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Analyse qualitative de l?abandon de taekwondo de compétition chez les jeunes de haut niveau en tunisie

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par jihed abdouli
Institut Supérieure du Sport et de l'éducation physique GAFSA  - Mastère de recherche en sciences humaines et sociales appliqués aux activités physiques et sportives 2013
  

Disponible en mode multipage

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Sommaire

Introduction.........................................................................................................3

Première partie : Fondement théorique........................................................................7

Chapitre 1 : L'abandon sportif..........................................................................8

I. Trois niveaux d'analyse de l'abandon sportif.............................................................8

1. L'abandon sportif dans une « micro-perspective » : le Modèle Hiérarchique de la Motivation Intrinsèque et Extrinsèque (MHMIE) comme modèle intégrateur................9 

1.1 Les trois types de construits motivationnels inclus dans le MHMIE......................9

1.2 Les niveaux hiérarchiques de généralité : situationnel, contextuel et global............10

1.3 Le rôle de la séquence causale dans la détermination du comportement................11

2. L'abandon sportif dans une « meso-perspective » : l'influence des contraintes sociales et l'attrait pour des activités alternatives, dans le cadre de la théorie de l'échange sociale...................................................................................................12

2.1 Le concept d'engagement......................................................................13

2.2 Les antécédents de l'engagent.................................................................13

3. L'abandon sportif dans une « macro-perspective » : l'influence des rôles sociaux liés au genre et du « typage » sexué des activités sportives, dans le cadre de la théorie de Bem)......................................................................................................15

3.1 La construction sociale des identités sexuées..................................................15

3.2 Les sports de combat comme porteurs de l'identité masculine..............................16

3.3 La théorie de schémas de genre et l'abandon sportif..........................................18

3.4 Pratique et abandon sportifs en termes de genre................................................19

Chapitre 2 : Le Taekwondo.............................................................................21 

I. Compréhension générale de Taekwondo..................................................................21

1. Définition de Taekwondo..............................................................................21

2. Histoire de Taekwondo................................................................................22

3. Tenue, Compétitions, Règles d'arbitrage et Points................................................23 

4. L'aspect éthique de Taekwondo......................................................................23

5. L'intérêt d'étudier le Taekwondo dans un cadre d'une approche sociocognitive..............25

Deuxième partie : Méthodologie................................................................................26

I. Méthode, Participants, Déroulement........................................................................27 

1. Rappel des hypothèses et les variables étudiées................................................27 

2. Description de l'étude...............................................................................27

3. Participants ; ses caractéristiques.................................................................28

4. Choix de l'outil de l'investigation.................................................................29 

5. Déroulement .........................................................................................30

6. Analyse de l'entretien................................................................................30

Troisième partie : Présentation et discussion des résultats...............................................31 

I. Résultats.........................................................................................................32

II. Discussion......................................................................................................37

Conclusion..........................................................................................................42

Bibliographie........................................................................................................44

Annexes..............................................................................................................48

Notes..................................................................................................................53

Liste des tableaux

Tableau 1 : indique la population à étudié et ses caractéristiques..........................................28

Tableau 2 : indique les thèmes (axes) de l'entretien semi-structuré el les sous items....................29

Introduction 

Suite aux bénéfices pouvant être retirés de la pratique du sport, il est encourageant de savoir que les jeunes peuvent « améliorer » leur condition physique puis « la maintenir » en s'assurant d'être quotidiennement actifs. Plusieurs avantages sont d'ailleurs liés à l'activité et ces avantages touchent différentes sphères de la vie quotidienne, notamment sur les plans physique, psychologique, social et scolaire. Parmi les bénéfices de l'activité sportive, nous pouvons tout d'abord mentionner les effets positifs pour le système cardiovasculaire. Elle facilite la stabilité de la pression artérielle et  protège contre la survenue des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde et angine de poitrine), quel que soit l'âge. Elle est efficace pour le maintien du poids de forme et peut réduire les risques d'obésité. Elle contribue à prévenir le diabète, en particulier le diabète gras. Elle lutte efficacement contre le stress, la dépression, l'anxiété. Le sport maintient et améliore les réflexes, ce qui permet la prévention des chutes chez les sujets âgés. De plus, il a un rôle psychosocial : il renforce l'estime de soi, permet l'intégration à un milieu social et empêche ainsi certains problèmes d'isolement. En conclusion, le sport améliore l'espérance de vie et de façon certaine la qualité de vie (S.Louay, 2011).

Le champ des activités où les individus se réalisent et s'accomplissent, est large. Sphère intellectuelle, artistique, professionnelle, le cercle est vaste. A l'intérieur de celui-ci, le domaine sportif occupe une place de plus en plus valorisée, particulièrement chez les jeunes. En Tunisie, 191,638 est le nombre total des organisations sportives publiques et privées, à savoir toutes les organisations qui gèrent et développent les fonctions du sport dans le modèle sportif tunisien (données du Ministère de la Jeunesse et des Sports, 2013). Une étude conduite par l'Observatoire National du Sport portant sur les pratiques physiques et sportives des tunisiens a montré que 17.2% de Tunisiens âgés de six ans et plus avaient participé à des activités physiques et sportives. Il ressort de cette étude réalisée en coopération avec l'Institut National des Statistique que la pratique du sport se trouve plus populaire auprès des hommes, alors que 25% d'entre ceux qui sont âgés de plus de six ans ont déclaré qu'ils avaient exercé des activités physiques ou sportives, le taux de pratiquantes filles n'a pas dépassé 9%. Le taux de pratiquants le plus important se situe dans la tranche d'âge 11 -17 ans correspondant à 39.54%. Bien plus que le loisir favori de la jeunesse, le sport est devenu un événement social considérable, qui n'a pas fini son expansion. Pourtant, ces données statistiques, comme les représentations courantes qui veulent que l'activité physique et sportive soit source de satisfaction chez les enfants et les adolescents car inscrits dans leur « nature », masquent un paradoxe : un abandon élevé de la pratique sportive au moment de l'adolescence. Beaucoup de jeunes abandonnent le sport après seulement une petite période de pratique. Plus précisément, certains chercheurs ont montré qu'un tiers des jeunes de plus de 12 ans cessent leur activité sportive (e.g..Gould, 1987). Ce taux d'abandon s'élève à 80 % quand les jeunes atteignent l'âge de 17 ans. Là encore, ce phénomène est plus observé chez les filles que chez les garçons. À l'exemple de la Fédération Tunisienne de Taekwondo (FTTKD) qui n'est pas épargnée par ce phénomène. C'est pour cela le taux d'abandon élevé chez les jeunes induit une remise en question de l'ensemble des domaines constitutifs du système où se trouve l'athlète actif (Lavallee et al., 1997) et constitue ainsi un challenge pour toutes les dimensions psychologiques et sociales construites et évaluées à partir de la pratique sportive et de la production de performances (Gearing, 1999). Il interpelle également les professionnels de santé qui soulignent l'importance d'une pratique physique régulière pour le bien être et la santé des jeunes (Martens, 1978).

Le Modèle Hiérarchique de la Motivation Intrinsèque et Extrinsèque de Vallerand (MHMIE, 1997, 2001, 2007b) étudie l'impact que peut avoir l'environnement social, et en particulier les autrui significatifs, sur la décision de l'abandon en se basant sur la théorie de la motivation à l'accomplissement, la théorie de l'autodétermination et la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985). D'autres perspectives ont été également proposées par les chercheurs afin d'étudier le phénomène d'abandon sportif. Certains chercheurs ont eu recours à la théorie de l'échange social ou la théorie de l'interdépendance (e.g., Thibaut & Kelley, 1959) afin d'éclaircir les causes correspondantes à l'abandon ou l'engagement sportif (e.g., Carpenter, Scanlan, Simons & Lobel, 1993). Ces modèles ont apporté une compréhension plus fine des processus impliqués dans ce phénomène notamment l'influence des activités alternatives et des contraintes sociales sur l'engagement sportif. D'autres études ont pris en compte les rôles sociaux liés au genre (e.g., Guillet, Sarrazin, Fontayne & Brustad, 2006). Ces études ayant pour objectif de mettre en avant les influences culturelles qui peuvent conduire certains sportifs à arrêter leur pratique sportive.

Le problème de l'abandon sportif de haut niveau et ses conceptions sont inspirés du cadre général portant sur les transitions de vie : ce travail, porte sur les conditions sociales de l'abandon de la pratique de Taekwondo de haut niveau chez les jeunes. Notre étude compte étudier par ailleurs l'existence de cinq sphères de socialisation chez les jeunes athlètes de haut niveau : la famille, l'école, les amis, le (ou la) partenaire amoureux (se) et Taekwondo. Ces milieux participent à la construction de l'habitus individuel (Bourdieu, 1994), c'est à dire un système de dispositions (préférences, goûts, manières d'être et de penser) qui oriente les pratiques (S.louay, 2011). La diversité des modes de socialisation conduit ainsi l'individu d'adopter de nouveaux comportements et attitudes en fonction de la nouveauté de la situation (Hopson & Adams, 1977): un acteur placé simultanément ou successivement dans une pluralité de mondes sociaux différents construit et adopte des dispositions qui seront elles mêmes diversifiées, voire contradictoires (Lahire 1998). Dans la plupart des cas, les contradictions inhérentes aux divergences entre les milieux de socialisation peuvent être source de tensions plus ou moins acceptables : si les différentes sphères de socialisation s'avèrent trop contradictoires, elles peuvent causer des troubles dépressifs anxieux, ces troubles se manifestent de manière récurrente dans la vie du sujet et l'obligent à modifier son comportement. Ainsi, que toute transition peut entraîner une diminution temporaire du niveau initial d'estime de soi et de bien-être subjectif par le remaniement de l'ensemble des repères de l'existence de l'individu (Kim & Moen, 2001). L'individu pourra réduire leur antagonisme en délaissant ou transformant certaines pratiques (Lahire 1998). Quelques recherches scientifiques et des témoignages de psychologues cliniciens amènent à penser que la pratique des arts martiaux pourrait être associée à la réduction des symptômes dépressifs anxieux. Les recherches portant sur les troubles dépressifs anxieux et la pratique du Taekwondo (Trulson, 1986) semblent indiquer que les personnes qui pratiquent cette discipline sur une longue période ont des taux d'anxiété plus faible. Le champ du Taekwondo peut de ce fait apparaître comme un élément explicatif des phénomènes de frustrations qui sont la conséquence de la divergence entre les milieux de socialisation investis dans la poursuite de la pratique du Taekwondo et non pas dans l'abandon sportif .

La question centrale posée par cette étude concerne les motifs d'abandon des athlètes tunisiens du haut niveau en Taekwondo ainsi que les processus par lesquels la perception des variables sociologiques conduit à l'abandon chez ces joueurs.

De ce fait nous émettons les hypothèses suivantes :

(Hypothèse 1) Les conditions sociales défavorables sont la principale cause du désengagement sportif d'athlète de haut niveau.

(Hypothèse 2) A l'origine, l'apprentissage de Taekwondo est avant tout un choix parental répondant à des motifs sociaux et sécuritaires qui ne posent guère des problèmes de participation.

(Hypothèse 3) En revanche, l'adhésion à un groupe de Taekwondo de compétition nécessite divers aménagements. Sa pratique à un niveau de compétition requiert un investissement personnel considérable sur le plan physiologique, temporel, humain, émotionnel et financier. Si cette pratique intensive apporte de nombreux éléments positifs sur la santé, l'estime de soi, l'organisation, etc., elle nécessite de nombreux sacrifices. Le sportif doit accepter de consacrer du temps, de l'énergie et de l'argent pour remplir les exigences. Ceci conduit souvent à l'abandon.

(Hypothèse 4) En particulier, Le Taekwondo est une activité considérée comme une activité à connotation masculine (Salminen, 1990)². En effet, Cette spécificité amène les joueuses à se désengager du Taekwondo qui n'est pas en conformité avec les stéréotypes de leur sexe.

La première partie du présent mémoire décrit le contexte théorique qui permet d'approfondir la compréhension du phénomène de l'abandon sportif et présente les perspectives théoriques qui se sont intéressées à cette questionne, et ensuite une compréhension générale du Taekwondo. La seconde partie présente la méthodologie qui a été mise en place afin de réaliser cette recherche: les participants, leurs caractéristiques, le déroulement de l'enquête et l'outil d'investigation : l'entretien et ses différents axes. La troisième partie présente essentiellement les résultats de l'étude générés par une analyse inductive d'un entretien direct semi-structuré. La quatrième partie porte sur la discussion des résultats en lien avec les hypothèses suivie d'une conclusion.

Première partie :

Fondement théorique

Chapitre 1 : L'abandon sportif :

Tout d'abord, il apparaît nécessaire de définir brièvement ce que sont les concepts clés qui concernent notre étude selon lesquels nous allons orienter notre choix de perspectives à développer dans le présent mémoire.

« Abandon sportif » : Le Petit Robert définit l'abandon du sport comme étant l'action de renoncer à poursuivre une épreuve sportive, une compétition. Il nous semble clair donc, de considérer l'abandon sportif comme l'arrêt d'une activité sportive. L'abandon peut se manifester de deux façons. Il peut impliquer soit une cessation complète de toute pratique sportive, soit le remplacement de l'activité sportive par une autre activité, qu'elle soit de nature sportive ou non.

« La motivation » occupant une place primordiale dans l'explication de l'abandon sportif. Nous abordons dans le présent mémoire une définition qui lui est associée à savoir : « Le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement. » (Vallerand & Thill, 1993, p.18). Sur la base de ces caractéristiques motivationnelles comptons-nous fonder les orientations à emprunter dans notre travail.

I. Trois niveaux d'analyse de l'abandon sportif :

Certains sportifs, se trouvent en face de difficultés dans leurs tentatives d'accomplir une tâche, restent pleinement investis dans celle-ci en développant leurs efforts tandis que d'autres en revanche, l'évitent ou fournissent peu d'efforts. Alors les premiers continuent à pratiquer le sport tandis que les autres au contraire l'abandonnent très tôt. Afin de comprendre ce dernier comportement (l'abandon sportif), plusieurs chercheurs ont cherché à déterminer certains facteurs et processus clés de son déclenchement chez les sportifs (e.g., Sarrazin, Famose & Cury, 1995).

Il n'existe pas une raison unique à l'abandon, mais une variété de processus et de causes personnels, situationnels et culturels. Ces trois perspectives suivantes ont fait appel à trois modélisations théoriques différentes, que nous allons développer dans le présent mémoire, pour ensuite mettre en relation ces perspectives avec les résultats obtenus au cours de cette étude.

1. L'abandon sportif dans une « micro-perspective » : le Modèle Hiérarchique de la Motivation Intrinsèque et Extrinsèque (MHMIE) comme modèle intégrateur : 

Dans le domaine scolaire ainsi que dans d'autres domaines, Vallerand et ses collaborateurs ont proposé d'affiner la compréhension des motivations et du processus motivationnel clés de l'abandon en se basant sur le Modèle Hiérarchique de la Motivation Intrinsèque et Extrinsèque MHMIE : Vallerand, 1997 ; 2001 ; 2007b.

Vallerand (1997) s'est principalement basé sur trois théories principales ; la théorie da la motivation à l'accomplissement, la théorie de l'autodétermination et troisièmement la théorie du comportement planifié. Différents types de motivation présentés précédemment. En effet, Le MHMIE suppose différents postulats concernant la motivation. Premièrement, l'analyse de la motivation renvoie à trois formes (l'amotivation, la motivation extrinsèque et la motivation intrinsèque). Deuxièmement, ces trois types (formes) de motivations existent chez l'individu à trois niveaux de généralité (situationnel, contextuel et globale). Troisièmement, il y a deux types de déterminant de la motivation : l'un lié à l'interrelation des niveaux motivationnels et l'autre lié à l'impact des facteurs sociaux. Quatrièmement, la motivation produit des conséquences importantes. Un dernier postulat important du modèle est que l'impact de l'environnement se produit par le biais d'une chaîne causale de processus psychologiques.

1.1. Les trois types de construits motivationnels inclus dans le MHMIE :

Le MHMIE indique dans son premier postulat qu'il existe trois types différents de motivation qui peuvent être rangés sur un continuum selon leur degré d'autodétermination. Le premier type de motivation est l'Amotivation qui représente l'absence relative d'autodétermination, ce concept motivationnel a été retenu par Vallerand (e.g., 1997, 2001, 2007b) dans son modèle théorique afin de mieux expliquer la nature des comportements humains. Ensuite, le deuxième type de motivation est la motivation extrinsèque représentant le niveau intermédiaire d'autodétermination entre l'amotivation et la motivation intrinsèque, quatre formes de motivation extrinsèque ont été pris en compte dans le modèle de Vallerand (1997, 2001, 2007b). Finalement, un troisième type de motivation a été retenu par Vallerand dans son modèle (e.g.,Vallerand, 1997, 2001, 2007b), à savoir la motivation intrinsèque qui représente le niveau le plus élevé d'autodétermination. A l'instar de White (1959) et de Deci (1975), Vallerand et ses collaborateurs (Brunel, Vallerand & Chantal, 2004) ont enrichi la conception de la motivation intrinsèque par la prise en compte de trois formes : la motivation intrinsèque à la connaissance (qui peut être définie comme l'engagement dans une activité pour les effets positifs qu'une personne en retire pendant qu'elle apprend, explore et essaye de nouvelles choses), la motivation intrinsèque à l'accomplissement (qui est définie par le fait de pratiquer un sport pour le plaisir d'accomplir, de créer quelque chose ou de se surpasser soi-même) et la motivation intrinsèque à la stimulation (qui correspond au fait de participer à une activité pour expérimenter des sensations comme le plaisir et l'excitation). Cette position tripartie de la motivation intrinsèque permet une meilleure prédiction de l'engagement dans une activité particulière liée aux trois types de motivation intrinsèque. Certaines recherches ont apporté un soutien empirique pour cette taxonomie dans différents domaines tels que ceux de l'éducation (e.g.,Fairchild, Horst, Finney & Baron, 2005).

1.2. Les niveaux hiérarchiques de généralité : situationnel, contextuel et global :

Selon Vallerand (1997, 2001, 2007b), la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l'amotivation existent à trois niveaux bien distincts de généralité. Ces derniers sont le niveau situationnel, le niveau contextuel et le niveau global. Cette perspective tridimensionnelle a pour but d'appréhender le comportement humain de façon très large. Le plus bas niveau postulé de la hiérarchie est le niveau situationnel. La motivation situationnelle concerne la motivation de l'individu lorsqu'il effectue une activité spécifique à un moment précis. Cette motivation situationnelle est considérée non pas comme une caractéristique individuelle stable, mais comme un état motivationnel, c'est « l'ici et maintenant de la motivation » (Vallerand & Grouzet, 2001). Dans une étude réalisée par Deci (1971), les résultats montrent l'impact négatif des récompenses sur la motivation intrinsèque situationnelle. Quant à Vallerand et Grouzet (2001), ils considèrent que la motivation situationnelle est primordiale dans la hiérarchie motivationnelle puisqu'elle affecte la motivation des personnes au moment même où elles en font l'expérience. Le niveau situationnel est alors essentiel au moment de la pratique d'une activité sportive. Prenons l'exemple d'une étude menée par Blanchard et Vallerand (1996a) qui ont montré que les émotions positives ressenties par les athlètes ainsi que la concentration étaient positivement corrélées avec la motivation intrinsèque et la motivation à la régulation identifiée. Mais au contraire, ces conséquences étaient négativement liées à l'amotivation. Le second niveau hiérarchique est le niveau contextuel. La motivation contextuelle est considérée comme étant plus stable que la motivation situationnelle et réfère à la tendance plus ou moins stable de l'individu à être motivé de manière intrinsèque, extrinsèque ou amotivé dans un contexte spécifique. Le niveau contextuel est alors essentiel pour comprendre l'engagement des personnes dans une activité sportive. Enfin, le niveau global représente le niveau hiérarchique le plus élevé où le niveau le plus stable de la motivation globale. La motivation globale réfère à une orientation motivationnelle globale ou (générale) poussant l'individu à interagir avec l'environnement selon un mode intrinsèque, extrinsèque ou amotivé selon une approche propre à la psychologie de la personnalité (McClelland, 1985), la motivation globale est perçue comme une différence interindividuelle, elle est d'ailleurs tout simplement comparable au construit de la motivation tel qu'il est défini dans cette perspective. Ainsi, cette motivation peut être apparentée à un trait de la personnalité (Vallerand, 1997). Dans une étude réalisée par Guay, Blais, Vallerand et Pelletier, (1999), les chercheurs ont démontré que les trois types de motivations intrinsèques et la régulation identifiée étaient positivement reliés à la satisfaction de vie, alors que la régulation externe et l'amotivation y étaient négativement associées. En résumé, les différents types de motivation intrinsèque et extrinsèque et l'amotivation sont nécessaires pour comprendre le comportement des sportifs. De plus, ces différents concepts ayant un aspect successif et hiérarchique.

1.3. Rôle de la séquence causale dans la détermination du comportement :

Le Modèle Hiérarchique de la Motivation Intrinsèque et Extrinsèque (Vallerand, 1997) postule que l'impact de l'environnement se produit par le biais d'une chaîne causale de processus psychologiques qui s'articulent de la façon suivante : Facteurs sociaux médiateurs psychologiques motivation autodéterminée conséquences motivationnelles. Ainsi que, cette chaîne causale est censée se produire aux trois niveaux de généralité. Plusieurs études ont rapporté un soutien pour une telle chaîne au niveau situationnel. Ainsi, dans une étude réalisée avec 358 étudiants universitaires effectuant une tâche ludique (i.e., NINA), Grouzet et al., (2004) ont appuyé la séquence causale en montrant que la perception par l'individu de sa réussite ou de son échec dans la tâche porte deux sens d'influence soit positive soit négative sur la motivation autodéterminée par l'intermédiaire des médiateurs psychologiques (i.e., besoins d'autonomie et de compétence). Finalement, lorsque la motivation dans la tâche est autodéterminée, les conséquences associées seront positives (e.g. concentration et intentions de poursuite dans l'activité). Dans une autre étude réalisée sur la séquence causale de Kowal et Fortier (2000), portée sur 104 nageurs canadiens lors d'une séance d'entraînement de natation. Les chercheurs ont démontré que l'influence des facteurs sociaux pendant l'entraînement (perceptions des climats motivationnels portés vers la maîtrise et vers la performance, ainsi que les perceptions d'auto-efficacité) sur la motivation situationnelle autodéterminée est médiatisée par les perceptions de compétence, d'autonomie et d'affiliation des nageurs. Ensuite, leur motivation situationnelle prédit fortement les indicateurs de l'état de flow ressenti pendant la séance d'entraînement. Dans le domaine sportif, peu de recherches ont testé cette séquence causale afin d'expliquer l'abandon sportif (e.g., Pelletier & al., 1988). Les résultats supportent globalement cette chaine causale et confirment le postulat théorique de Vallerand et Losier (1999). En effet, Pelletier et ses collaborateurs (1988) dans une étude réalisée sur 350 nageurs canadiens ayant indiqué que lorsque les entraîneurs avaient un style contrôlant et peu informationnel, les nageurs se percevaient de ce fait comme étant moins autonomes et moins compétents. Plus leurs perceptions d'autonomie et de compétence étaient négatives, plus leurs motivations se révélaient peu autodéterminé. En revanche, moins leurs motivations étaient autodéterminées, plus leurs intentions d'abandonner la natation augmentaient. Finalement, leurs intentions d'abandonner les amèneraient à un abandon réel l'année suivante. En guise de conclusion nous pouvons dire que lorsque la motivation est autodéterminée, il y a eu une hausse d'ajustement psychologique à la fin d'année, ce qui suggère fortement que le facteur global a déclenché une séquence causale ayant mené à des conséquences globales (ajustement psychologique) par le biais des sentiments d'autonomie et de motivation globaux.

2. L'abandon sportif dans une « meso-perspective » : l'influence des contraintes sociales et l'attrait pour des activités alternatives, dans le cadre de la théorie de l'échange social :

La pratique sportive se déroule dans un environnement social globaliste qui dépasse la simple relation entraîneur - entraîné. La famille, les coéquipiers de classe (entrainement) ou les amis intimes, les sollicitations extérieures comme celles de l'école et des loisirs sont autant de variables qui influencent le processus d'engagement ou désengagement. Les études descriptives sur les motifs d'abandon font souvent ressortir « l'attrait pour d'autres activités » comme une raison importante d'abandon, en particulier au moment de l'adolescence. Aussi, il semble nécessaire de s'intéresser à d'autres catégories de facteurs susceptibles d'expliquer le maintien ou l'abandon d'une activité sportive. La théorie de l'échange social (e.g., Homans, 1961), et en particulier la théorie de l'interdépendance (e.g., Kelley, 1983) et le modèle de l'investissement de Rusbult (e.g., 1980), semblent constituer un paradigme théorique particulièrement heuristique.

2.1. Le concept d'engagement :

Les théoriciens du paradigme de l'échange social utilisent le concept « d'engagement » (commitment) pour décrire un ensemble de facteurs qui explicitent la persistance dans une action ou dans une relation. Il est notamment défini comme une intention formulée par les individus de rester au contact d'une activité ou d'une personne, et de se sentir psychologiquement « attaché » à elle (Rusbult, 1983). Dans le domaine sportif, Scanlan, Carpenter, Schmidt, et al. (1993) définissent l'engagement comme « le construit psychologique qui représente le désir et la volonté de continuer une activité sportive » (1993, p. 6). En résumé, l'engagement représente l'état psychologique d'attachement des individus à leur activité, ou la force motivationnelle qui les pousse à continuer. Ce construit doit être clairement distingué de ses antécédents et de ses conséquences. Les conséquences de l'engagement sont les comportements réellement manifestés, comme la persistance dans une relation, dans le travail ou l'abandon sportif. Trois catégories d'antécédents, que Kelley (1983) nomme les « conditions causales », peuvent être identifiées. La première représente le degré d'attrait pour l'activité ou la relation, en termes de satisfaction, de plaisir, d'amour, ou d'amitié. La seconde catégorie correspond au degré d'attractivité des activités alternatives, et la dernière correspond aux forces ou barrières qui retiennent l'individu dans l'activité ou à sa relation (i.e., les investissements personnels et les contraintes sociales).

2.2. Les antécédents de l'engagement :

L'un des postulats fondamentaux développés par Thibaut & Kelley (1959) est de considérer l'individu comme un calculateur rationnel des plaisirs et des souffrances, qui cherche à gagner le maximum de profit avec un minimum de rendement autrement dit de maximiser les expériences positives et à minimiser les négatives. Dans cette perspective, les individus maintiennent une relation ou continuent une activité aussi longtemps que les résultats de la participation sont favorables. Le caractère favorable ou non de l'activité est déterminé par la balance entre les récompenses et les coûts. Récompenses et coûts sont des termes génériques utilisés pour faire référence à la variété des conséquences potentielles. Dans le domaine sportif, les récompenses peuvent représenter des conséquences tangibles comme l'argent, ou les trophées, mais le plus souvent, elles sont d'ordre psychologique, comme l'atteinte de buts désirés, les sentiments de compétence et de maîtrise, l'admiration et l'estime des autres (Smith, 1986). Les coûts englobent également un ensemble d'expériences, comme le temps et les efforts passés dans l'activité, les sentiments d'échec ou de désaccord avec les autres, ou le sentiment d'un manque d'autonomie. Dans la plupart des modèles, l'analyse coûts/bénéfices est exprimée par une variable « d'attractivité » comme la satisfaction (e.g.,Rusbult, 1980) ou le plaisir (e.g., Scanlan, Carpenter, Schmidt, et al., 1993), résumant l'expérience affective de l'individu pour une activité ou une relation. Les individus seraient satisfaits ou aimeraient leur relation ou activité, quand les bénéfices surpassent les coûts, et l'insatisfaction surviendrait quand les coûts sont supérieurs aux bénéfices. En retour, une satisfaction élevée, est présumée être reliée à un engagement important. Cependant, en accord avec Thibaut & Kelley (1959), la décision de rester dans une relation ou une activité n'est pas seulement basée sur le rapport entre les récompenses et les coûts. Elle dépendrait aussi de la disponibilité et de l'attrait pour des alternatives. Par conséquent, une personne peut choisir de rester dans une activité sportive même si les coûts sont supérieurs aux bénéfices, quand elle ne perçoit pas d'alternatives disponibles. A l'inverse, un sportif peut abandonner une activité même si les bénéfices sont plus élevés que les coûts, dans le cas où il perçoit des activités alternatives attirantes. Les activités alternatives sont vastes. Il peut s'agir d'autres activités sportives, d'autres loisirs, ou d'autres occupations (e.g., être plus souvent avec ses amis, etc.). Une troisième catégorie d'antécédents de l'engagement réside dans les « forces ou les barrières » qui sont supposées retenir l'individu dans l'activité (Rusbult, 1980). Deux construits sont inclus dans cette catégorie : les investissements personnels et les contraintes sociales. Dans le domaine sportif, les investissements personnels font référence aux ressources personnelles comme le temps, l'effort, l'argent, que les individus mettent dans leur activité, et qu'ils ne pourront plus récupérer s'ils arrêtent celle-ci (Scanlan, Carpenter, Schmidt, et al., 1993). En guise a conclure, que plus les investissements personnels sont importants, plus l'engagement sera élevé. Autrement dit, plus un sportif a « investi » dans son activité (en terme d'heure, d'année, ou d'argent) plus il aura du mal à la quitter ; et inversement. Néanmoins, l'importance relative de ces ressources peut varier d'un sport à un autre. Par exemple, des sports comme le patinage artistique ou l'équitation demandent un investissement financier beaucoup plus conséquent que des sports comme le football ou la gymnastique. Les contraintes sociales sont les dernières forces ou barrières que l'on trouve dans certains modèles (e.g., Kelley, 1983). Ce concept fait allusion à la pression sociale qui peut pousser un individu à participer à une activité ou à maintenir une relation. Dans le domaine sportif, certains enfants ou adolescents pratiquent uniquement pour faire plaisir à des autrui significatifs comme les parents, l'entraîneur, ou les amis (Scanlan, Carpenter, Schmidt, et al., 1993). Certains auteurs présument l'existence d'une relation positive entre la perception d'une pression des autrui significatifs et l'engagement, dans la mesure où l'individu ne veut pas essuyer les reproches de son entourage, concomitants à son arrêt (e.g., Kelley, 1983). Néanmoins, dans le domaine du sport, des travaux ont montré qu'une pression excessive des autrui significatifs induisait un stress excessif qui provoquait, au contraire, un désengagement (e.g.,Scanlan & Lewthwaite, 1984). De plus, le sentiment d' « obligation », vis-à-vis d'une activité volontaire comme la pratique du sport, peut diminuer les perceptions de contrôle et d'autodétermination (Vallerand, 1997), et conduire, en retour, à un engagement plus faible. Par conséquent, la relation entre les contraintes sociales et l'engagement est complexe, il apparaît pertinent d'explorer davantage cette hypothèse lors de recherches futures, d'où la présence d'un point d'interrogation entre ces deux variables, en espérant à déterminer plus spécifiquement l'importance de ce facteur.

En résumé, la théorie de l'échange social a été utilisée dans certains modèles théoriques afin d'expliquer l'engagement sportif et/ou l'abandon sportif (Scanlan & Simons, 1992). Ces modèles ont pu mettre en évidence certains processus et variables responsables de l'abandon sportif. Ce dernier apparaît lorsque les coûts de la pratique sont supérieurs aux bénéfices retirés de celle-ci chez le sportif. L'abandon se déclenche également quand l'athlète n'a pas réalisé l'équation équivalente entre les coûts et les bénéfices, aussi bien quand il a de fortes contraintes sociales et lorsqu'il a un niveau faible d'engagement.

3. L'abandon sportif dans une « macro-perspective » : l'influence des rôles sociaux liés au genre et du « typage » sexué des activités sportives dans le cadre de la théorie de Bem :

Certains cadres théoriques se sont appuyés sur le concept du genre afin d'expliquer le phénomène de l'abandon sportif. La théorie de Bem figure parmi les approches les plus célèbres. Ces caractéristiques conceptuelles nous amènent à améliorer nos connaissances sur le processus et les variables qui aboutissent à l'abandon sportif. Héritier (1996) avance que toutes les cultures humaines sont basées sur une classification dichotomique des sexes. Même si les peuples diffèrent entre-eux quant au contenu des perspectives et attributions de rôles propres à chacun des sexes (Cross & Madson, 1997), tous sont gérés sur ce principe organisateur majeur.

3.1. La construction sociale des identités sexuées :

La distribution des hommes et des femmes dans les sports et les différences de participation, d'investissement et d'engagement entre les hommes et les femmes semblent davantage la conséquence d'une socialisation des rôles sexués que d'une différence d'aptitudes naturelles (e.g.,Bem, 1981). Nous sommes encore aujourd'hui dans une « construction sociale, qui réglemente les représentations et les pratiques « acceptables » du corps, et perpétue la division des rôles. Aux hommes le« faire », aux femmes le « plaire » ». (Catherine Louveau-1981). Cette sexuation est un processus historique toujours opérant. Certains auteurs (e.g.,Davisse & Louveau, 1991) avancent que la socialisation se construit, dans le cadre de différentes activités, à partir d'encouragements, de découragements, de suggestions, de comportements... Dans ce sens, certains chercheurs (Fontayne, Sarrazin & Famose, 2002) postulent que le choix des activités présuppose un degré de cohérence entre le sexe et l'activité. Bourdieu (1998) indique que le processus de socialisation selon le sexe (le « typage selon le sexe ») aboutit à l'élaboration de schémas cognitifs qui sont perceptibles dans les représentations sociales, les discours des acteurs privés, publics et associatifs, mais aussi au sein des familles, des écoles et des médias. Ces schémas guident le choix des individus, au point que leur participation à une activité dépend de leur perception de cette activité comme étant appropriée ou non à leur sexe. Généralement, chaque culture dirige et encourage certains comportements et activités considérés comme des caractéristiques appropriées ou non pour chaque sexe (Cross & Madson, 1997). De plus, elle donne à voir les contours de la féminité et de la masculinité (changeant selon les époques et les cultures) et leur acceptation sociale. Maccoby et Jacklin (1974) avancent, que les individus continuent d'apprendre les comportements masculins et féminins conformes aux standards sociaux tout au long de l'enfance et de l'adolescence. Par exemple, certains chercheurs indiquent que les filles, pendant leur enfance, consacrent plus de temps à des activités interpersonnelles, aux tâches domestiques, aux soins du corps, et ont moins d'activités sportives (e.g.,Davisse, 2006). Conformément aux standards sociaux, il est attendu ainsi de la part des femmes qu'elles se montrent sensibles et tendres, alors qu'il est attendu des hommes qu'ils soient athlétiques, autoritaires et qu'ils aient confiance en eux (e.g.,Bem, 1983).« L'histoire des femmes a d'abord été une histoire de leur corps » rappelait Michelle Perrot (1984), corps sexuel, de la maternité» c'est pourquoi, les filles ne doivent apprendre un sport qui exige de la force et de la puissance, puisque la référence à la mère s'est peu estompée.

3.2. Les sports de combat comme porteurs de l'identité masculine :

Le sport implique nécessairement le corps ; dès lors nous adoptons totalement la position de (Fraisse Geneviève, 1996) rappelant qu'on ne saurait « penser le corps sans son sexe, sans la sexuation ».

S'agissant d'activités physiques, c'est peu de dire que « la différence des sexes ne peut y être neutralisée » (Fraisse, 1996). Les pratiques sportives sont sexuées, on y observe une distribution différentielle des deux sexes dans les activités, les fonctions d'encadrement et de responsabilités ; cette sexuation est un processus historique toujours opérant. Il apparaît que certains sports ont été de longue date investis par les femmes : les danses, les gymnastiques, la majorité des modalités de l'équitation ; d'autres, tels les sports de glace, la natation ou l'athlétisme (à quelques disciplines près) se sont féminisés assez rapidement au cours du XXe siècle. D'autres, en revanche, ne se sont guère féminisés : la lutte, le cyclisme, le football, l'haltérophilie, les sports de combats ...

La distribution des hommes et des femmes dans les sports, les pratiques choisies, les niveaux d'engagement, les goûts sportifs sont en parfaite homologie avec la division sexuée de toutes les formes de travail -- des espaces et plus généralement des pratiques sociales. Les sports sont sexués comme le sont les métiers, les fonctions, les niveaux de responsabilités. Par exemple, quand il s'agit de sport de combat, un sport qui est dur physiquement, mais aussi un sport qui exige des compétences techniques, des compétences scientifiques, des savoir-faire techniques, il s'agit aussi d'une activité se déroulant dans un espace risqué, sa pratique devient très peu investie par les femmes. La durabilité de cette sexuation des sports et des pratiques sociales, est en partie liée aux représentations dominantes de la féminité. Ce qui est en cause, ce sont les normes de la féminité dont on sait qu'elles s'énoncent principalement à partir des apparences. L'« être au féminin », c'est-à-dire ce qui est considéré comme faisant la femme, est souvent réduit à l'« être perçu » (Bourdieu 1998). La caractérisation de la féminité est inéluctablement rapportée au corps des femmes pour lequel des canons fonctionnent. Aujourd'hui, si peu de femmes choisissent ces sports « de tradition masculine » (du rugby au cyclisme en passant par le vol libre, le sport de combat, pour ne citer que quelques exemples), c'est certainement qu'ils ne s'accordent pas avec les catégorisations spontanées à partir desquelles hommes et femmes jugent ce qui convient ou non à une femme, c'est qu'ils s'accommodent mal avec le modèle dominant de la féminité dans notre culture. L'assignation au masculin de certains sports, tenace à l'échelle de l'histoire, devient intelligible en prêtant attention aux aptitudes physiques que ces sports requièrent, aux rapports au corps et aux engins qui s'y mettent en jeu, aux caractéristiques techniques et spatiales qui sont les leurs... Ainsi, montrer ou exercer sa force, se livrer à un combat, porter ou recevoir des coups, la prise de risques corporels... autant d'attributs pratiques ou symboliques donnés comme inconvenants avec la féminité, que les femmes semblent ne pas pouvoir faire leurs et qui appartiendraient donc, en propre, à la masculinité. Deux modèles de femmes sont donnés comme positifs : la femme-mère et la femme bel objet. La fonction maternelle et l'esthétique sont des références fondamentales, sinon fondatrices de l'implication des femmes dans certaines pratiques physiques (des formes d'activités et d'exercices préconisés... Ce sont ces mêmes images qui sont convoquées quand il s'agit de proscrire des activités jugées « dangereuses » pour les organes féminins ou trop « violentes » (par exemple les courses à pied ou les sports collectifs au début du XXe siècle). La troisième représentation est celle de la femme virile. Celle-ci, au contraire des deux autres figures, est donnée comme modèle repoussoir. Si la référence à la mère s'est peu à peu estompée au fil du temps (ou se manifeste autrement, la préconisation du « travail du giron » est devenue rare, penser l'organisation des pratiques avec des garderies pour les enfants est très fréquent), la femme bel objet et la femme virile sont en revanche des références fortement récurrentes qui ont traversé le siècle. Les sportives, a fortiori de haut niveau et dans les sports historiquement masculins, subissent ce que nous tenons à appeler un procès de virilisation. Encore une question récurrente dans l'histoire de l'accès des femmes aux sports, mais qui dépasse complètement l'univers des pratiques sportives. Cette qualification accompagne l'histoire de l'accès des femmes à des fonctions socialement dévolues aux hommes. Dans le sport, la référence à la virilisation persiste largement aujourd'hui. Ainsi, dès que les sportives dérogent au « féminin » quant au sport choisi, elles font « un sport d'homme ». C'est le cas par exemple pour le sport de combat, le rugby. La référence à la femme virile apparaît encore pour celles qui ont un signe sexuel secondaire habituellement, culturellement assigné aux hommes, « trop de muscles », les épaules « trop carrées », « pas assez de poitrine » ou bien des hanches gommées. Celles-là ont des apparences considérées au mieux comme « androgynes », elles sont immédiatement suspectées sur leur identité de femme : « Ce ne sont pas de vraies femmes », « Le sport menace leur beauté »,« Elles sont hommasses », ou encore, désignation banalisée et qui se veut parfois élogieuse, « des garçons manqués ». De nombreuses sportives posent, malgré elles, et de façon cruciale, la question des contours de la masculinité et de la féminité. Elles provoquent, involontairement le plus souvent, du désordre dans l'ordre des catégories et des rapports de sexe. Être pareil -- qui est bien autre chose que faire pareil -- est une perspective insoutenable et impossible.

3.3. La théorie de schémas de genre et l'abandon sportif :

Généralement, les hommes ont tendance à avoir une orientation de rôle masculin, tandis que les femmes ont tendance à avoir une orientation de rôle féminin. Dans ce cas, on parle d'individus typés sexuellement (sextyped). Plus précisément, lorsque les individus adhèrent aux caractéristiques masculines tout en rejetant les caractéristiques féminines, on parle d'individus typés Masculins. Dans le cas inverse, on parle d'individus typés Féminins. Cependant, il peut arriver que des femmes aient une orientation de rôle à connotation masculine et des hommes aient une orientation de rôle à connotation féminine. Dans ce deuxième cas, on parle d'individus « de type sexuel croisé » (cross-sex-typed). Plus précisément, lorsque les individus n'adhèrent ni aux caractéristiques masculines ni aux caractéristiques féminines, on parle d'individus ?Indifférenciés?. Par contre, lorsque les individus se caractérisent à la fois par des traits masculins et féminins, on parle d'individus typés Androgynes. Ces derniers individus sont les plus adaptés psychologiquement du fait de leur capacité à adopter des comportements différents pour mieux s'adapter à leur environnement (Bem, 1985). Bem et Lenney (1976) ont réalisé, par exemple, une étude afin d'étudier le lien entre l'identité du genre et le choix des activités à exercer. Les résultats ont montré que les sujets typés sexuellement (i.e., hommes Masculins, femmes Féminines) essayent généralement d'éviter les activités inappropriées à leur sexe. Ces sujets ressentent un malaise psychologique et des sentiments négatifs vis-à-vis d'eux-mêmes quand ils s'engagent réellement dans ces activités. La mise au jour de ces identités de genre a permis de démontrer que les individus ont des attentes plus élevées dans les activités en cohérence avec leur genre et des attentes plus faibles lorsque le typage sexué de l'activité et le genre de l'individu sont opposés (Bem, 1981). C'est pourquoi les individus ayant une forte identité de genre ont tendance à valoriser les tâches qui sont congruentes avec cette identité.

3.4. Pratique et abandon sportifs en termes de genre :

Plusieurs recherches (Bem, 1983, 1985) ont, souligné que les identités de genre (i.e., Masculine, Féminine) vont servir de guide à l'action en conduisant les individus à des comportements en cohérence avec leur identité de genre. C'est la raison pour laquelle les femmes qui souhaitent adhérer aux stéréotypes de rôles féminins décident probablement d'arrêter la pratique des activités physiques et sportives (e.g., Eccles & Harold, 1991). De la même manière, les sujets n'ayant pas le schème de catégorisation, ou bien qui n'emploieraient pas ce schéma basé sur la dichotomie du masculin et du féminin pourraient se considérer, soit comme pratiquant plus aisément des activités non conformes aux stéréotypes culturels de leur sexe, soit comme pratiquant de façon indifférente des activités conformes ou non conformes aux stéréotypes de leur sexe. Plus particulièrement, certaines études ont montré que les sujets chez qui le schème de catégorisation selon le sexe serait absent hésitent moins à pratiquer des sports considérés comme traditionnellement inappropriés pour leur sexe (e.g., Colley, Roberts & Chipps, 1985).

Les recherches qui se sont focalisées sur le phénomène de l'abandon sportif ont généralement montré que l'abandon sportif chez les filles était plus important et survenait plus tôt que chez les garçons (Martino, 1975). Plus particulièrement, quelques recherches (Thorne, 1993) soulignent que le fait que les filles veulent qu'elles soient jolies et séduisantes représente des priorités plus importantes pour elles que de participer ou de continuer la pratique d'un sport régulier. Pour Eccles et al., (1983), les filles qui veulent être féminines participent ou continuent moins dans les sports stéréotypés masculins. Ainsi, certaines filles sont prêtes à abandonner leur sport afin d'éviter de compromettre leur féminité (Kane & Synder, 1989). L'abandon sportif chez les filles semble résulter également d'un conflit entre le rôle de sexe et le rôle sportif des filles. Plus précisément, certaines recherches avancent que les joueuses qui adhérent aux rôles sexués féminins et qui pratiquent un sport « inapproprié » à leur sexe vivent davantage un conflit entre leur rôle de femme et celui de sportive que celles qui font des sports plus « appropriés » à leur sexe (Anthrop & Allison, 1983). Pour Brown (1985), il semble que ce conflit serait plus fort pendant l'adolescence où les images stéréotypées de la féminité ont une influence particulièrement forte.

Chapitre 2 : le Taekwondo :

Puisque nous allons nous intéresser à une discipline qui appartient à la famille des arts martiaux, il apparaît nécessaire de définir brièvement ce que sont ces sports, avant d'aborder les diverses caractéristiques du Taekwondo. "Les arts martiaux sont des disciplines qui cherchent à promouvoir l'aptitude au combat" (Reid et Croucher, 1991, p.228)\ Le dictionnaire Le nouveau petit Robert (2002) indique que: "Les arts martiaux sont des arts (sport et philosophie) de combat traditionnels japonais (chinois, coréen, etc.) tels que le judo, le kung-fu, le Taekwondo etc.". De ces définitions il ressort que les arts martiaux sont des disciplines combatives et qu'elles promouvaient (incluent) un aspect philosophique et culturel.   

I. Compréhension générale de Taekwondo:

1. Définition :

Le Taekwondo est un sport de combat libre, d'origine Coréenne autorise l'exécution des coups des mains et des pieds nus pour vaincre l'adversaire. C'est une discipline basée sur un aspect d'attaque et de défense. Le Taekwondo comprend des Kibon, le Poomse, un entraînement de combat, le Kyoruki. Le Kuykpa (casse) n'est utilisé qu'en démonstration et pour tester la puissance des adeptes. La réflexion, l'attention et la vigilance sont des paramètres mentaux fortement demandés et donnent une force quasi incroyable. Outre la philosophie, le travail des frappes de pied, la recherche de l'enchainement de frappe ainsi que du déplacement y est beaucoup plus présent, créant ainsi un style plus fluide, plus aérien, plus spectaculaire et moins statique. La pratique du Taekwondo est possible à tous âges et sous différentes formes. Tout en restant un art martial qui se distingue par sa tradition et son esprit, l'évolution du Taekwondo comme sport amateur international a été rapide grâce à des milliers de Maîtres coréens qui enseignèrent leur discipline dans la plupart des 5 continents. Les premiers Championnats du Monde de Taekwondo ont eu lieu à Séoul en Mai 1973 et ont débouché sur la formation de la Fédération Mondiale de Taekwondo (WTF), qui s'efforce de rendre ce sport martial moderne et universel, développant les règles afin de répondre aux exigences des sports amateurs internationaux. Aujourd'hui ce sport à été incorporé au programme scolaire coréen et aussi dans d'autre pays de l'école primaire à l'université. Il est même devenu partie intégrante de l'entraînement militaire en Corée. Il compte désormais quelque 60 millions de participants répartis dans plus de 180 pays. Plus de 6000 maîtres et entraîneurs coréens offrent leur aide à de nombreux instructeurs locaux, aux quatre coins du monde.

2. Histoire de taekwondo :

Revenons à la source et passons en revue l'histoire de ce sport devenu désormais planétaire. D'abord, le terme de Taekwondo : tae signifie pied, kwon signifie poing, et do signifie discipline. Il s'agit donc d'un art martial n'utilisant que les quatre membres du corps humain, l'âme et l'esprit. Les coréens pratiquèrent très tôt différents art martiaux aussi bien comme sport que comme technique d'autodéfense. Ces arts martiaux ressemblant au Taekwondo contemporain remontent au royaume Koguryo (37 av. notre ère - 668). La peinture murale d'une tombe construite à l'époque (maintenant en République populaire démocratique de Corée) montre deux jeunes hommes combattant dans des positions de base. Des découvertes datant du royaume Paikche (18 av. notre ère encourageaient surtout les combats à main nue. Les arts martiaux atteignirent leur apogée durant le royaume Silla (57 av. notre ère - 935), qui unifia la péninsule coréenne en 668, notamment grâce au Hwarangdo, organisation militaire, éducatives et sociale regroupant des jeunes de sang noble, appelé Hwarang. Les chevaliers de cette caste établie par le Roi Chinhung étaient dévoués corps et âme à leur pays. L'esprit martial du Hwarangdo devint la racine de la force nationale et morale de l'ère Silla et persiste aujourd'hui même dans les bases philosophiques du Taekwondo contemporain et des académies militaires des trois armes. Leur code de l'honneur dictait un dévouement sans condition au pays, la piété filiale, une fidélité infaillible envers les amis, la bravoure dans les batailles et la sagesse dans le recours à la violence ou le combat à mort. Comprendre cette philosophie est indispensable si l'on veut apprendre les arts martiaux traditionnels de Corée. Durant la dynastie Koryo (918-1392), l'étude du combat à main nue atteignit une telle popularité que les rois de la dynastie avaient promu de grands combats annuels, les soo-bakgi, organisés par les grands maîtres de l'époque qui établissaient les règles afin de préserver les valeurs sportives et martiales. Hélas, les arts martiaux nationaux connurent une période d'obscurantisme sous la dynastie de Chosun (1392-1910) qui adopta le confucianisme dont les principes accordaient la préférence à la plume sur l'épée. Seule, le Roi Chong-jo eut un intérêt pour les arts martiaux et en 1790, suffisant pour ordonner l'élaboration d'un ouvrage officiel sur tous les arts martiaux alors existant en Corée. Un chapitre de cette oeuvre traitant du combat à main nue sert actuellement de référence pour l'entraînement du Taekwondo. L'occupation nipponne (1910-1945) porta encore plus atteinte aux arts martiaux coréens : le gouvernement colonialiste avait banni toute activité culturelle coréenne, dans le but de détruire le patrimoine culturelle coréen. Mais arts martiaux continuèrent à être pratiqués en secret comme l'expression d'une rébellion silencieuse contre la répression japonaise. Après la libération, les maîtres de ces disciplines se réunirent et créèrent un seul art martial : le Taekwondo.   

3. Tenue, compétitions, règles d'arbitrage et points :

Les compétitions se déroulent en trois manches de deux minutes chacune, séparées d'une pause de 60 secondes. Le plastron (Hogoo), mis au point par la WTF est obligatoire dans toutes les compétitions. Il existe huit catégories, qui vont des poids plumes aux poids lourds. Un coup de poing compte pour un point. Un coup de pied au visage ou sur le plastron est également crédité d'un point. Les attaques ne sont créditées d'aucun point si elles sont accompagnées ou précédées des gestes suivants : chute volontaire ou obstruction à l'attaque en maintenant l'adversaire après avoir reçu un coup de poing ou de pied. Il existe huit catégories de décisions en compétitions : disqualification, forfait, blessure, knock-out, points, déduction de points, supériorité et arrêt du combat par l'arbitre. Il y a deux tenues appelées Dobok. La tenue de col blanc est destinée aux ceintures inférieures à la ceinture noire. La tenue de col noire est destinée aux ceintures noires. Les ceintures sont de couleurs différentes : noir, noir et rouge, rouge, bleu, verte, jaune et blanc, suivant le grade. Les débutants ont une ceinture blanche du 10è au 9è keup, puis ils portent la ceinture jaune du 8è au 7è keup, du 6ème au 5è keup, ils portent la ceinture verte, le 4ème keup est réservé à la ceinture bleue. Les détenteurs du 3ème au 1er keup reçoivent une ceinture rouge. La ceinture noire est réservée aux experts du 1ère dan et plus. Quand à la ceinture noire et ceinture rouge, c'est la couleur de ceux qui détiennent le premier, le deuxième ou le troisième poom, dans la division enfant.

4. L'aspect éthique du Taekwondo :

La lecture des textes anciens et modernes démontre que, dans les arts martiaux, la pratique des techniques est rarement considérée comme l'unique aspect de l'art. À titre d'exemple, le "Gorin no sho" ou "Traité des cinq roues", un ouvrage de stratégies guerrières écrit en 1645 par un guerrier célèbre, Miyamoto Musashi, fait mention de recommandations morales que devrait suivre le pratiquant sincère des arts martiaux. Il est aussi fait souvent référence au fait que l'entraînement martial est un moyen d'acquérir une discipline et une moralité conduisant à la formation d'individus matures, ayant une personnalité équilibrée, en paix avec eux-mêmes et en harmonie avec leur environnement (Arpin, 1971; Nakayama, 1983; Otake, 2001; Ratti et Westbrook, 1999; Ueshiba, 1938).L'esprit du Taekwondo est ainsi plus riche. En résumé, la Corée a réussi pendant de nombreux siècles à survivre et à s'imposer malgré sa position géographique en étau entre deux géants agressifs : la Chine et le Japon. La pratique du Taekwondo vise uniquement à acquérir une capacité à se défendre. D'un point de vue historique, l'esprit et la volonté d'exister du peuple coréen ont été concrétisés par le mouvement de la noblesse coréenne le hwarang-doou " chevalier de la fleur ". L'idéal de ce mouvement est fondé sur la recherche de la beauté, de l'harmonie et de l'épanouissement. L'esprit du Taekwondo est une expression de ces différences. Il dépasse l'idée d'un art martial statique fondé sur le sacrifice. C'est au contraire une force d'épanouissement de l'individu, capable d'assimiler la tradition avec des idées modernes comme l'Esprit Olympique. Pratiquer le Taekwondo, c'est rechercher en permanence un équilibre personnel pour vivre en harmonie avec son environnement. Dans le même ordre d'idée, Lowry (2002) mentionne que: "Ces \ko\ryu(écoles classiques) cherchent à transformer le membre au plus profond de son être et de sa personnalité" (Lowry, 2002, p. 38)4 ". À ceci, le même auteur ajoute: "[...] l'entraînement des koryun'est pas un processus mécanique, mais vise plutôt l'élaboration de comportements spécifiques. Et ces comportements sont spécifiques et uniques à chaque koryu" (Lowry, 2002, p. 38)5.Ces aspects moraux, philosophiques et spirituels contribuent à l'impact psychologique de l'enseignement et de la pratique martiale sur les pratiquants. L'étude de Trulson (1986) a démontré que l'enseignement des arts martiaux à déjeunes délinquants n'avait des effets bénéfiques (diminution de l'agressivité et hausse du conformisme) que s'ils étaient enseignés de façon traditionnelle, c'est-à-dire en maintenant les aspects moraux et philosophiques et non pas uniquement en enseignant des techniques de combat. L'importance de la moralité est évidente dans les budo. Le sens du mot do qui forme le terme budo, signifie "voie" ou "doctrine" et indique une motivation éthique (Ratti et Westbrook, 1999). Les trois citations suivantes extraites des propos de maîtres de budon,expriment l'importance du développement de l'individu, mais également de l'effet que les budo sont sensés développer chez ceux qui les pratiquent. Cette pratique n'a pas, selon eux, que des effets physiques, mais aussi un impact direct sur la personnalité et les valeurs des pratiquants. Il s'en dégage également que les arts martiaux semblent vouloir se distinguer des sports, du moins en partie. Le Taekwondo peut être considéré comme une philosophie de l'équilibre, aussi bien que comme un moyen pour cultiver le sens et l'état d'équilibre. (Reid et Croucher, 1991). En bref, la moralité et le développement personnel sont clairement associés à la pratique de Taekwondo et représentent un complément à la simple efficacité des techniques de combat.

5. L'intérêt d'étudier le Taekwondo dans un cadre d'une approche sociocognitive :

L'intérêt d'un éclairage psychosociale tient au fait qu'il permet de contextualiser la question de l'investissement des athlètes de haut niveau tout en repositionnant les sujets d'étude dans un réseau de relations sociales sportives et extra sportives. Le plus singulier des traits de la personnalité ou du comportement d'une personne ne peut se comprendre que si l'on reconstitue le « tissu d'imbrications sociales avec les autres » (Elias.N, 1991). Ainsi que l'intérêt d'étudier le Taekwondo se base principalement sur le fait que la pratique d'un art martial prétend être associée à des changements psychologiques chez les pratiquants. En effet, les maîtres de ces disciplines évoquent souvent un objectif de transformation de l'individu à plusieurs niveaux grâce à l'entraînement aux arts martiaux (Funakoshi, 1972; Hayes, 1991; Lowry, 1986a; Musashi, 2001; Nakayama, 1977; Otake, 1978). La pratique des arts martiaux apporterait, selon ces mêmes auteurs, des changements psychologiques bénéfiques tels que le calme, la détermination, et la paix intérieure. Le but du présent mémoire n'est pas de chercher à savoir si la pratique des arts martiaux a un impact sur des dimensions psychologiques, il s'agit d'étudier le lien de causalité entre l'abandon sportif et les variables sociologiques particulières.

Deuxièmes partie :

Méthodologie

I. Méthode :

1. Rappel des hypothèses et les variables étudiées :

Notre objectif est d'étudier le lien de causalité entre l'abandon sportif et les variables sociologiques particulières pour mieux cerner le phénomène.

Les hypothèses de travail sont les suivantes:

(Hypothèse1) Les conditions sociales défavorables sont la principale cause du désengagement sportif d'athlète de haut niveau.

(Hypothèse2) A l'origine, l'apprentissage de Taekwondo est avant tout un choix parental répondant à des motifs sociaux et sécuritaires qui ne posent guère des problèmes de participation.

(Hypothèse3) En revanche, l'adhésion à un groupe de Taekwondo de compétition nécessite divers aménagements. Sa pratique à un niveau de compétition requiert un investissement personnel considérable sur le plan physiologique, temporel, humain, émotionnel et financier. Si cette pratique intensive apporte de nombreux éléments positifs sur la santé, l'estime de soi, l'organisation, etc., elle nécessite de nombreux sacrifices. Le sportif doit accepter de consacrer du temps, de l'énergie et de l'argent pour remplir les exigences. Ceci conduit souvent à l'abandon.

(Hypothèse4) En particulier, Le Taekwondo est une activité considérée comme une activité à connotation masculine (Salminen, 1990). En effet, Cette spécificité amène les joueuses à se désengager du Taekwondo qui n'est pas en conformité avec les stéréotypes de leur sexe.

D'où l'importance des variables étudiées entant qu'axes d'étude et d'analyse comme la famille, l'école, les amis, le (ou la) partenaire amoureux (se) etc....

2. Description de l'étude:

Cette étude a été mené sur 16 ex joueurs de Taekwondo de sexe différent (9 fillettes ; 7garçons) qui appartiennent aux différents clubs de Taekwondo et qui ont fait partie de l'élite nationale. L'intervalle des âges se situe entre 13-22 ans avec un niveau national et international de pratique. Ces jeunes interviewés ont abandonné leur sport au cours des trois années précédentes. Nous avons abordé le phénomène de l'abandon de la pratique compétitive de Taekwondo en privilégiant une approche qualitative par le recueil des données chez les différents ex joueurs, la passation a était accompagnée d'un entretien semi directif. Les résultats de l'étude sont générés par une analyse inductive de l'entretien semi-structuré, sur chacun des axes choisis (comprenant chacun des sous items).

3. Participants ; ses caractéristiques :

La définition de la population est tout d'abord incluse dans la définition même de l'objet et dans les hypothèses formulées. Notre choix de la population porte sur un échantillon hétérogène c'est-à-dire on retient la diversité ; 16 ex joueurs de Taekwondo de sexe différent (9 fillettes ; 7garçons).

Les caractéristiques psycho-sociales et l'historique personnel de la pratique de Taekwondo

Tous les athlètes ont fait partie de l'élite sportive avec un niveau national et international de pratique et ont abandonné leur sport au cours des trois années précédentes

Le groupe est formé de 16anciens joueurs dont 9 fillettes et 7 garçons avec une moyenne d'âge de 17,5.

Age

Sexe

Ancienneté de l'abondance

Appartenance

régionale

Classe sociale

Nombre de fratrie

Sujet1

14 ans

masculin

1 an

Nabeul

favorisée

2

Sujet2

17 ans

masculin

2 ans

Sousse

Moyenne

4

Sujet3

16 ans

masculin

1 an

Gabes

Populaire

5

Sujet4

16 ans

masculin

18mois

Sidi Bouzid

Populaire

2

Sujet5

16 ans

masculin

2 ans

Sousse

Favorisée

1

Sujet6

18 ans

masculin

3 ans

Hammamet

Moyenne

4

Sujet7

19 ans

masculin

3 ans

Kairouane

Moyenne

5

Sujet8

20 ans

féminin

3 ans

Sousse

favorisée

4

Sujet9

19 ans

féminin

3 ans

Sidi Bouzid

Populaire

2

Sujet10

17 ans

féminin

1 an

Sidi bouzid

Moyenne

2

Sujet11

18 ans

féminin

2 ans

Gabes

Moyenne

3

Sujet12

21 ans

féminin

2 ans

Sidi Bouzid

Populaire

4

Sujet13

15 ans

féminin

1 an

Sousse

Populaire

3

Sujet14

22 ans

féminin

3 ans

Mahdia

Moyenne

2

Sujet15

19 ans

féminin

2 ans

Kairouane

Populaire

2

Sujet16

19 ans

féminin

3 ans

Kasserine

populaire

4

Tableau 1 : indique la population à étudié et ses caractéristiques.

4. Choix de l'outil de l'investigation :

Nous avons utilisé l'entretien de type semi-directif. Il est ni totalement fermé, ni totalement ouvert. Les thèmes à aborder sont fixés à l'avance.

Le tableau ci dissous présente les différentes parties de l'entretien semi directif :

Axes et items

La famille

L'école

Les amis (es)

Les partenaires amoureux (ses)

Le Taekwondo

?la progression de la carrière sportive en fonction de l'origine sociale ;

une analyse des modes de socialisation en termes de classe et d'origine sociales.

?les processus de transmission et de développe- ment d'un goût pour la pratique ;

le rôle des transmissions familiales dans l'engagement sportif.

?les conditions sociales et familiales en rapport avec l'engagement ;

? Le rapport aux études et investissement sportif ;

comprendre les conditions de progression dans les deux contextes (une situation à double rôle).

?L'adhésion aux attentes de l'institution sportive ;

Déterminer la capacité à remplir les exigences de la pratique du Taekwondo.

?Investissement en fonction des relations extra - sportives ;

une analyse des modes de communications pour déterminer le rapport entre milieux amical extra- sportif et la pratique de Taekwondo.

?Investissement en fonction des relations intra -sportives ;

une analyse des modes de communications pour déterminer le rapport entre milieux amical intra- sportif et la pratique de Taekwondo.

?Investissement en fonction des attentes des partenaires ;

une analyse des modes de communications pour déterminer la capacité à remplir les exigences et les attentes des partenaires amoureux (ses).

?La capacité de conjuguer une relation amoureuse avec un partenaire extra-sportif ;

déterminer la capacité à trouver une équivalence entre les deux contextes (sportif et non sportif).

?Le rapport entre le schéma de genre de Taekwondo et l'identité sexuelle ;

à quel point l'identité de genre pourrait catégoriser ce sport comme approprié ou non.

?Engagement et satisfaction corporelle ;

la perception de l'image du corps propre atteint d'un changement physique.

Tableau 2 : indique les thèmes (axes) de l'entretien semi-structuré el les sous items.

Nous avons disposé d'une série de questions-guides relativement ouvertes à propos desquelles nous voulons obtenir une explication. Selon Kaufman il faut commencer par quelques questions simples et faciles, juste pour rompre la glace dit-il.

Nous n'avons pas posé forcément toutes les questions dans l'ordre prévu initialement. Nous avons laissé venir le plus possible l'interviewé pour qu'on puisse parler selon une logique qui nous convient. Nous avons posé les questions que l'interviewé n'a pas abordé de lui-même.

5. Déroulement :

En ce qui concerne la conduite de l'entretien, nous avons procédé à trois éléments principaux pour réussir notre entretien ; premièrement, le contrat de communication qui commence par fournir : (notre nom, l'objet de notre démarche, le nom de l'institution). Ce contrat explique de quelle manière l'interviewé a été choisi (les modalités d'échantillonnage) et il signale que l'entretien est enregistré6 en signalant la durée de l'entretien. Deuxièmement, relancer le débat avec les mots utilisés par l'interviewé. « Vous avez dit ceci et cela, on va donc d'abord creuser ceci, puis ensuite cela (tout à l'heure vous avez dit également que......) ». Et troisièmement, la durée : maximum 1h, minimum 3/4h. Pourquoi faut-il du temps, pour pouvoir faire émerger progressivement la pensée originale du sujet, au début il peut y avoir des mécanismes de méfiance, de défiance, on peut avoir un discours de conformité sociale, progressivement ce discours tombe. Nous avons prévu un endroit calme pour pouvoir mener l'entretien, faire asseoir les anciens joueurs, les mettre à l'aise et savoir qu'on ne pourra peut-être pas tout aborder par manque de temps. En ce qui concerne la transcription de l'entretien, nous avons passé d'un contenu verbal recueilli oralement à un support écrit. Ce n'est pas un simple travail d'exécution technique, mais une opération complexe, comparable à celle d'un copiste et la plus exhaustive c'est la traduction du notre jargon en langue française, tout cela demande une grande responsabilité. Comme tout travail de traduction, la transcription des entretiens peut « coller » plus ou moins au discours original, depuis la transcription intégrale jusqu'à divers degrés de la transcription élaborée.

6. L'analyse de l'entretien :

Dans cette démarche nous avons abordé une méthode simple qui implique la mise en oeuvre des différentes opérations de base qu'on utilise dans toute analyse de contenu c'est l'analyse thématique. Ce mode d'analyse est centré sur les notions ou thèmes7 évoqués à propos de notre objet d'étude l'abandon sportif. Il s'agit d'obtenir des informations sur cet objet. La grille d'analyse8 est reproduite en autant d'éléments du corpus. 16 entretiens ont été menés avec des anciens joueurs de Taekwondo ayant abandonné plus ou moins précocement leur carrière, nous avons reproduit la grille seulement en 14 exemplaires?.

Troisième partie :

Présentation et discussion des résultats

II. Résultats :

L'axe de la famille: en fonction du « background » sociologique ; le Taekwondo est un élément qui diffère d'une famille à une autre : 

Certaines familles (les familles favorisées) sont préoccupées aux résultats sportifs de leurs enfants. Ils acquièrent des récompenses symboliques qui constituent un capital collectivement instauré, entretenu et partagé par le joueur et sa famille.

Suite à la remise en question des hiérarchies enquêteurs/enquêtés. Nous avons remarqué que les bénéfices sportifs majeurs étaient toujours considérés pour les parents comme une source de mépris . Les ex joueurs (sujet1 ; sujet 5 et sujet 8) décrivent ce capital symbolique comme une source importante de suffisance qui s'inscrire dans le désir familiale et ses attentes : le «taekwondoyste« refuse de perdre le profit de ce capital symbolique et de s'impliquer dans la dépossession des membres de sa famille : La plus part, ont évoqué l'appréhension de « décevoir » un père, une mère, un frère ou une soeur : par ailleurs, ils justifient le désinvestissement en évoquant la crainte de la blessure qui semble considérée comme cause principale de l'abandon précoce.

Sujet 5 d'une fratrie composée d'une seule fille, sa mère cadre universitaire et son père Chef d'entreprise, l'engagement sportif pour lui semble s'inscrire dans le désir de sa famille. Il se présente comme athlète au grand potentiel, et semble être considéré comme une source de fierté.

« J'avais envie d'arrêter le Taekwondo mais j'ai longtemps continué pour faire plaisir à ma soeur et à ma mère. Je me suis forcé pour ne pas décevoir. (...) ma soeur m'a reproché d'avoir arrêté parce qu'elle était fière de son frère, fière de dire ce que je faisais à ses copains. Pour elle j'ai gâché quelque chose, elle dit souvent que je n'aurais pas du arrêter. Mais, il a fallu me casser les deux bras et les deux jambes sinon j'aurais continué ! »

Chez certains joueurs et spécifiquement ceux qui appartiennent aux familles populaires, sont considérés comme des calculateurs rationnels des coûts et des bénéfices (Lucie.Forté ,2006), qui cherchent à maximiser leur gain et à minimiser les dépenses. Pour cela, le désengagement peut se manifester quand l'analyse coûts/bénéfices qui est exprimée par une insatisfaction survenant quand les coûts sont supérieurs aux bénéfices. Dans le domaine sportif, les récompenses ou bien les bénéfices peuvent représenter des conséquences appréciables comme l'argent, ou les trophées. Les coûts représentent généralement l'ensemble de consécrations, comme le temps et les efforts passés dans l'activité y compris les expériences psychiques comme les sentiments d'échec ou le sentiment d'un manque d'autonomie... De ce fait, lorsque le rendement de la participation ne sera plus suffisant, les joueurs interrompent une activité.

«J'ai rien à voir que des coupes et des médailles qui sont exposées sur le buffet de la salle à manger. C'est la honte vraiment... Ceci ne procure que des bénéfices symboliques face aux efforts que je fournis et de nombreux sacrifices tant pour moi-même que pour ma famille aussi, j'étais même obligé de payer beaucoup de choses (transport, tenue vestimentaire, la visite médicale...) avec mon propre argent... » (Sujet 4, d'origine populaire).

Le processus de transmission d'un goût pour la pratique de Taekwondo constitue cependant un critère très différenciateur des deux types de famille (favorisée et populaire) : Par ailleurs, ce processus de transmission se traduit par des formes spécifiques de socialisation qui construisent un rapport au corps  performant et impliquent l'acquisition d'un sens de la compétition. (L.Forté&Ch. Mennesson ,2012). Ces modes de socialisation sont influencés de manière significative par le « background » social de l'individu et notamment la classe sociale et le rapport au sport de ses parents.

 L'axe de l'école : le rapport aux études, orientation professionnelle et investissement sportif ; une situation à double rôle.

La plus part des athlètes interrogés affrontaient des conditions scolaires particulières : répartition de cursus tout au long de la journée, orientation dans des filières qui minimisent les heures de récupération et les activités personnelles (14 sur 16 sont inscrits sur les carnets scolaires sauf que sujet 13 et sujet 14)°. La grande majorité des interviewés ont associé l'expression « réalisation de future» à une réussite professionnelle et, dans leur discours, tous accordent une place majeure à leur investissement scolaire. Alors que le Taekwondo n'est pas envisagé comme un domaine sérieux qui exige d'un métier potentiel. Le plus souvent les joueurs justifient ce point de vue en évoquant aussi la crainte de la blessure qui viendrait interrompre prématurément leur carrière. La poursuite d'un projet professionnel semble totalement incompatible avec la pratique du sport de haut niveau présente une corrélation importante avec le fait de cesser (Lucie.Forté ,2006) de pratiquer le Taekwondo.

« Je me suis toujours dit que je passerai le baccalauréat. D'abord, j'ai commencé à réduire les entraînements avec les révisions du concours et là j'ai réalisé que je n'aurais bientôt plus le temps de faire du sport : entre les titres et le travail personnel, ça n'est vraiment pas compatible ». (Sujet 9, une fille, d'origine sociale populaire)

Notons que la famille semble exercer des effets à la fois directs et indirects sur l'investissement sportif : les perspectives évoquées par les athlètes de haut niveau sont apparues comme étant souvent liées aux professions et loisirs familiaux.

Les propos de Sujet 12, une fille, d'origine populaire, illustrent l'influence d'adhésion aux attentes de l'institut universitaire sur son engagement dans les premières étapes des études universitaires.

« Il était nécessaire de s'engager dans les études supérieures tout en prenant en compte la réalité des choses : ma famille n'a pu supporter encore plus les frais de mon entrainement et sur tout de mon adhésion à l'équipe nationale (j'avais à me déplacer avec mon propre argent) ... il était nécessaire de s'engager dans les études de l'université et arrêter le Taekwondo pour pouvoir continuer le droit de toucher des allocations et éviter le risque de redoublement ... j'ai arrêté le Taekwondo après le baccalauréat parce que tout devenait insupportable. »

L'axe des amies : Relations amicales et milieu sportif ; une relation plus ou moins forte entre l'engagement et la persévérance dans les relations amicales.

En fonction de la manière de communication entres les sujets, nous avons pu identifier deux types d'articulations entre les milieux amical et sportif.

La première forme d'articulation consiste à attacher une importance au milieu des amis extra-sportifs. Un ancien joueur de Taekwondo explique par exemple que ses fréquentations amicales extra sportives l'ont conduit à fumer ses premières cigarettes et à découvrir les « joies » des sorties en discothèque.

« C'est dur de ne pas se laisser influencer parce que quand j'ai quitté le collège, je suis arrivé dans un lycée où on était mélangé, il n'y avait pas que des sportifs. Et là, sans s'en rendre compte, petit à petit, on se détache du groupe d'entraînement on fréquente d'autres bandes d'amis, on les suit en boite, on se met à fumer. On ne sait plus trop comment se positionner par rapport aux copains du groupe d'entraînement ». (Sujet 4, un garçon, d'origine populaire)

Cependant, une articulation cloisonnée des milieux amical et sportif n'est pas systématiquement néfaste (Lucie.Forté, 2006) à la pratique de Taekwondo. Elle peut permettre de diminuer le stress lié aux exigences sportives et de prévenir certaines troubles dépressives, une sorte de distraction.

« Quand je le peux, j'essaye d'oublier un peu le Taekwondo. Avec mes amies le weekend on va à la compagne, on fait du sport, ça me permet de ne pas tout le temps penser aux compétions et par là même de moins stresser. (...) L'été je prends un mois de vacances. C'est primordial, j'ai besoin de cette coupure : de tout oublier pour retrouver l'envie à la rentrée ».( Sujet 10, une fille, d'origine moyenne)

Le deuxième type d'articulation concerne les joueurs qui attachent une forte importance à leurs amis intra-sportifs, plus particulièrement les filles. Plusieurs d'entre elles ont évoqué l'existence de phénomènes d'exclusion liés à des rivalités sportive, géographique, et amoureuse au sein de l'équipe nationale féminine. Parfois, ces tensions deviennent trop pesantes :

« J'ai arrêté le Taekwondo parce qu'il était presque impossible de se faire des amis : trop de clivages et de jalousies entre les filles. Certaines ont pour objectif d'aller en stage ou en sélection afin de s'adonner à leur au sport et de faire fi du reste. Moi pas ».( Sujet 14 , une fillette, d'origine moyenne)

L'axe des partenaires amoureux (ses) : Des relations amoureuses plus ou moins intégrées au milieu sportif.

Tous les sujets ont évoqué la difficulté d'adopter à la fois pratique de Taekwondo de haut niveau et relation amoureuse avec un partenaire extérieur au milieu de Taekwondo. Les raisons évoquées sont en relation à une inaptitude de subir tous les exigences de ses partenaires et de réaliser ces attentes voulues. Le quasi totalité des joueurs qui se sont désinvestis fréquentait, au moment de l'arrêt, un partenaire amoureux extra sportif. Ici encore, l'articulation cloisonnée des deux milieux génère souvent des tensions.

Il apparait que la fréquentation de choisir des partenaires intra-sportifs chez les filles est plus importantes que chez les garçons, c'est apparue très considérable en terme d'une variation des attentes en fonction du sexe. À ce titre, il convient de signaler que les filles «taekwondoystes« de haut niveau « s'autocensuraient » plus fréquemment que leurs homologues masculins dans leur investissement sportif.

Les propos de sujet 15, une fille d'origine populaire, illustrent tout ça :

« Mon petit copain, comme moi il a fait partie de l'équipe nationale. Il habite un peut loin d'ici mais je le vois en stage et dans certaines compétitions ! Quand j'étais membre de l'équipe nationale. J'avais choisi les joueurs d'un bon niveau pour qu'ils puissent comprendre quand je ne peux pas les voir ou quand je m'entraîne. Ça m'évite de m'éparpiller. »

Lorsque les opportunités locales de rencontrer un joueur de haut niveau sont faibles, ces superpositions plus ou moins conscientes, volontaires et stratégiques impliquent le développement de relations courtes (le temps d'un stage ou d'une compétition) ou à distance (Lucie.Forté, 2006) ; le maintien et l'entretien d'une relation est alors le fait d'une variété de moyens de communications : réseaux sociaux, téléphone, courriers électroniques, des SMS.

L'axe de Taekwondo : l'identité de genre ; une tendance à catégoriser ce sport comme approprié ou non.

Nous avons pu remarquer que certaines joueuses ont été désinvesties sous prétexte que le Taekwondo provoque leur nature féministe. Ce qui est mis en cause, ce sont les critères de la féminité, définis par la société et qui s'articulent principalement autour des apparences. L'« être au féminin », c'est-à-dire ce qui est considéré comme faisant la femme, est souvent réduit à l'« être perçu » (Bourdieu, 1998). La définition de la féminité est forcément rapportée au corps des femmes pour lequel des normes s'émergent.

La référence à la femme Fine apparaît encore pour celles qui ont un signe sexuel ressembles aux hommes (des bras trop musclés, des épaules trop carrées, des poitrines non proéminentes ou bien des hanches gommées). Celles-là ont des apparences considérées au mieux comme « hommasses » ou encore, désignation banalisée et qui se veut parfois élogieuse, « des garçons manqués », et qui affecte immédiatement leur identité de femme : « Ce ne sont pas de vraies femmes », « Le sport menace leur beauté ». On sait que le rapport au corps des femmes est socialement déterminé et surtout qu'il est « sans cesse exposé à l'objectivation opérée par le regard et le discours des autres » (Bourdieu, 1998)

De ce fait les joueuses de Taekwondo essayent d'éviter cette activité qu'était inadaptée à leur sexe. Puisqu'elles ressentent une insatisfaction psychologique en recevant des avis négatifs vis-à-vis d'eux-mêmes et de la société lorsqu' elles s'engagent réellement dans ces activités. Sinon elles seront considérées comme Indifférenciées.

Ce comportement est également souligné par sujet 13, une fille d'origine populaire.

«  Deux choses m'éloignent de cette activité sportive : mes épaules qui sont devenues trop carrées et mes hanches aussi sont rétrécis ! Je déteste par-dessus tout me retrouver comme masculine et déguisée de la féminité et ça renvoie à des qualités qui sont reconnus contre ma nature féminine ... En dehors de la pratique, j'essaye d'avoir une vie de femme normale. Je m'habille dans la mesure du possible d'une manière féminine, je choisis des vêtements qui cachent mes formes, je me maquille un peu. En tant que femme, je ne suis pas contente de ces fores, ça ne me plait pas du tout.»

« Bref le Taekwondo c'est dé.sa.gré.able... sur le moment parce que je dois adopter à la fois la combinaison d'un corps sportif de Taekwondo fort et puissant et femme fine et passive, qui serait sûrement très difficile. »(Sujet 16, une fille, d'origine populaire).

Cette dernière avance dans son discours pour nous démontre la construction même d'un sentiment de culpabilité chez elle, à cause de son choix de pratiquer le Taekwondo en rappelant son horrible souvenir.

-« Quant à moi mon plus malheureux souvenir est le décès de mon adversaire,  j'avais 12 ans je connaissais rien à la vie,  je me rappelle très bien de l'événement parce qu'il a bouleversé la vie, le moment où mon adversaire est tombée suite a un coup de pied dans la tête, j'ai pleuré en croyant qu'elle était juste en coma, son entraineur et ses proches l'ont ramené à l'hôpital. Soudain mon coach est venu vers moi en criant pour me dire "Sawsan !! La fillette est décédés...Khawla est morte". C'est la chose la plus horrible...»

Cependant, nous avons pu remarquer l'inverse chez les garçons, le Taekwondo est en faveur du sexe masculin.

« Oui ! En tant que male le Taekwondo s'adapte bien à ma personnalité. Et quand je lis mes résultats, j'ai l'impression de vivre quelque chose de spécial. Je me sens plus fort, plus à l'aise... je ressens une confiance que je n'ai pas toujours eu.» (Sujet 9, un garçon, d'origine populaire)

II. Discussion :

On tient à rappeler que cette recherche d'une option méthodologique qualitative ne permet pas de démontrer que la pratique de Taekwondo puisse accentuer un trait de personnalité chez les adeptes de ces disciplines, mais d'un lien de causalité entre des variables sociologiques déterminées et abandon sportif.

Cette partie vise à approfondir la compréhension des résultats obtenus dans la présente étude et à discuter de la confirmation des hypothèses formulées précédemment. Par souci de clarté de la discussion, les résultats concernant la variable des cinq sphères de socialisation va se faire en vue de répondre aux hypothèses. Les résultats de l'analyse de l'entretien seront discutés, non pas pour l'ensemble des cinq sphères de socialisation mais, variable par variable c'est-à-dire axe par axe.

Les variables sociologiques à l'étude ; cinq sphères sous la loupe :

L'analyse des entretiens a démontré qu'il existe un lien de causalité entre les variables sociologiques et l'abandon de Taekwondo. C'est-à-dire que l'hypothèse de base de la présente étude Hypothèse1, les conditions sociales défavorables sont la principale cause de désengagement sportif d'athlète de haut niveau a été partiellement confirmée, certaines hypothèses spécifiques ayant été aussi confirmées.

L'axe de la famille :

En ce qui concerne la sphère famille, deux hypothèses en lien avec la variable famille furent formulées. La première était la suivante: Hypothèse2 À l'origine, l'apprentissage de Taekwondo est avant tout un choix parental répondant à des motifs sociaux et sécuritaires qui ne pose guère de problèmes de participation. La seconde hypothèse était celle-ci: Hypothèse3 En revanche, l'adhésion à un groupe de Taekwondo de compétition nécessite divers aménagements. Sa pratique à un niveau de compétition requiert un investissement personnel considérable sur le plan physiologique, temporel, humain, émotionnel et financier. Cette pratique intensive nécessite de nombreux sacrifices tant pour le joueur que sa famille. Le sportif doit accepter de consacrer du temps, de l'énergie et de l'argent pour remplir les exigences. Ceci conduit souvent à l'abandon. La première hypothèse n'a pas été confirmée par les analyses d'entretiens. Par ailleurs, le facteur «choix parental» n'a pas été cité par les anciens joueurs en tant que cause majeure d'abandon. Alors que les données récoltées confirment le modèle de Gould (1987). En effet, l'abandon est un processus progressif qui se construit au fur et à mesure de la vie sportive du joueur de Taekwondo. Les composantes personnelles (psychologiques, physiques) et situationnelles amènent les joueurs du Taekwondo à effectuer, de manière (in)volontaire, une analyse coûts/bénéfices de leur pratique. Nos résultats confirment que l'abandon résulte d'un déséquilibre entre les coûts perçus et les bénéfices de sa pratique, de l'attrait pour des activités alternatives, d'un manque d'investissements. Lorsque le joueur de Taekwondo effectue ce calcul, deux possibilités s'offrent à lui. Si ce rapport est trop défavorable, l'arrêt de la pratique représente la seule solution à ses yeux. Si le rapport est tolérable, il poursuit sa pratique compétitive. Notons que les athlètes de Taekwondo ayant abandonné ont vécu à plusieurs reprises cette situation de calcul coûts/bénéfices avant de prendre une décision «fatale».

En effet, la théorie de l'échange social (Thibaut & Kelley, 1959 ; Smith, 1986) postule que la participation est maintenue chez les individus lorsque les bénéfices sont plus élevés que les coûts et, au contraire, l'abandon apparaît quand les coûts sont supérieurs aux bénéfices. En d'autres termes, les individus abandonnent leurs activités lorsque le rapport entre les bénéfices et les coûts n'est plus favorable. À l'instar de Guillet et al., (2002, étude 1), sur des joueuses pratiquant le handball ou le basketball. Cette étude qui a été achevé pour mieux appréhender les variables qui interviennent dans le processus coûts/bénéfices chez ces joueuses ; le rapport entre les bénéfices et les coûts a été opérationnalisé comme étant une variable latente sous-jacente aux perceptions des joueuses d'atteindre des conséquences importantes. Plus ces perceptions augmentent, plus les bénéfices sont importants. Les coûts, quant à eux, représentent le côté négatif des bénéfices. Dans cette recherche, les résultats ont montré qu'il y avait un variable latent « bénéfice perçues », sous-jacente aux perceptions de compétence, d'affiliation, de progrès, de soutien de l'entraîneur et de temps joué en match chez les joueuses. Ces bénéfices perçus prédisaient positivement le plaisir ressenti dans la pratique sportive. Ces résultats vont dans le sens des recherches qui montrent que le plaisir résulte d'un ensemble de perceptions qui sont corrélées entre elles, et reliées à des dimensions qui amènent à une expérience sportive positive (e.g., Scanlan& al., 1993). Les résultats ont également révélé que les bénéfices perçus étaient positivement liés à l'engagement sportif chez les joueuses. Ces résultats corroborent les résultats obtenus par Guillet et al., (2002, étude 2). L'intérêt majeur de cette étude sur l'abandon sportif réside dans le fait que les bénéfices perçus prédisent positivement l'engagement sportif chez les joueuses. En effet, il semble que plus les joueuses perçoivent que leurs besoins désirés dans la pratique sportive sont satisfaites (besoins de compétence, d'affiliation, de progrès, d'être soutenu par l'entraîneur et de jouer assez dans le match), plus les joueuses perçoivent qu'elles ont des bénéfices qui surpassent les coûts (la « face » négative des bénéfices). Il faut ainsi sensibiliser les parents et les entraîneurs sur les impacts négatifs de leur pression afin que les joueuses restent engagées dans leurs activités le plus longtemps possible.

Notons que la famille semble exercer en premier lieu des effets à la fois directs et indirects sur l'investissement sportif : les perspectives évoquées par les athlètes de haut niveau sont apparues comme étant souvent liées aux professions et loisirs familiaux. Des recherches futures pourraient s'attacher à déterminer plus spécifiquement l'importance de ce facteur.

L'axe de l'école :

Les résultats ont montré que le plus souvent, les joueurs qui ont abandonné leur sport justifient ce point de vue en évoquant la crainte de l'échec scolaire qui pourrait influencer leur futur professionnel. Et comme la scolarité est généralement obligatoire jusqu'à l'âge de 17 ou 19 ans, la plupart des athlètes sont confrontés à un chevauchement majeur entre leur progression sportive et scolaire (De Knop,Wylleman, Van Houcke, &Bollaert, 1999). Le double rôle d'étudiant et d'athlète place les individus dans une situation où ils doivent investir leur temps disponible et leur énergie à développer leur potentiel dans deux domaines d'accomplissement (De Knop etal., 1999). Ceci est confirmé par le fait que préparer une formation académique ou professionnelle, ou exercer un métier, a été une raison importante pour que des athlètes talentueux mettent fin à leur carrière sportive (Bussmann&Alfermann). Tandis que les parents sont une source d'influence négative ou positive aux différents âges et niveaux des carrières sportives d'athlètes, à ce jour, peu d'études ont exploré l'influence des parents sur les compétiteurs de haut niveau en relation avec leur engagement dans le système scolaire.

Les psychologues du sport doivent continuer leurs recherches sur le rôle que les parents peuvent jouer au cours de la carrière sportive de leur enfant, même si « la recherche sur les influences familiales est complexe et difficile » ce qui rend délicat« d'explorer les complexités des processus familiaux qui existent au sein des familles d'athlètes » (Hellstedt, 1995, p. 119).

Les deux axes amis et partenaires amoureux :

Les résultats ont montré la difficulté d'adopter à la fois la pratique de Taekwondo de haut niveau et la relation amoureuse avec un partenaire extérieur au milieu de Taekwondo. Les résultats ont montré aussi que les joueurs qui sont caractérisés par un fort attachement à des amis extra-sportifs ont abandonné leur sport mais à un certain moment une relation extra-sportive n'est pas systématiquement néfaste ce qui est en conformité avec les interprétations de Lucie.Forté 2006. Des résultats similaires ont été obtenus par Guillet et al., (2002, étude 2). Ces résultats corroborent également les résultats des recherches montrant une relation positive entre l'engagement et la persévérance dans les relations amicales (Rusbult, 1980, 1983) et dans le domaine du travail (Rusbult& Farrell, 1983). Les résultats d'analyse de contenu ont montré aussi l'existence de phénomènes d'exclusion liés à des rivalités sportive au sein de l'équipe nationale féminine. Parfois, ces tensions deviennent trop pesantes, mais elles ne dépassent pas les limites des rivalités sportives et amoureuses au sein de l'équipe nationale tunisienne. Bien que les processus repérés par Simons et ces collaborateurs (2003) peuvent constituer un élément de compréhension de ces tensions : en raison de leur longue histoire d'exclusion sociale et économique par rapport à la société blanche, les basketteurs et footballeurs noirs américains ont développé tout un attirail de distinctions linguistiques et comportementales qui les éloignent de la société de la « middle class » blanche. Comme le suggère l'auteur ce processus doit donc être envisagé dans une perspective historique.

Comme la notion d'engagement est conceptuellement similaire à la notion des intentions comportementales, nous pouvons légitimement considérer l'envie ou la volonté de continuer la pratique sportive comme une intention comportementale chez le sportif. Cette dernière constitue le prédicateur le plus « proximal » du comportement réel comme le postule le modèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque de Vallerand (e.g., 1997). Par conséquent, la relation intention-comportement est semblable à celle engagement-comportement. En somme, plus les intentions d'abandonner sont élevées, plus les sportifs abandonnent, et plus l'engagement est élevé (i.e., l'envie de continuer la pratique), moins les joueurs abandonnent. Dans ce sens, les résultats obtenus sont alors en accord avec les recherches qui ont montré que plus les intentions d'abandonner diminuent, moins les sportifs abandonnent (e.g., Sarrazin & al., 2002). En d'autres termes, plus l'engagement des sportifs augmentent, moins ils vont abandonner leur sport.

Il convient de rappeler que la présente recherche est la première à tenter de dresser des liens de causalité entre les variables amis; partenaires amoureux et l'abandon de Taekwondo. Par conséquent, la majorité des résultats obtenus sont sans précédent, d'où l'impossibilité d'établir des comparaisons avec d'autres recherches. Chaque fois qu'une recherche scientifique sera en lien avec une des variables à l'étude, il en sera fait mention. Dans le cas contraire, cela indique qu'il n'existe pas de comparatif.

L'axe du Taekwondo.

En ce qui concerne la sphère du Taekwondo, une hypothèse a été formulée, stipulant que: Hypothèse4 Le Taekwondo est une activité considérée comme une activité à connotation masculine (Salminen, 1990). En effet, Cette spécificité amène les joueuses à se désengager du Taekwondo qui n'est pas en conformité avec les stéréotypes de leur sexe. Les résultats associés à cette hypothèse indiquent que le Taekwondo est un sport qui est en faveur du sexe masculin. C'est la raison pour laquelle les femmes décident d'arrêter la pratique du Taekwondo.

Certaines recherches similaires ont été obtenus par (e.g.,Bem,1985 ; Bem&Lenney, 1976) ont souligné que les individus ayant une forte identité de genre (i.e., Masculine, Féminine) ont tendance à valoriser les tâches qui sont congruentes avec cette identité. C'est la raison pour laquelle les femmes qui souhaitent adhérer aux stéréotypes de rôles féminins décident probablement d'arrêter la pratique des activités physiques et sportives (Koivula, 1995). Autrement dit, certaines études ont montré que les sujets les moins engagés dans un processus de catégorisation selon le sexe (Androgynes et Indifférenciés) hésitent moins à pratiquer des sports considérés comme traditionnellement inappropriés pour leur sexe (Salminen, 1990). Cette tendance à catégoriser les sports comme appropriés ou non à l'identité de genre chez les sportifs a été également confirmée dans d'autres travaux (e.g.,Koivula, 1995). Plus précisément, ce chercheur a révélé que les sportifs typés sexuellement (i.e., Masculins et/ou Féminins) étaient très susceptibles de catégoriser les sports comme appropriés ou non à leur genre et limitaient leur participation seulement aux sports qu'ils estimaient appropriés à celui-ci. En plus, d'autres études ont démontré que les sujets typés Masculins et Féminins expérimentaient plus de problèmes (e.g.,Anthrop& Allison, 1983) et invoquaient plus de raisons liées au genre pour rejeter des activités inappropriées.

L'abandon sportif chez les filles semble résulter également d'un conflit entre le rôle de sexe et le rôle sportif des filles. Plus précisément, certaines recherches avancent que les joueuses qui adhérent aux rôles sexués féminins et qui pratiquent un sport « inapproprié » à leur sexe vivent davantage un conflit entre leur rôle de femme et celui de sportive que celles qui font des sports plus « appropriés » à leur sexe (Anthrop& Allison, 1983). Pour Brown (1985), il semble que ce conflit serait plus fort pendant l'adolescence où les images stéréotypées de la féminité ont une influence particulièrement forte.

Finalement, les résultats de ce thème mettent en évidence que la sexuation psychologique représente généralement de manière indirecte une source d'influence sur les intentions d'abandonner et l'abandon sportif. En effet, les résultats d'analyse de contenu ont révélé que l'influence de la sexuation psychologique sur les intentions d'abandonner était justifiée par les valeurs subjectives de l'activité et l'habilité perçue chez les joueuses.

Des études futures semblent nécessaires pour vérifier si les mêmes types des résultats apparaissent chez des sujets masculins ayant une forte identité de genre qu'ils se soient typés Féminins ou non et qui pratiquent des activités connotées masculines, il apparaît pertinent d'explorer davantage cette hypothèse lors de recherches futures.

Conclusion :

Cette étude qualitative des effets des différents modes de socialisation sur l'abandon sportif des jeunes adeptes de Taekwondo de haut niveau a révélé les principales causes de ce phénomène qui sont (re)connues principalement par la sphère familiale. Lorsqu'elle constitue un lieu de socialisation sportive précoce (Lucie.Forté,2006) c'est à dire d'un système de transmission (préférences, goûts, manières d'être et de penser) qui oriente les pratiques. La socialisation familiale enfantine constitue le temps fort de ce processus. La famille influence également l'orientation professionnelle du joueur puisque la divergence entre les projets professionnel et sportif constitue une source importante d'abandon. D'autres facteurs viennent renforcer cet aspect, appuyant l'influence de la perception du rapport coûts / bénéfices par le sportif, conformément au modèle de Gould (1987). Les deux sphères des relations amicales et amoureuses aptes à s'impliquer de manière plus ou moins intégrante dans le milieu sportif, à un certain moment ils peuvent favoriser la poursuite de la carrière sans apparaître pour autant comme une condition indispensable (Lucie.Forté,2006). Nos résultats ont validé globalement l'hypothèse en mettant en évidence que les joueuses féminines abandonnaient fréquemment la pratique du Taekwondo qu'il provoque leur nature féministe. Comme le montre Kaufmann (2001), les dissonances entre les milieux de socialisation peuvent s'avérer difficiles à gérer en terme de la pluralité qui ne signifie pas pour autant que toutes les dispositions se valent : elles seront d'autant plus fortes et durables que l'individu les a acquises et entretenues dès son plus jeune âge, a passé du temps à les construire et entretient avec elles un rapport heureux (Lucie.Forté,2006). Dont les transitions seront des points critiques dans l'existence d'un individu (Ebaugh, 1988), car elles induisent des changements dans l'environnement, anticipés ou non anticipés, positifs et négatifs, et résultent divers degrés de stress (Brammer & Abrego, 1981). Et Comme les arts martiaux sont fréquemment associés à des changements, tant sur le plan physique que psychologique, chez les personnes qui les pratiquent, il est encourageant de savoir que les jeunes peuvent améliorer le processus d'adaptation psychologique à gérer les différents modes de socialisation en s'assurant d'être régulièrement actifs.

Recommandations :

L'abandon est un phénomène progressif qui occupe et interpelle les acteurs des clubs. Tenant compte des résultats obtenus dans cette étude, nous nous permettons d'émettre les recommandations suivantes

- Mettre en évidence, un encouragement pour des séances d'entraînement séduisantes, ludiques et diversifiées qui participent à la construction d'une nouvelle mentalité et constituent un moyen efficace dans la lutte contre l'abandon.

- Trouver s'il est possible de s'impliquer les parents dans les adhésions sportifs tout en prendre en compte les besoins de soutien et de développement d'une identité personnelle de leur enfant; l'engagement des parents doit être pro-actifs et en position de soutien. Il devient important que les responsables sportifs (entraîneurs, fédérations sportives) réalisent que les parents doivent être inclus plutôt qu'exclus du développement sportif et de la carrière académique de leur enfants. Les parents - même les entraîneurs - doivent prendre des cours de formation sur la façon dont leur engagement peut être bénéfique aux jeunes athlètes, et plus particulièrement sur la façon dont ils peuvent soutenir leur enfant en faisant face aux demandes des transitions dans leur carrière sportive, aussi bien qu'aux transitions dans le parcours de formation qui affectent le développement de la carrière sportive.

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Annexes :

Annexe 1 : le corpus de la grille d'analyse : quelques exemples souvent les plus informatifs et diversifiés pour construire la grille d'analyse qui a été appliquée à tous les éléments.Thème 1 : La famille.

-« J'avais envie d'arrêter le Taekwondo mais j'ai longtemps continué pour faire plaisir à ma soeurr et à ma mère. Je me suis forcée pour ne pas décevoir. (...) ma soeur m'a reproché d'avoir arrêté parce qu'elle était fier de son frère, fier de dire ce que je faisais à ses copains. Pour elle j'ai gâché quelque chose, elle dit souvent que je n'aurais pas du arrêter. Mais, il a fallu me casser les deux bras et les deux jambes sinon j'aurais continué ! »

-«J'ai rien avoir que des coupes et des médailles qui sont exposées sur le buffet de la salle à manger. C'est la honte vraiment... je ne procure que des bénéfices symboliques face aux efforts que j'avais consacré et de nombreux sacrifices tant pour moi-même que pour ma famille aussi, j'étais même obliger de payer beaucoup de choses (transport, tenu vestimentaire, la visite médicale...) avec mon propre argent... »-« Ça s'est passé dans la période de ma 14 ème année. J'ai revenu à la maison les yeux gonflés et enflammés car j'avais reçu un coup de pied dans la tête, mes parents jura de ne pas aller encore fois à la salle de sport... Mon père de ce fait déposa une plainte de l'entraineur dans la cour de justice... Et il avait de bonnes raisons d'avoir réagi comme ça, tout simplement car nous avons pratiqué le combat sans avoir le minimum de la protection et notre entraineur ce temps là encourage que la pratique de la violence de toutes ses formes. »

Thème 2 : L'école.

-« Je me suis toujours dit que je passerai le baccalauréat. D'abord, j'ai commencé à réduire les entraînements avec les révisions du concours et là j'ai réalisé que je n'aurais bientôt plus le temps de faire du sport : entre les gardes et le travail personnel, ça n'est vraiment pas compatible ».

« Il a était nécessaire de s'engager dans les études supérieures tout en prenant en compte la réalité des choses : ma famille n'a pourrait supporter encore plus les frais de mon entrainement et sur tout de mon adhésion à l'équipe nationale (j'avais me déplacé avec mon propre argent) ... il a était nécessaire de s'engager dans l'université et arrêter le taekwondo pour avoir continuer le droit toucher des allocations et éviter le risque de redoublement ... j'ai arrêté le taekwondo après le baccalauréat parce que tout devenait insupportable. »

Thème 3 : Les amis.

-« C'est dur de ne pas se laisser influencer parce que quand j'ai quitté le collège, je suis arrivé dans un lycée où on était mélangés, il n'y avait pas que des sportifs. Et là, sans s'en rendre compte, petit à petit, on se détache du groupe d'entraînement on fréquente d'autres bandes d'amis, on les suit en boite, on se met à fumer. On ne sait plus trop comment se positionner par rapport aux copains du groupe d'entraînement ».

-« Quand je le peux, j'essaye d'oublier un peu le taekwondo. Avec mes amies le weekend on va à la compagne, on fait du sport, ça me permet de ne pas tout le temps penser aux compétions et par là même de moins stresser. (...) L'été je fais un mois d'estivant.

C'est primordial, j'ai besoin de cette coupure : de tout oublier pour retrouver l'envie à la rentrée

-« J'ai arrêté le taekwondo parce qu'il n'était pas possible de se faire des amis : trop de clivages et de jalousies entre les filles. Certaines assument de n'aller en stage ou en sélection que pour le sport et de faire fi du reste. Moi pas ».

-« Je m'en souviens comme si c'était hier...Ce jour là, j'étais participé à l'open national de taekwondo le moment ou j'étais vécu mon première défaillance devant le regard de tous mes collègues, je me rappel très bien de l'événement parce qu'il m'a bouleversé le désire que j'exprime envers le taekwondo. » 

Thème 4 : Les partenaires amoureux (ses).

-« Mon petit copain, comme moi il a était de l'équipe national. Il habite à 800 kilomètres d'ici et donc je le vu en stage et dans certaines compétitions ! Quand j'étais membre de l'équipe nationale. J'avais choisi athlètes d'un bon niveau pour qu'ils puissent comprendre quand je ne peux pas les voir ou quand je m'entraîne. Ça m'évite de m'éparpiller. »

Thème 5 : Le Taekwondo.

-« Bref le Taekwondo c'est dé.sa.gré.able... sur le moment parce que je dois adopter à la fois la combinaison un corps sportif de Taekwondo fort et puissant avec femme fine et passive qui serait sûrement très difficile. »

-«  Deux choses m'éloignent de cette activité sportive : mes épaules qui sont devenues trop carrées et mes hanches aussi sont rétrécis ! Je déteste par-dessus tout me retrouver comme masculin et déguisée de la féminité et ça renvoie a des qualités qui sont reconnait contre ma nature féminine ... En dehors de la pratique, j'essaye d'avoir une vie de femme normale. Je m'habille dans la mesure du possible d'une manière féminine, je choisis des vêtements qui cachent mes formes, je me maquille un peu. En tant que femme, je ne suis pas contente de ces fores, ça ne me plait pas du tout.»

-« Quant à moi mon plus malheureux souvenir est le décès de mon adversaire,  j'avais 12 ans je connaissais rien à la vie,  je me rappel très bien de l'événement parce qu'il m'a bouleversé la vie, le moment où mon adversaire est tombée suite a un coup de pied dans la tête, j'ai pleuré en croyant qu'elle était juste en coma, son entraineur et ces proches la ont ramené à l'hopital. Soudain mon coach est venu vers moi en criant pour me dire "Sawsan !! La fillette est décédés...Khawla est morte". C'est la chose la plus horrible...»

-« Oui ! En tant que mal le taekwondo adapte bien à ma personnalité. Et quant je lis mes résultats, j'ai l'impression de vivre quelque chose de spéciale. Je me sens plus fort, plus à l'aise... je ressens une confiance que je n'ai pas toujours eue. »

Annexe 2 : Entretien semi directif traitant de la question de l'abandon au niveau de l'élite tunisienne :

Les axes retenus

I. Axe du Taekwondo

Quand avez-vous arrêté la compétition ? Pourquoi ? Quelle est la plus forte raison qui t'a poussé à quitter le Taekwondo ? Comment considères- tu ton sport ? (s'adapte -il à ta personnalité et ta nature ?) Quelles sont anciennement tes motivations vis-à-vis de ton sport ? (Qu'est - ce qui te poussait à pratiquer ? Qu'est - ce qui t'intéressait dans ton sport ?) Comment considères- tu tes titres ? (Te plaisent -ils?, Quelles éventuelles récompenses envisagerais-tu ?) Peux- tu te souvenir d'une compétition particulièrement catastrophique ? (comment l'expliques-tu ?) Quels sentiments éprouves-tu lors de la pratique de ton sport ? Que te donne t- elle cette pratique ? Qu'as-tu pu découvrir à travers ton sport ? Comment tu te percevais à travers ton sport ? Dans les séances d'entrainement pensez-vous que l'entraineur valorise les aspects compétitifs plus que les aspects développement et progression dans les habiletés de chacun ? Qu'as-tu gagné à travers ton sport ? Penses-tu avoir perdu quelque chose à travers ton engagement ? Ou au contraire combien t'a-t-il coûté (en termes de temps, énergie, études, amis etc.) de t'engager dans le sport ? L'abandon était-il l'ultime alternative pour vous ?

II. Axe de l'école

Avez-vous pu combiner entre les études et le sport ? Quelles remarques subissais-tu de ton entourage du choix de conjuguer à la fois pratique de sport et étude scolaire ? T'ont-ils soutenu tout au long de ta carrière sportif et scolaire ?

III. Axe des amis et partenaires amoureux

Quelles sont tes relations avec ton (ta) copain (e), (Cela facilite-t-il ta progression ou bien l'inverse ? Comment envisagerais-tu une amélioration dans vos rapports ?) (Comprend-il tes exigences ton (ta) copain (e) ?) Quelles sont tes relations avec ton ou tes équipiers (quand - t-il existe ?), avec les athlètes que tu côtoies ? (cela facilite - t-il ta progression ? Comment envisagerais-tu une amélioration dans vos rapports ?) Quand tu es en situation de comparaison avec tes coéquipiers ? Comment ont évolué au fil du temps ces relations avec vos coéquipiers ? Comment décririez-vous vos relations avec vos coéquipiers lors de votre engagement sportif ? Votre compagnon ou autre vous a-t-il encouragé dans cet abandon ?

IV. Axe de la famille

Penses - tu que tes parents te soutiennent dans ton investissement et soutiennent le travail réalisé par l'entraîneur ? Quelles remarques subissais-tu de ton entourage du choix de ton sport ? T'ont-ils soutenu tout au long de ta carrière ? Les remarques et les opinions des personnes signifiantes étaient-elles importantes pour toi ? Leurs opinions ont-elles accéléré le processus décisionnel de l'abandon ? Le fait de fonder une famille a-t-il joué un rôle dans votre abandon ? Après abandon demeures-tu satisfaite du choix de la pratique que tu as faite ?

Annexe 3 : construction des catégories favorisées, moyennes et populaires

Classes favorisées : père et mère cadres et professions intellectuelles supérieures ; père cadre et profession intellectuelle supérieure, mère artisan, commerçant et chef d'entreprise ; père artisan, commerçant et chef d'entreprise, mère cadre et profession intellectuelle supérieure

Classes moyennes : père cadre et profession intellectuelle supérieure, mère employée ; père cadre et profession intellectuelle supérieure, mère profession intermédiaire ; père cadre et profession intellectuelle supérieure, mère sans emploi ; père artisan, commerçant et chef d'entreprise, mère employée ; père artisan, commerçant et chef d'entreprise, mère sans emploi ; père employé, mère profession intermédiaire ; père ouvrier, mère cadre et profession intellectuelle supérieure ; père artisan, commerçant et chef d'entreprise, mère profession intermédiaire ; père cadre et profession intellectuelle supérieure, mère ouvrier ; père et mère profession intermédiaire ; père profession intermédiaire, mère employé ; père employé, mère cadre et profession intellectuelle supérieure.

Classes populaires : père ouvrier, mère employée ; père ouvrier, mère sans emploi ; père et mère ouvriers ; père et mère employés ; père employé, mère sans emploi ; père ouvrier, mère profession intermédiaire ; père sans emploi, mère employée ; père et mère sans emploi ; père agriculteur, mère sans emploi ; père profession intermédiaire, mère sans emploi ; père sans emploi, mère profession intermédiaire

Entretien écrit individualisé :Inspiré de (Le check-up de l'athlète) James Loher (1983)

Question 1 Quelle est la plus forte raison qui t'a poussé à quitter le Taekwondo ?

Question 2 Comment considères- tu ton sport ? (s'adapte -il à ta personnalité et ta nature ?)

Question 3 Quelles sont anciennement tes motivations vis-à-vis de ton sport ? (Qu'est - ce qui te poussait à pratiquer ? Qu'est - ce qui t'intéressait dans ton sport ?)

Question 4 Comment considères- tu tes titres ? (Te plaisent -ils?, Quelles éventuelles récompenses envisagerais-tu ?)

Question 5 Quelles sont tes relations avec ton (ta) copain (e), (Cela facilite-t-il ta progression ou bien l'inverse ? Comment envisagerais-tu une amélioration dans vos rapports ?) (Comprend-il tes exigences ton (ta) copain (e) ?)

Question 6 Quelles sont tes relations avec ton ou tes équipiers (quand - t-il existe ?), avec les athlètes que tu côtoies ? (cela facilite - t-il ta progression ? Comment envisagerais-tu une amélioration dans vos rapports ?)

Question 7 Penses - tu que tes parents te soutiennent dans ton investissement et soutiennent le travail réalisé par l'entraîneur ?

Question 8 Quels sont les facteurs qui te stresser ? (Les études, les parents, l'entraînement, la compétition, les relations avec l'entraîneur, l'opinion des autres...)

Question 9 Peux - tu te souvenir d'une compétition particulièrement réussie? (Comment t'étais - tu prépare ? Qu'as - tu retenu de cette compétition ?)

Question 10 Peux- tu te souvenir d'une compétition particulièrement catastrophique ? (comment l'expliques-tu ?)

Annexe 4 : Entretien écrit individualisé : Inspiré de (Le check-up de l'athlète) James Loher (1983)

Annexe 5 : Parcours sportif, scolaire et données sociographiques des AHN présentés dans cet article

Sujet 5

Age

16 ans.

Père

Chef d'entreprise.

Mère

cadre universitaire (maître de conférences, Droit).

Fratrie

Une petite soeur, collégienne qui fait de tennis (niveau régional).

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à 10 ans après avoir fait de tennis. Sortie de carrière d'AHN à l'âge de 14 ans.

Scolarité

Lycéen en 2éme année secondaire.

Sujet 4

Age

14 ans.

Père

Commercial.

Mère

Sans emploi.

Fratrie

2 frères ; 1 sportif (TKD aussi) et un autre plus jeune.

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à 9 ans après avoir pratiqué le football à un niveau régional. Sortie de carrière de joueur de Haut Niveau à l'âge de 13.5 ans.

Scolarité

lycéen 2éme année secondaire.

Sujet 9

Age

19 ans.

Père

Ouvrier spécialisé. 

Mère

Sans emploi.

Fratrie

Un frère aîné (professeur de gymnastique) et une soeur aînée (mère au foyer)

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à l'âge de 10 ans. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 16 ans.

Scolarité

lycéenne bac technique.

Sujet 12

Age

21ans.

Père

agriculteur.

Mère

Sans emploi.

Fratrie

4 frères (3 aînés et un plus jeune).

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à 12 ans. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 19 ans.

Scolarité

Etudiante en Licence d'éducation physique.

Sujet 3

Age

16 ans

Père

père employé municipale (agent d'accueil).

Mère

mère sans emploi. 

Fratrie

5 frères (3 aînés et deux plus jeune).

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à l'âge de 11 ans après avoir fait du Karaté. Sortie de carrière de joueur de Haut Niveau à l'âge de 15 ans.

Scolarité

Lycéen 1er année secondaire.

Sujet 10

Age

17 ans

Père

Professeur universitaire.

Mère

Enseignante niveau primaire.

Fratrie

Une soeur aînée, et un frère plus jeune.

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à l'âge de 9 ans sous l'influence de son père. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 15 ans.

Scolarité

Lycéenne 1er année secondaire.

Sujet 14

Age

22 ans (mariée)

Père

Cadre juridique.

Mère

Commerciale.

Fratrie

Un frère aîné (sportif non compétitif) et une soeur aînée (sportive, mère au foyer)

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à l'âge de 12 ans sous l'influence de sa soeur aînée qui pratiquait également le TKD. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 19 ans.

Scolarité

Titulaire d'une licence appliqué en chimie.

Sujet 15

Age

19 ans

Père

Absent.

Mère

enseignante.

Fratrie

Une petite soeur collégienne, un petit frère primaire et une soeur plus jeune.

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à 11 ans sous l'influence de sa camarade au collège. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 17 ans.

Scolarité

Etudiante en Licence STAPS

Sujet 13

Age

15 ans.

Père

Absent.

Mère

Employée d'usine (chef d'agents).

Fratrie

Une soeur lycéenne qui pratique l'athlétisme (niveau régional). Une petite soeur collégienne, et un petit frère collégien.

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à 9 ans sous l'influence de son cousin. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 14 ans.

Scolarité

Il n y pas. (a arrêté précocement).

Sujet 16

Age

19 ans.

Père

Ouvrier.

Mère

Agent d'entretien.

Fratrie

3 frères aînés qui font ou ont fait du foot et des sports de combats. Une petite soeur, collégienne.

Parcours sportif

A commencé le Taekwondo à l'âge 10 ans. Sortie de carrière de joueuse de Haut Niveau à l'âge de 16 ans.

Scolarité

Lycéenne bac économie et gestion.

Notes :

1 Dans cette recherche, trois groupes de délinquants juvéniles ont reçu trois formes différentes d'entraînements journaliers d'une heure échelonnés sur une période de 6 mois. Le premier groupe s'entraînait au Taekwondo, un art martial Coréen, qui comprenait un enseignement philosophique/psychologique. Le second groupe a reçu un entraînement uniquement axé sur le combat, c'est-à-dire dénué de toute préoccupation morale et philosophique. Le troisième groupe prenait part à un entraînement d'activités physiques. Les résultats ont démontré une diminution de l'anxiété uniquement chez le premier groupe de pratiquants soit ceux en entraînement traditionnel d'arts martiaux.

2 Nous ne pouvons pas affirmer que le Taekwondo est une activité masculine en Tunisie mais nous pouvons la considérer comme masculine puisque d'une part le sport est perçu comme masculin dans ce pays et d'autre part le nombre de filles qui pratiquent cette activité est beaucoup moins élevé par apport à celui des garçons.

3 « Le schéma représente une structure cognitive qui organise et guide la perception individuelle. C'est une structure anticipatrice qui permet au sujet de classer les informations afin d'analyser et de comprendre le monde qui l'entoure. Les schémas sont multiples, et le schéma de genre (marquant l'identité de rôle sexuel) est un des schémas que le sujet a la possibilité d'adopter» (e.g.,Bem, 1983, 1985). 

4 Traduction libre de: These ryu sought to affect a desired transformation in the member, in the core of his being and personality (Lowry, 2002, p. 38).

5 Traduction libre de: [...] koryu training is not so much a mechanical process, but a specific designing of behaviors. And those behaviors are specific and unique to an individual koryu (Lowry, 2002, p. 38).

6 C'est une règle, il ne peut y avoir d'entretien sans enregistrement. Certains auteurs proposent de prendre des notes. L'interviewé est souvent obligé de ralentir ses propos pour laisser le temps à l'intervieweur de tout noter, on obtient donc beaucoup moins d'informations (c'est plus pauvre), les propos sont moins spontanés, l'interviewé prend le temps de réfléchir. Enregistrer c'est garder une trace complète de ce qui a été dit et donc la possibilité de revenir dessus.

7 La notion de thème ne fait pas l'objet d'une définition claire et commune à tous les analystes contrairement au mot, au syntagme ou à la proposition. Dans une approche linguistique pragmatique, le thème est une catégorie sémantique définie comme un noyau de sens ou encore un ensemble signifiant complexe, organisé à un certain niveau de globalité et d'abstraction : par exemple le thème de la mort, le thème de la nature qui revient au sein d'un texte ou d'un corpus de textes. En psychologie, le thème peut être défini comme une unité perceptive dans lequel un problème est vécu

8 Il s'agit d'organiser les thèmes identifiés en sous-groupes, puis de positionner ces sous-groupes, les uns par rapport aux autres en introduisant une certaine logique. Pour vérifier la stabilité et la pertinence de cette grille, nous avons essayé de l'appliquer à un deuxième pour apporter les modifications nécessaires

9 Sélection d'un échantillon du corpus : Choisir quelques éléments du corpus souvent les plus informatifs et diversifiés pour construire la grille d'analyse qui sera appliquée à tous les éléments.

10 sujet 13 a était abandonné précocement son carrière scolaire et sujet 14 une femme mariée sans emploi, déposée à la maison.






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand