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Construire une démocratie consociative en afrique subsaharienne. cas de la république démocratique du congo

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par David NZENZE
Université de Kinshasa (RDCongo) - Licence en Sciences Politiques et Administratives 2015
  

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Section2.Les problèmes posés par la démocratie à l'occidentale en Afrique subsaharienne

Au commencement était la « mission civilisatrice » aux allures de conquête militaire. Puis vinrent la « coopération au développement » avec ses corollaires, l'endettement et l'ajustement structurel. Toutes ces politiques ont été conçues par les occidentaux dans notre intérêt, a-t-on toujours dit. Elles ont pourtant contribué à notre perte, tout en enrichissant l'Occident « chrétien » et « humaniste ». Et nous voici maintenant, entrainés, une fois de plus pour notre « plus grand bien », dans l'ajustement démocratique70(*). Pour ce faire, ils ont élaboré un critérium d'évaluation de la démocratie selon leurs propres représentations, auquel doit répondre tout Etat pour bénéficier de « l'aide au développement ». Même si ce critérium n'est pas toujours imposé à tous avec la même rigueur71(*)c'est-à-dire l'accent est mis plus sur l'Afrique subsaharienne.

En effet, voici le début du nouveau scénario : « Lorsque je dis démocratie, lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c'est la seule façon de parvenir à un équilibre au moment où apparaît la nécessité d'une plus grande liberté, j'ai naturellement un schéma tout prêt : système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure »72(*).Voilà le schéma dont nous disposons. Ainsi parlait François Mitterrand au sommet de La Baule le 20 juin 199073(*). C'est là un piège fondamental, un vrai, car il est surprenant que l'Occident, ne comprenne pas, qu'il n'existe pas de «calendrier spécifique pour mettre en place la démocratie?74(*). Cette thèse naît d'une révolte face à un paradoxe cruel et cynique. L'histoire montre que depuis la traite des nègres jusqu'au néocolonialisme, en passant par la colonisation, l'Europe n'a jamais entendu accorder la démocratie à l'Afrique, démocratie et liberté pour lesquelles elle a elle-même fait des «révolutions? qui ont couté de nombreux efforts et sacrifices ; démocratie et liberté mêmes que le monde occidental valorise et clame, à la longueur des journées, à travers l'éternel refrain quasi unilatéral de «droits de l'homme?75(*).

En effet, pendant la colonisation et après les indépendances des pays africains, les mêmes vendeurs d'illusions savaient très bien que la démocratie et les droits de l'Homme existent, mais, pour leurs intérêts politico-économiques, ils ont foulé aux pieds tous les principes qui découlent de ces deux fameux termes, car ils ont exploité inhumainement les africains et soutenu des régimes dictatoriaux. Et d'emblée, ils montent une nouvelle stratégie sans présenter aux africains le bilan de précédents scénarios sur la « civilisation » et la « coopération au développement ». Quoi qu'il en soit, les chefs d'Etats africains, incapables d'innover, n'avaient pas le choix, ils ont fait le pas vers la démocratie par la règle de la majorité. Et celle-ci comporte beaucoup de faiblesses dont la plus importante est le fossé qu'elle crée aussitôt après les élections entre76(*) les membres de la communauté. En fait, cette démocratie veut qu'après les élections, le candidat qui aurait au moins 51% de voix soit déclaré vainqueur, contre celui qui aurait 49% de voix. Celui-là va gouverner seul, car le principe est que « c'est la majorité qui gouverne » ou « c'est la majorité qui prend tout », et celui-ci est exclu de tout. Or les sociétés africaines sont pluriethniques, par conséquent, au lieu que cette démocratie amène la paix et le développement en Afrique subsaharienne, elle amène par contre, un chapelet de conflits (contestation violente, guerre civile, sécession, crise politique,...).

En plus de cela, partout en Afrique, qui dit démocratie pense aussitôt création des partis politiques. Naissent alors, comme issus d'une génération spontanée, des communistes, des socialistes, des libéraux, des sociaux-chrétiens, etc. En Europe, les partis politiques naissent des préoccupations sociales ou des conflits que traversent les sociétés. Les libéraux sont nés après avoir milité contre l'ordre établi : la mainmise de l'église sur l'Etat. Tout s'arrête là. En effet, nés à partir de rien, ces partis politiques africains ne peuvent être que des coquilles vides77(*). Par ailleurs, on assiste à des modifications sans élan des constitutions, à des coups d'Etat, à des simulacres élections qui amplifient la corruption, à une course au mensonge, à des violences postélectorales, à un dédoublement des institutions, à des problèmes économiques très sérieux qui conduisent à la misère de la population, à une instabilité politique.

En un mot, on assiste à des crises socio-politico-économiques qui bloquent le bon fonctionnement des institutions. Et à ce stade, ceux qui détiennent le stylo rouge, interviennent pour donner des « solutions » aux problèmes posés en Afrique, par les africains, avec les fameuses expressions « le président reconnu par la communauté internationale » (cas de la Côte d'Ivoire), « le gouvernement reconnu par la communauté internationale »(cas de la Lybie), « la communauté internationale ne reconnait pas ces élections ou ces verdicts » (cas de Zimbabwe), « la communauté internationale soutient les pays africains qui font preuve de l'alternance et du respect des droits de l'homme » (cas du Sénégal, du Benin, du Ghana,...).

On croit rêver, on a des exemples des pays avec l'alternance au pouvoir comme le Sénégal, Bénin, Ghana, Burundi sans que cela fasse de ces pays des champions de la croissance économique ou même de la stabilité politique du pays, devant d'autres comme l'Angola, l'Ethiopie, le Mozambique ou le tant décrié Zimbabwe. Le Sénégal bat même le record de pays d'où fuit la jeunesse pour chercher la chance ailleurs78(*). D'autre part, dans une perspective historique, ROOSEVELT, 32e président des Etats Unis, a été élu quatre fois (1932-1944), et personne n'en a fait un problème. La France de son côté a connu tous les régimes, pris dans l'engrenage de tous les vieux démons des privilèges et des rancoeurs vengeurs : la Convention, le Directoire, le Consulat, l'Empire, la Restauration, la Commune, etc.79(*). Et s'agissant de respect des droits l'homme, quand on analyse ce discours, la première chose qui traverse l'esprit est son caractère sélectif. L'occident s'indigne du non-respect des droits de l'homme seulement dans le tiers-monde et plus particulières en Afrique. Et l'indignation ne porte que sur les droits civils et politiques. Mais un silence entoure les droits économiques, sociaux et culturels ainsi que le droit au développement, qui sont pourtant délibérément bafoués par l'ordre économique mondial actuel80(*). Depuis plus de cinquante ans une génération d'africains et d'hommes du tiers monde, de façon plus large, sont confrontés à une situation qui relève du scandale et peut-être de plus en plus de ce que l'on pourrait appeler un crime contre l'humanité81(*).

En effet, les institutions internationales (BM, FMI, OMC) « aident les Etats africains » à s'insérer dans la globalisation de l'économie et à rentrer dans le « cercle vertueux de l'investissement et de la prospérité ». Pour pouvoir bénéficier de cette assistance, les Etats africains doivent accepter l'ingérence de ces institutions. Et comme conséquence, l'Etat a perdu ses fonctions sociales et sa liberté d'agir pour le bien-être de ses citoyens. Cet Etat semble aujourd'hui incapable de garantir une intégration politique et sociale fondée sur le droit élémentaire d'accès à une éducation de qualité, un système de santé, un assainissement et, enfin à l'usufruit du bien public. Comment répondre aux défis de la démocratie si l'Etat doit, d'une part être fort pour appliquer les exigences de la politique financière sous contrôle des grandes organisations internationales mais si, d'autre part, il reste faible dans les réponses qu'il apporte aux attentes de ses citoyens82(*) ? Comment la démocratie peut-elle donner du travail quand des privatisations tous azimuts constituent l'une des préoccupations majeures de la « démocratisation », avec leur cortège de licenciements massifs et d'exclusions ? Par quel miracle le droit à l'alimentation peut-il être assuré quand l'Afrique doit rembourser des dettes qui n'ont servi à rien sinon à enrichir ses dirigeants et l'Occident ? Comment l'Afrique même démocratique peut-elle satisfaire le droit au développement de ses populations, quand elle cherche désespérément un rapport plus équitable dans le commerce international ?83(*) Malgré tout cela, les africains ont droit à la liberté d'expression et à la dignité humaine seulement aujourd'hui ? C'est n'importe quoi !

Et donc, les occidentaux savent très bien que la misère, l'ajustement structurel, système capitaliste et le reste, peuvent bloquer facilement le bon fonctionnement de la démocratie à la l'occidentale en Afrique subsaharienne, mais, continuent toujours à serer l'étau pour que l'Afrique s'explose.

En RDC, les expériences de 2006 et celles de 2011 montrent que la démocratie à l'occidentale n'est pas la condition de l'égalité naturelle des êtres humains. Au Congo, ce sont les plus riches qui paient 50.000 dollars pour être élus (candidats à l'élection présidentielle). Le rôle des pauvres est réduit à élire les riches mais jamais à être élus ni à représenter les leurs à l'assemblée nationale (Parlement)84(*). Les mêmes élections ont amené au pouvoir des personnes qui font de beaux discours et de belles promesses, des boxeurs au parlement (Assemblée Nationale), des incompétents, des corrupteurs et des corrompues, étant donné que plus de 70% de citoyens sont illettrés ne connaissent rien sur le jeu du suffrage universel. En d'autres termes, l'électeur ne sait pas vraiment pourquoi il vote85(*). De plus, les acteurs politiques discutent sans limite au sujet des élections (soit sur les litiges des élections précédentes ou soit sur les élections qui se pointent à l'horizon) pendant que les problèmes vitaux de la communauté notamment l'insécurité, la pauvreté et le chômage restent intacts. Par conséquent, la démocratie qui devrait être porteuse de paix et de développement, devient porteuse de multiples conflits en RDC.

Aujourd'hui, le bilan de cette démocratie est très mitigé car, au 21e siècle l'Afrique est le seul continent qui fait le surplace au nom de la démocratie pendant que sous d'autres cieux les autres sourient toujours au nom de la même démocratie.

* 70 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.105.

* 71 KIRONGOZI B.LIMBAYA, S., op.cit., p.9.

* 72MITTERAND, F., cité par DANIOUÉ, R., Conférence de presse sur Radio France Internationale le 20 juin 1990, à l'issue du sommet des chefs d'Etats de France et d'Afrique à la Baule.

* 73 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.125.

* 74NGOMA-BINDA, P., La démocratie libérale communautaire..., op.cit., p.102.

* 75 NGOMA BINDA, P., La démocratie libérale communautaire..., op.cit., p.101.

* 76 KIBAL PWEY-M'PIAL, P., « La nouvelle démocratie directe(NDD): Théorie et modalités de sa mise en oeuvre en République Démocratique du Congo », in Congo-Afrique, n°477, Juillet-aout 2013, p.488.

* 77MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.25-27.

* 78 POUGALA, J-P., op.cit., p.11.

* 79DANIOUÉ, R., op. cit., p.110.

* 80MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.113-114.

* 81 ZAHIR, F., op.cit., p.11.

* 82 JOAO DE MELO, J., « Gouvernance mondiale crise de la démocratie et alternatives », in Congo-Afrique, n°385, Mai 2004, pp.286-288.

* 83 MAYOYO BITUMBA, T., op.cit., p.114.

* 84 DIANGITUKWA, F., op.cit., p.2.

* 85 KOLM, C.S., Les élections sont-elles la démocratie ?, Les Éditions du cerf, Paris, 1977, p.105.

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