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Education et autonomisation. Défis et perspectives en faveur de la femme en République démocratique du Congo

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par Jules Muhindo Katsurana
Institut Panafricain pour le Développement - Master en Programmation du Développement et Intégration regionale 2016
  

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CONCLUSION GENERALE

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Dans le contexte de la RDC, comment faire à ce que l'éducation conduise à l'autonomisation de la femme?

Tel a été le principal questionnement ayant guidé cette recherche. La question est partie du constat que les efforts tant déployés par le gouvernement congolais n'ont pas su permettre l'accroissement de l'équité dans l'éducation. Et pourtant, c'est cette équité qui est la base même de l'autonomisation.

Ainsi, pour mieux traiter ce problème, la question principale a été décomposée en deux questions spécifiques, à savoir :

? Prenant en compte le contexte particulier de la RDC, les objectifs prioritaires retenus par les politiques publiques en matière de l'éducation sont-ils les suffisants pour parvenir à l'équité dans ce secteur ?

? De quelle manière la stratégie de développement du sous-secteur de l'EPSP prend-telle en compte la dimension genre ?

Pour répondre à ces questions, nous avons structuré notre travail en deux parties. Dans la première, nous avons analysé la cohérence interne et externe de la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'éducation par rapport à la situation de la femme dans ce domaine. Et dans la seconde, nous nous sommes attelés à évaluer le degré de prise en compte des problèmes de l'égalité de sexe par cette stratégie.

A cet effet, il sied tout premièrement de rappeler que les plans d'actions de la Stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP accordent la priorité à la gratuité de l'enseignement primaire et à la construction des salles de classe. Or, à travers l'analyse de la situation, nous sommes parvenus à la conclusion que le problème pour l'éducation des jeunes filles en RDC se pose beaucoup plus en termes du faible taux de scolarisation au niveau secondaire, de l'écart dans le taux d'achèvement (en comparaison avec celui des garçons) et de l'existence d'importants stéréotypes et clichés sexistes défavorables aux filles.

Certes, au-delà des inégalités dans les indicateurs de la scolarisation, qui sont très facilement palpables, il existe, dans ce système, d'énormes stéréotypes sexistes. Ceux-ci se présentent sous forme de la hiérarchie administrative des hommes sur les femmes à tous les niveaux (comité des élèves, enseignants, inspection), de la faible représentation des femmes, des clichés sexistes dans les manuels scolaires, et de la perception fataliste et conservatiste des enseignants sur l'égalité de sexe. De même, certains textes contenus dans les manuels scolaires traduisent clairement une

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hiérarchie. Par conséquent, la structure éducative congolaise reproduit le schéma familial dans lequel le pouvoir de décision est réservé à l'homme. Elle représente, aux yeux des élèves, la répartition des pouvoirs entre hommes et femmes dans la société.

Ainsi, après l'analyse des résultats de ce travail, notre première hypothèse a été confirmée. En effet, l'équité dans l'éducation ne passe pas véritablement par la gratuité de l'enseignement primaire et la construction des salles, bien que ces mesures soient importantes pour la promotion de l'éducation pour tous. Nous avons découvert que l'égalité de fait entre le sexe dans l'éducation fait plutôt appel aux mesures de discrimination positive en faveur des filles et à la lutte contre les stéréotypes sexistes. Ces deux considérations doivent ainsi faire l'objet des projets spécifiques assortis des prévisions budgétaires conséquentes.

En second lieu, nous avons analysé le degré de prise en compte des problèmes des femmes dans la stratégie de développement du sous-secteur éducation. Pour y parvenir, nous avons décidé d'utiliser le Cadre d'Habilitation de la Femme développé par Sara Longwe.

Cette analyse nous a permis de démontrer que la stratégie de développement du sous-secteur de l'EPSP traite de manière neutre les questions d'égalité de sexe. C'est-à-dire que les objectifs de cette politique reconnaissent les problèmes que rencontrent les jeunes filles dans leurs processus d'éducation, mais qu'aucune activité spécifique n'est développée pour y faire face. En effet, comme déjà mentionné, cette politique fonde sa priorité sur la gratuité de l'enseignement primaire et la construction/réhabilitation des salles de classes. Or, si ces deux priorités peuvent permettre l'accès et l'accessibilité des élèves à l'éducation, elles ne peuvent que partiellement favoriser la rétention des élèves du primaire. Quant à l'équité, les deux priorités ne peuvent pas y contribuer. La stratégie reste totalement distante face à ce problème.

Cette conclusion nous amène bien évidement à confirmer la seconde hypothèse de notre recherche où nous pensions que les axes principaux de la stratégie de l'EPSP ne s'engagent que de manière neutre dans la résolution des problèmes et défis rencontrés par les filles dans leur scolarisation.

Il faut cependant préciser que les résultats obtenus par cette recherche sont propres au milieu rural. Car cette recherche a été menée dans deux provinces rurales (Haut Uélé et Bas Uélé) et la situation de la femme diffère du milieu rural au milieu urbain.

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Ainsi, en réponse à notre question principale, nous aboutissons à l'idée maitresse de ce mémoire que, pour le secteur de l'éducation, l'autonomisation de la femme passe par l'accroissement de l'équité et la prise en compte effective de la dimension genre dans la planification de l'éducation nationale. Nous admettons, à travers ce travail, que l'égalité de sexe dans l'éducation, gage de l'autonomisation de la femme, ne se limite pas uniquement à l'accès à l'enseignement. Elle exige une équité entre filles et garçons dans la représentation, la réussite scolaire, le maintien, la répartition des tâches, etc.

Pour y parvenir, la stratégie pour le développement du sous-secteur de l'EPSP requiert un ajustement afin de permettre au pouvoir public d'être plus attentif et plus sensible aux problèmes spécifiques de la jeune fille. Cette prise de conscience doit être accompagnée de l'adoption des actions positives pour favoriser l'essor d'un environnement éducatif juste, dans lequel filles et garçons bénéficient des mêmes capacités et des mêmes opportunités scolaires.

La récurrence des guerres ou les crises économiques ne doivent pas constituer des disculpations à la fourniture de l'éducation de qualité pour tous. La qualité de l'enseignement n'a pas de prix. Elle doit être une priorité en temps de paix tout comme en temps de guerre. Car il s'agit de préparer une génération, de lui léguer une histoire, des valeurs et des responsabilités. Il n'y a pas de précieux héritage qu'une génération puisse léguer à une autre que l'éducation.

Somme toutes, nous ne pensons pas avoir analysé tous les paramètres de ce sujet, nous restons néanmoins convaincus que notre travail apporte une modeste contribution à toutes les recherches antérieures. Il constitue également une des voies à qui veut s'engager sur la route de l'autonomisation de la femme. En fin, l'analyse approfondie de ce travail pourrait également soulever la nécessité de l'harmonisation du système éducatif au sein de la sous-région de l'Afrique centrale pour le rendre beaucoup plus inclusif dans tous les Etats.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand