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Approche stratégique d'un ERP.

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par Victoria Ullmann
Paris-Dauphine - Master 1 Management 2016
  

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Chapitre 1 : État des lieux des projets ERP

Ce premier chapitre consiste à mettre en exergue les risques des projets ERP ainsi que les facteurs clés de succès et d'échec de ces derniers. Il nous permettra notamment de saisir les raisons pour lesquelles certaines organisations et entreprises ne sont pas parvenues à profiter pleinement des opportunités offertes par le système et nous tenterons d'illustrer nos propos par des exemples concrets d'entreprises.

A/ Risque des projets ERP

Si les bénéfices potentiels des progiciels ERP sont nombreux, les risques le sont tout autant. Un projet ERP est par définition « long, coûteux et incertain ». Il peut être source de nombreux problèmes pour les entreprises qui les implantent.

Tout d'abord, la difficulté à travailler ensemble, à bâtir une vision commune et à repenser les différents processus en amont de son implémentation fut à l'origine d'un grand nombre d'échecs. L'une des critiques phares d'un projet ERP est qu'il nécessite de rendre formels les processus. Mais, puisqu'il est impossible de tout formaliser, sa standardisation échappe à certaines pratiques, et ceci vient compromettre l'efficacité du système.

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Dans une même logique, il est difficile et long à mettre en oeuvre car il requière la participation et la mobilisation de l'ensemble des acteurs de l'entreprise. Il est également relativement rigide puisque son degré d'intégration est important.

Parmi les projets SI, l'ERP a connu le plus d'échec. La littérature montre que beaucoup d'entreprises éprouvent des difficultés à maîtriser leur budget et l'échéancier du projet tant il s'avère complexe. Dans leur livre, Management des systèmes d'information, Laudon et Laudon (2014) s'appuient sur une étude du groupe Standish International qui énonce que « seuls 32% des investissements en technologie ont respecté les échéanciers, le budget et les spécifications fonctionnelles ». Cette même étude montre qu'un « projet sur six dépassait les coûts prévus de 200% et les délais prévus de 70% ». Laudon et Laudon tendent à justifier ces échecs par deux raisons : d'une part, les entreprises ne parviennent pas à aligner leur stratégie aux projets SI et dans ce sens, de nombreuses incohérences et difficultés émergent. D'autre part, les entreprises ont généralement une mauvaise maîtrise du changement organisationnel. Elles minimisent la nécessité d'une refonte des processus et ceci peut s'avérer crucial pour la bonne marche de l'entreprise. C'est par exemple le cas de Dell Computer, qui après avoir investi massivement dans un ERP, a du abandonner le projet car celui-ci n'était pas adapté à sa nouvelle organisation décentralisée. Mobil Europe a également abandonné son projet suite à une fusion.

Aussi, il est souvent difficile de s'assurer de l'apport du projet ERP et de mesurer concrètement le retour sur investissement. Enfin, inutile de préciser que les projets ERP contribuent à renforcer les enjeux liés à la gouvernance des projets et des données. Des enjeux extrêmement importants et pourtant souvent peu maîtrisés par les organisations.

Illustrons nos propos à travers un cas d'entreprise qui a échoué dans son implémentation de l'ERP.

Le cas de l'entreprise Hersey

Hershey est le plus grand fabricant de chocolat en Amérique du Nord. L'entreprise a été crée en 1894 et les produits de la marque sont vendus dans une soixantaine de pays dans le monde entier.

En 1996, l'entreprise souhaite gagner en compétitivité notamment en améliorant son service clients. Elle décide alors d'implémenter un ERP pour gérer l'intégration entre ces trois

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systèmes existants à savoir : le logiciel SCM, le logiciel CRM et IBM global service. Le but était d'harmoniser les systèmes et de rendre plus fluide les processus.

Le coût global du projet était de 10 millions de dollars et le temps d'implémentation recommandé du système était de quatre ans. La direction souhaite finalement rendre le système opérationnel dans un délai de deux ans et demi environ, et l'entreprise choisi d'adopter une approche rapide de mise en place de l'ERP nommée Big Bang approach.

Impacts de l'échec de l'implémentation

L'entreprise n'est pas parvenue à réduire ses délais, au contraire. Elle a subit des problèmes relatifs à l'exécution des commandes ; le temps de traitement et l'expédition ont largement augmenté pendant et suite à la mise en place de l'ERP. Ceci a conduit à des retards de livraison et les distributeurs se sont retrouvés dans l'impossibilité d'envoyer à temps les produits aux détaillants. Et ceci a compromis leur crédibilité sur le marché.

Les stocks de l'entreprise ont commencé à s'accumuler jusqu'à augmenter de 25% par rapport à l'année précédente et le cours des actions de l'entreprise a brusquement chuté la même année. Hershey a du justifié cet échec et a annoncé que ces problèmes étaient dus à une mauvaise gestion et un mauvais fonctionnement du système informatique, à savoir l'ERP. L'échec du projet ERP a, au total, conduit à une perte de 150 millions de dollars de chiffre d'affaires.

Raisons de l'échec

Hershey n'a pas respecté les délais conseillés pour la mise en place de l'ERP et a précipité son implémentation. Elle aurait dû respecter toutes les étapes d'implémentation que nous expliciterons lors de la prochaine sous-partie. Or, l'entreprise a opté pour un calendrier déraisonnable en souhaitant réduire le temps d'implémentation de près d'un an et demi.

En réalité, elle avait des impératifs car a choisi de débuter le projet pendant une période où les demandes des distributeurs étaient fortes en raison de la saison. Elle aurait dû opter pour un moment plus opportun et implémenter l'ERP dans une démarche progressive et concise.

En effet, au cours d'une période d'activité plus lente, l'entreprise peut davantage se donner le temps pour explorer le système. Il est d'ailleurs recommandé de réduire la production pendant la période la plus critique de l'implémentation. Cette démarche vise à éviter autant que

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possible une exposition aux dommages causés par des erreurs qui sont difficilement détectables.

Sa stratégie a été de réduire les délais et d'améliorer le service client. Or, l'implémentation de l'ERP n'a pas été correctement alignée avec la stratégie et les préalables nécessaires à la réussite d'un tel projet n'ont pas été respectés.

Au final, l'entreprise n'a pas procédé aux tests nécessaires pour s'assurer que l'ERP était en adéquation avec la stratégie globale mais également celle des métiers. Les phases de tests sont extrêmement importantes pour assurer une sécurité au système, et dans ce sens, elles ne doivent jamais être négligées.

La figure 7 résume les principales causes d'échec de la mise en oeuvre d'un ERP

Utilisateurs peu impliqués

Objectifs mal définis

Mauvaise définition de
la dimension
stratégique du projet

Mauvaise implication du management

Fonctionnalités inadaptées

Causes d'échec

Ressources humaines
et/ou financières
insuffisantes

Technologie
insuffisamment
maîtrisée

Projet mal préparé

Figure 7 : Causes principales d'échec de mise en oeuvre d'un ERP.

Ces différents éléments nous permettent de mettre en lumière la nature complexe de cet outil ainsi que les différents risques inhérents aux projets ERP.

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