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Le statut du lait durant l'adolescence.

( Télécharger le fichier original )
par Sarah PHAM
Toulouse Jean Jaurès II - Master Sciences Sociales Appliquées à là¢â‚¬â„¢Alimentation 2016
  

Disponible en mode multipage

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Année universitaire : 2015 - 2016 Sous la direction de : Laurence Tibère

MASTER ALIMENTATION

Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l'Alimentation »

MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE

Le statut du lait durant l'adolescence

Présenté par :

Sarah Pham

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MASTER ALIMENTATION

Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l'Alimentation »

MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE

Le statut du lait durant l'adolescence

Présenté par :

Sarah Pham

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Année universitaire : 2015 - 2016 Sous la direction de : Laurence Tibère

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L'ISTHIA de l'Université Toulouse - Jean Jaurès n'entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tuteurés et mémoires de recherche. Les opinions qui y sont développées doivent être considérées comme propre à leur auteur(e).

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Remerciements

Tout d'abord je tiens à remercier mon maître de mémoire, Mme Laurence TIBERE pour son aide et ses précieux conseils qui m'ont aidé dans la réalisation de mon mémoire universitaire.

Par ailleurs, je remercie également toutes les personnes rencontrées et interviewées, qui m'ont consacré de leur temps et qui m'ont permis de recueillir de plus amples informations pour mener à bien mon travail.

Je souhaite également remercier mes camarades de promotion qui m'ont apporté leur avis lorsque j'en avais besoin.

Enfin, j'adresse mes remerciements à mes proches qui me soutiennent tout au long de ma scolarité et dans mes projets.

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Sommaire

INTRODUCTION GENERALE p.8

PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE p.10

Chapitre 1 : Le domaine de l'adolescence p.11

Chapitre 2 : Le domaine alimentaire p.26

Chapitre 3 : La culture du lait et des produits laitiers p.40

PARTIE 2 : HYPOTHESES p.47

La construction des hypothèses p.48

- Hypothèse n°1 : L'influence des pairs et de la famille redistribue l'évolution des

goûts pour le lait et les produits laitiers p.50

- Hypothèse n°2 : La différence de genre redistribue l'évolution des choix
alimentaires vis à vis des produits laitiers en fonction de critères esthétiques et

corporels et de normes diététiques. p.60

- Hypothèse n°3 : La consommation de lait et de fromage est influencée par un
facteur symbolique de frontière entre les périodes de l'enfance et de l'adolescence, et à contrario un facteur symbolique de jonction entre l'adolescence et le monde

adulte

p.69

PARTIE 3 : METHODOLOGIE PROBATOIRE

p.77

Chapitre 1 : Méthodologie de collecte des données

p.80

Chapitre 2 : Méthodologie probatoire

p.88

Chapitre 3 : Proposition d'outils probatoires

p.95

CONCLUSION GENERALE

p.106

BIBLIOGRAPHIE

p.108

TABLE DES ANNEXES ;;;

p.112

LISTE DES TABLEAUX

p.129

TABLE DES MATIERES BIBLIOGRAPHIE

p.130

« Je ne me vois pas boire du lait comme du coca cola, ce serait trop la loose» (Mégane, 15 ans).

Introduction générale

L

es adolescents sont des mangeurs pluriels et transgressent le rapport « rationnel » à la nourriture. Souvent accusés de « mal » manger, il s'avère pourtant qu'ils sont loin de s'alimenter plus mal que leurs aînés. Pourtant, l'adolescence est une période durant laquelle les jeunes sont confrontés à des remaniements constants, intégrés au sein d'un double processus de désobjectivation-subjectivation. Ils doivent se défaire de leurs systèmes normatifs et en adopter de nouveaux, en identifiant et en intériorisant les normes qui leur semblent les plus profitables pour eux. De ce fait, les normes relatives à leur alimentation ne dérogent pas à la règle et se trouvent aussi bouleversées.

Les adolescents considèrent l'alimentation dans ses dimensions sociales, culturelles et symboliques. Ils accordent de l'importance aux personnes avec qui ils mangent et en fonction des contextes sociaux, les adolescents s'adaptent en inhibant ou en affirmant leurs préférences alimentaires.

A cette période de la vie, ils deviennent acteurs de leur alimentation et vont se construire un nouveau répertoire alimentaire, en tenant compte de déterminants sociaux, culturels, et nutritionnels qui vont codifier leurs choix alimentaires. Une évolution gustative se produit et laisse place à l'appropriation ou au rejet de certains aliments, sous l'influence de l'âge.

Ce nouvel univers de consommation ainsi créé assigne un nouveau statut aux aliments et modifie leur perception chez les adolescents.

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« J'aimais le lait. Maintenant, j'imagine mal fumer ma cigarette de matin avec un verre de lait. » (Ahcène, 17 ans).

Voilà des propos qui ont retenu mon attention en lisant le compte rendu du programme « Alimentations adolescentes, Penser la diversité » du colloque de l'Ocha1 et dont mon mémoire tire son origine. Pourtant très apprécié lors de l'enfance, le lait semble ne plus porter le même statut au cours de l'adolescence. Cette perspective de réflexion a été le point de départ de ma recherche :

« Quel statut ont le lait et les produits laitiers au cours de l'adolescence ? »

Pour faire suite à ce questionnement, nous allons tout d'abord effectuer en première partie, une démarche exploratoire bibliographique afin de cadrer théoriquement nos recherches. Elle portera sur le domaine de l'adolescence, sur l'alimentation des adolescents et sur la culture du lait et des produits laitiers. Ces explorations nous permettront de problématiser notre sujet. Afin de compléter notre revue littéraire et émettre des hypothèses pour répondre à notre problématique nous réaliserons des entretiens exploratoires auprès d'adolescents. Nous expliciterons ces hypothèses en seconde partie. Enfin dans le but de les confirmer ou de les infirmer nous proposerons, en troisième partie, une méthodologie probatoire adaptée et les outils nécessaires qui s'y rattachent.

1 OCHA, Colloque international Programme alimentations adolescentes, « Penser la diversité », Compte rendu, 2010

PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE

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Pour mener à bien notre mémoire de recherche, et pour faire suite à notre question de départ, il est nécessaire dans un premier temps d'exposer les notions théoriques de notre sujet, à savoir le statut du lait et des produits laitiers à l'adolescence. Dans un premier temps, nous étudierons le domaine de l'adolescence au travers l'évolution du statut d'adolescent dans notre société et des déterminants de l'adolescence à cette période de la vie. Ensuite, nous nous intéresserons au domaine alimentaire des adolescents en se focalisant sur la mise en application du modèle alimentaire chez ces individus, leurs habitudes de consommation et les dimensions socioculturelles des influences sur leurs pratiques alimentaires. Enfin, nous nous concentrerons sur la culture du lait et des produits laitiers chez les adolescents en détaillant l'histoire du lait, les images et symboles que ces produits représentent, la perception que les jeunes s'en font et la place qu'ils occupent au sein de leur alimentation.

Chapitre 1 : Le domaine de l'adolescence

1) L'adolescence dans nos sociétés

1.1) La notion d' « adolescence »

Le terme d' « adolescence » est une notion d'apparition Occidentale récente. Il fait référence à une période transitoire de la vie, entre l'enfance et l'âge adulte. Propre à chaque personne, cette période peut être complexe à délimiter et tient compte de facteurs socio-économiques et culturels.

L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit l'adolescence comme une :

« Période de croissance et de développement humain qui se situe entre l'enfance et l'âge adulte, entre les âges de 10 et 19 ans ».

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Cependant, comme nous l'évoquerons plus tard, l'adolescence voit son temps rallonger au fur et à mesure des années et les adolescents peinent à sortir de cette période. Cette difficulté nous empêche de cerner les limites de l'adolescence qui restent floues à l'heure actuelle. En mêlant les différentes lectures effectuées, nous définirons cette période jusqu'aux âges de 23-25 ans.

L'adolescence s'articule autour de trois champs :

- Le biologique - Le psychique - Le social

Les indicateurs biologiques sont universels et sont caractérisés par la croissance et la puberté : maturation physique et sexuelle, développement de la pilosité, acné, mue de la voix et montée de testostérone chez les garçons, concentration oestrogénique et menstruations chez les filles.

Le psychique lors de l'adolescence est une période de remaniements constants. Plus fragiles psychologiquement à cette période, les adolescents rencontrent de nombreux troubles avec une émotivité exacerbée.

Sur le plan social, l'adolescence peut être décrite comme un phénomène collectif d'activités de groupes de jeunes conduisant à des fonctions de socialisation (AMMANUELLI Michèle, 2009). Charles-Henry CUIN (2011) définit l'adolescence comme une expérience et une « activité individuelle socialement orientée vers un but » qui « combine et articule des logiques d'actions distinctes et, en quelque sorte, opposées sinon antagonistes » pour son entrée en société.

1.2) La prise en compte du statut de l'adolescent

Les adolescents ont soulevé de nombreuses interrogations à leur égard. Comment déterminer le passage de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence

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à l'âge adulte ? Les limites de cette catégorisation sont restées floues et les sociétés ont mis du temps à considérer les adolescents comme un groupe d'âge en tant que tel.

Au fil du temps, l'adolescent a eu une place fluctuante dans la société. Le concept d'adolescence était concomitant à une seconde enfance. Il ne s'est différencié que tardivement, lorsque l'âge et le niveau scolaire ont été mis en relation. Jusqu'au XVIIème - XVIIIème siècle, au sein d'une même classe pouvait se retrouver des enfants âgés de 10 ans comme des jeunes de 25 ans (ARIES Philippe, 1960). La période d' « adolescence » pouvait même s'étendre pour des personnes allant jusqu'à 30-35 ans.

o Mesures sociales

L'application de certaines mesures sociales a contribué à la prise en compte par la société des adolescents comme un nouveau sous-groupe de population :

- Obligation de l'instruction des enfants (Lois Ferry, 1881,1882)2 et prolongement de le durée obligatoire : l'instruction primaire était obligatoire de 6 à 13 ans (Lois Ferry, 28 mars 1882) et passe officiellement à 16 ans (réforme Berthoin, 1959)3 ;

- Mise en place de lois et de dispositions encadrant la délinquance et la criminalité chez les jeunes avec notamment la loi du 28 avril 18324 tenant compte de l'âge pour l'application de la peine ;

2 Sénat. Dossier d'histoire : Les lois scolaires de Jules Ferry [en ligne]. Disponible sur http://www.senat.fr/evenement/archives/D42/

3 La documentation française. Mise en place et réformes, La réforme Berthoin de 1959 [en ligne]. Disponible sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/college-unique/reformes.shtml

4 Crimino corpus. Législation, 28 avril 1832, Loi contenant des modifications au Code pénal et au Code d'instruction criminelle [en ligne]. Disponible sur https://criminocorpus.org/fr/legislation/textes-juridiques-lois-decre/

- Réglementation du travail des mineurs par la loi du 22 mars 1841 qui interdit le travail des enfants de moins de 8 ans, puis celle de 1936 repoussant l'âge à 14 ans

o Objet d'étude

Pour mieux comprendre ce nouveau groupe de population, les adolescents ont fait l'objet de travaux scientifiques dans le domaine de la psychologie. FREUD (1923) traite de l'adolescence sous le champ de la puberté au sein de son ouvrage « Trois essais sur la théorie sexuelle » et étudie les aberrations sexuelles, la sexualité infantile et les reconfigurations de la puberté.

L'apport de la psychologie vient compléter les informations déjà recensées sur le développement physiologique des adolescents et permet d'en dresser plus ou moins leur portrait.

A cette époque, on portait aux adolescents de nombreuses attentes. En effet, cette période de transition doit les conduire vers l'autonomie, la responsabilité et la maturité. Mais le regard que leur ont manifesté les sociétés au fil des années, mêle à la fois idéalisation et aspirations négatives. L'adolescent est en contradiction avec sa famille, recherche le conflit et rejette l'autorité. D'après ROUSSEAU (1964, p.274) l'adolescence est une « orageuse révolution [qui] s'annonce par le murmure des passions naissantes » et qui, « bien qu'assez court, a de longues influences

».

Aujourd'hui les adolescents sont plus conservateurs et ne sont plus hostiles à la famille, ils sont enthousiastes, pleins de vie et généreux. Mais ils sont aussi qualifiés d'insociables dû à l'augmentation des incivilités, égoïstes, violents et délinquants (EMMANUELLI Michèle, 2009).

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Ils sont par ailleurs sujets aux suicides, à l'alcoolisme et la toxicomanie.

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1.3) L'évolution du statut d'adolescent

La variabilité du terme d' « adolescence » a fluctué en fonction de facteurs socio-économiques qui accélèrent ou ralentissent le passage à la vie adulte.

o Les rites de passages :

Chaque société à son propre modèle d'encadrement social du passage de l'enfance à l'âge adulte et les rites de passage sont différents pour faire grandir la jeunesse. Ils peuvent être d'ordre culturel :

- la cryptie, l'éromène et l'éphébie en Grèce constituent des rites de passage à l'adolescence, selon les régions ;

- le boukout au Sénégal est un rite d'initiation pour insérer le jeune homme au sein de la société et lui donner son indépendance politique, économique et religieuse. Il pourra ensuite se marier et se voir offrir des terres ;

- le genpuku au Japon est une cérémonie marquant la majorité des garçons. Le jeune homme est emmené dans le sanctuaire de son kami (dieu). Ils sont vêtus et coiffés en adulte et reçoivent un nouveau nom ;

ou religieux :

- la Bar Mitsva chez les juifs qui correspond à la majorité religieuse. Elle s'effectue à 13 ans chez les garçons et 12 ans chez les filles ;

- la circoncision pratiquée chez les juifs, chrétiens et musulmans. Il s'agit de l'ablation en tout ou en partie du prépuce du pénis en guise d'alliance au dieu ;

- le rumspringa chez les amish qui sont libres durant cette période de rencontrer des personnes extérieures à leur communauté. Ils sont autorisés à consommer de l'alcool, fumer ou encore se maquiller et porter des bijoux pour les filles.

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Les rites solennels, de type religieux notamment, ont laissé place à des rites qui se sont progressivement civilisés et sont moins codifiés. Dans notre société, le service militaire était un rite de passage important et représentait « bien plus qu'une participation temporaire à l'armée ; c'était le grand moment de leur intégration au groupe des hommes » (BOZON Michel, 2002). Il s'en suivait l'entrée dans la vie professionnelle, le mariage et le départ du domicile familial. Ces trois critères étaient d'ailleurs socialement représentatifs, tant pour les jeunes hommes que les jeunes filles, d'une succession d'étapes conduisant à l'évolution du statut d'adolescent à celui d'adulte. Aujourd'hui on constate une désynchronisation de cette série de paliers, prolongeant le temps de l'adolescence.

o L'accroissement du temps d'adolescence

Le départ du domicile parental est retardé et la dépendance des adolescents vis-à-vis de leur parents augmentée. EMMANUELLI Michèle (2009) explique que ces faits sont influencés par :

- l'allongement de la scolarité : la poursuite d'études secondaires et supérieures sont accessibles à un plus grand nombre. La durée moyenne des études se voit prolongée ;

- la complexité de trouver un premier emploi qui rend difficile l'indépendance financière ;

- le taux faible des premières rémunérations qui ne permet pas non plus une autonomie financière.

o Le changement de contexte social et familial

Dans notre société occidentale, les contextes sociaux ont été bouleversés au cours du XXème siècle et ont eu des impacts sur la place qu'occupent les adolescents au sein de la famille et de la société

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2) Les déterminants de l'adolescent

2.1) Crise adolescente

L'adolescence est trop fréquemment associée à l'idée de crise selon CLAES (1986, p.60). Pour TABORDA-SIMOES Maria da Conceição, il s'agit d'une période « marquée par des tensions et conflits inévitables ou par des perturbations et inadaptations » mais qui se révèle être de passage et nécessaires à l'équilibre intérieur. Car « l'absence de ces signes constitue un bon pronostic de déséquilibre intérieur ». Pour certains, c'est une phase normale par laquelle passe l'adolescent et « l'idée mythique de la perturbation normative de l'adolescent » s'installe (WEINER, 1995, p. 8).

La crise adolescente est décrite comme la résultante de deux phases (CUIN Charles-Henry, 2011) :

a) Premièrement l'auteur évoque un « double processus de désobjectivation-subjectivation » au sein duquel l'adolescent doit se défaire de ses anciens modèles normatifs et doit en adopter de nouveaux en fonction de ce qui sera plus « profitable pour lui ». Par exemple il se sépare des modèles familiaux pour en rechercher de nouveaux. Cependant, ce processus entraîne une anomie qui lui confère un caractère instable et se traduit chez l'adolescent sous formes de problèmes psychologiques.

b) Deuxièmement l'adolescent fait face à un « double objectif d'intégration et de stratégie » lorsqu'il rencontre des situations inconnues. Le premier type de conduite consiste à identifier et intérioriser les normes pour y adhérer et en retirer les bénéfices psychologiques et sociaux qu'elles peuvent lui apporter. Toutefois, dans un second temps, il doit parvenir à se détacher de celles qui l'empêchent d'atteindre d'autres bénéfices. Pour se faire, il met en place une stratégie de transgression des normes ou d'habilité à les exploiter.

La maîtrise de ces deux phases s'opère en fonction des expériences vécues par le sujet.

En outre, durant cette période de crise, ou de « processus », « passage » ou « opération » tels que préfèrent l'appeler moins péjorativement les psychanalystes (BRACONNIER, MARCELLI, 1998 ; DOUVILLE, 2000 ; LESOURD, 2002 ; RASSIAL, 1990, 1996, 2000), elle se construit autour de trois « cercles de perturbations » (BRACONNIER, MARCELLI, 1998) : le cercle du corps, le cercle du social et le cercle de la famille qui entrent en conflictualité.

Sortir de l'enfance pour affronter l'adolescence n'est pas chose aisée. « L'enfant est banni de son paradis et doit commencer un long et pénible chemin d'ascension » (HALL, 1904, vol2, p.71). Les adolescents traversent une phase de comportements instables et imprévisibles. De nombreux traits de leur caractère sont contradictoires et antagonistes. Mais « ils s'engagent avec enthousiasme dans la vie de la communauté et, d'autre part, ils éprouvent un désir tout puissant d'isolement » (FREUD, 1936, p.149-150). C'est également un moment conflictuel avec la parentèle car les adolescents ont un besoin d'indépendance, surtout vis-à-vis de leur parents, qui s'accompagne de « sentiment d'isolement, de solitude et de confusion » (BLOS, 1962, p.12).

Cependant certaines études et données empiriques mettent en évidence le fait que tous les adolescents ne traversent pas cette « crise » et pour la plupart d'entre eux l'adolescence n'est qu'une période transitoire vécue plus ou moins facilement, sans violence, rejet familial ou désordres psychologiques. « L'idée de crise se révèle inappropriée pour orienter la réflexion visant à identifier les caractères spécifiques de l'adolescence » (TABORDA-SIMOES Maria da Conceição, 2005).

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2.2) Problèmes identitaires : stades de développement d'Erikson

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Pour Erikson, l'identité est la préoccupation de l'adolescence. Il s'agit de :

« comprendre la manière dont l'individu parvient plus ou moins facilement à construire une représentation cohérente de lui-même, à partir de son histoire et en envisageant ce qu'il souhaite devenir » (COHEN-SCALI Valérie et GUICHARD Jean, 2008).

Psychanalyste et psychologue germano-américain, Erik Erikson a entre autre publié trois ouvrages traitant de l'identité : Enfance et société, 1959 puis Identité et cycle de vie, 1959 et Adolescence et crise. La quête de l'identité, 1972. Le développement identitaire devient plus complexe à l'adolescence lorsque le jeune s'interroge sur ce qu'il est, doit, ou va devenir en entrant dans le monde adulte. En sociologie, le terme d' « identité » est couramment employé, alors qu'en psychologie l'emploi du « soi » ou « concept de soi » l'emporte.

o Les stades de développement d'Erikson

Erik Erikson a élaboré huit stades du développement psychosocial de l'individu qui s'étalent de l'enfance à la vieillesse. A chaque stade de la vie correspond une période, marquée par une crise significative, qui va contribuer au développement du « Moi ». Une crise résulte de l'interaction entre différents facteurs biologiques, sociaux et environnementaux, qui se caractérise pour chacune d'entre elles par deux axes spécifiques. Chaque crise doit se résoudre en trouvant un équilibre entre ces éléments, pour ne pas compromettre le développement du « Moi » et marquer un tournant dans notre vie, qui en constituera les diverses étapes.

Les stades :

- Stade 1 : Confiance versus Méfiance (0-18 mois)

- Stade 2 : Autonomie versus Honte et Doute (18 mois-3 ans) - Stade 3 : Initiative versus Culpabilité (3-6 ans)

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- Stade 4 : Travail versus Infériorité (6-11 ans)

- Stade 5 : Identité versus Confusion des rôles (12-18 ans)

- Stade 6 : Intimité versus Isolement (18-34 ans)

- Stade 7 : Générativité versus Stagnation (35-65 ans)

- Stade 8 : Intégrité personnelle versus Désespoir (> 65 ans)

L'adolescence correspond à la 5ème étape, qui regroupe des sujets âgés de 12 à 18 ans et qui correspond à une période qu'il caractérise de conflit entre identité et confusion des rôles. Toutefois, pour comprendre les comportements des jeunes, nous devons aussi nous intéresser au stade précédent : le stade 4, travail versus infériorité.

o Stade 4 : Travail versus Infériorité (6-11 ans)

Ce stade est marqué par la période de l'école, instance de socialisation et développement des compétences de l'enfant. L'enfant sort de son monde de jeux pour entrer dans un objectif de réussite scolaire. Il est sérieux, coopératif et studieux mais à la fois rebelle et désobéissant pour montrer son indépendance. Il prend conscience du monde qui l'entoure et considère la notion d'individu.

Au cours de ce stade, l'enfant cherche à se prouver ses compétences et ses capacités. Il se demande s'il est capable ou incapable. Et pour répondre à ses interrogations, les parents et les instituteurs ont un rôle important. Erikson décrit un ressenti de compétences chez l'enfant s'il est valorisé et au contraire un sentiment d'infériorité s'il se sent dévalorisé, ce qui contribue à forger son identité.

o Stade 5 : Identité versus Confusion des rôles (12-18 ans)

Des problèmes identitaires surgissent lors de ce 5ème stade. En quête d'identité, l'adolescent est préoccupé par la façon dont il est perçu. Il s'agit d'une période déterminante dans son développement psychosocial. C'est un carrefour critique pour lui entre « la personne à être » et « la personne que les autres

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voudraient que je sois ». Différentes modalités du personnage s'offrent à l'individu et il endosse des rôles :

- Le personnage comme rôle social : le « devoir être » d'un « moule social » - Le personnage comme idéal : le « vouloir être » de l'individu

- Le personnage comme masque : le « paraître » ou cacher consciemment aux autres ou à soi-même ce que l'on est

- Le personnage comme refuge : se convaincre soi-même, se rassurer sur sa propre valeur

L'adolescent se questionne sur les rôles futurs qu'il pourrait avoir au sein de la société et tente diverses expériences pour se forger une identité personnelle. Il est influencé par les groupes de pairs et doit s'accommoder à la pression sociétale, mais il doit pouvoir prendre ses distances par rapport aux normes et valeurs conventionnelles et établir son propre système de valeurs. Il développe une certaine confiance en lui grâce à son ego surdimensionné qui contribue aussi à la construction de son identité.

A l'inverse, un manque de confiance en soi peut avoir des répercussions sur la formation de son identité. De plus c'est une période marquée par d'importants changements physiques et pubertaires. Le stade 5 d'Erikson revoit au 4ème stade d'évolution de la sexualité infantile décrit par Freud (FREUD, trois essais sur la théorie de la sexualité, 1923) : le stade génital. L'individu éprouve un plaisir lié à la zone génitale et révèle son identité sexuelle. L'inquiétude qu'il peut ressentir, liée aux transformations physiques qui se produisent chez lui peuvent lui poser problème dans sa quête identitaire. Il doit accepter sa nouvelle image et les répercussions qu'elle peut avoir sur ses relations avec autrui. D'autre part, les blessures que l'adolescent a pu subir dans son passé peuvent altérer sa recherche d'identité et l'établissement de son système de valeurs. Le « Moi » doit s'adapter à tous les changements qui bouleversent cette période et certaines situations peuvent

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être similaires aux stades précédents, engendrant la réapparition de conflits anciens. Par exemple le conflit avec la nourriture que l'on rencontre lors de la petite enfance refait surface lors de l'adolescence et perturbe le rapport à la nourriture de l'individu : TCA (troubles du comportement alimentaire), perception de certains aliments troublée, modèles alimentaires et dimension symbolique modifiée, etc.

Pour Erickson, « Le processus d'adolescence est achevé lorsque l'individu a subordonné ses identifications de l'enfance à un nouveau mode d'identification, accompli grâce à une absorption du social et à un apprentissage compétitif, avec et parmi ses pairs de même catégorie d'âge ».

2.3) Influence du groupe de pairs

Les groupes de pairs sont des agents de socialisation (MONTOUSSE Marc & RENOUARD Gilles,2012). Ce sont des groupes d'amis qui partagent des centres d'intérêts communs et des valeurs et des normes similaires. Ils prennent une place considérable lors de l'adolescence, qui s'articule autour d'un mouvement d'émancipation familiale et de création de liens avec les pairs, faisant évoluer la vie sociale de l'individu.

En effet, les groupes de pairs détiennent un rôle majeur dans les processus de socialisation de l'adolescent. Ils constituent pour lui une référence qui permet de partager les mêmes expériences, le même dialogue et une meilleure compréhension de l'un et de l'autre. C'est l'occasion d'entreprendre des activités sociales avec des personnes plus ou moins du même âge et de se sentir exister en appartenant à un groupe. L'adolescent est en quête de reconnaissance qu'il trouve aux côtés de ses semblables tels que les pairs pour évoluer. Il se construit auprès de personnes significatives et s'affecte un nouveau statut auquel s'assignent de nouveaux rôles.

Les pairs aident l'adolescent dans sa construction identitaire. « L'emprise de la famille laisse place à celle du groupe d'amis » (LORIERS Bénédicte, 2012).

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L'adolescent s'identifie à ses amis et cherche à leurs ressembler, à faire comme eux. Selon Marie-josé AUDEREST et Jean-Blaise HELD (2010, p.13), « il donne l'impression d'être influençable et sans personnalité », mais cela contribue au développement de soi et s'estompera au fur et à mesure, lorsqu'il trouvera son identité propre et développera ses opinions personnelles. Comme disait Philippe VAN MEERBEEK (2007) :

« L'adolescence est surtout et avant tout l'âge de la vie où l'inconscient se lit à livre ouvert : c'est le stade du homard, écorché vif, sans protection et à la merci des inconscients de tous et de l'inconscient collectif. »

Les critères d'intégration ou de rejet à un groupe de pairs tiennent compte de l'âge, du sexe, de l'apparence physique, de l'ethnicité, etc. Par ailleurs, l'adolescent accorde une place importante au regard d'autrui et sa popularité peut également influencer son inclusion ou non au groupe.

« Aux yeux des adolescents, la popularité correspond au fait d'être visible, d'avoir du prestige et un statut élevé et d'être socialement central et dominant. Selon la perspective sociométrique, être populaire correspond plutôt au fait d'être aimé et apprécié par les autres. Il s'agit là de deux concepts distincts. » (POULAIN François, 2014).

La popularité est un élément important pour l'adolescent de son système social. Elle s'organise en une hiérarchie sociale au sein de laquelle prédominent les adolescents les plus populaires, qui vont déterminer les normes du groupe, influencer les autres membres et décider de qui fera partie ou non du groupe. Pour être populaire, il faut se différencier des autres (sens de l'humour, apparence physique, richesse, activité sportive, etc.) (POULAIN François, 20145), mais sans

5 POULAIN François, Université du Québec à Montréal, Les relations entre pairs à l'adolescence

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pour autant sortir des normes conventionnelles au risque d'engendrer une perte de lien social qui peut conduire à l'exclusion du groupe.

Enfin, l'adolescent durant sa construction identitaire adopte de nouvelles normes qui sont celles établies avec son groupe de pairs.

2.4) La différence de genre

Bien que les sociétés aient évolué au fil des décennies, les stéréotypes liés au genre semblent avoir persistés. Dès l'adolescence, on retrouve une image sexuée du garçon et de la fille. Comme l'évoque le pédopsychiatre Philippe JEAMMET :

« C'est le propre de la puberté de marquer la différence entre les sexes. Les adolescents ne sont pas très sensibles à l'égalité des sexes car cela remet en cause le changement qui est en train de s'imposer à eux ».

Selon les adolescents interrogés par Ipsos Santé pour le forum adolescences 2010, la femme représente la sensualité et la féminité ainsi que la maternité, la sensibilité et la gérante des tâches ménagères. L'homme se caractérise par sa virilité, son côté macho et son travail.

Il apparaît également qu'entre filles et garçons, chez les adolescents, une différence de perception et d'estime de soi s'établit en fonction du genre. L'étude « Perceptions de soi à l'adolescence : différences entre filles et garçons » (SEIDAH Amélie, BOUFFARD Thérèse, VEZEAU Carole, 2004) s'est notamment concentrée sur cinq domaines que sont la compétence scolaire, sociale, athlétique, l'apparence physique et les relations sentimentales.

Pour les besoins de mon mémoire, nous nous pencherons sur le domaine de l'apparence physique. Il s'agit du domaine de perception de soi ayant le plus de corrélation avec l'estime de soi. En effet, avoir une bonne perception de soi renvoie

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à une plus forte estime de soi : « Les jeunes qui ont des attitudes positives envers leur apparence physique ont tendance, plus que ceux qui ont des attitudes négatives, à avoir une estime de soi générale élevée » (SEIDAH Amélie et Al. 2004). En règle générale, les jeunes sont préoccupés par leur image corporelle, tant au niveau de leur taille que de leur poids. Mais on note une plus grande satisfaction physique chez les garçons comparé aux filles. L'exposition médiatique des standards de beauté idéalisés à outrance tient sa part de responsabilité dans la satisfaction plus restreinte des filles vis-à-vis de leur apparence physique. Il faut rappeler également que les changements physiques qui s'opèrent chez les garçons sont plus avantageux que chez les filles. Les garçons gagnent en masse musculaire alors que les filles gagnent en masse grasse et sont plus sujettes à prendre du poids, ce qui ne les encourage pas à réexaminer à la hausse la perception qu'elles ont de leur physique. Les résultats d'une étude américaine suggèrent que l'estime de soi grandit chez les garçons âgés de 14 à 23 ans, alors qu'à l'inverse elle décroit chez les filles et plus particulièrement à l'âge de 18-23 ans.

Cependant il faut retenir que les garçons ont tendance à surestimer leurs compétences. Les filles elles portent un regard plus sévère et critique que les garçons sur elles-mêmes (BOLOGNI et al. 1996) lorsqu'elles doivent s'autoévaluer et sont plus en proie aux doutes quant à l'image corporelle qu'elles renvoient.

Chapitre 2 : Le domaine alimentaire

1) Le modèle alimentaire en application

Pour reprendre la définition de Jean-Pierre POULAIN,

« Les modèles alimentaires sont des ensembles sociotechniques et symboliques qui articulent un groupe humain à son milieu, fondent son identité et assurent la mise en place de processus de différenciation sociale interne. Ils sont un corps de connaissances technologiques accumulées de génération en génération, permettant de sélectionner des ressources dans un espace naturel, de les préparer pour en faire des aliments, puis des plats et de les consommer. Mais ils sont en même temps des systèmes de codes symboliques qui mettent en scène les valeurs d'un groupe humain participant à la construction des identités culturelles et aux processus de personnalisation » (POULAIN, 2012).

Comparé aux autres modèles alimentaires, le modèle alimentaire français se distingue par sa sophistication, sa valorisation du goût, des pratiques sociales et la structuration des prises alimentaires. MATHE et al. (2009) l'articule autour de six spécificités :

- Trois repas principaux par jour, et un goûter, pris à plusieurs et autour

d'une table, à des heures relativement fixes et communes à tous ;

- Un temps de préparation et une durée des repas relativement élevés (plus

que dans d'autres pays européens) ;

- Un repas structuré par au moins 3 composantes prises dans l'ordre ;

- Une grande importance accordée au goût des aliments ;

- Une diversité alimentaire importante ;

- Une intervention de savoir-faire transmis par l'expérience.

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1.1) Trois repas principaux par jour, et un goûter, pris à plusieurs et autour d'une

table, à des heures relativement fixes et communes à tous

Parmi les trois repas pris par jours, constitués du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner, les adolescents ont tendance à sauter le petit-déjeuner. A 12 ans, 4% d'entre eux n'en prennent pas, et à 19 ans ils sont 11% (ARENES J. et al, 1998). Néanmoins ils sont 30% à en prendre un de manière irrégulière (VOLATIER JL, 2000) et lorsqu'il est pris, les adolescents font mieux que leurs aînés : il est idéalement composé pour un jeune sur cinq et correct pour un jeune sur deux (ARENES J. et al, 1998). Le petit-déjeuner est souvent pris rapidement et de manière solitaire (en se préparant le matin, sur le trajet de l'école, juste avant de rentrer dans la classe, ...).

Le déjeuner lui est pris de manière nomade. C'est l'occasion pour les adolescents de manger « comme ils veulent », « quand ils veulent » et « où ils veulent ». Plus d'un quart des adolescents déjeunent hors foyer (ARENE J. et al, 1998).

En revanche, le dîner est le repas qui réunit la famille et permet de conserver un équilibre alimentaire.

Quant au goûter, qui doit bien être distingué des grignotages répétitifs qui peuvent survenir au cours de la journée, est « une collation culturellement admise » (ALVIN P., 2004, p.191) prise au retour de l'école. Le goûter et les grignotages représentent 15% de l'AET (Apport Energétique Total) (PHILLIPE I et al., 1998 ; MICHAUD C. et BAUDIER F., 1996) mais le goûter représente à lui seul les trois quarts de cet apport.

1.2) Un temps de préparation et une durée des repas relativement élevée (plus

que dans d'autres pays européens)

Le temps de préparation des repas ne dépend pas des adolescents mais plutôt des parents. En revanche, la durée des repas chez les adolescents est

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variable. Le petit déjeuner et le déjeuner sont pris de manière expéditive et le diner conserve tout de même une part prépondérante du temps journalier accordé à l'alimentation. Selon une étude réalisé en 2010 par l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques, les français (18 ans et plus) consacrent en moyenne quotidiennement 2h22 à l'alimentation6. L'étude démontre qu'au fil des décennies les français sont restés conservateurs de ce temps consacré au repas ; il a même augmenté, étant de 2h09 en 1986.

Les adolescents déjeunent à la cantine ou aiment se restaurer dans des fast-foods le midi, où ils y déjeunent en moyenne en 15 minutes, soit 5 de plus qu'à la cantine. Néanmoins, lorsqu'il n'est pas soumis à ses contraintes scolaires, le weekend, l'adolescent peut consacrer jusqu'à 1h30 de son temps à rester attablé au domicile7. « Si indéniablement on mange souvent plus vite qu'avant, cela n'est pas réservé spécifiquement au « hors domicile » et, surtout, de façon surprenante (surtout chez les adolescents), le temps de la convivialité autour du repas est beaucoup plus important que certains l'imaginent. » (CORBEAU J-P, 2013, p.10).

1.3) Un repas structuré par au moins 3 composantes prises dans l'ordre : entrée,

plat, dessert

Lorsqu'ils achètent leurs repas en restauration commerciale, la formule « plat-dessert » est la plus populaire. En revanche, la structure « entrée-plat-dessert » est globalement retrouvée dans les plateaux des adolescents lorsqu'ils déjeunent au restaurant scolaire. Ils reconnaissent que « c'est équilibré, on a une entrée, un plat et un dessert. »8. Par ailleurs, cette structure, référente du modèle alimentaire français garde sa valeur aux yeux des adolescents.

6 (Insee, enquêtes Emploi du temps 1985-1986, 1998-1999 et 2009-2010, http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1417).

7 OCHA, Colloque international Programme alimentations adolescentes, « Penser la diversité », Compte rendu, Leçon, J.P CORBEAU, 2010, p.6.

8 OCHA, Dossier d'information complet du Colloque "Alimentations Adolescentes" du 12 et 13 Octobre 2009, 2009, p.10

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« C'est une structure de repas que l'on associe à un moment de partage, de convivialité, mais aussi de plaisir lors de repas au restaurant par exemple. »9

1.4) Une grande importance accordée au goût des aliments

Le goût est un des principaux facteurs déterminants des préférences et choix alimentaires (DREWNOWSKI A., 2004, p.4). Chez les adolescents, le plaisir gustatif tient une place prépondérante et en matière d'éducation alimentaire, il est important pour les jeunes que l'on reconnaisse leur droit au plaisir alimentaire10. Ils privilégient la découverte de nouvelles saveurs et de nouveaux mets et ils accordent un attachement particulier aux saveurs gustatives ancrées dès l'enfance (plats de grand-mère par exemple). Bien qu'ils ne soient pas insensibles aux messages nutritionnels, ils font la balance entre les facteurs santé et leurs préférences sensorielles qui guident leur choix alimentaire.

A la différence de nos autres sens, le goût nécessite de la part du mangeur un jugement de valeur et une réaction. Pour faire la différence entre le bon et le mauvais, entre ce qu'il peut avaler ou recracher, il mobilise sa fonction gustative et distingue l'agréable du désagréable.

1.5) Une diversité alimentaire importante

Le colloque international de l'OCHA « Alimentations adolescentes, penser la diversité »11, tenu en 2010, à étudié les diversités alimentaires chez les adolescents. L'état des lieux dressé, il en ressort « qu'une majorité d'adolescents mangent des fruits, des légumes et des produits laitiers tous les jours ». Le restaurant scolaire offre un large choix aux jeunes et le déjeuner et le dîner se complémentent. Les adolescents privilégient les crudités le midi plutôt que le soir. Ils consomment

9 MONCE THIBAUD, L'alimentation des jeunes adultes, Mémoire de master 1 55AA, Toulouse : Université de Toulouse - Jean Jaurès/ISTHIA, 2015

10 OCHA, Dossier d'information complet du Colloque "Alimentations Adolescentes" du 12 et 13 Octobre 2009, 2009, p.12

11 OCHA, Colloque international Programme alimentations adolescentes, « Penser la diversité », Compte rendu, 2010

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cependant autant de légumes cuits au déjeuner, qu'au dîner. Les filles ont tendance à consommer les fruits plutôt à midi et les laitages sont préférés au dîner. Par ailleurs, les choix alimentaires des adolescents sont aussi guidés par la saisonnalité.

1.6) Une intervention de savoir-faire transmis par l'expérience

Le savoir-faire culinaire les adolescents s'articule autour de trois leviers : l'imitation de la mère, les essais-erreurs et la lecture de recettes. L'héritage maternel est valorisé mais les jeunes pensent toujours qu'on ne leur révèle pas tous les « secrets de fabrication », car ils ont du mal à retrouver exactement le même goût que maman dans leur préparation. En revanche ils valorisent surtout leur créativité bien qu'elle puisse se traduire sous forme d'essais-erreurs et la lecture de recettes qui les inspirent (GARABUAU-MOUSSAOUI Isabelle, 2001).

Toutefois, ils entretiennent un rapport complexe avec le monde culinaire, entre rejet et volonté d'apprendre. Ils doivent s'inscrire comme un groupe autonome et la cuisine peut contribuer à la construction de leur identité (GARABUAU-MOUSSAOUI, 2001). Ils innovent et apportent leurs propres modifications aux recettes de maman.

Mais d'autre part, justement, ils affectionnent particulièrement les bons petits plats de leur mère ou grand-mère, qui leur rappellent leur enfance et portent un fort attachement au traditionnel repas de famille. C'est l'occasion pour les adolescents de se sentir quelque part encore enfant. BOURDIEU (1979) évoque une « nostalgie du monde natal ». Par ailleurs les repas de fêtes permettent de perpétuer les traditions culinaires12.

12 OCHA, Colloque international Programme alimentations adolescentes, « Penser la diversité », Compte rendu, Leçon, Marie-Pierre JULIEN, 2010, p.28

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2) Les habitudes de consommation des jeunes

A l'adolescence, les jeunes ont des besoins nutritionnels accrus. La ration énergétique augmente et on constate surtout une augmentation de la part des glucides simples et des lipides, de quoi alarmer les professionnels de santé : « Alors que globalement nous mangeons plus équilibré qu'auparavant, les jeunes en revanche se gavent de plus en plus de pâtisseries, de boissons sucrées et de confiseries » (MONCEAU C et al, 2002).

Dans L'Homnivore, Claude FISCHLER (2001) nous dresse une liste des aliments les plus appréciés par les adolescents, basée sur une étude américaine. Il cite « les glaces, les dindes rôties, les petits pains, le poulet frit, le steak, une série de desserts, les pommes-frites et le lait ». Il en ressort d'une étude française de nombreuses similitudes, avec en tête de liste les aliments sucrés, le poulet, la viande, les pommes-frites et les fruits. La comparaison des deux études permet de mettre en évidence aussi des différences culturelles quant à l'attrait des adolescents pour certains aliments. Le lait, par exemple, est apprécié par 92% des adolescents américains contre 55 à 60% chez les français.

On peut également mentionner les hamburgers, les milkshakes, les bonbons et les barres chocolatées13. Ainsi que les produits nomades tels que les pasta box (pâtes en boîte), les kebabs, les sandwichs et les pizzas, qui sont appréciés, au même titre que les fast-food, pour des « déambulations urbaines au déjeuner entre copains » (MONCEAU C et al, 2002) et pour leurs aspects froid, sec, cru, piquant et à manipuler sans couvert (finger food).

Pour autant, les jeunes considèrent les fast-foods et les produits industriels comme des marqueurs générationnels. Les adolescents gardent à l'esprit qu'il s'agit de produits peu sains qui ne constituent pas à eux seuls leur univers alimentaire.

13 Le parisien, Les français mangent plus équilibrés qu'avant, 15 mai 2002

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C'est un plaisir que l'on peut s'accorder de temps en temps mais à modérer avec une alimentation plus saine et légère. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, ils sont une minorité à boire des sodas quotidiennement. Ils sont consommés ponctuellement au déjeuner et plutôt par les garçons.

Du côté des aversions alimentaires, selon une étude qui portait sur les aliments goutés et finis en premiers dans l'assiette, Claude Fischler (2001) désigne les navets, les aubergines, le foie, le chou, les betteraves et les tomates cuites. On constate que les légumes sont les moins appréciés. Les aliments à goût fort comme la vinaigrette, les cornichons, le poivre, l'ail, l'olive noire, les oignons, la moutarde ou le pamplemousse sont également difficilement acceptés par les adolescents. Cependant ces derniers que l'on caractérise d'« aliments adultes » tendent à devenir plus facilement tolérés avec l'âge. L'auteur introduit la notion d'aliments sensibles à la variable âge, conduits par un dégoût cognitif et cible surtout les aliments d'origine animale : abats, cervelle, foie, lait ; et les aliments à fort goût comme le fromage. De plus en plus aversifs avec l'âge mais à différents degrés selon le sexe.

En effet, la variable du genre interagit sur l'évolution des goûts. Les rejets d'aliments sont plus répandus chez les filles que chez les garçons, exceptés pour le groupe des fruits et légumes, qui pourraient s'expliquer par une sensibilité plus importante des filles à la pression, aux préoccupations diététiques et aux stéréotypes sociaux. Les garçons doivent faire preuve de courage alors que les filles n'hésitent pas à clamer leurs aversions et dégoûts. De même, la consommation de beurre reste la même chez les garçons de l'enfance à l'adolescence, alors que chez les filles, elle diminue. Par contre, la viande est préférée par les garçons (41% chez les filles vs 52% chez les garçons).

Ainsi, les choix alimentaires des jeunes contribuent progressivement à la création de leur identité sexuelle. D'une manière générale, la consommation des

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garçons est représentée par un éventail d'aliments à haute valeur calorique, en opposition avec celle des filles. Les adolescents peuvent se retrouver tiraillés entre le paradoxe du « bon » gustativement parlant et le « bon » diététiquement parlant, mais ce n'est pas ce qui façonne prioritairement leur comportement alimentaire. Il est également nécessaire de tenir compte des influences socioculturelles.

3) Dimensions socioculturelles des influences sur les pratiques alimentaires des adolescents

Loin d'être dictées par les exigences nutritionnelles, les pratiques alimentaires des adolescents se dessinent au sein d'un contexte social et de règles sociales. La dimension socioculturelle des prises alimentaires réunit les préférences, les environnements, les situations et les conduites de consommation, ainsi que les aspects de commensalité. Ces tenants sont influencés par :

- le cadre familial

- les groupes de pairs

- les médias et la culture de masse

3.1) Le cadre familial

Le contexte familial est l'élément central et majeur encadrant les prises alimentaires. C'est au sein de la famille que l'adolescent fonde et reproduit les comportements. L'influence parentale se répercute sur les habitudes et comportements alimentaires des jeunes qui effectuent des choix alimentaires similaires à leurs parents. Ils sont influencés par la nourriture proposée quotidiennement au foyer, mais aussi par les valeurs, croyances et préférences qui règnent à la maison.

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On constate également une alimentation qualitativement supérieure à domicile, qui met à disposition des jeunes des aliments sains (augmentation de la consommation de fruits et légumes), alors qu'en restauration rapide on évoque une disponibilité d'aliments « camelote » très gras et sucrés14. Par ailleurs, les conseils et le soutien des parents quant à l'importance d'un bon équilibre alimentaire, orientent les adolescents à faire les bons choix. De même, les règles familiales, régissent la prise de repas peuvent avoir des répercussions sur le repas de l'adolescent. Par exemple, lorsque l'encadrement parental est permissif, la tendance est pour les aliments gras et sucrés (HAERENS, L et al., 2008). A contrario, si la pratique parentale est stricte, on note une consommation plus présente de fruits et légumes (VAN DER HORST, K et al, 2007). Mais, paradoxalement, ce style d'autorité peut aussi conduire le mangeur à développer une attirance pour la nourriture dont il aura été privé, notamment les aliments gras et sucrés, qu'il désirera même en l'absence de sensation de faim (PATRICK, H., et T. A. NICKLAS, 2005).

En outre, les repas en famille occupent une place très importante pour les adolescents. « Le repas de référence est le repas familial13 ». Ils favorisent la diffusion de valeurs alimentaires saines, d'autant plus chez les catégories socioprofessionnelles favorisées (CSP+) (PATRICK, H., et T. A. NICKLAS, 2005, p.8392) et réfèrent à une alimentation de meilleure qualité. D'ailleurs, de nombreux adolescents associent le repas familial au symbole d'une alimentation équilibrée. Il assure la transmission de bonnes pratiques alimentaires qui s'ancrent jusqu'à l'âge adulte, de même que les bénéfices psychosociaux qu'il apporte du fait de manger régulièrement en famille (BURGESS-CHAMPOUX, T. L., N. LARSON, D. NEUMARK-SZTAINER, P. J HANNAN et M. STORY, 2009, p.79-86). Les principaux freins évoqués pour la prise de repas en famille sont l'insuffisance de

14 Institut national de santé publique du Québec, Ados 12-14 : les dimensions socioculturelles des pratiques alimentaires et d'activité physique des adolescents - Recension des écrits, Direction du développement des individus et des communautés, Septembre 2011.

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temps, la difficile coordination des emplois du temps de tous les membres de la famille et le goût pour la prise de repas nomades des adolescents avec leurs amis (NEUMARK-SZTAINER, D., N. I. LARSON, J. A. FULKERSON, M. E. EISENBERG et M. STORY, 2010, p.1113-1121).

Effectivement, même si les adolescents apprécient l'idée sécurisante du repas en famille, ils aiment manger hors du foyer. Ils sont à la recherche d'indépendance et revendiquent leur autonomie alimentaire à travers la liberté de choix qui s'offrent à eux lorsqu'ils prennent leurs repas à l'extérieur du domicile. Ils multiplient les lieux de restauration et en font un terrain d'expérimentation. Ainsi, les jeunes pensent garder une part de contrôle sur leur alimentation. L'environnement du repas participe à créer l'appréciation ou la dépréciation de la prise alimentaire en liaison avec les personnes présentes lors du repas. C'est pourquoi les adolescents délaissent parfois le nid familial au profit de la compagnie de pairs.

3.2) Les groupes de pairs

Les amis et autres fréquentations des adolescents du même âge revêtent pour eux une norme sociale influente. Au sujet du domaine alimentaire les canaux d'influences sont de plusieurs ordres.

D'une part, les pairs peuvent arbitrer les choix alimentaires. L'influence est favorable lorsque l'adolescent est entouré des jeunes qui se préoccupent de bien manger, favorisant ainsi une saine alimentation. Inversement, elle devient défavorable lorsque le groupe ne s'en soucie guère. Il a été mis en lien que la malbouffe chez les jeunes hommes serait corrélée à celle de leurs amis (FLETCHER, A., C. BONELL et A. SORHAINDO, 2011). Fort de ce constat, des économistes ont travaillé à évaluer l'impact des pairs sur la prise alimentaire et concluent « qu'un jeune augmente sa consommation de tels aliments lorsque ses amis augmentent leur propre consommation moyenne » (FORTIN, B., et M. YAZBECK, 2011). Ils démontrent par-là l'emprise effective qui se pratique sur

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l'adolescent, en compagnie de ses confrères, et parlent de « multiplicateur social » qui agit face à la malbouffe et le côtoiement des structures de restauration rapide. De la même manière, l'influence des pairs peut aussi se répercuter sur les comportements alimentaires. Il a été constaté, notamment chez les jeunes femmes, que des troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie, ...) ou l'obsession malsaine pour la maîtrise de son poids peut-être transmissible entre adolescentes d'un même groupe.

D'autre part, les comportements alimentaires des jeunes sont considérablement chaperonnés par la pression normative des pairs. Le regard que porte le groupe sur l'adolescent est fondamental pour ce dernier et pourra même devenir prioritaire face à ses habitudes comportementales. Par exemple, dans une étude réalisée (RUFO, M., et M. CHOQUET, 2007), les jeunes sondés rapportaient aimer bien manger d'un point de vu santé et nutritionnel, mais n'osaient pas le faire à l'école par crainte d'être moqués en optant pour des choix sains qui le différencieraient des autres. Être identifié comme un « mangeur santé » pourrait les conduire au rejet social.

Les aliments ont par ailleurs une forte charge symbolique de la culture adolescente. La malbouffe est associée à un moment combinant le besoin de s'alimenter tout en riant et en tissant des liens avec ses amis. Aussi, manger peu ou « manger léger » serait signe de féminité et manger beaucoup, de masculinité. Ceci nous conduit aux travaux d'Annie Hubert sur la recherche féminine du corps léger. Aujourd'hui la femme a un appétit léger pour « fabriquer un corps léger ». L'homme lui a un appétit solide pour « construire son corps d'homme » puissant et musclé. De ce fait, les filles sont gênées de « beaucoup » manger devant les garçons. Elles ne veulent pas qu'on les prenne pour des goinfres car cela entacherait leur image féminine (COUNIHAN C. M., 1999). « Manger santé » peut également porter le symbole de snobisme dans l'esprit de certains ados, notamment chez les adolescents issus de catégories socio-professionnelles moins favorisées

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(CSP-). Ils ont peur d'être exclus et subir les moqueries de leurs camarades, mais paradoxalement à l'inverse le « mangeur non-santé » pourrait être victime des mêmes satires s'il se retrouve en dehors de la norme pondérale.

La recherche de socialisation de l'adolescent l'amène à repenser ses choix et comportements alimentaires et à considérer le fait de manger dans de nouvelles dimensions symboliques.

3.3) Les médias et la culture de masse

Après l'école, les jeunes aiment s'adonner à des activités distrayantes. Les activités médiatiques telles qu'écouter de la musique, regarder la télévision, surfer sur internet ou jouer aux jeux vidéo en font largement parti.

Intéressons-nous à l'influence de la télévision et d'Internet. L'étude menée sur l'influence des médias sur les adolescents met en avant leurs influences positives et négatives (COLOMBE F. et FISET C., 2008).

La télévision a un rôle distractif : les adolescents regardent leurs films, séries, télé-crochets ou jeux télévisés préférés. Mais c'est aussi un moyen de communication qui permet aux jeunes de se tenir informés de l'actualité et des événements qui se déroulent dans la société et partout dans le monde. « La télévision n'est pas à bannir car elle constitue un support informatif non négligeable, mais il faut en maîtriser l'usage, notamment le temps que les jeunes lui consacrent ainsi que les thèmes des films » (HAULTCOEUR Guillaume, 2007, p.31).

L'usage d'internet quant à lui est un moyen de communication qui permet tout d'abord pour les jeunes de créer ou d'entretenir le lien social avec les pairs via les réseaux sociaux, forum ou chat. Mais il peut également s'agir d'un moyen de communication informatif et instructif pour les adolescents mettant à leur disposition un grand nombre de ressources facile d'accès.

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Malgré cela, les médias ont aussi des influences négatives sur les jeunes. Ils impacts sur :

- les taux d'obésités, lié à la sédentarité et l'inactivité qui s'accompagnent à la pratique des médias ;

- la santé physique et mentale des jeunes qui s'obnubilent sur leur image corporelle ;

- les comportements de violence, de plus en plus montrés à la télévision ou dans les jeux vidéo et réalistes

- les comportements sexuels, dus à l'exposition médiatique de contenus

sexuels visibles par tous et qui repoussent de plus en plus les limites, valeurs et croyances des jeunes vis-à-vis de leur sexualité;

- les comportements à risques, tels que la consommation d'alcool, de drogues ou de tabac.

Nous allons développer l'impact des médias sur la santé physique et mentale des adolescents. « Depuis plusieurs décennies, les chercheurs en santé aussi bien qu'en communication s'inquiètent de l'influence des médias sur la santé physique et mentale des enfants et des adolescents »15.

Les médias, à travers les publicités, revues et magazines sont nombreux à véhiculer une image très exigeante de l'idéal corporel. La femme doit être mince pour prétendre avoir un beau corps et l'homme musclé, gage de force. Néanmoins, cet idéal corporel, irréel et inaccessible, pousse les jeunes à avoir des pratiques alimentaires dangereuses pour leur santé. « Les médecins rencontrent un nombre croissant d'enfants et d'adolescents souffrant de troubles alimentaires comme l'anorexie nerveuse et la boulimie.»16 La recherche de l'idéal corporel pour

15 Réseau Éducation-Médias, MédiaScope Les médias dans la vie des jeunes Un guide pour les professionnels de la santé, Québec, 2003, p.3

16 Réseau Éducation-Médias, MédiaScope Les médias dans la vie des jeunes Un guide pour les professionnels de la santé, Québec, 2003, p.7

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ressembler aux figures emblématiques que l'on voit dans les médias incitent également les adolescents à adopter une restriction alimentaire ou un régime particulier. Ils contribuent de plus au rejet de leur apparence, déjà difficile à assumer.

Bien qu'ils soient un support d'informations positif, la notoriété des médias et les messages qu'ils transmettent peuvent être porteurs de risques pour la santé physique et mentale des adolescents. Les médias peuvent induire une distorsion de l'image de soi qui aura un impact sur les comportements alimentaires des adolescents.

Chapitre 3 : La culture du lait et des produits laitiers

1) Histoire du lait

Le lait a longtemps été un aliment controversé. Les mangeurs d'hier ne lui portaient pas le même regard que les mangeurs d'aujourd'hui. Bannis de l'alimentation, le lait et les produits laitiers tiennent désormais une place centrale au sein de notre ration quotidienne. Comment les opinions et les conduites ont elles évolué au fil des siècles, amenant le lait et les produits laitiers à passer du statut de « rejeté » à « intégré » ?

1.1) Du rejet...

Du Moyen Âge au XVIIIème siècle, le lait n'était pas reconnu pour ses qualités nutritionnelles. Il n'avait pas de statut social et était considéré comme un aliment « chasse faim ». Pour les Romains, il était destiné aux peuples barbares et sauvages. C'était une alimentation de brute bâtie sur la consommation de produits d'origine animale, avec le beurre et la viande. Or à cette époque, le triptyque de la civilisation se distinguait par la consommation d'aliments d'origine végétale comme le vin, l'huile et les céréales.

Ambassadeur de l'alimentation du pauvre et du paysan, son breuvage reflète pour la plupart une arriération de certains peuples méprisés.

Dans l'Encyclopédie de 1751-1772, on lui porte l'accusation suivante :

« Le lait fournit à des nations entières, principalement aux habitants des montagnes, la nourriture ordinaire, journalière, fondamentale. Les hommes de ces contrées sont gras, lourds, paresseux, stupides ou du moins graves, sérieux, pensifs, sombres. Il n'est pas douteux que l'usage habituel du lait ne soit une des causes de cette constitution populaire. La gaîté, l'air leste, la

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légèreté, les mouvements aisés, vifs et vigoureux des peuples qui boivent habituellement du vin en est le contraste le plus frappant [...] c'est un aliment suspect, peu analogue aux organes digestifs de l'adulte et que l'art humain, l'éducation, l'habitude, n'ont pu faire adopter à la nature. »

Un siècle plus tard, ça n'a pas changé. On peut lire dans la Grande Encyclopédie illustrée d'économie domestique et rurale (1875) que le lait est toujours autant blâmé :

« Le lait est un mauvais aliment ; il ne convient ni aux adultes, ni eux vieillards, ni aux bilieux, ni aux lymphatiques, etc. »

Suite à toutes ces critiques, diverses précautions d'usage ont été prodiguées (LAURIOUX Bruno, 1994) :

- Le corps médical du Moyen Age et de l'époque moderne appelaient à la méfiance vis-à-vis du lait ; Le lait de vache était jugé trop gras, grossier et abondamment nutritif comparé au lait des autres animaux, telles que la chèvre ou la brebis, et pouvait être source de vomissements ;

- Le lait est une substance indigeste (Isaac et Juif) ;

- La consommation de lait cru doit se faire en prise isolée pour ne pas dénaturer sa qualité ;

- Il faut boire le lait à jeun, ne pas pratiquer d'activité physique lorsqu'on le consomme et attendre minimum trois heures avant de pouvoir se nourrir de nouveau ;

- A forte consommation le lait cru attaque les dents, favorise les caries dentaires et provoque la lèpre ;

- Le lait caille dans l'estomac et provoque des flatulences ;

- C'est une boisson qui doit être consommée en début de repas, chaude avec du miel ou du sucre et qui ne doit surtout pas être bue avec du vin, autrement le lait se transformerait en un poison dans l'estomac ;

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- Pour ne pas rendre froids les vieillards, affaiblir les hommes vigoureux et corrompre la croissance des adolescents, le lait leur été déconseillé.

Puis progressivement, la médecine change d'avis. Ils caractérisent le lait de vache comme le lait par excellence lui reconnaissant tout un panel de qualités nutritionnelles. Une promotion médicale s'instaure autour du lait et des produits laitiers entraînant un changement des comportements et attitudes vis-à-vis de ces derniers.

1.2) A l'intégration

Chez les chrétiens, le lait et les laitages (comme la viande et les graisses animales) ne leur étaient tolérés que les jours dits « gras ». Durant l'époque de saint Louis, la permission leur fit accordée de pouvoir en consommer les jours « gras » comme les jours « maigres ». Ce privilège a permis de reclasser ces produits dans la catégorie des aliments maigres et n'a fait que les propulser sur le devant de la scène, les rendant de plus en plus populaires.

Les médecins prescrivent la « diet lactée » comme solution thérapeutique à certaines pathologies, notamment la goutte.

La cuisine au beurre et à la crème s'installe dans les habitudes culinaires et contribue à la réalisation de plus en plus de recettes. Le lait quant à lui est un aliment fragile qui peut vite tourner. Par précaution, il faut le faire bouillir. Il n'est mentionné que dans très peu de recettes, souvent des entremets céréaliers.

Puis, à partir du XIXème siècle, grâce à l'apparition de la pasteurisation, les progrès de l'hygiène permettent de doubler la consommation du lait et des produits laitiers crus.

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La promotion pour le lait se diffuse et l' « office du lait » se crée à Paris en 1926 pour recueillir des subventions et soutenir les professionnels de la filière laitière.

Les industriels s'emparent ensuite de ce marché. Grâce à l'apparition de la réfrigération en 1930 et la technique de conservation UHT (ultra haute température) vingt ans plus tard, la fabrication de produits laitiers dérivés se répand. L'industrie laitière se développe.

La circulaire de 1954 précisant que tous les enfants scolarisés du premier degré auront droit à des distributions de lait et de sucre dans les écoles ne fera qu'entériner sa considération auprès de la population.

Le lait passe du statut d'aliment marginal et méprisé au rang d'aliment de référence et indispensable pour la santé. Bien qu'il ait su conserver cette image encore aujourd'hui, le débat autour du lait est loin d'être clos et contribue à nourrir la symbolique qui s'établit autour de lui.

2) Images et symboles

Comme nous venons de le voir, au fil de son histoire l'image du lait a changé. Le lait a différentes représentations dans l'esprit des gens. Ce n'est pas un produit banal : il est porteur d'une imagerie traditionnelle et de symboles ancrés dans les modèles que nous admirons. « Les aliments sont porteurs de sens et ce sens leur permet d'exercer des effets symboliques et réels, individuels et sociaux » (FISCHLER Claude, 2001, p.88). Intéressons-nous à la forte charge symbolique qui entoure le lait.

2.1) Maternité et enfance

Le lait n'est pas une boisson comme les autres : elle est chargée de symboles. Elle représente d'une part la relation physiologique entre la maman et

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son enfant, la relation nourricière qui les unit et le lien sacré et rassurant de la prise en charge maternelle. C'est un aliment fondamental et vital pour l'enfant durant ses premiers mois de vie. Alors rapporté à l'enfance, le lait induit vulnérabilité, fragilité, dépendance et soumission, ce qui peut faire de lui une « boisson des faibles » (MOREL Pierre, 1994, p.74-86). Il était par ailleurs aussi souvent destiné aux malades et aux vieillards, à contrario du vin réservé aux hommes forts. Suite au sevrage du lait maternel, le lait subsiste dans l'alimentation de l'enfant. Cette consommation reste favorisée par la mère et il se retrouve encore dans les bouillies infantiles ou associé avec des céréales le matin. Seul aliment commun aux deux stades de notre évolution, il symbolise cette fois le « passage de la dépendance à l'apprentissage de l'indépendance » (CLEMENT Didier, 1994, p.44-49).

2.2) Intégration culinaire

Le lait représente donc l'aliment par lequel nous commençons notre vie mais aussi celui par lequel nous débutons notre journée. Il s'agit d'un aliment complet apportant des protéines, des glucides et des lipides. Au fur et à mesure qu'il s'est popularisé, le lait a rencontré un usage culinaire quotidien et s'est intégré dans bons nombres de préparations, pour tout type de repas, sucré comme salé. Parmi les desserts nous pouvons citer : les entremets céréaliers, crêpes, gaufres, clafoutis, flans, crèmes (pâtissière, renversée, anglaise), etc ; et parmi son usage pour le salé : la béchamel, la purée, les potages, la quiche, les gnocchis, etc.

2.3) Produits naturels, culturels et économiques

Le lait est caractérisé comme une caution du naturel car c'est un liquide physiologique sécrété par les mammifères et obtenu après la traite. Il s'agit d'un produit sain et brut, offert par la nature et ayant la seule fonction de nourrir. Par ailleurs, sa conservation en l'état est instable et les hommes ont rusés de techniques (fermentation, caillage, coagulation, etc) pour la prolonger donnant ainsi les produits laitiers.

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Le lait et les produits laitiers constituent alors des « aliments de nature mais aussi des aliments de cultures » (BIEULAC-SCOTT Maggy, 2012, p.771). Ils font partie du répertoire alimentaire de l'homme depuis près de dix mille ans et ceux dans toutes les cultures. Les différentes sociétés se forgent leurs propres représentations, s'approprient son usage et sa consommation.

En outre, le lait est un produit économique qui concentre en lui seul des qualités nutritionnelles nécessaires à la santé. C'est un aliment bâtisseur qui construit et solidifie les os, le squelette et les dents. Compte tenu de la modicité de son prix, il constitue une denrée salutaire en temps de crise qui pourra être consommé sans compter.

2.4) Incorporation

« Le choix de consommer tel ou tel produit s'inscrit dans une logique de protection-prévention qui prend sa source dans la pensée magique : croire aux vertus du produit incorporé » (GINESTE Muriel, 2003, p.258).

Claude FISCHLER (2001, p.66) nous décrit ce principe d'incorporation de la manière suivante :

« L'acte fondamental sur lequel se cristallise « l'angoisse de l'omnivore », telle que nous venons de la définir, c'est l'incorporation, c'est-à-dire le mouvement par lequel nous faisons franchir à l'aliment la frontière entre le monde et notre corps, le dehors et le dedans [...] Incorporer un aliment, c'est, sur un plan réel comme sur un plan imaginaire, incorporer tout ou en partie de ses propriétés : nous devenons ce que nous mangeons. »

En buvant du lait, on incorpore donc ses bienfaits et ses vertus, qui relèvent à la fois du vital mais aussi du symbolique.

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3) Perception chez les adolescents

Dans cette partie, les informations évoquées prennent principalement source dans le programme AlimAdos, mené par l'OCHA17. Chez les adolescents les produits laitiers sont une catégorie d'aliments qui représentent à la fois goût et dégoût. Leurs préférences alimentaires guident alors leurs choix.

Pour les produits laitiers, les adolescents favorisent « le frais, le cru et le croquant » gage de pureté et de sainteté. Ils aiment consommer des produits nomades tels que les yaourts, les yaourts à boire ou les fromages individuels en portion. Il s'agit de produits facilement transportables et adaptés à leur mode de consommation hors foyer. Pour autant, ils ne sont pas réfractaires aux fromages à fort goût ou aux fromages qui « puent ».

Le lait, lui, a toutefois un statut beaucoup plus particulier à l'adolescence. Pourtant très apprécié lorsque l'on est enfant, il perd vite de sa popularité auprès des jeunes. Ces derniers le considèrent comme un produit beaucoup trop enfantin pour eux maintenant. Comme évoqué plus haut, le lait est symbole d'enfance et qualifié d'aliment « navette » ou « frontière » entre l'enfance et l'adolescence. Ainsi, boire du lait devant ses copains maintenant que l'on devient grand est difficile à concevoir pour les adolescents : « Je ne me vois pas boire du lait comme du coca-cola, ce serait trop la loose » (Mégane, 15 ans), ou « J'imagine mal fumer ma cigarette du matin avec un verre de lait » (Ahcène, 17 ans). Néanmoins, les jeunes apprécient le boire dans l'intimité, à la maison. Ils le qualifient d'aliment réconfort et qui console, signe de douceur, qui remonte le moral lorsque l'on ne va pas bien.

Malgré ce rejet social en présence de pairs, les adolescents gardent en vison globale positive du lait et des produits laitiers qu'ils rattachent aux facteurs santé, bons pour les os et la croissance, riches en calcium.

17 AlimAdos, Colloque Ocha, Alimentation adolescente, Octobre 2009, Paris.

PARTIE 2 : HYPOTHESES

J'ai ainsi eu l'opportunité de rencontrer trois adolescents présentés dans le tableau ci-dessous, que j'ai interrogé pendant près d'une demi-heure chacun :

La construction des hypothèses

A partir de la problématique exposée ci-dessus, et en mêlant le cadre théorique aux entretiens exploratoires que j'ai effectué, émanent mes hypothèses.

Pour la réalisation de mes entretiens exploratoires, j'ai souhaité m'entretenir avec les individus de ma population cible qui sont les adolescents. Je me suis entretenue avec des jeunes que j'ai recruté en tenant compte de leur :

? Sexe ? Âge

? Situation professionnelle

? Cadre de vie

La période de l'adolescence comprenant des individus d'une fourchette d'âge assez espacée, je me suis plutôt concentrée sur des jeunes se situant dans la fourchette haute, pour constater l'évolution de la perception du lait et des produits laitiers à un stade avancé de l'adolescence.

J'ai élaboré mon guide d'entretien exploratoire autour de thèmes larges de l'alimentation tels que les normes, représentations et cadre alimentaire ainsi que sur les comportements alimentaires. Puis j'ai voulu aborder la thématique de la perception physique. En effet, lors de la réalisation de mon cadrage théorique, cette notion m'a semblée pertinente à analyser car elle préoccupe les adolescents et pour tenter d'identifier si elle influence leur consommation de lait et de produits laitiers. Enfin, j'ai concentré la suite de mes questions sur le coeur du sujet : le lait et les produits laitiers, en interrogeant les jeunes sur leur consommation et perception vis-à-vis de ces aliments.

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Enquêté

Sexe

Age

Situation
professionnelle

Cadre de vie

Entretien
exploratoire

KM

Masculin

18
ans

Etudiant en
psychologie

Habite seul, à
Toulouse

n°1

LG

Féminin

21
ans

Etudiante en L3
Biologie

Habite chez
ses parents, à
Muret

n°2

CH

Féminin

23
ans

Comptable

Habite seule, à
Toulouse

n°3

Les retranscriptions de ces trois entretiens exploratoires sont présentées en

Annexe B, C et D.

« Avec les amis ça va être kebabs ou pizzas » (CH, entretien exploratoire n°3).

Hypothèse n°1 : L'influence des pairs et de la famille redistribue l'évolution des goûts pour le lait et les produits laitiers

? Une qualité alimentaire différente

Nous pouvons faire l'hypothèse que la qualité que l'on associe à un repas ou à la prise alimentaire d'une substance en particulier peut faire varier notre appréciation pour ces derniers. L'environnement social est notamment un paramètre qui peut influencer cette qualité. La commensalité, les personnes avec lesquelles on partage le repas, qu'elles soient de l'ordre du cercle familial ou amical peuvent impacter sur la qualité du repas.

Tout d'abord elles déterminent la convivialité du repas :

« ça met une bonne ambiance donc ça influence [la qualité] » (KM, entretien exploratoire n°1).

Par ailleurs elles influencent la qualité des produits :

« [Avec ma famille] Souvent ce sont des repas que l'on a rarement l'occasion de manger, comme du foie gras, voilà des aliments qui coûtent chers, qui sont onéreux » (CH, entretien exploratoire n°3).

Et si la famille influence positivement la qualité, les groupes de pairs, eux, l'influence plutôt négativement, surtout sur le plan nutritionnel. Lorsque l'on évoque aux jeunes un repas entre amis, il en ressort en premier une consommation accrue de malbouffe et de fast-food :

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Bien qu'ils aient conscience qu'il s'agisse d'aliments de moins bonne qualité, on a l'impression qu'ils doivent le faire pour entretenir leur vie sociale :

« du moins sacrifier la qualité des aliments parce que je veux garder un bon équilibre social » (CH, entretien exploratoire n°3).

Manger ensemble est un acte qui permet de montrer son appartenance à un groupe, et nous pouvons faire l'hypothèse que ces prises alimentaires collectives participent à la solidification de la cohésion de ce groupe (Simmel, 1910; Durkheim, 1912; De Garine, 1976; Appadurai, 1981). Manger ensemble est en cela un temps de socialisation aux valeurs et aux normes qui sont partagées par le groupe (Mauss, 1950; Mars, 1997; Ochs et Shohet, 2006). Cela est valable au sein d'une culture, d'une société, d'une famille

? Des choix alimentaires différents

Nos choix alimentaires peuvent être guidés par des influences extérieures. De ce fait, l'entourage social des jeunes en fait partie et peut nous amener à repenser nos choix alimentaires en fonction des personnes qui nous entourent lors de la prise alimentaire. Les groupes de pairs ont une grande influence sur les adolescents, qui, rappelons le, jouent un rôle déterminant dans la construction identitaire et sociale de ces derniers.

Par exemple KM (entretien exploratoire n°1) nous dit manger des plats particuliers en présence de ses amis étrangers :

« j'aime bien découvrir de nouveaux plats et donc quand mes amis étrangers me font leurs plats, après chez moi j'essaye de les refaire. Je les cuisine. ».

L'identité culturelle des amis des adolescents, lorsqu'elle est différente de la leur, les amène à la découverte de nouvelles saveurs. De la même manière, LG

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(entretien exploratoire n°2) le week-end lorsqu'elle retrouve ses amis de Muret pourra :

« se faire des kebabs tout le week-end » mais avec ses copines de la fac, ce sera « un truc comme ça dans la semaine mais pas plus ». CH quant à elle nous dit « qu'avec les amis c'est kebabs ou pizzas ».

Le mangeur ne consomme donc pas les mêmes aliments et cela dépend de

la situation.

En effet, en fonction du contexte, les adolescents s'adaptent aux personnes qui les entourent pour partager le repas :

« Ca dépend avec qui je traîne. Quand je suis avec des africains, je mange

sénégalais. Après là par exemple cette année c'est un peu bizarre. J'ai du me faire des nouveaux potes donc j'essaye de manger un peu comme eux » (KM, entretien exploratoire n°1),

quitte à modifier leurs habitudes alimentaires les plus courantes :

« Quand je mange avec un ami, il va pas forcément suivre mes habitudes alimentaires donc je vais essayer de m'adapter à lui, il y aura une différence » (CH, entretien exploratoire n°3).

Il s'agit également de faire preuve de complaisance lorsque l'on est entouré d'autres personnes et de tenir compte de leur plaisir alimentaire :

« Selon que je sois avec mon copain ou pas, ça peut y jouer. Je veux lui faire plaisir donc je lui achète une glace pour le dessert par exemple. Du coup je mange une glace » (CH, entretien exploratoire n°3).

Ainsi, ces constatations nous orientent vers le « triangle du manger » exposé par Jean-Pierre CORBEAU. Indépendamment de l'âge, du sexe, de la catégorie

socioprofessionnelle et de la nationalité, le sociologue rapporte que tous mangeurs s'inscrit dans ce triangle et que l'alimentation dépend de trois facteurs : du mangeur, de l'aliment et d'une situation particulière, à appréhender de façon plurielle. L'aliment en présence de pairs proviendra généralement des enseignes de restauration rapide, sans pour autant que l'adolescent déprécie la cuisine traditionnelle familiale ou équilibrée à la maison. Mais ainsi, « La situation, nouvelle ou insatisfaisante, focalise l'attention du mangeur sur l'aliment : celui-ci peut alors fournir un moyen de se rassurer, soit parce qu'il exprime - de façon plus ou moins mythifiée - une identité que l'on souhaite fortifier, soit parce qu'à travers sa consommation on cherche une inclusion dans un groupe de référence que l'on souhaite intégrer. Mais, dans ce contexte de méfiance engendré par la situation insécurisante, l'aliment risque aussi d'entraîner la méfiance, de se transformer en crainte... » (CORBEAU J-P, 2007).

Pouvons-nous alors supposer que la consommation de lait en présence de pairs entraîne une méfiance de la part des adolescents qui pourraient se sentir rejetés du groupe s'ils en consomment ? Comme nous avons pu le voir en cadrage théorique, la consommation de lait revêt une ambiguïté entre la sphère privée et de la sphère publique. Boire du lait « en public » chez les jeunes entraîne un sentiment de honte car c'est une boisson connotée enfantine. Ce serait « trop la loose » d'en boire devant les copains. Le lait porte aussi le statut de boisson domestique qui ne se partage pas avec les pairs et qui se boit en intimité, en privé :

« Je ne vais pas emmener mon lait [...] le lait se boit plus à la maison. Dans

ma tête c'est comme ça. Le lait c'est quelque chose que tu bois chez toi. Même dans les pubs ils le montrent. Genre la pub Nutella t'as ton petit goûter avec ton verre de lait à la maison. Toutes les pubs qui parlent de lait c'est toujours à la maison

» nous dit KM (entretien exploratoire n°1)

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ou encore :

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« je pense que moi si je me ramène avec une bouteille de lait au travail, je

pense qu'on me regarderait bizarrement [...] Une bouteille d'eau c'est courant, mais le lait ça peut être vu d'une manière assez étrange. Le lait ça se partage beaucoup moins souvent que l'eau par exemple. Si on va à un pique-nique on va pouvoir ramener de l'eau pour faire boire tout le monde mais on ne va pas ramener une bouteille de lait pour en offrir à tout le monde » (CH, entretien exploratoire n°3).

De ce fait, la crainte de ne pas être intégré à un groupe social désorienterait le choix alimentaire des adolescents pour le lait.

? L'imitation

Au travers des entretiens, on remarque que la consommation de fromage a été motivée par un effet d'imitation. Les jeunes commenceraient à manger du fromage pour « faire comme » :

« Mon père surtout aimait bien le fromage [...] Je voyais tout le temps mon père en manger » (KM, entretien exploratoire n°1).

Mais il s'agit également d'une recherche d'imitation des plus grands :

« Et puis au repas de famille tu vois toujours les grands manger du fromage et boire du vin » (KM, entretien exploratoire n°1)

LG (entretien exploratoire n°2) a augmenté sa consommation de fromage entre autre car :

« Quand on va au restaurant avec des amis de mes parents, des français, ils prennent souvent du vin et du fromage. C'est très français, ça fait classe je trouve. Puis à 21 ans j'suis censée être plus ou moins adulte et manger comme eux ».

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L'imitation permet l'insertion au sein d'un groupe donné. Pour favoriser cette insertion, les jeunes doivent se calquer sur les normes du groupe, sur leurs pratiques alimentaires et sur leurs coutumes pour ne pas désorganiser l'harmonie alimentaire du groupe :

« J'ai du me faire de nouveaux potes donc j'essaye de manger comme eux » (KM, entretien exploratoire n°1).

De la même façon, les choix alimentaires étudiés ci-dessus peuvent-être guidés par un effet d'imitation :

« c'est sûr que quand ils [les amis] me disent « on va manger kebab », bah on va manger kebab, faut bien faire des concessions » (LG, entretien exploratoire n°2).

Ainsi pour créer ou maintenir le lien social, LG emploie le mot de « concessions » et se résigne à manger comme ces amis. CH (entretien exploratoire n°3) également et utilise les termes :

« sacrifier la qualité des aliments parce que je veux garder quand même un bon équilibre social ».

Quant à KM (entretien exploratoire n°1), il souligne ne pas être « influençable » mais « ça nous permet de manger ensemble ».

Il s'agit également de s'adapter aux manières de table des personnes qui nous entourent :

« Bah en fait avant je m'en foutais. Genre de manger avec les doigts et tout. Mes copains aussi le faisaient chez moi. Ici je fais plus attention. On dirait que c'est sale pour les gens. » (KM, entretien exploratoire n°1).

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Ou encore il est question de faire attention à l'importance qu'accorde le groupe aux valeurs santé :

« Quand on va s'acheter à manger le midi, si elles [les copines] me voient racheter un truc gras, elles vont me dire « ouais t'abuses » (rires) [...] j'ai pas de problèmes de poids donc voilà, mais j'évite. » (LG, entretien exploratoire n°2).

De la sorte, il paraît évident pour les jeunes d'imiter leurs semblables. Cela limite la déviance et évite de nuire à leur réputation. Le degré de popularité est un élément important pour eux dans leur système social (Cf, Partie1, Chapitre 1 : Domaine de l'adolescence, 2.3) Influence du groupe de pairs).

Outre ce rôle socialisateur, l'imitation intervient aussi dans les mécanismes de formation et d'acquisition du goût. Claude FISCHLER (2001, p.101) évoque dans L'Homnivore que cet apprentissage par observation ou imitation, « semble jouer un rôle tout à fait décisif dans la formation et l'évolution des goûts alimentaires chez l'enfant ». Peut-on supposer que ceci s'applique aussi encore chez les adolescents ? Il poursuit en mettant en avant le fait que cela est d'autant plus efficace lorsque l'imitation est intra-générationnelle qu'intergénérationnelle. Comme l'ont conclu FORTIN B. ET YAZBECK M. (2011) « un jeune augmente sa consommation de tels aliments lorsque ses amis augmentent leur propre consommation moyenne ». Par effet d'imitation des pairs, nous pouvons supposer que la diminution de la consommation de lait chez les adolescents, et l'augmentation de la consommation de fromage résultent d'une influence sociale générale, qui les conduit à revoir leurs préférences gustatives.

D'autre part, les expériences menées chez les animaux montrent que l'apprentissage par imitation à de bons résultats. C'est ainsi que l'on a pu observer une femelle macaque tremper sa patate douce dans un ruisseau pour la laver avant de la consommer, et elle fut très vite copiées par des jeunes qui eux même ont été

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imités par des membres de leur famille plus âgés. La technique a ensuite été transmise de génération en génération et a fini par se généraliser. Force est de constater que l'imitation joue un rôle dans les modifications culturelles liées à l'alimentation et dans les pratiques alimentaires, Claude FISCHLER rattache une transmission similaire possible chez l'Homme. De telle sorte, la socialisation des plus jeunes « a des effets en retour sur les pratiques alimentaires de sa famille ». Ceci peut nous conduire à envisager une piste de réflexion autour de l'influence de ses effets retours sur la fratrie plus jeune. La diminution de la consommation de lait chez les aînés pourrait-elle impacter de la sorte celle des cadets ?

? Le partage familial

La famille est une instance de socialisation primaire. De ce fait, elle exerce des effets sur les individus qui permettent de la catégoriser comme fait social (BELORGEY Nicolas, 2012, p.558). La famille peut être vue comme le lieu des apprentissages alimentaires des plus jeunes. Les parents sont « pourvoyeurs de nourriture » (MARQUIS Marie, 2012, p.568) et permettent aux jeunes de s'adonner à l'expérimentation des aliments, par l'observation et les essais. Ils influencent l'alimentation de toute la famille et lui soumet leurs goûts et dégoûts, ce qui contribue à constituer l'alimentation générale du foyer.

Lorsque l'on pose la question aux adolescents quant à leur préférence pour manger avec leurs parents ou avec leurs amis, ils sont tous unanimes sur le sujet et répondent la famille. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, bien qu'ils aient soif d'indépendance et d'autonomie et qu'ils aiment se restaurer hors du foyer, ils apprécient d'avantage l'idée sécurisante du repas en famille, et le partage familial qui s'y rapporte :

« Je mange avec eux depuis que je suis tout petit, donc papa maman

ensemble, c'est convivial, c'est le partage en famille. Ca permet de se retrouver. J'apprécies plus ces moments » (KM, entretien exploratoire n°1).

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C'est également l'occasion de retrouver les dimensions familiales et familières du repas comme notamment son identité culturelle et son mode de préhension :

« on peut manger indien et avec les doigts, sans qu'on te regarde comme ça là... et qu'on te dise « oh tu manges avec les doigts » » (LG, entretien exploratoire n°2).

Les repas en famille sont aussi un retour aux sources qui permettent de manger des produits plus onéreux, dont les jeunes n'ont pas les moyens de se les acheter lorsqu'ils ont quitté le domicile familial :

« Souvent ce sont des repas que l'on a rarement l'occasion de manger, comme du foie gras, voilà des aliments qui coûtent chers » (CH, entretien exploratoire n°3).

Par ailleurs, comme nous l'avons abordé ci-dessus, la consommation de fromage chez les adolescents a été induite par un effet d'imitation. Et ce sont souvent les parents qui sont à l'origine de cette socialisation alimentaire :

« J'ai suivi mes parents pour le fromage en fait » (KM, entretien exploratoire n°1),

« Dès petite j'en ai consommé parce que mes parents en consommaient donc forcément ça m'a amenée à en manger et que forcément ça découle vraiment de ses parents. Si nos parents en consomment pas on va pas en consommer. Mais si nos parents en consomment, on va en consommer à moins qu'ils ne veulent pas nous en donner » (CH, entretien exploratoire n°3).

Ainsi le partage familial qui s'instaure autour du fromage semble avoir considérablement influencé l'attrait des jeunes pour les fromages.

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Sommes-nous génétiquement programmés pour se conformer aux préférences gustatives retrouvées dans le lait maternel ? C'est ce qu'avance GALEF (1988) suite à des expériences menées sur des rats. Toutefois la transmission intergénérationnelle qui s'effectue confronte les choix alimentaires des jeunes avec celle des adultes. Claude FISCHLER (2001, p.98) expose néanmoins une théorie de « l'effet pochoir » qui peut se définir comme une présélection d'aliments déterminés et appropriés à des individus d'une certaine catégorie d'âge (enfants, adolescents, personnes âgées), qui délimiterait leur répertoire alimentaire. Ainsi la transmission gustative en dépend, mais elle semble dans notre cas être bénéfique pour l'appréciation des fromages.

Conclusion hypothèse n°1 :

Dans L'Homnivore, Claude FISCHLER (2001, p.100) évoque un élargissement et une socialisation des goûts alimentaires influencés directement par les pairs. Il reprend les termes de DUNCKER qui parle de modifications des préférences alimentaires sous l'effet de « suggestion sociale » ayant un effet d'autant plus marqué en étant entouré d'individus « dominants » ou avec nos amis. De ce fait, la qualité alimentaire, les choix alimentaires, l'imitation des proches et le partage familial sont des facteurs qui, par l'influence des pairs et de la famille vont engendrer une modification des préférences alimentaires chez les adolescents pour le groupe du lait et des produits laitiers et les conduire à revoir leurs préférence gustative par une évolution des goûts marquée à cet âge.

Hypothèse n°2 : La différence de genre redistribue l'évolution des choix alimentaires vis à vis des produits laitiers en fonction de critères esthétiques et corporels et de normes diététiques.

Comme vu en partie 1 (Cf Partie 1, Chapitre 1 : Le domaine de l'adolescence, 2.4- La différence de genre), des stéréotypes liés au sexe persistent et cette différence devient d'autant plus marquée à l'adolescence. Suite à la puberté les adolescents connaissent des changements corporels qui bouleversent leur estime de soi. Les filles ont tendance à avoir une estime de soi moindre que les garçons et les préoccupations relatives à leur apparence physique deviennent plus importantes. Ajouté à cela, l'image sociétale normée de la femme et de l'homme, les jeunes sont de plus en plus amenés à devoir surveiller leurs choix alimentaires pour se conformer aux standards exigés et codifiés par la société d'aujourd'hui. La modification des nouveaux choix alimentaires adoptés a-t-elle une répercussion sur la consommation de lait et de produits laitiers ?

? Image corporelle et perception physique

Les adolescents interrogés sont tous d'accord sur la question : la préoccupation liée à l'image corporelle est un sujet qui a de l'importance aujourd'hui. Et si il a autant d'importance, c'est parce la société tient un rôle majeur dans le façonnage de l'image attendue d'eux :

« c'est la société, c'est le culte du corps » (LG, entretien exploratoire n°2),

« c'est vrai qu'il y a un certain poids de cette image corporelle qui pèse dans nos sociétés » (CH, entretien exploratoire n°3).

La société impose des idéaux de beauté :

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« il faut être beau, il faut être mince » (LG, entretien exploratoire n°2),

et bien qu'ils peuvent être irréalistes et exagérés, les jeunes pensent devoir s'y conformer :

« Il faut que je sois fine et jolie » (LG, entretien exploratoire n°2).

Les soucis pondéraux semblent être leurs plus grandes inquiétudes :

« Il ne faut pas faire trois tonnes sinon tu es moche » (LG, entretien exploratoire n°2),

« Maintenant, on y pose un certain regard sur ces gens qui sont trop gros ou trop maigres [...] Je pense qu'un mec obèse dans les rues de France il ne passe pas inaperçu [...] Tout le monde va dire « regarde comme il est gros » » (CH, entretien exploratoire n°3).

D'autre part, nous serions plus intransigeants avec les filles qu'avec les garçons à ce niveau-là :

« quand tu es une fille tu as plus de pression. Les cheveux, le maquillage, la poitrine, les fesses, le ventre » (LG, entretien exploratoire n°2).

Autant d'exigences que l'on n'attend pas du garçon. Homme et femme représentent deux images différentes. Comme explicité en cadrage théorique, selon les adolescents, l'homme doit être fort et viril et se caractérise par son côté macho. La femme quant à elle représente la sensualité et la féminité. De ce fait, on tolère que le garçon ait plus de formes, en signe de force, il ne doit pas être chétif :

« un mec, si il est un peu gros c'est pas très grave, au contraire, vaut mieux ça qu'il soit tout gringalet là. Un mec ça doit être costaud, pas tout maigrichon » (LG, entretien exploratoire n°2).

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Alors que les filles, pour représenter l'idéal féminin, doivent faire attention à leur poids :

« Si on a du gras sur le ventre, on va dire « ohlala mon dieu, non mais t'as vu son ventre, ses bourrelets, sa cellulite et tout » » (LG, entretien exploratoire n°2).

Et pour les adolescents, cette pression sociale est véhiculée par les médias qui sont accusés d'avoir un rôle « destructeur » (LG, entretien exploratoire n°2). Ils diffusent une image svelte de la femme :

« souvent l'image de la femme est réduite à ses formes et souvent ce sont des formes assez fines » (CH, entretien exploratoire n°3).

Les filles attachent une importance à l'image des standards de beauté mis en avant dans les magazines ou au travers des publicités :

« Si on regarde les magazines ce sont des femmes fines, aux cheveux longs » (LG, entretien exploratoire n°2),

« il y a beaucoup de publicités par rapport aux maillots de bains des filles » (CH, entretien exploratoire n°3).

Matraquées par les médias, elles deviennent alors tracassées et obsédées :

« si tu veux être bien, il faut faire attention à tout » (LG, entretien exploratoire n°2),

« il y a beaucoup d'obsessions pour les filles d'être mince, d'avoir une belle ligne » (CH, entretien exploratoire n°3).

Alors que le sociologue Erving GOFFMAN (1974), décrit une ligne de conduite où il faut « garder la face » pour s'assurer confiance et assurance et donner une image de soi valorisée face aux autres individus, les filles poussées par

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l'envie de ressembler à ces diktats de la mode ou de la beauté ont du mal à faire la distinction entre la beauté réelle et la beauté irréelle et stéréotypée.

Par ailleurs, c'est aussi l'intégration de cette « norme de minceur » dans l'esprit des hommes et dans la représentation qu'ils se font d'une belle femme qui incite d'avantage les filles à chercher à refléter une image corporelle svelte, pour séduire le sexe opposé :

« Il ne faut pas faire trois tonnes sinon tu es moche. T'as pas de mari » (LG, entretien exploratoire n°2).

Pour garder le contrôle sur leur apparence physique, les filles vont alors jouer du paramètre alimentation et effectuer des choix alimentaires bien ciblés. Elles vont d'abord s'intéresser aux facteurs santé de l'alimentation pour parvenir ensuite à la « contrôler ».

? Importance du facteur santé et contrôle alimentaire

Comme nous avons pu le voir précédemment, les jeunes sont des amateurs de fast-food et de malbouffe en tout genre. Ils ont une préférence pour les aliments gras et sucrés. Cependant, ils semblent être de plus en plus attentifs aux facteurs santé de l'alimentation. La recherche de l'idéale minceur (d'avantage explicite chez les filles) y est, comme nous venons de le voir, sans doute pour beaucoup.

Deux de nos trois adolescents interrogés rattachent la qualité d'un « bon repas » à son équilibre alimentaire. Et par équilibre alimentaire, ils entendent une alimentation variée composée de : « légumes, viande et féculents » (KM, entretien exploratoire n°1).

Lors de l'interrogation de nos jeunes, il a été mis en évidence qu'ils sont sensibles aux questions nutritionnelles et les deux filles (LG et CH) paraissent

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d'avantage concernées que le garçon (KM). Alors que KM, à la question « Est-ce que tu es sensible aux questions nutritionnelles ? » nous répond :

« Oui et non. Je m'y intéresse un petit peu plus depuis l'année dernière.

Avant ce n'était pas trop ça. Après l'appliquer pas forcément encore »,

les deux autres filles nous tiennent un discours plus aboutit sur le sujet. LG nous ressort le fameux slogan : « Manger 5 fruits et légumes par jour » et précise que :

« Manger des légumes, c'est très important pour être en bonne santé »

CH (entretien exploratoire n°3) semble par ailleurs avoir des solides connaissances en matière de nutrition et nous dit même :

« Pour moi, équilibré c'est-à-dire qu'il y a un bon rapport entre, on va dire les glucides, les protéines et les lipides. Donc voilà, pas trop de lipides. Mais que des bons lipides. Oméga 3 et oméga 6 et après je garde les glucides à indice glycémique plutôt bas pour éviter qu'ils se transforment rapidement en graisses en fait. Voilà, je limite au maximum les sources à glucides à indice glycémique rapide. Et puis des protéines de bonnes qualités, animale, plus animale ouais. ».

Elle évoque également manger bio et contrôler la qualité et la quantité de son alimentation parce qu'elle ne veut pas « grossir ». Pour cela elle ne fait : « pas d'excès dans les lipides comme dans les mauvais sucres » et le dessert « ça va jamais être des sucreries ». LG (entretien exploratoire n°2) aussi contrôle son alimentation :

« j'évite de manger trop gras, trop sucré ».

Ce contrôle alimentaire résulte comme nous venons de le voir plus haut, de préoccupations corporelles et d'une obsession pour la minceur chez les filles. Mais

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il résulte également d'une norme sociétale qui s'est créée entre les filles et les garçons : une fille ça mange moins qu'un garçon ! Et si, lorsqu'on leur pose clairement la question « Est-ce qu'une fille doit moins manger qu'un garçon » ils ne répondent pas explicitement, ils ne réfutent pas non plus l'idée du stéréotype. Ils sont unanimes pour dire que :

« Déjà de base une fille a besoin de moins de calories qu'un homme donc logiquement oui elle devrait moins manger qu'un homme [...] Naturellement elle mange moins qu'un homme » (CH, entretien exploratoire n°3).

Cependant, on ne peut tout de même pas pour eux affirmer qu'une fille a le devoir de moins manger qu'un homme :

« Voilà après elle ne DOIT pas moins manger qu'un homme. Elle doit manger à sa faim en premier lieux » (CH, entretien exploratoire n°3),

Mais ils sont aussi d'accord pour dire qu'une fille qui mangerait plus qu'un garçon serait vue d'un mauvais oeil aux yeux des gens :

« J'ai rarement vu des filles qui mangeaient autant qu'un garçon mais c'est un peu mal vu ouais. » (KM, entretien exploratoire n°1),

« Des fois les gens sont là, ils me disent « tu manges tout ça », mais moi je suis gourmande alors euh voilà. Genre ils sont choqués. » (LG, entretien exploratoire n°2),

« Mais c'est un peu mal vu de manger plus qu'un garçon quand même

(rires). »(CH, entretien exploratoire n°3).

Ainsi, manger autant voir plus que le sexe opposé pour une fille pourrait être dérangeant et la pousser à contrôler d'avantage son alimentation. Comme évoqué plus haut, parce que l'image de l'homme est associée à la force, la virilité et la

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puissance, il peut manger une ration plus importante que la femme. Et dans la tête des filles, manger plus qu'un garçon semble se traduire par :

« les garçons mangent beaucoup hein alors ça voudrait dire qu'on mange aussi beaucoup I » (CH, entretien exploratoire n°3)

Et pour respecter à leur tour l'image de la femme établie par la société, fine, élégante et féminine, certaines filles font preuve de prudence lorsqu'elle mange en présence de garçons et surveille d'avantage leur assiette, quitte à se restreindre sur les portions :

« Mais moi j'ai des amies genre qui disent « non mais devant lui ça ne se fait pas de manger comme ça, si je mange trop blablabla ». Elles ont peur de passer pour des grosses, du coup elles mangent moins. » (LG, entretien exploratoire n°2).

KM, le garçon que nous avons interrogé nous donne une réponse en faveur de ce cliché et introduit ce qui effraie les filles si elle mange plus qu'un garçon : le statut pondéral à avoir :

« elles ont moins besoin de manger que nous normalement à la base. Après tout dépend de sa forme physique. On va dire que si elle est « fine » je pense

pas que ça pose de problème. Maintenant si c'est une femme assez imposante et qui mange plus qu'un homme, moi j'aurais tendance à lui dire

« arrête de manger et va courir » (rires) (KM, entretien exploratoire n°1).

La notion de contrôle alimentaire se répercute sur les produits laitiers surtout au niveau de la consommation de fromage. Les filles ont souvent évoqué le fait de qu'il ne faut pas manger trop gras et le fromage est un aliment riche en graisses qui restreint sa popularité aux yeux de la gente féminine :

« On va dire que le fromage il y a beaucoup de lipides hein, c'est plus gras que les autres [produits laitiers] [...] Depuis que j'ai commencé un régime

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pour avoir on va dire une masse graisseuse moindre du coup je ne consomme quasiment plus de fromage » (CH, entretien exploratoire n°3),

« le fromage c'est plus gras que le lait. [...] Faut pas trop en manger » (LG, entretien exploratoire n°2).

A l'inverse, KM (entretien exploratoire n°1) a « carrément augmenté » sa consommation fromagère.

Le lait et les yaourts eux, sont associés aux facteurs santé :

« c'est bon pour la santé, c'est plein de calcium » (LG, entretien exploratoire n°2),

« j'ai toujours cette image en tête que pour moi ça forge les os » (KM, entretien exploratoire n°1),

Et lorsque l'on demande aux jeunes de nous donner trois mots pour qualifier le lait et les produits laitiers dans leur globalité on retrouve entre autres les termes : santé, nutrition, croissance, calcium, os.

Conclusion hypothèse n° 2 :

Pour se conformer à la norme corporelle prescrite socialement, les adolescents effectuent des choix alimentaires en conséquence afin d'y parvenir. Filles et garçons orientent leurs choix de manière différente. D'avantage préoccupées par leur image corporelle que les garçons, les filles développent une obsession pour la minceur. L'image de l'idéal féminin véhiculée de nos jours, est influencée en grande partie par les médias les amène à surveiller leur alimentation et l'impact que les aliments ingérés peuvent avoir sur leur silhouette. Rester

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attentives à leur apparence physique correspond, pour elles, à une condition à ne pas négliger pour être intégrées socialement au sein d'un groupe de pairs.

C'est au moment de la puberté que se dessine alors une différence dans les choix alimentaires entre les filles et les garçons, influencés par les soucis de la ligne. Ainsi, les filles évitent de « manger trop gras et trop sucré ». Elle considère le fromage comme un aliment trop gras justement et expliquent donc se limiter pour éviter d'en consommer trop souvent. Le lait et les yaourts représentent un symbole de santé.

Par conséquent, nous pouvons supposer que les choix alimentaires à l'égard des produits laitiers diffèrent en fonction du genre. Les adolescents, selon leur appartenance au sexe masculin ou féminin, n'accordent pas le même degré d'importance à leur image corporelle et leur perception physique ainsi qu'aux facteurs santé et au contrôle alimentaire. La différence de genre conduit les jeunes à élaborer et bricoler leurs propres normes et revoir leurs choix alimentaires vis à vis des produits laitiers, en fonction de critères esthétiques et corporels et de normes diététiques.

Hypothèse n°3 : La consommation de lait est influencée par un facteur symbolique de frontière entre les périodes de l'enfance et de l'adolescence, et celle de fromage est à contrario influencée par un facteur symbolique de jonction entre l'adolescence et le monde adulte

Au-delà de l'évolution gustative et des choix alimentaires genrés, nous pouvons supposer que la consommation de lait et de fromage chez les adolescents seraient influencée par un facteur symbolique de frontière entre deux périodes de la vie. Le lait qui est qualifié d'« aliment navette » et connoté enfantin marque une frontière entre l'enfance est l'adolescence, et voit sa consommation nettement diminuée à l'adolescence. De la même manière, mais à l'inverse, le fromage tend à être de plus en plus consommé à partir de l'adolescence. Signe-t-il ainsi le passage de la frontière entre l'adolescence et le monde adulte et une maturation dans l'évolution des pratiques alimentaires ?

? Place au sein du repas

Le repas se définit comme une prise alimentaire socialement normée qui regroupe l'ensemble des aliments liquides comme solides, absorbés en une seule fois, à certains moments de la journée et selon un rythme régulier et des règles sociales. Il se caractérise comme une institution qui permet la transmission de valeurs et de normes. Ainsi, il possède des dimensions qui regroupent la composition du repas, la structure, les modalités temporelles, les manières de table et le cadre social.

Le lait et les produits laitiers ont une place bien définit au sein du repas. Tout d'abord au niveau de la modalité temporelle. Les adolescents sont clairs là-dessus, le lait, c'est pour le matin :

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« Le lait pour moi c'est un truc qui se consomme le matin » (KM, entretien exploratoire n°1),

« Le matin c'est le lait. Ou à la limite le yaourt. [...J Le matin c'est bien de

tremper ses gâteaux dans le lait » (LG, entretien exploratoire n°2),

« Le lait c'est pour le matin au petit-déjeuner » (CH, entretien exploratoire n°3).

Les jeunes expliquent ainsi formellement que le lait est réservé à une implantation horaire bien définit dans la journée. Ils ne se voient pas boire du lait à un autre moment que le matin :

« si je me ramène avec une bouteille de lait au travail, je pense qu'on me regarderait bizarrement en me disant pourquoi tu bois du lait la journée ? » (CH, entretien exploratoire n°3).

Le lait est les produits laitiers sont les composantes majeures du petit-déjeuner. Après une période de jeûne durant la nuit, au réveil, les enfants comme les adolescents apprécient le goût du lait avec un bol de céréales, du chocolat ou dans du café pour les plus grands. Si leur petit déjeuner est complété, les jeunes favorisent les laitages (HERPIN Nicolas, 1998, p.503-521).

Le fromage, c'est pour le déjeuner et le diner, idem pour les yaourts qui peuvent aussi être consommés en collation. Ils entrent dans la structure du repas et prennent la place du dessert. LG (entretien exploratoire n°2) ajoute : « on va pas manger du fromage au petit-déj ».

De ce fait, il en ressort que le lait, les yaourts et le fromage sont :

« trois produits qui se consomment de manière différente » (KM, entretien exploratoire n°2).

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La structure du repas et le contexte dans lequel il est prit, notamment l'heure, sont indissociables. On ne s'alimente pas de la même manière selon l'heure de la journée. Le temps accordé par repas va alors déterminer les prises alimentaires effectuées.

? Diminution du temps disponible

Selon le Figaro 18« 21 % des enfants, la moitié des adolescents et 15 % des adultes restent à jeun le matin ». Parmi nos trois adolescents interrogés, deux sur trois n'en prennent pas. Ils justifient cette impasse par manque de temps, un temps qu'ils préfèrent réserver pour dormir plus longtemps :

« En période de cours j'ai pas le temps, je ne déjeune pas, le matin j'suis fatiguée et j'ai envie de dormir » (LG, entretien exploratoire n°2).

La diminution de leur consommation par rapport à leur enfance peut donc en partie trouver justification dans cette raison : les jeunes ont moins de temps disponible le matin. KM (entretien exploratoire n°1) nous l'exprime ouvertement :

« quand j'étais petit je consommais beaucoup beaucoup de lait. Et quand je suis arrivé au lycée, quand j'étais plus speed en fait, quand il fallait se réveiller le matin hyper tôt pour partir j'en buvais moins ». Et à l'inverse, LG affirme que « le week-end j'aurais plus tendance à prendre un petit déjeuner, si il y a du lait, avec des céréales je déjeunerais. Mais euh voilà, parce que le weekend on a le temps ».

Néanmoins, pour une boisson qualifiée de « domestique », voilà pourtant le moment le plus propice à sa consommation.

18 Le Figaro. Pourquoi ne faut-il pas sauter le petit déjeuner ? [en ligne] Disponible sur

http://www.lefigaro.fr/sciences/2011/12/12/01008-20111212ARTFIG00442-pourquoi-ne-faut-il-pas-sauter-le-petit-dejeuner.php

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? Une recherche gustative à l'adolescence

Comme évoqué en partie 1 (Cf Partie 1, Chapitre 2 : Le domaine alimentaire, 2) Les habitudes de consommation des jeunes), les adolescents ont des préférences et aversions alimentaires qui évoluent au cours de cette période. Claude FISHLER (2001, p.110) évoque une tendance à la régression de l'impopularité des aliments à goût fort ou qualifiés d' « aliments adultes ». L'adolescence est la période des changements, des bouleversements et d'émancipation. Ainsi, les changements gustatifs s'inscrivent-ils dans ce remue-ménage et les jeunes seraient-ils à la recherche de sensations gustatives ?

A la question « Qu'est-ce qu'un bon repas pour toi ? », LG (entretien exploratoire n°2) nous répond :

« un bon repas c'est que c'est bon en bouche [...] un bon repas il doit juste être bon ».

Elle précise que peu importe le cadre et l'environnement social, tout ce qu'elle recherche c'est le plaisir gustatif :

« Peu importe que ce soit avec Pierre, Paul ou Jacques, tant que c'est bon en bouche » (LG, entretien exploratoire n°2).

Cependant, nous savons de prime abord que chez les adolescents le cadre social est tout de même un facteur très important dans la détermination de la qualité du repas. Mais LG nous amène à penser que la notion gustative n'est pas pour autant délaissée, bien au contraire.

En quête d'un plaisir gustatif, les adolescents pourraient donc bien assouvir ce besoin grâce à l'aliment qu'est le fromage. Produit qui peut-être caractérisé par son goût très prononcé, il peut répondre à cette attente par sa proposition de saveurs toutes aussi diverses que variées :

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« Le fromage ça dépend. Il y en a plein. De brebis ou quoi, ça a des goûts différents, je ne pourrais pas ramener le fromage à un seul goût » (CH, entretien exploratoire n°3),

Les adolescents insistent bien sur ce côté gustatif marqué lorsque l'on évoque le fromage :

« Le fromage ça a beaucoup de goût, c'est fort. [...] moi j'aime bien les fromages qui sont forts. Le fromage c'est goûteux » (KM, entretien exploratoire n°1).

Par rapport à l'enfance, on constate une évolution des goûts. En effet les fromages, et notamment ceux à goût fort, font partie des aliments les moins appréciés par les enfants. Le plaisir gustatif qui subsiste tout au long de la vie, se forme chez l'enfant d'abord par des prédispositions génétiques héréditaires ainsi que par une transmission d' « effet pochoir » comme abordé plus haut et décrite par Claude FISCHLER (2001, p.98). Lorsque l'on est petit on apprécie alors le sucré, le gras et le doux alors qu'une aversion pour les goûts forts comme l'amer, le piquant, l'astringent et l'acide se dévoile (SCHAAL B. et SOUSSIGNAN R., 2008). CH (entretien exploratoire n°3) nous explique ainsi :

« Quand j'étais petite je mangeais plus des trucs au goût neutre, quand on

est petit on aime pas les goûts forts. On est réfractaire à ce qui pue ».

Elle poursuit ensuite en nous disant que c'est à l'adolescence justement qu'elle a commencé à goûter le fromage, poussée par sa curiosité et l'envie de se rapprocher de préférences gustatives plus matures :

« C'est vrai que j'ai mangé beaucoup plus de fromage en grandissant, enfin beaucoup plus en variétés. Au collège ou au lycée, à la cantine, j'avais pas peur de goûter des trucs puant, on a une curiosité un peu plus développée. [...] Quand on est ado on a moins cette vision du fromage qui pue, on

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s'intéresse plus aux aliments donc on est un peu plus amené à goûter, donc forcément ça se joue à l'adolescence et ça se tourne vers le côté adulte » (CH, entretien exploratoire n°3).

De la même manière, KM (entretien exploratoire n°1) nous mentionne les mêmes raisons quant à sa découverte pour le fromage :

« le fromage c'est vrai que quand on est petit on en mange pas trop [...] c'est en grandissant que j'ai voulu en goûter. Quand tu deviens adulte tu peux dire que tu veux commencer à manger du fromage parce que ça à l'air bon. [...] Quand t'es

petit tu te dis « beurk ça à un goût fort » (KM, entretien exploratoire n°1)

Cet attrait pour la nouveauté est aussi évoqué par LG (entretien exploratoire n°2) en ce concerne ses motivations à consommer du fromage :

« [J'ai augmenté ma consommation de fromage par rapport à mon enfance] Pour découvrir d'autres saveurs ».

Les jeunes ne retrouvent pas ce goût poignant en consommant du lait :

« [le fromage] ça a un goût plus fort que le lait » (CH, entretien exploratoire

n°3),

« le lait demi-écrémé [...] n'a pas le même goût [...] Et puis c'est du lait industriel donc il n'a pas le même goût que le vrai lait [...] ça doit perdre son goût » (LG, entretien exploratoire n°2).

L'entrée dans des instances de socialisation de plus en plus mûres, tels que les établissements scolaires du secondaire, mettent à disposition des jeunes un éventail d'aliments adaptés à leur âge et non enfantin comme ça a pu être le cas à l'école. Ceci favorise la dégustation :

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« Au restaurant universitaire ou même au restaurant tout court il y a beaucoup de fromages, genre des plateaux de fromages et tout donc j'ai voulu goûter » (LG, entretien exploratoire n°2).

Alors que le lait voit sa consommation réduite lors de l'adolescence, au travers de ces dires, le fromage semble être une denrée qui s'installe dans les pratiques alimentaires au cours de l'adolescence et verrait sa consommation augmenter lors de cette période :

« le lait du coup j'ai diminué [.1 et le fromage j'ai carrément augmenté [.1 le fromage presque tous les jours » (KM, entretien exploratoire n°1).

Par ailleurs, pouvons-nous aller jusqu'à supposer que cette attirance pour le fromage ferait défaut au lait et que les jeunes le remplacerait en quelques sortes par le fromage ? :

« quand t'es grand tu t'en fous, tu bois plus de lait, tu manges du fromage par exemple ou des yaourts » (LG, entretien exploratoire n°2),

« Après quand tu grandis tu passes aux fromages, le lait on t'en donnait toujours des fois à l'école mais plus maintenant » (KM, entretien exploratoire n°1).

Conclusion hypothèse n°3 :

Ainsi, nous pouvons supposer que la diminution du temps consacré au petit déjeuner le matin serait corrélée à l'abaissement de la consommation de lait chez les jeunes par rapport à leur enfance. Cela nous conforte donc dans notre hypothèse que la consommation de lait est influencée par un facteur symbolique de frontière entre l'enfance et l'adolescence, représenté ici par une diminution du

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temps disponible le matin pour prendre un petit déjeuner, qui est propre à la période

de l'adolescence.

D'autre part, la recherche gustative qui se manifeste lors de l'adolescence peut prendre le symbole de jonction entre l'adolescence et le monde adulte. Elle ne scinde pas ces deux périodes mais au contraire s'inscrit comme une transition vers le « monde des grands ».

PARTIE 3 : METHODOLOGIE

PROBATOIRE

- Hypothèse n°1 : L'influence des pairs et de la famille redistribue l'évolution des goûts pour le lait et les produits laitiers.

Suite à notre cadrage théorique réalisé à aux différentes recherches documentaires effectuées en première partie, notre réflexion s'est d'abord articulée autour du champ de l'adolescence : dans la compréhension du statut qu'elle définit au cours de cette période de la vie et sur les déterminants propres à l'adolescent, qui le caractérisent. Ensuite, nous avons examiné cette étape de la vie sous l'angle de son alimentation en repérant comment le modèle alimentaire français est appliqué chez les jeunes ? Quelles sont leurs habitudes de consommation ? Et comment les dimensions socioculturelles influencent-elles sur leurs pratiques alimentaires ? Ceci nous a aidé à mieux cerner l'adolescent en lui-même, ainsi que ses préférences alimentaires, ses modes de consommation, les éléments pouvant influencer son alimentation, etc., pour parvenir à les lier avec leur relation vis-à-vis du lait et produits laitiers. Et pour mieux la comprendre, nous nous sommes aussi intéressés à la culture du lait et des produits laitiers dans sa globalité : son histoire et son statut, l'image et les symboles auxquels ces produits sont rattachés ; mais aussi auprès des adolescents : au niveau de leur perception envers ces aliments et de la place qu'ils occupent au sein de leur alimentation.

Ce premier travail nous a amené à notre problématique qui reprend les concepts de statut du lait et des produits laitiers, des influences sociales et de l'adolescence : Quels sont les différents facteurs qui influencent le statut que détiennent le lait et les produits laitiers au cours de l'adolescence ?

Pour répondre à cette problématique et afin de compléter nos informations bibliographiques, nous avons mené trois entretiens exploratoires, qui nous ont conduits à formuler trois hypothèses résumées en seconde partie :

- Hypothèse n°2 : La différence de genre redistribue l'évolution des choix alimentaires vis à vis des produits laitiers en fonction de critères

esthétiques et corporels et de normes diététiques.

- Hypothèse n°3 : La consommation de lait est influencée par un facteur symbolique de frontière entre les périodes de l'enfance et de l'adolescence, et celle de fromage est à contrario influencée par un facteur symbolique de jonction entre l'adolescence et le monde adulte

Ces hypothèses ont pour but de tenter de mettre en évidence les différents facteurs qui influencent les adolescents dans leur positionnement alimentaire vis-à-vis du lait et des produits laitiers, c'est ainsi ce que nous entendons au sens de « statut » évoqué dans la problématique.

Afin de tenter de répondre à ces suppositions qui doivent être « soumises au contrôle de l'expérience ou vérifiées dans ses conséquences »19, cette troisième partie portera sur la méthodologie probatoire que nous pourrions mettre en place afin de confirmer ou infirmer ces hypothèses. Nous décrirons tout d'abord les différentes méthodes de collecte des données mises à disposition, puis celles les plus adaptées pour justifier nos hypothèses. Enfin nous proposerons les outils probatoires correspondant.

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19 Larousse, définition « Hypothèse », [en ligne]. Disponible sur

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/hypoth%C3%A8se/41267#UqfmAk6UJYf9WqlV.99

20 SERRA- MALLOL Christophe, Méthodes de collecte des données, Cours de Master 1, 31, ISTHIA Université Toulouse-Jean Jaurès, 2015-2016.

Chapitre 1 : Méthodologie de collecte des données20

Dans le domaine des sciences sociales, la méthodologie de collecte des données peut-être soit qualitative, soit quantitative. Le choix de la méthode est important pour qu'elle soit la plus adéquate et s'effectue en fonction de nos besoins de l'enquête, du type d'informations que l'on souhaite collecter et des objectifs à atteindre. Elles possèdent toutes les deux des avantages, des inconvénients et des limites dont il faudra aussi tenir compte. Toutefois, de ce fait, l'association des deux méthodes peut être complémentaire et permet de recueillir des données plus exhaustives.

La méthode qualitative ne nécessite pas un large panel de sujets. Elle est utilisée pour recueillir des informations, des récits, des expériences, etc., qui ouvriront notre réflexion sur certains champs. La méthode quantitative nécessite un échantillon de personne beaucoup plus important et permet d'obtenir des données plus représentatives et généralisables.

1) Méthode qualitative

Comme nous venons de l'évoquer, la méthode qualitative s'effectue auprès d'un nombre très restreint d'individus. Il s'agit de recueillir des informations auprès de l'interviewé choisit, puis de les analyser par la suite. Il est essentiel que l'expression soit diverse et que les individus de l'échantillon présentent des caractéristiques en lien avec le sujet d'étude.

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L'échantillon de personne interrogé étant plus petit que pour une méthode quantitative, les informations recueillies ne permettent pas à elles seules de représenter ou généraliser des faits. Le but de la méthode qualitative est plutôt de décrire et d'expliquer de façon détaillée des événements, des phénomènes ou des agissements en se basant sur les dires des narrateurs et en recueillant leur opinion. Cette méthode ouvre par la suite à la réflexion.

Elle peut s'effectuer de manière directe : en face à face avec le(s) sujet(s) ; ou de façon indirecte : appels téléphoniques, appels vidéo par internet, etc., si l'intervieweur ou l'interviewé n'est pas disponible pour un face à face. Néanmoins, cette dernière façon ne permet pas de constater les expressions et conduites de l'individu répondant qui peuvent être porteurs de significations.

Les méthodes qualitatives peuvent se réalisent par le biais de deux outils :

? L'entretien individuel non directif ? L'entretien individuel semi-directif ? L'entretien individuel directif ? Le focus groupe

Parmi les méthodes qualitatives qui peuvent nous aider à répondre à nos hypothèses, j'ai choisi l'entretien individuel semi-directif et le focus groupe.

1.1) L'entretien individuel semi-directif

Lors du recueil de données avec le sujet, l'enquêteur adopte ici une posture semi-directive. C'est à dire qu'il dispose tout de même d'un cadre vis-à-vis des informations qu'il veut collecter, mais il accorde à l'individu une certaine liberté de parole dans leur échange. Grâce à ce comportement non directif et moins strict, l'interviewé se sent plus serein et moins oppressé. Il peut répondre ouvertement aux questions et de la manière dont il le souhaite. Bien que l'enquêteur dispose d'un guide d'entretien pour aborder des questions relatives à son thème de recherche

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définit auparavant, les réponses données par les sujets peuvent nous amener à explorer des pistes auxquels nous n'avions pas pensé. Cependant, cet aspect de l'entretien semi-directif peut aussi être une limite et nous conduire sur des données hors-sujet.

La faible représentativité de cette méthode par rapport à la population totale permet à l'enquêteur de préférer une procédure d'échantillonnage par choix raisonnés. C'est-à-dire qu'il choisit délibérément ses sujets, en fonction des variables et critères de recrutement nécessaires à ses analyses (Âge, sexe, catégorie socio-professionnelle...). De la sorte, il peut ainsi varier les profils pour obtenir des informations dissemblables.

1.2) Le focus groupe

Il s'agit non plus de s'entretenir avec une personne mais avec plusieurs simultanément. Le nombre raisonnable de sujets par focus groupe est de l'ordre de 6 à 12 personnes. En dessous, l'interaction attendue d'un focus groupe peut ne pas prendre et au-dessus, elle peut être brouillée par un nombre trop important de participants et disperser la discussion.

D'une part le focus groupe permet de recueillir un éventail d'informations plus ample et ce en un seul et même temps. Il permet de gagner du temps et d'obtenir beaucoup d'informations, au lieu de réaliser plusieurs entretiens individuels.

D'autre part, ces informations peuvent être approfondies par l'avis des autres individus du groupe qui n'abordent pas la question sous le même angle ou qui n'ont pas la même vision des choses. Ainsi les sujets confrontent leur point de vue, ce qui permet de repérer les points qui rallient les opinions et ceux qui les divisent.

Il s'installe ainsi une dynamique au sein du groupe qui oblige les participants à argumenter leur réponse sans que l'enquêteur n'ait à les relancer, ou du moins, à moins les relancer. En revanche, et c'est une limite de cette méthode, si la

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dynamique de groupe ne prend pas, il peut s'instaurer un climat de gêne qui limite les réponses.

Dans le domaine des sciences sociales, le focus groupe a pour but d'étudier les problématiques sociétales d'un thème et les influences qui s'exercent par les individus envers les autres individus du groupe. Il permet d'analyser les attitudes des participants, lorsqu'ils sont entourés d'autres personnes et le processus social qui prend place au sein du groupe.

Par ailleurs, organiser un focus groupe demande de la rigueur. Tout d'abord pour l'échantillonnage, il faut être vigilant dans le recrutement des participants. Il faut se renseigner sur leur profil et s'assurer que les participants à un même groupe soient à la fois compatibles, pour éviter les conflits, mais aussi complémentaires pour obtenir une hétérogénéité des réponses. En outre, il faut arriver à concilier les emplois du temps de tous les participants et s'assurer de leur motivation, pour ne pas qu'ils nous fassent faux bond le jour du focus groupe. Il est nécessaire de leur rappeler le rendez-vous plusieurs fois et plusieurs jours à l'avance.

Ensuite, il faut veiller à trouver un lieu adapté pour recevoir plusieurs personnes à la fois, et qu'il réunisse les conditions nécessaires pour que les sujets s'y sentent à l'aise. Il faut agencer la salle de façon à ce que tout le monde s'entende, se voit, et ainsi optimaliser l'interaction. Il faut également prévoir le matériel adapté : tables, chaises, dispositifs d'enregistrement audio et/ou vidéo, etc.

Enfin, il est nécessaire d'être au moins deux organisateurs pour effectuer un focus groupe :

? Un animateur : il anime le focus selon le guide d'animation réalisé, il lance, relance et cadre les échanges entre les participants

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? Un observateur : écarté du groupe, l'observateur a pour but de repérer les attitudes des sujets (comportements non-verbaux, conflits, interaction simultanées entre les sous-groupes, etc.)

L'organisation de la méthode qualitative peut être résumée par le tableau ci-dessous :

Etapes

Explications

Définir l'outil de la
méthode qualitative
adapté

Entretien individuel non directif, semi-directif, directif. Choix en fonction des hypothèses à démontrer.

Spécifier les informations
à obtenir et définir les
thèmes à aborder

Réunir les informations recherchées en thèmes et sous-thèmes, en fonction de la problématique et des hypothèses.

Etablir les critères de
recrutement des
personnes à interroger

- n = ?

- Variable : (âge, sexe, situation professionnelle) - Mode d'échantillonnage

Construire le guide
d'entretien ou d'animation

- Organisation des thèmes

- Ordre des questions (méthode entonnoir : du plus large au plus précis)

Tester le guide d'entretien ou d'animation

Pour se rendre compte du bon déroulement de l'entretien, des transitions, de la clarté des questions, etc. Remanier le guide si nécessaire.

Définir le nombre
d'organisateurs
nécessaire

Pour le focus groupe.

Définir l'environnement
dans lequel se déroulera
l'entretien

Domicile, environnement neutre, salle de réunion, etc.

Le déroulement de
l'entretien

- Introduction et présentation du thème

- Présentation des participants - Questions/débats/discussions

- Libre expression : le(s) sujet(s) a/ont-il(s) des
choses à ajouter ?

- Conclusion et remerciements

Analyser les données

- Retranscription

- Analyse des données

- Exploitation des résultats

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Tableau n°1 : Organisation de la méthode d'enquête qualitative.

2) Méthode quantitative

La méthode quantitative, à l'inverse de la méthode qualitative que nous venons d'expliquer, se base sur un panel d'individus beaucoup plus important. L'échantillonnage se construit selon la représentativité souhaitée et le plus souvent de façon aléatoire ou par quotas (les sujets sont choisis accidentellement ou sur volontariat). L'échantillonnage peut être de convenance, en boule de neige, selon le jugement et combiné. Il faut qu'il soit le plus varié possible pour que les résultats obtenus soient statistiquement significatifs et puissent être représentatifs de la population totale étudiée.

L'objectif de la méthode quantitative est de quantifier et mesurer des phénomènes. En sciences sociales, ceci se réalise par le biais d'un questionnaire. Il s'agit d'un support pratique, qui peut être réalisé en face à face ou administré par courrier, courriel, fax, de mains en mains, etc., ce qui peut être avantageux car la personne sondée n'a pas de contraintes de disponibilité à devoir donner et peut y répondre quand elle a le temps. Le questionnaire est ensuite collecté ultérieurement. Avec un questionnaire nous pouvons obtenir quasiment toutes les variables de données.

Les questionnaires peuvent comporter des questions structurées avec des cases à cocher, des questions à choix multiples, des échelles de mesure, et des questions ouvertes. Pour faciliter la lecture des résultats et comparer ou corréler deux ou plusieurs variables, le choix du type de questions à construire est important.

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Les questions ouvertes doivent être limitées car les réponses peuvent être toutes aussi diverses et variées les unes que les autres. Il sera alors difficile de les interpréter. Les réponses obtenues sont métriques (échelle d'intervalle ou de proportion) ou non métriques (échelle nominale ou ordinale) et sont ensuite analysées statistiquement par dépouillement ou logiciels de traitement statistiques.

La validité de ces informations recueillies peut cependant être biaisée par un pourcentage d'erreur selon les lois probabilistes. Cette méthode d'échantillonnage tient en effet compte d'une partie de la population mère, et bien que l'on essaye de faire en sorte d'avoir un échantillon important, il faudrait interroger la totalité de la population étudiée pour que la vérité statistique soit de cent pourcents. Les sciences statistiques relatent que pour minimiser la marge d'erreur, seule l'augmentation du nombre d'interrogés peut l'abaisser et non la proportion de l'échantillon par rapport à la population totale ciblée.

Le processus de création d'un questionnaire peut suivre les étapes présentées dans le tableau ci-dessous21 :

Etapes

Explications

Vérifier s'il n'existe pas une
échelle de mesure déjà
validée

Rechercher si ce que l'on cherche à démontrer ne l'a pas déjà été.

Spécifier les informations à
obtenir et définir les thèmes
à aborder

Réunir les informations recherchées en thèmes et sous-thèmes, en fonction de la problématique et des hypothèses.

Réaliser l'échantillonnage

- n = ?

- Variable : (âge, sexe, situation
professionnelle...).

- Mode d'échantillonnage.

Choisir les modalités de
collecte

- Questionnaire administré par un enquêteur. - Questionnaire auto administré.

21 CINOTTI Yves, Analyse des données quantitatives, Cours de Master 1, 31, ISTHIA Université Toulouse-Jean Jaurès, 2015-2016.

Construire le questionnaire

- Organisation des thèmes.

- Ordre des questions (méthode entonnoir : du plus large au plus précis).

Tester le questionnaire

Pour se rendre compte du bon dérouler de

l'entretien, des transitions, de la clarté des

questions, etc. Remanier le questionnaire si
nécessaire.

Administrer le questionnaire

- En face à face.

- Auto-administré.

Analyser les données

- Vérification de la lisibilité, complétude et

cohérence des réponses.

- Tri et codification des données.

- Présentation des données dans un tableau. - Analyse des résultats.

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Tableau n°2 : Organisation de la méthode d'enquête quantitative

88

Chapitre 2 : Méthodologie probatoire

Nous allons maintenant proposer une méthodologie probatoire adaptée à la vérification de nos hypothèses et qui nous semble cohérente. Nous détaillerons hypothèse par hypothèse notre raisonnement.

1) Raisonnement

1.1) Hypothèse n°1 : L'influence des pairs et de la famille redistribue l'évolution des goûts pour le lait et les produits laitiers

Dans cette hypothèse nous avons supposé que la qualité alimentaire et les choix alimentaires différaient selon le cadre social et les individus avec qui mange l'adolescent. Aussi par effet d'imitation la consommation de lait diminue en présence de pairs et celle de fromage augmente sous l'imitation des adultes. Le partage familial instauré autour du fromage semble avoir aussi influencé le goût pour les fromages chez les jeunes.

Il faut alors étudier plus en profondeur l'alimentation des jeunes en présence de pairs, et en présence de leur famille : de manière générale, puis vis-à-vis de la consommation de produits laitiers. Il faut aussi s'intéresser à l'évolution gustative, non abordée lors du premier entretien exploratoire ; là aussi de façon générale pour constater la tendance des aliments vers laquelle elle s'oriente, puis plus précisément au sujet des produits laitiers. Il faudra par la suite corréler tous ces paramètres pour constater leur influence sur l'évolution des goûts pour les produits laitiers.

Pour cela, nous proposons de recueillir ces informations d'une part par le biais de l'entretien individuel semi-directif pour comprendre plus en détails les phénomènes alimentaires qui se jouent à l'adolescence entre pairs et au sein du contexte familial. Aussi le focus groupe peut nous permettre d'obtenir ces données qui peuvent être

89

approfondies en confrontant les avis des jeunes. Le focus groupe pourra aussi mettre en évidence ou non, une influence des pairs entre eux dans leurs réponses. Enfin, pour pouvoir corréler significativement des données, le questionnaire quantitatif est nécessaire.

1.2) Hypothèse n°2 : La différence de genre redistribue l'évolution des choix alimentaires vis-à-vis des produits laitiers en fonction de critères esthétiques et corporels et de normes diététiques

Au sein de cette hypothèse nous évoquant une différence de choix alimentaires entre les filles et les garçons qui s'effectuerait suivant des critères esthétiques et corporels et de normes diététiques. Et les filles accorderaient d'autant plus d'importance à ces critères que les garçons. Nous supposons donc que ces exigences auxquels elles se plient influenceraient leur choix alimentaires vis-à-vis des produits laitiers, notamment envers la consommation de fromage qui pourrait être jugé trop gras.

Tout d'abord, il serait judicieux d'avoir confirmation que les filles prêtent plus attention aux critères qui viennent d'être cités que les garçons. Dans un second temps, il faut étudier si cela s'avère vrai pour la majorité des filles. Pour cela il faudra interroger des filles comme des garçons sur le niveau d'importance qu'ils accordent à leur image corporelle et comparer les réponses entre les deux sexes. Il en sera de même pour les normes diététiques, dans le but de s'apercevoir si les filles leurs accordent plus d'intérêt et si elles les appliquent à leur alimentation. Enfin il s'agit de repérer de quelle manière elles les appliquent, en quoi cela diffère sur leurs choix alimentaires et en quoi cela impact sur leur consommation de produits laitiers.

Afin de collecter ces informations, nous pouvons réaliser un focus groupe qui permettra aux filles et aux garçons d'échanger leur point de vue et d'étudier au travers

90

de leurs dires, chaque degrés d'importance qu'ils accordent aux paramètres évoqués ci-dessus. En outre, pour quantifier les informations et notamment pouvoir affirmer que nos suppositions sont relatives à la majorité des filles ou à la majorité des garçons, le questionnaire quantitatif trouve là tout son intérêt.

1.3) Hypothèse n°3 : La consommation de lait est influencée par un facteur symbolique de frontière entre les périodes de l'enfance et de l'adolescence, et celle de fromage est à contrario influencée par un facteur symbolique de jonction entre l'adolescence et le monde adulte

Au travers de cette hypothèse nous avons émis l'idée que la consommation de lait chez les adolescents serait influencée par un facteur symbolique de frontière, caractérisé par l'absence de petit déjeuner plus marqué à cette période de la vie. Ainsi il s'agit d'une piste à exploiter en interrogeant les adolescents sur le petit-déjeuner et sa composition. Il a été relaté que l'absence du petit déjeuner est principalement liée à un manque de temps. Il s'agit donc de confirmer d'une part cette supposition, puis d'identifier si effectivement le petit-déjeuner serait pris, cela favoriserait la consommation de lait chez les jeunes.

Secondement, la consommation de fromage quant à elle augmenterait sous l'influence d'un facteur symbolique de fonction entre l'adolescence et le monde adulte, représenté par un besoin de recherche gustative qui les éloigne de l'univers infantile. Elle augmenterait également grâce à un effet d'imitation des adultes et d'initiation familiale de la part des parents. Les enfants en général n'aiment pas le fromage. Devient-on alors grand lorsque l'on en consomme ? Pour répondre à cela, il faut axer notre recherche sur la consommation de fromage chez les jeunes par rapport à leur enfance, les personnes influentes s'il y en a qui ont été à l'origine de cette consommation, l'image que les jeunes associent au fromage, leur recherche gustative et le lien qu'elle pourrait avoir avec la consommation de fromage.

91

Les trois outils proposés précédemment qui sont l'entretien semi-directif, le focus groupe et le questionnaire, peuvent nous permettre d'interroger les adolescents à ce sujet. Par ailleurs les thèmes de recherches évoqués ici se recroisent avec ceux des deux autres hypothèses.

2) Organisation des outils probatoires

2.1) Organisation de l'entretien individuel semi-directif :

L'entretien individuel semi-directif mêlera quatre thèmes qui nous éclairerons sur nos hypothèses :

- Les pratiques alimentaires dans leur généralité - L'influence des pairs

- L'influence de la famille

- L'évolution des goûts à l'adolescence

Les critères de recrutement pour les personnes à interroger s'établiront en fonction de trois variables :

- L'âge : il me semble pertinent de garder une tranche d'âge se situant dans la fourchette haute de l'adolescence pour continuer notre raisonnement sur l'évolution de la perception du lait et des produits laitiers à un stade avancé de l'adolescence. Nous pourrions définir cette tranche d'âge aux 18-23 ans ;

- Le sexe : comme ne l'avons évoqué, filles et garçons n'effectuent pas les mêmes choix alimentaires. Par ailleurs, pour plus d'hétérogénéité dans les données recueillis, les adolescents des deux sexes sont intéressants à interroger ;

- Le cadre de vie : le lieu de vie plus particulièrement. Selon si l'adolescent vit chez ses parents, seul ou en collocation, son alimentation diffère. Il serait notamment pertinent de recruter des jeunes vivants en collocation pour constater l'influence des pairs ;

- La consommation de produits laitiers : afin que les données recueilles soient hétérogènes, nous pourrions ajouter ce critère de recrutement pour obtenir l'avis de personnes qui en consomment et qui n'en consomment pas ou plus.

Le mode d'échantillonnage le plus adapté pour obtenir des profils correspondant à nos critères serait donc celui par choix raisonnés.

Nous savons que dans la méthode qualitative ce n'est pas le nombre de personnes interrogées qui prime. Nous pouvons nous baser sur une quinzaine de personnes

Afin que l'entretien se déroule dans de bonne condition, le lieu dans lequel se déroulera l'entretien doit être propice à l'échange et pas trop bruyant : domicile de l'interrogé, salon de thé/café, une salle de l'université Toulouse Jean-Jaurès, etc.

L'entretien se déroulera selon les 5 phases décrites dans l'organisation de la méthode qualitative à savoir :

- Introduction et présentation du thème

- Présentation du sujet interrogé

- Questions et discussion

- Libre expression : le sujet a-t-il des choses à ajouter ?

- Conclusion et remerciements

L'analyse des données s'effectuera par le biais de la retranscription des données pour l'exploitation des résultats.

2.2) Organisation du focus groupe

Le focus groupe quant à lui portera sur des questions regroupées en trois grands thèmes selon les besoins de nos hypothèses :

92

- Les pratiques alimentaires dans leur généralité

- La perception physique

- La consommation de lait et produits laitiers

Il nous semble judicieux de réunir huit jeunes pour cet entretien collectif. Pas moins pour qu'il y ait une bonne dynamique de groupe mais ni plus car les jeunes peuvent être parfois difficiles à cadrer et il ne faut pas qu'un brouhaha s'installe pour optimiser les échanges. Par ailleurs nous abordons un thème de la perception physique et du contrôle alimentaire ou pondéral qui peuvent être des sujets sensibles. Pour que les jeunes puissent s'exprimer librement ils ne doivent pas être intimidés par un nombre trop important de participants.

Les critères de recrutement seront les mêmes que pour l'entretien semi-directif en veillant à bien respecter la parité filles, garçons. Pourquoi ne pas d'ailleurs proposer à certains adolescents interrogés en entretien semi-directif de participer au focus groupe. Nous pourrions ainsi comparer certaines de leurs réponses selon l'environnement social où ils ont été interviewés, c'est-à-dire seul ou en présence de pairs.

Ici aussi et pour les mêmes raisons que l'entretien semi-directif, le mode d'échantillonnage le plus adéquat est celui par choix raisonnés.

Le focus groupe se déroulera lui aussi selon les cinq phases exposées dans l'organisation de la méthode qualitative (Cf. Tableau n°1 : Organisation de la méthode qualitative).

L'analyse des données passera également par la phase de retranscription pour l'exploitation des données.

93

2.3) Questionnaire

94

Le questionnaire nous permet d'obtenir des réponses précises sur nos interrogations. Il regroupe des questions liées à l'importance de l'équilibre alimentaire, de goût, de l'apparence physique des médias, de la différence de genre et de la perception des produits laitiers. Il permet d'aborder plusieurs thèmes de nos hypothèses.

Afin d'essayer d'obtenir des données représentatives et généralisables, il nous faut un échantillon de jeunes assez conséquent. Deux-cents adolescents me semble raisonnables. Comme nous l'avons évoqué, plus le nombre d'interrogés est grand, plus la marge d'erreur concernant l'interprétation des données est faible. Toutefois il faut aussi tenir compte de la charge de travail à réaliser à postériori pour l'analyse des données. Afin d'avoir des sujets d'âges variés et tout horizon, nous pourrions administrer ce questionnaires à des jeunes d'un lycée. Dans cette instance de socialisation les profils des adolescents sont différents. Nous ciblerons un lycée public plutôt que privé pour une meilleure mixité des catégories socio-professionnelles. Le mode d'échantillonnage se fera de façon aléatoire ou par quotas au sein de cet établissement. L'aide du professeur pour administrer et récupérer les questionnaires serait la plus judicieuse pour s'assurer du nombre de répondants. Cependant le questionnaire pourra aussi être auto administré par mailing par exemple avec un lien hypertexte les renvoyant sur le questionnaire créé en ligne, de telle sorte que les jeunes n'auraient plus qu'à cliquer pour nous donner leurs réponses. L'outil informatique est par ailleurs un outil qu'ils affectionnent. Néanmoins nous ne serions pas assurés du nombre de réponses que nous obtiendrons. Ainsi il faudrait prévoir une marge de « non répondant » et sélectionnés peut-être non pas 200 mais 250 à 300 jeunes plutôt.

L'analyse des données pourra se faire grâce à un logiciel d'analyse de données tel que SPPS, pour trier et codifier les données. Ainsi que pour les analyser de différentes manières : analyse factorielle des correspondances, analyse de corrélation, analyse de variance, etc

Chapitre 3 : Proposition d'outils probatoires

1) Entretien individuel semi-directif

Lieu adapté : Un endroit calme et propice à la discussion (Domicile de l'enquêté, dans un café, un salon de thé, etc.)

Durée estimée : 1h20

Bonjour je tiens tout d'abord à te remercier de m'accorder un peu de ton temps pour la réalisation de cet entretien. Dans le cadre de mon mémoire universitaire, je travaille sur l'alimentation des adolescents et leur rapport avec le lait et les produits laitiers.

Avant de commencer je vais t'expliquer brièvement le déroulé de notre rencontre. Donc pour commencer je te laisserais la parole pour que tu puisses te présenter et m'en dire un peu plus sur toi. Puis nous commencerons par aborder un premier thème qui porte sur tes pratiques alimentaires en général. Et puis nous continuerons sur ton alimentation avec tes amis, avec ta famille et tes goûts alimentaires.

Si tu le veux bien je vais enregistrer vocalement notre entretien afin de me faciliter par la suite l'analyse ce qui aura été dit. Tout ceci restera bien évidemment confidentiel et ne seront exploités qu'à des fins professionnelles dans le cadre de mon mémoire. De même que la retranscription de notre rencontre restera anonyme.

95

Ça te va ? Tu es prêt ? Allez, c'est parti !

96

Thèmes

 

Questions

Présentation
(5 min)

Alors tout d'abord pouvez-vous vous présenter (âge, CSP, cadre de vie)

Pratiques
alimentaires
(25 min)

Comment qualifierais-tu l'alimentation d'un adolescent ?

Comment qualifierais-tu la tienne ?

En fonction de quoi les jeunes effectuent-ils leurs choix alimentaires selon toi ?

La présence des personnes avec qui tu manges a-t-elle une importance pour toi ? Avec qui préfères-tu manger ?

Surveilles-tu ton alimentation ? (Sous quels aspects ?

Qualitatif, quantitatif ?)

Prends-tu un petit déjeuner le matin ?

Si oui de quoi se compose-t-il ?

Si non, pour quelle(s) raison(s) n'en prends-tu pas ?

Que prends-tu ou que prendrais-tu au petit déjeuner (si tu avais le temps) ?

Que penses-tu du lait et des produits laitiers ?

Consommes-tu toujours du lait ?

Consommes-tu des yaourts ?

Consommes-tu du fromage ? Depuis quand ? Qui a été à l'origine de ta consommation pour toi ?

Penses-tu qu'il y a un moment particulier de la journée pour la consommation de ces aliments ?

Influence des pairs
(15 min)

Peux-tu nous décrire tes repas lorsque tu manges avec tes amis ? (Composition, convivialité, environnement)

Manges-tu de manière différente ou des aliments différents depuis que tu as rencontré ton groupe d'amis ?

Tes amis t'influencent-ils ou t'ont-ils déjà influencé dans tes choix alimentaires ?

Est-ce qu'il t'arrive de manger des choses que tu n'aimes pas quand tu es avec tes amis ?

Penses-tu qu'avoir une cohésion alimentaire au sein de ton groupe d'amis est important ? (Même goût, même choix alimentaires)

Consommes-tu des produits laitiers avec tes amis ?

Lesquels ? (Essayer d'axer sur la consommation du lait pour identifier sa perception)

 

Te verrais-tu aller en cours ou au travail avec une petite bouteille ou brique de lait dans ton sac ?

Influence de la
famille
(15 min)

Peux-tu maintenant nous décrire tes repas lorsque tu manges en famille ?

Pour toi manges-tu de la même manière avec ta famille qu'avec tes amis ?

Penses-tu que ton alimentation soit plus variée et équilibrée avec eux ?

Es-tu libre de manger ce que tu veux quand tu manges en famille ?

Ta famille t'a-t-elle influencée à manger des aliments en particulier ?

Consommes-tu des produits laitiers lorsque tu manges avec ta famille ?

 
 

Evolution des goûts
à l'adolescence
(15 min)

Tes goûts alimentaires ont-ils changés depuis ton enfance ?

As-tu arrêté de manger un ou plusieurs aliments depuis ton enfance ? Pourquoi ?

As-tu au contraire mangé de nouveaux aliments depuis que tu es adolescent ?

Apprécies-tu les aliments avec un goût prononcé ? (acide, amer, fort)

Quand tu étais plus jeune, avais-tu peur de goûter de nouveaux aliments ?

Aimes-tu goûter de nouvelles choses maintenant?

Aimais-tu le lait quand tu étais petit ?

Aimais-tu le fromage quand tu étais petit ?

Quel produit laitier apprécies-tu le plus ?

Conclusion
(5 min)

Souhaitez-vous ajouter quelque chose à notre discussion ?

Qu'avez-vous pensé de cet entretien ?

Tableau n°3 : Guide d'entretien exploratoire semi-directif

97

Merci de ta participation !

98

2) Focus groupe

Lieu adapté : Salle équipée de dispositifs d'enregistrement sonore et vidéo, Université Jean-Jaurès

Durée estimée : 2h45

Bonjour et bienvenue à tous. Nous tenions tout d'abord à vous remercier de votre présence et de votre contribution à la discussion qui s'ouvre aujourd'hui. Dans le cadre de mon mémoire universitaire, je travaille sur l'alimentation des adolescents et leur rapport avec le lait et les produits laitiers.

Avant de commencer je vais vous expliquer brièvement le déroulé de notre rencontre. Donc pour commencer je vous laisserais chacun la parole pour que vous puissiez vous présenter et nous en dire un peu plus sur vos motivations à participer à cet entretien. Puis nous commencerons par aborder un premier thème qui porte sur vos pratiques alimentaires en général. On fera une pause d'un quart d'heure durant laquelle vous pourrez profiter du petit goûter que l'on vous a réservé. Et puis nous reprendrons sur les deux thèmes suivants qui concernent la perception physique des adolescents et la consommation de lait et produits laitiers.

Comme nous vous l'avions précisé, je vous rappelle que l'entretien sera enregistré et filmé afin de nous faciliter par la suite l'analyse de vos expériences et opinions. Tout ceci restera bien évidemment confidentiel et vos dires ne seront exploités qu'à des fins professionnelles dans le cadre de mon mémoire. Ils ne seront en aucun cas divulgués, de même que les retranscriptions de notre rencontre seront toutes anonymisées.

J'animerais cette discussion et mon collègue ici présent restera plus en retrait pour assurer la gestion technique de cet entretien collectif et prendre quelques notes.

99

Voilà, nous allons donc commencer les présentations. Afin que l'on puisse tous échanger ensemble et que chacun puisse s'exprimer librement, je vous demanderais de respecter le temps de parole de chaque personne. N'hésitez surtout pas à nous donner votre, bien au contraire, il n'y a pas de réponses bêtes, on est entre nous. C'est parti !

Thèmes

Questions

Présentation
(15 min)

Pour commencer je vous propose que l'on fasse un tour de table pour que chacun se présente

 

Pouvez-vous nous expliquer quelles ont été vos

motivations pour participer à ce focus groupe ?

Introduction
(10 min)

Brainstorming autour des notions d'adolescence, de lait et de produits laitiers

Pratiques alimentaires
(1 h)

On rapporte souvent l'alimentation des adolescents à la malbouffe et au fast-food. Qu'en pensez-vous ?

 

Accordez-vous de l'importance au plaisir gustatif ?

 

Est-on plus à la recherche de goût quand on est jeune comparé à l'enfance ?

 

Où prenez-vous la majeure partie de vos repas ?

 

Avec qui aimez-vous le plus manger ?

 

C'est important de manger avec ses amis ?

 

Mangez-vous souvent tous la même chose entre amis ?

 

Pensez-vous être libres dans vos choix alimentaires ? Et lorsque vous êtes entre amis ?

100

 

Avez-vous modifié votre alimentation depuis que vous êtes entouré de votre groupe d'amis ?

 

Avez-vous découvert des aliments grâce à vos amis ?

 

Est-ce que pour vous c'est important de manger

équilibré ?

 

Est-ce bien vu quand on est jeune de vouloir manger équilibré avec ses amis ?

 

Surveillez-vous votre alimentation ?

Perception physique
(45 min)

Contrôler-vous votre poids ?

Accordez-vous de l'importance à votre image corporelle ?

Vous souciez-vous du regard des autres ?

Pensez-vous qu'il y a des critères physiques qu'il faut respecter pour être intégré à un groupe de jeunes ?

Les filles accordent-elles plus d'importance à leur

physique que les garçons ? Sont-elles soumises à une plus grande pression ?

Les médias ont-ils un rôle dans l'importance que les jeunes portent à leur image corporelle ? Lequel ?

Une fille et un garçon peuvent-ils manger de la même manière ?

Comment sont perçus es problèmes de poids entre les adolescents ?

Les filles sont-elles obsédées par leur poids de nos jours ?

Consommation de lait
et produits laitiers

(30 min)

Qu'est-ce que les produits laitiers pour vous ?

Quels sont ceux que vous consommez le plus ?

Quelle image associez-vous au lait ?

 

En consommez-vous toujours ? Pourquoi ?

Qu'est-ce que vous prenez au petit-déjeuner le matin ?

Est-ce que c'est plutôt « tendance » ou plutôt « ringard » de boire du lait entre copains ?

Quelle image associez-vous aux yaourts ? En

consommez-vous ? Pourquoi ?

Quelle image associez-vous aux fromages ? En

consommez-vous ? Pourquoi ?

Pensez-vous que vos goûts ont changé depuis votre en enfance vis-à-vis de ces aliments ?

A votre avis quels pourraient-être les facteurs qui

influencent positivement ou négativement la
consommation de ces produits chez les jeunes ?

Conclusion
(5 min)

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Qu'avez-vous pensé de cet entretien ?

Tableau n°4 : Guide d'animation du focus groupe

101

Merci de votre participation !

102

3) Questionnaire

Dans le cadre de mon mémoire universitaire, je travaille sur l'alimentation des adolescents et leur rapport avec le lait et les produits laitiers. C'est pourquoi, j'ai besoin de ton aide. Voici quelques questions sur lesquelles tu pourrais m'aider à y voir plus claires. Merci à toi !

? Es-tu :

n Une fille n Un garçon

1) Quel âge as-tu ?

2) Accordes-tu de l'importance à ton apparence physique ?

n Oui n Non

3) Surveilles-tu ton poids ?

n Oui n Non

4) Surveilles-tu ton alimentation ?

n Oui n Non

Si oui, en moyenne à quelle fréquence ?

n 1x/ semaine n 3x/ semaine n Tous les jours

5) Comment juges-tu la qualité de ton alimentation ?

Mauvaise

Moyenne

Bonne

Très bonne

 

6) Sur une échelle de 0 à 5, quelle importance accordes-tu au plaisir gustatif ?

0

1

2

3

4

5

 

7) Sur une échelle de 0 à 5, quelle importance accordes-tu à l'équilibre nutritionnel dans le choix de tes repas ?

0

1

2

3

4

5

 

8) Sur une échelle de 0 à 5, quelle importance accordes-tu à l'impact que peuvent avoir les aliments que tu manges sur ton image corporelle ?

0

1

2

3

4

5

 

9) Les médias constituent-ils une pression pour toi ?

103

n Oui n Non

10) T'inspires-tu de pubs ou de magazines pour soigner ton apparence physique ?

Jamais

Des fois

Souvent

 

11) Penses-tu qu'une fille doit d'avantage contrôler son alimentation qu'un garçon ?

n Oui n Non

12) Une fille mange-t-elle moins qu'un garçon ?

n Oui n Non

13) A quelle fréquence consommes-tu des produits laitiers ?

Jamais

1x/ semaine

3x/ semaine

Tous les jours

A tous les

repas

 

14) Quel produit laitier apprécies-tu le plus ?

n Le lait n Le yaourt n Le fromage

15) Quel produit laitier consommes-tu le plus ?

104

n Le lait n Le yaourt n Le fromage

16) 105

Quelle image associes-tu aux produits laitiers ?

n La vache n Les os n La couleur blanche n Le calcium n Le gouteux

n La santé

17) Considères-tu le lait comme un aliment gras ?

n Oui n Non

18) Considères-tu le yaourt comme un aliment gras ?

n Oui n Non

19) Considères-tu le fromage comme un aliment gras ?

n Oui n Non

20) A quelle fréquence consommes-tu du fromage ?

Jamais

1x/ semaine

3x/ semaine

Tous les jours

A tous les

repas

Merci de ta participation !

106

Conclusion générale

Le statut de l'adolescent a fluctué au cours des dernières décennies et le temps de l'adolescence est de plus en plus prolongé. L'adolescent fait face à des problèmes identitaires et des remaniements qui le bouleversent énormément.

Durant la puberté, il subit des changements corporels qui le marque et peuvent influencer sa propre perception physique. Les filles sont d'avantage bouleversées par ces changements et ont une estime de soi plus faible que les garçons. Elles estiment être soumises à une pression sociale et médiatique, plus forte, pour se conformer à la norme corporelle socialement prescrite. Elles deviennent d'avantage préoccupées par leur image corporelle et développent une obsession pour la minceur. Elles vont effectuer leurs choix alimentaires en fonction de critères nutritionnels.

En outre, le modèle alimentaire des jeunes est lui aussi chamboulé. La prise de 3 repas par jour n'est pas respectée à cause d'une absence de petit-déjeuner chez la majorité des jeunes et les repas sont déstructurés. Néanmoins, comme les adultes, ils accordent de l'importance au plaisir gustatif.

Les pratiques alimentaires des adolescents sont, par ailleurs, influencées par des facteurs socioculturels, tels que les groupes de pairs, la famille, ou encore les médias.

Nous avons pu constater que le lait avait changé de statut comparé à l'enfance. Aliment repère durant cette dernière période, il n'est plus autant populaire lors de l'adolescence. En nous intéressons de plus près aux facteurs qui pourraient influencer le statut du lait et des produits laitiers à l'adolescence nous avons émis l'hypothèse qu'un facteur social pouvait dans un premier temps être en cause. Sous l'influence des

107

pairs et de sa famille, l'adolescent est soumis à un effet de « suggestion sociale » qui modifie ses goûts en défaveur du lait et en faveur du fromage.

Dans un second temps nous avons supposé qu'un facteur de recherche gustative était à l'origine de la consommation croissante de fromage chez les adolescents par rapport à leur enfance.

Enfin, un facteur symbolique de frontière qui marque un changement dans les pratiques alimentaires entre l'enfance et l'adolescence peut aussi influencer le statut du lait. Dans ce cas-ci nous avons pensé à l'absence de petit déjeuner qui ne favorise pas sa consommation. D'autre part un autre facteur symbolique marqueur de l'adolescence pourrait être la recherche de plaisir gustatif. Plus caractéristique chez l'adulte, ce dernier symboliserait une jonction et non pas une frontière cette fois, entre l'adolescence et le « monde adulte ». Il favoriserait quant à lui la consommation de fromage.

Afin de confirmer ou d'infirmer ces hypothèses, j'aimerais mener l'année prochaine la méthodologie probatoire proposée en partie 3 et je trouverais peut-être d'autres facteurs plus représentatifs qui pourraient expliquer le changement de statut assigné au lait et aux produits laitiers lors de l'adolescence.

108

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109

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112

Table des annexes

Annexe A : Guide d'entretien exploratoire p.112

Annexe B : Entretien exploratoire n°1 p.114

Annexe C : Entretien exploratoire n°2 p.119

Annexe D : Entretien exploratoire n°3 ..p.123

113

Annexe A : Guide d'entretien exploratoire

Thèmes

Questions

Précisions

Données administratives

Tout d'abord, peux-tu te présenter ?

Âge, études, lieu de vie, situation personnelle.

Normes, représentation et
cadre alimentaire

Qu'est-ce qu'un bon repas pour toi ? A quoi rattaches-tu sa qualité ?

Aspects diététiques, diversité, quantité, structure du repas, plats traditionnels, lieux, personnes.

Comportements alimentaires

Combien de prises

alimentaires effectues-tu par jour ?

Petits déjeuner, déjeuner, diner, collations, goûter.

 

Quel type de modèle alimentaire s'applique à tes repas ?

Nombre de composantes.

 

Contrôles-tu ce que tu manges ?

Qualitativement et

quantitativement. Peur de grossir ou bénéfices santé.

 

Es-tu sensibles aux questions nutritionnelles ?

Que veut dire « Manger santé » par exemple

 

Pour toi, es-tu libre dans tes choix alimentaires ?

Influence de la famille, des pairs, des médias.

 

As-tu une préférence entre manger avec ta famille et manger avec tes amis ? Pourquoi ? Manges-tu différemment en leur présence ?

Dimensions sociale, influence de la compagnie.

Perception physique

Penses-tu que l'image

corporelle est importante dans nos sociétés ? Te soucis-tu de la tienne ?

Perception générale et personnelle.

 

Est-on plus intransigeant avec les filles quant à leur apparence physique ?

Différenciation de genre ?

 

Penses-tu qu'une fille doit moins manger qu'un garçon ?

Différence de genre dans la norme ?

 

Les médias ont-ils un rôle pour toi dans votre perception physique ?

Impact d'une influence extérieure ?

Consommation de lait et
produits laitiers

- Es-tu un amateur de lait et produits laitiers ?

Goût pour ce groupe

alimentaire, compréhension du terme « produits laitiers ».

 

- A quelle fréquence

consommes-tu du lait ? Quel type de lait ? (entier,1/2,écrémé) - A quelle fréquence consommes-tu des laitages ?

Consommation quotidienne ou hebdomadaire. Quel aliment est le plus consommé ?

114

 

- A quelle fréquence

consommes-tu du fromage ?

 
 

- Quelle différence fais-tu entre ces 3 produits ?

Est-ce qu'il en ressortira un différence de perception visuelle, gustative, nutritionnelle... ?

 

Sais-tu quelles sont les recommandations nutritionnelles pour le lait et les produits laitiers ? Les suis-tu ?

Etat des connaissances et importance donné à ce groupe sur le plan nutritionnel.

 

Quel goût à le lait pour toi ? Et le fromage ?

Perception gustative et différence entre les deux.

 

Par rapport à ton enfance, as- tu augmenté ou diminué la consommation de ces aliments ?

Il y a-t-il eu un changement ? Pourquoi (évolution des goûts, préoccupations nutritionnelles, symboles)

 

Il y a-t-il une période de la vie en particulier à laquelle tu associes le lait ? Et le fromage ?

Symboles de période ?

 

Quelle image associes tu au lait et aux produits laitiers ?

Vision

Actualité : Scandale laitier

As-tu suivi les polémiques qui ont entouré le lait ces dernières années ?

Diabolisation du lait et des produits laitiers

 

Qu'en penses-tu ?

D'accord ou pas d'accord ?

 

Penses-tu que l'Homme devrait arrêter de consommer du lait ?

Avis sur la question à croiser avec ses habitudes de consommation ?

Conclusion

En conclusion, peux-tu me donner 3 mots qui qualifient en ton sens les produits laitiers dans leur globalité ? Le Lait ? Le fromage ?

Idée de la perception générale après toutes ces questions

 

Veux-tu ajouter quelque chose ?

 
 

L'entretien s'est bien passé ?

 

115

Annexe B : Entretien exploratoire n°1

Date : 11/03/16

Contexte : A l'université

Durée : 30 minutes

Enquêté : KM, 18 ans, étudiant en psychologie

Interviewer : I

I : Bonjour, alors pour commencer, peux-tu te présenter s'il te plaît ?

KM : Alors, je m'appelle KM, j'ai 18 ans et je suis en première année de psychologie. J'habite tout seul dans mon appartement...

I : Ok très bien merci. Alors maintenant est-ce que tu peux me dire pour toi qu'est-ce qu'un bon repas ?

KM : Pour moi un bon repas c'est un repas équilibré. Dans le sens où... enfin moi je ne mange pas forcément une entrée, un plat et un dessert. Je mange le plus souvent un seul plat mais il est équilibré. C'est-à-dire que dans la préparation il y aura des légumes, le viande, et des féculents avec du riz ou des pates. L'équilibre c'est tout en fait. Parfois je prends un dessert, mais je n'ai pas l'habitude de consommer des desserts.

I : Donc tu coup pour toi, tu rattaches la qualité du repas à l'aspect nutritionnel ?

KM : Non pas forcément, nutritionnel ça compte mais moi je suis aussi plus sur le côté gustatif et le côté plaisir. Pour moi un bon repas faut qu'il soit bon et que je prenne du plaisir à le manger.

I : Est-ce que le lieux dans lequel tu le prend ou les personnes avec qui tu manges ça a une importance sur la qualité ou est-ce que ça c'est autre chose pour toi ?

KM : Ah non pour moi c'est autre chose. Moi j'aime bien manger tout seul et apprécier mes plats, mais après de temps en temps j'aime bien aussi partager des plats avec des amis, ça permet de partager un moment convivial, de découvrir des plats.

I : Est-ce que l'environnement donc influence la qualité du repas ? KM : Oui ça met une bonne ambiance donc ça influence ;

I : D'accord. Combien de prises alimentaires tu effectues par jour ?

KM : On va dire deux. Le petit déjeuner j'ai du mal à le prendre le matin. Ca m'arrive d'en prendre, mais c'est plus quelque chose de rapide. Je prends vite-fait au frigo un jus ou un yop. Après c'est plus le repas du midi et du soir où je mange vraiment bien ;

I : Tu ne fais pas de collation ou ne prends pas de goûter ? KM : Non pas de goûter.

I : Ok. Est-ce que tu contrôles ce que tu manges ?

KM : Non.

116

I : Que ce soit sur le plan quantitatif ou qualitatif...

KM : Plus sur la qualité. J'essaye de prendre des produits qui sont quand même bons, et des produits de marques quand même. C'est psychologique, je me dit que je prends de la marque donc je prends moins de risques à avoir des intoxications alimentaires ou autres car à la base j'ai un estomac fragile donc je préfère prendre des produits de marques. Et niveau quantitatif en général je mange beaucoup. Tant que j'ai faim je mange.

I : Est-ce que tu es sensible aux question nutritionnelles ? C'est-à-dire manger santé par exemple ?

KM : Oui et non. Je m'y intéresse un petit peu depuis l'année dernière. Avant ce n'était pas trop ça. Après l'appliquer peut-être pas forcément encore mais j'y compte bien. Je me demande si ce que je mange répond vraiment à mes besoins.

I : Donc pour toi manger santé et manger équilibré ça correspond à quoi ?

KM : Bah manger équilibré dans le sens où dans un repas il faut manger de tout en fait. Il faut prendre des produits laitiers, des légumes, des fruits, une viande, un féculent et consommer beaucoup d'eau aussi.

I : D'accord. Est-ce que pour toi dans tes choix alimentaires tu es libre de consommer ce que tu veux manger ou est-ce que tu penses que des choses peuvent t'influencer ?

KM : Non moi je suis libre. Déjà j'habite tout seul donc personne ne me dit ce qu'il faut prendre et je pends vraiment ce que moi j'aime en fait. Donc non je n'ai pas de limites. Je mange ce que j'ai envie sur le moment. Si j'ai envie de manger une pizza je vais prendre une pizza.

I : Est-ce que tu pourrais être influencer par tes amis ?

KM : Par mes amis oui, j'aime bien découvrir de nouveaux plats et donc quand mes amis étrangers me font leurs plats, après chez moi j'essaye de les refaire. Je les cuisine.

I : Et si un de tes copains te dit qu'il a envie de manger un fast-food par exemple ?

KM : Ah ça, oui je peux me laisser tenter. Après je ne suis pas influençable hein mais ça nous permet de manger ensemble.

I : Est-ce que tu as une préférence entre manger avec ta famille ou tes amis ?

KM : En général c'est plus la famille. Je mange avec eux depuis que je suis tout petit donc papa maman ensemble, c'est convivial, c'est le partage en famille. Ca permet de se retrouver. J'apprécies plus ces moments. Avec mes amis on le fait souvent, j'aime bien hein mais...

I : C'est plus banal ?

KM : Oui voilà c'est ça.

I : Est-ce que tu manges différemment en présence de tes amis ?

KM : Oui ça dépend avec qui je traîne. Quand je suis avec des africains je mange sénégalais par exemple. Après là par exemple cette année c'est un peu bizarre. J'ai du me faire des nouveaux potes donc j'essaye de manger un peu comme eux.

I : Un peu comme eux c'est-à-dire ?

117

KM : Bah en fait avant je m'en foutais. Genre de manger avec les doigts et tout. Mes copains aussi le faisait chez moi. Ici je fais plus attention. On dirait que c'est sale pour les gens.

I : Et au niveau de la quantité tu manges pareil ? KM : Oui Oui.

I : Ok. Est-ce que tu penses que l'image corporelle c'est quelque chose d'important aujourd'hui dans notre société ?

KM : Bah les magazines et tout là nous font croire que oui. Mais pour moi par exemple, que l'idéal de la personne c'est être mince, beau ou musclé, moi non ça n'a pas d'importance.

I : Tu te soucie toi de ton image physique ? KM : Non.

I : D'accord. Est-ce que tu penses que l'on est plus intransigeant là-dessus avec les filles ? Sur l'apparence physique ?

KM : Oui.

I : Pourquoi ?

KM : Bah je sais pas. Les filles aiment beaucoup se comparer entre elles et du coup il y a beaucoup ces côtés « ouais toit tu manges trop, faut que tu fasses attention ». Alors que chez les garçons on retrouve pas ça. Les garçons ils s'en foutent. Mais les filles elles veulent toujours être plus belle que l'autre. Du coup elles vont trouver un moyen de critiquer le physique de l'autre pour se mettre elle en avant. Après il y a le cliché du garçon qui aime les filles minces aussi, mais moi j'ai des amis qui préfèrent les files en chaire. Mais ça c'est l`image, le gros cliché que les médias mettent dans la tête des filles. Dans les pubs c'est toujours une mannequin très belle, et tous les meks sont là « wahouu elle est trop joli ». Pareil il y a beaucoup de filles qui se disent végétarienne ou j'sais pas quoi pour préserver la cause animale, mais je pense que beaucoup c'est pour maigrir.

I : Est-ce que tu penses qu'une fille ça devrait moins manger qu'un garçon ?

KM : Bah oui. Enfin elles ont moins besoin de manger que nous normalement à la base. J'ai rarement vu des filles qui mangeaient autant qu'un garçon mais c'est un peu mal vu ouais. Après tout dépend de sa forme physique. On va dire que si elle est « fine » je pense pas que ça pose de problème. Maintenant si c'est une femme assez imposante et qui mange plus qu'un homme, moi j'aurais tendance à lui dire « arrête de manger et va courir » (rires).

I : Ok. Donc maintenant on va parler de la consommation du lait et des produits laitiers. Donc déjà qu'est-ce que c'est pour toi les produits laitiers ?

KM : Bah c'est le lait, tous les produits qui viennent du lait, le fromage, les yaourt, le Yop. I : Est-ce que tu es un amateur de lait et produit laitier ?

KM : Amateur ouais. Enfin on va dire que quand j'étais petit je consommais beaucoup beaucoup de lait. Et quand je suis arrivé au lycée, quand j'étais plus speed en fait, quand il fallait se réveiller le matin hyper tôt pour partir j'en buvais moins. Après j'aime beaucoup les fromages et produits laitiers. J'en consomme assez régulier. Donc amateur ouais, on va dire ça comme ça.

I : A quelle fréquence tu consommes du lait ?

118

KM : Ca dépend en fait de quand je fait mes courses. Quand je vais prendre du Yop je vais pas en boire de toute la semaine. Sur un mois on va dire que je vais consommer 2 semaines du lait. Ca dépend de mes envie. Des fois je vais avoir envie d'en prendre le matin et quand je vais faire les courses je vais me dire que j'ai envie d'en boire le matin donc je vais en acheter. Quand j'en bois deux semaines de suite, c'est pas que ça m'écoeure mais j'arrête. J'en ai trop bu en fait.

I : Tu bois quel type de lait ?

KM : Demi-écrémé.

I : Et les laitages et le fromage, à quelle fréquence ?

KM : Ah ça c'est quasiment tous les jours. Plus le fromage. Le fromage presque tous les jours.

I : Ok. Quelle différence tu fais entre ces trois produits ?

KM : Il y a une différence. Le lait pour moi c'est plus un truc qui se consomme le matin, le fromage tu peux le consommer à tous les repas. Et le yaourt en dessert. C'est trois produits qui se consomment de manière différente. Après en terme de besoins nutritionnels ce sont trois produits pareil je pense. Tant qu'on a un produit laitier dans son repas.

I : Est-ce que tu sais quelles sont les recommandations pour le lait et les produits laitiers par jour ?

KM : Il me semble que c'est 1 à chaque repas ?

I : Tu penses les suivre ?

KM : Non. Le matin à la limite j'ai mon Yop et le soir le fromage. Le midi non.

I : Quel goût ça a pour toi le lait ?

KM : Pour moi ça n'a pas vraiment de goût. Quand j'en bois, j'en bois avec du chocolat.

I : Et le fromage ?

KM : Le fromage ça a beaucoup de goût, c'est fort. Après ça dépend des fromages mais moi j'aime bien les fromages qui sont forts. Le fromage c'est goûteux.

I : Par rapport à ton enfance tu as augmenté ou diminuer la consommation de ces aliments ?

KM : Le lait du cou je l'ai diminué. Le yaourt j'en ai jamais trop mangé dans ma vie, de temps en temps. Et le fromage ouais j'ai carrément augmenté.

I : Pourquoi d'après toi ?

KM : Bah j'sais pas trop quand j'étais petit voilà. J'ai suivi mes parents pour le fromage en fait. Mon père surtout aimait bien le fromage. Le lait voilà, c'est plus pour les petits. Enfin il y a des personnes âgées qui consomment encore du lait mais après le fromage c'est vrai que quand on est petit on en mange pas trop. Sauf si tes parents ils t'en donnent l'habitude. Moi non, c'est en grandissant que j'ai voulu en goûter. Quand tu deviens adulte tu peux te dire que tu veux commencer à manger du fromage parce que ça à l'air bon. Je voyais tout le temps mon père en manger. Quand t'es petit tu te dis « beurk ça à un goût fort ». Et puis au repas de famille tu vois toujours les grands manger du fromage e boire du vin. Puis comme j'ai pas le temps le matin je vais pas emmener mon lait (rires)

I : Pourquoi ?

119

KM : Bah le lait ça se boit plus à la maison. Dans ma tête c'est comme ça. Le lait c'est quelque chose que tu bois chez toi. Même dans les pubs ils le montre. Genre la pub Nutella t'as ton petit goûter avec ton verre de lait à la maison. Toutes les pubs qui parlent de lait c'est toujours à la maison. C'est la représentation qu'on se fait. Et puis le lait, enfin quand t'es bébé c'est le premier aliment que tu consommes. Après quand tu grandis tu passes aux fromages, le lait on t'en donner toujours des fois à l'école mais plus maintenant.

I : Ok. A quelle image tu pourrais associer le lait et les produits laitiers en général ?

KM : Alors pour moi « les produits laitiers sont nos amis pour la vie » (rires). Non bah l'image que ça me donne, ça apporte euhhh... j'ai toujours cette image en tête que pour moi ça forge les os. Tu penses aux os direct.

I : Le fromage est un produit laitier comme un autre pour toi ?

KM : Pour moi oui.

I : D'accord. Est-ce que tu as suivi les polémiques qui ont entouré le lait ces dernières années ?

KM : Non pas vraiment.

I : Est-ce que tu penses que l'homme devrait arrêter de consommer du lait ?

KM : Ouais, je pense que ouais. De base j'avais entendu dire que le lait de vache ne devrait pas être consommé par les hommes. Trop en consommer ça peut ne pas être bon pour la santé. Ca peut être bon d'une manière générale mais pas trop, après c'est pas bon du tout. Je sais plus pourquoi mais je sais que ce n'est pas bon de trop en consommer.

I : Ok. Donc en conclusion est-ce que tu pourrais me donner 3 mots pour chaque terme, qui qualifierait le lait, le fromage et les produits laitiers en général ? 3 mots pour chacun.

KM : Alors pour le lait : vache, santé et nutrition. Le fromage : plaisir, goût et fort. Et les produits laitiers en général euh... calcium, les os et desserts.

I : Ok très bien. Est-ce que tu veux ajouter quelque chose ? KM : Non ça va.

I : Merci ! Ca va ça s'est bien passé ?

KM : Oui oui très bien.

120

Annexe C : Entretien exploratoire n°2

Date : 12/03/16

Contexte : A son domicile

Durée : 30 minutes

Enquêté : LG, 21 ans, étudiante en seconde au lycée

Interviewer : I

I : Bonjour, alors pour commencer, peux-tu te présenter s'il te plaît ?

LG : Donc je m'appelle LG, j'ai 21 ans, j'habite à Muret chez mes parents, et je suis en L2 de Maths à Paul Sab.

I : Ok merci. D'abord peux-tu me dire qu'est-ce qu'un bon repas pour toi et à quoi est-ce que tu rattaches sa qualité ?

LG : Bah un bon repas c'est que c'est bon en bouche, et que ça me remplit le ventre. Voilà. Un bon repas il doit juste être bon.

I : Par exemple est-ce que selon les personnes avec qui tu vas manger ça va impacter sur la qualité du repas ?

LG : Oh non. Peu importe que ce soit avec Pierre Paul ou Jaques, tant que c'est bon en bouche surtout. Après forcément on parle d'équilibre alimentaire des fois mais moi peu importe, même gras c'est bon (rires).

I : Combien de prises alimentaires tu effectues par jour ?

LG : Une ou deux. Des fois je ne mange qu'un repas par jour. Le diner. Des fois je reste toute la journée sans manger et je mange que le soir. Déjà parce que j'ai la flemme de me faire à manger et puis j'ai pas envie de remanger la même chose au déjeuner et au diner donc je préfère attendre le soir pour manger ça en fait. J'ai faim mais après ça passe.

I : De quoi se compose ton repas ? Entrée, plat, dessert, fromage ?

LG : Ca dépend mais j'ai surtout que le plat et quelques fois le dessert : laitages, gâteaux ou fruits. Mais plus gâteaux je pense. Et en ce moment fruits.

I : Est-ce que tu contrôles ce que tu manges sur la quantité.

LG : Oui et non. Fiouuuu oui, enfin non. Disons que je m'arrête de manger quand j'ai plus faim, mais je devrais m'arrêter beaucoup plus tôt car je continus de manger souvent, je suis gourmande. Après je me régule, quand j'ai beaucoup mangé la veille, je mange moins le lendemain. Et puis ça dépend vraiment des aliments des fois je peux manger des trucs gras.

I : Est-ce que tu es sensibles aux questions nutritionnelles ? LG : Oui, j'évite de manger trop gras, trop sucré. Et voilà. I : Qu'est ce que ça veut dire pour toi « manger santé » ?

121

LG : « Manger 5 fruits et légumes par jour ». Manger des légumes. C'est très important pour être en bonne santé.

I : Pour toi, est-ce que tu es libre dans tes choix alimentaires par rapport à ce que tu veux manger ?

LG : Non je ne suis pas libre parce qu'il faut de l'argent pour manger ce que l'on veut. Mais après quand même dans l'ensemble je mange ce que je veux.

I : Est-ce que tu pourrais être influencée par tes amis ?

LG : Non, mais après c'est sûre que quand ils me disent « on va manger kebab », bah on va manger kebab (rires), faut bien faire des concessions.

I : Est-ce que tu as une préférence entre manger avec ta famille ou manger avec tes amis ?

LG : Avec ma famille je pense. C'est... je sais pas, on peut manger indien et avec les doigts, sans qu'on te regarde comme ça là... et qu'on te dise « oh tu manges avec les doigts ». J'sais pas c'est plus cool quoi.

I : Est-ce que tu manges différemment en présence de ta famille ou tes amis ?

LG : Bah avec la famille ou les amis on ne mangera pas forcément les mêmes choses. Après quand j'ai faim, j'ai faim, donc quoi qu'il en soit je mange, je vais pas faire la fine bouche. Mais après ça dépend des amis avec qui je suis aussi. Genre mes amis de chez moi là, de Muret on peut se faire des pizzas ou des kebabs tout le week end. Avec mes copines de la fac on peut se prendre un truc comme ça dans la semaine mais pas plus. Elles font plus attention que moi. Quand on va s'acheter à manger le midi, si elles me voient racheter un truc gras, elles vont me dire « ouais t'abuses » (rires). Après moi je m'en fous, je prends pas ça à coeur, j'ai pas de problèmes de poids donc voilà, mais j'évite de les choquer (rires)

I : Ok. Est-ce que tu penses que l'image corporelle est importante aujourd'hui dans nos sociétés ?

LG : Ah oui !

I : Pourquoi ?

LG : Bah parce que c'est la société, c'est le culte du corps. Il faut être beau, il faut être mince. Il faut pas faire trois tonnes sinon tu es moche. T'as pas de mari (rires)

I : Est-ce que toi tu te soucies de ton image corporelle ?

LG : Oui, surtout au niveau de l'apparence physique. Il faut que je sois fine et jolie. Il faut que je sois bonne quoi (rires)

I : Est-ce que tu penses que l'on est plus intransigeant avec les filles qu'avec les garçons à ce niveau là ?

LG : Oui quand tu es une fille tu as plus de pression. Les cheveux, le maquillage, la poitrine, les fesses, le ventre. Si on a du gras sur le ventre on va dire « ohlala mon dieu, non mais t'as vu son ventre, ses bourrelets, sa cellulite et tout ». Alors qu'un mek, si il est un peu gros c'est pas très grave, au contraire, vaut mieux ça qu'il soit tout gringalet là. Un mek ça doit être costaud, pas tout maigrichon. Un homme, ça masse corporelle comparée à une femme elle est plus grande de toute façon donc il devra manger plus de calories pour subvenir à ses besoins. Après si une femme mange plus qu'un homme moi ça ne me choque pas. Des fois les gens sont là, ils me disent « tu manges tout ça », mais moi je suis gourmande alors euh voilà. Genre ils sont choqués. J'ai faim, j'ai faim quoi, je ne vais pas faire la

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meuffe. Mais moi j'ai des amies genre qui disent « non mais devant lui ça ne se fait pas de manger comme ça, si je mange trop blablabla ». Elles ont peur de passer pour des grosses, du coup elles mangent moins.

I : Ok. Pour toi les médias ont un rôle là-dedans ?

LG : Oui ils ont un rôle destructeur. Si on regarde les magazines ce sont des femmes fines, aux cheveux longs, elles sont blanches aussi. Euh ouais, si tu veux être bien, il faut faire attention à tout. Il faut tout contrôler presque on dirait. Ca complexe pas mal de filles et après elles deviennent anorexiques genre.

I : D'accord. Donc maintenant on va parler de la consommation de lait et produits laitiers. Est-ce que tu es une amatrice de lait et de produits laitiers ?

LG : Oui, je bois du lait. J'aime bien. Une fois par semaine. Enfin ça dépend. En période de cours j'ai pas le temps, je ne déjeune pas, le matin j'suis fatiguée et j'ai envie de dormir. Le week-end j'aurais plus tendance à prendre un petit-déjeuner, si il y a du lait, avec des céréales, je déjeunerais. Mais euh voilà, parce que le week-end on a le temps.

I : Tu bois quel type de lait ?

LG : Demi-écrémé. Et j'aime bien les laits végétaux aussi. Pour le goût et parce que le lait de vache c'est pas très bon pour la santé apparemment. C'est fait pour les veaux déjà. Et en tant que femme adulte je n'ai plus besoin de lait. Ma croissance et pratiquement terminée. Même si j'ai 21 ans ma croissance est terminée. Et le lait est fait pour que le veau grossisse, donc voilà.

I : Est-ce que tu consommes des laitages ?

LG : Oui une à deux fois par semaine. Ca dépend s'il y en a, j'en prends au dessert du déjeuner ou du diner.

I : A quelle fréquence tu consommes du fromage ?

LG : Alors là euh, une à deux fois par semaine. Enfin ça dépend, le fromage râpé ça compte ?

I : Oui, oui.

LG : Ah alors ouais, même trois fois par semaine.

I : Ok. Quelle différence tu fais entre ces trois produits (lait, laitages et fromages) ?

LG : Le lait c'est la boisson. Les laitages c'est avec les ferments lactiques que ça fait du yaourt. Et le fromage bah c'est pareil, mais le fromage c'est plus gras que le lait. Et puis on rajoute du sel. Faut pas trop trop en manger.

I : Est-ce que tu sais quelles sont les recommandations nutritionnelles pour les produits laitiers ?

LG : « Les produits laitiers sont nos amis pour la vie ». Non, euh, trois fois par jour ?

I : Est-ce que tu penses les respecter ?

LG : Non, non, pas vraiment.

I : Ok. Quel goût à le lait pour toi ?

LG : C'est doux. Après je bois du lait demi-écrémé donc euh voilà, on sait qu'il n'a pas le même goût que le lait entier. Et puis c'est du lait industriel donc il n'a pas le même goût que le vrai lait. C'est stérilisé à je sais pas combien de température pour enlever les microbes donc ça doit perdre son goût.

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I : D'accord. Par rapport à ton enfance, est-ce que tu as augmenté ou diminué la consommation de ces aliments ?

LG : Le lait j'ai diminué. Déjà parce qu'avant j'étais petite donc je pensais que si je buvais du lait j'allais grandir et en plus parce qu'avant je déjeuneais. Quand on est petit on a le temps de déjeuner le matin. Maintenant le temps qu'on a on préfère dormir.

I : Et le fromage ?

LG : Le fromage j'en mange plus parce que je connais plus de fromages. J'aime pas les fromages à goût fort, genre roquefort et tout c'est dégueulasse.

I : D'accord. Pourquoi tu penses que tu as augmenté ta consommation de fromages ?

LG : Pour découvrir d'autres saveurs. Et puis au Restaurant universitaire ou même au restaurant tout court il y a beaucoup de fromages, genre des plateaux de fromages et tout donc j'ai voulu goûter. Quand on va au restaurant avec des amis de mes parents, des français, ils prennent souvent du vin et du fromage. C'est très français, ça fait classe je trouve. Puis à 21 ans j'suis censée être plus ou moins adulte et manger comme eux. A chaque fois il m'en propose. Le fromage j'aime bien. Le vin c'est pas encore ça. Le père de mon copain mange beaucoup de fromage aussi.

I : Quelle image associes-tu au lait et au produit laitiers ?

LG : Bah c'est bon pour la santé, c'est blanc, c'est pleins de calcium.

I : Est-ce que pour toi le fromage est un produit laitier comme les autres ? LG : Oui oui. Enfin ça dépend. C'est-à-dire ?

I : Par exemple tu m'as dit qu'il fallait consommer 3 produits laitiers par jour. Si on mange 3 portions de fromage du coup, ça compte ?

LG : Bah oui mais il faudrait pas parce que le fromage c'est gras quand même. Et puis on va pas manger du fromage au petit déj. Le matin c'est le lait. Ou à la limite le yaourt.

I : Tu m'as dit donc avoir plus ou moins suivi les polémiques qui ont entourées le lait ces dernières années. Qu'est-ce que tu en penses ? Est-ce que tu penses que l'homme devrait arrêter de consommer du lait ?

LG : Je pense oui, mais c'est trop ancré dans nos cultures. Et puis le matin c'est ben de tremper ses gâteaux dans le lait. Et puis enfin quand t'es petit qu'est-ce que tu boirais du coup ? Le lait quand t'es petit c'est la base. Ce serait triste de plus en avoir pour les petits. Après quand t'es grand voilà, tu t'en fous, tu bois plus de lait, tu manges du fromage par exemple ou des yaourts.

I : Ok. Pour conclure est-ce que tu peux me donner, pour chacun, trois mots qui qualifieraient les produits laitiers en généraux, le lait, et le fromage.

LG : Les produits laitiers : plaisir, cuisine, yaourts. Le lait : petit-déjeuner, croissance, santé. Le fromage : plaisir, gras, et euh je sais pas ... patrimoine français.

I : Très bien. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose ? LG : Non voilà c'est tout.

I : Je te remercie !

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Entretien exploratoire n°3

Date : 19/03/16

Contexte : A son domicile

Durée : 30 minutes

Enquêté : CH, 23 ans, comptable

Interviewer : I

I : Bonjour, alors pour commencer, peux-tu te présenter s'il te plaît ? Me dire ton âge, ce que tu fais dans la vie, si tu vis seule, en couple, chez ta famille...

CH : Donc je m'appelle CH, j'ai 23 ans, je vis à Bordeaux, et je suis comptable. Je vis seul dans mon appartement.

I : Alors, tout d'abord est-ce que tu peux me dire ce que c'est qu'un bon repas pour toi ? A quoi est-ce que tu rattaches sa qualité ?

CH : Je rattache sa qualité à sa variété, il faut que les aliments soient variés, équilibrés. Je fais attention à l'équilibre acido basique, car je fais du sport. Je fais de la musculation. J'essaye toujours d'avoir des aliments acidifiant et basifiant et d'avoir un bon rapport de glucides et de protéines et de légumes et de fruits, c'est-à-dire pleins e vitamines et minéraux.

I : D'accord, donc tu dis « équilibré ». C'est quoi « équilibré pour toi ?

CH : Pour moi équilibré c'est-à-dire qu'il y a un bon rapport entre, on va dire le glucides, les protéines et les lipides. Donc voilà, pas trop de lipides. Mais que des bons lipides. Oméga 3 et oméga 6 et après je garde les glucides à indice glycémique plutôt bas pour éviter qu'ils se transforment rapidement en graisses en fait. Voilà, je limite au maximum les sources à glucides à indice glycémique rapide. Et puis des protéines de bonnes qualités, animale, plus animale ouais.

I : D'accord est-ce que pour l'environnement, c'est-à-dire le lieux ou les gens avec qui tu manges, peuvent faire varier la qualité de ton repas ?

CH : Ah oui, ça peut varier suivant que j'aille au restaurant avec des amis. Je vais pas faire attention à mon alimentation. Ou du moins sacrifier la qualité des aliments parce que je veux garder quand même un bon équilibre social. Donc je fais beaucoup moins attention. Si on me propose un kebab le dimanche soir, je vais craquer.

I : Ca restera quand même un bon repas pour toi ?

CH : Au niveau du plaisir, oui mais après ce sera un mauvais repas dans le sens où j'aime bien garder un bon équilibre alimentaire.

I : D'accord. Combien de prises alimentaires tu effectues par jour ?

CH : Je fais trois repas et deux collations. I : Petit-déjeuner, déjeuner, dîner... CH : Une collation à 10h et une à 16h.

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I : Ok. En terme de composantes comment se constituent tes repas ? Tu as entrée, plat, dessert, fromage ?

CH : Alors l'entrée est souvent bâclée voire inexistante, et sinon je privilégies le plat. Une base de protéine animale (viande, volaille, des fois poissons), des glucides donc souvent du riz et j'essaye d'avoir un maximum de légumes. En ce moment c'est souvent des brocolis que je consomme. Et un dessert des fois s'il me reste de la place pour manger. Mais le dessert ça va jamais être des sucreries. Ca va être un fruit.

I : Ok, donc tu contrôles ce que tu manges ?

CH : OuI.

I : Qualitativement et quantativement ou plus qualitativement ?

CH : Euh les deux, pour avoir un bon équilibre. Etant donné que je mange beaucoup de riz, j'essaye de prendre du riz bio. Après voilà, le problème c'est que c'est par rapport aux moyens financiers. J'aimerais prendre de la protéines on va dire bio, de la viande bio, mais j'ai pas assez de moyens pour me le permettre. Sinon tout ce qui est fruits et légumes c'est bio. Je contrôle ma qualité et ma quantité parce que je ne veux pas grossir donc voilà.

I : Que veut dire « manger santé > pour toi ?

CH : « Manger santé », bah voilà, avoir un bon équilibre alimentaire, pas d'excès dans les lipides comme dans les mauvais sucres. En consommer de temps en temps par plaisir mais ne pas faire d'excès. Pour moi c'est ça. Après moi qui mange « santé », j'ai remarqué qu'on était une minorité. Je suis vue comme quelqu'un qui fait attention à son alimentation et voilà. Enfin souvent on le remarque. On le remarque parce qu'on va dire qu'on s'inflige des « restrictions > et du coup ça peu choquer ou perturber d'autres personnes qui eux ne font pas attention. Je pense pas que ce soit dans la culture française de faire habitude à son alimentation. C'est une habitude assez récente qui justement peut-être vue d'une manière assez étrange par les autres gens.

I : Ok. Est-ce que pour toi tu es libre dans tes choix alimentaires ? CH : Oui oui, tout à fait libre.

I : Est-ce qu'il n'y aurait pas des influences extérieures comme la famille, les amis ou les médias qui pourraient t'amener à revoir certains choix ?

CH : Bah c'est vrai que quand je vais manger chez mon père, le repas m'est imposé. Selon que je sois avec mon copain ou pas, ça peut y jouer. Je veux lui faire plaisir donc je lui achète une glace pour le dessert par exemple. DU coup je mange une glace. Et avec mes amis, bah la semaine j'évite tout repas avec mes amis parce que je sais que quand je fais des repas avec des amis c'est souvent un plaisir gustatif on va dire mais au niveau de l'équilibre alimentaire on y est pas du tout. Genre pizza, donc voilà c'est un petit plaisir de la semaine. Et les médias non pas trop. Après c'est vrai que si, tout ce qui est pesticide et tout, ça vrai que ça nous emmène à consommer bio. C'est les médias qui ont joué vraiment ce rôle, ils nous ont transmis l'information des pesticides donc c'est vrai que je consomme bio grâce aux médias.

I : D'accord. Est-ce que tu as une référence entre manger avec ta famille ou manger avec tes amis ?

CH : Euh une préférence... au niveau de l'alimentation non. Ou si une petite préférence pour manger avec ma famille. Souvent ce sont des repas que l'on a rarement l'occasion de manger, comme du foie gras, voilà des aliments qui coûtent chers, qui sont onéreux. Tandis qu'avec les amis ça va être kebabs

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ou pizza. Quand je mange avec un ami, il va pas forcément suivre mes habitudes alimentaires donc je vais essayer de m'adapter à lui donc il y aura une différence.

I : Est-ce que tu penses que l'image corporelle est importante dans nos sociétés aujourd'hui ?

CH : C'est vrai qu'il y a un certains poids de cette image corporelle qui pèse dans nos sociétés. Euh, voilà oui je pense qu'il y a une certaine importance. Maintenant on y pose un certain regard sur ces gens qui sont gros ou trop maigres. Et puis voilà c'est par rapport aux fast-food, aux Etats-Unis où il y a eu un problème d'obésité donc forcément on s'est penché dessus ce problème et je pense que ça joue un rôle essentiel de nos jours. Je pense qu'un mek obèse dans les rues de France il ne passe pas inaperçu. Peut-être qu'aux States oui mais en France tout le monde va le regarder. Tout le monde va dire « regarde comment il est gros.

I : Est-ce que toi tu te soucies de la tienne d'image ?

CH : Bah après moi j'ai jamais eu de problèmes par rapport à ça. J'étais un peu chétif quand j'étais petite. Peut-être qu'inconsciemment oui, mais je ne pense pas. Je n'ai jamais eu de problème avec ça, je pense que si j'avais étais grosse oui peut-être mais pour ma part non.

I : D'accord. Est-ce que tu penses que l'on est plus intransigeant là-dessus avec les filles sur leur apparence physique ?

CH : Euh oui. Je pense parce qu'il y a beaucoup de publicités par rapport aux maillots de bains des filles. Il y a beaucoup d'obsessions pour les filles d'être mince, d'avoir une belle ligne et tandis que les hommes négligent un peu plus ce côté-là donc oui je pense qu'il y a un côté plus difficile pour les filles que pour les garçons. Je pense que ce sont les médias qui ont un rôle là-dedans, par rapport au mannequinat. On a une image de la femme assez fine. Pour les hommes il n'y a pas trop de références donc je pense qu'il y a un côté plus difficile pour les filles à ce niveau là. Les filles complexes plus que les garçons. Les garçons ont un petit peu de formes je veux dire il y a des filles qui adorent ça. Mais souvent l'image de la femme est réduite à ses formes et souvent ce sont des formes assez fines.

I : Tu penses qu'une fille doit moins manger que les garçons ?

CH : Déjà de base une fille a besoin de moins de calories qu'un homme donc logiquement oui elle devrait moins manger qu'un homme. Voilà après elle ne DOIT pas moins manger qu'un homme. Elle doit manger à sa faim en premier lieux. Naturellement elle mange moins qu'un homme. Mais c'est un peu mal vu de manger plus qu'un garçon quand même (rires). Parce que les garçons mangent beaucoup hein alors ça voudrait dire qu'on mange aussi beaucoup !

I : Ok. Donc maintenant on va parler de ta consommation de lait et produits laitiers. Donc déjà est-ce que tu es une amatrice de lait et produits laitiers ?

CH : J'adore le lait. Je mangeais beaucoup de fromages avant mais depuis que j'ai commencé un régime pour avoir on va dire une masse graisseuse moindre du coup je ne consomme quasiment plus de fromage. Par contre le lait j'en consomme tous les jours, tous les matins.

I : Pour toi c'est quoi les produits laitiers ?

CH : Bah c'est le petit-déjeuner. J'en consomme le matin ou à quatre heures, au goûter quoi. I : A quelle fréquence tu consommes du lait ?

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CH : Tous les jours au petit déjeuner, au moins une fois par jour. Et des fois deux fois par jours si je fais une collation à seize heur avec du lait. Mais c'est plutôt le week end si j'ai du temps. Mais au moins une fois par jour minimum.

I : Ok. Tu bois quel type de lait ?

CH : Du demi-écrémé biologique.

I : A quelle fréquence tu consommes les laitages ?

CH : Bah du coup ce sera le lait. Et euh du fromage blanc à ma collation de dix heures, tous les jours aussi.

I : Et le fromage du coup tu n'en consommes plus du tout ?

CH : Non à part du fromage râpé voilà mais rarement donc euh, moins qu'une fois par semaine parce que c'est trop gras.

I : Quelle différence tu fais entre ces trois produits : le lait, les laitages et le fromage ?

CH : On va dire que le fromage il y a beaucoup plus de lipides hein, c'est plus gras que les autres. Le lait moi j'ai été bercé au lait tous les matins donc je ne pourrais pas m'en passer. Après bon beh le yaourt pour moi ça reste un dessert. Le lait c'est pour le matin au petit-déjeuner et le yaourt en dessert ou collation. Et le fromage aussi en dessert, midi ou soir.

I : Ok donc le lait c'est que pour le matin ?

CH : Oui je pense que moi si je me ramène avec une bouteille de lait au travail, je pense qu'on me regarderait bizarrement en me disant pourquoi tu bois du lait la journée ? (rires) Une bouteille d'eau c'est courant, mais le lait ça peut-être vu d'une manière assez étrange. Le lait ça se partage beaucoup moins souvent que l'eau par exemple. SI on va à un pique-nique on va pouvoir ramener de l'eau pour faire boire tout le monde mais on ne va pas ramener une bouteille de lait pour en offrir à tout le monde.

I : Ok. Est-ce que tu sais quelles sont les recommandations pour le lait et les produits laitiers ?

CH : Euh... non... non non je ne sais pas.

I : Par jour ?

CH : Par jour, non non je ne sais pas.

I : Ok. Quel goût ça a le lait pour toi ? Si t devais définir le goût du lait ?

CH : On va dire que c'est de l'eau aux fromage... (rires) liquide.

I : Et le fromage ?

CH : Bouahf, le fromage ça dépend. Il y en a pleins. De brebis ou quoi, ça a des goûts différents, je ne pourrais pas ramener le fromage à un seul goût, ça a un goût plus fort que le lait mais ça dépend.

I : Est-ce que par rapport à ton enfance tu as diminué ou augmenté la consommation de ces aliments ?

CH : Par rapport au fromage oui, mais le lait ça a toujours été au moins un bol de lait par jour. Il y a que le fromage que j'ai diminué parce que c'est trop gras.

I : Il y a-t-il une période particulière de la vie à laquelle on associe le lait et le fromage ?

128

CH : Je pense que le lait c'est important pour l'enfance, parce que déjà petit on boit du lait maternel. Pour faire une transition voilà on boit le lait de vache, c'est important pour l'enfant. Le fromage pas particulièrement. Je ne dirais pas qu'il y a une période donnée pour en manger. Dès petite j'en ai consommé parce que mes parents en consommait donc forcément ça m'a amené à en manger et que forcément ça découle vraiment de ses parents. Si nos parents en consomment pas on va pas en consommer. Mais si nos parents en consomment, on va en consommer, à moins qu'ils ne veulent pas nous en donner. Après c'est vrai que j'ai mangé beaucoup plus de fromage en grandissant, enfin beaucoup plus en variétés. Au collège ou au lycée, à la cantine, j'avais pas peur de goûter les trucs puant, on a une curiosité un peu plus développée. Quand j'étais petite je mangeais plus des trucs au goût neutre, quand on est petit on aime pas les goûts forts. On est réfractaire à ce qui pue. Quand on est ado on a moins cette vision du fromage qui pue, on s'intéresse plus aux aliments donc on est un peu plus amené à goûter, donc forcément ça se joue à l'adolescence et ça se tourne vers le côté adulte. Et le lait moi je l'ai gardé même adulte parce que j'adore ça et que c'est une habitude que j'ai depuis mon enfance et je ne pourrais pas m'en passer. Le jour où j'arrête le lait pour moi ça marquerait la fin de quelque chose. Depuis vingt trois ans je bois du lait tous les matins. Ca me perturberait de ne plus boire du lait le matin. Mais pour moi ça ne veut pas dire que si on boit toujours du lait on est toujours un enfant. Le lait c'est un aliment comme un autre, je le boirais toujours jusqu'à quarante ans si je l'apprécies toujours autant et si il m'apporte toujours autant de plaisir à le boire tous les matins. A quarante ans ou même soixante ans.

I : Si tu devais associée une image au lait et aux produits laitiers en général, quelle image associerais-tu ?

CH : Le calcium, les os.

I : Ok. Est-ce que tu as suivi les polémiques qui ont entouré le lait ces dernières années ?

CH : De près et de loin oui. J'ai entendu dire que le lait il y avait des gens qui été intolérants. Après moi je n'ai aucune intolérance. Je n'ai eu aucun effet néfaste par le lait donc je ne vois pas pourquoi je m'arrêterais d'en boire. Même si l'on dit que ce n'est pas bon pour la santé. Je n'ai jamais ressentis les côtés néfaste donc je continus à en boire.

I : De manière générale on dit que l'Homme devrait arrêté de boire du lait. Qu'est-ce que tu en penses ?

CH : Je pense que c'est faux ! On ne peut pas dire l'Homme doit arrêté de boire du lait. Pourquoi ?! Pourquoi on devrait arrêter de boire du lait ?

I : Ok. Donc en conclusion, est-ce que tu pourrais me donner trois mots qui à ton sens qualifieraient les produits laitiers en généraux, trois autres pour le lait et trois mots pour le fromage ?

CH : Le lait c'est une habitude alimentaire, c'est bon est c'est la petit plaisir du matin. Le fromage c'est un bonus, c'est le dessert et c'est la découverte car les fromages sont différents au niveau du goût et il y en a pleins donc voilà. Et les produits laitiers... calcium, blanc, et bons !

I : Ok. Très bien, merci. Est-ce que tu veux ajouter quelque chose ? CH : Euh bah non écoute, ça va merci.

I : Merci à toi !

129

Liste des tableaux :

Tableau n°1 : Organisation de la méthode d'enquête qualitative

p.85

Tableau n°2 : Organisation de la méthode d'enquête quantitative

p.87

Tableau n°3 : Guide d'entretien exploratoire semi-directif

p.97

Tableau n°4 : Guide d'animation du focus groupe

p.101

130

Tables des matières

PARTIE 1 : CADRE THEORIQUE p.10

Chapitre 1 : Le domaine de l'adolescence p.11

1) L'adolescence dans nos société .p.11

1.1) La notion d'adolescence p.11

1.2) La prise en compte du statut de l'adolescent p.12

1.3) L'évolution du statut d'adolescent ....p.15

2) Les déterminants de l'adolescent p.17

2.1) Crise adolescente p.17

2.2) Problèmes identitaires : stades de développement d'Erikson p.18

2.3) Influence du groupe de pairs p.22

2.4) Différence de genre p.24

Chapitre 2 : Le domaine alimentaire p.26

1) Le modèle alimentaire en application p.26

1.1) Trois repas principaux par jour .p.27

1.2) Durée des repas p.27

1.3) Un repas structuré à 3 composantes p.28

1.4) Grande importance accordée aux gouts alimentaires p.29

1.5) Diversité alimentaire p.29

1.6) Intervention de savoir-faire transmis par expérience p.30

2) Les habitudes de consommation des jeunes p.31

3) Dimensions socioculturelles des influences sur les pratiques alimentaires des

adolescents p.33

3.1) Le cadre familial p.33

3.2) Les groupes de pairs p.35

3.3) Les médias et la culture de masse p.37

Chapitre 3 : La culture du lait et des produits laitiers p.40

1) Histoire du lait p.40

131

1.1) Du rejet

 

p.40

1.2) A l'intégration

p.42

2) Images et symboles

p.43

2-1) Maternité et enfance

p.43

2-2) Intégration culinaire

p.44

2-3) Produits naturels, culturels et économique

p.44

2-4) Incorporation

p.45

3) Perception chez les adolescents

p.46

PARTIE 2 : HYPOTHESES

p.47

La construction des hypothèses

p.48

- Hypothèse n°1 : L'influence des pairs et de la famille redistribue l'évolution des

goûts pour le lait et les produits laitiers p.50

- Hypothèse n°2 : La différence de genre redistribue l'évolution des choix
alimentaires vis à vis des produits laitiers en fonction de critères esthétiques et

corporels et de normes diététiques. p.60

- Hypothèse n°3 : La consommation de lait et de fromage est influencée par un
facteur symbolique de frontière entre les périodes de l'enfance et de l'adolescence, et à contrario un facteur symbolique de jonction entre l'adolescence et le monde

adulte

PARTIE 3 : METHODOLOGIE PROBATOIRE

Chapitre 1 : Méthodologie de collecte des données

p.69 p.77 p.80

1) Méthode qualitative

p.80

1.1) L'entretien individuel semi-directif

p.81

1.2) Le focus groupe

p.82

2) Méthode quantitative

p.85

Chapitre 2 : Méthodologie probatoire

p.88

1) Raisonnement

p.88

1.1) Hypothèse n°1

p.88

1.2) Hypothèse n°2

p.89

132

1.3) Hypothèse n°3 p.90

2) Organisation des outils probatoires p.91

2.2) Organisation de l'entretien individuel semi-directif p.91

2.2) Organisation du focus groupe p.92

2.2) Questionnaire..................................................................................p.93

Chapitre 3 : Proposition d'outils probatoires p.95

1) Entretien individuel semi-directif p.95

2) Focus groupe p.98

3)

p.112

LISTE DES TABLEAUX..........................................................................p.129 TABLE DES MATIERES BIBLIOGRAPHIE..................................................p.130

;;;

Questionnaire................................................................................p 102
CONCLUSION GENERALE.....................................................................p.106 BIBLIOGRAPHIE...................................................................................p.108 TABLE DES ANNEXES

133

Résumé

Les adolescents sont des mangeurs pluriels. Ils considèrent l'alimentation dans ses dimensions sociales, culturelles et symboliques. Au cours de l'adolescence, leurs préférences et leurs choix alimentaires évoluent sous l'influence de facteurs sociaux, culturels, et nutritionnels. Les jeunes se construisent un nouveau répertoire alimentaire et n'ont plus le même rapport avec les aliments, que pendant l'enfance.

Le lait qui est un aliment très apprécié durant l'enfance voit son statut changer au cours de l'adolescence. En effet, les jeunes qui affectionnaient pourtant cet aliment auparavant le délaisse, car boire du lait en public comme boire des sodas, « ce serait trop la loose ». Mais alors quel statut détiennent réellement le lait et les produits laitiers au cours de l'adolescence ? Quels facteurs peuvent influencer ce changement de statut ?

Mots clefs : lait - produits laitiers - adolescents - statut - influences - sociologie

Summary

The teenagers are plural eaters. They consider the food in its social, cultural and symbolic size. During the adolescence, their preferences and their food choices evolve under the influence of social, cultural factors, and nutritional. The young people build themselves a new food directory and have no more the same report with the food as during the childhood.

The milk which is a food very appreciated during the childhood sees his status changed during the adolescence. Indeed, the young people who liked nevertheless this food previously abandons it, because to drink some milk in public as to drink sodas, " it would be too much the loose ". But then which status really hold the milk and the dairy products during the adolescence? What factors can influence this change of status?

Keywords: milk - dairy products - teenagers - status - influences - sociology






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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein