WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Création d'entreprises en Guinée: cas des jeunes de Conakry

( Télécharger le fichier original )
par Siba Théodore KOROPOGUI
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry (UCAO-UUCo) - Master en Gestion des Projets et Développement 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PREMIÈRE PARTIE : DE LA PROBLÉMATIQUE À LA COLLECTE DES DONNÉES

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE

La question de l'emploi demeure au coeur des débats politiques de développement de toutes les nations. Les gouvernements du monde cherchent les moyens les plus appropriés pour pallier aux problèmes de chômageet sortir leurs sujets de leur situation miséreuse. Le souci principal étant de permettre à ceux-ci de subvenir à leurs besoins d'une part, et de contribuer au développement socio-économique du pays, d'autre part.Fort malheureusement, le chômage continue de prendre de l'ampleur dans le monde. Le Bureau International du Travail indiquait en 2006 que le nombre de personnes sans-emploi dans le monde s'élevait à 195.2 millions(BIT2(*), 2006).

La frange de la population la plus durement touchée par ce phénomène est celle des jeunes. Ils étaient 86,3 millionschômeurs dans la tranche d'âge de 18 à 24 ans en 2006. Ils représentent44% des chômeurs dans le monde(BIT, 2006). Des initiatives ont depuis quelques années été prises pour pallier à ce problème. Grâce à ces initiatives,le nombre de jeunes chômeurs a un peu baissé. Un autre rapport de la même institution estimait en 2013 le nombre de jeunes au chômage à 73.4 millions de jeunes sans-emploi dans le monde(BIT, 2013). Cette baisse reste néanmoins insignifiante.

Ces dernières années, la politique de réduction du chômage la plus utilisée et encouragée par les gouvernements et les organisations internationales est la promotion de l'entrepreneuriat, surtoutdes jeunes et desfemmes, considéré comme le meilleur outil de réduction du chômage des jeunes(CNUCED3(*), 2014).Les gouvernements trouveront donc la solution à la problématique de l'emploi des jeunes enles incitant à créer et gérer leurs propres entreprises.

Les pays développés sonten avance dans le domaine du développement de la culture entrepreneuriale chez les jeunes.Au Québec (Amérique du Nord) par exemple, cette politique a eu du succès. Une étude a montré que plus de la moitié de la populationavait une vision positive de l'entrepreneuriat au moment de l'étude et 62.6% pensaient que créer sa propre entreprise était le meilleur choix de carrière. Ainsi, quelques années plus tard (c'est-à-dire en 2011), 9.5% de la population québécoise étaient propriétaires d'entreprises(CVRCE4(*), 2011).

Les jeunes sont ceux chez qui cette culture étaitlaplus développée. L'étude précisait qu'ils étaient 38.3% à préférer choisir l'entrepreneuriat comme choix de carrière(ibid.).Cela constitue une nette régression par rapport à la situation d'il y a quelques années. En 2004, les jeunes de moins de 35 ans qui avaient une vision positive de l'entrepreneuriat représentaient 84.4%.Néanmoins, les jeunes québécois ont une vision plus positive de l'entrepreneuriat comme choix de carrière que ceux du reste du Canada qui, à la même période (2004) représentaient une proportion de 71.7%'(Riverin et Jean, 2004).

Les politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune en Europe ont favorisé l'essor de la culture entrepreneuriale chez les jeunes. En Angleterre par exemple, dès 1997, 65% des jeunes entrepreneurs avaient leurs entreprises à la maison. Parmi eux, 40% travaillaient seuls, 14% avaient au moins un employé et 17% employaient au moins six personnes(Chigunta, 2002). Ces indicateurs montrent que les jeunes, de par leurs initiatives entrepreneuriales, créent de l'emploi pour eux-mêmes et pour d'autres personnes.

En France, le quart (25%) des créateurs d'entreprises sont des jeunes de moins de 30 ans.En 2012, 37% des jeunes envisageaient de créer ou de reprendre une entreprise un jour'''(Barth, 2015). La culture entrepreneuriale est donc élevée chez les jeunes français.

En Afrique, certains pays disposent d'une jeunesse à la culture entrepreneuriale relativement développée. En Tunisie par exemple, de plus en plus de jeunes se lancent dans l'entrepreneuriat. Dans les zones urbaines, environ 13.1% des jeunes hommes travaillent indépendamment. En zone rurale, l'effectif tend à la baisse avec une proportion de 7.9%'(BIRD5(*), 2014).

En 2002,un quart des jeunes zambiens avaient créé leur emploi au moment de l'étude. La plupart de ces entreprises évoluaient dans des activités de commerce et de services(Chigunta, 2002). Malgré tout, le chômage des jeunes constitue un réel défi à relever pour les autorités zambiennes. En 2008, de nombreux jeunes des zones urbaines vivaient au chômage. 63% des 15 à 19 ans et 48% des 20 à 24 ans étaient au chômage. Ceux se situant entre 20 et 24 ans sont del'ordre de 48%. Chaque année, ils sont près de 300 000 jeunes à intégrer le marché du travail apathique où les perspectives d'emploi se font rares et où le fort taux de chômage des jeunes génère des tensions politiques et économiques dans tout le pays(PEA6(*), 2012).

Au Mali, les initiatives de promotion de l'entrepreneuriat ont été à la base d'un boum entrepreneurial chez les jeunes du pays. Une étude réalisée dans quatre localités indique que 31% des jeunes sont entrepreneurs contre 19% de salariés. Bien que cela semble indiqué qu'il y a un potentiel entrepreneurial chez les jeunes, le manque d'emploi pour les jeunes perdure dans le pays. Lesrésultats de l'étude indiquent que la plupart des jeunes sont au chômage (50% dont 27% de sans-emploi et 23% d'étudiants sans-emploi)''(Dougnon et al., 2013).

Pour faire face au taux de chômage croissant des jeunes de moins de 35 ans, qui représentent plus de la moitié de la population (64%) estimé à 25%(Koffi, Faulet-Ekpitini, et Hanty, 2011), la Côte d'Ivoire, à travers son gouvernement a décidé de développer la culture entrepreneuriale dans le pays en introduisant des modules de formation en entrepreneuriat dans le système éducatif. Cette initiative vise à renforcer les compétences des jeunes et favoriser leur initiative personnelle, leur créativité, leur autonomisation et leur responsabilisation(Koffi, Faulet-Ekpitini, et Hanty, 2011).

En Guinée, lutter contre la pauvreté, qui frappe pratiquement plus de 55.2% de la population, reste l'un des défis majeurs à relever(SPSRP7(*), 2013), les autorités se rabattent ces derniers temps sur la promotion de l'entrepreneuriat pour ceux qui sont les plus durement frappés par le phénomène de pauvreté : les jeunes et les femmes.

Cette volonté politique s'est traduite par plusieurs initiatives. Entre autres, la création des Centres d'Écoute, de Conseils et d'Orientation des Jeunes ;la promotion des micro-entreprises en faveur des jeunes ; etc. Le pays bénéficie également du soutien des institutions internationales qui ont mis en place des programmes d'aide à l'autonomisation des jeunes. Ce soutien s'est matérialisé par la mise en place du Fonds National d'Insertion des Jeunes. Ce fonds vient en appui aux jeunes porteurs de projets d'entreprises en guise d'aide pour financer leurs projets.Le programme« Vivre contre Apprentissage », le programme de volontariat jeunesse pour l'insertion socio professionnelle de 300 jeunes diplômés et la tenue de salons d'emploi pour initier les jeunes à la recherche de leur premier emploi sont d'autres initiatives qui avaient pour but d'aider les jeunes à sortir du chômage(SPSRP, 2013).

Le Fonds National pour l'Insertion des Jeunes vise àpallier au chômage des jeunes à travers des initiatives entrepreneuriales. Son principal objectif est de faire en sorte que chaque jeune puisse se prendre en chargeet contribuer au développement économique du pays à travers la création de sa propre entreprise'(Kabuya, 2015).

Grâce à des ressources mobilisées auprès du gouvernement Espagnol, le PNUD8(*) a appuyé une initiative s'inscrivant dans le cadre de l'entrepreneuriat des jeunes. Il s'agit du fonds de crédit revolving intitulé « Foniké » (terme soussou signifiant jeune en français). Cette initiative a contribué à l'accès de 4 272 jeunes aux institutions de micro finances afin de financer leurs projets d'entreprises'''''(PNUD, 2015).

Malgré cela, la situation du jeune guinéenlaisse à désirer. Les études montrent que depuis le début de l'année 2000,60% des chômeurs en quête du premier emploi sont des jeunes. Ceux de la tranche d'âge de 25-34 ans représentent 50% des chômeurs contre 15% de la tranche d'âge de 45-64 ans et 13% pour ceux de la tranche d'âge de 35-44 ans. Les gens ayant effectué des études supérieures sont également du lot. Environ 33% des chômeurs sont d'un niveau d'études supérieures contre 26% de ceux qui n'ont pas fréquenté l'école et 12% de ceux de niveau d'étude techniques/professionnelles(Kaba, 2014).

Ces statistiques mettent enlumière les difficultés liées à la mise en oeuvre des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune. Le dispositif mis en place ne fonctionne certainement pas comme il le faut. Les initiatives de promotion et de développement des entreprises par les jeunes ne produisent pas le fruit escompté. Cela amène à se poser la question suivante : qu'est ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial ?

Pour traiter cette thématique, nous nous appuierons surtrois (3) paradigmesdans le domaine de l'entrepreneuriat. Le paradigme des opportunités d'affaires constitue le premier. Celui-ci explique le facteur déclencheur de l'idée de création d'entreprises par la découverte d'opportunités. Selon cette logique, l'entrepreneur crée une entreprise lorsqu'il constatequ'il y a un besoin non satisfait sur le marché. Il se sert de cette opportunité pour bâtir toute une structure (l'entreprise)avecpour objectif desatisfaire ledit besoin.

Le paradigme des traits individuels est le second sur lequel nous nous sommes appuyés. Il soutientque l'initiative entrepreneuriale dépenddes caractéristiques personnelles des créateurs d'entreprises. Ainsi, un ensemble de variables sociodémographiques influent sur la création d'entrepriseset la réussite entrepreneuriale.

Le troisième paradigme est celui du processus entrepreneurial. Il considère que l'analyse des étapes de ce processus et sa gestion par les jeunes créateurs permet de cerner les difficultés qu'ils rencontrent et qui peuvent constituer un facteur de démotivation à la création, par conséquent un blocage au passage à l'acte entrepreneurial.

Section 1 : Hypothèse de recherche

Nous présumons que l'inadaptation des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse sur la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.

* 2 Bureau International du Travail.

* 3 Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement.

* 4 Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale.

* 5 Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement.

* 6 Perspectives Économiques en Afrique.

* 7 Secrétariat Permanent de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.

* 8 Programme des Nations Unis pour le Développement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King