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La microfinance et le développement socio-économique de la ville de Kinshasa. Cas de la coopec ceac/matete.

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par MEILLEUR BASEMA KOMANDA
Université catholique du Congo (UCC) - Licence 2008
  

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DEDICACE

A mon Père, ma mère et mes frères et soeurs, nous disons merci pour l'Amour et les moyens mis à notre disposition afin d'accomplir cette oeuvre ;

BASEMA KOMANDA Meilleur

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AVANT - PROPOS

Ce Travail est le fruit de longues et pénibles patiences. Qu'il nous soit permis, à la fin de ce deuxième cycle universitaire aux F.C.K. (Facultés Catholiques de Kinshasa), de remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à son élaboration.

Nos remerciements s'adressent :

· Au Dieu Tout Puissant pour sa grâce qui sans cesse nous accompagne ;

· Le Professeur MBAYA MUDIMBA Rémy, pour le soin et la disponibilité accordés à la Direction de ce Travail et le corps Académique de la Faculté d'Economie et Développement ;

· Le gérant et les travailleurs de la COOPEC CEAC/Matete, pour avoir facilité nos enquêtes sur terrain ;

· Nos parents : Bernard BASEMA et Roda BAGULA, pour l'éducation, l'affection et l'aide tant financière que matérielle, reçues d'eux ;

· Mes frères et soeurs, les BASEMA : Mamie, Aimée, Marleine, Marie - Claude, Marcel, Merveille, Marie - France et Merlin

· A tous mes Oncles, Tantes, Cousins et Cousines ;

· Les Amis (e) : Gloria BANYANGA et sa famille, Paty - Sara, Carine KISITA, Alain YAMILAMBA, Chrioni TSHISUAKA, Trésor MUKENDI, Ewing ITEMBE, Marie KHONDE, Xer-Rene NSENDE, mon superviseur Medard MANE (Christelle Mondo) et tous les employés du VodaShop Matete et Super Lemba, Cornelie KAPINGA, Julia NSIKU, Emmanuel KAZADI, Dahlia NGOMA, Stéphy FOKO et toute sa famille, Falonne, Francine KALONJI et toute sa famille, Leatitia KANGO, Hénoch NZOMONO, Ursule KAYOMBO.

Que tous et toutes trouvent ici l'expression de notre reconnaissance.

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0. INTRODUCTION

0.1. Problématique et hypothèses de travail

En République Démocratique du Congo (R.D.C.), la crise socio-économique, qui sévit depuis plusieurs décennies, les pillages des années 1991 et 1993 et les guerres de l'Est de ce pays (1996-1998) ont entrainé la destruction de l'outil de production des biens et services ainsi que l'effondrement du tissu économique, l'insatisfaction de la demande locale et la détérioration des infrastructures.

Les niveaux du chômage et de la pauvreté ont atteint des seuils critiques. Les agents économiques possédant une capacité de financement ont dû désinvestir. D'où le manque d'investissement dans les projets de développement.

Voilà qui a éveillé chez certaines personnes, hommes et femmes, l'esprit d'entrepreneuriat dont elles n'avaient jamais fait preuve avant. L'aggravation de la détérioration des indicateurs macro-économiques a coïncidé avec l'augmentation des mécanismes de lutte contre la pauvreté et de survie développés par la population congolaise. Cette population a, en effet, commencé à se prendre en charge en mettant sur pied des petits projets de développement.

Mais, pour que ces projets aient un impact à grande portée, il faut un investissement financier, matériel, technique... C'est dans cet ordre d'idées, il y a six ans, au début du nouveau millénaire, que les gouvernements mondiaux se réunirent pour lancer une promesse remarquable aux victimes de la pauvreté globale1 : contribuer à l'éradication de la pauvreté et soutenir financièrement les projets de développement.

Ainsi, des financements sont accordés aux gens pour des grands investissements (macrofinances) et des petits investissements (microfinances). Cette deuxième catégorie de financement nous intéresse dans le cadre du présent travail, en prenant le cas de la Coopérative d'Epargne et de Crédit de la Communauté Evangélique de l'Alliance au Congo (COOPEC CEAC/MATETE) parmi les institutions de microfinance fonctionnant dans notre pays.

1 PNUD, La coopération internationale à la croisée des chemins : l'aide, le commerce et la sécurité dans un monde marqué par les inégalités, Paris, RMDH, 2005, p. 1.

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La microfinance pourvoit les exclus du système classique de services financiers. Elle est l'une des plus importantes institutions s'offrant aux populations pauvres au monde. Elle aide les pauvres ou les populations vulnérables en les conduisant à une vie plus ou moins acceptable à travers des petits crédits et des petites épargnes.

Encore au stade embryonnaire dans notre pays, le domaine de la microfinance met en relation plusieurs acteurs, aux intérêts parfois divergents, et s'expose à des risques. L'exercice de ses activités nécessite des normes et/ou des règles claires et précises pour mettre sa clientèle en sécurité, procurer le bien-être à cette clientèle et être lui-même prospère.

.

Les offreurs de services dans le secteur de la microfinance semblent être des capitalistes, c'est-à-dire qu'ils rendent service aux pauvres en s'attendant à une contrepartie financière supérieure à ce service. Comme ils ont la liberté d'exercer leurs activités et de fixer les conditions d'affaire, la contrepartie attendue ne serait qu'une vache à lait à leur profit2

Le risque d'insolvabilité des clients étant potentiel et les garanties de remboursement exigées à ces derniers difficilement réalisables dans ce secteur, les offreurs ont besoin d'être mis à l'abri des pertes éventuelles.

Au regard de ce qui précède, il reste à savoir si l'institution de micro finance a un impact significatif sur l'environnement socio-économique de la R.D.C. Ce qui nous pousse à formuler les deux hypothèses ci-après :

? le crédit octroyé par la COOPEC CEAC/MATETE n'améliorerait pas significativement les conditions de vie des ménages pauvres de la Ville de Kinshasa ;

? la non-amélioration des conditions de vie de ces ménages serait essentiellement due au non-encadrement de ce crédit.

0,2, Intérêt du sujet

La préoccupation majeure de tout pays est le développement. Ce dernier peut se réaliser entre autres par le financement issu de l'épargne privée ou/et publique. Tout projet de développement nécessite des fonds pour sa réalisation.

2 CMIF/ASBL, Analyse de l'instruction N°1 de la Banque Centrale du Congo aux IMF, Kinshasa, P.U.K., 2006, p.1.

3

En R.D.C., la naissance des institutions qui octroient des microcrédits et d'autres formes d'activités économiques, formelles et surtout informelles, a été provoquée par la crise que traverse ce pays depuis plusieurs années. La diminution du pouvoir d'achat de la majorité des congolais et de la capacité de financement, par le manque d'emploi, celui-ci étant une source de revenu, a poussé la population congolaise à s'endetter auprès des institutions de microfinance pour réaliser des projets de développement.

En tenant compte de notre première hypothèse, qui stipule que le crédit octroyé par la COOPEC CEAC/MATETE n'améliorerait pas significativement les conditions de vie des ménages pauvres de la Ville de Kinshasa, notre travail se propose de donner les pistes de solution pour améliorer ces conditions de vie. Ce qui induirait le développement de cette ville.

Etant donné l'importance du financement dans le processus de développement, dans ce travail, nous nous donnons la tâche d'analyser les causes pour lesquelles la COOPEC CEAC/MATETE n'arrive pas à améliorer significativement les conditions de vie des ménages pauvres.

La raison pour laquelle nous analysons ces causes relève de notre deuxième hypothèse, selon laquelle la non-amélioration des conditions de vie de ces ménages serait essentiellement due au non-encadrement dudit crédit.

0.3. Méthodologie

Deux méthodes de recherche ont été utilisées dans ce travail : la méthode fonctionnelle et la méthode descriptive. La première nous a permis de cerner la contribution de la COOPEC CEAC/MATETE au développement socio-économique de la Ville de Kinshasa. La deuxième méthode nous a permis de décrire les activités de cette coopérative et de sa clientèle.

S'agissant des techniques de recherche, nous avons utilisé la technique documentaire et le questionnaire.

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0.4. Champ d'investigation

Pour des raisons temporelles et de moyens matériels et financiers, nous avons limité ce travail à la période de 2004 à 2007.

0.5. Subdivision du travail

Outre l'introduction et la conclusion, assortie de recommandations, notre travail est subdivisé en quatre chapitres. Le premier donne le cadre théorique de l'étude. Le deuxième chapitre présente la COOPEC CEAC/MATETE. Le troisième décrit le déroulement de la recherche, tandis que le quatrième chapitre présente, analyse et interprète les résultats de nos investigations.

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CHAPITRE PREMIER. CADRE THEORIQUE

I.1. Le développement

».

Le concept de développement doit son existence à un fait social : l'écart des situations sociales constaté entre peuples. En recourant aux multiples définitions du développement données par différents auteurs, le concept n'ayant pas renfermé le même contenu au cours du temps, nous dirons que le développement est, selon François Perroux, « : la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croitre, cumulativement et durablement, son produit réel global3

4 .

L'auteur argumente sa définition en disant que le développement est le fait de transformer les structures démographiques, économiques, sociales et culturelles qui accompagnent la croissance de la population. Ces phénomènes de développement dépendent, pour une part importante, des changements dans les institutions

L'Encyclopédie Encarta, quant à elle, donne une définition simpliste de ce concept. Elle dit que le développement est le fait qu'il y a évolution vers un stade plus avancé et de créer des industries, des services ainsi que des échanges commerciaux dans un pays ou une région5.

6 .

Pour L. Lebret, le développement est la série des passages, pour une population déterminée et pour toutes les fractions de populations qui la composent, d'une phase moins humaine, au rythme le plus rapide possible, au coût le moins élevé possible, compte tenu de la solidarité entre sous-population et population, à une phase plus humaine

3 F. PERROUX, cité par P. BOSANGIA, Ethique chrétienne et déontologie du développement (Notes de cours ronéotypées), L1 Economie et Développement, F.C.K., 2006, p. 20.

4 IDEM.

5 ENCYCLOPEDIE ENCARTA, Economie du développement, Microsoft Études 2007, Microsoft Corporation, U.S.A., 2006, p. 1.

6 L. LEBRET, Dynamique concrète du développement, Paris, Edition ouvrière, 1967, p. 62.

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.

Selon Jean Lacroix, le développement est une métamorphose de la nation, une élévation complexe non pas seulement du niveau de vie de la population, mais si l'on peut le dire, de son niveau d'être, de ses pensées et de ses comportements7

8 .

Pour sa part, Mbaya Mudimba dit que « Le développement consiste essentiellement à faire prévaloir et à satisfaire les besoins de la société en développement en tenant compte de sa culture. Cette dernière fait référence aux valeurs et constitue l'élément fondamental du développement d'un peuple dans la mesure où elle donne à celui-ci son enracinement nécessaire et sa finalité. Elle sous-tend les progrès techniques et socio-économiques qu'elle peut, selon le cas, favoriser ou freiner »

Nous ne pouvons parler du développement sans parler du développement durable. Par définition, le développement durable est celui qui permet aux générations actuelles de satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le concept de développement durable est apparu au sein de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) vers les années 80.

D'après D. Anderson, « Le développement durable consiste à garantir ce que chacun de nous reconnaitrait comme fondamental : c'est-à-dire que nous et les générations à venir puissions vivre en sécurité, de manière productive et gratifiante. A l'eau, à l'éducation et à l'emploi, il nous faut ajouter l'alimentation, l'accès à l'énergie et aux ressources naturelles, la productivité agricole, des conditions de travail sécuritaires, un gouvernement responsable, un système juridique juste, le respect des droits de la personne, ainsi que la liberté d'expression culturelle et spirituelle »9 .

Le développement durable ou viable doit être entendu comme une autre manière d'envisager et de pratiquer le développement aux différentes échelles où il se situe. Défini comme une transmission aux générations futures, il se réfère au patrimoine à léguer, à sa protection, mais aussi à son renouvellement. Il passe par le changement de politiques dans de nombreux secteurs et par la cohérence entre ces politiques.

7 J. LACROIX, Cité par P. BOSANGIA, op. cit., p. 21.

8 MBAYA M., Conscientisation et développement (Notes de cours ronéotypées), G3 Economie et Développement, F.C.K., Kinshasa, 2006, p. 9.

9 D. ANDERSON, Cité par D. KABANGA, Questions approfondies d'économie et développement (Notes de

cours ronéotypées), L2 Economie et Développement, F.C.K., 2008, p. 62.

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Dans le concept de développement durable, il y a l'idée que le processus de développement doit s'appuyer sur la complémentarité, l'interdépendance et l'équilibre entre les objectifs sociaux, économiques et environnementaux, qui en sont les trois piliers.

I.1.1. Le développement économique

La recherche continue de la satisfaction des besoins vitaux de l'homme pousse ce dernier à produire et à accroitre sa production. Parler du développement économique revient à parler de la croissance économique. C'est aussi voir, d'une manière globale, l'amélioration quantitative, qualitative et croissante des conditions de vie des populations.

Le développement économique est le processus par lequel une nation atteint un mouvement progressif de transformation de son système socio-économique entier, y compris une amélioration dans la qualité de ses ressources (humaines et matérielles), ainsi que des changements positifs dans ses attitudes, ses institutions et ses valeurs. Il est aussi le processus par lequel le revenu national ou le produit national brut (PNB) par tête d'habitant s'accroit d'une manière substantielle au cours d'une longue période de temps10 . Il implique le développement social ou un progrès de la population. Il est le fruit des efforts consentis sur les plans financier, technique et même de la mentalité.

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.

D'une manière succincte et claire, nous pouvons dire que le développement économique est un processus de croissance du revenu global et du revenu par tête d'habitant d'un pays. C'est l'accroissement durable du bien-être de la majorité de la population, moyennant un processus multidimensionnel de transformation des structures sociales, des mentalités populaires et des institutions nationales

L'accroissement du bien-être de la population implique l'accélération de la croissance économique, la réduction des inégalités, l'éradication de la pauvreté et la liberté de choix. L'objectif principal du développement économique est d'élever le niveau du bien-être général de la population.

10 F. MUSHI, Théories de développement (Notes de cours ronéotypées), G1 Economie et Développement, F.C.K., 2002, p. 19.

11 IBIDEM., p. 29.

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I.1.2. Le développement social

Le développement social est le processus par lequel on restitue la dignité à l'homme par le moyen de son développement matériel et spirituel et par la résolution de ses problèmes sociaux, que sont la misère, la pauvreté ainsi que la crise morale et intellectuelle. Il consiste en l'amélioration des conditions sociales d'une population par l'amélioration des infrastructures dans lesquelles cette population vit.

Par la mise en oeuvre des facteurs et moyens de production, on atteint un certain niveau de croissance et ainsi, on arrive à atteindre le développement social. C'est dire que la réalisation du développement social est conditionnée par la croissance économique du fait que cette croissance apporte le bien-être de la population.

C'est donc sur base de la croissance économique qu'on peut équiper et améliorer les conditions sociales d'un peuple. Un peuple productif, socialement développé, est un peuple capable de tout et pouvant se prendre en charge et se développer facilement dans divers secteurs ou domaines de la vie.

Le développement économique et le développement social doivent avoir comme aboutissement le développement durable, qui est une nouvelle manière de concevoir le développement, car il induit l'éradication de la pauvreté, l'augmentation de la production, le renouvellement des ressources naturelles et la protection de l'environnement.

I.2. La pauvreté I.2.1. Définition

Par définition, nous dirons que la pauvreté est l'état d'une personne qui possède peu de ressources, peu de biens. « Le concept de pauvreté vient du mot latin « pauper » (pauvre), qui se rapproche du mot « paucus » (Pauvre). Il se rapproche aussi des mots grecs « pénès », qui veut dire pauvre, et « penia », qui signifie pauvreté. Il est également apparenté au mot « peina » qui veut dire « faim » et, d'une manière plus lointaine, aux mots « ponos », qui veut dire douleur et « poiné », qui signifie « châtiment » »12 .

12 P.M. HENRY et H. BARLOTI, Pauvreté, progrès et développement, Paris, l'Harmattan, 1990, p. 75.

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Sur le site internet de Wikipédia, on peut lire que la pauvreté « : est l'insuffisance des ressources matérielles (manque d'argent) et des conditions de vie ne permettant pas à des êtres humains de vivre dignement, selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine, et les condamnent aux dures difficultés de la survie au jour le jour »13

La pauvreté est donc comprise comme l'impossibilité pour une personne d'user ses capacités ou ses opportunités, dont elle est privée au cours de son existence.

Cela étant, nous pouvons dégager de ce qui précède deux grandes catégories de pauvreté : la pauvreté monétaire et la pauvreté humaine. La pauvreté monétaire se dit d'un agent économique vivant avec des ressources financières inférieures à un montant considéré comme seuil de pauvreté.

La pauvreté humaine est l'absence, imposée de l'extérieure, des chances et des choix les plus essentiels, comme la chance de vivre une longue existence saine et constructive, de jouir d'un niveau de vie décent et de bénéficier de la liberté, de la dignité, du respect de soi-même et d'autrui. Elle est un processus et non une condition et concerne les potentialités et les ressources dont les hommes ont besoin pour quitter leur situation de vulnérabilité.

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I.2.2. Mesure

La pauvreté est, par nature, multidimensionnelle, comprenant différents aspects du statut économique et social des ménages. Capturer ces aspects nécessite des indicateurs à la fois quantitatifs et qualitatifs. Dans la pratique, on retrouve plusieurs méthodes d'évaluation de la pauvreté, parmi lesquelles :

- la construction de seuils de pauvreté à partir de la mesure des dépenses des ménages ou de leurs revenus. Ces seuils sont définis à partir d'une consommation minimum (alimentaire et non alimentaire) nécessaire à la survie d'une famille ;

- des méthodes participatives, à travers lesquelles les ménages sont classés par rang de richesse par les membres de la communauté ;

13 Site Internet, www.wikipedia.org/wiki/pauvreté.

14 CERISE, Impact : l'évolution récente des enjeux et outils de l'analyse d'impact, dans techniques financières et développement, n°70, mars 2003, p. 4.

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- la construction des indices de pauvreté, qui utilisent une gamme d'indicateurs quantitatifs et qualitatifs.

Ces différentes méthodes ont leurs avantages et leurs limites.

La méthode des seuils de pauvreté utilise les dépenses totales des ménages comme mesure du niveau de vie. Un panier de biens et services, correspondant aux habitudes de consommation locale et satisfaisant un niveau pré-établi de besoins de base pour une personne, est construit et évalué sur la base des prix locaux à la consommation. La valeur de ce panier est appelée « seuil de pauvreté ». Cette méthode est largement acceptée comme mesure de la pauvreté, tant que l'on s'intéresse à la pauvreté économique des ménages. Cependant, les exigences, en termes de données, sont énormes : les enquêtes de consommation(ou de revenus) sont lourdes, nécessitant des questionnaires longs, très complets, requérant un suivi dans le temps ou un effort de mémoire des ménages enquêtés. Des problèmes méthodologiques existent aussi, par exemple, comment évaluer l'autoconsommation, étant donnée la fongibilité des ressources ?

Les méthodes participatives d'évaluation de la pauvreté sont des outils utilisés et largement acceptés pour identifier les groupes vulnérables au sein d'une communauté. Elles peuvent être utilisées dans les programmes de développement, en particulier dans les institutions de microfinance, pour cibler les services sur les clients pauvres. Elles permettent aussi d'identifier les critères locaux sur lesquels les populations s'appuient pour définir les groupes pauvres ou riches. Si elles sont un bon outil de sélection, elles restent cependant limitées pour des comparaisons de niveau de vie à l'échelle régionale, nationale ou internationale. Basées sur le classement subjectif des membres de la communauté, ces méthodes donnent des résultats difficilement vérifiables. Les entretiens qualitatifs sur des questions sensibles requièrent des enquêteurs particulièrement bien formés. Enfin, ces méthodes conduisent toujours à définir un groupe pauvre dans la communauté sans qu'il soit possible de déterminer dans quelle communauté résident les plus pauvres.

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La construction des indices de pauvreté sur la base d'indicateurs décrivant différentes dimensions de la pauvreté se retrouve dans différents domaines. L'indicateur de développement humain en est une illustration bien connue.

L'Indicateur de Développement Humain(IDH) est un outil synthétique de mesure du développement humain. Il cherche à donner une vision plus nuancée du développement d'un pays que le simple chiffre du produit intérieur brut par habitant. Il chiffre le niveau moyen atteint par chaque pays, sous trois aspects essentiels :

- la longévité et la santé, représentées par l'espérance de vie à la naissance ;

- l'instruction et l'accès au savoir, représentés par le taux d'alphabétisation des adultes (pour deux tiers) et par le taux brut de scolarisation, tous niveaux confondus (pour un tiers) ;

- la possibilité de disposer d'un niveau de vie décent, représenté par le PIB par habitant (en PPA).

I.2.3. Profil en République Démocratique du Congo

Ici, le choix est porté sur un certain nombre de secteurs supposés être responsables de la pauvreté. Il s'agit de l'éducation, la santé et l'alimentation.

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1) L'éducation.

L'accès à l'éducation pose un sérieux problème en raison des facteurs tels que la faible capacité d'absorption des structures, l'éloignement de ces structures par rapport aux communautés bénéficiaires et, surtout, le niveau de plus en plus élevé des frais scolaires exigés aux parents dans un environnement caractérisé par un pouvoir d'achat très faible. A cela s'ajoutent des problèmes d'inaccessibilité culturelle due aux croyances et coutumes, qui expliquent en partie le désintéressement des parents face à la scolarisation de leurs enfants.

Dans certaines communautés, ces phénomènes se matérialisent par la quasi non scolarisation des enfants et, dans la plupart des cas, la discrimination en défaveur de la jeune fille en matière d'accès à l'école.

15 SENAREC et UPPE-SRP, Etude sur la réduction de la pauvreté dans les communautés de base, Kinshasa, DSCRP provisoire, octobre 2004, pp. 17-50.

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En RDC, le niveau d'instruction des hommes et des femmes est trop bas dans les communautés de base. Et, les écarts sont très grands entre les hommes et les femmes, surtout en milieu rural. Cette situation est due notamment à l'absence d'un programme national d'alphabétisation des adultes, aux insuffisances des structures d'encadrement, au peu d'intérêt accordé à l'alphabétisation et à certains facteurs socio-culturels.

2) La santé16

En l'absence d'un système d'information sanitaire fiable, la situation du secteur sanitaire est restée mal connue depuis plusieurs années. Mais, les informations partielles disponibles permettent d'affirmer que cette situation est mauvaise.

Globalement, le niveau de couverture et de fonctionnalité du système de santé a progressivement diminué au fil du temps, en s'aggravant à partir du début des années 90. Le Rapport national sur le Développement humain en RDC indique que la dégradation de la situation sanitaire est due aux insuffisances institutionnelles et fonctionnelles d'un système de santé induisant des graves contre-performances, résultat de la défaillance de l'Etat dans ses rapports avec un secteur privé mal encadré et de la mauvaise allocation des ressources aussi bien matérielles, financières qu'humaines.

Cette situation s'est matérialisée par des taux de mortalité très élevés dans tous les groupes de la population, notamment chez les femmes en âge de procréer et chez les enfants de moins de cinq ans en milieux ruraux et suburbains. On note également une dégradation continue des principaux indicateurs de l'état de santé (espérance de vie à la naissance, taux de séroprévalence à l'infection VIH).

16 PNUD, Rapport national sur le développement humain, Gouvernance sur le développement humain en RDC, Kinshasa, RMDH, 2000, pp. 62-63.

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3) L'Alimentation

En RDC, manger est une chose difficile. La plupart des familles mange une fois par jour et les aliments qu'elles consomment ne contiennent souvent pas de vitamines et de protéines.

Pour les familles stables, ayant une source de revenu, les repas contiennent plus d'éléments nutritionnels et se prennent deux ou trois fois par jour.

Le manque d'accès facile à l'alimentation et d'une alimentation équilibrée est une des conséquences du sous-développement de notre pays.

I.3. La microfinance

Les banques classiques ne sont pas intéressées au public de petites exploitations ou aux entrepreneurs et les techniques qu'elles mettent en oeuvre ne sont pas adaptées à la situation de ces derniers. Par ailleurs, le secteur informel ou autonome (tontinier, garde monnaies, banquier ambulant, ...) ne dispose pas de moyens suffisants et ses services sont très couteux et risqués. D'où la nécessité de nouvelles institutions financières, d'un secteur intermédiaire entre les banques classiques et le secteur informel. Ces institutions sont généralement qualifiées de « microfinance », parce qu'elles s'adressent à des petits producteurs et les sommes prêtées ou épargnées sont et restent limitées. En parallèle du système bancaire formel, un secteur financier semi-formel a émergé. Au sein de ce secteur, les institutions de microfinance (IMF), légalement reconnues mais ne faisant pas l'objet d'une régulation, offrent aux populations, qui sont dans l'impossibilité de réunir les conditions indispensables à l'octroi d'un prêt, des services financiers de base (épargne, crédit, assurance, transferts fonds, etc.).

Le microcrédit, qui consiste en l'octroi de prêts d'un très petit montant, s'impose désormais comme instrument privilégié de lutte contre l'exclusion bancaire et la pauvreté.

Signalons que 80% de la population dans les pays en développement n'ont pas accès aux banques.

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I.3.1. Définition

La microfinance se définit comme un ensemble d'institutions et d'activités financières d'épargne et/ou de crédit dont l'échelle des opérations est adaptée aux besoins et projets des populations essentiellement exclus du secteur bancaire classique. Elle est caractérisée par l'originalité de sa méthodologie dans la résolution des problèmes d'information inhérents aux activités de crédit17. Elle peut aussi se définir comme une science qui s'occupe de micro services financiers au profit des agents économiques qui ont été exclus du système bancaire classique par incapacité de présenter une garantie.

La microfinance a plusieurs autres définitions données par diverses instances. Par exemple, la Banque Centrale du Congo définit la micro finance comme étant « : la prestation de services de crédit et d'épargne aux agents économiques vulnérables, exclus du système bancaire classique, en vue de leur permettre de réaliser des activités génératrices de revenus, de créer des emplois et, ainsi, de lutter contre la pauvreté18 ».

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I.3.2. Historique

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Il convient de signaler que la microfinance, en tant que pratique, est ancienne, mais, en tant que science, n'a pas encore totalisé un demi-siècle. En fait, le microfinancement n'a connu de succès que depuis les années 1990. Auparavant, les performances de crédits subventionnés ou ciblés étaient parsemées d'échecs cuisants : institutions prêteuses non financièrement autosuffisantes, rapidement décapitalisées, fonds des populations ciblées détournées, marchés financiers déformés, de sorte que la bonne marche du financement d'importants secteurs de l'économie est entravée.

Pour beaucoup de personnes, la microfinance se confond avec le microcrédit. Avec le temps et le développement de ce secteur particulier de la finance, partout dans le monde, y compris dans les pays développés, la microfinance s'est élargie pour inclure une gamme de services plus large (crédit, épargne, assurance, transfert d'argent, etc.) et une clientèle plus

17 D. KABANGA, op. cit., p. 29.

18 JOURNAL OFFICIEL DU CONGO, Instruction N°1 aux institutions de micro finance, numéro spécial, Kinshasa, 2003, p. 6.

19 Site Internet, www.lamicrofinance.org.

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étendue. Le concept de microcrédit a ses origines lointaines dans les mutuelles de crédit agricole créées en Europe à la fin du XIXème siècle. Il a été repris, puis, développé par Muhammed Yunus.

Après ses études aux Etats-Unis (Université Vanderbilt), M. Yunus donnait des cours d'économie à Chittagong, sa ville d'origine au Bangladesh. Lors d'une séance de travaux pratiques d'un cours d'investissement, il proposa à ses étudiants d'interroger 42 fabricants de tabourets en bambou des plus proches villages. Les résultats de cette interrogation ont montré que ces 42 fabricants de tabourets en bambou avaient besoin de 27 dollars pour développer leurs activités. Toutes les banques refusaient de financer ce trop faible montant à des clients supposés insolvables. M. Yunus déclara avoir eu honte de cette situation et prêtât la somme de sa propre poche. En permettant aux producteurs de bambou d'acheter d'avance le bambou sans subir les variations importantes de prix, ces fabricants de tabourets en bambou réussirent de créer des emplois et de rembourser intégralement à M. Yunus.

Fort de ce succès, M. Yunus créa, en 1976, la « Grameen Bank » (Banque du Village) et, aujourd'hui, il est considéré comme le père de la microfinance. Ce qui lui a valu le titre du prix Nobel de la paix de l'année 2006.

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I.3.3. Tendances

La microfinance n'est pas une panacée. Elle est une stratégie générale pour réaliser une fin, avec ses limites et ses points forts. Elle contribue actuellement à l'éradication de la pauvreté, particulièrement au travers de la conscientisation des populations cibles pour leur prise en charge par elles-mêmes en vue de choisir quand et comment accéder aux autres services de développement, tels que les soins de santé, l'éducation et l'alimentation et, ainsi, arriver à établir « un filet de sécurité », qui les empêcherait de redevenir vulnérable.

Dans la catégorie des pauvres, on s'accorde à identifier les plus pauvres, qui sont économiquement non actifs. Ils sont des destitués socio-économiques, tels que les malades du

20 CMIF/ASBL, op. cit., p. 4.

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SIDA et les blessés de guerre, qui n'ont pas la capacité physique de se prendre en charge. Par contre, les pauvres qui sont économiquement actifs sont des pauvres parce qu'ils manquent d'opportunités financières afin de sortir de la pauvreté.

Ainsi, à chacune de ces catégories correspond un produit financier, qui lui est propre et efficace, en vue d'aider la population cible à sortir de la pauvreté, selon une méthodologie particuliere. Au début de la stratégie de la microfinance, la catégorisation des pauvres était inconnue ; actuellement, l'objectif de combiner l'efficacité et la durabilité face aux objectifs sociaux s'avère important. Le débat économique se situe, au coeur du conflit politique, sur la question de l'inégalité et de la redistribution.

D'une part, il y a l'action publique de redistribution, qui doit pénétrer au coeur du processus de production, pour remettre en cause la façon dont les forces du marché déterminent les profits appropriés par les détenteurs des capitaux, et les inégalités entre les populations cibles en s'appropriant les moyens de production des riches pour les donner aux pauvres. D'autre part, la position libérale dit que, seules, les forces du marché, l'initiative individuelle et la croissance de la productivité permettent véritablement d'améliorer, dans le long terme, les revenus et les conditions de vie, en particulier celles des plus pauvres, et donc l'action publique de redistribution, outre qu'elle doit être de taille modérée, doit se limiter à des outils interférant le moins possible avec les mécanismes vertueux des forces de marchés.

D'où, la microfinance peut se subdiviser en microfinance sociale et en micro-finance commerciale. La microfinance sociale est une sorte de microfinance subventionnée par les bailleurs de fonds et les gouvernements en vue de réaliser un objectif social, celui d'éradiquer la pauvreté. Les moyens qui y sont pourvus sont limités et la prise en charge des populations cibles est mal assurée, minimale et éphémère, par manque de ressources.

Ainsi, les impératifs relatifs au développement des institutions de microfinance viables et durables ont contraint les chercheurs à rechercher l'amélioration de la productivité et l'efficience contre des objectifs sociaux. Ce faisant, s'est développé alors la microfinance commerciale.

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Actuellement, la microfinance est entrain de devenir plus commerciale avec pour objectif la recherche du profit. Certains critiques ne se gênent pas de dire que l'objectif relatif à la recherche du profit va détourner les institutions de microfinance de l'objectif noble de « lutte contre la pauvreté ».

Aujourd'hui encore, la concurrence s'est installée dans le secteur de la microfinance, avec pour conséquence la réduction des taux d'intérêts. Ce secteur a également pour mérite d'induire des mutations à la base et celui d'avoir des plus grands effets d'entraînement en créant tant un maillage économique dans le pays que des infrastructures ou de gros projets industriels profitant rarement aux plus pauvres.

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I.3.4. La micro finance en République Démocratique du Congo

En R.D.C., la méthodologie de la microfinance, en ce qui concerne le crédit, repose sur le profil de l'emprêteur. L'évaluation des crédits est centrée sur la volonté et la capacité des clients de rembourser, plus que sur les actifs pouvant être saisis en cas de non-remboursement. Même si certaines institutions de microfinance prennent des garanties matérielles en dépôts, ces derniers constituent rarement le fondement de leurs décisions d'octroi de crédit.

Ainsi, dans les méthodologies de crédit, il se classe deux groupes : les modèles de crédits individuels et les modèles de crédit de groupe. Les modèles de crédits individuels recourent, lorsque c'est possible, à des garanties matérielles, comme le nantissement des actifs, terrains et constructions, tandis que les modèles de crédits de groupe recourent à des groupes solidaires, composés généralement de quatre à six membres, qui sont voisins, ou qui exercent des métiers dans le même quartier ou dans le même secteur d'activité. L'historique de toutes ces méthodologies est présenté dans ce qui suit.

I.3.4.1. Aperçu historique

21 BANQUE CENTRALE DU CONGO, Etat des lieux de la micro finance en R.D.C., Kinshasa, B.C.C., 2003, pp. 8-12.

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Il est généralement reconnu que l'histoire de la microfinance en RDC se subdivise en quatre parties, à savoir :

- de la période coloniale à 1970 ;

- de 1970 à 1990 ; - de 1990 à 2003 ;

- de 2003 à nos jours.

a) De la période coloniale à 1970

Par le décret du 24 mars 1956, le législateur a organisé la création et le fonctionnement des sociétés coopératives indigènes, dont l'objet social était de promouvoir, par la mise en oeuvre des principes de la coopération, les intérêts économiques et sociaux de leurs membres exclusivement.

Toutes les sociétés de type coopératif, y compris les coopératives d'épargne et de crédit, étaient assujetties à cette loi et placées sous tutelle du gouverneur de Province. Durant cette période, aucune structure financière de proximité formelle d'initiative privée n'a été agréée. Par contre, le colonisateur avait créé la Caisse d'Epargne du Congo, institution de droit public, afin de collecter les petites épargnes. Cette institution n'ayant pas été considérée comme faisant partie des systèmes financiers décentralisés, ne fera pas l'objet de cette étude. Après l'indépendance, en 1969 précisément, la première COOPEC congolaise, la caisse populaire coopérative, fut créée à Mbuji Mayi, mais son expérience ne fut pas concluante, faute de cadres compétents.

b) De 1970 à 1990

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Cette période est caractérisée par l'émergence des coopératives d'épargne et de crédit, en raison de l'accessibilité des services offerts aux membres et de l'implantation de ces coopératives dans les milieux les plus reculés du pays et dépourvus de banques. Toutefois, faute d'un cadre légal spécifique, ces coopératives continueront à se conformer aux dispositions du décret de 1956 et, de ce fait, seront placées sous la tutelle du Ministère du Développement Rural.

Le mouvement coopératif congolais se développera autour de trois principaux foyers : Basankusu, en 1970, Bukavu et Kinshasa, en 1971, avec la création du réseau fédération des caisses populaires de LUYMAS/CECO. Dès ce moment, le mouvement s'est répandu sur tout le territoire national, et plus sensiblement à Kinshasa et dans les provinces du Bas-Congo, du Bandundu et du Kivu.

La structure des COOPEC congolaises est caractérisée par une organisation à trois niveaux : le niveau primaire (COOPEC), le niveau secondaire (centrale ou COOCEC) et le niveau tertiaire (union ou fédération). Les COOPEC se chargent de la mobilisation de l'épargne et de l'octroi des crédits aux membres. Les centrales regroupent plusieurs COOPEC dont celles de représentation et de coordination des activités du réseau.

En 1987, les coopératives détenaient l'équivalent de 7% de l'épargne du secteur bancaire. Elles étaient, pour la plupart, des affiliées à des centrales, regroupées à leur tour, au niveau national, à une union des coopératives centrales d'épargne et de crédit.

En 1989, l'UCCEC supervisait cinq réseaux provinciaux, totalisant 145 coopératives primaires, 274389 membres et 4.9 millions de dollars américains d'épargne.

c) De 1990 à2003

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Pour rappel, depuis 1991, le contexte socio-économique et politique difficile, caractérisé notamment par les pillages, l'hyper-inflation, la prise des mesures monétaires incohérentes et l'instabilité politique, a contribué à fragiliser le système financier en RDC, et particulièrement les COOPEC. Ainsi, les coopératives ont perdu, entre 1991 et 1993, près de 80% de leur clientèle et 66% des fonds placés dans les banques de dépôts, justifiant ainsi le climat de méfiance entre les coopératives et leurs membres.

Aujourd'hui, la plupart des COOPEC se sont regroupées en 15 centrales et ont adhéré à deux structures faîtières de 3ème niveau, à savoir l'Union des Coopératives Centrales d'Epargne et de Crédit et la Confédération nationale des Coopératives d'Epargne et de Crédit. Les institutions de microfinance, autre que les COOPEC, se sont développées en RDC vers les années 1990, dans le secteur informel. Elles sont l'oeuvre, dans leur quasi-totalité, des organisations non gouvernementales et d'initiatives locales de développement.

d) De 2003 à nos jours

L'environnement microfinancier congolais s'est sensiblement modifié avec l'arrivée sur le marché des structures professionnelles, généralement issues de programmes avec les partenaires au développement. Ainsi, la coopération canadienne, dans le cadre de l'exécution du programme de renforcement des services financiers adaptés aux besoins des femmes de la RDC, par son agent d'exécution SOCODEVI, a créé deux mutuelles d'épargnes et de crédit à Kinshasa. Ces mutuelles d'épargne et de crédit ont été agréées par la Banque Centrale du Congo le 19 novembre 2003.

Il y'a également lieu de relever que l'USAID, dans le cadre de la promotion du secteur de la microfinance congolais, a amené des ONG internationales, telles que la FINCA et l'HOPE international, à s'installer à Kinshasa. Avec le concours de SOCODEVI, l'USAID a cofinancé la création de deux mutuelles d'épargne et de crédit à Kikwit et à Mbandaka.

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I.3.4.2. Situation actuelle

La crise économique, qui sévit en RDC depuis plus d'une décennie, a laissé des séquelles sur le système financier de ce pays :

- la faillite des banques commerciales, contrôlées par l'Etat, et l'essoufflement de celles à capitaux privés ;

- la réduction significative des activités des institutions financières non bancaires ;

- le ralentissement sensible de l'activité des COOPEC en matière de collecte de l'épargne et de distribution de crédits.

En outre, un bref aperçu de l'organisation du système bancaire congolais a permis de dégager deux constats : une couverture bancaire insuffisante du pays et des distorsions dans l'implantation provinciale des guichets des banques commerciales. Ces constats ont rendu pressant la nécessité de promouvoir des structures alternatives de financement capables d'assurer la mobilisation de la petite épargne, d'octroyer des microcrédits en milieu rural et urbain défavorisés, et de créer des conditions d'une insertion progressive du secteur informel dans l'économie formelle.

Par ailleurs, de nombreux ménages, confrontés au problème de proximité, ont entrepris des nouvelles activités capables de générer des revenus. Cette situation les a amenés à concevoir des microprojets en quête de micro financements. En réponse à ces attentes, on a assisté à l'éclosion d'une catégorie d'institutions chargées de mobiliser des ressources, tant internes qu'externes, et capables d'octroyer des micros crédits. Ces institutions ont commencé à offrir des services financiers de crédits et / ou d'épargne aux personnes les plus démunies et ne pouvant accéder aux avantages du système bancaire classique.

De manière générale, les acteurs impliqués dans ce secteur en République Démocratique du Congo sont :

- des individus ou des groupes de base bénéficiaires des services de micro finance ; - des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) formels et semi- formels ;

- des bailleurs de fonds qui interviennent soit dans la promotion de ces SFD au niveau du renforcement des capacités, soit dans les actions desdits SFD sur terrain, par l'octroi de financement ;

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- le gouvernement, en l'occurrence le Ministère de l'Industrie, Petites et Moyennes entreprises et la Banque Centrale du Congo.

Les institutions du système financier décentralisé opérant en RDC offrent plusieurs types de produits financiers et le travail abattu par elles a donné au secteur de la microfinance une grande ampleur, en raison notamment de sa capacité de créer des emplois et des revenus.

Pour illustrer ces propos, voyons quelques éléments structurels tirés de l'enquête menée par la Banque Centrale Congo auprès des institutions financières de proximité de la ville-province de Kinshasa et des provinces du Bandundu et du Bas Congo, au 30 juin 2005. En ce qui concerne la répartition géographique du crédit, les zones urbaines sont desservies à concurrence de 97% contre 3% pour les zones rurales. Quant à la distribution par secteur d'activité, l'enquête révèle que 66% des crédits sont alloués au secteur commercial, 16% à l'agriculture et 18% aux autres secteurs.

Enfin, l'approche « gender » donne une répartition de l'ordre de 39% des crédits aux hommes contre 61% aux femmes. L'épargne mobilisée par ces institutions au cours de ce même exercice s'élève à CDF 308.4 millions et le volume de crédit distribué se chiffre à CDF 665 millions, dont 415.9 millions au moins provenant des bailleurs de fonds.

Hormis les trois provinces dont il est question dans le paragraphe précédent, à l'Est de la RDC, la population, appauvrie par la crise que traverse le pays, a développé de nouveaux comportements, parmi lesquels des mécanismes financiers, qui lui ont permettent de survivre.

En effet, à l'Est de la RDC, particulièrement au Kivu, les acteurs de l'économie populaire s'étaient mis en intense activité pour résister dans un contexte social et macroéconomique désastreux.

On peut ainsi remarquer entre autres :

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- de petits marchands qui vendent la journée en monnaie locale, et apprenant à garder le soir la marchandise en lieu et place de la monnaie qui, le matin suivant, peut dévaluer. Cet exercice a été renforcé par la libéralisation du dollar, une monnaie stable, qui a succédé au stockage des produits ou de la marchandise. Aujourd'hui, dans certains milieux, les prix se fixent en dollar ;

- de petits commerçants qui s'organisent en tontines pour s'octroyer des crédits rotatifs ; - des groupes qui mettent sur pied un système de « Likelemba » ou « Kinkudimba »

(ristourne) pour des avances rotatives et pour la constitution d'une petite caisse

commune gardée par un membre ;

- le recours au système de troc et de crédit en nature a pris de l'ampleur au sein des groupes et des associations dans plusieurs milieux (ex : crédit tôle remboursable en café, crédit chèvre remboursable en chèvre, crédit matériel remboursable en nature...) ;

- des ONG, associations et églises introduisent des crédits sociaux dans les milieux frappés par des calamités (ex : habitat à Goma, femmes violées, sidéens, démobilisés et les enfants de la rue) ;

Ces multiples initiatives de lutte quotidienne de la population pour la survie sont devenues propices au développement des microsystèmes financiers. Différents acteurs bâtissent des mécanismes (monétaires et non monétaires) réalistes et ajustés aux activités économiques et financières de la population à la base.

De ces mécanismes naissent de nouvelles formes de services microfinanciers à la base offertes par des églises, des organisations d'appui laïque, des fédérations d'organisation de base, des partenaires extérieurs et même des organismes humanitaires. Une enquête menée sur 9 organisations révèle que ces dernières encadrent pour le moment 7.080 groupes emprunteurs clients d'en moyenne 7 personnes. Cela signifie qu'à l'heure actuelle, plus de 35.400 personnes travaillent avec ces crédits. Ainsi, 247.800 personnes bénéficient directement des actions de ces organisations pour un montant de 2.891.159 dollars. Ces chiffres, bien que partiels, montrent un certain dynamisme dans le secteur de la microfinance et prouvent à suffisance que ce secteur est porteur d'espoir et qu'il mérite une attention particulière de tous.

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Structure d'encadrement et encadrement institutionnel

En vue de trouver des solutions aux problèmes qui leur sont communs, ces coopératives et d'autres institutions de microcrédits, ont des réseaux d'encadrement tels que :

- Le réseau groupe d'acteurs de microfinance de sud-ouest, GAMF en sigle, qui est un réseau local ;

- Le Regroupement des Institutions du système de Financement Décentralisé au Congo, RIFIDEC en sigle, une émanation de la coopération technique allemande, créé en l'an 2000 et qui poursuit deux principaux objectifs, à savoir :

1. Assurer la défense des intérêts des opérateurs du système de financement décentralisé ;

2. Renforcer les capacités institutionnelles de ses membres à travers des formations des échanges d'informations, des appuis techniques et des conseils. - Le forum de la microfinance du Bas- Congo, FOMIF Bas- Congo en sigle ; - Le forum de la microfinance du Bandundu, FOMIF Bandundu en sigle.

Ces deux derniers ont pour but de :

1. Défendre et protéger les intérêts des systèmes financiers décentralisés ;

2. Fournir un cadre de formation, d'information et d'étude ;

3. Construire une vision commune et élaborer un plan pour le développement efficient de la microfinance dans la province ;

4. Améliorer le taux de pénétration.

L'encadrement institutionnel est assuré par la Banque Centrale du Congo. En effet, le secteur de la microfinance est devenu un outil d'émancipation économique et social. L'institut d'émission, par la sous direction chargée de la microfinance, mise en place au mois de septembre 2000, a résolu d'y porter un intérêt particulier. C'est ainsi qu'il a été assigné à cette dernière les missions ci-après :

22 RIFIDEC, Rapport annuel des activités 2007, kinshasa, juillet 2007, pp. 11-15.

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- Dresser le diagnostic du secteur et constituer une base de données fiables et actualisées ;

- Vérifier et contrôler la conformité des opérations aux instructions réglementaires y relatives ;

- S'assurer de la régularité de la gestion interne et de la conformité des activités des institutions du système financier décentralisé aux dispositions légales en la matière.

Par ailleurs, à côté de ses missions de supervision, de contrôle et de réglementation du secteur, la Banque Centrale du Congo poursuit entre autres les objectifs spécifiques suivants :

- La promotion, la rationalisation et la rentabilisation du secteur de la microfinance en RDC ;

- La création d'un système financier de proximité capable de collecter la petite épargne et d'octroyer des micros crédits, sur une base durable, aux micros entrepreneurs et aux ménages à faibles revenus.

Ainsi, pour remplir valablement ses tâches et atteindre les objectifs lui assignés, la sous direction de la microfinance a arrêté un certain nombre de stratégies destinées à :

- Formaliser le secteur de la microfinance en le dotant d'un cadre légal et réglementaire

cohérent et adapté à ses exigences ;

- Assurer l'accessibilité au financement à un nombre élevé de bénéficiaires ;

- Pérenniser les IMF par l'application de pratiques financières saines ;

- Professionnaliser les acteurs du secteur de la microfinance.

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CHAPITRE DEUX. LA COOPERATIVE D'EPARGNE ET
DE CREDIT DE LA COMMUNAUTE EVANGELIQUE DE
L'ALLIANCE AU CONGO/MATETE

II.1. Historique et situation géographique

La Coopérative d'Epargne et de Crédit primaire de la Communauté Evangélique de l'Alliance au Congo, (COOPEC CEAC), est née à l'initiative des laïcs de ladite communauté, qui ont pris conscience de la nécessité de promouvoir les oeuvres sociales au sein de celle-ci, afin de favoriser l'amélioration des conditions de vie de la population, particulièrement de leurs adeptes.

A l'instar de la Communauté Baptiste du Congo Ouest (CBCO), les laïcs de la CEAC, lors du congrès tenu à Tshela dans le Mayombe au Bas-Congo, en juillet 1979, ont décidé de créer une COOPEC. Cette idée fut concrétisée le 18 février 1980 à Kinshasa, où la première COOPEC a été créée sur la deuxième rue, dans le Quartier Kimbangu, à Bongolo, dans la Commune de Kalamu.

En 1982, la COOPEC CEAC comptait 7 agences, dont une à Kinshasa et 6 autres dans le Bas-Congo. L'expansion de cette COOPEC a été rapide dans le sens que les activités de celle-ci, appelées jadis agences, ont nécessité la mise sur pied d'une centrale coopérative chargée de coordonner l'ensemble des activités administratives et financières. Ainsi, la Coopérative Centrale d'Epargne et de Crédit (COOCEC) a vu le jour le 13 mars 1982 à Kinshasa. Cette dernière est un réseau qui coordonne les COOPEC primaires au niveau national. Elle est aussi coordonnée au niveau continental par l'Association des Centrales des Coopératives Africaines, qui est gérée par une autre centrale au niveau mondiale (WOCU).

La COOPEC CEAC a son siège social au Quartier Anunga n°24, dans la Commune de Matete, dans la Ville de Kinshasa. Sa zone d'intervention s'étend dans les limites de la Ville de Kinshasa.

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Actuellement, le réseau coopératif d'épargne et de crédit CEAC et COOCEC compte 22 COOPEC primaires, dont 10 à Kinshasa (Lemba, Matete, Kingasani, Kimbaseke, Ndjili, Makala, Mont ngafula, Kintambo, Ozone, Pompage), 3 à Matadi, 3 à Boma et 1 à Kinzanvuete, Moanda, Sekebanza, Inga, Lukula, Tshela.

Les COOPEC primaires ont été agréées par le gouverneur de la Ville de Kinshasa par l'Arrêté n°SC/009/BGV/04/TSH du 17 janvier 1991. La COOPEC CEAC/MATETE est agréée par la loi n°002/2002 du 02 février portant dispositions applicables aux coopératives d'épargne et de crédit par la Banque Centrale du Congo.

II.2. Organisation

a) Organes

Comme toute coopérative, la COOPEC CEAC poursuit un objectif : épargner pour prêter, en vue de contribuer à l'amélioration des conditions socio-économiques de ses membres et au développement harmonieux du congolais.

La COOPEC CEAC a deux types de membres : les membres effectifs, qui contribuent à la formation du capital social initial et les membres auxiliaires, qui ne remplissent pas les conditions d'adhésion. Elle est pourvue d'une structure ayant des organes constitutifs, dont la durée du mandat est de trois ans. Il s'agit de :

· l'Assemblée générale (A.G.),

· le Conseil d'Administration (C.A.),

· le Comité de Surveillance (C.S.),

· la Commission de Crédit (C.C.),

· la Gérance.

Ces organes fonctionnent conformément à leurs statuts et règlement d'ordre intérieur ainsi qu'à la loi n°002 du 02 février 2002.

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b) Attributions des organes

L'Assemblée Générale

Organe suprême de la coopérative. L'Assemblée générale est revêtue des pouvoirs les plus étendus dans la conception et l'organisation de la coopérative. Elle est convoquée par le Conseil d'Administration, qui fixe la date et l'ordre du jour de sa réunion.

Le Conseil d'Administration

Il est composé de cinq administrateurs élus par l'Assemblée Générale. Ce nombre peut aller jusqu'à neuf. Aucun salarié de la COOPEC CEAC ne peut en faire partie. Seul, le Gérant peut en faire partie, mais à titre purement consultatif et comme secrétaire de la réunion.

Le Conseil d'Administration a le rôle de veiller au bon fonctionnement et à la bonne gestion de la COOPEC CEAC. Il exerce tous les pouvoirs, sauf ceux qui sont réservés à l'Assemblée Générale et à d'autres organes de la loi.

Le Comité de Surveillance

Le Comité de Surveillance se compose de trois conseillers élus par l'Assemblée Générale parmi les membres effectifs de la COOPEC CEAC. Il est chargé de contrôler ou surveiller les opérations de la COOPEC CEAC.

La Commission de Crédit

Elle est composée de trois commissaires élus par l'Assemblée Générale et par les membres effectifs, dont le Gérant est d'office secrétaire. A partir de la politique de crédit définie par le CA, le rôle de la C.C. est de gérer la distribution et le remboursement du crédit.

La Gérance

La Gérance comprend le gérant de la COOPEC CEAC et les employés dépendants du gérant. Le gérant est nommé par le Conseil d'Administration. Il est chargé de la gestion courante et de l'exécution des décisions des organes de la COOPEC CEAC.

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II.3. Ressources financières

Les ressources financières de la COOPEC CEAC sont gérées par le gérant sous l'autorité du Conseil d'Administration. Elles sont affectées au fonctionnement de la COOPEC CEAC et à la réalisation des objectifs statutaires de celle-ci.

Ces ressources ont pour origines :

· les droits d'adhésion,

· les parts sociales des membres,

· les revenus des opérations de crédits,

· les revenus des placements de la COOPEC CEAC,

· les dons et legs,

· les subventions.

II.4. Relations avec d'autres institutions de microfinance

Dans le cadre des apports en formation et en subventions, la COOPEC CEAC/MATETE entretient des relations avec des réseaux et autres institutions de microfinance. Il s'agit entre autres du Regroupement des Institutions du système Financier Décentralisé du Congo (RIFIDEC) et du Programme d'Appui au Secteur de Microfinance (PASMIF).

La COOPEC CEAC n'obtient ces subventions que lorsqu'elle a prouvé ses compétences en matière de gestion et autres critères fixés par la centrale.

II.5. Activités

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a) Mobilisation de l'épargne

L'activité principale de la COOPEC CEAC est la collecte des fonds pour l'épargne et la redistribution des ces fonds sous forme de prêts (crédits) aux membres. Cette coopérative distingue les épargnes suivantes:

1. épargne à vue : c'est une épargne courante qui est déposée par les membres de la COOPEC CEAC et ne porte pas d'intérêts ;

2. épargne nantie ou indisponible : elle porte sur les 25% déduit des épargnes ordinaires des membres avant que ces derniers bénéficient du prêt auprès de la COOPEC CEAC ;

3. épargne à terme : c'est la partie de l'argent (épargne) que les membres décident de garder dans leurs comptes d'épargne pendant au moins trois mois. Cette épargne est rémunérée de 2,5% par mois ;

4. épargne à la carte : c'est une épargne journalière déposée à la COOPEC CEAC par le public, c'est-à-dire les non membres.

Le tableau suivant reprend le volume de chaque type d'épargne mobilisée par la COOPEC CEAC/MATETE de 2004 à 2007.

Tableau N°1. Types d'épargnes par année et leurs volumes.

TYPES

D'EPARGNES

VOLUME D'EPARGNE EN CDF/ANNEE

2004

2005

2006

2007

Epargne à vue

2.085.830,16

3.919.807,89

9.306.688,5

9.692.088,95

Epargne à terme

11.632

-

1.115.550

1.020.000

Epargne nantie

-

-

514.647,5

165.898,50

Epargne à la carte

122.315

153.265

103.555

286.280

TOTAL

2.219.777,16

4.073.072,89

1.219.105,00

11.164.267,45

SOURCE : COOPEC CEAC/MATETE 2004, 2005, 2006, 2007.

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La COOPEC-CEAC/MATETE collectait normalement trois types d'épargnes dont l'épargne à vue, l'épargne à terme et l'épargne à la carte. A partir de 2006, cette coopérative a instaurée une quatrième épargne : l'épargne nantie.

L'épargne à vue est l'épargne la plus connue. C'est elle qui renfloue mieux la caisse (en moyenne 80% des recettes). Cette encaisse ne rapporte pas d'intérêt au propriétaire. Par contre l'épargne à terme, qui rapporte de l'intérêt, ne ramène pas grand-chose à la caisse. Pour les années 2006-2007, l'épargne à terme, qui est mal connu du public, a cédé sa place respectivement à l'épargne à la carte (2006) et à l'épargne nantie.

L'épargne à la carte occupe la deuxième place les trois premières années de notre période d'étude. L'année 2006 est celle où la participation de ce type d'épargne est plus faible. L'épargne nantie a commencé avec beaucoup d'engouement en 2006, et n'a pas su soutenir son élan en 2007.

La COOPEC CEAC utilise les stratégies suivantes pour mobiliser l'épargne :

- les messages coopératifs à travers les églises, les écoles, les marchés, les centres médicaux et les entreprises ;

- les contacts porte à porte et les messages sensibilisateurs avec documents écrits à donner aux populations ;

- les dépliants, qui montrent ce que la COOPEC CEAC fait et sa contribution à la communauté.

b) Octroi du crédit

Les crédits que la COOPEC CEAC octroie à ses membres sont affectés à différents domaines, notamment :

0. besoins sociaux : frais médicaux, frais funéraires, frais scolaires, frais de maternité, frais de voyage, dot, nourriture, vêtement etc. ;

1. besoins accessoires : fêtes diverses, achats d'objets de luxe, paiement d'impôt ou d'amende, remboursement des dettes, etc. ;

2. commerce.

Le commerce a bénéficié d'une particulière attention des membres suite à la crise généralisée que connait notre pays. Le secteur informel se développe et le financement est un bon support pour la poursuite des activités de ce secteur. Les membres ont sollicité du crédit soit pour l'acquisition d'un fonds de roulement, le transport des marchandises, le dédouanement, soit pour le développement d'un produit ;

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3. industrie et artisanat : achat des matières premières, acquisition ou adaptation d'un atelier, activité de production ;

4. agriculture et élevage : achat des semences sélectionnées, achat d'un champ, achat des outils aratoires, transport des récoltes, achat d'équipements d'élevage, aliments pour petits et/ou gros bétails.

Les conditions d'octroie de crédit sont les suivantes :

être membre de la COOPEC CEAC (avoir ouvert un compte) ;

être résident dans le rayon d'action de la COOPEC CEAC ;

avoir une activité rémunératrice ou un emploi rémunérateur ;

verser le 1/4 du montant sollicité ;

avoir une ancienneté d'au moins 3 mois ;

ne pas avoir un crédit en cours ;

être âgé d'au moins 15 ans (capable juridiquement) ;

adresser une demande de crédit au gérant ;

présenter une garantie matérielle équivalent à 120% du montant sollicité ;

être capable de rembourser le crédit dans un délai de 12 mois au plus, en payant un intérêt variant de 5 à 25% par mois, selon le but du crédit.

Les taux utilisés suivant les différents domaines d'activités sont résumés dans le tableau ci-après :

Tableau N°2 : Révision de taux d'intérêts sur les crédits octroyés par la COOPEC CEAC

BUT DU CREDIT

TAUX MENSUEL DU CREDIT

Ordinaire

Eclair

Agent

Initial

Révisé

Initial

Révisé

Initial

Révisé

Commerce

5%

15%

12%

25%

5%

5%

Industrie et artisanat

5%

15%

12%

25%

5%

5%

Besoins sociaux

10%

20%

12%

25%

5%

5%

Besoins accessoires

10%

25%

12%

25%

5%

5%

SOURCE : COOPEC CEAC/MATETE, 2004.

Ces taux ont été révisés uniquement pour les membres ne prestant pas au sein de la COOPEC CEAC.

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33

En ce qui concerne la garantie, la COOPEC CEAC se base plus sur la personnalité de l'emprunteur, c'est-à-dire sa solvabilité, son honorabilité et son respect des engagements, bref sur la confiance que la COOPEC CEAC a vis-à-vis de l'emprunteur. Toutefois, pour couvrir ou minimiser les risques, cette coopérative recourt aux formes de garanties suivantes : aval, gage et hypothèque.

Quant au remboursement des prêts, il se fait à l'échéance, ou sur base de l'épargne à la carte. Ce remboursement se fait exclusivement en espèces ou par chèque bancaire.

Le calcul des intérêts se fait par la méthode dégressive, c'est-à-dire que le calcul de l'intérêt tient compte du capital restant dû à chaque échéance. Cela se calcule par la formule suivante :

Intérêt =

Le temps est exprimé en nombre de jours.

Tout membre qui sollicite un prêt à la coopérative doit remplir un formulaire de demande de crédit, qui est disponible chez le gérant. Ce formulaire doit être rempli par le membre lui-même. Si le membre est illettré, un ami ou un parent à lui, qui est lettré, le rempli pour lui et ce dernier y appose son empreinte digitale.

Le formulaire de demande de crédit est remplacé par un document appelé « la reconnaissance de dette et d'engagement au remboursement de crédit » et qui se présente comme suit :

34

34

COOPEC-CEAC

COMMUNE DE MATETE

RECONNAISSANCE ET ENGAGEMENT AU REMBOURSEMENT DE CREDIT

Moi, , domicilié sur l'avenue n° ,

Quartier ., Commune de , fils de

Secteur de , Territoire de ., District de

, Province de , reconnais avoir reçu de la COOPEC CEAC,

un crédit de $US . Ce crédit sera augmenté

des intérêts de $US. L'échéance convenue est de ..

. mois soit du ./ / au / /

remboursement mensuel est de $US (capital + intérêt).
J'accepte des poursuites juridiques en cas de non respect de cet engagement.

Fait à Kinshasa, le / / .

L'Emprunteur Le Gérant

Pour la législation de la commune

Ce document reste chez le gérant avec la fiche de crédit ainsi que la quittance. La réalisation de cette opération fait appel à l'établissement de la fiche de crédit. La fiche de crédit est un document qui enregistre l'identité de l'emprunteur et le suivi des opérations de prêt et du remboursement. Elle est gardée à la COOPEC, chez le gérant.

35

35

CHAPITRE TROIS. DEROULEMENT DE LA
RECHERCHE

III.1. Population d'enquête et échantillon

Notre population d'enquête comprend toute personne ayant une relation quelconque avec la COOPEC CEAC ou se trouvant dans le champ d'action de celle-ci. De cette population, nous avons tiré, au hasard, un échantillon de cinquante personnes. Les caractéristiques de cet échantillon sont présentées ci-dessous :

Selon le sexe, 35 sujets (70%) sont de sexe masculin et 15 autres (30%) sont de sexe féminin.

Tableau 1. Répartition des enquêtés par âge

Age / an

Nombre

Pourcentage

25 - 35

18

36

36 - 46

14

28

47 - 57

13

26

58 et plus

5

10

TOTAL

50

100

En rapport avec l'âge, on observe, selon les tranches d'âge fixées, que la majorité des enquêtés ont un âge compris entre 25 et 35 ans. Au-delà de cette tranche d'âge, les effectifs des enquêtés vont décroissant.

36

36

Tableau 2. Répartition des enquêtés selon la profession

Profession

Nombre

Pourcentage

Commerçant

16

32

Fonctionnaire de l'Etat

8

16

Agent d'une entreprise privée

5

10

Enseignant

13

26

Artisan

5

10

Autres

3

6

TOTAL

50

100

Il ressort de ce tableau que la majorité des enquêtés sont des commerçants et que d'autres ont diverses professions dont celui d'enseignant vient en tête.

Tableau 3. Répartition des enquêtés selon le niveau d'études

Niveau d'études

Nombre

Pourcentage

Primaire

3

6

Secondaire/professionnel

19

38

Universitaire/supérieur

27

54

Néant

1

2

TOTAL

50

100

Ce tableau indique qu'un peu plus de la moitié des enquêtés ont un niveau d'étude universitaire ou supérieur et qu'un nombre non négligeable de ces enquêtés a fait des études secondaires ou professionnels.

37

37

Tableau 4. Répartition des enquêtés selon le nombre de personnes à charge

Personnes à charge

Nombre

Pourcentage

Aucune

14

28

1 - 6

25

50

7 - 12

8

16

13 - 18

3

6

TOTAL

50

100

Les données de ce tableau ci-dessus montrent que la moitié des enquêtés prennent en charge 1 à 6 personnes et qu'un nombre non négligeable de ces enquêtés n'a aucune personne en charge.

III. 2. Elaboration du questionnaire

Pour récolter les données de notre enquête sur terrain, nous avons élaboré un questionnaire comprenant 25 questions dont 5 questions d'identification des enquêtés et 20 questions de l'enquête proprement dite.

Les questions relatives à l'identification des enquêtés étaient fermées, tandis que celles ayant trait à l'enquête proprement dite étaient soit à la fois fermées et ouvertes, soit ouvertes.

38

38

III. 3. Administration du questionnaire

Pour administrer notre questionnaire, nous nous rendions dans la commune retenue pour l'enquête.

Concernant la façon dont nous avons procédé pour questionner les enquêtés, à certains de ceux-ci, nous posions les questions en lingala et transcrivions leurs réponses sur le protocole en français ; à d'autres, nous remettions le questionnaire qu'ils remplissaient eux-mêmes en français soit avec notre assistance, soit eux-mêmes.

III.4. Difficultés rencontrées

Bien qu'ayant obtenu l'aval du gérant de la COOPEC CEAC de Matete pour effectuer notre enquête et portant une attestation de recherche reçue des autorités académiques des Facultés Catholiques des Kinshasa et une recommandation d'un réseau de microfinance, nous avons été butée à quelques cas de méfiance, voire de refus de dialogue de la part des enquêtés.

Certaines personnes manifestaient une résistance pour répondre à certaines questions qu'ils considéraient comme confidentielles. Nous avions tout fait pour transcender ces méfiances, résistance et refus.

39

39

III.5. Dépouillement des données

Nous avons dépouillé les données de notre enquête en utilisant l'analyse de contenu. Cette technique permet de classifier les informations selon leurs contenus.

Pour faciliter l'interprétation des contenus des réponses des enquêtés, nous avons quantifié ces contenus en chiffres absolus, puis transformé ces derniers en pourcentages.

40

40

CHAPITRE QUATRE. PRESENTATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS

IV.1. Activités exercées

En ce qui concerne l'activité exercée, nous n'avons posé qu'une seule question aux enquêtés. Cette question est la suivante : quelle activité exercez-vous ?

Tableau 1. Réponses des enquêtés relatives aux activités qu'ils exercent

Activités

N.

%

Aucune

4

8

Commerce

22

44

Ouvrier

7

14

Enseignant

7

14

Opérateur de cabine publique

4

8

Chauffeur de taxi

3

6

Autres

3

6

TOTAL

50

100

Ce tableau montre que les enquêtés exercent diverses activités et que le commerce est de loin en tête de ces activités. Cette situation peut s'expliquer par l'insuffisance des emplois en RDC et le fait que le commerce est une activité de prédilection pour plusieurs congolais.

41

41

IV.2. Source de revenu

A propos de la source de revenu, nous avons posé aux enquêtés la question suivante : quelle est votre principale source de revenu ?

Tableau 1. Les sources de revenu des enquêtes

Sources

F.

%

Salaire

41

74,5

Don

6

11

Loyer

2

3,6

Photographie

4

7,3

Crédit reçu de la COOPEC CEAC

2

3,6

TOTAL

55

100

Les données de ce tableau montrent que les enquêtés ont cinq principales sources de revenu et que le salaire est la plus importante de ces sources. De quoi dire que le commerce, qui est en tête des activités exercées par les enquêtés, a été financé par l'emploi salarié.

IV.3. Connaissance de la COOPEC CEAC/ Matete

Au sujet de la connaissance de la COOPEC CEAC/Matete, les questions suivantes ont été posées aux enquêtés :

42

42

1) connaissez-vous la COOPEC CEAC/ Matete ?;

2) si oui, comment l'avez-vous connue ?;

3) si oui, quelle est sa mission ?;

4) si oui, avez-vous déjà sollicité un microcrédit auprès de la COOPEC

CEAC/Matete ?;

5) si oui, pourquoi ?;

6) si oui, l'avez-vous reçu ?;

7) si oui, quel est le montant de ce microcrédit ?;

8) si oui, combien de fois avez-vous reçu ce microcrédit ?;

9) si oui, avez-vous su rembourser ce microcrédit à échéance ?;

10) si non, pourquoi n'avez-vous pas su rembourser ce microcrédit à échéance ?;

11) si oui, avez-vous réalisé des bénéfices avec ce microcrédit ?;

12) si oui, que faites-vous avec les bénéfices de ce microcrédit ?;

13) si non, pourquoi n'avez-vous pas réalisé des bénéfices ?;

14) si oui, vos conditions de vie ont-elles changé grâce au microcrédit ?;

15) si oui, comment ?;

16) si non, pourquoi ?

Question 1. Connaissez-vous la COOPEC CEAC/Matete ?

A cette question, tous les 50 sujets (100%) ont répondu par l'affirmative. Cela

s'explique par le fait que notre lieu de recherche était la COOPEC CEAC/Matete.

43

43

Question 2. Si oui, comment l'avez-vous connue ?

Tableau 1. Moyens de connaissance de la COOPEC CEAC/Matete par les enquêtés

Moyens

N.

%

Connaissance personnelle

15

29,4

Au travers un proche

18

35,3

Au travers un membre de la COOPEC CEAC/Matete

13

25,5

Par une Eglise CEAC

4

8

TOTAL

50

100

L'examen de ce tableau indique que la connaissance personnelle, un proche et un membre de la COOPEC CEAC/Matete sont les principaux moyens par lesquels les enquêtés ont connu cette dernière.

Question 3. Si oui, quelle est sa mission ?

Tableau 2. La mission de la COOPEC CEAC/Matete selon les enquêtés

Mission

F.

%

Susciter l'épargne

21

38,9

Accorder des crédits

19

35,1

Lutter contre la pauvreté

14

26

TOTAL

54

100

44

44

Il ressort de l'examen de ce tableau que les enquêtés attribuent à la COOPEC CEAC/Matete beaucoup plus les faits de susciter l'épargne et d'accorder des crédits que la lutte contre la pauvreté comme missions.

Question 4. Si oui, avez-vous déjà sollicité un microcrédit auprès de la COOPEC CEAC/Matete ?

A cette question, 42 sujets (84%) ont répondu par l'affirmative et 8 autres (16%) ont donné une réponse négative.

Question 5. Si oui, pourquoi ?

Tableau 3. Raison de la sollicitation du microcrédit à la COOPEC CEAC/Matete

Raisons

F.

%

Augmenter le capital de mon commerce

26

61,9

Commencer un commerce

2

4,8

Financer une activité rémunératrice

5

11,9

Réfectionner une école

3

7,1

Améliorer les conditions de vie de ma famille

4

9,5

Sans réponse

2

4,8

TOTAL

42

100

Les données de ce tableau montrent que plusieurs raisons ont été à la base de la sollicitation du microcrédit à la COOPEC CEAC/Matete par les enquêtés. La plus importante de ces raisons est l'exercice du commerce.

45

45

Question 6. Si oui, l'avez-vous reçu ?

Répondant à cette question, tous les enquêtés (42) qui nous ont confié qu'ils ont déjà sollicité un microcrédit à la COOPEC CEAC/Matete ont répondu par l'affirmative.

Question 7. Si oui, quel est le montant de ce microcrédit ?

Sur la totalité des enquêtés (42) qui ont répondu par l'affirmative à la question 4, 2 n'ont pas donné le montant du microcrédit reçu. Le tableau ci-après donne les montants du microcrédit reçu par les 40 autres enquêtés.

Tableau 4. Montants du microcrédit reçu par les enquêtés de la COOPEC CEAC/Matete

Montant ($)

N.

%

10.000

1

2,5

5.000

3

7,5

2.500

3

7,5

2.000

1

2,5

1.500

2

5

1.000

18

45

850

1

2,5

500

4

10

200

4

10

150

3

7,5

TOTAL

40

100

46

46

Il ressort de ce tableau que les montants du microcrédit reçu par les enquêtés de la COOPEC CEAC/Matete varient entre 150 et 10.000$ US et que la grande majorité de ces enquêtés ont reçu 1000$ US.

Question 8. Si oui, combien de fois avez-vous reçu ce microcrédit ?

A cette question, n'ont répondu que ceux qui avaient sollicité un microcrédit. Tableau 5. Fréquence d'obtention du microcrédit

Fréquence

N.

%

1 - 2 fois

27

64,3

3 - 4 fois

9

21,4

5 - 6 fois

5

11,9

Plusieurs fois

1

2,4

TOTAL

42

100

Ce tableau indique que plus de la moitié des enquêtés ont déjà reçu au moins une fois un microcrédit à la COOPEC CEAC/Matete.

Question 9. Si oui, avez-vous su rembourser ce microcrédit à échéance ?

A cette question, 2 sujets (4,8%) ont répondu par la négative contre 40 autres (95,2%) qui ont donné une réponse affirmative.

47

47

Question 10. Si non, pourquoi n'avez-vous pas su rembourser ce microcrédit à échéance ?

Par rapport à cette question, les 2 sujets qui ont répondu par la négative à la question précédente se sont justifiés en disant qu'ils avaient affecté le microcrédit aux dépenses imprévues.

Question 11. Si oui, avez-vous réalisé des bénéfices avec ce microcrédit ?

Tableau 6. Réponses relatives à la réalisation des bénéfices avec le microcrédit reçu par les enquêtés

Réponses

N.

%

Oui

33

78,6

Non

4

9,5

Aucune

5

11,9

TOTAL

42

100

L'examen de ce tableau montre que la grande majorité des enquêtés ont réalisé des bénéfices avec le microcrédit reçu de la COOPEC CEAC/Matete.

Question 12. Si oui, que faites-vous avec les bénéfices de ce microcrédit ?

La réponse à cette question n'a été donnée que par les 33 enquêtés(78,6) qui ont répondu par l'affirmative à la question précédente.

48

48

Tableau 7. Utilisations des bénéfices du microcrédit reçu par les enquêtés

Utilisations

F.

%

Dépenses personnelles

12

33,3

Epargne

1

2,8

Création des projets/ Réinvestissement dans d'autres activités

11

30,6

Remboursement du crédit

2

5,5

Augmentation du capital de commerce

10

27,8

TOTAL

36

100

Il ressort de ce tableau que les enquêtés utilisent les bénéfices des activités qu'ils exercent avec le crédit reçu d'une manière variée. Les plus grandes affectations de ces bénéfices sont les dépenses personnelles, le réinvestissement dans d'autres activités ou la création des projets et l'augmentation du capital de commerce.

Question 13. Si non, pourquoi n'avez-vous pas réalisé des bénéfices ?

A cette question, n'ont répondu que les 4 enquêtés (9,5%) qui ont donné une réponse négative à la question 11. Deux de ces enquêtés se sont justifiés en disant qu'ils n'ont jamais exploité ce microcrédit et les 2 autres se sont justifiés en disant qu'ils n'ont jamais réussi dans toutes les activités créées grâce au microcrédit reçu de la COOPEC CEAC/Matete.

49

49

Question 14. Si oui, vos conditions de vie ont-elles changé grâce au microcrédit ?

N'ont répondu à cette question que les 33 enquêtés (78,6%) qui ont dit qu'ils ont réalisé des bénéfices avec le microcrédit reçu.

Tableau 9. Avis sur le changement des conditions de vie grâce au microcrédit

Avis

N.

%

Oui

26

78,7

Non

3

9,1

Aucune réponse

4

12,1

TOTAL

33

100

L'examen de ce tableau indique que la grande majorité des enquêtés qui nous ont confié qu'ils ont réalisé des bénéfices avec le microcrédit reçu affirment que leurs conditions de vie ont changé grâce à ce microcrédit.

50

50

Question 15. Si oui, comment ?

Tableau 9. Réponses relatives au changement des conditions vie des enquêtés grâce au microcrédit reçu

Réponses

F.

%

Sans réponse

10

24,4

Evolution du commerce exercé

3

7,3

Acquisition d'un terrain

7

17,1

Paiement des frais divers

8

19,5

Satisfaction des besoins familiaux

10

24,4

Exercice des diverses activités

3

7,3

TOTAL

41

100

Bien que certains enquêtés n'ont pas donné les raisons qui justifient le changement de leurs conditions de vie grâce au microcrédit reçu, ce tableau montre que la majorité des enquêtés ont modifié leurs conditions de vie de plusieurs manières, en l'occurrence par la satisfaction des besoins familiaux, le paiement de divers frais et l'acquisition d'un terrain.

Question 16. Si non, pourquoi ?

Tableau 10. Réponses relatives au non-changement des conditions de vie grâce au microcrédit reçu

51

51

Réponses

F.

%

Lutte pour la survie

1

16,7

Affectation du prêt au paiement du loyer

2

33,3

Instabilité de la situation économique de la RDC

3

50

TOTAL

6

100

L'instabilité de la situation économique de la RDC ressort de ce tableau comme la principale raison du non changement des conditions de vie des enquêtés qui nous ont dit que leurs conditions de vie n'ont pas changé en dépit du microcrédit.

Tous les enquêtés connaissent la COOPEC CEAC/Matete. Cette connaissance s'est faite essentiellement par trois moyens : 1) la connaissance personnelle, 2) un proche et 3) un membre de cette coopérative. Il n'y a rien d'étonnant à ce sujet dès lors que la COOPEC CEAC/Matete a été notre champ d'investigation.

S'agissant de la mission de la COOPEC CEAC/Matete, les enquêtés perçoivent cette dernière comme une organisation de lutte contre la pauvreté et surtout d'octroi des microcrédits et d'incitation à l'épargne. D'où la quasi-totalité des enquêtés ont déjà sollicité et obtenu un microcrédit auprès de cette organisation au moins une fois. Ces microcrédits sont généralement utilisés dans des activités commerciales. Le montant général de ces microcrédits est 1.000$ que les enquêtés arrivent souvent à rembourser à échéance.

La majorité des enquêtés ont réalisé des bénéfices avec les microcrédits reçu, bénéfices qu'ils affectent généralement aux dépenses personnelle, au réinvestissement dans d'autres activités et à l'augmentation du capital de commerce. D'où le changement des conditions de vie de plusieurs enquêtés, changement traduit notamment par la satisfaction des besoins familiaux, le paiement de différents frais et l'acquisition d'un terrain.

52

52

IV. 4. Perception du microcrédit octroyé par la COOPEC CEAC /Matete

Concernant la perception du microcrédit octroyé par la COOPEC CEAC/Matete, nous avons posé aux enquêtés une seule question : comment trouvez-vous le microcrédit qu'octroie la COOPEC CEAC/Matete à la population de Kinshasa ?

Tableau 1. Perceptions du microcrédit octroyé par la COOPEC CEAC/Matete par les enquêtés

Perceptions

F.

%

Sans réponse

9

17

Un moyen d'améliorer les conditions de vie des pauvres

19

35,8

Il est insuffisant

3

5,7

Il a un taux très élevé de remboursement à court échéance

4

7,5

Utile pour entreprendre des activités

18

34

TOTAL

53

100

La lecture des données de ce tableau indique que le microcrédit octroyé par la COOPEC CEAC/Matete est généralement perçu comme moyen d'amélioration des conditions de vie des pauvres et utile pour entreprendre des activités.

Ce constat s'explique dans un environnement caractérisé par la pauvreté et le chômage, comme c'est bien le cas en RDC. En effet, dans ce pays, la majorité de la population n'a pas un emploi salarié et vit dans la pauvreté. Plusieurs salariés ont des salaires de misère et la majeure partie de la population vit dans des conditions inhumaines. D'où le microcrédit est perçu comme une planche de salut.

53

53

IV. 5. Suggestions pour améliorer le fonctionnement de la COOPEC CEAC/ Matete

A ce sujet, nous avons posé une seule question aux enquêtés. Cette question est la

suivante : que pouvez-vous suggérer pour améliorer le fonctionnement de la COOPEC CEAC/Matete ?

Tableau 1. Suggestions des enquêtés pour améliorer le fonctionnement de la COOPEC CEAC/Matete

Suggestions

F.

%

Aucune

3

5

Intensifier les actions de la COOPEC CEAC/Matete

15

24,5

Baisser le taux d'intérêt

14

22,9

Faciliter l'adhésion à la COOPEC CEAC/Matete

7

 

Faciliter la prise en charge des clients de la COOPEC CEAC/Matete

5

8,1

Améliorer les conditions de sécurité des clients de la COOPEC CEAC/Matete

3

5

Encadrer les clients dans la gestion du crédit octroyé

3

5

Augmenter le montant du crédit octroyé

9

14,7

Augmenter la durée de l'échéance de remboursement du crédit

2

3,3

TOTAL

61

100

Huit propositions ressortent de ce tableau comme moyens pour améliorer le

fonctionnement de la COOPEC CEAC/Matete. De ces propositions, les plus citées sont l'intensification des actions de cette coopérative et la baisse du taux d'intérêt de celle-ci.

54

54

Ces résultats tiennent, comme dit plus haut, à la pauvreté généralisée en RDC. Il nous semble par conséquent inutile de nous y attarder pour éviter des redites.

55

55

CONCLUSION

Au terme de notre travail relatif à la microfinance et le développement socio-économique de la ville de Kinshasa : cas de la Coopérative d'Epargne et de Crédit de la Communauté Evangélique de l'Alliance au Congo de la Commune de Matete, il est impérieux de tirer une conclusion.

Cette conclusion est faite en deux volets. D'abord, nous établissons un constat sur la COOPEC CEAC/Matete ; ensuite, nous formulons quelques recommandations.

Après avoir effectué une enquête sur un échantillon de 50 membres de la COOPEC CEAC/Matete, nous pouvons dire que l'absence d'un travail rémunérateur, la baisse des activités quotidiennes, l'instabilité macroéconomique, le manque de suivi des bénéficiaires des microcrédits, le désengagement des autorités politico-administrative et l'instabilité des institutions de l'Etat favorisent la dégradation du niveau de vie des ménages, déjà pauvres, de la ville de Kinshasa.

Il sied de souligne qu'en dépit des dépenses qu'effectuent les bénéficiaires des microcrédits, les ménages pauvres arrivent à couvrir leurs besoins socio-familiaux et à payer leurs frais et charges, réalisant ainsi, tant soit peu, l'amélioration de leurs conditions de vie. Grâce aux microcrédits qui leur sont accordés, ces ménages arrivent à réaliser des bénéfices par rapport aux diverses activités et surtout de commerce qu'ils exercent. L'amélioration des conditions de vie reste leurs priorités, d'autant qu'ils sont et demeurent affectés par le chômage, qui sévit dans notre pays.

La raison majeure pour laquelle les bénéficiaires du microcrédit demandent du crédit est le commencement d'un commerce ou d'une activité qui rapporte des bénéfices.

Nous avons aussi relevé que les bénéficiaires des microcrédits avaient un crédit moyen de 1000$ US et réalisaient des bénéfices. Ces derniers sont généralement affectés aux dépenses personnelles, et au réinvestissement dans le capital du commerce et d'autres activités. Ces microcrédits sont généralement remboursés à échéance.

56

56

De ce qui précède, nous pouvons affirmer que l'hypothèse de notre travail, selon laquelle le crédit de la COOPEC CEAC/Matete améliorerait significativement les conditions de vie des ménages pauvres de la ville de Kinshasa, est confirmée.

Nous avons aussi constaté qu'après l'octroi du microcrédit, la COOPEC CEAC/Matete abandonne les bénéficiaires de ce microcrédit à eux-mêmes, alors qu'ils devraient bénéficier d'un encadrement ou d'un suivi de sa part. Etant donné qu'en dépit de ce manque d'encadrement ou suivi, comme dit plus haut, les enquêtés arrivent en général à améliorer leurs conditions de vie, notre deuxième hypothèse selon laquelle le manque d'encadrement du crédit serait la cause du non amélioration des conditions de vie, est infirmée.

Notons en passant que l'amélioration des conditions de vie grâce à la microfinance dépend des facteurs comme la source de revenu, le montant du crédit, le taux d'intérêt débiteur, le niveau de revenu, et le secteur d'affectation du crédit ou du microcrédit.

Ainsi, une politique susceptible d'améliorer le fonctionnement de la COOPEC CEAC/ Matete consisterait, comme l'ont suggéré les enquêtés, à intensifier les actions de cette dernière, à baisser son taux d'intérêt, à améliorer les conditions de sécurité des ses clients, à encadrer ces derniers dans la gestion du microcrédit octroyé, et à augmenter la durée de l'échéance du remboursement de celui-ci.

Quelques autres propositions nous semblent pertinentes :

- le secteur judiciaire étant un préalable au bon climat des affaires, son amélioration conditionne le rétablissement de la confiance entre différents agents économiques comme ceux intervenant dans le secteur de la microfinance ;

- la BCC devrait renforcer sa capacité de contrôle, etant donné la tâche lui assignée ; elle devrait notamment mettre sur pied des normes prudentielles nationales tenant compte des spécificités congolaises ;

- la BCC devrait encourager les institutions qui manifestent l'envie de se conformer à son instruction N° 1, en allégeant les conditions d'agrément ; car en oeuvrant en marge de la loi, ces institutions occasionnent un manque à gagner pour le trésor public ;

- que tous les programmes du gouvernement et ceux des partenaires au développement, comprenant une rubrique relative à la microfinance, puissent être associés, dans leur

57

57

exécution, à des institutions agréées. Ce qui pourrait augmenter le coût d'opportunité des institutions qui sont dans l'informel et constituer un encouragement pour les autres ;

- qu'il y'ait une coordination des bailleurs de fonds du secteur de la microfinance. Ce qui pourrait jouer un rôle important dans la formalisation de ce secteur, en adoptant un nombre minimum des conditions d'exigibilité communes ;

- en ce qui concerne le professionnalisme, il serait souhaitable que cette question soit résolue à long terme et en amont en introduisant des cours de microfinance dans les universités ;

- que les institutions de microfinance puissent constituer, à l'insu des clients, des groupes de contrôle qui leur permettraient de mesurer régulièrement leur impact sur la vie de leurs clients.

Enfin, les différents acteurs intervenant dans le secteur de la microfinance ont encore un rôle important à jouer, à divers niveaux, pour que ce secteur puisse émerger et contribuer à la réduction de la pauvreté en RDC.

Sans minimiser ni louer le travail que nous venons d'effectuer, en sachant qu'aucune oeuvre humaine n'est ni parfaite, ni exhaustive, vue que la vie nationale d'un pays représente un tout cohérent, nous estimons que le succès et la réussite des solutions préconisées restent tributaire de la volonté politique, de l'implication des décideurs et de la relance de l'économie globale du pays. Nous pensons avoir apporté notre humble contribution aux études relative à la microfinance et au developpement.

58

58

BIBLIOGRAPHIE

1. OUVRAGES

· BARLOTI H. et P.M. HENRY, Pauvreté, progrès et développement, Paris, l'Harmattan, 1990.

· CERISE, « Impact : l'évolution récente des enjeux et outils de l'analyse d'impact », dans Techniques financières et développement, n°70, mars 2003.

· CMIF/ASBL, Analyse de l'instruction n°1 de la Banque Centrale du Congo au IMF, Kinshasa, P.U.K., 2006.

· LEBRET L., Dynamique concrète du développement, Paris, Edition ouvrière, 1967.

· PNUD, La coopération internationale à la croisée des chemins : l'aide, le commerce et la sécurité dans un monde marqué par les inégalités, Paris, RMDH, 2005.

2. NOTES DE COURS RONEOTYPEES

· BOSANGIA P., Ethique chrétienne et déontologie du développement, F.C.K., Faculté d'Economie et Développement, 2006.

· KABANGA D., Questions approfondies d'économie et développement, F.C.K., Faculté d'Economie et Développement, 2008.

· MBAYA M., Conscientisation et développement, F.C.K., Faculté d'Economie et Développement, 2002.

· MUSHI F., Théories de développement, F.C.K., Faculté d'Economie et Développement, 2002.

59

59

3. MEMOIRE

· KITENGE E., Adéquation entre les performances financières et les performances

sociales des institutions de microfinance, UNIKIN, Faculté des sciences économiques et de gestion, 2005-2006.

4. DOCUMENT OFFICIEL

· JOURNAL OFFICIEL DU CONGO, Instruction n°1 aux institutions de microfinance,

numéro spécial, Kinshasa, 2003.

5. RAPPORTS

· BANQUE CENTRALE DU CONGO, Etat des lieux de la microfiance en RDC,

Kinshasa, B.C.C., 2003.

· PNUD, Rapport National sur le développement humain, gouvernance sur le développement humain en R.D.C., Kinshasa, RMDH, 2000.

· RIFIDEC, Rapport annuel des activités 2007, Kinshasa, juillet 2007.

· SENAREC et UPPE-SRP, Etude sur la réduction de la pauvreté dans les communautés de base, Kinshasa, DSCRP Provisoire, Octobre 2004.

6. SITES INTERNET

· www.wikipedia.org

· www.lamicrofinance.org

60

60

7. ENCYCLOPEDIE

· ENCYCLOPEDIE ENCARTA, Economie du développement, U.S.A., Microsoft

études 2007, Microsoft Corporation, 2006.

61

61

TABLE DES MATIERES

0. INTRODUCTION 1

0.1. Problématique et hypothèses de travail 1

0.2. Intérêt du sujet 2

0.3. Méthodologie 3

0.4. Champ d'investigation 4

0.5. Subdivision du travail 4

CHAPITRE PREMIER. CADRE THEORIQUE 5

I.1. Le développement 5

I.1.1. Le développement économique 7

I.1.2. Le développement social 8

I.2. La pauvreté 8

I.2.1. Définition 8

I.2.2. Mesure 9

I.2.3. Profil en République Démocratique du Congo 11

I.3. La microfinance 13

I.3.1. Définition 14

I.3.2. Historique. 14

I.3.3. Tendances 15

I.3.4. La micro finance en République Démocratique du Congo 17

I.3.4.1. Aperçu historique 17

I.3.4.2. Situation actuelle 21

CHAPITRE DEUX. LA COOPERATIVE D'EPARGNE ET DE CREDIT DE LA

COMMUNAUTE EVANGELIQUE DE L'ALLIANCE AU CONGO/MATETE 26

II.1. Historique et situation géographique 26

62

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II.2. Organisation 27

II.3. Ressources financières 29

II.4. Relations avec d'autres institutions de microfinance 29

II.5. Activités 29

CHAPITRE TROIS. DEROULEMENT DE LA RECHERCHE 35

III.1. Population d'enquête et échantillon 35

III. 2. Elaboration du questionnaire 37

III. 3. Administration du questionnaire 38

III.4. Difficultés rencontrées 38

III.5. Dépouillement des données 39

CHAPITRE QUATRE. PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES

RESULTATS 40

IV.1. Activités exercées 40

IV.2. Source de revenu 41

IV.3. Connaissance de la COOPEC CEAC Matete 41

IV. 4. Perception du microcrédit octroyé par la COOPEC CEAC /Matete 52

IV. 5. Suggestions pour améliorer le fonctionnement de la COOPEC CEAC/ Matete 53

CONCLUSION 55

BIBLIOGRAPHIE 58

1. OUVRAGES 58

2. NOTES DE COURS RONEOTYPEES 58

3. MEMOIRE 59

4. DOCUMENT OFFICIEL 59

5. RAPPORTS 59

6. SITES INTERNET 59

7. ENCYCLOPEDIE 60

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo