WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Itinéraires thérapeutiques en cas de maladies des enfants de moins de 15 ans dans l'aire sanitaire de Bomborokuy province de la Kossi (Burkina Faso).

( Télécharger le fichier original )
par Symphorien TRAORE
OUAGADOUGOU - Maitrise 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GENERALE

1

2

Parmi les nombreux problèmes qui entravent actuellement le développement socio-économique des pays d'Afrique, celui de la santé est devenu, au cours de ces dernières décennies, l'un des plus préoccupants. Selon l'OMS, la santé peut se définir comme un état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. Elle peut s'apprécier tant comme un indicateur de développement économique que comme une forme de capital humain. En effet, l'état de santé de la population d'un pays permet d'apprécier la capacité de celui-ci à procurer à sa population des moyens vitaux. En plus, il influence l'offre et la productivité de la main d'oeuvre ainsi que les performances scolaires.

Au lendemain de leur indépendance, les pays africains déclaraient la santé comme un droit et instauraient la gratuité des soins pour tous (SURET-CANALE, 1968). Mais les systèmes de santé hérités de la période coloniale n'étaient pas adaptés à la répartition démographique et aux besoins de santé de base de ces pays. C'est ainsi qu'à Alma Ata (Russie) en 1978 les pays membres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décidèrent de donner officiellement le point de départ d'une réorganisation profonde des systèmes de santé en Afrique, avec une forte décentralisation et une stratégie axée sur la prévention et les soins de santé primaires (SSP). Cette stratégie se heurta rapidement à la question de son financement du fait de la dette des pays africains. C'est dans ce contexte que l'idée de financement des services de soins par le recouvrement des coûts des prestations auprès des malades fit son apparition et fut officiellement lancée par l'OMS à Bamako (Mali) en septembre 1987 sous le nom d'Initiative de Bamako (IB). Cependant, les chances de succès d'une telle initiative ont été largement hypothéquées par la profondeur de la crise économique des années 90. La baisse du budget des Etats alloué à la santé, orienté plus vers le remboursement de la dette extérieure, s'est accompagnée non seulement d'une baisse du revenu moyen des ménages mais aussi d'une hausse des disparités au sein des populations. Toute chose engendrant une détérioration de l'ensemble des indicateurs de santé (taux brut de mortalité, taux de mortalité infantile, taux de morbidité général, etc.)

Le Burkina Faso, Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) ne déroge pas à cette règle. Comme les autres pays africains, la crise économique a enfoncé le pays dans une récession sociale et économique profonde. Concernant la capacité de la population à recourir aux soins, la crise économique, accentuée par la dévaluation du Franc CFA en 1994, a considérablement modifié la demande de soins des populations. L'appauvrissement des populations a entraîné une baisse de la capacité financière de recours des ménages avec de fortes conséquences non seulement sur le niveau de dépenses de santé mais également et surtout sur les formes d'accès aux soins. Ainsi donc, la santé des populations n'a fait que se détériorer.

3

Certes, la quête de la santé a jadis été une préoccupation essentielle dans l'existence des hommes dans les différentes sociétés. Cependant, il est de la responsabilité de l'Etat de promouvoir, de protéger et de restaurer la santé de la population partout où le besoin s'exprime.

C'est ainsi que le Burkina Faso a fait du développement sanitaire un des domaines prioritaires de l'action gouvernementale. D'énormes efforts sont régulièrement consentis afin d'améliorer les indicateurs de santé en assurant une disponibilité et une accessibilité de plus en plus effective des services de santé modernes. Il en résulte une augmentation aussi bien en nombre des infrastructures sanitaires, mais aussi une amélioration de la qualité des services fournis. Des stratégies et programmes d'envergure comme l'Initiative de Bamako (IB) ont réduit de façon considérable le coût des produits par l'introduction des Médicaments Essentiels Génériques (MEG). Elles ont promu une participation accrue des communautés à la gestion de la chose sanitaire (MSASF, 1992). La mobilisation des ressources financières pour un développement global, équitable et durable de la santé demeure insuffisante malgré les efforts de l'Etat et de ses partenaires, tandis que paradoxalement l'on note un faible taux d'absorption des services disponibles.

L'état de santé de la population demeure toujours précaire au Burkina Faso nonobstant les efforts consentis par l'Etat. Les indicateurs comme le taux de morbidité et de mortalité réagissent trop lentement aux changements du système sanitaire. En effet, la morbidité générale de la population au Burkina est élevée soit 15,8% en 1995 (MS /DPSN, 2000). Elle est principalement dûe aux endémo- épidémies locales et aux affections chroniques non transmissibles. La morbidité est surtout élevée chez les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées sans distinction de sexe (MS /DPSN, 2000). Le taux de mortalité générale, estimé à 14,8% (RGPH, 1996), s'explique essentiellement par les taux élevés de mortalités infantile, infanto-juvénile et maternelle. Le taux de mortalité infantile est passé de 103, 3 % en 1998 (INSD et Macro International 2000) à 81 % en 2003 (INSD et Macro International, 2004). Celui de la mortalité infanto-juvénile est passé pour la même période de 219,1% à 184%. Cette mortalité est dûe, entre autres, aux maladies transmissibles (le paludisme), les maladies cibles du Programme Elargi de Vaccination ( la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche , la poliomyélite), la malnutrition, les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës (IRA).

L'offre de soins de santé est caractérisée dans son ensemble par une insuffisance quantitative et qualitative des soins, le coût élevé des différentes catégories de prestations et la faible implication des populations bénéficiaires. Cet état de fait entraîne une perte de confiance des populations vis-à-vis des structures de santé modernes notamment pour les soins curatifs. Outre tous ces facteurs négatifs qui expliquent la mauvaise fréquentation des

4

services de santé, des études plus spécifiques ont établi des relations entre groupe d'âges et préférence d'utilisation des ressources sanitaires. En effet, il ressort que les stratégies de rationalisation des ressources sont très austères à l'égard des classes d'âges improductives dominées par les enfants (SAUERBORN et al. cité par SANOU, 2001).

Dans chaque société, il y a une perception particulière de la maladie, de sa gravité et les attitudes des malades en dépendent. La prise en charge thérapeutique du patient n'est plus assurée seulement par les centres spécialisés, elle est aussi assurée par les praticiens de la médecine alternative. D'une façon générale, en milieu villageois, les problèmes de santé de la petite enfance sont considérés comme l'apanage des « vieilles » (OUEDRAOGO, 1996). Celles-ci totalisent à n'en pas douter une somme considérable d'expériences. La mère occupe aussi une place prépondérante dans les soins apportés aux enfants, car c'est à elle qu'incombe l'entretien quotidien de l'enfant. Le choix du traitement médical ne se fait pas de façon fortuite mais dépend d'une logique, d'une rationalité propre à chaque ethnie, à chaque société ayant des us et coutumes voire une croyance religieuse.

Ce constat suscite en nous un certain nombre d'interrogations spécifique constituant notre question de recherche.

Quels sont les itinéraires thérapeutiques suivis par les ménages pour soigner leurs enfants ?

Des facteurs influencent-ils l'enfant et son entourage à opter pour un type de traitement en cas d'épisode morbide ?

Quand recourt-on aux services de soins lorsque les enfants sont malades ?

Qui décide du recours thérapeutique lors de la maladie des enfants ? Telles sont autant de questions auxquelles nous tenterons d'apporter des éléments de réponses dans cette étude.

L'initiative de la présente investigation se justifie car elle permet d'obtenir un minimum d'informations récentes sur les conditions sanitaires des ménages; les différents travaux déjà existant sur le sujet étant exclusivement des rapports établis par les services de santé. Ces rapports sont souvent incomplets et ne reflètent que les données sur ceux qui se sont présentés aux personnels de santé. De ce fait, pour mieux étudier la demande de soins, il faut s'adresser aux utilisateurs ou aux consommateurs à travers une enquête ménage.

Son intérêt est qu'elle permet de tracer les itinéraires thérapeutiques d'un certain nombre de pathologies spécifiques aux enfants de moins de 15 ans, car la majeure partie des publications réalisées sur les itinéraires thérapeutiques se sont appesantis sur les enfants de moins de 5 ans. De surcroît, les investigations ont été menées selon une pathologie bien déterminée.

5

Certes les enfants de la tranche d'âge de 5-14 ans sont relativement en bonne santé comparativement aux moins de cinq ans, mais leurs choix permettra de voir s'il n'y a pas une différence de traitement pour le recours aux soins entre les enfants biologiques, confiés ou pris en charge par les ménages. Cela se justifie d'autant plus que cette tranche d'âge correspond à l'âge scolaire. Les parents confient les enfants à des tuteurs en cas d'indisponibilité des infrastructures scolaires sur place. Il faut noter qu'en milieu rural les enfants constituent une main-d'oeuvre importante dans les travaux champêtres. Partant de là, leurs maladies jouent sur la productivité, la production agricole, influençant ainsi le revenu du ménage. A cela, il faut ajouter le rôle de la maladie sur la scolarité des enfants notamment sur leurs cursus. Ce rôle est d'autant plus perceptible que la maladie est longue et chronique. Cela entraîne un absentéisme prononcé pouvant influencer les performances scolaires et entraîner des abandons.

Notre recherche permet aussi de mettre en exergue les choix thérapeutiques des malades au vu de la détérioration progressive de l'état sanitaire des populations. Ces conditions sont caractérisées entre autre par la baisse du pouvoir d'achat des ménages ; le recours de plus en plus prononcé des populations à l'automédication, à la médecine et la pharmacopée traditionnelles dans la zone d'étude.

Le choix de l'aire sanitaire de Bomborokuy comme terrain d'étude se justifie par la sous-utilisation du service de santé moderne. En effet, il apparaît que cette fréquentation évolue lentement et est en déça de la moyenne nationale. Sa position presque frontalière avec le Mali a été aussi déterminante dans le choix du site. Cette position favorise quelques échanges économiques avec le pays voisin source de revenus insuffisantes pour les populations. De même, les importations accroissent la consommation médicale en rendant disponible les médicaments de la rue, bon marché, diversifiant ainsi l'offre de soins de base. Celle-ci est constituée par la médecine moderne, la médecine et pharmacopée traditionnelle, l'automédication traditionnelle ou moderne.

L'un des motifs du choix du site est l'état de pauvreté de la population. En effet, l'économie de la zone est essentiellement agricole alors que les cultures de rente, généralement source de revenus, y sont peu développées. Ce sont les cultures vivrières qui y dominent. Aussi, l'agriculture est tributaire des aléas climatiques qui hypothèquent à chaque instant non seulement les revenus des populations mais les maintiennent dans une insécurité alimentaire. Elle favorise du même coup la malnutrition et fragilise ainsi la santé des femmes et surtout des enfants.

L'échelle locale a été retenue pour mieux cerner les recours aux soins de santé primaires dont bénéficient les enfants dans une localité dépourvue de service de santé d'un niveau secondaire encore moins tertiaire. De même, la pauvreté, la proximité du site de l'étude avec

6

le Mali sont des facteurs favorisant la prolifération des médicaments de la rue et par conséquent peut jouer sur la fréquentation des services de santé moderne.

Dans le même ordre d'idées, l'étude sur les itinéraires thérapeutiques en cas de maladie chez les enfants de moins de 15 ans dans l'aire sanitaire de Bomborokuy (District Sanitaire de Nouna) nous permettra de cerner, l'importance du rôle joué par les mères dans les soins portés aux enfants tout en dégageant les itinéraires suivis à la quête de ces soins.

Ainsi, notre étude a pour objectif général d'analyser le choix des recours thérapeutiques envisagés dans la prise en charge de la maladie des enfants de moins de 15 ans dans l'aire géographique du CSPS de Bomborokuy (District Sanitaire de Nouna, Province de la Kossi).

Spécifiquement, elle vise à retracer les itinéraires thérapeutiques des enfants de moins de 15 ans, identifier les différents acteurs et leurs rôles dans la prise en charge des enfants malades, et analyser les facteurs influençant les itinéraires thérapeutiques.

La présente étude s'articulera autour des chapitres suivants :

-La présentation de la zone d'étude

-Les aspects théoriques et la méthodologie

-La présentation des itinéraires thérapeutiques

-L'analyse de quelques déterminants du premier recours de l'itinéraire thérapeutique

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard