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Les communes des borderlands camerounais face aux conséquences des conflits centrafricains de 1960 à  2013. Cas de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

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par (pas de prénom) GAMBO
Université de Ngaounderé-Cameroun - Master 2014
  

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    DEDICACE

    A l'Eternel, Dieu de Salomon et Père de toute intelligence,

    A la mémoire de Hamadou Samuel, ce rayon de soleil précocement éteint,

    A Adama Pauline, pour son amour incommensurable, pour ses perpétuels encouragements et son soutien indéfectible,

    Qu'ils retrouvent à travers ce travail, l'hommage de notre infaillible dévouement et le fruit de leurs constants efforts.

    II

    REMERCIEMENTS

    La réalisation de ce travail n'a été possible que grâce au concours de plusieurs personnes à qui nous tenons à exprimer notre reconnaissance.

    Nos remerciements vont de prime abord à notre encadreur, le Dr. Abdouraman Halirou, qui a accepté de diriger ce travail jusqu'au bout et qui n'a ménagé aucun effort pour sa réalisation; et ce, malgré ses multiples occupations.

    Notre reconnaissance va ensuite à l'endroit de tous les enseignants de la FALSH de l'Université de Ngaounderé. En particulier, à ceux du département d'Histoire qui ont contribué à notre formation. Il s'agit notamment des Professeurs Hamadou Adama, Taguem Fah Gilbert Lamblin et Mokam David;des Docteurs Mbengué Nguimé Martin, Fadibo Pierre, Hamoua Dalailou, Atoukam Tchefendgeng Liliane Dalis et Tegna Edith Mireille. Sans oublier nos chargés de travaux dirigés M Andjeng Honoré Désiré, Mvoto Thérèse, Amina Djoulde Christelle, Betga Djenkwe Noël Lavallière, Nangang Sandrine, Telakne Bernadette, Djouberou Narcisse, Kaimangui Mathias, Hassana, Harouna Barka et Greng Pascal.

    Nous tenons également à remercier le Dr.PempeméDalirou, pour l'importante documentation concernant directement notre thème qu'il a bien voulu mettre à notre disposition. Son aide a été capitale pour ce travail.

    Nous remercions aussi Mme. Yaya, née Inna Abbo et M. Ohana Yves respectivement bibliothécaire à Ngaounderé Anthropos et à l'IRIC, pour toute la documentation qu'ils ont bien voulu mettre à notre disposition.

    Nous remercions particulièrement Manga Antoine et Adamou Moïse pour la relecture et les remarques qu'ils ont apporté à ce travail. Ainsi que Ousmane Abdoulaye pour les photos et la correction du travail.

    Nous exprimons notre gratitude à Mpkao Raymond qu'à tous nos autres informateurs pour leur disponibilité. Sans oublier les familles Yawa Dodo, Dada Frida, Abono Djeuma Vincent, Adamou Marceline et Soumanou Simplice qui ont bien voulu nous héberger.

    Nos remerciements vont enfin à l'endroit de tous nos camarades de promotion, particulièrement à Doka Firmin et Gabana Jean Francis, pour les remarques pertinentes qu'ils nous ont faites au cours de l'année académique. Sans oublier la grande famille en Christ au sein de laquelle nous avons évolué ces cinq années, pour toute la chaleur et l'affection reçues.

    III

    SOMMAIRE

    DEDICACE i

    REMERCIEMENTS ii

    SOMMAIRE iii

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION v

    LISTE DES PHOTOS vii

    LISTE DES TABLEAUX viii

    RESUME ix

    ABSTRACT x

    INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

    CHAPITRE I : PRÉSENTATION DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA ET ÉTAT DES LIEUX DES CONSÉQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS SUR LES BORDERLANDS CAMEROUNAIS DE 1960 0 2013 32

    I-PRESENTATION DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA

    34

    II-ETAT DES LIEUX DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS A

    BERTOUA, GAROUA BOULAI, ET NGAOUI 45

    CHAPITRE II : LES ACTIONS POLITIQUES ET ECONOMIQUES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES

    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 72

    I-LES ACTIONS POLITIQUES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU

    CAMEROUN DE 1960 A 2013 74

    II-LES ACTIONS ECONOMIQUES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU

    CAMEROUN DE 1960 A 2013 88

    CHAPITRE III : LES ACTIONS SOCIALES ET CULTURELLES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, BERTOUA ET NGAOUI FACE AUX CONFLITS

    CENTRAFRICAINS 95

    I-LES ACTIONS SOCIALES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU

    CAMEROUN DE 1960 A 2013 96

    II-LES ACTIONS CULTURELLES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 111

    iv

    CHAPITRE IV : LES ACTEURS ACCOMPAGNANT LES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES

    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 119

    I-LES ACTEURS ACCOMPAGNANT LES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 120

    II-LES MOYENS DES ACTIONS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU

    CAMEROUN DE 1960 A 2013 132

    CHAPITRE V : L'IMPACT DES ACTIONS ET LES DIFFICULTÉS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AUX CAMEROUN DE 1960 A

    2013 143

    I-L'IMPACT DES ACTIONS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA SUR LES PLANS POLITIQUE, ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL 144

    II-LES DIFFICULTÉS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRCAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 156

    CONCLUSION GÉNÉRALE 164

    SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 169

    ANNEXES 179

    TABLE DE MATIERES 194

    V

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

    AFD: Agence Française de Développement

    AIMF: Association Internationale des Maires Francophones

    ALPC : Armes Légères de Petit Calibre

    BIP: Budget d'Investissement Public

    BIR : Bataillon d'Intervention Rapide

    CAC: Centimes Additionnels Communaux

    CARE: Cooperative for Assistance and Relief Everywhere

    CIMENCAM: Cimenterie du Cameroun

    CMCI : Communauté Missionnaire Chrétienne Internationale

    EELC: Eglise Évangélique Luthérienne du Cameroun

    ENIEG: Ecole Normale d'Instituteurs de l'Enseignement Général

    ESSIR: Equipe Spéciale d'Intervention Rapide

    FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines

    FAO: Food and Agriculture Organization

    FEICOM: Fond Spécial d'Intervention et d'Equipement Intercommunal

    GIC: Groupe d'Initiative Commune

    GPIC : Groupement Polyvalent d'Intervention Camerounaise

    HCR: Haut-Commissariat pour les Réfugiés

    IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

    IST: Infection Sexuellement Transmissible

    MBOSCOUDA : Association Pour le Développement Social et Culturel des Mbororo du

    Cameroun

    MESAN : Mouvement d'Evolution de l'Afrique Noire

    MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

    MINEDUB : Ministère de l'Education de Base

    MINEPIA: Ministère de l'Élevage, des pêches et des Industries Animales

    vi

    MINSANTE : Ministère de la Santé Public

    MISCA : Mission Internationale de Soutient pour la Centrafrique

    MTN: Mobile Telephone Networks

    OIT : Organisation Internationale du Travail

    OMS : Organisation Mondiale de Santé

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    PAM: Programme Alimentaire Mondial

    PCD: Plan Communal de Développement

    PNDP : Programme National de Développement Participatif

    PNUD: Programme des Nations-Unies pour le Développement

    RDPC : Rassemblement Démocratique des Peuples Camerounais

    SEMIL : Sécurité Militaire

    SIDA : Syndrome de l'Immuuno Déficience Acquis

    SNV : Organisation Néerlandaise de Développement

    UNDP: Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès

    UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture

    UNHCR ou HCR : Haut-commissariat des Nation-unies pour les Refugiés

    UNICEF: United Nations International Children's Emergency Fund

    UPC : Union des Populations du Cameroun

    WWF: World Wild Found

    VII

    LISTE DES PHOTOS

    Photo 1: Hôtel de ville de la commune de Garoua Boulai contruit en 2013 35

    Photo 2: Hôtel de ville de la commune de Ngaoui construit en 2009 39

    Photo 3: Hôtel de ville de Bertoua 1er construit en 1989 44

    Photo 4: Un réfugié centrafricain victime d'un coup de fusil le 28 décembre 2013 à Garoua

    Boulai 49
    Photo 5 : La main d'un commissaire de police lynché par les réfugiés centrafricains à Bertoua

    le 26 novembre 2013 50

    Photo 6: Site des réfugiés centrafricains de Garoua Boulai construit en 2012 63

    Photo 7: Lieu de soulagement des réfugiés centrafricains. 64

    Photo 8 : Le quartier des réfugiés centrafricains dans la ville de Ngaoui 77

    Photo 9 : Le village Tihomo situé à 10km de Garoua Boulai 78

    Photo 10: Le siège général du HCA à Bertoua 80

    Photo 11: Champ d'expérimentation de maïs dans la commune de Bertoua 1er 91

    Photo 12: Salle de classe de l'école publique de Samba créée et ouverte en 2009 par la

    commune de Bertoua 1er 99
    Photo 13: Salle de classe du CETIC créée et ouverte en 2012 par la commune de Garoua

    Boulai 100

    Photo 14: Ecole Publique de Ngaoui construit en 1996 par la commune de Ngaoui 102

    Photo 15: Un forage construit par la commune à 50m du site des réfugiés à Garoua Boulai 107

    Photo 16: EgliseEvangeliqueLuhterienne au Cameroun à GadoBadjeré 113

    Photo 17: Mosquée Centrale de GadoBadjeré 114

    Photo 18: Assistance des magistrats communaux aux obseques des réfugiés centrafricains

    décédésà Garoua Boulai le 10 juin 2013 116

    Photo 19: Site des réfugiés musulmans étrangers vivant en Centrafrique 127

    Photo 20: Bâtiment scolaire construit en 2012 par le HCR à Ngaoui. 130

    VIII

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1: Profil historique de la ville de Garoua Boulai de 1908 à 2013 37

    Tableau 2: Profil historique de la ville de Ngaoui 1920 à 2013 41

    Tableau 3 : Répartition des refugiés centrafricains dans les nouveaux villages créés de 1960 à

    2013 54
    Tableau 4 : Évolution du nombre de réfugiés centrafricains prima faciès au Cameroun de

    2007 à 2013 61
    Tableau 5: Récapitulation du nombre des actes de naissance de 2009 à 2013 dans les

    communes de Garoua Boulai, Betoua et Ngaoui. 75
    Tableau 6: Récapitulation des principales visites reçues par les communes de Garoua Boulai,

    Bertoua et Ngaoui 2007 à 2007 87
    Tableau 7 : Besoins en enseignants, salles de classe et tables bancs dans les communes de

    Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en 1998. 97
    Tableau 8 : Nombre de forage construit par les communes de Garoua, Bertoua et Ngaoui de

    2008 à 2013 108
    Tableau 9: Rapport mensuel des cas de malnutrition aigue avec complication au CNTI du

    district de Garoua Boulai en 2012 110
    Tableau 10: Répertoire et réalisations des ressources financières propres des communes de

    Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua de 1977 à 2013. 134

    Tableau 11: Mécanisme de coopération entre le Cameroun et la RCA de 1965 à 1971 149

    ix

    RESUME

    La République Centrafricaine est un Etat en constance instabilité politique. Depuis son accession à l'indépendance en 1960, ce pays est victime de plusieurs coups d'Etat. C'est un foyer de rébellions, creuset de coupeurs de route, des preneurs d'otage et les bandits de Grand chemins. Lorsque ce pays est en état de crise, ce sont les villes frontalières du Cameroun, notamment Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, qui constituent les lieux de convergence par excellence. La porosité des frontières entre ces deux Etats et l'accroissement du nombre d'immigrés centrafricains dans ces trois villes camerounaises dus à ces crises entrainent diverses conséquences. Cette situation a suscité l'intervention des communes des borderlands camerounais qui ont réalisé de nombreuses actions sur les plans politique, économique, social et culturel. Plusieurs autres acteurs ont aussi accompagné les communes dans la réalisation de cette tâche. Ces actions ont eu un impact considérable sur l'Etat camerounais en général, les réfugiés centrafricains et les populations locales en particulier.

    Mots clés : République Centrafricaine, Actions, Communes, Borderlands camerounais, Conflits, Conflits centrafricains.

    X

    ABSTRACT

    Central African Republic is in constant political instability. Since its accession to Supreme magistracy, the country has been victim of many states penalties. It is the area of great tensions; zone of hostage kidnappers and high way robbers. Each time that country deals with conflicts, the Cameroonian frontier towns such as Garoua Boulai, Ngaoui and Bertoua are where constantly refugees run to. The porosity of the frontier between Cameroon and Central African Republic and the increasing number of Centrafrican refugees in the above mentioned towns lead to many consequences. Such situation has always called upon the interventions of the Cameroonian borderlands Councils which have engaged many actions towards political, economic, social and cultural domains. Others actors have joined the councils in the accomplishment of then heavy task.Actions leads on the field have great impact in Cameroon in general, on the Centrafrican refugees and mostly onlocal population.

    Keywords: Central African Republic, Actions, Councils, Borderland, Cameroonian Borderlands, Conflicts, Centrafrican Conflicts.

    xi

    CARTE DE LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE

    INTRODUCTIONGÉNÉRALE

    A-PRESENTATION DU SUJET

    Les conflits sont actuellement l'image la plus forte que nous envoie l'Afrique surtout l'Afrique centrale en particulier l'Etat de la République Centrafricaine auquel s'attache notre étude. Si l'on ajoute à une violence endémique et dispersée les atteintes massives au droit humanitaire, la pauvreté et le sous développement, les catastrophes naturelles, l'expression du SIDA, la dictature ou la défaillance des autorités politiques et la prédation économique, on pourrait alors parler des sept plaies de l'Afrique 1 . Dès l'accession à l'indépendance, René Dumont la considérait mal partie. On a parfois aujourd'hui l'impression d'un continent perdu, dont on pourrait écrire un précis de décomposition2.

    Après leur accession à l'indépendance en effet, nombre de pays de l'Afrique deviennent le théâtre des conflits armés. Cette situation est due aux profondes mutations qui se sont opérées au sein des sociétés africaines sur le plan des valeurs ; mutations qui ont engendré des contradictions d'ordre social et idéologique. Au lendemain des indépendances, l'on assisteà plusieurs conflits entre Etats qui déchirent le continent même si quarante ans plus tard le reconnait Amara Essy3, ils deviennent des conflits internes d'origine diverses. Ces conflits résultent de « blocages intentionnels profonds, d'impasses politique, d'insuffisance de légitimation au pouvoir, de l'échec des procédures d'alternances et de mal gouvernance »4. En d'autres termes ces conflits ont dégénéré des conséquences graves qui minent la quasitotalité de l'Afrique.

    La région de l'Afrique centrale est l'une des régions du continent où l'on rencontre depuis quelques décennies la plupart des conflits armés. Situé au coeur de cette région, le Cameroun s'apparente à un havre de paix. Il est ainsi victime des conséquences des crises de ses voisins. Ratifié en 1951, le Cameroun signe la convention relative au statut du refugié et son protocole additif de 1967, il offre l'hospitalité à ses frères africains et se retrouve ainsi submergé par des dégâts des refugiés qui sont de plus en plus croissants.

    1 S. Sur, Questions internationales « Les conflits en Afrique » N°5 janvier-février 2004, p. 1

    2 V.Fouche et J.H Jézéquel, 2004, « Conflits en Afrique subsaharienne, structuration et faiblesse du nouvel interventionnisme » in Les conflits dans le monde, Presses de l'université de Laval, Québec, pp. 155-165

    3 Amara Essy était Président de la commission de l'Union Africaine en 2000.

    4 Amara Essy, 2002, « L'Union Africaine face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense» in Dominique Bangoura (Dir), « L'Union Africaine face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense, actes des conférences de l'OPSA, l'Harmattan, Paris.

    2

    Cette situation nécessite une action de plusieurs acteurs5. Des bases du HCR sont installées au Nord Cameroun en ce qui concerne la gestion des conséquences des conflits tchadiens et nigérians, tandis que dans l'Adamaoua et l'Est du pays, on note les actions du HCR, de l'Etat, de la population locale et celles des communes6.

    De prime à bord, il est important de préciser que l'Afrique qui est un continent vieux de plusieurs millénaires a connu d'innombrables conflits de nature différentes et qui ont engendré de multiples problèmes. Les communes des régions frontalières camerounaises ont donc développé des stratégies de gestion des conséquences de ces conflits. Ils n'ont pas attendu l'intervention des Nations Unies pour mettre sur pied un système de gestion afin de faire face aux problèmes soulevés. Ainsi, dans l'Adamaoua et à l'Est du Cameroun, en plus des acteurs qui interviennent dans la gestion des conséquences des conflits centrafricains, apparait la participation active des communes. Participation qui a été essentielle et sur laquelle repose en partie notre étude. De tout ceci, il résulte que cette action des communes nécessite des gros moyens et illustre parfaitement l'organisation d'un Etat décentralisé. Une réflexion approfondie centrée sur cette gestion et de tout ce qui en découle s'avère intéressante d'où le choix du thème intitulé « Les communes des borderlands camerounais face aux conflits centrafricains de 1960 à 2013. Cas de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ». S'inscrivant dans le champ de l'histoire politique et des Relations internationales, le choix de ce sujet se justifie par plusieurs raisons.

    B-RAISONS DU CHOIX DU SUJET

    Notre intérêt pour le travail n'est pas fortuit puisque le choix de cette thématique à été motivé par plusieurs raisons. La première raison qui guide notre engagement dans cette étude est le désir de mettre en exergue les relations internationales dans leur dimension humanitaire. En effet, c'est grâce aux phénomènes des conflits que la gestion des conséquences des crises devient un facteur et un enjeu important des relations interétatiques et de coopération multilatérale. Puisque pour la réalisation de cette tâche cela nécessite de gros moyens et l'implication de plusieurs acteurs de sorte que leur gestion implique plusieurs enjeux sur lesquels il serait intéressant de mener une étude. Ensuite, notre attention s'est portée sur ce sujet parce qu'il a ceci d'avantageux qu'il nous permet

    5Décret portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés et fixant les règles de procédure en application de la loi N°2005/006 du 27 juillet 2005 portant statuts des réfugiés au Cameroun.

    6 I. Ateba , 2001 « La pauvreté comme mécanisme amplificateur des tensions sociales » in La prévention des conflits en Afrique centrale, Karthala, Paris, pp. 79-84

    3

    de rester dans l'option que nous avons choisi. Elle nous donne la possibilité d'étudier les actions menées par les communes des borderlands face aux conflits centrafricains ; objet d'étude qui nous a toujours intéressé vu que la problématique de l'intégration nationale a toujours attiré notre attention. Une autre raison et non des moindres est que la question des résolutions des conflits suscite des vifs débats au sein des instances onusiennes, des États et dans les medias. Les problèmes suscités par les conflits sont de plus en plus à l'ordre du jour. Il serait donc intéressant de se pencher sur leur gestion afin de saisir les enjeux qu'ils représentent et partant, tout l'intérêt qu'ils suscitent de part et d'autre. La dernière raison et non la moindre qui sous-tend le choix de ce thème est le désir de mettre en exergue la particularité de la gestion des conséquences des conflits centrafricaines par les communes dans les régions frontalières du Cameroun. Puisque les conflits n'étant pas des phénomènes programmés, ils arrivent toujours de manière subite, c'est les communes qui sont les premiers acteurs à faire face aux conséquences, après quoi viennent les autres acteurs. Dès lors, il est question de montrer un type d'action que l'on oublie souvent, l'action des communes, ici présentée comme la pratique de la décentralisation.

    C- CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE 1-Cadre conceptuel

    La définition des concepts est un élément important dans un travail scientifique. En effet, elle permet de faciliter la compréhension du sujet. Ceci dit afin d'éviter les confusions et les équivoques il importe de définir au préalable les termes : communes, Borderlands, conflits, conflits centrafricaines.

    Le conceptde commune est un mot d'origine latine qui vient de « communia » qui veut dire commune7. Selon le dictionnaire universel Larousse, la commune est une division territoriale administrée par un maire assisté du conseil municipal8. Autour de ce concept se greffent les notions d'administration, de décentralisation et de déconcentralisation. L'institution communale plonge ses racines à l'époque où des hommes ont commencé à vivre ensemble dans un lieu déterminé et quand à la nécessité de protéger la nouvelle communauté contre les dangers extérieurs s'est imposé9. Pour éviter les conflits internes et encourager la défense des intérêts communs, le besoin de règlementer les intérêts sociaux entre les membres du groupe s'est avéré indispensables. Toutefois, la forme que révèle la

    7EncyclopédiaUniversalis, Corpus.7, Paris 1993.

    8 Dictionnaire universel Larousse 2009.

    9 B. N'Kloulou, 1997, Gouvernance et décentralisation. Paris Karthala, pp. 34-39

    4

    commune est donc le fruit d'une révolution sociale qui s'est concreusé juridiquement au fil des siècles et singulièrement à partir du moyen âge. C'est lors de l'accession à l'indépendance de la Belgique que le congrès national a veillé à inscrire dans la constitution les principes essentiels dont devrait s'inspirer le législateur, l'intégrité du territoire, l'élection directe des autorités communes, le droit de la commune de régler ses propres intérêts et la tutelle administrative. Dans le cadre de ce travail le terme commune est un concept qui mérite d'être redéfinie en fonction des réalités particulières qui sont mises en exergue .Cette expression s'applique à une circonscription locale administrative des autorités administratives représentant l'État en vue de l'aménagement d'un État unitaire. En effet, loin de nous intéresser à toutes les communes présentes sur toutes les frontières camerounaises nous nous intéressons aux communes des Borderlands entre le Cameroun et la République Centrafricaine en particulier, celles de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, qui sont les portes d'entrée et les lieux de rencontre par excellence des réfugiés centrafricains.

    Quant au concept de borderlands, encore qualifié par certaines sources de région frontalière ou encore de « région frontière », elle traduit nettement une dimension plus zonale que linéaire et se distingue d'ailleurs de la frange pionnière ou Frontier. Dans l'occupation de l'espace vital, les peuples poussent le plus loin possible leur expansion, pour ne s'arrêter que face aux obstacles naturels ou humains. C'est à partir de ce moment que peut se définir la région frontalière ou borderland.

    L'histoire des États unis d'Amérique ou les récentes migrations intérieures des pays pauvres du Nord-est brésilien vers la forêt amazonienne mettent en valeur le terme frontière ou « front pionnier »tandis que borderland ou région frontière est aujourd'hui synonyme de frontière étatique ou Boudry10. L'école nigériane donne une définition qui résume quelques peu ce qu'il est convenu d'entendre par région frontière ou Borderland. Elle conçoit en effet tous les borderlands comme des « subnational areas whose economic and social life are directly and significantly affected by proximity to an international boundary11 »

    10Abdoul Aziz Yaouba, 2007, « Les relations transfrontalières entre le Cameroun et le Tchad », Thèse pour le Doctorat/PhD, Histoire, université de Ngaoundéré, pp 10-12.

    11 F. A. Adéyoyin, 1998 « Methodology of the Multi-disciplinary problem : Borderlands and socio-cultural interaction, A. I. Asiwaju et P. O. Adeneyi, Borderlands in Africa, A Multi-disciplinary and comparative focus on Nigeria West Africa, Lagos », University of Lagos Press, pp. 375-381.

    5

    Le concept de borderland se distingue ainsi par sa situation géographique, les types d'actions entretenues avec les régions contiguës et sa particularité de zone de transition. Les zones frontalières sont généralement sirupées aux extrémités par rapport à leurs capitales ou centres; Sauf dans quelques cas exceptionnels où les capitales d'États sont situées sur les frontières internationales : N'Djamena au Tchad, Lomé au Togo et Kinshasa dans les deux Congo. Cette position géographique détermine les relations avec le centre du territoire durant la période coloniale :

    Ces aires frontalières séparantes ( sic) étaient caractérisées par des zones de friche de vide (parcourues seulement par les chasseurs d'esclaves ou plus simplement issues des ravages de guerre) ou bien peu peuplées par des groupes mixtes ou mineurs ; elles furent et sont encore un trait général de l'organisation à la fois démographique et politico-stratégique de l'espace sud-saharien12

    D'autre part, le concept borderland renvoi à une zone de transition, de passage d'un territoire à un autre, d'une juridiction à une autre. Dans ce contexte de paix, elles sont des lieux d'échanges et d'interactions intenses; mais à l'inverse, elles deviennent aussi le territoire par excellence de revendications sécessionnistes, de rébellion armée ou tout simplement un terreau fécond à l'exercice de la fraude, de la contrebande et des bandits de grand chemin, communément appelés « coupeurs de route » ou encore « zarguina »

    La particularité de la région frontalière Camerouno-centrafricaine résulte de l'histoire commune que partagent ses peuples. Ces derniers sont par ailleurs marqués par une certaine homogénéité socioculturelle. Il s'ensuit également et ceci depuis l'époque coloniale, des relations dynamiques à caractère politique, économique et socioculturel. Dans le cadre de cette étude, le terme borderlands camerounais renvoie aux zones frontalières situées entre le Cameroun et la Centrafrique.

    Le mot « conflit » vient du latin « conflictus » qui signifie : heurt, choc, lutte, attaque. Il s'applique, à l'origine, à une situation de lutte armée, de combat entre deux ou plusieurs personnes, organisations ou puissances, qui se disputent un pouvoir. Par extension, le terme de conflit s'applique aujourd'hui à toute opposition survenant

    12 M. Fourcher, 2004, Front et frontières. Un tour du monde géopolitique, Paris, Fayard, P. 188, cité par Hamann Saïd Ya-Pétel, « Les relations transfrontalières entre le Cameroun et le Tchad au 20è siècle », Thèse de Doctorat PhD, Histoire, Université de Ngaoundéré, 2006, p.11.

    6

    entre des parties en désaccord, l'une souhaitant imposer ses positions, à l'encontre des attentes ou des intérêts de l'autre partie13.

    Au sens légal, un conflit est un contentieux sur un ou des points de droit. On entend par conflit, au sens profond ou authentique du terme, l'affrontement de deux ou plusieurs volontés individuelles ou collectives qui manifestent les unes à l'égard des autres une intention hostile et une volonté d'agression, à cause d'un droit à recouvrer ou à maintenir. Ces volontés essaient de briser la résistance de l'autre, éventuellement par le sens à la violence14.

    Un conflit ou situation conflictuelle est la constatation d'une opposition entre personnes ou entités. Le conflit est chargé d'émotions telles que la colère, la frustration, la peur, la tristesse, la rancune, le dégoût. Parfois, il peut être fait d'agressivité et de violence15.

    Le terme conflit est également utilisé pour décrire un état de contradiction par exemple une contradiction de textes juridiques ou conflit de loi. Il peut encore être utilisé pour designer une contre-indication telle que l'usage de médicaments par des patients présentant des pathologies particulières. Le concept de conflit peut aussi être utilisé pour décrire une incompatibilité du système en place mais dont la coexistence dans un même contexte ou dans une même vision n'est pas garantie16.

    Dans l'étude des conflits, on peut regrouper les conflits en plusieurs groupes: les conflits intra-personnels,les conflits inter-personnels, les conflits intra-groupes, les conflits inter-groupes17

    Les conflits intra-personnels c'est le conflit qu'une personne subit en elle-même et qui peut lui permettre d'accéder à un changement qui la satisfera au point qu'elle n'aura aucun regret quant à la situation antérieure. Mais il peut aussi provoquer des états tels que la personne en viendra à l'automutilation, voire au suicide si elle considère qu'elle n'a pas d'alternative.

    13 http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title, consulté le 20 septembre 2014

    14 Dictionnaire Encyclopédie Etude Encarta 2012. 1993-2009 Microsoft Corporation.

    15 Ibid.

    16A. Legault, 2004, les conflits dans le monde, Presse de l'Université de Laval, Québec, pp 32-45.

    17S.Chautard, 2002, L'indispensable des conflits du 20es, Studyrama, Levallois-Perret, pp. 46-51.

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    Ce sont les conflits internes qu'un sujet peut éprouver: désirs contradictoires, ambivalence des sentiments etc. On parle alors de conflit psychique, lequel n'est pas nécessairement de nature pathologique. Chacun d'entre nous vit à des degrés divers ce type de conflit interne qui participe de la structuration profonde de notre personnalité. La théorie psychanalytique développe ces fonctionnements dans la description qu'elle opère des mécanismes de défense. Lorsqu'une de mes pensées m'est insupportable, je peux par exemple la refouler ou bien la projeter sur autrui ou bien encore la dénier.

    Les conflits inter-personnels sont des conflits qui apparaissent lorsque des parties s'affrontent. Ici le conflit implique la relation de deux personnes au moins. Il peut s'agir d'un couple, de voisins, d'amis, d'un piéton et d'un automobiliste peut-être déjà de l'intergroupe, de deux piétons, de personnes qui font la queue à la poste, qui se précipitent sur le même objet en solde etc. Dans ces cas l'appartenance à un groupe précis n'est pas déterminante.

    Les conflits intra-groupes sont ceux qui s'observent dans un groupe constitué par exemple d'un service commercial d'une entreprise. A cet effet, les conflits peuvent relever de diverses causes: luttes de pouvoir, conflits structurels dus à l'inégale distribution des ressources selon les fonctions et l'ancienneté.

    Les conflits inter-groupe sont des conflits impliquant au moins deux groupes ou communautés ayant une culture et ou une idéologie différente. Entre des groupes ethniques ou raciaux par exemple, des conflits armés ou une lutte intellectuelle idéologique ayant ou non recours à la violence pour des raisons de droits de pratique de l'ensemble des principes et coutumes d'une religion, ou pour la suprématie de celle-ci18.

    Par ailleurs, les termes conflits centrafricaines plongent ses racines depuis les années d'indépendance. En effet, Barthélemy Boganda avec son Mouvement d'Évolution de l'Afrique Noire (MESAN) avait les objectifs identiques de ceux de l'Union des Populations du Cameroun (UPC) qui « s'était donné pour programme politique, l'indépendance du Cameroun et la réunification de ses deux territoires séparés

    18Thierno Mouctar Bah, 1985 « Guerre, Pouvoir, et Société dans l'Afrique précoloniale » Thèse pour le Doctorat d'Etat es Lettres, Université Paris-Sorbonne, pp 65-87.

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    arbitrairement en 1916 par les français et anglais »19. Considéré comme le ciment moral et symbole de la résistance anticoloniale en Centrafrique20, Boganda avait alors pour objectif, l'indépendance de l'Oubangui-Chari et même la formation d'une grande entité politique composée du Gabon, du Congo, du Cameroun et de la RCA21. Cependant, le 13 août 1960 lorsque la RCA accède à l'indépendance, ce fut l'un des collaborateurs fidèles du système colonial français, à savoir David Dacko, qui est propulsé à la tête du jeune État, car, un an plus tôt, c'est-à-dire « en 1959, Barthélemy Boganda trouvait la mort dans un accident inexplicable d'avion »22. Le respect scrupuleux des « caprices » des anciens maîtres oppose ce dernier aux nationalistes à l'intérieur de la Centrafrique tandis que le non-respect de cette volonté de la métropole peut s'avérer lugubre, car pouvant mettre fin à sa fonction. C'est dans ce contexte que prend le départ des crises centrafricaines comme le reconnait Dominique Bangoura : « Au lendemain des indépendances, les rares conflits qui déchiraient le continent opposaient alors les États entre eux. Aujourd'hui, on constate que la quinzaine des conflits que connait l'Afrique sont internes aux États »23. L'histoire de la Centrafrique est donc jalonnée par des coups d'État et les guerres civiles.

    La disparition de Boganda a rendu complexe le choix de l'élite politique en Centrafrique. Arrivé au pouvoir en 1960, David Dacko est victime du tout premier coup d'Etat historique centrafricain en 1965 sous l'initiative de Jean Bedel Bokassa. Depuis lors, les dépositions et les coups d'Etat sont devenus les stigmates indélébiles de la RCA, de 1965 jusqu' à nos jours. De 1965 à 2003, l'on a alors enregistré quatre coups d'État, C'est-à-dire du putsch de Jean Bedel Bokassa en 1965 à celui de François Bozizé de 2001-2003, en passant par l'opération Barracuda et la restauration de David Dacko de 1979 et l'avènement d'André Kolingba de 1981 à 199024.

    De 2004 et 2012, il y eut de nombreux affrontements entre divers mouvements rebelles et lesforces armées centrafricaines. Les rebelles accusent le président centrafricain François Bozizé d'avoir failli à respecter les accords de 2007 qui mirent fin à la précédente

    19 D. Abwa, 2000 « Le problème englophone au Cameroun : facteur d'intégration ou de desintégration nationale ? », pp. 115-141, frontiéres plurielles, frontrières conflictuelles en Afrique subsaharienne, C Dubois, M. Michel, P. Soumille (éditeur), Paris, l'Harmattan pp 48-57.

    20 D. Bigo, 1988, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Paris, Karthala, P.38.

    21 « Histoire de la République Centrafricaine », article de Wikipedia, encyclopédie libre, in, http://wikipédia.org/République, consulté le 20 septembre 2014 à 23 h 21 min,pp 57-68.

    22 D. Bigo, 1986, pp.38-40.

    23D.Bangoura (Dir), 2000, L'union Africaine face aux enjeux de paix, de Sécurité et de Défense, Actes de conférences de l'OPSA, Paris, l'Harmattan, pp 47-63.

    24 A. Gagliardi Bayssé, 2009, « La formation de l'élite politique en Centrafrique », Mémoire de Master, Université de Paris, Panthéon, P. 64.

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    guerre civile. Les membres de la « Séléka » démarrent alors une offensive militaire le10décembre2012, s'emparant de plusieurs villes majeures dans le centre et l'est du pays. Les forces armées centrafricaines ne parviennent pas à faire face. LeTchad voisin, répond aux appels du président Bozizé et accepte d'envoyer des troupes d'interposition. La France en revanche refuse dans un premier temps de s'engager, Bozizé étant arrivé au pouvoir suite à un coup d'Etat en 2003 provoquant la guerre civile de Centrafrique. Le 24mars2013, Bozizé s'enfuit au Cameroun, la « Séléka » annoncent la prise du palais présidentiel et son chef Michel Djotodia s'auto-proclameprésident de la République. Incapable de rétablir l'ordre, la situation s'enlise et la crise débouche sur des affrontements inter-religieux. Dans le cadre de cette étude, les conflits centrafricaines sont l'ensemble des conflits militaro-politiques, ethniques et religieux qui ont jalonné l'histoire de la RCA depuis son accession à l'indépendance jusqu'à 2013.

    2-Cadre théorique

    En affirmant que : « La tâche primordiale de la science c'est-à-dire sa tâche permanente, est de trouver les concepts convenables pour mener l'analyse »25, .Easton David voudrait montrer le rôle important des théories dans l'étude d'un travail scientifique.

    De nombreux spécialistes et théoriciens des conflits ce sont intéressés à la prévention et la résolution des conflits et ces questions ont été abordé de diverses manières. Plusieurs avis théoriques portant sur la question ont donc été recensé même s'ils ne portent pas spécifiquement sur la gestion des conséquences des crises.

    En ce qui concerne la prévention des conflits et de l'intégration, Elles laissent entrevoir quatre grandes théories de l'intégration à savoir les théories fonctionnaliste, néo-fonctionnaliste, transactionnaliste, et systémique.

    La théorie transactionnaliste. Karl Deutsch, l'un des pionniers de cette école, se référant au modèle européen, définit l'intégration comme étant un « sens de la communauté accompagné d'institutions et de pratiques- formelles ou non - suffisamment fort et répandu pour donner la certitude raisonnable que l'évolution des relation entre le membres du

    25 D. Easton, 1974, Analyse du système politique, Armand Colin, Paris, p.13

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    groupes se produira pacifiquement pendant une longue période de temps »26. L'approche transactionnaliste accorde une attention particulière aux conditions nécessaires à la naissance (take off) et au développement du processus d'intégration en s'appuyant plus sur la pratique réelle que sur une base formelle. Les tenants de cette école, qui est du reste fortement influencée par la science des communications sociales chère à Deutsch, appréhendent l'intégration comme un processus d'intensification du réseau de communication sociale. Ainsi on part d'une intensification des communications sociales qui fait naître par apprentissage (learning process), au sein de la population transnationale, une communauté d'expérience de préférences, ensuite on en arrive à l'adoption de comportements et d'attitudes conçues comme communément bénéfiques, pour aboutir à un stade d'intégration politique matérialisé par la création d'instituions nationales qui elles mêmes suscitent un déplacement de l'attention et de la préférence des acteurs sociaux tels les partis, les groupes d'intérêt et les élites, du plan national vers le plan communautaire. En définitive, l'intégration selon l'école transactionnaliste est un processus qui part d'une assimilation sociale régionale à une intégration politique résultant de la naissance d'un sentiment de communauté et de la préférence de l'identité communautaire au dépends des appartenances nationales.

    La théorie fonctionnaliste apparaît comme étant l'une des premières approches à se pencher sur la question de l'intégration. En effet, a working peace system, l'oeuvre phare de David Mitrany sur la question parait en 1944, avant même que le premier cas d'intégration, à savoir l'intégration européenne, ne soit réalisé.

    Dans son ouvrage, D. Mitrany27 part de l'observation d'un paradoxe perceptible avec plus d'intensité de nos jours. Il constate que, du fait des évolutions technologiques notamment dans les domaines du transport, des communication et des armements, les Etats sont de moins en moins à même d'assurer tout seuls la sécurité et le bien-être de leurs concitoyens, d'où la perte de leur fonction fondamentale qui est de garantir le bien-être et la sécurité de tous. Face à ce constat, Mitrany envisage des functional arrangements c'est à

    26 Karl Deutsch, 1832, « De la guerre », édition de minuit, Paris cité par Chautard Sophie (2002), « L'indispensable des conflits du 20es », Studyrama, Levallois-Perret, pp 43-58.

    27 D. Mitrany, «A working peace system», Grand angle Books, Chicago, p 149.

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    dire des cadres de coopération qui se caractériseraient par des structures et un fondement institutionnel assez solides et durables (Mitrany, 1966 : 149). En d'autres termes, comme palliatif à la perte croissante de l'aptitude des Etats à répondre aux problématiques nouvelles issues des évolutions technologiques, les chefs d'Etats choisiraient volontairement de rechercher la gestion de ces problématiques dans un cadre commun et concerté qui garantirait une meilleure gestion de ces problématiques en même temps qu'il susciterait des gains que l'unilatéralisme ne pourrait permettre.

    Pour Mitrany, le point de départ de l'intégration se trouve dans la coopération technique au niveau des low politics, c'est à dire dans des matières moins souveraines et moins susceptibles de controverses telles l'économie ou la culture, et s'étendrait par ramification. Par le concept de ramification, Mitrany voudrait rendre compte du fait que les succès obtenus par la coopération dans les low politics suscitent le besoin d'étendre le champ de coopération à des domaines plus délicats et plus complexes. Au finir, le processus d'intégration aboutit à la création d'institutions communautaires chargées de coordonner des actions devenues de plus en plus complexes et de guider l'évolution du processus d'intégration. Ainsi, les compétences des institutions communautaires iraient sans cesse croissantes alors que celles des Etats s'amenuiseraient progressivement au fur et à mesure de l'évolution du processus de ramification.

    En somme, l'intégration fonctionnaliste est un processus qui part du besoin de créer un cadre commun de gestion et de résolution de certaines matières subsidiaires, puis à l'instauration de ce cadre de gestion pour aboutir à l'étendue et à l'amplification des compétences des institutions régionales au détriment des institutions étatiques qui ne conservent plus qu'une portion congrue de leur compétence matérialisée par leur pouvoir législatif.

    La théorie néo-fonctionnaliste apparaît comme un réaménagement de la théorie fonctionnaliste. Elle s'oppose à la vision trop idéaliste de la théorie fonctionnaliste qui postule que les leaders politiques se démuniraient volontairement et béatement de leurs matières de souveraineté, nonobstant la quête d'intérêt et de puissance qui les anime. En d'autres termes le néo-fonctionnalisme reproche à l'approche fonctionnaliste de méconsidérer l'ambition des acteurs étatiques de maximiser leurs pouvoirs.

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    Angela Meyer28 pense à cet effet, dans sa thèse de Doctorat, que la théorie néo-fonctionnaliste, en réfutant cet excès d'idéalisme, opère un important revirement dans la théorie. La théorie néo-fonctionnaliste procède en fait à un réajustement à trois niveaux différents :

    Tout d'abord, elle propose une définition plus claire des rôles des différents acteurs impliqués dans le processus d'intégration. Ainsi, bien que les chefs d'Etat soient les principaux acteurs du processus d'intégration, Ernst Haas, la figure de proue de cette école, pense que ceux-ci agissent aussi sous la pression d'une élite nationale motivée par l'assurance que leurs intérêts et leurs aspirations seraient mieux garanties dans le cadre d'une coopération internationale. En d'autres termes, les chefs d'Etat sont certes à l'origine du processus d'intégration mais ne le font pas toujours spontanément car ils agissent parfois sous la pression de l'élite qui entrevoit dans l'intégration l'opportunité d'une meilleure satisfaction de leurs ambitions.

    Deuxièmement, l'approche néo-fonctionnaliste remet en cause la séparation supposée par le fonctionnalisme entre le secteur politique et le secteur non-politique. En effet, bien que le processus d'intégration naisse dans des cadres moins politiques tels le cadre économique ou culturel, les néo-fonctionnalistes pensent que cette naissance ne saurait être le fait d'un processus autre que la politisation. Ils pensent en l'occurrence que tout processus d'association internationale touche automatiquement le domaine du politique et ne peut avoir lieu que dans un cadre exclusivement politique.

    Troisièmement, Ernest Haas procède à une révision du processus d'intégration. Il envisage le processus d'extension du champ de l'intégration qu'il appelle Spill overnon par la progression de l'intégration du domaine économique vers le domaine politique mais par sa complexification qui aboutit à l'inclusion de nouveau domaines plus délicats et plus souverains. Ainsi, les évolutions technologiques conduisent les élites socio-économiques à entrevoir dans l'intégration le meilleur gage de l'atteinte de leurs intérêts. Ils exercent donc sur les dirigeants étatiques des pressions qui amènent ces derniers à rechercher avec leurs homologues un cadre de coopération. La coopération originellement limitée au cadre économique s'étend du fait des succès remportés dans les niveaux inférieurs mais aussi

    28A. Meyer, 2006, « L'intégration régionale et son influence sur la structure, la sécurité et la stabilité d'Etats faibles », Thèse de Doctorat, Université de Yaoundé I, pp 59-85.

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    sous la pression des élites socio-économiques à des domaines politiques, plus complexes et plus délicats. La complexification croissante des matières oblige l'instauration d'institutions communes chargées de coordonner les actions et de faire progresser le processus d'intégration. Ces institutions communautaires dont la compétence s'est élargie et intensifiée gagneront la préférence des acteurs socio-économiques au détriment des institutions étatiques.

    La théorie systémique résulte d'une adaptation du paradigme systémique à l'explication du phénomène d'intégration. Cette théorie a pour point départ la définition du système politique faite par David Easton29 selon laquelle « un système politique peut être défini comme l'ensemble des interactions par lesquelles les objets de valeurs sont répartis par voie d'autorité dans une société ». En transposant cette définition au niveau de la communauté internationale ou régionale, Lindberg met sur pied un cadre nouveau d'analyse de l'intégration sous régionale. La particularité de l'approche systémique de l'intégration réside en ceci qu'elle se penche moins sur les causes et les conditions de son avènement que sur les conditions de sa stabilité et de sa conservation. Il est de ce fait en parfait accord avec Easton qui affirme : « les perspectives d'une analyse de la vie politique en terme de système nous obligent à nous interroger sur une question du type suivant : Comment un système politique quelconque peut-il persister dan un monde soit stable soit en changement ? ».Ici, l'opérationnalisation du concept d'intégration est fonction du degré de division du travail politique (functional scope) et des capacités institutionnelles dont le système fait preuve. En d'autres termes, la pérennité du système intégré dépend non seulement du niveau et de la diversité de ses processus de décision mais aussi de la capacité du système à faire émerger un nouveau régime fait d'un ensemble de règles et de normes auxquelles se soumettent ses différents protagonistes.

    En ce qui concerne la théorie de résolution des conflits, J. L Lascous30 pense qu'elle est considéré comme une alternative au regard du système de décision auquel elle est fait référence de manière conventionnelle, c'est-à-dire du système judiciaire. Tout processus tendant à permettre à des parties en conflits de rechercher et d'accepter amiablement une solution pour cesser le conflit sera considéré comme alternatif, considérant qu'une décision judiciaire imposerait une décision. De même, dans une relation contentieuse avec une

    29 D. Easton, 1974, Analyse du système politique, Armand Colin, Paris, pp 69-72.

    30 J. L. Lascous, 2007, Pratique de la Médiation, un mode alternatif à la résolution des conflits, Paris, ESF, p.p. 48-52.

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    administration, la pratique de la négociation ou de l'intervention d'un tiers évitant le recours à une procédure sera considérée comme alternative.

    X.Linant De Bellefonds et A.Hollande31 la résolution des conflits passe par la médiation. Elle est généralement considérée comme une méthode en dehors des influences juridiques, morales et culturelles qui a pour objectif de permettre aux parties, accompagnées dans leur réflexion par le médiateur de trouver la solution la plus satisfaisante possible elles non pour le tiers médiateur. Le med-arb pour ces derniers, est une approche mixée de la médiation et de l'arbitrage. En cas d'échec de la médiation et plus vraisemblablement, le médiateur ayant atteint ses limites de compétence, se transformerait en arbitre. Le med-arb est vendu comme une prestation optimisée et permettant d'augmenter les chances que les parties aboutissent à un accord.

    Le Collectif Harvard Business School32, pense que la résolution des conflits est la négociation qui consiste à rechercher un accord. Il existe plusieurs types de négociation. Le principe premier d'une négociation s'inscrit dans les rapports de force. Il s'agit de faire passer habilement ses idées en fondant l'intérêt de l'autre sur l'ambition ou l'espoir. D'autres principes de négociation sont développés actuellement, mais avec peu de succès: ou gagnant-gagnant et la négociation contributive, cette dernière élevant l'ambition de la recherche d'accord dans le respect de la réussite de l'autre dans et avec l'accord. L'arbitrage en matière contentieuse consiste à faire appel à un tiers en dehors du système judiciaire. Ce tiers qui peut être un collège de personnes missionnées par les parties, est chargé par les protagonistes d'instruire l'affaire, d'écouter les parties et de prendre une décision.

    Quant à la théorie de la décentralisation, E. Le Roy en 199733, pense que la décentralisation est un mode d'organisation institutionnelle qui consiste à faire gérer par les organes délibérants élus les affaires d'une collectivité territoriale par le procédé de la personnalité morale, Des pouvoirs de décision justifiée par l'existence de ses affaires propres sont reconnus à des entités administratives autres que l'État central. Pour cet auteur la décentralisation a pour effet de rapprocher la décision politique du territoire ou elle s'inscrit et de la population à laquelle elle s'adresse .elle consiste à reconnaitre à

    31X.Linant De Bellefonds et A.Hollande, 2003, « L'arbitrage et la médiation », ed. Que Sais-Je ? 32Collectif Harvard Business School, 2001, « Négociation et résolution de conflits », Organisation, P. 17.

    33 Y. Poutier. 2004, Les décentralisations en Afrique : quoi avons-nous appris. Université de Québec, Télescope, Vol 11, n°3, p.58.

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    l'intérieur de la collectivité nationale des collectivités plus restreintes ayant leurs intérêts propres non contradictoire avec l'intérêt national, mais distinct de celui-ci. Pour assurer cette décentralisation, il faudrait donner à cette collectivité des moyens juridiques, administratifs et financiers afin d'exprimer et de gérer leurs intérêts par l'organe d'une représentation autonome en respectant toutefois le cadre d'un État unitaire.

    Y. Poutier en 1987 soutien ces idées en ces termes : « la décentralisation implique la gestion par les administrés des affaires qui les concerne le plus directement. Pour ce auteur, l'élection par la population concernée de représentants chargés d'administrer les affaires constitue le meilleur moyen d'administrer l'autonomie locale34 ».

    Quant à Work cité par Poulin(2004) la décentralisation est le transfert de responsabilité pour la planification, la gestion, la mobilisation et l'affection du ressource du gouvernent central à des pallier de gouvernement inferieur plus près de la population. Selon le PNUD, cité par cet auteur la gouvernance décentralisée renvoi à la restriction de l'autorité de façon à mettre en place un système de coresponsabilité entre les institutions centrales, régionales et locales sur la base du principe de subsidiarité à la croissance, la qualité et l'efficacité du système de gouvernance tout en augmentant l'autorité' et les capacités au niveau local.

    On rapproche souvent de la décentralisation territoriale, la décentralisation technique, pour Debbasch en 1989, lorsque la personnalité morales est conférée a un service déterminé, détaché de ce fait de la masse des services de l'État, l'établissement public ainsi constitué ,cela témoignerait d'une décentralisation technique .autrement dit la décentralisation est technique quand la loi confère la personnalité juridique et l'autonomie financière à un service public spécialisé dans la gestion d'une activité donnée. Elle est territoriale, quand cette reconnaissance par la loi, de la personnalité morale et l'autonomie financière est accordé à une communauté sociale intra étatique ayant pour assisse un espace, une portion du territoire nationale.

    Par ailleurs, condé en 200335 fait remarquer que la décentralisation plus qu'une technique administrative, Est une stratégie de développement économique et sociale. Elle met en exergue la participation des populations à la conception, l'exécution et le suivi des

    34 Y. Poutier. 2004, p.57.

    35 E. Le Roy, 1984, « Enjeux, contraintes et limites d'une démocratisation, d'une administration territoriale, lecture anthropologique des innovations politiques et juridiques au sein des communautés rurales sénégalaises. (1972-1980) » 2003, Annuaire du Tiers monde, pp. 26-28.

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    projets issus de l'expression de leurs besoins et la nécessité de les satisfaire .Pour cet auteur, la décentralisation permet aux collectivités d'établir des programmes autonomes de développement pour la réalisation desquels leur contribution est indispensable. La responsabilisation des populations rurales à travers leurs organes élus est la meilleure façon d'assurer leur participation au processus de développement, dira l'auteur.

    A. Ouattara36 en 2003 souligne qu'une décentralisation qui ne s'accompagnerait pas ou qui ne serait pas porteuse du développement économique local visant à améliorer les conditions de vie de populations locales, tendrait à provoquer des désillusions à trahir les espoirs légitimes suscités, à se retourner contre les responsables locaux et au bout du compte à décrédibiliser la décentralisation. Les populations locales jugeront de la décentralisation en fonction des transformations qu'elles constateront dans leur vie quotidienne, et, en tant que garant de la démocratie locale, elles sanctionneront à travers le vote, l'amélioration ou pas de leurs conditions de vie.

    Loin de remettre en cause ces différents avis sur la gestion des conséquences des crises, il est convenable de mentionner que dans le cas précis des actions des communes des borderlands camerounais face aux crises centrafricaines, sur lesquelles porte notre étude, cette entreprise ne peut être bénéfique que si tous les acteurs s'impliquent à fond dans leurs tâches. En effet, qu'on veuille ou pas, le pays voisins perçoivent toujours les conséquences des crises internes d'un Etat37. Mais à côté de ces problèmes de crise alimentaire, de mécontentement de la population locale, et des problèmes fonciers qui naissent de manière courante, survient un autre problème qui n'a pas toujours été évident pour les pays d'accueil. Il s'agit de celui de l'insécurité. Pour s'impliquer, il faut évidemment que les acteurs soient conscients des enjeux de la question.

    D- CADRE CHRONOLOGIQUE ET SPACIAL

    Notre étude couvre en effet des espaces géographiques et temporels précis. Pour ce qui est du cadre spatial, l'étude couvre les régions de l'Est et de l'Adamaoua

    36 C. Ouattara, Développement communautaire et réduction de la pauvreté en contexte de décentralisation », (S, L), ENDSA, pp. 45-48.

    37 La présence des réfugiés rwandais dans le district de Karagwe en Tanzanie ou encore celle des refugiés tchadiens dans l'Extrême-Nord Cameroun a créé des problèmes de déforestation et des problèmes fonciers qui ont entrainé des accrochages entre les populations et les réfugiés. Ces deux exemples ne sont pas des isolés. Les théoriciens et spécialistes des questions des refugiés sont unanimes à ce sujet : la présence des réfugiés dans une région a dans tous les cas un impact négatif majeur.

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    Concrètement, notre zone de travail s'étend sur trois villes situées dans deux départements à savoir le Lom et Djerem pour les villes de Bertoua et Garoua Boulai et le Mbéré pour la ville de Ngaoui. Plus précisément, la zone d'étude couvre l'air des communes de Bertoua et Garoua Boulai pour ce qui est du département du Lom et Djerem et l'air de la commune de Ngaoui pour ce qui est du département du Mbéré. Il faut remarquer que ces trois localités se situent sur le long de la frontière entre le Cameroun et de la République Centrafricaine. On y retrouve aussi des peuples « traits d'union » c'est-à-dire des peuples qui se retrouvent de part et d'autres des frontières camerounaises et centrafricaines. Ces peuples sont les Gbaya, les Mbororo pour ne citer qu'eux. Pour ces populations, la frontière comme lieu de démarcation ou limite territoriale n'existe presque pas. La frontière apparait plutôt comme un lieu d'échanges et de mouvement. C'est d'autant plus que de mêmes familles peuvent se retrouver de tous les deux côtés de la ligne de démarcation. En gros, les conséquences des crises centrafricaines sont perceptibles dans les villes frontalières en général mais à Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en particulier dans la mesure où c'est à partir de ces espaces géographiques que transitent les réfugiés centrafricains pour gagner l'ensemble du pays. Dans le cadre du Master et compte tenu du temps, alors imparti, nous avons opté pour le choix de ces trois villes qui renferment en leur sein l'essentiel des conséquences des conséquences palpables des conflits centrafricains.

    Pour ce qui est de la fourchette chronologique, l'étude va de 1960 à 2013. En effet, l'année 1960 marque l'indépendance de la République Centrafricaine avec l'accession à la magistrature suprême de David Dacko. Cinq ans plus tard, ce pays enregistrait son tout premier coup d'Etat militaire par la prise du pouvoir de Jean Bedel Bokassa le 31 décembre 1965. C'est alors le début de l'engrenage, car depuis cette date d'instabilité politique, coup d'Etat, les conflits sont les stigmates de la RCA. Cette date est retenue parce qu'elle marque le début de tout une série des conflits politiques qui engendrent, directement ou indirectement des conséquences vers les pays voisins notamment le Cameroun, le Soudan, le Congo et le Tchad. L'année 1960 marque aussi un tournant décisif dans l'histoire du Cameroun. Elle consacre l'indépendance du Cameroun francophone38. Elle marque une rupture entre les deux périodes distinctes de l'histoire du Cameroun à savoir la période coloniale et celle d'autonomie. Cette autonomie, qui se traduit dans les faits par la prise en charge de l'administration camerounaise par les

    38D. Abwa, 2000, pp 47-68.

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    camerounais, se matérialise dans le Lom et Djerem notamment à Bertoua par la création de la commune de moyen exercice de Bertoua en 196039.Tandis que 2013 est marqué par une résurgence d'une crise cette fois ci à caractère sociopolitique qui a généré d'énormes conséquences au Cameroun plus que par le passé.

    E-REVUE DE LA LITTÉRATURE

    Entreprendre un travail scientifique nécessite au préalable une revue documentaire. En effet, la littérature sur la prévention des conflits, les résolutions des conflits et les rôles des communes est assez récente comparée à celle sur la théorie du conflit. Elle est le fait, autant des hommes politiques que des hommes de science. Les traités de Westphalie constituent une première rationalisation de la prévention des conflits. En effet, ils apparaissent comme le premier exemple de résolution des conflits par la voie de la conciliation, conciliation qui à permis de mettre un terme à la guerre de 30 ans opposant les empires européens.

    Bien après cet exemple isolé, la réflexion sur la prévention des conflits prendra une plus grande consistance après la première guerre mondiale. En effet, le spectacle affreux des atrocités et les nombreuses séquelles de la guerre ont suscité chez les penseurs et les décideurs le souci de créer des mécanismes qui empêchent la survenue, à l'avenir, de telles horreurs. Cette littérature reste cependant tributaire de la conception et de la culture de guerre prévalant à l'époque à savoir, les guerres classiques opposant des Etats par l'entremise de leurs armées identifiées comme telles. Les actions en prévention des conflits à cette époque revêtirent donc pour la plupart la forme de la diplomatie préventive exercée sur les chefs d'Etats afin de les amener à choisir un mode de résolution de leurs antagonismes qui soit autre que la guerre. C'est dans cette logique que s'inscrit le discours surles 14 points du Président Wilson et, c'est aussi dans ce contexte qu'il faut situer les nombreux succès de la SDN en matière de prévention et de gestion des conflits.

    La période allant de la fin de la deuxième guerre mondiale à la fin de la guerre froide sera marquée certes par quelques productions tant dans la littérature que dans la

    39-Ousmane Bouba, 2011, « l'appui des organismes internationaux et des programmes gouvernementaux aux communes de la Bénoué (Nord-Cameroun) : 1960-2011 », Mémoire de Master II, Histoire, Université de Ngaoundéré, p 21.

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    pratique même de la prévention, mais ces productions resteront toutes influencées par la bipolarité mondiale qui prévalait à l'époque. De fait, les opérations menées dans les années 50 étaient relativement simples. Relevant du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, elles rentraient dans une logique du consentement des parties au conflit, à une médiation et à sa résolution.

    La période post guerre froide pour sa part fera intervenir une mutation sans précédant dans la polémologie de l'époque. En effet, « l'un des aspects les plus remarquable de l'après-guerre froide, conclut la Commission Carnegie, est que le nombre de conflits se déroulant à l'intérieur d'un état dépasse largement celui des conflits entre états ». Un tel contexte mènera évidement à une révision des conceptions en présence en ce qui est de la prévention des conflits. Aussi, la littérature sur la prévention des conflits mettra, à partir de cette époque, un accent particulier sur les causes intra-étatiques et sociologiques ou encore structurelles de la guerre telles les extrémismes culturels, politiques et religieux afin d'y apporter une solution adéquate.

    En première analyse, il semble opportun de rechercher une compréhension suffisante de la conflictualité de l'Afrique centrale. Michel Kounou40, en se penchant sur les traits principaux faisant la particularité de la conflictualité en Afrique subsaharienne, apporte une contribution décisive dans cette optique. L'auteur part d'une relecture des principales théories de la guerre pour ensuite les appliquer à la réalité de la zone étudiée. Il constate que les facteurs conflictogènes de cette zone sont plus à chercher sur le terrain politique qu'ethnique. En d'autres termes, même si la composante ethnique peut parfois être un facteur détonateur d'une crise profonde mais latente, d'autres facteurs moins proclamés, moins apparents et moins déterminés seraient susceptibles d'offrir un autre éclairage à la tourmente qui s'est installée en permanence depuis 1960, au sud du Sahara. Il pense que la conflictualité subsaharienne est le fait non seulement de facteurs interne à l'Afrique et aux Etats en conflit mais résulte aussi des implications et des projections externes aux Etats africains. Ainsi il établit que le tracé frontalier inadéquat et la manipulation des sensibilités qui en découlent sont presque toujours à l'origine de ces guerres, que ces guerres connaissent une grande implication et même une participation de mercenaires guidés par l'ambition de faire main basse sur les richesses du sous-sol, et qu'elles portent aussi la marque de la confrontation des ambitions hégémoniques post guerre froide des grandes

    40M. Kounou, 2001, « Les conflits armés post-guerre froide en Afrique au sud du Sahara : Un essai de caractérisation » in Revue Africaine d'Etudes Politiques et Stratégiques, N°1, pp 223-245.

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    puissances occidentales. Compte tenu de cette critériologie particulière, il pense que la prévention des conflits ne devrait pas être abandonnée à l'OUA qui est une institution faible, mais devrait revenir à un Etat central Africain fort et doté des moyens suffisants pour cette fin. Cependant, l'auteur ne mentionne la gestion endogène des conséquences d'une crise comme étant un mode de prévention des conflits.

    Les travaux de la Commission Carnegie sur la prévention des conflits meurtriers publiés en 199841 occupent une place de choix dans notre sélection de la littérature sur la prévention des conflits, en ceci qu'ils constituent un premier balisage scientifique de la réflexion moderne sur la prévention des conflits intégrant les types et les modalités nouveaux de guerre, telles les guerres asymétriques, les conflits intra-étatiques, ethniques, identitaires et les guerres religieuses. Les Commissionnaires partent du postulat que les conflits meurtriers ne sont pas inévitables et qu'il est moins coûteux de prévenir les guerres que de supporter le coût des pertes qu'elles causent. Les membres de cette commission adoptent une approche très générique de la prévention des conflits faite d'observations et de propositions assez générales. Dans une vision très idéaliste empreinte de conceptions chères à l'approche libérale des relations internationales, les commissionnaires traitent des différents cas de figures, des différentes opportunités et des différents modèles d'action mais ne le font qu'à titre de proposition.

    On doit à cette Commission la conceptualisation d'une approche de la prévention qui établit une distinction entre la prévention immédiate entendue comme l'ensemble des mesures applicables pour faire face à une crise immédiate, et la prévention structurelle comprise comme l'ensemble des mesures qui permettent d'éviter les crises ou d'empêcher qu'elles ne se reproduisent. Ainsi, la prévention immédiate implique une réaction rapide faite d'un ensemble de mesures politiques économiques et militaires permettant de créer les conditions dans lesquelles des leaders responsables seront capables de régler le différend à l'origine de la crise. Par contre, la prévention structurelle s'appuie sur des stratégies juridiques, économiques et socioculturelles oeuvrant pour la consolidation de la paix par l'instauration et la conservation d'un dialogue social inclusif et la satisfaction des besoins essentiels des populations en matière politique, économique, sociale et culturelle.

    41Commission Carnegie. 1997.

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    Paul Ango Ela42, dans son ouvrage, part d'une présentation des causes et des facteurs qui sont à l'origine de la conflictualité dans la sous-région Afrique centrale. Et, en bonne place de ces causes figurent non pas le facteur ethnique apparent, mais des considérations politiques qui poussent les acteurs politiques locaux dans leur plan de conquête ou de préservation du pouvoir, à jouer sur la fibre ethnique et identitaire. Ainsi, la cause principale de la conflictualité de l'Afrique médiane serait le monopole politique entendu comme le refus du partage du pouvoir et de l'alternance au pouvoir.

    A coté des considérations politiques, les auteurs recensent aussi les projections géostratégiques de certaines grandes puissances, la militarisation de la société civile et la pauvreté.

    Après les causes, les auteurs se penchent sur quelques cas de prévention et de gestion régionale des conflits réussis et envisagent les moyens de s'en inspirer pour adapter ces succès au contexte de l'Afrique centrale.

    Dans une ultime partie, les auteurs envisagent les différentes pistes pouvant mener à la mise en place d'un système effectif de prévention et de gestion des conflits en Afrique centrale. Sont ainsi abordés comme catalyseur du dialogue social, l'émergence d'une société civile viable, la mise en place d'une protection sociale effective et la naissance d'une culture de paix en Afrique centrale. Un autre axe cité est celui de l'instauration d'un contexte de participation et de coopération entre la communauté internationale et la sous région dans son projet de construction d'un système de prévention des conflits efficace. Car, si la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique relève d'abord et avant tout des africains, le monde et la communauté internationale est également responsable de cette paix et de cette sécurité, au même titre que l'Afrique, bien qu'à une échelle différente43.

    Mwayila Tshiyembe44, dans son oeuvre publiée en 2003 part du constat que « dans la région de l'Afrique médiane autant que dans d'autres régions de l'Afrique noire, l'ethnie est une « notion sociologique » précoloniale dont l'existence est réelle par opposition à

    42 P. Ango, Ela, 2001, « La prévention des conflits en Afrique centrale : prospective pour une culture de la paix », Karthala, p.p 49-53.

    43 A. Fogue, 2007, « les questions stratégiques », Séminaire de DEA/Master II sur le thème : le déficit d'autonomie politique et stratégique de l'Etat post colonial et les problèmes africains actuels, Université de Yaoundé II pp 56-57.

    44Mwayila Tshiyembe, 2003, Géopolitique de paix en Afrique médiane, Harmattan, Paris, pp 52-59.

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    l'irréalité de l'Etat-Nation. ». Pour l'auteur, la cause principale de la conflictualité dans cette zone est à rechercher dans l'inadéquation du modèle occidental de l'Etat-nation avec la culture ethnique de l'Afrique. Ainsi, la violence en Afrique médiane est une violence politique et non ethnique parce que découlant de l'inadaptation du modèle d'administration et de gestion en vigueur d'avec les réalités locales. De plus, ces guerres n'opposent pas des leaders ethniques mais plutôt des leaders politiques usant politiquement de l'élément ethnique pour accéder au pouvoir ou y rester. En sommes, « la violence politique est la variable structurelle de la conflictualité interne qui ensanglante la région de l'Afrique médiane45 ».

    Fort de ce constat, il préconise comme palliatif à la conflictualité, la création d'un nouvel ordre politique basé sur la perspective d'une triple fondation du nouveau pacte républicain, du nouveau pacte démocratique et du nouveau pacte constitutionnel.

    Le nouveau pacte consiste, selon le rédacteur, à partir de la réalité ethnique comme fait national pour parvenir à une fédération des peuples libres dits ethnies et des hommes libres dits citoyens, dont le double consentement constitue désormais le mode de légitimation et de légitimité du pouvoir. Il convient de noter ici que cette oeuvre a le mérite de mettre l'accent sur un point essentiel de la prévention structurelle à savoir la participation des ethnies et des citoyens à la construction du projet de société comme exutoire des tensions et des clivages au sein de la nation. Cependant, tous ces auteurs ne mentionnent pas la gestion des conséquences des conflits dans la prévention des nouveaux conflits.

    Hamoa Dalailou46 dans sa thèse de Doctorat, retrace l'historique des communes au Nord-Cameroun. Il vente le mérite des notables et la présente comme précurseur de l'institution communale. A travers les biographies de deux anciens maires notamment Mamadou Bako de Garoua et Bobbo Moussa de Ngaoundéré, l'auteur fait le bilan des réalisations des magistrats municipaux de ces deux communes respectives. Cependant, il n'évoque pas les rôles que peuvent jouer les communes dans la résolution d'une crise. C'est à quoi, ce travail s'attèlera à démontrer.

    45 Ibid.

    46HamoaDalailou, 2006, « Le conseil des notables et l'institution communale au Nord-Cameroun : 19232002 », Thèse de DoctoratPh/D en Histoire, Université de Ngaoundéré.

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    Anne Marie Hochet47 dans son ouvrage, renseigne sur le décalage entre le concept que les communautés rurales ont de leurs développements et les concepts du développement qui évoluent en Europe bien loin d'elles. Or, ces communautés d'une grande créativité, ont leur philosophie, leurs modèles propres et leurs schémas de pensée qu'il nous faut comprendre et respecter, précise l'auteur avant toute tentative de diffuser ceux qui viennent de l'occident. Comme quoi la sagesse en développement consiste avant tout à comprendre la sagesse des populations bénéficiaires. Tous ceux qui interviennent directement ou indirectement en milieu rural doivent savoir analyser leurs concepts au regard de pensée d'autrui et ne pas lui imposer l'écran de leur vocabulaire.

    L'étude des conflits, a longtemps fait l'objet de réflexion de nombreux auteurs d'Afrique et d'ailleurs. En effet, Michel Dobry48 est l'un des auteurs qui a porté ses analyses sur les crises politiques en Afrique. En effet, l'auteur met en exergue une perception nouvelle de la question des crises. Il tente de présenter les conséquences des crises politiques dans ces aspects sociologiques, y compris dans leur déroulement. L'étude de l'auteur a pour principal objectif d'avoir des connaissances approfondies sur la manière et les causes des crises respectivement par des questions « comment de la crise ? » et « qu'est ce qui se passe ?». L'auteur pense que l'étude d'un conflit doit fonder ses racines sur la « la différenciation structurelle » des sociétés, soit de l'existence de contextes de sens de « différenciés ». Il s'inscrit alors en faux contre la représentation de la crise comme « rupture de l'ordre routinier » et prône en retour celle de la « continuité » de la crise par rapport à la normale. Selon Miche Dobry, l'analyse de la crise devrait tenir compte de la continuité c'est-à-dire, de son impact dans le milieu où elle se déroule et ailleurs. Car une crise est une conjoncture fluide.

    Par ailleurs, de nombreuses grilles d'analyses ont été développées dans l'analyse des crises en Afrique. De manière générale, les auteurs en question se sont penchés sur une vision dualiste des facteurs exogènes des crises en Afrique. D'autres par contre, donnent une lecture causale interne. Saïbou Issa, Sali Bakari et Christian Bouquet dans leur étude du conflit tchadien, placent son origine dans la dialectique Nord-Sud. Selon ces auteurs, cette dialectique existe depuis l'époque précoloniale. Les religions, l'ethnie et la pluralité des cultures opposent ces deux ensembles depuis des époques reculées.

    47 A. M. Hochet, 1997, les concepts du développement en question : Afrique de l'Ouest et Centrale, Edition Datafro.

    48 M. Dobry, 1986, Sociologie des crises politique : dynamique des mobilisations multisectorielles, Paris, Presses de la fondation nationale des Sciences politiques.

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    Dans leur lecture de conflit politique en Afrique, John Hari49, et Perre-Franklin Travares50 présentent les origines des crises centrafricaines au-delà de ce continent. Selon ces derniers, les occidentaux sont coupables des conflits observés à travers l'Afrique. Ils sont en fait, le résultat de l'ingérence et de la manipulation des forces occidentales.

    Paul. Kalck51, Yarisse Zoctizum, D. Bigo52et Jean PierrGoupandé53 retracent le profil de l'occupation de l'Oubangui Chari par les différents peuples centrafricains. Ils donnent également une nette clarification sur les différentes raisons les ayant poussé à s'y installer. Ces auteurs ont le mérite de montrer dans leurs différents travaux l'origine du caractère belligérant de ces peuples. Ils étudient à ce titre la sociologie politique de pays depuis la préhistoire jusqu'à l'époque post coloniale. Ils renseignent sur la pratique politique depuis l'indépendance jusqu'à nos jours et justifient l'oppression de l'Etat centrafricain. Cependant, ils ne présentent pas la gestion des conséquences des conflits centrafricains au Cameroun.

    De nombreux auteurs se sont également penchés sur l'étude des conséquences de conflits centrafricains dans les pays hôtes. J.N. Mouelle Kombi II54, Saïbou Issa55 et Gbwowé Gbowé Simplice56, ont orienté leur étude sur cet angle. Après avoir étudié les conséquences sociopolitiques de départ ayant provoqué les crises centrafricaines, ils scrutent leurs conséquences dans les zones frontalières du Cameroun. Ils mettent un accent sur la réalité de l'impact des crises centrafricaines sur les différentes zones d'accueils respectives. Ces travaux ont le mérite de traiter des conséquences des crises centrafricaines au Cameroun, mais ignorant l'ampleur de la situation dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, nous nous sommes donnés pour mission d'approfondir l'analyse dans ces trois villes frontalières.

    49 Johann Hari, 2007, « Centrafrique : une guerre française oubliée », in http://contre info/article.ph3 ?id consulté le 23 septembre 2014 à 21h 30 min.

    50P-F Travares, 2004, « Pourquoi tous ces coups d'Etat en Afrique ? », Le monde Diplomatique, Archives, Janvier 2004.

    51 P. Kalck, 1974, L'histoire de la Centrafrique des origines préhistoriques à nos jours, Levrault, Paris.

    52 D. Bigo, 1988.

    53J.P. Ngoupande, 1997, Chronique de la Crise centrafricaine : 1976-1997. Le syndrome Barracuda, Paris, Harmattan.

    54J.N. Mouelle Kombi II, 1986, « Le problème des réfugiés en Afrique et ses conséquences pour les pays hôtes : cas des réfugiés Namibiens, Sud-Africains et Zaïrois en Angola », Mémoire de Maîtrise, Droit Publique, Université de Yaoundé.

    55 Saïbou Issa, 2006, « La prise d'otage aux confins du Cameroun, du Tchad et de la République Centrafricaine.

    56Gbowé Gbowé Simplice, 2010, « Les conséquences des crises politiques centrafricaines dans l'Adamaoua et l'Est du Cameroun (1960-2010) », Mémoire de Master II, Université de Ngaoundéré.

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    F- PROBLÉMATIQUE

    La répétitivité des conflits politiques en Centrafrique a sous-tendu les mouvements des populations de ce pays vers le Cameroun. Ceux-ci fuient la guerre, mais aussi les exactions des groupes politico-militaires et les bandits de grand chemin provoqués par les conflits. Ces mouvements migratoires dans leur dynamique, ont un impact direct sur la vie politique, économique, sociale et culturelle des régions frontalières du Cameroun. La fluidité et l'impact de ces crises, résident dans le fait que le Cameroun et la République Centrafricaine sont contigus et partagent une longue frontière terrestre. Ainsi, à Garoua Boulai comme dans les villes de Bertoua et Ngaoui, sont nés de multiples problèmes au rang desquels la pression sur l'environnement, les conflits fonciers et agropastoraux, l'augmentation des fréquences de vols, le boom des prix des produits de première nécessité et des crises de logement, la grande criminalité et l'insécurité transfrontalière, la montée de l'insécurité à l'intérieur des villes et des campagnes et la persistance des maladies endémiques et vénériennes. Cette situation a suscité une intervention de plusieurs acteurs parmi lesquels figurent l'Etat camerounais, les organismes internationaux, les chefs traditionnels et les populations locales qui réalisent de nombreuses actions. Cependant, malgré les efforts fournis par tous ces acteurs internes et externes pour résoudre ces problèmes, l'on n'assiste pas toujours à une nette amélioration de la situation. Un contrôle total des conséquences des conflits centrafricains aux Cameroun échappe encore aux acteurs concernés.Dans les borderlands camerounais, l'on croupit encore sous le joug des effets négatifs des conflits centrafricains. Ainsi, C'est pour pallier à ces difficultés de gestion que les communes ont réalisé de nombreuses actions sur les plans politique, économique, social et culturel.

    Ces communes oeuvrent au quotidien au Cameroun et notamment dans les régions frontalières dans la mise en oeuvre de la décentralisation et l'accomplissement de leur mission de développement. De ce fait, il est question de s'interroger sur les actions des communes face aux conséquences des conflits centrafricains à Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Autrement dit, en quoi est-ce que les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua participent-elles à la gestion des conséquences des conflits centrafricains ?

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    G- LES OBJECTIFS

    L'objectif principal est de faire une évaluation des actions des communes des borderlands camerounais dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines et de ressortir l'impact de cette entreprise. Tandis que les objectifs spécifiques sont multiples. Il s'agit entre autre de :

    > Faire une présentation des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua et l'état des lieux des conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    > Ressortir les actions politiques et économiques des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux crises centrafricaines.

    > Ressortir les actions sociales et culturelles des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux crises centrafricaines.

    > Présenter les acteurs et les moyens qui accompagnent les communes des Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la réalisation de leurs actions face aux crises centrafricaines.

    > Ressortir l'impact et les difficultés des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la réalisation de leurs actions face aux crises centrafricains.

    H-METHODOLOGIE DE RECHERCHE

    Pour mener à bien tout travail scientifique, il est impératif de définir une méthode de travail qui sera suivi. La méthode de recherche appliquée dans ce travail s'articulait autour de deux phases qui sont la collecte et l'analyse des données. Les sources orales utilisées dans le cadre de cette étude sont de trois types, à savoir les sources orales, écrites et sonores.

    Les techniques utilisées pour la collecte des informations ont été la consultation et l'exploitation des ouvrages généraux spécialisés, des articles de revues, de périodique et de presse, des mémoires de maîtrise et de DEA, des mémoires de Master et des thèses de Doctorat, des actes de colloques, mais également des archives et des rapports relatifs à notre sujet d'étude. Cette première phase de l'opération s'est faite dans les centres de

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    documentation scientifiques tels que la bibliothèque de Ngaoundéré Anthropos, la bibliothèque centrale de l'université de Ngaoundéré, les bibliothèques de Yaoundé I et II, les bibliothèques de la FALSH des universités de Ngaoundéré et de Yaoundé I et les Archives Nationales de Yaoundé où des documents répertoriés au préalable ont été consultés. Nous avons aussi mené nos recherches sur Internet où nous avons consultés une bonne partie de notre documentation.

    Elles consistaient également en la collecte des sources orales. Pour y parvenir, nous avons opté pour une méthode quantitative (enquête par questionnaire) et une méthode qualitative (enquête par entretien). Des deux méthodes, utilisées, celle qui a été la plus concluante est la deuxième. Ces deux méthodes ont ciblé des populations précises. Des entretiens ont de ce fait été menés auprès des personnes ressources qui sont les maires, les responsables et les partenaires du HCR identifiés, au préalable, auprès des populations locales surtout et des refugiés centrafricains ainsi qu'auprès des responsables administratifs de l'État. Ces entretiens se sont déroulés de manière collective et individuelle et les langues utilisées étaient le français, le fulfulde et le Gbaya dont nous avons la parfaite maîtrise. Enfin, nous avons procédé par la méthode de distribution des questionnaires qui ont été réalisés à l'intention de certains de nos informateurs, avec leur accord et parfois, par leur initiative. Aussi, nous avons écouté, à plusieurs reprises l'émission « Les réfugiés au Cameroun » consacrée aux réfugiés centrafricains et diffusée par le poste national.

    Tous ces documents écrits et oraux et sonores ont été traités puis analysés rigoureusement. L'analyse de ces données s'est faite par la critique des sources pour déterminer la réalité historique des faits mais aussi par la confrontation des différentes informations disponibles. La méthode de traitement des données collectées est synthétique. Les statistiques obtenues dans les rapports des communes concernées ont été rigoureusement vérifiées. Les rapports administratifs ont été analysés avec un recul, vu la tendance des autorités à présenter une vision flatteuse de leur travail et des résultats obtenus.

    Ce travail prend en compte plusieurs autres disciplines que l'histoire. Il s'agit de la sociologie, du Droit International Humanitaire, de la Géographie, de l'Économie et enfin des Relations Internationales. L'approche pluridisciplinaire nous a permis d'avoir une vision transversale de notre thème.

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    I-DIFFICULTES RENCONTREES

    L'élaboration de ce travail ne s'est pas faite sans difficultés. Au rang de celles-ci, on peut citer le silence de certains informateurs pour qui la question des conséquences des conflits centrafricains est une question « politique » et par conséquent, taboue. De même, la quasi-totalité des cadres et institutions intervenant dans le domaine de gestion des conséquences de ces crises ont tout simplement refusé de nous fournir des informations. En procédant par des procédures longues et compliquées, des rendez-vous non honorés, de prétextes de vacance, de voyage de mission et dans certains cas, de maladie. Cette situation a fait en sorte que nous n'avons pas pu obtenir des informations de première main et au final, nous n'avons pas pu qualifier ou mesurer un certain nombre de problèmes ou de phénomènes que nous décrivons dans notre travail, faute de données matérielles concrètes et véritables.

    Par ailleurs, la plus grande difficulté que nous avons rencontrée est est le refus des séances par les responsables des organismes humanitaires. Si bien que les seules solutions auxquelles nous avons eu recours ont été celles d'exploiter les différents rapports conjointes émis par ces institutions et les témoignages oraux. Dans le même ordre d'idées, de nombreux informateurs n'étaient pas en poste au moment de nos enquêtes. Enfin, certains informateurs n'ont jamais répondu aux questionnaires que nous leur avons envoyés, avec leur accord. Et cela malgré l'insistance avec laquelle nous leur rappelons cet oubli. En outre, nous étions confrontés dans nos recherches, à des données différentes portant sur les actions des communes face aux crises centrafricaines dans notre zone d'étude. Ce qui nous a posé de sérieux problèmes, vu que nous n'avions pas tous les moyens nécessaires pour méticuleusement vérifier tous ces statistiques. Néanmoins, ces difficultés ne nous ont pas empêché d'aller jusqu'au bout des objectifs que nous nous étions fixés.

    J- INTÉRÊT DE L'ÉTUDE

    De nombreuses publications ont été réalisées sur la gestion des conséquences des crises centrafricaines au Cameroun. Cette étude à ceci de particulier qu'elle s'intéresse essentiellement aux rôles joués par les communes des régions frontalières dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines. Précisément à l'impact de cette entreprise. Elle se démarque des autres travaux surtout parce qu'elle met en exergue l'apport des communes des borderlands camerounais dans la résolution des crises centrafricaines. Et

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    met un accent sur les réelles motivations de ces dernières. C'est tout cela qui fait la particularité de ce thème qui est intéressant sur plusieurs plans.

    L'intérêt académique de cette étude réside en effet dans le fait qu'elle permet de ressortir un aspect moins visible des relations internationales ; l'aspect humanitaire. Ce travail montre comment les relations de coopérations se manifestent sur le plan politique avec la gestion conjointe des conséquences d'une crise. L'autre intérêt académique c'est qu'elle dévoile une nouvelle perspective de résolution des crises notamment celle qui passe par l'intervention des magistrats communaux.

    L'intérêt de ce travail sur le plan politique et administratif réside dans le fait que notre étude présente les enjeux qui existent autour des actions des communes. Il permet de montrer ce qu'on peut gagner en gérant les conséquences des conflits centrafricaines, mais surtout ce qu'on risque en se désintéressant de cette situation. Aussi, ce travail met à jour les missions régaliennes des communes dans le cadre de la décentralisation et présente les devoirs de l'État camerounais face à la communauté internationale. Il permet d'interpeller chaque acteur à mettre un accent sur sa tâche. Cette étude dévoile l'intérêt que le Cameroun tire de la gestion spécifique des conséquences des crises centrafricaines sur son sol ce qui vise à mettre sur pied une réelle intervention.

    L'intérêt scientifique de ce travail c'est qu'il permet de mettre à jour un aspect du savoir-faire de l'Afrique puisque l'étude permet de comprendre que le continent africain a développé ses propres stratégies de gestion des problèmes résultant d'un conflit externe.

    K- PLAN DU TRAVAIL

    Afin de répondre aux interrogations énoncées dans notre problématique, nous avons bâti notre travail en cinq chapitres. Le premier chapitre met en exergue, à travers ses deux parties qui le constitue de faire une présentation des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui et l'état des lieux des conséquences des crises centrafricaines dans ces villes.

    Le deuxième chapitre scrute les actions politiques et économiques des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux crises centrafricaines.

    Tout comme le deuxième chapitre, le troisième quant à lui porte sur les actions sociales et cultuelles des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux crises centrafricaines.

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    Le quatrième chapitre présente les acteurs et les moyens qui accompagnent les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui, dans la réalisation de leurs actions.

    Le cinquième et dernier chapitre traite de l'impact des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua à travers la mise en exergue des retombées, d'abord sur l'État camerounais en général, les réfugiés centrafricains et, les populations locales en particulier. Il tente également de mentionner les difficultés qu'éprouvent ces communes dans cette entreprise.

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    CHAPITRE I : PRÉSENTATION DES COMMUNES DE
    GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA ET ÉTAT DES
    LIEUX DES CONSÉQUENCES DES CONFLITS
    CENTRAFRICAINS SUR LES BORDERLANDS

    CAMEROUNAIS DE 1960 A 2013

    Depuis son accession à l'indépendance le 13 août 1960, la République Centrafricaine est le socle des crises politiques et le théâtre des guerres civiles qui maintiennent le pays dans un climat permanent de troubles et de désordres de toutes sortes

    1. Cette instabilité politique qui a dégénéré des conséquences en Afrique et dans le monde, n'a pas vite attiré l'attention de la communauté internationale2. Elle a été qualifiée par John Haris de « crise oubliée ». Le Cameroun, pays qualifié de havre de paix en Afrique centrale et voisin de la RCA, ne sera pas épargné, il sera victime des conséquences de ces conflits. L'intervention tardive de la communauté internationale dans les crises centrafricaines a obligé les communes des borderlands camerounais à réaliser des actions en vue de résoudre les problèmes soulevés par ces conflits.

    En effet, l'institution de la commune a débuté en 1941 dans le Sud, avec la création des communes mixtes de Yaoundé et Douala le 25 juin. Ce n'est que dix ans plus tard, le 31 octobre 1951 que le Nord Cameroun est doté de sa première commune en l'occurrence de la commune mixte urbaine de Garoua3, puis suivent simultanément la commune mixte4 de Ngaoundéré le 25 juin 1953 et la commune de moyen exercice de Maroua le 8 juin19595. Un an plus tard, par décret du 31 décembre 1960, les communes rurales voient le jour dans la partie septentrionale et l'Est du Cameroun et depuis le 21 août 1952 dans les localités du Nyong et Sanaga, du Ntem er du Dja et Lobo. C'est dans cette circonstance que les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont été créées. L'objet de ce chapitre est de faire une monographie de chacune de ces communes et un état des lieux des conséquences des crises centrafricaines dans ces trois villes

    1YarisseZoctizoum, 1984, Histoire de la Centrafrique Tome II, Paris, l'Harmattan, pp 36-37.

    2 Rapport 2010, HCR, UNICEF, UNFPA et als, « Evaluation conjointe approfondie de la sécurité alimentaire et de l'autosuffisance des refugiés centrafricains dans les régions de l'Adamaoua et de l'Est du Cameroun »

    3 Archives Communauté Urbaine de Garoua (ACUB), arrêté N° 618 du 31 octobre 1951 portant création de la commune de Bertoua.

    4HamouaDalailou « Le conseil des notables et l'institution communale au Nord-Cameroun : 1923-2002 » Thèse de Doctorat Ph/D en Histoire à l'Université de Ngaoundéré PP 151-154.

    5 Archives de la Communauté Urbaine de Ngaoundéré (Acun), Loi N° 58-77 du 1er juillet 1958, dossier non classé.

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    I-PRESENTATION DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA

    A-Présentation de la commune de Garoua Boulai

    1-Localisation de la commune de Garoua Boulai

    Située entre le 5°32'53» de latitude Nord, 14°12'33» et 14°38'12» de longitude Sud, la commune de Garoua Boulai est limitée au Nord par la commune de Meiganga, au Sud-ouest par la commune de Bétaré-Oya et de Ngoura, à l'Est par la commune de Baboua en République Centrafricaine. La ville de Garoua Boulai est située à 244 km du chef lieu Bertoua. La commune de Garoua Boulai couvre une superficie de 2 125 km2 pour une population estimée d'environ 55 000 habitants en 2010 6 . Elle fait partie de l'arrondissement de Garoua Boulai, l'un des sept (07) arrondissements du département du Lom et Djerem dans la Région de l'Est7.

    La situation géographique de Garoua Boulai donne à cette ville une position stratégique dans la zone de transition entre le Sud Cameroun et (zone de forêt dense) et le grand Nord (zone de savane). Considérée comme ville frontière avec la République Centrafricaine, elle est aussi un carrefour en ce qui concerne les destinations de Bertoua, Ngaoundéré, Garoua, N'Djamena au Tchad et Bangui en République Centrafricaine.

    6 Ces données sont obtenues du système d'information sanitaire en 2010

    7 Plan communal de développement de la commune de Garoua Boulai, GREFAAD

    34

    Photo 1: Hôtel de ville de la commune de Garoua Boulai contruit en 2013 ®Gambo réalisé le 23 juin 2014 à Garoua Boulai

    La photo 1 présente l'hôtel de ville de la commune de Garoua Boulai. Situé au coeur de la ville. Ce bâtiment représente le bureau d'administration de ladite commune. Bien avant celui-ci, le bâtiment qui abritait l'hôtel de ville de la commune de Garoua Boulai était situé au quartier sabal. Cet ancien bâtiment était trois fois moins grand que l'actuel8. Ce sera suite à l'aboutissement d'un long processus pour le financement, que le FEICOM va octroyer un prêt à long terme à cette commune pour lui permettre de construire et équiper ce grand bâtiment qui lui sert d'hôtel de ville9.

    2-Historique de la commune de Garoua Boulai

    La fin du 19ème et le début du 20ème siècle enregistre un important mouvement de

    population qui s'achève par la création de nombreuses agglomérations. Parmi les causes de ces mouvements on peut citer entre autres : les discordes entre les leaders ou clans, la recherche de meilleures conditions d'existence.10

    8 Entretient avec Doka Firmin le 24 juin 2014 à Garoua Boulai.

    9 Entretien avec KpaoRaymoond le 24 juin à Garoua Boulai.

    10 La recherche des terres fertiles, de pâturage et de zone de chasse, le rapprochement vers les infrastructures construites et les marchés et routes ont provoqué les mouvements des populations.

    35

    Peu avant, les populations avaient dû migrer à Nyanbaka Mboulai vers l'Adamaoua à cause des contraintes économiques11 car éloignées des grandes agglomérations. C'est sur les commandes de l'administration coloniale que le chef Mboulai ramena ses populations sur le site actuel. Car les opportunités qu'allaient porter l'ouverture des routes reliant non seulement le Nord et le Sud Cameroun mais aussi le Cameroun à la République Centrafricaine, devraient faire de Garoua Boulai le Grand carrefour.

    Garoua Boulai tient son nom de son hospitalité. En effet, c'est en remerciant le chef Mboulai qui avait offert un repas copieux que les porteurs qui accompagnaient les colons français l'ont remercié en Mboum en ces termes : « Mi garwa-Mboulai » qui signifie en français que « nous sommes rassasiés Mboulai ». C'est à partir de cette expression que les colons donnèrent le nom Garoua Boulai pour identifier cette localité12.

    La commune de Garoua Boulai a été créée le 28 juin 197713 et elle est administrée par un conseil municipal. Le maire est élu pour un mandat de cinq (05) ans parmi les vingt-cinq (25) membres dudit conseil. Ses principales ressources comprennent : les recettes fiscales, les taxes communales directes et indirectes, les ressources transférées dans le cadre de la décentralisation, les organismes d'assistance aux réfugiés centrafricains et autres partenaires au développement, les recettes de l'exploitation du patrimoine communal.

    Pour comprendre l'historique de la commune de Garoua Boulai, nous avons construit le Tableau suivant :

    11 Ces populations résidaient dans des zones éloignées des agglomérations.

    12 Entretient avec Kpao Raymond le 26 juin 2014 à Garoua Boulai

    13 Décret 77/203 du 28 juin 1977, portant création de la commune de Garoua Boulai.

    36

    Tableau 1: Profil historique de la ville de Garoua Boulai de 1908 à 2013

    Dates

    EVENEMENTS

    Vers 1908

    Construction de la route du Sud, reliant Bertoua à Garoua-Boulai

    1944

    Construction du pont sur le fleuve Lom par les Français

    1963

    Construction du pont métallique sur le Lom par l'Etat du Cameroun

    1968

    Construction d'un aérodrome à Nagonda par les missionnaires Protestants de l'Eglise Evangélique Luthérienne

    Vers 1970

    Actes barbares des coupeurs de têtes

    Juin 1977

    Création de la Commune de Garoua Boulai

    1995

    Projection cinématographique dans les villages par les

    missionnaires catholiques

    1995

    Réseau publique de distribution d'eau géré par la SNEC

    1997

    L'épidémie de méningite à Taparé cause l'exode des

    populations

    2000

    Arrivée des réfugiés dans la zone du Sud

    2001

    Achèvement du bitumage de la route reliant Bertoua Garoua Boulai

    2003

    Afflux de réfugiés centrafricains dans la zone Nord

    2003

    Déploiement du BIR

    2010

    Construction du marché frontalier

    2010

    Festival culturel du peuple Gbaya du Cameroun et de la République Centrafricaine dans la ville de Garoua Boulai

    2013

    Arrivée massive des réfugiés centrafricains

    Source : Plan communal de développement de la commune de Garoua Boulai réalisé par le GREFAAD

    Le tableau1nous renseigne sur l'histoire de la ville de Garoua Boulai. Il tente de présenter les différents événements historiques qui ont marqué le passé de cette ville jusqu'en 2013 en passant par le date de sa création officielle. À partir de ce tableau on peut également souligner la date du déploiement du BIR dans cette ville. En effet, le déploiement de ces soldats camerounais dans cette localité succède au mouvement des flux des réfugiés dans cette ville. Cette nouvelle organisation militaire n'est pas fortuite mais

    37

    elle est plutôt, une stratégie pour garantir la sécurité intérieure de cette ville contre les exactions des réfugiés qui pourraient surgir.

    En 2010, la commune de Garoua Boulai regorgeait une population d'environ 52.537 habitants14 repartie en 35 chefferies de 3ème degré. Elle a une densité de 35 habitants au km2. Le taux de croissance de la population est de 2,1% avec un taux brut de natalité de 20%o et un taux de mortalité de 3%o. Pour cette raison, la population de la commune est très jeune. Le principal groupe ethnique qui représente les autochtones sont les Gbaya et les allogènes sont les foulbés. De façon générale, le centre urbain abrite une population peu diversifiée où des expatriés 15 sont peu représentés. Deux principales religions sont représentées dans cette commune. Il s'agit du Christianisme qui sont principalement des protestants d'obédience luthérienne et des catholiques romains et dans une certaine mesure des Églises de réveil (CMCI, Mission du Plein Évangile, Vraie Église de Dieu...). Ensuite, on rencontre l'Islam venu essentiellement avec les migrations foulbés et Haoussa.

    Au plan économique, les activités qu'exercent les populations sont l'agriculture, l'exploitation minière, l'élevage, la pêche, et les petits commerces.

    3-Aspects biophysiques

    Sur le plan climatique, la commune de Garoua Boulai est située à la lisière entre la forêt équatoriale et la zone sahélienne mais subit l'influence d'un climat équatorial de type guinéen à quatre saisons d'inégales durées : Une grande saison sèche de décembre à février, une petite saison pluvieuse de mars à juin, une petite saison sèche de juillet à août et une grande saison pluvieuse de septembre à novembre. Située dans la zone de transition entre les plaines du Sud-Est et le plateau de l'Adamaoua. La commune de Garoua Boulai est globalement peu accidentée. L'hydrographie est assez dense et est constituée de cours d'eau non navigable. La végétation de la commune de Garoua Boulai présente des alternances de savane herbeuse, de savane arbustive et arborées par endroit. On y rencontre aussi de nombreuses forêts de galerie identifiées surtout le long des cours d'eau et des marécages.

    14 Ces chiffres produits par le Ministère de la Santé sont obtenus par la sommation des populations des aires de santé de toute la commune de Garoua Boulai. Il faut toutefois reconnaitre que ces chiffres de la population de cette commune selon les autorités communales s'élèveraient à plus 75 000 âmes.

    15 Dans la ville de Garoua Boulai on rencontre des Norvégiens, les Libanais, les Français, les Maliens et les Tchadiens.

    38

    B-Présentation de la commune de Ngaoui

    1-Localisation de la commune de la Ngaoui

    La ville de Ngaoui est située dans le Nord-est du département du Mbéré, région de l'Adamaoua. Elle est limitée au Nord-ouest par l'arrondissement de Djohong, à l'Est par la République Centrafricaine, au Sud et Sud-est par l'arrondissement de Meiganga.

    Ngaoui, chef-lieu de la Commune est une localité située dans le Nord-est du département du Mbéré entre 14° 57' de longitude Est et 6° 44' de latitude Nord. Elle est située à 160 km de la route de Meiganga. Il existe dans ce lieu, une montagne qui culmine à 1410 m d'altitude et c'est au pied de cette montagne, sur la façade située du côté camerounais que s'étend la localité de Ngaoui. La commune de Ngaoui s'étend sur une superficie de 2307 km216.

    Photo 2: Hôtel de ville de la commune de Ngaoui construit en 2009 (c)Gambo réalisé le 23 juin 2014 à Ngaoui

    La photo 2 présente l'hôtel de ville de la commune de Ngaoui situé au coeur de la ville. Créée le 25 avril 1995, l'espace de la commune de Ngaoui est composé de deux zones : La zone urbaine représentée par la ville de Ngaoui. Elle comporte 14 quartiers à savoir : le quartier administratif, dans lequel on retrouve la résidence du

    16 Ces données sont obtenues au PNDP de la commune de Ngaoui

    39

    sous-préfet, ainsi que quelques services administratifs tels que, la sous-préfecture, le poste de gendarmerie l'hôtel de ville. Carrefour 5, c'est le quartier abritant le centre de santé de la ville, le poste de police et la seule agence de voyage de la commune. Le quartier château qui tire son nom de la présence en son sein d'une station SCAN WATER. Le quartier Kilarou, dont le nom est tiré de la présence en ce lieu de nombreux forgerons. Lamordé et Fadisonka, désignés comme étant des quartiers exclusifs des populations peuls. Camp Kari regroupant singulières les réfugiés centrafricains, Tassa Bouar,Bantadje, Bakassi, Mada, MbarnangetKaoutal.

    La zone rurale est composée de 28 villages. Il s'agit de : Alhamdou, Bafouk, BouaKakoe, BowakaOumarou, Dazer, Damabia, Diel, Djabori, Dolé, Dompta Petel, Garga Pella, Gbadounda, Gbago, GbangaSalao, Gbatouapetel, Ka Kofia, Laba, Mayo Lebou, Mbeldoum, Mindal, Ngolo, Ngouroa, Sabongari, Soba, So'o, Touraké, Wandandéré, etWandé17.

    2-Historique de la ville de Ngaoui

    La commune de Ngaoui tire son nom de la montagne au pied de laquelle elle s'étend. Ngaoui signifie « montagne de la femme en Mboum et montagne de l'eau en Mbéré18 ». La commune de Ngaoui a été créée le 25 avril 199519. Elle est administrée par un conseil municipal. Le maire est élu pour un mandat de cinq (05) ans parmi les vingt-cinq (25) membres dudit conseil. Ses principales ressources comprennent : les recettes fiscales, les taxes communales directes et indirectes, les ressources transférées dans le cadre de la décentralisation, les organismes d'assistance aux réfugiés centrafricains et autres partenaires au développement, les recettes de l'exploitation du patrimoine communal. La commune dont les origines remontent aux années 1920 a connu de multiples événements majeurs au cours de son histoire tel que l'illustre le tableau ci-dessous :

    17 Monographie de la commune de Ngaoui, 2008

    18 Entretien avec Abdouraman Labi le 21 juillet 2014 à Ngaoui.

    19Décret N°95/085 du 25 avril 1995 portant création de la commune de Ngaoui..

    40

    Tableau 2: Profil historique de la ville de Ngaoui 1920 à 2013

    Années

    Evénements

    1920

    Pati du nord de l'actuel Nigeria, les éleveurs Djafoun s'installent à

    Ngaoui après avoir fui le village de Lompta où le Ardo de la localité

    leur imposait de payer de lourds tributs pour leurs bétails. Ils
    s'installent à Ngaoui du fait des riches pâturages et des cours d'eau trouvés sur place.

    1948

    Construction de la route reliant Ngaoui à Meiganga

    1958 à 1960

    Construction de la route reliant Ngaoui à Yafounou

    1963-1964

    Construction des bâtiments abritant les services du centre zootechnique et vétérinaires de Ngaoui

    1965

    Reprofilage mécanique du tronçon Ngaoui-Djohong

    1968

    Ouverture du marché à bétails de Ngaoui

    1975

    Ouverture du tronçon reliant Ngaoui à la RCA

    1983

    Ouverture du poste de gendarmerie de Ngaoui

    1984

    Epidémie de la peste bovine entrainant la fermeture du marché à bétail de Ngaoui

    1985

    Traçage des rues du village Ngaoui

    1986

    Première apparition des coupeurs de routes sur l'axe Ngaoui-Alhamdou

    1992

    -Poste de gendarmerie érigée en brigade -Ouverture des postes de police et de douanes

    1995

    Création de la commune par décret n°95/085 du 25 avril 1995

    1996

    Elections municipales

    2007

    Ouverture d'un poste du BIR à Ngaoui

    2011

    Elaboration du PCD de la commune de Ngaoui

    2013

    Arrivée massive des refugiés centrafricains

    Source : Monographie de la commune de Ngaoui, 2010.

    Le tableau 2 nous renseigne sur l'histoire de la ville de Ngaoui. Il tente de présenter les différents événements historiques qui ont marqué le passé de cette ville jusqu'au jour de sa création officielle.

    41

    Selon les données du dernier recensement général de la population et de l'habitat réalisé en 2005, la population de Ngaoui au 1er janvier 2011est estimée à vingt et huit mille deux cent soixante et une (28261) personnes. Les principales activités de la commune de Ngaoui sont le commerce, l'élevage et l'agriculture. On y identifie au moins neuf (09) ethnies dont les Peul-Mbororo, les Mboum-Pana, les Gbaya, les foulbé, les Kotoko, les Arabes Choa et les Kari.

    L'Islam et le Christianisme sont les deux religions pratiquées par les populations. Sur le plan administratif, on retrouve une bonne frange de services de l'Etat, à savoir : la Délégation de l'agriculture, la délégation de l'élevage, la Délégation des forêts et de la faune, la Délégation de la jeunesse, le centre de santé, le centre zootechnique et vétérinaire, le poste de police, la brigade de la gendarmerie, l'inspection de l'enseignement primaire et maternelle, le poste de Douane, la recette des finances, la sous-préfecture et la Mairie.

    La commune de Ngaoui dispose d'énormes potentialités et ressources. Il s'agit de l'étendue des terres exploitables pour le développement de l'agriculture, l'étendue de l'espace propice au pâturage, l'existence de quelques sites touristiques20.

    La population est majoritairement jeune, la présence de l'un des plus grands marché à bétail, l'existence d'une multitude de carrières de pierres, la proximité de la RCA, la multitude des corps de métier dans le secteur informel.

    3- Aspects biophysiques

    Le climat tropical humide de type soudanien est dominant dans la commune de Ngaoui. Les pluies y sont abondantes avec 07 mois de pluies (avril-octobre) et une saison sèche qui dure entre 04 et 05 mois (novembre-mars). Les précipitations annuelles s'évaluent à 1600 mm et la température moyenne est de 23°c. Les sols sont ferraliques de couleur noire et rouge par endroit. La texture est sablo argileuse avec présence d'un important complexe humo-organique. Sur ce sol, poussent plusieurs types de végétations dont le principal est le chromolaenaordorata appelé vulgairement « bokassa » qui sont un indice de fertilité de sol. On rencontre également des arbres tels que danielaolivieralophiralanceolata, himenocardinaacida...

    Le mont Ngaoui est le plus élevé de la commune. Il représente une sorte de frontière naturelle entre la RCA et le Cameroun. La savane arborée est la formation

    20 Il existe quelques sites touristiques à Ngaoui : le mont Ngaoui, le marché international de bétail...

    42

    végétale dominante avec par endroits de vastes étendues herbacées qui constituent les aires de pâturage pour le bétail21.

    L'aspect faunique de la commune de Ngaoui possède une faune peu riche. On retrouve du moins des biches, des lapins, des lièvres et même des éléphants échappés des réserves centrafricains.

    C-Présentation de la commune de BertouaIIème

    1-Localisation de la commune Bertoua IIème

    Née dans un contexte de revivification et de décentralisation suite à la promulgation du décret de 2004 qui accélère le processus amorcé depuis 1996, la création des communes d'arrondissement 22 de Bertoua Ier et IIème constitue une bouffée d'oxygène pour les populations qui composent ces deux arrondissements. Il s'agit en fait de tout décentraliser de manière à ce que les communes s'occupent du développement local en identifiant les projets sociaux en fonction des aspirations des populations pour que l'Etat ne vienne plus avec ses projets qui ne correspondent pas aux attentes de la population. Désormais, les communes sont appelées à jouer un rôle moteur dans le développement local. Par ailleurs, il faut préciser qu'avec le décret de 200723, on assiste à la création de deux communes dans la ville de Bertoua. A ce titre, Bertoua IIème est né de l'éclatement de l'ex-commune de Bertoua Rural créée en 196024 et la commune de Bertoua Ier de l'éclatement de la commune urbaine de Bertoua créée en 195325.Dans le cadre de ce travail, notre étude portera seulement sur la commune de Bertoua IIème. En la commune de Bertoua IIèmeest administrée par un conseil municipal. La photo si dessous présente l'hôtel de ville qui abrite le conseil municipal de la commune de Bertoua IIème.

    21 Monographie de Ngaoui 2008.

    22 Décret N° 2007/117 portant création des communes d'arrondissement.

    23 Ibid.

    24 Ousmanou Bouba, 2010, « L'appui des organismes internationaux et des programmes gouvernementaux aux communes de la Bénoué (nord-cameroun) », Mémoire de Master II, Université de Ngaoundéré, p 31.

    25 Ibid.

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    Photo 3: Hôtel de ville de Bertoua 1er construit en 2011

    (c) : réalisé par Gambo à Bertoua le 12 juin 2014

    La commune de Bertoua IIèmeest située dans la région de l'Est. Elle est la deuxième commune d'arrondissement après la commune de Bertoua Ier. La commune de Bertoua IIème s'étend de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud par la commune de Bertoua Ier et la commune de Mandjou

    La commune de Bertoua IIème couvre une superficie d'environ 2000 km2 pour une population estimée d'environ Cent Dix Mille (110000) habitants en 2010. Elle fait partie de l'arrondissement du Lom et Djerem dans la région de l'Est.

    2-Historique de la commune de Bertoua IIème

    La commune de BertouaIIèmea été créée par décret N° 2007/115 du 13 avril 200726 portant création de nouveaux arrondissements. Elle est administrée par un conseil municipal. Le maire est élu pour un mandat de Cinq (05) ans. Le conseil municipal est composé de vingt et cinq (25) conseillers municipaux élus suivant les textes réglementaires. L'exécutif communal est donc composé du conseil municipal, du maire et ses adjoints. La commune de Bertoua IIème compte au total quarante et neuf (49) agents dont un Secrétaire Général, quatre (04) chefs de services, douze (12) chefs de bureaux et trente et deux (32) employés.

    26 Décret N°2007/115 du 13 avril 2007 portant création de la commune de Betoua 2ème.

    44

    La population de la commune de Bertoua IIème est divisée en plusieurs grands groupes ethniques dont les Gbaya, les Maka, les Bamvelé, les Bamileké, les Haoussa, les Foulbé, les Bororo. Il est bien entendu que les Gbaya et les Maka sont les autochtones. Toutes ces populations citées mènent des activités dans les domaines de l'agriculture, l'élevage, le commerce, l'artisanat et le transport.

    3-Aspects biophysiques

    Le climat de la commune de Bertoua IIème comprend quatre (04) saisons qui contribuent au développement de sa flore et de sa faune avec deux (02) saisons de pluie et deux (02) saisons sèches. La grande saison de pluie va du mois d'août au mois d'octobre tandis que la petite saison de pluie va du mois d'avril au mois de mai. La grande saison sèche quant à elle va du mois de novembre à mars et la petite saison sèche va du mois de juin à juillet.

    Le relief de la commune de Bertoua IIème est de type plat et son hydrographie est arrosée par le Dja-Ndombé27.

    II-ETAT DES LIEUX DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS A BERTOUA, GAROUA BOULAI, ET NGAOUI

    L'histoire politique de la République Centrafricaine est jalonnée de soubresauts politiques, entrainant une instabilité institutionnelle et conjoncturelle défavorable à son développement. La République centrafricaine couvre une superficie de 622 000 km228, elle est caractérisée par l'usage de la langue Sango. Ce pays a a pour voisins, le Cameroun à l'Ouest, la République du Congo et la République Démocratique du Congo au Sud, le Soudan à l'Est et le Tchad au Nord. Sur le plan externe, la RCA vit dans un environnement marqué par l'instabilité, tous ses voisins sauf le Cameroun ont connu un conflit armé.

    Sur le plan interne, elle a subi pendant une dizaine d'années des conflits militaro-politiques à répétition qui ont affecté le tissu socioéconomique et les forces de défenses et sécurité.

    Les facteurs qui justifient ou expliquent la situation précaire qui caractérise la République Centrafricaine sont nombreux. Toutefois, nous pouvons citer entre autres la gestion clanique du pouvoir par les dirigeants centrafricains, facteur qui est à l'origine de nombreux problèmes aujourd'hui, la mauvaise gestion de l'armée qui a conduit à la

    27 Monographie de la commune de Bertoua 2ème, 2008.

    28 « Géographie de la République Centrafricaine », in http://www.tlfk.ulaval.ca/axl/RCA-prov-htm, consulté le 10 juillet 2014

    45

    situation invivable où l'armée sème la terreur sur les populations locales29. L'échec des efforts de la démocratisation depuis la chute de l'ancien président Jean Bedel Bokassa30. La prolifération des groupes armés et des armes légères de petit calibre à la suite de multiples coups d'Etat, le manque de dialogue franc et sincère entre le pouvoir et l'opposition depuis 1992. La centralisation et la concentration du pouvoir de l'Etat par l'exécutif et la porosité des frontières centrafricaines.

    L'autre aspect est la pauvreté et la misère des populations, le tribalisme et le recrutement sur la base de critères obscurs dans les forces armées centrafricaines31. On note également l'impunité de certains auteurs présumés de graves violations des droits de l'Homme et la détérioration des infrastructures de base32.

    Les dirigeants centrafricains ne sont pas les seuls responsables de l'instabilité politique qui jadis a régné en République centrafricaine. Des facteurs extérieurs ont aussi une part de responsabilité dans ces crises. Ces facteurs qualifiés de facteurs exogènes sont le rôle de la France33 et l'immobilisme de la communauté internationale34. Cette situation de crise qui plonge des racines en 1960, débute en 1966 et se manifeste par une instabilité sociopolitique chronique faite de pression, rébellion, guerre civile et autres exactions sur les populations. Naturellement, ce climat social n'est pas idéal pour les populations qui excédées, sont contraints de s'en aller, par n'importe quels moyens. Ce qui va entrainer en général, diverses conséquences pour les pays voisins en particulier le Cameroun. Il est ainsi question dans cette partie de scruter les conséquences politiques, économiques, sociales et culturelles des crises centrafricaines dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    29MouelleKombi II J.N., « Le Cameroun et les réfugiés », Mémoire de Maîtrise, Droit Public, Université de Yaoundé. Page 45-60.

    30 A. Mehler et V. Da Cruz, 2001, « République centrafricaine. La démocratie n'est pas un vaccin », in Afrique-Politique-2000.

    31 Entretien avec Poutia Jean chef de colonie centrafricaine à Ngaoui le 23 juillet 2014 à Ngaoui. 32Ibid

    33 O. Leaba, 2001, « La crise centrafricaine de l'été 2001 », in Politique Africaine n° 84, Décembre 2001, p.169

    34 Dion Essongué Marinette, « La prise en charges des femmes et des enfants réfugiés centrafricains dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua au Cameroun de 1960 à 2010 : Etat, Enjeux et Impact ».Université de Ngaoundéré, 2010.

    46

    A-Les conséquences politiques et économiques des conflits centrafricains à Garoua Boulai, Bertouaet Ngaoui de 1960 à 2013

    Les multiples crises politiques qui se sont perpétrées en République Centrafricaine ont eu des effets politiques et économiques favorables et défavorables dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    1-Les conséquences politiques des conflits centrafricains à Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui

    Depuis son accession à l'indépendance, la République Centrafricaine est entrée dans le cercle des pays « fantôme »35 au monde. C'est un pays qui est victime des crises politiques. Le coup d'Etat militaire de 1965 a plongé ce pays dans un « chaos » total et a modifié à jamais sa dynamique politique. Cette situation qui se vit dans ce pays a tout de même provoqué de lourdes conséquences politiques dans les villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. Ainsi, on peut comprendre l'interview de M. René Emmanuel Sadi, Ministre camerounais de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation :

    Le Cameroun a des voisins et naturellement ce qui se passe chez nos voisins ne peut nous laisser indifférents. Il est tout à fait normal que les camerounais soient attentifs à la situation qui prévaut, soit au Nigéria soit en République Centrafricaine. Si les camerounais sont préoccupés par ces situations, je ne saurai affirmer que les camerounais ont peur de cette situation, encore moins les dirigeants qui prennent toutes les mesures pour que notre pays soit préservé des contres coups des situations qui prévalent dans les pays voisins. Pourquoi ? Parce que nous en subissons les contres coups avec des conséquences graves. Du côté de la frontière avec le Nigéria, en raison de la situation qui prévaut entre le gouvernement et les rebelles de BokoHaram, nous avons chaque jour des hordes de populations qui entrent au Cameroun.36

    Les crises politiques qui ruinent l'ensemble des pays voisins du Cameroun en particulier la République Centrafricaine, ont déversé des conséquences douloureuses en sol camerounais. Dès lors, on rencontre entre autre :

    35 International Crisis Group, 2007, République Centrafricaine : anatomie d'un Etat fantôme, Rapport Afrique n° 136 décembre, p.8.

    36 E. R. Sadi, Discours prononcé lors de l'ouverture des travaux de conférence semestrielle des gouverneurs de Région à Yaoundé 2013.

    47

    a-La croissance de l'insécurité

    Les crises centrafricaines ont toujours accentués depuis longtemps le phénomène de l'insécurité dans les régions frontalières du Cameroun en particulier les villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. Il est justifié que les raisons pour lesquelles ces populations quittent leur pays sont parfois involontaires à cause des exactions dont elles sont victimes. Mais toutefois, il faut aussi préciser que parmi ces populations qui migrent pour le Cameroun, figurent bien des anciens combattants des groupes rebelles qui ont été vaincus37 et des soldats de l'armée centrafricaine qui savent bien manipuler les armes. Lors de leur traversée de la frontière, certains entrainent avec eux des armes légères de petit calibre. On rencontre aussi parmi ceux-ci des personnes non éduquées38. Ainsi, leur pénétration et leur installation dans les régions frontalières du Cameroun revêtent un caractère négatif pour la sécurité à l'intérieur des villes et des campagnes comme le reconnait le 1er Adjoint au Maire de la commune de Garoua Boulai, Pkao Raymond :« les crises centrafricaines ont fait de la ville de Garoua Boulai, une ville d'insécurité, car c'est presque tous les jours que nous accueillons dans notre commune des nouvelles personnes qui viennent par dizaine, centaine et millier dont nous ne connaissons pas avec exactitude leur véritable identité »39.

    Dans la ville de Garoua Boulai, le phénomène de l'insécurité a pris une dimension importante à partir de 200540 qui marque l'arrivée massive des refugiés centrafricains. En 2013, l'effectif de ces réfugiés a presque doublé 41 . La concentration des refugiés centrafricains dans cette localité a fait d'elle un siège de bandit de grand chemin, des prises d'otage et des actes de vandalisme de toute nature exercées sur les nobles citoyens. Au mois d'avril 2013, dix-huit (18) chauffeurs de camion ont été enlevés à 5km du poste de contrôle de gendarmerie en allant vers Bertoua. Parmi ceux-ci, figuraient huit (08) tchadiens et dix (10) camerounais. Il a fallu l'intervention des forces de l'ordre (GPIC) pour leur libération dix jours après leur enlèvement42. Quatre jours après, un véhicule de

    37 Entretient avec YaffoNdoe Esther, Maire de la commune de Garoua Boulai le 25 juin 2014 à Garoua Boulai

    38GbowéGbowéSimplice, Les conséquences des crises centrafricaine dans l'Adamaoua et l'Est du Cameroun (1960-2010) P129, Mémoire de Master II, Université de Ngaounderé, 2010

    39 Entretien avec Pkao Raymond le 24 juin 2014 à Garoua Boulai.

    40 GbowéGbowéSimplice, Les conséquences des crises centrafricaines dans l'Adamaoua et l'Est du Cameroun (1960-2010) P129, Mémoire de Master II, Université de Ngaounderé, 2010

    41 Source : UNHCR 2013,

    42 Entretient avec le Sous-préfet de l'Arrondissement de Garoua Boulai, le 26 juin 2014

    48

    marque appartenant à la commune de Garoua Boulai a été volé. Après les enquêtes menées par la MISCA, ce véhicule fut retrouvé entre les mains des « anti-balaka »43

    À l'intérieur de la ville de Garoua Boulai, les réfugiés sont extravagants et prêts à faire usage du couteau ou de toute autre arme en cas de petites disputes. C'est le cas de ce refugié centrafricain qui a été lui-même victime de son propre fusil.

    Photo 4: Un réfugié centrafricain victime d'un coup de fusil le 28 décembre à Garoua Boulai

    (c): Ousmanou Abdoulaye, réalisé le 28 décembre 2013 à Garoua Boulai

    La photo 4 présente l'état d'un ex-rebelle de la « Séléka » victime d'une mauvaise manipulation de son propre arme. En effet, ce militant de la « séléka » était un refugié

    43 Voir les annexes.

    49

    centrafricain installé au Cameroun et logé dans le site des refugiés de Garoua Boulai. Celui-ci avait entrainé de manière clandestine une armeappelé lance roquette44. Le 28 décembre 2013, il s'était alors éloigné à 13 km de la ville pour envoyer des tirs de roquette contre les « Anti-Balaka». Malheureusement, l'arme retourna contre lui-même pour fausse manipulation. Paralysé, ce sera qu'une famille de retour de son champ, qui va le transporter dans le pouce pour l'apporter à l'hôpital de district de Garoua Boulai où il va rendre l'âme dans la même nuit45.

    Dans la ville de Bertoua, les combattants pro-Patassé présents sur le sol camerounais en 2003, avaient déposé leurs armes à la garnison militaire de Bertoua. Mais dans les rangs, ces armes semblent ne pas être remises dans toute leur globalité. Puisque, le pompiste de la société TOTAL qui avait perdu la vie la même année avait été déclaré assassiné par ces combattants centrafricains logés au camp militaire et à la sous-préfecture46. En juin 2013, ces réfugiés centrafricains prêts à faire usage de leurs couteaux, ont ôté à un commissaire de police de deuxième grade, l'une de ses deux bras comme l'illustre la photo ci-dessous.

    Photo 5 : La main d'un commissaire de police lynché par les réfugiés centrafricains à Bertoua le 26

    novembre 2013

    (c): Mohamadou Awalou Garba réalisé le 13 juin 20130 à Bertoua

    44 Hamadjida Missa, Caporal au B.I.R, consulté le 23 novembre 2014 à Ngaoundéré à 07 h 23.

    45 Entretien avec Ousmanou Abdoulaye à Garoua Boulai le 22 juin 2014 à Garoua Boulai. 46GbowéGbowéSimplice, 2010, p.129.

    50

    La photo 5 présente le bras d'un commissaire de police en service dans la ville de Bertoua qui a été lynché par un refugié centrafricain. En principe, un conflit avait opposé les réfugiés centrafricains entre eux dans leur camp. Les forces de l'ordre voulant alors intervenir avec les armes à la main, le commissaire a fait face à une résistance d'un refugié qui a usé de sa machette47 et d'un seul coup l'a rendu manchot en lui ôtant la main gauche.

    À Ngaoui, « le fait pour les Centrafricains de considérer que Ngaoui fait partie de leur territoire, est une menace permanente pour nous», indique Beuboum Roger du département du Mbéré, région de l'Adamaoua48. Ce qui explique que, chaque fois que les hostilités se déclenchent en RCA, Ngaoui et ses environs en subissent les conséquences. Comme ce fut encore le cas, lors de la récente prise de pouvoir par la rébellion du Séléka, le 24 mars 201349. Des habitants de Ngaoui, Yamba, BatouaGodolé et Damissa témoignent avoir encore assisté à ces velléités de conquête50

    Le 25 mars 2005, des rebelles attaquent Djohong et Ngaoui et tuent le chef du village de Yarman III51, Peu avant, à Baboua, à 10 km de Djohong, ils avaient enlevé cinq enfants et exigé le paiement d'une rançon. Le lendemain, dans les villages camerounais d'Ouro-Ade et Djabori, deux autres villageois ont été tués et une dizaine d'enfants enlevés. Pour Marius Yaya Doumba, lamido de Djohong, les coupables sont tous désignés. «Ce sont d'anciens militaires tchadiens qui ont aidé François Bozizé à prendre le pouvoir en Centrafrique. Déclarés persona non grata en RCA et au Tchad, ils ont trouvé un terrain fertile dans cette partie de notre territoire pour perpétrer leurs crimes»52, explique-t-il.

    Sobba, toujours à la frontière du département du Mbéré avec la RCA. Ce jour-là, 16 personnes (06 camerounais et 10 centrafricains), ont été enlevées et conduites en territoire centrafricain. Cinq des otages seront libérés pour faire connaître les exigences des ravisseurs aux familles, lesquelles se chiffraient à plusieurs millions de francs CFA53. Ces exactions des rebelles centrafricains viennent s'ajouter à un autre enlèvement, en 2004, de plusieurs enfants et adultes dans ce qui était alors le district de Ngaoui.

    47 Les machettes des ANTI BALAKA ne sont pas de simples machettes ou encore des machettes ordinaires comme toute autre. Ces machettes sont mystiques au point où leur utilisation impose au préalable une un rite initiatique pour l'utilisateur.

    48 Entretien avec Beboum Roger le 16 juillet 2014 à Ngaoui.

    49 Entretien avec Poutia Nestor le 16 juillet 2014 à Ngaoui.

    50 Entretient avec Abdouraman Labi le 17 juillet 2014 à Ngaoui 51Ibid

    52 Entretient avec Moussa Ibrahim à Ngaoui le 10 juillet à Ngaoui.

    53 Entretien avec Adouraman Labi le 17 juillet 2014 à Ngaoui

    51

    Les éleveurs Bororo, à qui ils demandent de fortes rançons, restent encore à ce jour leur cible principale, sans doute parce que la localité de Ngaoui, chef-lieu de l'arrondissement éponyme, abrite un grand marché sous-régional à bétail54. «Au départ, ils ne s'en prenaient qu'au bétail qu'ils revenaient vendre dans ce marché. Mais comme il était facile de reconnaître les animaux d'un troupeau, les coupeurs de route ont commencé à enlever les enfants qui coûtaient plus chers »55.

    La RCA à cause de ses multiples conflits politiques, a mis son voisin le Cameroun dans une situation d'insécurité qui englobe à la fois les agressions, les assassinats, les prises d'otage, les bandits de grand chemin, et la circulation des armes de guerre de petit calibre. Ces crises centrafricaines, accompagnées par le caractère perméable de la frontière et bien d'autres facteurs ont favorisé l'insécurité dans les localités de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua.

    b-La naissance de plusieurs conflits

    La gestion des refugiés est une tâche ardue et difficile car elle implique à la fois de nombreux acteurs et des moyens énormes. Pour l'année 2013 par exemple, une somme de 551 millions de dollars a été mise en place pour mettre en oeuvre le plan d'investigation stratégique et répondre aux défis humanitaires posés par le Chaos centrafricain56. Les réfugiés sont alors devenus un « fonds de commerce » important. Plusieurs acteurs de prise en charge ou encore de gestion des crises centrafricaines se font d»énormes richesses derrière ceux-ci. Les enjeux de cette entreprise ont alors dégénéré au sein de ces trois villes une multitude de conflit.

    Sur le plan administratif, on note un conflit de leadership. C'est le cas du Maire de la commune de Garoua Boulai qui est en désaccord avec le gouverneur de la région de l'Est au sujet de la gestion des terrains pour la construction des sites des réfugiés dans la commune de Garoua Boulai. En effet, le site de Mborguené qui abritait plus de quinze mille (15000) refugiés a été déporté à Gado Badjeré dans la commune de Garoua Boulai

    54 Entretien avec HamadouNgomna le 16 juillet 2014 à Ngaoui.

    55 Entretient avec Kanou Emmanuel le 15 juillet 2014 à Ngaoui.

    56Abou Moussa, Yaoundé, 14 mars 2012, Conférence de presse du représentant spécial du Secrétaire Général

    des Nations Unies et chef de l'UNOCA.

    52

    sans l'avis du maire. Cet acte fut le concours d'une négociation qui s'est effectuée entre les partenaires du HCR et le gouverneur de la région de l'Est57.

    D'autre part, il existe un conflit qui oppose le maire de ladite commune et le Sous-préfet de l'arrondissement de Garoua Boulai au sujet de la gestion des biens fournis pour la gestion des refugiés58. Le sous-préfet estime qu'il en est le chef de terre par conséquent, la gestion de tous ces bien lui revient. Tandis que le maire en retour, ne partage pas cette vision59. Un autre conflit dans cette ville, est également celui qui oppose les militants des partis politiques. En effet, ceux qui quittent la RCA pour le Cameroun sont à majorité les Peuls et les Bororo qui sont à grand nombre des musulmans. Une fois arrivés en terre camerounaise, ceux-ci sont souvent très vite accueillis par des élites musulmanes qui sont pour la plus part les militants du parti de l'UNDP. Ils leur offrent des logements, ensuite ils procèdent à l'établissement de leurs Cartes nationales d'identité. Or, le RDPC qui est composé à majorité des chrétiens voient le risque de perdre les prochaines élections municipales à cause de l'augmentation en nombre de la population au côté de l'UNDP. Cette situation fait alors partir de l'une des raisons pour lesquelles l'établissement des cartes nationales d'identité a été arrêté dans tous les commissariats frontaliers du Cameroun avec la RCA60.

    À Ngaoui, la mésentente entre le maire de la commune et le sous-préfet de l'arrondissement de Ngaoui a favorisé la création d'un site de réfugié dans l'arrondissement de Djohong plutôt qu'à Ngaoui. Ainsi, une partie des refugiés présent à Ngaoui a été déporté dans la commune de Djohong. Ce qui permet à cette commune de bénéficier aujourd'hui de plusieurs offres de l'UNHCR61. Quant au secteur agricole, les conflits éleveurs et agriculteurs se sont d'avantage accentués. Puisque parmi ces refugiés centrafricains qui sont au Cameroun, il existe des Bororo qui sont arrivés avec leurs cheptels62.

    De même, à Bertoua, un conflit a opposé et continu à opposer la population locale et les réfugiés. En effet, les réfugiés qui sont venus de la RCA refusent non seulement de

    57 Entretient avec Pkao Raymond, 1er Adjoint au Maire de la commune de Bertoua à Garoua Boulai le 24 juin 2014

    58 L'Etat camerounais, le HCR et plusieurs autres acteurs de la gestion des conséquences des crises centrafricaines fournissent d'énormes moyens aux autorités locales pour les actions.

    59 Entretient avec le Sous-préfet de l'arrondissement de Garoua Boulai le 23 Juin 2014 à Garoua Boulai

    60 Entretien avec Gabana Jean Francis le 18 juillet 2014.

    61 Entretient avec YaffoNdoé Esther le 29 juin 2014 à Garoua Boulai

    62 Entretien avec Abdouraman Labi le 16 juin 2014 à Ngaoui.

    53

    se soumettre aux chefferies dans lesquelles ils ont été casés, mais surtout ceux-ci revendiquent leur propre chefferie. Les réfugiés qui entrent au Cameroun, viennent le plus souvent par communauté. Une fois installé, le chef de la communauté depuis la Centrafrique exerce son influence sur ses sujets jusqu'au Cameroun. Ces mouvements des populations et ce transfert de pouvoir de la RCA vers le Cameroun est un facteur de conflit majeur parmi tant d'autres. Bien plus, ils sont également responsables de plusieurs actes de vandalisme, d'agression, assassinats, de vole etc. Tout ceci ne plait pas à la population locale, ce qui est cause de multiples accrochages63.

    c-La création des nouveaux villages de 1960 à 2013

    Depuis plusieurs décennies déjà, de nombreux centrafricains obligés de s'exiler ont opté pour le Cameroun comme destination de refuge. Ces mouvements migratoires, en fonction de l'importance du flux de personne, ont obligés les autorités étatiques et traditionnelles à créer des nouveaux villages. Ainsi, on peut observer à partir du tableau suivant quelque noms des villages qui ont été crées suite aux crises centrafricaines.

    Tableau 3 : Répartition des refugiés centrafricains dans les nouveaux villages créés de 1960 à 2013

    Nom du village

    Communes

    Total des refugiés

    Année

    GadoBadzéré

    Garoua Boulai

    18 281

    2013

    Mbonga

    Garoua Boulai

    3 214

    1975

    Mborguené

    Garoua Boulai

    15 035

    1960

    Taparé

    Garoua Boulai

    1 032

    1960

    Yokosiré

    Garoua Boulai

    5 501

    1985

    Bindia (Lycée Technique)

    Bertoua

    1 347

    2010

    Garga Pella

    Ngaoui

    814

    1961

    Source : Rapport du HCR 2012.

    Le tableau 3 nous renseigne sur l'évolution du nombre de villages crées à la suite des crises centrafricaines dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua 2ème.

    On se rend compte effectivement que le nombre des nouveaux villages n'a cessé d'évoluer. Cette évolution se justifie par de nouveaux arrivés des refugiés. La création des nouveaux villages dans ces trois communes est alors sujette aux conflits centrafricains. Plus la

    63 Entretient avec Soumanou Colette le 09 juin 2014 à Bertoua

    54

    Centrafrique connait de nouvelles crises, plus de nouveaux villages sont créés dans ces trois localités.

    d-Les opportunités de coopération

    L'instabilité politique en République Centrafricaine a aussi des effets favorables. En fait, les crises politiques en RCA vont donner naissance à deux types de coopération. Il s'agit d'une part, de la coopération interétatique et d'autre part, une coopération par le bas64.

    Face aux épineux problèmes d'insécurité que génèrent les conflits politiques et la situation des populations refugiés, certaines autorités traditionnelles camerounaises notamment celles de Garoua Boulai ont initié des assises avec leurs homologues de la RCA afin de trouver des solutions aux problèmes d'insécurité qui minent les deux villes voisines. Le 20 mai 2010, le sous-préfet de l'arrondissement de Garoua Boulai a convié son homologue le sous-préfet centrafricain de Bouar et ensemble, les deux administrateurs ont porté une réflexion sur les mesures à prendre pour lutter contre l'insécurité transfrontalière dans cette localité65.

    Avec l'intensification des crises centrafricaines, les Etats ont cessé d'être les seuls acteurs des relations bilatérales qui existent entre le Cameroun et la RCA. On observe aussi des coopérations par le bas66. Le nord-ouest centrafricain partage une longue frontière avec la région camerounaise de l'Adamaoua. Aussi, le sud-ouest centrafricain est frontalier à la région camerounaise de l'Est et les différentes parties des deux pays ont à leur sein les mêmes composantes sociologiques séparées juste de part et d'autre de la frontière héritée de la colonisation. C'est dans ce contexte que les peuls, les Gbaya et les Pana sont divisés entre l'Adamaoua et le nord-ouest centrafricain, tandis que les Gbaya du sud-ouest de la RCA sont séparés de leurs frères de l'Adamaoua et de l'Est du Cameroun par la même frontière. C'est ainsi que les valeurs culturelles, ethniques transcendent les limites ou mieux les frontières des Etats. Il est alors aisé de comprendre que lorsque la vie est lugubre en RCA, la traversée de la frontière pour besoin de refuge dans les familles à Bertoua,

    64 Abdouraman Halirou « Les conflits frontaliers Cameroun-Nigeria dans le lac Tchad : les enjeux de l'île de Darak, disputée et partagée », in culture et conflit, pp. 1-5.

    65GbowéGbowéSimplice, 2010, p 129.

    66-karefa-Smart J, 1984, l'Afrique, le progrès par la coopération, Paris, L'Harmattan, pp 32-35.

    55

    Garoua Boulai et Ngaoui est la première option pour les Centrafricains ; ce sont les peuples trait d'union67.

    e-La création des emplois

    Les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua regorgeaient déjà plus de 140 000 réfugiés en décembre 201268. Les réfugiés qui sont installés sur le territoire camerounais ne bénéficient pas seulement de l'assistance du gouvernement et de la population locale, ils reçoivent tout de même une prise en charge des organismes humanitaires. Toutefois, leurs actions demandent une main d'oeuvre de multitude. Ainsi tous les organismes spécialisés partenaires classiques ont entre autre recruté plusieurs Camerounais pour le fonctionnement de l'entreprise dans les localités de Bertoua, Ngaoui et Garoua Boulai. Les ONG classiques pour assister le HCR dans cette mission, recrute également des Camerounais pour les différents services. En définitive, les réfugiés générés par les conflits intra-centrafricains, sont établis majoritairement dans les villes de Ngaoui, Bertoua et Garoua Boulai. Cette présence des refugiées a offert quelques opportunités aux populations des zones d'accueil69.

    2-Les conséquences économiques des conflits centrafricains à Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui.

    Toute crise politique entraine des conséquences sur les productions économiques

    nationales. En temps de conflit en République centrafricaine, le secteur d'activité économique entre le Cameroun et ce pays voisin a d'impact négatif mais aussi positif.

    a-Le blocage des frontières

    Lorsqu'un pays est en crise, les conséquences ne manquent jamais de se perpétrer

    sur les territoires des pays voisins. Le Cameroun a toujours subi pour sa part, les conséquences des crises centrafricaines. Pour préserver sa sécurité intérieure, cette situation oblige l'Etat camerounais à fermer ses frontières avec la République Centrafricaine toutefois que ce pays est en état de conflit. C'est le cas de la dernière crise de 2013 vécu en Centrafrique qui a provoqué la fermeture des frontières entre ces deux pays. Ainsi, Garoua Boulai et Ngaoui qui constituent les deux principales portes d'entrée d

    67 D. Mokam, 2005, « Les peuples trait-d'union et l'intégration en Afrique centrale : cas des Moundang et les Gbaya », in NgaoundéréAnthropos, pp 5-30

    68 Source : UNHCR 2012

    69 Voir les annexes

    56

    sont par conséquent les villes les plus concernées, car c'est les deux localités où le ralentissement dans le secteur économique s'observe le plus.

    Dans l'arrondissement de Ngaoui, il existe un marché international de bétail. C'est partant du Soudan, du Tchad, et de la RCA que viennent les nomades pour vendre leur bétail à Ngaoui. La journée de samedi qui représente le jour du marché de Ngaoui, l'on observe des milliers de bêtes sur le lieu de marché. Cette activité commerciale fait bénéficier une multitude de personnes. Selon le maire de la commune de Ngaoui le « marché de bétail est l'activité principale dont la commune de Ngaoui tire les plus grosses de ses ressource ». Sur le marché de Ngaoui, la commune prélève pour une vache vendue une somme de 200 F CFA. Le poste de Douane installé à Ngaoui, perçoit une somme de cinq cent mille (500 000) à un million (1 000 000) de F CFA toutes les fois que le marché a lieu. Les activités des démarcheurs vulgairement appelées le « sakaïna » fournissent d'énormes richesses aux acteurs. La fermeture des frontières dans cette localité a donc paralysé le secteur économique dans sa quasi-totalité70.

    Vu sous cet angle, l'économie camerounaise régresse lorsque la RCA est en crise. Il est certes reconnu que, lorsqu'il y a casse, la construction succède. Et c'est au Cameroun que les Centrafricains achètent les matériels de construction. La société CIMENCAM qui dispose d'un magasin à Garoua Boulai, livre l'essentiel des matériaux de construction en RCA. Or, pendant les périodes de crises les activités de cette société en direction de ce pays sont nettement stoppées71. Cette situation fauche les contribuables à s'acquitter de leurs taxes communaux. La vie économique à Garoua Boulai est relative à celle de la Centrafrique comme affirme Mohamadou AwalAssana « quand la RCA bouge Garoua Boulai aussi bouge ». Il est aussi important de noter que pendant ces périodes de troubles, c'est dans ces trois villes que les Centrafricains se ravitaillent le plus. Ce qui a tout de même un impact sur le coût de vie.

    b-La surenchère des prix sur les marchés

    Dans les villes de Gaoua Boulai, Ngaoui et Bertoua entre autre s'est installée la surenchère des produits de première nécessité contrairement aux villes du pays. En effet, un produit à l'instar du manioc qui était généralement moins coûteux à Ngaoui qu'à Garoua Boulai est devenu plus onéreux. La cuvette qui, autrefois était vendu à la somme

    70À Ngaoui, l'activité principale est l'élevage. L'agriculture est peu pratiquée à cause de l'existence de nombreuses bêtes en divagation qui détruisent les champs au fur et à mesure qu'ils sont cultivés.

    71 Entretien avec Bilé Ernest le 27 juillet 2014 à Garoua Boulai.

    57

    de mille cinq cent (1 500) F CFA est montée à la somme de trois mille (3 000) F CFA, le loyer quant à lui est passé de deux mille cinq (2 500) à cinq mille (5 000) F CFA pour les chambres les plus démunies. Cette hausse des prix se justifie par la rareté des denrées sur les marchés. L'augmentation de la population a dégénéré des crises alimentaires. Dans la commune de Ngaoui par exemple, les populations sont obligées d'importer le manioc. Ici, il faut préciser que les maniocs qui sont consommés dans cette localité proviennent de la RCA. Voilà pourquoi cette denrée alimentaire a rapidement connu une hausse de prix car ce sont les commerçants centrafricains qui dictent leur prix.

    c-Les opportunités commerciales, agricoles et pastorales

    Les troubles politiques et les exactions sur les populations en République Centrafricaine ont eu un impact économique effectif sur le territoire camerounais en général, mais dans ces villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui en particulier. Ces conflits centrafricains peuvent avoir selon les cas les impacts positifs et négatifs. Ils offrent à ces trois villes des opportunités économiques non négligeables.

    -Dans le secteur agricole et pastoral

    L'instabilité politique qui règne en RCA est un phénomène ancien. Ce sont des réalités inhérentes à la nature de ce pays de l'Afrique centrale. P. Kalk72 soulignait déjà que les différents peuples que l'on retrouve dans ce pays sont essentiellement guerriers. L'arbitraire colonial a été également le plus difficile et le plus sanglant dans ce pays. La lutte contre les travaux forcés et l'insurrection karnou connue sous l'appellation « guerre du Kongo wara ». Ce passé conflictuel et violent de la RCA aura des conséquences sur la scène politique de ce pays même après son accession à l'indépendance. Ainsi, les populations face à l'instabilité et à ces difficultés aussi permanentes vont développer la culture de migration extra-étatique.

    L'arrivée massive des Centrafricains et leur installation dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua a permis à la population locale de ces trois localités de réaliser de grosses affaires dans le domaine agricole et pastoral.

    En effet, les Centrafricains qui ont fui les répressions politiques en Centrafrique ont longtemps servi de main-d'oeuvre dans tous les secteurs d'activité à Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. Leur main-d'oeuvre bon marché a permis à certains locaux d'augmenter les dimensions de leurs plantations. C'est par exemple le cas d'Ebang Oyono Mbia à Bertoua qui est passé de dix 10 hectares à 25 hectares de plantation de cacao. À Ngaoui,

    72P.Kalck, 1974, L'histoire de la République centrafricaine des origines préhistoriques à nos jours, Levrault, Paris, p. 35.

    58

    les propriétaires de bétail ont recruté plusieurs nomades Bororo qui sont de nature des éleveurs pour le pâturage de leurs bétails.

    -Dans le secteur commercial

    Comme disait J-L. Dogmo73, la mobilité spatiale des hommes constitue un phénomène important dans la vie économique d'un pays. La présence des refugiés centrafricains, surtout celle des refugiés des années 2013, a apporté de nombreuses opportunités au secteur commercial dans les villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. En effet, les réfugiés qui arrivent de la Centrafrique sont à majorité des musulmans74 qui se sont convertis en commerçants. Les communes sont alors plus épaulées dans la mesure où ces commerçants payent des taxes. Selon le maire de la commune de Ngaoui, le fait pour les réfugiés centrafricains de vendre désormais leurs bétails sur le marché de Ngaoui et ceux qui se sont convertis en de simple commerçants est bénéfique pour sa commune dans la mesure où ceux-ci payent les impôts et les autres taxes. Il affirme d'ailleurs que « ces contributions des opérateurs économiques centrafricains constituent des entrées financières non négligeables pour la mairie de Ngaoui »75 Ces actions des réfugiés reconvertis en faveur des mairies n'est pas l'apanage de la localité de Ngaoui, mais c'est une réalité observée dans les communes de Garoua Boulai et Bertoua.

    D'autre part, comme le souligne Pkao Raymond « les réfugiés ont toujours été un peuple démunis qui n'a rien et qui est à la conquête de meilleures conditions de vie »76. Cette situation de misère a poussé les réfugiés centrafricains à développer des petites activités dans nos trois localités d'étude afin d'assurer leur survie. Ils se sont distingués par la diversité de leurs secteurs d'activité. Bien plus ces centrafricains refugiés ont constitué une main d'oeuvre importante ce qui a favorisé l'économie de nos trois communes.

    Dans le secteur des transports interurbains, ces réfugiés ont également constitué une clientèle importante non négligeable. Dans les communes de Ngaoui, Garoua Bouali et Bertoua on enregistrait déjà en 2012 plus de 140 00077réfugiés centrafricains. Cette situation devait impacter sur le volume et le rythme des transports interurbains, car ces réfugiés centrafricains qui arrivent généralement au Cameroun ont toujours tendance à se

    73 J.L. Dogmo, 1997, « Les migrations internationales en Afrique centrale », Annales de la FALSH, Université de Ngaoundéré, vol II, 1997, pp 5-23.

    74 Le conflit qui a eu lieu en 2013 en RCA est un conflit qui oppose les musulmans et les chrétiens. Cette guerre interreligieuse est dominée par les chrétiens. Ces derniers exercent alors des exactions sur les musulmans, pour ces raisons, les fidèles musulmans sont obligés de quitter le pays pour chercher refuge ailleurs.

    75 Entretien avec Abdouraman Labi le 17 juillet 2014 à Ngaoui. 76Pkao Raymond entretien réalisé à Garoua Boulai le 24 juin 2014 77 Source : HCR 2012

    59

    déplacer vers l'hinterland 78 . Seulement, l'observation attentive et sérieuse des conséquences des conflits centrafricains dans les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui présentent une facette de la situation. C'est dire certes que ces conséquences s'observent sur les plans politiques et économiques, mais il existe également des conséquences sociales et culturelles.

    B-Les conséquences sociales et culturelles des conflits centrafricains a Garoua Boulai, Bertouaet Ngaoui

    Les conflits en République centrafricaine n'ont pas que des conséquences politiques et économiques. A côté de celles-ci, ils présentent également des conséquences sur les plans social et culturel. Les crises politiques en RCA ont souvent conduit ce pays à des guerres ouvertes dont les conséquences franchissent les frontières camerounaises. La permanence de cette situation a souvent impacté sur la vie sociale et culturelle des Camerounais. Il est question dans cette partie de scruter les conséquences sociales et culturelles des crises politiques qui déchirent la République Centrafricaine dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui.

    1-Les conséquences sociales des conflits centrafricains à Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui

    La RCA et le Cameroun partagent 17 000 km de frontière. Cette bande frontalière, n'est pas parfaitement maîtrisée par les autorités camerounaises. En effet, l'Etat camerounais n'a pas un contrôle total de sa frontière orientale 79 . La République Centrafricaine est un « pays fantôme »80, depuis l'aube de l'indépendance, elle est devenue le foyer des crises et d'instabilité politique. La porosité des frontières qui sépare ces deux pays a favorisé les conséquences des crises centrafricaines en terre camerounaise. Toutefois, elles s'observent sur le plan social. Il est question dans cette partie de faire un état des lieux des conséquences sociales des crises centrafricaine dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui.

    78 On retrouve à Yaoundé, Douala, Bamenda et plusieurs autres villes du Cameroun les réfugiés centrafricains, certes ceux-ci pour se déplacer ont utilisé les moyens de transport.

    79NjimambouéAliou, 2009, « Les enjeux stratégiques de la frontière orientale du Cameroun (1960-2008), Mémoire de DEA, Université de Ngaoundéré, p. 49.

    80Rapport Afrique de Crisis Group p. 3

    60

    a-Un boom démographique

    Cette longue frontière qui sépare le Cameroun et la RCA, sépare aussi les mêmes peuples qui se côtoient mutuellement 81 . Depuis plusieurs décennies déjà, de nombreux centrafricains obligés de quitter leur pays ont opté le Cameroun comme destination de refuge. Ces mouvements migratoires, en fonction de l'importance du flux de personnes, ont généré des typologies de réfugiés différentes. On distingue alors des flux mineurs qui s'opèrent de 1966 à 2001 et les flux importants qui ont lieu depuis 2001 pour se poursuivre jusqu'en 2013. L'arrivée massive de ces peuples a provoqué une augmentation considérable de la population dans nos trois localités d'étude. Selon les analyses du HCR, la population des villes de Garoua Boulai et Ngaoui seront à majorité des centrafricains si la vitesse des migrations va au rythme actuel jusqu'en 2015. C'est le cas déjà à Gado Badjeré, village où on note une majorité de la population refugiée sur la population locale. En effet, 15 000 réfugiés ont intégré le village de nouveau sur une population locale d'environ 5 000 personnes82. Au fil des ans, le nombre des refugiés centrafricains grimpe dans ces trois localités du Cameroun. Plusieurs d'entre eux contestent leur éventuel retour lorsqu'ils sont interrogés. Le flux de refugiés prima faciès n'a donc pas cessé d'augmenter depuis les années 1966. Les six recensements faits par le HCR depuis 2006 présentent en effet de chiffre plus en plus important.

    Tableau 4 : Évolution du nombre de réfugiés centrafricains prima faciès au Cameroun de 2007 à 2013

    Années

    Total

    2007

    45500

    2008

    63000

    2009

    72000

    2010

    82000

    2011

    102000

    2012

    140000

    Source : Rapport HCR 2012.

    Ce tableau nous renseigne sur l'évolution du nombre de réfugiés centrafricains prima faciès au Cameroun. On se rend compte effectivement que l'effectif des refugiés

    81 D. Mokam, 2000, pp. 5-32.

    82 Entretien avec Yaffo Ndoe Esther le 25 juin 2014 à Garoua Bouali.

    61

    centrafricains prima faciès n'a cessé d'évoluer. Cette évolution se justifie d'abord par le nouveau recensement qui a pris en compte les anciens refugiés qui n'étaient pas enregistré, ensuite l'arrivée massive des nouveaux réfugiés.

    À partir de 2013, à la faveur de la situation d'instabilité sociopolitique dans laquelle est plongé le pays, les réfugiés centrafricains sont de plus en plus nombreux dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua. Il ressort alors de tout ceci que la présence des Centrafricains en terre camerounaise reste valable pour ces derniers dans la mesure où c'est un peuple qui cherche refuge. Mais il n'en demeure pas moins que cette présence cause aussi d'énormes problèmes pour les populations locales.

    b-Sur plan Sanitaire

    Ici, il faut noter que les réfugiés qui viennent de la RCA ne sont pas vaccinés, ils arrivent cependant avec des maladies épidémiques et contaminent de nombreux Camerounais qui vivent dans leur lieu d'accueil83. C'est le cas de la population de Ngaoui qui a connu durant presque tout le mois de mai de l'année 1999, l'épidémie de la rougeole. Selon les analyses des Médecins Sans Frontières, organisme spécialisé partenaire classique du HCR, les causes de cette maladie seraient venues depuis la RCA. Il serait, certainement les réfugiés centrafricaines qui l'ont transporté depuis le territoire centrafricain jusqu'à Ngaoui. Pour éviter l'augmentation du taux de contamination dans cette localité et son évolution dans l'hinterland du pays en commençant par Djohong qui est la ville voisine, les médecins de cet organisme international ont logé de manière stratégique ces réfugiés dans une zone de surveillance jusqu'au moment où cette maladie a été éradiquée84.

    Dans la ville de Garoua Boulai, les réfugiés sont logés au quartier Doforo en face du bureau de pesage routier. Ici, à cause du nombre élevé des réfugiés, la commune et les autorités administratives ont jugés nécessaire de les logé à l'air libre. Sauf quelques-uns parmi eux ont obtenus du HCR quelques tantes sous lesquelles ils se protègent contre les pluies et le soleil. De manière générale, la situation est déplorable pour les réfugiés centrafricains qui habitent le site de Garoua Boulai centre. La photo ci-dessous présente l'état des lieux des cases des réfugiés centrafricains dans la ville de Garoua Boulai.

    83 Source : Rapport HCR 2012.

    84 Entretien avec NgonoEric Jean Bosco à Ngaoui le 15 juillet 2014.

    62

    Photo 6: Site des réfugiés centrafricains de Garoua Boulai construit en 2012

    (c) : Gambo, Réalisé le 24 juin 2014 à Garoua Boulai

    La Photo 6 présente la vue extérieure du site des refugiés centrafricains basé au centre de la ville de Garoua Boulai. Le site met en exergue l'emplacement et les matériels de construction des cases. En effet, comme nous l'avons souligné si haut, seuls quelques refugiés ont pu bénéficier des tantes offerts par le HCR. Les restes de ces populations vulnérables font le plus souvent usage des matériels locaux qu'ils implantent au sol et à partir de simple plastique ils s'en servent pour les couvrir en guise de toiture. Cette situation tutoie la nouvelle loi camerounaise qui porte sur l'interdiction de l'usage des matières plastiques non biodégradables.

    Cette photo nous renseigne également sur la superficie du site de ce camp. En effet, à partir de cette image, l'on peut avoir une estimation sur le flux des refugiés présents dans ce site.

    L'absence des infrastructures de base telles que les maisons, les bornes fontaines et les latrines comme nous le constatons ci haut (photo 6), a favorisé la fluctuation et la persistance des maladies diarrhéiques et épidémiques. La photo ci-après présente l'exemple du comportement des réfugiés lorsqu'il faut faire les selles.

    63

    Photo 7: Lieu de soulagement des réfugiés centrafricains.

    (c)Gambo, Réalisé le 24 juin 2014 à Garoua Boulai

    La photo 7 présente un enfant réfugié qui fait les selles tout juste derrière le site des refugiés de Garoua Bouali. En effet, les sites des réfugiés souffrent de l'absence des latrines. Les usagers de ces points de santé faute de l'absence de latrines ou de leur vétusté se soulagent à l'air libre. Cette situation n'est pas propice à la bonne santé dans la mesure où les airs de santé ont souvent été les centres propagateurs des maladies. En saison pluvieuse, ces matières fécales sont les plus souvent drainées dans les sources d'eau par le phénomène de l'érosion fluviale et l'utilisation de cette eau par la population locale favorise le risque de contamination.

    En ce qui concerne les IST/SIDA, il faut noter que le taux d'infection est moins élevé. En effet, les réfugiés qui fuient les balles de la Centrafrique sont à majorité les Peuls. Ainsi, le phénomène de vagabondage sexuel est étranger à leur habitude. Cependant, il n'en demeure pas moins que parmi ces réfugiés figurent bien aussi des peuples non Peuls. Il s'agit par exemple des Pana, Souma-Kaba, Yakoma, Gbaya etc. Ceux-ci par contre, sont par habitude des immoraux sexuels. Dès leur arrivés, ces réfugiés surtout les femmes se sont livrées à la prostitution pour assurer leur survie. La conséquence ne s'est pas faite attendre, ils sont d'avantage infectés et sont devenus des vectrices de propagation des IST/SIDA. Ces actions des réfugiés qui sont défavorables au plan sanitaire, n'est pas

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    l'apanage de la localité de Garoua Bouali, mais c'est une réalité observée dans les communes de Ngaoui et Bertoua. Nos enquêtes dans ces trois localités confirment notre analyse.

    c-Dans le secteur éducatif

    En ce qui concerne l'éducation, il est convenable de mentionner que les Centrafricains qui quittent leur pays pour le Cameroun, viennent avec leurs enfants. De ce fait, leur éducation cause un véritable problème. Les infrastructures scolaires octroyées pour une ville ou un village par l'État camerounais tiennent lieu du taux de la population. Ainsi, les salles de classe construites et les enseignants affectés dans une localité sont faits en fonction du taux de la population. Dans les villes de Ngaoui, Bertoua et Garoua Boulai, la répartition des salles de classe et les affectations des enseignants faits par les délégations régionales des enseignements secondaires et de l'éducation de base de l'Adamaoua et de l'Est ont tenu compte de ce principe. Cependant, l'arrivée brusque des refugiés centrafricains va bouleverser l'ordre établi. Les proviseurs des lycées, les directeurs des collèges et écoles primaires vont enregistrer dans leurs différents établissements des effectifs pléthoriques. La conséquence ne se fera pas attendre, les élèves vont rapidement se décourager et abandonner l'école au profit de l'agriculture, le taux d'échec est de plus en plus grandissant, les enseignants affectés vont abandonner le travail et retourner en ville, certains parents vont préférer envoyer leurs enfants en ville à la recherche des meilleures conditions de l'éducation d'où l'exode rural. C'est le cas de l'école primaire de Groupe I de Garoua Boulai. En effet, le directeur de cet établissement a vu l'effectif de ses élèves doublé avant la fin de l'année scolaire 2012-2013. Pour gérer ce problème, celui-ci a fini par instaurer la méthode de mi-temps. En principe cette méthode consiste à consacrer une partie de la journée c'est-à-dire la tranche horaire qui va de 7h-30 à 12h 00 à la moitié de l'effectif total des élèves. L'autre moitié quant à elle, reprend alors de 12h 30 à 17h 30. Selon Abono Djeuma Vincent, ce problème n'a qu'été résolu en partie car il fait toujours face à une manque criarde des enseignants pour la pratique de cette méthode ensuite, l'arrivée constante et massive des nouveaux réfugiés enfants ne cesse de s'observer du jour au lendemain ce qui gonfle d'avantage l'effectif. Cette situation ne se vit pas seulement à Garoua Boulai mais aussi dans l'arrondissement de Ngaoui.

    Si dans les villes de Garoua Boulai et Ngaoui, la présence des réfugiés a provoqué des problèmes de surnombre des élèves et le départ des enseignants, à Bertoua l'accent est beaucoup plus mis sur le manque des salles de classe. Ici il faut noter que la ville de

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    Bertoua est le chef-lieu de la région de l'Est, les enseignants qui fuient les zones campagnes se retrouvent à majorité dans cette ville. Selon Abono Djeuma Vincent, Directeur d'école primaire à Garoua Boulai, les femmes des hauts cadres qui sont de profession enseignantes sont difficilement affectées dans les zones campagnes faute de les éloigner de leurs époux. Pour certaines personnes, c'est une question de meilleures conditions de vie et de la recherche du luxe. Tout ceci donne naissance à une concentration des enseignants dans cette ville. Le problème revient alors aux infrastructures scolaires. La ville de Bertoua possède avant tout une population jeune qui doit absolument s'instruire, l'arrivée des réfugiés centrafricains a d'avantage augmenté l'effectif des jeunes à éduquer. Les salles de classe sont alors devenues insuffisants pour contenir toutes ces personnes. Malgré quelques actions de la commune et du HCR, réalisées dans le secteur éducatif pour négliger le problème, le problème reste à moitié résolu. Bref, l'instabilité politique en RCA a provoqué le départ de plusieurs centrafricains de part et d'autres. Ainsi, leur présence dans nos trois villes d'étude a modifié l'ordre établi dans le secteur éducatif. De manière générale, la perception du statut des réfugiés a toujours été mauvaise dans la mesure où ceux-ci sont un peuple démunis, étrangers et qui ont toujours les bras tendus pour demander. Cependant, dans le cas de ces trois villes, l'afflux de ces réfugiés s'accompagne des conséquences tant positives que négatives.

    d-Les opportunités nées des crises centrafricaines

    L'an 2005 marque la date où l'effectif des refugiés centrafricains devient important dans les villes de Bertoua, Ngaoui et Garoua Boulai. Pays signataire des différentes conventions relatives aux refugiés, le Cameroun doit supporter le poids de la présence des refugiés centrafricains en quête de la protection. C'est dans ce même ordre d'idée que le HCR et plusieurs membres de gestion des réfugiés se sont rendus dans ces trois villes pour venir au secours à ces personnes en difficulté. Cette initiative a été bénéfique dans plusieurs domaines. En effet, le premier avantage qu'on peut souligner est celui de l'investissement des organismes humanitaires internationaux. Dans ces trois villes qui constituent nos trois zones d'étude, on note des infrastructures scolaires telles que les salles de classe qui ont été construites et les bornes fontaines qui ont été également aménagées. Ces investissements destinés aux réfugiés servent aussi aux populations autochtones. C'est le cas lors de la distribution des vivres aux réfugiés, une partie est aussi offerte à la population locale.

    66

    Dans le secteur sanitaire, on note un appui aux centres de santé locaux. Ces organismes, à côté de la construction et de la réhabilitation des centres de santé dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua construisent également les blocs de latrines et des incinérateurs pour minimiser les risques de contacter les maladies.

    2-Les conséquences culturelles des crises centrafricaines à Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui

    A cause de leur contigüité, l'instabilité politiques et les exactions sur les

    populations en République Centrafricaine ont eut un impact culturel très certain sur le territoire camerounais, mais dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui en particulier. Il est ainsi question dans cette partie de faire un état des lieux des conséquences culturelles des crises centrafricaines dans ces trois villes qui constituent le champ de notre étude.

    a-Difficultés de prise en charge

    Les personnes qui migrent de la Centrafrique pour le Cameroun sont à majorité des

    peuls. Toutefois, il faut noter que ce groupe ethnique n'a pas souvent attaché une grande importance à l'école. Ceux-ci ont souvent privilégié dès leur bas âge des écoles coraniques par rapport aux écoles occidentales. Les acteurs de gestion des conséquences des crises centrafricaines dans les localités de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui ont toujours fais face aux coutumes de ces réfugiés dont la majorité est constituée des Bororo. En effet, ces peuples nomades et apatrides ont des traditions propres à eux qui, en réalité ne cadrent pas toujours avec les programmes humanitaires. Ces coutumes, conviennent mieux aux peuples sédentarisés. C'est le cas par exemple des Bororo qui de tradition nomade, pratiquent constamment la transhumance. Ces déplacements ne concernent malheureusement pas que les hommes mais toute la famille. Ce mode de vie impacte alors sur l'éducation des enfants85 dans la mesure où ces derniers abandonnent leur étude. On note également un abandon des infrastructures qui ont été octroyées en leur faveur. C'est le cas des deux salles de classe qui ont été construites par le HCR dans le village Mbonga dans la commune de Garoua Boulai qui est aujourd'hui abandonnées pour manque des élèves.

    Toujours en matière éducatif, il faut noter que la religion musulmane est un frein pour l'éducation de la jeune fille86. Les parents de la jeune fille musulmane ont souvent préféré la non scolarisation de leur enfant en vue de garantir sa virginité pour un mariage

    85 J-C. Aoudou, 2010, « Les événements socio-naturels et la scolarisation des enfants réfugiés », Mémoire de CAPIEM, ENIEG de Batouri, p. 35

    86 J-C. Aoudou, 2010.

    67

    heureux87. Selon El Hadj Hamissou, le fait pour la jeune fille d'aller à l'école va provoquer en elle le conformisme à la vie moderne et du coup, elle va perdre ses habitudes traditionnelles88.

    Une autre difficulté est également celle de l'augmentation du taux de mortalité. En effet, comme nous l'avons souligné si haut les réfugiés qui viennent de la RCA sont à majorité les Bororo et nombreux d'entre eux n'ont pas intégré les sites des réfugiés. Ces peuples qui fuient la guerre en Centrafrique arrivent au Cameroun le plus souvent avec des maladies de nature diverse. Ainsi dès leur installation dans nos trois localités d'étude, ils refusent de se faire soigner auprès des hôpitaux et des organismes internationaux s'occupant de la santé des réfugiés. Ce comportement est dû au fait que, ces peuples attachent plus de confiance à leurs gris-gris et guérisseurs traditionnels qu'au traitement des hôpitaux89. Selon les responsables des Médecins Sans Frontières (MSF) dans le département de Ngaoui, C'est dès lors que les cas sont les plus graves et dont les féticheurs n'ont plus des solutions appropriées que ces réfugiés prennent le chemin de l'hôpital90. La conséquence est fatalement la mort sauf dans les cas exceptionnels où certains parmi eux parviennent à survivre. En bref, la prise en charge des refugiés centrafricains dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua rencontre des difficultés. Ces difficultés proviennent des traditions des réfugiés qui, volontairement ou non, sont un frein à leur propre prise en charge.

    b-De la cohabitation à la coexistence

    Qualifié de « pays fantôme »91, la République Centrafricaine a toujours été socle d'instabilité politique. Les coups d'Etat perpétrés dans ce pays ont donné naissance à des groupes de rébellion qui, à leur tour ont exercé sur les peuples, de graves exactions et des atrocités signifiantes. Ces actes insupportables ont provoqué le départ massif des Centrafricains vers le Cameroun. À cause de la proximité, ces réfugiés ont choisi les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua comme lieu de leur installation par excellence. Certes, leur migration parait importante dans la mesure où c'est un peuple qui fui la hache de guerre. Cependant, leur présence dans ces trois localités a eu un impact négatif sur le plan culturel.

    87Ibid

    88 Entretien avec El Hadj Hamissou le 27 juin 2014 à Garoua Boulai.

    89 Entretien avec Hamaselbe Paul le 3 juillet 2014 à Ngaoui

    90 Entretien avec Paul Djoumessi Arnold le 5 juillet 2014 à Meiganga

    91 Rapport Afrique de Crisis group, N° 136, « République Centrafricaine anatomie d'un Etat fantôme»

    68

    Les conflits qui minent la Centrafrique depuis les décennies sont de nature diverses. On note entre autres des crises politiques, des crises interethniques, des crises frontalières et des crises interreligieuses92. De manière générale, il faut relever que tous ces conflits qui se sont perpétrés dans ce pays ont eu un impact non négligeable au Cameroun. Dans le cadre de la dernière crise par exemple, l'on a assisté à un conflit religieux. En effet, la troisième guerre civile centrafricaine est un conflit intercommunautaire93 apparu au cours de l'année 2013 en République Centrafricaine. Elle a opposé notamment les milices de la « séléka », à majorité musulmane et fidèle au président Michel Djotodia, à des groupes d'auto-défense chrétiens, soutenus par des anciens militaires des forces armées centrafricaines fidèles à l'ancien président François Bozizé94. Le conflit se caractérise par de nombreuses exactions contre les civils, musulmans ou chrétiens. Cette situation qui a débouché sur une crise humanitaire importante, aggravé par le chaos sécuritaire s'est vue déportée dans les localités de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua au Cameroun. Après les vives atrocités des « séleka »sur les chrétiens, c'est les « anti-Balaka » qui prendront le contrôle. Pour se venger, les rebelles « anti-Balaka » vont commettre des massacres et exercer des exactions contre les civils musulmans. Ces fidèles musulmans arrêtés, sont tués ensuite mangés cru. D'autres par contre, ont été soumis à la torture et brûlés au feu95. Tous ces actes inhumains causés par l'un comme l'autre groupe rebelle « anti-Balaka » et « séléka ») sur les civils vont provoquer un léger divorce entre ces deux religions dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    En effet, les réponses obtenues aux interrogations adressées aux réfugiés musulmans et chrétiens venus depuis la RCA, nous laisse croire que la guerre qui se déroule en Centrafrique est selon eux, une guerre intercommunautaire comprise à l'échelle internationale96. Cette haine qui existe entre ces deux peuples en Centrafrique s'est alors déportée en territoire camerounais et a contaminé leurs différents frères qui constituent la population locale. Cependant, si dans les villes de Ngaoui et Bertoua cette situation semble être moins visible, à Garoua Boulai c'est un vécu quotidien qui risque peut-être dégénérer un conflit de même nature que celui de la Centrafrique. Déjà dans la journée du 17 novembre 2013, un conflit de ce genre est né entre les chrétiens et les musulmans au sujet d'un forage. En effet, ce forage public situé au marché central est géré par un chrétien,

    92 Rapport Afrique de Qestions internationales, N° 11 janvier-février 2005, « Les conflits en Afrique »

    93 Rapport Afrique de Qestions internationales, N° 15 novembre-décembre 2013, « L'ONU à l'épreuve »

    94 Entretien avec Poutia Madeleine le 5 juillet 2014 à Ngaoui.

    95 Entratien avec Hamadjida Ibrahima le 17 juillet 2014 à Ngaoui.

    96 Les réfugiés centrafricains qui ont fui la guerre dans pays croyaient que cette guerre qui se vit en RCA était une guerre que se déroulait aussi au Cameroun.

    69

    cependant les fideles musulmans mécontents, estimaient que l'accès à l'eau était plus favorable aux chrétiens. Ainsi ce jour, c'était alors la goutte d'eau qui a débordé la vase. De violents affrontements sont nés entre ces peuples. Heureusement le sous-préfet, les forces de l'ordre et les chefs traditionnels ont su tenir le taureau par les cornes et le conflit n'a pu durer de longues heures97.

    À l'échelle internationale, les massacres commis contre les civils musulmans en République Centrafricaine ont provoqué également des réactions de la part des « djiadiste ». Dans un communiqué publié le 14 février, le groupe armée « Boko Haram » promet de venger le sang des musulmans massacrés en Centrafrique. Le 20, le mouvement armé Révolution et Justice prétend d'ailleurs avoir capturé deux hommes de « Boko Haram » Sido, au nord du pays98. Le mouvement « salafiste » déclare également aux dirigeants français : « Vos crimes ne resteront pas impunis, la guerre entre vous et nous se poursuit ». Le 22 février, les Talibans afghans publient également un communiqué dans lequel ils dénoncent un « génocide de musulmans » commis par des « bandits chrétiens criminels »99. Tout ceci a eu un impact dans la vie culturelle des peuples de ces trois villes dans la mesure où apparait un divorce entre les deux civilisations. Ces deux peuples qui auparavant cohabitaient ensemble, se retrouvent désormais entrain de coexister.

    En définitive, il était question dans ce chapitre de faire une présentation des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. De ce qui précède, il ressort que l'étude historique nous a permis de jeter un regard rétrospectif particulièrement sur les trois communes de la zone de notre étude et de se faire une idée sur les dates et les contextes de leur création. Elle nous a également permis de comprendre les forces et faiblesses de chacune d'entre elles d'une part et l'organisation et le fonctionnement de la structure communale d'autre part.

    La deuxième partie de ce chapitre était consacrée à l'étude des conséquences politiques, économiques, sociales et culturelles des conflits centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. Mieux, il s'agissait de faire un état des lieux des conséquences des conflits centrafricains dans ces trois villes camerounaises. De ce qui précède, force est de constater que les conflits en Centrafrique dans leur dynamique ont eu d'impact direct sur la vie politique, économique, sociale et culturelle dans les villes de

    97 Entretient avec Pkao Raymond à Garoua Boulai le 24 juin 2014.

    98 http://fr.wikipedia.org/wiki/Trois%/C3%A8me_gruerre_civile_centrafrinainecité_note-66

    99 http://fr.wikipedia.org/wiki/Trois%/C3%A8me_gruerre_civile_centrafrinainecité_note-67

    70

    Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. La première raison qui justifie la fluidité et l'impact de ces conflits réside dans le fait le Cameroun et la RCA sont contigus et partage une longue frontière terrestre. Ainsi, c'est bande frontalière que sont situées les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua.

    Aussi, Ngaoui du côté de l'Adamaoua et Garoua Boulai et Bertoua du côté de l'Est sont plus rapprochés des théâtres des affrontements et des exactions des rebelles, des coupeurs de route vulgairement appelés « Zarguina » et des preneurs d'otage en Centrafrique, ces villes ont à leur sein les mêmes populations que l'on retrouve du côté de la Centrafrique. La présence des refugiés centrafricains dans ces trois villes camerounaises a ainsi eu de l'impact négatif mais aussi des désavantages.

    Du point de vue positif, il est convenable de souligner que les réfugiés installés dans ces trois villes camerounaises n'ont pas seulement bénéficié d'une stratégie endogène de la prise en charge. Toutefois, il faut préciser que ces réfugiés ont bénéficié aussi d'une prise en charge exogène. C'est dans cette mesure que les organismes humanitaires ont réalisé dans ces trois villes des infrastructures réfugiés qui font aussi bénéficier les populations locales. La présence de ces réfugiés centrafricains a aussi offert un rapprochement entre les deux populations voisines par le biais d'une coopération par le bas et une contribution à la lutte contre le chômage à travers la création de plusieurs emplois des organismes humanitaires.

    Du point de vue négatif, la présence des réfugiés a également dégénéré dans ces trois villes des avantages. Sur le plan politique et social, ces réfugiés ont souvent été utilisés lors des échéances électorales. On enregistre aussi une insécurité grandissante, une pluralité des conflits, des cas de vole de toute nature, des agressions multiples, des maladies diarrhéiques, épidémiques et pandémiques et un taux de mortalité de plus en plus croissant. Du point de vue culturel et économique, on note un ralentissement des activités économiques dû à la fermeture des frontières et une rupture de cohabitation entre les populations locales et les réfugiés.

    71

    CHAPITRE II : LES ACTIONS POLITIQUES ET

    ECONOMIQUES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    La fin de la guerre froide s'est traduite par un foisonnement de conflits à caractère intra-étatique dans le monde en général et en Afrique en particulier1. Par contre, après les indépendances, nombre des pays africains ont connu des conflits internes. Dans ce continent, les Etats au rang desquels le Tchad, la Somalie, le Liberia, la côte d'Ivoire, le Rwanda, la République Centrafricaine pour ne citer que ceux-ci sont détruits par des crises politiques et les guerres opposant les acteurs internes. Au lendemain de son indépendance, la Centrafrique est le théâtre des crises politiques, opposant les acteurs internes et dont les conséquences tutoient ses frontières nationales. Depuis 1966, l'instabilité politique qui règne en République Centrafricaine a eu un impact négatif au Cameroun. Cette situation qui a dégénéré des conséquences aussi douloureuses dans les localités frontalières notamment à Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua a obligé les communes de ces trois villes à réaliser des actions importantes.

    Relais des actions de l'Etat, les communes sont devenues une structure à la base de développement local. Au-delà de l'intercommunalité qui caractérise les communes en général, les communes camerounaises ont des missions régaliennes. Ces missions permanentes consistent à fournir les services de base à ses habitants tels que l'éducation, la santé, les routes, l'électrification, l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement de la ville, la sécurité des populations et la promotion des activités culturelles et sportives2. Par ailleurs, Ilot de paix dans une zone de conflits et de turbulences, le Cameroun est une destination convoitée des réfugiés de la sous région3.C'est sans nul doute conscient de cette réalité que le Cameroun a adopté la Loi N°2005/006 du 27 juillet portant statut des réfugiés au Cameroun qui définit le cadre institutionnel et les modalités de prise en charge des réfugiés au Cameroun.

    C'est dans cette logique que les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui ont pu étendre leur mission en vue de résoudre les problèmes soulevés par les conflits

    1 Hassatou Baldé, 2003, « L'Union Africaine et la prévention des conflits », pp.89-107, in L'Union Africaine face aux enjeux de paix, de sécurité et de Défense, D. Bangoura (dir) Paris, l'Harmattan, Cité par Gbowé Gbowé Simplice, « Les conséquences des crises politiques centrafricaines dans l'Adamaoua et l'Est du Cameroun (1960-2010) », Mémoire de Master II, Université de Ngaoundéré, p 22.

    2 Entretien avec Jean Ondoh le 10 juin 2014 à Bertoua.

    3 A. Koagne Zoupet, 2009, « la mise en oeuvre de la solidarité internationale dans la gestion des catastrophes par le cameroun » Master en Relations Internationales, Option Contentieux internationales, Institut des Rélations Internationales du Cameroun (IRIC), pp 32-38.

    73

    centrafricains. Il est question dans ce chapitre de scruter les actions politiques et économiques des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux conflits centrafricaines.

    I-LES ACTIONS POLITIQUES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    Les crises politiques en RCA ont souvent conduit ce pays à des guerres ouvertes dont les conséquences franchissent les frontières camerounaises. La permanence de cette situation a souvent impacté sur la vie des populations de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. Il est ainsi question dans cette partie de faire ressortir essentiellement les actions politiques des communes de ces trois villes face aux conséquences des crises centrafricaines.

    1-Etablissement des actes de naissance.

    L'article 7 et 8 de la convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant énonce que les enfants ont droit à une identité, à un nom et à une nationalité4. C'est dire que l'acte de naissance est précieux dans la vie d'un citoyen. Il est au centre de la vie scolaire des jeunes écoliers. Ainsi, dans les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui, il s'est avéré que les enfants refugiés qui ont respectivement intégré ces trois localités sont en manque de ce papier précieux. D'autre part, certaines femmes refugiés qui ont fui les coups de fusil en RCA sont entrées avec des grossesses et ont accouché en terre camerounaise. D'autres par contre, ont migré avec toute leur famille et se sont installés depuis des décennies. Ceux-là continuent tout de même à faire des enfants 5 . Ces trois villes frontalières du Cameroun font alors face à une population dont la quasi-totalité est dépourvue de l'acte de naissance. Conscientes de ce fait, les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui ont mesuré tour à tour l'ampleur de la situation, ce qui les a amené à prendre des initiatives visant à atténuer le phénomène. C'est dans cette optique qu'il faut comprendre l'engagement de ces trois communes à procéder à la délivrance des actes de naissance aux enfants réfugiés tel que nous pouvons le constater dans le tableau si dessous.

    4 Convention des Nations Unies aux droits de l'enfant, article 7et 8.

    5 Entretien avec Ndinga Ndokayo Simon le 18 juillet 2014 à Garoua Boulai.

    74

    Tableau 5: Récapitulation du nombre des actes de naissance de 2009 à 2013 dans les communes de Garoua Boulai, Betoua et Ngaoui6.

    Communes

    Nombres d'actes de naissance délivrés

    Garoua Boulai

    2359

    Bertoua

    1828

    Ngaoui

    1497

    TOTAL

    5684

    Source :Registres d'état civil des communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui.

    Le tableau 6 nous présente le nombre total des actes de naissance établis aux refugiés par les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui de 2009 à 2013. Soit un total de 5684 actes de naissances établis par ces trois communes en un record de trois ans. Dans ce tableau, le premier constat qui apparait est que, ces communes figurent dans le tableau en ordre des chiffres des réfugiés. Ainsi, on peut déduire que les villes qui établissent plus des actes de naissance sont aussi les villes qui accueillent plus les réfugiés. Dès lors, l'arrondissement de Garoua Boulai qui accueille plus les réfugiés centrafricains se trouve en tête de liste. Ensuite suivent les communes de Bertoua et de Ngaoui.

    En plus de cette confection des actes de naissance, ces communes procèdent des démarches auprès des tribunaux pour que les jugements supplétifs se passent en toute sérénité et dans un bref délai7. Pour venir en aide aux refugiés centrafricains, les communes de nos trois villes d'étude ont aussi octroyés les terres pour l'installation des réfugiés.

    2-L'octroi des parcelles de terre aux réfugiés centrafricains et aux organismes internationaux de prise en charge par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua

    L'installation spontanée désigne l'installation des refugiés ayant traversé les

    frontières de leur pays d'origine vers les pays les plus proches pour y chercher refuge. Dès leur arrivée au Cameroun, les réfugiés centrafricains ont été accueillis et soutenus par les communes qui les ont installés dans les villages et parfois au sein de la ville. Ce favoritisme vient du fait que les refugiés et les agents communaux sont à majorité des

    6 Registres d'état civil des communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. 7Entretient avec Pkao Raymond le 28 juin 2014 à Garoua Boulai.

    75

    frères et partagent bien des liens culturelles, de fraternité et d'amitié8avec ces réfugiés. Dans la zone de notre étude, l'octroi des terres par les communes pour la gestion des crises centrafricaines s'est fait en deux étapes. D'une part, nous avons l'octroi des terres aux personnes réfugiés elles-mêmes et d'autre part, celui octroyé aux organismes internationaux de la prise en charge des réfugiés.

    a-Octroi des parcelles de terre aux réfugiéscentrafricains par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua

    C'est un secret de polichinelle de signaler la présence ancienne des réfugiés centrafricains au Cameroun. Elle s'accroit au gré du temps et des circonstances9. Or, présents au Cameroun depuis des décennies, c'est à partir de juillet 2007 que les réfugiés centrafricains vont bénéficier de la prise en charge des organismes internationaux10. C'est dire que les Centrafricains au Cameroun avant 2007 ont dû bénéficier d'une prise en charge assurée par les communes. C'est dans cette logique que les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui vont répondre aux appels pressants de la population centrafricaine. Les populations hôtes de ces trois villes offrent de plus en plus des logements réfugiés, mais c'est presque tous les jours qu'on observe toujours dans les rues de ces trois villes des personnes qui passent des nuits à ciel ouvert. D'autres par contre, souffrent de la faim car étrangers de leur état, ces populations centrafricaines n'ont pas des sources de revenues pouvant assurer leur survie. C'est pour pallier à ces problèmes que les communes de ces trois localités vont prêter main forte aux réfugiés centrafricains en leur octroyant des quartiers, des villages et des terres arables pour l'agriculture11.

    La commune de Ngaoui, à travers son plan d'aménagement s'assure que les populations centrafricaines présents dans sa circonscription communale obtiennent des conditions de vie favorables dont elles ont besoin pour leur épanouissement12. Ainsi, le maire a octroyé à ces populations un quartier et des secteurs pour la pratique de l'agriculture comme nous pouvons le constater dans la photo ci-dessous.

    8 Il y'a pas de loi qui autorise les communes à prendre charge des refugiés. Leurs actions au regard des refugiés sont surtout fondées sur les liens d'amitié de culture et de fraternité les populations hôtes de la RCA et du Cameroun sont un peuple trait d'union.

    9 Y. Zoctizum, 1983, histoire de la Centrafrique 1879-1959, tome 1, Paris, Harmattan, p 30

    10 Le PAM, le HCR, l'UNICEF se sont intéressé aux réfugiés centrafricains à partir de 2007.

    11 Entretien avec Oumarou Guedala Alipha le 29 juin 2014 à Garoua Boulai.

    12 Entretien avec Abdouraman Labi le 27 juillet 2014 à Ngaoui.

    76

    Photo 8 : Le quartier des réfugiés centrafricains dans la ville de Ngaoui

    (c) : Gambo réalisé le16 juillet à Ngaoui

    La photo 8 nous présente un imposant quartier des réfugiés centrafricains dans la ville de Ngaoui. Situé juste à 3km13 de la République Centrafricaine, ce quartier a été crée par la commune de Ngaoui en 2003 suite à la deuxième importante vague des réfugiés venue lors de l'accession à la magistrature suprême de Bozizé14. Ce quartier sert aussi de lieu de refuge depuis bientôt onze ans aux personnes qui fuient la hache de guerre en RCA. Il représente aussi le secteur des activités commerciales entre les populations centrafricaines et camerounaises. Dans ce quartier, on note aussi la présence des maisons construites en tôle ou en ciment. Ce passage des matériaux provisoires aux matériaux modernes de construction traduit leur installation définitive dans ce quartier.

    Dans la commune de Garoua Boulai, en plus d'un vaste site situé au coeur de la ville, on note également plusieurs autres villages qui ont été crées. En effet, il faut préciser que la création de ces villages a toujours pris en compte les décisions des communes. Pour ce qui est des terres octroyées pour la création des villages voilà comment se présente le modèle architectural.

    13 Dion Essongué Marinette, p 49

    14 Entretien avec Poutia Jean le 19 juillet 2014 à Ngaoui.

    77

    Photo 9 : Le village Tihomo situé à 10km de Garoua Boulai

    (c) : Gambo réalisé 16 juin 2014 à Tihomo

    La photo 9 met en relief l'espace qui a été octroyé aux réfugiés centrafricains en 2013 par la commune de Garoua Boulai. Sur cette image, nous apercevons des bâtiments confortables qui ont été nouvellement construis. Ici, il faut préciser que ces bâtiments sont construits par le concours de plusieurs hommes d'affaire centrafricains ayant fui les atrocités en RCA15. A la différence des plus démunis, cette catégorie des refugiés centrafricains ont un village à part entier baptisé « Tihomo ». Ce nouveau village qui signifie milieu des arbres en Gbaya, porte le nom d'un autre village qui est situé non loin de là. Le baptême de ce village par ce nom est un signe de dépendance. Selon Djaoro koundé, ce nouveau village doit porter le nom de « Tihomo II »16. Cette image met également en exergue les bois entassés sur des échelles à fabrication traditionnelle. En effet, malgré les dommages que cause la destruction de ces arbres, ils servent néanmoins de bois de chauffe aux réfugiés.

    15 Entretien avec Alim Hayatou le 19 juillet 2014 à Tihomo

    16 Entretien avec Djaoro Koundé le 19 juillet 2014 à Tihomo.

    78

    b-Octroi des terres aux organismes internationaux par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    L'augmentation sans cesse croissante du nombre des réfugiés centrafricains sur les territoires de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua17 a attiré l'attention de la communauté internationale sur leur sort. Cette extrême solitude a inévitablement conduit à une sorte d'officialisation ou d'internationalisation de la gestion des conséquences de crises centrafricaines au Cameroun. L'on est alors passé de simple stratégies de suivie à l'élaboration des politiques structurées de la prise en charge des réfugiés centrafricains. Du coup, la méthode change. Les communes vont désormais offrir des sites au HCR plutôt qu'aux réfugiés. Dès leur arrivée dans ces trois villes, les communes sont les premières personnes que les organismes humanitaires contactent. Ainsi, on peut alors comprendre avec Jeannette Ngono que les communes sont les acteurs indispensables pour le bon fonctionnement du HCR18.

    C'est le cas de la commune de Bertoua qui abrite le siège général du HCR. Ce terrain a été octroyé par le concours des communes de Bertoua, du Délégué de gouvernement de Bertoua, du gouverneur de la région de Bertoua et du ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation19.

    17 HCR 2006

    18 Entretien avec Janette Ngono le 12 juin2014 à Bertoua.

    19 Entretien avec Jean Ondoh le 10 juin 2014 à Bertoua.

    79

    Photo 10: Le siège général du HCA à Bertoua (c) : Gambo réalisé 7 juin 2014 à Bertoua

    La photo 10 présente le Siège Général du HCR dans la ville de Bertoua. Cette image met en exergue la superficie qui abrite le site. Selon Jean Paul Konda, ce site est construis sur une superficie de 1800 km2. On observe également des véhicules de marque MERCEDES couverts des bâches de couleur blanche. Sur ces bâches, il est mentionné UNHCR. En effet, ce sont des véhicules de service du HCR qui permettent de transporter les vivres de Bertoua vers les sites des réfugiés tels que Garoua Boulai et Ngaoui. En effet, la construction du site dans cette ville n'est pas fortuite, elle est stratégique. En principe, la ville de Bertoua se trouve dans une région frontalière avec la RCA, la présence du site dans cette localité va faciliter le contrôle et le ravitaillement des autres sites jusque dans la région de l'Adamaoua. Sur le plan sécuritaire, ce site est également protégé contre toute forme d'agression, de vole et de pillage dans la mesure où certains réfugiés qui viennent de la RCA sont munis des armes et sont prêts à tout acte de crime. In abstracto, l'octroi des terres par les communes des villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui est une stratégie globale visant à améliorer les conditions de vie des populations centrafricaines.

    80

    3-La lutte contre l'insécurité

    De nombreuses guerres civiles, des rebellions et des changements des régimes ont jalonné l'histoire de la République Centrafricaine et celle du Tchad. A cause de ces facteurs, et du fait de la crise économique, l'on a assisté à la résurgence de la criminalité transfrontalière et dans certaines villes et campagnes camerounaises 20 .L'instabilité permanente en Centrafrique, a un impact assez négatif pour le Cameroun en général et pour les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en particulier. Cette situation a des conséquences néfastes parmi lesquelles le trafic illégal et la prolifération des ALPC21. De nombreuses populations en provenance de la Centrafrique sont présentes dans notre zone d'étude. Certes, les raisons pour lesquelles ces populations ont quitté leur pays sont multiples, mais, la fuite de la répression ou de la rigidité des régimes politiques, la fuite des balles, les exactions des coupeurs de route et des preneurs d'otages sont des fondamentales22. La pénétration et l'installation des centrafricains dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua revêt un caractère négatif sur le plan sécuritaire. Cependant, la sécurité des populations est un aspect essentiel dans les missions régaliennes de la commune. Ainsi, c'est dans ce sillage que les communes de notre zone d'étude ont pu poser les actions en vue d'assurer la sécurité de ses populations distinctes.

    Outre le volet de l'octroi des terres, la lutte contre l'insécurité telle que les agressions, les assassinats, les voles, les violes les prises d'otage et les bandits de grand chemin constituent une autre préoccupation des communes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua. Cette lutte se traduit par la mise sur pied d'un comité t'autodéfense ou d'un comité de vigilance qui regroupe en son sein des jeunes et des hommes capables d'intervenir en cas d'une attaque. En effet, s'il est vrai que cette commission tarde encore à bien se structurer dans la commune de Bertoua, notons que dans les communes de Garoua Boulai et de Ngaoui c'est un secret de polichinelle de signaler sa présence ancienne23.

    Dans l'arrondissement de Ngaoui, cette commission de lutte contre l'insécurité est assurée par les soldats de la chefferie de Ngaoui. Ces soldats vulgairement appelés « Dogari » en fulfulde travaillent au compte de la commune24. Ceux-ci perçoivent de fortes

    20 Saïbou Issa, 2006, « La prise d'otage aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du banditisme transfrontalier », Polis/RCSP/CPSR, Vol 13, n°1-2, pp119-146.

    21 Ibid.

    22 Entretien avec Poutia Jean le 19 juillet 2014 à Ngaoui.

    23 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juillet 2014.

    24 Ibid.

    81

    sommes d'argent tous les fins de mois en guise de leur salaire25. En 2003 par exemple, les combattants pro-Patassé vaincus par la troupe Bozizé avaient regagnés les confins de Ngaoui avec leurs armes. C'est grâce à ces « Dogari », qu'on a pu les maîtriser26. En outre, ils ont également lutté contre ce groupe de bandits dénommés « Hamagamba » qui sont des experts bandits dans le vole de bétail et des prises d'otage27. Notre visite dans la prison de la chefferie de Ngaoui nous a permis d'observer quelques prisonniers à majorité centrafricains qui attendent leur déferlement à la prison du poste de gendarmerie de Ngaoui. En effet, il faut aussi noter que ces agents communaux de sécurité qu'on rencontre aussi bien dans la commune de Ngaoui que celle de Garoua Boulai travaillent en pleine collaboration avec les forces de l'ordre. Ainsi, en cas d'une moindre situation ceux-ci ne tardent pas d'alerter les forces de maintien de l'ordre.

    Ces actions des communes en matière de sécurité, ont servis servit à la restauration et la stabilité de la paix dans ces différentes villes. Elles ont contribué à mettre un accent sur la sécurité des populations hôtes que celle des réfugiés en renforçant les efforts louables des forces de sécurité qui sont parfois inférieurs en nombre. En gros, un nombre important de centrafricain réside dans les villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. Cette forte présence a favorisé un boom démographique d'où la résurgence de certains problèmes sociaux dont l'insécurité. Dans les villes qui constituent la zone de notre étude, les réfugiés centrafricains sont cibles et acteurs même de l'insécurité. Ce phénomène a pris une proportion importante à partir de 2005. Ainsi compte tenu de l'ampleur du phénomène de l'insécurité, les communes des bortherlands de ces trois localités, pour réprimer le phénomène, ont dû mettre sur pied les comités d'auto-défense.

    En fait, ces comités d'auto-défense crées sous l'impulsion des autorités communales visent à aider les forces de maintien de l'ordre qui sont toujours en nombre insuffisant28 dans ces trois villes afin de maîtriser et minimiser ce fléau. C'est dans ce contexte que Ngaoui et Garoua Boulai, fiefs ou réservoir des réfugiés centrafricains et creuset de l'insécurité urbaine, les différents maires ont respectivement mis sur pied un comité d'auto-défense et un comité de vigilance afin de réduire la recrudescence des vols domestiques et empêcher les actes de vandalisme qui entrainent l'insécurité dans ces villes.

    25 Ibid.

    26 Entretien avec Kanou Emmanuel le 19 juillet 2014 à Ngaoui.

    27 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juillet 2014.

    28 Dans le poste de gendarmerie de Ngaoui on rencontre seulement neuf gendarmes.

    82

    4-Mise sur pied d'un comité interministériel de gestion des réfugiés au Cameroun

    Le comitéinterministériel de gestion des réfugiés au Cameroun29est une initiative des communes victimes des conséquences des conflits centrafricains. Les communes fondatrices de cette commission sont réparties en région. Ainsi, la région de l'Adamaoua regroupe les communes de Meiganga, Djohong et Ngaoui. La région de l'Est quant à elle regroupe les communes de Bertoua, Yokadouma, Mandjou, Ndokayo, et Garoua Boulai. Créée en 2013 par le Ministre de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, ce comité a pour mission de renforcer les compétences des communes des bortherlands camerounais dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines30.

    En effet, l'initiative de la création d'un comité de gestion des réfugiés résulte des difficultés qu'éprouvent les communes frontalières dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines31. Dans toutes les tâches qu'il exécute, l'être humain se retrouve souvent confronté à des difficultés qu'il essaye généralement de transcender. Comme l'on a souvent souligné, la perfection n'est pas du ressort de l'homme. Les actions des communes face aux crises centrafricaines semblent confirmer ces allégations. Dans le cadre de la gestion des conséquences des crises centrafricaines, les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui font face à de multiples difficultés et au final leur mission s'en trouve affectée.

    Parlant des difficultés que présente la gestion des conséquences des crises centrafricaines, le principal obstacle qui épuise les communes est le manque des moyens financiers. En effet, il n'existe pas encore dans les communes camerounaises des fonds alloués ni des lois portant sur la gestion des réfugiés. D'autre part, les conflits centrafricains ne sont généralement pas des faits programmés, ils arrivent le plus souvent de manière brusque et spontané. Dans le cas des trois communes de la zone de notre étude par exemple, les crises centrafricaines ont toujours déclenché après avoir voté les budgets annuels. Cette situation oblige toujours ces trois communes à modifier au cours de l'année leurs programmes budgétaires en faveur des réfugiés32. C'est le cas par exemple de la commune de Ngaoui qui a logé et hébergé 5450 (cinq mille quatre cent cinquante)

    29 Arrêté N° 269 du 13 mars 2014 portant création d'un comité interministériel ad hoc chargé de la gestion des situations d'urgence concernant les réfugiés au Cameroun.

    30 Entretien avec Jean Ondoh le 10 juin 2014 à Garoua Boulai.

    31 Entretien avec Pkao Raymond le 29 juin 2014 à Garoua Boulai.

    32 Entretien avec Pkao Raymond le 29 juin 2014 à Garoua Boulai.

    83

    réfugiés centrafricains pendant deux semaines avant l'arrivée du HCR 33 . Selon Abdouraman Labi maire de la commune de Ngaoui, le total des dépenses est estimé à la somme de cinq millions quatre cent cinquante mille FCFA. Cette situation a amené les trois communes de notre zone d'étude et bien d'autres communes frontalières à revendiquer auprès du MINAT une création d'un comité de gestion des réfugiés.

    En effet, la création de ce comité de gestion des réfugiés vise à épauler les communes victimes des conséquences des conflits centrafricains afin qu'elles puissent s'adapter à la nouvelle donne. A ce niveau, le renforcement des capacités s'avère incontournable pour permettre aux communes de mener les actions efficaces face auxconséquencesdes conflits centrafricains qui surgissent de manière perpétuelle, inopinée et ça et là. Les efforts déployés à cette fin vont apporter en grande partie aux communes des bortherlands en particulier, les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui un financement et un renforcement en personnel, en vue de permettre une bonne élaboration des stratégies de gestion pour cette nouvelle entreprise.

    5-Promotion du dialogue

    Le dialogue reste un domaine important pour les réfugiés centrafricains et les populations locales des villes de Ngaoui, Bertoua et Garoua Boulai. En dépit de quelques relations saines fondées sur les liens culturels et familiaux qui existent entre les populations locales et les réfugiés de ces trois villes, il faut noter que de manière générale, les relations qui nouent ces deux groupes de personne sont dans la quasi-totalité des relations conflictuelles. La présence des centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui est une réalité ancienne34. Comme c'était le cas avec les réfugiés congolais qui entraient en masse dans la ville de Bertoua dans les années 1990, les réfugiés tchadiens qui ont déferlé à Kousseri puis dans le Nord Cameroun entre 1979 et 1982, les réfugiés centrafricains entraient en masse et s'installaient dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. Cette pénétration ne s'est pas faite sans conséquences. On assiste alors à l'augmentation des fréquences de vol et le foisonnement, la persistance des maladies épidémies, les agressions, les prises d'otage et les conflits agro-pastoraux. D'autre part, on note le refus de soumission des chefs traditionnels centrafricains aux chefs locaux35, ils

    33 Maire de Ngaoui.

    34 Y. Zoctizum, 1983, p 30

    35 Parmi les réfugiés centrafricains qui sont installés dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua figurent des chefs de 1er ou de 2ème degré qui refusent de se laisser soumettre aux chefs locaux de 3ème degré qu'ils ont rencontré dans leurs lieux d'installation.

    84

    sont également hostiles aux camerounais qui fréquentent les établissements construits par le HCR en leur faveur. Tout ceci ne fera pas bon ménage entre les deux populations. Les camerounais en retour, vont réagir contre ces actes démesurés des centrafricains qu'ils considèrent d'ailleurs comme des êtres vulnérables et inoffensifs. Cette situation va alors dégénérer des conflits au sein de ces trois villes. C'est dans cette optique que les communes ont pu jouer un rôle de médiation entre ces deux populations.

    Pour remédier dans la mesure du possible à cette situation, les trois communes de notre zone d'étude vont user de la médiation pour promouvoir la coopération entre les réfugiés et les populations hôtes. En principe, la médiation est généralement considérée comme une méthode en dehors des influences juridiques, morales et culturelles qui a pour objectif de permettre aux parties, accompagnées dans leur réflexion par le médiateur, de trouver la solution la plus satisfaisante36. A cet effet, ces trois communes ont souvent organisé des rencontres pendants lesquelles, elles sensibilisent les représentants des chefs réfugiés sur les droits et les devoirs des réfugiés dans un pays. Elles lancent également un appel à ces derniers sur le respect de l'éthique et de la déontologie. Aussi, elles interpellent les chefs locaux au travers des versets bibliques37 et coraniques à la tolérance et à l'acception de ces peuples étrangers. Elles sensibilisent également ces populations sur l'importance et la nécessité d'accueillir les réfugiés centrafricains mais surtout sur les risques38qu'ils courent s'ils ne le font pas.

    6-L'accueil des acteurs de gestion des conséquences des conflits centrafricains

    Les communes ne sont pas les seuls acteurs de la gestion des conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua. Parallèlement aux actions des communes des bortherlands, on note un appui de l'Etat camerounais et de la communauté internationale à travers les actions du HCR et de ses partenaires39. L'Etat camerounais était et est toujours présent dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines dans ces localités du Cameroun. Avant que les organismes humanitaires accompagnent dans cette tâche, il a pendant longtemps réalisé des actions importantes face aux crises centrafricaines. Ainsi, on peut noter sur le plan sécuritaire, la multiplication des

    36 Entretient avec Dr Bomba le 1er août 2014 à Ngaoundéré.

    37 Bible, Hébreux 5-9.

    38 Entretien avec Oumarou Guedala Alipha le 29 juin 2014 à Garoua Boulai.

    39 Selon les normes internationales en vigueur, l'Etat d'accueil des réfugiés peut lancer un appel à la communauté internationale lorsque les ressources dont-il dispose sont sérieusement entamées. Cette situation s'est observée en 1979 quand le Cameroun faisait face à l'arrivée des réfugiés tchadiens sur son territoire.

    85

    postes de gendarmerie et de police, l'envoi des escadrons militaires pour le renforcement et le relais des groupes de pelletons et la présence massive des soldats camerounais au sein de la MISCA. On note aussi la création des bureaux administratifs et des centres de santé. Bref, on observe une attention du gouvernement camerounais vers ces trois localités du pays plus que par le passé.

    En outre, depuis qu'officiellement le HCR a pris les opérations de la gestion des crises centrafricaines, plusieurs acteurs opérationnels se sont succédés dans cette entreprise. D'abord assurée par l'ONG Basc-Caritas, cet encadrement est repris en début 2009 par la FICR, partenaire opérationnel du HCR. On note aussi la présence d'organismes tels que AHA, IMC, CRF, dans les domaines de la santé, le PAM dans le domaine alimentaire, Première urgence, IRD dans le domaine agricole. In abstracto, on assiste à une multiplicité des actions du HCR.

    Le fonctionnement et la prise de service au Cameroun, ont toujours été précédés par une cérémonie d'installation. C'est pendant ces périodes que les autorités de l'Etat camerounais et les personnels des organismes internationaux sont descendus dans les arrondissements de Ngaoui, de Garoua Boulai et du département du Lom et Djerem pour installer les responsables des services de gestion des crises centrafricaines. Le 20 mai 2010, Garoua Boulai a accueilli le sous préfet centrafricain de Bouar pour mener des réflexions sur les mesures à prendre afin de lutter contre l'insécurité transfrontalière entre les deux villes. C'est ainsi que, ces trois villes qui constituent le fief et les portes d'entrée des réfugiés centrafricains ont reçu d'importantes visites des autorités nationales et internationales comme présente le tableau suivant.

    86

    Tableau 6: Récapitulation des principales visites reçues par les communes de GarouaBoulai, Bertoua et Ngaoui

    Personnels

    circonstance

    villes

    Nationalité

    Dates de la

    visite

    Commandant du

    BIR

    Installation du

    poste de BIR

    Garoua Boulai

    Camerounaise

    2003

    Chef de division

    SEMIL

    Installation d'un

    escadron militaire

    Garoua Boulai

    Camerounaise

    2013

    Représentant du

    secrétaire général

    des Nations-Unies

    Visite du site des réfugiés

    centrafricains

    Garoua Boulai

    ONU

    2012

    Sous Préfet de Bouar

    Accord sur les

    mesures de lutte

    contre l'insécurité

    dans la zone
    transfrontalière

    entre Garoua
    Boulai et Bouar

    Garoua Boulai

    centrafricaine

    2010

    Représentant du

    secrétaire général

    des Nations-Unies

    Collecte des

    informations sur les

    effets collatéraux

    des crises

    centrafricaine

    Bertoua

    ONU

    2012

    Commandant du

    BIR

    Installation du BIR

    Ngaoui

    Camerounaise

    2007

    Gouverneur de la

    région de
    l'Adamaoua

    Prise de contact et
    création d'un poste
    de contrôle avancée

    Ngaoui

    Camerounaise

    2013

    Source : Archives des communes de Bertoua, Ngaoui et Garoua Boulai.

    Il faut noter que le tableau 7 présente par ville, les différentes visites des autorités nationales et internationales qui ont été accueillies par les communes. Ici, les autorités qui effectuent les descentes sur le terrain dans le cadre de la gestion des conséquences des crises centrafricaines sont de plusieurs nationalités. Ainsi, on rencontre entre autre des camerounais, des centrafricains et les personnels des organismes internationaux. On peut alors constater avec Yaffo Ndoe Esther que les communes croupissent sous le poids des

    87

    dépenses effectuées pour les accueils. En effet, en ce qui concerne l'accueil des personnels, de nombreuses dépenses ont été effectuées par les trois communes de notre zone d'étude. Cependant ces dépenses n'ont pas été vaines elles ont permis de promouvoir un meilleur climat de travail aux acteurs de gestion des conflits centrafricains afin d'obtenir un résultat efficace. En somme, en ce qui concerne la gestion des conséquences des crises centrafricaines, les communes de Bertoua, Ngaoui et Garoua Boulai n'ont pas seulement réalisé des actions sur le plan politique, les autres actions de ces communes s'observent aussi bien dans le secteur économique.

    II-LES ACTIONS ECONOMIQUES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES

    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    Toute crise politique entraine des conséquences sur les productions économiques

    nationales. En temps de crise en République centrafricaine, le secteur d'activité économique au sein des villes frontalières en particulier, Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua a d'impact négatif. C'est dans cette mesure que les communes de ces trois villes ont pu réaliser des actions importantes pour pallier à ces problèmes. Dans ce domaine, les actions des communes ont porté sur la lutte contre les crises alimentaires par l'appui aux projets générateurs de revenus, le financement des microprojets et les partenaires privés de développement, la création des petits emplois et l'octroi des vivres aux réfugiés centrafricains.

    1-L'appui technique et le renforcement des capacités

    En ce qui concerne l'appui technique et le renforcement des capacités, les

    communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui ont apporté leur expertise aux différentes ONG et partenaires privés de développement. De toute évidence, cet appui est perceptible à travers la mise à la disposition du matériel d'équipement et les formations des personnels des ONG.

    a-L' appui technique

    L'appui technique se traduit par l'équipement des centres d'éducation et les centres

    de santé en matériels de pointe ou en matériels informatiques à savoir : les ordinateurs, photocopieuses, imprimantes, les tables bancs entre autres. Pour pallier à certains problèmes d'ordre manuel, les établissements scolaires et les centres de santé ont bénéficié de l'appui technique des communes. C'est le cas par exemple des salles de classe

    88

    construites par la société MTN dans le village de Gado Badjeré qui a bénéficié d'un équipement complet en tables bancs et des dons en kit scolaires par la commune de Garoua Boulai. En effet40, cette société anonyme de la téléphonie mobile mène depuis huit ans, (du 01er au 21 juin) des actions sociales dans le cadre d'un programme de volontariat et de charité, baptisé « 21 Days of Y'ello Care » Selon la société MTN, l'éducation est une priorité dans plusieurs pays ; et compte tenu des délais de réalisation des objectifs de développement du millénaire, c'est désormais une urgence. En 2015, plusieurs gouvernements n'auront pas atteints leurs objectifs du millénaire pour le développement relatifs à l'éducation. Par conséquent, les partenaires privés doivent contribuer à offrir une éducation de qualité pour tous. C'est dans cette vision de la chose que cette société a pu construire deux salles de classe à Gado Badjeré et après quoi, elle a sollicité à la commune de Garoua Boulai un support en dons de kit scolaires et les dons en numéraire pour l'acquisition des fournitures scolaires41. Ainsi, face à cette sollicitation le maire ne tardera pas à agir, la commune va répondre immédiatement en offrant à toutes ces demandes et mêmes des tables bancs en surplus42. La commune de Garoua Boulai a également équipé d'autres établissements scolaires à l'instar du CETIC de Garoua Boulai qui a doté des ordinateurs, des imprimantes et des photocopieuses. L'école publique groupe III de Garoua Boulai a été équipée en tables bancs.

    Dans l'arrondissement de Ngaoui et de Bertoua, les communes ont équipé le centre de santé avec des matériels de traitement des patients et elles ont également octroyé des tables bancs aux nouvelles écoles construites par le HCR. De prime à bord, il faut noter que ces actions des communes qui s'observent par l'équipement des établissements scolaires et les centres de santé et matériels de pointe et en matériels informatiques , ont permis de renforcer les efforts des structures et les partenaires de développement. Au final, ces actions ont une contribution importante dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines.

    b- Le renforcement des capacités

    Dérivé du verbe « renforcer », renforcement des capacités, signifie rendre un individu apte à exercer convenablement son travail43. En d'autres termes, renforcer les

    40 Voire annexe

    41 N/Réf. : MTNC/CEO/ES/126-14 voir les Annexes.

    42 Entretien avec Yaffo Ndoe Esher, le 9 juin 2014 à Bertoua.

    43 Ousmane Bouba, 2011, « l'appui des organismes internationaux et des programmes gouvernementaux aux communes de la Bénoué (Nord-Cameroun) : 1960-2011 », Mémoire de Master II, Histoire, Université de Ngaoundéré, p 76.

    89

    capacités d'un agent, d'un personnel, d'une institution, c'est le fait de lui faire acquérir des connaissances qu'il n'avait pas et ou de développer en la personne des aptitudes à exercer comme il se doit un travail, c'est à dire conformément à la législation en vigueur44. C'est l'objet des séminaires de formation organisés à l'endroit des réfugiés et des agents des GIC de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. Le déferlement des réfugiés en provenance de la RCA a accéléré l'implication des centrafricains et les populations locales de ces villes dans le secteur agricole. Il est vrai qu'en début des années 2000 lorsque les réfugiés centrafricains entraient et s'installaient dans les villes et campagnes de nos deux régions, un réel problème de faim et de famine s'est imposé. En effet, face à cette forte population qui s'ajoutait, la production agricole des locaux était loin de satisfaire les besoin alimentaires de tous45. Dès lors, il a fallu aux réfugiés de s'imprégner dans l'activité agricole. Cependant, les réfugiés centrafricains qui entrent à Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont à majorité des Bororo qui sont par habitude des éleveurs. Leur conversion d'éleveurs en agriculteurs pose alors un problème. C'est dans cette logique que les communes de ces trois villes vont mettre sur pied un programme de reconversion, de l'initiation et l'accompagnement des réfugiés dans le domaine agricole. Ainsi, l'on va assister à la distribution du matériel de travail, des boutures et des semences sélectionnées qui viennent revigorer le secteur agricole propulsant l'économie et réduisant la précarité de la vie dans ces milieux. Les champs d'expérimentation foisonnent comme nous pouvons l'observer ainsi qu'il suit.

    44 Ibid.

    45 Gbowé Gbowé Simplice, 2010, p 119.

    90

    Photo 11: Champ d'expérimentation de maïs dans la commune de Bertoua de 1er

    (c) : Gambo réalisé 18 juillet 2014 à Ngaoui

    La photo 11 nous présente un champ d'expérimentation de maïs. Ce champ comme ceux de Garoua Boulai et Bertoua a été réalisé par la commune de Ngaoui dans l'optique de renforcer les capacités des réfugiés centrafricains et la population locale de cette ville dans le secteur agricole. Il permet à ces deux populations d'acquérir des connaissances sur les techniques de la culture du maïs. En effet, l'accent est mis sur la culture de cette céréale dans la mesure où le sol de Ngaoui est très fertile pour la culture du maïs46.

    Les actions économiques des communes de ces trois villes ont indéniablement eut de l'impact positif dans le secteur agricole. Elles ont permis de lutter contre la crise alimentaire, et de rehausser le niveau de certains refugiés centrafricains qui ont sus se donner à fond. Jusqu'en 2010, les réfugiés organisés en groupe et par sites mettent désormais sur pied de vastes plantations. Grace à ces actions des communes des bortherlands camerounais, les réfugiés qui à leur arrivée étaient les facteurs et les causes

    46Entretien avec Bgaitia Godanga Armand le 17 juillet 2014 à Ngaoui.

    91

    des flambées des prix des produits de premières nécessité pour les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont devenus des producteurs et alimentent désormais les marchés périodiques dans les zones rurales.

    2-La réhabilitation des routes et appui financier en faveur des microprojets

    Les actions économiques, dans cette étude se recensent généralement dans le

    domaine infrastructurelet dans le domaine financier à travers l'appui aux microprojets générateurs de revenuet surtout la réhabilitation des routes. La gestion des crises centrafricaines occupe une place importante dans l'économie des communes de Bertoua, Ngaoui et Garoua Boulai. Cette situation explique la mobilisation en millions de FCFA pour la réalisation des grands projets d'aménagement.

    a-La réhabilitation des routes

    Dans les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui, les plans d'urbanisation

    n'échappent pas comme on les rencontre dans toutes les autres communes du Cameroun. Mais dans le cas de notre étude, la politique d'aménagement des routes de ces trois communes vise surtout à faciliter l'accès à certaines zones rurales. En effet, la présence des réfugiés dans ces trois villes du Cameroun à obligé leurs communes à réhabiliter les routes.

    Pour atteindre les réfugiés disséminés dans ces trois localités, les passages des camions des vivres du HCR et bien d'autres ont souvent nécessité à la réhabilitation de certaines routes. Avant l'avènement des réfugiés, ces routes en état de délabrement avancé ne permettaient pas l'écoulement rapide des marchandises et produits agricoles des populations des campagnes vers les centres urbains. C'est ainsi que dans l'arrondissement de Ngaoui, la commune a réhabilité le tronçon routier reliant Ngaoui-Djohong et la commune de Djohong a continué jusqu'à Meiganga. Dans l'arrondissement de Garoua Boulai, heureusement l'axe Ngaoundéré -Bertoua étant déjà bitumé la commune à tout simplement réhabilité le tronçon qui quitte de la route centrale à Mborguené. Ces actions des communes, ont de manière générale rendu facile l'accès aux différents sites des réfugiés. Elles ont aussi permis à ces refugiés qui sont devenus des grands cultivateurs d'écouler leurs produits dans les grands marchés urbains.

    b-L'appui financier en faveur des microprojets

    Dans ce domaine, les actions des communes des bortherlands ont porté sur l'appui

    aux GIC, associations et coopératives. Elles ont favorisé le renforcement de la gestion des

    92

    conflits centrafricains grâce aux effets induits, par une meilleure organisation des communautés villageoises.

    Pour ce qui est de l'appui financier, il convient de prendre l'exemple de MBOSCUDA qui, à travers la mise en oeuvre des microréalisations effectue des actions visant le soutien aux refugiés centrafricains arrivés au Cameroun suite aux instabilités qui ont cours dans leur pays. En effet, la situation des refugiés est très préoccupante dans les villes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. Ces derniers arrivent en grand nombre dans des conditions de dénuement total. Les conditions hygiéniques et sanitaires sont très mauvaises. Ils souffrent du manque de nourriture et des vêtements. Ainsi, MBOSCUDA se propose de faire une collecte des fonds, des biens de première nécessité tels que les vêtements, et les aliments exceptés les médicaments et produits pharmaceutiques. Cette collecte se fait auprès des personnes de bonne volonté dans les lieux de culte et autres organisations caritatives du Cameroun. C'est dans ce sillage que les communes de nos trois localités d'étude ont pu financer cette organisation.

    Il s'agit également, d'un fond d'appui à la réalisation des petits projets à caractère social identifié par l'interface d'aide et qui ont un intérêt connu dans l'allègement de la gestion des conséquences des crises centrafricaines à savoir l'amélioration des conditions de vie des réfugiés. Cette activité concerne la collecte et la distribution des biens de premières nécessités aux réfugiés qui a impact positif sur les conditions de vie des réfugiés.

    Outre l'appui financier accordé à MBOSCUDA, la commune de Garoua Boulai a aussi financé le GIC « Karnou ». Ses activités concernent la production et la commercialisation de manioc qui a un impact certain sur la vie des populations réfugiées. En effet, ce GIC composé à majorité des Gbaya, regorge en son sein les populations centrafricaines et les populations hôtes. Il est alors bénéfique sous un triple plan, car source de production et de revenue, il est aussi générateur d'emploi pour les réfugiés centrafricains. En plus de l'appui financier, les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui ont aussi offert aux GIC des dons en matériels. C'est le cas par exemple de la commune de Bertoua qui a offert au GIC « Pkora ô kôô » des pouces, machettes, râteaux, pioches, brouettes, et engrais chimiques » pour l'agriculture.

    En somme, il était question dans ce chapitre de scruter les actions politiques et économiques des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux conséquences des conflits centrafricains. De ce qui précède, force est de constater que de réels actions

    93

    politiques et économiques ont été réalisé par ces trois communes des Bortherlands camerounais. Tous les efforts déployés par ces trois communes sont louables. En effet, la lutte contre l'insécurité, l'accès aux droits fondamentaux, à l'éducation et à la nourriture ainsi que la mise en oeuvre des programmes qui doivent faciliter l'autonomisation des réfugiés sont des acquis.

    Au total, il faut noter que la permanence de l'instabilité politique et les coups d'Etat militaires en République Centrafricaine ont provoqué des conséquences aussi douloureuses dans les villes frontalières du Cameroun mais en particulier, à Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui. L'influence et le poids de cette industrie du mal dans ces différentes villes ont obligé les communes à étendre leurs missions régaliennes en vue de pallier aux nouveaux problèmes. Ainsi, sur le plan politique, les terrains ont été octroyés au centre ville comme le long des grands axes routiers pour la création des sites des réfugiés, des comités d'autodéfense et de vigilance ont été mis sur pied pour faire face à la recrudescence de l'insécurité urbaine, rurale, et transfrontalière. On note également, l'établissement des actes de naissance, la promotion du dialogue entre les réfugiés et les populations hôtes et l'accueil des personnels de gestion des conflits centrafricains.

    Sur le plan économique, les actions des communes des bortherlands ont consisté à l'appui financier aux microprojets et les GIC, la réhabilitation des routes et le renforcement des capacités et les appuis techniques.

    Toutefois, par le phénomène de la transnationalisation des conséquences des conflits en Afrique, les conflits centrafricains ont eut d'impacts négatifs dans les villes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui. De nos jours, ces conséquences ne s'observent plus que dans ces zones frontalières, par leur fluidité, elles ont évoluées comme du liquide dans de vases communiquant pour se répandre à l'hinterland du pays.

    94

    CHAPITRE III : LES ACTIONS SOCIALES ET
    CULTURELLES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI,
    NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES
    CONFLITS CENTRAFRICAINS DE 1960 A 2013

    La République Centrafricaine est un pays membre de la sous-région de l'Afrique Centrale. Elle a connu les religions, les empires et les envahisseurs qui ont influencé à jamais le climat de sa politique1. Elle figure depuis plus de soixante ans parmi les pays dont la situation politique représente une menace pour la paix et la sécurité sous régionale2. En réalité, plusieurs conflits distincts qui se sont succédés en RCA ont eu de manière générale des répercussions sur les territoires des pays voisins mais, mais le Cameroun en particulier. En effet, lorsque ce pays est en situation de trouble politique ou encore lorsque les groupes de pression dictent leurs lois aux populations de l'arrière pays, les villes frontalières du Cameroun notamment, Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont les points de convergence par excellence. La croissance de la population centrafricaine et le blocage des frontières dues à cette instabilité politique ont provoqué de nombreuses conséquences dans les villes frontalières du Cameroun3. Cette situation a suscité l'intervention des communes qui réalisent de nombreuses oeuvres dans le domaine humanitaire. Il est question dans ce chapitre de scruter les actions sociales et culturelles des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui face aux crises centrafricaines.

    I-LES ACTIONS SOCIALES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    Les actions sociales des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui sont beaucoup plus ressenties dans le domaine éducatif, sanitaire et hydraulique. Dans ces trois villes, ces trois aspects sont cités en priorité parmi les besoins des réfugiés et les populations hôtes lors des diagnostiques sectorielles par village. En effet, les déplacements de la population centrafricaine depuis l'aube de son indépendance a donné naissance à l'insuffisance d'écoles, de points d'eau et de centre de santé dans les villes frontalières du Cameroun. Ces secteurs constituent l'un des aspects les plus importants des actions des communes, car les domaines sanitaires et éducatifs constituent toujours les premières places dans toute vie.

    1 Y. Zoctizum, 1983, Histoire de la Centrafrique, tome 1, Paris, Harmattan, p 35-36.

    2 Rapport Afrique de Question internationale n°5 janvier-février 2004 « Les conflits en Afrique », P 60.

    96

    A-Promotion de l'éducation

    Le manque d'éducation des jeunes est le plus souvent sujet aux longues périodes de chômage auxquelles ils sont confrontés. Les jeunes en Afrique ont une éducation inférieure à la moyenne, par exemple le taux d'alphabétisation en Afrique est de 76,8%, soit moins que 94,8% de l'Amérique latine et des Caraïbes et les 98% de l'Asie de l'Est et du pacifique4. Les besoins en enseignant, salles de classe et tables bancs dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua se présentent de manière suivante.

    Tableau 7 : Besoins en enseignants, salles de classe et tables bancs dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en 19985.

    Besoins

    Commune de

    Garoua Boulai

    Commune de Ngaoui

    Commune de Bertoua

    TOTAL

    enseignants

    74

    58

    51

    183

    Salles de classe

    122

    110

    102

    334

    Tables-Bancs

    3996

    2449

    2247

    8692

    Blocs de latrines

    22

    19

    16

    47

    Airs de jeux

    22

    19

    16

    47

    Logement d'astreintes

    22

    19

    16

    47

    bureaux

    19

    16

    18

    53

    Bacs à ordures

    44

    39

    32

    115

    reboisement

    22

    19

    16

    57

    Points d'eau

    22

    19

    16

    57

    Source : Rapport fiche de collecte des données éducation, 1998.

    Le tableau 9 présente l'état des lieux des besoins dans le secteur éducatif des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en 1998. Le besoin en nombre d'enseignant, en salles de classe et en point d'eau est exorbitant. Conscient de ce fait, le gouvernement camerounais a décidé en 1996, de remettre l'essentiel des responsabilités du fonctionnement des écoles aux communautés locales et aux communes urbaines et rurales qui doivent prendre en charge une grande partie des dépenses du fonctionnement,

    4 Commission pour l'Afrique, Rapport économique sur l'Afrique 2005, relever les défis posés par le chômage et la pauvreté en Afrique, mai 2006, p. 186. Cité par Ousmane Bouba, 2011, « l'appui des organismes internationaux et des programmes gouvernementaux aux communes de la Bénoué (Nord-Cameroun) : 1960-2011 », Mémoire de Master II, Histoire, Université de Ngaounderé p. 83.

    5 Rapport fiche de collecte des données éducation, 1998.

    97

    d'entretien et d'investissement. À cet effet, le gouvernement a décrété la création des comités de gestion comprenant les parents, les enseignants et les représentants de la communauté, pour financer et gérer les écoles6. Ainsi, pour promouvoir l'éducation, les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui qui sont victimes des crises centrafricaines ont posé des actions louables à différents niveaux. Dès lors, nous pouvons aller de l'infrastructure à la prise en charge des enseignants en passant par l'équipement des salles.

    1-La construction des salles de classe

    Les centrafricains qui ont quitté la RCA à cause des forfaits des coupeurs de route et des exactions des rebelles traversent les frontières avec leurs familles dont les enfants. Ainsi, l'afflux de ces populations a augmenté le nombre des élèves dans les villes frontalières du Cameroun, par conséquent, les salles de classe sont devenues insuffisantes pour contenir tous les élèves. Si par endroit ces salles sont construites, les élèves eux, sont assis à même le sol. C'est pour répondre aux appels pressants de la population que les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui créent de plus en plus des établissements d'enseignement maternels, primaires et secondaires. La présence des enfants réfugiés dans les écoles a permis aux communes de construire, de réhabiliter ou de viabiliser les infrastructures scolaires. Des infrastructures, des tables bancs, des fournitures sont offertes par ces communes pour garantir l'éducation de l'enfant réfugié et les populations locales. Dans ces villes, ces communes ont souvent devancé les organismes humanitaires et l'Etat camerounais toujours très lent dans leur intervention. La photo 12 illustre à merveille nos propos.

    6 PAM, 1998, Projet de développement-Cameroun, 4387.01, « Assistance alimentaire aux écoles primaires dans les provinces de l'Adamaoua, du Nord, de l'Extrême-Nord, et de l »Est ». Deuxième décision du conseil d'administration Rome du 12 au 15 mai cité par AdamaouWebba Pascal, 2002, « FAO, le PAM et la lutte contre la faim dans le département de la Bénoué (1968-2000). », Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Ngaounderé, pp, 28-29.

    98

    Photo 12: Salle de classe de l'école publique de Samba créée et ouverte en 2009 par la commune de Bertoua 1er

    (c): Gambo réalisé 08 juin 2014 à Bertoua

    La photo 12 présente l'école publique de Koumé. En fait, cette école a été créée et ouverte par la commune de Bertoua IIème dans le souci d'assurer l'éducation aux enfants réfugiés et la population locale. Ce bâtiment construit en planche et en natte de raphia sert de salle de classe. Dans ces conditions, lorsqu'en temps de froid, les élèves et les maîtres sont obligés d'arriver à des heures tardives à cause des risques d'attraper des maladies. Ici, il faut noter que la réalisation de cette salle a permis d'augmenter le nombre d'infrastructure en salles de classe dans cet établissement. En effet, l'afflux des réfugiés centrafricains dans la ville de Bertoua avait augmenté le nombre d'élèves de cet établissement, ainsi l'établissement qui enregistrait 979 élèves en 2006 est passé à 1722 élèves en 20137. Certes, parmi les nouveaux élèves qui ont intégré cet établissement, il existe aussi des jeunes Camerounais. Mais toutefois, il faut mentionner que la majorité est constituée des réfugiés centrafricains. Soit 523 sur les 743 nouveaux élèves sont des

    7Entretien avec Nang Serges le 24 juin 2014 à Garoua Boulai.

    99

    réfugiés centrafricains8. C'est pour pallier à ce problème de surnombre que la commune de Bertoua IIème a pu construire ces salles en vue d'augmenter les infrastructures en salles de classe pouvant contenir tous les élèves.

    Dans la ville de Garoua Boulai, la commune se rassure que les enfants, les jeunes et les adultes obtiennent des connaissances et des compétences de vie courante dont ils ont besoin pour réaliser leur plein potentiel. C'est une stratégie globale visant à améliorer la responsabilisation, l'efficience, l'efficacité et la qualité tant formelle que non formelle. En collaboration avec les autorités locales du secteur de l'éducation, la commune de Garoua Boulai développe des lieux d'apprentissage inclusifs sûr, sains et favorables pour les enfants, à travers la construction ou la réhabilitation des salles et des latrines scolaires.

    Photo 13: Salle de classe du CETIC créée et ouverte en 2012 par la commune de Garoua Boulai

    (c): Gambo réalisé 24 juin 2014 à Garoua Boulai

    La photo 12 présente ainsi le bâtiment flambant neuf construit par la commune de Garoua Boulai à l'Est du Cameroun. Ce bâtiment de deux salles de classe est le résultat de la présence des enfants réfugiés centrafricains dans ce village. Avant l'installation massive des réfugiés centrafricains dans cette ville, il existait seulement des établissements

    8 Entretien avec Nang Serges le 10 juin 2014 à Bertoua.

    100

    d'enseignement général. L'avènement des réfugiés corollaire aux troubles politiques en RCA a augmenté l'effectif des élèves. Ainsi pour résoudre le problème du surnombre des élèves, les agents communaux et les autorités locales du secteur éducatif ont jugé nécessaire de créer un établissement technique en remplacement des autres salles qui devraient être créées. Cette branche, a permis de promouvoir une formation technique chez les jeunes réfugiés, ce qui leur a donné la capacité d'exercer certains petits métiers et de s'autogérer9.

    En plus de cet établissement, la commune de Garoua Boulai a également construit et réhabilité plusieurs autres salles de classe. C'est le cas par exemple de l'école publique Groupe III de Garoua Boulai qui a été réhabilité, l'école Bilingue et l'école Publique de Gado Badjeré qui ont été construits.

    Dans la ville de Ngaoui, on observe également plusieurs réalisations de la commune dans le secteur éducatif. En effet, il faut noter que les réfugiés qui ont fui les exactions des rebelles en RCA ont trouvé refuge à Ngaoui depuis des décennies. Comme nous avons mentionné ci haut, les réfugiés centrafricains qui arrivent au Cameroun viennent avec leurs familles. Les enfants réfugiés ont intégré les établissements de Ngaoui et la conséquence ne tardera pas à s'observer l'on va assister à un surnombre des élèves dans les établissements. C'est pour prêter main forte à l'Etat que la commune de Ngaoui a brillé par ses actions dans le secteur éducatif. Ces actions s'observent dans la construction et la réhabilitation des salles de classe.

    9 Entretient avec Pkao Raymond le 29 juillet à Meiganaga.

    101

    Photo 14: Ecole Publique de Ngaoui construit en 1996 par la commune de Ngaoui

    (c) : Mohamadou Bouhari, réalisé le 24 juin 2014 à Ngaoui

    La photo 13 nous présente l'établissement Groupe I de Ngaoui. Sur cette image, l'on observe de nombreux élèves dans la cours au moment de la remise des bulletins de note. Certains d'entre eux possèdent des bulletins de note en main. Au fond de l'image, figurent deux salles de classe imposantes qui représentent respectivement les classes de la SIL et le CP. En effet, cet établissement comprenait au départ six salles de classe, mais après l'afflux des réfugiés centrafricains dans cette ville en 1995, ces salles de classe sont devenues insuffisantes pour contenir tous les élèves au même instant. C'est dans cette mesure que la commune de Ngaoui, pour résoudre le problème, a doté cet établissement de six nouvelles salles de classe. Ainsi, cet établissement qui comptait au départ six salles de classe en 1995, compte de nos jours douze salles de classe. Soit un total de douze salles de classe pour un effectif de mille cent vingt et un (1121) élèves. Comme les deux premières communes, la commune de Ngaoui a également construit et réhabilité d'autres salles, c'est le cas des écoles publiques de Gbafouk, Garga Pella, Gbago.

    En somme, les communes des bortherlands camerounais ont construit plusieurs salles de classe dans les établissements victimes des conséquences des conflits centrafricains. Les

    102

    actions des communes de Ngaoui, Garoua Boualai et Bertoua, ont été d'un grand apport dans le secteur éducatif. Elles ont favorisé l'éducation des enfants réfugiés et facilité le climat éducatif pour les populations hôtes. En effet, l'apport des communes des bortherlands dans le domaine éducatif ne s'est pas seulement ressenti par la construction des salles de classe, il s'observe également dans la prise en charge des enseignants.

    2-Le recrutement des enseignants

    Le manque criard des enseignants est une évidence dans les établissements des zones frontalières du Cameroun comme nous l'avons précisé dans le tableau ci haut. Malgré de multiples affectations des enseignants et les recrutements organisés par les organismes humanitaires dans ces localités, le problème du manque d'enseignants tarde toujours à se faire résoudre. Cependant, il faut préciser que, même si ce problème n'est pas encore accru dans la ville de Bertoua10, c'est un secret de polichinelle de signaler sa présence ancienne dans les communes de Ngaoui et Garoua Boulai. L'afflux des réfugiés centrafricains a souvent bouleversé les statistiques des délégations de l'éducation de base et de l'enseignement secondaire sur la question de l'effectif des enseignants. En effet, le nombre des affectations des enseignants dans les établissements tient lieu du nombre des élèves à éduquer. Ainsi, dans les zones frontalières, ce principe n'a pas toujours tenu débout. Les multiples crises politiques perpétrées en République Centrafricaine ont toujours favorisé le départ massif de la population de ce pays vers le Cameroun. Les enfants réfugiés qui arrivent avec leurs parents dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua intègrent les établissements et l'on assiste à un gonflement des effectifs. De manière fatale, cette situation provoque le problème de manque d'enseignants. C'est dans ce cadre qu'il importe de situer le coup de pouce des communes des bortherlands camerounais pour apporter une solution à ce problème de déficit que souffre le secteur éducatif dans les régions frontalières du Cameroun.

    Dès lors, dans la ville de Garoua Boulai, la commune a procédé au recrutement de 27 enseignants dans l'ensemble de l'arrondissement de Garoua Boulai, soit 17 en 2013 et 10 en 2013 pour les écoles primaires. Et de ce fait, la commune paie 7 mois de salaire et l'APE en question complète la différence11. À Ngaoui, notamment, la commune a recruté

    10 Le problème de manque des enseignants n'est pas très criard à Bertoua parce que les enseignants qui se fuient les zones campagnes se retrouvent à majorité dans cette ville.

    11 Entretien avec Nang Serges le 9 juin 2014 à Bertoua.

    103

    13 enseignants des écoles primaires et 3 enseignants du collège. Ici, il faut noter que contrairement à la commune de Garoua Boulai qui paie presque les 2/3 des salaires, la commune de Ngaoui assure à elle seule la responsabilité des salaires de ces enseignants12. A Bertoua, pour pallier le problème du déficit des enseignants, la commune a recruté 14 enseignants des écoles primaires sortis de l'ENIEG dans l'ensemble de la commune de Bertoua 2ème. Soit 8 en 2012 et 6 en 201313. Au total, il faut préciser que plus de 51 enseignants des écoles primaires et 3 enseignants du collège plus ou moins formés ont été recrutés depuis l'année 2007.

    En outre, il existe un autre type d'appui pour le fonctionnement des écoles, cet appui consiste en des dons de tables-bancs, des cantines de fournitures scolaires (cahiers, livres, stylos etc.), des dons en matériels didactiques, des ballons et des jouets pour les enfants14.

    Certes, la carence des enseignants est une réalité au Cameroun et dans les zones frontalières en particulier. Malgré les vagues de recrutement observées ces dernières années par le ministère de l'éducation de base, où 200.000 instituteurs ont été contractualisés dans l'intervalle 2005-2011, le problème reste toujours d'actualité. Dans les zones frontalières du Cameroun, ce phénomène est encore plus accentué dans la mesure où ces localités sont victimes des conséquences des crises centrafricaines. Ainsi, l'un les défis majeurs auxquels se trouve confrontées les populations de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua se trouve justement dans le secteur éducatif. C'est la raison pour laquelle dans la feuille de route de ces trois communes, le secteur éducatif demeure au centre des attentions dans l'optique de promouvoir l'éducation pour tous 15 . C'est ainsi que nous avons enregistré les actions déterminantes de ces communes qui s'observent par la construction et la réhabilitation des salles de classe et la prise en charge des enseignants. Ces actions ont été réalisées dans le but d'éviter la saturation des salles du fait de l'augmentation brusque du nombre d'élèves avec l'arrivée des réfugiés centrafricains. Comme le souligne Jean Ondoh, cette initiative est louable et préférable à la construction d'une école propre aux réfugiés. Cette dernière initiative ne fera renforcer l'écart qui existe entre les réfugiés et les

    12 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juin 2014 à Ngaoui.

    13 Entretien avec Nang Serges le 10 juin 2014 à Bertoua. 14Ibid

    15 Nous faisons allusion à l'éducation des réfugiés centrafricains et les populations locales. La population locale est aussi concernée dans la mesure où les populations qui arrivent de la Centrafrique conditionnent le climat éducatif au Cameroun.

    104

    populations hôtes et rendra par là même, l'intégration des réfugiés dans leur milieu d'accueil.

    B-Promotion de la santé

    Le domaine de la santé a également constitué l'une des préoccupations des communes des bortherlands camerounais comme le souligne Motazé Akam16 en ces termes « si l'on n'est pas en santé, l'on ne peut rien faire d'autre que d'attendre la mort ». Elle occupe une place importante à côté du secteur de l'éducation. Elle retient l'attention, du fait de l'afflux des réfugiés qui arrivent parfois avec des maladies épidémiques et endémiques. Dans le même ordre d'idée, l'étude menée par le PNUD en 2004 démontre que la santé a un impact considérable sur l'économie de l'Afrique. Le mauvais état de santé de la population africaine constitue un grave handicap pour l'emploi et la croissance économique. A 45 ans, l'espérance de vie en Afrique subsaharienne est parmi les plus faibles du monde. Sur cent nouveaux nés moins de 30% atteindront l'âge de 40 ans au Swaziland, moins de 56% au Cameroun et plus de 90% en Algérie.

    Selon le rapport annuel du PNUD en 200017, le SIDA est le problème de santé le plus grave de l'Afrique aujourd'hui, en raison de ses effets négatifs sur les groupes d'âges à plus fortes activités. A la fin de 2003, on comptait selon les estimations 35,5 millions d'adultes (15-45) contaminés par le VIH/SIDA partout dans le monde, dont 10 millions de jeunes. Encore plus inquiétant, chaque jour plus de 6000 jeunes contractent le virus au niveau mondial 18 .Conscientes de cette situation, les communes des bortherlands camerounais ont alors réalisé de nombreuses actions dans le domaine sanitaire. Ces actions s'observent par la distribution des médicaments et les produits alimentaires, la gratuité des frais de consultation et la construction des forages.

    16MotazéAkam, 2009, le social et le développement en Afrique, l'Harmattan, Etudes Africaines, p. 140.

    17 Commission économique pour l'Afrique, mai 2006, Rapport économique sur l'Afrique 2005 : « Relevé le défi posé par le chômage et la pauvreté en Afrique », New York, PENUD. P.189.

    18 ONUSIDA 2004, Cité par Ousmane Bouba, 2011, « l'appui des organismes internationaux et des programmes gouvernementaux aux communes de la Bénoué (Nord-Cameroun) : 1960-2011 », Mémoire de Master II, Histoire, Université de Ngaounderé p. 91.

    105

    1-La construction et la réhabilitation des forages

    Dans le domaine social, les actions des communes des bortherlands camerounais sont aussi perceptibles sur le plan sanitaire. En effet, la recrudescence de l'épidémie du choléra au Cameroun révèle la précarité dans laquelle vivent les populations en ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable. Pour reculer considérablement la fréquence des maladies liées à l'eau, les communes des régions frontalières du Cameroun en particulier, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont entrepris les constructions des forages et leur mise en disposition aux réfugiés centrafricains et à la population locale. L'approvisionnement en eau potable constitue un goulet d'étranglement pour la population de ces trois villes, malgré les efforts fournis par l'Etat et les organismes humanitaires pour satisfaire les populations. Une étude réalisée par le ministère de l'eau et de l'énergie en 2006 révèle que 40% des réseaux d'eau des zones rurales ne sont pas fonctionnels. D'autre part, l'afflux des réfugiés centrafricains dans les villes frontalières a augmenté le nombre de la population au-dessus du nombre des forages existant. Les problèmes hydrauliques se posent alors dans ces trois communes avec acuité. L'objectif de ces communes est d'assurer une couverture suffisante et homogène des quartiers et des villages en infrastructure d'alimentation et en eau potable. Ces actions des communes concernent à la fois la réhabilitation d'ouvrages existants non fonctionnels et la création d'ouvrages d'approvisionnement en eau potable. La construction des forages et leur mise à la disposition des deux communautés ont reculé considérablement dans notre espace d'étude la fréquence des maladies liées à l'eau.

    Du point de vue hydraulique, l'exemple de la commune de Ngaoui illustre nos propos. En effet, cette commune compte : 59 forages dont 15 non fonctionnels, 13 points équipés de pompes à motricité humaine dont 02 non fonctionnels et 03 adductions d'eau. Il faut noter que seule l'adduction privée est fonctionnelle. Pour satisfaire les besoins des populations, il faut construire 20 puits et forages et aménager 20 sources19.

    19 Collecte des données santé, DEUC et DPNV 2011.

    106

    Photo 15: Un forage construit par la commune à 50m du site des réfugiés à Garoua Boulai

    (c) : Gambo, réalisé le 13 juin 2014 à Garoua Boulai.

    La photo 14 présente le forage construit par la commune de Garoua Boulai tout près du site des réfugiés. Ce forage comme ceux dont on rencontre dans les deux autres villes de notre zone d'étude a été construit dans l'optique d'offrir de l'eau potable aux réfugiés et les populations locales. Au fond de cette photo, nous observons plusieurs bidons alignés et des jeunes hommes qui attendent puiser de l'eau à tour de rôle. En effet, l'approvisionnement en eau se fait par ordre d'arrivée selon les clauses définies à l'avance à savoir la priorité aux premiers arrivés. Le nombre des bidons observés traduit aussi la difficulté d'approvisionnement en eau potable dans ces localités. In abstracto, le problème hydraulique est de taille dans ces trois villes et nécessite une intervention.

    En plus de cette borne fontaine, la commune de Garoua Boulai a aussi construit d'autres points importants de forage. Il s'agit entre autre des forages de Goza, sabal ville, Marché Central et Nandoungué.

    107

    Dans le même ordre d'idée, la commune de Bertoua 2ème a investi dans l'aménagement de plusieurs bornes fontaines dont une au quartier Ti Ndamba, deux au quartier Samba et un au Lycée Bilingue. Cependant, ne perdons pas de vue que les bénéficiaires de ces investissements en ce qui concerne le volet d'approvisionnement en eau potable sont les réfugiés et les populations locales. En particulier, il s'agit des populations du quartier Samba qui abrite un bon nombre des réfugiés centrafricains. Dans le même ordre d'idée, la commune de Ngaoui a pu construire plus de 5 forages dans divers lieux. Il s'agit d'un forage chacun au quartier des réfugiés et au centre de santé, ensuite de 3 autres dans les villages Alhamdou, Wandé et Ngolo. Au total, les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui ont construit et réhabilité plusieurs forages et points d'eau comme nous pouvons le constater dans le tableau suivant.

    Tableau 8 : Nombre de forage construit par les communes de Garoua, Bertoua et Ngaoui de 2008 à 2013

    Communes

    Nombres de
    forages construits

    Total

    Garoua Boulai

    9

    25

    Bertoua

    8

    Ngaoui

    8

    Source : Collecte des données santé, DEUC et DPNV 2012.

    Le tableau 8 nous présente la répartition des forages construits par les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui de 2004-2012. En effet, il faut préciser que la construction d'un forage demande assez de moyen. Selon YaffoNdoé Esther, un forage coûte à moyenne 900.000 à 1.500.000 FCFA. Ainsi, on remarque durant ces douze années d'activité que les communes de ces trois villes ont réalisé 25 forages pour une moyenne de 2 par an. Toutes ces réalisations ont vu la contribution de ces trois communes. La maintenance de ces points d'eau par les communes elles mêmes supposent qu'il existe non loin des ouvriers spécialisés pour effectuer les petites réparations sur les pompes et la

    108

    disponibilité des pièces de rechange. En clair, il ressort que la construction des forages est un aspect capital dans le secteur sanitaire car la réalisation de ces actions sous le couvert des réfugiés centrafricains dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua est salutaire pour tous. Cette situation a favorisé depuis quelques années une baisse drastique des maladies liées à l'eau. Celles-ci avant 2006 étaient les principales causes des maladies et des décès qu'on enregistrait dans les centres de santé en zone rurale.

    2-La distribution des médicaments et des produits alimentaires

    En plus de l'approvisionnement en eau potable en faveur des réfugiés centrafricains, un accent particulier est mis sur la distribution des médicaments et des produits alimentaires. Ainsi, les femmes vivant avec les maladies préoccupent particulièrement ces communes, vu que les maladies dont elles sont victimes sont des maladies contagieuses20. De ce fait, les campagnes de sensibilisation sur le choléra, le paludisme et les IST/VIH-SIDA sont fréquemment organisées par les communes qui travaillent en pleine collaboration avec les centres de santé privés et publiques et les organismes humanitaires en présence 21 . D'ailleurs, depuis 2007, un programme est mis en place pour les populations locales de ces trois communes et les organismes humanitaires. Ce programme consiste à distribuer des médicaments et la prise en charge des IST/VIH-SIDA. Au cours de ces activités organisées par les communes, il est aussi organisé des campagnes de dépistage volontaire et anonyme et des campagnes sur l'utilisation de la contraception moderne pour les femmes réfugiées.

    La distribution des vivres aux réfugiés constitue un réel aspect des actions des communes des bortherlands camerounais face aux crises centrafricaines. Selon Henry Bâ Tsogo Ayissi, responsable MSF à Gado Badjeré2, 80% des maladies rencontrées dans ces localités frontalières sont dus à la malnutrition. Conscientes de cet aspect, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua vont retrousser les manches pour lutter contre ce phénomène. Dans ses multiples actions, les communes de ces trois villes ont mis sur pied un programme d'assistance alimentaire en 2005 qui concerne les réfugiés centrafricains. Toutefois, il faut souligner que l'assistance est davantage portée, en ce qui concerne cette distribution, sur les femmes allaitantes et enceintes et celles en âge de procréer. On note alors la distribution d'aliments enrichis, pour les enfants surtout mais pour les femmes également, vu que la lutte contre la malnutrition est curative et préventive en même temps.

    20 Entretien avec Adel Issiakou le 26 juin 2014 à Ngaoui.

    21 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juin 2014 à Ngaoui.

    109

    Ces actions ont permis de réduire le taux de la malnutrition comme nous pouvons le constater dans le tableau suivant.

    Tableau 9: Rapport mensuel des cas de malnutrition aigue avec complication au CNTI du district de Garoua Boulai en 2012

    Mois

    Enfants centrafricains

    Enfants guéris

    Enfants décédés

    Enfants abandonnés

    Enfants transférés

    Janvier

    8

    7

    -

    -

    2

    Février

    6

    5

    -

    -

    1

    Mars

    5

    4

    1

    2

    1

    Avril

    6

    1

    1

    1

    1

    Mai

    3

    0

    -

    -

    2

    Juin

    8

    5

    -

    1

    2

    juillet

    9

    0

    -

    3

    3

    Total (%)

    80

    37,77

    1,1

    13,13

    33,17

    Source : CNTI de Garoua Boulai 2012.

    Le tableau 11 nous renseigne sur un état de 37 cas d'admission pour malnutrition aigüe chez les enfants réfugiés à l'hôpital de district de Garoua Boulai. Sur les 37 cas admis, 28 sont guéris et 12 transférés à l'hôpital régional de Bertoua. Ce qui laisse comprendre que l'état de leur maladie n'est plus critique comme lors de leur arrivée. Par ailleurs, on note seulement 2 cas de décès. On peut donc conclure à une nette amélioration de la santé de ces enfants réfugiés.

    Au vu, des différentes actions sociales des communes des bortherlands camerounais face aux crises centrafricaines, le secteur de l'éducation et de la santé restent et demeurent une priorité. Cela se justifie par la gratuité des médicaments et la distribution des produits alimentaires de qualité.

    110

    II-LES ACTIONS CULTURELLES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    L'effectif des réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua devient important à partir de l'année 200522. Situées dans les zones frontalières,

    les communes de ces trois villes doivent faire face aux conséquences des crises

    centrafricaines dont elles sont victimes. C'est dans cette optique d'assurer la sécurité et la paix que les communes vont réaliser les actions culturelles à l'endroit des réfugiés centrafricains. Cette initiative s'observe dans divers domaines tels que l'assistance pendant les décès, l'établissement des actes de mariage et le dialogue interreligieux.

    1-Le dialogue interreligieux

    En plus de ces exactions commises sur les civiles en République Centrafricaine, un conflit à teneur confessionnelle se profile. Le département d'Etat américain évoque même une situation « prégénocidaire » pour le cas du dernier conflit. Les membres de la Séléka sont essentiellement de confession musulmane, pratiquants ou non, alors que la population centrafricaine est composée à 80 % de chrétiens. Le conflit a cristallisé les sentiments d'appartenance religieux et, après les pillages de la Séléka, des groupes d'autodéfense chrétiens les anti-balaka, « anti-machette » en sango, qui avait déjà été formés ponctuellement par l'ancien dirigeantBozizé, se sont regroupés en septembre. Ils s'en sont pris aux populations musulmanes, assimilées aux anciens rebelles. Dès lors, les clivages religieux sont devenus saillants et ont alimenté un cycle de ripostes comme affirme le responsable de HumanRights Watch« On assiste à des représailles ciblées à la fois contre des villages chrétiens et musulmans, et les civils en sont les premières victimes. » Dès lors, de la Centrafrique vers le Cameroun, les mouvements des personnes respectent aussi bien le même circuit religieux.

    Les peuples qui arrivent de la Centrafrique ont en effet, une perception autre du climat religieux qui se vit au Cameroun. Les centrafricains qui fuient les effets de la guerre et les intransigeances et la dureté des régimes politiques ont tous un même statut de réfugié au Cameroun. Ils sont par conséquent logés dans un même site par les organismes humanitaires qui ne tiennent pas souvent compte de leur appartenance religieuse. Cette

    22 Rapport HCR 2010.

    111

    situation est à la base de plusieurs conflits. Composé de deux groupes antagonistes, les réfugiés centrafricains ne semblent pas s'entendre. Ces mouvements de personnes de la Centrafrique vers le Cameroun a entrainé un transfert de haine qui s'illustre à travers la ségrégation religieuse, entre les populations des régions frontalières du Cameroun. La perception que chacun à de l'autre est une source de méfiance. En effet, les réfugiés qui arrivent de la RCA ont une vision globale de la guerre qui se vit dans leur pays. Selon Ousseini Hamoua, la guerre qui se déroule en Centrafrique n'est pas seulement interne, il s'agit d'une guerre qui oppose les musulmans et les chrétiens à l'échiquier internationale23. C'est pour résoudre ce problème que les communes des bortherlands camerounais ont posé des actions en vue de minimiser les risques d'une contamination de guerre aux populations locales.

    Pour éviter une fracture culturelle et religieuse au sein des populations locales, les communes de Ngaoui, Bertoua et Garoua Boulai ont souvent organisé les assises pendant lesquelles les chefs traditionnels des réfugiés chrétiens, et musulmans, les responsables religieux, les chefs traditionnels locaux et les sous-préfets ont pris part24. Au cours de ces rencontres, les autorités traditionnelles et religieuses sont sensibilisées sur l'origine des multiples guerres qui ruinent la République Centrafricaine. En effet, c'est pendant ces rencontres qu'ils sont sensibilisés sur le fait les conflits religieux qui ont lieux en RCA n'ont pas une dimension internationale comme ils le pensent, il s'agit d'un problème interne d'un pays. En outre, ces responsables sont aussi sensibilisés sur l'importance de cohabiter et de promouvoir une coopération pacifique entre les deux religions. Les chefs traditionnels locaux sont aussi sensibilisés sur la nécessité de la prise en charge des réfugiés centrafricains mais surtout sur le risque qu'ils courent s'ils ne le font pas25.

    Toujours dans la même continuité de promouvoir un climat serin dans le secteur religieux, les communes ont encouragé les différentes religions en octroyant des parcelles de terrain pour la construction des Eglises et des mosquées comme nous pouvons le constater dans les photos suivantes.

    23 Entretien avec OsseiniHamoa le 26 juin 2014 à Garoua Boulai. 24Entretien avec Doka Firmin le 26 juin 2014 à Garoua Boulai.

    25 Entretien avec Kpao Raymond le 26 juin 2014 à Garoua Boulai.

    112

    Photo 16: EgliseEvangeliqueLuhterienne au Cameroun à GadoBadjeré

    (c) : Gambo, réalisé le 14 juin 2014 à GadoBadjeré.

    La photo 15 nous présente le bâtiment qui sert d'Eglise aux fidèles chrétiens des réfugiés de Gado Badjeré dans la commune de Garoua Boulai. C'est dans cette maison construite en matériels provisoire que se rassemblent les fidèles chrétiens tous les dimanches pour offrir un culte à Dieu. Une distance d'environ 350 à 500 m partage ce hall de la mosquée. En effet, cette position stratégique définie par la commune est dans l'optique d'éviter tout risque pouvant provoquer des conflits à cause de l'effet de la proximité. Les matériels provisoires de construction dont nous observons traduisent le souci des réfugiés d'avoir un lieu d'adoration le plus vite possible. En effet, avant la mise sur pied de cette maison, les fidèles avaient pour habitude de se rendre tous les dimanches à la grande congrégation de l'E.E.L.C de Garoua Boulai pour offrir un culte d'adoration à l'Eternel Dieu. Ainsi, c'est pour réduire la distance que les autorités religieuses de l'E.E.L.C en collaboration avec les magistrats communaux de Garoua Boulai ont jugé nécessaire de construire une maison provisoire pour servir d'Eglise aux réfugiés centrafricains. Tous les dimanches, un pasteur est dépêché depuis Garoua Boulai pour la prédication et il est secondé par un catéchiste de nationalité centrafricaine.

    113

    Dans ce même village, la commune a également octroyé de l'espace favorable pour la construction d'une mosquée comme nous pouvons le voir dans la photo suivante.

    Photo 17: Mosquée Centrale de GadoBadjeré

    (c): Gambo, réalisé le 14 juin 2014 à GadoBadjeré.

    La photo 16 présente un bâtiment neuf construit par les responsables religieux de la communauté musulmane à Gado Badjeréet qui sert de mosquée. Cette réalisation rentre dans le souci des communes de promouvoir une intégration religieuse dans ce nouveau village. Ainsi, la commune a encouragé les responsables musulmans à construire une mosquée sur un espace qu'elle leur a octroyé. Certes la construction de cette mosquée n'empêche pas à tous les fidèles musulmans de se rendre à Garoua Boulai tous les vendredis pour la prière comme c'est le cas chez les chrétiens, mais elle a du moins soulagé les personnes qui n'ont pas les moyens de déplacement surtout lorsqu'on sait qu'en période de ramadan les prières sont intenses et multiples.

    En général, la construction des édifices religieuses et les multiples assises organisées par les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Garoua Boulai sous le couvert des réfugiés centrafricains est salutaire pour tous. Ces actions ont favorisé depuis quelques années, un

    114

    climat serin au sein de ces deux religions. Celles-ci en Centrafrique sont sources de multiples conflits qui déchirent le pays.

    2-L'établissement des actes de mariage

    L'acte de mariage est très précieux pour un couple. Il est au centre de la vie conjugale de toute famille. Cependant, il s'est avéré que beaucoup des couples qui viennent de la Centrafrique sont en manque de ce papier précieux et cela n'est pas sans conséquence sur leur foyer. On note de nombreux cas de divorces et d'abandon des familles. Les communes éprouvent également d'énormes difficultés lors de l'établissement des actes de naissance de leurs enfants. Conscientes de ce fait, les communes vont prendre des mesures pour résoudre ce problème.

    Il est vrai que les réfugiés qui arrivent de la République Centrafricaine sont à majorité des Bororo et l'établissement d'un acte de mariage est étrange à leur habitude. Malgré les efforts fournis par les communes sur la nécessité d'effectuer des mariages civils, ces derniers restent et demeurent immobiles et donnent plus de considération aux mariages religieux et coutumiers. Cependant, à côté de ceux-ci, figurent aussi bien des réfugiés instruits qui ont intégré les centres urbains et se conforment normalement aux lois camerounaises. D'autres ont menés des études au Cameroun et sont même intégrés à la fonction publique. Ainsi, lors de leurs mariages, ils se sont rendus à la mairie pour célébrer des mariages civils. C'est à ces catégories de réfugiés que les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont pu établir les actes de mariage aux réfugiés centrafricains.

    Ainsi, dans la ville de Garoua Boulai, la commune a établi plus de 28426 actes de mariage aux réfugiés centrafricains de 2005 à 201327. ANgaoui, on note 122 actes de mariage établis par la commune de 2003 à 2013 et à Bertoua 23 actes de mariage de 2005 à 201328. Pour ce qui est alors de la vie conjugale, la présence des réfugiés dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua a permis aux communes d'établir plusieurs actes de mariage. Ces actions déterminantes sont réalisées dans l'optique d'assurer une meilleure intégration sociale aux réfugiés centrafricains.

    26 Entretien avec Yaffo Ndoé Esther le 26 juin 2014.

    27 Entretien avec Abdouraman Labi le 16 juillet 20104.

    28 Entretien avec Longuia le 14 juin 2014.

    115

    3-L'assistance pendant les décès

    La gestion clanique du pouvoir a installé depuis le régime Kolingba un désordre sans précédent en Centrafrique, qui se vide alors d'avantage de ses populations. Depuis l'époque précoloniale, coloniale et postcoloniale, les mouvements des populations entre le Cameroun et la Centrafrique sont légions. L'avènement de Bozizé au pouvoir en Centrafrique a accentué la pénétration et l'installation des centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua 29 . Ainsi, lors de leur migration, les réfugiés centrafricains arrivent dans ces localités avec des maladies. D'autres présentent des blessures graves suite aux exactions des rebelles. Tout ceci ne sera pas sans conséquence, malgré les efforts fournis par l'Etat camerounais et les organismes humanitaires pour assurer leur traitement, nombre fini toujours par rendre l'âme. C'est pendant ces périodes que les communes ont souvent assisté les réfugiés lors des cérémonies funèbres de l'enterrement.

    Photo 18: Assistance des magistrats communaux aux obsèques des réfugiés centrafricains décédés le 10 juin 2013 à Garoua Boulai

    (c): Adamou Ibrahima, réalisé le 10 juin 2013 à Garoua Boulai.

    La photo 18 présente 10 corps des réfugiés centrafricains décédés à l'hôpital de district de Garoua Boulai. Quatre d'entre eux sont morts suite aux maladies et les six autres

    29GbowéGbowéSimplice, 2010, pp. 70-85

    116

    ont été victimes des exactions de rebelles des « Anti Balaka »30. A côté de ces cadavres, on observe les responsables religieux et les représentants de la commune de Garoua Boulai qui effectuent les dernières prières avant leur inhumation. Ici, il est convenable de signaler qu'en ce qui concerne les cas des décès, les actions des communes varient en fonction des religions car les rites funèbres chez les musulmans ne sont pas les mêmes chez les chrétiens. Ainsi, en cas de décès d'un réfugié chrétien, la commune s'en charge de l'inhumation si le défunt ne dispose pas de famille31 or, lorsqu'il s'agit d'un décès au côté des réfugiés musulmans, c'est la communauté musulmane qui assure toujours l'inhumation pendant que la commune s'empresse seulement de les assister32. En dépit de ces deux cas, il faut aussi noter que c'est aussi les communes qui s'occupent de l'enterrement des corps abandonnés.

    En définitive, le troisième chapitre de notre travail dresse le bilan des actions sociales et culturelles des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua face aux conséquences des conflits centrafricains. Ces actions se déclinent dans plusieurs domaines.

    De prime abord, les actions au plan social ont porté sur la promotion de l'éducation et de la santé. Dans le secteur éducatif, ces communes ont augmenté le nombre des infrastructures scolaires par la construction et l'équipement des salles de classe, les dons en kit scolaires aux enfants réfugiés et la prise en charge des enseignants. Cela a favorisé les conditions pour une meilleure éducation aux enfants réfugiés comme à la population locale. D'autre part, on note dans le secteur sanitaire, la construction et la réhabilitation de plusieurs forages et la distribution des médicaments et des produits alimentaires. Ces réalisations ont permis de lutter et de minimiser les maladies liées à l'eau et à la malnutrition.

    Au plan culturel, les actions des communes de Bertoua, Ngaoui et Garoua Boulai s'observent par l'assistance aux décès, l'établissement des actes de mariage et la promotion du dialogue interreligieux. Ces efforts louables des communes ont favorisé un climat serin non seulement au sein des réfugiés chrétiens et musulmans, mais surtout avec la population locale.

    30 Entretien avec Pkao Raymond le 26 septembre 2014 à Garoua Boulai.

    31 Il y'a certains réfugiés qui migrent avec leur famille. D'autres par contre, ont même des familles dans ces régions frontalières. Mais il y'en a qui ne viennent ni avec leur famille ni qui n'ont de famille ou des connaissances dans leur terre d'accueil.

    32Pkao Raymond le 26 septembre 2014 à. Garoua Boulai

    117

    De manière générale, l'intervention des communes des bortherlands camerounais face aux conséquences des conflits centrafricains est un salut pour tous. Les réfugiés centrafricains qui avaient déjà amorcé leur insertion dans le tissu social ici adoptent une attitude avec l'aide des communes. Dans la plus part des cas, ceux-ci sont devenus lotis au même titre que certains locaux. Des égards de comportement de la part de ces réfugiés ont souvent mécontenté les autochtones, mais le caractère pacifiste des communes marqué par l'esprit de dialogue et de philanthropie favorisent la communication et accélèrent à grande vitesses l'homogénéité des populations des deux communautés dans l'ensemble de ces trois villes.

    118

    CHAPITRE IV : LES ACTEURS ACCOMPAGNANT LES
    COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET
    BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES
    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A
    2013

    Les communes des bortherlands camerounais ont jusqu'ici été victimes de nombreuses conséquences des conflits centrafricains et cela, pour plusieurs raisons. Ce sont entre autres le fait de la proximité et du climat politique dans lequel elles se trouvent1. Le Cameroun partage 1700 km de frontières avec la République Centrafricaine. Cette bande frontalière à l'exemple de bien d'autres au Cameroun et partout en Afrique reste encore poreuse. En effet, l'Etat camerounais n'a pas encore un contrôle total de ses frontières2. Il est évident que les régions frontalières du Cameroun soient victimes des conséquences des conflits centrafricains toutefois que ce pays est en guerre. A partir de 2003, le nombre de centrafricains est devenu considérable d'où la résurgence de certains problèmes sur les plans politiques, économique, social et culturel. L'influence et le poids de cette industrie du mal ont obligé plusieurs autres acteurs à prêter main forte aux communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui dans l'optique de pallier aux problèmes issus des crises centrafricains. Il est question dans ce chapitre, de scruter les acteurs qui accompagnent les communes dans la réalisation de leurs actions et les moyens qu'elles utilisent pour son fonctionnement.

    I-LES ACTEURS ACCOMPAGNANT LES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUNDE 1960 A 2013

    Toutefois, les communes ne sont pas les seuls acteurs de la gestion des conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Garoua Boulai. En effet, en plus de leurs actions, on note de grandes réalisations des populations locales, de l'Etat camerounais et des organismes humanitaires, dans certains cas. En bref, la gestion des conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua s'est fait à deux niveaux. L'un qu'on peut qualifier d'endogène du fait de l'implication active et essentielle des populations locales et du gouvernement camerounais et l'autre qu'on peut qualifier d'exogène; ceci du fait de la reprise en main des opérations d'assistance ou de la situation par le HCR et ses multiples partenaires. Cette partie met en exergue les acteurs internes et externes qui accompagnent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la gestion des conséquences de crises centrafricaines.

    1 Nous faisons allusion à la paix et la stabilité politique qui règne au Cameroun.

    2Djimamboué Aliou, 2009, « Les enjeux stratégiques de la frontière orientale du Cameroun (1960-2008), Mémoire de DEA, Université de Ngaoundéré, p.49.

    120

    A-Les acteurs endogènes accompagnant les communes de Garoua Boulai, Ngaouiet Bertouadans la gestion des conséquences des conflits centrafricains au Cameroun de 1960 à 2013

    Les peuples traits d'union se retrouvent un peu partout, vu que le découpage du continent africain lors de la conférence de Berlin de 1884-1885 s'est effectué sur les bases arbitraires3. Les participants n'ont pas en effet tenus compte d'aucune spécificité ethnique. Cette situation fait en sorte que les mouvements migratoires s'opèrent sans trop de difficultés, au gré de la volonté des populations et des facteurs négatifs qui les obligent à quitter leur pays. Aussi, Le continent africain se distingue des autres du fait de la porosité des frontières de ses Etats. Avec la RCA, le Cameroun partage une longue frontière terrestre. Non maîtrisée, et poreuse, cette frontière est utilisée par les bandes armées qui dictent leurs lois le long et de part et d'autre de celle-ci. Ainsi, pour lutter efficacement contre ces problèmes, la population locale, les chefs traditionnels, les GIC et le gouvernement camerounais ont réalisé des actions louables dans l'optique d'accompagner les communes dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines.

    1-Le rôle des populations locales dans la gestion des conséquences des conflits centrafricains

    Les populations locales sont celles qui se sont impliquées dans l'encadrement des réfugiés centrafricains. Le caractère pacifiste des populations de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua et le contexte social marqué par l'esprit de dialogue et de philanthropie ont favorisé à grande vitesse l'intégration des réfugiés centrafricains. Dans les zones rurales, ceux-ci sont mieux lotis au même titre que les Camerounais. En effet, la présence centrafricaine est une réalité ancienne. Elle est davantage plus perceptible de nos jours compte tenu du contexte sociopolitique de ce pays. Il existe un peuple trait d'union entre le Cameroun et la RCA4. C'est le cas des peulhs et des Gbayas que l'on retrouve à cheval, de part et d'autre de la frontière. Ces peuples muent au gré des circonstances dans l'ignorance des limites étatiques. Leur intégration sociale vue sous cet angle est très facilité par des facteurs culturels. Les réfugiés qui arrivent de la Centrafrique sont parfois logés par des personnes avec qui ils partagent les mêmes liens culturels comme le souligne J. Kourouma. C'est le cas des Gbaya. En effet, dès leur arrivée à Garoua Boulai et à Ngaoui, ils ont été

    3 D. Mokam, 2000, « Les peuples traits d'union et l'intégration en Afrique Centrale : le cas des Gbaya et des Moundang », in Ngaoundéré-Anthropos, Vol.5. pp 5-30.

    4 Ibid.

    121

    accueillis et soutenus par leurs frères qui les ont installé dans les villages et non à la lisière. Ce favoritisme est né suite au fait que ces réfugiés et les populations locales sont frères. D'autre part, on peut aussi mentionner la religion comme le moyen de rapprochement entre ces deux peuples. A Ngaoui et à Garoua Boulai on note un réel accueil qu'offrent les fidèles musulmans aux Bororo. Ces actions sont fondées sur des bases purement religieuses. Nos recherches dans ces deux villes nous ont permis d'enregistrer des familles musulmanes qui hébergent dix à quinze réfugiés dans leur domicile. D'autre part, les agences de voyages telles que « Narral Voyages » et « National Voyages » dont les propriétaires sont à majorité des musulmans, ont disposé les salles d'attente des voyageurs de leurs agences aux réfugiés centrafricains musulmans pour leur servir de logement. Ici, l'appartenance à l'islam a été un facteur d'intégration du réfugié centrafricain dans son nouveau milieu vital.

    Un autre rôle important de la population locale passe également par les mariages. En effet, en Afrique le mariage n'est pas seulement l'union entre deux personnes mais plutôt un lien de rapprochement entre deux familles, deux villages voir même l'union entre communautés distinctes5. Des mariages s'observent entre les réfugiés et les populations locales. Ces liens conduient dans le cas spécifique des veuves à l'adoption des enfants. D'autre part, ces mariages ont également permis de rapprocher des communautés par les unions qui se sont établies entre les chrétiens et musulmans6. On note aussi au travers de ce mariage, une assimilation des réfugiés aux populations locales par l'association des réfugiés aux activités communautaires des populations hôtes surtout lorsqu'on sait que dans les sociétés traditionnelles africaines, tout se fait de manière collective. À côté du mariage, on peut aussi noter certaines activités communautaires auxquelles sont associés les réfugiés centrafricains telles que les travaux champêtres collectifs7, la célébration des mariages et des naissances, des cérémonies funèbres, des baptêmes et l'association des jeunes réfugiés Gbaya aux rites initiatiques du Labi8.

    L'intervention de la population locale en faveur des réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua est un grand apport pour la gestion des conséquences des crises centrafricaines. Les réfugiés centrafricains qui sont arrivés dans

    5 Entretient avec PkaoRaymondle 24 juin 2014 à Garoua Boulai. 6Entretien avec Pkao Raymond le 22 juin 2014 à Garoua Boulai.

    7 Le « sourga » est un travail champêtre collectif chez les Gbaya.

    8 Entretien avec Gongontoua Koulagna Jean le 23 juin 2014 à Garoua Boulai.

    122

    des conditions de dénuement total, ont vu leur intégration dans le tissu social et son niveau de se rehausser comme le souligne J. Kourouma « l'appartenance à des groupes ethniques semblables est un élément favorable à l'intégration du réfugié dans son milieu. Souvent, les langues, les religions oeuvrent dans le sens d'une meilleure adaptation dans le pays d'asile »9. L'hospitalité et la philanthropie des populations locales de ces trois villes militent très vite en faveur des réfugiés. Malgré les stéréotypes développées ici et là, les populations locales ont assuré le bien être des réfugiés centrafricains.

    2-Les chefs traditionnels

    Les chefs de villages et les lamibés sont des acteurs endogènes qui ont réalisé de nombreuses actions dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines. En effet, plus que les catastrophes naturelles, les guerres sont les véritables productrices des réfugiés et des personnes déplacées. La République Centrafricaine depuis son indépendance est un foyer de crise et de désordre politique10. Cet état de chose est la principale source de déplacement de ses populations en direction des pays voisins. Cette situation a provoqué une installation spontanée11 des réfugiés centrafricains dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua ainsi que ses environs. Les chefs locaux qui agissent sous l'impulsion des lamibés et des sous-préfets sont ceux qui ont été responsables aussi bien de l'hébergement que l'octroi des terres aux réfugiés pour leur installation. Dès leur arrivée dans ces trois villes en 2005 par exemple, les réfugiés centrafricains ont été hébergés temporairement par les chefs locaux qui leur ont offert le gîte et le couvert. Cette sollicitude particulière provient du fait qu'en Afrique, le droit d'asile ne fait pas systématiquement partir des législations. Elle se fait beaucoup plus sur les bases d'affinité religieuses, culturelles et familiales que sur des bases juridiques12. La cession de ces terrains n'a pas concerné exclusivement les terrains d'habitation mais aussi les terrains arables où ils ont fait des cultures de consommation courante13. C'est d'ailleurs, la raison pour laquelle il existe de nombreuses habitations des réfugiés centrafricains à la lisière des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    9 J. Kourouma, 1983, « Protection et assistance internationale aux refugiés africains : de Kousseri à Poli/faro, cas des refugiés tchadiens au Cameroun (mars 1980-décembre1983) », Thèse de Doctorat 3ème Cycle à l'IRIC, Université de Yaoundé pp. 70-89.

    10GbowéGbowéSimplice, Les conséquences des crises centrafricaine dans l'Adamaoua et l'Est du Cameroun (1960-2010) P129, Mémoire de Master II, Université de Ngaounderé, 2010 P. 102.

    11 Il existe deux types d'installation des réfugiés : spontanée et structurée. Dans le cadre de notre travail nous faisons allusion à la première.

    12 J. Kourouma, 1983, p. 48.

    13 Entretien avec Poutia Jean le 13 juillet 2014 à Ngaoui.

    123

    Comme c'était le cas avec les réfugiés congolais et tchadiens qui ont déferlés respectivement dans les villes de Bertoua et Kousseri en 1990 et 1982, les réfugiés centrafricains entraient en masse et s'installaient dans les confins de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua14. Cette installation ne s'est pas faite sans conséquences. On assiste alors à l'augmentation des fréquences de vol qui dégénère des conflits entre les réfugiés et les populations locales. C'est dans cette optique que les chefs locaux ont joué des rôles des arbitres et parfois des sapeurs-pompiers pour résoudre des problèmes. D'autre part, on note également des efforts que fournissent ces chefs en matière de recensement au fur et à mesure que les réfugiés arrivent15. Incontestablement, il est judicieux de reconnaître l'implication active des chefs traditionnels dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines. Sans le concours de ceux-ci, les réfugiés centrafricains n'auraient véritablement pas pu s'installer et s'intégrer comme cela a été le cas dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    3-L'Etat Camerounais

    Les multiples crises politiques qui se sont répétées en République Centrafricaine ont entrainé des conséquences négatives pour le Cameroun. La gestion de ces problèmes a nécessité et nécessite encore la mobilisation de plusieurs acteurs. Ainsi, à Garoua Boulai comme à Ngaoui et Bertoua, les autorités administratives et militaires, sous le contrôle de l'Etat camerounais ont investis pour faire face à cette situation.

    L'instabilité politique en Centrafrique a offert un cadre propice au désordre et au foisonnement des bandes armées qui sèment la terreur aux confins du Cameroun du Tchad et de la RCA16. Ces problèmes transfrontaliers, les mouvements des personnes et des biens sont des préoccupations communes à ces pays, ils ont crée une plate-forme de coopération entre les Etats pour la résolution des problèmes concrets. C'est ce qui a obligé le Cameroun et la RCA à nouer davantage leur relation bilatérale par les signatures de plusieurs conventions de coopération depuis les années 1965 et 198017. Ainsi, le 8 août 1965 c'est le lancement de la commission mixte qui porte sur le traité de tracé et de la gestion de frontière commune, la situation des personnes et de leurs biens, le code des nationalités et

    14GbowéGbowéSimplice, 2010, p. 158.

    15 Entretien avec Dandjouma Victor le 25 juin 20014 à Meiganga.

    16Saibou Issa, 2006, « La prise d'otage aux confins du Cameroun, de la RCA et du Tchad : une nouvelle modalité du banditisme transfrontalier », Polis/RCSP/CPSR, Vol 13, n°1-2, pp 119-146. 17GbowéGbowéSimplice, 2010, p. 129.

    124

    de transport. Le 24 juillet 1969, c'est la convention en matière de police qui porte sur le règlement, la circulation des personnes et des biens, et interdit de s'immiscer dans les affaires intérieures aux deux Etats18.

    D'autre part, Les autorités administratives décentralisées ont fait de même dans leur circonscription administrative. En effet, c'est à plusieurs reprises que les autorités camerounaises des régions frontalières ont convoqué leurs homologues centrafricains pour débattre sur les problèmes communs. C'est le cas du sous-préfet de l'arrondissement de Garoua Boulai qui a convié son homologue centrafricain de la sous-préfecture de Bouar lors du 20 mai 2010 pour débattre sur la question de l'insécurité transfrontalière19. In grosso modo, il est important de noter que face à la recrudescence du phénomène de l'insécurité transfrontalière au niveau des frontières de ces deux pays, depuis les années 2000, on a assisté à l'intensification de la coopération et de la signature des accords dans le domaine sécuritaire entre les deux pays.

    Au plan local, l'Etat camerounais a pris des dispositions en vue d'assurer la sécurité dans les régions frontalières comme à l'intérieur du pays. En effet, face aux épineux problèmes d'insécurité que génèrent les conflits politiques et la situation des réfugiés centrafricains, l'Etat a mis un accent dans le secteur militaire des villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Ainsi, un nouveau poste de B.I.R a été créé à Garoua Boulai en 200320, un escadron composé de plusieurs pelotons fut installé en 2013, un déploiement de la DGRE rattaché à la présidence de la république, du commissariat de surveillance du territoire et du SEMIL. On note également dans cette ville, une augmentation considérable de l'effectif des gendarmes dans les brigades et postes de gendarmerie et plusieurs policiers qui arrivent sous forme de détachement pour la relève21. L'Etat camerounais, pour préserver son pays de toute contamination de guerre et la circulation des armes, a procédé à la fermeture des frontières à Garoua Boulai et à Ngaoui, lieux qui sont les principales portes d'entrée surtout lorsqu'on sait que les conflits en Afrique sont des faits fluide.

    18 A-H. OnanaMfege, 2004, Le cameroun et les frontières : Une dynamique géopolitique complexe, Paris, L'Harmattan, P.223.

    19 Entretien avec Abdouraman Moustapha le 25 juin 2014 à Garoua Boulai.

    20 Monographie de la commune Garoua Boulai 2010.

    21 Entretien avec Kanou Emmanuel le 24 juin 2014 à Ngaoui.

    125

    Dans les villes de Ngaoui on note une création de trois postes de sécurité dont une de la gendarmerie, et les deux autres de la police et de la douane en 199222.En 2013, un poste de contrôle en aval a été créé entre les frontières camerounaises et centrafricaines. Comme à Garoua Boulai, il existe également des militaires qui arrivent sous forme de détachement pour la relève. Lors des journées de marchés, toutes les voitures qui vont à Ngaoui sont escortées par des éléments du B.I.R qui détiennent leur base à Meiganga23.

    À Bertoua, en plus des corps cités pour les cas de Ngaoui et Garoua, il existe également des patrouilles qui sont menées toutes les nuits par les ESSIR. Pour les soldats centrafricains qui ont intégré les trois villes, l'Etat camerounais se rassure que ceux-ci sont sous le contrôle des forces de l'ordre et que leurs armes sont stockées à la garnison militaire de Bertoua.

    Au niveau international, l'Etat camerounais a envoyé un grand nombre de ses soldats au côté de la MISCA pour le maintien de l'ordre en RCA. Selon Martin Samonsa, soldat de cette mission militaire, la MISCA est composée à majorité des Camerounais24. On note également de nombreux convois militaires camerounais qui escortent les populations camerounaises et centrafricaines pour leur retour au Cameroun. Bref, on constate une attention de l'Etat camerounais vers ces trois localités plus que par le passé. En effet, l'Etat camerounais exerce des efforts louables dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines comme le reconnu le représentant du Secrétaire Général des Nations Unies :

    Les autorités camerounaises sont particulièrement mobilisées pour cette cause. Je tiens à les féliciter pour leurs efforts et pour leur politique en faveur des réfugiés. Nous avons tenus à le dire aux membres du gouvernement, en leur réitérant la disponibilité des Nations Unies à continuer à les accompagner dans la recherche des solutions pérennes aux difficultés actuelles25.

    4-L'organisation des communautés villageoises

    On entend par organisation l'action d'encadrer, de structurer et d'arranger. En général, il existe plusieurs organisations qui oeuvrent dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Mais dans le cadre de

    22Mnographie de la commune de Ngaoui 2010.

    23 Entretien avec Abdouraman Labi le 25 juillet 2014 à Ngaoui. 24Entretien avec Martin Samonsa le 25 août 2014 à Ngaoundéré.

    25 Conférence de Presse de Abou Moussa le 14 mars 2012 à Yaoundé.

    126

    notre travail, nous nous intéresseront seulement à MBOSCOUDA26. En effet, cette organisation est une association qui oeuvre pour le développement social et culturel des Bororo au Cameroun. Dans les trois villes qui constituent la zone de notre étude, en plus des colis de nature différente qui sont distribués aux réfugiés, on note un grand site qu'elle a mis sur pied à Ti Homo dans la commune de Garoua Boulai comme nous pouvons le constater dans la photo suivante.

    Photo 19: Site des réfugiés musulmans étrangers vivant en Centrafrique (c)Gambo, réalisé le 14 juin 2014 à Ti homo.

    La photo 18 nous présente l'image du camp des réfugiés étrangers qui vivaient en Centrafrique. En effet, il faut souligner que le HCR s'occupe exclusivement des réfugiés qui présentent une nationalité centrafricaine. Cependant, parmi les personnes qui fuient les atrocités en RCA, figurent aussi bien des libyens, maliens, tchadiens et plusieurs autres populations qui ne sont pas d'origine centrafricaine. Ainsi, abandonnés à eux-mêmes, les conditions de vie de ces catégories de refugié sont déplorables. Composé à majorité des Bororo comme c'est le cas chez les centrafricains, la situation de ceux-ci vont attirer l'attention de MBOSCOUDA. C'est dans cette optique que ladite association a pu construire ce camp avec des bâtiments flambants neufs pour leur logement. Toutefois, il

    26 Confère annexe.

    127

    faut préciser que les conditions d'accès à ce site restent sur la nationalité et la religion. Dès lors ne peut avoir accès à ce site que tout réfugié musulman ayant une nationalité autre que celle des Centrafricains mais vivant en Centrafrique27.

    De 1965 à 2013, hors mis quelques cas isolés, la prise du pouvoir en Centrafrique s'est toujours opérée par la force. Cette manière peu orthodoxe d'accéder au pouvoir a souvent été sujette de nombreux conflits. Conflits qui ont dégénéré des conséquences aussi douloureuses dans les pays voisins. A cause de la porosité des frontières qui a provoqué le professionnalisme des bandes armées, la récurrence et la monté de l'insécurité dans les régions frontalières du Cameroun, plusieurs acteurs endogènes se sont mobilisés pour accompagner les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines.

    B-Les acteurs exogènes accompagnant les communes de Garoua Boulai, Ngaouiet Bertouadans la gestion des conséquences des conflits centrafricains au Cameroun de 1960 à 2013

    Les différents types d'acteurs dont il est question ici, il faut le préciser sont les acteurs internationaux qui réalisent des actions dans la gestion des conséquences conflits centrafricains au Cameroun. En effet, la résolution de ces problèmes dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, n'a pas seulement fait l'objet des communes et des acteurs endogènes. Parallèlement aux actions camerounaises, on note un appui de la communauté internationale à travers les actions des grandes puissances et du HCR et ses partenaires.

    1-L'UNHCR et ses partenaires.

    En effet, lorsque le Cameroun se trouve confronté à de milliers de réfugiés centrafricains en 2005, il lance un appel à la communauté internationale qui finit par réagir. Cet appel est suivi de la mise en place d'une politique de gestion officielle des réfugiés centrafricains avec des programmes bien spécifiques. Ainsi, présenter le HCR comme acteur de la gestion des conséquences des crises centrafricaines au Cameroun revient à scruter ses principaux rôles et les multiples actions dont il en est l'auteur.

    En effet, les acteurs de ce nouveau type d'encadrement sont principalement les organismes internationaux à but humanitaires, dont chacun a un rôle précis à jouer. Il s'agit

    27 Entretien avec Hamadjida Ibrahima le 26 juin 2014 à Ti Homo.

    128

    du HCR, organisme international chargé de la protection et de l'assistance aux réfugiés et ses partenaires. Organisme subsidiaire de l'Assemblée générale des Nations Unies à vocation humanitaire, sociale et politique. En effet, la réalisation des actions du HCR dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua se fonde sur deux principales tâches. Ces tâches sont « la protection internationale qui consiste à promouvoir et à défendre les droits fondamentaux des réfugiés et l'assistance matérielle qui consiste à aider les gouvernements des pays d'asile à faire en sorte que les réfugiés puissent le plus rapidement possible assurer leur subsistance »28 Pour la réalisation de ses missions, le HCR fait recours aux organismes spécialisés et non gouvernementaux. Il s'agit entre autre du Programme Alimentaire Mondiale (PAM), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), du Fond des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), de l'Organisation International de Travail (OIT), de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), du United Nations International Children's Emergency Fund (UNICEF) et l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO)29. Ici, il faut préciser que chaque organisme a un rôle précis à jouer dans un domaine bien précis.

    Ainsi, dans le secteur sanitaire, on note de multiples actions de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et des Médecins Sans frontière (MSF). En effet, ceux-ci s'occupent des réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en fournissant des médicaments et l'assistance des médecins. Le HCR a aussi construit et réhabilité plusieurs forages dans ces trois villes dans le souci de reculer ou de minimiser les maladies dues à l'eau.

    Au plan social, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à la demande du HCR, étudie la possibilité de la mise en oeuvre des programmes d'intégration et d'installation, en accord avec le gouvernement camerounais. L'Organisation International du Travail quant à elle, a intervenu dans les problèmes de formation et d'emplois. Tandis que les actions du Programme Alimentaire Mondial (PAM) s'observent par le règlement des rations et le fournissement des vivres aux réfugiés centrafricains. Le United Nation International Children's Emergency Fund (UNICEF) brille par ses actions de protection des réfugiés.

    28 M. Kombi, 1986, « Le cameroun et les réfugiés », Mémoire de maîtrise, Droit Public, Université de Yaoundé. P.25-30.

    29Kourouma, 1983, p.36.

    129

    Dans le secteur éducatif, l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) intervient en mettant ses experts à la disposition du HCR30. Pour résoudre le problème de surnombre des élèves par exemple, le HCR a aussi construit de nombreuses salles de classe comme nous pouvons le constater dans la photo suivante.

    Photo 20: Bâtiment scolaire construit en 2012 par le HCR à Ngaoui.

    (c): Gambo, réalisé le 14 juin 2014 à Ti homo.

    La photo 19 présente ainsi le bâtiment flambant neuf construit par le HCR dans la ville de Ngaoui. Ce bâtiment de deux salles de classe et d'un bureau administratif est le résultat de la présence des enfants réfugiés dans cette ville. Avant l'arrivée massive des réfugiés ici, ce village disposait de trois établissements scolaires. L'avènement des réfugiés centrafricains corollaire des troubles politiques dans leur pays a augmenté le nombre des élèves dans cet établissement. Ainsi c'est pour remédier à ces problèmes que le HCR a pu construire ce bâtiment.

    En plus des organismes cités ci haut, on note également des actions d'autres organismes internationaux sollicités par le HCR. Il s'agit de la FIRC, de Basc-Caritas, d'IMC, d'AfricanHumanitarian Action entre autre.

    30Ibid

    130

    Au départ de son action, associé au PAM, le HCR a recours à un partenariat avec Basc-Caritas qui est son principal partenaire opérationnel. Ensuite, à partir du début de l'année 2009, il a signé un partenariat avec la FIRC qui reprend en main l'opération de protection et d'assistance aux réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. A compter de cette date, naît un partenariat tripartite PAM-HCR-FIRC. Cette ONG s'occupe de la distribution de vivres, de la santé, de l'éducation des réfugiés et de leur autonomisation. En 2010, le HCR signe un partenariat avec IMC qui prend à son compte deux volets de la protection des réfugiés, les volets santé et nutrition. En plus de ces principaux partenaires, on enregistre également l'intervention de Première Urgence (PU), de la Croix-Rouge Française, d'AHA, de l'IRD31.

    2-Les grandes puissances

    Toujours dans la même lancée, l'on note les actions des grandes puissances dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines, à travers la construction des salles de classe, les dons en kit scolaires et des aides financiers. En effet, plusieurs salles de classe ont été construites par les japonais dans les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua. Ainsi, on note 3 bâtiments construits en 2007, à Ngaoui 2 salles de classes construites en 2006 et plusieurs salles construites dans la commune de Bertoua. Ces dons japonais ont été offerts dans l'optique de résoudre le problème de surnombre des élèves suite à l'afflux des réfugiés centrafricains. En plus de ces salles de classe qui sont construites, le gouvernement japonais a souvent offert des dons en kit scolaires aux enfants réfugiés32.

    En ce qui concerne les aides financières, certaines grandes puissances sont souvent venues en aide au gouvernement camerounais pour leur apporter du soutien financier. C'est le cas par exemple de l'Allemagne qui a offert une somme de 10 milliards de FCFA au gouvernement camerounais pour la gestion des conséquences des crises centrafricaines en 2013.

    Le Cameroun est l'un des pays signataire des différentes conventions relatives aux réfugiés33. Ainsi, il doit accueillir les réfugiés centrafricains. C'est dans cette optique d'assurer le suivi de ceux-ci que le HCR et ses partenaires, ainsi que d'autres organismes

    31 HCR, Caravane de la journée mondiale des réfugiés : Cartographie des réalisations 2010.

    32 Entretien avec Abono Djeuma Vincent le 14 septembre 2014 par téléphone.

    33 Le Cameroun a participé aux conventions de Genève de 1951, du Protocole de New York de 1967 et celui de l'OUA de 1969.

    131

    humanitaires assiègent les villes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua pour venir au secours à ces derniers. Ces acteurs exogènes impliqués dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines sont plus nombreux et leurs actions sont plus coordonnées.

    II-LES MOYENS DES ACTIONS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    De manière générale, les communes camerounaises ont des missions permanentes qui consistent à fournir les services de base à ses habitants tels que l'éducation, la santé, les routes, l'électrification, l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement de la ville, la sécurité des populations et la promotion des activités culturelles et sportives. Cependant, au-delà de ces missions, les communes des régions frontalières en particulier, celles de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont réalisé de nombreuses actions face aux conflits centrafricains dont elles sont victimes. Ces réalisations qui ont porté dans le secteur éducatif, sanitaire et infrastructurel ont fait l'objet de lourdes dépenses. Ainsi, la réalisation de ces actions a nécessité la mobilisation d'énormes fonds qui s'observent à travers les ressources financières propres des communes et les recettes externes. Il est question dans cette partie de scruter les moyens qu'utilisent les communes des bortherlands camerounais dans leurs actions face aux crises centrafricaines.

    A-Les ressources propres des communes de Garoua Boulai, Ngaouiet Bertoua

    Les ressources financières propres d'une commune sont l'ensemble des recettes que fournissent les activités locales de cette commune. Les ressources financières propres des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont multiples et variées. On rencontre entre autre les recettes fiscales, les taxes communales directes et indirectes, les ressources transférées dans le cadre de la décentralisation, les organismes d'assistance aux réfugiés centrafricains et autres partenaires au développement, les recettes de l'exploitation du patrimoine communal34. Ces activités varient d'une commune à l'autre en fonction des ressources que l'on retrouve dans les différentes zones. C'est le cas par exemple des communes de l'Est qui dispose de grands potentiels forestiers tandis que l'Adamaoua n'en dispose pas. De même, pendant que la commune de Ngaoui dispose d'énormes bétails qui

    34 Entretien avec Abdouraman Labi le 24 juillet 2014 à Ngaoui.

    132

    font d'elle un marché international de bétail, Garoua Boulai et Bertoua en possède moins35. Toutefois, le moins que l'on puisse dire est que même si les richesses locales ne sont pas les mêmes pour servir de ressources financières semblables à toutes les communes, il n'en demeure pas moins qu'elles regorgent quelques ressources identiques comme nous pouvons observer dans le tableau suivant.

    35 Entretien avec Heudaïbe Gaspard le 8 septembre 2014 è Ngaoundéré.

    133

    Tableau 10: Répertoire et réalisations des ressources financières propres des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua de 1977 à 201336.

    Types de ressources

    Réalisation de la
    Commune de
    Garoua Boulai en
    2009

    Réalisation de de
    la Commune de
    Ngaoui en 2009

    Réalisation de la
    Commune de
    Bertoua en 2009

    Patente

    458

    365

     

    242

    365

     

    354 835

    Impôts libératoires

    9 2568

    585

    6

    325

    568

    10

    0890652

    Licence

    154

    254

     

    102

    365

     

    164 250

    Permis de bâtir

    548

    658

     

    124

    554

    1

    792 914

    Taxe sur le bétail

    54

    558

     

    12

    554

     

    34 000

    Taxe d'inspection sanitaire

    89

    256

     

    25

    000

     

    51 000

    Taxe sur l'abatage

    754

    254

     

    855

    236

     

    45 000

    Taxe sur la

    dégradation de la chaussée

    158

    458

     

    4

    568

     

    513 000

    Taxe sur le divertissement

    54

    200

     

    10

    522

    1

    588 000

    Droit de fourrière

    59

    526

     
     

    00

     

    52 000

    Droit de place

    954

    336

     

    524

    223

     

    40 000

    Occupation

    temporaire de la voie publique

    5 478

    225

    4

    236

    115

    8

    369 250

    Taxe de

    stationnement

    124

    254

    1

    220

    000

    5

    157 889

    Taxe

    d'assainissement

    54

    000

     

    54

    000

     

    81 000

    Taxe sur la publicité

     

    00

     
     

    00

     

    25 000

    Droit de timbres

    3 526

    365

     

    125

    445

    6

    357 400

    Taxe de transit

    96

    000

     

    121

    000

     

    54 000

    Amende de simple police

     

    00

     

    2

    550

     

    00

    Autres

    339

    584

     

    225

    521

     

    482 956

    36 Plan de développement des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, 2009.

    134

    Le tableau 12 nous présente les types de ressources financières propres des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ainsi que leurs réalisations en 2009. Dans ce tableau, nous pouvons constater à la première colonne que parmi toutes ces ressources financières propres des communes, l'impôt libératoire présente le taux de réalisation le plus élevé pour toutes ces trois communes. Ceci, à cause de nombreuses activités qui se déroulent dans ces villes. D'autre part, nous pouvons également remarquer quelques différences qui existent entre les réalisations de ces trois communes. C'est le cas par exemple des réalisations de la taxe sur le stationnement qui est très élevé dans les communes de Bertoua et Garoua, mais moins dans la commune de Ngaoui. Ceci se justifie simplement par le fait que Bertoua et Garoua Boulai sont situés sur l'axe lourd reliant le grand nord, Bangui et Ndjamena au port de Douala, tandis que Ngaoui qui est placé à 3 km de la RCA occupe non seulement une position périphérique mais surtout, possède un état de route enclavé. Cette situation qui ne fait pas profiter la commune de Ngaoui est plutôt un atout pour les communes de Bertoua et de Garoua Boulai, surtout lorsqu'on sait que celles-ci accueillent tous les jours les camions qui transitent en direction du Nord et vice versa.

    En effet, les ressources financières propres des communes sont multiples et variées. Dans le cas de notre étude, il existe quelques types de ressources communes que nous avons pu identifier dans le tableau ci haut. Ces ressources ont permis aux communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua d'obtenir des fonds qui leur ont permis de réaliser les actions louables dans leur bataille face aux crises centrafricaines. Cependant, les recettes propres n'ont pas été les seules sources des actions des communes des bortherlands, car nombreuses et coûteuses, il a fallu aussi des ressources financières externes.

    B-Les ressources externes des communes de Garoua Boulai, Ngaouiet Bertoua

    Dans cette partie, il est question d'identifier les sources externes qui financent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans leurs actions face aux conséquences des crises centrafricaines dont elles sont victimes. Lesquelles participent d'une manière ou d'une autre au développement de ces communes à travers leurs appuis multiformes dont il semble important de dresser le répertoire. Il s'agit bien du FEICOM, du PNDP, du BIP et les Organismes internationaux et non gouvernementaux.

    135

    a-Le FEICOM

    Le Fonds Spécial d'Equipement et d'Intervention Intercommunale (FEICOM) a été créé par la loi n° 74/23 du 05 décembre 1974 portant organisation communale au Cameroun et rendue opératoire par le décret d'application N°77/85 du 22 mars 1977.

    Sa principale mission est d'accompagner les Collectivités Territoriales Décentralisées dans le processus de développement en leur apportant notamment une assistance technique et financière. Cet organisme apparaît donc comme l'instrument privilégié du développement local au Cameroun. Ainsi, le gouvernement camerounais, qui a fait de la décentralisation l'un des axes majeurs de son programme politique, a toujours su adapter au fil du temps cet organisme à l'évolution politique de son environnement. C'est dans cette optique que le FEICOM a été réorganisé par le décret présidentiel du 11 décembre 2000 qui l'érige en Direction Générale. Ce décret a été à son tour modifié et complété par un autre datant du 31 mai 2006 dont l'une des innovations majeures est la fonction d'intermédiation financière assignée à cette structure. Cette nouvelle fonction amène le FEICOM à rechercher dans le cadre de la Coopération financière internationale des partenariats dans le but d'aider les municipalités camerounaises à trouver d'autres ressources pour faire face à leur problème de développement. Partenaire privilégié des communes et bras séculier de l'état dans la mise en oeuvre du processus de décentralisation au Cameroun, le FEICOM assure en outre l'assistance conseil des CTD et la formation des élus locaux dans le but de renforcer les capacités de gestion des édiles locales.

    Pour le bon fonctionnement de son programme, le FEICOM a mis sur pied la péréquation. C'est un mécanisme de redistribution qui vise à réduire les écarts de richesse, et donc les inégalités, entre les différentes collectivités territoriales 37 . La révision constitutionnelle du 28 mars 2003 l'érige en objectif de valeur constitutionnelle, puisque désormais la loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l'égalité entre les collectivités territoriales. Ainsi, deux mécanismes de péréquation peuvent être distingués : La péréquation horizontale qui s'effectue entre les collectivités territoriales et consiste à attribuer aux collectivités défavorisées une partie des ressources des collectivités les plus riches et la péréquationverticalequi est assurée par les dotations de l'État aux

    37On estime que 5% des collectivités - soit environ 1 800 communes - possédaient à elles seules 80% des bases de la taxe professionnelle.

    136

    collectivités. La dotation globale de fonctionnement en est le principal instrument.Ceci étant, les limites de la démarche de péréquation se perçoivent bien dès lors que l'on constate que près de90% des transferts financiersréalisés à ce titre relèvent de la péréquation verticale. Cela atteste que l'État cherche à jouer un rôle correcteur des inégalités locales, mais que les solidarités entre les territoires sont encore insuffisantes. C'est dans cette logique que le FEICOM a pu octroyer d'énormes sommes aux communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    b- Programme des Nations-Unies pour le Développement(PNDP)

    Prévu pour renforcer l'offre en services sociaux de base des communes ainsi que l'amélioration de la gouvernance locale, le PNDP est un programme d'envergure nationale prévu pour une durée totale de 12 ans, en trois phases de 4 ans. Ses activités sont réparties en plusieurs composantes. Il s'agit entre autre de l'appui financier au développement des communes et communautés rurales. Cette approche consiste à l'investissement en infrastructures identifiées localement à la suite d'un diagnostic participatif et pouvant concerner des réalisations sociales, équipements publics marchands, protection de l'environnement et mise en valeur des ressources naturelles.

    D'autre part, on note un appui aux communes dans le processus progressif de décentralisation. Ici, l'objectif est de renforcer les capacités techniques et opérationnelles des communes par l'appui à la réforme de la fiscalité, des finances et du domaine des collectivités décentralisées, du renforcement des capacités des élus locaux et du personnel communal pour mettre en oeuvre la décentralisation et des capacités de l'administration en matière de décentralisation.

    Enfin, on note le renforcement des capacités des acteurs publics et privés impliqués dans la mise en oeuvre du PNDP. La réalisation de cette composante passe par des activités de formation, le recrutement de prestataires accompagnant les maîtrises d'ouvrage locales dans l'élaboration des diagnostics et plans de développement et le suivi de la réalisation des microprojets.

    En effet, le dispositif d'intervention du PNDP est centré sur la commune, maître d'ouvrage de la stratégie de développement local. La démarche du programme repose sur le Plan Communal de Développement (PCD) élaboré via un processus participatif, qui

    137

    exprime la vision commune du développement pour une période de 5 ans et qui établit les priorités d'investissement de la commune, notamment en termes de microprojets.

    Le programme du PNDP est placé sous la maîtrise d'ouvrage du Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire (MINEPAT). Il est mis en oeuvre par la Cellule Nationale de Coordination (CNC). Dans chaque région, la Cellule Régionale de Coordination (CRC) coordonne les activités dans la région et rend compte à la CNC. Ces structures de gestion ont en charge la planification et la coordination des actions, le suivi des fonds alloués aux communes, la mobilisation des prestataires de services, le suivi-évaluation, la communication et la gestion de l'information.

    c-Les Centimes Additionnels Communaux

    Les Centimes Additionnels Communaux sont une taxe supplémentaire de 10% qui frappent les impôts sur la TVA, IS, IRPP, et la TPRCM. C'est une majoration qui s'applique au principal de certains impôts notamment les impôts sur les revenues des personnes physiques, les sociétés, les contributions des patentes et des licences, la taxe sur la valeur ajoutée, la taxe foncière et la taxe sur les jeux de hasard et de divertissement.

    Les Centimes Additionnels communaux sont calculés sur le principal que sur les majorations des impôts auxquels ils s'appliquent et suivent le sort des éléments qui leur servent de base. Ils figurent directement sur les avis de recouvrement poursuivi avec le principal38. À l'exception des centimes notamment 10% au titre des frais d'assiette et de recouvrement additionnels sur la taxe foncière qui sont intégralement reversés à la commune du lieu de situation de l'immeuble, les centimes additionnels sur les autres impôts sont répartis entre les Communes et Communautés Urbaines.

    d-Les organismes internationaux

    Les recettes externes des communes des bortherlands proviennent de plusieurs sources. Il est question dans cette partie, d'identifier les différents organismes internationaux qui financent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Ces organismes participent d'une manière ou d'une autre au développement de ces trois communes à travers leurs appuis multiformes dont il semble important de les identifier. Il s'agit entre autre de l'AIMF, l'AFD, la CARE, PLAN Cameroun, l'ORG et le WWF.

    38 Toutes les communes du Cameroun bénéficient de ces fonds

    138

    En ce qui concerne l'AIMF (Association Internationale des Maires Francophones), c'est une organisation créée en 1979 à l'initiative des maires de Paris et du Québec par messieurs Jacques Chirac et Jean Pellier. Les villes fondatrices sont au nombre de 20. Opérateur de la francophonie pour la coopération décentralisée, l'AIMF est un réseau de villes et d'association des villes au service du développement des collectivités locales. Elle accompagne les collectivités dans le processus de décentralisation et finance des projets concrets qui mobilisent son réseau d'expert. Pour atteindre ses objectifs, l'AIMF développe ses programmes autour de deux axes complémentaires à savoir le renforcement des capacités et l'appui aux populations à travers dix secteurs d'intervention : la modernisation des gestions municipales, l'état civil, la paie et la comptabilité, l'appui aux maires, la formation, les infrastructures municipales, le développement, la culture, la jeunesse et l'éducation, la santé et enfin l'aide d'urgence39. C'est dans cette optique qu'elle apporte un soutient considérable aux communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua comme le souligne le maire de Dakar Mamadou Diop : « C'est maintenant un lien étroit entre l'homme et l'environnement que l'on peut espérer assurer un développement durable dans un cadre de vie sain et protégé, où nature et société coexistent harmonieusement40 »

    Présente dans plus de 50 pays d'Afrique, du pacifique, d'Asie, des caraïbes, de l'océan indien, d'Amérique Latine, et de la Méditerranée, l'AFD (Agence Française de Développement) finance et accompagne les projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutien la croissance économique et protège la planète par la scolarisation des enfants, appui aux agriculteurs, soutien aux petites entreprises, adduction d'eau, préservation de la forêt tropicale et la lutte contre le réchauffement climatique41. En effet, l'AEF est un organisme français, ayant à la fois le statut d'établissement public à caractère industriel et commercial et d'institution financière spécialisée qui, d'une part, finance des projets de développement en tant qu'opérateur pivot du dispositif d'aide publique au développement. C'est dans cette mesure qu'elle a pu entretenir des relations étroites avec les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua42.

    39 http://www.aimf.asso.fr, consulté le 12 août 2014.

    40 A. Gilder et P. Lottiaux (dir), 1999, l'AIMFEN ACTION : des maires et des hommes, le cherche Midi-éditeur, Paris, p.59, cité par HamouaDalaïlou, 2009 : « Aux sources de la décentralisation au Nord-Cameroun ». In Revue des sciences sociales, Ngaoundéré-Anthropos, Vol. VII. P. 76. 41 http://www.afd.fr.jahia/jahia/home/gouvernanceAFD, consulté le 12 août 2014.

    42 Entretien avec Pkao Raymond le 25 juillet 2014 à Garoua Boulai.

    139

    Contrairement aux organismes internationaux, Plan Cameroun est une organisation internationale non gouvernementale. Créée à la fin des années 30, Plan est au Cameroun depuis 1996. Il entre en relation avec les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua lors de l'accélération du processus de la décentralisation. En effet, Plan est une ONG qui travaille dans la promotion du droit des enfants. À ce titre, il finance essentiellement des projets sociaux en faveur des enfants de moins de 18 ans dans ces trois communes. C'est la raison pour laquelle on rencontre ses projets dans nombre d'écoles primaires et maternelles de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, lieux par excellence des mobilisations des enfants. De ce fait, plan s'est attelé à apporter son soutien aux communes de ces trois localités depuis le début de la décennie 200043.

    Quant à l'OND (Organisation Néerlandaise de Développement, elle est également une organisation non gouvernementale) mis en place par le gouvernement du Pays Bas pour venir en aide aux pays en développement, au lendemain de la décolonisation de l'Afrique subsaharienne en 1960. Son rôle s'observe dans la diversification de ses interventions à travers l'amélioration des conditions de vie des défavorisés dans les domaines de l'agriculture, la santé, les coopératives, les affaires sociales et le développement communautaire44. C'est dans cette logique qu'elle prend attache avec la commune de Garoua Boulai en 199045 et les communes de Bertoua et Ngaoui plus tard.

    EN effet, en ce qui concerne les organismes internationaux qui contribuent aux recettes extérieures des communes des bortherlands camerounais, nombre d'entre eux sont des partenaires des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua avec qui ils entretiennent des relations étroites. Cependant, de tous ces organismes internationaux, l'AIMF, l'AFD, Plan Cameroun et l'OND sont les plus remarquables non seulement à cause de leurs multiples actions, mais surtout, par leur présence dans les trois communes. D'autres organismes par contre, réalisent d'énormes actions au même titre que ces précédents, mais ils ne sont pas présents dans toutes les communes de notre étude. C'est le cas par exemple de CARE, PDOP, SNV, PAPLO46 pour ne citer que ceux-ci, sont présents dans les commune de Bertoua et Garoua Boulai, mais sont absents dans la commune de

    43 P. Kum, 21 juillet 2010, « Cameroun : Plan Cameroun » au secours de Bibémi », http://allafrica.com/cameroun, consulté le 12 août 2014.

    44SaïbouIssa, « La SNV au Cameroun, 1963-2005 », juin 2011, in African studies centre, Leiden, The Netherlands, ASC looking Paper 94/2011, p.6.

    45 Monographie de la commune de Garoua Boulai 2008.

    46 PAPLO, note des présentations des activités, juin 1999.

    140

    Ngaoui47. Ce qui laisse croire que ces deux communes ont une riche expérience en matière de partenariat avec les organisations internationaux. Toutefois, il faut noter que ces partenariats entre les communes des bortherlands camerounais et les organismes internationaux ont un impact positif48, surtout lorsqu'on sait que ces derniers ont financé les grands projets des communes, ce qui leur a permis de faire face efficacement aux crises centrafricaines.

    En définitive, ce chapitre a traité des acteurs et les moyens qui accompagnent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans leurs actions face aux conséquences des conflits centrafricains. De ce qui précède, force est de constater que la recrudescence des crises politiques en Centrafrique a eu d'impact direct sur la vie sociale et politique des villes frontalières du Cameroun. La première raison qui justifie la fluidité et l'impact de ces crises réside dans le fait que le Cameroun et la RCA sont contigus et partage une longue frontière terrestre49. Face à cette situation, les communes de ces trois villes n'ont pas croisé les bras, elles ont réalisé d'énormes actions en vue de minimiser sur tous les plans les problèmes issus de ces crises.

    Cependant, bien que chef de file, les communes n'ont pas été les seules acteurs à faire face aux conséquences des conflits centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. À côté de leurs actions, on note aussi celles des acteurs internes qui regroupent à la fois les populations locales, les chefs traditionnels, les Organisations villageoises et l'Etat camerounais. En effet, les confins du Cameroun ont à leur sein les mêmes populations que l'on retrouve des côtés de la Centrafrique. La présence de ces peuples à cheval (Bororo et Gbaya), a favorisé l'accueil et une intégration rapide des réfugiés centrafricains au sein de la population locale. D'autre part, la monté de l'insécurité dans ces villes a suscité une intervention rapide de la part de l'Etat camerounais. Cette intervention s'observe par un accent mis dans le secteur militaire. En effet, on note davantage une attention de l'Etat orientée vers ces trois zones à travers le renforcement en nombre des postes militaires en place, la création et l'installation des nouveaux corps accompagnés des matériels de combat et l'envoi permanent des escadrons militaires

    47 La date de création de la commune de Ngaoui est récente. Elle est donc une jeune commune par rapport à la commune de Garoua Boulai. Quant à la commune de Bertoua, leur présence se justifie par la présence d'énormes richesses en bois que cette commune dispose.

    48 Entretien avec Pkao Raymond le 25 juillet 2014 à Garoua Boulai. 49GbowéGbowéSimplice, 2010, p. 158.

    141

    composés de plusieurs pelotons pour la relève. On observe aussi des visites répétées des responsables militaires de l'Etat camerounais.

    En ce qui concerne les acteurs exogènes, il est convenable de signaler que le déferlement des réfugiés centrafricains en grand nombre dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua a suscité l'intervention des organismes internationaux pour le suivi et la prise en charge de ceux-ci. Ces organismes humanitaires ont réalisé des actions qui ont aidé les communes dans la réalisation de leurs actions. Le HCR a construit et réhabilité dans les trois villes des infrastructures sociales, écoles, centre de santé et bien d'autres. Tous ces actions ont été un soulagement pour les communes qui ont parfois fais face à d'énormes difficultés financières.

    En fin dans la deuxième partie de ce chapitre, il était question de scruter les différentes sources de financement des communes de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua dans leurs actions face aux conséquences des conflits centrafricains. De ce qui précède, il ressort que deux sources de revenue sont les fondamentales. Il s'agit des ressources financières propres des communes d'une part et des recettes externes d'autre part. S'agissant des ressources financières propres, c'est l'ensemble des moyens propres des communes obtenus à travers les activités qu'elles exercent. On rencontre entre autre, la patente, les impôts libératoires, les licences, les permis de bâtir, les taxes sur le bétail, les taxes d'inspection sanitaire, les taxes sur l'abattage, les taxes sur la dégradation de la chaussée, les taxes sur le divertissement, le droit de fourrière, le droit de police, l'occupation temporaire de la voie publique, les taxes sur le stationnement, les taxes d'assainissement, les taxes sur la publicité, le droit de timbres, les taxes sur le transit, l'amende de simple police et bien d'autres.

    En ce qui concerne les recettes externes, il s'agit des organismes internationaux et des organisations internationales non gouvernementales partenaires à la fois de ces trois communes. Ce sont entre autre le PNDP, le FEICOM, le BIP, Plan Cameroun, AIMF, AFD et bien d'autres. Ces organismes dans leur immense majorité, ont financé les grands projets des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la gestion des conséquences des conflits centrafricains.

    142

    CHAPITRE V : L'IMPACT DES ACTIONS ET LES DIFFICULTÉS
    DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA
    DANS LA GESTION DESCONSEQUENCES DES CONFLITS
    CENTRAFRICAINS DE 1960 A 2013

    Les multiples actions des communes des bortherlands camerounais ont permis de faire face aux conséquences des conflits centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Les effets d'amélioration des conditions de vie des refugiés centrafricains et des populations locales par le truchement des communes, sont aujourd'hui perceptibles et lisibles dans ces trois villes. Ceci à travers les actions réalisées sur les plans social, politique, culturelle qu'économique. Ces actions qui ont eu un impact considérable s'observent à plusieurs niveaux et sous plusieurs formes. Toutefois, il faut aussi rappeler que la réalisation de ces actions a aussi rencontré d'énormes difficultés. L'objet du présent chapitre consiste à présenter l'impact des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, sur les plans politique, économique, social et culturel. Ensuite, il s'agira de scruter dans la seconde partie, les difficultés dont ces trois communes ont rencontré dans la réalisation de leurs actions.

    I-L'IMPACT DES ACTIONS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA SUR LES PLANS POLITIQUE, ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL

    L'instabilité politique en Centrafrique a favorisé depuis longtemps et favorise encore aujourd'hui des conséquences négatives pour le Cameroun en général mais les villes frontalières en particulier. De nombreuses populations en provenance de la République Centrafricaine sont présentes dans les régions frontalières du Cameroun. Si, avec l'arrivée massive de ces derniers on note une situation où les centres de santé et les écoles sont débordés par l'effectif pléthorique des malades et des élèves, une flambée des prix des denrées alimentaires, des cas de vols de plus en plus récurrentes et une croissance exponentielle de l'insécurité, il n'en résulte pas moins qu'en 2013, on assiste à une nette amélioration de la situation. Il est question dans cette partie de présenter exclusivement l'impact des actions des communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui sur les plans politiques, économique, social et culturel.

    144

    A-L'impact des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sur le plan politico-économiques

    Les multiples actions des communes des bortherlands camerounais face aux crises centrafricaines ont eu impact sur les plans politique et économique

    1-Le recul de l'insécurité et le maintien de la paix au Cameroun

    Les répercussions des conflits centrafricains au Cameroun suscitent la crainte des hommes d'État surtout qu'elles s'accompagnent d'un mal qui effraie tout le monde. Il s'agit de l'insécurité. Les théoriciens des migrations de crise ont établi l'idée selon laquelle l'insécurité et ses corollaires dérivent généralement des situations de conflit et de tout ce qui suit1. Les réfugiés qui arrivent de la RCA peuvent alors être des facteurs de l'insécurité dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la mesure où leur mouvement s'accompagne parfois et même assez souvent avec la circulation des armes légères de petit calibre. Facilement dissimulables, du fait de leur légèreté, « Ces armes échappent aux contrôles douaniers et policiers et peuvent ainsi passer d'un pays à un autre selon le mouvement des réfugiés »2 En période de conflit, il faut noter que, l'opportunité d'entrer en possession de ces armes est chose facile.

    D'autre part, les populations centrafricaines qui s'installent au Cameroun font face à d'énormes difficultés de la vie courante. Celles-ci en fuyant les bals, la hâche de guerre et les exactions des rebelles n'ont pas eu le temps de bien se munir afin de faire face à la nouvelle vie à laquelle elles sont appelées. Ainsi, confrontés à des questions de survie, plusieurs d'entre eux vont choisir les moyens obscurs pour assurer leur survie. L'on note alors dans les régions frontalières camerounaises une croissance de vol, des actes d'agression, le banditisme, la prostitution, les braquages à mains armées, les bandits de grand chemin (Zarguina) et les prises d'otage 3 . Les actions des communes des bortherlands camerounais face aux crises centrafricaines ont alors été d'une très grande importance surtout lorsqu'on sait qu'elles ont favorisé l'intégration des réfugiés. On assiste à une prévention de l'insécurité et le contrôle de la circulation des armes qui pourraient entrainer des conséquences graves non seulement pour les zones frontalières mais surtout,

    1 Dion Essongué Marinette, « La prise en charge des femmes et des enfants réfugiés centrafricains dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua au Cameroun de 1960 à 2010 : Etat, enjeux et impact », Mémoire de Master II, Université de Ngaoundéré, pp 130-135.

    2Njimamboué Aliou, 2009, « Les enjeux stratégiques de la frontière orientale du Cameroun (1960-2008) », Mémoire de DEA, Université de Ngaoundéré, p. 56.

    3 Ibid.

    145

    pour l'État camerounais en général. En effet, les populations centrafricaines qui s'installent dans les zones frontalières du Cameroun, connaissent de plus en plus un nombre croissant. Cette situation met à risque l'État camerounais qui peut voir naître sur son territoire un groupe de rébellion au même titre que la RCA4 si rien n'est fait. La circulation des armes, facteur d'insécurité est récurrente comme le souligne HarounaYaraDoua : « (....) même les femmes et les enfants sont souvent utilisés pour la circulation des armes car ils ne font pas souvent l'objet d'une fouille systématique à la traversée de la frontière »5 Il est donc sans doute que les populations centrafricaines qui sont installées dans les zones frontalières du Cameroun en particulier, dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua possèdent des armes avec eux.

    La prévention de l'insécurité dans ces régions passe en partie par un meilleur encadrement de populations centrafricaines comme souligne les ONG humanitaires : « il faut offrir aux réfugiés un espoir de vie meilleur pour espérer les voir rester du bon côté de la barrière »6. La prévention de l'insécurité passe donc par un meilleur encadrement des réfugiés qui constituent de nos jours un potentiel facteur d'insécurité7. Les actions humanitaires des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont alors à plus d'un titre bénéfiques pour les régions frontalières mais surtout pour le Cameroun qui peut, comme nous l'avons souligné tantôt être à son tour touché par le même fléau. Puisqu'on sait qu'en matière d'insécurité, la gangrène peut facilement se répandre et infecter les zones saines8. D'où l'intérêt des actions communes des bortherlands face aux conflits centrafricains. Ces actions peuvent alors être analysées comme une action préventive de l'insécurité transfrontalière dans une région envahie par des personnes en quête de protection. Des personnes qui ne sont plus seulement vulnérables mais qui peuvent aussi être des personnes vectrices d'insécurité. Les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, présentement villes d'accueil des réfugiés centrafricains, ne peuvent se permettre de négliger cette prise en charge, Vu que cette gestion est non seulement un luxe pour elles-mêmes mais surtout pour le Cameroun en général.

    4 Les populations centrafricaines qui s'installent dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont à majorité des ex-rebelles de la « SELEKA ».

    5 Entretien avec HarounaYara Doua le 17 juillet 2014 à Ngaoui.

    6 R. Preston, 1995, « y'a-t-il une éducation spécifique aux réfugiés », in le courrier n°150, mars-avril, p.60. 7Ndjock Nyobé, « Le Cameroun de l'ONU de 1989 relative aux droits de l'enfant et ses perspectives d'application au Cameroun : Analyses des aspects juridiques et sociopolitiques », Thèses de Doctorat de 3è Cycle en Relations Internationales, IRIC, Université de Yaoundé. P. 39.

    8 N'Salambi Makiades Neves, 1989, « Le problème de réfugiés en Afrique et ses conséquences pour les pays hôtes : cas des réfugiés Namibiens, Sud-Africains et Zaïrois en Angola », Mémoire de Maîtrise professionnelle en relations internationales, IRIC, p.45.

    146

    En somme, il est convenable de souligner que les populations peuvent devenir des facteurs d'insécurité dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua si leur prise en charge est biaisée voir laissée pour compte. Lorsque leur encadrement présente certaines lacunes, ces personnes désespérées peuvent devenir un important facteur de déstabilisation tant sur le plan politique, économique, social que culturel de ces trois villes, mais aussi du Cameroun tout entier. Cette déstabilisation cour le risque d'aller plus loin que des problèmes de conflit foncier et des rebellions comme le souligne Saïbou Issa : « l'impact de leur présence sur un territoire, associé à mauvaise prise en charge et à d'autres facteurs externes, conduit à une situation désastreuse. Où on assiste à une transformation du banditisme transfrontalier 9». Puisque la criminalité rurale se modifie et devient une criminalité sophistiquée avec, des modes opératoires qui n'ont rien à envier aux délinquants les plus expérimentés. Exactement ce qu'on remarque dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Les actions humanitaires de ces trois communes ont alors permis d'éviter une insécurité et renforcer la paix au Cameroun.

    2-Augmentation du pouvoir politique du maire

    Les actions des communes des bortherlands camerounais face aux crises centrafricaines ont permis de renforcer l'influence des maires. En effet, les multiples réalisations des communes dans la gestion des conséquences des crises centrafricaines à Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ouvrent une ère nouvelle dans la scène politique avec l'entrée en scène des élus locaux 10 devenus par la force des choses des acteurs incontournables dans le processus de la décentralisation au Cameroun. En effet, les actions des maires réalisées dans ces trois villes ont propulsé ces maires au plus haut sommet de la sphère politique. Les magistrats municipaux grâce à leur statut de représentant des peuples ont entrepris des actions qui leur ont porté au commande. Ces actions sont traduites autant au plan régional, national qu'international par les investissements, la lutte contre l'insécurité et la prise en charge des réfugiés centrafricains.

    Aussi, il faut signaler que les réalisations de ces communes des bortherlands face aux crises centrafricaines sont le dynamisme des acteurs locaux impliqués dans la bataille. D'autre part, l'importance ou la taille des actions de ces communes est disproportionné d'une commune à l'autre. À ce titre, il y'a des communes qui sont situées à la frontière

    9Saïbou Issa, 2006, « La prise d'otage aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du banditisme transfrontalier », in polis/R.C.S.P. /C.P.S.R. Vol. 13, n°1-2.

    10 Nous faisons allusions aux maires

    147

    comme c'est le cas de Ngaoui et Garoua Boulai. Ceux-là sont plus victimes des conséquences des crises centrafricaines. Elles réalisent alors plus des actions que les autres qui sont situées dans les régions frontalières11. Il convient donc à cet égard de relever que le rôle des communes est indispensable dans l'entreprise de gestion des conséquences des conflits centrafricains.

    3-Contribution à la pacification des relations Cameroun-République Centrafricaine

    En s'impliquant dans la gestion des conséquences des conflits centrafricains, les actions des communes des bortherlands camerounais en général mais celles de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua en particulier, ont permis de renforcer les relations diplomatiques qui nouent le Cameroun avec la république Centrafricaine, le HCR et ainsi que les organismes internationaux.

    En ce qui concerne la République Centrafricaine, il faut noter que comme tout autre Etat, le Cameroun entretient des relations bilatérales et multilatérales avec d'autres nations du monde. Dans le contexte des relations bilatérales, le Cameroun et la Centrafrique entretiennent des relations d'amitié et de coopération dans plusieurs secteurs de la vie publique. Malgré les différences des contextes sociopolitiques à l'intérieur de ces deux Etats, ceux-ci ont entretenu de très bonnes relations depuis l'aube de l'indépendance jusqu'en 2013. De nombreux accords de coopération ont unis ces deux Etats sous le règne d'Ahidjo que celui de Biya12.

    11 Entretien avec Tayanou le 13juin 2014 à Bertoua.

    12 A-H. Onana, 2004, Le Cameroun et ses frontières : Une dynamique géopolitique complexe, Paris, l'Harmattan, P.223.

    148

    Tableau 11: Mécanisme de coopération entre le Cameroun et la RCA de 1965 à 1971

    Partie et dates

    intitulé

    Contenu

    Cameroun-RCA

    (08/08/1965)

    Lancement de la

    commission mixte

    Traité du tracé et de la gestion de frontière commune, la situation des personnes et de leurs biens, le code des nationalités, de transports

    Cameroun-RCA

    (24/07/1969)

    Accord culturel et

    d'assistance technique

    Echange de cadres, spécialiste et étudiants

    Cameroun-RCA

    (24/07/1969)

    Convention sur la

    coopération économique

    Création d'un espace commercial

    Cameroun-RCA

    1971) (24/07/1969)

    Convention en matière de police

    Réglementation sur la circulation des personnes et des biens, et interdit de s'immiscer dans les affaires intérieures aux deux Etats

    Cameroun-RCA

    (24/07/1969)

    Convention en matière de fret

    Fixe les conditions de mouvements des

    marchandises

    Cameroun-RCA

    (30/10/1971)

    Accord au transport aérien

    Coopération en matière d'aviation civile

    Cameroun-RCA (30/12/

    Accord relatif au transport maritime

    Coopération maritime, condition d'utilisation du port de Douala par la marine Centrafricaine

    A-H. OnanaMfege, 2004, le Cameroun et ses frontières : Une dynamique géopolitique complexe, Paris, L'Harmattan, P. 223.

    Le tableau 13 nous présente les différents accords de coopérations entre le Cameroun et la RCA de 1965 à 1971. Ces accords s'observent dans plusieurs domaines notamment les accords sur les interventions militaires à l'intérieur de l'un ou de l'autre Etat contractant en matière de menace interne, l'économie, la gestion des frontières communes, la circulation des personnes et des biens, les accords sur la coopération maritime et bien d'autres. Ainsi, la RCA comme tout autre Etat en Afrique et dans le monde entretien des relations de coopérations avec le Cameroun. Le Cameroun sous Ahidjo en matière de politique extérieur a toujours respecté le principe de l'OUA, à savoir

    149

    le respect mutuel de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires internes à un Etat.

    D'autre part, on note une coopération par le bas13 entre les populations hôtes des trois villes de la zone de notre étude et les réfugiés centrafricains. En effet, il faut préciser que les réfugiés qui arrivent de la Centrafrique sont à l'origine de l'augmentation de la fréquence de vols, des prises d'otage, des agressions de toute nature, des bandits de grands chemins. Ils sont en dernier ressort des personnes vectrices de plusieurs maladies épidémiques, endémiques et vénériennes pour ne citer que ceux-ci. Tout ceci est suffisant pour provoquer un divorce entre ces deux Etats. C'est dans cette optique que les actions14 des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont favorisé une coopération entre les réfugiés et les populations locales. Ce qui débouche sur les relations entre ces deux pays surtout lorsqu'on sait que la recrudescence des crises politiques et l'exode massif des populations ont souvent été sujets de rupture des relations diplomatiques entre deux pays. Bref les réalisations des communes des bortherlands camerounais ont permis de minimiser, mieux de masquer les actes anodins de ces réfugiés centrafricains au profit de la coopération Cameroun-Centrafrique.

    Par ailleurs, cette coopération s'illustre aussi à travers les relations qu'entretiennent le HCR avec les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua et surtout avec les différents ministères en charge des réfugiés. Tels que le MINREX et le MINAT qui s'occupent, en partenariat avec le HCR, du recensement des réfugiés. On note aussi dans le même sillage, le MINSANTE, pour le secteur sanitaire et le MINEDUB pour la scolarisation des enfants réfugiés. Toutes ces coopérations ont d'une manière ou d'une autre reçus le soutient des actions des communes.

    In fine, les actions des communes desbortherlands camerounais face aux crises centrafricaines ont eus un impact double sur le plan politique et diplomatique. Elles sont l'amélioration des relations bilatérales et multilatérales du Cameroun. Elle donne également à ce pays une image positive dans la scène internationale. Toutefois, il convient d'identifier un autre impact qui peut-être celui de nouer d'avantage les relations diplomatiques entre Bangui et Yaoundé surtout lorsqu'on sait que les réactions

    13AbdouramanHalirou, « Le conflit frontalier Cameroun-Nigeria dans le Lac-Tchad: les enjeux de l'île de Darak, disputée et Partagée » In Culture et conflits, pp 2-8

    14 Nous faisons allusion au rôle de médiation qu'ont joué les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans les accrochages qui ont souvent eut lieu entre les réfugiés centrafricains et les populations locales.

    150

    camerounaises face aux conséquences des crises centrafricaines peuvent construire ou détruire les relations entre ces deuxÉtats.

    4-Autonomisation et prévention de l'insécurité alimentaire

    Les réalisations des communes des bortherlands camerounais s'accompagnent de l'augmentation de la production agricole dans les zones d'installation des réfugiés. Déjà avec les actions des communes, les autorités municipales en collaboration avec les chefs traditionnels et les sous-préfets s'étaient réunies pour décider de l'installation et de l'octroi des terres aux réfugiés. Ces terres arables ont été mises en valeur par le réfugié. À ce moment, on note l'impact du travail de ces réfugiés qui se traduit notamment par l'augmentation de la production agricole dans les zones de refuge de ces populations déplacées.15 C'est le cas des villages Taparé et Yokoseré qui ravitaillent le marché de Garoua Boulai avec des vivres tels que le manioc et les légumes16. Avec les réalisations des communes, la mise en place de nombreux programmes d'autonomisation ont permis d'atténuer le poids de la présence des réfugiés. Ces travaux leur ont permis de se nourrir et de vendre l'excédent de leur produit. L'augmentation de la production des vivres est une conséquence importante dans la mesure où les réfugiés ont souvent été sujets des crises alimentaires17. Les prix des produits de consommation courante ont fatalement diminué.

    En ce qui concerne la prévention de l'insécurité alimentaire, il faut noter que parmi les facteurs de l'insécurité alimentaires figurent en première position l'accroissement de la population18. C'est dire en d'autres termes que qui dit augmentation de la population dit également augmentation de la demande. Lorsque l'offre n'est pas au rendez-vous, on peut arriver à une situation de rupture d'alimentation ; situation très préjudiciable pour les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua voir l'État camerounais en général puisqu'elle peut engendrer des crises.

    L'insécurité alimentaire s'appréhende comme un risque permanent de rupture d'aliment. Elle est donc pour l'État comme une situation à éviter. Ainsi, face à cette situation, on peut dire que les actions des communes à l'égard des conflits centrafricains présentent un enjeu important pour les zones frontalières voir le Cameroun en général. En ce sens que ces actions ont permis d'écarter tout risque de pénurie. Risques s'ils ne sont

    15 Entretien avec Hamoa Jean le 16 juillet 2014 à Ngaoui.

    16 Entretien Angeline Inna le25 juin 2014 à Garoua Boulai. 1717 N'SalambiMakiadesNeves, 1989, p.54.

    18Ibid

    151

    pas identifiés et écartés, conduisent à une situation de crise alimentaire, préjudiciable à toutes les zones frontalières. Et à l'État camerounais en particulier, pays d'accueil des réfugiés centrafricains.

    Les grandes réalisations des communes sur plan agricole ont entrainé des conséquences parmi lesquelles l'augmentation de la production agricole et la prévention de l'insécurité alimentaire. L'excédent des produits agricoles ont permis aux producteurs de résoudre certains problèmes quotidiens. Tout ceci concoure à l'amélioration des conditions de vie des réfugiés d'où ressort l'impact économique pour le Cameroun.

    B- L'impact des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sur le plan socioculturel

    1-Intégration réussie des réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui, Bertoua

    Plus que les catastrophes naturelles, les guerres sont de véritables productrices des réfugiés et des personnes déplacées. La république Centrafricaine depuis son indépendance est un foyer de crises, et de désordre politique. Cet état de chose est la principale source de déplacement de ses populations en direction des pays voisins. Le Cameroun depuis son indépendance est une terre d'accueil des réfugiés centrafricains. Ainsi, à l'aube de leur première arrivée, l'on a assisté à une nette démarcation entre les populations et ces nouveaux venus. Pour le cas des derniers réfugiés qui sont arrivés en 2013, cette démarcation n'est pas seulement observée entre les populations locales et ceux-ci mais elle s'observe aussi entre les réfugiés eux-mêmes19. Leur intégration au sein des populations hôtes n'est pas sans difficultés, vu les différences qui existent entre les deux populations. Cependant, avec la médiation des autorités municipales, on note une certaine tolérance voir même une certaine générosité des populations locales face aux réfugiés centrafricains. En effet, les maires ont souvent convoqué les chefs traditionnels locaux et les responsables des refugiés et ensembles, ils ont discuté sur l'importance d'accueillir les réfugiés centrafricains, et les risques qu'ils courent si cela n'est pas fait20. Ils ont également interpellés les réfugiés sur le respect des populations locales en leur rappelant toutefois les

    19 Les refugiés qui arrivent de la RCA sont des musulmans et les chrétiens qui ne s'entendent pas. La guerre qui se déroule en Centrafrique aujourd'hui est une guerre religieuse qui oppose la « Seleka » qui est composé à majorité des musulmans et les « Anti Balaka » qui sont composés à majorité des chrétiens.

    20 Entretien avec Abdouraman Labi le 17 juin 2014 à Ngaoui.

    152

    droits et les devoirs d'un réfugié en terre étrangère21. On assiste alors à une réorientation de la nature des relations qui existaient entre les populations réfugiés et leurs hôtes camerounais. Des refugiés pour qui les populations hôtes n'éprouvaient autrefois que de l'aversion, se sont assimilés aux populations locales. D'abord, installés à la lisière des villages, les réfugiés se sont vus octroyer des terrains dans les quartiers et se sont installés au sein des populations locales. D'autres ont investis et sont devenus des hommes d'affaire. C'est le cas d'El Hadj Mouhamadou Sani domicilié à Ngaoui dont on estime son chiffre d'affaire à plus de 57 000.000 de FCFA (Cinquante-sept millions)22. À côté de ceux-ci, nombreux sont les réfugiés centrafricains qui ont détruit leurs maisons autrefois construites en matériaux provisoires pour les reconstruire avec des matériaux durables. Ces reconstructions traduisent le refus d'un retour en Centrafrique23. Garoua Boulai par exemple, les enfants par le biais de l'école, sont devenus des intellectuels et occupent des postes dans l'administration de la commune de Garoua Boulai24. Tout ceci montre à quel point les réfugiés centrafricains ont dépassé le stade de simples étrangers pour être plutôt des frères.

    In fin, de nombreux réfugiés centrafricains se sont mêlés puis assimilés aux populations locales au point où on a de la peine aujourd'hui à identifier les réfugiés centrafricains de la population hôte. On peut alors dans certains cas parler de l'intégration effective des réfugiés centrafricain dans leur nouvel environnement vital.

    2-Une reconstitution des anciennes « nations précoloniales »

    Les réalisations des communes des bortherlands camerounais face aux crises centrafricaines ont favorisé la redynamisation des liens entre les peuples « traits d'union », c'est à dire entre deux peuples qui se trouvent de part et d'autre des frontières camerounaises et centrafricaines. Elles ont permis de reconstruire des liens fraternels qui avaient été déstabilisés par les décisions de la conférence de Berlin mais aussi, elles ont fortifié à nouveau, de simples liens amicaux entre les réfugiés centrafricains et les populations hôtes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

    21Confère annexe.

    22 Entretien avec Ibrahima Sani le 17 juillet 2014 à Ngaoui.

    23 Sur 72 centrafricains interrogés, quatre seulement ont manifesté la pleine volonté de retourner en Centrafrique

    24 Entretien avec YaffoNdoe Esther le 24 juin 2014 à Garoua Boulai.

    153

    En effet, les Gbaya et les Pana pour ne citer que ceux-ci, constituaient autrefois des nations entières mais ont été scindé pour se retrouver, avec les découpages de l'Afrique au sein des États-nations actuels. Cependant, malgré l'apparition des nouvelles frontières, ces peuples ont gardé les liens fraternels qui les lient. Pour certains, la frontière n'a aucune considération elle n'est qu'un fait psychologique comme le souligne Poutia Jean : « établir une frontière entre les Gbaya du Cameroun et ceux de la Centrafricain est chose impossible à cause du fait qu'ils ont tous un ancêtre commun et garde encore jusqu'en ce jour les mêmes liens culturels »25. Ainsi, l'intégration des refugiés centrafricains corolaire aux actions des communes à permis de redynamiser les liens ancestraux de fraternité qui jadis, s'étaient altérés. Ce qui a conduit inexorablement à rapprocher les peuples qui s'étaient involontairement éloignés les uns des autres.

    3-Amélioration de la couverture sanitaire

    En ce qui concerne le domaine de la santé, il faut noter que les réalisations des communes des bortherlands camerounais ont permis de booster la couverture sanitaire dans les régions frontalières du Cameroun en particulier, dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. En effet, la construction et la réhabilitation des forages, la distribution des médicaments et des produits alimentaires sont perceptibles. Ces réalisations ont permis de minimiser et de réduire considérablement plusieurs maladies liées à l'eau et à la malnutrition.

    Aussi, l'étroite collaboration entre les communes et le HCR et les organismes humanitaire a permis aux communes de sensibiliser les populations sur les méthodes de prévention de maladie telle que le choléra et les IST/SIDA26. En effet, dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, l'on constate un net progrès à travers les campagnes de sensibilisations menées dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Aujourd'hui, les jeunes réfugiés tout comme les vieux ont pris conscience de l'ampleur de la maladie et ont cessé d'assimiler le mal ou au sort. Grâce aux campagnes de sensibilisation organisées par les communes en collaboration avec les organismes humanitaires et le partenariat qui existe entre elles et les organisations internationales. À cet effet, l'abstinence s'est révélée comme le mode le plus sûr concernant la protection contre le virus, mais alors encouragé pour les plus jeunes, le port des préservatifs a été conseillé. Les initiatives humanitaires des

    25 Le Labi est un rite culturel qui s'observe encore chez les Gbaya du Cameroun et ceux de la Centrafrique. Ils ont souvent organisés des rencontres internationales pour ces rites initiatiques.

    26 Entretien avec Kouetou Victor le 18 juillet 2014 à Ngaoui.

    154

    communes des bortherlands dans le domaine de la santé a permis le recul des maladies et l'amélioration de l'accès aux soins.

    En effet, sur le plan sanitaire, la construction ou la réhabilitation des points d'eau et les multiples campagnes de sensibilisation réalisées par les communes et ses partenaires s'accompagnent d'une nette amélioration de la santé du camerounais en général. Vu que ces réalisations profitent à toutes les deux populations.

    4-Meilleur accès à l'éducation pour les enfants réfugiés et camerounais

    Les actions des communes menées en faveur de la promotion de l'éducation sont d'une importance indéniable au regard des réalisations faites dans ce domaine. Elles ont permis de prime à bord à l'amélioration du cadre de travail notamment à travers la construction des salles de classe et leurs équipements en tables bancs et les kits scolaires pour ce qui est des élèves d'une part et d'accroitre le rendement à travers l'aménagement des bureaux des directeurs d'autre part. À en croire Abono Djeuma Vincent, l'augmentation des salles de classe est venu à point nommé résoudre l'épineux problème des effectifs pléthoriques dans son établissement27. Elle a permis aux enfants d'éviter de marcher de longues distances et de recevoir sur place ce qu'ils allaient chercher ailleurs, il y a quelques années. D'autre part, les élèves qui s'asseyaient à même le sol lors des séances des cours à cause de l'effectif pléthorique sont désormais assis 4 à 5 par table banc.

    Outre le volet infrastructurel, l'établissement des actes de naissances aux enfants réfugiés, par les communes de Garoua Bouali, Ngaoui et Bertoua se veut une action salutaire et innovante du fait de son caractère inhabituel dans le cadre des missions des communes. En effet, le geste louable des communes permet aux jeunes réfugiés pour qui l'acte de naissance constituait un blocage pour leurs études de pouvoir continuer en toute sérénité leur parcours scolaire. Car pour l'on constate que pour beaucoup, ce précieux document constitue un réel motif de perdition scolaire. Ainsi l'établissement de plus 1482 actes aux jeunes en âge scolaire par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua vient à coup sûr booster l'effectif des enfants réfugiés candidats aux différents concours d'entrée en 6ème et du CEP.

    27 Entretien avec AboonoDjeuma Vincent le 17 juillet 2014 à Garoua Boulai.

    155

    En effet, toutes les initiatives humanitaires en faveur des enfants réfugiés dans le domaine de l'éducation concourent à l'amélioration de l'accès à une meilleure éducation pour les populations hôtes.

    II-LES DIFFICULTÉS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRCAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

    En affirmant que la perfection n'est du ressort de l'homme, l'on voudrait mettre en exergue les tares qui sont toujours observés dans les oeuvres de l'être humain. Ainsi, dans toutes les tâches qu'il exécute, l'être humain se retrouve souvent confronté à d'énormes difficultés qu'il essaye généralement de transcender. Les actions des communes des bortherlands camerounais semblent confirmer ces allégations. Dans le cadre de la gestion des conséquences des crises centrafricaines, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua font face à de multiples difficultés et au final, leur travail s'en trouve affecté. Il est question dans cette partie de scruter essentiellement les difficultés que rencontrent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans leurs actions face aux crises centrafricaines. Ces difficultés s'observent sur les plans politico-économique et socioculturel

    A-Sur le plan politico-économique

    La réalisation des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua face aux crises centrafricaines racontent de multiples difficultés sur le plan politique et économique qu'il convient d'énumérer.

    1-Le manque des moyens financiers

    Les contraintes financières constituent un obstacle majeur pour les actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua face aux crises centrafricaines. C'est dans cette logique qu'on peut comprendre Abdelghani Abouham lorsqu'il affirme : « l'action interminable des collectivités locales est largement limitée par l'absence de support financier adéquat » il ajoute en disant : « les collectivités locales ont des ressources propres

    156

    très limitées et leur budget sont alimentés par des subventions de l'Etat dont l'essentiel va au dépenses de fonctionnement28.

    Dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, la non-réalisation des projets est toujours justifiée par l'insuffisance des moyens financiers. Seuls les 2/4 ont généralement eu la chance de voir le jour. Cela est dû justement à la modicité de moyens des communes. La décentralisation demeure largement subordonnée à la tutelle de l'Etat qui impose toute une série des limitations qui bloquent les initiatives des collectivités locales. Par ailleurs, le blocage des frontières suite aux crises centrafricaines empêchent les contribuables à s'acquitter de leurs taxes communaux. Tout ceci paralyse les communes dans la réalisation de leurs actions face aux crises centrafricaines. En effet, la gestion des conséquences des crises centrafricaines dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua nécessite d'énormes fonds. Le manque des moyens financiers dans ces communes cause alors un véritable frein pour ces trois communes.

    2-Les actions limitées du HCR et des organismes internationaux

    La gestion des conséquences des crises centrafricaines fait partie des programmes du HCR de manière conventionnelle. Or, cela n'est pas le cas pour la sécurité militaire et pour l'enseignement secondaire et supérieur qui requiert une grande intervention. En effet, les actions du HCR sont plus orientées dans un volet humanitaire, elles ne tiennent pas en compte tous les aspects. Pourtant, les conséquences des crises centrafricaines dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ne s'observent pas seulement sur le plan social, elles sont présentes partout. Cette limite dans la prise en charge du HCR expose alors d'avantage les communes de ces trois villes à de lourdes tâches. C'est le cas par exemple du secteur éducatif, en effet, seule la prise en charge de l'enseignement primaire fait partie des programmes du HCR de manière conventionnelle. Pourtant, un grand nombre des réfugiés centrafricains évoluent au secondaire. Cette situation emboîte alors les actions des communes des bortherlands camerounais dans la promotion d'une meilleure éducation.

    Par ailleurs, il faut aussi souligner que les HCR ne s'occupe que des réfugiés de nationalité centrafricaine, or parmi ceux qui fuient les bals ou les exactions des rebelles en Centrafrique, figurent aussi bien des réfugiés de nationalités différentes tels que les

    28AbdelghaniAbouham, « La coopération décentralisée : un espoir pour les villes du Sud ? Le cas du Maroc », http://www.fpae.net/consulté le 15 septembre 2014.

    157

    maliens et les tchadiens pour ne citer que ceux-ci. Cette catégorie de réfugiés reste alors continuellement sous la charge des communes29.

    D'autre part, les détournements des biens destinés aux réfugiés constituent un grand obstacle pour les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. En réalité, il faut le dire les dons du HCR aux écoles, n'arrivent plus à bon port dans leur totalité. Il faut un contrôle serré pour voir au plus les trois quart arriver à destination. En effet, ce n'est plus un secret pour personne, l'aide aux réfugiés ne prend plus le chemin qu'elle devrait emprunter30. On note des cas de détournement de ces dons par les différents acteurs de gestion. C'est le cas par exemples des sacs de riz, des cartons d'huile et de sucre, des couvertures et des sceaux qui sont vendus à vil prix aux commerçants pour leur commercialisation31. Ces actes immoraux vont à l'encontre des intérêts des réfugiés ce qui expose d'avantage les réfugiés à la charge des communes.

    3-La persistance des conflits agropastoraux et le grand banditisme

    La répétitive des crises politiques en République Centrafricaine a sous-tendu les mouvements des populations de ce pays pour le Cameroun. À partir de 2003, le nombre de centrafricains est devenu considérable dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua d'où la résurgence de certains problèmes. En effet, les réfugiés centrafricains installés dans ces trois villes de notre étude sont à majorité des éleveurs semi nomades. Tandis que les populations hôtes sont des agriculteurs. Parmi ces Bororo, certains ont perdu leur cheptel mais bon nombre entre eux possèdent encore leur patrimoine. L'élevage de ces animaux requiert du pâturage qui dans certains cas n'est pas accessible facilement. Les plantations des maniocs qui sont abondantes dans ces villes, restent alors la victime des dégâts des bêtes. En effet, les Bororo réfugiés laissent en divagation leur bétail ce qui cause des dommages dans les champs des populations locales et fatalement cela entraine une discorde32. D'ailleurs à Ngaoui comme à Garoua Boulai, et partout ailleurs où sont installés les réfugiés centrafricains, l'on note, selon les autorités communales, de nombreuses plaintes émises par les agriculteurs Gbaya et autres. Naturellement, ce désaccord entre les réfugiés et populations hôtes est une profonde entrave aux actions des

    29 Entretien avec Pkao Raymond le 16 juin 2014 à Garoua Boulai. 30Kourouma, 1983. P. 32.

    31 Entretien avec Abdouraman Labi, le 17 juillet 2014 à Ngaoui.

    32 Entretien avec Adouraman Labi le 15 juiilet à Ngaoui.

    158

    communes surtout lorsqu'on sait que ces dernières essayent de jouer le rôle de médiateur entre les deux populations.

    Pour ce qui est de la persistance des vols et du grand banditisme, il est convenable de mentionner que l'arrivée des réfugiés centrafricains s'accompagne d'une augmentation de la criminalité et du vol dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua33. En effet, parmi les centrafricains qui ont fait leur entrée au Cameroun, certes, certains sont arrivés avec leurs biens mais d'autres y sont entrés dépourvus, cette catégorie constitue des problèmes, pour les localités hôtes. On note ainsi les cas de vol des denrées alimentaires surtout, pour assurer leur survie34. Les réfugiés dévastaient alors bon nombre de champs d'autochtones. D'autre part on enregistre les actes de criminalité, des prises d'otage, des bandits de grand chemins encore appelés « Zarguina » et la circulation des armes légères de petit calibre35. Tout ceci active d'avantage le mécontentement des populations locales à l'endroit des réfugiés centrafricains et la conséquence ne tardera pas à s'observer, les communes vont rencontrer d'énormes difficultés lorsqu'il s'agit de la promotion de l'intégration des refugiés au sein des populations hôtes.

    4-Difficulté de maîtrise des techniques agricoles enseignées

    Les populations qui arrivent de la RCA sont à majorité des éleveurs. Ainsi, dans l'optique d'assurer leur autonomie, les communes ont mis sur pied des formations sur la pratique agricole36. Cependant, le fait que ces réfugiés ne soient pas habitués à la pratique de la culture ralentie les acticités agricoles des Bororo qui constituent le plus grand nombre. En effet, l'agriculture est une activité liée à la sédentarisation de l'être humain. Cette inhabitude à cultiver constatée chez les réfugiés Bororo s'observe par un profond défaut de techniques agricoles et dont les rendements ne sont pas satisfaisant37. En effet, les réfugiés Bororo qui arrivent de la Centrafrique rencontrent d'énormes difficultés dans la culture des champs car ils les trouvent pénibles et nouveaux. Ceux-ci pratiquent par habitude l'élevage et les femmes vendent du lait de vache. Leur conversion d'éleveurs en cultivateur devient alors un processus difficile. Cette situation empêche la grande

    33Entretien avec Tayanou le 13 juin 2014 à Bertoua.

    34 Entretien avec Yadagoura Jean Luc le 12 juin à Bertoua.

    35 Entretien avec Kanou Emmanuel le 19 juillet à Ngaoundéré.

    36 Entretien avec Pkao Raymond le 17 juillet 2014 à Garoua Boulai.

    37 Cela n'est valable que pour les réfugiés Mbororo. Les Gbaya et autres Pana sont des peuples agriculteurs.

    159

    production agricole que sollicitent les communs, surtout lorsqu'on sait que les réfugiés centrafricains sont à majorité des Bororo qui pouvaient produire si tout allait bien, une main d'oeuvre nombreuse. Cet état de chose donne du fil à retordre aux communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua qui veulent réaliser les actions dans l'optique d'établir leur autonomie38.

    B-Sur le plan socioculturel

    La réalisation des actions des communes des borderlands camerounais ne s'est pas fait sans handicapes. Les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ont rencontré de multiples difficultés sur le plan socioculturel.

    1-Dans le secteur éducatif

    En effet, parlant des actions des communes des bortherlands face aux crises centrafricaines, le principal obstacle qui entrave le bon fonctionnement des activités des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans le secteur éducatif, est les coutumes des refugiés dont la majorité est constitué des Bororo. En effet, ces peuples nomades et apatrides, les Bororo, éleveurs ont des traditions propres à eux qui, en réalité ne cadrent pas toujours avec les actions humanitaires des communes de ces trois villes. Ces traditions, en principe sont conçues et conviennent mieux aux peuples sédentarisés. Concrètement, la tradition des Bororo39 se révèle parfois être un handicape au niveau de la scolarisation des enfants réfugiés.

    En effet, la tradition de ce peuple est un handicap pour l'éducation des enfants Bororo. Ces éleveurs pratiquent la transhumance, ce qui les amène à se déplacer constamment. Pasteurs nomades, ces déplacements ne concernent malheureusement pas que les hommes mais toute la famille. Du coup, cela a un impact négatif sur l'éducation des enfants. Malgré des efforts fournis par les communes dans la construction des salles et les recrutements des enseignements l'on note des absentéismes répétés des enfants réfugiés entrainant des déperditions scolaires40. La conséquence ne tardera pas à s'observer, l'on va assister à un taux élevé d'enfants réfugiés analphabètes41. Ainsi, l'absence d'une culture de

    38 Le fait pour les réfugiés centrafricains de s'autogérer va constituer une libération pour les communes et va augmenter la production agricole de ces trois ville d'où la lutte contre l'insécurité alimentaire.

    39 Nous faisons allusion à la religion, habitude alimentaire.

    40 Entretien avec AbonoDjeuma Vincent le 17 juillet 2014 à Garoua Boulai.

    41 La sous-scolarisation des centrafricains est due à leurs multiples déplacements corollaires à l'instabilité politique de leur pays. Cette situation s'observe aussi dans le cadre de la transhumance des Bororo.

    160

    l'école est un frein à la scolarisation des jeunes réfugiés. De ce fait, les parents qui ne saisissent pas l'intérêt d'encourager leurs enfants les voient plutôt comme des personnes qui pourront les aider dans les travaux de pâturage ou agricoles. Dès lors, les infrastructures construites par les communes telles que les salles de classe sont abandonnées, les enseignants sont découragés et retournent dans les villes de provenance. Bref, on note un taux élevé d'analphabétisme dans ces trois communes.

    Dans le même ordre d'idée, on note également l'influence de la religion sur la scolarisation des enfants réfugiés. En effet, la religion est un frein à l'éducation de la jeune fille Bororo42. Les réfugiés qui arrivent de la Centrafrique, sont à majorité des Bororo qui sont des fidèles musulmans. Ici, la scolarisions de la jeune fille n'est pas prise en considération comme c'est le cas partout ailleurs.

    À côté de ces difficultés, l'on note aussi la mauvaise gérance des infrastructures de base construites par les communes à leur faveur. À cause du manque de l'éducation, les réfugiés qui arrivent de la Centrafrique n'ont pas le contrôle et la maîtrise de l'utilisation des infrastructures qui sont mises à leur disposition43. C'est le cas par exemple des points d'eau qui sont mal entretenus et connaissent permanemment des pannes. Malgré les efforts fournis par les communes qui consistent à sensibiliser ces réfugiés sur le mode d'utilisation et à la réhabilitation de ces forages, on note un refus de la part des refugiés à respecter les règles établies. Du coup on retourne aux mêmes problèmes. D'autre part, en ce qui concerne les infrastructures scolaires, les salles de classe sont devenues les « nouvelles toilettes », ces réfugiés ont souvent abandonné les toilettes proprement dites pour se rendre dans les salles de classe afin de se mettre à l'aise. Tout ceci constitue un véritable frein pour l'éducation.

    2-Dans le secteur Sanitaire

    Pour ce qui est des difficultés des actions des communes dans le secteur sanitaire, il faut noter que les habitudes des refugiés passent une fois de plus pour être un handicap majeur. En effet, les femmes par exemple n'accouchent pas dans les centres de santé, à 90% sont les femmes qui accouchent à domicile44, du fait de l'absence d'une culture sanitaire. Ceci donne du fil à retordre aux communes lorsqu'il s'agit de l'établissement des

    42 Les Bororo sont à majorité les fidèles musulmans.

    43 Entretien avec Kpao Raymond le 20 juin 2014 à Garoua Boulai.

    44 HCR, Caravane de la journée mondiale des refugiés : Cartographie des réalisations 2010.

    161

    actes de naissance. Malgré les efforts fournis par les communes pour sensibiliser les réfugiés sur la nécessité de ce papier précieux, bon nombre restent toujours inactifs à l'appel. Cette situation empêche alors l'établissement à tous les nouveaux nés. Bref, de par leur culture, les femmes et les enfants réfugiés sont parfois réfractaires à certains aspects de l'assistance médicale.

    Comme nous l'avons souligné ci-haut, les réfugiés qui arrivent de la RCA sont à majorité des Bororo qui pratiquent la transhumance. Ces derniers se déplacent de manière constante vers des zones éloignés à la recherche des meilleures conditions pour le pâturage. Ainsi, l'accès à leurs sites de résidences en saison pluvieuse n'est pas chose aisée. Cette situation empêche alors les communes à établir les actes de naissances à leurs enfants et à leur faire parvenir les aliments qu'elles ont souvent octroyés à leur faveur.

    En Bref, il faut dire que les communes des bortherlands camerounais en particuliers, celles de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua rencontrent de nombreuses difficultés dans leurs actions face aux crises centrafricaines. Des difficultés d'ordre structurel mais qui proviennent surtout des traditions des réfugiés qui, volontairement ou non, sont un frein à leur propre bien être. Toutefois, malgré les efforts et la volonté qu'affichent les communes, il n'en demeure pas moins que les actions des communes restent encore butées à plusieurs blocages, ce qui empêche leur pleine réalisation.

    En définitive, ce chapitre a traité de l'impact et les difficultés que rencontrent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans leurs actions face aux conséquences des conflits centrafricains. De ce qui précède, il ressort que toutes les actions entreprises par ces trois communes ont eu un impact considérable. Cet impact rejaillit sur les réfugiés bien sûr, mais aussi sur la vie politique, économique, sociale et culturelle des populations hôtes et sur l'Etat camerounais en particulier. Déjà, tous les acteurs impliqués perçoivent l'impact positif de cet encadrement, on note en effet, une nette amélioration des conditions de vie des réfugiés, des populations hôtes. On note aussi, toujours dans un sens positif, une amélioration des rapports réfugiés-populations locales et une revitalisation des économies locales, vu qu'il y a augmentation de la production locale. Tout ceci avec l'autonomisation des populations réfugiées. Bien plus, on note pour l'État camerounais, un renforcement des relations diplomatiques entre le Cameroun et la RCA et un climat politique caractérisé par la stabilité et la paix. L'impact des actions des communes des borderlands camerounais face aux conséquences des conflits centrafricains reste et demeure capital, car si rien n'est

    162

    fait, le gouvernement se trouvera dans une position délicate, confronté à une situation de crise alimentaire, d'insécurité, de saturation foncière... En s'investissant, les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua qui constituent les premières villes d'accueil voir l'État camerounais tout entier gagnent à prévenir toutes les calamités liées aux conséquences des conflits centrafricains et gagnent à améliorer ses relations internationales de coopération45.

    Dans la deuxième partie de ce chapitre, il était question de scruter les difficultés que rencontrent les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans leurs actions face aux conséquences des conflits centrafricains. De ce qui suit, il en résulte qu'en effet, les actions de ces communes sont jonchées de difficultés qui, sans pour autant complètement entraver sa bonne marche, freine quand même sa réussite. Ce qui est plus difficile pour les communes des zones frontalières réside dans le fait que le rapatriement des réfugiés n'est pas encore à l'ordre du jour au Cameroun et la situation politique de la RCA qui a dégénéré des conséquences négatives dans ces trois villes est loin d'être changé. Bien plus, la majorité des réfugiés centrafricains qui sont installés dans les trois zones de notre étude, possèdent une culture différente qui rend difficile l'application du planning de la prise en charge établi par les communes. En outre, on note la persistance de conflits agropastoraux, les actes d'agression et de vol accompagnés des prises d'otage et des bandits de grands chemins (Zarguina). On note enfin le manque criard des moyens financiers et les limites du HCR qui s'observent par de multiples détournements des fonds et des dons octroyés.

    45 Nous faisons allusion à une coopération par le haut et par le bas.

    163

    CONCLUSION GÉNÉRALE

    Parvenu au terme de notre analyse, il était question de faire une évaluation des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua faceaux conséquences des conflits centrafricains dans les borderlands camerounais. De ce qui précède, force est de constater quela dynamique sociopolitique et socioéconomique de la Centrafrique atteste que l'esprit de guerre est inhérent à la présence humaine en Centrafrique. La perception de la République Centrafricaine comme foyer de crise, plonge ses racines dans l'histoire de ses populations et les rapports qu'elles ont entretenus depuis la présence de l'homme dans cet ensemble géographique. Du 14èmeau 16 ème siècle, chassé par l'Islam, venant du Soudan, puis par les razzias esclavagistes, les guerres interminables et coloniales, de nombreuses populations venues d'horizons divers trouvèrent refuge dans le pays centrafricain1. Les peuples centrafricains sont alors des peuples de traditions guerrières, notamment les guerres de conquête dans le soudan occidental2.

    D'autre part, depuis l'aube de son accession à l'indépendance, la gestion des affaires publiques, le choix de l'élite politique en Centrafrique sont devenus jusqu'à nos jours les principales causes des crises que traversent le pays. Mais la politisation de l'ethnie ou l'utilisation de celle-ci à des fins politiques semble être la principale raison des problèmes centrafricains depuis 1965 jusqu'à nos jours.

    En outre, la présence européenne est matérialisée en Centrafrique depuis le XIVème siècle notamment avec l'établissement des Français en 18893. Ces différents passages de forces extérieures ont favorisé la configuration du territoire centrafricain et ont impulsé dans la même logique une nouvelle dynamique sociale, économique et politique dont les séquelles demeurent indélébiles de nos jours dans ce pays.

    Par ailleurs, à l'exception de l'État camerounais, les autres pays limitrophes de la Centrafrique sont des foyers de tensions, de guerre civile, des coups d'États militaires et de la grande criminalité transfrontalière. Outre ces tensions qui caractérisent l'intérieur de ces États, les relations conflictuelles caractérisent également les rapports entre certains États. C'est l'enchevêtrement de tous ces problèmes qui a fait de la Centrafrique un État « fantôme »4.

    1 Y. Zoctizum., 1983, Histoire de la Centrafrique, 1879-1959, Tome II, Paris, L'Harmattan, p. 30.

    2 P. Kalck, 1974, L'histoire centrafricaine des origines préhistoriques à nos jours, Levrault, Paris, pp.54-61. 3N.C. Yambeti, 2003, « Histoire de Bangui (Centrafrique) de 1889-2003 », Mémoire de DEA, Histoire, Université de Ngaoundéré, p.3.

    4 Rapport Afrique de Crisis Group, N°136, « République Centrafricaine anatomie d'un Etat fantôme »

    165

    Le Cameroun et la RCA sont contigus et partagent une longue frontière terrestre de 1700 km. Non maîtrisée et poreuse, cette frontière est utilisée par les peuples « trait d'union »5 et les bandes armées qui dictent leurs lois le long et de part et d'autre de celle-ci. L'instabilité politique en Centrafrique a ouvert l'ensemble du pays au désordre de toute nature dont les répercussions s'observent dans les régions frontalières du Cameroun notamment dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Cette situation a dégénéré dans ces trois villes, des conséquences négatives telles que la prolifération et la circulation des armes légères de petit calibre, les actes violents d'agression, les prises d'otage, les bandits de grand chemin (zarguina), la présence des maladies endémiques et épidémiques, les crises alimentaires et les effectifs pléthoriques dans les établissements scolaires.

    Cette situation a obligé les communes des bortderlands camerounais en particulier, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua à réaliser les actions en vue de pallier à ces problèmes devenus chroniques. De manière générale, les communes ont des missions régaliennes qui consistent à fournir les services de base à ses habitants telles que l'éducation, la santé, les routes, l'électrification, l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement de la ville, la sécurité des populations et la promotion des activités culturelles et sportives. C'est ces missions permanentes qui justifient toutes les actions entreprises par les communes, à travers leurs multiples réalisations sur les plans politique, économique, social et culturel. En effet, l'objectif poursuivi de notre étude était de scruter les actions qui nous permettent de voir en quoi les communes des bortderlands camerounais contribuent à la gestion des conséquences des conflits centrafricains. Pendant des décennies, il apparait qu'au regard des besoins exprimés sur le terrain, ces actions n'ont pas totalement atteint les objectifs visés par les communes. Car, de nos jours encore les populations éprouvent des difficultés à accéder à l'eau potable, aux soins de santé, à un environnement sain. On note également la persistance des conflits entre les réfugiés et les populations hôtes et de l'insécurité qui s'illustre à travers des actes d'agression de toute nature. Cependant, il faut reconnaitre à ces communes le mérite d'avoir réalisé des actions et d'avoir contribué à la gestion des conséquences des conflits centrafricains dans les régions frontalières du Cameroun.

    Ainsi, les actions menées par les communes des borderlands camerounais dans le cadre de la promotion sociale, ont eu un impact considérable dans la vie des réfugiés, des

    5 D. Mokam, 2000, « Les peuples trait d'union et l'intégration en Afrique Centrale : cas des Gbaya et des Moundang », in Annale de la FALSH, Université de Ngaoundéré, pp.5-32.

    166

    populations locales ainsi que de l'État camerounais. Elles ont favorisé l'intégration des réfugiés centrafricains au sein des populations locales et a diminuer le phénomène de l'insécurité, ce qui est un facteur de stabilité et de paix pour l'État camerounais. Dans le cadre de la promotion de l'éducation, on note un impact considérable sur l'éducation des jeunes. Pour ce qui est de l'approvisionnement en eau potable, des actions concrètes ont permis de résoudre de manière efficace et efficiente l'épineux problème d'eau que rencontre les populations réfugiées de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. À cet effet, il faut noter que plus de quarante et cinq forages ont été construits dans les trois localités. Dans le domaine institutionnel, les séminaires de formation en agriculture ont permis d'éviter des crises alimentaires. Cela démontre que les communes constituent en n'en point douté les organes sur lesquels l'on peut fonder l'espoir sur la résolution des crises centrafricaines.

    Il est évident que depuis quelques années, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont appuyées dans leurs actions par des acteurs endogènes et exogènes. À partir de 2001 déjà, mais surtout en 2005, les organismes humanitaires viennent appuyer cette initiative communale. Un appui qui s'illustre dans de nombreux domaines. Assistance et protection des réfugiés, tels sont les objectifs du HCR et de ses partenaires qui se déploient dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Des efforts conjoints menés pour les réfugiés en général et les réfugiés centrafricains en particulier. D'autre part, on note aussi un appui de l'État camerounais qui s'illustre dans la lutte contre l'insécurité et celui des populations hôtes. Ces derniers leur apportent des appuis ponctuels. Cependant, les communes à leurs niveaux, se déploient, malgré la modicité de leurs moyens, pour satisfaire les besoins de ses habitants. Au regard de l'exemple des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, on peut ainsi multiplier à travers l'ensemble de la zone frontalière.

    Par ailleurs, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua font face à d'énormes difficultés dans la réalisation de leurs actions. Cela limite les collectivités territoriales dans leurs actions qui sont celles de la gestion des conséquences des crises centrafricaines. Cependant, au-delà de l'insuffisance financière, les communes des borderlands camerounais rencontrent encore plusieurs autres difficultés qui s'illustrent par une quantité insuffisante des ressources génératrices des recettes propres et la fermeture des frontières qui ralentie les activités commerciales et empêche les contribuables de

    167

    s'acquitter de leurs taxes communaux. D'autre part, on note aussi la malversation des dons octroyés par le HCR et les habitudes traditionnels des réfugiés qui rendent difficile l'application des programmes de prise en charge mises en place par les communes.

    Donc, il serait souhaitable que, étant les premières zones victimes des crises centrafricaines, l'État camerounais et les organismes humanitaires prennent à coeur la place et le rôle que jouent les communes dans cette entreprise. Ceci, en mettant à leur disposition des moyens financiers et matériels nécessaires, leur permettant de mener victorieusement et jusqu'à bon port leur combat. Ceci, afin que l'impact négatif des conséquences des conflits centrafricains ne s'observent non pas seulement dans les régions frontalières, mais surtout, dans tout l'étendue du territoire camerounais voir dans le monde en général. Or, pour que quelque chose de positif sorte de ces actions des communes, il faut mettre en place des conditions adéquates d'optimisation de cette entreprise.

    168

    SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

    A-SOURCES D'ARCHIVES

    A-I Archives de la communauté urbaine de Bertoua et de Ngaoundéré

    -ACUG, arrêtéN° 618 du 31 octobre 1951 portant création de la commune mixte urbaine de Bertoua.

    -ACUN, loi N° 55/1489 du 18 novembre 1955, du 1er janvier 1953 au 24 mai 1972.

    A-2 Archives des communes de Garoua Boulai et Ngaoui.

    -ACN, monographie 2010

    -ACB, bilan des réalisations 1995/2012

    -ACG, monographie 2010

    B-SOURCES ORALES

    Noms et prénoms

    Profession/ Statut Social

    Age

    Appartenance religieuse

    Ethnie

    Date et lieu

    d'entretien

    1

    Abdouraman Labi

    Maire de la
    commune de
    Ngaoui

    47 ans

    Musulman

    Mbororo

    17 juillet 2014 à Ngaoui

    2

    Abdouraman Moustapha

    Agent d'entretien

    à la sous

    préfecture de
    Garoua Boulai

    57 ans

    Musulman

    Poullo

    26 juin 2014 à Garoua Boulai

    3

    Abono Djema Vincent

    Directeur d'école

    43 ans

    chrétien

    Maka

    20 juin 2014 à Garoua Boulai

    4

    Alim Hayatou

    Chef de village

    58 ans

    Musulman

    Gbaya

    19 juillet à Ti homo

    5

    Angeline linna

    Commerçante

    35 ans

    Chrétienne

    Maka

    18 juillet 2014 à Garoua Boulai

    6

    Baba

    2ème adjoint au

    maire de la

    39 ans

    musulman

    Poullo

    15 juillet 2014 à Ngaoui

    170

     
     

    commune de

    Ngaoui

     
     
     
     

    7

    Bakary Ousamane

    Enseignant retraité

    64 ans

    musulman

    Poullo

    24 juin 2014 à Ngaroua Boulai

    8

    Beuboum Roger

    Secrétaire

    Générale de la

    commune de
    Ngaoui

    32 ans

    chrétien

    Bafia

    16 juin 2014 à Ngaoui

    9

    Bilé Ernest

    Directeur Général CIMENCAM GB

    47 ans

    Chrétien

    Douala

    18 juin 2014 à Bertoua

    10

    Dandjouma Victor

    Réfugié centrafricain

    48 ans

    chrétien

    Gbaya

    27 juin 2014 à Garoua Boulai

    11

    DjaoroKoundé

    Chef de village

    64 ans

    chrétien

    Gbaya

    19 août 2014 à Meiganga

    12

    Doka Firmin

    Secrétaire

    paticulier du maire de Garoua Boulai

    28 ans

    chrétien

    Gbaya

    17 juin 2014 à Garoua Boulai

    13

    Gabana Jean Francis

    Etudiant chercheur

    26 ans

    chrétien

    Gbaya

    1er septembre

    2014 à Dang

    14

    GargaDiguir

    Sous préfet de

    Ngaoui

    48 ans

    chrétien

    Guisga

    16 juillet à

    Ngaoui

    15

    Gbafouk

    Chef de village et

    1er adjoint au
    maire

    41 ans

    musulman

    Gbaya

    16 juin 2014 à Ngaoui

    16

    Hamadjida Ibrahima

    Réfugié centrafricain

    29 ans

    musulman

    Bororo

    17 juillet 2014 à Ngaoui

    17

    HamadouNgomna

    cultivateur

    48 ans

    musulman

    Poullo

    16 juillet à

    Ngaoui

    18

    Hamoa Jean

    Réfugié centrafricain

    54 ans

    chrétien

    Pana

    17 juillet 2014 à

    19

    Ibrahima Sani

    Elève

    17 ans

    musulman

    Poullo

    18 juin 2014 à

    171

     
     
     
     
     
     

    Garoua Boulai

    20

    Jean Ondoh

    Sécretaire de la

    commune de
    Bertoua

    48 ans

    chrétien

    Maka

    12 juin 2014 à Bertoua

    21

    Kanou Emmanuel

    Commadant

    Adjoint à la

    Brigade de
    Ngaoui

    54 ans

    chrétien

    Gbaya

    17 juillet à

    Ngaoui

    22

    Kouétou Victor

    Agent HCR

    39 ans

    chrétien

    Bamoun

    18 juin 2014 à Bertoua

    23

    Longuia

    Maire de Bertoua

    49 ans

    chrétien

    Gbaya

    12 juin 2014 à Bertoua

    24

    Nang serges

    Directeur d'école

    49 ans

    chrétien

    Maka

    24 juin à

    Garoua Boulai

    25

    NdingaNdokayo Roger

    Agent d'état civil
    à la commune de
    Garoua Boulai

    57 ans

    Chrétien

    Gbaya

    19 juin 2014 à Garoua Boulai

    26

    NgonoEric Jean Bosco

    Infirmier

    40 ans

    chrétien

    Boulou

    17 août 2014 à Meiganga

    27

    OumarouGuedalaAlipha

    Sécretaire à la

    commune de
    Bertoua

    45 ans

    Musulman

    Poullo

    18 juin 2014 à Bertoua

    28

    OusseiniHamoa

    Réfugié centrafricain

    52 ans

    musulman

    Bororo

    18 juillet 2014 à Garoua Boulai

    29

    Pkao Raymond

    1er Adjoint au

    Maire de la

    commune de
    Garoua Boulai

    42 ans

    chrétien

    Gbaya

    15 juin 2014 à Garoua Boulai

    30

    Poutia Jean

    Chef de village de Bindia

    59 ans

    chrétien

    Gbaya

    17 juillet 2014

    31

    Sidé Salomon

    Maire de la

    57 ans

    chrétien

    Gbaya

    17 juin 2014 à

    172

     
     

    commune de

    Mandjou

     
     
     

    Mandjou

    32

    Vian Mekala

    Sous préfet de

    Garoua Boulai

    49 ans

    chrétien

    Maka

    19 juillet à

    Garoua Boulai

    33

    YaffoNdoé Esther

    Maire de la
    commune de
    Garoua Boulai

    51 ans

    Chrétienne

    Gbaya

    25 juin 2014 à Garoua Boulai

    34

    Younoussa Abdoulaye

    2ème adjoint au

    maire de la

    commune de
    mandjou

    37 ans

    musulman

    Poullo

    17 juin 2014 à Mandjou

    C-REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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    -Aoudou.Jean Claude, 2010, « Les évenements socio-naturels et la scolarisation des enfants réfugiés », Mémoire de CAPIEM, ENIEG de Batouri.

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    b-Thèses

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    177

    4-Documents inédits

    -Décret portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des réfugiés et fixant les règles de procédure en application de la loi N°2005/006 du 27 juillet 2005 portant statuts des réfugiés au Cameroun.

    - Collecte des données santé, DEUC et DPNV 2011.

    - HCR, Caravane de la journée mondiale des refugiés : Cartographie des réalisations 2010. - HCR, Caravane de la journée mondiale des réfugiés : Cartographie des réalisations 2010. -Conférence de presse d'Abou Moussa représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et chef de l'UNOCA, Yaoundé, 14 mars 2012.

    -ONUSIDA 2004,

    -PAM, 1998, Projet de développement-Cameroun, 4387.01, « Assistance alimentaire aux écoles primaires dans les provinces de l'Adamaoua, du Nord, de l'Extrême-Nord, et de l'Est ». Deuxième décision du conseil d'administration Rome du 12 au 15 mai

    -Plan communal de développement des communes de Garoua Boulai,Ngaoui et Bertoua, réalisé par le GREFAAD.

    -Rapport 2010, HCR, UNICEF, UNFPA et als, « Evaluation conjointe approfondie de la sécurité alimentaire et de l'autosuffisance des refugiés centrafricains dans les régions de l'Adamaoua et de l'Est du Cameroun »

    -Rapport Afrique de Crisis group, N° 136, « République Centrafricaine anatomie d'un Etat fantôme»

    -Rapport Afrique de Questions internationales, N° 11 janvier-février 2005, « Les conflits en Afrique »

    Rapport du HCR 2012.

    -Rapport fiche de collecte des données éducation, 2012.

    -Registres d'état civil des communes de Garoua Boulai, Bertoua et Ngaoui.

    - Commission Carnegie. 1997

    5-Dictionnaires

    -EncyclopédiaUniversalis, Corpus.7, Paris 1993.

    -Dictionnaire universel Larousse 2009.

    - Dictionnaire Encyclopédie Etude Encarta 2012. 1993-2009 Microsoft Corporation

    178

    ANNEXES

    ANNEXE 1 : Extrait du discours du représentant spécial du Secrétaire General des Nations-Unies M. ABOUMoussa à l'occasion de la conférence de presse de Yaoundé le 14 mars 2013.

    180

    181

    recettes de l'Etat.11 faut un retour rapide de la paix et de la sécurité en République Centrafricaine pour favoriser la relance de cette activité et les échanges commerciaux. Tous les interlocuteurs avec lesquels nous avons discuté ont raison de dire que la stabilité dans ce pays voisin serait un motif de satisfaction et de fierté pour le Cameroun. Je salue l'engagement et la solidarité de cette Afrique en miniature qui investit sans relâche pour aider la communauté internationale à parvenir à cette fin.

    9. Sur le plan sécuritaire, il y a lieu de maintenir une très grande vigilance tout au long des frontières. A ce titre, je me réjouis du fait que le Gouvernement camerounais en ait fait une de ses priorités. Je me réjouis par ailleurs que les forces de défense et de l'ordre y aient été déployées. 11 faut renforcer la surveillance dans les différents points d'entrée et dans des endroits non identifiés comme tel pour préserver la paix ,sociale. garantir l'intégrité Physique des citoyens et éviter la circulation incontrôlée des armes.

    10. Dans ce contexte, nous encourageons le Cameroun à poursuivre sa détermination à ratifier et à mettre en oeuvre la « Convention de l'Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions, et de toutes les pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage ». Nous sommes heureux de noter que le Premier ministre et les membres de son équipe que nous avons rencontrés en sont conscients.

    11. La descente sur le terrain que nous venons d'effectuer à l'Est-Cameroun permet de noter que les défis restent énormes, malgré les efforts consentis depuis le début de la crise, y compris sur le plan humanitaire. Cette région accueille en effet le plus grand nombre de personnes ayant fui la RCA, soit au-delà de 78 000 réfugiés sur les plus de 140 000 recensés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à ce jour.

    12. Plus de 42 000 d'entre eux ont été enregistrés entre le 1" janvier et le 13 mars 2014. dont plus de 26 000 à l'Est. Ces demiers temps, le Cameroun accueille entre 4000 et 5000 nouveaux arrivants chaque semaine.

    13. A Garoua-Boulai, où nous nous sommes rendus hier, la situation humanitaire est préoccupante. En dépit des efforts des Nations Unies, des autorités camerounaises et des partenaires divers, les quelque 8792 réfugiés qui y sont installés vivent dans une précarité qui a atteint le seuil de l'inacceptable. Les victimes, gui représentent une douzaine de nationalités. sont exposées aux maladies de toutes sortes du fait des conditions de logement et d'hygiène insoutenables. Pour éviter les épidémies comme le choléra, il faut agir vite, ensemble, d'autant plus que la saison des pluies approche.

    14. Les Agences spécialisées des Nations Unies font part des mémes inquiétudes dans les autres localités camerounaises frontalières avec la RCA où elles sont présentes, y compris dans la Région de l'Adamaoua qui compte plus de 49 000 réfugiés.

    15. Au-delà de la nécessité impérieuse de muscler l'assistance aux centres de santé confrontés entre autres aux cas de malnutrition agie et de maladies chroniques, il y a un besoin pressant de construction de points d'eau et des latrines.

    16. Les agences des Nations Unies ont déjà débloqué 10 millions de dollars pour faire face à plusieurs autres situations d'urgence dans les sites des réfugiés et aux frontières. Dans une semaine, il faudra encore au moins 10 millions de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM). au Haut-Conunissariat des Nations Unies pour les refugies (HCR). au Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et à l'Organisation internationale pour les migrations (01M) pour remplir efficacement leurs obligations en faveur des réfugiés.

    17. Nous lançons un appel à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds afin qu'ils accordent une attention accrue à cette situation, notamment en finançant davantage l'aide humanitaire.

    18. Comme vous le savez, pour cette année 2014, seuls 16 % des 551 millions de dollars nécessaires pour mettre en oeuvre le plan d'intervention stratégique et répondre aux défis humanitaires posés par le chaos centrafricain ont été débloqués.

    19. L'enfeu est capital. car il s'agit de sauver des vies, de diminuer les souffrances et de Préserver la dignité humaine. C'est pourquoi cette question cruciale fait partie du plan en six points proposés par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, pour mettre fin à l'instabilité en RCA.

    Contact presse/UNOCA : Norbert N. Ouendji-, Responsable de l'Information publique I ouendjl@un.org I Tel, +(231) 52 CO 2612

    Cité de !a Dtmourane, Mlles 55,56, 57- 6! .23773 Libreville, Caton-T61:+ (211)01 74 14 01-Fax,) 241)0174140
    Site intemet : h«p:Runoca.unnisabns.org --Gourde' : piounoca@unorg

    20.

    182

    J'insiste sur le fait que ce que nous avons vu dans les sites abritant les réfugiés à l'Est est affolant et alarmant. Il v a un important travail de fond à mener pour que les victimes retrouvent une vie normale, en particulier les femmes qui subissent les viols sur le chemin de l'exil ainsi que les enfants traumatisés par la guerre et les abus subis par leurs parents.

    21. Les auteurs de ces actes odieux et de toutes les autres violations des droits de l'homme constatées par les organismes compétents doivent étre poursuivis et punis conformément à la loi et au droit international.

    22. A cet égard, nous nous réjouissons du début des travaux de la Commission d'enquête mise en place par les Nations Unies et présidée par M. Bernard Muna, que vous connaissez bien. Cette Commission, qui présentera un rapport au Conseil de sécurité en juin, est la preuve que pour l'ONU, aucun crime avéré ne restera impuni.

    23. Pour conclure, je tiens à exprimer, une fois de plus, les vives inquiétudes du Secrétaire général des Nations Unies par rapport à la situation chaotique en RCA et ses répercussions sur les pays voisins. Après le Cameroun, nous nous rendrons bientôt au Congo et en République démocratique du Congo (RDC). Ces deux pays reçoivent aussi des réfugiés en provenance de la RCA, tout comme le Tchad où j'ai effectué une mission d'évaluation en février.

    24. A ta tin de ces visites, les Nations Unies proposeront une réponse globale et coordonnée pour permettre aux Gouvernements des pays affectés de faire face aux situations vécues sur le terrain. Cette réponse tiendra compte des préoccupations exprimées par les autorités rencontrées, Le Conseil de sécurité en sera saisi lors de la présentation du Rapport du Secrétaire général de l'ONU sur les activités de mon bureau.

    25. Permettez-moi, avant de terminer, de rendre hommage au travail remarquable que vous réalisez pour promouvoir la paix et la sécurité au Cameroun et au-delà. Je tiens à vous féliciter pour cet engagement, qui illustre le professionnalisme et le dévouement avec lesquels vous jouez votre rôle d'acteurs et de partenaires incontournables dans les processus de prévention des crises, de consolidation de la paix et de résolution des conflits.

    26. Permettez-moi également d'exprimer ma gratitude aux hautes autorités de la République du Cameroun pour leur hospitalité et pour toutes les facilites mises à notre disposition pour assurer la réussite de notre mission.

    27. Je tiens aussi à remercier les autorités civiles, traditionnelles, militaires et administratives de la Région de l'Est, et en particulier le Gouverneur pour l'accueil chaleureux réservé à ma délégation du 12 mars jusqu'à ce matin du 15 mars. J'ai beaucoup apprécié sa disponibilité et celle de toute son équipe ainsi que la grande attention qu'il accorde à la gestion de la situation des réfugiés sur son territoire en collaboration avec les partenaires de l'Etat.

    28. Je voudrais enfin exprimer mes encouragements aux collègues du Système des Nations Unies pour leur contribution remarquable au succès de notre séjour au Cameroun.

    29. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions. Mes collègues ici présents pourraient, le cas échéant, donner des éclairages sur certains points.

    30. Je vous remercie de votre attention.

    Contact presse/UNOCA : Norbert N. Ouendji, Responsable de l'Information publique r ouendji@un.org r-Tél. 237) 52 30 26 1

    COI d_ ._ Ltrneera? e. Villas 55 58 57 _ _36 ; 23773 Libreelqe, Geber. _'rd! . (211) 01 71 1 1 :1 - Fax r' 211) 01 7r 11 02
    Site internt ; http:Nunoca.unnèssions.org - Coumel . piounocaaunorg

    ANNEXE 2 : Bon de prise en charge par le MSF

    183

    ANNEXE 3 : Bon de prise en charge par la Croix rouge

    internationa Federation

    of Red Cross and Red Crescent Societie

     

    Il est porte a la connaissance des refueiés centrafricains installés dans le département du M13GRF. (Arrondissements de Vlei!,onga,Djohong,Ngaoui et Dir) que les operations de distribution des denrées alimentaires et des produits non alimentaires auront lieu selon le calendrier ci-apres :

    JOUR

    HORAIRE

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    184

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    07 H 00 12 H00 M13EWE et ses environs

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    185

    ANNEXE 4 : Plainte du maire de Garoua Boulai contre les anti-Balaka pour vol de véhicule adressée au chef du détachement de la MISCA

    It l.l'l BI 101 I 1)1 ( \\11110.1 \ RI:1't BER. 01 C. :\\II:ROON

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    ,()l \-t'R1. 11( Il RI. 1)1 I. \ROI \-13()1- 1 SI BD! \' 'SION :\LOFER I. Oë (.:\ROUA-BOULAI

    \I.( RI I \IRI\I l'\ICI I( 11.11.1i

    \O / L/1315.04/SP

    BRIN A 1I; SL( R1.1 :\I0:11

    Garoua-Boulai, Îer~ U MA! 2Lfl4

    .w+~ [~" {~(1~ ~ CE SOVS-TRE E7,

    · ~A4n \ L Monsieur le Chefde détachement

    i _

    MISCA-BLLIOKO

    ~Ypit,L,J n ~

    013.1E1' : Recherche d'une

    moto

    Madame le Maire de la Commune de Garoua-Boulai déclare le vol survenu dans sqs, services le 14 Mai 2014 d'une Motocyalette,.de, marque COCIMECAM TYPE INVINCIBLE 150, N° de chassis LFFCK 05CODCD01230.

    N° moteur : D24500098 de couleur rouge appartenant à la Commune de Garoua-Boulai.

    Certaines informations font état de ce que cette moto s'étaitt retrouvée :a un moment entre les mains d'un élément ANTIBALAKA au cantonnier.

    Cette moto aurait par la suite été conduite à Bouar. ic vous sollicite salin de mener des recherches approfondies de l'autre coté dans l'espoir de

    retrouver cet engin communautaire. -

    //

    C P1Av '~ c C fipa fi~0,/

    CL

    '

    · 1Sfrsteur Pot-topa!

    Veuillez agréer, l'expression de mon profond respect./

    186

    ANNEXES : demande de mise à disposition d'u terrain pour site de réfugiés par le HCR

    A)UNHCR

    :.United Nations IiighCommissiooerfrrRefugens

    `AR 1' L s .-_.----- - ------

    · .ACP ..' /B~ nl~~~,°~ SI

     

    UNHCR Sub Office de Bertoua

    5/C BP 7077 Yaoundé Tel: 22.24.15.61 Nkolbikon Bertoua

    Bertoua, le 12 juin 2014

    Notre Code/Our Code : CMR/B'lA/ 0035114/AGA

    Subject/Objet : Demande de mise à disposition d'un terrain pour site de réfugiés. Madame,

    La Sous Délégation de l'UNHCR Bertoua, présente ses compliments à Madame le Maire de Garoua Boulai et a l'honneur de solliciter la mise à disposition d'un terrain pour l'aménagement d'un nouveau site de transit de réfugies centrafricains au sein de la commune.

    Convaincue de sa franche coopération, la Représentation de l'UNHCR à travers sa Sous Délégation saisit cette occasion pour renouveler ses remerciements à Madame le Maire pour son appui constant et les facilités qu'elle ne cesse d'apporter aux humanitaires dans le cadre

    de leurs missions respectives.

    Eu égard ce qui précède, la Représentation de l'UN HCR prie Madame le Maire d'agréer les assurances de sa parfaite considération.

    Le Chef de la sous délégation

    GUINDO Mah.' ,doù

    Madame le Maire de la commune de Garoua Boulai - Garoua Boulai.

    CC- Monsieur le Gouverneur de la région de l'Est -- Bertoua. Monsieur le Préfet du département du Lom et Djerem -- Bertoua Monsieur le sous Préfet de Garoua Boulai - Garoua-Boulai Madame la Représentante du HCR - Yaoundé

    187

    ANNEXE 6 : Bilan des travaux de la société MTN Cameroun et demande de matériels
    d'équipement au maire de la commune de Garoua Boulai

    360, Rue Drouot Alma- B.P. 15574 Douala Cameroun Société Anonym 5 Aa au Capital de 63 659 530 000 FCFA N° RC/DLA/200/8/025143 - N° Cantr.:10099800009100C Té1:+137 79 00 90 00 /1237]9009045-FAX +237 79 0190 40 www,mmca neroonmei

    MONSIEUR LE MAIRE DE GAROUA BOULAI EST

     
     

    Douala, le 15 Mai 2014

    NIRéf.
    · MTNCICEO/ES/126-14

    Objet: Programme de responsabilité sociale "21 Days of Y'ello Care"

    MONSIEUR LE MAIRE

    Depuis huit ans, du O1ef au 21 juin, les employés de MTN CAMEROON mènent des actions sociales dans le cadre d'un programme de volontariat et de charité, baptisé "21 Days of Y'ello Care". Pour cette neuvième édition, nos actions sont placées sous le thème «Investir dans l'Education Pour Tous».

    L'Education est une priorité dans plusieurs pays ; et compte tenu des délais de réalisation des objectifs de développement du millénaire, c'est désormais une urgence. En effet, en 2015 plusieurs gouvernements n'auront pas atteints leurs objectifs-du millénaire pour le développement relatifs à l'Education. Par conséquent, les partenaires privés doivent contribuer à offrir une éducation de qualité pour tous.

    Aussi, cette année, 4 projets seront implémentés par le personnel de MTN pendant 21 jours

    Un projet principal qui consiste à offrir deux salles de classes aux enfants réfugiés centrafricains à Gado dans la Région de l'Est du Cameroun.

    Trois projets secondaires qui consisteront

    · Construire une « Maison de l'enseignant » pour loger les professeurs du lycée de Manoka dans la région du Littoral.

    · Apporter des contenus numériques scolaire pour l'éducation ;

    · Former des orphelins aux Tics et à la création d'un site internet.

    Aussi avons-nous l'honneur de solliciter votre support pour le projet de Gado et Manoka.

    Votre contribution pourrait se décliner en :

    ü Des dons de Kit scolaires (Cartable, cahiers, stylos, crayons, gommes, ardoises...)

    ANNEXE 7 : Besoin en salle de classe adressé au maire de la commune de Garoua Boulai par le directeur du CES Bilingue de Garoua Boulai


    ·

    Li

    REPUBUIDIE OU CAMEROUN
    Paix -Travail-Patrie

    REGION OE L'EST

    BELEEATION REGIDNAIE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRES

    DEL[GATION BEPARTEMENIALE UD LOM ET DJEREM

    C ES BILINGUE DE GAROUA-BOULAI

    REPUBLIC OF CAMEROON
    Peace --Work-Fatherland

    EAST REGION
    REGIONAL DELEGATION FOR SECONDARY MOTION
    MM AND DJEREM OIVISIDNAL DELEGATION
    G.B.S.S GAROUA-BOULAI

    Ampliations

    - DOES tom et Ojerem

    - Sous-préfet Garoua-Boula

    - Archives /chrono

     

    188

    Garoua -Boulaie 1 5 JAN 2014

    N°DI /l1RE/ORES/DOES-L&D/GB.GB

    Objet: Sollicitation pour un appui infrastructure) de D4 salles de classes.

    Le Directeur

    A

    Madame Le Maire de la commune

    de Garoua-Boulai

    Madame le Maire.

    J'ai l'honneur de porter à votre attention .une sollicitation en appui infrastructure) d'urgence de 04salles de classe pour le recasement des élèves et la délocalisation du C.E.S. Bilingue de Garoua-Roulai.

    En effet, créé et ouvert en Septembre 2013 ,ledit établissement n'a pas bénéficié du Budget

    d'investissement Public 2014 pour la construction des salles de classe . 0e plus. la récente
    création et ouverture de L'école Maternelle publique de Sabongari qui doit fonctionner dès ce deuxième trimestre ,Nous oblige de ce fait à libérer l'une des deux salles de classe que nous occupons dans l'enceinte, de l'école publique de Sabongari.

    Toutefois .le feedback des sollicitations pour l'entrée en 6e et le Gammon entrante nous permet de nous projeter à un peu plus de 120 Nouveaux élèves pour les classes de Ge et form one, ce pour le compte de l'année scolaire 201412015. Soit un total prévisiunnel de 236.

    A ce !mir .nous n'avons ni tables-bancs ,ni salles de classe et ne savons où orienter le flux d'élèves qui sollicite notre institution .

    Espérant vivement que vous trouverez réponses à nos sollicitations et inquiétudes, veuillez croire Madame le Maire ,l'expression de ma sincère et franche collaboration.

    ANNEXE 8 :Avis de recrutement du MSF en 2013

    189

    190

    ANNEXE 9 : Liste des membres du comité de vigilance à Garoua Boulai

    R UBLIr;Ui. ; u Cr,,,FL

    P ai_x -- Tra-val). - u'tIA..

    _!(Î- cu t DE SERVICE N°007/NS/l'.,

    L ORTiNT DESIGNATION DE S PtLNtIREL LU COI-r 1.
    VIGILANCE DANS LP. COMYCNAUTE DU V t 1..G!'

    Y. A R A $ A f1 G

    tia sr;l NTU MBBE€ E

    N3.IS timENT DE DJCHt: I13

    cEi LE L4 REGL.éHENT
    ·,i'IOAI
    DES AFFAIRES G. ,JE _._,_,ES.

    Sent à compter de la signature de la présente note de servisae désiw, es comme membrms ed Comité de vigilance dans la Communauté du village dit A R. !,; t A N G,les personnes dont les: noms suivent:

    PRESIDLNT - HAYf'TW -JUSTIN Ci I 'y° 1G 547237

    MEMBRES -- ABCiV"BK1((kR HASS,,NA CNI N° 102441791

    B, Y,ar7 i 1 C:iI P' 106 -1.U8(',16

    B0:70 f)Ii'

    ALIi L! NIF;L C° 7 CY;I:. }14_,.51

    -- HAMASELRE GILBERT tdo 106495C

    Go,-si E1'L '. E C"
    ·4t rT ;;° 104,4970
    -- JSSANA l'i'.UL I C' I N' OJO 11(J611

    BOUDA BO'BBO CNI N° 1052062a;2.

    - L.DO EMIL C:NI no 106491Q75.
    Les intéressée Ment chargés dtapprrter l'appui nécessaire en mati6,-

    e renseignement préventif aux autorités compétentes et veiller 4 la sém,uritc

    e biens des populations par la dissuasion et des veillées prolr,ngnes
    · cut le.villagc,qu'en périphérie.

    Par a illeurs,l'usage de toute arme de quelque nature que ee >oi+: r,e1 .eurent prescrite.Le;, outils dei travail autorisés demeurent les ûor m . Tes et gourdins.

    En lei de quoi J présente note ds service d°sit servir et valoir , ut cù besoin sore./--

    e I '.'_ t S: L';..IT /. DJOVONC, LE i OL 0j6'

    iEF POST GEND
    ·YAMBA r

    !;V;-LF;CTAL DJOh1j1 G ! Y. LW' SC )S-PRIFI T,

    P SN/VAMBA. L L'ADJOINT

    · ï'i..AJDSTE CHEF CANT DJOH. l-- POUR

    INFO, --..C EF VILLAGE YARMSANC-- ! .:',41-f1,1-1--,-,N,

    EDR IDENT CON TE VIGIL. 0.,

    ?M:

    CHRONO,/ARCHIVES. _. i

    Y Jf

    ~ 'i,1:-!i: .irn

    jj `4

    ANNEXE10 : Fond prévu pour la gestion des réfugiés dans le budget annuel 2013 de la commune de Garoua Boulai

    HuIviilrIN 1 F%At IF-

    2012

    Executed expenditure recorded in the previous administrative accrrrrnt

    2013 Expenditure estirnales Tl

    expenditure voted by the municipal E xpe n dr.

    estimates on the council by the

    previous financial year

    104 Autres subventions versées (Organisation mini comice agro pastoral)

    Other subsides granted 2.200.000

     
     

    · Total Chapitre 6:5

    TOTAL HEAL'

    8.362.150

    8.000.000

    26.500.000

     
     

    TRAh1S FERTS: V ESES


    ·

    TRANSFERS'

     
     
     
     
     
     
     

    100 I Participation au fonctionnement du syndicat des communes Contribution to FE!COM

    1.000.000

     
     

    101

    Participation au fonctionnement du comité départemental de suivi des impôts locaux

    Contribution ta the operating expenses of the provincial council service

    1.300.000

    1.000.000

     

    102 Participation au fonctionnement du CEFAM

    Contrrbutron to the operating of CEFAM(Local Government Training Center) 829.488

    1.000.000

    t000.000

     

    1 03 Participation en contrepartie dc la coopération Internationale décentralisée

    Participation as counterpart, in decentralized international cooperation

    500.000

    500.000

     

    1 04Y( Assistance aux populations suites des calamités naturelles

    Participation in the management of natural disasters 200.000

    200.000

    2.000.000

     

    105

    Autres transferts verses (CVUC, AMAC, FMCU, etc)

    Other transfers paid 1.066.837

    3.000.000

    2.500.000

     

    106

    Participation aux dépenses des établissements sociaux

    Particrpatrcn to the social bodies expenses 1-000.0
    ·00

    1.000.000

    1.500.000

     
     

    TOTAL CHAPITRE 6.6

    TOTAL HEAD

    3.096.325

    8.000.000

    8.500.000

     
     

    AUTRES CHARGES ET PERTES DIVERSES Other expenses and sundry losses

     
     
     
     
     
     

    100 Indemnités de sessions versées aux membres des organes délibérants

    Sitting allowances paid ro municipal councillors 1.610.000

    4.375.000

    2.640.000

    101
    · Frais de secrétariat e de réception à l'occasion des organes délibérants

    Serre tariaf and entertafnmernt allowances dormir council sessions 2.010.000 2.000.000 2.000.000

    10 2 Indemnités de fonction et de représentation des Présidents et Vice-présidents

    organes délibérants
    ·'

    Dufy- and enie!TC trrmEnt air°mir: e$ or cn3irrnan and deputy Ct'. !irrrlri r7 of rr
    ·;'nci?

    735.5.000

     

    -102 IndrmnitéE'.. :r i,e r_.
    · c.crnr issiuns des croaiies d€fil&rar.s

    -urnp sum payments to council comm/tree members

    2.18 f .500 1.320.000

    104

    -106

    indernnités de fonction du chef de l'exécutif

    iiffev,Jance cfmurriciF,z1 alrrJwriry 1.018.S30 1.426.365 1.266.404

    indemnités de fonction des üdjoinls au chef de l'exécutif k1f)
    · RA qg 57i 5-147

    ANNEXE 11 Copie d'acte de naissance établie aux réfugiés centrafricains par la commune de Garoua Boulai en 2013

    193

    TABLE DE MATIERES

    DEDICACE i

    REMERCIEMENTS ii

    SOMMAIRE iii

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATION v

    LISTE DES PHOTOS vii

    LISTE DES TABLEAUX viii

    RESUME ix

    ABSTRACT x

    INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

    CHAPITRE I : PRÉSENTATION DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA ET ÉTAT DES LIEUX DES CONSÉQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS SUR LES BORDERLANDS CAMEROUNAIS DE 1960 0 2013 .. 32

    I-PRESENTATION DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET

    BERTOUA 34

    A-Présentation de la commune de Garoua Boulai 34

    1-Localisation de la commune de Garoua Boulai 34

    2-Historique de la commune de Garoua Boulai 35

    3-Aspects biophysiques 38

    B-PRESENTATION DE LA COMMUNE DE NGAOUI 39

    1-Localisation de la commune de la Ngaoui 39

    2-Historique de la ville de Ngaoui 40

    3- Aspects biophysiques 42

    C-PRESENTATION DE LA COMMUNE DE BERTOUA IIème 43

    1-Localisation de la commune Bertoua IIème 43

    194

    2-Historique de la commune de Bertoua IIème 44

    3-Aspects biophysiques 45

    II-ETAT DES LIEUX DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS A

    BERTOUA, GAROUA BOULAI, ET NGAOUI 45

    A-LES CONSEQUENCES POLITIQUES ET ECONOMIQUES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS A GAROUA BOULAI, BERTOUA ET NGAOUI 47

    1-Les conséquences politiques des conflits centrafricains à Bertoua, Garoua Boulai et

    Ngaoui 47

    a-La croissance de l'insécurité 48

    b-La naissance de plusieurs conflits 52

    c-La création des nouveaux villages de 1960 à 2013 54

    d-Les opportunités de coopération 55

    e-La création des emplois 56

    2-Les conséquences économiques des conflits centrafricains à Bertoua, Garoua Boulai et

    Ngaoui. 56

    a-Le blocage des frontières 56

    b-La surenchère des prix sur les marchés 57

    c-Les opportunités commerciales, agricoles et pastorales 58

    B-LES CONSEQUENCES SOCIALES ET CULTURELLES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS A GAROUA BOULAI, BERTOUA ET NGAOUI 60

    1-Les conséquences sociales des conflits centrafricains à Garoua Boulai, Bertoua et

    Ngaoui 60

    a-Un boom démographique 61

    b-Sur plan Sanitaire 62

    c-Dans le secteur éducatif 65

    d-Les opportunités nées des crises centrafricaines 66

    2-Les conséquences culturelles des crises centrafricaines à Bertoua, Garoua Boulai et

    Ngaoui 67

    a-Difficultés de prise en charge 67

    195

    b-De la cohabitation à la coexistence 68

    CHAPITRE II : LES ACTIONS POLITIQUES ET ECONOMIQUES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES

    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 72

    A-LES ACTIONS POLITIQUES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACES AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 74

    1-Etablissement des actes de naissance 74

    2-L'octroi des parcelles de terre aux réfugiés centrafricains et aux organismes internationaux de prise en charge par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et

    Bertoua 75

    a-Octroi des parcelles de terre aux réfugiés centrafricains par les communes de Garoua

    Boulai, Ngaoui et Bertoua 76

    b-Octroi des terres aux organismes internationaux par les communes de Garoua

    Boulai, Ngaoui et Bertoua. 79

    3-La lutte contre l'insécurité 81

    4-Mise sur pied d'un comité interministériel de gestion des réfugiés au Cameroun 83

    5-Promotion du dialogue 84

    6-L'accueil des acteurs de gestion des conséquences des conflits centrafricains 85

    B-LES ACTIONS ECONOMIQUES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 88

    1-L'appui technique et le renforcement des capacités 88

    a-L' appui technique 88

    b- Le renforcement des capacités 89

    2-La réhabilitation des routes et appui financier en faveur des microprojets 92

    a-La réhabilitation des routes 92

    b-L'appui financier en faveur des microprojets 92

    196

    CHAPITRE III : LES ACTIONS SOCIALES ET CULTURELLES DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, BERTOUA ET NGAOUI FACE AUX CONFLITS

    CENTRAFRICAINS 95

    A-LES ACTIONS SOCIALES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU

    CAMEROUN DE 1960 A 2013 96

    I-Promotion de l'éducation 97

    1-La construction des salles de classe 98

    2-Le recrutement des enseignants 103

    II-Promotion de la santé 105

    1-La construction et la réhabilitation des forages 106

    2-La distribution des médicaments et des produits alimentaires 109

    B-LES ACTIONS CULTURELLES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 111

    1-Le dialogue interreligieux 111

    2-L'établissement des actes de mariage 115

    3-L'assistance pendant les décès 116

    CHAPITRE IV : LES ACTEURS ACCOMPAGNANT LES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES

    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 119

    A-LES ACTEURS ACCOMPAGNANT LES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES

    CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 120

    I-Les acteurs endogènes accompagnant les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua dans la gestion des conséquences des conflits centrafricains au Cameroun de

    1960 a 2013 121

    1-Le rôle des populations locales dans la gestion des conséquences des conflits

    centrafricains 121

    2-Les chefs traditionnels 123

    197

    3-L'Etat Camerounais 124

    4-L'organisation des communautés villageoises 126

    II-Les acteurs exogènes accompagnant les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et
    Bertoua dans la gestion des conséquences des conflits centrafricains au Cameroun de

    1960 à 2013 128

    1-L'UNHCR et ses partenaires. 128

    2-Les grandes puissances 131

    B-LES MOYENS DES ACTIONS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 132

    1-Les ressources propres des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua 132

    2-Les ressources externes des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua 135

    a-Le FEICOM 136

    b- Programme des Nations-Unies pour le Développement(PNDP) 137

    c-Les Centimes Additionnels Communaux 138

    d-Les organismes internationaux 138

    CHAPITRE V : L'IMPACT DES ACTIONS ET LES DIFFICULTÉS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AUX CAMEROUN DE 1960

    A 2013 143

    I-L'IMPACT DES ACTIONS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA SUR LES PLANS POLITIQUE, ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL

    144

    A-L'impact des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sur le plan

    politico-économiques 145

    1-Le recul de l'insécurité et le maintien de la paix au Cameroun 145

    2-Augmentation du pouvoir politique du maire 147

    3-Contribution à la pacification des relations Cameroun-République Centrafricaine 148

    4-Autonomisation et prévention de l'insécurité alimentaire 151

    198

    B- L'impact des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sur le plan

    socioculturel 152

    1-Intégration réussie des réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai,

    Ngaoui, Bertoua 152

    2-Une reconstitution des anciennes « nations précoloniales » 153

    3-Amélioration de la couverture sanitaire 154

    4-Meilleur accès à l'éducation pour les enfants réfugiés et camerounais 155

    II-LES DIFFICULTÉS DES COMMUNES DE GAROUA BOULAI, NGAOUI ET BERTOUA DANS LA GESTION DES CONSEQUENCES DES CONFLITS

    CENTRAFRCAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013 156

    1-Sur le plan politico-économique 156

    a-Le manque des moyens financiers 156

    b-Les actions limitées du HCR et des organismes internationaux 157

    c-La persistance des conflits agropastoraux et le grand banditisme 158

    d-Difficulté de maîtrise des techniques agricoles enseignées 159

    2-Sur le plan socioculturel 160

    a-Dans le secteur éducatif 160

    b-Dans le secteur Sanitaire 161

    CONCLUSION GÉNÉRALE 164

    SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 169

    A-SOURCES D'ARCHIVES 170

    B-SOURCES ORALES 170

    C-REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 173

    1-Ouvrages 173

    2-Articles de revues et d'ouvrages 174

    3-Mémoires, thèses et rapports 176

    a-Mémoires et rapports 176

    b-Thèses 177

    199

    4- Sources électroniques 177

    4-Documents inédits 178

    5-Dictionnaires 178

    ANNEXES 179

    TABLE DE MATIERES 194

    200






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway