût compris dans celui d'une province57(*). Le royaume comptait six provinces :Nsundi, Soyo, Mbamba, Mpangu, Mpenga et Mbata. Cette dernière, était la plus grande et la plus riche, elle est la clé du royaume, son bouclier, son épée, sa défense, son bastion devant l'ennemi. Elle résiste en effet à toutes les rebellions qui éclatent aux frontières ; ses habitants sont valeureux, toujours prêts à porter les armes, à repousser les ennemis venant de l'Angola. Chaque fois qu'il en est besoin, le roi recourt à eux pour réprimer tout soulèvement dans d'autres provinces58(*).

§3.Les organisations économiques

Le gouvernement tirait ses revenus des impôts et du travail forcé. Le tribut se payait en toile de raphia, en ivoire et en esclaves. A cela s'ajoutaient les droits de douane et les amendes judiciaires, et aussi la pêcherie royale de l'île de Luanda. L'inspection des finances incombait à plusieurs fonctionnaires : la mfutila, le mani mpanza et le mani samba59(*). A l'époque, la structure économique la plus pertinente était le marché. C'était l'instance par excellence de polarisations des échanges qui ne cessaient de se développer maintenant qu'une certaine stabilisation de la population était assurée. Le marché s'est créé précisément sur base de la nécessité d'acquisition des biens qu'on n'était pas capable de fabriquer soi-même ou de prélever dans son environnement immédiat. Il y eut d'abord des marchés locaux. Ils furent ensuite complétés par des marchés interrégionaux. La tenue du marché supposait l'existence et le respect d'un règlement sécurisant à la fois le marchand et l'acheteur. C'est là aussi que se promulguaient les lois et que s'effectuaient les annonces60(*).

On se souviendra que ce chapitre a regorgé deux sections. La première a illustré l'existence de la démocratie en Afrique noire traditionnelle dans son ensemble et la seconde a illustré l'existence de la démocratie au royaume Congo.

CHAPITRE TROISIEME : APPROCHER LA DEMOCRATIE A L'OCCIDENTALE ET L'EVALUER

Ce chapitre est scindé en trois sections : la première critique la démocratie à l'occidentale ; la deuxième attaque les problèmes posés par la démocratie occidentale en Afrique subsaharienne en général et en RDC en particulier ; la troisième et la dernière quant à elle, analyse l'attitude des dirigeants africains face à la démocratie.

Section1. L'attitude des pays occidentaux face à la démocratie

Dans notre quête d'une société démocratique, il y a un risque de confusion entre la démocratie de type occidental et la démocratie tout court. La démocratie à l'occidentale est une chose. La démocratie en est une autre. Si la première est une adaptation propre à l'occident de ce patrimoine de l'humanité, la seconde est une valeur universelle61(*). Celle-ci est fondée sur la liberté, la justice et l'égalité ; il n'y a en ceci aucun doute ni objection.

En effet, au cours de l'histoire, il est devenu de plus en plus clair que la participation et l'avis de tous sont indispensables pour pouvoir vivre ensemble et réunir des objectifs communs. Le développement d'une communauté, d'une région, d'un pays, d'un continent, ne peut valablement se faire que s'il repose sur la volonté et la contribution de tous62(*). De ce point de vue, en 1945, après la deuxième guerre mondiale qui a couté la vie à des millions de personnes, les Etats se sont réunis afin de créer une Organisation à vocation universelle dénommée Organisation des Nations Unies(en sigle, ONU) dans le but de prendre des décisions de manière consensuelle pour l'intérêt de tous les peuples du monde, et de prévenir des nouveaux conflits mondiaux. Pour cela, article 2, alinéa 1, de la charte de cette organisation stipule que : «L'Organisation est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses Membres »63(*). Pourtant, déjà à ce niveau, le principe démocratique fonctionne très imparfaitement. Les Etats-membres n'y jouissant pas d'une représentation égalitaire de fait64(*), dans la mesure où, l'Organisation est composée de six organes parmi lesquels l'assemblée générale et le conseil de sécurité. Le premier englobe tous les membres de l'Organisation (au moins 193), et le second renferme quelques membres éternels(5) : les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni(les pays très démocratiques), la Chine et la Russie. Ces pays, se sont octroyés le droit de veto sans consulter qui que ce soit, et dictent leur volonté à l'Assemblée générale qui est le congrès du monde.

En conséquence, les membres permanents peuvent décider d'intervenir là où ils le souhaitent sans l'autorisation des Nations Unies, comme ils l'ont fait au Kosovo ou en Irak ; on voit bien que cela n'entraîne aucune sanction officielle. L'ordre international incarné par le conseil de sécurité consacre le règne de la force, non du droit. On dit parfois, pour en tirer orgueil, que ce nouvel ordre mondial met fin à la sacro-sainte notion westphalienne de souveraineté des Etats, au principe « charbonnier maître chez soi », autrement dit : chaque gouvernement fait ce qu'il veut chez lui, c'est lui qui décide de ce qui est bien ou mal. Certainement imparfait, cet ordre est cependant remplacé par un principe plus ancien encore, selon lequel la force fait le droit et les puissants de ce monde peuvent imposer leur volonté aux plus faibles : maintenant, c'est « même charbonnier maitre partout » !65(*) Dans ce contexte, nous donnons raison à l'ancien président français CHARLES DE GAULE qui disait : « l'ONU est un gros machin »66(*).

L'année dernière, la RDC avait renoncé au soutien des forces de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) dans la traque contre les groupes armés et autres opérations. En plus, elle avait demandé le départ progressif des casques bleus sur son sol. De son côté, le conseil de sécurité, s'est prononcé non seulement contre, mais a décidé aussi que, les reconfigurations futures de la MONUSCO et son mandat seraient conditionnées par les résultats sur terrain. Or, en 1960, à propos de la mort de PATRICE LUMUMBA, FRANZ FANON écrivait?: « L'ONU n'a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l'homme par le colonialisme, et chaque fois qu'elle est intervenue, c'était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur »67(*).

Par ailleurs, de quelle manière, au nom de la « démocratie », (facteur de paix et gage de développement) les occidentaux ont d'abord obligé à la Côté d'Ivoire d'organiser les élections, dans un pays coupé en deux par la guerre. Ensuite, après la crise postélectorale, ils ont privilégié un camp plutôt qu'un autre, c'est-à-dire ils ont envoyé les militaires français et onusiens dans le but d'aller déloger LAURENT GBAGBO de la résidence présidentielle en faveur d'ALASSANE OUATTARA. Au lieu de résoudre ce conflit postélectoral de façon pacifique, en recomptant par exemple les voix ou en établissant une discussion objective comme ça se fait ailleurs. A titre illustratif, en Afghanistan, en 2014, nous avons vu comment deux candidats (ABDULLAH ABDULLAH et ASHRAF GHANI) se disputaient la victoire à l'élection présidentielle au second tour. Et c'est à partir d'un dialogue constructif que ces deux protagonistes se sont entendus, en signant l'accord de gouvernement d'union nationale sans que les armes ne puissent parler comme en Côte d'Ivoire. Par conséquent, comme dit AMINATA TRAORÉ : «  l'attaque de la résidence du président LAURENT GBAGBO et son arrestation ne sont ni plus ni moins qu'une illustration de ce que CHEIKH HAMIDOU KHAN appelle l'art de vaincre sans avoir raison, qui est le propre de l'Occident »68(*).

Comment encore expliquer toujours au nom de la « démocratie » l'OTAN avait détruit non seulement la Lybie et tué MOUAMMAR KADHAFI mais elle a aussi créé une insécurité permanente dans la bande sahélo-saharienne ! Et, cette guerre aurait fait, selon les estimations du président du (CNT), MOUSTAPHA ABDELJALIL, environ 20.000 morts, chiffre arrondi à 30.000 en octobre69(*). C'est ça donc la démocratie et les droits de l'homme ? Comparons aujourd'hui la Lybie « démocratique » et la Lybie pendant l'époque de MOUAMMAR KADHAFI. La résultante est claire, la Lybie actuelle « démocratique » est devenue centre des terroristes, pays ingouvernable, les libyens sont devenus orphelins, négligés et éparpillés. Certains tentent d'aller en Europe, et cette dernière a tracé un mur pour les empêcher ; et d'autres finissent leur course dans la Méditerranée. Pourtant, avant l'intervention de l'OTAN, les occidentaux étaient « humanistes », ils prétextaient : « nous intervenons en Lybie au nom de la démocratie afin de pouvoir protéger les civils ». A ce sujet, nous nous posons quelques questions innocentes : Est-ce- qu'on peut établir la démocratie par la voie des armes lourdes ? Les pays qui ont bombardé la Lybie afin d'instaurer la prétendue « démocratie » ne savent pas que la Lybie est aujourd'hui ingouvernable ? Est-ce- qu'un pays démocratique peut avoir deux gouvernements et deux parlements parallèles ? Comment parler de la démocratie seulement à l'intérieur des quelques Etats (surtout l'Afrique subsaharienne) au moment où certains parmi eux n'ont pas droit au chapitre au conseil de sécurité ?

Conséquemment, ceux qui veulent donner des leçons à l'Afrique au sujet de la démocratie ne sont pas mieux placés. S'ils se souciaient réellement des peuples africains, ils devraient d'abord démocratiser le système de Nations Unies, c'est-à-dire promouvoir le droit à la place de la force. En d'autres termes, le mandat qu'ils ont confié au conseil de sécurité de façon arbitraire pour leurs propres intérêts, ils devraient le confier normalement à l'assemblée générale (congrès du monde) pour l'intérêt de tous les peuples du monde car, la devise de l'ONU est « c'est votre monde ».

Et, les africains doivent savoir que les élections, l'alternance, la liberté d'expression et le droit de l'Homme ne sont pas des priorités majeures. Ce sont les termes que les occidentaux utilisent pour montrer aux africains que ce sont eux qui les aiment plus, et non plus leurs dirigeants. La priorité ultime est le droit au développement, c'est ici où repose les vrais droits de l'Homme. Puis, la construction d'un régime démocratique stable, la stabilité des institutions et leur développement économique et social ne viendront pas d'en haut. C'est le fruit d'un travail raisonnable et responsable avec la patience et la confiance mutuelle.

Section2.Les problèmes posés par la démocratie à l'occidentale en Afrique subsaharienne

Au commencement était la « mission civilisatrice » aux allures de conquête militaire. Puis vinrent la « coopération au développement » avec ses corollaires, l'endettement et l'ajustement structurel. Toutes ces politiques ont été conçues par les occidentaux dans notre intérêt, a-t-on toujours dit. Elles ont pourtant contribué à notre perte, tout en enrichissant l'Occident « chrétien » et « humaniste ». Et nous voici maintenant, entrainés, une fois de plus pour notre « plus grand bien », dans l'ajustement démocratique70(*). Pour ce faire, ils ont élaboré un critérium d'évaluation de la démocratie selon leurs propres représentations, auquel doit répondre tout Etat pour bénéficier de « l'aide au développement ». Même si ce critérium n'est pas toujours imposé à tous avec la même rigueur71(*)c'est-à-dire l'accent est mis plus sur l'Afrique subsaharienne.

En effet, voici le début du nouveau scénario : « Lorsque je dis démocratie, lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c'est la seule façon de parvenir à un équilibre au moment où apparaît la nécessité d'une plus grande liberté, j'ai naturellement un schéma tout prêt : système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure »72(*).Voilà le schéma dont nous disposons. Ainsi parlait François Mitterrand au sommet de La Baule le 20 juin 199073(*). C'est là un piège fondamental, un vrai, car il est surprenant que l'Occident, ne comprenne pas, qu'il n'existe pas de «calendrier spécifique pour mettre en place la démocratie?74(*). Cette thèse naît d'une révolte face à un paradoxe cruel et cynique. L'histoire montre que depuis la traite des nègres jusqu'au néocolonialisme, en passant par la colonisation, l'Europe n'a jamais entendu accorder la démocratie à l'Afrique, démocratie et liberté pour lesquelles elle a elle-même fait des «révolutions? qui ont couté de nombreux efforts et sacrifices ; démocratie et liberté mêmes que le monde occidental valorise et clame, à la longueur des journées, à travers l'éternel refrain quasi unilatéral de «droits de l'homme?75(*).

En effet, pendant la colonisation et après les indépendances des pays africains, les mêmes vendeurs d'illusions savaient très bien que la démocratie et les droits de l'Homme existent, mais, pour leurs intérêts politico-économiques, ils ont foulé aux pieds tous les principes qui découlent de ces deux fameux termes, car ils ont exploité inhumainement les africains et soutenu des régimes dictatoriaux. Et d'emblée, ils montent une nouvelle stratégie sans présenter aux africains le bilan de précédents scénarios sur la « civilisation » et la « coopération au développement ». Quoi qu'il en soit, les chefs d'Etats africains, incapables d'innover, n'avaient pas le choix, ils ont fait le pas vers la démocratie par la règle de la majorité. Et celle-ci comporte beaucoup de faiblesses dont la plus importante est le fossé qu'elle crée aussitôt après les élections entre76(*) les membres de la communauté. En fait, cette démocratie veut qu'après les élections, le candidat qui aurait au moins 51% de voix soit déclaré vainqueur, contre celui qui aurait 49% de voix. Celui-là va gouverner seul, car le principe est que « c'est la majorité qui gouverne » ou « c'est la majorité qui prend tout », et celui-ci est exclu de tout. Or les sociétés africaines sont pluriethniques, par conséquent, au lieu que cette démocratie amène la paix et le développement en Afrique subsaharienne, elle amène par contre, un chapelet de conflits (contestation violente, guerre civile, sécession, crise politique,...).

En plus de cela, partout en Afrique, qui dit démocratie pense aussitôt création des partis politiques. Naissent alors, comme issus d'une génération spontanée, des communistes, des socialistes, des libéraux, des sociaux-chrétiens, etc. En Europe, les partis politiques naissent des préoccupations sociales ou des conflits que traversent les sociétés. Les libéraux sont nés après avoir milité contre l'ordre établi : la mainmise de l'église sur l'Etat. Tout s'arrête là. En effet, nés à partir de rien, ces partis politiques africains ne peuvent être que des coquilles vides77(*). Par ailleurs, on assiste à des modifications sans élan des constitutions, à des coups d'Etat, à des simulacres élections qui amplifient la corruption, à une course au mensonge, à des violences postélectorales, à un dédoublement des institutions, à des problèmes économiques très sérieux qui conduisent à la misère de la population, à une instabilité politique.

En un mot, on assiste à des crises socio-politico-économiques qui bloquent le bon fonctionnement des institutions. Et à ce stade, ceux qui détiennent le stylo rouge, interviennent pour donner des « solutions » aux problèmes posés en Afrique, par les africains, avec les fameuses expressions « le président reconnu par la communauté internationale » (cas de la Côte d'Ivoire), « le gouvernement reconnu par la communauté internationale »(cas de la Lybie), « la communauté internationale ne reconnait pas ces élections ou ces verdicts » (cas de Zimbabwe), « la communauté internationale soutient les pays africains qui font preuve de l'alternance et du respect des droits de l'homme » (cas du Sénégal, du Benin, du Ghana,...).

On croit rêver, on a des exemples des pays avec l'alternance au pouvoir comme le Sénégal, Bénin, Ghana, Burundi sans que cela fasse de ces pays des champions de la croissance économique ou même de la stabilité politique du pays, devant d'autres comme l'Angola, l'Ethiopie, le Mozambique ou le tant décrié Zimbabwe. Le Sénégal bat même le record de pays d'où fuit la jeunesse pour chercher la chance ailleurs78(*). D'autre part, dans une perspective historique, ROOSEVELT, 32e président des Etats Unis, a été élu quatre fois (1932-1944), et personne n'en a fait un problème. La France de son côté a connu tous les régimes, pris dans l'engrenage de tous les vieux démons des privilèges et des rancoeurs vengeurs : la Convention, le Directoire, le Consulat, l'Empire, la Restauration, la Commune, etc.79(*). Et s'agissant de respect des droits l'homme, quand on analyse ce discours, la première chose qui traverse l'esprit est son caractère sélectif. L'occident s'indigne du non-respect des droits de l'homme seulement dans le tiers-monde et plus particulières en Afrique. Et l'indignation ne porte que sur les droits civils et politiques. Mais un silence entoure les droits économiques, sociaux et culturels ainsi que le droit au développement, qui sont pourtant délibérément bafoués par l'ordre économique mondial actuel80(*). Depuis plus de cinquante ans une génération d'africains et d'hommes du tiers monde, de façon plus large, sont confrontés à une situation qui relève du scandale et peut-être de plus en plus de ce que l'on pourrait appeler un crime contre l'humanité81(*).

En effet, les institutions internationales (BM, FMI, OMC) « aident les Etats africains » à s'insérer dans la globalisation de l'économie et à rentrer dans le « cercle vertueux de l'investissement et de la prospérité ». Pour pouvoir bénéficier de cette assistance, les Etats africains doivent accepter l'ingérence de ces institutions. Et comme conséquence, l'Etat a perdu ses fonctions sociales et sa liberté d'agir pour le bien-être de ses citoyens. Cet Etat semble aujourd'hui incapable de garantir une intégration politique et sociale fondée sur le droit élémentaire d'accès à une éducation de qualité, un système de santé, un assainissement et, enfin à l'usufruit du bien public. Comment répondre aux défis de la démocratie si l'Etat doit, d'une part être fort pour appliquer les exigences de la politique financière sous contrôle des grandes organisations internationales mais si, d'autre part, il reste faible dans les réponses qu'il apporte aux attentes de ses citoyens82(*) ? Comment la démocratie peut-elle donner du travail quand des privatisations tous azimuts constituent l'une des préoccupations majeures de la « démocratisation », avec leur cortège de licenciements massifs et d'exclusions ? Par quel miracle le droit à l'alimentation peut-il être assuré quand l'Afrique doit rembourser des dettes qui n'ont servi à rien sinon à enrichir ses dirigeants et l'Occident ? Comment l'Afrique même démocratique peut-elle satisfaire le droit au développement de ses populations, quand elle cherche désespérément un rapport plus équitable dans le commerce international ?83(*) Malgré tout cela, les africains ont droit à la liberté d'expression et à la dignité humaine seulement aujourd'hui ? C'est n'importe quoi !

Et donc, les occidentaux savent très bien que la misère, l'ajustement structurel, système capitaliste et le reste, peuvent bloquer facilement le bon fonctionnement de la démocratie à la l'occidentale en Afrique subsaharienne, mais, continuent toujours à serer l'étau pour que l'Afrique s'explose.

En RDC, les expériences de 2006 et celles de 2011 montrent que la démocratie à l'occidentale n'est pas la condition de l'égalité naturelle des êtres humains. Au Congo, ce sont les plus riches qui paient 50.000 dollars pour être élus (candidats à l'élection présidentielle). Le rôle des pauvres est réduit à élire les riches mais jamais à être élus ni à représenter les leurs à l'assemblée nationale (Parlement)84(*). Les mêmes élections ont amené au pouvoir des personnes qui font de beaux discours et de belles promesses, des boxeurs au parlement (Assemblée Nationale), des incompétents, des corrupteurs et des corrompues, étant donné que plus de 70% de citoyens sont illettrés ne connaissent rien sur le jeu du suffrage universel. En d'autres termes, l'électeur ne sait pas vraiment pourquoi il vote85(*). De plus, les acteurs politiques discutent sans limite au sujet des élections (soit sur les litiges des élections précédentes ou soit sur les élections qui se pointent à l'horizon) pendant que les problèmes vitaux de la communauté notamment l'insécurité, la pauvreté et le chômage restent intacts. Par conséquent, la démocratie qui devrait être porteuse de paix et de développement, devient porteuse de multiples conflits en RDC.

Aujourd'hui, le bilan de cette démocratie est très mitigé car, au 21e siècle l'Afrique est le seul continent qui fait le surplace au nom de la démocratie pendant que sous d'autres cieux les autres sourient toujours au nom de la même démocratie.

Section3. L'attitude des dirigeants africains face à la démocratie

Tout n'est pas à mettre sur le dos de l'Occident, ce dernier ne force pas les dirigeants africains à copier aveuglement la démocratie à l'occidentale ; à tailler les constitutions selon les individus ; à restreindre la démocratie juste aux élections ; à gaspiller l'argent des pauvres contribuables africains en vue d'organiser des simulacres élections (à coup de milliards et au prix des milliers de morts) ; à développer l'idée selon laquelle « je ne peux pas organiser le scrutin pour échouer » ; à pouvoir institutionnaliser la corruption ; à aller s'endetter jusqu'au cou au nom de leurs gouvernements dans le but de satisfaire leurs intérêts ; à augmenter seulement leurs salaires au mépris de leurs compatriotes ; à former des gouvernements selon les affinités familiales ou relationnelles ; à voler l'argent de l'Etat ; à distribuer les richesses nationales de façon inégale ; à taxer ceux qui sont au pouvoir comme des étrangers; à définir les adversaires politiques(opposants) comme des perdants, des ennemis, qu'il faut à tout prix neutraliser, diviser, arrêter, pousser à aller en exil ; à aller comploter avec les ambassadeurs occidentaux en vue de préparer un coup d'Etat ; à nier toute action gouvernementale, même si le résultat prouve que c'est bien ; à faire des déclarations déplacées sur R.F.I. contre le pouvoir en place; à modifier à chaque échéance électorale les constitutions afin de se maintenir au pouvoir au mépris de la volonté du peuple.

En outre, en 2011, certains pays africains(le Gabon, le Nigéria, l'Afrique du Sud,...) ont volontairement donné leurs voix aux Nations Unies de manière à encourager l'OTAN d'aller bombarder la Lybie, en vue de donner un acte barbare, une connotation internationale. Et, pendant que les bombes pleuvaient sur Tripoli, les chefs d'Etat Africains n'ont rien dit. L'Union Africaine était muette. Certains comme ABDOULAYE WADE ont été courtisés pour jouer un rôle qu'on ne pourrait imaginer : le Sénégal reconnaît le CNT et son président Abdoulaye Wade se rend à Benghazi, parade sous la protection des militaires Français et invite KADHAFI à entendre la voix de son « peuple »86(*)(les mercenaires) c'est-à-dire de quitter le pouvoir. Tout ça c'est toujours imposé par l'Occident ? La réponse est cent fois non !

Pire encore, les africains se jettent sans retenue dans les bras de l'Occident pour sauver la démocratie mimétique, comme le font déjà les soi-disant socialistes africains, les démocrates autoproclamés87(*), en faisant appel à la « communauté internationale » sur R.F.I. lorsqu'il y a une crise postélectorale, un problème humanitaire, une agression ou une occupation afin que cette entité vienne à leur secours. Or, en réalité la communauté internationale n'existe pas, elle est une coquille vide, un concept bidon et dénué de sens. Pour nous, une vraie communauté internationale est un ensemble de pays unis par la croyance en destin commun. De cette façon, tous les pays membres de Nations Unies font partie de la communauté internationale. Ce ne sont pas seulement quelques Etats (cinq) membres éternels de conseil de sécurité.

L'Afrique est le seul continent qui, à chaque fois qu'il y a un problème même simple (eau, électricité, épidémie,...), fait appel à la « communauté internationale », pendant que sous d'autres cieux les gens travaillent de manière responsable, créent des richesses, n'internationalisent pas tout, et font confiance en eux-mêmes et à leurs institutions. Par conséquent, voici comment l'Afrique subsaharienne est caricaturée : « représentée par un homme squelettique, aux pieds nus , vêtus de lambeaux, les poignets sous menottes, les lèvres cadenassées, les yeux bandés, le cou emprisonné par une longue chaine solide que tire, à l'autre bout, un homme blanc (la communauté internationale) détenant les grosses clés des solutions à tous les problèmes de l'Afrique , un homme au long nez sadique, amusé et rigolant de voir bientôt le nègre tomber dans le gouffre creusé devant lui »88(*). Et donc, s'il est vrai que l'Occident donne des injonctions démocratiques aux dirigeants africains, il est faut de croire qu'il va jusqu'à leur imposer son modèle de démocratie. Ce sont les intellectuels et dirigeants africains eux-mêmes qui sont incapables de comprendre la réalité de leurs sociétés et surtout de l'élucider dans sa relation avec le passé et son cortège d'échecs89(*).

En nous résumant, il y a lieu de noter que, ce chapitre est articulé autour de trois sections principales : la première a critiqué la démocratie à l'occidentale ; la deuxième a attaqué les problèmes posés par la démocratie à l'occidentale en Afrique subsaharienne; et la troisième et la dernière, a analysé l'attitude des dirigeants africains face à la démocratie.

CHAPITRE QUATRIEME : LA DEMOCRATIE CONSOCIATIVE COMME MODELE DE GESTION POLITIQUE POUR LA RDC ET L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Ce chapitre est présenté dans ce travail comme une solution aux problèmes de la démocratie qui divisent du jour au jour les africains. Il est constitué de six sections: la première réfléchit sur le gouvernement de grande coalition, la deuxième s'attelle sur le veto mutuel, la troisième parle de la proportionnalité de représentation, la quatrième se focalise sur l'autonomie segmentaire, la cinquième évoque le dialogue et le compromis, et la sixième et la dernière entame le suffrage indirect.

En RDC comme dans beaucoup de pays africains, les priorités (la santé, l'éducation, l'électricité, les routes, l'eau, la sécurité, les élections,...), se bousculent. Tous ces secteurs clignotent en rouge. Devant cet état des choses, certaines personnes pensent qu'on devrait d'abord prioriser le secteur sécuritaire (l'armée, la police et les services d'intelligence) car si le pays est en sécurité le développement pourrait en suivre ; pour d'autres, on devrait prioriser le secteur de la santé et de l'éducation parce que ces deux secteurs constituent un passage obligé au développement ; d'autres encore pensent qu'on devrait prioriser le secteur de la justice (la justice sociale, l'égalité devant la loi, etc.), car celle-ci élève une nation . Certes, toutes ces analyses sont très pertinentes, étant donné qu'elles sont basées sur le développement. Mais de notre côté, tant que les problèmes de la démocratie ne sont pas encore réglés, il serait difficile de penser à un quelconque projet de développement, car c'est dans la démocratie que tout s'organise.

Par conséquent, pour nous la priorité des priorités est ni plus ni moins que de construire une vraie démocratie qui mettra tout le monde à l'aise, et tout le reste trouvera sans délais des solutions adéquates.

Par ailleurs, quand on se penche sur la démocratisation de l'Afrique, une certitude s'impose à l'esprit. Dans les années 1960 comme dans les années 1990, les dirigeants africains n'ont pas vraiment pensé à construire leur propre démocratie. Tout s'est passé comme si celle-ci était un bien de consommation produit par les occidentaux et que les africains n'avaient qu'à l'importer pour pouvoir en jouir à leur tour. Les hommes politiques africains qui accèdent à la magistrature suprême de leurs Etats sont conscients du problème. Mais personne ne semble tirer la conclusion qui découle de ce constat. Manqueraient-ils d'audace ? Seraient-ils colonisés au point qu'ils auraient peur d'innover?90(*).

Pour ce qui précède, l'Afrique subsaharienne en général et la RDC en particulier, devraient d'abord s'approprier de leur modèle de démocratie inspiré par leurs particularités socioculturelles qui dépassent les élections, la majorité et l'opposition, et ensuite, l'adapter aux réalités du monde moderne.

A cet effet, vu la complexité des relations interethniques en Afrique subsaharienne, le modèle démocratique qui répond mieux serait pour nous la démocratie consociative ou organisation politique consociative. Celle-ci est un modèle de cohésion sociale. Il est basé sur le dialogue, l'intégration et la solidarité. Par ce fait, il est capable de prévenir ou de gérer les conflits. En plus de ces éléments, il viendrait atténuer les problèmes de la majorité et de l'opposition, des vainqueurs et des vaincus qui bloquent la construction d'un vrai régime démocratique stable en Afrique subsaharienne en général et en RDC en particulier.

En fait, selon l'architecte de ce modèle, le politiste AREND LIJPHART, la démocratie consociative regorge quatre caractéristiques principales91(*) : un gouvernement de grande coalition, un veto mutuel, la proportionnalité de représentation et l'autonomie segmentaire. Et pour notre part, nous ajoutons deux autres caractéristiques : le dialogue et le compromis et le suffrage indirect.

Section 1. Un gouvernement de grande coalition

La démocratie est aussi la manière d'organiser les relations de pouvoir entre les hommes92(*). A cet effet, la démocratie par la règle de la majorité ne s'adapte pas aux sociétés pluriethniques africaines. Elle continue à diviser les africains.

En effet, comme nous avons indiqué ci-haut, cette démocratie veut qu'après les élections, le parti gagnant récupère tout et le parti perdant est obligé d'attendre les élections prochaines afin de se venger, s'il gagnerait ou de recourir aux armes en vue de prendre le pouvoir par la force. Cette situation plonge souvent la plupart des pays africains dans la confusion (contestation violente, guerre civile, crise politique, dédoublement des institutions,...). Et dans tout cela, le peuple ne se retrouve pas, ses besoins sociaux (santé, éducation, logement, eau, électricité, sécurité) sont abandonnés dans le tiroir.

Par conséquent, les pays africains font soit le recul ou soit le surplace au nom de la démocratie.

Pour ces raisons, l'Afrique subsaharienne en général et la RDC en particulier devraient normalement après les élections (au suffrage indirect) asseoir un gouvernement de large union nationale, c'est-à-dire celui qui a été sélectionné par les représentants du peuple pour conduire la destinée du pays, devrait correctement former un gouvernement qui prend en compte la représentation nationale, qui intègre même ses adversaires politiques (selon le poids politique de chacun), car ils ne sont pas des ennemis, tous sont des citoyens d'un même pays. Concrètement, celui qui aurait au moins 51% de voix, doit naturellement être chef de l'Etat, et nommerait à son tour son principal adversaire politique (celui qui aurait 49% de voix) premier ministre, puis tous deux formeraient un gouvernement de grande coalition en vue de satisfaire toutes les tendances socio-politiques. Ceci pourrait permettre aux africains d'assurer leur développement harmonieux et de barrer la route aux impérialistes qui profitent habituellement des conflits qui opposent les africains sur la démocratie afin de satisfaire leurs intérêts.

On peut considérer la guerre en Ethiopie qui s'est terminée en 1991 avec la chute du régime dictatorial de MENGISTU et l'arrivée au pouvoir du mouvement « Ethiopian Peoples Revolutionary Democratic Front » (EPRDF) qui avait mené une longue lutte armée pour libérer le pays d'une dictature sanguinaire. En mai 1991 l'EPRDF arrive au pouvoir par la force des armes et forme un gouvernement de transition à base élargie qui comprend l'ensemble des partis politiques du pays, y compris le parti de l'ancien président déchu93(*).

Et en RDC, après la guerre de 1998 avec son cortège de victimes, en termes de vies humaines, les belligérants (le gouvernement de l'époque, l'opposition politique, les groupes rebelles et la société civile) s'étaient réunis en Afrique du Sud (en 2002-2003), dans le cadre de Dialogue inter-congolais en vue d'harmoniser le climat politique. Et ce dialogue avait abouti à un gouvernement consensuel dénommé le gouvernement de 1+4 c'est-à-dire un Président de la République secondé par quatre Vice Présidents, jusqu'aux élections de 2006.

Section 2.Un veto mutuel

Selon le lexique de science politique, le veto est défini comme une décision par laquelle une autorité peut s'opposer à l'adoption ou à la promulgation d'une loi voulue par d'autres autorités compétentes dans le domaine législatif94(*).

Et s'agissant de notre contexte, il s'agit de s'opposer contre la discrimination des ethnies minoritaires et des groupes les plus modestes, et aussi contre les décisions non raisonnables visant à satisfaire les intérêts de quelques individus au détriment d'intérêts collectifs. Bref, le veto mutuel permet à X à pouvoir contrôler Y, et celui-ci à pouvoir contrôler celui-là afin d'asseoir la bonne gouvernance.

Section 3.La proportionnalité de représentation

La représentation est un ensemble d'idées, de principes et règles postulant que le gouvernement le plus juste et le plus efficace repose sur la désignation, de façon équilibrée, de représentants chargés de gouverner au nom de tous. Le système représentatif moderne fait néanmoins l'objet de critiques. Dans de nombreux pays, il ne permet pas d'aboutir à une représentation équilibrée des différentes composantes de la société : les élus, largement professionnalisés, représentent les catégories sociales supérieures ; les classes les plus modestes, les femmes et les minorités ethniques et religieuses restent souvent sous-représentées95(*). Par conséquent, nous assistons à des violences ethniques, à des massacres des minorités, à une injustice sociale, etc.

Face à cette situation, les africains en général et les congolais en particulier devraient recourir à la représentation proportionnelle car, elle vise à représenter de manière équitable les différentes catégories sociales(les minorités ethniques, linguistiques et religieuses ; les femmes,...) dans la prise de décision.

Cependant, toute notion de minorité devrait disparaître dans un régime véritablement démocratique pour laisser la place à celle de reconnaissance et de respect des droits de l'autre. Elément de base de la société, l'individu n'est jamais une minorité. Le civisme exige donc de reconnaître et de respecter les droits de l'individu en tant que citoyen. Toutes les autres exigences découlent de cette dernière96(*).

Section 4.l'autonomie segmentaire

Ici, il est question de la mise en place d'une décentralisation effective afin de promouvoir la libre administration des provinces et des collectivités territoriales pour aboutir au développement local.

Et la RDC offre un très bel exemple, bien que l'expérience montre que c'est souvent qu'une déclaration d'intention. La Constitution de la RDC promulguée en 2006 institue trois niveaux d'exercice du pouvoir d'Etat : le pouvoir central et la province ainsi qu'à l'intérieur de celle-ci, des entités territoriales décentralisées. Elle introduit le régionalisme politique comme forme d'Etat intermédiaire entre l'Etat unitaire décentralisé et l'Etat fédéral. La Constitution détermine le statut des provinces et des entités territoriales décentralisées, procède à une répartition des compétences ainsi qu'à un partage des ressources entre le pouvoir central et les provinces et, de façon significative, interdit formellement toute révision constitutionnelle ayant pour objet ou pour effet de réduire les prérogatives des provinces et des entités décentralisées97(*).

Section 5. Le dialogue et le compromis

Dans une vraie démocratie, le dialogue est au coeur de toute action politique car, il permet d'abord d'établir les vrais problèmes qui opposent le « tu » et le « je », et ensuite de dégager un compromis salutaire. Et ce dernier n'est pas uniquement une pratique souhaitable dans le domaine politique, mais aussi un principe essentiel du mode de vie démocratique98(*). Autrement dit, comme disait THOMAS LUHAKA LOSENJOLA : «  le dialogue constitue un meilleur lubrifiant politique pour régler tous les problèmes » de la communauté afin d'aboutir au compromis qui exprimerait la volonté de tous. Dans le même ordre d'idées, LOBHO LWA DJUGUDJUGU, définit la démocratie comme étant le moyen politique par lequel sont résolues les contradictions sociales dans le respect de droits reconnus à chaque citoyen99(*). Et il est à signaler que les contradictions faisant partie de l'existence humaine, il y a toujours plusieurs manières de les résoudre selon la culture de la collectivité100(*).

En effet, dans la démocratie traditionnelle, consensuelle, un libre débat était garanti entre les gens de la communauté. Seulement, après l'arbre à palabres, un consensus se dégage entre les groupements sociaux. Et l'unanimité était ainsi faite en dépit de la diversité des points de vue et non pas envers et contre les idées minoritaires. C'est la principale raison pour laquelle dans ces sociétés traditionnelles, la critique n'était pas tout à fait tolérée après l'arbre à palabres ; le sujet ayant déjà fait l'objet de discussions ouvertes. Un tel acte était considéré comme une trahison. Ce qui justifierait l'absence d'une opposition organisée à l'européenne dans les traditions africaines101(*).

Ainsi, concrètement, nous proposons aux africains ceci : au lieu d'appeler à chaque fois la « communauté internationale » à leur secours suite aux problèmes qui relèvent de la compétence nationale (élaboration d'une nouvelle constitution, révision constitutionnelle, choix d'un régime politique, choix d'une forme d'Etat, choix d'un mode de scrutin, crise postélectorale, formation d'un gouvernement, toute résolution qui engage la Nation), ils devraient convoquer la communauté nationale au tour d'une table afin de les résoudre car, tout n'est pas à internationaliser.

 

Section 6.Suffrage indirect

Les élections organisées au suffrage universel direct rencontrent beaucoup d'obstacles en Afrique subsaharienne, parmi lesquels : le financement, l'analphabétisme et l'insuffisance des infrastructures.

§1. Les élections et le financement

En fait, les économies africaines sont généralement sous-développées, en ce sens, elles n'arrivent pas à satisfaire correctement les besoins fondamentaux de la population (eau, électricité, santé, éducation et sécurité), et dans ce registre, il faut ajouter le fameux problème des élections au suffrage universel direct qui divise souvent les classes politiques africaines, suite à son caractère complexe et compliqué.

En effet, pour organiser des bonnes élections (libres, démocratiques et transparentes) au suffrage universel direct, il faudrait disposer des moyens (surtout financier) adéquats. Dans ces conditions, la plupart des pays africains ne sont pas en mesure d'assurer de telles dépenses, ils éprouvent des difficultés énormes pour organiser ces élections dans le délai prévu par la loi et dans un climat apaisé comme ça se passe sous d'autres cieux. Prenons le cas de la RDC, le coût de cycle électoral a été estimé à 1,2 milliards USD.

Par conséquent, ces élections sont plus financées par les bailleurs de fonds (l'U.E, la France, le Canada, le Royaume-Uni, etc.). Et ces derniers, recourent au principe selon lequel « la main qui donne c'est celle qui domine ». On a, en effet, remarqué que des élections financées par l'occident en 2006, ont été l'occasion pour l'Union Européenne d'afficher une attitude d'arrogance sévère, énervante et humiliante qui rappelle la lourde dette politique et morale désormais contractée par le Congo(RDC). Sans l'aide internationale occidentale, fait-on savoir avec une violence langagière sans fards, les élections n'auraient pas été organisées et, pire, KABILA JOSEPH n'aurait pas été Président de la République. Ainsi l'aide financière accordée par l'Occident intéressée et conditionnée, rend l'Afrique subsaharienne et la RD Congo presque esclave102(*).

§2. Les élections et l'analphabétisme

Le deuxième obstacle que le suffrage universel direct rencontre en Afrique subsaharienne est l'analphabétisme de la population électrice. En effet, de bonnes élections supposent aussi une bonne participation des citoyens concernés en termes de connaissance des sujets de discussion, des candidats aux postes de pouvoirs, d'engagement et d'accomplissement des actes relatifs aux élections. Aucun choix n'est judicieux s'il n'est éclairé et fait en connaissance de cause. Or, avec la dégradation constante de l'enseignement en Afrique subsaharienne et en RDC en particulier, le nombre d'analphabètes ne fait qu'accroître, à un rythme qui inquiète. Comme conséquences : grand nombre de bulletins blancs et nuls, des illettrés assistés par des quasi lettrés103(*), la manipulation, la fraude, le clientélisme, la corruption.

§3. Les élections et les infrastructures de transport

La plupart des territoires africains ne sont pas bien aménagés, c'est-à-dire il y a une insuffisance des infrastructures de transport (les voies de communication : routes, rails, ponts et aéroports) en Afrique subsaharienne. Assurément, l'Afrique accuse un retard important sur le reste du monde, pour tous les aspects des infrastructures (quantité, qualité, coût et accès). En 1992, environ 17% des routes, des grandes routes de l'Afrique subsaharienne étaient revêtues, mais en 1998, ce chiffre était tombé à 12% note la Banque Mondiale(BM). Aujourd'hui, plus de 80% des routes sans revêtement ne sont qu'en assez bon état, et 85% des routes secondaires rurales sont en mauvais état et ne peuvent pas être empruntées pendant la saison des pluies104(*). Conséquences, les irrégularités émaillent le processus électoral : les kits électoraux(urnes, isoloirs, bulletins de vote,...) sont fréquemment arrivés en retard dans certaines contrées rurales, ceci fait que les mêmes élections qui sont organisées aux centres urbains, selon la date prévue par la loi électorale, sont organisées dans les milieux ruraux en retard ; certains électeurs, surtout ceux qui sont dans des zones rurales, sont obligés à faire de kilomètres à pieds pour aller voter dans les centres urbains ; le taux de participation aux élections est de plus en plus réduit suite à la distance.

Eu égard au cortège d'élections à coût des milliards, la non maitrise du jeu du suffrage universel par beaucoup d'électeurs et l'insuffisance des infrastructures en Afrique subsaharienne, nous proposons aux africains de recourir au suffrage indirect (pour l'élection présidentielle). Car, la représentation du « souverain primaire » ne passe pas forcément par le suffrage universel. Celui-ci n'est pas en soi une valeur démocratique comme en témoignent les « démocratures ». Il s'inscrit dans une histoire, celle des transformations économiques, sociales et culturelles relevant du temps long105(*).

Et pour BOSONGO SAMY, ce scrutin présente les avantages suivants106(*) :

ü La logistique n'est pas couteuse ;

ü Les opérations de vote faciles en un seul point du pays : dans la capitale où se trouve le siège du parlement qui est le palais du peuple ;

ü Les candidats n'ont plus à dépenser beaucoup d'argents pour payer les témoins et pour battre campagne ni à voyager à travers tout le pays;

ü Les électeurs sont des âmes averties et peuvent, en âmes et conscience, par ricochet opérer un choix responsable du président de la République (pour le cas de la RDC, au lieu de millions d'électeurs, on peut aller aux élections avec 608 électeurs, c'est-à-dire 500 députés + 108 sénateurs) ;

ü Il n'y a pas vraiment de possibilité de trucage, d'irrégularités ou de fraudes ;

ü Le même jour toutes les opérations de vote peuvent se réaliser : vote proprement dit, dépouillement des urnes, décompte des voix obtenues par candidat et publication du résultat;

ü En cas de contentieux électoral, les vérifications sont très faciles à réaliser.

Bref, ce mode de scrutin est moins cher et moins conflictogène.

En somme, ce chapitre est articulé autour de six sections: la première a réfléchi sur le gouvernement de grande coalition, la deuxième s'est attelée sur le veto mutuel, la troisième a parlé de la proportionnalité de représentation, la quatrième s'est focalisée sur l'autonomie segmentaire, la cinquième a évoqué le dialogue et le compromis, et la sixième et la dernière a entamé le suffrage indirect.

CONCLUSION GENERALE

A la fin de cette étude intitulée Construire une démocratie consociative en Afrique subsaharienne. Cas de la République Démocratique du Congo, il est important de rappeler les différents points fondamentaux qui l'ont constitué. En fait, la présente étude essaie de proposer aux africains en général et aux congolais en particulier la démocratie consociative. Car, nous estimons que celle-ci est adaptable aux réalités socioculturelles africaines. Et en plus, elle est capable de prévenir ou de gérer les conflits.

De ce fait, nous avons subdivisé ce travail en quatre chapitres, à savoir :

v Le premier chapitre a porté sur le cadre conceptuel et théorique. S'agissant de cadre conceptuel, nous avons défini un seul concept clé : la démocratie. Pour nous, la démocratie est généralement l'aptitude d'un peuple à pouvoir s'organiser de manière libre sur le plan politique, économique et social en fonction de ses intérêts. Et en ce qui concerne le cadre théorique, il sied de signaler qu'il existe deux types de démocratie dans le village planétaire : la démocratie libérale et la démocratie sociale. Toutefois, à côté de ces deux modèles nous ajoutons un troisième type nommé la démocratie consociative. Celle-ci est un modèle d'intégration et de solidarité.

v Le deuxième chapitre a parlé de l'Afrique subsaharienne précoloniale et la démocratie. En d'autres termes, nous avons démontré dans ce chapitre l'existence de la démocratie en Afrique subsaharienne précoloniale, en s'appuyant sur le royaume Kongo. Dans ce royaume, la monarchie était élective, c'est-à-dire le roi était élu par un collège électoral composé de neuf ou douze membres parmi lesquels : le mani Kabunga, le mani Soyo et le mani Mbata. Et ces derniers disposaient aussi le pouvoir de le déposer. Ainsi, il existait un véritable équilibre du pouvoir.

v Le troisième chapitre a approché la démocratie à l'occidentale et l'a évalué. Dans ce chapitre, nous avons d'abord critiqué l'attitude de certains pays occidentaux dits démocratiques, notamment la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni au sein de l'ONU. En effet, ces pays peuvent décider d'intervenir là où ils le souhaitent au nom de la démocratie et sans l'autorisation des Nations Unies, comme ils l'ont fait en Irak, en Lybie, pour ne citer que ces pays. Ensuite, nous avons attaqué les problèmes posés par cette démocratie en Afrique subsaharienne. En fait, cette démocratie comporte beaucoup de faiblesses dont la plus importante est le fossé qu'elle crée aussitôt après les élections entre les membres de la communauté. En réalité, cette démocratie veut qu'après les élections, le candidat qui aurait au moins 51% de voix soit déclaré vainqueur, contre celui qui aurait 49% de voix. Celui-là va gouverner seul, et celui-ci est exclu de tout. Par conséquent, nous assistons à un cycle de conflits. Et enfin, nous avons critiqué aussi l'attitude des dirigeants africains face à la démocratie. Véritablement, tout n'est pas à mettre sur le dos de l'Occident, ce dernier ne force pas les dirigeants africains à copier aveuglement la démocratie à l'occidentale, à tailler les constitutions selon les individus, à former des gouvernements selon les affinités familiales ou relationnelles, etc. Ce sont les intellectuels et dirigeants africains eux-mêmes qui sont incapables de construire une vraie démocratie qui mettrait tout le monde à l'aise. 

v Le quatrième et dernier chapitre, a proposé un modèle de démocratie adaptable en RDC et en Afrique subsaharienne. En effet, vu la complexité des relations interethniques en Afrique subsaharienne, nous avons proposé aux africains en général et aux congolais en particulier la démocratie consociative. Celle-ci est un modèle de cohésion sociale. Il est basé sur le dialogue, l'intégration et la solidarité.

Et pour atteindre ces résultats, nous avons recouru à la méthode historique. Celle-ci nous a permis d'analyser les documents et les faits historiques au sujet de la démocratie en Afrique subsaharienne en général et en RDC en particulier depuis son origine jusqu'à nos jours, de les commenter, les interpréter et les critiquer afin de proposer une solution adéquate pour l'Afrique subsaharienne. A cette méthode, s'ajoute des techniques suivantes : documentaire et de l'observation directe.

En effet, après toutes nos analyses, il se dégage que la démocratie à l'occidentale n'est pas adaptable aux sociétés pluriethniques africaines suite à sa logique selon laquelle « c'est la majorité qui prend tout ». En ce sens, nous avons pensé à la démocratie consociative. Celle-ci est un modèle qui s'adapte mieux aux réalités socioculturelles africaines, car elle est basée sur l'arbre à palabre, l'intégration et solidarité.

Pour y parvenir, la socialisation politique est le passage obligé de la réussite de cette démocratie. Ceci pourrait permettre au peuple de maitriser les vrais enjeux de la démocratie. Et cette responsabilité revient aux partis politiques, à la société civile, au gouvernement et aux médias locaux.

Ainsi, nous savons tous que, ce qui est nouveau est fréquemment méfié et critiqué par les autres, mais les africains devraient avoir confiance en eux-mêmes, en leurs institutions, en leurs dirigeants et à leur pays respectif, et non plus aux cotations et aux leçons des autres. Parce que la construction d'une vraie démocratie demande aussi la patience, la sagesse et la détermination. Et à la fin du compte, ce processus prendra toujours un plus bel élan.

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6. TRAORÉ, A., « Pour une Côte d'Ivoire libre et indépendante », http ://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurent_gbagbo.htm..., [En ligne] publié le 8 juin 2014, Consulté le 17 novembre 2014 à 10h 03'.

7. TRAORÉ, A., « Aminata Traoré et Laurent Gbagbo », http://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurant_gbagbo.htm..., [enligne], mis en ligne le 08 juin 2014, consulté le 17 novembre 2014 à 12h 05'.

8. TRAORÉ, T., « La gloire des imposteurs : un livre à lire », http : //www.makaila.over_blog.com/.../la_gloire_des_imposteurs_un_livre_a-lire.html, [En ligne], mis en ligne le 25 février 2014, consulté le 17 novembre 2014 à 9h 17'.

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

AVANT-PROPOS......................................................................................iii

LES ABREVIATIONS...........................................................................................iv

0. INTRODUCTION GENERALE 1

1. Etat de la question 1 _Toc432260270

2. Problématique 3

3. Hypothèses 5

4. Méthode et techniques de recherche 6

4.1. Méthode 6 _Toc432260278

4.2. Techniques 7

4.2.1. Technique documentaire 7

4.2.2. Technique d'observation directe 7

5. Choix et intérêt du sujet 8

5.1. Choix du sujet 8

5.2. Intérêt du sujet 8

5.2.1 Intérêt scientifique 8

5.2.2. Intérêt national 8

5.2.3. Intérêt personnel 9

6. Délimitation du sujet 9

7. Subdivision du sujet 9

Section 1.Définition de concept 11

· Démocratie 11

Section 2. Notions sur la démocratie 12

§1. Argumentaire négatif de la démocratie 13

§2. Argumentaire positif de la démocratie 14

§3. Les types de démocratie 14

3.1. La démocratie libérale 14

3.2. La démocratie sociale 15

3.3. La démocratie consociative 16

CHAPITRE DEUXIEME : L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE PRECOLONIALE ET LA DEMOCRATIE 17

Section1. La démocratie en Afrique noire traditionnelle 17

Section1.Cas de royaume Kongo 18

§1.Les fondements du royaume 19

§2.L'organisation politique 20

2.1. L'élection 21

2.2. La gestion des provinces 22

§3.Les organisations économiques 22

CHAPITRE TROISIEME: APPROCHER LA DEMOCRATIE A L'OCCIDENTALE ET L'EVALUER............................................................24

Section1.L'attitude des pays occidentaux face à la démocratie 24

Section2.Les problèmes posés par la démocratie à l'occidentale en Afrique subsaharienne 28

Section3.L'attitude des dirigeants africains face à la démocratie 33

CHAPITRE QUATRIEME: LA DEMOCRATIE CONSOCIATIVE COMME MODELE DE GESTION POLITIQUE POUR LA RDC ET L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE....................................................................................................36

Section 1. Un gouvernement de grande coalition 37

Section 2. Un veto mutuel...........................................................................39

Section 3.La proportionnalité de représentation 39

Section 4.l'autonomie segmentaire 40

Section 5. Le dialogue et le compromis 41

Section 6.Suffrage indirect 42

§1. Les élections et le financement 42

§2. Les élections et l'analphabétisme 43

§3. Les élections et les infrastructures de transport 43

CONCLUSION GENERALE 46

BIBLIOGRAPHIE 48

TABLE DES MATIERES.............................................................................53

* 1 SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie de la recherche scientifique(les ficelles de captage et les logiques d'analyse des données), PUZ, Kinshasa, 2012, p.35.

* 2 REYNTJENS, F., cité par MOYOYO BITUMBA, T., « Coopération : Qui perd ? Qui gagne ? L'Echec d'une génération », in Trends, n°32, 8 août 1994, p.16.

* 3 MBADU KIA-MANGUEDI, C., Le propos d'une démocratie africaine : de l'arithmétique à l'éthique sur le livre de NGOMA BINDA, une démocratie libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique, L'Harmattan, Paris, 2OO1, p.331.

* 4 ZAHIR, F., Afrique et démocratie : Espoir et illusions, L'Harmattan, Paris, 1992, pp. 11-35.

* 5 MPUNDU, J., Démocratie, Editions L'Epiphanie, Kinshasa, 1991, p.3-3O.

* 6 SHOMBA, K. et TSHUNDOLELA, G., Méthode de la recherche scientifique, Ed. MES, Kinshasa, 2003, p.32.

* 7 DEPELCHIN, J., Démocratie néocoloniale ou deuxième indépendance ?, L'Harmattan, Paris, 1992, p.128.

* 8 POUGALA, J-P., « Une escroquerie dénommée démocratie », http://www.pougala.org, [En ligne], mis en ligne le 07/12/2013, consulté le 17/11/2014 à 14h 18', p.1.

* 9 PINTO, R. et GRAWITZ, M., Méthode en Sciences Sociales, Tome1, Dalloz, Paris, 1964, p.338.

* 10 NGOMA-BINDA, P., Une démocratie libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique, L'Harmattan, Paris, 2OO1, p.110.

* 11 MWAYILA TSHIYEMBE, Quel est le meilleur système politique pour la République Démocratique du Congo : fédéralisme, régionalisme, décentralisation ?, L'Harmattan, Paris, 2012, p.61.

* 12GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1970, p.20.

* 13 CUVILLIER, A., Manuel de sociologie, Tome1, PUF, Paris, 1967, pp. 288-289.

* 14 SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, PUZ, Kinshasa, 2013, p.54.

* 15MAYOYO BITUMBA, T., L'ajustement politique africain pour une démocratie endogène au Congo-Kinshasa, L'Harmattan, Paris, 1999, .p.164.

* 16SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, PUZ, Kinshasa, 2014, p.34.

* 17 MOSSÉ, Histoire d'une démocratie : Athènes, Editions du Seuil, Paris, 1971, p.5.

* 18 STALON, JEAN-L., Construire une démocratie consensuelle au Rwanda, L'Harmattan, Paris, 2002, p.17.

* 19 OSMAN SAMANTAR, Y., « Comment on nous a enseigné la démocratie », in Présence africaine, 3e trimestre, n°38, 1961, p.116.

* 20MAPPA, S., Développer par la démocratie ? Injonctions occidentales et exigences planétaires, Karthala, Paris, 1995, p.304.

* 21 DANIOUÉ, R., L'Afrique : l'unité de mesure démocratique, L'Harmattan, Paris, 1997, p.109.

* 22NGOMA-BINDA, P., La participation politique. Ethique civique et politique pour une culture de paix, de démocratie et de bonne gouvernance, Deuxième édition, IFEP, Kinshasa, 2005, p.158.

* 23 KIRONGOZI B.LIMBAYA, S., Les malentendus de la démocratisation en Afrique subsaharienne(Le paradoxe congolais), Sirius, Paris, 2010, pp.126-127.

* 24 ROUVIER, J., Les grandes idées politiques : Des origines à J.-J. Rousseau, Bordas, Paris, 1973, p.81.

* 25DIANGITUKWA, F., http://www.fweley.wordpress.com, consulté le 30/12/2014, p.2.

* 26POUGALA, J-P., op.cit., p.11.

* 27NGOMA-BINDA, P., La participation politique, IFEP et FKA, Kinshasa, 1995, p.83.

* 28KABUYA-LUMUNA SANDO, C., Manuel de sociologie politique, PUK, Kinshasa, 2011, p.159.

* 29 MODJA KALO, C., Les facteurs explicatifs des avancés démocratiques en RDC 2002-2010, Mémoire de licence inédit, L2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2010, p.22.

* 30 DES LAURIERS, J., Idéologies, idéal démocratique et régimes politiques, 2e trimètre, Editions du renouveau pédagogique, Québec, 2005, p.103.

* 31 KUENGIENDA, M., Quelle démocratie pour l'Afrique ? Pouvoir, éthique et gouvernance, L'Harmattan, Paris, 2007, p.4.

* 32 STALON, JEAN-L., op. cit., p.25.

* 33 PELRAS, S., La démocratie libérale en procès, L'harmattan, Paris, 2006, p.9.

* 34 CHEIKH ANTA DIOP, « L'Afrique noire précoloniale », Tome2, n°76, in Présence africaine, n°76,1960, p.59.

* 35 NYERERE, J., Socialisme, démocratie et unité africaine (La déclaration d'Arusha), Présence africaine, Paris, 1960, p.29.

* 36 NGOMA-BINDA, P., La participation politique. Ethique civique..., op. cit., p.158.

* 37N'GBANDA NZAMBO-KO-ATUMA, H., cité par MUKULU NDUKU BENIS, P., Afrique : Démocratie piégée, éd. Equilibres aujourd'hui, Condé-sur-Noireau, 1994, pp.32-33.

* 38 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.161.

* 39 DEPELCHIN, J., op.cit., pp.132-133.

* 40 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.163.

* 41 Idem, p.161.

* 42 MUNCK, J., Kinkulu kia nsi eto a kongo (histoire de l'ancien royaume du Kongo), Diocèse de Matadi, Matadi, 1971, p.3.

* 43 NDAYWEL È NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo : Des origines à la République démocratique, Afrique éditions, Kinshasa, 2008, p.132-133.

* 44 KI-ZERBO, J., Histoire de l'Afrique noire : d'hier à demain, Hatier, Paris, 1972, p.182.

* 45 GREINDL, L., Introduction à l'histoire de l'Afrique noire : Des origines à 1800, Tome 1, Du mont noir, Kinshasa-Lubumbashi, 1974, p.122.

* 46 DEWARD, G., Histoire du Congo : Evolution du pays et de ses habitants, H. dessain, Paris, 1962, p.30.

* 47 NDAYWEL È NZIEM, I., Histoire générale du Congo (de l'héritage ancien à la République démocratique, Afrique Editions, Paris, 1998, pp.95-96.

* 48 Idem, p.95.

* 49 CUVELIER, J., L'ancien-royaume du Congo. Fondation, découverte, première évangélisation de l'ancien royaume de Congo. Règne du grand roi affonso mvemba nzinga, Desclée de brouwer, Paris, 1946, p.312.

* 50GREINDL, L., op.cit., pp.123-124.

* 51 VANSINA, Les anciens royaumes de la savane, Université Lovanium, Kinshasa, 1965, p.33-34.

* 52 Idem, p.35.

* 53 NDAYWEL È NZIEM, I., Histoire générale..., op. cit., p.96.

* 54 VANSINA, op. cit., p.34.

* 55 NDAYWELL È NZIEM, I., Histoire générale..., op.cit., p.96.

* 56OBENGA, T., Afrique centrale précoloniale : Documents d'histoire vivante, Présence africaine, Paris, 1973, p.131.

* 57 CUVELIER, J., op.cit., p.298.

* 58 BAL, W., Le royaume du Congo aux XVe et XVIe siècles (documents d'histoire), Editions de l'Institut National d'Etudes Politiques, Léopold ville(Kinshasa), 1963, pp.20-21.

* 59 VANSINA, J., op.cit., p.35.

* 60NDAYWELL È NZIEM, I., Histoire générale du Congo..., op.cit., pp.67-69.

* 61 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.160.

* 62 MAPPA, S., op.cit., p.304.

* 63 Charte des Nation Unies du 26 juin 1946, p.2.

* 64 MEILLASSOUX, C., Identités et Démocratie. En Afrique et ailleurs..., L'Harmattan, Paris, 1997, p.10.

* 65 TODOROV, T., Les ennemis intimes de la démocratie, Editions Robert Laffont, Paris, 2014, pp.90-95.

* 66 DE GAULE, C., «  La RDC victime d'une conspiration internationale », in Le Potentiel, n° 5836, Mardi 28 mai 2013, p.2.

* 67TRAORÉ,A., « Aminata Traoré et Laurent Gbagbo », http://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurant_gbagbo.htm..., [enligne], mis en ligne le 08 juin 2014, consulté le 17 novembre 2014 à 12h 05', p.4.

* 68TRAORÉ, A., « Pour une Côte d'Ivoire libre et indépendante », http ://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurent_gbagbo.htm..., [En ligne] publié le 8 juin 2014, Consulté le 17 novembre 2014 à 10h 03', p.2.

* 69 TODOROV, T., op.cit., p.98.

* 70 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.105.

* 71 KIRONGOZI B.LIMBAYA, S., op.cit., p.9.

* 72MITTERAND, F., cité par DANIOUÉ, R., Conférence de presse sur Radio France Internationale le 20 juin 1990, à l'issue du sommet des chefs d'Etats de France et d'Afrique à la Baule.

* 73 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.125.

* 74NGOMA-BINDA, P., La démocratie libérale communautaire..., op.cit., p.102.

* 75 NGOMA BINDA, P., La démocratie libérale communautaire..., op.cit., p.101.

* 76 KIBAL PWEY-M'PIAL, P., « La nouvelle démocratie directe(NDD): Théorie et modalités de sa mise en oeuvre en République Démocratique du Congo », in Congo-Afrique, n°477, Juillet-aout 2013, p.488.

* 77MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.25-27.

* 78 POUGALA, J-P., op.cit., p.11.

* 79DANIOUÉ, R., op. cit., p.110.

* 80MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.113-114.

* 81 ZAHIR, F., op.cit., p.11.

* 82 JOAO DE MELO, J., « Gouvernance mondiale crise de la démocratie et alternatives », in Congo-Afrique, n°385, Mai 2004, pp.286-288.

* 83 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.114.

* 84 DIANGITUKWA, F., op.cit., p.2.

* 85 KOLM, C.S., Les élections sont-elles la démocratie ?, Les Éditions du cerf, Paris, 1977, p.105.

* 86TRAORÉ,T., « La gloire des imposteurs : un livre à lire », http : //www.makaila.over_blog.com/.../la_gloire_des_imposteurs_un_livre_a-lire.html, [En ligne], mis en ligne le 25 février 2014, consulté le 17 novembre 2014 à 9h 17', p.1.

* 87 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.136.

* 88 NGOMA-BINDA, P., La démocratie libérale communautaire..., op.cit., p.100.

* 89 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., pp.135-136.

* 90MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., pp.25-168.

* 91 LIJPHART, A., cité par STALON, JEAN-L., Democraty in plural society, Yale University Press, New Haven, 1977, p.25.

* 92 DUPRAT, G., L'ignorance du peuple. Essais sur la démocratie, Presses universitaires de France, Paris, 1998, p.1.

* 93 STALON, JEAN-L., op.cit., p.25.

* 94 Lexique de Science Politique (vie et institutions politiques) 2e édition, Paris, Dalloz, 2011, p.581.

* 95 Lexique de Science Politique..., op.cit., pp.486-487.

* 96 ANONYME, Majorité et minorité, https://www.Kas_benin.de/.../Marite Minorite .ht..., consulté 29 août 2015 à 15h 26', p.2.

* 97 TSHIBWABWA, J., Aménagement du territoire, Cours de deuxième licence, SPA, FSSAP, UNIKIN, 2015, p. 61.

* 98 HALLOWELL, J., Les fondements de la démocratie : Nouveaux horizons, Les éditions inter-nationales, Paris, 1970, p.47.

* 99 LOBHO LWA DJUGUDJUGU cité par MUKWALA DINZILA, Troisième république au Zaïre, Bibliothèque de scribe, Kinshasa, 1997, p.132.

* 100 LABANA, L.A., Le conflit : Stratégies, prévention, gestion et modes de résolution, Chaire Unesco, Kinshasa, 2007, p.34.

* 101 DANIOUÉ, R., op. cit., p.151.

* 102 NGOMA-BINDA, P., « Elections en RD Congo 2006 et 2011. Bref regard comparatif et prospectif », in Congo-Afrique n°462 février 2012, p.123.

* 103 Idem, p.124.

* 104MUTUME, G., « Construire un réseau routier performant en Afrique », https://www. Un.org/ fr/ .../162 reg4f.htm, consulté 03 septembre 2015 à 10h 35', p.1.

* 105MULAMBU MVULUYA, Questions spéciales de sociologie politique, Cours de première licence SPA, FSSAP, UNIKIN, 2013, pp.122-123.

* 106BOSONGO, S., « Suffrage universel direct versus suffrage universel indirect », https://www.bcc-rdc.info/.../679-suffra-..., consulté le 01 septembre 2015 à 13 h 9', p.5.






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