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Education et autonomisation. Défis et perspectives en faveur de la femme en République démocratique du Congo

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par Jules Muhindo Katsurana
Institut Panafricain pour le Développement - Master en Programmation du Développement et Intégration regionale 2016
  

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7. Revue de la littérature

Le développement du présent travail nous a exigé le recours à une documentation intense à propos des concepts de liberté, autonomisation de la femme, éducation etc. Dans cette section, nous présentons uniquement les principaux ouvrages et travaux référencés.

6 Il sied de mentionner l'inexistence des annuaires complets postérieurs à ceux-ci. Nous avons décidé d'utiliser celles de 2008-2009 par besoin de référence aux données officielles.

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Comme mentionné dans le contexte, l'autonomisation de la femme se veut de sortir cette dernière de l'assujettissement qu'elle subit de la part de son homologue homme. Mais ce sujet soulève une question, celle de savoir ce qui serait à l'origine de cet assujettissement. Et cette question a suscité plusieurs débats et écrits.

En 1976, BEAUVOIR S. (1976) publia un ouvrage intitulé «Le deuxièmes sexe». A travers ce livre, l'auteure questionne l'origine les inégalités entre hommes et femmes. Et en guise de conclusion, elle récuse la maternité, le pouvoir accordé à l'homme depuis la préhistoire et la propriété privée (ne donnant pas à la femme la possibilité d'hériter ni de posséder). Pour BEAUVOIR, ces facteurs infériorisent la femme. Ils sont soutenus par des mythes (préjugés et les stéréotypes) diffusés par la religion, la philosophie, la théologie mais aussi la science. Ainsi, pour libérer la femme de cet état, l'auteure préconise l'accession par les femmes à une parfaite égalité économique et sociale.

Cependant, par opposition à la conception qui fait de la division sexuelle du travail l'origine de l'assujettissement de la femme, BOURGUIGNON A. (1989) pense que cet assujettissement découle plutôt de la peur que l'homme éprouve devant la sexualité féminine. L'auteur argue que dans les sociétés de chasseurs-pêcheurs, les femmes n'étaient pas opprimées ; leur rôle prépondérant dans l'apport de la nourriture et l'éducation des enfants leur attirait une grande considération. Il ajoute que, « à partir du moment où sa vie est devenue sédentaire, et partant du fait que le corps de la femme recèle l'inquiétant mystère de la reproduction et assure la descendance, l'homme a cherché à tout prix à sauvegarder son alliance et sa filiation ».

En rapport avec la thèse de BOURGUIGNON, nous pensons que, si elle était valable à une certaine époque, elle mérite d'être réévaluée compte tenu des actuels changements énormes survenus, tels la participation des femmes dans les activités à forte mobilité, la libération sexuelle des femmes dans certaines mesures, etc.

Parlant, par ailleurs, de l'autonomisation de la femme, il sied de soulever l'absence d'un consensus sur sa définition. Les diverses théories de la justice sociale analysées et les idées fondant les différents mouvements de défense des droits de la femme proposent des définitions différentes. Toutefois, quelques éléments importants peuvent être retenus dans l'une ou l'autre conception.

En effet, PAZ R. (1990), n'admet pas la définition qui fait de l'autonomisation un processus permettant aux individus le renforcement de leurs capacités de diriger et de contrôler leurs propres vies conformément à leurs propres besoins et aspirations.

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Pour cet auteur, l'autonomisation signifie `travailler avec le people' et non pour le peuple ; elle est une approche participative et se construit sur les forces existantes chez les individus et au sein de la communauté. A notre avis, une telle conception présente le risque de limiter l'autonomisation à la simple participation ou parité, avec comme conséquence l'oubli des problèmes structurels qui conditionnent la subordination de la femme. En plus, il n'est pas évident que par le fait de participer à une activité (productive par exemple), la femme ait une influence sur la destination des produits ou une conscience sur les inégalités sociales.

Par contre, dans le Rapport du Séminaire international tenu à l'UIE, publié par l'UNESCO (1995), STROMQUIST admet que l'autonomisation est un concept socio-politique qui transcende la participation politique formelle et la conscientisation. Elle estime donc qu'une définition complète de l'autonomisation de la femme doit comprendre les aspects aussi bien cognitifs, psychologiques, politiques qu'économiques.

Pour sa part, SEN A. (2000) estime que les libertés ne sont pas uniquement les aboutissements primaires du développement, mais elles en constituent également les principaux moyens. Cet auteur admet qu'il existe une connexion étroite entre les différentes sortes de libertés. Car la liberté politique (en termes de liberté d'expression et d'élection) aide dans la promotion de la sécurité économique; les facilités économiques (comme les opportunités de participation dans le commerce et la production) peuvent faciliter la génération aussi bien de l'abondance personnelle que les ressources publiques nécessaires aux facilités sociales. Ainsi, SEN éclaire le présent travail en ce sens que sa théorie nous permet de comprendre le lien entre l'égalité de sexe dans l'éducation et l'éventuelle autonomisation de la femme.

En fin, il existe plusieurs rapports et travaux scientifiques qui se sont penchés sur la question d'éducation, de genre et de stéréotypes sexistes.

En 1997, STEELE C., professeur à l'Université Sanford, a mené une étude sur les effets des barrières que les femmes et les afro-américains affrontaient dans la réussite scolaire en Amérique. L'auteur s'est posé la question de savoir s'il est possible que ces deux groupes d'individus affrontent une expérience scolaire différente avec respectivement les hommes et les blancs alors qu'ils vivent les mêmes situations dans les salles de classe : mêmes enseignants, mêmes manuels scolaires, des meilleures salles de classe et un traitement identique.

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Aux termes de cette enquête, il s'est avéré qu'effectivement la réussite scolaire pour ces deux groupes de personnes était très influencée par des stéréotypes qu'ils subissaient. D'un côté, il était largement admis que les mathématiques sont faites pour les garçons et non pour les filles ; et de l'autre, que les blancs sont naturellement intelligents que les noirs. L'auteur conclut que les personnes qui ne s'identifient pas dans un domaine accordent moins d'importance au domaine concerné comparativement à celles qui ne subissent pas des stéréotypes. Ils peuvent également être démotivés ou amenés à développer moins d'efforts.

Bien plus, dans sa publication, le Comité Directeur pour l'égalité entre les femmes et les hommes du Conseil de l'Europe (2011) mentionne une étude menée en 2002 auprès 500 femmes cadres supérieurs dans les entreprises et cabinets de recrutement à travers toute l'Europe pour comprendre les obstacles à la promotion des femmes. Cette étude a révélé que «pour les deux-tiers des femmes cadres interrogées, les stéréotypes et les idées préconçues sur les rôles et les capacités des femmes constituent l'obstacle le plus important. Le cliché de la femme qui doit s'occuper de sa famille et l'association leadership fort/sens des affaires comme qualité typiquement masculine font toujours barrage à la promotion des femmes et confortent la prédominance des hommes aux fonctions supérieures de management»7.

Au niveau scolaire par ailleurs, DUQUET F. (2012) ajoute que, suite aux stéréotypes, «les attentes des enseignants envers les filles seraient moins élevées. Ces dernières reçoivent, par exemple, davantage des questions fermées que leurs homologues masculins». Cette attitude serait liée aux idées préconçues des enseignants sur les rôles que les femmes sont censés jouer dans la société. Ce manque d'attente envers les filles ne leur permet pas de développer les talents ou de faire valoir leurs capacités naturelles.

Il est cependant important de soulever l'insuffisance, si pas l'absence, des ouvrages traitant sur l'autonomisation de la femme au niveau national. Cette lacune nous a conduits, à ce qui concerne les références nationales, à nous focaliser sur les rapports et travaux académique.

En fait, en février 2013, la République Démocratique du Congo a publié le rapport d'une enquête nationale sur les enfants et adolescents en dehors de l'école. Il ressort de cette enquête que l'exclusion scolaire est entre autre due à la persistance des

7 Etude cité dans la publication du CDEG (2011), page 12.

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inégalités de genre dans l'éducation. Car, à en croire le rapport, «si les efforts déployés par l'Etat et ses partenaires dans la scolarisation des enfants ces dernières années ont permis de réduire de manière significative les inégalités d'accès à l'école entre garçons et filles, des inégalités de genre existent toujours au niveau secondaire, surtout en milieu rural en défaveur des filles». Il faut cependant remarquer que dans ce rapport, le concept d'égalité de genre réfère à l'égal accès à l'école et ne questionne pas les valeurs cultivées par le système éducatif.

Ensuite, en 2005, LUFUTA M. a présenté à l'Université de Kinshasa, un mémoire de fin d'études sur l'autonomisation de la femme. Ce travail cherchait à savoir si la déscolarisation est un facteur qui ne permet pas aux femmes de générer un revenu capable de promouvoir leur autonomisation. Ainsi, après une enquête effectuée auprès de 400 ménages dans six quartiers de la ville de Kinshasa, LUFUTA conclut qu'il n'existe pas de lien entre l'autonomisation de la femme et sa scolarisation, et donc que la déscolarisation de la femme ne constitue pas un frein à son autonomisation. Il faut néanmoins constater que ce travail n'évalue l'autonomisation de la femme qu'à travers la seule faculté de production de la femme, ce qui nous parait restrictif.

Sur un autre angle, en 2007, UMBI L. a présenté un mémoire à l'Université Ouverte de Goma sur la dimension genre et son impact dans le développement. Cette recherche est partie du constat d'un résultat mitigé des efforts visant l'amélioration des relations entre hommes et femmes. UMBI voulait identifier les voies et moyens à mettre en oeuvre pour rendre effectif l'impact souhaité des relations harmonieuses entre les hommes et les femmes pour le développement. Après les analyses des quelques programmes de sensibilisation tenu sur le genre, UMBI propose l'élaboration d'un programme de renforcement des capacités des différents partenaires en matière de genre et développement, la prise en compte du genre, par les acteurs de développement, dans leurs processus de planification et l'application, par les gouvernants, des textes légaux garantissant les droits de l'homme et de la femme en matières de travail et autres avantages.

En fin, en 2009, BANDOMBELE I. a défendu, à l'Université de Kisangani, une thèse sur l' « ampleur et réduction des disparités entre les sexes dans la scolarité primaire et secondaire à Kisangani ». A travers cette recherche, BANDOMBELE s'était engagé à identifier les facteurs qui sont à la base des disparités entre filles et garçons dans la scolarisation en 2005 et identifier, de ce fait, des stratégies de réduction de ces disparités. Après analyse des données, le chercheur a conclu que les écarts entre les

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sexes étaient très faibles à l'école primaire, le système éducatif était sur la voie d'atteindre l'objectif de la parité entre les sexes en 2005, les disparités persistaient par ailleurs au niveau secondaire et seraient dues aux facteurs socioculturels, socioéconomiques, politiques, scolaires et psychologiques. Comme mesure de réduction de ces disparités, BANDOMBELE propose le paiement d'un salaire décent et régulier aux fonctionnaires, la garantie d'un enseignement primaire gratuit et obligatoire, la conscientisation des filles et des familles sur l'importance de l'instruction et le changement des attitudes sur l'éducation de la fille.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille