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Analyse du consentement à  payer des ménages. Cas des ordures ménagères à  Cotonou.

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par A. Carlos Venance AGBAHOLOU
Université dà¢â‚¬â„¢Abomey Calavi - Licence en économie appliquée 2017
  

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2. Aperçu général de la notion d'ordures ménagères du point de vue économique

Les ordures ménagères constituent une production qui émane des ménages. Ce sont des résidus issus du processus de consommation. Traditionnellement, l'économie de l'environnement analyse d'emblée les déchets en termes d'externalités. Ils représentent une part inévitable du processus de consommation des ménages et se traduisent par la présence de dégradation de l'environnement naturel, et de la santé publique associée à la production des déchets. La question des déchets ménagers assimilés à une nuisance pose la problématique de l'internalisation de l'externalisation négative de consommation dans le cadre de l'économie du bien-être.

Les déchets ménagers sont des biens intrinsèquement joints à un bien consommé sur le marché. Les consommateurs dans l'acte où le processus de consommation crée un produit joint. Les propriétés de ce produit joint méritent cependant d'être précisées.

La première propriété est l'existence d'un effet externe négatif. Un dépôt de déchets ménagers constitue une source de nuisance « non-rivale », même si elle peut être limitée à une zone géographique. Les risques de santé encourus par les riverains ou la pollution des sols constituent « des maux publics ». Ainsi les déchets ménagers sont classés parmi les externalités environnementales du fait des effets externes négatifs sur l'environnement y compris la santé publique.

Réalisée par Carlos AGBAHOLOU et Fidèle AITCHEDJI 9

Analyse des déterminants du consentement à payer : cas des ordures ménagères à Cotonou

De façon formelle, l'expression du déchet ménager apparait dans la fonction d'utilité des autres agents économiques et son utilité marginale est négative. Au préalable une dernière propriété doit être examinée. L'externalité peut être associée à la notion de bien public pur ou bien collectif. Un bien auquel tout agent économique peut avoir accès à coût nul. Or les propriétés de non exclusivité et de non rivalité qui caractérisent les biens publics ne s'appliquent pas précisément aux déchets ménagers. Ces derniers en tant que produit joint à la consommation, se présentent comme des produits privés dotés d'exclusivité et de rivalité.

En revanche, ils sont à l'origine d'effets externes qui peuvent être assimilés à des « maux publics » du fait de leur nature non rivale. L'effet de cette pollution, que constitue, les déchets ménagers sur un individu ou un lieu ne réduit en rien l'effet pour un tiers. Il est difficile d'exclure un riverain, pour une zone géographique donnée, de l'effet de pollution en termes de mauvaises odeurs par exemple.

Au total, les déchets ménagers peuvent être appréhendés sur le plan théorique à la fois comme des externalités négatives, exclusives et rivales. Pour corriger ces externalités et aboutir ainsi à l'optimum collectif il convient d'internaliser les coûts. Nous ne retiendrons ici que l'internalisation à l'aide d'instruments économiques.

La modalité d'internalisation proposée par Pigou est de combler cet écart en faisant payer une taxe ou une redevance à l'émetteur de la nuisance, taxe dont le montant est évidemment égal à la différence entre coût social et coût privé.

Ainsi la contribution financière des ménages à travers des taxes ou des redevances vient en quelque sorte donner un prix à la nuisance occasionnée par les déchets ménagers. On n'a vu que Pigou (1920) préconisait la solution fiscale pour la résolution des déséconomies externes. Dans son esprit, la subvention était réservée au cas symétrique, celui des économies externes ou externalités positives. Cependant Coase (1960) introduit pour le seul cas des externalités négatives la possibilité de deux paiements symétriques : paiement compensatoire de l'émetteur à la victime, paiement « dissuasif » de la victime potentielle à l'émetteur potentiel. Même si le contexte coasien est plutôt celui d'une négociation bilatérale directe entre agents que celui de taxes ou de subventions nécessitant le recours à l'Etat, rien n'interdit a priori de considérer qu'il s'agit dans le deuxième cas d'une subvention égale au gain social résultant de l'abstention de nuire, pourvu qu'elle soit versée par la victime potentielle. Le théorème de Coase consiste à dire dans l'un comme dans l'autre cas que c'est le montant que chacun

Réalisée par Carlos AGBAHOLOU et Fidèle AITCHEDJI 10

Analyse des déterminants du consentement à payer : cas des ordures ménagères à Cotonou accepte de recevoir et ou de payer qui détermine le point d'équilibre de la négociation. Ce point est identique dans l'un comme dans l'autre cas et constitue un optimum.

La seconde propriété des biens publics est relative à l'absence d'exclusion. L'usage par un consommateur d'un bien exclut physiquement l'usage, au même instant, du même bien par un autre consommateur. Le non exclusion se traduit par une impossibilité d'exclusion individuelle par les prix dans le sens précis où il s'avère difficile de le réserver seulement aux consommateurs qui consentiraient à en payer le prix. En d'autres termes, les ménages du groupe qui ne paient pas leur service ne peuvent être exclus de sa jouissance lorsqu'il est produit. La gestion des déchets ménagers se présente a priori comme un bien de nature exclusive. La collecte, le transport et le traitement des déchets ménagers peuvent être rendu auprès des ménages qui auront effectivement payés. C'est la première étape, la collecte, qui détermine la nature privée du service puisque l'exclusion est physiquement possible pour chaque ménage auquel on enlève les déchets ménagers. Néanmoins, dans l'analyse économique, il est communément admis que la gestion des déchets ménagers est un bien non-exclusif. Cette propriété ne répond pas ici à un critère d'ordre économique puisqu'elle est techniquement possible. Cependant, l'exclusion n'est pas souhaitable dans la mesure où elle conduit à la formation d'effets externes négatifs (nuisances tels que la pollution environnementale et les risques de santé publique) que le service de collecte et de traitement des déchets ménagers souhaite justement éviter. Cet argument peut être étayé de la manière suivante. Si la collecte est effectivement rendue aux ménages qui paient alors le service n'a pas la même finalité. S'il est exclusif et donc s'il ne se préoccupe que de l'espace privé, des logements, il perd toute sa dimension collective. Il ne se préoccupe plus de l'espace public - la voirie par exemple - pour lequel le service doit être exclusif.

La propreté de l'espace public et donc l'élimination des effets externes négatifs constitue ainsi un bien non exclusif puisque personne ne peut être exclu de sa jouissance. C'est bien la propreté de l'espace public que vise le service considéré, même s'il est techniquement possible de collecter que les espaces privés. Les caractéristiques que présente le service ne sont pas homogènes au cours des différentes étapes du service par rapport à la distinction public et privé. Ce cas de figure est fréquemment rencontré lorsque la consommation d'un bien donné par un individu donne nécessairement naissance à un sous-produit qui peut être apprécié positivement ou négativement par au moins un autre agent. Ainsi « un bien qui a des caractéristiques mixtes à l'égard de la distinction collectif et privé est appelé bien à effet

Réalisée par Carlos AGBAHOLOU et Fidèle AITCHEDJI 11

Analyse des déterminants du consentement à payer : cas des ordures ménagères à Cotonou externe ». Le tableau 1 en donne une synthèse pour le bien considéré ici et montre ainsi la nature hétérogène du service (voir annexe).

Le service des déchets ménagers peut donc être assimilé à un bien public impur ou mixte. La notion d'externalité permet de préciser que ce bien à caractère privé de par les propriétés de la première étape, est en fait un bien public impur. Parmi les contributions sur les biens publics, l'hypothèse de Tiebout (1956) constitue une avancée significative par rapport au modèle antérieur de Samuelson (1954). Tiebout (1956) s'est intéressé au problème du découpage optimal d'un territoire en sous-ensembles pertinents. Il reprend l'introduction de la notion de bien public pur au modèle d'équilibre général. Il s'en dégage, cependant, en privilégiant la dimension spatiale des biens publics.

Les biens publics locaux sont définis comme des biens publics plus ou moins divisibles - autrement dit des biens mixtes - à effets géographiques relativement circonscrits à un territoire donné et à qualité variable selon l'intensité d'utilisation. Trois propriétés exposées dans l'ouvrage de Derycke et Gilbert (1988) permettent de spécifier les biens publics locaux (BPL). Il s'agit du principe de divisibilité, des effets géographiques limités et effets de débordement, et les phénomènes de congestion et d'encombrement. Cette dernière propriété est également propre aux biens mixtes. Nous rappelons simplement que le phénomène de congestion existe dans la gestion des déchets ménagers sous la forme d'une fonction croissante. La qualité du service dépend du nombre d'usagers.

Dans la grande majorité des villes en Afrique, la mise en décharge constitue le mode de traitement des déchets ménagers, comme dans la plupart des pays en développement. La décharge accueille les déchets ménagers collectés dans l'ensemble de la ville, en ce sens elle profite à tous les ménages et pourtant les nuisances (odeurs, pollution...) qu'elle dégage sont essentiellement subies par les ménages riverains. L'effet de débordement est asymétrique dans la mesure où les ménages situés au centre d'une agglomération bénéficient d'un lieu de traitement et des nuisances associées, éloignés. De nouvelles propriétés ainsi définies permettent de qualifier la gestion des déchets ménagers comme un bien public local.

Il n'est plus à démontré que la pré-collecte constitue la base même de la gestion des déchets solides ménagers à Cotonou. Elle se matérialise par l'enlèvement des déchets de porte à porte au niveau des ménages abonnés auprès des structures de pré collecte puis leur collecte et

Réalisée par Carlos AGBAHOLOU et Fidèle AITCHEDJI 12

Analyse des déterminants du consentement à payer : cas des ordures ménagères à Cotonou transport vers les points de regroupement identifiés, autorisés et disséminés sur le territoire de Cotonou.

La responsabilité de la pré-collecte des déchets est déléguée à des ONG choisies selon leur compétence et autorisées à exercer sur des territoires bien définis que sont les secteurs de pré-collecte. Actuellement, les soixante-dix-sept (77) ONG de pré-collecte sont réparties sur quatre-vingt-dix-sept (97) secteurs d'intervention de la ville de Cotonou. Ceci signifie qu'à l'intérieur d'un secteur donné, seul l'adjudicataire du contrat de service de pré collecte a le droit et le devoir d'assurer cette fonction dans tous les ménages. Cette politique de répartition spatiale permet de responsabiliser le pré collecteur et d'établir des critères de performance.

Le pré collecteur ne peut atteindre ces critères de performances si les objectifs ne sont pas atteints. La contribution à l'atteinte de ces objectifs relève de la quantité des DSM que les ménages leurs offrent. Cet offre des ménages est influencés par plusieurs facteurs que sont entre autre le revenu, le niveau d'éducation, la taille du ménage, le volume de déchet produit... et ne correspond pas à la quantité des déchets produits.

Une étude menée par KAPEPULA (2007) au Sénégal sur la Contribution à l'amélioration de la gestion des déchets ménagers solides dans les villes de pays en développement révèle que l'analyse des facteurs influençant l'offre d'ordures des ménages permet d'affirmer qu'une stratégie de réduction de celle-ci, doit mettre l'accent à la fois sur les variables démographiques, économiques et techniques. La mise en oeuvre d'une telle stratégie nécessitera l'intervention de trois principaux acteurs de la gestion des ordures que sont : l'Etat, la municipalité et la population. A défaut d'une taxation unitaire (au poids ou au volume), une taxe qui serait en fonction des préférences des ménages est à étudier. Bien entendu, celle-ci doit être conjuguée avec une réglementation garantissant le droit de propriété de manière à éviter tout comportement déviant ou maraudage de la part des usagers du service de la voirie.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle