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Les communes des borderlands camerounais face aux conséquences des conflits centrafricains de 1960 à  2013. Cas de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

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par (pas de prénom) GAMBO
Université de Ngaounderé-Cameroun - Master 2014
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Parvenu au terme de notre analyse, il était question de faire une évaluation des actions des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua faceaux conséquences des conflits centrafricains dans les borderlands camerounais. De ce qui précède, force est de constater quela dynamique sociopolitique et socioéconomique de la Centrafrique atteste que l'esprit de guerre est inhérent à la présence humaine en Centrafrique. La perception de la République Centrafricaine comme foyer de crise, plonge ses racines dans l'histoire de ses populations et les rapports qu'elles ont entretenus depuis la présence de l'homme dans cet ensemble géographique. Du 14èmeau 16 ème siècle, chassé par l'Islam, venant du Soudan, puis par les razzias esclavagistes, les guerres interminables et coloniales, de nombreuses populations venues d'horizons divers trouvèrent refuge dans le pays centrafricain1. Les peuples centrafricains sont alors des peuples de traditions guerrières, notamment les guerres de conquête dans le soudan occidental2.

D'autre part, depuis l'aube de son accession à l'indépendance, la gestion des affaires publiques, le choix de l'élite politique en Centrafrique sont devenus jusqu'à nos jours les principales causes des crises que traversent le pays. Mais la politisation de l'ethnie ou l'utilisation de celle-ci à des fins politiques semble être la principale raison des problèmes centrafricains depuis 1965 jusqu'à nos jours.

En outre, la présence européenne est matérialisée en Centrafrique depuis le XIVème siècle notamment avec l'établissement des Français en 18893. Ces différents passages de forces extérieures ont favorisé la configuration du territoire centrafricain et ont impulsé dans la même logique une nouvelle dynamique sociale, économique et politique dont les séquelles demeurent indélébiles de nos jours dans ce pays.

Par ailleurs, à l'exception de l'État camerounais, les autres pays limitrophes de la Centrafrique sont des foyers de tensions, de guerre civile, des coups d'États militaires et de la grande criminalité transfrontalière. Outre ces tensions qui caractérisent l'intérieur de ces États, les relations conflictuelles caractérisent également les rapports entre certains États. C'est l'enchevêtrement de tous ces problèmes qui a fait de la Centrafrique un État « fantôme »4.

1 Y. Zoctizum., 1983, Histoire de la Centrafrique, 1879-1959, Tome II, Paris, L'Harmattan, p. 30.

2 P. Kalck, 1974, L'histoire centrafricaine des origines préhistoriques à nos jours, Levrault, Paris, pp.54-61. 3N.C. Yambeti, 2003, « Histoire de Bangui (Centrafrique) de 1889-2003 », Mémoire de DEA, Histoire, Université de Ngaoundéré, p.3.

4 Rapport Afrique de Crisis Group, N°136, « République Centrafricaine anatomie d'un Etat fantôme »

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Le Cameroun et la RCA sont contigus et partagent une longue frontière terrestre de 1700 km. Non maîtrisée et poreuse, cette frontière est utilisée par les peuples « trait d'union »5 et les bandes armées qui dictent leurs lois le long et de part et d'autre de celle-ci. L'instabilité politique en Centrafrique a ouvert l'ensemble du pays au désordre de toute nature dont les répercussions s'observent dans les régions frontalières du Cameroun notamment dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Cette situation a dégénéré dans ces trois villes, des conséquences négatives telles que la prolifération et la circulation des armes légères de petit calibre, les actes violents d'agression, les prises d'otage, les bandits de grand chemin (zarguina), la présence des maladies endémiques et épidémiques, les crises alimentaires et les effectifs pléthoriques dans les établissements scolaires.

Cette situation a obligé les communes des bortderlands camerounais en particulier, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua à réaliser les actions en vue de pallier à ces problèmes devenus chroniques. De manière générale, les communes ont des missions régaliennes qui consistent à fournir les services de base à ses habitants telles que l'éducation, la santé, les routes, l'électrification, l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement de la ville, la sécurité des populations et la promotion des activités culturelles et sportives. C'est ces missions permanentes qui justifient toutes les actions entreprises par les communes, à travers leurs multiples réalisations sur les plans politique, économique, social et culturel. En effet, l'objectif poursuivi de notre étude était de scruter les actions qui nous permettent de voir en quoi les communes des bortderlands camerounais contribuent à la gestion des conséquences des conflits centrafricains. Pendant des décennies, il apparait qu'au regard des besoins exprimés sur le terrain, ces actions n'ont pas totalement atteint les objectifs visés par les communes. Car, de nos jours encore les populations éprouvent des difficultés à accéder à l'eau potable, aux soins de santé, à un environnement sain. On note également la persistance des conflits entre les réfugiés et les populations hôtes et de l'insécurité qui s'illustre à travers des actes d'agression de toute nature. Cependant, il faut reconnaitre à ces communes le mérite d'avoir réalisé des actions et d'avoir contribué à la gestion des conséquences des conflits centrafricains dans les régions frontalières du Cameroun.

Ainsi, les actions menées par les communes des borderlands camerounais dans le cadre de la promotion sociale, ont eu un impact considérable dans la vie des réfugiés, des

5 D. Mokam, 2000, « Les peuples trait d'union et l'intégration en Afrique Centrale : cas des Gbaya et des Moundang », in Annale de la FALSH, Université de Ngaoundéré, pp.5-32.

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populations locales ainsi que de l'État camerounais. Elles ont favorisé l'intégration des réfugiés centrafricains au sein des populations locales et a diminuer le phénomène de l'insécurité, ce qui est un facteur de stabilité et de paix pour l'État camerounais. Dans le cadre de la promotion de l'éducation, on note un impact considérable sur l'éducation des jeunes. Pour ce qui est de l'approvisionnement en eau potable, des actions concrètes ont permis de résoudre de manière efficace et efficiente l'épineux problème d'eau que rencontre les populations réfugiées de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. À cet effet, il faut noter que plus de quarante et cinq forages ont été construits dans les trois localités. Dans le domaine institutionnel, les séminaires de formation en agriculture ont permis d'éviter des crises alimentaires. Cela démontre que les communes constituent en n'en point douté les organes sur lesquels l'on peut fonder l'espoir sur la résolution des crises centrafricaines.

Il est évident que depuis quelques années, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua sont appuyées dans leurs actions par des acteurs endogènes et exogènes. À partir de 2001 déjà, mais surtout en 2005, les organismes humanitaires viennent appuyer cette initiative communale. Un appui qui s'illustre dans de nombreux domaines. Assistance et protection des réfugiés, tels sont les objectifs du HCR et de ses partenaires qui se déploient dans les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Des efforts conjoints menés pour les réfugiés en général et les réfugiés centrafricains en particulier. D'autre part, on note aussi un appui de l'État camerounais qui s'illustre dans la lutte contre l'insécurité et celui des populations hôtes. Ces derniers leur apportent des appuis ponctuels. Cependant, les communes à leurs niveaux, se déploient, malgré la modicité de leurs moyens, pour satisfaire les besoins de ses habitants. Au regard de l'exemple des communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua, on peut ainsi multiplier à travers l'ensemble de la zone frontalière.

Par ailleurs, les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua font face à d'énormes difficultés dans la réalisation de leurs actions. Cela limite les collectivités territoriales dans leurs actions qui sont celles de la gestion des conséquences des crises centrafricaines. Cependant, au-delà de l'insuffisance financière, les communes des borderlands camerounais rencontrent encore plusieurs autres difficultés qui s'illustrent par une quantité insuffisante des ressources génératrices des recettes propres et la fermeture des frontières qui ralentie les activités commerciales et empêche les contribuables de

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s'acquitter de leurs taxes communaux. D'autre part, on note aussi la malversation des dons octroyés par le HCR et les habitudes traditionnels des réfugiés qui rendent difficile l'application des programmes de prise en charge mises en place par les communes.

Donc, il serait souhaitable que, étant les premières zones victimes des crises centrafricaines, l'État camerounais et les organismes humanitaires prennent à coeur la place et le rôle que jouent les communes dans cette entreprise. Ceci, en mettant à leur disposition des moyens financiers et matériels nécessaires, leur permettant de mener victorieusement et jusqu'à bon port leur combat. Ceci, afin que l'impact négatif des conséquences des conflits centrafricains ne s'observent non pas seulement dans les régions frontalières, mais surtout, dans tout l'étendue du territoire camerounais voir dans le monde en général. Or, pour que quelque chose de positif sorte de ces actions des communes, il faut mettre en place des conditions adéquates d'optimisation de cette entreprise.

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