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Eglise evangélique du cameroun et coopération internationale (1957-2007)

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par Moise NKAPMENI NGAPET
UNIVERSITE DE YAOUNDE I (ENS) - DIPES II 2015
  

Disponible en mode multipage

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i

UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I The University of Yaoundé I

ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

HIGHER TEACHER TRAINING

COLLEGE

DÉPARTEMENT D'HISTOIRE DEPARTMENT OF HISTORY

L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN (É.É.C.) ET LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

(1957-2007)

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de l'Enseignement Secondaire IIème Grade (DIPES II)

Par

Moïse NKAPMENI NGAPET

Licencié en Histoire
Titulaire du D.I.P.E.S. I

Sous la direction de

Pr. Salvador EYEZO'O

Maître de Conférences

Année Académique 2014-2015

i

SOMMAIRE

SOMMAIRE i

DÉDICACE iii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES v

LISTE DES ILLUSTRATIONS viii

RÉSUMÉ x

ABSTRACT xi

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

CHAPITRE I : PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU

CAMEROUN 14

I- LA NAISSANCE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 14

II- L'ORGANISATION DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUEDU CAMEROUN 37

CHAPITRE II : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AU SEIN DES ORGANISATIONS INTER-ECCLÉSIASTIQUES INTERNATIONALES ET

CONTINENTALE (1959-2007) 42

I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DU CONSEIL

OECUMÉNIQUE DES ÉGLISES (C.O.É) 42

II- L'ÉGLISE ÉVANGELIQUE DU CAMEROUN, INITIATRICE DE LA

COMMUNAUTÉ ÉVANGÉLIQUE D'ACTION APOSTOLIQUE 48

III- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DE LA MISSION

ÉVANGÉLIQUE UNIE (M.É.U. / V.E.M.) 62

IV- LA COOPÉRATION OECUMÉNIQUE CONTINENTALE : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE CONSTITUANT DE LA CONFÉRENCE

DES ÉGLISES DE TOUTE L'AFRIQUE (C.É.T.A.) 68

CHAPITRE III : LA COOPÉRATION BILATÉRALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AVEC LES ÉGLISES ET ORGANISATIONS

EUROPÉNNES 76

ii

(1961-2007) 76

I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN ET L'ALLEMAGNE 77

II- LA COOPERATION ENTRE L'ÉGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN ET

L'ÉGLISE RÉFORMÉE DES PAYS-BAS (1961-2004) 93

CHAPITRE IV : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES (1957-2007) : ÉVALUATION GÉNÉRALE .... 105

I- BILAN DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE DE L'ÉGLISE

ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 105

II- LES RETOMBÉES DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE DANS LA

MARCHE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 112

III- LES PROBLEMES DE L'É.É.C. DANS LA COOPÉRATION INTERNATIONALE 119

CONCLUSION GÉNÉRALE 122

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 125

ANNEXES 134

TABLE DES MATI?RES 135

iii

À mes parents :

Le Révérend Pasteur Michel Ngapet, Mme Ngapet née Rosaline Tchapda.

iv

REMERCIEMENTS

Nous voulons, à travers ces quelques lignes manifester notre profonde gratitude à l'endroit des personnes qui nous apporté un appui considérable pour la réalisation de ce travail.

Nos remerciements vont tout d'abord à l'endroit de notre directeur de mémoire, le Professeur Salvador Eyezo'o, qui, s'étant privé de son repos médical, a accepté avec plaisir de diriger ce travail, qui marque nos premiers pas dans le monde de la recherche. Sa rigueur scientifique, son sens du travail, ses encouragements, sa patience et son sens de l'humour ont inspiré nos recherches.

Nous remercions ensuite de nos enseignants du Département d'Histoire : les Professeurs Michael Ndobegang, Jean-Paul Ossah Mvondo, Eugène Désiré Eloundou, Robert Kpwang ; les Docteurs Joseph Tanga Onana, Souley Mane, Achille Bella, Jabiru Mohammadou, Christophe Signié, Jeanne Mbarga, Abdon Beyama Beyama ; , Mme Thérèse Mayi, Messieurs Rameaux Deluiz Mbida, Jean Pierre Ntamag, Alexis Gasissou, David Maura. Les enseignants des Départements de Géographie et des Sciences de l'Education, des Lettres Modernes Anglaises de l'École Normale Supérieure de Yaoundé, ainsi que les enseignants associés, pour nous avoir fait bénéficier de leurs connaissances et renforcer nos compétences durant ces cinq années de notre formation.

Nos remerciements vont également à l'endroit de tous ceux qui, de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce chef-d'oeuvre. Nous pensons ici particulièrement à nos soeurs et frères, au Révérend Docteur Isaac Kamta pour ses conseils et sa documentation mise à notre disposition, nos amis Erika Ntyam, Jean Pierre Ndjana, Rodrigue Ekwenkum, Jules Djiakou ; nos camarades de promotion qui nous ont soutenu et encouragé devant les difficultés rencontrées pendant la recherche et rédaction.

Nous ne saurons oublier nos informateurs, les personnels des Archives Nationales de Yaoundé ceux de la bibliothèque de l'Université Protestante d'Afrique Centrale (U.P.A.C.) de Yaoundé.

V

LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES

A.R.M. Alliance Réformée Mondiale

A.A.C. Action Apostolique Commune

B.M. Basler Mission

B.M.S. Baptist Missionnary Society

C.A.F.R.A.D. Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au

Développement.

C.É.B.É.C. Conseil des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun

C.É.P.C.A. Conseil des Églises Protestantes du Cameroun

C.É.S.O.D. Commission d'Évangélisation du Sud-Ouest du Dahomey

C.É.T.A. Conférence des Églises de Toute l'Afrique

C.É.V.A.A. Communauté Évangélique d'Action Apostolique

C.M.E.R.P.B. Conseil de la Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas

C.N.P.S. Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

C.O.É. Conseil OEcuménique des Églises

C.S.N. Coopérants de Service National

D. É .C. Département de l'Education Chrétienne

D. É.F.A.P. Département Français d'Action Apostolique

D.I.P.E.S. II Diplôme de Professeur de l'Enseignement Secondaire Deuxième Grade.

D.U.F.C. Département de l'Union des Femmes Chrétiennes

vi

É.É.C. Église Évangélique du Cameroun

É.P.C. Église Presbytérienne Camerounaise

É.P.A. Église Protestante Africaine

É.P.U. / P.B. Églises Protestantes Unies aux Pays-Bas

É.R.F. Église Réformée de France

É.R.P.B. Église Réformée des Pays-Bas

E.Z.E. Evangelical Zentralstelle Für Entwicklungshilfe

F.É.M.É.C. Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Cameroun

G.T.F. Groupe de Travail des femmes

Ibid. Ibidem

M. Monsieur

Madame Mme

Mademoiselle Mlle

B.M. Mission de Bâle

M.A.M. Mission Allemande aux Marins

B.M.S. Mission Baptiste de Londres

M.E.R.P.B. Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas

M.É.U. Mission Évangélique Unie

M.M.M. Evangelisches Missions-Magazin.

O.N.G. organisation non gouvernementale

P.M.E. Petites et Moyennes Entreprises

R.C.M. Rapport de la Conférence des Missionnaires

S.D.N. Société Des Nations

S.I.É.A. Service d'Information des Églises d'Afrique

S.M.É.P. Société des Missions Évangéliques de Paris

U.É.B.C. Union des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun

U.F.C. Union des Femmes Chrétiennes

U.P.A.C. Université Protestante d'Afrique Centrale

V.A.T. Volontaires d'Aide Technique

V.E.M. Vereinigte Evangelische Mission

VIII

LISTE DES ILLUSTRATIONS

1- Tableaux

- Tableau n°1 : Liste des Présidents de l'É.É.C. de 1957 à 2007 38

- Tableau n° 2: Liste des Églises du champ de mission de la S.M.É.P. et leurs années

d'autonomie

49

- Tableau n° 3 : Participation financière et subventions par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A.de

1977 à 1990 ..60

- Tableau n°4: Liste de quelques envoyés de la C.E.V.A.A. à l'E.E.C. de

1986 à 1993 .61

- Tableau n°5: Subventions de l'E.R.P.B. à l'É.É.C. en 1997 ..101

- Tableau n°6: Recettes versées par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. de 1977 à 1990 107

- Tableau n° 7: Subventions reçues par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A.

entre 1980 et 1990 118

- Tableau n°8 : Contribution des partenaires à l'évaluation générale de l'É.É.C. 118

2- Carte

- Carte : Répartition mondiale Église s membres de la M. É.U. /V.E.M 63

3- Photos

- Photo n°1 : Les pasteurs Hemlinger et Jocky le 10 mars 1957, jour de la proclamation de

l'autonomie de l'É.É.C 36

ix

- Photo n°2 : Le pasteur Jean Kotto, premier Secrétaire Général de l'É.É.C., artisan des relations internationales de l'É.É.C.......51

- Photo n°3: Une vue partielle de la délégation de l'Église de Westphalie en visite au Cameroun en 1994...83

- Photo n°4 : La délégation de l'É.É.C. en Allemagne en 2000 et certains de leurs hôtes...85 - Photo n°5: Vue principale du foyer du Marin de Douala...87 - Photo n°6: Une délégation des dames du D.U.F.C. en visite en Hollande en 1992....102 - Photo n°7: Le Collège Alfred Saker de Douala, fleuron de l'éducation à l'É.É.C...114 - Photo n°8 : Siège de l'É.É.C. à Akwa-Douala, rénové par l'E.Z.E.....117

X

RÉSUMÉ

« L'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.) et la coopération internationale (19572007) » est le thème que nous étudions, dans le cadre de notre mémoire de D.I.P.E.S. II, qui sanctionne la fin des études au second cycle de l'École Normale Supérieure. L'objectif de cette étude est de montrer l'engagement, ainsi que les manifestations de l'Église Évangélique du Cameroun dans le champ des relations internationales, durant les cinquante années de son autonomie, c'est-à-dire, de 1957 à 2007. En effet, au lendemain de son autonomie, l'É.É.C., de par son esprit oecuménique, a coopéré sur la scène internationale. Ainsi, ses relations hors des frontières du Cameroun se sont exprimées de manière multilatérale au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentale. De ce fait, l'É.É.C. est membre du Conseil OEcuménique des Églises (C.O.É.) depuis 1959, membre initiateur de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A.) depuis 1971. Le rôle de l'É.É.C. a été déterminant dans la création de cette Communauté à travers le dynamisme de son Secrétaire Général d'alors, le pasteur Jean Kotto. De même, l'É.É.C. est membre de la Mission Évangélique Unie (M.É.U.), pendant Allemand de la C.É.V.A.A., basée en Allemagne. Au plan régional, l'É.É.C. est membre constituant de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.) mise en place en 1963. Bien plus, l'É.É.C. entretient une coopération bilatérale avec certaines Églises et autres Organisation Non Gouvernementale de développement installées en Europe, notamment en Allemagne et en Hollande. Il s'agit en Allemagne de : l'Église Évangélique de Westphalie, la Mission Allemande au Marins, l` Evangelical Zentralstelle Für Entwicklungshilfe (E.Z.E.); en Hollande: l'Église Réformée des Pays-Bas, la KERKINACTIE. Cette coopération a eu un impact sur la marche de cette Église sur plusieurs plans (spirituel, matériel, social, etc.). Cependant, tout n'a pas qu'été rose. L'É.É.C. a fait face plusieurs problèmes et difficultés liés à la mauvaise organisation et à la mauvaise structuration de son partenariat.

xi

ABSTRACT

« The Evangelical Church of Cameroon (E.C.C.) and the international cooperation (1957-2007) » is the theme that we have chosen for our dissertation of the D.I.P.E.S.II that sanctions the end of studies in the second cycle of Higher Teacher Training College (H.T.T.C.). The aim of this research is to show the engagement and manifestation of Evangelical Church of Cameroon (E.C.C.) on the field of international relations during fifty years of its autonomy, from 1957 to 2007. In fact, in the days following its autonomy, E.C.C., by its oecumenical spirit has cooperated on the international level. In this way, its relations out of Cameroon have been expressed in a multilateral manner within international, continental and inter-ecclesiastical organisations. By so doing, the Evangelical Church of Cameroon is a member of the Oecumenical Council of Churches (O.C.C.) since 1959; pioneer member of the Apostolical Action of the Evangelical Community (C.É.V.A.A.) since 1971. The role of the E.C.C. has been of great importance in the creation of this Community, through the dynamism of its then Secretary General, Pastor Jean Kotto. Likewise, the Evangelical Church of Cameroon is member of the United Evangelical Mission or Vereinigte Evangelische Mission (V.E.M.), a branch of the Apostolical Action of the Evangelical Community (C.É.V.A.A.) based in German. At the regional level, the E.C.C. is a constituent member of All African Churches Conference (A.A.C.C.) that was put in place in 1963. Furthermore, E.C.C. maintains a bilateral cooperation with some churches and other non governmental organisations of development based in Europe, particularly in Germany and Holland. In Germany, there are: the Evangelical Church of Westphalia, the German Mission for Marines, the Protestant Union for Development or Evangelical Zentralstelle Für Entwicklungshilfe (E.Z.E.). In Holland, we have: the Protestant Church of Holland, the KERKINACTIE. The cooperation has had and impact on the development of this church in many ways (spiritually, materially, socially, etc.). Nevertheless, all has not been very smooth. The Evangelical Church of Cameroon has witnessed many problems and difficulties in relation to poor organisation and poor structuring of partnership.

1Constitution de l'Eglise Evangélique du Cameroun adoptée au Synode Général de Mbouda le 06 Mars 1998, p.5.

 

1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Notre thème est intitulé « L'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.) et la coopération internationale (1957-2007). ». Son choix se justifie par un certain nombre de raisons.

I- RAISONS DU CHOIX DU SUJET

Le choix de ce thème trouve sa justification à travers plusieurs raisons et motivations. Sur le plan académique, ce thème a été choisi dans le cadre d'une soutenance publique en vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de l'Enseignement Secondaire 2ème grade (D.I.P.E.S. II), qui sanctionne la fin d'études du second cycle de l'École Normale Supérieure.

De même, il est question pour nous, d'apporter notre modeste contribution à l'importante littérature de l'histoire scientifique des religions, d'y approfondir nos connaissances et de faire connaître l'Église Évangélique du Cameroun à ceux qui la méconnaissent encore.

Bien plus, en tant que fidèle engagé de l'É.É.C., nous voulons vérifier, réfléchir, discuter et analyser la pertinence de l'affirmation contenue dans le préambule de sa constitution en ces termes :

L'Église Évangélique du Cameroun, en abrégé É.É.C. fait partie de l'Église Universelle, corps du Christ, chargée d'annoncer la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ et de rendre témoignage du Royaume de Dieu jusqu'au retour du Seigneur.

Pour guider sa foi et sa vie, l'É.É.C. reconnaît l'autorité souveraine de la Parole de Dieu, incarnée en Jésus-Christ et révélée par le Saint Esprit dans les livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, les symboles oecuméniques et les confessions de foi des Église s issues de la Réforme.

L'É.É.C. est en communion avec toutes les Églises ayant pour fondement Jésus-Christ et collabore fraternellement avec elles au Cameroun et dans le monde1.

En outre, il est question d'un réveil de mémoire des fidèles de l'É.É.C. sur la marche de leur Église durant le demi-siècle de son existence en tant Église autonome, notamment sur le volet de ses relations avec l'extérieur.

2

II- OBJET ET INTÉRÊT DU SUJET

1)Objet du sujet

Ainsi, L'émergence d'une Église passe par son dynamisme dans l'action et la nécessité pour elle de s'affirmer en tant que communauté d'Hommes, oeuvrant pour le bien-être de la société toute entière. De ce fait, l'histoire de l'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.), du moins durant ses cinquante ans d'autonomie, fait ressortir le parcours d'une église engagée et déterminée à impulser son développement, pour mieux assurer la mission qui la sienne : évangéliser.

La célébration des cinquante années d'autonomie de l'É.É.C., comme de plusieurs autres Églises protestantes au Cameroun, en 2007, nous donne l'occasion de nous focaliser sur ses actions sous le prisme des relations internationales. Appelée à prendre son destin en main après le départ de ses fondateurs, l'É.É.C ne pouvait véritablement se positionner comme Église propre sans tendre la main à l'extérieur à travers les partenariats qu'elle a noués avec d'autres églises et autres associations chrétiennes à travers le monde. Il s'agit entre autres des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentales, et des Église s et organisations non gouvernementales basées en Europe.

Cette coopération s'est bien évidemment concrétisée dans les faits à travers le renforcement des capacités des pasteurs et autres ouvriers, la vie spirituelle des fidèles, le développement des oeuvres de témoignage (enseignement primaire, secondaire et même supérieur, instituts de formation en théologie, centres sociaux, fermes-écoles...).

2)Intérêt du sujet

La conduite à terme de ce travail permet de ressortir un intérêt qui s'établira à plusieurs niveaux :

Sur le plan scientifique, ce travail contribuera à mettre en lumière un pan de l'histoire de l'É.É.C., précisément au cours de ses cinquante années d'existence en tant qu'église autonome sous l'axe des relations internationales.

En plus, l'intérêt de cette étude peut être apprécié au niveau de la dynamique entrepreneuriale de l'É.É.C. dans la mise en oeuvre de son processus de modernisation et d'affirmation internationale.

3

III- DÉFINITION DES CONCEPTS

Comme le souligne Kangé Éwanè, l'une des principales exigences de tout travail qui se veut scientifique, surtout dans le domaine particulier des sciences humaines, réside dans la définition des termes. Cette exigence constitue comme un préalable sine qua non de toute recherche historique. Les grands maîtres de notre discipline l'ont ainsi compris depuis Hallanicos. Et ils ont fait de l'érudition l'un des deux pôles d'un véritable travail historique2. C'est dans ce sens, poursuit-il, qu'un Robert Marichal écrit :

Un historien ne doit jamais aborder l'histoire d'une idée ou d'une institution sans faire méthodiquement et exhaustivement l'histoire des mots par lesquels on l'a exprimée ou désignée, et cela... non pas hâtivement en feuilletant les lexiques, mais par sondage, naturellement, dans les textes mêmes3.

C'est dans cette logique nous avons décidé de définir les concepts majeurs de notre thème.

Le concept d'Église, renvoie, selon les 38 Dictionnaires et Recueils de Correspondances, à une assemblée des chrétiens, au clergé. L'Église est également définie par le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009, comme l'assemblée de tous ceux qui ont la foi en Jésus-Christ4. Pour le Dictionnaire Larousse 2008, le mot Église vient du mot grec ekklesia, qui veut dire assemblée. C'est une société religieuse rassemblée dans la foi en la personne de Jésus-Christ ; une communauté chrétienne5. L'Encyclopédie du protestantisme définit l'Église comme « l'assemblée de tous les croyants auprès desquels l'Évangile est prêché purement et les saints sacrements administrés conformément à l'Évangile. » (Confession d'Augsbourg 1530, art. 7)6.

Examinons l'adjectif ?Évangélique? dans la dénomination Église Évangélique du Cameroun. Selon le Dictionnaire Universel, le terme ?évangélique? veut dire ce qui est relatif, conforme à l'Évangile ou encore de religion réformée7. Dans le monde protestant, le terme ?évangélique? correspond à des réalités différentes selon les époques et les lieux. A l'origine, au XVIè siècle, il est synonyme de protestant. Dans la seconde moitié du XIXè siècle, et jusqu'en 1945, écrit André Encrevé dans l'Encyclopédie Protestante, le terme ?évangélique? fut appliqué au courant doctrinal qui luttait contre les innovations théologiques des libéraux. Il

2 F. Kangé Éwanè, Semence et moisson coloniales. Un regard d'africain sur l'histoire de la colonisation, Yaoundé, éditions CLÉ, 1985, p.87

3 R. Marichal, « La critique des textes », in l'Histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran,

Paris, Encyclopédie de la Pléiade, p. 1326 cité par F. Kangé Ewanè dans Semence et moisson coloniales,

Yaoundé, éditions CLÉ, 1985, p.87.

4Le Nouveau petit Robert de la langue française 2009, p.828.

5Dictionnaire Larousse 2008, p.353.

6Encyclopédie du protestantisme, Presse Universitaire de France, 2ème édition, 2006, p. 416.

7Dictionnaire Universel, 4ème édition Hachette ÉDICEF, 2002, p.455.

4

s'agissait alors pour les adeptes d'insister sur la fidélité de l'évangile8. Depuis 1945, ce terme désigne les chrétiens fondamentalistes pour qui le seul critère de la foi et la pratique est la Bible et rien que la Bible. Voilà brièvement l'histoire du mot ?évangélique? dans le monde protestant.

Cependant, beaucoup d'églises protestantes recourent à ce mot ?évangélique? dans leurs dénominations pour affirmer deux choses : leur propos de s'en tenir à la seule autorité de l'évangile et se distinguer ainsi de l'Église Catholique. C'est donc dans ce double sens théologique et ecclésiastique que l'adjectif ?évangélique? est employé dans la dénomination Église Évangélique du Cameroun. Il signifie ce qui se réfère à l'évangile (ou mieux à la Bible) en matière théologique, éthique et institutionnelle et qui a une identité protestante. Évangélique dans la dénomination Église Évangélique du Cameroun veut dire, comme c'est le cas de l'adjectif allemand ?evangelisch?, tout simplement protestant reconnaissant l'autorité souveraine de la Bible9.

En ce qui concerne son appellation, l'Église Évangélique du Cameroun a choisi le qualificatif ?évangélique? pour signifier simplement qu'elle est protestante, tout en marquant sa vocation de fidélité à l'Évangile, seule base normative de sa foi, en opposition à l'Église Catholique romaine qui attache autant d'importance à la tradition et à l'autorité papale10.

Pour ce qui est du mot coopération, selon Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009, ce terme vient du mot latin ?cooperatio? et signifie action de participer à une oeuvre

commune11. Il est dérivé du verbe coopérer qui vient du latin ?cooperari?. Le mot
coopération recouvre également plusieurs significations :

Ainsi, selon le Petit Larousse 2008, le terme coopération signifie l'action d'agir conjointement, la collaboration12. En outre, le terme coopération fait référence à l'action elle-même, sensée être conduite dans un esprit de collaboration, ou l'institution chargée de promouvoir cette action. De ce fait, on pourra parler de : coopération économique, coopération internationale ou coopération transfrontalière, coopération intercommunale ou coopération décentralisée, coopération policière ou judiciaire, etc.

8Encyclopédie du protestantisme, p. 477.

9 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église du tiers-monde : l'Église Évangélique du Cameroun (1957-1997) une vitalité plurielle ? », thèse de Doctorat en Théologie, Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé, 2000, pp. 6-7.

10 J.P. Messina et J. V. Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005, p. 72.

11Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009, p. 538.

12Le Petit Larousse 2008, p. 248.

5

La coopération internationale quant à elle est une collaboration de plusieurs États, plusieurs organismes ou plusieurs institutions sur un sujet donné. Elle peut s'exercer dans différents domaines :

- scientifique (harmonisation dans la circulation des chercheurs et des doctorants, dans

le domaine de la santé, etc.) ;

- politique par les regroupements des États, politique d'aide aux pays en voie de

développement ;

- diplomatique : traités de paix, médiations ;

- militaire : accord conjoint en cas de conflit, manoeuvres communes ;

- économique : libre circulation douanière ;

- culturel, etc.

La coopération internationale est généralement officialisée par un traité, un accord ou une déclaration. Elle peut aussi être l'expression d'une amitié entre deux pays, comme c'est le cas de l'aide humanitaire dans les pays en développement.

La coopération internationale peut être bilatérale (entre deux États) ou multilatérale (entre plusieurs États).

Dans le cadre de notre étude, la coopération internationale renvoie aux échanges, à la collaboration que l'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.) a entretenus avec ses partenaires extérieurs, c'est-à-dire, dans le cadre des organisations inter-ecclésiastiques internationales et avec les Églises et autres associations de développement se trouvant hors du Cameroun, durant les cinquante années de son autonomie.

IV- JUSTIFICATION DES BORNES CHRONOLOGIQUES

Joseph Ki-Zerbo souligne que « l'historien qui veut remonter le passé sans repères chronologiques ressemble à un voyageur qui parcourt dans une voiture sans compteur, un poste sans borne chronologique »13. Comme pour dire que tout chercheur qui entreprend une étude historique doit nécessairement délimiter le cadre et la période d'étude.

Notre étude couvre une période de 50 ans, allant de1957 à 2007. L'année 1957 est l'année au cours de laquelle l'É.É.C. a acquis son autonomie notamment le 10 mars 1957. Ainsi, la Société des Missions Évangéliques de Paris (S.M.É.P.), après plusieurs années

13J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1972, p. 16.

6

d'évangélisation au Cameroun, laissait les mains libres aux chrétiens locaux de conduire le destin de leur Église.

Quant à l'année 2007, elle marque les cinquante ans d'indépendance de l'É.É.C. Il s'agit de l'année au cours de laquelle l'É.É.C. a célébré son ?Jubilé?. Occasion pour elle, d'observer un moment d'arrêt, de faire le bilan de son existence au cours de ces cinquante ans de liberté, de se gérer elle-même, et de se fixer des objectifs pour l'avenir.

V- REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE

Nous ne faisons pas oeuvre de pionnier dans ce domaine d'étude. En effet, les différentes étapes de la construction de l'Église Évangélique du Cameroun, ont fait l'objet de plusieurs travaux. Parmi ces travaux, quelques-uns ont retenu notre attention.

Jaap Van Slageren14décrit la naissance, à partir de ses multiples activités missionnaires, d'une église africaine autonome possédant une identité propre. C'est ainsi qu'il montre que, dans cette histoire de presque cent vingt ans, les chrétiens et les communautés africaines ont joué un rôle plus important que supposé jusqu'à présent. De plus, il place son étude dans le contexte du problème de l'acculturation provoquée par la pénétration européenne dans la société africaine. Cependant, l'auteur s'arrête à l'année 1957, année d'autonomie de l'É.É.C. et année de départ que nous avons choisie pour notre étude. Il n'évoque donc pas les la coopération internationale que l'É.É.C. Néanmoins, il peut nous aider dans la connaissance des origines de l'É.É.C.

Francis Grob 15 met en exergue trois figures témoins de l'arrivée de l'évangile au Cameroun. Ces trois authentiques missionnaires africains qui n'eurent pas besoin d'être épaulés par des étrangers pour dispenser les formes de la fidélité et du service chrétien authentique.

Dans leur ouvrage collectif, Jean Paul Messina et Jaap Van Slageren16 font un tour de la genèse des Églises chrétiennes présentes actuellement au Cameroun. Ces auteurs font ressortir les événements qui ont fait voir le jour à ces différentes Églises focalisés bien sûr sur l'évolution de l'histoire du Cameroun. Les origines de la trame des Église s protestantes sont passées en revue ainsi quelques événements ayant marqué leur histoire jusqu'à la rédaction de

14 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique du Cameroun, missions européennes et christianisme autochtone, Yaoundé, éd. CLÉ, 1972.

15 F. Grob, Témoins Camerounais de l'Évangile, Yaoundé, CLÉ, 1967.

16 J. P. Messina, J.V. Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Yaoundé/Paris, CLE/Karthala, 2005.

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cet ouvrage. L'É.É.C. est mise en lumière. Jaap Van Slageren dans un exposé moins exhaustif revient sur les bases de la création de l'É.É.C, tout en allant au-delà de son autonomie en 1957. Aussi met-il l'accent sur les débuts de la coopération internationale de l'É.É.C. Ainsi, cet ouvrage entre en droite ligne avec notre thème, dans la mesure où il aborde quelques aspects et quelques acteurs qui ont posé les bases de la coopération internationale de l'É.É.C. depuis son autonomie en 1957.

Ype Schaap17 raconte les origines la Bible en Afrique et la manière dont elle a été traduite et diffusée. Dans le même temps, il cherche à montrer comment la Bible a influencé la culture la politique, la vie religieuse, l'éducation et la société africaine en général. Son ouvrage nous est utile dans la mesure où il aborde la pénétration du christianisme au Cameroun à travers son exposé sur Alfred Saker, l'Anglais. Mais, seulement, il n'aborde pas l'aspect international de la vie de ces églises chrétiennes, notamment l'Église Évangélique du Cameroun.

Paul Heimlinger18 apporte quelques réserves et manquements à l'ouvrage de référence sur les origines de l'É.É.C., en clarifiant quelques aspects qu'il considère comme étant flous de cette histoire. Il fait ainsi une critique sans complaisance de cette étude de fond en comble, de la période des missions à la conclusion en passant par le transfert des biens, la conférence des missions, le régime des cultes, les questions financières et l'autonomie de l'Église. Cet ouvrage nous éclaire et nous apporte davantage des informations précises sur les origines de l'É.É.C.

Roger Mehl19, tout en relevant le double lien de politique et de civilisation entre la colonisation et la mission, montre l'impact de la décolonisation dans la fait missionnaire. Il étudie également le mouvement d'unification des jeunes églises aux lendemains de leurs autonomies ainsi que leurs responsabilités dans la transformation sociale rapide au sein de leurs pays respectifs. Cet ouvrage nous informe sur le mouvement oecuménique international.

Nouvelle Dehli 196120 est le rapport de la troisième Assemblée Générale du Conseil OEcuménique des Églises tenue à la Nouvelle-Dehli du 19 novembre au 04 décembre 1961. Dans cet ouvrage, il est mentionné les débuts de cette organisation inter-ecclésiastique. Ce rapport expose également les bases, les membres, les fonctions, les pouvoirs, l'organisation,

17 Y. Schaap, L'histoire et le rôle de la Bible en Afrique, Dokkum, éd. Groupes missionnaires, 2000.

18 P. Heimlinger, Examen critique des «origines de l'Église Évangélique du Cameroun» de Jaap Van Slageren, renéotypé, Ribeaiville-France, 1976.

19 R. Mehl, Missions protestantes et décolonisation, S.M.É.P., Paris, 1964

20 Nouvelle Dehli 1961, Conseil OEcuménique des Églises, Neuchâtel (Switzerland ), Delachaux et Niestlé, 1962.

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etc. de cette organisation. L'apport de cet ouvrage nous est utile dans la connaissance de la participation de l'É.É.C. au sein du C.O.É.

La C.É.V.A.A., Pourquoi faire ?, ouvrage anonyme, évoque les fondements de la mise en place de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique qui regroupe, sur la base du partage, de l'aide, les Églises de plusieurs continents. Cet ouvrage nous fixe sur l'évolution de cette organisation inter-ecclésiastique, ainsi que sur ses véritables objectifs.

Lomé 198721, vous serez mes témoins, Rapport officiel de la 5ème Assemblée Générale de la C.É.TA rapporte, de manière détaillé les faits et gestes de cette grande rencontre de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique. Elle mentionne tout de même la participation de l'É.É.C. à cette assemblée.

Emmanuel Tchuindjang22 présente l'Église Évangélique du Cameroun dans le mouvement oecuménique à travers le langage, le vécu dans les engagements et la réception à la base. C'est ainsi qu'il dévoile les liens oecuméniques de l'É.É.C. en évoquent quelques liens de l'É.É.C. dans les relations internationales. De ce fait, l'auteur évoque les relations oecuméniques nationales, continentales et internationales, continentales de l'É.É.C. De même, dans une approche systémique de l'É.É.C. dans le mouvement oecuménique, Emmanuel Tchuindjang se focalise sur la mise en place des structures oecuméniques régulières dans la chrétienté du XXè siècle, la généralisation des pratiques oecuméniques dans la chrétienté du XXè siècle. Cette thèse nous est d'une très grande utilité car, elle aborde et traite d'une manière ou d'une autre quelques aspects du champ des relations internationales de l'É.É.C. depuis son autonomie jusqu'en 1997.

Isaac Makarios Kamta23montre que la chrétienté Afro-jamaïcaine est politiquement et socialement engagée. Le projet de Merrick et sa vision de la renaissance de l'Afrique s'opposait à celle des européens qui voulaient plutôt la civiliser et l'amener à être à la traîne de l'Europe. Cette thèse nous est utile dans la mesure où elle nous renseigne sur l'un des pionniers de la création de l'É.É.C. et son action dans la vie sociale et politique de l'Église au Cameroun.

21Anonyme, Lomé 1987, Vous serez mes témoins, Rapport officiel de 5ème Assemblée Générale de la C.É.T.A., 1988.

22 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église du tiers-monde : l'Église Évangélique du Cameroun 1957-1997, une vitalité pluridimensionnelle ? », Thèse de Doctorat en Théologie, Yaoundé, F.T.P.Y., 2000.

23 I. Kamta, « Renaissance de l'Afrique et Évangile, l'héritage de Joseph Merrick et de la chrétientéé Afro-jamaïcaine dans la mission sociale et politique de l'Église au Cameroun (1850-1920) », Thèse de Doctorat en Théologie, F.T.P.Y., 2003.

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Jonas Kenmogne24 présente la politique financière de l'Église Évangélique du Cameroun ainsi que ses limites. De ce fait, il aborde la question des sources de financement. Aussi évoque-t-il les sources de financement extérieures qui proviennent des rapports de coopération de l'É.É.C. avec certaines organisations ecclésiastiques internationales et autres Églises et Organisations Non Gouvernementales installées en Europe.

Isaac Kamta25, dans un recueil recense les différents discours et autres textes ayant fait acte lors de la cérémonie de proclamation de l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun et de l'Union des Églises Baptistes du Cameroun, le 10 mars 1957. Ce recueil nous permet non seulement de connaître les différents acteurs de cette cérémonie, mais de savoir ce qui a été dit et fait ce jour et leur impact dans la marche de l'É.É.C. post-autonomie.

Le journal L'Appel, organe d'information de l'Église Évangélique du Cameroun dans ses différentes parutions depuis 1987, s'intéresse de la coopération internationale de l'É.É.C. Ce journal parle, dans sa rubrique Nouvelles et Informations internationales, fait l'É.É.C. Ce journal constitue une source fondamentale à cette étude.

Le journal La Semaine Camerounaise et la revue Flambeaux, le Journal des Missions Evangéliques, dans leurs multiples publications, depuis 1958 font écho de la vie de l'É.É.C. , ainsi des autres l'Églises protestantes du Cameroun dans les relations internationales.

Comme on peut le constater, plusieurs de ces ouvrages et documents abordent d'une manière ou d'une autre quelques aspects de la vie de l'É.É.C. Cependant, le volet des relations internationales reste moins exploré. Il est question pour nous, comme signalé plus haut, de montrer les échanges, la collaboration que l'É.É.C. a eu hors du Cameroun.

VI- CADRE SPATIO-TEMPOREL DE L'ÉTUDE

Notre étude s'inscrit dans un cadre spatial bien déterminé. En effet, la réflexion s'intéresse à une association religieuse, l'É.É.C., dont la compétence territoriale s'étend sur l'ensemble du territoire Camerounais, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Etant donné que l'É.É.C. a des démembrements à travers ses régions synodales 26 et dans toutes les dix régions administratives du pays.

24 J. Kenmogne, « Finance et développement de l'Église : cas de l'Église Évangélique du Cameroun », Mémoire de Maîtrise en Théologie, F.T.P.Y., 1996.

25 I. Kamta, 10 mars 1957, Comme si vous y étiez, Recueil des textes rassemblés et présentés par le Révérend Dr. Isaac Makarios Kamta, Douala, Joseph Merrick Centre, 2007.

26La Région Synodale est une circonscription ecclésiale regroupant plusieurs Districts. L'É.É.C. est organisée en Régions Synodales et en compte actuellement vingt et un, réparties sur l'ensemble du territoire camerounais, et à la tête desquelles se trouvent des Présidents de Régions.

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En ce qui concerne le cadre temporel, il s'agit des cinquante années d'existence de l'É.É.C. (1957-2007) en tant que Église autonome. C'est une période au cours de laquelle l'É.É.C. a eu à affronter les réalités de la vie religieuse en l'absence de ses tuteurs. Elle a connu les moments de joies et de peines dus parfois au manque de maturité de ses dirigeants en matière de gestion ou alors, tout simplement à l'évolution du temps.

De ce fait, Cette étude entend s'intéresser aux relations que l'É.É.C. a entretenues avec l'extérieur durant les cinquante années de son autonomie, notamment dans le mouvement oecuménique international ainsi que ses relations internationales en Afrique et avec certains pays d'Europe.

VII. PROBLÉMATIQUE

Selon Michel Beaud, la problématique c'est l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi. Elle est aussi importante que le cerveau ou le système pour être humain ou que le poste de pilotage pour avoir une ligne27. Ainsi, cette réflexion sur l'Église Évangélique du Cameroun et la coopération internationale nous amène à soulever la problématique sur l'Église Évangélique du Cameroun dans les relations internationale de 1957 à 2007, compte tenu du fait que nous voulions vérifier la pertinence et l'applicabilité de la disposition du préambule de sa constitution révisée et approuvée de 1998 dans son paragraphe 3 qui stipule que «Tout en préservant sa tradition réformée, l'É.É.C. assume son caractère évangélique et est communion avec toutes Églises ayant pour fondement Jésus-Christ. Elle communique avec elles au Cameroun et dans le monde entier. » Dès lors, quelle a été l'action de l'É.É.C. sur la scène internationale durant les cinquante années de son autonomie ? Quelles ont été les voies des échanges extérieurs de l'É.É.C. ? Quel a été l'impact de cette coopération dans la marche de cette Église ?

VIII. ORIENTATION MÉTHODOLOGIQUE

Pour répondre à notre problématique, la démarche scientifique nous a imposé une approche méthodologique rigoureuse basée sur l'analyse et la critique des sources comme le souligne Léon Halkin :

L'histoire est inséparable de l'historien qui enchaîne les causes et les effets. Il n'existe pas de réalité historique toute faite avant la science qu'il conviendrait simplement de reproduire avec fidélité, car l'histoire c'est aussi un jugement (...). L'historien doit donc se soumettre à la critique

27 M. Beaud, L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 1985, p.38.

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historique qui est le fil d'Ariane qui le guide à travers la masse confuse des faits transmis par les documents28.

Cet extrait de Léon Halkin met en relief l'importance de la multiplicité des sources dans la production historienne. Dans cette optique, nos sources écrites comprennent : quelques notes d'archives des Archives Nationales de Yaoundé et ceux de l'Église Évangélique du Cameroun, des ouvrages généraux et spécialisés, des articles, des thèses, des mémoires, des journaux, des revues, etc.

Toutefois, les centres de documentation n'ont pas pu répondre à toutes nos sollicitations. C'est pourquoi les sources orales sont mises à contribution. En effet, comme le souligne Théophile Obenga, la tradition orale vient souvent valablement compléter l'histoire là où les écrits sont inexistants ou muets29. C'est dans cette logique que nous avons complété les sources écrites avec les enquêtes orales menées sur le terrain.

Les techniques de l'information et de la communication nous ont également été d'une grande utilité. Elles nous ont permis de consulter les documents importants pour ce travail.

IX- DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

Un travail de cette envergure ne peut se faire sans difficultés. À propos d'écueils, ils sont multiformes. Nous avons eu affaire au problème d'instabilité des documents qui traitent vraiment de notre thème. Aux Archives Nationales, nous avons noté une grande absence de documentation propre à l'Église Évangélique du Cameroun.

Plus compliqué, a été l'indisponibilité des archives de l'Église Évangélique du Cameroun. En effet le service abritant ces archives est fermé depuis pratiquement quatre ans, faute d'archiviste. Ce qui ne nous a pas facilité la tâche. Nous avons été obligé, de souvent forcer la main à certains responsables et nous référer à certains ouvriers et autres cadres de l'Église pour entrer en possession des documents utiles dans le cadre de ce travail. Nous pensons ici aux archives personnelles des pasteurs Michel Ngapet, Isaac Kamta.

À l'Université Protestante d'Afrique Centrale de Yaoundé (U.P.A.C.), nous avons eu un ensemble de documents sur le christianisme, sur le protestantisme. Mais ceux en rapport direct avec notre thème étaient très limités. De même n'avons pas pu retrouver une bonne

28 L. Halkin, Initiation à la critique historique, Paris, L'Harmattan, 1980, p. 12.

29T. Obenga, "Sources et techniques de l'histoire africaine. Aperçu général", J. Ki-Zerbo (dir.), Histoire Générale de l'Afrique, UNESCO, T1, 1980, p. 108.

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partie des parutions de certains journaux à l'instar de la "Semaine Camerounaise", le Journal des Missions Évangéliques la revue Flambeaux, et autres rapports.

En ce qui concerne l'enquête sur le terrain, nous avons également rencontré d'énormes difficultés. La première concerne l'indisponibilité des informateurs. Ici, nous avons fait état de ce que, plusieurs ouvriers, laïcs et fidèles de l'É.É.C. n'ont pas grande connaissance ou ne s'intéressent pas du tout au volet des relations internationales de cette Église. De ce fait, les personnes approchées ayant véritablement des informations à propos ont été moins nombreuses. D'autres par contre avaient des connaissances approximatives. Nous avons tout de même fait face au à la méfiance de certains informateurs qui hésitaient ou même évitaient de nous apporter certains éclairages compte tenu, selon eux du domaine très réservé de cet aspect de la vie de l'Église.

X- PLAN DU TRAVAIL

Une fois la critique des sources achevée, il a fallu procéder à une synthèse des documents, pour rédiger ce travail qui s'articule en quatre chapitres :

Le premier chapitre s'intitule : la présentation générale de l'Église Évangélique du Cameroun. Il présente les origines de l'É.É.C. c'est-à-dire les grands moments de l'histoire de l'Église au Cameroun qui ont conduit la création de l'É.É.C. ainsi qu'un aperçu de son organisation depuis son autonomie en 1957.

Le deuxième chapitre met l'accent sur la vie de l'É.É.C. au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentale. Il s'agira ici de montrer l'action de l'É.É.C. dans le mouvement oecuménique international d'abord comme membre du Conseil OEcuménique des Églises, ensuite comme pionnière de la création de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A.) et ses relations avec ses partenaires oecuméniques internationaux à l'instar de la V.E.M. (Vereinigte Evangelisch Mission en Allemand) qui se traduit en anglais `'United Evangelical Mission» et en français Mission Évangélique Unie, ainsi que son action comme membre constituant de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.).

Le troisième chapitre a pour titre : Les relations bilatérales de l'É.É.C. avec les Églises et Organisations Non Gouvernementales européennes. Il envisagera la collaboration directe de l'É.É.C. avec les Églises et Organisations non gouvernementales installées en Europe notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.

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Le quatrième chapitre porte sur l'évaluation générale de la coopération internationale de l'É.É.C. Il consistera à faire le point sur, l'apport, les retombées et les problèmes de l'É.É.C. dans ses relations internationales entre 1957 et 2007.

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CHAPITRE I :

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE
ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN

L'histoire d'une Église, sans se confondre avec l'histoire de la mission, est cependant un héritage de cette dernière. Ainsi, l'É.É.C est une Église Africaine autonome possédant une identité propre. Son histoire, qui remonte à plus de cent cinquante années, révèle le rôle très important joué par les chrétiens et les communautés autochtones. Cela a posé le problème de l'acculturation provoquée par la pénétration européenne dans les sociétés africaines.

Ce chapitre a pour objet de relater d'une manière non exhaustive les origines de l'É.É.C jusqu'à son autonomie en 1957, ainsi que son organisation d'une manière générale.

I- LA NAISSANCE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN

La naissance de l'É.É.C. est liée à l'arrivée de l'évangile au Cameroun. Ainsi, l'installation progressive de l'É.É.C. a été précédée d'une période des missions, suivie d'une brève autonomie au début de la première guerre mondiale et qui a débouché à son autonomie proprement dite en 1957.

A- La période des missions

Trois sociétés de missions ont participé à la naissance de l'É.É.C. Il s'agit de la Mission Baptiste de Londres ou Baptist Missionnary Society que nous abrégerons (B.M.S) de la Mission de Bâle et de la Société des Missions Évangélique s de Paris (S.M.É.P.).

1) Le début du christianisme au Cameroun : la Mission Baptiste de Londres (1841-1884)

Alors que les nations commerçantes, notamment les Allemands, concentraient leurs efforts sur l'intérêt purement commercial, les Hollandais, compte tenu de leur influence évangélique plus importante en Inde qu'en Afrique, se sont abstenus de toutes influence culturelle ou religieuse au Cameroun. Tandis que les portugais portaient leurs efforts missionnaires au Congo et en Angola, ce furent les missionnaires de la Mission Baptiste de Londres (B.M.S.) qui entrèrent en contact avec les Camerounais30.

30 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique du Cameroun, p. 17.

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La B.M.S. a travaillé au Cameroun d'entente avec les Églises Baptistes de la Jamaïque de 1841 à 1886. Son histoire est riche en faits et événements saillants. Fondée en 1792, la B.M.S. ouvrit en 1785 une station à Freetown en Sierra Léone, où s'installèrent les missionnaires Rodway et Grigg. Compte tenu des obstacles de toutes sortes que ces pionniers y rencontrèrent, ils durent renoncer assez tôt à la vision de faire lever le continent africain à partir de la Sierra Léone. Mais, cette oeuvre fut abandonnée en 1797. En 1813, la B.M.S. s'établit en Jamaïque et entreprit une oeuvre florissante parmi les esclaves d'origine africaine qui s'y trouvaient depuis plusieurs générations. En 1831, plusieurs missionnaires de la B.M.S. furent accusés d'avoir incité la masse des esclaves à la rébellion, à l'issue d'émeutes sanglants. Plusieurs immeubles de la Mission furent détruits. Cependant, la campagne contre l'esclavage se poursuit jusque dans les cercles diplomatiques d'Angleterre. Ce fut en 1834 que les esclaves de la Jamaïque furent déclarés libres par un acte de la reine Victoria. Puis, en 1838, l'émancipation complète leur fut accordée par le gouvernement de la Jamaïque31.

Ces événements avaient amené les jeunes chrétiens jamaïquains à éprouver un grand « revival » religieux qui se traduisit par un ardent désir de pouvoir envoyer des missionnaires sur leur continent d'origine32. À cet effet, en 1840, un accord de principe fut obtenu de la part de la B.M.S., leur Mission-Mère. En réalité, la B.M.S. n'était pas engagée pour une nouvelle entreprise en Afrique. Mais, considérant le réveil jamaïquain, elle ne pouvait pourtant pas accepter. C'est ainsi que deux missionnaires, le pasteur John Clark de l'Église de Jéricho (Jamaïque) et le docteur G. K. Prince, ancien esclavagiste33 furent envoyés sur la côte de l'Afrique occidentale pour prospecter les possibilités d'un travail d'évangélisation. Ils avaient précisément pour tâche d'examiner la région montagneuse du Cameroun et si possible, d'atteindre le cours supérieur du Niger34. Le premier contact avec le Cameroun eut lieu le 1er février 1841 à partir de la ville de Douala qui s'appelait alors « the Cameroon's »35. Ils furent reçus par les chefs des cantons Bell, Akwa, Joss, Hickory (Bonabéri) et de Deido.

Le 6 février 1841, ils quittent Douala pour Bimbia où le dimanche eut lieu une prédication à l'attention de trois cent personnes rassemblées en plein air. De là, ils retournèrent à Fernando-Poo. À part une visite du Dr. Prince à Bimbia, il ne semble pas que les missionnaires aient quitté l'île pour d'autres expéditions vers l'intérieur du Cameroun. En

31 F. A. Cox, History of the Baptist Missionary Society, from 1792 to 1842, London, 1842, II.

32 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 18.

33 D. Abwa, Cameroun : histoire d'un nationalisme 1884-1961, Yaoundé, CLÉ, 2010, P. 14.

34 J. R. Brutsch, " Fernando-Poo et le Cameroun ", in Études Camerounaises, n°43-44, 1954, p. 19.

35 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 19.

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vue de créer une tête de pont pour l'ensemble du territoire d'Afrique Centrale, ils concentrèrent leurs efforts sur Fernando-Poo.

Ces missionnaires Jamaïquains de la B.M.S. introduisirent, comme le firent plus tard leurs successeurs au Cameroun, différents arbres fruitiers comestibles36. Clarke se mit notamment à étudier les langues africaines qui étaient parlées par les nombreux esclaves de provenance diverse. D'après H. Johnson37, Clarke fut l'un des premiers spécialistes des langues africaines selon les méthodes modernes. Il avait poursuivi l'idée de rechercher l'homogénéité des langues de type Bantou.

Le 21 novembre 1841, un baptême fut administré aux premiers convertis dont quelques-uns étaient Camerounais. Le 3 février 1842, ces missionnaires retournèrent en Angleterre. Entre temps, leurs lettres avaient suscité en Angleterre un intérêt tel qu'on avait pris la décision de poursuivre cette mission. Le premier missionnaire titulaire anglais arriva à Fernando-Poo quatre jours après le départ des autres. C'était monsieur Sturgeon qui devait concentrer ses efforts sur l'évangélisation de cette île.

Le rapport que Clarke et Prince présentaient à leur retour, dans les Églises de la Jamaïque, suscita un tel enthousiasme que de nombreux chrétiens noirs présentèrent leur candidature. Parmi eux se trouvaient Alexander Fuller avec ses deux enfants, dont l'un, Joseph Jackson Fuller, devait jouer un grand rôle dans l'Église à créer sur la côte du Cameroun, et Joseph Merrick qui venait d'être consacré pasteur dans l'Église de Jéricho en Jamaïque. Tous ceux-là se rendirent en Angleterre où Clarke et Prince firent des rapports captivants au cours des « London Jubilee Meetings »38. L'enthousiasme devint alors général et total. Sous la devise « L'Ethiopie accourt vers Dieu » tiré du livre des Psaumes 68 verset 32, plusieurs équipes furent envoyées à Fernando-Poo sur des navires spécialement destinés aux buts missionnaires de la côte camerounaise39.

Certains de ces missionnaires firent oeuvre de pionniers de la B.M.S. au Cameroun :

? Joseph Merrick et son ministère.

Parmi Les missionnaires établis à Fernando-Poo, il n'y avait donc pas que les anglais, mais aussi un grand nombre de Noirs de la Jamaïque, dont une bonne partie devait y constituer une colonie chrétienne. D'autres étaient désignés pour évangéliser les régions côtières du Cameroun qui, en raison des conditions insalubres ne pouvaient pas être occupées

37 H. Johnston, George Grenfell and the Congo, Vol. I, London, 1908, p. 18.

38 Il s'agit du cinquantième anniversaire de Mission Baptiste de Londres.

39 J. R. Brutsch, " Fernando-Poo et le Cameroun ", 1954, p. 75.

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par les européens. Il était entendu que ceux-là feraient un travail itinérant portant avec eux « les Paroles de la vie éternelle ».

Joseph Merrick qui était arrivé le 6 septembre 1843 à Fernando-Poo, fit un voyage sur le continent dès le mois de novembre, accompagné de Thomas Houghton ou Horton Johnson, membre du Tribunal « for adjudication of offenses » à Fernando-Poo et catéchumène de la Mission. Joseph Merrick traversa la mer sur un petit voilier et débarqua sur le rivage de l'actuelle ville de Douala le 6 novembre 1843. Il fut ainsi le premier pasteur Jamaïquain, ancien esclave d'origine africaine, à s'installer au Cameroun. Il eut vite remarqué que les gens étaient désireux d'apprendre à lire et à écrire. La raison qu'ils évoquèrent était qu'ils deviendraient de bons commerçants et ne seraient plus si facilement dupés par les Blancs40. Merrick poussa ensuite une pointe jusque chez les Bakoko, situés plus en avant sur le Wouri. Il ne s'agissait là que d'un séjour de reconnaissance et d'une prise de contact du continent à évangéliser.

Merrick était un imprimeur professionnel et il était en outre extrêmement doué pour l'étude des langues. De retour à Clarence41, il prépara dans la langue Duala un premier livre d'école qu'il allait imprimer dans son imprimerie de Bimbia42. Dès le début de l'année 1844, Merrick s'installa avec la famille Fuller à Bimbia. C'est à lui que l'on doit la fondation de la station camerounaise de Bimbia, chez les Isubu, en 1844. Il y résida pendant plusieurs mois dans un ancien immeuble esclavagiste. Plus tard, il s'installa dans une station qui fut baptisée Jubilee. Il est le fondateur de l'école au Cameroun, et depuis Bimbia, il construisit plusieurs écoles. Il fit également des soins médicaux aux populations, et introduisit au Cameroun plusieurs plantes. Cependant, leur présence à Bimbia ne dura que peu. Certains succombèrent au climat, d'autres comme Clarke rejoignirent la Jamaïque.

Merrick eu le mérite de ne pas seulement persister dans son ministère, mais aussi de frayer le chemin de la Mission vers l'intérieur. Il tenta l'ascension du Mont Cameroun et ouvrit ses environs aux influences chrétiennes. Epuisé par ses travaux et par son ministère qui fut couronné par la naissance d'une Église à Bimbia, il partit en congé pour l'Angleterre en octobre 1848, mais il mourut en mer en décembre43.Il revenait alors au jeune J. J. Fuller de continuer seul le ministère de salut à Bimbia. Ce dernier travailla pendant plusieurs années pour évangéliser et pour faire fonctionner l'imprimerie de Merrick, dont se servait Alfred

40 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p.21.

41 Clarence était le centre commercial de la West African Company situé sur l'île de Fernando-Poo.

42 J.-R. Brutsch, « Les débuts du christianisme au Cameroun », in Études Camerounaises, n°33-34, 1951, p. 5359.

43 J.V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 22.

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Saker pour son oeuvre de traduction. En 1858, Fuller fut affecté à Douala, et à partir de ce moment, l'Église de Bimbia fut annexée à celle de Victoria.

? Alfred Saker et l'essor de l'Église de Douala

Alors que les efforts missionnaires à Fernando-Poo et à Bimbia ne menaient qu'à un résultat intermédiaire, c'est à Douala que l'Église allait prendre une forme plus définitive, grâce à un missionnaire d'un tempérament particulier, Alfred Saker. Alors âgé de trente ans, d'origine anglaise, Saker était arrivé à Fernando-Poo le 16 février 1844 accompagné de sa femme44.Après quelques négociations avec les chefs d'Akwa et de Deido, il s'installa en 1945 au bord du Wouri. Il fut reçu par le chef de Deido qui lui offrit une case et un petit terrain. Dès lors, il se mit à tout préparer pour s'y installer d'une façon permanente. Le 22 juin 1845, Saker obtint la permission de débarquer sur le territoire d'Akwa et d'y construire une petite case. Saker et sa femme eurent immédiatement à faire face à des difficultés de toutes sortes variant de la pénurie de vivres aux hostilités des chefs autochtones et des commerçants européens qui, inondant le pays d'alcool et d'armes à feu, ne pouvaient voir d'un bon oeil l'établissement de la Mission. Cela, d'autant plus que les négriers continuaient à fréquenter ces parages longtemps encore après l'abolition officielle de l'esclavage.

À peine débarqué à Douala, Saker se mit avec ardeur à apprendre la langue Duala, et dès qu'il en posséda les rudiments, il suivit l'exemple de Merrick et entreprit la traduction de la Bible. Il fit venir dans ce but des livres exégétiques pour mieux pouvoir se préparer à cette tâche. Après des travaux astreignants, l'évangile de Matthieu sortit de presse en 1848, le Nouveau Testament en 1868 et l'Ancien Testament en 187245. Saker était efficacement aidé par Thomas Horton Johnson, qui travaillait à ses côtés à Douala. A partir de 1847, la maladie et mort causèrent des vides parmi le personnel missionnaire à Clarence. Ce qui amena Saker à aller remplacer le pasteur partant de Fernando-Poo. La responsabilité de l'oeuvre à Douala revint donc à Johnson. En 1849 son influence à Douala s'accentua grâce au premier baptême qui eut lieu dans les eaux du Wouri. Le premier baptisé qui s'appelait Bekima Bilé, eut pour nom chrétien « Smith ». il était du quartier Bonapriso. Saker vint administrer ce baptême et c'est à cette occasion qu'il dit ces paroles historiques :

Ainsi j'ai donc vu réaliser un souhait formulé depuis longtemps : le commencement d'un bon travail au Cameroun et la formation d'une Église chrétienne... qu'il me soit permis de voir des

milliers d'âmes venir se joindre à nous. La communauté chrétienne est dans toute sa petitesse
reconnue comme une force nouvelle dans ce pays46.

44Y. Schaap, L'histoire et le rôle de la Bible en Afrique, Dokkum, éd. Groupes Missionnaires, 2000, p. 61. 45J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 25.

46Ibid.

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En 1850, Saker alla passer son premier congé en Angleterre. Par ce départ, le champ de Mission était dépourvu de missionnaires proprement dits. C'était T. H. Johnson qui poursuivit l'oeuvre amorcée à Douala. Durant son séjour en Angleterre, Saker eut le chagrin de constater que le Comité Directeur de la B.M.S. était loin d'être favorable à une continuation éventuelle de la Mission sur la côte camerounaise. On devait s'en tenir à la simple constatation que l'oeuvre était vraiment trop dévorante pour le personnel missionnaire. Néanmoins, considérant les premiers résultats qui, du moins, n'étaient pas sans perspectives pour une évolution ultérieure, on n'a pourtant pas voulu empêcher le retour de Saker47.

Saker revint alors en 1851 et se réinstalla à Clarence, mais cette fois plutôt provisoirement. C'est ainsi que commença la période la plus fructueuse de la B.M.S. au Cameroun. Elle allait durer jusqu'en 1864 et se déclinait en quatre étapes :

En premier lieu, la Mission à Douala commençait à prospérer grâce au grand nombre d'auditeurs aux cultes et aux nombreux enfants qui fréquentaient l'école. L'orientation des Douala vers l'évangile prit un tournant décisif par le baptême de cinq néophytes en 1851. Parmi eux, se trouvaient un prince Douala qui eut pout nom Thomas Horton et l'esclave George Nkwe. Ce dernier eut la chance d'être parmi les premiers élèves de l'école immédiatement ouverte en 1845 et il devait dorénavant se distinguer par son application et son zèle. En 1855, Johnson fut consacré pasteur par Saker pour l'Église de Bethel qui comptait déjà cinquante membres. Par cet acte, l'Église de Douala passa du statut missionnaire à celui d'Église autochtone : la « Native Baptist Church ».

En second lieu, du moment où les membres de l'Église se multipliaient commençaient à s'imposer au gros de la population par des nouvelles notions de moralité, les chefs, les notables autochtones et la collectivité chrétienne s'entrechoquèrent. Il s'en suivit une véritable persécution parfois violente, dont souffraient surtout les femmes chrétiennes. Les hommes de leur côté se voyaient raillés et calomniés, mis à l'écart de la vie de la tribu, et lésés dans leurs biens ou leurs transactions commerciales. C'est dans ces conditions que Saker eut l'idée de créer une école industrielle au profit des jeunes chrétiens et c'est cette école qui allait contribuer à saper les fondements de l'esclavage dans la société Douala. Il est vrai que Saker entreprit d'abord avec ses fidèles de faire des briques pour remplacer les constructions provisoires et insalubres par des bâtiments définitifs. Puis, il leur apprit à cultiver la terre tout en introduisant de nouvelles denrées alimentaires, dont les chrétiens de Douala furent alors les premiers fournisseurs. Peu à peu, l'activité industrielle prit une nouvelle envergure que la ville

47E. B. Underhill, Alfred Saker, Missionary to Africa, a Biography, London, 1884, p.57

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se distingua d'autres villes de la côte africaine par le grand nombre de ses artisans très qualifiés et par son application da la civilisation moderne48. C'est pour dire que dans ce cas précis, la conversion entraîna des conséquences qui allèrent jusqu'à bouleverser tout l'édifice social de Douala et à créer un monde nouveau. De plus, Saker a pu réaliser son activité civilisatrice grâce au dévouement des premiers chrétiens et notamment aussi grâce à l'assistance de Fuller qui était un bon maçon formé à la Jamaïque.

En troisième lieu, en 1858, Saker dut s'absenter de Douala pour se rendre à Fernando-Poo, où la B.M.S. avait à faire face à de grandes difficultés. Les autorités espagnoles avaient effectivement repris possession de leur colonie. Cette fois, la religion de cette colonie devint, d'après la déclaration du gouverneur Don Carlos Chacon, la religion catholique romaine, à l'exclusion de tout autre. Après de laborieuses négociations, le gouvernement espagnol versa une somme de mille cinq cent livres sterling pour indemniser la B.M.S. Cette somme suffisait à peu près pour acquérir un terrain du King William dans la baie d'Ambas à laquelle Saker donna le nom Victoria, en hommage à la reine Victoria sur le trône d'Angleterre49.

En fin de compte, il n'eut qu'un petit nombre de fidèles qui émigrèrent, quatre vingt dix en tout. La petite colonie devint importante comme centre de culture chrétienne, s'ouvrant sur le peuple Bakweri, qui se situe à l'intérieur du pays aux environs du Mont Cameroun. Victoria fut gouvernée par un conseil de notables avec un gouverneur à sa tête. Saker ne s'attarda pas à cette nouvelle fondation et reprit le chemin de Bethel. Plus tard, il s'efforça en vain d'intéresser le gouvernement britannique à l'installation d'une base navale à Victoria50.

En quatrième lieu, l'intérêt de la B.M.S. pour le champ de travail au Cameroun s'accentua de nouveau. C'était Fuller qui avait, en 1851 insisté auprès de B.M.S. sur la nécessité de l'envoi d'une nouvelle équipe de missionnaire en écrivant en ces termes : « Certes, l'Angleterre se fiche de l'abomination de l'esclavage et j'ai constaté que c'est la tâche d'évangélisation qui vous effraie, mais je suis convaincu que le sang d'Afrique sera réclamé de vos mains ».

En 1854, la mission du Cameroun obtint finalement du renfort en la personne de Joseph Diboll, un Anglais qui fut chargé du poste pastoral de Clarence et devint plus tard gouverneur de la colonie de Victoria. Puis arrivèrent successivement la famille Pinnock de la Jamaïque et

48 H. Johnston, George Grenfell and the Congo, p. 35.

49 D. Abwa, Cameroun : histoire d'un nationalisme, p. 41.

50 Notons que, dans un rapport envoyé au consul anglais, Saker avait énuméré tous les avantages d'une installation britannique dans la baie d'Ambas : pas de marécages, pas de moustiques, beaucoup de poissons, une eau profonde.

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Alexandre Innes, John Peacock, Robert Smith et Quintin Thomson d'Angleterre. Leur arrivée eut des répercussions sur l'extension de l'oeuvre vers l'intérieur.

En 1872, après avoir terminé la traduction de l'Ancien Testament, Saker prit soin de s'occuper plus profondément des Églises déjà existantes. Dans ses tournées dans les Églises primitives de Lungasi et de Malimba, il observa malheureusement des villages ruinés par la guerre et les épidémies de variole. Ces fléaux anéantissaient l'expansion plus rapide de l'évangile vers les peuples de l'intérieur.

En 1876, Saker quitte le champ de travail et rentre définitivement en Angleterre. Il a dû enterrer quatre de ses enfants à Douala. Homme têtu et plein de feu, Saker n'a pas rendu la vie facile à ses collègues. Il a construit des Églises, des écoles et une école professionnelle ; il a fondé une Église baptiste et consacré des pasteurs. Il a traduit toute la Bible en Douala. Il a lutté contre les abus des Européens et des chefs Douala. Ce faisant, il a donné aux Douala une vue nouvelle sur l'avenir51, en déléguant les responsabilités de l'Église et de son centre d'apprentissage à ses assistants camerounais. En 1877, Fuller organisa des campagnes de vaccination contre la variole à Douala52.

Il est à noter qu'en quittant le Cameroun, Saker laissa une Église toute vivante, avec deux pasteurs Noirs consacrés : J. J. Fuller consacré en 1859 et George Nkwe en 1866. Ce dernier succéda à T. H. Johnson à l'Église de Bethel.

? Grenfell, explorateur et missionnaire

Au départ du Cameroun, Saker fut remplacé comme chef de champ par Quintin Thomson. Mais, virtuellement, c'était George Grenfell qui reprit la responsabilité de l'oeuvre. Il devrait acquérir plus tard une certaine notoriété comme explorateur de l'Afrique Centrale. Arrivé au Cameroun en 1874, il se mit à explorer les environs de Douala de façon méthodique et scientifique. Il remonta le Wouri jusqu'à Yabassi, et là, il rencontra les tribus de l'intérieur, qui, dans leurs expéditions commerciales, avaient pénétré assez loin vers le Nord pour entrer en contact avec les Bamiléké et les marchands Haoussa et Foulbé du Nord-Cameroun. Il était, cependant, sceptique à l'égard d'une pénétration évangélique vers l'intérieur à cause du fait que les Douala sauvegardaient leurs bénéfices d'intermédiaires avec les Européens. Il était d'autres parts impressionné par le niveau de vie du peuple Abo (Bakoko), qu'il trouvait plus intelligent et plus travailleur que la tribu Douala. Alors que Grenfell prospectait les régions Abo et Bassa, où il découvrit les chutes de la Sanaga à Edéa, son ami, le missionnaire Comber, prospectait les régions du Nord-Est. Parti en 1877 de Victoria, il arriva à Bakundu,

51 Y. Schaap, L'histoire et le rôle de la Bible, p. 63.

52 J. J. Fuller, Autobiography, p. 70, Archives Isaac Kamta.

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en passant par Bomono, une agglomération ne comptant pas moins de mille cinq cent habitants53.

2) L'expansion du christianisme à l'intérieur pendant la période Coloniale allemande : la Mission de Bâle (1886-1915)

La Mission de Bâle54 ou Basler Mission (B.M.) en Allemand remplaça la Mission Baptiste de Londres en 1886, après la prise de Douala par l'Allemagne à l'issue de Traité Germano-Douala du 12 juillet 1884. Du fait que la B.M.S. exerçait une grande influence sur le peuple et surtout du fait qu'elle détenait des points stratégiques dans la ville de Douala, il était devenu tout à fait évident qu'elle ne saurait se retirer au profit d'une Mission religieuse, qui était tenue en respect par l'administration coloniale.

La B.M. était inter-dénominationnelle et en particulier luthéro-réformée. Au cours de la colonisation allemande, le Cameroun reçoit des missionnaires luthériens et réformés. C'est pendant cette période qu'on peut précisément situer le début de l'émergence de l'Église qui deviendra, en 1957, par la reconnaissance officielle de sa constitution, l'Église Évangélique du Cameroun.

Ce fut à la conférence des Missions de toute l'Allemagne qui se tint à Brème du 27 au 29 octobre 1885, que l'on demanda à la B.M. de s'occuper de l'évangélisation du Cameroun. Cela en raison de son expérience acquise depuis plusieurs années en Afrique, plus précisément sur la Côte d'Or, et en raison aussi des obligations des sociétés allemandes dans d'autres parties du monde. La Côte d'Or avait déjà coûté trop de sacrifice en hommes et femmes missionnaires pour qu'elle pût se doter de bonne grâce d'un second « champ des morts ». En outre, la B.M. eut peur de sacrifier le caractère international de la Mission chrétienne aux buts nationaux. Cependant, à l'issue de longs pourparlers, tout à la fois au sein du Comité Directeur de la B.M. avec la B.M.S., les sociétés soeurs allemandes et avec le gouvernement allemand, la B.M. finit par accepter. De la part du gouvernement, elle obtint le droit d'acquisition des terrains, dont elle aurait besoin pour l'extension de l'oeuvre, le droit d'interdiction du commerce des boissons alcooliques à l'intérieur des agglomérations chrétiennes, et le droit de réglementer les modalités de vie des Églises et des écoles à fonder55.

53 I. J. Comber, "Explorations inland from Mount Cameroun", in proceedings of the Royal Geographical Society, april 1879, p. 225 ff.

54 L'Appellation française officielle de la Basler Mission est : La Société des Missions Évangéliques de Bâle.

55 W. Oettli, Gegenwärtige Missionsprobleme, Basel, 1911, p. 174.

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Du côté du public chrétien d'origine allemande, la B.M. qui était une société de la Suisse Allemande et de la région Wurtembergeoise en Allemagne du Sud-Ouest, reçut l'assurance que les allemands se sentiraient tout particulièrement responsables du nouveau champ du Cameroun. Les premiers missionnaires à destination du Cameroun furent en effet les allemands. Il s'agissait de : Christian Dilger, Johannes Bitzern Friedrich Becher et Gottlieb Munz qui arrivèrent à Douala le 26 décembre 1886. Ils furent bien accueillis par J. J. Fuller qui avait été accrédité pour régler le transfert des biens meubles et immeubles de B.M.S. à la B.M. Leurs débuts furent difficiles. L'un d'eux, Becher, mourut quatre jours après leur arrivée. Aussi, la première nouvelle à envoyer à Bâle fut-elle celle d'un décès. Mais, bien d'autres tristesses ne tardèrent pas à s'annoncer. Les contributions pour l'oeuvre du Cameroun commencèrent aussitôt à venir des cercles missionnaires du Würtemberg, Baden, Rheinpfalz et Hessen. A Stuttgart, un centre d'entraide du Cameroun fut constitué pour assurer l'acquisition des fonds allemands pour la Mission du Cameroun56. C'était donc ces adhérents qui adoptèrent ce nouveau champ et, à cet effet, la B.M. se présentait au Cameroun, en tant qu'une mission allemande qui devait fait aux Églises en place.

a) La Mission de Bâle contre la Native Baptist Church

Aux termes de l'accord de passation de service entre la B.M.S. et la B.M., la condition de transfert était que, les Églises baptistes « natives » seraient en droit de garder leurs chapelles, leur confession baptiste et leur indépendance vis-à-vis d'une Mission étrangère. Dans toutes les stations, sauf à Bethel, les temples étaient construits sur des terrains de biens publics, en dehors de la propriété de la B.M.S. Ces temples étaient par conséquent reconnus comme propriété légale de l'Église Baptiste « native »57. En plus, durant des années, la B.M.S. avait appris aux chrétiens autochtones à subvenir aux besoins de leur Église, à payer les ouvriers et à financer le programme d'éducation des enfants. C'est ainsi que l'évangile avait crée ipso facto des communautés, des Églises qui deviendraient d'elles-mêmes, porteuses du message évangélique. Parmi les membres des Églises de Douala et de Victoria, il y avait de bons leaders, qui savaient faire abstraction d'eux-mêmes et se donner corps et âme à l'Église qu'ils aimaient. Bref, la Native Baptist Church était en voie de s'épanouir à travers les tentacules de la vieille tradition, en une Église vraiment autochtone et chrétienne.

Il va de soi que la B.M., en vertu de ses idées occidentales, devait se heurter à la mentalité chrétienne camerounaise. Il paraît que les dirigeants de la B.M. eurent un pressentiment de ce

56 W. Schlatter, Geschichte der Basler Mission, Basel, 1916, III : 221.

57 Th. Lewis, These Seventy Years, an Autobiography, London, 1929, p. 90.

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qui devait arriver, parce que, dans l'instruction que reçurent les premiers missionnaires en partance, il est dit :

Il s'agit d'établir de bonnes relations entre la MB et les chrétiens baptistes autochtones et leurs dirigeants. La méthode à suivre est de les soumettre à la direction de la B.M. et aux principes de son organisation ecclésiastique. Si les chrétiens témoignent de leur désaffection, la B.M. préfère un développement autonome des Église s baptistes, tout en essayant d'établir des relations fraternelles avec elles58.

D'autres parts, on conseilla aux missionnaires d'user de prudence, en ce qui concerne le rite de baptême des adultes et par immersion, qui devrait être pratiqué conformément aux usages des Églises du Cameroun, du moins pendant les premiers temps. Ce ne serait que plus tard que la pratique bâloise deviendrait la forme normale.

Les difficultés ne provenaient donc pas d'une différence doctrinale entre les deux confessions, en ce qui concerne le baptême des enfants. Il semble que les deux confessions s'entrechoquèrent sur le plan de l'organisation ecclésiastique. Les chrétiens autochtones revendiquaient, d'après leur tradition, un système d'union des paroisses (églises), plus ou moins autochtone et indépendantes. Mais, les bâlois rejetèrent cette conception congrégationaliste en soulignant en outre que, les différentes communautés devaient être dirigées et surveillées par les missionnaires. Sur le plan moral, les deux confessions étaient opposées. De même, la nouvelle Mission reprochait aux chrétiens leur commerce lucratif en boissons alcooliques et désapprouva l'esprit léger dont témoignaient les pasteurs dans l'exercice de leur ministère. En effet, le pasteur Fuller fut accusé d'avoir baptisé un bigame et son collègue Dibundu un autre, marié à trois femmes. Un moniteur aurait été exclu de l'église pour adultère et réadmis après un délai de quatre mois59. Enfin, la B.M. eut le chagrin de constater que les écoles ne marchaient pas normalement à cause du fait que le système autochtone s'adaptait mal à la discipline et à la culture germanique que l'on a voulu lui inculquer.

La rupture se produisit le 18 mars 1888, après de multiples réunions tumultueuses. La tension était accentuée principalement entre le pasteur Dibundu et ses anciens Tundé, Nkwe, Collins et G. Munz, surintendant de la Mission. Le 9 mars, les anciens de l'Église de Bethel avaient déposé un mémorandum contenant les quatre points suivants : la désapprobation du baptême d'adultes par aspersion, la maintenance du droit de contribution au salaire du pasteur et aux frais généraux ecclésiastiques, la reconnaissance du droit d'autonomie de l'Église, la proposition d'introduction du baptême d'enfants suivant le rite par aspersion.

58 E. Scheve, Die Mission der deutschen Baptisen in Kamerun, 1884-1901, Berlin, 1901, p. 6.

59 W. Oettli, Gegenwärtige Missionprobleme, Basel, 1911, p. 177, in J.V. Slageren, Les origines de l'Église Evangélique, p.48.

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Munz de son côté avait formulé les recommandations suivantes : la prohibition du commerce des boissons alcooliques, l'interdiction de l'adultère, l'abolition de la coutume de s'acheter des femmes.

L'entente étant devenue impossible, la Native Baptist Church abandonna le centre de Bethel et se constitua en une Église indépendante, sous la direction du pasteur Dibundu. Ses fidèles connurent une période d'entraînement passionné. Des temples se construisirent à Bonaku, Bonanjo, Bonabela et l'oeuvre se répandit plus loin dans les environs de Douala. Mêmes les écoles se maintinrent par l'engagement d'enseignants qui ne recevaient sous forme de traitement : « qu'un peu de savon, de tabac, des allumettes, des cadeaux qui représentaient alors les dons des chrétiens »60. Cependant, à la suite des protestations de la B.M. auprès des autorités allemandes, les « natives » se virent privés du droit de pénétrer dans les zones d'influence de la B.M.61.

b) Le développement de la Mission de Bâle à Douala

Malgré la rupture avec les « natives », la B.M. réussit à organiser un programme scolaire correspondant aux idées acquises à la Côte d'Or, c'est-à-dire, la surveillance stricte des élèves et l'infusion des notions chrétiennes au moyen de la langue locale. A cet effet, les bâlois utilisaient les données linguistiques élaborées par Saker. C'est par leur contribution à l'étude de la langue Douala que celle-ci devait prendre une ampleur, telle qu'elle évolua peu à peu jusqu'à être un moyen de communication des pensées évangéliques et civilisations, dans tout le Sud-Cameroun. En 1887, l'un des professeurs de la B.M., Christaller, fut envoyé, d'entente avec la B.M., au service du gouvernement allemand pour mettre sur pied un programme d'enseignement officiel à Douala. Il prépara de nombreux livres scolaires, une grammaire de la langue Duala et fonda une école dans le quartier Bell en 1888, puis à Déido, ainsi qu'à Victoria. Christaller s'efforça aussi de donner une formation supérieure en Allemand à ceux qui étaient déjà engagés au service du gouvernement allemand. De fait, la B.M. réussit, en relativement peu de temps, à consolider sa position dans la cité de Douala d'une part, et à jeter les bases pour faire progresser l'oeuvre vers l'intérieur d'autres parts. Il est tout à fait évident que le succès bâlois résidait dans l'application de sa méthode éducative.

60Ngando Nsangué, " L'oeuvre Baptiste du Cameroun ", "Dikalo", Journal édité par la Mission Protestante Française au Cameroun, numéro spécial, 1945, pp. 87-91.

61 E.Hallden, The culture Policy of the Basel Mission in Cameroons, 1886-1905, Studia Ethnographica Upsaliensa XXXI, Lund, 1968, p. 87-91.

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Les Douala, déjà conscients de l'importance de la culture européennes, s'arrangèrent à en tirer profit.

c) La pénétration de la Mission de Bâle à l'intérieur

La B.M. avait d'abord consolidé sa base à Douala. Ensuite, son oeuvre se propagea rapidement. Les bâlois devaient bénéficier de la colonisation allemande : voies de communication permettant le contact avec l'intérieur, la pacification des tribus en guerre, la protection des vies et des biens missionnaires et la destruction des puissances hostiles à la pénétration européenne se nommant : « Die Losangoleute »62. La première station s'ouvrit à Mangamba, dans le pays Abo en 1889. Les bâlois parvinrent cependant à y établir leur prédominance et le travail y prit un grand essor sous l'impulsion du chef chrétien Joseph Kotto. Mangamba devint également une base expéditionnaire vers les tribus situées à l'intérieur. En mars 1893, une caravane missionnaire atteignit le village de Nkossi, et en 1906, Autenrieth installa la station de Nyasosso. Les débuts du christianisme s'y révélèrent plus pénibles à cause de l'absence de préparation de B.M.S. d'une part, et des hostilités entre les troupes allemandes et les autochtones d'autres parts.

Entretemps, un nouveau champ d'opération s'était ouvert vers l'est de la région de la Sanaga Maritime, notamment dans les villages Bakoko et Malimba. Le centre d'expansion cette fois était la station de Bonaku à Douala. Cependant, la progression était dictée par une nouvelle circonstance : l'installation de la Mission Catholique Romaine à Mariemberg, situé en amont du fleuve Sanaga, en 1890. Les catholiques y enregistraient deux ans plus tard près de deux mille chrétiens. De peur que le catholicisme puisse se répandre dans le grand peuple Bassa de la Haute Sanaga aux dépens de l'influence bâloise, les missionnaires Schuler et Schkölziger fondèrent en 1892 la station de Lobethal63. Les débuts ici furent difficiles à cause du soulèvement du peuple contre l'armée allemande et d'une concurrence parfois navrante des catholiques. En 1896, l'oeuvre s'étendit jusqu'à Edéa.

Bien de facteurs ont commandé l'histoire de la pénétration de la B.M. La conquête coloniale était pour la Mission une circonstance matériellement favorable. Le missionnaire apparut dans le sillage du colonisateur, du commerçant et du soldat. Les terrains des stations missionnaires lui furent accordés par les administrateurs ou les commerçants et non par les

62« Losangoleute » ou « Losangowesen » était un terme désignant les sociétés secrètes des tribus de l'intérieur. Ce terme, dérivé du dieu supérieur Isango abonde tous les récits missionnaires.

63Ce nom est dérivé du texte de 2 Chronique20: 26 version Martin Luther: « Am vierten Tage aber kamen sie zusammen im Lobethal ». Ce nom fut donné à ce centre d'après la volonté d'une famille allemande qui avait contribué au budget de construction.

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autorités locales64. Ainsi s'établit inévitablement une solidarité de fait entre la colonisation et

la mission.

d) La Mission de Bâle dans les Grassfields

L'effort de pénétration de la B.M. aux Grassfields était en partie dicté par des circonstances matérielles favorables à la Mission. Les conditions géographiques (climat, relief, etc.) étaient favorables à des séjours de longue durée. Étant donné la concentration de la population dans de grandes agglomérations, il était possible d'exercer une action sur la masse.

À Bali dans le Nord-Ouest, la B.M. interprétait le processus des bouleversements sociaux comme signe favorisant l'éclosion des besoins religieux. Dans un rapport de 1903, il est dit : « la chose principale, c'est que le roi et le peuple de Bali manifestent un désir sérieux de l'oeuvre de la Mission. Même s'il est difficile de dire s'ils éprouvent le besoin du message du salut, du moins, l'aspiration des bénédictions évidentes de la culture chrétienne est là »65. À cela s'ajoute l'attitude favorable de Fonyonga envers la Mission. Son offre d'un bon terrain au sein de la chefferie et sa promesse ferme d'épauler l'action missionnaire avec toute son autorité furent interprétées comme un acte providentiel66. L'occupation du nouveau poste était due à la volonté formelle du Comité Directeur de B.M. En 1902, ce Comité déléguait une équipe de trois missionnaires à Bali pour y prospecter les possibilités d'une oeuvre à fonder. A partir de ce moment commença une nouvelle phase dans l'histoire de la pénétration évangélique vers l'intérieur.

En novembre 1903, Ernst accomplit son premier voyage à Bagam et à Foumban, accompagné de M. Habisch. La présence devant le palais de Njoya d'une petite mosquée édifiée par les Haoussa lui montra comment la situation était critique.

Les missionnaires bâlois se dirigèrent également vers le plateau central et Sud Bamiléké. En effet, en avril 1904, Ernst et Keller traversaient le plateau de Bali à Bangangté et retour. Ils furent impressionnés par la vaste étendue du village Bandjoun et le roi Fotso leur fit une bonne réception. Durant leurs multiples voyages, les missionnaires firent un premier effort d'évangélisation par des conversations qu'ils eurent avec les différents chefs et par les chants des élèves, qui se recrutaient parmi les fils des chefs ou dans les milieux nobles du pays. C'est

64E. Hallden, The Culture Policy of the Basel Mission, p. 100.

65 E. Schule, " Im Lander der Bali ", in E. M. M., p. 196.

66 Fr. Lutz, " Im Hinterland von Kamerun ", p. 380.

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ainsi qu'en 1904, Ngankou Abraham, premier pasteur Bamiléké, fut envoyé à Bali en tant que prince Bansoa, bien qu'en réalité, il ne fût qu'un petit serviteur à la chefferie.

e) La naissance de l'Église de Foumban

La décision de Njoya de permettre à la B.M. de s'installer à Foumban fut prise en 1905 lors de la visite aux Grassfields du missionnaire Lutz, nouveau surintendant de la Mission au Cameroun. En 1906, la B.M. ouvrit à Foumban, le premier centre et qui allait devenir le plus important dans les Grassfields. La fondation de la communauté y coïncida avec l'installation de l'islam. Par ces excellentes relations avec la Mission, Njoya aidait effectivement à la diffusion de la culture européenne dans le pays Bamoun. L'accent fut surtout porté sur l'école et sur la formation professionnelle.

f) La fondation de la station de Bagam

En novembre 1908, s'ouvrit à Bamendjing le premier poste missionnaire dans la région Bamiléké. Les missionnaires qui l'occupèrent furent Vielhauer et Geprägs. Cet emplacement fut choisi en vertu des bonnes relations qui existaient entre son chef et les missionnaires de Bali et aussi, parce qu'il pouvait servir de tête de pont pour les villages plus populeux du Sud-Bamiléké 67 . Bien que l'oeuvre de la B.M. débutât à Bamendjing, les missionnaires s'installèrent pourtant dans la chefferie centrale de Bagam. Malgré la prospérité de l'oeuvre à Bagam, les résultats n'y furent pas pour autant très concluants. Si la prédication de l'évangile avait pu continuer à la cour royale de Bagam, sans jamais être interrompue, le roi Pufong se soustrayait de plus en plus à l'influence directe de la Mission. L'oeuvre de B.M. à Bagam a donné un grand nombre d'ouvriers que l'on allait retrouver un peu partout à la tête d'Églises importantes telles que : Bangwa, Nkongsamba, Victoria, New-Bell Douala. Bref, de tous les villages Bamiléké, Bagam est, en effet, celui qui a fourni à la Mission le plus de catéchistes68.

Au demeurant, nous constatons que l'oeuvre de la B.M. aux Grassfields était loin de mener à des résultats concluants. Les classes dominantes avaient su profiter de la culture occidentale à travers l'éducation fournie à leurs enfants et à leurs subordonnés. Après une période de consolidation des stations existantes sur la côte, c'est-à-dire, dans les environs de Douala, la B.M. étendit ses activités vers l'intérieur du pays. Aussi, les événements de la guerre, qui occasionnèrent un brusque départ de tout le corps missionnaire, à la fin de 1915, furent-ils interprétés comme une catastrophe, anéantissant toute oeuvre amorcée.

67 A. Vielhauer, " Missionanfänge in Bagam ", in E.M.M., p. 151.

68 Ed. Oeschner de Conick, " L'oeuvre au Grassfields ", in J. M. É., 1935, p. 633.

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B. La brève période d'autonomie (1915-1917)

Lorsque la première guerre mondiale éclata en Europe en 1914, les forces alliées (France, Grande Bretagne, Belgique), en raison des rancunes coloniales occupèrent le Cameroun en y chassant les allemands. Les anglais et les français se partageaient inégalement le Cameroun, soit environ 1/8 du pays, à l'Angleterre, et les 7/8 à l'Est à la France. Ce départ des allemands du Cameroun, entraîna de fait celui des missionnaires bâlois. C'est ainsi que s'ouvrit une courte période d'autonomie où les pasteurs et missionnaires camerounais69 prirent en charge les communautés existantes. En raison de l'occupation française du Cameroun, ces pasteurs camerounais firent appel à la Société des Missions Évangéliques de Paris, Mission française en 1917.

C. L'engagement de la Société des Missions Évangéliques Paris (1917-1957)

La guerre ayant entraîné l'expulsion des missionnaires allemands, l'avenir de l'immense oeuvre de la B.M. au Cameroun était en cause. Ainsi, elle ouvrit une correspondance tout à la fois avec la Mission Presbytérienne Ecossaise et avec la Mission Protestante Américaine. Mais, étant donné que le général Aymérich, commandant des troupes française, ne voulait avoir sur place que des missionnaires français, la question se posa au Comité de la Société des Missions Évangéliques de Paris (nous abrégerons par la suite S.M.É.P.)70, de savoir s'il fallait se charger, du moins temporairement, de l'oeuvre délaissée. En effet, c'était le 2 juin 1919 que le Comité de la S.M.É.P.71 vota à l'unanimité l'adoption du Cameroun comme huitième champ de travail72. Cela correspondait au nouveau statut du Cameroun qui était placé sous le régime du mandat de la Société des Nations (S.D.N.), confié à la France et à la Grande Bretagne, pour en être mandataires. A cet effet, le gouvernement français, consentit en décembre 1916, à envoyer quatre pasteurs au Cameroun73. Il s'agissait de : Élie Allégret, l'un des fondateurs de la Mission Protestante au Gabon, André Oechsner de Coninck du Lesotho, Etienne Bergeret de la Nouvelle Calédonie et Frank Christol du Zambèse. La S.M.É.P. n'eut pas la prétention de remplacer les missionnaires allemands.Dès le 19 février 1917, l'équipe missionnaire se mit à la recherche de trois pasteurs autochtones pour leur expliquer ce qu'ils

69 Ces pasteurs et missionnaires camerounais étaient : J. Deibol, Joseph Ekollo, Joseph Kuo Issedu et Jacob Modi Din.

70 La S.M.É.P. eut d'ailleurs pour appellation au Cameroun La Mission Protestante Française.

71 La Société des Missions Evangéliques de Paris a été fondée en 1822. A l'origine, les fondateurs de la Société n'avaient pas songé à envoyer les missionnaires dans les champs de la mission dont la Société aurait seule la responsabilité. Pourtant, elle adopta successivement comme champ de travail le Lesotho, le Zambèse, le Sénégal, Tahiti, le Gabon, Madagascar, la Nouvelle Calédonie, et après le Cameroun et le Togo.

72 E. Allégret, La Mission du Cameroun, Paris, 1924, p. 50.

73 A.N.Y., 2AC 9197, Installation de Mission Protestante Française, 1917-1919.

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devaient faire et orienter la situation de l'Église. Puis, ils commencèrent à visiter les Églises de Douala et de ses environs immédiats. Ils ouvrirent à Akwa, Bonabéri et Lobethal des écoles de français, dans le but de perfectionner les catéchistes bâlois et baptistes à l'instruction du français. C'est donc avec l'Église bâloise et l'Église Baptiste du Cameroun, constituée par l'union d'une partie de l'Église Baptiste « Native » et l'Église Baptiste Allemande que les missionnaires de France accompliront leur oeuvre au Cameroun74.La tâche qui leur était confiée se résumait en deux devoirs impérieux. Tout d'abord, ils devaient, selon les directives de la S.M.É.P., entrer en relation avec les Église s délaissées pour les rassurer, les réconforter et leur montrer des coeurs fraternels. Mais, en même temps, ils furent chargés d'un devoir patriotique. Il fallait que les frères du Cameroun fussent dûment informés « que pour le bon renom, pour l'honneur de la France », la liberté de conscience et de culte était garantie « sous les plis du drapeau tricolore »75.

1) L'organisation de l'oeuvre de la Société des Missions Évangéliques de Paris au Cameroun

La S.M.É.P. fut obligée de réorganiser l'oeuvre. Cependant, elle était loin de laisser les Églises se développer librement. L'on procéda à cet effet à la création des unités consistoriales et régionales. La Commission Synodale allait fonctionner comme point de contact entre pasteurs et missionnaires. La création des consistoires au sein d'une région synodale fut un autre grand pas dans l'organisation de l'Église. Elle se trouva alors organisée d'après une structure ecclésiastique du type presbytérien synodal, qui est propre à l'Église Réformée de France. Le type presbytérien synodal est caractérisé par le fait que l'organisation est constituée par une hiérarchie des assemblées consistoriales, régionales, nationales et des conseils exécutifs, et qui reposent sur une base, la paroisse. Ce régime démocratique tend cependant à faire un pas vers le régime épiscopal par l'intervention des assemblées donnant aux présidents une autorité propre76. Au cours des consistoires réunissant les catéchistes d'un district, les missionnaires donnaient des cours bibliques et organisaient des exercices de prédication. L'institution du consistoire était une méthode effective du contrôle missionnaire sur cette catégorie d'ouvriers de l'Église et, à travers eux, sur l'Église

74 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 147.

75 M. Leenhardt, "La conquête de la Liberté Religieuse dans les Colonies Françaises ", in "Le Monde non Chrétien", ancienne série, n°6, décembre, 1934, p.26.

76 R. Melh, Traité de Sociologie du Protestantisme, Neuchâtel, 1965, p. 142.

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toute entière77. Les fêtes missionnaires, groupant annuellement tous les chrétiens d'une région offraient même aux missionnaires la possibilité de s'adresser aux collectivités chrétiennes toutes entières. La base de toute l'organisation ecclésiastique était le Synode Général. Il était d'ailleurs la voix supérieure. La Commission Synodale Générale, composée de missionnaires et de pasteurs, et dont un missionnaire était toujours président, ne pouvait pas décider des questions religieuses en dehors du Synode. La Commission Synodale était assistée par une Commission Financière. Elle était composée uniquement de laïcs et assurait la gestion des fonds ecclésiastique.

Au fond, toute cette nouvelle réglementation de l'organisation de l'Église était proposée par Élie Allégret. Il voulait certainement établir un programme d'autonomie de l'Église. Mais, sa mise oeuvre fut toute autre chose. En effet, la nature des relations entre missionnaires et pasteurs autochtones fut bouleversée par la création de la Conférence des Missionnaires, dont seuls ces derniers étaient membres. Cette conférence était chargée de donner l'impulsion et l'orientation générale à toute l'oeuvre et à son contrôle. D'après Allégret, une telle organisation était nécessaire afin de permettre aux missionnaires de stimuler les efforts vers l'oeuvre de conquête de l'intérieur78. La direction de l'Église appartenait à la Mission. L'organe exécutif de l'Église, même dans le Sud où il existait une organisation synodale79, était la Conférence des Missionnaires. D'ailleurs, le pasteur Modi Din s'était opposé à cette évolution à travers cette mise en garde : « Faites attention de ne pas faire une séparation de notre Église, faites des réunions mais pas des synodes distincts »80. A ceci s'ajoute le fait que les pasteurs, les évangélistes et les catéchistes étaient nommés « agents au service de la Mission Protestante Française ». Cette situation provoquait leur désapprobation, dans la mesure où ils étaient considérés comme les subordonnés de leurs collègues blancs. A la conférence mixte de 1920, ils s'étaient plaints de ce sort81. Il s'agit là d'une situation classique propre aux Églises nées des Missions protestantes. L'organisation paternaliste était légitimée, pensait-on, par la faiblesse numérique de l'Église, l'absence des cadres, l'inaptitude

77 A ce propos, il est intéressant de citer la remarque de P. Dieterle à la Conférence des Missionnaires de 1922 : « Au point de vue général, ces consistoires sont un moyen de contrôle décisif sur les pasteurs et les catéchistes, qui est donné au missionnaire ».

78 R.C.M., 1922.

79 Au départ, il n y avait qu'un seul Synode et une seule Commission Synodale. Au fur et à mesure que le travail se développait, on procéda à la création d'un nouveau synode et d'une nouvelle Commission Synodale pour le Bamiléké-Bamoun. Un Synode National allait se tenir tous les quatre ans.

80 Rapport de la Commission Synodale du 28 janvier 1925.

81 R.C. M., 1922.

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des autochtones à manier les deniers de la collectivité, l'incertitude spirituelle et le manque d'autochtones pour entreprendre à leur tour une action missionnaire82.

L'organisation des écoles était autorisée par l'administration coloniale à condition d'enseigner la langue française et d'appliquer le programme. De ce fait, les efforts des missionnaires dans ce sens, ont permis de fournir à la nation, une importante élite future du peuple. L'oeuvre médicale ne fut pas en reste.

2) Le mouvement vers l'intérieur

Si la S.M.É.P. avait commencé à réorganisé les Églises de Douala, il n'en demeure pas moins qu'elle portait dès le départ ses efforts sur la pénétration vers l'intérieur. F. Christol était alors le premier missionnaire à occuper une station de l'intérieur, Lobethal en 1918. Par la suite, l'accent allait être mis sur la pénétration vers l'intérieur, en direction du Nord. Aussi parvint-on à ranimer les Églises dans le pays de l'Abo, du Wouri, dans la région de Yabassi et même au Nord de Mangamba, jusqu'à Nkongsamba. La direction vers le Nord était prise de façon définitive au contact avec les chrétiens de Foumban où Elie Allégret et le pasteur Modi Din s'y rendirent le 17 juin 1917 dans le but de prendre contact avec l'Église Bamoun.

La région Bamiléké ne fut pas en reste. En 1917, le pasteur Modi Din commença à y circuler en faisant trois tournées en l'espace de huit mois. Accompagné de quelques Bamiléké de Nkongsamba, il se dirigea en juin vers Bangwa. Entretemps, l'oeuvre d'évangélisation s'amorçait sur toutes les lignes. En 1918, deux annexes seulement s'ouvrirent en plus de celle de Bangwa : Bangangté, avec deux ouvriers Bamoun, et Bangoulap avec Samuel Kum de Douala. En 1921, le nombre des annexes était de six et en 1922, il s'élevait à treize83.

D- L'évolution vers l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun

1) La situation financière critique de la S.M.É.P. à partir de 1940

À partir de 1940, les problèmes financiers commencèrent à être brûlants, la S.M.É.P. se trouvant dans une situation financière particulièrement critique, en raison de la faiblesse matérielle de ses donateurs. Elle fit alors appel aux Église s-soeurs pour lui venir en aide. En 1947, l'Église Évangélique des Frères Tchèques et l'Église Luthérienne de Slovaquie décidèrent d'aider la Mission du Cameroun. 84 Vers les années 1950, de nouvelles circonstances permirent à la S.M.É.P. de continuer seule, sans encombre, sa tâche missionnaire au Cameroun. La Mission Protestante Française au Cameroun se vit accréditer

82 R. Melh, Décolonisation et Missions Protestantes, Paris, 1964, p. 88.

83 Cahiers Eglises Bamoun-Grassfields 1918-1926. Synodes Régionaux Bamoun-Bamiléké.

84 A.N.Y., A.P.A. 10167, Mission Évangélique de Paris, 1944-1945.

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d'importantes sommes d'argent par les F.I.D.É.S. (Fonds d'Investissement pour le Développement Économique et Social des Territoires d'Outre-Mer). Le problème financier, que l'on sentait fondamental, échauffa les esprits des Camerounais, au point qu'ils comprirent la nécessité de la revendication d'une responsabilité partagée. Mais, il y avait bien d'autres facteurs encore qui orientaient irrésistiblement les Églises vers leur autonomie.

2) L'adoption de la constitution de 1949

Depuis la prise du champ de mission du Cameroun par la S.M.É.P., tous les problèmes de ce champ d'évangélisation se ramenaient à la question d'autonomie. Il fallait désormais étudier les questions missionnaires avec un esprit plus ouvert aux problèmes modernes. En 1947, le Comité Directeur de la S.M.É.P. proposait d'associer les délégués des Églises, les laïcs et les pasteurs aux délibérations des différentes commissions de la Conférence des Missionnaires. Ce serait un moyen de faire participer les Camerounais à la direction des différentes branches de l'oeuvre. Croyant que les Camerounais n'étaient pas capables de porter des responsabilités majeures, on procéda à l'élaboration d'une constitution, en 1949. Elle avait pour but de préparer les Églises lentement et mûrement à leur autonomie85.

Cette constitution nommée Constitution de l'Église Évangélique du Cameroun, était de type synodal. Elle avait pour chapitre :

- 1. l'Église ;

- 2. l'Église Locale ;

- 3. le Consistoire ;

- 4. le Synode Régional ;

- 5. la Commission Synodale Régionale ;

- 6. le Synode Général ;

- 7. la Commission Synodale et son Bureau ;

- 8. la Caisse Centrale et la Commission Financière ;

- 9. les Ministères dans l'Église ;

- 10. dispositions Transitoires.

Elle fut ratifiée par le Synode Général de janvier 1951. Plusieurs membres de l'Église Évangélique du Sud réclamaient que l'Église ainsi constituée reçoive une reconnaissance civile. De ce fait, la personnalité civile fut accordée à l'É.É.C. par la décision n° 1627 au 29

85 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 220.

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mars 1951, autorisant la constitution d'un Conseil d'Administration86. Ainsi, une Église autochtone existait légalement en tant qu'association autorisée. Il paraissait alors certain que, les missionnaires ne reconnaissaient pas la forme d'une Église autonome de laquelle ils pouvaient faire partie intégrante. La question se posait alors de savoir si la Mission, qui était essentiellement vue comme le résultat d'une organisation de la métropole, ne serait pas absorbée et étouffée par l'Église autochtone, dès qu'on lui donnerait une organisation lui permettant de vivre sa vie autonome.

3) La proclamation de l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun

La proclamation de l'autonomie de l'É.É.C. fut la résultante des frottements anciens et nouveaux se sont produits entre la Mission et les Églises. Il est important de mentionner « l'affaire Bamoun » qui déclencha en 1953 entre le missionnaire Henri Martin et le pasteur Josué Muishe dans l'Église de Foumban. Ce conflit s'amplifia au point d'ébranler l'oeuvre de la S.M.É.P. au Cameroun.

Le fond de cette affaire réside en ceci que, le pasteur Muishe avait depuis de longues années assumé des responsabilités socio-culturelles qui, d'après Henri Martin, étaient une entrave à l'exercice de son ministère pastoral. Bien plus, il exerçait une influence énorme sur le plan politique et son action sur l'ensemble de l'évolution de l'Église en terre Bamoun était considérable. En effet, c'est lors de la fête des récoltes en octobre 1953 que la mésentente entre Muishe et Martin fit véritablement jour. Pendant le culte dans le temple de Njissé, au cours duquel prenaient part tous les pasteurs, évangélistes, catéchistes et anciens de la Région Synodale Bamoun, on devait faire l'appel des dons des différentes paroisses, d'après un schéma établi par Martin qui présidait le culte. A la lecture de la liste du district de Muishe, Martin constata qu'elle était différente de celle qu'il avait préparée. Cela créa un tollé général en plein culte. D'autres événements accentuèrent et envenimèrent ce conflit. C'est le cas de la fermeture de l'hôpital de Njissé par le docteur Cugnet, à l'issue d'une séance d'études et de formation. Lors de cette étude, s'appuyant sur un cours sur l'hérédité, il essaya de démontrer la vanité et l'orgueil de la race noire et fit un parallèle entre l'affaire du dimanche et l'histoire de Noé.

L'affaire fut transmise aux organes suprêmes de l'Église. Mais Martin s'opposa à ce que la Commission Synodale Générale, dont dépendait l'application de la discipline ecclésiale et

86 J.O.C., 04 avril 1951, 10 mars 1957, comme si vous y étiez, Recueil des textes rassemblés et présentés par le

Révérend. Dr. Isaac Makarios Kamta, Douala, Joseph Merrick Centre, 2007, p.5.

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le contrôle des pasteurs s'en mêla. Il prit prétexte selon lequel « chacun qui vient de Lobethal, Yabassi, Douala, etc. croit dire quelque chose alors que le fond du problème leur échappe »87.

Se basant sur la Constitution de l'Église Évangélique du Cameroun, Muishe n'accepta pas la décision du Conseil d'Administration de la Mission Protestante Française, qui, sous la pression de Martin, déclara se séparer de lui. Il s'adressa par contre à la Commission Synodale Générale, tout en faisant appel au Comité Directeur de la S.M.É.P., en priant le Directeur Bonzon d'intervenir d'urgence.

La Commission Synodale Générale prit effectivement la décision de maintenir Muishe à son poste de Foumban et de déplacer Martin à Ndoungué. Ce dernier quitta d'ailleurs le Cameroun « le coeur brisé et n'ayant d'autres désir que de voir la paix régner dans l'Église » 88 . Le docteur Cugnet fut renvoyé en raison de sa déclaration au contenu inadmissible pour un missionnaire et de sa décision de fermer l'hôpital, pour le fonctionnement duquel la Mission recevait des subventions importantes de l'administration. L'arrivée de Bonzon à Foumban signifia aussi la fin de la discorde. On décida la démolition du hangar construit par Muishe et le retour au temple, ce qui se fit solennellement en procession avec le pasteur Jocky en tête.

Les incidents de Foumban montraient clairement que le temps était venu de passer le gouvernement de l'Église aux Camerounais, et qu'il était impossible aux missionnaires de prendre les décisions seuls.

Enfin, pour enlever les derniers obstacles à la proclamation de l'autonomie de l'É.É.C., les pasteurs Jean Kotto, Eugène Mallo, Élie Mondjo, prirent l'initiative d'élaborer son plan d'avenir89. A partir de 1955, ils se réunissaient à Ndoungué, sans autorisation pour parler de l'Église, de sa naissance, de son autonomie totale et des moyens pour atteindre ce but. Les uns et les autres décidèrent d'un commun accord de soumettre la demande de l'autonomie de l'Église à la prochaine Commission Synodale Générale qui devait se tenir à Foumban en août 1956. Cette Commission, dont les missionnaires faisaient partie d'office, demanda l'autonomie à la S.M.É.P., ce qui fut solennellement réalisé six mois.

Mais, il fallait aussi régler le transfert des biens immobiliers de la Mission au Églises, et préparer une nouvelle constitution. Même le nom de l'Église autonome devait encore être

87 Lettre de Martin à Mikolasek du 29/4/1953, Archives de l'É.É.C., Douala/Affaire Muishe-Martin.

88 Lettre de Bonzon à Mikolasek du 19 janvier 1954, Correspondance Paris-Douala.

89 Rapport du Secrétaire Général de l'É.É.C., Jean Kotto à la Commission Exécutive janvier 1967, Archives É.É.C., Douala.

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trouvé. Tandis que des pasteurs et des anciens dans le Sud du Cameroun voulaient que l'Église porte le nom «Église Luthérienne du Cameroun », ou à la rigueur «Église Évangélique Luthérienne », les Églises Bamiléké préféraient lui donner le nom « Église Réformée du Cameroun » ou « Église Évangélique Réformée ». À l'arrivée, pour éviter que l'Église ne s'enferme dans un étau confessionnel, on tomba d'accord sur l'appellation « Église Évangélique du Cameroun»90.

Ainsi, l'Église Évangélique du Cameroun et les Églises Baptistes qui se nomment aujourd'hui l'Union des Églises Baptistes du Cameroun, proclamèrent leur pleine autonomie le 10 mars 195791. Cela se fit au cours d'un culte solennel au temple du Centenaire, en présence des missionnaires et des ouvriers de l'É.É.C., au rang desquels les pasteurs Heimlinger et Paul Jocky.

Photo n°1 : Les pasteurs Hemlinger et Jocky le 10 mars 1957, jour de la proclamation de l'autonomie de l'É.É.C.

Source : L'Appel n° Spécial 43ème Synode Général, 1999, p.30.

À partir de cette date, aucune société de Mission, n'était plus en mesure de définir leurs priorités ou de décider, en ce qui concerne leur organisation, leurs activités et leur vie. Ces

90 Rapport du Secrétaire Général de l'É.É.C., 1967, Archives Michel Ngapet.

91 J. V. Slageren, Les origines de l'Église Évangélique, p. 223.

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deux Églises devinrent autonomes à un moment où les autres Églises protestantes du Cameroun continuaient de rester sous le contrôle des sociétés missionnaires étrangères. Cette autonomie avant-date de l'É.É.C. ne relevait pas d'un développement spontané. La proclamation ne fut, en fin de compte qu'un résultat de la résolution des autochtones de briser les reins du paternalisme et de la cristallisation de leur conscience, en face des problèmes nouveaux qui exigeaient une prise de position autochtone chrétienne92.

En cette année 1957, les statistiques de la S.M.É.P. donnaient cette figuration : neuf (09) stations, cent vingt-cinq (125) Églises, mille vingt et un (1021) annexes, une (01) école pastorale, trois (03) écoles bibliques, une école secondaire, une école normale trois cours complémentaires, cent quatre-vingt-dix-sept écoles primaires, une école professionnelle. On comptait également trois écoles ménagères, quatre cent quatre-vingt et un (481) écoles garderies ou de paroisses, six (06) hôpitaux et dispensaires, sept (07) maternité et pouponnières et une léproserie93.L'ensemble de la population protestante à cette époque était de 200 000 chrétiens sur une population générale de 900 000 personnes et la zone couvrait l'É.É.C94.

Au demeurant, la naissance de l'É.É.C. est l'aboutissement d'un long parcours qui a débuté vers la fin du XIXè siècle avec la succession des Missions, surtout celles de Bâle et de Paris dont les traditions ont marqué sa vie. Ainsi, au lendemain de son autonomie, l'É.É.C. s'était fixée quelques objectifs : consolider et progresser95. Il s'agit de la prise de conscience d'une Église qui doit vivre dans l'unité en son sein, qui doit désormais assumer pleinement et souverainement ses propres responsabilités dans tous les domaines, et ceci devant Dieu et au sein du peuples Camerounais. Elle devra s'assumer ainsi à travers la progression par l'évangélisation à l'intérieur comme à l'extérieur par le service et le témoignage. Ceci nous amène à présenter l'organisation de l'Église après son autonomie.

II- L'ORGANISATION DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN

Il est question ici de la représentativité démographique de l'É.É.C., de ses organes dirigeants, de ses oeuvres de témoignages ou service et partage et de ses partenaires.

92Ibid, p. 224.

93 I. Kamta, "Réalisations héritées des Missions", L'É.É.C., n° spécial 43è Synode Général, 1999, p. 22.

94 Ibid.

95 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques de l'Église Évangélique », p. 14.

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A- La représentativité de l'É.É.C.

L'É.É.C. a été reconnue par le décret Présidentiel n°74/853 du 14 octobre 1974. Elle a son siège à Douala, dans la capitale économique du Cameroun. Elle a choisi une ecclésiologie presbytérienne avec à sa tête un Président, pasteur, élu pour cinq ans. Depuis son autonomie, jusqu'en 2007, l'É.É.C. a connu une succession de pasteurs qui l'ont présidée comme l'indique le tableau ci-après :

Tableau n°1 : Liste des Présidents de l'É.É.C de 1957 à 2007.

Années

Présidents

1957-1962

Paul Jocky

1962-1977

Elie Mondjo

1977-1987

Jean Kotto

1987-1992

Moïse Lamère

1992-1999

Charles Emmanuel Njiké

1999-2006

Joseph Mfochivé

Depuis 2007

Isaac Batome Henga

Source : L'Appel n° Spécial Synode Général de l'É.É.C., 1999, p.11.

En 1977, une réunion extraordinaire du Synode Général avait adopté une nouvelle constitution de l'Église stipulant que le président général aurait le mandat de diriger une équipe de cinq membres ou bureau de l'Église, et d'exercer l'autorité administrative sur toute l'Église et avec l'extérieur, fonction qui était auparavant réservée au secrétaire général de l'Église.

Les statistiques jusqu'en 2007 montrent une nette évolution de ses fidèles. Ainsi de 50 050 membres en 1957, elle est passée successivement à 100 000 en 1967, à 150 000 en 1972. En 1995, lors de la célébration du 150ème anniversaire de l'arrivée de l'évangile au Cameroun, le chiffre d'un million cent soixante-quinze mille membres était avancé96. En 1999, l'É.É.C. comptait cent cinquante mille membres dont six cent mille étaient membres communiants97. En 2005, l'É.É.C. avait 2,5 millions de membres inscrits, 300 pasteurs,

96 L'Appel n°8, janvier-février 1997, p. 9. Ce chiffre semble être celui de la population liée d'une manière ou d'une autre à l'É.É.C. Le chiffre de sept cent mille membres semble être plausible.

97 L'Appel, n° Spécial, 43è Synode Général, p. 4.

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environ 450 évangélistes qui desservaient près de 700 paroisses, dont une dizaine à Yaoundé98.

L'É.É.C. est présente sur l'ensemble du territoire national. Jusqu'en 2007, elle comptait quinze Régions Synodales qui sont : Bamboutos et Mezam, Centre-Sud, Est, Grand-Nord, Haut-Nkam, Menoua, Mifi-Koung-Khi-Hauts-Plateaux, Moungo-Nord, Moungo-Sud, Ndé-Mbam et Inoubou, Nkam, Noun-Nord, Noun-Sud, Wouri, Sanaga Maritime et Océan.

B. Les organes dirigeants de l'Église Évangélique du Cameroun

Dans une structure pyramidale, du bas vers le haut, les paroisses sont regroupées en districts. L'organe délibérant du district est appelé consistoire. C'est une assemblée composée des anciens des paroisses, des responsables d'activités et des oeuvres de témoignage chrétien du district. Un ensemble de districts constituent une région synodale. Les régions synodales sont coiffées par le Synode Général. Organe Suprême de l'É.É.C., le Synode Général, a la charge des Intérêts de l'Église, il élit les membres du Bureau de l'É.É.C. et les membres du Conseil Synodal Général.

La politique définie par le Synode général est mise en oeuvre par quatre organes exécutifs à savoir :

- le Bureau de l'Église, composé de cinq membres, qui se réunit une fois par mois ;

- le Bureau élargi, qui comprend les cinq membres du Bureau et douze membres élus, qui se réunit une fois par trimestre ;

- la Conférence synodale nationale, qui se réunit une fois par semestre ;

- le Conseil Synodal Général qui comprend tous les membres de la conférence synodale nationale, les responsables d'oeuvres, les trésoriers et les coordinateurs régionaux. Il se réunit deux fois l'an.

Des sous-commissions sont instituées par le Synode général pour préparer les projets de décisions pour la Commission Exécutive dans les domaines ci-après : Mission, Évangélisation et vie spirituelle, oeuvres, finances, discipline, bourses, élections.99.

C. Les oeuvres de témoignage chrétien ou Service et partage

Pour vivre pleinement sa foi, l'É.É.C. a créé des oeuvres de témoignage. Ces oeuvres visent à continuer l'action évangélique pour le développement et l'édification de tout Homme et de tout l'Homme. La création des oeuvres est initiée par la paroisse, le district, la région, la

98 J. J. Bauswein et Lukas Vischer (éd.), International Organisations. Grandrapids, Cambridge, Wim B. Eedmans, 1999, p. 99.

99 www.eeccameroun.org, consulté le 14 novembre 2014.

100 C. Tchapi Tchapi, La formation et l'encadrement chrétien de la jeunesse, exemple de l'Église Évangélique du Cameroun, mémoire de Licence en Théologie, F.T.P.Y., 1984, pp. 68-84.

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commission exécutive, le synode général. L'encadrement et la supervision administrative et technique des oeuvres sont assurés par les directions nationales d'oeuvres, travaillant en étroite collaboration avec les conseils d'anciens, les responsables de district ou de région où sont implantées ses oeuvres.

L'enseignement maternel et primaire est dispensé dans 186 écoles qui fonctionnent avec près de neuf cents enseignants pour trente-huit mille élèves. L'enseignement secondaire et technique est dispensé dans treize établissements par cinq cents professeurs à dix mille quatre cents élèves.

Les soins médicaux assurés par l'É.É.C. sont dispensés dans cinq hôpitaux (Douala, Ndoungué, Bangwa, Mbouo-Bandjoun et Foumban) et cinquante dispensaires et tenus par vingt-et-un médecins.

L'action sociale de l'Église est présente sous la forme d'un Centre d'enfants abandonnés à Ntolo dans le département du Moungo et du Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au Développement (C.A.F.R.A.D.), basé à Douala. Ce centre se veut être un outil d'intervention en milieu urbain et péri-urbain.

Le Département de l'Éducation Chrétienne (D.É.C.), crée en 1960, couvre plusieurs domaines de l'Église en rapport avec la formation chrétienne : culte d'enfants, révision des cahiers bibliques pour enfants, arts, culture et recherches hymnologiques, liturgie, cahiers de liturgies et de chants (« Chantons »), rédaction d'un catéchisme évangélique « Suis-moi » et d'un manuel pour maître, aumônerie pour des cahiers sur la Bible et l'histoire de l'Église édités par les éditions CLÉ, formation des chefs de chorales, retraites pastorales, formation théologique des laïcs, documentations et recherches théologiques100.

D- Les partenaires de l'Église Évangélique du Cameroun

Au lendemain de son autonomie, l'É.É.C. a noué des relations avec plusieurs structures Églises au-delà des frontières du Cameroun, ce qui constitue en fait son champ des relations internationales. On peut citer entre autres :

- Alliance Reformée Mondiale (A.R.M.) ;

- Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C. É.V.A.A.) ;

- Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C. É.T.A.) ;

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- Conseil des Églises Protestantes du Cameroun (C.É.P.C.A.) ;

- Conseil OEcuménique des Églises (C.O.É.) ;

- Département Français d'Action Apostolique (D.É.F.A.P.), Service Protestant de mission-

- Département Missionnaire des Églises Protestantes de Suisse Romande (DM-Echange et Missions) ;

- Église Évangélique de Westphalie en Allemagne ;

- Église Réformée de France (É.R.F.) ;

- Églises Protestantes Unies aux Pays-Bas (É.P.U. /P.B.) ;

- Mission Allemande aux Marins (M.A.M.) ;

- KERKINACTIE, Pays-Bas.

- Mission Évangélique Unie (M. É.U.) ;

- Service des Églises Évangéliques en Allemagne pour le Développement (É. É.D.).

À l'analyse, l'authenticité de l'É.É.C. réside de ces influences missionnaires étrangères, qui posent aujourd'hui le problème des relations entre les Missions européennes et le christianisme autochtone. De ce fait, l'Église Évangélique du Cameroun constitue un laboratoire où des expériences nouvelles d'une dimension oecuménique et d'un enracinement réciproque se font jour : une ouverture au monde, un sens de l'évangélisation lointaine.

5.

42

CHAPITRE II :
L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AU SEIN DES
ORGANISATIONS INTER-ECCLÉSIASTIQUES
INTERNATIONALES ET CONTINENTALE
(1959-2007)

Les Missions protestantes étrangères ayant concouru à la naissance de l'Église Évangélique du Cameroun, la présageaient à une ouverture remarquable sur le monde. C'est ainsi qu'au lendemain de son autonomie, l'É.É.C s'est lancée vers un vaste champ de coopération aussi bien sur le territoire camerounais, qu'avec d'autres confessions religieuses au-delà des frontières du Cameroun.

Comme nous l'avons signalé plus haut, il est stipulé au préambule de la constitution évoquée 101 de l'Église Évangélique du Cameroun, paragraphe 3 que : « L'É.É.C. est en communion avec toutes les Églises ayant pour fondement Jésus-Christ et collabore fraternellement avec elles au Cameroun et dans le Monde ». Cette affirmation nous amène à justifier la collaboration ou les échanges de l'É.É.C à l'extérieur du pays.

Il s'agira dans ce chapitre, de présenter la coopération multilatérale de l'É.É.C., en décrivant et en analysant, l'entreprise de l'É.É.C. dans certaines organisations inter-ecclésiastiques internationales et régionale. En effet, l'É.É.C. est membre à part entière du Conseil OEcuménique des Églises (C.O.É.), de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A.), de la Mission Évangélique Unie (M.É.U.) à Wuppertal en République Fédérale d'Allemagne. De même, sur le continent Africain, l'É.É.C. est membre fondateur de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C. É.T.A.).

I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DU CONSEIL OECUMÉNIQUE DES ÉGLISES (C.O.É)

Le Conseil OEcuménique des Églises est une association fraternelle d'Églises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Ecritures et s'efforcent

101 Église Évangélique du Cameroun : Constitution adoptée au Synode Général de Mbouda du 06 Mars 1998, p.

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de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit102. Il s'agit d'un regroupement des Églises orthodoxes et de nombreuses Églises indépendantes à travers le monde. Il a été fondé en 1948 par les Églises occidentales de la Réforme protestante : anglicane, baptiste, luthérienne, méthodiste et réformée. Son siège est à Genève en Suisse. Il rassemble près de 347 Églises, dénominations et communautés d'Églises dans une centaine de pays, et représente plus de 550 millions de chrétiens. Les Églises en Afrique, en Asie, aux Caraïbes, en Amérique latine, au Moyen-Orient et dans la région du Pacifique y sont aujourd'hui en majorité103.

Les fonctions du Conseil OEcuménique des Églises sont :

- poursuivre l'oeuvre des mouvements universels Foi et Constitution, Christianisme

pratique, Conseil international des Missions ;

- faciliter l'action commune des Églises ;

- développer l'étude en commun ;

- favoriser le progrès de la conscience oecuménique et missionnaire chez les fidèles de

toutes les Églises ;

- aider les Églises dans leur tâche mondiale de mission et d'évangélisation ;

- établir et entretenir des relations avec les Conseils nationaux et régionaux, les alliances

confessionnelles mondiales et autres organisations oecuméniques ;

- convoquer sur tel sujet particulier, lorsque les circonstances le réclament, des

conférences universelles qui seront autorisées à publier leurs propres conclusions104.

L'Église Catholique n'y est qu'observatrice, mais dès 1964, fut mis en place un processus de constitution d'un « Groupe mixte de travail » entre cette Église et le C.O.É. Ce groupe a publié en 2005 une étude sur la nature et objet du dialogue oecuménique105.

Ainsi, l'adhésion de l'É.É.C. au Conseil OEcuménique des Églises a été inspirée de son esprit oecuménique originel. De ce fait, ses débuts au sein de cette organisation ont été précédés d'une série d'initiatives marquée par des échanges de correspondances.

102, Nouvelle Dehli 1961, Conseil OEcuménique des Eglises, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1962, p. 391. U.P.A.C., Yaoundé.

103 Questions Internationales n°29, janvier-février 2008, p. 27.

104 Nouvelle Dehli 1961, p. 392.

105 fr.wikipédia.org./wiki/COE, consulté le 10 février 2015.

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A- Les initiatives de l'É.É.C. pour l'adhésion au Conseil OEcuménique des Églises

En même temps qu'elle sollicitait sa pleine autonomie vis-à-vis de la S.M.É.P., l'É.É.C. émettait le voeu de devenir, après son indépendance, membre du Conseil OEcuménique des Églises. C'est ainsi que dans la lettre d'autonomie adressée, après la réunion du 20 au 25 septembre 1956, par les délégués de la Commission du Synode Général de l'É.É.C. et les membres de la Commission Exécutive de la conférence des missionnaires du Comité Directeur de la S.M.É.P., il est mentionné que : « Elle (É.É.C.) désire être admise au C.O.É. afin de manifester visiblement sa volonté de travailler à l'unité de l'Église »106.

De ce fait, après avoir obtenu son autonomie, un assez long échange épistolaire commença entre le pasteur Jean Kotto, le tout premier Secrétaire Général de l'É.É.C. et le Dr. W. A. Visser't Hooft, alors Secrétaire Général du C.O.É. Cet échange dura près d'une année et demie107. L'esprit oecuménique de l'É.É.C. est dégagée à travers la troisième lettre où l'É.É.C. demanda son affiliation au C.O.É. Cette lettre se termine par une insistance sur son désir d'y être admise comme membre. En effet, c'est par la lettre datée du 05 novembre 1957 adressée à l'É.É.C., sous le couvert du pasteur Jean Kotto, par le Secrétaire Général du C.O.É., qu'est présentée son admission possible comme membre de ce regroupement. W.A. Visser't y écrit donc :

Je dois toutefois dire que le seul organe du Conseil OEcuménique qui pourra prendre l'action officielle d'admettre votre Église est notre Comité Central. Ce Comité a eu sa dernière séance au début du mois d'août à New Haven aux États-Unis et il se réunira de nouveau en août 1958 au Danemark. Je puis toutefois vous dire sur la base de tout de ce que vous dites dans votre lettre, qu'il n y a pas de doute que le Comité prendra une décision positive à ce moment108.

C'est donc une note d'espoir, quant à la future admission possible de l'É.É.C. au sein de cette grande famille des Églises de toutes les traditions, exception faite de l'Église Catholique Romaine, qui se dégage de cette lettre.

En outre, le 02 juillet 1958, une lettre de W.A.Visser't Hooft, au pasteur Jean Kotto relevait en rappel, que la demande d'admission de l'É.É.C. sera soumise au Comité Central du C.O.É. dans sa séance d'août 1958 au Danemark et y trouvera sans doute un très bon accueil. De même, cette lettre exhortait l'É.É.C. à y envoyer un représentant pasteur. Et, prévoyant les

106 Lettre adressée au Comité Directeur de la S.M.É.P. par les délégués de la Commission Synodale Régionale de l'É.É.C. et les membres de la Commission Exécutive de la Conférence des Missionnaires après la réunion du 20 au 25 septembre 1956, p. 1, in 10 mars 1957, comme vous y étiez, Recueil des textes rassemblés et présentés par le Rév. Dr. Isaac Makarios Kamta, Douala, J.M.C., 2007, p.5.

107 La première lettre date du 16 mai 1957 et est écrite par W.A. Visser't et la dernière le 25 mai 1959 adressée par Jean Kotto à W. A. Visser't Hooft.

108 Lettre du 05 novembre 1957 adressée à l'É.É.C. par le Secrétaire Général du C.O.É., le Dr. W.A. Visser't Hooft, in E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.145.

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difficultés financières auxquelles pouvaient faire face une jeune Église fraîchement autonome, Visser't Hooft, faisait lui-même la suggestion que ce représentant éventuel soit le pasteur Eugène Mallo, qui résidait en Europe à cette époque. Il devait donc être invité au Danemark à la même période pour une réunion du Département des affaires sociales du C.O.É. Ainsi, le 09 juillet 1958, un télégramme envoyé de Douala confirmait la suggestion du Secrétaire Général du C.O.É., que le pasteur Eugène Mallo représentera l'É.É.C. à la réunion du Comité central au C.O.É à Nyborg au Danemark. Deux jours après, le pasteur Mallo fut notifié par Frank Northan, en l'absence de Visser't Hooft. Mais, Mallo ne reçut pas la lettre. Cependant, lorsqu'il fut informé, il refusa au départ cette représentation. À cet effet, il adressa au Dr. Visser't Hooft une correspondance le 06 juin 1958. Finalement, il s'y rendit, puisqu'il déclara ceci dans la Revue Les Flambeaux :

En août dernier, j'ai eu le privilège d'assister aux séances du C.O.É. au Danemark, à la fois pour l'admission comme membre au Conseil de l'É.É.C. d'où je ressors, et pour prendre part à l'étude lancée depuis deux ans et qui se poursuit sur la responsabilité commune des chrétiens dans les pays de rapide évolution sociale109.

À la réunion du Comité central, les débats furent favorables pour l'admission de l'É.É.C. comme membre du C.O.É. C'est ce qu'on peut relever dans une lettre de W. A. Visser't Hooft, datée du 5 novembre 1958 et adressée à l'É.É.C., sous le couvert du pasteur Jean Kotto. Il y déclare :

Je suis heureux de pouvoir vous dire que le Comité Central du C.O.É., dans sa séance d'août au Danemark, a décidé d'accepter la demande d'admission de votre Église. Nous avons informé les Églises membres de cette acceptation de principe et votre appartenance au Conseil OEcuménique deviendra définitive dans six mois, à moins que plus d'un tiers des Église s membres soulèvent des objections. J'espère donc que dans six mois, je pourrai vous écrire de nouveau pour vous dire que votre Église est devenue membre du Conseil110.

De ce fait, le pasteur Jean Kotto adressa une lettre de remerciement au Dr. Visser't Hooft le 12 novembre 1958. Dans cette lettre, il se dégagea un sentiment de joie, de satisfaction, quoique cette décision d'admission de l'É.É.C. ne soit pas définitive. Toujours dans cette même lettre, et dans un style qui frôle la propagande, le pasteur Jean Kotto parle de la visite du pasteur François Akoa dans la zone d'action de l'É.É.C., de l'invitation qu'il a reçue de celui-ci de visiter, au début de l'année 1959, la zone d'action de l' Église Presbytérienne Camerounaise (É.P.C.), d'une possible union de l'É.É.C. et de l' É.P.C., deux grandes Églises protestantes du Cameroun, des prochains pourparlers pour constituer un Conseil entre

109 E. Mallo, Questions actuelles. "L'oecuménisme", Flambeaux. Revue bimestrielle destinée aux pasteurs, n° 32, septembre-octobre 1958, pp. 141-142.

110 Lettre de Visser't Hooft adressée au pasteur Jean Kotto le 05 novembre 1958, p. 1, in E. TChuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p. 146.

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l'É.É.C., l'É.P.C. et l'Union des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun (U.É.B.C.)111.

En conséquence, le 22 avril 1959, c'est l'annonce définitive de l'admission définitive de l'É.É.C. comme membre du C.O.É. et qui constitue une heureuse fin. Cette adhésion fut annoncée par le Secrétaire Général du Conseil, le Dr. W. A. Visser't Hooft comme suit :

Comme je vous ai écrit après la séance du Comité Central du C.O.É. tenue à Nyborg (Danemark), ce Comité avait décidé d'accepter la demande d'admission de votre Église, mais je devais ajouter que cette décision ne deviendrait définitive qu'après six mois, si plus d'un tiers des Églises ne s'y opposent. Maintenant, cette période est passée. J'ai le plaisir de vous informer que nous n'avons reçu aucune objection et que nous pouvons considérer votre Église comme membre définitif du Conseil OEcuménique. À cette occasion, je tiens à vous dire de la part de Conseil OEcuménique que nous sommes très heureux de souhaiter la bienvenue à l'É.É.C112.

L'ingratitude n'étant pas une vertu chrétienne, le pasteur Jean Kotto adressa un mois après, au nom de l'Église Évangélique du Cameroun, une lettre de remerciement aux Église s membres de C.O.É., sous le couvert de son Secrétaire Général, W.A. Visser't Hooft. Ce même 22 avril, Visser't Hooft notifia à l'É.É.C. qu'elle était définitivement reconnue comme une de ses Église s membres. À partir de ce moment, le nombre de membres du C.O.É augmenta. Cette admission apparaissait donc comme l'un des premiers actes de l'É.É.C. autonome vers le monde.

B- La vie de l'É.É.C au sein du Conseil OEcuménique des Églises

Il est question ici de montrer l'action de l'É.É.C. ainsi que les responsabilités de ses fidèles et membres au sein du C.O.É. Dans un livre intitulé Evanstion-Nouvelle Dehli (19541961), Rapport du Comité Central à la 3ème Assemblée du Conseil OEcuménique des Églises, l'Église Évangélique du Cameroun y apparaît comme la seule Église du Cameroun membre de cette époque113.

Dans le rapport officiel de la 3ème assemblée du C.O.É. tenue à la Nouvelle-Dehli du 19 novembre au 04 décembre 1961, on y retrouve certaines informations suivantes concernant l'É.É.C. :

- l'É.É.C. a envoyé comme délégué le pasteur Jean Kotto ;

- le pasteur Jean Kotto y est signalé comme membre de Comité Central ;

111 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p. 146.

112 Lettre du 22 avril 1959 adressée au pasteur Jean Kotto par le Visser't Hooft, S.G. du C.O.É., in E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.147.

113 Nouvelle-Dehli, 1961, Conseil OEcuménique des Églises : Rapport de la 3ème assemblée publié sous la direction de W. A. Visser't Hooft, Neuchâtel, 1962, p. 292. Bibliothèque U.P.A.C., Yaoundé.

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- le troisième jour de l'assemblée, c'est-à-dire le mardi 21 novembre 1961, ce fut lui qui présida le culte matinal. Il prit pour texte de méditation Romain 14, versets 11 à 12. Développant l'attitude de Paul envers les « forts » qui s'estimaient libérés de la loi juive, et les « faibles en la foi » qui craignaient les conséquences de la liberté, le pasteur Kotto montra de façon saisissante, la constante nécessité pour les chrétiens de considérer avec charité les vies des uns et des autres114.

- le pasteur Jean Kotto, alors Secrétaire Général de l'É.É.C. et délégué officiel à l'Assemblée de la Nouvelle-Dehli, intervint comme parrain de l'U.É.B.C. et de l'Église Évangélique du Gabon pour leur entrée au C.O.É.

Après son admission comme membre du C.O.É. en 1959, l'É.É.C. fut présente à la 3ème assemblée de Nouvelle-Dehli et manifesta sa présence d'une manière palpable.

Ensuite suivit la rencontre de Mexico du 08 au 20 décembre 1963, organisée par la Commission des Missions et de l'Évangélisation du C.O.É. Après l'intégration au Conseil International de la Mission du C.O.É., L'É.É.C. fut également représentée à cette rencontre par le pasteur Jean Kotto. Il y parla de la croissance de son Église avec la campagne d'évangélisation entreprise au pays Bamiléké115.

Bien plus, le cap fut mis sur Upsal (Suède) en 1968, avec la quatrième assemblée du C.O.É. Deux délégués y prenaient part au nom de l'É.É.C. Il s'agit des pasteurs Jean Kotto et Eugène Mallo116. Le pasteur Jean Kotto travailla dans le Comité n° 25, Secteur II, intitulé « Unité d'action missionnaire ». Il présida aussi un culte matinal comme à la Nouvelle-Dehli. Quant au pasteur Eugène Mallo, il fit parti de la Section II du Comité des Examens des Directives I, qui avait comme ordre du jour :

1) comité des structures ;

2) relations avec les alliances confessionnelles mondiales ;

3) groupe mixte de travail avec les catholiques romains ;

4) résolution des comités ou de l'assemblée se rapportant aux sujets ci-dessus. Comme à la Nouvelle-Dehli en 1961, l'É.É.C., à travers le pasteur Jean Kotto, parraina l'entrée de l'Église Protestante Africaine, Lolodorf-Cameroun, comme membre associé du C.O.É.117.

114 Nouvelle Dehli 1961, p. 18.

115 Semaine Camerounaise n° 57 du 8 janvier 1964, p. 2.

116 Rapport officiel d'Upsal, liste des participants pp. 407-410.

117 Ibid, pp. 126-127.

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On constate l'estime dont jouissait l'É.É.C. au sein du C.O.É. Dans la liste des Églises membres du C.O.É., au Cameroun, l'É.É.C. y figure à la première place, à côté de l'E.P.C., de la Presbyterian Church in West Cameroon et de l'U.É.B.C.118.

De Nairobi (1975) à Porto Alégre (2006), en passant par Vancouver, Canberra, Harare le nom de l'É.É.C. figure soit dans les rapports officiels, soit dans les rapports du Comité Central comme membre du Comité Central du C.O.É.119. A Nairobi comme à Vancouver, ce fut toujours le pasteur Jean Kotto le délégué officiel de l'É.É.C. A Nairobi, il travailla comme membre du Comité des désignations120.

En clair, depuis 1959, les traces de l'É.É.C. au sein du C.O.É. ne se sont jamais perdues ou effacées. On peut les vérifier par l'assiduité de ses représentants aux assemblées et à diverses rencontres du C.O.É., la liste des Église s membres dressée dans les assemblées, la liste des participants aux assemblées, les activités menées ou exercées dans un département ou un secteur d'activité du C.O.É. par certains fils ou filles de l'É.É.C121, la participation de certains fidèles et membres de l'É.É.C. aux sessions de formation organisées à l'Institut OEcuménique de Bossey à Genève en Suisse. Parmi ces élites de l'Église qui ont eu à passer par ce Centre, creuset de l'oecuménisme pratique, on peut citer très anciennement le pasteur Eugène Mallo, ainsi que les pasteurs Emilienne Tuébou, Madeleine Mbouté et Emmanuel Tchuindjang, respectivement en 1996 et en 1997.

Ainsi, les ambitions concrètes de l'É.É.C. sur la scène internationale étaient loin de se limiter à la sphère du Conseil OEcuménique des Églises. C'est ainsi qu'elle s'est impliquée de manière extraordinaire à la création de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A.).

II- L'ÉGLISE ÉVANGELIQUE DU CAMEROUN, INITIATRICE DE LA COMMUNAUTÉ ÉVANGÉLIQUE D'ACTION APOSTOLIQUE

L'une des fiertés internationales de l'É.É.C. est son initiative en faveur de la création de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A.). Nous reviendrons ici sur le contexte historique de sa naissance, sur les évènements qui ont conduit à sa mise en place et sur la vie de l'É.É.C. au sein de cette Organisation.

118 Rapport officiel d'Upsal, liste des participants p. 428.

119 Henriet Marcel, Briser les barrières, Nairobi, 1975, p. 470 ; De Nairobi à Vancouver, Rapport du Comité Central à la 6ème assemblée du C.O.É., p. 244 ; J. M. Chapuis et R. Beaupère, Rassemblés pour la vie, Rapport officiel de la 6ème assemblée du C.O.É., p. 217 ; De Vancouver à Canberra 1983-1990, p. 377.

120 Henriet Marcel, p. 489 ; J.M. Chapuis, p. 236.

121 Le pasteur Emmanuel Elouti a travaillé dans la Commission Mission et Évangélisation de 1986 à 1998.

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A- Contexte historique de la création de la C.É.V.A.A

Nous sommes aux environs des années 1960, période où plusieurs pays africains accèdent à l'indépendance, mais aussi à l'autonomie de plusieurs jeunes Églises en Afrique et dans le Pacifique. Ce sont également des années où il était parallèlement beaucoup question, dans les États et dans les Églises, d'aider les uns et les autres à gérer leur autonomie. Il était donc question de les accompagner à prendre en main leurs responsabilités, à diriger leurs oeuvres et leurs institutions, à assurer leur développement. Étant donné que la principale mission d'une Église est l'évangélisation, il fallait aider les Églises d'Afrique et du pacifique à entreprendre cette oeuvre.

Ainsi, l'évolution politique des jeunes nations et des jeunes Églises, associée au mouvement oecuménique, appelaient nécessairement des changements de structures dans les missions occidentales et en particulier à la Société des Missions Évangéliques de Paris. En effet, avant 1957, la S.M.É.P. comptait huit champs de mission. De 1957 à 1964, toutes les jeunes Églises de ces huit champs de mission devinrent autonomes comme le décrit le tableau représentatif ci-après :

Tableau n°2 : Liste des Églises du Champ de mission de la S.M.É.P. et leurs années d'autonomie.

Pays

Nom de la jeune Église

Années
d'autonomie

Cameroun

- Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.)

- Union des Églises Baptistes et Évangéliques du
Cameroun (U.É.B.C.)

1957

1957

Madagascar

Église Évangélique de Madagascar

1958

Togo

Église Évangélique du Togo

1959

Nouvelle Calédonie

Église Évangélique de Nouvelle Calédonie

1960

Tahiti

Église Évangélique de Tahiti

1960

Gabon

Église Évangélique du Gabon (E.E.G.)

1961

Zambie

Église Évangélique de Zambie

1964

Source : E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une Église du tiers-monde », p. 153, modifié par ordre chronologique.

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Comme nous pouvons le constater, en 1964, toutes les Églises du champ de mission de la S.M.É.P. étaient devenues autonomes. De ce fait, la question urgente qui se posait était celle

de savoir, ce qu'allait devenir cette société missionnaire, créée pour envoyer les
missionnaires dans les territoires d'Outre-Mer. Autrement dit, fallait-il la dissoudre ou l'orienter vers une nouvelle voie, en mettant en place des nouvelles structures ? Cette préoccupation de l'avenir était d'abord celle de son président Marc Boegner, et ensuite de son directeur Charles Bonzon.

Devant cette situation, les jeunes Églises font entendre leurs voix. A cette interpellation, elles répondent par le biais du pasteur Camerounais Jean Kotto alors Secrétaire Général de l'Église Évangélique du Cameroun, à travers un discours devenu célèbre, et qui est une référence pour la marche vers la création de la C.É.V.A.A.

B- Les événements ayant abouti à la naissance de la C.É.V.A.A.

1) L'appel du Pasteur Jean Kotto

Avant d'analyser l'appel du pasteur Jean Kotto, étudions d'abord sommairement sa biographie.

Jean Kotto est né en 1918 d'un père évangéliste. Il a vécu de 1918 à 1987. Il exerce comme instituteur à l'école des catéchistes de Ndoungué, puis comme professeur au Collège inter-missionnaire de Libamba. Après des études de théologie à Paris, il est consacré pasteur le 17 octobre 1954 et devient enseignant de Théologie à Ndoungué. En 1957, il est simultanément élu premier Secrétaire Général de l'É.É.C. autonome et du Conseil des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun (C.É.B.É.C.). Il demeure Secrétaire Général de l'É.É.C. jusqu'en 1977, année où il est élu Président de cette Église. Il restera à ce poste jusqu'en 1987, année de son décès. Au sein des Organisations oecuméniques, il a occupé les postes ci-après : Président du Conseil d'Administration de la Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé de 1967 à 1987, président de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Cameroun (F.É.M.É.C.) de 1972 à 1987, membre du Conseil de la C.É.V.A.A et du Comité Central du C.O.É. Jean François Zorn qui donne cette brève biographie dans l'Encyclopédie du Protestantisme, le qualifie de « personnalité la plus marquante du protestantisme africain francophone de l'après-guerre de 1939 à 1945 »122. Bien plus, Le

122P.Gisel et L. Kaennel (dir.), Encyclopédie du protestantisme, Quadrige, P.U.F., 2ème édition, 2006 p. 731.

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pasteur Jean Kotto parvient à renouer des liens de l'É.É.C. avec l'ancien partenaire qu'était la Mission de Paris. Parmi les missionnaires français et suisses qui, suivant cet appel, ont été envoyés dans l'Église Bamiléké, il faut noter les noms des pasteurs Gérard Bach à Dschang, Jacques Roehrich et Eugène Porret à Bafoussam.

Photo n°2 : Le Pasteur Jean Kotto, premier Secrétaire Général, artisan des relations internationales de l'É.É.C.

Source : Annexes, J.P. Messina et J. V. Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005.

Plus important encore, en 1964, à l'Assemblée Générale de la S.M.É.P., répondant à la sollicitation au sujet son avenir, Jean Kotto lance un vigoureux appel en faveur de la dissolution de cette structure missionnaire en vue de pouvoir créer une Action Apostolique

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Commune (A.A.C.) aux Africains, Océaniens et Européens. Le but fut atteint en 1971 par la création de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C. É.V.A.A.)123.

Ainsi, à la question de savoir si les jeunes Églises étaient prêtes à participer par certains de leurs membres, pasteurs et laïcs, à des équipes que la S.M.É.P. constituerait en vue d'une Action missionnaire commune, la réaction de tous est positive. Mais Jean Kotto donne à cette question une portée nouvelle. Une action missionnaire commune ? C'est la question qui est posée. La réponse est donnée par l'affirmative. Pour le pasteur, il faut constituer une nouvelle société, un nouvel organisme missionnaire. Avec les Églises d'Europe qui ont soutenu jusqu'alors la Mission de Paris et les jeunes Églises qui, en relation avec elles, sont alors devenues autonomes, elles seraient appelées à concevoir, à élaborer et à mener en commun l'ensemble de leurs activités communes. C'est une communauté nouvelle, intercontinentale, supranationale et supra raciale que le pasteur Jean Kotto souhaite que l'on mette sur pied, à la place de la S.M.É.P. son Assemblée Générale accepte donc ce voeu, à la suite d'un long entretien qui fut parfois très émouvant.

Cet appel est comme un détonateur, comme une graine semée prête à germer, pousser et donner un grand arbre. Par cet acte, le pasteur Kotto oriente les esprits vers des formes nouvelles que pourraient revêtir le service de la S.M.É.P. : l'union de nouveaux labeurs des Église s qui ont soutenu, jusqu'en 1964 la S.M.É.P. et de celles qui sont nées de son action missionnaire dans les pays d'Outre-mer.

2) La phase de sensibilisation à l'Église Évangélique du Cameroun

À son retour au Cameroun, Jean Kotto entame la sensibilisation à l'É.É.C. en général et auprès des pasteurs responsables des paroisses et districts, des présidents des Régions Synodales, des délégués régionaux du Synode Général, des directeurs des oeuvres de témoignage chrétien, en particulier. Dans cette sensibilisation à la base, il reprit l'exposé fait à Paris, l'expliqua et le développa. Puis, le projet fut porté à la connaissance des délégués au Synode Général, organe suprême de décision de l'É.É.C., au cours de sa session de Yaoundé, en février 1965. C'est ainsi qu'après avoir entendu et discuté l'exposé présenté par le pasteur Jean Kotto, le Synode Général adopta à l'unanimité le principe d'une Action Apostolique Commune au niveau de l'Afrique et jusqu'aux extrémités du monde124. Par cette décision importante, l'Église venait de prendre une lourde responsabilité qui l'engageait dans une

123 Encyclopédie du protestantisme, p. 731.

124 J.M.É., janvier 1965, p. 168.

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nouvelle perspective de sa mission au Cameroun, en Afrique et dans le monde entier. Désormais, l'É.É.C. est embarquée dans l'Action missionnaire commune.

Le Synode Général ayant donné le feu vert à engager l'É.É.C. dans l'Action Apostolique Commune, le pasteur Jean Kotto initie une consultation à l'échelon très réduit entre le Gabon et le Cameroun. Elle se tient à Douala les 7 et 8 mai 1965, pour préparer la grande réunion d'étude qui doit se tenir dans la même ville, le 31 octobre jusqu'à la première semaine de novembre.

3) Les différentes consultations

La première consultation se tient à Douala du 24 au 27 octobre 1965 à l'initiative de l'É.É.C. Elle regroupe tous les présidents et les secrétaires généraux issus du travail de la S.M.É.P. ou en étroite collaboration avec elle. Ainsi, les plus hautes autorités des neuf Églises d'Afrique, de Madagascar et du Pacifique s'y retrouvent. Elles sont accueillies à la paroisse du Centenaire de l'É.É.C., pour un service cultuel émouvant. Des séances de travail se succèdent à un rythme rapide, faisant apparaître entre tous les délégués, un accord total sur le principe de l'Action Apostolique Commune.

Le communiqué final montre bien le travail accompli au cours de ces différentes journées. Il indique aussi le sérieux des discussions et les différents stades de la réalisation de ce projet exaltant125. Ce communiqué envisage comme mode d'action :

- une action permanente dans les pays encore non évangélisés ou peu évangélisés ;

- une action temporaire au service des Églises souhaitant qu'un travail d'évangélisation soit entrepris dans leur propre pays.

Dans les deux cas, des équipes multiraciales seraient à l'oeuvre, après avoir été soigneusement formées dans des centres choisis. Cet effort ne se limiterait pas seulement aux pays des jeunes Églises, mais pourrait aussi bien se développer en Europe dans la mesure où les Églises de France ou de Suisse leur feraient appel.

La seconde consultation se tient à Paris le 05 novembre 1965, à la veille de la 138ème assemblée générale. Elle regroupe les présidents et les secrétaires généraux des nouvelles Églises. Sous la présidence de Marc Boegner, un entretien vivant et fraternel aboutit à une acceptation sans réserves du principe de l'Action126.

En présence des résultats positifs de Douala et de Paris, le Comité de la S.M.É.P. décida, dans sa séance du vendredi 05 novembre 1965, qu'une place importante soit faite les jours

125 Semaine Camerounaise, n°98 du 25 décembre 1965, pp. 2 et 4 ; J.M.É., septembre 1965, pp. 238-239. Bibliothèque U.P.A.C. de Yaoundé.

126 J.M.É., décembre 1965, p. 223.

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suivants dans le programme de l'assemblée, à la question de l'Action Apostolique Commune. En 1965, c'est l'engagement des Églises d'Outre-Mer au projet de l'Action Apostolique Commune et le voeu de l'assemblée générale de la S.M.É.P.

En 1966, les Églises de France et de Suisse décident de participer à l'entreprise de l'A.A.C. En effet, l'A.A.C. est à l'ordre du jour du Synode National de l'Église Réformée de France, réunie à Clermont Ferrand, du 31 avril au 02 mai 1966. Au courant de la même année, les autres Églises membres de la Fédération Protestante de France, dans le cadre du Département des relations extérieures, donnent leur accord complet au projet de l'A.A.C. et s'engagent à y participer activement. De leur côté, les équipes de Suisse Romande regroupées dans leur développement missionnaire, adoptent elles aussi une attitude positive.

Toujours en 1966, se tient la seconde consultation préparatoire de l'A.A.C. Cette fois, la rencontre eu lieu à Lomé au Togo du 15 au 18 janvier 1966. Le principe de cette Action étudié et accepté, il faut cette réunion pour donner corps au projet. La consultation de Lomé donna les grandes lignes de la mesure à entreprendre. Elle procède aussi à une première étude du problème d'évangélisation de l'ethnie Fon du Togo.

En 1967, la première équipe de l'A.A.C. se constitue. Ce qui signifie que le projet est arrivé au stade des réalisations concrètes. La première équipe entre en fonction le 22 novembre 1967. Les membres de la commission d'Évangélisation du Sud-Ouest du Dahomey (C.É.S.O.D.)127 résidant au Togo et au Dahomey ont le privilège de présenter les six équipiers de la première opération de l'A.A.C. à l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey128. La première équipe de l'A.A.C. est composée des acteurs suivants :

- Mlle Denyigba du Togo, Animatrice Sociale, célibataire et âgée de 23 ans ;

- M. Matthieu Zinhouin du Dahomey, âgé de 30 ans, marié, appartenant à l'ethnie Fon et Evangéliste de l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey ;

- Mésak Tchakounté, 35 ans, marié et père d'un enfant, licencié en Théologie à la

Faculté de Théologie de Paris et Pasteur à l'Église Évangélique du Cameroun;

- Georges Kelly, 28 ans, Pasteur de l'Église Évangélique de Tahiti, marié et père d'un enfant. Il était parallèlement Animateur de Jeunesse ;

- Pierre Tissot, 50 ans, célibataire, Pasteur de l' Église Réformée de France;

- Ernerst Rakotoarison, 24 ans, célibataire, Instituteur de l'Église Évangélique de Madagascar ;

127 Tel est le nom officiel de l'entreprise d'évangélisation en pays Fon au Dahomey.

128 Protestants Atlantique, mai 1970, p. 2. Bibliothèque U.P.A.C. / Yaoundé.

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- une septième équipière vint en janvier 1968 se joindre aux six autres. Il s'agit de Mlle Marguerite Frey, Infirmière Suisse Alémanique129.

Comme on peut le constater, c'est une équipe multiraciale, intercontinentale et inter ecclésiastique, comme l'avait souhaitée le pasteur Jean Kotto dans son discours d'appel. Bien plus, dans l'équipe se trouve un pasteur Camerounais, Mésak Tchakounté, de l'É.É.C.

4) Le changement de statut de la S.M.É.P. et la naissance de la C.É.V.A.A. a) Projet des structures nouvelles de l'action missionnaire

En novembre 1968, l'assemblée générale de la S.M.É.P. charge son Comité élu en Juin, de préparer les réformes des structures de la Société. Elle prit fin le 31 octobre 1970. Le comité de la Société se réunit de nouveau le 2 novembre 1970. Au cours de cette séance, il étudie la résolution adoptée par l'assemblée, concernant le nom de l'organisme international qui devra remplacer la S.M.É.P. Ainsi, l'expression «Communauté Évangélique d'Action Apostolique» fit son entrée dans l'histoire. La première partie, contenant dix-sept articles est consacrée à la « Communauté Évangélique d'Action Apostolique » et la deuxième partie avec seize articles concerne le « Département Évangélique Français d'Action Apostolique ». L'article 2 du projet énumère les Églises qui ont constitué la C.É.V.A.A., qui sont, et c'est une liste provisoire en début de son existence :

- l'Église Évangélique du Cameroun ;

- l'Union des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun ;

- l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey ;

- les Églises Protestantes de France (Église de la Confession d'Augsbourg, d'Alsace et

de Lorraine, Église Évangélique Luthérienne de la France, l' Église Réformée

d'Alsace et de Lorraine, l'Église Réformée de France, la Fédération des Églises

Évangéliques Baptistes, l'Union Nationale des Églises Réformées Évangélique s

Indépendantes)

- l'Église Évangélique du Gabon ;

- l'Église Évangélique du Lesotho ;

- l'Église de Jésus-Christ à Madagascar ;

- l'Église Évangélique de la Nouvelle Calédonie ;

- l'Église Protestante Évangélique de Polynésie Française ;

- les Églises Suisses Romandes qui ont constitué leur département missionnaire ;

129 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.180.

56

- l'Église Évangélique du Togo ;

- l'Église Évangélique de Zambie130.

Le fait que l'É.É.C. se classe en tête de cette énumération, se justifie par le rôle primordial qu'elle a joué pour l'avènement de la Communauté, surtout à travers le dynamisme de son Secrétaire Général le pasteur Jean Kotto. Après, c'est l'U.É.B.C. Cela rentre dans le même ordre d'idées. Car, au moment de son appel en 1964, le pasteur Jean Kotto était aussi le Secrétaire Général du Conseil des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun (C.É.B.É.C.). Et, c'est cet organisme, qui était en charge de gérer les oeuvres de témoignage chrétiens communes à l'É.É.C et à l'U.É.B.C. Les statuts postérieurs de la Communauté ainsi que les modifications de certains articles, garderont la même disposition, c'est-à-dire, avec l'É.É.C. en tête, suivie de l'U.É.B.C., de la liste des Églises membres de la C.É.V.A.A. Cependant, dans un document datant du 21 au 28 juin 1986 à Maputo au Mozambique, le règlement intérieur de la C.É.V.A.A., mentionne l'Église Protestante Méthodiste au Bénin en tête de liste, suivie respectivement en deuxième et troisième position de l'É.É.C. et de l'U.É.B.C. Pourquoi ce changement ? Etait-ce une tentative d'ignorer le rôle primordial joué par l'É.É.C. dans la création de la Communauté ? Selon Emmanuel Tchuindjang, cela pourrait se justifier par le fait qu'à l'époque de la rédaction de ce document, c'est un Béninois de l'É.P.B.M., en la personne de Samuel Aklé, qui était l'un des secrétaires de la C.É.V.A.A., en charge de l'échange des personnes131.

Le nouvel organisme missionnaire en gestation qu'était la C.É.V.A.A s'attribuait donc quelques tâches qui sont consignées à l'article 6132 du projet de structures nouvelles de l'Action Missionnaire. Il est dit que la a C.É.V.A.A a une triple responsabilité :

a) mener une réflexion continue sur la signification de l'Évangile et sur la mission de l'Église, établir une politique générale d'action apostolique et assurer une unité d'action ;

b) établir la liste des tâches qui seront prises en charge en tenant compte d'une part des demandes et des besoins exprimés par chaque Église ou organisme, d'autre part des ressources disponibles en Hommes et en argent ;

c) décider des voies et moyens de l'exécution de ces tâches, soit en les confiant à des Églises ou organismes, soit en les prenant elle-même en charge, et veiller à leur réalisation.

130 J.M.É., août-septembre 1971, p.180. U.P.A.C. / Yaoundé.

131 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p. 182.

132 J.M.É., août-septembre 1971, p. 191.

57

Ce sont là les lignes directrices de l'Action missionnaire de la nouvelle Communauté qui remplacera la S.M.É.P.

La deuxième partie du projet de structures nouvelles de l'Action missionnaire fut consacrée au Département Évangélique Français d'Action Apostolique (D.É.F.A.P.). Comme on peut le constater par le projet de structures nouvelles de l'Action missionnaire, ce sont deux organismes qui se sont mis sur pieds. L'un international, dénommé Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A), l'autre national Français, le D.É.F.A.P. Le projet précisa la nature et la fonction de ce dernier. La nécessité de créer cet organisme français émana du fait que l'idée en cours dans les milieux oecuméniques dont les Églises françaises étaient imprégnées, était l'intégration de la Mission dans l'Église. En bref, dans ce projet, le D.E.F.A.P apparut en gros comme l'organe qui poursuivrait dans les Églises de France, l'oeuvre de la S.M.É.P., en liaison avec la C.É.V.A.A. Aujourd'hui, on aime bien présenter le D.É.F.A.P. en France comme le Service Protestant de la Mission et des relations internationales.

b) Dissolution de la S.M.É.P. et création de la C.É.V.A.A.

Le 30 novembre 1971, le glas sonna pour la S.M.É.P. Sa dissolution est prononcée lors de sa 143ème et dernière Assemblée Générale. Son dernier président, Jean Courvoisier, la reconnaît en ces propos : « Dans l'histoire contemporaine du protestantisme de langue française, une grande dame s'efface aujourd'hui : la Société des Missions Évangéliques de Paris qui, constituée à Paris le 04 novembre 1822, aurait eu dans douze mois et cinq jours, 150 ans133 ». À partir de ce moment, la S.M.É.P. se prolongea dans un organisme français, le D.É.F.A.P., et donna naissance à un organisme international, la C.É.V.A.A. Faisant un témoignage à ce sujet, Maurice Pont, directeur de la S.M.É.P., nommé un an auparavant, en remplacement de Charles Bonzon dira : « Il n'y a ni mort, ni disparition, mais transformation et renouvellement »134. Comme pour dire, qu'il y a dans la dissolution de la S.M.É.P., une continuité et une nouveauté. Ce qui se poursuit, c'est le D.É.F.A.P, service protestant de mission et de relations internationales, qui poursuivra dans les Églises de France l'oeuvre de la S.M.É.P., en liaison avec la C.É.V.A.A. Ce qui est nouveau, c'est la C.É.V.A.A, dont le premier secrétaire général, le malgache Victor Rakotoarimanana, donne un aperçu de ses activités et des Églises qui la composent en ces termes :

La C.É.V.A.A est une communauté d'Églises ayant chacune son autonomie, son identité, sa situation particulière. Mais, dans cette diversité, toutes ces Églises ont accepté délibérément de

133 J.M.É., octobre, novembre et décembre 1971, p.199. 134Ibid, p. 194.

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marcher ensemble, de s'engager ensemble pour la cause de l' Évangile et pour annoncer le salut d'aujourd'hui135.

C'est ainsi que la structure missionnaire dont rêva le pasteur Jean Kotto, secrétaire général de l'É.É.C., dans son appel de 1964, devint une réalité par la naissance de la C.É.V.A.A. L'idée de base de la C.É.V.A.A. était donc : « Par le partage, aider les Églises de plusieurs continents à mieux vivre et témoigner leur foi chrétienne dans notre monde d'aujourd'hui »136. Celle-ci regroupe actuellement 35 Églises protestantes réparties dans 24 pays en Afrique, en Amérique Latine, en Europe, dans l'Océan Indien et dans le Pacifique137.

C- La vie de l'É.É.C. au sein de la C.É.V.A.A.

Les statuts adoptés dans la C.É.V.A.A. mentionnent l'É.É.C. en tête de la liste des Églises qui ont institué la Communauté des Églises membres138. La présence de l'É.É.C. au sein de cette Communauté va se faire ressentir.

1) Les responsabilités assumées par les fidèles et membres au sein de la C.É.V.A.A.

Le Secrétaire Général de l'É.É.C., le pasteur Jean Kotto a été membre du Conseil de la Communauté. Paul Soppo Priso, un laïc très engagé de l'É.É.C., décédé le 25 mai 1996 à Paris, a été pendant douze ans, membre de la Commission Financière de la C.É.V.A.A. Le pasteur Charles Emmanuel Njiké, Président Général de l'É.É.C. de 1992 à 1998, âgé de 65 ans, a assuré la présidence de cette Organisation durant un mandat, c'est-à-dire de 1993 à 1996. Il avait été élu à l'issue de son conseil annuel tenu à Tahiti en Polynésie Française du 21 juin au 2 juillet 1993. Cette nomination a fait un grand écho dans la presse, puisque, depuis la création de la C.É.V.A.A. en 1971, c'est la première fois qu'un Africain occupe ce poste. L'hebdomadaire Protestant Le christianisme au XXè siècle consacre, dans sa parution du 31 octobre au 6 novembre 1993, deux de ses précieuses pages139 à une interview au pasteur Charles Emmanuel Njiké. Ce journal rapporte l'événement même avec un titre frôlant la publicité : « Grande première à la C.É.V.A.A : son président est Africain! ». De même, le journal L'Appel, organe International d'information et d'expression de l'Église Évangélique du Cameroun, à la une de son numéro Double 25-26 de juin septembre 1993 titre : « C.É.V.A.A : Un Tiers-Mondiste au fauteuil! ».

135 V. Rakotoarimanana, " La communauté et son espérance" in J.M.É., n° 7, 8 et 9, 1974, p. 7. 136La CEVAA Pourquoi faire ?, p. 3.

137www.cevaa.org. Consulté le 26 janvier 2015.

138 J.M.É., octobre, novembre et décembre 1971, p. 227.

139 Le christianisme au XXè siècle, n°422, 31 octobre-2 novembre 1993, pp. 6-7. Archives Michel Ngapet.

59

Bien plus, l'É.É.C. accueille la réunion du comité exécutif, puis du conseil de la C.É.V.A.A., au Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun du 18 juin au 1er juillet 1995. Au cours de ses assises, le Président de la C.É.V.A.A., le pasteur Charles Emmanuel Njiké exhorta les délégués à ne pas perdre de vue les impératifs de la devise de la Communauté à savoir : témoigner, servir, partager140.

La participation des femmes de l'É.É.C. au sein de cette Communauté n'est pas en reste. En effet, une délégation des femmes du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C., a pris part au lancement officiel de la caravane des femmes pour la paix, organisée par la C.É.V.A.A, à Marrakech au Maroc, le 25 mai 2006. Cette caravane a séjourné en terre camerounaise du 13 au 31 octobre 2007, et est accueillie par les Églises locales membres de la C. É.V.A.A., dont l'É.É.C. L'étape du Cameroun a pour thème : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14 : 27)141.

En ce qui concerne la vie financière de l'É.É.C. à la C.É.V.A.A., le tableau ci-après indique sa participation financière. Dans ce tableau sont mentionnées les subventions que l'É.É.C. a reçues de la C.É.V.A.A. La participation, c'est pour le budget de la Communauté. Quant aux subventions, elles sont destinées à la formation, aux groupes, au traitement des ouvriers et autres, ainsi qu'au fonctionnement.

140 CEVAA Infos, n°20, juillet 1995, p.7. U.P.A.C. / Yaoundé.

141 L'Appel n°29, juillet-décembre 2007, p.51.

60

Tableau n°3 : Participation financière et subventions reçues par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. de 1977 à 1990.

Années

Budget (recettes versées par
l'É.É.C. à la C.É.V.A.A.) en
francs CFA

Subventions en
francs CFA

Sources

1977

150 000

-

J.M.É., 1979, supplément

n°12, p.30.

1978

150 000

-

J.M.É., 1979, p.30.

1979

200 000

-

J.M.É., 1979, supplément n°4, p.30.

1980

-

764 0040

J.M.É., 1979, p.31

1981

200 0000

1 102 630

J.M.É., 1980, supplément n°4, p. 40.

1982

200 000

1 226 390

J.M.É., 1981, p.18.

1990

200 000

1 137 140

J.M.É., décembre 1989, n°5,

p.65, p. 18.

Ce tableau est donné à titre indicatif, juste dans le but de montrer que l'É.É.C. a été active dans la vie financière de la C.É.V.A.A. Les espaces vides signifient que les chiffrent qui devraient se trouver ne sont pas mentionnés par ces journaux.

2) La participation de l'É.É.C. dans les champs d'action de la C.É.V.A.A.

La C.É.V.A.A. intervient aujourd'hui dans plusieurs domaines d'activités au rang desquels :

- l'animation théologique : la parole de Dieu au peuple de Dieu ;

- la formation des cadres de l'Église ;

- l'échange de personnes entre les Églises membres ;

- la communication et l'information : aider les Églises membres à mieux communiquer ; - la justice et les droits de l'homme.

L'échange de personnes entre les Églises membres de la C.É.V.A.A. est effectivement vécu dans le cas de l'É.É.C. Ainsi, la C.É.V.A.A., par l'intermédiaire du D.É.F.A.P., a eu à envoyer et continue d'envoyer des Coopérants de Service National (C.S.N.) ; des Volontaires

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d'Aide Technique (V.A.T.) dans les Églises partenaires. Ces envoyés sont : les enseignants, les théologiens, les médecins, les gestionnaires, les agronomes, les techniciens, les animateurs, les formateurs, etc. Il y a aussi l'échange de personnes en groupe, des voyages de quelques semaines. Certains de ces voyages s'inscrivent encore dans le modèle Nord-Sud, puisque c'étaient des voyages sans réciprocité. D'autres ont été des voyages Sud-Sud. L'É.É.C. a reçu plusieurs de ces envoyés comme le récapitule le tableau ci-après:

Tableau n°4: Liste de quelques envoyés de la C.E.V.A.A. à l'E.E.C. de 1986 à 1993.

Envoyés

Qualité

Structures d'accueil

Années

Etienne Lebbois

Enseignant

Collège Evangélique Thomas Noutong de Bangangté

1986

Isabelle Slienger

Enseignant

Collège Evangélique Thomas Noutong de Bangangté

1986

Nicolas Thérond

Enseignant

Collège Protestant de Ndoungué

1986

M. et Mme Aurenche

Enseignants

Collège Alfred Saker de Douala

1993

M. et Mme Landry

Médecins

Hôpital Protestant de Bangwa

1993

Source : compilation d'informations du J.M.É. et de L'Appel de 1987 à 1993.

La liste est loin d'être exhaustive, elle est mentionnée ici à titre indicatif.

On peut noter les voyages avec réciprocité comme celui du groupe des jeunes de l'Église Réformée de France basée à Charente, à l'É.É.C. en 1985, le camp Franco-Camerounais de 1996-1997, où 23 jeunes et 8 adultes de l'Église Réformée de Nice se sont rendus au Cameroun, dans le cadre d'un échange sous forme de camp de travail, parrainé par la C.É.V.A.A. et le D.É.F.A.P.142

En somme, la présence de l'É.É.C. demeure active au sein de la C.É.V.A.A. Comme l'avait si bien déclaré le pasteur Charles Emmanuel Njiké, « l'idée de la C.É.V.A.A. n'est pas née en France, mais bien au Cameroun, au sein de l'Église Évangélique de ce pays »143. Elle y est profondément active, ainsi qu'au sein de son pendant allemand qu'est la Mission Évangélique Unie.

142 Mission, Mensuel Protestant de Mission et de Relations Internationales, n°67, 15 janvier 1995, p. 7. 143Le christianisme au XXè siècle, p.6.

62

III- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DE LA MISSION ÉVANGÉLIQUE UNIE (M.É.U.)

La Mission Évangélique Unie (M.É.U.) est la traduction en Français du sigle Allemand V.E.M., qui est l'abréviation de « Vereinigte Evangelische Mission » et qui se traduit en Anglais « United Evangelical Mission ». Comme la C.É.V.A.A., la M.É.U. est une Communauté d'Églises en mission. La M.É.U. ou V.E.M. est donc la version Allemande de la C.É.V.A.A. Nous étudierons dans cette partie, la naissance et l'évolution de la M.É.U, la vie de l'É.É.C en son sein et ses oeuvres dans cette Église.

A- Naissance et évolution de la M.É.U.

La M.É.U. est le résultat de la fusion de la Mission Rhénane avec la Mission de Bethel en Allemagne. Cette fusion s'est produite en 1971. La M.É.U. fut constituée par des Églises autonomes et ses anciens territoires missionnaires, qui devinrent donc des Églises partenaires dans la mission. La M.É.U. peut alors être considérée à juste titre, comme la C.É.V.A.A, version allemande. En effet, ces deux organismes se sont constitués la même année et leurs partenaires sont des Églises autonomes des territoires missionnaires d'autrefois et les Églises d'envoi de ces missions. En 1971, le concept « Unis en Mission » fait son apparition et est amorcé. Mais, ce n'est qu'en 1978, à l'occasion du 150ème anniversaire de la Mission Rhénane, que les délégués de toutes les Églises partenaires déjà enregistrées, se réunissent à Béthel/Bielefeld. Ils y adoptent le programme « Unis en Mission ». Son objectif est de permettre aux Églises partenaires de « Croître ensemble » 144 pour une communion oecuménique.

De 1978 à 1988, un comité de continuation planifie un certain nombre de programmes destinés à intensifier la coopération théologique, financière et l'échange du personnel entre les Églises partenaires. En 1988, à Mülheim en Allemagne, à l'occasion d'une autre consultation, un autre comité « Unis en Mission » est élu. Ce comité a pour tâche de formuler des suggestions concrètes pour les nouvelles structures de coopération entre les Églises145. En 1993, fut adopté unanimement la nouvelle constitution au Botswana. Enfin, en 1996 à Béthel, la M.É.U. est transformée en Communauté Internationale d'Églises. Les pays partenaires sont : la Namibie, le Botswana, la Tanzanie, le Rwanda, le Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), l'Indonésie, Hongkong, la Chine, le Sri Lanka, les Philippines, l'Allemagne et le Cameroun. Comme on peut le constater, ces pays sont répartis sur trois

144 Rapport Assemblée Générale, V.E.M., 1996, p.12.

145 Ibid.

63

continents à savoir : l'Afrique, l'Asie et l'Europe. La carte qu'a dressée la M.É.U. et qui montre la situation géographique de ses Églises partenaires se présente la manière suivante :

Carte : Répartition mondiale Églises membres de la M.É.U/V.E.M.

0 100 km

O

S

E

Source : Agenda Vereint Zur Mission (Unis en Mission), 1993.

Trente-trois Églises sont membres de la M.É.U. La répartition générale par continent est la suivante : quatorze Églises en Asie, treize Églises en Afrique et six Églises installées en Allemagne.

B- Vision, objectifs, programmes et projets de la M.É.U.

1) Vision de la M.É.U.

Bien avant, la mission était à sens unique : les pays du Nord vers les pays du Sud. Par la suite, la maturité des Églises d'Afrique et d'Asie amène la M.É.U. à revoir l'idée de « Mission ». Unis en Mission, dont le siège est à Wuppertal, en République Fédérale d'Allemagne, regroupe les chrétiens en route vers une nouvelle Communauté, dans le cadre du partenariat et de l'ouverture oecuménique.

64

La vision de la V.E.M. consiste en un changement de forme dans les relations de donateurs et de bénéficiaires, qui deviennent alors des partenaires dans un réseau mondial d'Églises. Désormais, toutes ces Églises prennent part à la mission commune de Dieu. Cette vision aboutit au constat selon lequel un organe international assurera la responsabilité de la Mission, qui jadis, était uniquement celle des sociétés missionnaires d'un pays du Nord, l'Allemagne.

2) Objectifs de la M.É.U.

Les objectifs de la M.É.U. sont exposés par son président, le Révérend Docteur Ulrich Beyer :

Toutes les trente-trois Églises de la V.E.M., plus l'Institut Von Bodelswingh de Bethel visent : une croissance commune pour devenir une Communauté servant la Mission de Dieu dans le monde : en partageant les responsabilités dans la conception de programmes, les prises de décisions et la réalisation de ceux-ci. Chacun des partenaires a des qualités à offrir et des besoins à satisfaire. A travers ce partage des potentialités et des nécessités, nous grandiront ensemble pour former une Communauté de partage, dans laquelle nous apprendrons à nous entraider dans notre mission commune. Chacun avec ses dons et ses facultés, accordés par Dieu à chacun d'entre nous en ce

146

moment précis.

Ainsi, les Églises partenaires de la M.É.U. s'engagent dans une Communauté Unie dans l'adoration, la connaissance et le service.

3) Les programmes de la M.É.U. et leur mise en exécution Ils consistent à assurer la mise en oeuvre des aspects :

- les programmes de visite réciproque, comme témoignage de l'unité en Christ et aussi comme moyen de témoignage de la foi de la Communauté aux autres ; comme moyen d'apprécier sa propre mission à travers l'engagement des Églises visitées ; comme moyen de partager avec les autres, différents dons et charismes reçus de Dieu ; comme moyen de s'inciter et de s'encourager à mieux s'appliquer à la tâche missionnaire ;

- l'échange d'expériences en tant que moyen d'étendre ses horizons ; de découvrir des solutions locales aux problèmes locaux ; de se corriger mutuellement dans un climat de fraternité, sans complexe aucun ;

- l'échange de personnel Sud-Sud, dans la perspective de la recherche de l'expérience du personnel Nord-Sud, Sud-Nord ; de rapprocher davantage les collaborateurs du contexte dans lequel ils sont appelés à oeuvrer, et par là, de faciliter la recherche des

146 Unis en Mission n°1, juin 1993, p. 3.

65

solutions plus adaptées ; d'une nouvelle forme de collaboration entre les collaborateurs du Nord et du Sud, en tant qu'envoyés d'une même mission ;

- les jumelages sont encouragés au sein de la M.É.U., comme expression de la volonté d'entretenir des relations de partenariat entre ses Église s membres.

En résumé, la M.É.U. est une communauté d'Églises partenaires dans la Mission, qui se sont engagées à croître ensemble pour former une Communauté Unie dans l'adoration, la connaissance et le service ; à partager leurs dons, leurs visions et leurs responsabilités ; à appeler les femmes et les hommes à la repentance et à la vie nouvelle, à témoigner du royaume de Dieu en luttant pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création.

C- La vie de l'É.É.C. au sein de la Mission Évangélique Unie

L'Église Évangélique du Cameroun est un vieux membre de la M.É.U.147. Les premiers contacts de l'É.É.C. avec cette Communauté se seraient produits après 1975, année où l'Église Évangélique de Westphalie en Allemagne, membre de la M.É.U/ V.E.M., commence à entretenir des relations avec l'É.É.C. A cet effet, une délégation allemande, conduite par l'Evêque Thimme, alors Président de cette Église, se rend en visite à l'É.É.C. Les rapports de l'É.É.C. avec cette Église seront évoqués au chapitre suivant.

La première consultation de la M.É.U. à laquelle participe pour la première fois une délégation de l'É.É.C., est la consultation francophone de la M.É.U. à Goma en ex-Zaïre (actuel République Démocratique du Congo), du 24 au 27 février 1992. Les délégués officiels de l'É.É.C. sont : Samuel Kondji, Trésorier Général de l'É.É.C. de cette époque et le Pasteur Emmanuel Ouafo, alors président de la Région Synodale de la Mifi à Bafoussam. A cette rencontre, on projette une autre consultation qui va se tenir au Cameroun en 1993. Elle se tient effectivement du 25 février au 6 mars 1993 à Mbouo-Bandjoun. Bien plus, la configuration de la M.É.U. se précise avec treize Églises membres en Afrique, dont le Cameroun ; quatorze en Asie et six en Allemagne148.

Après l'adoption en 1993 au Botswana de la nouvelle constitution de la M.É.U., l'É.É.C. concrétise son adhésion aux principes et aux programmes de cette Communauté d'Églises partenaires dans la mission. Elle le fait, en ratifiant ses statuts le 3 février 1995, lors du 39ème Synode Général à Bafang149.

La présence de l'É.É.C. dans les responsabilités au sein de la M.É.U., des visites et consultations se présente ainsi qu'il suit :

147 L'Appel n°33, mars 1995, p. 25.

148 L'Appel n°38, août 1995, pp. 26-27.

149 Ibid.

66

- Madame Madeleine Tiki Koum, présidente du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C. a été membre du Comité Exécutif ;

- le pasteur Sadrack Djiokou y a été délégué des jeunes et plus tard Secrétaire Exécutif, région Afrique de la M.É.U., et responsable du projet Évaluation Générale de l'É.É.C. ;

- l'É.É.C. a droit, compte tenu du nombre de ses membres, à deux délégués aux rencontres et consultations. A l'Assemblée Générale de juin 1996, y assistent, du côté de l'É.É.C. le Président, le pasteur Charles Emmanuel Njiké, les pasteurs Jean Samuel Hendjé Toya, comme deuxième délégué, Sadrack Djiokou, et Mme Madeleine Tiki Koum.

À la consultation régionale, zone Afrique reçue par l'É.É.C. à Douala du 20 au 25 mars 1995, les participants de l'É.É.C. sont : les pasteurs Charles E. Njiké, Jean Samuel Hendje Toya, et M. Samuel Kondji ; l'un des trois membres du bureau de cette consultation, Madeleine Tiki Koum et Pascal Fossouo, secrétaire du bureau.

À la consultation de Bukobo en Tanzanie du 14 au 19 mars 1996, le Pasteur Hendje Toya est élu Coordonnateur Régional de la M.É.U., avec résidence à Kigali au Rwanda150.

L'É.É.C. a abrité du 31 mars au 4 avril 1995 le Comité Exécutif de la M.É.U et la conférence régionale Africaine de cette organisation. Deux grandes rencontres riches et fructueuses qui ont permis aux divers délégués d'Afrique, d'Asie et d'Allemagne présents à ces assises, d'étudier ensemble la nouvelle vision du travail de partenariat, les échanges de collaborateurs entre Églises et les projets missionnaires communs qu'ils envisagent. Des moments intenses de partage présidés par le Secrétaire Exécutif du Département Afrique de la Mission Évangélique Unie, le Dr. Kakule Molo151.

Le Groupe de Travail des femmes (G.T.F.) de la M.É.U est une réalité au sein de l'É.É.C. Il est engagé à fond dans le programme Justice, Paix et Sauvegarde de la Création. Ce groupe a à son actif, le séminaire international qui a eu lieu à Batié (Ouest-Cameroun) en Janvier 1997 sur le thème "Églises et Droits de l'Homme, rites de veuvage au Cameroun". Cet événement a été un succès grâce à la participation des femmes, de leurs témoignages et de la qualité des exposés152.

150 M. Tiki Koum, "Assemblée Générale " de la V.E.M. / Unis en Mission, 2-9 juin 1996 à Bethel en Allemagne, in L'Appel, n° Spécial, juillet 1996, p.22.

151 Ibid n°35, mai 1995, p. 7.

152 C. Modi Din, "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", in L'Appel, n° spécial, 43ème Synode Général, 1999, p. 27.

67

La M.É.U, fidèle à sa vocation de partage dans le cadre du partenariat, a organisé du 18 août au 17 septembre 2006 un stage linguistique au Centre Linguistique de Bamenda dans le Nord-Ouest du Cameroun153. En outre, l'É.É.C. a été représentée, en 2007, à un séminaire de formation sur le journalisme à l'endroit des correspondants du bulletin "Echo de la mission", organisé par la M.É.U. / Région Afrique, à Dar-es-Salaam en Tanzanie, Afrique de l'Est154.

L'É.É.C. a déjà eu à exécuter plusieurs programmes de la M.É.U. C'est le cas de la solidarité avec la Rwanda lors du génocide de 1994. En effet, une somme de trois millions de francs CFA155 en faveur de ce pays a été collectée en 1994. Ce qui a valu à l'É.É.C., à travers son Président, le Pasteur Charles E. Njiké, une salve d'applaudissements, lors de l'Assemblée Générale des hauts responsables des Églises d'Allemagne en conclave avec le Comité Unis en Mission à Béthel en novembre 1994156. Ceci s'est passé, à la suite du rapport du président qui a évoqué cette solidarité avec la Rwanda.

En plus, l'É.É.C. participe financièrement au fonctionnement de la M.É.U. Ceci peut se justifier par la lecture d'une requête de l'É.É.C. en 1996, qui exhorte son Président Général de négocier à la baisse le pourcentage de sa participation au fonctionnement de la M.É.U., compte tenu de ses difficultés financières157.

D- Les oeuvres de la M.É.U. dans l'É.É.C.

La M.É.U. a aidé à la construction de plusieurs temples de l'É.É.C., surtout dans le Nord Cameroun. On peut citer le temple Martin Luther de Garoua, les temples de Ngaoundéré et de Garoua, etc. Elle s'est également impliquée dans la construction de l'Institut Supérieur de Théologie Protestante de Ndoungué, de la case de passage à la Direction Générale de l'É.É.C. à Douala-Akwa. Elle a surtout aidé au financement de l'É.É.C. à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (C.N.P.S.). De même, elle est intervenue au Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au Développement (C.A.F.R.A.D.) basé à Douala. Elle a fourni du matériel didactique pour le développement du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes.

Avec la M.É.U., on a assisté au démarrage des échanges Sud-Sud entres les pasteurs, les femmes, les jeunes et autres mouvements.

153 C. Modi Din, "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", in L'Appel, n° spécial, 43ème Synode Général, 1999, p. 27.

154 L'Appel, n°26-27, mars 2007, p. 45.

155 Lettre de remerciement adressée au 13 Régions Synodales de l'É.É.C. par le Président Général, le pasteur C.E. Njiké, in L'Appel n°31/32, décembre-janvier 1995, p.3.

156 L'Appel n°33, mars 1995, p. 24.

157 L'Appel n°2, avril 1996, p.8.

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La M.É.U. soutient également financièrement l'É.É.C. C'est ainsi qu'elle a accordé en 2007, une aide ponctuelle aux ouvriers de petits revenus, comme l'indique la résolution 2007/35 du 51èmeSynode Général de l'É.É.C., portant Remerciement à la M.É.U.158.

Tout ceci montre que, l'É.É.C. est entrée entièrement dans la M.É.U. Cette Communauté internationale d'Églises unies dans la solidarité, le partage et l'échange, dans le strict respect de chaque partenaire. A travers la M.É.U., l'É.É.C. est devenue une Église missionnaire dans le monde, en partenariat avec les Églises du Nord et du Sud.

Au demeurant l'É.É.C., est membre des organisations oecuméniques internationales comme le C.O.É., la C.É.V.A.A. et la M.É.U. Qu'en-est-il de son action sur le continent Africain ?

IV- LA COOPÉRATION OECUMÉNIQUE CONTINENTALE : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE CONSTITUANT DE LA

CONFÉRENCE DES ÉGLISES DE TOUTE L'AFRIQUE (C.É.T.A.)

La C.É.T.A. est une organisation oecuménique Africaine, née dans un contexte spécifique en Afrique et à laquelle fait partie l'É.É.C.

A- Contexte historique de création de la C.É.T.A.

À la création de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique, le climat politique sur le continent en général et dans l'Afrique au Sud du Sahara en particulier est marqué par les processus de décolonisation. En effet, dès mars 1957, le Ghana avait obtenu son indépendance. À cette époque, il était clair, qu'avec la montée des nationalismes, le Ghana devait constituer la tête de file des autres territoires qui ployaient encore sous le joug de la colonisation. Une ère nouvelle s'ouvre alors en Afrique Subsaharienne sur le plan politique. Ainsi, au fur et à mesure que les nouveaux États naissent, ils vont chercher à devenir membres des Nations Unies, à prendre une place dans le concert des Nations et à assurer leurs responsabilités dans l'organisation de leurs affaires.

Dans l'Église en Afrique, les grandes espérances et promesses ne sont pas seulement politiques. A l'intérieur des Églises, il y a aussi de profonds mouvements. Les longues années de direction missionnaire ont permis d'établir des Églises dans différents pays d'Afrique, mais aussi de préparer des responsables nationaux, capables de continuer la tâche, selon une démarche qui devait refléter la contribution que l'Afrique pouvait apporter à l'héritage de

158 L'Appel .n°028, avril-juin 2007, p.30.

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l'Église universelle. On recherche avec assiduité les occasions d'un authentique partage du fardeau des responsabilités et d'une démonstration de la maturité de beaucoup d' Églises.

Ainsi, dans ce climat d'attente, il était de bon ton que les Églises se rassemblassent, pour se découvrir mutuellement, partager leurs expériences et leurs espérances, dresser une stratégie commune, mais aussi se remettre en question compte tenu de nombreuses étiquettes dues aux divisions et aux particularismes159. C'est l'idée à la base de ce qui va devenir la Conférence des Églises de Toute l'Afrique. Cette communauté oecuménique continentale qui réunit aujourd'hui plus de 120 millions de chrétiens africains, de 174 Églises nationales et conseils régionaux. C'est l'une des organisations régionales du Conseil OEcuménique des Églises160.

B- De l'idée à la création de la C.É.T.A. : la conférence préparatoire d'Ibadan, 1958.

C'est en 1955 que l'idée d'une organisation regroupant toutes les Églises d'Afrique vient à l'esprit d'un jeune professeur Luthérien de Tanzanie, Joseph Kibéra161. L'idée du choix du Nigéria pour abriter cette première rencontre préparatoire ressort du discours d'ouverture de Sir Francis Ibiam162. Il déclare ceci :

Grâce à Dieu et à l'hospitalité de l' Église Presbytérienne du Canada, ma femme et moi avons pu visiter le Canada de septembre à novembre 1956. Et c'est là que j'entendis pour la première fois parler d'un projet de conférence de toutes les Église s africaines, qui serait tenue quelque part en Afrique. Le Dr. Georges W. Carpenter, secrétaire du Conseil International des Missions à New-York, me consulta à ce sujet et me demanda si la conférence pourrait avoir lieu dans le Nigéria. Je répondis oui et dis que le conseil chrétien du Nigéria serait heureux de recevoir cette conférence. Une invitation en règle fut faite plus tard au Conseil International des Missions. Et, c'est pourquoi par la grâce de Dieu, nous sommes tous ici aujourd'hui163.

À travers cet extrait du discours de Sir Francis Ibiam, nous saisissons un pan de l'histoire du choix du Nigéria comme pays devant abriter la première conférence des Églises d'Afrique.

La conférence se tient du 11 au 18 janvier 1958 à Ibadan au Nigéria. Elle regroupe deux cents représentants des Églises provenant de 25 pays d'Afrique. Ils y discutent de l'unité de l'Église et d'autres défis de l'Afrique du moment. C'est pour la première fois qu'une conférence des Églises d'Afrique a une grande influence sur l'Église en Afrique. Ici, pour la

159 Rapport du secrétaire général de la C.É.T.A., in Engagement, Rapport officiel de la 2ème Assemblée Générale de la C.É.T.A à Abidjan du 1er au 12 septembre 1969, p. 16. U.P.A.C. / Yaoundé.

160 fr.wikipédia.org/wiki/CETA, consulté le 20 février 2015.

161 Il eut cette vision après le succès enregistré par la conférence générale des Églises Luthériennes d'Afrique à Maranga en cette même année 1955. Le succès de cet événement lui fit penser que le moment était venu d'organiser une rencontre générale de toutes les Églises protestantes Africaines.

162 Sir Francis Ibiam était le Proviseur de Hope Waddel Training Institution de Calabar au Nigéria. C'est lui qui présida cette première conférence des Églises africaines. Lorsque la résolution fut prise à la fin de la conférence de constituer un comité provisoire pour pérenniser les fruits de celle-ci, il figura par les dix membres.

163Ibadan : conférence des Églises d'Afrique, Paris, boulevard Arago, 1958, p. 10.

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première fois, l'Église en Afrique trouve sa voix, en ce sens que la conférence fut dominée par les délégués Africains. Cela se passe ainsi car, la conférence avait été convoquée dans le but exprès de fournir aux chefs des Églises Africaines l'occasion de s'exprimer sur les problèmes de l'Église164. A cette rencontre, on relève la présence de vingt-cinq territoires africains. Les délégués viennent des territoires suivants : Angola, Congo-Belge, Cameroun, Égypte, Éthiopie, Afrique Équatoriale Française, Gambie, Ghana, Côte d'Ivoire, Kenya, Togo, Lesotho, Libéria, Madagascar, Mozambique, Nigéria, Nyassaland, Rhodésie du Nord, Rhodésie du Sud, Sénégal, Soudan, Tanganyika, Ouganda165. Ce sont les délégués des Églises de ces pays qui participent à la conférence. Certaines Églises à l'instar l'Église Évangélique du Cameroun sont déjà autonomes, d'autres ne le sont pas encore. Les participants et les invités à la conférence sont limités à deux cents. En fin de compte, ils sont cent quatre vingt neuf166. On a ainsi pu enregistrer :

- 96 représentants de membres d'Églises en Afrique dont 74 Africains, 16 Africaines et 6 européens représentant les Églises « Blanches » d'Afrique du Sud ;

- 48 missionnaires des pays non Africains dont 46 blancs, un noir et un Asiatique ;

- 45 membres du personnel, consultants et visiteurs d'Europe et d'Amérique et Nord, dont 5 noirs, 6 asiatiques assistants en tant que délégués fraternels de l'Assemblée du Ghana.

La conférence compte 96 Africains, 92 Européens et 7 Asiatiques. Ceci concorde avec l'intention primitive du comité d'organisation qui a insisté, avant l'envoi des invitations que la moitié des délégués soit des représentants d'Église s africaines. C'est ce qui a fait dire à Kampala en 1963, que la conférence d'Ibadan était la réunion la plus représentative des chrétiens africains.

En plus du message adressé aux Églises d'Afrique, on formule de toutes parts le voeu ardent que les résolutions de cette conférence ne se fondent pas et que se maintienne l'esprit fraternel qui y a régné. D'autres conférences aussi sont prévues. Mais, le désir de maintenir un lien entre les différentes régions et Églises fut exprimé167. Pour donner vie à ce voeu, la conférence décide de la création d'un comité de continuation et d'un secrétariat général ou de l'un d'eux seulement168. La tâche principale de ce comité de continuation consiste à ouvrir la voie, préparer le terrain et semer les graines qui s'épanouiraient en une floraison d'Église s

164 Conférence de Kampala, 1963, conférence des Églises de Toute l'Afrique Kit we (Zambie), p.5.

165Ibadan : Conférence des Églises d'Afrique, 1958, p.9.

166Ibid, p.7.

167Ibadan, 1958, p. 9.

168Ibid, p.22.

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chrétiennes et autres organismes, forts et coopérants, soucieux de témoigner Christ en Afrique, et témoins vivants de l'unité du Christ en Afrique.

Pour les délégués présents, il est clair qu'Ibadan est le commencement et non une fin en soi. Ils quittent Ibadan, le regard tourné vers l'avenir. Chacun rentre dans son propre pays en entrevoyant la possibilité d'une coopération et d'une unité plus grande.

Avec le comité provisoire169 qui est constitué pour maintenir le lien fraternel entre les différentes Églises d'Afrique, la voie est tracée pour la création d'un organisme permanent de travail commun entre les Églises d'Afrique. Ce comité, constitué pour continuer les travaux d'Ibadan, a été actif pendant les cinq ans de son mandat : tour d'horizon de la recherche théologique en Afrique, études sur les changements sociaux rapides, assemblée de cinq jeunes à Nairobi au Kenya pour une étude serrée du thème « Liberté sous la croix », longue consultation sur le foyer chrétien et vie familiale, conférence de Salisbury sur les moyens de communication aux masses. Ces efforts, ainsi que d'autres auxquels les Églises ont participé aident les membres du comité à prendre conscience des possibilités immenses du travail en commun pour mener à bien ce qu'aucune Église, travaillant indépendamment, ne peut accomplir170.

C- La première assemblée de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique, Kampala (Ouganda), 1963.

À la fin de l'année 1961, vingt-deux nations sont pleinement indépendantes en Afrique, avec une population globale de 130 millions environ sur 190 millions d'africains. C'est dire que la décolonisation de l'Afrique au Sud du Sahara avançait avec une grande accélération. Dans ce contexte, muni du message aux Églises d'Ibadan, le comité provisoire, à la tête duquel se trouvait le Docteur M'Timkulu, se met à réfléchir pour trouver des réponses à la question de savoir quel rôle doit jouer l' Église dans l'édification de ces nouvelles nations au cours de cette période de formation, pour s'assumer en vue de se développer en vraies communautés chrétiennes171.

À cet effet, le Docteur M'Timkulu, homme d'action, fait de nombreux voyages à travers l'Afrique. Selon le rapport de Kampala, il est difficile de trouver un seul endroit en Afrique

169 Ce comité était composé de personnes suivantes : Sir Francis Ibiam, Esther L. Cocker, Jean Keller, Jean Libikulu, Henry Makulu Stefano Moshi, Julio J. Miguel, Alan S. Paton, T. Rasendrahasina, Georges W. Carpenter., in E. Tchuindjang,«Les expressions oecuméniques d'une jeune Église», p.252.

170 Engagement, la deuxième Assemblée de la C.É.T.A., " Abidjan 69 ", p. 17.

171 La Conférence de Kampala, 1963, p.8.

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qu'il n'avait visité. Il rapproche aussi la pensée et les conceptions de nombreux chefs d'Églises172.

La première conférence des Églises de Toute l'Afrique, se tient à Kampala en Ouganda, du 20 au 30 avril 1963. Elle a été surtout et en premier lieu, dans sa nature, une « Assemblée constituante des Églises de toute l'Afrique ». Aussi a-t-elle adopté des textes de base, des fonctions, des structures et les commissions de la C.É.T.A. Elle a également placé des hommes à leur tête.

À Kampala, pour éviter toute équivoque pouvant laisser croire qu'on vise à faire de cet organisme de coopération une « super- Église », l'Assemblée constituante adopte la nouvelle appellation suivante : Conférence des Église s de Toute l'Afrique (C.É.T.A.). Le préambule de sa constitution, adoptée le 24 avril 1963, stipule :

Les Églises et les conseils chrétiens d'Afrique, signataires du présent document, convaincus que le dessein de Dieu à l'égard des Églises d'Afrique est qu'elles vivent ensemble dans une commune obéissance envers lui, pour l'accomplissement de sa volonté dans le monde, ont constitué la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.). Cette conférence est une communauté de consultation mutuelle et de coopération dans la communion de l'Église Universelle173.

1) La base et les fonctions de la C.É.T.A.

La C.É.T.A. est une association fraternelle d'Églises qui confesse le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et seul sauveur, selon les écritures, et s'efforcent d'accomplir ensemble leur vocation commune, à la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

Quant aux fonctions de la C.É.T.A., elles sont les suivantes :

- rappeler sans cesse aux Églises et conseils chrétiens les exigences de l'Évangile, concernant leur vie et leur mission, pour l'évangélisation, le témoignage dans la société, le service et l'unité. À cette fin, elle encourage les Églises et les conseils chrétiens à établir entre eux des échanges de vue et des activités communes ;

- promouvoir un programme commun d'études et de recherches ;

- favoriser dans les Églises d'Afrique des relations plus étroites et un échange d'expériences par des visites, des consultations, des conférences et la diffusion d'informations ;

- aider les Églises à recruter, échanger et placer le personnel, à utiliser d'autres ressources pour leur permettre de poursuivre leur tâche commune de la façon la plus efficace ;

172 La Conférence de Kampala, 1963, p.8.

173 Ibid., p.69.

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- aider les Églises dans leur tâche commune de formation de cadres laïcs et pastoraux, pour la mission actuelle des Églises ;

- sans porter préjudice à sa propre autonomie, collaborer, d'une manière qui leur convienne mutuellement, avec le Conseil OEcuménique des Églises et d'autres organismes analogues.

Ce sont là la base et les six fonctions de la C.É.T.A. Il y a lieu de constater qu'elles sont les mêmes que celles du C.O.É. De ce fait, la C.É.T.A. semble être autre chose que le C.O.É. sur le continent Africain. Elle a été créée pour être entre les diverses dénominations qui existent en Afrique, une communauté de consultation mutuelle et de coopération dans la communion de l'Église universelle, en attendant l'unité souhaitée.

Aujourd'hui la C.É.T.A. se consacre plus particulièrement à la justice sociale (lutte contre la pauvreté), à la lutte contre le sida, et aux relations internationales en mettant en avant l'économie, l'éthique et la morale. L'objectif est d'intégrer les Églises locales dans un réseau international cohérent174.

2) Structures et Commissions de la C.É.T.A.

Lors de la 5ème Assemblée de la C.É.T.A., tenue à Lomé au Togo en 1987, on adopte les

nouvelles structures se présentant ainsi qu'il suit :

- l'Assemblée ;

- le Comité Général ;

- le Comité Exécutif ;

- le Comité des Finances ;

- les Institutions et Départements ;

- les Administrateurs accrédités175.

Ainsi donc, l'Assemblée de Kampala est le démarrage effectif de cette organisation

oecuménique panafricaine. C'est elle qui adopte la constitution, crée les commissions et met

en place les structures d'action permettant le fonctionnement de la C.É.T.A. C'est à Kampala

que s'élabore l'organigramme de cette Communauté et c'est là-bas que sont élus aussi les

quatre membres de son bureau pour un mandat de quatre ans.

Depuis sa fondation en 1963, la C.É.T.A. tient son Assemblée Générale tous les cinq ans

et organise des réflexions sur des thèmes précis. Jusqu'en 2003, elle avait déjà tenue huit

174 fr.wikipédia.org/wiki/CETA, consulté le 20 février 2015.

175Lomé 1987 « Vous serez mes témoins », Rapport officiel, 5ème Assemblée de la CÉTA, p. 217.

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assemblées générales dont la huitième eu lieu cette même année à Yaoundé au Cameroun. La neuvième était programmée en 2008 à Maputo au Mozambique.

3) L'évolution de l'É.É.C. au sein de la C.É.T.A.

L'É.É.C. a été présente à la conférence préparatoire pour la création de la C.É.T.A à Ibadan au Nigéria en 1958. Cette conférence se tient un an après son autonomie. Elle y participe et y apporte même une contribution. En effet, le pasteur Thomas Ekollo fait et présente une étude sur le rapide changement social au Cameroun176. Cette étude du pasteur Ekollo porte sur trois points principaux : l'engagement politique du chrétien, le mode de vie chrétien dans les villes et le mode de vie chrétien dans les régions rurales.

Bien plus, à la conférence constitutive de la C.É.T.A., à Kampala en 1963, l'É.É.C. prend une part effective et active. En effet, le pasteur Eugène Mallo est l'un des vice-présidents de cette Assemblée. Il présente quelques mois après les assises, une réflexion critique dans le Journal des Missions Évangéliques de mars 1964, aux pages, 63 à 68. Il fait aussi une mise au point de l'Assemblée à l'intention des lecteurs de la Semaine Camerounaise, dans le numéro 46 du 1er juillet 1963. Un autre participant à cette conférence du côté de l'É.É.C. est son secrétaire général, le pasteur Jean Kotto. Il est nommé au cours de cette Assemblée, Président du Comité Général de la C.É.T.A. pour l'Afrique Occidentale d'expression française, et comme responsable du comité général de la commission I des cinq commissions de la C.É.T.A., créées à Kampala177. Cette Commission I a pour sujet d'étude, dans les mois à venir, la vie de l'Église avec trois sous-thèmes : forme du culte, foi et constitution ; l'évangélisation y compris l'évangélisation urbaine ; la formation pour le ministère et la formation pour le laïcat. C'est dans le cadre de cette responsabilité qu'il rédige un article intitulé « Le rôle de l'Église dans l'Afrique nouvelle », paru dans la Semaine Camerounaise178.

En plus, Jean Kotto fait quatre études bibliques sur la notion biblique de la liberté, un aspect du thème de l'Assemblée : « Liberté et unité en Christ. »179. Le pasteur Thomas Ekollo fut élu comme suppléant du pasteur Kotto au Comité Général180.

De Kampala (1963) à Addis-Abeba (1998), l'É.É.C. a toujours pris une part active aux Assemblées à travers ses représentants.

176Ibadan, 1958, pp. 183-184.

177 La Conférence de Kampala, 1963, p. 78 et p. 82.

178 Semaine Camerounaise, 1er Octobre 1963, p. 2.

179 La Conférence de Kampala, 1963, pp. 19-21.

180 Semaine Camerounaise n°43.

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Pour les services dans les institutions spécialisées de la C.É.T.A., signalons que le pasteur André Moussanga Epée, journaliste, a été, de 1993 à 1997, Administrateur-Directeur du Service d'Information des Églises d'Afrique à Lomé au Togo181.

L'É.É.C. est un membre actif de la C.É.T.A., depuis ses origines. Ses fils et filles y ont occupé des fonctions importantes à l'instar de : président, vice-président, membres suppléants du Comité général et exécutif, etc.

Relevons tout de même que l'É.É.C. a reçu du 14 au 19 novembre 1992 une délégation pastorale oecuménique de la C.É.T.A. au Cameroun. Cette délégation est conduite par Monseigneur Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix de 1984, et président de la C.É.T.A. Il est accompagné durant cette visite au Cameroun par le pasteur José Chipenda, du pasteur André Jacques, représentant de l'Alliance Réformée Mondiale de la Fédération Protestante de France, de Mme Fleur Houston du C.O.É. Il assiste aux célébrations cultuelles oecuméniques organisées au Temple de l'É.É.C. du Centenaire à Douala182. Cette délégation n'a eu de cesse d'exhorter au retour au calme et à la réconciliation entre toutes les forces politiques du pays. Cette tournée s'est achevée par un entretien avec le Président Paul Biya183.

En somme, comme on peut si bien le constater, après son autonomie, l'Église Évangélique du Cameroun s'est lancée vers un vaste champ de coopération internationale. Son ouverture sur le monde s'est faite sous l'inspiration de son esprit oecuménique. Cet esprit s'est manifesté à travers son adhésion aux organisations oecuméniques internationales et africaines. De surcroît, cette collaboration de l'É.É.C. à l'échelle mondiale, s'est tout de même poursuivie avec certaines Églises installées dans quelques pays d'Europe dans le cadre de ses relations bilatérales.

181S.I.E.A. Info est un bimestriel publié à Lomé sous la direction de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique. Il s'agit d'une agence de presse panafricaine pour l'ensemble des Églises d'Afrique francophone

182Entretien avec C. Emmanuel Njiké, Président Honoraire de l'É.É.C., 88 ans, Douala, le 28 novembre 2014. 183C.E. Njiké, "Pour un Monde Nouveau", Douala, Joseph Merrick Centre, p. 43.

 

76

CHAPITRE III :
LA COOPÉRATION BILATÉRALE DE L'ÉGLISE
ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AVEC LES
ÉGLISES ET ORGANISATIONS EUROPÉNNES
(1961-2007)

Fruit des Missions protestantes européennes, l'Église Évangélique du Cameroun, après son autonomie, ne s'est pas totalement détachée de ses pères fondateurs. Elle est donc restée attachée à ces Missions, ceci par le biais de certaines Églises et autres Organismes missionnaires installés en Europe. Cette collaboration rentre en droite ligne de l'ambition démesurée de l'É.É.C. d'étendre son aura sur la scène internationale.

Dès lors, quels sont les partenaires européens de l'É.É.C. depuis son autonomie ? Quelle a été la nature de ces relations ? Et quelles ont été les retombées de cette coopération dans la marche de cette Église ?

Aussi, sera-t-il question dans ce chapitre, d'étudier la coopération bilatérale de l'É.É.C. avec certaines Églises et autres organisations non gouvernementales (O.N.G.) installées en Europe. De ce fait, dans ce continent, l'É.É.C. a des liens avec les Églises installées en Allemagne, en Hollande, en Italie, en Suisse et en France. Dans ces trois derniers pays, l'É.É.C. a des partenaires. Mais, leurs relations sont vécues de manière indirecte au sein de la C.É.V.A.A. et autres organisations inter-ecclésiastiques internationales auxquelles ils font ensemble partie. Ainsi, nous nous intéresserons spécifiquement ici, aux rapports de l'É.É.C. avec les Églises d'Allemagne et des Pays-Bas. Mais, relevons en passant que, bien que collaborant aussi avec l'É.É.C. au niveau de la C.É.V.A.A., l'Église Vaudoise d'Italie est depuis quelques années, en partenariat avec elle dans le cadre de l'oeuvre sanitaire. Cette précision est faite dans le discours du pasteur Franco Tagliero, de l'Église Vaudoise d'Italie, et représentant de la C.É.V.A.A. lors du culte de clôture du 47ème Synode Général de l'É.É.C., en mars 2003 à Nkongsamba184.

184 L'Appel Spécial, n°15, avril-mai 2003, p.7

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I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN ET L'ALLEMAGNE

En République Fédérale d'Allemagne, l'É.É.C. a plusieurs partenaires. Il s'agit de l'Église Évangélique de Westphalie, de la Mission de Brême, et de l'Evangelical Zentralstelle Für Entwicklungshilfe (E.Z.E.), Association Protestante de Coopération pour le Développement.

A- La coopération entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie

Avant d'examiner les origines de la coopération entre ces deux Églises, ainsi que ses retombées, faisons d'abord la connaissance de l'Église Évangélique de Westphalie.

1) Présentation de l'Église Évangélique de Westphalie

L'Église Évangélique de Westphalie est une Église protestante installée dans l'État Fédéré de la Rhénanie Nord-Westphalie, en République Fédérale d'Allemagne. L'État de Rhénanie Nord-Westphalie avait une population estimée à environ18 080 000 millions d'âmes en 2004185. Son économie, assez dynamique et prospère, est basée sur l'agriculture, l'élevage, l'industrie de transformation, sans oublier la Ruhr, qui à elle seule constitue l'épine dorsale de l'économie allemande.

L'Église Évangélique de Westphalie couvre un territoire de 20 105 kilomètres carrés, à peu près la superficie de l'État d'Israël. Elle est organisée en Régions Synodales et en comptait en 1993, trente trois (33). Cette même année, elle avait 3 256 335 fidèles, dispersés dans 643 paroisses, et 1385 groupes choraux. Mille trois cent cinquante-neuf pasteurs avaient la charge de ses différentes paroisses et 240 postes spéciaux des régions186. Aujourd'hui, cette Église compte 2 551 667 membres, pour 1 438 pasteurs répartis dans 546 paroisses187.

Comme toute Église responsable et tournée vers l'avenir, l'Église Évangélique de Westphalie met l'accent sur la prédication de l'Évangile. Elle entretient également une oeuvre diaconale importante à travers le Centre des handicapés de Bethel, les institutions de Wittekindschop, des jardins d'enfants, des Stations diaconales, des hôpitaux, des foyers et

185 "État Rhénanie Nord-Westphalie" ® Encarta ® 2009. Microsoft Corporation 2009, consulté le 1er mars 2015.

186 Ces quelques statistiques viennent des documents remis par l'Église Évangélique de Westphalie à l'équipe de l'É.É.C. qui s'y est rendue en visite du 1er au 14 juin 1993 et dressées par le pasteur Hans Edjenguele Ngoupa, Secrétaire Général de l'É.É.C d'alors, in L'Appel n°25-26, p. 22.

187 www.oikoumene.org. Consulté le 25 février 2015.

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divers autres centres de formation. Église missionnaire, l'Église Évangélique de Westphalie a son siège à Wuppertal /Bethel. Elle s'occupe tant de la mission intérieure qu'extérieure. En outre, elle est membre de l'Église Allemande, du Conseil OEcuménique des Églises et est en relation avec bien d'autres Églises à travers le monde188.

2) Les origines de la coopération entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie

Les origines lointaines de cette relation remontent à la période de l'oeuvre d'évangélisation de la Mission de Bâle au Cameroun. Cette Mission a donc laissé une empreinte dans l'É.É.C. cette trace a été et est assez profonde dans la région côtière du pays, peuplée du grand groupe ethnique Sawa, qui utilise la langue Duala comme langue liturgique. Les Sawa constituent l'un des groupes influents de l'É.É.C. à côté des Bamiléké et des Bamoun. Cette empreinte s'illustre à travers plusieurs faits et gestes, qui montrent les liens originels de l'É.É.C., son appartenance à la Mission de Bâle. On avait ainsi, les expressions comme «Église Bâloise» ou « Basel », pour désigner l'Église Évangélique du Cameroun. Après son autonomie, l'É.É.C. renoua ses relations avec l'Allemagne, et en particulier avec la grande Église de la région de Westphalie.

Ainsi, à partir de 1975, des contacts permanents existent entre les deux Églises à travers des relations directes d'Église à Église, des envoyés, des visites de part et d'autres.

3) Les visites alternées entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie et leurs retombées

La première visite date de 1975, visite au cours de laquelle, une délégation de l'Église Évangélique de Westphalie, forte de trois personnes et conduite par l'Evêque de Thimme, Président de cette Église, rend visite à l'É.É.C. Celle-ci marque en effet le début effectif de la coopération entre ces deux Églises. En 1979, une délégation de l'É.É.C. rend à son tour visite à l'Église Évangélique de Westphalie.

Ces contacts permanents se poursuivent en 1981 par la deuxième visite de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C. Sa délégation, forte de six personnes est conduite par le Docteur Von Sterglitz, surintendant de la Région Synodale de Dermundt et Président de la Mission Unie de Westphalie (V.E.M.)189. Puis s'en suit une troisième visite en 1983 dirigée

188 www.oikoumene.org. consulté le 24 novembre 2014.

189 L'Appel n°1, octobre-novembre 1987, p.8.

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par l'Evêque Preiss, qui avait remplacé l'Evêque Thimme à la présidence de l'Église Évangélique de Westphalie.

Ces deux dernières visites de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C. ont eu quelques retombées. Ainsi, l'Église allemande a supporté le financement de nombreux projets de l'Église Évangélique du Cameroun. De ce fait, elle a participé à la mise sur pied de ses structures actuelles et a commencé à lui envoyer du personnel. À cet effet, l'aide financière au fonctionnement de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C., de 1982 à 1987 dépasserait largement 110 millions de francs CFA190. En outre, plusieurs réalisations en infrastructures de l'É.É.C. portent l'estampille allemande. On peut citer entre autres :

- le temple Ekel installé du quartier 6 de Nkongsamba, dédicacé en 1981 ;

- le centre paroissial de la même ville ;

- le Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun ;

- le Collège Protestant de Ndoungué par Nkongsamba ;

- la Ferme-Ecole de Bagam à l'Ouest du pays,

- le Centre Social de Lobethal dans la Sanaga-Maritime ;

- le foyer des femmes de Njo-Njo à Douala, etc.191.

De même, la clôture du temple de la paroisse du Centenaire à Akwa-Douala et qui abrite la Direction Générale de l'Église Évangélique du Cameroun, la construction de la barrière autour de ce temple, les logements de certains responsables, ainsi que les aménagements au Centre d'accueil de Bonaku et du presbytère centrale, n'ont pas échappé à l'attention des Allemands. Bien plus, au courant de cette même décennie1980, l'Église Évangélique de Westphalie a aidé l'Église Évangélique du Cameroun en équipements matériels et sociaux. À cet effet, elle a pourvu quelques une de ses Régions Synodales en véhicules de marque Suziki et procéda à l'étude du transfert de la caisse de retraite de l'É.É.C. à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (C.N.P.S.), Caisse des prestations sociales de l'État du Cameroun192. Elle a tout de même pris à coeur le projet d'évangélisation de la treizième Région Synodale de l'É.É.C., créée en 1986 et qui couvre le Grand-Nord Cameroun. Pour cela, elle a consenti consentir près de 160 millions de francs CFA193.

190 L'Appel n°1, octobre-novembre 1987, p.8.

191 Ibid.

192 Ibid . 193Ibid.

80

Dans le domaine de l'enseignement primaire et maternel, l'assistance allemande s'est matérialisée par l'envoi du personnel pédagogique et par l'assainissement, un temps soit peu de la situation catastrophique de 1984194.

La décennie 1980 a aussi vu l'intensification de la coopération d'aide avec les organismes allemands. Par exemple, l'association "Brot Für die Welt" (Pain pour le Monde) fit de l'oeuvre sociale oecuménique à Maképé-Douala, sa chasse gardée. Elle consacra près de 42 millions de francs CFA pour les activités de cette oeuvre, pendant la période allant de 1984 à 1988195. Le service ophtalmologique de l'Hôpital Protestant de Ndoungué, ne fut pas en reste, dans cette contribution allemande à l'épanouissement financier, infrastructurel et social de l'É.É.C. Il bénéficia quant à lui de l'aide de la "Christoffel-Blinden-Mission"196.

On note également au cours de cette décennie l'envoi du personnel de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C. Aussi recensa-t-on :

- Messieurs Strasse et Horst Veiher, respectivement animateur du Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun et Chef de service financier à la Direction Générale de l'É.É.C. de 1984 à 1988197 ;

- le pasteur Strauss, Directeur du foyer du Marin à Douala, secondé par le diacre Hegeler ;

- le pasteur Bartelle Burkhard, qui arriva à Garoua en février 1989 pour y exercer un ministère dont la durée, prévue pour six ans, fut interrompue en avril 1990.

Entre cette troisième visite et celle de la décennie 1990, on enregistre deux visites de l'É.É.C. chez son partenaire allemand. La première fut celle du Trésorier, Samuel Kondji et du chef de service financier de l'É.É.C., qui entreprirent une tournée européenne au compte de l'Église, en octobre-novembre 1980. Le but de ce voyage était d'expliquer à l'Église Évangélique de Westphalie, la gestion et les efforts financiers de l'É.É.C., afin de la rendre plus crédible. Ensuite, ce fut le tour du bureau de l'É.É.C. de se rendre à Westphalie-Rhénanie en Allemagne, sur invitation de l'Église Évangélique Westphalie en 1988. La délégation de l'É.É.C. était conduite par le pasteur Moïse Lamère, élu Président Général de l'É.É.C. le 1er février 1987. La délégation camerounaise fut accueillie par le nouveau président de l'Église de Westphalie, Linneman.

194 L'Appel n°1, octobre-novembre 1987, p.8.

195 Ibíd. n°1, p.8.

196 Ibíd.

197 Ibid. n°19, avril-juin 1992, p.30.

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Durant la décennie 1990, on assiste à la continuité de ces visites alternées entre les deux Églises. Elles se poursuivent, avec un rapprochement accentué des Allemands. Cette période s'ouvre par la quatrième visite de la délégation allemande au Cameroun198. Celle-ci se déroule du 30 janvier au 6 février 1990. Cette délégation a à sa tête le Dr. Martin Linnemann. Il est accompagné du pasteur Jurgen Kanz, Secrétaire Exécutif pour l'Afrique francophone de la Mission Évangélique Unie, de monsieur Ernst Tilly, proviseur de Lycée et de madame Heide Redenz, juriste, tous deux membres du Conseil de l'Église Évangélique de Westphalie. Au programme de cette visite, figurent des déplacements à Ndoungué, Nkongsamba, Bafoussam-Mbouo, Bandjoun-Chefferie, Bangangté, Douala, Yaoundé et Garoua199. L'étape de Garoua inaugure la visite des partenaires allemands au Nord du Cameroun. Ils parcourent également plusieurs localités de l'Ouest. C'était une visite d'imprégnation des réalités de l'É.É.C. Le 5 février 1990, vers la fin de ce séjour, eut lieu une séance de travail entre la délégation allemande et le bureau de l'É.É.C. selon le journal L'Appel, cette séance de travail permit aux partenaires de lever de légers nuages visant à assombrir le ciel de la collaboration et d'examiner, en tenant compte des expériences passées et de l'avenir de celle-ci. De nouveaux jalons sont posés dans ce partenariat entre les deux Églises.

Au terme de cette quatrième visite de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C., répondant à une question sur la continuité des relations entre les deux Églises, le Präses Linnemann, déclara que son Église continuerait, autant que par le passé, à apporter son soutien à la 13ème Région Synodale de l'É.É.C. basée au Grand-Nord, eu égard à ses réalités, marquées par la pauvreté des femmes, etc.200.

Les retombées de cette quatrième visite sont significatives. En effet, en 1991, lors de la consécration de cinq nouveaux pasteurs de l'É.É.C. à Garoua, l'Église Évangélique de Westphalie a envoyé le pasteur Jurgen Kanz pour la représenter. A cette occasion, le Président Général de l'É.É.C., le pasteur Charles Emmanuel Njiké, évoque les projets que les Allemands ont en cours et qui sont axés sur : « le fonctionnement de la région du Nord, l'assistance à apporter aux paroisses de l'arrière-pays qui ont un grand besoin de soutien financier et d'une éventuelle prise en charge des salaires des ouvriers de cette région encore à l'état de pauvreté »201.

198 L'Appel n°9-10, janvier-février 1989, pp.14-15.

199 Ibid., Janvier-avril 1990, p. 14.

200 Ibid., p.15.

201 Ibid., n°14, janvier-avril 1991, p.13.

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Une cinquième visite de l'Église Évangélique de Westphalie a lieu à l'É.É.C. du 7 au 14 janvier 1992. Trois personnes forment cette délégation conduite par le Dr. Beyer, pasteur et Secrétaire Général de cette Église202.

En 1993, plus précisément du 1er au 14 juin, une délégation de quatre membres du bureau de l'É.É.C., conduite par son président, le pasteur Charles Emmanuel Njiké, se rend en Allemagne, sur invitation de l'Église soeur de Westphalie. Cette visite de l'É.É.C au sein de cette Église est significative, comme le déclare le pasteur Hans Edjenguele Ngoupa : « C'est donc à cette Église qu'était destinée notre visite, non pour connaître et apprécier les réalités profondes, mais pour un dialogue et un partage des élèves et surtout pour lui soumettre nos problèmes, nos inquiétudes, nos préoccupations dans notre Église. »203. La délégation a eu à visiter le nord de la Westphalie, en particulier l'usine électrique et la mine de charbon (transformation du charbon en énergie électrique) ; la ville historique de Munster, ainsi que certaine institutions de l'Église Évangélique de Westphalie parmi lesquelles le Lycée Nathan Soderblom à Espellcam ; le centre des handicapés de Bethel, fondé par le pasteur Bodelschwingh et qui a pour vocation de s'occuper de tous ceux qui souffrent, des épileptismes, des inadaptés sociaux ; le siège du mouvement des femmes chrétiennes à Soest, semblable au Département de l'Union des Femmes Chrétiennes de l'É.É.C., et qui a un impact social dans la vie de l'Église de Westphalie204.

Les retombées de cette dernière visite sont remarquables et déterminantes dans la marche de l'Église Évangélique du Cameroun. Ainsi, on peut noter dans le communiqué final lu et signé par les deux parties :

1- le jumelage effectif entre la région de Soest de l'Église de Westphalie et de la 13ème région de l'Église Évangélique du Cameroun ;

2- la construction d'un centre de santé et d'une école maternelle à Garoua au Centre Martin-Luther ;

3- le creusage de quelques puits dans la région du Grand-Nord ;

4- L'envoi prochain d'un missionnaire à Garoua avec cahier de charges ;

5- Possibilité de renégocier l'aide de Westphalie à certaines de nos institutions, en particulier notre ordre d'enseignement, etc.205.

Ce communiqué, à la limite montre qu'il y a eu échange de vues entre les deux Églises, échange qui a permis que certains points soient retenus, en vue d'une mission commune et

202 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuménique d'une jeune Église », p.219.

203 L'Appel, n°25-26, p. 22.

204 Ibid.

205 Ibid.

83

pour sauver et aider à l'avancement de l'oeuvre parmi les hommes et en fonction des moyens disponibles ou à chercher.

S'il faut faire une remarque sur ces accords, nous dirons que ce sont encore des accords de coopération à sens unique Nord-Sud206.

La sixième visite de l'Église Allemande à l'É.É.C. a lieu du 28 avril au 6 mai 1994. Elle est marquée par la dédicace du Temple du Centre Martin Luther à Garoua le 1er avril 1994. La délégation de l'Église Évangélique de Westphalie comprend cinq personnes au rang desquelles : Mme Redenz, responsable des femmes au sein de son Église, le Docteur Kakule Molo, de nationalité Zaïroise et Secrétaire Exécutif de l'agence missionnaire, le pasteur Beyer, chef de Département de l'oecuménisme, le pasteur Yung, animateur théologique et enfin le Dr. Martens, Vice-Président laïc207. Cette délégation a séjourné surtout dans le Nord-Cameroun et a parcouru plusieurs de ses localités. Elle a rendu visite aux autorités administratives et traditionnelles. C'est ainsi qu'elle a touché du doigt, les problèmes inhérents à la 13ème Région Synodale de l'É.É.C., dans les domaines spirituel, économique et social208.

Photo n°3: Une vue partielle de la délégation de l'Église de Westphalie en visite Cameroun en 1994.

Source : L'Appel n°29, mai - juin 1994, p. 14.

206 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p. 220.

207 L'Appel n°29, mai-juin 1994, pp.14-15 et pp.26-29.

208 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.221.

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Le 1er mai 1994, jour de dédicace du Temple du Centre Martin Luther de Garoua, est l'occasion pour les uns et les autres d'exalter ce joyau qui est un véritable symbole de la présence de l'É.É.C. dans le Grand-Nord du Cameroun et de magnifier l'excellente coopération de l'É.É.C. avec l'Église Évangélique de Westphalie209. Cette collaboration jusqu'alors, a eu des actions concrètes notamment :

- le jumelage effectif et opérationnel entre la Région de Soest de l'Église Évangélique de Westphalie et celle du Grand-Nord de l'É.É.C, dont le dixième anniversaire de partenariat a été célébré, à travers plusieurs manifestations, en juin 2006 à Garoua210 ;

- l'aide pour le fonctionnement de la Région du Grand-Nord et la réalisation de petits projets ;

- le Grand-Nord a reçu un missionnaire Allemand, chargé de l'animation théologique, en la personne au pasteur Matthias Elsermann, qui sillonna, du 6 au 9 juillet, le district de Maroua, ainsi que M. Reiner Rumohr, écrivain et Historien émérite, et qui a été Conseiller financier de l'É.É.C., ayant séjourné au Cameroun de 1993 à 2006211 ;

- une délégation de la Région Synodale du Grand-Nord (13ème) conduite par son président, le pasteur Pierre Tayo, s'est rendue en Allemagne en 1996, et en retour, une délégation de six personnes de la Région Synodale de Soest avec à sa tête son président, le pasteur Manfred Selle, a effectué une visite dans le Grand-Nord du 10 au 25 octobre 1996.

Les relations entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie se sont aussi exprimées dans le cadre du partage et des échanges entre les enfants. Ainsi, lors du Jubilé marquant les cinquante ans d'autonomie de l'É.É.C., se sont tenues des rencontres de partage d'expériences entre les cultes d'enfants des Églises Évangéliques de Westphalie en Allemagne et du Cameroun dans les Régions Synodales du Wouri et du Centre-Sud-Est212. De ce fait, un échange d'expériences eu lieu, le 9 mai 2007, au foyer de jeunesse d'Akwa à Douala, entre les responsables nationaux de Westphalie conduits par le pasteur Kerstin Othmer Haake, et du Cameroun avec le pasteur Joseph Békima Mboulè, responsable national du culte d'enfants à l'É.É.C. C'était en présence des moniteurs et enfants venus très nombreux213.

209 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.221.

210 L'Appel n°26-27, mars-août 2007, p. 41.

211 L'Appel n°25, mai-juillet 2006, p.21.

212 L'Appel n°29, juillet-octobre 2007, p.29.

213 Ibid.

85

L'année 2000 a enregistré une visite de l'Église Évangélique du Cameroun à l'Église Évangélique de Westphalie en Allemagne. En effet, sous la conduite du Président Général, le pasteur Joseph Mfochivé, une délégation de l'É.É.C. s'est rendue en Allemagne à la rencontre du partenaire allemand. Au cours de cette visite, les déplacements étaient nombreux et productifs. Avec les responsables locaux, notamment le Präses Manfred Sorg, le Dr. Ulrich Möller, Directeur des Relations OEcuméniques, le président de la région de Soest, le pasteur Manfred Selle, le pasteur Joseph Mfochivé et les siens ont eu le pain sur la planche : la formation des ouvriers et des laïcs, le partenariat réciproque, la coopération, l'échange, l'enseignement, les femmes, le développement, l'oecuménisme, la diaconie, et faire connaissance214.

Photo n°4: La délégation de l'É.É.C. en Allemagne en 2000 et certains de leurs hôtes.

Source : L'Appel n° 4, juillet-août 2000, p.20.

En fin de compte, l'étude de la coopération entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie, permet de remarquer que, à l'exception des visites alternées entre ces deux Églises, cette coopération est restée à sens unique, avec des initiatives et des actions unilatérales venant très souvent de la partie allemande. Les entraves à la communication,

214 L'Appel n°4, juillet-août 2000, p. 19.

86

notamment l'accessibilité moins aisée des Camerounais à la langue allemande, pourrait justifier cet état de choses. Qu'en est-il des relations avec la Mission de Brême ?

B- L'ouverture de l'Église Évangélique du Cameroun vers la Mission de Brême : l'aumônerie des marins

Les relations de l'É.É.C. avec la Mission de Brême sont liées à la Mission Allemande aux Marins (M.A.M.) et se déroulent principalement dans le cadre du Foyer du Marin à Douala. Ce foyer est chargé de l'aumônerie des marins. En d'autres termes, la Mission de Brême intervient à l'Église Évangélique du Cameroun et s'occupe particulièrement du Foyer du Marin.

1) Les rapports de l'É.É.C avec la Mission Allemande aux Marins

Les liens de l'É.É.C. avec la Deustche Seemans Mission ou en français Mission Allemande aux Marins remontent en décembre 1964. En effet cette Mission est entrée en contact avec les responsables de l'É.É.C de l'époque, pour leur demander d'assister les marins, c'est-à-dire, les hommes qui travaillent en mer et qui sont au service des navires. Un protocole d'accord fut donc conclu entre l'É.É.C. et la Deustche Seemans Mission. Cet accord prévoit la construction d'un foyer, qui doit constituer une assistance évangélique auprès des marins. Autrement dit, ce Foyer doit avoir pour rôle d'assurer un cadre sécuritaire aux marins arrivés au Port Autonome de Douala215. En outre, aux termes de cet accord, la gestion administrative et financière est dévolue à la M.A.M., l'É.É.C. assurant seulement la responsabilité spirituelle216.

Ainsi, le Foyer du Marin de Douala est construit en 1965 et inauguré en 1966. Les travaux de construction de cette oeuvre, qui ont duré un an, ont coûté quarante millions de francs CFA217. Il s'agit d'un immeuble de deux étages disposant de :

- une chapelle ;

- 23 chambres et appartements climatisés ;

- une piscine ;

- un billard ;

- une restauration rapide (barbecue) ; - une librairie en bordure de piscine ;

215 Entretien avec Bruno Njoume Ebene, 55 ans, Pasteur de l'É.É.C., Yaoundé, 23 mars 2015.

216 L'Appel n°22, novembre-décembre 1992, p.10.

217 Ibid.

87

- des aires de jeux.

Photo n°5 : Vue principale du Foyer du Marin de Douala.

Source : Cliché réalisé par Moïse Nkapmeni Ngapet, le 8 mai 2015 à Douala.

2) Les services du Foyer du Marin

D'après ses initiateurs de 1850, la mission auprès des marins a son fondement biblique dans le livre des Actes de Apôtres. Ce texte révèle que, Paul, considéré comme le premier pasteur des marins, leur vint en aide au cours d'un naufrage en mer, en leur donnant à manger218. Ainsi, tous les foyers des marins219, à l'instar du travail de l'apôtre Paul, exerce une activité à la fois diaconale et sociale auprès des marins.

Depuis 1966, le témoignage évangélique rendu au Foyer du marin de Douala garde des mêmes actes et gestes :

218 Sainte Bible, Acte 27, versets 27 à 44, Version Louis Second, publiée par l'Alliance Biblique Universelle (A.B.U.), 2001, pp. 1130-1131.

219 On estime à a peu plus de 275 le nombre des foyers des marins allemands dans le monde.

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- le travail du pasteur commence dans le bateau par une visite méthodique pour déceler ceux qui sont dans le besoin, leur prêcher l'évangile. Le but est d'aider le marin dans son corps, son âme, bref l'Homme dans sa globalité ;

- les marins dans le besoin, repérés et informés, sont conduits au foyer. Le foyer joue pour eux un lien important de contacts, de divertissements, d'achats des produits locaux. Il leur permet parfois de prendre contact par le téléphone, avec leurs familles demeurées dans leur pays d'origine ;

- le foyer assure aussi les visites aux marins hospitalisés ou emprisonnés. Les responsables du Foyer sont en quelque sorte considérés comme des avocats ou des interprètes des marins auprès des autorités de la sécurité, les autorités consulaires et religieuses. C'est un véritable travail de cure d'âme, doublé d'un travail d'information, que le foyer fait auprès des marins ;

- enfin, en matière d'échanges et de souvenirs, le foyer s'occupe de la vente des timbres, du service de change, de l'approvisionnement sur place de quelques objets d'art. Les statistiques de l'année 1988 mentionnent que le foyer s'est occupé de 800 à 1 000 marins par mois, a visité 970 bateaux amarrés au port de Douala, et a accueilli 10 150 marins. Depuis sa création, le foyer du Marin de Douala n'a été dirigé que par des cadres européens, particulièrement les allemands et aussi un Alsacien220. Ceci pourrait justifier l'affirmation de Jaap Van Slageren selon laquelle « l'Église Évangélique du Cameroun est ouverte sur le monde où la collaboration entre Noirs et Blancs est vécue »221.

Les plus connus des envoyés dans cette collaboration entre l'É.É.C. et la Mission Allemande aux Marins de la Mission de Brême sont : le diacre Bott, M. Kuhl, les pasteurs Thiesbonnekam, Strauss, Walter Wettach, Henri Becker.

3) Le fonctionnement du foyer du Marin

Le directeur du foyer est envoyé par la Mission de Brême et en est d'office membre. S'il est pasteur de l'Église Évangélique, c'est son bureau qui l'installe. De ce fait, le pasteur Walter Wettach et son épouse Ulrike Zelmer Wettach étaient arrivés en fin mai 1990 à Douala, pour prendre la direction du foyer du Marin, sis au quartier Bonadibong. Son contrat avec le foyer du Marin de l'Église Évangélique du Cameroun était prévu pour six ans. Il avait été installé dans ses fonctions par le bureau de l'Église le 20 juillet 1990222. Deux ans plus tard, le pasteur Walter fut remplacé par le pasteur Henri Becker, de nationalité française.

220 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.224. 221J.V.Slageren, Les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, p.285. 222 L'Appel n°12, août-septembre 1990, p. 25.

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Il fut installé par le président de l'É.É.C, le pasteur Charles Emmanuel Njiké. Il devait désormais diriger cette grande institution, oeuvre issue de la collaboration Germano-Camerounaise, une collaboration entre la Deustche Seemans Mission et l'Église Évangélique du Cameroun, qui date de 1966, date de l'inauguration de cette maison d'accueil223. Tout en évoquant la mission du nouveau directeur et son statut, le pasteur Njiké lui dit « qu'il fait désormais partie de la grande famille des pasteurs de la région synodale de Douala.»224.

D'après le contrat (bail emphythéotite) passé entre l'É.É.C. et la Mission Allemande aux Marins, Le foyer du Marin reviendra, au bout d'un certain nombre d'années de fonctionnement à l'É.É.C.225. Ce foyer est aujourd'hui une oeuvre de témoignage et un symbole de la vitalité oecuménique de l'Église Évangélique du Cameroun. A l'échéance de ce contrat, la gestion du Foyer passera entre les mains des Camerounais. C'est sans doute ce qui a justifié l'envoi en stage en Allemagne du pasteur Njoume Ebene Bruno en 1998. Il sera le tout premier Camerounais de l'É.É.C. à être formé au service des marins. A son retour en 1999, il sera nommé directeur adjoint du Foyer du Marin jusqu'en 2000.

Ainsi, l'ouverture de l'É.É.C. vers la Mission de Brême lui a révélé un autre aspect de son ministère : l'encadrement, l'évangélisation ou l'aumônerie des marins. C'est peut-être ce qui a motivé le regard de l'É.É.C vers l'E.Z.E.

C- La coopération bilatérale entre l'Église Évangélique du Cameroun et Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklunlgshilfe (E.Z.E.)

Il existe entre l'É.É.C et l'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklunlgshilfe, des relations bilatérales. Avant de les analyser, étudions d'abord les origines et les objectifs de cette structure.

1) Origine et objectifs de l'E.Z.E.

L'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklungshilfe ou association protestante de coopération pour le développement, est une organisation non gouvernementale (O.N.G.), fondé en Allemagne en 1960226. Elle est née de la volonté des Églises d'Allemagne d'étendre leur témoignage au développement. Pour cela, elles vont être soutenues par le gouvernement fédéral, qui les encouragera dans cette initiative, en leur allouant des fonds publics, pour renforcer leur solidarité. L'E.Z.E. est donc issu des Églises luthériennes, réformées, unies et

223 Ibid, p.10.

224 Ibid.

225 Entretien avec Bruno Njoume Ebene, 55 ans, Pasteur de l'É.É.C., paroisse de Melen, Yaoundé, 23 mars 2015.

226 L'Appel n°36, juin-juillet 1995, p.18.

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méthodistes d'Allemagne. Son budget administratif est assuré par l'Église Évangélique d'Allemagne (E.K.D.).

En matière de partenariat, l'E.Z.E. soutient les activités de développement menées par des Églises ou associations ecclésiastiques dans environ cinquante pays à travers le monde. Il a également des contacts avec des organismes oecuméniques à l'instar de l'I.C.E.O. aux Pays-Bas, la Christian Aid en Grande Bretagne, la Church World Service aux États-Unis d'Amérique, le Conseil OEcuménique des Églises (C.O.É.) et la Fédération Luthérienne Mondiale227.

L'E.Z.E. a ses objectifs. Aussi participe-t-il à la réalisation de nombreux programmes dont les priorités sont :

- l'aide aux groupes les plus pauvres de la société ;

- la participation active de la population ;

- l'encouragement de l'autonomie des peuples.

Ses secteurs d'activités sont entre autres :

- l'éducation, notamment les programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes ; - la formation professionnelle ;

- la santé avec le soutien au programme de santé communautaire, la prévention-éducation, l'amélioration des infrastructures sanitaires et le perfectionnement des médecins traditionnels ;

- l'agriculture où l'E.Z.E. accorde une priorité aux programmes de développement avec meilleur accès aux sources des populations rurales défavorisées ;

- en matière d'artisanat et de commerce, l'E.Z.E. favorise la création d'emploi à travers le développement de l'artisanat, du commerce et des petites et moyennes entreprises (P.M.E.) ; il soutient également les programmes qui visent l'amélioration de la commercialisation, de l'approvisionnement, des conditions de crédits, de l'équipement ; le développement communautaire intégrant les activités sociales et économiques font aussi partie de ses priorités.

227 L'Appel n°36, juin-juillet 1995, p.18.

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2) Le fonctionnement et les retombées des relations entre L'É.É.C et l'E.Z.E.

L'E.Z.E. est l'un des partenaires les plus anciens de l'É.É.C. Leurs relations remonteraient en 1966228. En effet, l'inauguration le 27 mai 1966 du Collège Alfred Saker de Douala, reste un repère phare pour situer les premières années des relations de coopération entre l'É.É.C. et l'E.Z.E229. Dans son discours, le directeur de l'époque, Le pasteur Ekollo précise que ces réalisations ont été possibles grâce à d'importantes subventions conjointes des Églises Suisses, de la coopération technique suisse, du fonds d'aide et de coopération française et de la centrale évangélique pour le développement de Bonn, en Allemagne230. En clair, l'E.Z.E. a participé à la construction du collège Alfred Saker de Douala.

S'il est certain que l'E.Z.E. a financé la construction du collège Alfred Saker de Douala, il est aussi acquis que par la suite, et dans la même direction, il continue et participe au financement d'autres oeuvres de l'É.É.C. Dans cette lancée, un accord-cadre entre les deux partenaires est signé en 1995, lors de la visite d'une délégation du bureau de l'É.É.C. à Bonn en Allemagne. L'E.Z.E. est donc l'un des partenaires qui a le plus réalisé des projets dans l'É.É.C., dans les domaines aussi divers que l'enseignement, la communication, l'oeuvre médicale, l'oeuvre agricole, etc. Et de ce fait, cette assistance aura été pour beaucoup dans le rayonnement de certaines des oeuvres de l'É.É.C. L'exemple le plus patent est le Centre polyvalent de Mbouo-Bandjoun qui commença à fonctionner en 1980, centre de renommé qui aura longtemps été le centre d'accueil et de formation continue de tous les départements de l'É.É.C.231. On peut aussi citer la rénovation du Foyer de Jeunesse Protestante d'Akwa à Douala, la rénovation de la Direction de l'É.É.C. et des logements des responsables, le soutien de l'oeuvre médicale dans la lutte contre le S.I.D.A, l'équipement du Département Communication Information en service depuis 1987, le Collège Évangélique de Baleveng, etc.232.

Bien plus, dans le cadre des visites de travail, M. Rudolf Heinrichs-Drunhans, de l'office central protestant pour l'aide au développement, a effectué le 6 décembre 1992 une visite de travail au sein de l'Église Évangélique du Cameroun233. Ses entretiens avec le bureau de

228 Entretien avec Emmanuel Elouti, 66 ans, pasteur de l'É.É.C, Yaoundé, 13 juin 2014.

229 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Eglise », p.226.

230 J.M.É., août-septembre 1966, p.180.

231 L'Appel n°36, juin-juillet, 1995, p.15.

232 Ibid. n°29, mai-juin 1994, p. 31.

233 Ibid n°17, octobre-décembre 1992, p.15.

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l'É.É.C. ont porté sur les projets concernant l'enseignement, l'école pilote notamment, ainsi que sur des sujets d'intérêt commun234.

3) La crise dans les relations entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. (1992-1993)

Cependant, cette vieille coopération entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. depuis les années 1966 a connu un problème entre 1992 et 1993235. Les causes de cette situation restent encore sombres. Ce problème serait parti du changement du directeur du centre polyvalent de Mbouo-Bandjoun en juillet 1993 ; directeur très estimé par les partenaires allemands. Devant cette situation, les Allemands cessent de soutenir le centre polyvalent, avec l'arrivée du nouveau directeur, et partant d'autres oeuvres aussi.

Le 6 mai 1994 l'É.É.C. et l'E.Z.E signent un projet d'accord-cadre de coopération. Le but de cet accord cadre est de rénover le partenariat entre les deux institutions tout en préservant l'indépendance et l'entière responsabilité de chacune dans la prise de décisions relatives à son fonctionnement236. Il y est précisé entre autres, que les deux parties sont tombées d'accord sur la nécessité d'une concertation préalable dans les changements d'intérêt mutuel à la tête des institutions ou oeuvres dans lesquels l'E.Z.E. participe matériellement ou financièrement237. Ceci semble étayer la rumeur ci-dessus selon laquelle, la brouille entre l'É.É.C. et l'E.Z.E., vient du changement d'un directeur d'une institution à laquelle, l'E.Z.E. participait matériellement ou financièrement.

À travers cet accord-cadre de coopération signé par le pasteur Charles Emmanuel Njiké et le représentant de l'E.Z.E., Rudolf Heinrichs, la solution commença à se dessiner. Cette signature a eu lieu en présence des divers responsables des oeuvres et mouvements de l'É.É.C. que soutient l'E.Z.E. : enseignements primaire et secondaire, oeuvres médicales et agricoles, communication, centre polyvalent de formation de Mbouo-Bandjoun, C.A.F.R.A.D., etc.238.

La solution à la brouille, amorcée au Cameroun en 1994, se poursuivit à Bonn en Allemagne en 1995. Ainsi, le 8 juin 1995, le projet d'accord-cadre de coopération signé au Cameroun et qui jette les bases d'une nouvelle orientation de la coopération entre l'É.É.C. et l'E.Z.E., fut ratifié239. Le document de cette ratification est signé par le pasteur C. E. Njiké, Président de l'É.É.C. et M. Wadhem, Directeur de Programme de l'E.Z.E. Sont témoins de cet événement, du côté de l'É.É.C. : le pasteur Hans Edjenguélé Ngoupa, Secrétaire Général

234 L'Appel n°17, octobre-décembre 1992, p.15.

235 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.227.

236 L'Appel n°29, p. 31.

237 Ibid.

238 Ibid. n°29, p. 31.

239 L'Appel n°29, p. 31.

17.

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de l'É.É.C., Claire Yolande Essombé, représentante du Département de la Communication. Du côté de l'E.Z.E., on a M. Rudolf Heinrichs et Mme Anne-Marie D. Navers, tous deux responsables du Département Afrique de l'E.Z.E.240.

À travers cet acte, le moment est venu de situer un cadre qui permettrait aux deux partenaires de redynamiser et de vivifier leurs relations. Le pasteur Njiké a émis le voeu que cette coopération soit pérenne, et surtout que l'E.Z.E. participe activement aux besoins de formation des cadres et du personnel de l'É.É.C.241.

Au demeurant, les relations l'É.É.C. avec l'Allemagne se traduisent à travers la coopération qu'elle entretient avec les Églises et O.N.G. installées dans ce pays entre autres l'Église Évangélique de Westphalie, la Mission de Brême et l'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklunlghilfe (E.Z.E.). Cette traduction des expressions oecuméniques de l'É.É.C. vers l'extérieur s'est aussi ressentie aux Pays-Bas.

II- LA COOPÉRATION ENTRE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN ET L'ÉGLISE RÉFORMÉE DES PAYS-BAS

(1961-2004)

L'une des relations privilégiées de l'É.É.C., est celle qu'elle entretient avec l'Église Réformée des Pays-Bas. En effet, l'Église Évangélique du Cameroun a des relations très étroites avec cette Église d'Europe depuis les années 1961. Aussi évoquerons-nous dans cette partie la Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas (M.É.R.P.B.) en Afrique et au Cameroun, les débuts, l'évolution, les contributions de cette Église dans l'É.É.C., le refroidissement ainsi que les problèmes des liens entre ces deux Églises.

A- La Mission Hollandaise vers l'Afrique et le Cameroun

L'intérêt des missions néerlandaises pour l'Afrique commença vers la fin des années cinquante242. En effet, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il était devenu difficile, voire impossible aux Missions néerlandaises d'envoyer les missionnaires en Asie, notamment en Indonésie, compte tenu de la traversée difficile de la décolonisation. Il fallait trouver une alternative. À cet effet, le Comte S.C. Van Randwicjck, Secrétaire Général du Conseil de la Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas (C.M.É.R.P.B.), et le Docteur Van Der Horst,

240L'Appel n°29, p. 31 241Ibid.

242 Eglise Réformée des Pays-Bas, Vision et réalité, Rapport d'orientation du Conseil de Mission, Oegstgeest, p.

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Secrétaire Médical du Comité, font un voyage de prospection en Afrique Occidentale du 10 décembre 1960 au 24 février 1961. Ce voyage les conduit au Sénégal, au Ghana, au Nigéria et enfin au Cameroun, où l'Église Évangélique du Cameroun avait signalé un besoin urgent de missionnaires étrangers pour faire marcher ses hôpitaux, l'Ecole de Théologie de Ndoungué, l'aumônerie des écoles et la formation des évangélistes et des pasteurs243.

L'Église Réformée Néerlandaise (en Néerlandais : Nederlandse Hervormde Kerk ou NHK) est la dénomination d'une Église chrétienne réformée qui exista depuis les années 1570. Le 1er mai 2004, elle fusionne avec deux autres Églises néerlandaises(l'Église Réformée dans les Pays-Bas et l'Église Évangélique Luthérienne du Royaume des Pays-Bas) pour former l'Église Protestante dans les Pays-Bas (Protestantse Kerk in Nederland, ou PKN). Avant cette année, l'Église Réformée Néerlandaise comptait deux millions de membres organisés en 1 350 congrégations. Une minorité des membres de l'Église choisit de ne pas être partie prenante à la fusion. Ces anciens membres organisèrent l'Église Réformée Restaurée (Hersteld Hervormde Kerk)244.

B- Les débuts des relations entre l'É.É.C. et l'Église Réformée des Pays-Bas (E.R.P.B.)

L'arrivée des missionnaires hollandais à l'É.É.C. répondait à un voeu de ses dirigeants, d'apporter une solution à la crise que connaissait l'Église dans la région Bamiléké à l'Ouest-Cameroun. De ce fait, à l'Assemblée Générale de la Société des Missions Évangéliques de Paris, tenue les 3 et 4 décembre 1960, le pasteur Jean Kotto, Secrétaire Général de l'É.É.C., exprime dans son exposé, les besoins urgents de l'É.É.C. pour les débuts de l'année 1961. Il décrit la situation qui prévaut dans la région Bamiléké en déclarant :

...Nous avons décidé de lancer quatre "commando" d'évangélisation dans l'ensemble du Bamiléké pour un temps limité, allant d'un à deux ans. Ces commandos seront composés de pasteurs de diverses régions, mais dans chacun d'eux, il est nécessaire d'avoir un pasteur théologien évangéliste de choc, ayant le sens de l'organisation, pour aider techniquement ses collaborateurs245.

Il poursuit son propos en disant : « ... Il nous faut de toute urgence une équipe médicale de secours pour le Bamiléké, deux médecins dont un chirurgien, une sage-femme, une infirmière, pour reprendre le travail dans l'hôpital de Bangwa »246. Dans ce même exposé, le pasteur Jean Kotto souligne les préoccupations de la jeunesse de l'É.É.C., notamment en ce

243 J. V. Slageren, Mémorial des premiers missionnaires néerlandais venus au Cameroun, in Église Évangélique du Cameroun, Cinquante ans d'autonomie, Félicitations de la part des Pays-Bas, 2007, p.2.

244 fr.wikipédia.org/wiki/ERPB, consulté le 07 mars 2015.

245 Voie Nouvelle, S.M.E.P., 1961, p.20.

246 Voie Nouvelle, S.M.E.P., 1961, p.30.

247 J.M.É., septembre 1961, p.183.

248 Entretien avec David Nono, 75 ans, Ancien d'Église, Bangwa, 22 décembre 2014.

249 Idem.

250 Exposés présentés par Charles Bonzon, à l'Assemblée Générale de la S.M.É.P. les 13 et 14 décembre 1961, pp.35-36.

251 J. V. Slageren, Mémorial des premiers missionnaires néerlandais, p.2.

252 J.M.É.,

septembre 1961, p.182.

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qui concerne son éducation et l'enseignement théologique. Précisément, le corps missionnaire dont avait besoin l'É.É.C. de toute urgence à cette époque, devrait comprendre des pasteurs, des médecins et infirmiers, des encadreurs de jeunesse, des enseignants de collèges et de théologie, des imprimeurs, des journalistes et des libraires. Soulignons que l'É.É.C. n'était pas la seule Église à solliciter les missionnaires de la S.M.É.P. Cette dernière était donc débordée par les demandes, et il devenait difficile pour elle de satisfaire les seuls besoins de l'É.É.C.

Compte tenu de cette situation et avec l'accord de la S.M.É.P., l'É.É.C. entra en contact avec le C.M.É.R.P.B. C'est alors ainsi que la Mission de l'Église Réformée de Hollande commença à participer aux côtés de la S.M.É.P. dans l'É.É.C.247. Bien plus, le Conseil de Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas, poursuivait, en liaison avec l'É.É.C. et le Comité de Direction de la S.M.É.P., la façon dont ils pourraient le plus efficacement possible, mettre un certain nombre de missionnaires à la disposition de l'É.É.C. A cet effet, dès le mois de février 1961 le docteur Jan Le Grand, a été envoyé à l'hôpital de Bangwa, comme missionnaire de la S.M.É.P., accompagné de son épouse248. Il s'agissait là d'une mesure provisoire, en attentant que l'étude en cours soit achevée249.

Il en découle donc qu'au départ, c'était sous le couvert de la S.M.É.P. que les premiers missionnaires hollandais furent envoyés à l'É.É.C. La S.M.É.P. favorisait ainsi les relations entre l'É.É.C.et la M.É.R.P.B. Un rapport de Charles Bonzon, alors Directeur de la S.M.É.P. le soulignait en ces termes : « l'Église Évangélique du Cameroun est en effet, avec notre accord, entrée en relation directe avec ce conseil (C.M.É.R.P.B.) et le pasteur Kotto a rendu récemment visite à cette Église ... Ainsi se dégage entre l'Église au Cameroun et l'Église en Hollande une collaboration dont nous rendons grâce à Dieu. »250.

En novembre 1961, Le pasteur Jean Kotto se rendit aux Pays-Bas pour signer un contrat de coopération missionnaire au nom de l'É.É.C. avec le Conseil de Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas. Pour marquer l'importance de cette alliance, il fut reçu par la reine-mère, l'ancienne reine, la princesse Wilhelmine, dans son palais royal251. Cette visite eu des retombées puisque, au mois de septembre de la même année, une première envoyée directe de la Mission Hollandaise arriva. Il s'agit de Mlle Kruijt, infirmière, qui s'installa à l'hôpital de Bangwa252.

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L'année 1961 fut donc l'année qui inaugura la collaboration entre l'É.É.C. et l'Église Réformée des Pays-Bas. Elle est aussi l'année de l'exercice des activités des premiers missionnaires hollandais dans l'É.É.C. Désormais, cette Église d'Hollande fut disposée à mettre du personnel et des fonds au service de l'É.É.C. Cette collaboration vécu de manière sereine, mais fut entachée de quelques incompréhensions entre 1977 et 1987.

C- Le refroidissement des relations entre l'É.É.C. et l'É.R.P.B. (1977-1987)

Vers la fin des années 1970, les rapports entre l'É.É.C. et l'Église Hollandaise ont connu quelques perturbations et tensions. Il s'agit là d'une crise qui n'a pas entraîné de rupture entre les deux. L'une des sources de tension entre les deux Églises avait trait à la gestion des projets. Les propos du pasteur Hollandais Hollemans, qui a travaillé dans la formation des laïcs de l'É.É.C. de 1976 à 1979, notamment au Centre construit à cet effet à Bonabéri-Douala, étayent ce climat tendu. En effet, il déclare dans un article :

L'Église Réformée a jusqu'à maintenant été responsable pour la mise en oeuvre et/ou le financement, en partie ou total de certains projets au sein de l'É.É.C., et elle a mis aussi du personnel à sa disposition. Chaque tentative de l'Église Réformée des Pays-Bas, de mettre en discussion le point de départ de ces projets et la mise en disposition du personnel peut-être interprétée par l'É.É.C. comme une ingérence dans sa politique interne d'Église autonome, comme aussi un essai d'imposer des idées européennes par l'intermédiaire du robinet de l'argent253.

L'É.É.C. était donc jalouse de son autonomie. Elle accusait les missionnaires Hollandais de s'ingérer dans les affaires internes, en voulant agir comme à l'époque de la Mission. Ce que les Hollandais n'appréciaient pas du tout.

Une autre source de tension réside dans le détournement des fonds donnés par les Hollandais. Des fonds, destinés à certains projets, et dont la gestion était confiée aux Camerounais. C'est le cas de l'argent pour la construction du foyer Protestant de Nkongsamba, des fonds de coopération hollandaise pour les hôpitaux, entre autres254.

Bien plus, plusieurs événements désagréables rendaient la coopération difficile entre les deux partenaires :

- les tensions entre les missionnaires hollandais et les ouvriers locaux dues aux différences de traitement matériel, notamment en ce qui concerne les moyens de déplacements dont bénéficiaient plus ces étrangers ;

- le manque ou l'insuffisance d'encadrement de ces missionnaires par l'É.É.C.

253 C. J. Hollemans, Quelques réflexions sur la place d'un expatrié au sein de l'Église Évangélique du Cameroun, Bonabéri-Douala, mars 1979, p.4. Archives Michel Ngapet.

254 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.239.

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Ces faits désagréables entre les deux parties ont été vécus et ressentis. Les relations difficiles entre le pasteur Hollemans et son assistant au centre de formation des laïcs, le pasteur Emmanuel Elouti, peuvent l'illustrer. Ces deux ouvriers vécurent et se séparèrent d'une manière qui ne servit pas la cause de l'Évangile255.

Les envoyés néerlandais se sont plaints auprès de leur Église. Il s'est suivi un entretien qui a eu lieu à Foumban le 10 mars 1977 avec la délégation de l'Église Réformée des Pays-Bas qui est venue assister aux festivités marquant le XXè anniversaire de l'autonomie de l'É.É.C256. Cet entretien a porté sur les relations entre les deux Églises. Le rapport de cette rencontre est discuté le 13 octobre 1977 à Oegstgeest, lors de la session du Conseil de Mission 257. Au cours de cette session, le Secrétaire Général du Département Missionnaire, Bootsma, souligne :

Qu'il y a une tension entre l'Église du Cameroun et le Conseil de Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas, dont l'envoyé missionnaire devient victime. Puis, il pensa qu'il fallait un entretien avec l'Église du Cameroun. Pour la réussite d'un tel entretien, il est d'importance, selon lui, que les envoyés missionnaires soient impliqués dans l'ordre du jour qu'il faudra dresser258.

Suite à ces discussions, le Conseil prend les résolutions suivant lesquelles les envoyés devront dans l'avenir donner des informations qui serviront à établir la politique générale à leur Église, et que les relations entre les deux Églises devront être fixées dans une consultation une fois tous les deux ans.

Dans le même ordre d'idées, s'est tenue une rencontre entre une délégation officielle de l'Église Réformée des Pays-Bas et le bureau de l'É.É.C. les 16 et 17 mai 1978 à Foumban. Le rapport de la délégation hollandaise a été discuté au Conseil des Missions du 14 septembre 1978. La remarque selon laquelle les points essentiels concernant le travail des envoyés hollandais au sein de l'É.É.C. n'a pas été bien définis a été relevée. Selon le conseil, ses points essentiels sont au nombre de quatre :

- la vision commune entre l'É.É.C. et l'É.R.P.B. ;

- l'envoi de missionnaires qui coopèrent en toute modestie ;

- la continuité de la collaboration en respectant le moratoire ;

- le renforcement du dialogue continu dans le travail de l'envoyé.

En outre, lors du Synode Général de l'É.É.C. tenu à Bafoussam en 1979, quelques résolutions sont prises et qui dénotent une certaine tension entre les deux partenaires. Il est dit entre autres que :

255 Entretien avec Emmanuel Elouti, 66 ans, pasteur de l'É.É.C, paroisse Essos, Yaoundé, 13 juin 2014.

256 C.J. Hollemans, p.5.

257 Ibid.

258 Ibid.

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- l'É.É.C. est une Église autonome qui doit établir sa propre politique. Les Hollandais qui viennent, doivent se conformer à cette politique. Ils doivent se soumettre à la hiérarchie qui a été fixée par la constitution de l'Église ;

- l'envoyé Hollandais ne doit pas introduire de nouvelles idées ou doctrines, car, elles seraient cause de troubles.

Par ailleurs, ce même synode approuve aussi la décision de la Commission Exécutive de demander à l'É.R.P.B. huit envoyés pasteurs. Ceci démontre tout simplement que les critères de collaboration devaient être révisés comme le reconnurent plus tard les pasteurs Hollemans et Pier Magre. Ce dernier, répondant à la question d'un journaliste, qui voulait savoir la cause de la rupture entre les deux Églises à mi-parcours, déclare :

Tout d'abord, je voudrais dire que je ne suis pas content quand on parle de rupture. Il convient de souligner que dans le cours des années les choses ont changé. On a pas fait assez attention, on a pas vu à temps ces changements de sorte qu'on a fini par avoir un manque de communications, un manque de relations dans le domaine de la réflexion qui a trop longtemps duré et qui, à un certain moment a causé la crise dans la relation259.

Bref, la crise sans rupture dans les relations entre l'É.É.C. et l'Église Réformée des Pays-Bas était causée par :

- la mauvaise gestion et le détournement des fonds mis à la disposition de l'É.É.C. pour

les projets ;

- le manque des cahiers de charges des envoyés hollandais ;

- l'ingérence des envoyés hollandais dans la politique générale de l'É.É.C. ;

- le complexe des ouvriers locaux ;

- le manque de communication et de réflexion

- les incompréhensions entre le bureau de l'É.É.C. et les envoyés hollandais

- le vieillissement des critères solides de collaboration.

Dès 1987, la situation commença à s'apaiser. En effet, une délégation de l'Église

néerlandaise forte de quatre personnes se rend au Cameroun. Elle est composée de :

- Karel Blei, pasteur et Secrétaire Général de l'É.R.P.B. ;

- Mme Den Tex, Vice-Présidente du Conseil des Missions,

- Pier Magre, pasteur et Secrétaire pour l'Afrique du Conseil de Mission ;

- le pasteur Johannes Roldanus, membre du Conseil de Mission et professeur d'Histoire

à la Faculté de Théologie d'Utrecht260.

Cette délégation a eu des entretiens avec le bureau de l'É.É.C. Ces entretiens ont porté

essentiellement sur la mise sur pieds des nouvelles bases de la coopération entre les deux

259 L'Appel n°1, p.5.

260 L'Appel n°2, janvier-février 1988, pp.14-16.

99

Églises. Ainsi, les pourparlers avec la Hollande ont abouti. Les malentendus ont été dissipés et une nouvelle lune de miel se profilait à l'horizon. Un protocole d'accord a été signé261.

Après dix ans de piétinement, la coopération entre l'Église Évangélique du Cameroun et l'Église Évangélique des Pays-Bas est repartie sur des bases solides.

D- Participation tous azimuts de l'Église Réformée des Pays-Bas au développement de l'É.É.C.

1) Le personnel hollandais à l'É.É.C.

Ce personnel est composé essentiellement de médecins, de pasteurs et de professeurs de Théologie.

À l'hôpital protestant de Ndoungué, on a enregistré entre 1962 et 1986 les médecins Hollandais suivants : Van Bergeck de 1962 à 1967, Bas Van Wijk (1965-1972), Gerard Van Noort (1973-1981). À l'hôpital protestant de Njissé à Foumban, le Dr. Eric Van Geer fut Médecin-Chef de 1980 à 1988. Il est à relever à son actif le développement prodigieux de cette structure sanitaire, avec la construction d'un bloc sanitaire, d'un bâtiment pour le logement du personnel et l'agrandissement du centre de santé de Baïgon262. Il a été suivi par le Dr. Berend Jansen-Jansen comme Médecin-Chef de cet hôpital entre 1989 et 1993.Cette liste de médecins hollandais à l'É.É.C. est loin d'être exhaustive. Elle est évoquée ici à titre illustratif.

Pour ce qui est des professeurs de théologie, plusieurs, de renommée ont enseigné à l'ancienne École de Théologie de Ndoungué, aujourd'hui Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses de Ndoungué. Il s'agit entre autres de :

- Johannes Roldanus, professeur d'Histoire de l'Église. Il fut Directeur de cette École de 1970 à 1975 et Secrétaire associé du Conseil d'Administration du projet de l'École de Théologie Unie ;

- Bakker, professeur de Dogmatique, qui aura marqué la plupart des étudiants et pasteurs de l'É.É.C. qui l'ont rencontré pendant leur formation ;

- Ruurd Veldhuis, professeur de Théologie à Ndoungué de 1975 à 1979 ;

- Le Dr. E. Jansen Schoohoven

En outre, l'Église Hollandaise a mis au service de l'É.É.C., plusieurs de ses pasteurs. Quelques noms peuvent être cités :

261 L'Appel n°2, janvier-février 1988, pp.14-16.

262 Ibid, p.13.

100

- Pier Magre, pasteur missionnaire à Mbouda et Nkongsamba de 1963 à 1972 et Secrétaire pour l'Afrique de 1983 à 1995 ;

- Jaap Van Slageren (1963-1974). Il s'est beaucoup intéressé à l'É.É.C. au point d'en étoffer la littérature à travers plusieurs ouvrages dont celui sur les origines de l'Église Évangélique du Cameroun paru en 1972. Ces ouvrages ont inspiré nos recherches ;

- Jan Schipper, pasteur missionnaire à Nkongsamba entre 1963 et 1969 ;

- Mme Jansen Mechteld. Elle est la toute première femme pasteur à travailler dans une paroisse de l'É.É.C. Elle exerça comme pasteur à la paroisse de Njissé II à Foumban de 1989 à 1993. Son ministère bouleversa certaines mentalités encrées au sein de l'É.É.C., marquées par le refus de former les jeunes femmes au ministère pastoral. C'est ainsi que la décision historique fut prise à la Commission Exécutive de 1992, d'inscrire quelques femmes et jeunes filles dans les institutions de formation en Théologie. Le ministère de cette dame apporta une solution au problème du ministère pastoral des femmes à l'É.É.C. Il fut donc un détonateur à l'effectivité de la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C.

Il y a lieu de noter que, la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C. est une contribution indéniable des relations entre elle et l'Église Réformée des Pays-Bas.

2) Les contributions de l'Église Réformée de Hollande dans l'É.É.C.

L'É.R.P.B. n'envoie pas seulement le personnel à l'É.É.C. Elle fait aussi de nombreux dons et octroie des fonds pour son développement infrastructurel, matériel, pour la formation des cadres, des personnes dont elle a besoin pour sa mission au sein de la société camerounaise. Cette assistance concerne :

- toutes les formations sanitaires de l'É.É.C. (hôpitaux, centres de santé, maternités, etc.) ainsi que la formation des aides-soignants à Ndoungué où l'É.R.P.B. a mis à la disposition de cette formation une Hollandaise ;

- la Ferme-École de Ndoungué ;

- le Foyer Protestant de Nkongsamba ;

- la réfection de la grande maison du Centre Social de Ntolo, dont les travaux ont coûté la somme dix-neuf millions de francs CFA263 ;

- la Direction du Culte d'Enfants à Ndoungué ;

- de nombreuses bourses d'études. Ainsi, pour la décennie 1990, les pasteurs HendjeToya, Isaac Kamta, Pascal Fossouo en ont été bénéficiaires ;

263 J.M.É., 1975, pp.30-33.

101

- le recyclage des pasteurs depuis 1990, etc.

Le tableau ci-après indique le budget que l'É.R.P.B. adopta pour l'année 1997 :

Tableau n°5 : Subventions de l'É.R.P.B. à l'É.É.C. en 1997.

Rubriques

Budget (en francs CFA)

Fonctionnement Département Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.)

2

500

000

Formation D.U.F.C.

8

100

000

Recyclage des pasteurs

2

500

000

Ecole de Théologie de Ndoungué

18 330 000

Formation des laïcs

2

630

000

Centre d'Etudes

5

000

000

Femmes des Pasteurs

3

500

000

Formation féminine

2

000

000

Fonctionnement

5

200

000

Ferme-Ecole de Ndoungué

5

000

000

Centre Social de Ntolo

7

000

000

Culte d'Enfants

4

000

000

Formation des handicapés à Baham

7

000

000

Département de la Jeunesse

6

250

000

Département de la Communication

4

000

000

Total :

64 680 000

Source : Service Financier de la Direction Générale de l'É.É.C., 1997.

Au regard de cette somme importante, on constate que cette Église Hollandaise apporte une grande contribution au budget de l'É.É.C. Grâce à ce soutien, développement de l'É.É.C. se trouve rehaussé264.

Les femmes n'ont pas été en reste dans cette coopération. Ainsi dans le cadre des liens qui unissent l'É.R.P.B. et l'É.É.C., est née une série d'échanges entre les femmes de cette Église et le Département de l'Union des Femmes Chrétienne (D.U.F.C.) de l'É.É.C.265. De ce fait, du 9 au 29 novembre 1992, une délégation de six femmes de différentes régions de

264 Entretien avec Michel Ngapet, 66 ans, Pasteur de l'É.É.C., Bapi/Bafoussam, 26 décembre 2014.

265 L'Appel n°31-32, janvier 1995, p.21.

102

l'É.R.P.B. ont séjourné au Cameroun. Deux années après, il revenait aux femmes du D.U.F.C. d'effectuer une visite similaire aux Pays-Bas. De ce fait, le 7 septembre 1994, une délégation de six femmes de l'U.F.C., représentant les treize régions synodales de l'É.É.C. s'est envolée pour les Pays-Bas. Cette délégation était constituée de Mme Madeleine Mandou, secrétaire régionale du Centre-Sud et Est, Mme Françoise Ndame, responsable de la commission de développement, Mme Nzeukeng Anne, présidente régionale de l'U.F.C. de la Région Synodale de la Menoua, Mme Bang Berthe, secrétaire de paroisse dans la Région Synodale du Nkam, Mme Rosine Ekotto, secrétaire régionale du PABB et Mme Louise Moussadi, membre du Bureau National du D.U.F.C. Au cours des trois semaines qu'a duré leur séjour, ces dames ont effectué des visites dans les différents centres et oeuvres de l'É.R.P.B., notamment les écoles, les centres de santé, les fermes, les serres de fleurs de tomate. Elles ont également rencontré des responsables ecclésiastiques des différentes régions266 comme l'indique la photographie ci-après :

Photo n° 6: Une délégation des femmes du D.U.F.C. en visite en Hollande en 1992

Source : L'Appel n°31-32, janvier 1995, p. 21.

266 L'Appel n°31-32, janvier 1995, p.21-23.

267L'Appel n°1, p.6. 268Ibid.

103

E- Les problèmes des relations entre l'É.É.C. et l'É.R.P.B

Le partenariat entre l'É.É.C. et l'Église néerlandaise se déroule dans le sens classique les relations Nord-Sud. Ces relations sont à sens unique car, on constate une intervention unilatérale du partenaire européen vers le partenaire africain qu'est l'É.É.C. Cela traduit par l'envoi des missionnaires hollandais à l'É.É.C., et l'inverse n'est pas possible.

De ce fait, une résolution du Synode Général de Bafoussam en 1979, recommande une organisation de l'échange réciproque du personnel des deux Église s. Cependant, comme avec l'Église Évangélique de Westphalie. Cette coopération s'est heurtée au handicap majeur de la communication, notamment la langue. Le personnel de l'É.É.C. pouvant se mettre en partie au service de l'Église hollandaise, insuffisant à l'É.É.C, est évoqué. En effet, s'il est facile et possible pour un Hollandais d'apprendre le Français et venir travailler à l'É.É.C., l'inverse est très difficile. Il n'est pas facile pour un Camerounais d'apprendre le Néerlandais et de se mettre au service de l'Église Réformée des Pays-Bas. De même, du côté des hollandais, on soulève ce même problème de langue. C'est le cas de Mme Den Tex, Vice-Présidente du Conseil des Missions qui explique ceci :

C'est une question dont on a déjà parlé il y a plusieurs années ; il y a sept ans, nous l'avons évoquée. Encore maintenant, nous en avons parlé de la possibilité que par exemple, des pasteurs camerounais viendraient chez nous quelques temps pour parler, faire connaître les problèmes du Cameroun, des Église s du Cameroun, parler aux chrétiens de notre Église . Certainement, il y a cette possibilité267.

Pour Mme Den Tex, la mission à double sens est possible. Elle signale aussi un autre aspect de celle-ci :

En ce moment, un autre aspect que nous avons entrevu, c'est qu'on essaie d'avoir des visites réciproques non seulement des personnes au niveau du bureau, mais des pasteurs régionaux, des membres de l'Église de part et d'autre ; non seulement des Pays-Bas au Cameroun, mais aussi du Cameroun aux Pays-Bas268.

Ici, Mme Den Tex parle évoqua seulement les envoyés de courts séjours. Qu'en est-il des envoyés Camerounais de longs séjours ? Pour le pasteur Pier Magre, cela est difficile parce que l'Église Réformée des Pays-Bas n'a pas une commission des ministères qui place les pasteurs. Ce sont les paroisses elles-mêmes qui font appel à un pasteur et qui discutent avec lui de son travail. L'Église centrale n'a pas beaucoup de possibilité d'intervenir. La paroisse est en quelque sorte souveraine. Bref, des envoyés camerounais en Hollande pour des courts

104

séjours, celle optique était possible, mais pour des longs séjours de plusieurs années, elle était difficile.

Comme on peut le constater, depuis son accession à l'autonomie, l'Église Évangélique du Cameroun coopère sur la scène internationale, notamment en Europe. Dans ce continent, elle entretient des relations bilatérales directes avec des Églises et autres Organisations Non Gouvernementales à caractère ecclésiastique, installées surtout en Allemagne et aux Pays-Bas. Cette coopération bilatérale de l'É.É.C. se déroule de manière sereine et dans le respect mutuel des différents partenaires, malgré quelques petits incompréhensions recensées de part et d'autres.

Ainsi, la coopération internationale de l'É.É.C. depuis 1957 s'est faite sous deux axes : la coopération multilatérale au sein des organisations ecclésiastiques internationales ; et la coopération bilatérale, effectuée de manière directe avec ses partenaires d'Europe. Dès lors, quelle évaluation peut-on faire de cette ouverture de l'Église Évangélique du Cameroun au monde ?

105

CHAPITRE IV :
L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN DANS LES
RELATIONS INTERNATIONALES (1957-2007) :
ÉVALUATION GÉNÉRALE

L'esprit oecuménique qui a animé l'É.É.C. depuis son autonomie, l'a amené à s'ouvrir au monde. De ce fait, de 1957 à 2007, l'É.É.C s'est lancée dans un vaste champ de relations internationales. Ainsi, elle a coopéré hors du Cameroun dans le cadre des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentale. De même, la collaboration bilatérale s'est manifestée à travers des rapports directs avec certaines Églises et autre Association de développement ou Organisation non gouvernementale basés en Europe, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.

Dès lors, cinquante années après son autonomie, quelle évaluation, quel bilan peut-on faire de la coopération internationale de l'É.É.C. ? En d'autres termes, de quoi l'É.É.C. a-t-elle bénéficié de son réseau de partenaires ? Qu'a-t-elle apporté e retour à ce réseau de partenaires ? Quels sont les problèmes que l'É.É.C. a rencontrés et quelles sont les difficultés auxquelles elle a fait face ? Quelle offensive diplomatique a-t-elle adopté et comment définir le cadre de coopération pour une présence plus ouverte au monde ?

Les réponses à ces différentes interrogations nous amèneront à présenter, dans ce chapitre, le bilan c'est-à-dire, les apports réciproques de l'É.É.C. et de son réseau de partenaires internationaux, les retombées de la coopération internationale de l'É.É.C., les problèmes qu'elle a connus dans cette coopération.

I- BILAN DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN

Il est question dans cette partie d'analyser les apports réciproques entre l'É.É.C. et son réseau de partenaires multilatéraux et bilatéraux.

106

A- L'apport de l'É.É.C. au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales

1) Au sein du Conseil OEcuménique des Églises

Après son admission comme membre du C.O.É.. en 1959, l'É.É.C. y manifesta sa présence d'une manière palpable. L'action de l'É.É.C. ainsi que les responsabilités de ses fidèles et membres au sein de cette Organisation ont été très significatives. En effet, elle a toujours pris une part active aux différentes rencontres organisées par le C.O.É., notamment aux assemblées générales. C'est le cas de sa participation à la troisième assemblée générale du C.O.É. tenue en 1961 à la Nouvelle Dehli. Le Secrétaire Général et représentant officiel de l'É.É.C., le pasteur Jean Kotto y était membre du Comité Central. A travers lui, l'É.É.C. parraina l'entrée de l'Union des Églises Baptistes et Évangélique s du Cameroun (U.É.B.C.) et de l'Église Évangélique du Gabon au sein du C.O.É. De même, l'É.É.C. fut présente à la réunion de la Commission des Missions et de l'Évangélisation du C.O.É. organisée à Mexico, au Mexique, en 1963 toujours par le biais de son délégué le pasteur Kotto. Il y fit un exposé sur la croissance de l'É.É.C. avec la campagne entreprise en pays Bamiléké à l'Ouest-Cameroun. À Upsal en Suède en 1968, les pasteurs Jean Kotto et Eugène Mallo ont marqué d'une pierre blanche la participation de l'É.É.C. à la quatrième assemblée générale du Conseil. C'est grâce à elle que parrainé et intégrée l'Église Protestante Africaine (E.P.A.) du Cameroun, comme membre associé du C.O.É.

Bien plus, les filles et fils de l'É.É.C. ont apporté une contribution significative au fonctionnement du Conseil OEcuménique des Églises. C'est le cas du pasteur Emmanuel Elouti qui a travaillé dans la Commission Mission et Evangélisation de 1986 à 1998. Certains fidèles et membres de l'É.É.C. ont participé aux sessions de formation organisées à l'Institut OEcuménique de Bossey à Genève en Suisse. Parmi eux on peut citer le pasteur Eugène Mallo, ainsi que les pasteurs Emilienne Tuébou, Madeleine Mbouté et Emmanuel Tchuindjang, respectivement en 1996 et en 1997.

2) La contribution de l'É.É.C. au sein de la C.É.V.A.A.

Comme nous l'avons signalé plus haut, l'É.É.C. a été l'un des initiateurs de la C.É.V.A.A. Cela s'est fait à travers l'appel mémorable lancé par le pasteur Jean Kotto, en 1964, en faveur de la dissolution de la S.M.É.P., en vue de pouvoir créer une Action Apostolique Commune (A.A.C.) aux Africains, Océaniens et Européens. De ce fait, au sein de la C.É.V.A.A., l'É.É.C. a assumé les responsabilités qui lui étaient dues. Ainsi, le pasteur Jean Kotto, Secrétaire Général de l'É.É.C. d'alors, fut membre du Conseil de la Communauté. Paul

107

Soppo Priso, laïc très engagé de l'É.É.C., fut pendant douze ans, membre de la Commission Financière de la C.É.V.A.A. Bien plus, et c'est un fait marquant des relations internationales de l'É.É.C, le pasteur Charles Emmanuel Njiké, Président Général de l'É.É.C. de 1992 à 1998, a assuré la présidence de cette Organisation durant un mandat, c'est-à-dire de 1993 à 1996. Cela à l'issue de son conseil annuel tenu à Tahiti en Polynésie Française du 21 juin au 02 juillet 1993. Par cette représentation, l'É.É.C., fut effectivement mise au devant de la scène internationale. Le pasteur Charles Emmanuel Njiké exerça son mandat sans faillite, tout en préservant les intérêts de la Communauté269. En outre, l'É.É.C. qui a accueilli les réunions du comité exécutif et du conseil de la C.É.V.A.A. du 8 juin au 1er juillet 1995.

Les femmes ont aussi été les véritables actrices du rôle joué par l'É.É.C. au sein de cette Communauté. En effet, une délégation des femmes du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C., a pris part au lancement officiel de la caravane des femmes pour la paix, organisée par la C.É.V.A.A, à Marrakech au Maroc, le 25 mai 2006. Cette caravane a séjourné en terre camerounaise du 13 au 31 octobre 2007, et a été accueillie par les Églises locales membres de la C.É.V.A.A., dont l'É.É.C. L'étape du Cameroun avait pour thème : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14 : 27)270.

En ce qui concerne la participation de l'É.É.C. à la vie financière de la C.É.V.A.A., le tableau ci-après récapitule, sa contribution financière au budget de la C.É.V.A.A entre 1977 et 1990 :

Tableau n°6: Recettes versées par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. de 1977 à 1990.

Années

Budget (recettes versées par l'É.É.C.
à la C.É.V.A.A.) en francs CFA

Sources

1977

150 000

J.M.É., 1979, supplément n°12, p.30.

1978

150 000

J.M.E, 1979, p.30.

1979

200 000

J.M.E, 1979, supplément n°4, p.31.

1981

200 000

J.M.E, 1980, supplément n°4, p.40.

1982

200 000

J.M.E, 1981, p.18.

1990

200 000

J.M.E, décembre 1989, n°5, p.65, p. 18.

269 Entretien avec Mbatzin Henri, Pasteur É.É.C., 55 ans, Messa-Yaoundé, 11 avril 2015.

270 L'Appel n°29, juillet-décembre 2007, p.51.

108

Ce tableau est donné à titre indicatif, juste dans le but de montrer que l'É.É.C. a été active dans la vie financière de la C.É.V.A.A.

Dans les champs d'action de la C.É.V.A.A., l'É.É.C. prit part à l'échange de personnes entre les Églises membres de cette organisation. Elle envoya des pasteurs dans des Églises membres. C'est le cas du pasteur Mésak Tchakounté envoyé au Bénin et du pasteur Jacques Ndensi à Dakar au Sénégal. L'É.É.C. a reçu plusieurs envoyés de la C.É.V.A.A., par l'intermédiaire du D.E.F.A.P., notamment des Coopérants du Service National (C.S.N.) ; des Volontaires d'Aide Technique (V.A.T.) dans les Églises partenaires. Ces envoyés sont : les enseignants, les théologiens, les médecins, les gestionnaires, les agronomes, les techniciens, les animateurs, les formateurs, etc.

Bref, la présence de l'É.É.C. demeure active au sein de la C.É.V.A.A. Comme l'a si bien déclaré le pasteur Charles Emmanuel Njiké, « l'idée de la C.É.V.A.A. n'est pas née en France, mais bien au Cameroun, au sein de l'Église Évangélique de ce pays »271.

3) La participation de l'É.É.C. au sein de la M.É.U.

La Mission Évangélique Unie est l'une des organisations inter-ecclésiastiques internationales où l'É.É.C. est particulièrement très active. Après l'avoir intégré en 1975, elle n'a pas manqué d'y jouer un rôle déterminant. En effet, l'É.É.C a participé aux diverses rencontres organisées par cette association. C'est le cas lors de la première consultation francophone de la M.É.U. tenue à Goma (actuel République Démocratique du Congo), du 24 au 27 février 1992. Les délégués officiels de l'É.É.C. furent : Samuel Kondji, alors Trésorier Général de l'É.É.C. de cette époque et le Pasteur Emmanuel Ouafo, alors président de la Région Synodale de la Mifi à Bafoussam. L'É.É.C a également accueilli la consultation régionale, zone Afrique de la M.É.U. à Douala du 20 au 25 mars 1995.Les fidèles et membres de l'É.É.C. ont assumé des responsabilités au sein de la M.É.U. On peut citer : Madame Madeleine Tiki Koum, présidente du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C. qui a été membre du Comité Exécutif ; le pasteur Sadrack Djiokou qui y a été délégué des jeunes et plus tard Secrétaire Exécutif, région Afrique de la M.É.U. Le pasteur Jean Samuel Hendje Toya fut élu Coordonnateur Régional pour l'Afrique de la M.É.U. avec résidence à Kigali au Rwanda272, lors de la consultation de Bukobo en Tanzanie du 14 au 19 mars 1996.

271 Le christianisme au XXè siècle, p. 6.

272 M. Tiki Koum, "Assemblée Générale " de la V.E.M. / Unis en Mission, 2-9 juin 1996 à Bethel en Allemagne, in L'Appel, n° Spécial, juillet 1996, p.22.

109

Bien plus, l'É.É.C. a abrité du 31 mars au 4 avril 1995 le Comité Exécutif de la M.E.U/V.E.M. et la conférence régionale Africaine de cette organisation. Deux grandes rencontres riches et fructueuses qui ont permis aux divers délégués d'Afrique, d'Asie et d'Allemagne présents à ces assises, d'étudier ensemble la nouvelle vision du travail de partenariat, les échanges de collaborateurs entre Église s et les projets missionnaires communs qu'ils envisagent. Des moments intenses de partage présidés par le Secrétaire Exécutif de Département Afrique de la Mission Évangélique Unie, le Dr. Kakule Mollo273.

Le Groupe de Travail des femmes (G.T.F.) de la M.E.U est une réalité au sein de l'É.É.C. Il est engagé à fond dans le programme Justice, Paix et Sauvegarde de la Création. Ce groupe a à son actif, le séminaire international tenu à Batié (Ouest-Cameroun) en Janvier 1997 sur le thème "Église s et Droits de l'Homme, rites de veuvage au Cameroun". Cet événement a été un succès grâce à la participation des femmes, de leurs témoignages et de la qualité des exposés274.

La M.E.U, fidèle à sa vocation de partage dans le cadre du partenariat, a organisé du 18 août au 17 septembre 2006 un stage linguistique au Centre Linguistique de Bamenda dans le Nord-Ouest du Cameroun275. En outre, l'É.É.C. a été représentée, en 2007, à un séminaire de formation sur le journalisme à l'endroit des correspondants du bulletin "Écho de la mission", organisé par la M.É.U. / Région Afrique, à Dar-es-Salaam en Tanzanie, Afrique de l'Est276.

L'É.É.C. a déjà eu à exécuter plusieurs programmes de la M.É.U. C'est le cas de la solidarité avec la Rwanda lors du génocide de 1994. En effet, une somme de trois millions de francs CFA277 en faveur de ce pays avait été collectée en 1994. Ce qui a valu à l'É.É.C., à travers son Président, le Pasteur Charles E. Njiké, une salve d'applaudissements, lors de l'Assemblée Générale des hauts responsables des Église s d'Allemagne en conclave avec le Comité Unis en Mission à Béthel en novembre 1994278. Ceci se passa, suite au rapport du président qui avait parlé de cette solidarité avec la Rwanda.

De même, l'É.É.C. participe financièrement au fonctionnement de la M.É.U. à travers ses contributions au budget et à l'exécution de plusieurs programmes.

Comme on peut le constater, l'É.É.C. a été un membre actif de la M.É.U. Elle a et continue à oeuvrer au bon fonctionnement de cet organisme en participant ses différentes

273 L'Appel n°35, mai 1995, p. 7.

274 C. Modi Din, "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", in L'Appel , n° spécial, 43ème Synode

Général, 1999, p. 27.

275 Ibid.

276 L'Appel, n°26-27, mars 2007, p. 45.

278 Ibid. n°33, mars 1995, p. 24.

110

rencontres, à travers ses fidèles et membres. Elle y apporte tout de même sa modeste contribution au budget de la Mission.

4) La contribution de l'É.É.C. à la C.É.T.A.

L'É.É.C fut un membre constituant de Conférence des Églises de Toute l'Afrique. En effet, elle a été présente à la conférence préparatoire pour la création de cette Communauté à Ibadan au Nigéria en 1958. Cette conférence s'est tenue un an après son autonomie. Elle y a participé et y a apporté même une contribution. Le pasteur Thomas Ekollo, l'un de ses délégués à cette réunion présenta une étude sur le rapide changement social au Cameroun279. Cette étude portait sur l'engagement politique du chrétien, le mode de vie chrétien dans les villes et le mode de vie chrétien dans les régions rurales.

Bien plus, à la conférence constitutive de la C.É.T.A., à Kampala en 1963, l'É.É.C. a pris une part effective et active. Elle y a été représentée par le pasteur Eugène Mallo qui était l'un des vice-présidents de cette Assemblée et le pasteur Jean Kotto qui a été nommé au cours de cette Assemblée, Président du Comité Général de la C.É.T.A. pour l'Afrique Occidentale d'expression française, et également comme responsable du comité général de la commission

I des cinq commissions de la C.É.T.A., créées à Kampala280.

Au sein donc de cette Organisation, les élites de l'É.É.C. y ont occupé plusieurs fonctions. C'est ainsi que, pour les services dans les institutions spécialisées de la C.É.T.A., le pasteur André Moussanga Epée, journaliste, a été, de 1993 à 1997, Administrateur-Directeur du Service d'Information des Églises d'Afrique (S.I.É.A. Info) à Lomé au Togo281. L'É.É.C. est un membre actif de la C.É.T.A., depuis ses origines. De la conférence préparatoire pour la création de la C.É.T.A. à Ibadan au Nigéria en 1958, à son Assemblée Générale Yaoundé au Cameroun en 2003, en passant la conférence constitutive de Kampala en Ouganda (1963) et aux assemblées générales d'Abidjan en Côte d'Ivoire (1969), de Lusaka en Zambie (1974), de Nairobi au Kenya (1987), de Harare au Zimbabwé (1992), d'Addis-Abeba en Ethiopie (1997), l'É.É.C. prit toujours une part active aux Assemblées à travers ses représentants. Ses fils et filles y ont souvent occupé des fonctions importantes à l'instar de : président, vice-président, membres suppléants du Comité général et exécutif, etc.

279Ibadan, 1958, pp. 183-184.

280 La Conférence de Kampala, 1963, p. 78 et p. 82.

281 Il s'agit d'une agence de presse panafricaine pour l'ensemble des Églises d'Afrique francophone.

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B- L'apport de l'É.É.C. à son réseau de partenaires bilatéraux

Le réseau de partenaires bilatéraux de l'Église Évangélique du Cameroun est constitué des Églises et organisations de développement basées en Europe. Ils se recensent en Allemagne (Église Évangélique de Westphalie, Mission de Brême, l'Evangelical Zentrastell Für Entwiecklunlghilfe (E.Z.E.), l'Evangelischer Entwicklungsdienst) et en Hollande particulièrement avec l'Église Réformée des Pays-Bas devenue en 2004 Église Protestante aux Pays-Bas. Avec ceux-ci, l'É.É.C. collabore de manière directe c'est-à-dire sans intermédiaire comme c'est le cas, avec d'autres Églises, dans le cadre des organisations inter-ecclésiastiques internationales ou continentale.

Parler de l'apport ou alors de la contribution de l'É.É.C. à ces différents partenaires bilatéraux, relève de la gageure. Selon le pasteur Richard Priso Moungolè, Vice-Président de l'É.É.C., on ne saurait véritablement parler de collaboration de l'É.É.C avec ses partenaires européens. Pour lui, il s'agit d'un partenariat raté qui n'avait rien à voir avec les échanges réciproques comme c'est dans tout partenariat. C'est plutôt des « rapports de maître à élève qui s'assimilent à un prolongement de la domination coloniale, un parternalisme conforté par une assistance matérielle et financière, un partenariat superflu caractérisé par un flou artistique dans le parcours»282. Il s'agit des relations Nord-Sud qui se sont toujours déroulées à sens unique. Les partenaires ont toujours focalisé leur assistance à l'É.É.C. sur les axes financiers et matériels, sans toutefois mettre l'accent sur l'aspect spirituel, voulant tout le temps imposer leurs points de vue qui ne cadre pas toujours avec nos réalités locales, car, dit-on, «qui paie commande »283. Ainsi, en dehors de quelques des visites alternées entre l'É.É.C. et ces Églises européennes partenaires, les initiatives et les actions ont toujours été unilatérales, venant très souvent des étrangers.

À la vérité, la coopération bilatérale de l'É.É.C. a été une collaboration de « donneur-receveur » ou de donateur et de bénéficiaire et non une relation gagnant-gagnant, comme c'est le cas dans les relations internationales classiques. On a assisté à une intervention unilatérale du partenaire qu'à une bilatéralité des relations. Cela s'est manifesté par l'envoi des missionnaires Hollandais, Allemands et Français et à l'É.É.C., et l'inverse n'a été possible à L'É.É.C qu'à quelques exceptions près et qui parfois se voués à l'échec. C'est le cas par exemple du pasteur Jules Ehawa, envoyé missionnaire de l'É.É.C.au début des années 1970, à l'Église Réformée de France, une mission qui s'est mal passée284 et qui s'est achevée avant

282 Entretien avec Richard Priso Moungolè, 62 ans, Pasteur, Yaoundé, 27 mai 2015.

283 Idem.

284 Entretien avec Isaac Kamta, 59 ans, Pasteur, Yaoundé, 12 mai 2015.

112

l'échéance prévue. Ceci a aussi été le cas avec les pasteurs Mésak Tchakounté et Jacques Ndensi envoyés de la C.É.V.A.A. respectivement au Bénin et au Sénégal285. L'É.É.C. a plus reçu qu'elle en a ou pas apporté. Ceci peut-être à cause de son manque de maturité, à sa mauvaise organisation dans ce domaine, contrairement à ses partenaires qui sont mieux organisés, mieux bâtis, matériellement et financièrement préparés.

Au demeurant, depuis son autonomie, l'É.É.C. a été un véritable acteur des relations oecuméniques internationales. Elle est membre à part entière de plusieurs organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentale. Elle a tout de même collaboré de manière directe avec certaines Église s et associations installées en Allemagne. Ces différentes coopérations ont eu plusieurs retombées dans la marche de cette Église.

II- LES RETOMBÉES DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE DANS LA MARCHE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN

L'ouverture de l'É.É.C. au monde n'a pas été une semence sans moisson. Durant les cinquante années de son autonomie, l'engagement de l'É.É.C. dans les relations oecuméniques internationales a eu un impact indirect, des suites considérables dans sa marche. Etant donné que les objectifs des différentes coopérations n'étaient pas les mêmes selon qu'elle a collaboré avec l'un ou l'autre partenaire. Ainsi, les retombées de la coopération internationale de l'É.É.C. peuvent s'observer sur les plans spirituel et de la formation, social, matériel et infrastructurel.

A- Sur les plans spirituel et de la formation

L'É.É.C. a tiré grand profit de sa collaboration avec ses partenaires extérieurs, au niveau de son champ spirituel et de la formation. En effet, l'intégration de l'É.É.C. au sein des organisations inter-ecclésiastiques lui a permis d'accroître son esprit oecuménique de base. Ces organisations regroupent en fait plusieurs Églises chrétiennes de différentes confessions, notamment les protestants, les méthodistes, les anglicans et même les catholiques. A travers les partages d'expériences dans les alliances confessionnelles mondiales, les animations théologiques avec les Église s de plusieurs continents, l'É.É.C. vit et témoigne pleinement la foi chrétienne dans monde d'aujourd'hui, comme le stipule l'idée de base de la C.É.V.A.A.

285 Entretien avec Isaac Kamta, 59 ans, Pasteur, Yaoundé, 12 mai 2015.

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Cette expression oecuménique internationale s'est aussi ressentie sur le plan interne. De ce fait, au plan national, l'É.É.C. entretient d'excellentes relations avec les Église s de confessions différentes à l'instar des autres Églises protestantes présentes au Cameroun. Elle est membre du Conseil des Églises Protestantes du Cameroun (C.E.P.C.A.), né des cendres de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Cameroun (F.É.M.É.C.), dont le pasteur Joseph Mfochivé, alors président de l'É.É.C., a été président à sa mort en 2006286.

La formation a aussi été l'un des axes importants de la coopération internationale de l'É.É.C. Ainsi, plusieurs ouvriers et laïcs de cette Église ont bénéficié de la formation par le biais de la coopération internationale. L'Institut OEcuménique de Bossey, institution du Conseil oecuménique des Églises et creuset de l'oecuménisme pratique a accueilli et formé quelques pasteurs de l'É.É.C. à l'instar des pasteurs Eugène Mallo (très anciennement), Emmanuel Tchuindjang, Madeleine Mbouté et Emilienne Tuébou. Bien plus, les envoyés missionnaires à l'É.É.C., de par leurs différentes formations, ont concouru à l'amélioration et au relèvement du niveau des ouvriers (Pasteurs, Délégués Pastoraux, Pasteurs Proposants, Évangélistes,) et autres fidèles et laïcs. C'est le cas des missionnaires théologiens envoyés à l'École de Théologie de Ndoungué, aujourd'hui Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses, l'École Biblique de Foumban, et d'autres dans les différentes régions synodales. On a aussi enregistré des enseignants, des médecins, des infirmiers et aide-soignants, des gestionnaires, des techniciens, les animateurs agricoles, etc.

Il y a lieu de noter que, la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C. est une contribution indéniable des relations internationales de l'É.É.C. En effet, Mme Jansen Mechteld, missionnaire d'origine hollandaise de l'Église Réformée des Pays-Bas, fut la toute première femme pasteur à travailler dans une paroisse de l'É.É.C. dans la paroisse de Njissé II à Foumban, de 1989 à 1993. Son ministère bouleversa certaines mentalités encrées au sein de l'É.É.C., marquées par le refus de former les jeunes femmes au ministère pastoral. Le ministère de cette dame apporta une solution au problème du ministère pastoral des femmes à l'É.É.C. Il fut donc un détonateur à l'effectivité de la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C. Le ministère pastoral des femmes à l'É.É.C. aujourd'hui est une réalité incontestable. Les femmes pasteurs y occupent même les hautes responsabilités au sein de l'Église.

286 Entretien avec Guy Leintu, 50 ans, Pasteur É.É.C., Messa-Yaoundé, 21 mai 2015.

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B- Dans le domaine social

Il est question ici de l'éducation, de la santé et de l'oeuvre sociale. Avec ses partenaires internationaux, l'éducation à l'É.É.C. a été rénovée. En effet, plusieurs infrastructures de l'enseignement primaire et secondaire appartenant à l'É.É.C. ont été mises en place avec l'aide venant de l'extérieur. C'est le cas du Collège Alfred Saker de Douala-Deido, fleuron de

l'éducation au Cameroun, dont la construction en 1966, avait été possible grâce à
d'importantes subventions conjointes des Église s Suisses, de la coopération technique suisse, du fonds d'aide et de coopération française, de la centrale évangélique pour le développement de Bonn, en Allemagne287, ainsi que de l`Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklunlgshilfe (E.Z.E.) Comme nous l'avons vu au chapitre précédent.

Photo n°7: Le Collège Alfred Saker de Douala, fleuron de l'éducation à l'É.É.C.

Source: Cliché réalisé par Nkapmeni Ngapet, le 07 mai 2015.

On peut également citer le Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun, le Collège Protestant de Ndoungué par Nkongsamba, le Collège Évangélique de Baleveng par Dschang qui portent

287 J.M.É., août-septembre 1966, p.180.

115

l'estampille de l'Église Évangélique de Westphalie et de l'E.Z.E. en République Fédérale d'Allemagne.

Avec l'envoi des missionnaires enseignants étrangers dans les établissements d'enseignement secondaire, la qualité de l'enseignement s'est améliorée. Ceci a été effectif avec les envoyés de la C.É.V.A.A. au Collège Évangélique Thomas Noutong à Bangangté, au Collège Alfred Saker de Douala, au Collège Protestant de Ndoungué.

Dans le domaine de l'enseignement primaire et maternel, l'assistance allemande s'est matérialisée par l'envoi du personnel pédagogique et par l'assainissement, un temps soit peu de la situation catastrophique de 1984288.

Pour ce qui est de la santé, l'oeuvre a été aussi dense et intense. Toutes les formations sanitaires de l'É.É.C. (hôpitaux, centres de santé, maternité, etc.) ainsi que la formation des aides-soignants à l'Hôpital Protestant de Ndoungué, portent l'empreinte de la coopération étrangère. En effet, l'Ex-Église Réformée des Pays-Bas y a envoyé des médecins et des infirmiers. Le service ophtalmologique de cette structure a bénéficié de l'aide de la "Christoffel-Blinden-Mission", une O.N.G. d'origine allemande.

Quant à l'oeuvre sociale, elle a connu une forte intensification de son action avec les partenaires extérieurs. Ainsi, la construction des centres sociaux de Lobethal dans la Sanaga-Maritime et de Ntolo près de Nkongsamba a été réalisée avec l'aide de la coopération internationale. La décennie 1980 a aussi vu l'intensification de la coopération d'aide avec les organismes allemands. L'association allemande "Brot Für die Welt" (Pain pour le Monde) a consacré près de 42 millions de francs CFA pour les activités de l'oeuvre sociale oecuménique de Maképé à Douala entre 1984 et 1988289.

Les partenaires étrangers de l'É.É.C. se sont tout de même investis dans la fourniture de l'eau potable aux populations. De ce fait, l'Église Évangélique de Westphalie a construit des forages d'eau dans la région du Nord dans le cadre du jumelage de la région de Soest en Allemagne et Région Synodale du Grand-Nord, treizième Région de l'É.É.C, qui couvre les régions administratives de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord.

C- L'oeuvre matérielle et infrastructurelle

La coopération de l'É.É.C avec ses partenaires internationaux a entraîné l'essor des infrastructures de qualité en son sein. Ainsi, l'É.É.C. a bénéficié de la construction des structures confortables à la mise en oeuvre des missions qui sont les siennes. La M.É.U. a aidé

288 J.M.É., août-septembre 1966, p.180.

289 L'Appel n°1, p.8.

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à la construction de plusieurs temples de l'É.É.C., surtout dans le Nord Cameroun : le temple Martin Luther de Garoua, les temples de Ngaoundéré et de Garoua, etc. Elle s'est également impliquée dans la construction de l'actuelle Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses de Ndoungué, de la case de passage à la Direction Générale de l'É.É.C. à Douala-Akwa. Elle a surtout aidé au financement de l'É.É.C. à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (C.N.P.S.) ; elle est intervenue au Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au Développement (C.A.F.R.A.D.), centre d'insertion des jeunes désoeuvrés de basé à Douala ; elle a fourni du matériel didactique pour le développement du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes. Le Centre polyvalent de Mbouo-Bandjoun, centre de renommé qui aura longtemps été le centre d'accueil et de formation continue de tous les départements de l'É.É.C. est une retombée palpable de cette coopération notamment avec l'E.Z.E. et l'Église Évangélique de Westphalie. De même, la rénovation du Foyer de Jeunesse Protestante d'Akwa, de la Direction de l'É.É.C. et des logements des responsables, l'équipement du Département Communication Information en service depuis 1987, portent la marque allemande. On peut aussi relever la construction du Centre Martin Luther de Garoua.

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Photo n°8: Siège de l'É.É.C. à Akwa-Douala, rénové par l'E.Z.E.

Source : cliché réalisé par Moïse Nkapmeni Ngapet, le 08 mai 2015 à Douala.

D- L'assistance financière

Les partenaires internationaux de l'É.É.C. lui ont également apporté une assistance financière. Cette assistance a participé à la mise en place de certain nombre de projets et à la résolution de plusieurs tâches au sein de l'Église. Ainsi, par le biais des subventions ou alors de l'aide directe, certaines organisations et même les partenaires bilatéraux ont offert des dons en espèces (argents) à l'É.É.C. Le tableau ci-après indique par exemple les subventions apportées par la C.É.V.A.A. à l'É.É.C. entre 1980 et 1990.

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Tableau n°7 : Subventions reçues par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. entre 1980 et 1990.

Années

Subventions (en
francs CFA)

Sources

1980

764 0040

J.M.É., 1979, p.31.

1981

1 102 630

J.M.É., 1980, supplément n°4, p. 40.

1982

1 226 390

J.M.É., 1981, p.18.

1990

1 137 140

J.M.É., décembre 1989, n°5, p.65, p. 18.

Dans l'évaluation générale de ses cinquante années d'autonomie avec ses partenaires, les statistiques suivantes ont été dressées, dans le but de présenter la contribution financière des partenaires au projet d'évaluation générale de l'Église Évangélique du Cameroun de 1957 à 2007.

Tableau n°8 : Contribution des partenaires à l'évaluation générale de l'É.É.C.

Partenaires

Contribution au budget en
pourcentage

Église Évangélique Westphalie, Allemagne

45%

Mission Évangélique Unie, Allemagne

20%

Evangelischer Entwicklungsdientst, Allemagne

15%

Communauté Évangélique d'Action d'Apostolique,

France

10%

KERKINACTIE, Pays-Bas

5%

Église Évangélique du Cameroun

5%

Source : Evaluation générale de l'Église Évangélique du Cameroun (1957-2007), 2009.

Cependant, compte tenu de la conjoncture internationale devenue délicate, cette assistance apportée à l'É.É.C. par ses partenaires internationaux, sous forme de financement connaissent sans doute une chute. Le pasteur Philippe Girardet, responsable des projets à la C.É.V.A.A., évoquait déjà cette probable situation, à l'occasion de la première conférence des partenaires de l'É.É.C. en mars 2009. Il déclarait :

Le partenariat Nord-Sud va sans doute se poursuivre. En même temps, il faut savoir que les ressources venant du Nord vont être en baisse. Compte tenu de la situation sociale et politique dans les Église s traditionnelles du Nord qui étaient des partenaires privilégiés des Église s du Sud, notamment l'É.É.C., il est indispensable que les Église s du Sud parviennent petit à petit à diminuer leur dépendance à la fois pour le fonctionnement, mais aussi dans les oeuvres. Il faut

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désormais développer, accompagner les Églises du Sud, pour qu'elles puissent développer leurs propres sources de financement290.

Ainsi, compte tenu de la conjoncture que vivent les Églises partenaires du Nord, la coopération devrait se limiter à un simple accompagnement des Églises du Sud, notamment l'É.É.C. vers leur autonomie financière et de fonctionnement.

Certes, grâce à sa coopération avec ses partenaires extérieurs, l'É.É.C. aura grandi en maturité. Église du tiers-monde comme le relevait Emmanuel Tchuindjang, son expérience s'est accrue sur plusieurs aspects. Son développement, aussi bien spirituel que matériel s'est accentué et s'est intensifié. Cependant, l'É.É.C., dans son champ d'actions internationales a fait face à plusieurs difficultés.

III- LES PROBLEMES DE L'É.É.C. DANS LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

L'É.É.C. dans son action sur la scène internationale a rencontré de multiples problèmes. Ces difficultés peuvent en des problèmes structurels et liés au fonctionnement des relations.

A- Les problèmes structurels

Il s'agit ici des problèmes liés à l'organisation interne de l'Église. Parmi ceux-ci, on peut recenser :

- le non respect des cahiers de charge ;

- la mauvaise gestion ;

- le manque de communication et de réflexion.

Ces cas se sont manifestés entre 1992 et 1993 lorsque les relations entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. ont connu un moment de perturbation. En effet, le non respect du cahier de charge serait à l'origine de cette disconvenance. Tout serait donc parti du changement du directeur au Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun, centre de renommé qui a longtemps été le centre d'accueil et formation continue de la majorité des départements opérationnels de l'É.É.C. Il est à relever que ce Centre a été construit avec l'assistance de l'E.Z.E. et dans les clauses de gestion de cette structure, les partenaires allemands aurait un droit de regard sur la gestion de cette structure. Cependant le changement d'un directeur par l'É.É.C. n'aurait pas été approuvé par les partenaires allemands, ce qui provoqua une brève crise entre les deux partenaires.

Ces problèmes se sont également matérialisés entre l'É.É.C. et l'E.R.P.B. L'une des sources de tension entre les deux Église s avait trait à la gestion des projets. Dans ce cas,

290 L'Appel n° 31, mars 2009, p. 37.

291 Certaines sources très discrètes indiquent que la même somme mise à la disposition de l'Eglise du Togo a été utilisée à bon escient que l'édifice construit reflète véritablement le montant alloué.

120

l'É.É.C. semblait vouloir préserver son autonomie. En effet, elle accusait les missionnaires Hollandais de s'ingérer dans les affaires internes, en voulant faire comme s'ils étaient encore au temps des Missions. Ce que les Hollandais n'appréciaient pas du tout.

Un autre problème réside dans la mauvaise gestion des fonds alloués par les partenaires ; des fonds destinés à certains projets et dont la gestion était confiée aux Camerounais. C'est le cas de l'argent pour la construction du Foyer Protestant de Nkongsamba, des fonds de coopération hollandaise pour les hôpitaux, des fonds alloués par la M.É.U. pour la construction du Centre Martin Luther de Garoua291, entre autres. Cet ensemble de dysfonctionnements ont amené certaines oeuvres à disparaître, c'est le cas de certaines fermes-écoles, et aussi à mettre d'autres en difficulté.

Il y a lieu de relever le manque d'ouverture des ouvriers, des laïcs et même des fidèles de l'É.É.C. vers d'autres Église s partenaires extérieurs. L'É.É.C. a accueilli des pasteurs missionnaires Allemands, Hollandais, qui ont séjourné au Cameroun de manière permanente. Pourquoi pas les ouvriers de l'É.É.C. en séjour permanent au sein de ces Église s étrangères ? Les pasteurs de l'É.É.C. sont en manque d'une expérience internationale, ce qui les poussent à solliciter les postes de responsabilités plus rentables en se livrant à des pratiques qui vont à l'encontre de l'éthique pastorale et de l'Église toute entière.

B- Les problèmes liés au fonctionnement des relations

Plusieurs événements désagréables ont rendu la coopération difficile entre l'É.É.C. et ses partenaires. Des tensions entre les missionnaires, notamment hollandais et les ouvriers locaux ont souvent éclaté au grand jour. Ceci a souvent été causé par des différences de traitement matériel, notamment en ce qui concerne les moyens de déplacements dont bénéficiaient ces étrangers. Cette situation favorisait le complexe des ouvriers locaux qui se voyaient plus lésés au détriment des envoyés étrangers.

Le manque de communication, notamment la langue est aussi à relever. En effet, les véritables partenaires extérieurs de l'É.É.C. ne sont pas d'expression française. Ce qui bloque les échanges entre les deux parties. Ce problème s'est répercuté avec les Allemands de l'Église Évangélique de Westphalie et les Hollandais de l'E.R.P.B. En effet, le personnel de l'É.É.C. pouvant se mettre en partie au service de l'Église hollandaise, est insuffisant. S'il est facile et possible pour un Hollandais ou un Allemand d'apprendre le Français et venir travailler à l'É.É.C., l'inverse n'est pas facilement acceptable pour les européens. Pour eux, il

121

n'est pas facile pour un Camerounais d'apprendre le Néerlandais ou l'Allemand et de se mettre au service des Églises des pays du Nord, non francophones. De même, du côté des hollandais, ce problème de langue avait été soulevé. Mme Den Tex, Vice-Présidente du Conseil des Missions de l'Église Réformée des Pays-Bas, expliquait déjà ceci :

C'est une question dont on a déjà parlé il y a plusieurs années ; il y a sept ans, nous l'avons évoquée. Encore maintenant, nous en avons parlé de la possibilité que par exemple, des pasteurs camerounais viendraient chez nous quelques temps pour parler, faire connaître les problèmes du Cameroun, des Églises du Cameroun, parler aux chrétiens de notre Église. Certainement, il y a cette possibilité292.

La possibilité dont parle Mme Den Tex consiste en une bonne organisation des relations entre les différents partenaires. L'É.É.C. devrait mettre l'accent sur un renforcement des capacités des ouvriers et laïcs sur ses a relations extérieures pour une plus grande efficacité de sa diplomatie.

Bien plus, selon le pasteur Priso Moungolè, les Églises d'Afrique en général et l'É.É.C. en particulier ont pris en main les clés de l'évangélisation. Le moment est venu pour les missionnaires d'ouvrir leurs portes à l'évangélisation venant de l'Afrique, compte tenu de la crise spirituelle dont font face les sociétés occidentales de nos jours293.

En fin de compte, il y a lieu de relever que le bilan de l'É.É.C. dans les relations internationales est mitigé. Aux retombées multiples, surtout matérielles qui en sont découlées, sont se jointes plusieurs difficultés dues à des incompréhensions et à une mauvaise structuration de ses relations avec ses partenaires.

292 L'Appel n°1, p.6.

293 Entretien avec Richard Priso Moungolè, 62 ans, Pasteur, Yaoundé, 27 mai 2015.

122

CONCLUSION GÉNÉRALE

Le thème étudié a porté sur : « L'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C) et la coopération internationale (1957-2007) ». Il était question pour nous de montrer l'action de l'Église Évangélique du Cameroun sur la scène internationale, durant les cinquante années de son autonomie, ainsi que l'impact de la coopération internationale la marche de cette Église.

Il en ressort que, l'engagement de l'É.É.C. dans les relations internationales s'est manifesté de deux manières : sur l'axe multilatérale et sur l'axe bilatérale. Les relations multilatérales de se sont exprimées au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentales. De ce fait, l'É.É.C. est membre à part entière du Conseil OEcuménique des Églises, organisme crée en 1948 et auquel elle a adhéré en 1959 à l'issue d'une longue période d'échanges épistolaires entre le pasteur Jean Kotto, son Secrétaire Général d'alors, et le Dr. W. A. Visser't Hooft, Secrétaire Général du C.O.É. de cette époque. L'É.É.C. y a pleinement été active et y a joué le rôle propre à tout membre d'une telle organisation. En outre, l'É.É.C. est membre initiateur de la C.É.V.A.A. Il y a lieu de relever sa contribution à l'avènement de cette Communauté, à travers le pasteur Jean Kotto, véritable artisan des relations internationales de l'É.É.C. En fait, en 1964, il lança un vibrant appel au sujet de la dissolution de la Société des Missions Évangéliques de Paris, créée en 1822, et son remplacement par une Action Apostolique Commune (A.A.C.) aux Africains, Océaniens et Européens. Cet appel connut un vibrant retentissement. Avec la création de la C.É.V.A.A. le 30 octobre 1971. L'É.É.C. a évolué au sein de cette Communauté à travers sa participation aux assises et autres rencontres, les responsabilités assumées par ces fidèles et membres. Sur ce point, le fait le plus exaltant de l'É.É.C. dans les relations internationales, est l'élection du pasteur Charles Emmanuel Njiké, Président Général de l'É.É.C. de 1992 à 1999, en qualité de Président de la C.É.V.A.A., en 1992. Cette élection eu un grand écho médiatique, puisque c'est pour la première fois que, depuis sa création, un Noir accède à un tel poste de responsabilité au sein de cette organisation. La vie de l'É.É.C. dans cette Communauté fut remarquable. Bien plus, l'É.É.C. est un adhérent de la Mission Évangélique Unie (M.É.U.), pendant allemand de la C.É.V.A.A. Cette association, mise sur pied en 1971 et dont le siège se trouve à Wuppertal en République Fédérale d'Allemagne, regroupe plusieurs Églises d'Afrique, d'Asie et d'Allemagne autour du programme « Unis en

123

Mission ». Son but est de permettre aux Églises partenaires de « croître ensemble ». Depuis son adhésion en 1975, l'É.É.C. y est effectivement présente. Elle est un membre actif à travers son engagement et le rôle déterminant qu'elle y joue. Sur la sphère continentale, l'É.É.C. est membre constituant de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.), créée en 1963. Dans cette organisation, l'É.É.C. a fait valoir son esprit oecuménique avec les Églises chrétiennes d'Afrique. Membre de première heure de la C.É.T.A., l'É.É.C participe à son bon fonctionnement.

En ce qui concerne les relations bilatérales de l'É.É.C., il s'agit des relations directes que cette Église a eues avec les communautés chrétiennes installées en Europe, notamment en Allemagne et en Hollande. En Allemagne, l'É.É.C coopère avec l'Église Évangélique de Westphalie, avec qui elle a des échanges très fructueux. La création de la treizième région synodale de l'É.É.C qui regroupe les régions du Grand-Nord du Cameroun est une retombée palpable de cette collaboration. Cette région est aujourd'hui jumelée à la région de Soest en Allemagne. Un autre partenaire Allemand de l'É.É.C est la Mission de Brême avec qui elle collabore dans le cadre de la Mission Allemande aux Marins, à travers le Foyer du Marin basé à Douala. L'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklungshilfe ou association protestante de coopération pour le développement, organisation non gouvernementale, fondée en Allemagne en 1960 n'est pas en reste. Cette O.N.G. qui soutient les activités de développement menées par des Églises et associations ecclésiastiques, est un vieux partenaire de l'É.É.C. Elle a participé au financement de plusieurs oeuvres dans l'É.É.C. Du côté de la Hollande, le partenaire privilégié a été l'Église Réformée des Pays-Bas. Avec ce partenaire, l'É.É.C. a véritablement grandi en maturité et ses oeuvres sont visibles. Pratiquement, tous les domaines (spirituel, formation, social, etc.) ont été touchés. De surcroît, la relation de l'É.É.C avec cette Église, bien qu'ayant été affectée par une crise, mais sans rupture, fut un détonateur au ministère pastoral des femmes à l'É.É.C., avec Mme Jansens Mechteld, première femme pasteur d'origine hollandaise à exercer à l'É.É.C.

La coopération internationale qu'a entretenue l'É.É.C. de 1957 à 2007 a connu néanmoins quelques difficultés. L'É.É.C. s'y est heurtée à plusieurs problèmes d'ordre structurel notamment le non respect du cahier de charges, la mauvaise gestion des projets, le manque de communication et de réflexion, etc.

Cependant, pour une meilleure visibilité de sa coopération internationale, l'É.É.C. gagnerait à mettre en place une bonne organisation des relations avec ses partenaires internationaux. Elle devrait également favoriser l'ouverture de ses ouvriers, de ses laïcs bref

124

de ses fidèles, à ses échanges internationaux de sorte qu''ils en soient imprégnés et les vivent effectivement. Car, le constat est clair, cet axe de la vie de cette Église reste encore du domaine réservé de certains cadres, sinon du bureau de l'Église. Il est donc question pour l'É.É.C. de :

- dynamiser et élargir son cadre de partenariat à travers une offensive diplomatique et une présence plus importante au sein des organisations oecuméniques internationales, continentales, et autres organisations de développement ;

- définir le cadre de coopération avec les différents partenaires en établissant des accords cadre de partenariat ;

- renforcer les relations directes Sud-Sud ;

- se faire connaître au monde à travers une présence internet et améliorer son système de communication en direction de l'extérieur.

Bref, comme le recommande le pasteur Isaac Batome Henga, Président Général de l'Église Évangélique du Cameroun, l'É.É.C. doit, à l'extérieur :

Redynamiser et élargir le partenariat avec toutes les Église s et organisations susceptibles de renforcer son témoignage évangélique et l'aider à atteindre ses objectifs missionnaires à travers une offensive évangélique et une présence de plus en plus importante de notre Église au sein des organisations d'Église s294.

294 I. Batomen, Discours de clôture des activités marquant les 50 ans d'autonomie de l'É.É.C., 13 mai 2007, Douala, in L'Appel n° 29, juillet-décembre 2007, p. 37.

-

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

125

I- SOURCES PRIMAIRES

a) Archives Nationales de Yaoundé

- 2 A.C., 9197, Installation de la Mission Protestante Française, 1917-1919. - A.P.A. 10167/J, Mission Évangélique de Paris, 1944-1945.

b) Archives Université Protestante d'Afrique Centrale

- Rapport de la Conférence des Missionnaires, 1922.

- De Nairobi à Vancouver, Rapport du Comité Central à la 6ème assemblée du C.O.É. - Rapport officiel de la 6ème assemblée du C.O.É., 1961.

- Rapport officiel d'Upsal, liste des participants.

c) Archives privées

? Archives privées Emmanuel Tchuindjang

- Lettre datée du 16 mai 1957 écrite par W.A. Visser't à Jean Kotto.

- Lettre de Martin à Mikolasek du 29/4/1953, Archives de l'É.É.C., Douala/Affaire Muishe-Martin.

- Lettre de Bonzon à Mikolasek du 19 janvier 1954, Correspondance Paris-Douala. - Lettre de Visser't Hooft adressée au pasteur Jean Kotto le 05 novembre 1958. - Lettre du 25 mai 1959 adressée par Jean Kotto à W. A. Visser't Hooft.

- Lettre du 05 novembre 1957 adressée à l'É.É.C. par le Secrétaire Général du C.O.É.., le Dr. W.A. Visser't Hooft.

- Lettre du 22 avril 1959 adressée au pasteur Jean Kotto par Visser't Hooft, S.G. du C.O.É.

- Rapport Assemblée Générale, V.E.M., 1996.

126

? Archives privées Michel Ngapet

- Église Réformée des Pays-Bas, Vision et réalité, Rapport d'orientation du Conseil de Mission, Oegstgeest.

- Constitution de l'Église Évangélique du Cameroun adoptée au Synode Général de Mbouda le 06 Mars 1998.

- Rapport du Secrétaire Général de l'É.É.C., Jean Kotto à la Commission Exécutive, janvier 1967.

- Rapport des Synodes Régionaux Bamoun-Bamiléké 1918-1926, 1932, 1946. - Cahiers Églises Bamoun-Grassfields 1918-1926.

? Archives privées Isaac Kamta

- Lettre adressée au Comité Directeur de la S.M.É.P. par les délégués de la Commission Synodale Régionale de l'É.É.C. et les membres de la Commission Exécutive de la Conférence des Missionnaires après la réunion du 20 au 25 septembre 1956.

- Rapport de la Commission Synodale du 28 janvier 1925. - Rapport officiel, 5ème Assemblée, Lomé, 1987.

- Rapport du secrétaire général de la C.É.T.A., in Engagement, Rapport officiel de la 2ème Assemblée Générale de la C.E.T.A à Abidjan du 1er au 12 septembre 1969.

- Exposés présentés par Charles Bonzon, à l'Assemblée Générale de la S.M.É.P. les 13 et 14 décembre 1961.

d) Journaux

- CEVAA Infos, n°20, juillet 1995.

- Dikalo n° spécial, 1945

- Flambeaux. Revue bimestrielle destinée aux pasteurs, n° 32, septembre-octobre 1958.

- J.M.É., septembre 1961.

- J.M.É., janvier 1965.

- J.M.É., août-septembre 1966.

- J.M.É., octobre 1967

127

- J.M.É., août-septembre 1971.

- J.M.É., octobre, novembre et décembre 1971

- J.M.É., 1975.

- Journal Officiel du 4 avril 1951.

- L'Appel n°1, octobre-novembre 1987.

- L'Appel n°2, janvier-février 1988.

- L'Appel n°4, juillet-septembre 1988

- L'Appel n°9-10, janvier-février 1989 et janvier-avril 1990.

- L'Appel n°12, août-septembre 1990.

- L'Appel n°14, janvier-avril 1991.

- L'Appel n°17, octobre-décembre 1992

- L'Appel n°19, avril-juin 1992.

- L'Appel n°22, novembre-décembre 1992.

- L'Appel n°29, mai-juin 1994.

- L'Appel n°31-32, janvier 1995

- L'Appel n°33, mars 1995.

- L'Appel n°35, mai 1995.

- L'Appel n°36, juin-juillet 1995.

- L'Appel n°38, août 1995.

- L'Appel n°2, avril 1996.

- L'Appel n° Spécial, juillet 1996.

- L'Appel n°8, janvier-février 1997

- L'Appel, n° Spécial, 43è Synode Général, 1999.

- L'Appel n°4, juillet-août 2000.

- L'Appel Spécial, n°15, avril-mai 2003

- L'Appel n°25, mai-juillet 2006.

128

- L'Appel n°26-27, mars-août 2007.

- L'Appel n°29, juillet-décembre 2007.

- L'Appel, n°028, avril-juin 2007.

- L'Appel, n°26-27, mars 2007.

- L'Appel n° 31, mars 2009.

- Le christianisme au XXè siècle, n°422, 31 octobre-novembre 1993.

- Le Monde non Chrétien, ancienne série, n°6, décembre, 1934.

- Mission, mensuel Protestant de Mission et de Relations Internationales, n°67, 15

janvier 1995.

- Protestants Atlantique, mai 1970.

- Questions Internationales n°29, janvier-février 2008.

- Semaine Camerounaise n°43.

- Semaine Camerounaise, 1er Octobre 1963.

- Semaine Camerounaise n° 57 du 8 janvier 1964.

- Semaine Camerounaise, n°98 du 25 décembre 1965.

- Voie Nouvelle, S.M.É.P.

- "Unis en Mission" n°1, juin 1993.

e) Sources numériques

- www.eeccameroun.org consulté le 14 novembre 2014.

- www.cevaa.org Consulté le 26 janvier 2015.

- "État Rhénanie Nord-Westphalie" ® Encarta ® 2009. Microsoft Corporation 2009.

- www.oikoumene.org.

- fr.wikipédia.org./wiki/COE. - fr.wikipédia.org/wiki/COE. - fr.wikipédia.org/wiki/CETA. - fr.wikipédia.org/wiki/ERPB.

129

f) Sources orales

Noms et prénoms

Age

Sexe

Fonction

Date et lieu de l'interview

Elouti Emmanuel

66 ans

Masculin

Pasteur

13 juin 2014 à Yaoundé

Kamta Isaac

62 ans

Masculin

Pasteur

12 mai 2015 à Yaoundé

Kenmogne Abestine

40 ans

Féminin

Pasteur

11 mai 2015 à Yaoundé

Leintu Guy

50 ans

Masculin

Pasteur

21 mai 2015 à Yaoundé

Manyaka Valery

54 ans

Masculin

Pasteur

18 mai 2015 à Yaoundé

Mbatzin Henri

56 ans

Masculin

Pasteur

11 avril 2015 à Yaoundé

Ngapet Michel

66 ans

Masculin

Pasteur

26 décembre 2014 à Bapi

Njiké Charles E.

88 ans

Masculin

Président Honoraire É.É.C.

28 novembre 2014 à

Douala

Njoume Ebene Bruno

60 ans

Masculin

Pasteur

23 mars 2015 à Yaoundé

Nono David

75 ans

Masculin

Ancien d'Église

22 décembre 2014 à

Bangwa

Nono Kepatou

67 ans

Masculin

Pasteur

24 mars 2015 à Douala

Priso Moungolè Richard

62 ans

Masculin

Pasteur/Vice-

Président de
l'É.É.C.

27 mai 2015 à

Yaoundé

130

g) Thèses et mémoires

- Tchuindjang, E., « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église du tiers-monde : l'Église Évangélique du Cameroun 1957-1997, une vitalité pluridimensionnelle ? », Thèse de Doctorat en Théologie, Yaoundé, F.T.P.Y., 2000.

- Kamta, I., « Renaissance de l'Afrique et Évangile, l'héritage de Joseph Merrick et de la chrétientéé Afro-jamaïcaine dans la mission sociale et politique de l'Église au Cameroun (1850-1920) », Thèse de Doctorat en Théologie, F.T.P.Y., 2003.

- Kenmogne, J., « Finance et développement de l'Eglise : cas de l'Église Évangélique du Cameroun », Mémoire de Maîtrise en Théologie, F.T.P.Y., 1996.

- C. Tchapi Tchapi, La formation et l'encadrement chrétien de la jeunesse, exemple de l'Église Évangélique du Cameroun, mémoire de Licence en Théologie, F.T.P.Y., 1984.

II- SOURCES SECONDAIRES

a) Ouvrages méthodologiques

- Beaud, M., L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 2011.

- Guidere, M., Méthodologie de la recherche, Paris Ellipses, 2004.

- Halkin, L., Initiation à la critique historique, Paris, L'Harmattan, 1980.

- Samaran, C., L'Histoire et ses méthodes, Paris, Encyclopédie de la Pléiade.

- Varel, H., La présentation matérielle d'un manuscrit dactylographié, Paris, Nathan, 1989.

b) ouvrages spécialisés

- Messina, J. P. ; Slageren J.V., Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005.

- Slageren, J.V., Les origines de l'Église Évangélique du Cameroun, missions européennes et christianisme autochtone, Yaoundé, éd. CLÉ, 1972.

c) Ouvrages généraux

- Abwa, A., Cameroun : histoire d'un nationalisme 1884-1961, Yaoundé, CLÉ, 2010.

- Allégret, É., La Mission du Cameroun, Paris, 1924.

- Anonyme, Lomé 1987, Vous serez mes témoins, Rapport officiel de 5ème Assemblée Générale de la C.É.T.A., 1988.

1901.

131

- Bauswein, J. J. ; Vischer L., International Organisations. Grandrapids, Cambridge, Wim B. Eedmans, 1999.

- Cox, F. A., History of the Baptist Missionary Society, from 1792 to 1842, London, 1842, II.

- Grob, F., Témoins Camerounais de l'Evangile, Yaoundé, CLÉ, 1967.

- Hallden, E., The culture Policy of the Basel Mission in Cameroons, 1886-1905.

- Heimlinger, P., Examen critique des «origines de l'Église Évangélique du Cameroun» de Jaap Van Slageren, renéotypé, Ribeauvillé-France, 1976.

- Johnston, H., George Grenfell and the Congo, Vol. I, London, 1908.

- Kangé Ewanè, F., Semence et moisson coloniales. Un regard d'Africain sur la colonisation, Yaoundé, éditions CLÉ, 1985.

- Ki-Zerbo, J., Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1972. - Lewis, Th., These Seventy Years, an Autobiography, London, 1929.

- Marcel, H., Briser les barrières, Nairobi, 1975.

- Mehl, R., Missions protestantes et décolonisation, SMÉP, Paris, 1964

- , Décolonisation et Missions Protestantes, Paris, 1964.

- , Traité de Sociologie du Protestantisme, Neuchâtel, 1965.

- Nouvelle Dehli 1961, Conseil OEcuménique des Églises, Neuchâtel (Switzerland ), Delachaux et Niestlé, 1962.

- Obenga, T., "Sources et techniques de l'histoire africaine. Aperçu général", J. Ki-Zerbo (dir.), Histoire Générale de l'Afrique, UNESCO, T1, 1980, p. 108.

- Oettli, W., Gegenwärtige Missionprobleme, Basel, 1911.

- Sainte Bible, Version Louis Second, publiée par l'Alliance Biblique Universelle (A.B.U.), 2001.

- Schaap, Y., L'histoire et le rôle de la Bible en Afrique, Dokkum, éd. Groupes missionnaires, 2000.

- Scheve, E., Die Mission der deutschen Baptisen in Kamerun, 1884-1901, Berlin,

- Modi Din, C., "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", L'Appel, n° spécial, 43ème Synode Général, 1999, p.27.

132

- Schlatter, W., Geschichte der Basler Mission, Basel, 1916, III.

- Studia Ethnographica Upsaliensa XXXI, Lund, 1968.

- Underhill, E. B., Alfred Saker, Missionary to Africa, a Biography, London, 1884.

d) Les articles

- Brutsch, J.R., " Les Débuts du Christianisme au Cameroun ", Études Camerounaises,

n°33-34, 1951.

-

, " Fernando-Poo et le Cameroun ", Études Camerounaises, n°43-44, 1954.

- Comber, I. J., "Explorations inland from Mount Cameroun", in proceedings of the Royal Geographical Society, april 1879.

- Conférence de Kampala, 1963, conférence des Églises de Toute l'Afrique Kit we (Zambie).

- E. Schule, " Im Lander der Bali ", in Evangelisches Missions-Magazin(E.M.M.), p.196.

- Engagement, la deuxième Assemblée de la C.É.T.A., « Abidjan 69 ».

- Hollemans, C. J., Quelques réflexions sur la place d'un expatrié au sein de l'Église Évangélique du Cameroun, Bonabéri-Douala, mars 1979.

- Ibadan : conférence des Églises d'Afrique, Paris, boulevard Arago, 1958.

- Kamta, I., 10 mars 1957, Comme si vous y étiez, Recueil des textes rassemblés et présentés par le Révérend Dr. Isaac Makarios Kamta, Douala, Joseph Merrick Centre, 2007, p.5.

- Kamta, I., "Réalisations héritées des Missions", in L'É.É.C., n° spécial 43è Synode Général, 1999, p.22.

- Leenhardt, M., " La conquête de la Liberté Religieuse dans les Colonies Françaises ", in Le Monde non Chrétien, ancienne série, n°6, décembre, 1934, p.26.

- Mallo, E., Questions actuelles. L'oecuménisme in " Comme les Flambeaux ". Revue bimestrielle destinée aux pasteurs, n° 32, septembre-octobre 1958.

133

- Ngando Nsangué, " L'oeuvre Baptiste du Cameroun ", 1945, Dikalo, Journal édité par la Mission Protestante Française au Cameroun, numéro spécial, 1945, pp. 87-91.

- Oeschner de Conick, E., «L'oeuvre aux Grassfields ", in J.M.É., 1935.

- Rakotoarimanana, V. " La communauté et son espérance " in J.M.É., n° 7, 8 et 9, 1974, p.7.

- Slageren, J.V., "Mémorial des premiers missionnaires néerlandais venus au Cameroun", in Église Évangélique du Cameroun, Cinquante ans d'autonomie, Félicitations de la part des Pays-Bas, 2007, pp. 2-3.

- Tiki Koum, M., "Assemblée Générale " de la V.E.M. / Unis en Mission, 2-9 juin 1996 à Bethel en Allemagne, L'Appel, n° spécial, juillet 1996, p.22.

- Vielhauer, A., " Missionanfänge in Bagam ", in E.M.M, 1914.

h) Les dictionnaires édités

- Dictionnaire Larousse 2008.

- Dictionnaire Universel, 4ème édition Hachette EDICEF, 2002.

- Encyclopédie du protestantisme, Presse Universitaire de France, 2ème édition, 2006.

- Le Nouveau petit Robert de la langue française 2009.

- Le Petit Larousse 2008.

i) Guide méthodologique

- Guide méthodologique pour la rédaction des thèses, mémoires, ouvrages et articles, Yaoundé, CEPER, 2006 (publié par le Département d'Histoire de la Faculté des Arts, Lettre et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I).

ANNEXES

I- LA NAISSANCE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 14

135

TABLE DES MATI?RES

SOMMAIRE i

DÉDICACE iii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES v

LISTE DES ILLUSTRATIONS viii

RÉSUMÉ x

ABSTRACT xi

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

I- RAISONS DU CHOIX DU SUJET 1

II- OBJET ET INTÉRÊT DU SUJET 2

1) Objet du sujet 2

2) Intérêt du sujet 2

III- DÉFINITION DES CONCEPTS 3

IV- JUSTIFICATION DES BORNES CHRONOLOGIQUES 5

V- REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE 6

VI- CADRE SPATIO-TEMPOREL DE L'ÉTUDE 9

VII-PROBLÉMATIQUE 10

VIII- ORIENTATION MÉTHODOLOGIQUE 10

IX- DIFFICULTÉS RENCONTRÉES 11

X- PLAN DU TRAVAIL 12
CHAPITRE I : PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU

CAMEROUN 14

136

A- La période des missions 14

1) Le début du christianisme au Cameroun : la Mission 14

Baptiste de Londres (1841-1884) 14

2) L'expansion du christianisme à l'intérieur pendant la période 22

Coloniale allemande : la Mission de Bâle (1886-1915) 22

a) La Mission de Bâle contre la Native Baptist Church 23

b) Le développement de la Mission de Bâle à Douala 25

c) La pénétration de la Mission de Bâle à l'intérieur 26

d) La Mission de Bâle dans les Grassfields 27

e) La naissance de l'Église de Foumban 28

f) La fondation de la station de Bagam 28

B- La brève période d'autonomie (1915-1917) 29

C- L'engagement de la Société des Missions Évangéliques Paris (1917-1957) 29

1) L'organisation de l'oeuvre de la Société des Missions 30

Évangéliques de Paris au Cameroun 30

2) Le mouvement vers l'intérieur 32

D- L'évolution vers l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun 32

1) La situation financière critique de la S.M.É.P. à partir de 1940 32

2) L'adoption de la constitution de 1949 33

3) La proclamation de l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun 34

II- L'ORGANISATION DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUEDU CAMEROUN 37

A- La représentativité de l'É.É.C. 38

B- Les organes dirigeants de l'Église Évangélique du Cameroun 39

C- Les oeuvres de témoignage chrétien ou Service et partage 39

D- Les partenaires de l'Église Évangélique du Cameroun 40
CHAPITRE II : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AU SEIN DES

ORGANISATIONS INTER-ECCLÉSIASTIQUES INTERNATIONALES ET

CONTINENTALE (1959-2007) 42

137

I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DU CONSEIL

OECUMÉNIQUE DES ÉGLISES (C.O.É) 42

A- Les initiatives de l'É.É.C. pour l'adhésion au Conseil OEcuménique des Églises 44

B- La vie de l'É.É.C au sein du Conseil OEcuménique des Églises 46

II- L'ÉGLISE ÉVANGELIQUE DU CAMEROUN, INITIATRICE DE LA

COMMUNAUTÉ ÉVANGÉLIQUE D'ACTION APOSTOLIQUE 48

A- Contexte historique de la création de la C.É.V.A.A 49

B- Les événements ayant abouti à la naissance de la C.É.V.A.A. 50

1) L'appel du Pasteur Jean Kotto . 50

2) La phase de sensibilisation à l'Église Évangélique du Cameroun 52

3) Les différentes consultations 53

4) Le changement de statut de la S.M.É.P. et la naissance de la C.É.V.A.A. 55

a) Projet des structures nouvelles de l'action missionnaire 55

b) Dissolution de la S.M.É.P. et création de la C.É.V.A.A. 57

C- La vie de l'É.É.C. au sein de la C.É.V.A.A. 58

1) Les responsabilités assumées par les fidèles et membres au sein de la C.É.V.A.A. 58

2) La participation de l'É.É.C. dans les champs d'action de la C.É.V.A.A. 60

III- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DE LA 62

MISSION ÉVANGÉLIQUE UNIE (M.É.U. / V.E.M.) 62

A- Naissance et évolution de la M.É.U. 62

B- Vision, objectifs, programmes et projets de la M.É.U. 63

1) Vision de la M.É.U. 63

2) Objectifs de la M.É.U. 64

3) Les programmes de la M.É.U. et leur mise en exécution 64

C- La vie de l'É.É.C. au sein de la Mission Évangélique Unie 65

D- Les oeuvres de la M.É.U. dans l'É.É.C. 67

138

IV- LA COOPÉRATION OECUMÉNIQUE CONTINENTALE : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE CONSTITUANT DE LA

CONFÉRENCE DES ÉGLISES DE TOUTE L'AFRIQUE (C.É.T.A.) 68

A- Contexte historique de création de la C.É.T.A. 68

B- De l'idée à la création de la C.É.T.A. : la conférence préparatoire 69

d'Ibadan, 1958. 69

C- La première assemblée de la Conférence des Églises de Toute 71

l'Afrique, Kampala (Ouganda), 1963. 71

1) La base et les fonctions de la C.É.T.A. 72

2) Structures et Commissions de la C.É.T.A. 73

3) L'évolution de l'É.É.C. au sein de la C.É.T.A. 74

CHAPITRE III : LA COOPÉRATION BILATÉRALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AVEC LES ÉGLISES ET ORGANISATIONS

EUROPÉNNES 76

(1961-2007) 76

I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN ET L'ALLEMAGNE 77

A- La coopération entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie 77

1) Présentation de l'Église Évangélique de Westphalie 77

2) Les origines de la coopération entre l'É.É.C. et l'Église 78

Évangélique de Westphalie 78

3) Les visites alternées entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique 78

de Westphalie et leurs retombées 78

B- L'ouverture de l'Église Évangélique du Cameroun vers la Mission de Brême :

l'aumônerie des marins 86

1) Les rapports de l'É.É.C avec la Mission Allemande aux Marins 86

2) Les services du Foyer du Marin 87

3) Le fonctionnement du foyer du Marin 88

139

C- La coopération bilatérale entre l'Église Évangélique du Cameroun et Evangelical

Zentrastelle Für Entwiecklunlgshilfe (E.Z.E.) 89

1) Origine et objectifs de l'E.Z.E. 89

2) Le fonctionnement et les retombées des relations entre L'É.É.C et l'E.Z.E. 91

3) La crise dans les relations entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. (1992-1993) 92

II- LA COOPERATION ENTRE L'ÉGLISE EVANGELIQUE DU CAMEROUN ET

L'ÉGLISE REFORMEE DES PAYS-BAS (1961-2004) 93

A- La Mission Hollandaise vers l'Afrique et le Cameroun 93

B- Les débuts des relations entre l'É.É.C. et l'Église Réformée 94

des Pays-Bas (E.R.P.B.) 94

C- Le refroidissement des relations entre l'É.É.C. et l'E.R.P.B. (1977-1987) 96

D- Participation tous azimuts de l'Église Réformée des Pays-Bas au développement de

l'É.É.C. 99

1) Le personnel hollandais à l'É.É.C. 99

2) Les contributions de l'Église Réformée de Hollande dans l'É.É.C. 100

E- Les problèmes des relations entre l'É.É.C. et l'E.R.P.B 103

CHAPITRE IV : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN DANS LES

RELATIONS INTERNATIONALES (1957-2007) : ÉVALUATION GÉNÉRALE 105

I- BILAN DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE DE L'ÉGLISE

ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 105

A- L'apport de l'É.É.C. au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales 106

1) Au sein du Conseil OEcuménique des Églises 106

2) La contribution de l'É.É.C. au sein de la C.É.V.A.A. 106

3) La participation de l'É.É.C. au sein de la M.É.U. 108

4) La contribution de l'É.É.C. à la C.É.T.A. 110

B- L'apport de l'É.É.C. à son réseau de partenaires bilatéraux 111

II- LES RETOMBÉES DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE DANS LA

MARCHE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 112

A-

140

Sur les plans spirituel et de la formation 112

B- Dans le domaine social 114

C- L'oeuvre matérielle et infrastructurelle 115

D- L'assistance financière 117

III- LES PROBLEMES DE L'É.É.C. DANS LA COOPÉRATION

INTERNATIONALE 119

A- Les problèmes structurels 119

B- Les problèmes liés au fonctionnement des relations 120

CONCLUSION GÉNÉRALE 122

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 125

ANNEXES 134

TABLE DES MATI?RES 135






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote