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à‰tude des mutations dans la gestion de l'élevage bovin (communauté rurale de Guédé village).

( Télécharger le fichier original )
par Sidaty Sow
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master2 en gestion et developpement des espaces ruraux 2013
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (UCAD)

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES (FLSH)

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE MASTER 2 EN ESPACES SOCIETES ET DEVELOPPEMENT.OPTION : GESTION ET DEVELOPPEMENT DES ESPACES RURAUX (GDER)

THEME :

ETUDE DES MUTATIONS DE LA GESTION DE

L'ELEVAGE BOVIN DANS LA MOYENNE

VALLEE DU FLEUVE SENEGAL

(COMMUNAUTE RURALE DE GUEDE-VILLAGE)

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Présenté par : Sidaty Sow

Sous la direction de : Encadrement scientifique :

Alioune Kane Mame Arame Soumaré

Professeur Maitre-assistant

ANNEE ACADEMIQUE : 2012-2013

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SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS :

AI : Aménagement Intermédiaire.

ANACIM : Agence nationale de la climatologie et de la météorologie.

ANSD : Agence nationale de la statistique et de la démographie.

BAD : Banque Africaine de Développement.

BU : Bibliothèque Universitaire.

CADL : Centre d'Appui au Développement Local.

CR : Communauté Rurale.

CONDESERIA : Conseil pour le développement des sciences sociales en Afrique.

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal.

CORAD : Coordination des agro-pasteurs pour le développement.

COPEC : Coopérative d'épargne et de crédit.

ENDA TIERS MONDE : Environnement et développement en Afrique et dans le tiers monde.

ESEA : Ecole Supérieure Economie Appliquée.

EISMV : Ecole Inter-Etats des Sciences Médecines Vétérinaires.

FAO : Organisation des nations unies pour l'alimentation et la nourriture.

FONSTAB : Fond d'appui à la stabulation.

GIE : Groupement Intérêt Economique.

GDER. : Gestion et développement des espaces ruraux

GA : Grand Aménagement.

IRD: Institut de Recherché pour le Développement.

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OMD: Objectif du Millénaire pour le Développement.

OMS : Organisation Mondiale de la Santé.

OMVS: Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal.

ONG : Organisation Non Gouvernementale.

PLHA: Plan Local Hydraulique et Assainissement.

POAS : Plan d'occupation et d'affectation des sols.

PIP: Périmètre irrigué privé.

PIV : Périmètre irrigué villageois.

PAPEL : Programme d'appui pour le développement de l'élevage.

SDEL : Service Départemental de L'élevage.

UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

UBT : Unité Bête Tropicale.

ZAPA : Zone à priorité agriculture.

ZAPE : Zone à priorité d'élevage.

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AVANT-PROPOS

L'élevage est une activité économique qui existe toujours dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, à coté des activités telles que l'agriculture, la pêche et le commerce. Il est pratiqué par tous les groupes sociaux vivants, dans la moyenne vallée. Il demeure l'activité principale de l'ethnie peulh, qui a un lien historique et culturel avec le bovin, faisant d'elle un peuple réputé voyageur, pour ses déplacements d'une zone à l'autre, à la recherche de pâturage et d'eau.

Après des décennies de politiques coloniales, marquées par la construction de forages, dans le jeeri, afin de fixer les éleveurs et de les contrôler, pour le paiement des impôts à la métropole française, et l'expansion hydro-agricole actuelle, l'accès du cheptel à la zone humide, en saison sèche, devient très difficile. Mais, l'élevage maintient présentement son développement dans la vallée du fleuve Sénégal, même si les politiques de l'Etat sont visiblement favorables à une agriculture moderne. Ainsi, pour se maintenir solidement dans la vallée, les éleveurs ont apporté des innovations dans la pratique de leur activité, en s'ouvrant de plus en plus vers d'autres types de l'élevage.

Cependant, l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village, est un exemple solide, qui révèle des innovations dans sa pratique, dans un contexte de changement environnemental, socio-économique, régnant actuellement dans cet espace géographique.

Ainsi, notre étude des mutations dans la gestion de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé village, est facilitée par un stage que l'institut de recherche pour le développement (IRD) nous a accordé au laboratoire LPED (Laboratoire Population, Environnement et Développement). Il a été financé par le projet ANR-ESCAPE (ANR-10 CEPL-005).

Ce stage est l'oeuvre de Mame Arame Soumaré, à qui nous témoignons notre gratitude pour les gros efforts qu'elle a fournis afin de nous mettre dans de très bonnes conditions de travail au sein de l'IRD, mais aussi son sens de rigueur dans la recherche.

Nous exprimons notre reconnaissance à l'ensemble du corps professoral du département de Géographie, qui nous a formé et accompagné au cours de notre formation universitaire.

Nous remercions nos parents descendants de Samba Sogui et de Sogni Bineta à Bellynamary, qui n'ont jamais cessé de formuler des prières pour notre réussite.

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A nos tuteurs à Ndombo, Saint Louis et Dakar, nous vous témoignons notre reconnaissance.

Nous remercions nos camarades du département de géographie et amis avec qui, nous avons partagé le cursus scolaire ; à Amadou Diop, Abdou Ba, Mamoudou Ndiath, Djiby Sam, Mamadou Moustapha Diallo, Bokara Sy, Mouhamed Ndiaye, Ousseynou Diop, Khady Mbengue, El hadji Badiane, Mamour Fall, El hadji Taye et Mamadou Ngom.

A mes collègues stagiaires à l'IRD ; à Cheikh Tine, Tamsir Faye, Alioune Goudiaby, Jean charles Turpin, Jean Paul Diaga Faye, Djiby Ndong, Abou Diallo.

A monsieur Yoro Diaw, inspecteur départemental de l'élevage à Podor, qui nous a fourni beaucoup d'information sur l'élevage ; nous vous remercions chaleureusement.

Nous témoignons notre reconnaissance à Abdoulaye Racine Hann, agro-pasteur à Khodith qui nous a facilité l'exploration de son système de production de l'élevage bovin.

Ce travail est dédié à notre père Oumar Sow et mère Khardiata Sow qui nous ont toujours appuyé, mais aussi à toute la famille de Cheikhna Cheikh Sadibou Aidara de Nimzatt, pour les prières formulées à notre égard.

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INTRODUCTION GENERALE.

L'élevage est une activité économique de grande taille au Sénégal de par les produits laitiers et de viande qu'il procure. Il participe à hauteur de 7,5% du PIB national et 35% de la valeur ajouté du secteur agricole, selon les statistiques de la direction de l'élevage. La pratique de l'élevage préoccupe 13% de la population sénégalaise et constitue la principale activité de l'ethnie peulh, présente dans toutes les régions du Sénégal, avec un cheptel composé de bovins, d'ovins et de caprins. Ce système est globalement de type pastoral, avec des déplacements saisonniers ou périodiques suivant des itinéraires de transhumance, bien maitrisés dans l'espace à la recherche de pâturages. Ainsi, les ressources naturelles (eaux, végétation) régissent généralement l'élevage sénégalais. De ce fait, l'état de ces ressources naturelles influe sur la pratique de cette activité agricole.

Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, malgré le choix politique de l'Etat d'une zone à vocation d'une agriculture irriguée, la pratique de l'élevage reste une activité économique développée par les populations. Le cheptel est estimé dans le département de Podor en 2012, à 1021270UBT et concerne 36% de la population, d'après les statistiques du service départemental de l'élevage (SDEL, 2013). Dans la zone waalo, l'élevage est pratiqué avec l'agriculture et par tous les groupes sociaux. Il constitue la seule source de revenus des populations essentiellement peulh, dans le jeeri.

Par ailleurs, les mutations liées à l'accroissement de la population, aux besoins en terme de nourriture et d'espace, et à des politiques d'aménagements ; telles que les installations hydro-agricoles sont sources de changements environnementaux et socio-économiques influents sur la pratique de l'élevage actuel. Ces influences se traduisent par des bouleversements dans le mode d'accès aux ressources eaux et pâturages.

Néanmoins, les éleveurs s'intègrent dans cette nouvelle configuration spatiale de la moyenne vallée et continuent à pratiquer l'élevage en innovant la prise en charge du bétail. Ainsi, le système de l'élevage bovin pour diversité et de son enjeu socio-économique, dans la communauté rurale de Guédé-village, constitue une parfaite illustration d'une nouvelle dynamique de l'élevage, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, à travers une évolution dans sa pratique, par les populations agricoles. Il soulève des interrogations sur :

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? Le système actuel de production de l'élevage bovin ;

? Les changements intervenus dans la gestion de l'élevage bovin ;

? Les effets des mutations relatives à la gestion de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village.

Nous allons essayer de répondre à ces questions dans la deuxième partie de notre travail de recherche (TER), après une étude explicite des potentialités naturelles, humaines et socio-économiques de notre périmètre de recherche, dans la première partie.

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I. PROBLEMATIQUE. 1. Contexte d'étude.

La gestion actuelle de l'élevage bovin dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal (communauté rurale de Guédé-village) se pose dans un contexte environnemental, socio-économique et politique nouveau. En effet, le système de production agricole traditionnel de la vallée du fleuve Sénégal est aujourd'hui modifié suite à la nouvelle configuration spatiale relative aux aménagements hydro-agricoles modernes. La vie dans vallée du fleuve Sénégal fut longtemps rythmée par le système « agro-halio -pastoral », complémentaire dépendant de la crue du fleuve et des précipitations en hivernage (P. Pélissier, 1966). Ainsi, l'élevage basé sur la transhumance entre le waalo et le jeeri, bénéficiait de la vaine pâture des champs de décrue et ces derniers étaient fertilisés par les déjections des troupeaux pour un bon rendement. De ce fait, l'accès des troupeaux dans les champs du waalo était permis et souhaité par les agriculteurs qui vivaient en parfaite harmonie avec les éleveurs.

Présentement, l'agriculture devient une activité quotidienne dans la vallée du fleuve, suite à la maitrise de l'eau du fleuve, par la construction des barrages de Diama et de Manantali. Par des systèmes modernes de canalisations, de grandes exploitations agricoles avec des types de cultures variées, sont irriguées.

La complémentarité entre agriculteur et le pasteur à la recherche de pâturage est de ce fait bouleversée par cette nouvelle dynamique hydro-agricole, hostile à toute activité pastorale, dans les périmètres irrigués. En effet, les agriculteurs utilisent actuellement des engrais chimiques pour fertiliser les sols afin de maximiser leurs productions agricoles. Ainsi, l'élevage pastoral dans la zone waalo, est aujourd'hui réduit aux parcours de bétail et aux zones non cultivées.

Sur le plan politique, l'option de l'Etat du Sénégal dans son programme de développement agricole, n'est pas favorable à l'élevage dans la vallée du fleuve où il mise beaucoup l'autosuffisance rizicole. En effet, l'Etat accompagne techniquement les agriculteurs par la Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta et de la Falémé (SAED) et financièrement par la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS), pour une bonne production agricole. Par contre, aucun programme gouvernemental favorable à l'intégration de

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l'élevage dans les périmètres irrigués, n'est mis en oeuvre. L'Etat du Sénégal encourage plutôt la concentration des éleveurs dans le jeeri, par les constructions de forages pastoraux.

L'autre facteur de mutation de l'élevage bovin est lié au nouveau profil de l'éleveur peulh. En effet, avec l'aménagement hydro-agricole de la vallée, des éleveurs se sont mis à la culture irriguée (Santoir Christian, 1995). Plusieurs d'entre eux ne sont plus des nomades et se fixent dans des gros villages, à l'image de Dioundou-décollé et de Diambo-diaobé qui s'urbanisent de plus en plus. Cette vie sédentaire d'éleveurs dans la partie waalo, s'accompagne aussi d'infrastructures de base (école, case de santé, mosquée, boutique) modernisant ainsi, la vie de cette population. Elle influe déjà sur sa relation avec le bétail.

Au niveau du jeeri, l'éleveur s'est plus ou moins sédentarisé autour des forages d'où une transhumance faiblement orientée vers le waalo ; autrefois lieu de refuge des troupeaux en saison sèche.

Ces facteurs d'ordre socio-spatial et environnemental qui font que l'accès aux pâturages devient de plus en plus difficile pour le pasteur, ont abouti aux changements dans la gestion de l'élevage ; particulièrement de l'élevage bovin, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal.

2. Justification du sujet d'étude.

Le choix de notre sujet sur l'étude des mutations de la gestion de l'élevage bovin, est le fruit de notre volonté de connaitre les changements environnementaux et sociaux, en vigueur dans les espaces ruraux et qui sont relatifs aux systèmes de production agricole.

Le thème demeure aussi une problématique de la géographie rurale, qui a connu des évolutions dans son approche d'étude. En effet, « la géographie rurale était une géographie agraire ; elle s'intéressait particulièrement aux paysages agraires dont on étudiait deux composantes : la morphologie agraire et l'habitat », Bailly .A (2001). De ce fait, l'étude de cette branche était fondée sur la description des paysages agraires. Aujourd'hui, avec le nouveau parcours que mène la géographie humaine, ainsi que les mutations et enjeux du monde rural, la géographie rurale s'est libérée de la monographie et des composantes de l'espace rural. Elle devient une branche de la géographie, dont l'objet est l'étude des rapports entre le peuplement, les ressources naturelles et les activités dans un espace rural.

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Notre sujet est dans une logique de la nouvelle géographie rurale puisqu'il nous renseigne non pas seulement sur la morphologie et l'habitat, mais il nous fournit des informations sur l'élevage bovin dans un espace rural.

Enfin, il reste un sujet pratique de notre spécialité d'étude en gestion et développement des espaces ruraux (GDER).

3. Etat de l'art

3.1 Discussion des concepts

Dans cette partie, il s'agit de faire une analyse des mots clés, pour bien élucider la question posée, qui porte sur l'étude des mutations dans la gestion de l'élevage bovin, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, à l'échelle de la communauté rurale de Guédé-village. Le dictionnaire de la géographie de Pierre George et le dictionnaire Universalis (2011), nous ont servi de supports d'analyse de ces concepts.

La gestion renvoie à l'art de gérer (Universalis 2011). Il est donc l'ensemble des pratiques sur lesquelles un individu ou un groupe s'entend préserver, exploiter et utiliser ses ressources.

Les mutations sont définies comme l'ensemble des transformations ou des changements intervenus.

En résumé, les mutations dans la gestion de l'élevage bovin désignent les changements intervenus dans la pratique de l'élevage bovin, étudiés à l'échelle de la communauté rurale de Guédé-village. Cette dernière est une collectivité locale promulguée par la loi 72-02 du 11-021972, dans le cadre de la politique de l'Etat du Sénégal de la décentralisation.

3.2 Discussion des théories

Notre thème de recherche qui porte sur l'élevage bovin, est l'objet de réflexions et de discussions dans des approches géographiques, sociologiques, économiques et agronomiques .Il a intéressé les décideurs politiques et des chercheurs. C'est le cas au Sénégal, particulièrement dans la vallée du fleuve où beaucoup d'études ont été portées sur l'élevage pastoral. Ces études, varient en ouvrages généraux, articles scientifiques, présentés à des colloques le plus souvent mais aussi, des thèses et mémoires en géographie. Parmi ces documents on peut citer :

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« La carte de l'élevage pour le Sénégal et la Mauritanie » de François Bonnet Dyperon. Effet, cet ouvrage qui date 1951, nous fait une présentation de l'élevage. Il nous donne tous les éléments descriptifs de l'élevage pastoral au Sénégal : son histoire, le système de production dans le passé, avec des cartes de localisation à l'appui. Ainsi, ce document à l'heure actuelle, nous permet d'analyser et d'apprécier l'évolution de l'élevage pastoral dans la moyenne vallée du Sénégal de, 1951 à nos jours.

Faire une revue documentaire sur l'élevage pastoral dans la vallée du Sénégal, sans citer les oeuvres multiples de Christian Santoir, peut être synonyme d'une compréhension limitée du sujet ; vu les productions scientifiques qu'il a fourni sur l'élevage dans la vallée du fleuve Sénégal. Parmi ses travaux on a : « l'espace pastoral dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal » en 1979, « Décadence et résistance du pastoralisme : les peulh de la vallée du fleuve Sénégal » en 1994, « Raison pastorale et politique de développement : les peulh face aux aménagements » en 1983, « une ressource durable : l'élevage chez les villageois du Fouta (vallée du fleuve Sénégal) » en 1997. Ainsi, à travers ces travaux de Christian Santoir, nous avons eu connaissance de l'élevage, particulièrement sur le système pastoral des peulh éleveurs dans notre zone d'étude. Il n'a cessé de présenter et d'expliquer l'évolution relative à la pratique de cette activité, dans la vallée du Sénégal. En effet, dans sa présentation de l'évolution de l'élevage, l'auteur montre que la pratique de l'élevage dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, qui depuis longtemps est considéré comme moyen de subsistance des éleveurs, était basée sur une complémentarité des ressources entre le waalo et le jeeri. En saison des pluies, les éleveurs de la vallée, remontaient dans le jeeri où le pâturage était abondant, et revenaient dans le waalo en saison sèche du fait de la rareté du pâturage pendant cette période de l'année. Aujourd'hui, la valorisation agricole, fruit de la maitrise de l'eau du fleuve, ajoutée à l'irrégularité des précipitions, a profondément bouleversé le système waalo /jeeri. De ce fait, l'éleveur a deux choix : changer son système d'élevage ou sortir de cette zone, du fait que la politique de l'Etat est en faveur de l'agriculture irriguée.

De même, le document de Jean Schmitz intitulé : « évolution contrastée de l'agro-pastoralisme. » publié en 1995, nous apprend sur l'orientation actuelle de l'élevage pastorale. Aujourd'hui, dans la vallée avec le développement de la culture irriguée, beaucoup d'éleveurs sont impliqués dans l'exploitation agricole qui modifie le pastoralisme dans cet espace. On parle de l'agro-

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pastoralisme dans la vallée qui révèle une fixation définitive de nombreux éleveurs dans le waalo avec une nouvelle formule de satisfaction du bétail (son de riz, drèches de tomates etc.). D'après l'auteur, les résidus de récolte ne pouvant satisfaire qu'une partie des besoins du bétail, les éleveurs ont tendance à diviser leurs familles en deux : une partie chargée de l'exploitation agricole et l'autre chargée de conduire le bétail aux pâturages.

L'ouvrage de Crousse Bernard et al intitulé « espaces disputés en Afrique Noire : les pratiques foncières locales », publié en 1986, présente les problèmes fonciers en Afrique Noire. Il nous explique les enjeux fonciers qui se caractérisent dans cet espace de l'Afrique, par des logiques différentes entre acteurs de la terre. Il s'agit d'un débat autour de l'organisation et de l'exploitation de la terre qui est en question, dans cette étude dont l'élevage pastoral constitue un sujet essentiel.

L'ouvrage de Philipe Delville Lavigne et al « gérer le foncier en Afrique de l'ouest : dynamiques foncières et interventions publiques », illustre la dynamique foncière dans cette partie de l'Afrique. L'intervention dans l'espace aujourd'hui en Afrique se traduit par de nouvelles configurations où, « L'accès et le contrôle de l'espace devient de plus en plus conflictuels et tendent à reposer sur des stratégies d'exclusion et non de complémentarité entre activités ». En effet, dans plusieurs contrées en Afrique de l'Ouest, comme dans la vallée du fleuve Sénégal, l'organisation de l'espace était fondée sur la complémentarité entre les différentes activités telles que l'élevage, l'agriculture et la pêche. Cette politique était source de cohésion sociale entre ethnie où chacun pratiquait ses activités en fonction des dispositions réglementaires prises autour du terroir commun.

Par contre, dans les options prisent par le Sénégal visant l'autosuffisance alimentaire, l'agriculture, favorisée est valorisée au détriment de l'élevage. L'agriculture est considérée comme seule source de mise en valeur au Sénégal, selon la loi sur le domaine nationale. Ainsi, l'espace pastoral se rétrécit au bénéfice des exploitations agricoles, qui augmentent leurs surfaces cultivées. Cette dynamique foncière qui pousse les éleveurs dans le ferlo du Sénégal de parler « de la divagation des champs », sur leurs terroirs d'élevage est source de conflit entre acteurs de l'espace rural, Le Roy. E et al (1996).

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Notre thème de recherche est aussi un sujet de réflexion dans nos universités, à travers des mémoires et des thèses. Parmi ces réflexions qui concernent notre zone d'étude, on peut citer :

La thèse de Cheikh Ba en 1982 intitulée : « les peul du Sénégal ; étude géographique », nous fait une présentation géographique des sociétés peulh, ainsi que l'activité de l'élevage pastoral à laquelle ils s'identifient. Ainsi, c'est un document d'analyse de l'élevage pastorale. Il parle de la répartition géographique des peulh, leur système d'élevage pastoral, leur genre de vie et les menaces qui pèsent sur ce système face aux mutations spatiales relatives à l'expansion agricole. Ce peuple dispersé partout en Afrique, maitrise les espaces, par le système de transhumance.

Mame A .Soumaré en 1997, dans sa thèse intitulée : « Evolution des systèmes de production agro-pastoraux dans la moyenne Vallée du fleuve Sénégal (Rive gauche) : Approche géographique », nous informe sur les mutations admises dans cette zone, suite à la maitrise de l'eau du fleuve par la construction du barrage de Diama. Elle note une évolution de l'agriculture et de l'élevage qui étaient fondés sur des mouvements d'échange et de complémentarité des activités entre le waalo et jeeri. Avec la nouvelle forme d'exploitation des terres de la vallée, l'intégration de l'élevage dans la partie waalo devient de plus en plus compromise, même si beaucoup d'éleveurs après la récolte s'investissent sur l'achat du bétail, surtout les petits ruminants, comme le mouton qu'ils prennent en charge, grâce aux résidus de récolte.

Abou Diallo (2010/2011) dans son mémoire de Master II intitulé : « La variabilité temporelle des précipitations de 1941 à 2010 et son impact sur le milieu agro-pastoral : le cas de la communauté rurale de Guédé Village (Podor) », est une étude qui porte sur notre périmètre de recherche. Ainsi, après avoir analysé les précipitations dans cette zone de 1941 à 2010, l'auteur nous informe sur les effets induits par les variations pluviométriques sur le milieu agro-pastoral. En effet, la faiblesse de la pluviométrie, dans cette partie du Sénégal est synonyme d'une fragilité de l'activité pastorale. Par conséquent, d'après l'auteur, les éleveurs ne pouvant plus satisfaire le cheptel en fourrages sont obligés de rallier le ferlo et même le bassin arachidier, à la recherche de pâturage suffisant pour le bien être du bétail.

En somme, les études qui ont été faites sur l'élevage dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal sont nombreuses et datent de la période coloniale à nos jours. Elles peuvent être situées en deux périodes:

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? la période coloniale ;

? l'époque des aménagements hydro-agricoles.

Les réflexions anciennes (période coloniale) sur cette pratique de l'élevage, étaient le plus souvent limitées à une description du système de l'élevage. La relation basée sur des échanges et de complémentarité entre agriculture et élevage a été mise aussi en exergue dans les études anciennes. Ainsi, durant cette période, après la récolte des cultures de décrue dans le waalo, les animaux venaient chercher de la vaine pâture et enrichissaient les champs en fumure. Agriculteurs et éleveurs échangeaient sous forme de troc les produits laitiers et les produits de récolte comme le mil. L'éleveur durant cette période, par des mouvements saisonniers entre le waalo et le jeeri, arrivait à prendre en charge son troupeau, sans provoquer de heurts à l'endroit des agriculteurs.

Par ailleurs, les nouvelles études sur l'élevage pastoral, qui coïncident avec les aménagements hydro-agricoles ont donné un visage nouveau à l'élevage pastoral, dans la vallée du fleuve Sénégal. Il s'agit des problématiques qui cherchent à comprendre l'état, le sort et la stratégie actuelle du système pastoral, dans un contexte de mutations agricoles en vigueur. En effet, le Sénégal a concrétisé la politique coloniale qui avait entamé le projet de l'aménagement de la vallée, afin d'être une zone à vocation agricole. Désormais, avec la construction du barrage de Diama, l'agriculture est devenue une activité quotidienne des populations du waalo, avec des systèmes d'irrigation moderne tout le long du fleuve. L'Etat opte la valorisation de l'agriculture irriguée à grandes échelles, pour réussir sa politique d'autosuffisance alimentaire en riz. Ainsi, les programmes de l'Etat de soutien au développement dans la vallée, sont globalement relatifs au développement de l'agriculture irriguée. Pour beaucoup d'études, le soutien à l'élevage se résume en aliment de bétail, campagne de vaccination. Ainsi, les éleveurs qui, après la récolte revenaient dans les berges du fleuve, pour la vaine pâture des cultures de décrue, se replient le plus souvent vers le ferlo, pour trouver la quantité de pâturages nécessaires à l'alimentation de leur bétail. Ainsi, avec le développement de la culture irriguée, la zone waalo ne peut plus contenir le cheptel, dans ses périmètres. Il faut aussi noter que cette perte de pâturages dans le waalo, s'accompagne d'un rétrécissement de l'espace pastoral, d'où la récurrence des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Par contre, il est important de souligner l'implication des éleveurs dans l'agriculture irriguée, dans ces études. Cette implication est accentuée par les dommages

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causés par les périodes de sécheresse qui se sont succédé, dans cette partie du Sahel. En effet, beaucoup d'éleveurs font de l'agro-pastoralisme en investissant les revenus des récoltes pour l'achat de petits ruminants. D'autres, adoptent la division de la famille en deux : une partie chargée des exploitations agricoles et l'autre qui amène le bétail aux pâturages.

Les études faites sur l'élevage que nous avons présenté ci-dessus, sont pour la plupart des recherches généralisées et anciennes. Au regard des aménagements hydro-agricoles au profit de l'agriculture, l'élevage reste néanmoins une activité présente et vivante dans la moyenne vallée du Sénégal. De ce fait, il serait intéressant de comprendre l'actuel mode de gestion de l'élevage. Par conséquent, notre sujet qui porte sur l'étude des mutations dans la gestion de l'élevage bovin dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal (communauté rurale de Guédé-village), va contribuer à la connaissance des évolutions dans la gestion des troupeaux bovins en cours, dans la moyenne vallée du Sénégal.

4. Objectifs

Les objectifs sont d'ordre général et spécifique. 4.1 L'objectif général.

L'objectif général de cette étude est de comprendre les changements intervenus dans la gestion des troupeaux bovins, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, particulièrement dans la communauté rurale de Guédé-village.

4.2 Les objectifs spécifiques.

Les objectifs spécifiques s'articulent à :

? montrer les particularités physiques, humaines et économiques de la communauté rurale de Guédé-village ;

? connaitre les innovations dans le système de production et de reproduction de l'élevage bovin ;

? voir l'impact des mutations dans la gestion de l'élevage bovin.

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Ainsi, pour atteindre nos objectifs, il est nécessaire de dégager des hypothèses qui sont des réponses à priori à notre problème de recherche.

5. Hypothèses

Les mutations dans la gestion de l'élevage bovin dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal (communauté rurale de Guédé-village), s'articulent autour des hypothèses suivantes :

? L'achat de vaine pâture, des aliments de bétail et le développement de cultures végétales, sont les nouvelles sources d'alimentation propres à la zone waalo.

? L'insémination artificielle, l'achat de taureau bon géniteur, constituent des actions novatrices concernant la transformation de la race bovine et la reproduction animale.

? L'accès aux crédits agricoles, la professionnalisation du commerce des produits laitiers et le réinvestissement des revenus agricoles sur le bétail, sont aussi des innovations dans l'exploitation du cheptel bovin.

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II. METHODOLOGIE.

Notre méthodologie est conçue autour de la recherche documentaire, le travail de terrain et le traitement des données par des outils informatiques.

1. La recherche documentaire.

Cette étape de notre recherche consiste d'abord à des consultations d'ouvrages généraux, dans lesquels l'élevage constitue le thème principal. Il s'agit d'ouvrages trouvés :

À la bibliothèque centrale de l'Université Cheikh Anta Diop (BU),

Au centre de documentation de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), À la bibliothèque de l'Ecole Inter-Etats des Sciences Médecines Vétérinaires (EISMV) À la salle multimédia de l'ENDA tiers monde ;

À la bibliothèque du Conseil pour le Développement des Sciences Sociales en Afrique(CODSRIA) ;

À la bibliothèque de l'Ecole Supérieure d'Economie Appliquée ; ex Ecole Nationale de l'Economie Appliquée (ENEA).

Des thèses, des mémoires en géographie qui traitent de l'élevage surtout dans la vallée et particulièrement l'élevage dans la CR de Guédé-village, ont été consulté à la salle de travail du département de Géographie de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et à la Bibliothèque centrale. Ils nous ont servi à mieux connaitre notre terrain de recherche et nos cibles.

En outre, des documents qui font l'objet de programme ou plan de développement d'élevage ; des rapports d'évaluation annuelle sont aussi consultés. Ils sont trouvés au service départemental de l'élevage, au ministère de l'élevage, à la maison des éleveurs du Sénégal, à la délégation de la SAED /Podor. Ces documents ont permis de comprendre les politiques gouvernementales et non gouvernementales d'appui au développement d'élevage, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal.

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Des articles relatifs à notre thème dans la vallée alluviale du fleuve Sénégal, sont aussi traités et publiés via Internet et ont servi à une large connaissance de la question étudiée.

2. La recherche sur le terrain.

Cette étape fondamentale de la collecte s'est faite d'abord sur le terrain en deux phases. La première nous a permis d'explorer le terrain et de nous entretenir avec des personnes ressources et des éleveurs. Dans la seconde étape, nous avons mené des enquêtes auprès des institutions dont les activités et politiques sont liées à l'élevage bovin.

Pour bien réussir cette collecte d'information relative à notre problématique de recherche, nous avons adopté les méthodes suivantes :

2.1 L'interview semi structurée.

Elle a pour cible le sous préfet, le président de la communauté rurale, des chefs de villages, l'inspecteur départemental de l'élevage, le chef du centre d'appui au développement local, le délégué général de la SAED de Podor, l'agent des eaux et forets, les agents des institutions financières des éleveurs.

2.2 Les enquêtes ménages

Il s'agit des entretiens et des focus groupes avec des pasteurs et des agro-pasteurs ; des organisations de producteurs en matière de l'élevage bovin et des associations de développement de l'élevage. Ces méthodes ont ciblé toutes les zones géographiques de la communauté rurale malgré les difficultés de transport. Elles ont obéit aux critères suivants :

? L'importance de l'élevage bovin dans le terroir,

? La dynamique des mutations de l'élevage bovin et l'enjeu des activités agricoles dans la localité ;

? Les disparités physiques et sociales entre terroir du waalo, jeeri et du jejeengol.

2. Le traitement des données

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Les données quantitatives ont été traitées par le logiciel Excel, notamment les calculs des pourcentages et des moyennes, ainsi que l'élaboration des graphiques et des tableaux. Le logiciel ARC-GIS a été utilisé pour la confection des cartes.

ETUDE DES POTENTIALITES DE LA
COMMUNAUTE RURALE DE GUEDE-VILLAGE.

PREMIERE

PARTIE

20

21

Dans cette première partie, il s'agit de faire une présentation géographique de la zone d'étude, son cadre physique (positon géographique, géologie, l'hydrographie, la pédologie, la végétation et le climat), humain (peuplement, localités, aspects sociaux-culturels) et d'analyser les systèmes de productions agricoles (agriculture, élevage, pêche) ainsi que les services sociaux de base.

Cette partie est scindée en 4 chapitres :

? analyse des facteurs physiques de la CR de Guédé-village.

? Etude de l'occupation humaine de l'espace communautaire de Guédé-village.

? Les systèmes de productions agricoles.

? Diagnostic des services sociaux de base dans la CR de Guédé-village.

22

Carte 1 : Localisation de la CR de Guédé-village

23

CHAPITRE I : ANALYSE DES FACTEURS PHYSIQUES.

Notre zone d'étude appartient géographiquement à la moyenne vallée du fleuve Sénégal qui s'insère dans la partie sud du Sahel. C'est une zone à faibles précipitations avec une alternance de saison humide et de saison sèche.

Elle correspond administrativement à la communauté rurale de Guédé-village, et est située entre la latitude 16°41nord et 16°nord et la longitude 15°11ouest et 16°ouest.

Elle couvre une superficie de 1511,9 km2 ; soit 11 ,5% de la superficie totale du département de Podor.

Elle est limitée :

Au nord par le fleuve Sénégal,

Au sud par la communauté rurale de Tessekéré-forage,

À l'ouest par la communauté rurale de Ndiayéne-Pendao, À l'est par la communauté rurale de Gamadji-Saré.

Ainsi, la communauté rurale de Guédé-village fait partie des dix (10) communautés rurales que compte le département de Podor et appartient à l'Arrondissement de Gamadji-Saré. Ce dernier regroupe trois (3) communautés rurales (Guédé-village, Gamadji-saré, Dodel).

I. ETUDE GEOLOGIQUE DE LA CR DE GUEDE-VILLAGE.

1. Evolution géomorphologique.

La structure géomorphologique actuelle de la vallée du fleuve Sénégal est le résultat d'un long processus entamé depuis le quaternaire ancien. En effet, le creusement de la vallée par le fleuve Sénégal date du quaternaire ancien, (Wane A, 2009).

C'est au cours du quaternaire récent que les différentes unités géomorphologiques qui ont donné actuellement à la vallée une topographie basse et diversifiée se sont individualisées. Ainsi, le bassin versant du fleuve Sénégal qui intègre notre périmètre de recherche, présente de roches de nature et d'âge différentes qui se sont remodelées dans le temps et dans l'espace, sous l'effet

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combiné des variations climatiques et des variations du niveau marin. Elles se caractérisent par des cycles de dessèchements et d'inondations, des cycles d'érosion alluviale et de dépôts alluvionnaires.

De ce fait, les dunes, les cordons littoraux, les dépressions, le glacis sableux et les terrasses ferrugineuses constituant la structure géologique actuelle de la vallée du fleuve Sénégal, sont l'aboutissement d'alternance de mouvements régressifs et transgressifs, qui se sont longuement succédé dans cet espace.

2. Les caractéristiques du relief.

Le paysage actuel de la vallée du fleuve Sénégal appartenant au bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien est assez homogène. En effet, il se distingue par un relief plat qui est généralement inferieur à100m d'altitude. Ainsi, selon P. Michel (1973), l'évolution géomorphologique présente les unités géomorphologiques suivantes :

Un cordon dunaire de la zone non inondable (jeeri) d'orientation NNE-SSW .Ces dunes sont aussi appelées dunes ogolienne du fait de leur étage supérieur. Elles se présentent en couleur rouge, brun rouge, orange grâce à l'effet de l'oxyde de fer. Les terrasses Nouackchottiens qui sont de bas glacis, désignant de modelés de formations de transitions entre la partie inondable (waalo) et la partie non inondable (jeeri).Ces unités géomorphologiques sont rarement inondées par la crue du fleuve. Ces formations sont désignées sous l'appellation jejeengol ;

Les levées anciennes ou fondé, constituent des bourrelets de berge, édifiés par le fleuve. Elle date de la période tchadien ;

Les levées récentes ou diacré, sont des formations subactuelles et actuelles issues des sapements des levées, qui gainent les lits du fleuve Sénégal et de ses affluents ;

Les cuvettes de décantation ou hollaldé, sont issues en contrebas des hautes levées et occupent de grandes superficies.

Ainsi, la CR de Guédé-village a un relief peu accidenté et se caractérise par une topographie plane, légèrement entrecoupée de dunes, dans la partie non inondable et de dépressions.

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L'existence d'un relief homogène et plat dans l'ensemble, favorise son aménagement hydro-agricole et facilite les mouvements des populations humaines et animales.

II. Etude des potentialités pédologiques et hydrauliques.

1. Les types de sols et leur rôle dans le développement de l'agro-pastoralisme.

La structure pédologique de la vallée du fleuve Sénégal n'est pas homogène. Les types de sols se différencient d'une zone à l'autre .Ainsi, quatre (4) types de sols sont identifiés, selon leur structure et leur texture (OMVS, FAO 1973) :

Le hollaldé : il s'agit de sols hydro-morphes, situés dans les petites levées et les cuvettes de décantation. Ce type de sol est de 50% à 75% argileux (sols argileux), occupe la zone inondable de la communauté rurale de Guédé-village ; dans sa rive avec le fleuve Sénégal et le Doué, mais aussi 9700 hectares, soit 6,5% de la communauté rurale de Guédé-village, est occupée par ce type de sol.

Le faux hollaldé : il est argileux-limoneux avec une teneur de 30 à 50% (sols argileux-limoneux). Il est aussi présent dans la partie nord de la communauté rurale ; dans les zones de Guia et de Khodith.

Il faut noter que ces types de sols (hollaldé et faux hollaldé) sont favorables à la riziculture. De ce fait, les zones où ils prédominent sont de vastes casiers rizicoles s'étendant à perte de vue. Ces types de sols reflètent aussi une zone à prédominance agricole avec des aménagements hydro-agricoles modernes.

Le fondé : il est constitué de sols de sables fins et de limons. Il est caractérisé par une teneur en argile faible (sols limoneux). Il prédomine la zone de transition entre la partie waalo de la communauté rurale et le jeeri (jejeengol), soit une superficie de 11600 hectares (7,7% de la communauté rurale).

Il est favorable à la polyculture ; d'où l'importance de productions agricoles diversifiées telles que, l'ognon, tomate, patates, etc.

Les sols sableux ou sols Dior : ils caractérisent la partie jeeri, sur une superficie de 116100 hectares. La teneur en argile y est presque inexistante. Ils contiennent 80 à 90% de sable (sols

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sableux). Il s'agit donc de sols meubles, fragiles et dénudés et qui s'exposent à l'érosion éolienne. Ils font l'objet d'une pratique de culture pluviale, avec des variétés de culture comme le mil, le niébé, le maïs et les pastèques. Les sols présents dans la communauté rurale de Guédé-village ont des atouts dans l'exploitation de produits agricoles variés, surtout dans la partie waalo, où ils sont arrosés par les eaux de surface.

Carte 2 : Les types de sol de la Cr de Guédé village

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28

2. La distribution du réseau hydrographique et son enjeu socioéconomique.

Notre périmètre de recherche dispose des eaux de surfaces et des eaux souterraines. Les eaux de surfaces présentent quatre (4) sources qui sont :

· Le fleuve Sénégal qui traverse la communauté rurale de Guédé-village dans sa partie Nord, sur une longueur de 28Km ;

· Le Doué, bras du fleuve Sénégal constitue la limite sud de l'Ile amorphile. Il a une longueur de 33 km ;

· Le Gayo, affluent du fleuve Sénégal est présent sur environ 16Km ;

· Le Ngalenka est un canal long de 6km creusé par la Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta et de la Falémé (SAED), dans son programme d'appui au développement de la culture irriguée des terres de la vallée.

Ce réseau hydrographique fort dans la partie waalo de la communauté rurale, offre des potentialités pour un développement agricole dynamique et bénéfique à la population vouée à l'agriculture irriguée.

Des mares temporelles (bélli) fonctionnent pendant la saison des pluies et peuvent parfois rester inondées 1à 2 mois après la saison des pluies (Novembre, Décembre), dans les environs de Biddi, Maffré et de Gawdé-Boffé ; elles assurent l'abreuvement du bétail en période pluvieuse (Nduggu).Celles ci reposent les éleveurs des paiements d'eaux aux forages pour l'abreuvement des cheptels pendant 3mois.

Puits et forages sont les autres sources d'eaux. Ils sont alimentés par un système de nappe d'eau profonde composé de :

· Maestricien (10 à 25m) ;

· Du Paléocène où l'eau douce se situe entre 100 à150m ;

· Du continental terminal de 15à50m (OMVS, 2007).

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Les eaux souterraines sont exploitées dans la zone du jeeri, à cause du manque d'eau et l'importance du cheptel, dans cette partie de la communauté rurale.

La distribution du réseau hydrographique, a crée de disparités entre la partie waalo bien arrosée par les cours d'eaux ,toute l'année et un jeeri où les conditions d'accès à l'eau sont très pénibles, nécessitant parfois de longs trajets quotidien des populations à la recherche de l'eau.

Le réseau hydrographique dans la Communauté rurale de Guédé-village est assez dense. Il offre des possibilités de développement du secteur agricole qui préoccupe la majorité des populations. La zone waalo de Guédé-village, serait un immense paysage vide d'occupation humaine, sans les eaux de surface qu'elle dispose. Grâce à cette distribution du réseau hydrographique, elle reste l'une des zones les plus dynamiques sur le plan agricole, dans le département de Podor.

III. Etude du climat et de son influence sur les activités socio-économiques.

L'étude du climat a une place fondamentale dans toute étude géographique. Ainsi, selon Sagna .P (2006), « le climat est un élément variable dans le temps et dans l'espace (...) le climat est un élément régulateur de la vie sur terre. Il favorise le développement de plusieurs activités : agriculture, élevage, pêche ». De ce fait, le climat permet de connaitre le temps qu'il fait sur un lieu, la température, les précipitations, l'insolation, l'humidité relative et la pression atmosphérique. Dans la moyenne vallée, comme toute la partie nord du Sénégal, le climat est de type sahélien.

1. La circulation atmosphérique et les vents dans notre zone d'étude.

La circulation atmosphérique au niveau de la Communauté rurale de Guédé-village n'est pas spécifique ; elle intègre les mécanismes de la circulation atmosphérique générale de l'Afrique subsaharienne.

Elle est régie par les centres d'actions d'origines et de caractéristiques différentes qui sont : Les anticyclones des Açores dans l'océan atlantique nord, d'origine dynamique ;

Les anticyclones de Sainte Hélène dans l'océan atlantique sud, d'origine dynamique aussi ; Et enfin les antyclones Saharo-libyen d'origine thermique.

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Ces centres d'action, organisent la circulation atmosphérique générale en Afrique subsaharienne, par des déplacements sous différentes formes des flux de masses d'airs qui se structurent ainsi:

À partir de novembre et décembre, l'anticyclone des Açores envoie du vent frais vers l'Afrique subsaharienne qui pénètre au Sénégal par le nord-ouest. Ce vent frais au début de son parcours dans la partie maritime, devient chaud et sec au fur et à mesure qu'il pénètre l'intérieur de la partie continentale du pays. Ainsi, plus une zone est proche de l'océan atlantique, plus ses vents sont frais. Ceci explique les disparités climatiques au Sénégal, entre la zone côtière globalement fraiche et humide et l'intérieur du pays, chaud et sec. Cette masse d'air devient frais et sec durant cette période de l'année, du fait de son éloignement de l'océan atlantique qui la conférait une grande humidité.

En outre, à partir du mois de mars, le climat est marqué par l'influence de l'anticyclone Sahara libyen, d'origine thermique et pénètre au Sénégal par le nord-est. Il se caractérise par une très grande chaleur ; d'où la présence de l'harmattan ; un vent chaud et sec qui balaye toute cette partie nord du Sénégal et du centre et s'accompagne de grains de poussières.

A partir du mois de juin, notre climat est déterminé par l'anticyclone de Saint Hélène qui provient de l'atlantique Sud. En effet, cette anticyclone est à l'origine de la présence de mousson qui est un alizé ayant traversé l'équateur météorologique et favorise l'installation d'une saison pluvieuse au Sénégal, qui prend fin au mois d'octobre dans la CR de Guédé-village.

En somme, le climat est déterminé d'abord par les anticyclones des Açores et saharo-libyenne qui se traduisent par les présences des alizés maritimes et continentaux, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal et enfin par l'anticyclone de Saint Hélène, se caractérisant par la présence de mousson.

2. Impacts des températures et précipitations sur l'élevage de la CR de Guédé-village.

2.1 Etude des températures.

Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, les températures sont élevées et suivent un régime bimodale avec un maximum principal de 30°C, enregistré au mois de mai et un maximum secondaire de 31,8°C, enregistré au mois d'octobre ; le minimum principal enregistré au mois de

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janvier est de 23,5°C et le minimum secondaire enregistré au mois d'août est de 30,9°C, à la station de Podor en 2011, selon ANACIM.

Figure 1: évolution des températures de la station de Podor de 1982 à 2011. (Source : ANACIM, 2012).

L'analyse de cette figure d'évolution des températures, montre une variabilité des températures dans l'année. En effet, la température est très élevée à partir du mois d'avril et atteint parfois plus de 45°C au mois de mai ; elle connait une baisse remarquable aux mois de décembre et janvier avec une moyenne maximale de 31°C. Ainsi, vu la normale 1961- 1990 par rapport à la moyenne de 1982-2011, nous déduisons une nette évolution des températures, source de réchauffement climatique.

De même, des températures inhabituelles à notre zone et semblables à celles des zones froides, s'imposent parfois et induisent des effets négatifs sur l'environnement physique, humain et animal. En effet, en 2011, la baisse des températures jusqu'à 14°C accompagnée de pluies hors saison, avait amené la perte immense du cheptel et de personnes âgées par incapacité d'une résistance au froid. Ainsi, la sécheresse de 1973 au Sénégal et les intempéries de 2001, demeurent deux (2) événements gravées dans la mémoire des éleveurs ; vu les pertes de bétail qu'ils ont subi durant ces périodes de calamités naturelles. Beaucoup d'éleveurs illettrés prennent référence ces dates pour situer l'âge de leurs enfants, le mariage ou la mort d'un proche. Cela traduit la vulnérabilité des sociétés pastorales face aux variations climatiques.

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2.2 Les précipitations et leurs impacts sur l'élevage bovin.

La réussite socio-économique des sociétés pastorales dépendent d'une bonne saison pluviométrique, capable de générer un tapis herbacé dense et pouvant assurer la nourriture des cheptels, jusqu'aux prochaines pluies, annonçant la fin de la saison sèche. La pluviométrie dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, est caractérisée par des pluies très faibles, avec une moyenne annuelle dépassant rarement de 300 mm.

Tableau 1: moyenne des précipitations à la station de Podor de 1982 à 2011 en mm.

mois

jan.

fév.

Mars

avril.

Mai

Juin.

juil.

Aout.

Sept

oct.

nov.

déc.

P (mm)

3,9

0,5

0,3

0,2

1,2

7,2

48,1

80,8

77,5

9,6

0,2

0,78

1961-

1990

1

2

1

T

T

1

41

77

73

16

T

1

(Source ANACIM 2012)

L'analyse des données pluviométriques reflète des précipitations très faibles dans l'ensemble. La pluviométrie mensuelle n'a jamais excédé 100mm dans la zone couverte par la station de Podor. Les mois d'août (77,5mm) et de septembre (80,8mm), bénéficient de la quasi-totalité des précipitations annuelles ; ils marquent la période de repos pour les éleveurs de la zone jeeri, confrontés aux manques d'eaux et de pâturages, pendant plusieurs mois. En effet, les précipitations annuelles n'arrivent pas à générer un tapis herbacé suffisant et des marres d'eaux capables d'assurer totalement la charge du bétail, en pâturages et en eaux toute l'année. Ainsi, la pratique de l'élevage y demeure très difficile, à cause des conditions climatiques hostiles au développement de l'élevage ; ces difficultés sont plus visibles dans la partie jeeri, du fait de l'absence des eaux de surfaces permanentes.

IV. Etude des ressources Végétales.

1. Apports socio-économiques des ressources végétales.

Appartenant au domaine sahélien, notre zone d'investigation dispose des formations végétales de type steppique, avec une strate herbacée, arbustive et arborée (Diallo A, 2011).

La végétation varie en fonction de la saison pluvieuse et de la saison sèche. En effet, en saison de pluies, la strate arborée est herbacée est florissante et dense, dans toutes les parties de la

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communauté rurale. Durant la saison sèche, la végétation perd sa verdure partout ; à l'exception des rives des cours d'eaux de la zone humide, ainsi que sa densité à cause du surpâturage et des feux de brousse récurrents dans le milieu jeeri.

La végétation constitue une ressource vitale pour le bétail, qui en majorité dépend de la disponibilité des ressources végétales pour se nourrir. Ainsi, la survie du cheptel est fortement en corrélation avec une disponibilité des ressources végétales en quantité et en qualité. De ce fait, les éleveurs restent dans leurs villages respectifs, autant que le pâturage reste disponible.

La végétation procure aussi aux populations des fruits d'arbres qui sont commercialisés dans les marchés hebdomadaires de la communauté rurale, et même dans les grandes villes, comme Dakar. Il s'agit des fruits issus de : Zizyphus mauritania (diabé), Balanites aegyptiaca (mourtodé). Cette commercialisation est le plus souvent une activité propre aux femmes qui leurs procure assez d'argent après commercialisation.

2. Les principales espèces végétales retrouvées dans notre espace d'étude.

Tableau 2: les principales espèces végétales de l'espace communautaire de Guédé-village.

Noms scientifiques

Appellations locales

Zones géographiques

Zizyphus mauritania

Diabé

Waalo

Acacia nilotica

Gaoudi

Brachiara ramosa

Paguiri

Ingofera oblongifolia

Balboré

Acacia radiana

Thilloky

Jejeengol

Balanite aegyptiaca

Mourtoki

Tamarindus indica

Diamboulé

Guiéra senegalensise

Guéloki

Boséa senegalensise

Guisslé

 

34

Balanite aegyptiaca

Mourtoki

Jeeri

Acacia Sénégal

Patouki

Acacia albida

Thiassky

(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ; données service des eaux et forets)

Ce tableau 2 montre une diversité des espèces végétales existantes, dans notre espace d'étude, tant au niveau de la strate arbustive, arborée qu'herbacée. En effet, la différence est liée à la variabilité climatique et pédologique notée dans les trois zones géographiques (waalo, jeeri, jejeengol). Ainsi, avec l'exploitation agricole moderne dans la zone waalo, beaucoup d'espèces sont menacées de disparition et laissent le désert s'installer progressivement.

Par ailleurs, malgré la pression des aménagements agricoles sur les zones potentielles irrigables et l'exploitation intensive des pâturages par les cheptels, la communauté rurale de Guédé-village, garde quelques forêts classées qui couvrent une superficie de 13410 ha, soit 9,36% de la superficie de la communauté rurale. Il s'agit des forets de Ndiawara, Donaye, Ngaolé et de Mboyo (Services des eaux et forets, 2012).

Enfin, l'étude des conditions physiques, révèle des caractéristiques géomorphologiques, climatiques et hydrographiques qui ont évolué dans le temps, donnant la configuration territoriale actuelle.les éléments physiques ont déterminé dans l'ensemble la dynamique agricole, dans la communauté rurale de Guédé-village.

L'existence d'un réseau hydrographique sur des sols potentiellement irrigables, a déterminé l'occupation humaine dans cet espace de la moyenne vallée où les activités agricoles demeurent source de vie.

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CHAPITRE II : ETUDE DE L'OCCUPATION HUMAINE DE LA CR DE GUEDE-

VILLAGE.

La communauté rurale de Guédé-village qui regroupe 38 villages officiels, est érigée en communauté rurale en 1980 dans le cadre de la politique de l'Etat de la décentralisation, suite au décret de création des collectivités locales en 1972. Le peuplement de la CR de Guédé-village est ancien ; son histoire a fais l'objet de plusieurs discussions écrites et orales.

I. Etude du peuplement de la Communauté rurale de Guédé-village.

Notre périmètre de recherche appartient historiquement à l'empire du Fouta Toro, l'un des plus anciens empires de l'Afrique, porteur d'une civilisation culturelle riche, avec une diversité de peuples ayant occupés cet espace géographique. Ainsi, plusieurs dynasties ont eu à succéder sur le trône de l'empire, avant le règne de Koli Tengela (Kane A. F 2010). Il s'agit de :

La dynastie des Dia-ogo (508-720), forgerons venus du Nil. Cette dynastie mit en oeuvre une organisation politique et administrative, très solide afin de sursoir sa domination.

La dynastie des Tonjon (720-826), venue aussi du nord avec des connaissances sur l'agriculture ; ils ont posé les premiers pas d'une civilisation fondée sur l'agriculture.

La dynastie des Manna (826-1082), qui correspond à une ouverture plus large du Fouta Toro aux autres contrées et peuples, grâce aux activités commerciales du commerce transsaharien.

Des berbères (1082-1122) régnèrent au Fouta-toro grâce à leur politique d'Islamisation, facilitée par les échanges commerciaux avec la dynastie des Manna, précédemment dominante de l'empire.

La dynastie des lam Termes (1122-1456), cinquième règne à la tête de l'empire, destitua les berbères ; Elle s'agit des Fulbé Jawbé venus sud. A la suite de cette succession dynastique, l'empire fut longuement dominé par le grand empire du Ghana.

Le Tekrour, fut sous la domination de l'empire du Ghana pendant plusieurs années, avant de tomber à la main des mandingues de l'empire du Mali.

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Cette domination par l'empire du Mali ne va pas rester éternelle, puisqu'au XVI siècle, le Peulh Denyanké, du nom de Koli Tengela, sous la conduite de 3333 hommes affronte les mandingues et reprend l'empire, Wane (1966). Il rebaptise l'empire au nom de sa contrée d'origine Fouta Toro. Après la mort de Koli tengela, l'empire est bouleversé par des querelles de successions et à la propagande de l'Islam dont certains successeurs auraient embrassés. Avec cette fragilité politique de l'empire, des marabouts, dévoués à la cause de l'Islam, se coalisèrent sous la direction de Thierno Souleymane Bal et installèrent la dynastie torodo (1778-1881). L'empire connait une profonde mutation sous le symbole de l'Almamy ; nom de l'empereur du Fouta toro. Durant cette période, Fouta fut divisé en province qui sont : le Dimar, le Toro, le Lao, le Yiirlabé, le Boseya, le Nguenaar, et le Damga. Elle marque aussi une modification du régime foncier, qui se traduit par une hiérarchisation sociale dans l'accès à la terre, au profit de la dynastie régnante (torobé). De ce fait, ce favoritisme dans la distribution des terres par les Almamy du Fouta, a eu des effets durables. Ainsi, les torobé sont toujours les plus grands propriétaires actuels de terre, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, à cause de l'héritage dynastique, malgré la promulgation de loi domaniale en 1964 qui prône la démocratisation dans l'accès à la terre.

II. Analyse de la répartition du peuplement humain et son évolution.

1. La distribution de la population dans l'espace communautaire de Guédé-village.

La population de la communauté rurale de Guédé-village est estimée à 48067, selon le dernier PLD (Programme Local de Développement 2007-2010). Elle se repartit aujourd'hui en 38 villages et 126 hameaux rattachés aux villages. La population de la communauté rurale de Guédé-village se repartit inégalement dans l'espace. Les villages ont beaucoup de disparités par rapport à leur densité, le type d'habitat et la dynamique économique.

Dans la zone waalo et la zone centre (jejeengol), on y localise des villages qui dépassent 1000 habitants et concentrent plus de 89% de la population totale (PLHA, 2011). Il s'agit des villages de: Décollé-Taredji, Guédé-village, Lérrabé, Guia, Bantou, Diambo. Ces villages sont peuplés en général par des toucouleurs qui sont des agriculteurs (remobé) et de pécheurs (cubbalbé). Cette concentration de population dans ces villages qui s'accompagne d'une urbanisation galopante et moderne, est liée à la dynamique économique de cette partie de la communauté rurale, due aux aménagements hydro-agricoles. En effet, l'agriculture irriguée à laquelle est vouée la population,

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fournit des revenus agricoles agissant positivement sur le cadre de vie de ces populations. Ainsi, les villages de Taredji (Décollé et Donaye) rivalisent économiquement et socialement aujourd'hui, avec les communes de Podor et de Ndioum et apparaissent pour leur position géographique, le futur pôle économique du département de Podor.

A la différence de la partie waalo et du centre, le jeeri est moins peuplé. À l'exception de Nénette et Décollé, qui ont une population envoisinant 1000 habitants, les villages du jeeri dépassent rarement 500 habitants. C'est la zone par excellence de l'élevage pastorale et spécifiquement des peulh. Ces derniers vivent de façon dispersée, autour des forages de Biddi et de Maffré constituants les lieux principaux d'abreuvages des cheptels.

Carte 4: répartition géographique des villages dans la Communauté rurale de Guédé-village

2. Dynamique démographique de la population.

La population de la Communauté rurale de Guédé-village, comme l'ensemble de la population sénégalaise évolue considérablement. En effet, d'après les estimations de l'Agence Nationale de

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la Statistique et de la Démographie (ANSD), la population de Guédé-village est passée de 41820 habitants en 2002, à 58010 habitants en 2012. Ainsi, elle a connu une hausse de plus de 25% en 10 ans

Tableau 3 : estimation selon le genre de la population de la CR de Guédé-village en 2012.

Sexes

Effectifs

Pourcentages

Femmes

29855

51,4%

Hommes

28155

48,6%

Total

58010

100%

(Source : ANSD 2012)

Cette hausse de la population s'explique par l'amélioration du niveau de vie des populations. En effet, Les populations ont des revenus économiques liés à l'agriculture, l'élevage, le commerce, la pêche et l'émigration leur permettant d'accéder aux services sanitaires de base.

Aussi, comme au niveau national, la population féminine est légèrement majoritaire dans la communauté rurale de Guédé-village avec un taux de 51,4% en 2012, d'après les sources de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD).

Par ailleurs, la forte migration vers les autres régions du Sénégal et de l'extérieur qui touche plus d'hommes que de femmes, pourrait être un des éléments justifiant les disparités démographiques entre genre, dans cet espace communautaire.

II. Les aspects socioculturels pour la CR de Guédé-village.

1. La composition ethnique.

L'une des spécificités remarquable dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, c'est la domination de la langue pulaar. En effet, le pulaar est la langue la plus parlée, dans toute la vallée du fleuve Sénégal. Ainsi, toucouleurs et peulh s'unissent autour de l'appellation halpulaars et sont la communauté majoritaire dans la vallée du fleuve Sénégal, particulièrement dans la communauté rurale de Guédé-village. Les peulh représentent 5O% de la population ; les toucouleurs 39% de la population. Ces derniers (peulh et toucouleurs), sous l'unité linguistique

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halpulaars, représentent prés de 90% des populations de la CR, selon le PLHA (2011). Par contre, les ethnies minoritaires sont les wolofs 4%, maures 3% et d'autres ethnies composées de Sarakolés, de diolas et sérères venus travailler, constituent 3% de la population. Cette disparité ethnique reflète une domination culturelle par la communauté halpulaar, influençant sociologiquement les communautés minoritaires implantées, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal.

Figure 2 : la composition ethnique de la CR de Guédé-village (source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ; données CADL, Guédé-village.)

2. Les potentialités culturelles de la CR de Guédé-village.

Les populations ont une culture liée aux activités agricoles telles que l'agriculture (remobé), la pèche (cubbalbé) et l'élevage (aynabé). En effet, les agriculteurs et pêcheurs sont des toucouleurs qui ont une identité culturelle liée l'eau et à l'agriculture. Ils occupent globalement la partie waalo et du centre de la CR de Guédé-village, et sont voués à l'agriculture irriguée, aux commerces et à l'émigration.

Les peulh culturellement attachés à l'élevage pastoral, occupent en général la partie jeeri qui est plus étendue afin de pratiquer librement, leur activité de l'élevage pastoral. L'identité peulh est symbolisée par son dévouement à l'élevage bovin, qui est sa source de vie.

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Cependant, l'ouverture au monde extérieur par l'école, la télévision, les échanges, l'expansion urbaine, imprime de plus en plus la culture occidentale, dans la zone au détriment de la tradition du Fouta toro. La jeunesse adopte le mode de vie occidental, qui se reflète par l'accoutrement.

Sur le plan religieux, notre zone constitue un symbole historique de la pénétration et de la propagande de l'Islam, dans toutes les contrées du Sénégal. La vallée du fleuve Sénégal, est le berceau des plus grands guides religieux au Sénégal ; tels que Cheikh Omar Foutiyou Tall, Cheikh Ahmadou Bamba ; le fondateur du mouridisme, El hadji Malik Sy ; qui est la relève de Cheikh Omar Foutiyou Tall dans la propagande du Tidjianisme au Sénégal.

Ainsi, 99% de la population de la communauté rurale de Guédé-village est musulmane, avec 85% de la population Tidiane, 10% de Khadre, 4% pour les autres confréries. Par contre, 1% de la population est pour la plupart des étrangers venus travailler sont Chrétiens et animistes.

L'attachement des populations à l'Islam se traduit par la maitrise du coran dans des écoles coraniques (ndoudal) qui sont implantées par des marabouts (Ceernebé), dans presque tous les villages.

En somme, le peuplement dans notre zone d'étude est ancien, avec la marque d'une identité culturelle construite autour du fleuve Sénégal. Ce dernier, avec ses potentialités hydro-agricoles qu'il a longuement offert aux populations (agriculteurs, pécheurs et éleveurs), a déterminé l'occupation de l'espace.

La population est inégalement repartie dans la communauté rurale et pratique diverses activités agricoles, telles que l'élevage, l'agriculture et la pêche.

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CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLES.

La vallée du fleuve Sénégal est l'une des régions les plus viables du pays, de par l'importance et la diversité de ses activités économiques. Ainsi, l'agriculture, l'élevage et la pêche sont les principales activités dominantes dans la CR de Guédé-village.

I. L'agriculture : activité la plus dynamique dans la CR de Guédé-village.

L'agriculture est la principale activité avec 60% de la population, selon la SAED (2012). Elle est pratiquée sous 3 trois formes : l'agriculture sous pluies, de décrue, et l'agriculture irriguée.

1. L'agriculture de décrue et sous pluie.

1.1 L'agriculture de décrue.

L'agriculture de décrue est un système d'agriculture qui consiste à l'exploitation agricole des terres inondables de la vallée du fleuve Sénégal, suite aux retraits des eaux de crue du fleuve. C'est un système traditionnel qui a longuement participé à l'organisation sociopolitique des populations, autour de la vallée du fleuve Sénégal. En effet, pour la satisfaction de leurs besoins alimentaires, les populations installées aux rives de la vallée, ont développé des cultures vivrières sur les zones atteintes par les crues. Parmi les principales variétés, nous pouvons citer : le mais, le mil, sorgho et le niébé. Il faut noter que les exploitations agricoles dans le lit majeur, sont plus aptes à une bonne production agricole, du fait de la forte humidité. De là, naissent des conflits d'intérêts qui ont abouti à une répartition des terres inondables selon les clans. Ainsi, les basses terres furent attribuées aux castes dites des nobles (Torobé), les moyennes terres aux libres, les hautes terres aux capturés (Maccubé). De ce fait, en cas de mauvaise crue, les capturés adoptaient le métayage avec les nobles afin d'exploiter les basses terres, pour avoir un bon rendement agricole.

L'agriculture de décrue qui constituait la spécificité agricole de la vallée et particulièrement dans la communauté rurale de Guédé-village, est quasiment révolue ; même si certaines populations de la zone waalo s'y attèlent toujours, dans la partie Doué et du fleuve Sénégal, vers Boyo. La culture irriguée est aujourd'hui la principale forme d'agriculture, depuis l'avènement des barrages de Diama et de Manantali.

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1.2 L'agriculture sous pluie.

L'agriculture sous pluie est un type de pratique dépendante des précipitations de la saison pluvieuse. Dans la communauté rurale de Guédé-village, l'agriculture sous pluie est le domaine des populations occupant pour la plupart le jeeri. Elle est pratiquée autour des hameaux et villages, entourés de haies vives pour la protection d'éventuels cas de divagation par des animaux, dans cet espace à vocation pastorale.

Les principales cultures sont vivrières. Il s'agit du mil, le niébé et la pastèque. En effet, la production est le résultat de la force de travail ; les cultivateurs utilisent des matériaux rudimentaires tels que la houe et la charrue pour l'exploitation de la terre, et font rarement usages des produits chimiques afin de fertiliser les sols. Parmi les principaux villages concernés on a : Biddi, Gawdé-Boffé, Petel-Diéguess.

À la différence de la zone waalo (ZAPA), selon le POAS, la partie jeeri, est réservée dans le POAS, à la zone à priorité d'élevage (ZAPE). En effet, les spéculateurs des cultures de sous pluie dans ce milieu, sont obligés de surveiller quotidiennement leur périmètre d'exploitation agricole contre les divagations de troupeaux, du fait de l'exploitation agricole d'une zone à vocation d'élevage. Ainsi, le jeeri constitue le terroir de revanche sociale des éleveurs contre les agriculteurs, en cas de divagation dans la zone aménagée (ZAPA).

2. L'agriculture irriguée.

L'une des spécificités de la moyenne vallée, est l'importance des superficies irriguées et l'ancrage des populations à l'agriculture. C'est un système d'agriculture qui résulte d'une canalisation des eaux du fleuve et des cours d'eaux, dans des aménagements agricoles à grandes échelles.

L'agriculture irriguée est développée dans la communauté rurale de Guédé-village, à la suite de la construction des barrages de Diama et de Manantali sur le fleuve Sénégal. Ainsi, elle remplace la culture de décrue et donne une nouvelle configuration spatiale, de la zone waalo qui se transforme de jours en jours en vaste chantiers d'aménagements hydro-agricoles, développés par la SAED. Cette dernière est le précurseur des aménagements hydro-agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal.

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Aujourd'hui, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, on distingue différents types d'aménagements agricoles. Il s'agit des :

Périmètres irrigués privés (PIP), qui sont des aménagements appartenant et exploités par des groupements d'agriculteurs, indépendamment de la SAED. Ainsi, les PIP ont une superficie de 2419,04ha, dans la Communauté de Guédé-village (SAED/Podor 2012) ;

Les grands aménagements (GA), qui s'agissent des aménagements de la SAED destinés aux agriculteurs et qui sont relatifs aux investissements de l'Etat du Sénégal, dans son programme d'autosuffisance alimentaire. Ils couvrent une superficie de 498,13 ha, dans la communauté rurale de Guédé-village (SAED/Podor 2012) et concernent le grand périmètre de Niangua ;

Les aménagements intermédiaires (AI), sont relatifs aux périmètres qui sont des réalisations d'entreprises privées avec la participation des paysans, à un coût de 1,3million de Franc CFA. Ils représentent 388,1ha dans la communauté rurale de Guédé-village ;

Les périmètres irrigués villageois (PIV) sont de petits aménagements agricoles sur des sols « fondé » à l'échelle des villages ; ils ont été mis en oeuvre manuellement par les paysans avec des outils traditionnels et équipés par des groupes de motopompe (GMP). Les surfaces aménagées des PIV dans la communauté rurale de Guédé-village, couvrent 2462,75ha de terres (SAED/Podor 2012).

Figure 3 : les différents périmètres aménagés dans la Communauté Rurale de Guédé-village de 1972 à 2012 (source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ; données SAED/Podor).

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Cette figure ci-dessus montre une avancée notoire des surfaces aménagées, depuis l'avènement des barrages avec un cumul de 5768,02ha de superficies aménagées de la communauté rurale de Guédé-village, en 2012.

Les principales spéculations sont commercialisées ; il s'agit du riz, des ognons, tomates et le sorgho. Le matériel agricole est constitué de motopompes, de tracteurs et de moissonneuses batteuses. Les villages de Guia, Diawara, Diambo, Boyo, Bantou, et Wouro-Madihou, constituent les principaux acteurs de l'agriculture irriguée. Leur proximité géographique avec les cours d'eau, a facilité la pratique de l'agriculture irriguée.

Dans ce type d'agriculture, les exploiteurs font recours aux produits chimiques, tels que les engrais chimiques, les herbicides, afin de fertiliser les sols. Ces produits chimiques, ont des impacts néfastes sur l'environnement. En effet, beaucoup d'hectares, sont abandonnées du fait qu'elles ne sont plus cultivables, à cause de l'usage massif des produits chimiques. Cela, soulève la question de développement durable dans la production agricole.

L'expansion agricole est source des difficultés foncières, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal. En effet, les éleveurs à la recherche de pâturage, dans la zone waalo, sont limités aux parcours de bétails et aux surfaces non cultivables. Ainsi, des cas de divagation opposent souvent agriculteurs éleveurs dans ce terroir où l'agriculture est prioritaire sur les activités de l'élevage (POAS /Guédé-village). Ainsi, Le délégué général de la SAED soutient avoir arbitré des conflits entre agriculteur et éleveur pour des cas de divagations, dans le périmètre de Niangua.

I. L'élevage : une activité agricole viable dans la CR de Guédé-village.

1. La place de l'élevage dans le département de Podor.

L'élevage est une activité économique présente dans toutes les régions du Sénégal. Dans la communauté rurale de Guédé-village, toutes les couches sociales pratiquent l'élevage et concernent 36% de sa population (SDEL, 2012). Le cheptel est composé de bovins, ovins, caprins, arsins et d'équins. Elle est la deuxième activité après l'agriculture et constitue la spécificité des peulh. Le cheptel du département de Podor est estimé en 2012, à 1021970 UBT, selon le service départemental de l'élevage. Le cheptel ovin est plus important dans le département avec une estimation de 453551UBT en 2012.

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En outre, la CR de Guédé-village a un cheptel estimé à 88700 UBT en 2012 (SDEL, 2012). Elle arrive en sixième position sur les 22 collectivités locales du département de Podor. Ainsi, ce nombre élevé du cheptel montre le poids important du secteur de l'élevage sur l'économie de la zone.

Estimation cheptel département Podor 2012

Figure 4 : estimation cheptel département Podor 2013 (source : enquête de terrain, projet ESCAPE ; données SDEL/Podor).

Cette figure d'estimation du cheptel départemental de Podor fournit par le service de l'élevage, montre que le cheptel des communautés rurales est plus important que celui des communes. En effet, les communautés rurales sont plus étendues et regorgent les populations dont les activités sont essentiellement liées à l'agriculture, l'élevage, et la pêche. L'élevage extensif y domine avec des systèmes de transhumance à grande échelle pour nourrir le cheptel.

Par contre, les communes ont une population citadine dont les activités sont en général tournées vers les services. Les populations élèvent quelques bêtes dans leurs maisons avec une prise en charge alimentaire sur place. Elles sont plus dynamiques dans le volet de l'élevage des volailles. En effet, dans les villes de Dioum, Podor et Guédé-chantier, des jeunes disposent de fermes

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avicoles et produisent des chairs de poulets et d'oeufs, sources de revenus économique après vente aux acheteurs, généralement des services restaurant.

Les communes constituent aussi un marché économique pour les commerçants du bétail (dioulabé) qui ravitaillent les bouchers propriétaires de dibiteries dans ces villes, d'animaux (bovin, ovin, caprin) bien engraissés. Ces derniers sont achetés le plus souvent dans les marchés hebdomadaires de la moyenne vallée, qui constituent les lieux de vente et de ravitaillement des éleveurs essentiellement peulh.

2. Dynamique de l'élevage dans la Communauté Rurale de Guédé-village.

La communauté rurale de Guédé-village est une zone qui a une grande connotation de l'élevage du fait de l'importance de la population peulh réputée éleveur pasteur. Même, les grands agriculteurs dans la zone waalo des périmètres irrigués ont des cheptels assez importants.

Tableau 4 : estimation cheptel de la Communauté Rurale de Guédé-village.

Espèces

Effectifs

Bovin

26800

Ovin

36424

Caprin

23240

Equin

2236

Source : (service départemental de l'élevage de Podor, 2012).

Ce tableau donne les effectifs du cheptel de la communauté rurale de Guédé-village qui reflète un élevage généralement extensif. En effet, les ovins et les caprins qui ont un taux d'accroissement respectivement 2,6% et 3% sont plus importants par rapport aux bovins qui ont un taux d'accroissement s'élevant à 1,7% d'après les données du service vétérinaire de Podor.

Les équins et asins augmentent de 1,9% par an .Ils sont destinés généralement aux transports (transports des personnes éleveurs aux marchés, transports d'eau du forage au village ; transports de transhumants).Ainsi, vu l'importance et le rôle joué par les équins ou les asins dans la

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pratique quotidienne des activités liées à l'élevage, il est rare de remarquer une famille d'éleveur sans un animal de traction.

L'importance numérique du cheptel varie aussi en fonction des terroirs de la communauté rurale. En effet, dans le jeeri où l'élevage est la seule source de revenus des populations peulh, nos enquêtes de terrain nous ont permis de voir dans cette zone, des éleveurs disposant d'un cheptel dépassant 500 têtes de bétail.

A la différence du jeeri, la zone waalo dans laquelle l'élevage est associé à l'agriculture irriguée, le cheptel est y moins important, à cause de l'accès difficile à des ressources fourragères, lié aux aménagements hydro-agricoles et qui sont à l'origine de conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs. L'éleveur dans ce milieu dispose rarement plus de 50 têtes de bétail du fait de l'agriculture irriguée comme activité principale.

3. Les ressources halieutiques de la Communauté Rurale de Guédé-village.

L'existence d'un réseau hydrographique dense a permis le développement de la pêche dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal. C'est un système artisanal et spécifique aux sociétés cubbalbé (pêcheurs) dans la communauté rurale de Guédé-village. En effet, par pirogue, ces pêcheurs sillonnent quotidiennement les eaux du fleuve Sénégal et les cours d'eau comme le Doué à la recherche de poissons. Ainsi, ce produit de la pêche est écoulé dans les différents villages et les marchés hebdomadaires par des femmes le plus souvent ou des « bana bana », à la recherche du profit.

Les principaux sites de pêcheurs sont les villages de Guia et de Diambo-cubbalbé qui ont une tradition liée à la pêche.

Cependant, il faut noter que la pratique de la pêche connait une forte régression dans la communauté rurale de Guédé-village. En effet, l'aménagement hydro-agricole de la vallée du fleuve Sénégal qui se traduit par des endiguements, des canaux d'irrigation tout au bord des cours d'eau, a changé la proximité géographique des pécheurs avec la ressource halieutique. De ce fait, la pêche qui fut longtemps la vocation des peuples cubbalbé donne place à l'agriculture irriguée. Ainsi, des cubbalbé qui jadis étaient de grands pêcheurs ont déposé les filets et

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deviennent aujourd'hui de grands exploiteurs agricoles dans les périmètres irrigués de Boyo, de Guia et de Diambo-cubbalbé.

II. La dynamique des échanges des productions agricoles.

L'importance des activités agricoles dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal a imprimé une viabilité économique. Le commerce occupe bon nombre de personnes dans la communauté rurale de Guédé-village. En effet, les marchés hebdomadaires constituent les points de rencontre et d'échange de produits agricoles. Ainsi, dans la communauté rurale de Guédé-village, 5 marchés hebdomadaires sont notés ; il s'agit des marchés de : Guia, Agnam, Taredji, Guédé-village et de Biddi.

Dans ces marchés, éleveurs, agriculteurs, pêcheurs ramènent leurs produits de vente. Les produits agricoles tels que le riz, les ognons, les tomates et patates sont vendus par les producteurs aux banas banas (commerçants de détaille) qui les revendent dans les marchés et dans les autres régions comme Dakar, Thiès.

Les produits de l'élevage (bovin, ovin, caprin) sont vendus aux dioulas qui sont des commerçants de bétail. Le bétail est vendu aux dioulas le plus souvent par un tefanké qui est un intermédiaire commercial entre l'acheteur et le vendeur de bétail.

En outre, le prix des productions agricoles dépend des rendements obtenus. Cela signifie que si la production est importante, jusqu'à tel point qu'elle inonde le marché en produits alimentaires, les prix de ventes seront bas dans les marchés. Au cas contraire, les prix seront très élevés. De ce fait, les prix ne sont pas contrôlés et dépendent de la production.

Le prix du bétail aussi dépend de l'existence ou non du pâturage. En effet, en période de pré-hivernage (Mai, Juin), qui se caractérise souvent par un manque de pâturage, et le besoin de l'éleveur d'un achat d'aliment de bétail, l'animal est vendu à un prix faible dans les marchés hebdomadaires. Par contre, durant la saison des pluies (Nduggu), le cheptel arrive à se prendre en charge avec l'immense pâturage humide présent jusque dans les maisons. En ce moment, la charge de l'éleveur démunie ; ce qui fait que la vente du lait de par sa quantité produite en cette période pourrait régler les besoins nécessaires de l'éleveur qui s'abstient le plus possible à la

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commercialisation de ses animaux. Ainsi, les ventes deviennent faibles et les prix chers aux acheteurs.

Tableau 5 : les différents prix du bétail commercialisé aux quatre périodes de l'année dans les marchés hebdomadaires.

Espèces

Ndabundé
(décembre février)

Ceedu

(mars- avril)

Ceencellé

(juin aux
premières pluies)

nduggu

(juillet-octobre)

Bovin

110000 -300000CFA

90000-200000CFA

80000-190000CFA

120000-350000CFA

Ovin

14000 -37000CFA

11000 -27500CFA

11000 -20000CFA

18000-33000CFA

Caprin

10000- 32000CFA

7500- 25000CFA

8000- 24000CFA

10000 -30000CFA

(Source : enquête de terrain projet ESCAPE, 2013)

Ndabundé : est la saison froide où les vents froids d'origine polaire peuvent provoquer des pluies hors saison (heug).

Ceedu : constitue la saison la plus chaude et la plus sèche avec des vents d'harmattan. C'est la période de surpâturage du bétail qui y reste le plus longtemps possible. Elle correspond aussi à l'assèchement des marres et la ruée vers les forages pastoraux.

Ceencellé: c'est la saison qui annonce l'installation de la période pluvieuse par des incursions de vents du sud (mousson).Elle est la période de soudure des éleveurs qui sont entre transhumance pour le Ferlo ou rester dans leur zone en assurant la nourriture du cheptel par l'achat des aliments du bétail à cause du manque de pâturage.

Nduggu : c'est la saison pluvieuse. Elle est la période phare des sociétés d'éleveurs avec l'abondance de l'herbe humide et du lait.

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CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC DES SERVICES SOCIAUX DE BASE.

Les services sociaux de base sont relatifs à l'accès à l'eau potable, à l'éducation, aux infrastructures sanitaires, et aux marchés pour les populations rurales. De ce fait, pour répondre aux attentes des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2015, qui visent l'accès aux services sociaux de base des populations, nos Etats, élus locaux, organisation non gouvernementales, ont pu réaliser des infrastructures de base utiles pour les populations jugées très vulnérables. Ainsi, dans la communauté rurale de Guédé-village, des infrastructures hydrauliques, sanitaires et éducatives sont notées. Mais, elles sont inégalement reparties dans ce territoire.

Nous allons présenter les services sociaux de base dans la communauté rurale de Guédé-village, mais aussi analyser leurs impacts sur les populations locales, particulièrement éleveurs.

I. L'accès à l'eau dans la Communauté Rurale de Guédé-village.

L'accès à l'eau potable dans la CR de Guédé-village, est lié d'abord aux potentialités des eaux de surface qu'elle dispose. En effet, notre zone d'étude est traversée dans sa partie nord par le fleuve Sénégal sur une longueur de 36km ; au centre par le Gayo qui est un défluent du fleuve sur une longueur de 24km ; au sud le Doué qui est un bras du fleuve Sénégal. Il traverse la Communauté Rurale sur un parcours de 68km. Avec le fleuve, le Doué forme ainsi l'Ile à Morphil ; à l'ouest nous avons le Ngalenka dans sa partie aval.

Ensuite, l'accès à l'eau potable est aussi facilité par les eaux souterraines dont dispose Guédé-village. Rappelons que la communauté rurale de Guédé-village fait partie du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien. De ce fait, elle dispose d'une nappe des sables du Maestrichtien dont le toit varie entre 70m à proximité du fleuve à 220 m au sud de la communauté rurale.

Parlant de la disponibilité de ces ressources hydrauliques naturelles, les organes de décision et de développements telles que l'Etat, les élus locaux avec l'appui des bailleurs de fond, ont pu réaliser des infrastructures, telles que les forages et les adductions d'eau à l'échelle de la Communauté Rurale. Ainsi, la Communauté Rurale dispose de 13forages, 4 stations de traitement des eaux et de 14 puits modernes (PLHA 2011). Le taux d'accès à l'eau potable s'élève à 87% de la population. En effet, ce taux ne reflète pas tout à fait la couverture d'eau potable à l'échelle de toute la communauté rurale. Cependant, la partie jeeri, demeure le terroir le

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plus soif .Ceci est lié à la forte demande d'eau par la population, ainsi que le cheptel qui n'a que forages et puits pour s'abreuver à la différence du waalo, disposant en plus de forages, des cours d'eau du fleuve pouvant prendre en charge les besoins du bétail et du ménage. Ainsi, le défi dans l'accès à l'eau potable cible le jeeri, qui peine à prendre en charge le cheptel à cause des pannes récurrentes des forages, obligeant les éleveurs à faire des dizaines de km, d'un forage à l'autre à la recherche de l'eau.

II. L'éducation.

L'histoire dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, révèle un peuple ancré à l'éducation coranique qui est liée à la pénétration de l'Islam au Sénégal par le nord. Ainsi, la population est assez instruite. De ce fait, les populations ont reçu soit un enseignement coranique, un enseignement en français ou ont subi une alphabétisation en langue pulaar. En effet, la communauté rurale de Guédé-village dispose de 39 écoles primaires ,01 collège d'enseignement moyen, d'un lycée, 17 centres d'alphabétisation, et de 59 daaras (CADL /Guédé-village, 2013).

L'école est plus fonctionnelle dans la partie waalo et du centre que la zone jeeri. En effet, les deux premières zones sont pour la plupart des villages d'agriculteurs qui se fixent dans leurs localités ; d'où les conditions d'une forte scolarisation des enfants. Ainsi, ces zones reflètent un niveau d'instruction élevé des populations de par leur attachement à l'école française.

Par contre, dans le jeeri, les populations sont en majorité des éleveurs et peuvent transhumer à n'importe quelle période dans l'année, à la recherche du pâturage et d'eau pour le cheptel. L'activité pastorale demande une main d'oeuvre importante et prend beaucoup de temps aux familles d'éleveurs. C'est pourquoi, l'école ne constitue pas une grande préoccupation des sociétés d'éleveurs, même si des avancées sont notées dans ce cadre. Les éleveurs tiennent aussi plus à l'enseignement coranique ou arabe que de l'école française. Les parents d'éleveurs envoient le plus souvent un de leurs enfants au daara (ndoudal) pour la mémorisation du coran.

Par ailleurs, les infrastructures de l'éducation (lycée, collège) ne sont pas encore suffisantes. Effet, disposant qu'un seul lycée et d'un collège d'enseignement moyen qui se trouve à Taredji, les élèves font des kilomètres pour y parvenir quotidiennement. C'est le cas des élèves qui marchent quotidiennement de Diambo (5km de l'école) pour étudier au lycée de Taredji. Ainsi,

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beaucoup d'élèves partent à Podor ou à Dioum pour y continuer leurs études moyennes et secondaires.

III. Les infrastructures sanitaires.

Les activités agricoles qui sont propres au milieu rural, dépendent pour la plupart de la force de travail. La vie économique dans la campagne varie donc avec la santé des populations. Ainsi, des infrastructures sanitaires sont implantées dans différentes localités de la communauté rurale de Guédé-village. En effet, la communauté rurale de Guédé-village dispose d'un infirmier pour 7598 habitants .Ceci, est largement inferieur aux normes fixées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui sont de : 01 infirmier pour 300 habitants. Ainsi, cet écart par rapport aux normes internationales, s'explique par le manque de personnel de santé ainsi qu'une mauvaise répartition des services sanitaires, dans l'espace communautaire (PLHA, 2011).

Malgré cette faible couverture en personnels sanitaires, la communauté rurale dispose huit (8) postes de santé et plus de 10 cases de santé inégalement repartis. Ainsi, la zone waalo et du centre concentre 7 postes de santé et 01 seule poste de santé dans la partie jeeri (poste de Biddi). Cette inégale répartition des infrastructures sanitaires, peut être liée à la faible densité de la population dans le jeeri, à la différence des autres parties de la communauté rurale qui sont très peuplées.

Par ailleurs le secteur de la santé n'est pas totalement contrôlé. De ce fait, des médicaments sont vendus directement par des marchands ambulants, dans les villages et lors des marchés hebdomadaires de la communauté rurale, sans l'avis d'une personne médicale. Ainsi, beaucoup de personne se procurent des médicaments de la rue pour se soigner.

IV. L'électrification rurale.

L'électrification de la communauté rurale de Guédé-village est très faible. D'après le CADL, six (6) villages seulement sont électrifiés, soit un taux de 15,1% seulement des localités. Il s'agit du village de Taredji (Décollé et Donaye), de Guédé, Diatar, Boyo, Attiya et de Tehende-yaly. Aucun village du jeeri n'a bénéficié d'une électrification.

Cependant, l'inaccessibilité à l'électricité des villages d'éleveurs demeure un problème dans la conservation des produits laitiers. En effet, en période de pluies, le lait est déversé pour les

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animaux à cause de l'importance de la quantité produite et de l'inexistence des moyens de conservation et de transformations de ces produits du cheptel.

CONCLUSION.

Les caractéristiques physiques de la CR de Guédé-village sont globalement favorables à l'occupation humaine dans cet espace de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, malgré les conditions physiques pénibles que la société pastorale subit, dans le jeeri.

L'eau et la terre, facteurs de développement agricole sont les principales potentialités offertes par la nature dans la partie waalo, faisant d'elle un espace plein enjeu socio-économique. La partie waalo demeure une attraction de tous les groupes sociaux et de toutes les activités agricoles. Agriculteur, pêcheur et éleveur, restent très dynamiques pour le contrôle de cet espace, fruit d'une pratique agricole viable. Ainsi, elle demeure plus peuplée et vivante économiquement, avec une présence majoritaire de toucouleurs, dans l'agriculture et la pêche comme activités principales.

Cependant, la distribution des ressources naturelles n'est pas équitable à l'échelle de la communauté rurale de Guédé-village. Le jeeri, ne dispose pas d'un réseau hydrographique permanent, pouvant rendre son espace très dynamique, même s'il est constitué de sols sableux favorables à la poussé de graminées en saison des pluies, utiles pour les animaux.

Elle demeure le terroir des éleveurs pasteurs peulh qui s'organisent autour des forages et de puits leur système d'élevage, essentiellement à caractère pastorale. L'activité économique reste principalement liée à l'élevage. Ce dernier est déterminé par l'importance de la pluviométrie capable de générer des pâturages pouvant supporter la charge du bétail, pendant plusieurs mois en saison sèche.

La communauté rurale de Guédé-village reste globalement équipée de services sociaux de base. Ces derniers ont nettement amélioré la vie de ces populations rurales qui ont accès à l'eau potable, aux infrastructures sanitaires, et à l'éducation.

Par contre, ces services sociaux de base (eau, dispensaire, école) sont généralement concentrés dans la partie waalo, d'où la vulnérabilité des populations du jeeri qui peinent à trouver de l'eau et de se soigner sans difficultés.

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De toute façon, les potentialités de la communauté rurale de Guédé-village sont acceptables par rapport à d'autres espaces géographiques de la région de Saint louis. Elles justifient les enjeux socio-environnementaux qui prévalent actuellement dans cet espace.

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ANALYSE DES INNOVATIONS DE LA GESTION DE L'ELEVAGE BOVIN DANS LA CR DE GUEDE-VILLAGE.

DEUXIEME PARTIE

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Dans cette partie, nous analysons les changements notés dans la gestion de l'élevage bovin dans la CR de Guédé-village qui se traduit par des actions innovatrices dans le système de l'élevage bovin de cette société généralement pastorale.

Elle est divisée en 4 chapitres :

? Le système actuel de production de l'élevage bovin dans la CR de Guédé-village. ? La transformation génétique de la race bovine et la santé animale.

? Le mode d'exploitation des cheptels bovins.

? L'impact des mutations dans la gestion de l'élevage bovin et le diagnostic des ses contraintes.

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CHAPITRE III : LE SYSTEME ACTUEL DE PRODUCTION EN ELEVAGE BOVIN.

Etudier le système actuel de production de l'élevage bovin dans ce chapitre, revient à montrer les stratégies présentement utilisées par les éleveurs pour nourrir et faire abreuver l'animal bovin, selon les différentes formes de l'élevage bovin pratiqué, dans les zones géographiques de la CR de Guédé-village.

I. Les différents types d'élevage bovin dans notre périmètre de recherche.

1) La stratégie traditionnelle dans la gestion de l'élevage bovin.

L'élevage bovin est une activité historique dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal. Il a participé avec l'agriculture et la pêche à l'organisation socio-économique et politique des populations Halpulaars, polarisées par les ressources hydrographiques. En effet, la convoitise de l'espace de la vallée par des acteurs agricoles (agriculteurs, pêcheurs, éleveurs) a amené ces derniers à s'organiser pour que chacun d'eux pratique aisément son activité agricole. La crue du fleuve était la période florissante des pêcheurs (cubbalo) pour l'importance de poissons capturés. La décrue permettait aux agriculteurs de semer des cultures vivrières, telles que mil, maïs et sorgho, sur les terres humides. La fin des récoltes permettait l'accès du bétail dans les champs (niaygaal), à la recherche de vaine pâture. Ainsi, cette organisation sociale de la vallée dont les activités étaient complémentaires dans l'utilisation de l'espace de production et le mode d'échange des produits agricoles (poissons, lait, mil, maïs, sorgho). Elle fut une réussite cohabitation, source de bon climat social entre acteurs d'activités différentes sur un seul terroir.

Durant cette époque, le système d'élevage était essentiellement de type transhumance entre la zone waalo et jeeri. En effet, en période d'hivernage, les éleveurs s'implantaient dans la partie jeeri pour nourrir le cheptel bovin du pâturage abondant, arrosé par les eaux de pluies. C'était la période de repos des éleveurs qui ne sillonnent plus des dizaines de kilomètres à la recherche d'eau et de pâturage pour le bien être du cheptel.

En saison sèche, après la fin des pâturages et l'épuisement des mares d'eau du jeeri, les éleveurs repliaient avec leurs familles et bovins, dans la partie waalo afin de bénéficier gratuitement de la vaine pâture dans les champs de décrue et du fleuve, pour l'abreuvement du cheptel. Ce système de transhumance décerne aux sociétés pastorales, essentiellement peulh, un caractère nomade du fait d'une mobilité nécessitant le déplacement de toute la famille du chef de ménage (jom gallé)

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avec le troupeau. De ce fait, ces déplacements périodiques des troupeaux bovins entre waalo et jeeri constituaient le mode d'adaptation des éleveurs face aux variations bioclimatiques de la vallée du fleuve Sénégal .Cependant, ce système de l'élevage traditionnel dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, va connaitre une véritable mutation avec l'aménagement hydro-agricole des terres du waalo et la multiplication des forages, dans la zone jeeri.

2) Les types actuels de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village.

2.1 L'élevage bovin en zone waalo.

L'élevage sur parcours (élevage mobile) et l'élevage à domicile (l'élevage sur place) constituent actuellement les deux principaux types de l'élevage bovin dans la CR de Guédé-village. En effet, le développement agricole de la vallée, par la modernisation des systèmes d'exploitation agricole a diminué l'accès des bétails dans le waalo, à cause des aménagements hydro-agricoles.

Les acteurs de l'élevage mobile sont les éleveurs disposant d'un grand nombre de cheptel bovin (jargaa) qu'ils ne peuvent nourrir sur place. Ainsi, ces éleveurs font parcourir dans les lieux non cultivés les troupeaux bovins, sous la conduite quotidienne d'un berger (gaynako).Ce dernier est chargé d'amener les bovins aux pâturages, aux points d'eau du fleuve (toufdé), mais aussi de les surveiller contre les divagations dans les périmètres agricoles.

2.2 L'élevage bovin en milieu jeeri.

Dans la partie jeeri, les bovins ont plus de liberté avec l'absence des aménagements agricoles. Ils peuvent parcourir cet espace sans la conduite d'un berger ; il les attend aux forages qui sont des lieux d'abreuvement du cheptel. En effet, les forages constituent aujourd'hui des lieux de forte concentration du cheptel bovin. Le travail du berger dans le jeeri, consiste à assurer l'abreuvement de son cheptel qui est un travail pénible ; vu le nombre élevé des troupeaux qui convergent dans ces lieux, à la recherche d'eau. Ainsi, la différence de l'élevage de la zone waalo et du jeeri, réside sur le fait qu'en milieu jeeri, le troupeau à l'exception de vaches laitières (mbessdi) peut passer des jours à paitre dans la nature, sans retour au village d'origine.

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Par contre à l'échelle du waalo, le cheptel en plus d'être surveillé de près par le berger, rentre chaque soir et obtient une complémentation d'aliments de bétail (tourteaux d'arachides, son de riz) et de la paille du riz.

2.3 Etude comparative de l'élevage de transhumance et l'élevage à domicile.

Comparé à l'élevage sur parcours (élevage de transhumance), l'élevage à domicile ou élevage de case est un type d'élevage auquel le cheptel est totalement pris en charge, par son propriétaire sur place. Ce type d'élevage est en général pratiqué dans les agglomérations urbaines à Taredji, Mbantou, Guia. Le cheptel dépasse rarement 10 têtes et les acteurs sont pour la plupart des agriculteurs, des opérateurs économiques, surtout les femmes et même des fonctionnaires (enseignants, infirmiers). En effet, les éleveurs de case réinvestissent dans l'achat de bovins des revenus issus des récoltes, du commerce et des salaires. Dans ce système pour nourrir l'animal, l'éleveur achète des aliments de bétail (tourteaux d'arachide, farine basse, son de riz) .Certains qui sont des agriculteurs ramènent de l'herbes, dans des sacs qu'ils récupèrent dans leurs champs et des résidus de récolte pour ravitailler leurs bêtes, le soir quant ils reviennent à la maison.

D'autres qui ont des activités connexes comme le commerce, en plus des aliments achetés, payent des enfants pour qu'ils leur ramènent des résidus de récolte. Ainsi, c'est un système d'élevage intensif où l'éleveur est voué à l'engraissement de ses bêtes pour les vendre à bon prix dans les marchés hebdomadaires, ou pendant les événements culturels (mariages, cérémonies culturelles, religieuses).

Malgré l'ancrage à la transhumance, les peulh qui sont les principaux éleveurs adoptent petit à petit l'élevage à domicile. En effet, certains retiennent des bovins devenus faibles par manque de nourriture ou problème de santé dans leurs domiciles et les prennent en charge, afin de les intégrer dans le cheptel après rétablissement.

D'autres, retiennent une vache laitière qu'ils prennent en charge à domicile afin de se procurer du lait en période sèche ; un moment de faible productivité laitière des vaches .En guise d'illustration, Mamadou Ba éleveur à Maffré témoigne, : « durant la saison sèche (ceedu), la production laitière est très faible, c'est pourquoi je retiens dans ma maison deux vaches laitières que je nourrit par des pâturages ramassés dans la nature et des tourteaux d'arachide que

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j'achète à chaque marché hebdomadaire de Taredji ». En effet, conscient que leurs repas journaliers se font généralement à base de lait, les éleveurs dépensent assez d'argent dans l'achat d'aliment de bétail durant la saison sèche (ceedu) afin de rendre très productif les vaches laitières.

Tableau 6 : présentation des types de l'élevage bovin dans notre terroir de recherche.

Modes de l'élevage bovin

Systèmes de production en élevage bovin

Avantages

Difficultés

Elevage sur parcours

les bovins parcourent les

diversification du

récurrence des divagations du bétail

ou de transhumance

aires de pâturages ;

mode d'accès à la

dans les périmètres irrigués ;

 

aliments de

nourriture ; cheptel

dégradation des ressources

 

complémentation (son de

bovin important ;

naturelles par surpâturage du

 

riz, ognons, rakal) des

liberté de

cheptel bovin ; faible productivité ;

 

cheptels de la zone waalo

déplacement du

élevage dépendant de la

 

au retour le soir. La

bétail dans la zone

pluviométrie.

 

distance de parcours

varie en fonction de la disponibilité du pâturage.

jeeri.

Récurrence des cas de vol

Elevage à domicile

Bovins prisent en charge

Stabulation des

Fort taux d'investissement;

ou « élevage de

sur place par le

bovins ; source de

Animal bovin sécurisé

case »

propriétaire dans son

domicile ; achat

quotidien d'aliment de
bétail.

revenu après vente ; bovin d'appoint

 

Source : (enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

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II. Les stratégies des éleveurs pour une prise en charge alimentaire des bovins.

1. Le parcours journalier des aires de pâturages de la zone waalo et l'achat de vaine pâture aux agriculteurs des périmètres irrigués.

Rappelons que la prise en charge alimentaire des bovins avant l'aménagement hydro-agricole de la vallée du fleuve Sénégal était basée sur un système de transhumance périodique entre le jeeri, où le pâturage est abondant jusqu'à la fin des récoltes des champs de décrue, marquant un replie du cheptel bovin dans le waalo, à la quête des vaines pâtures disponibles.

Dans la partie waalo, la mutation dans l'accès aux nourritures du cheptel bovin est liée à l'intégration dans l'appropriation et l'exploitation des pasteurs peulh aux périmètres irrigués, issus des aménagements agricoles conçus par la SAED.

Présentement, les activités des peulh du waalo ne se résument seulement au pastoralisme ; ils sont devenus des agro-pasteurs car disposant des exploitations agricoles dans les périmètres irrigués. En guise d'illustration, on peut citer les villages de Diambo-diaobé et de Dioundou-décollé qui sont des villages d'éleveurs disposant des superficies agricoles, arrosées par le canal de Ngalenka. Ainsi, le bétail est conduit par le berger le matin dans les aires de pâturages qui se trouvent d'une part aux abords des exploitations agricoles et d'autre part dans les terres non cultivées de waalo. Les bovins sont accompagnés d'un berger veillant aux tentatives de divagation des troupeaux, dans les surfaces cultivées et qui les ramènent le soir à la maison pour la complémentation.

Retour du cheptel le soir pour la complémentation.

3

2

Aires de pâturages de la zone waalo

Lieu d'abreuvement du cheptel (toufdé)

1

Troupeaux bovin sous la conduite d'un berger

62

Figure 5 : Schéma descriptif de la prise en charge alimentaire quotidien des bovins (source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

Le schéma ci dessus, montre la routine quotidienne du cheptel bovin à la quête de pâturage dans la zone waalo. La complémentation est de la paille de riz, des drèches de tomates et d'ognons que l'éleveur rapporte des champs qu'ils exploitent dans les périmètres irrigués. Le transport de ces résidus de récolte se fait en charrette, ou par voiture et sont déposés dans une clôture en grillage ou sous un hagard.

1.2. L'achat des projets de vaine pâture après récolte, dans les périmètres irrigués ou dans les champs de décrue.

L'achat de la vaine pâture constitue l'une des mutations remarquables dans l'accès aux pâturages. Les agriculteurs des périmètres irrigués ne libèrent plus gratuitement leurs champs après récolte, permettant l'accès des troupeaux aux résidus des récoltes ainsi qu'à la fertilisation naturelle des sols par les déjections animales. Actuellement, les résidus de récolte sont monnayés avec les éleveurs de la zone waalo pour prendre en charge le cheptel bovin. Ainsi, les témoignages des éleveurs soutiennent la rupture de complémentarité et de solidarité entre éleveurs et agriculteurs, à la recherche de revenus agricoles. Ainsi, Moussa Ndiaye éleveur au village de Namardé, qualifie le système d'élevage bovin dans la zone waalo, d'un « élevage de poche », du fait des investissements importants des éleveurs pour satisfaire le bétail et témoigne que : « j'ai acheté un projet de vaine pâture qui va durer 2à 3mois avec un coût de 300.000FCA pour nourrir mes bovins ». Ainsi, après l'achat de cette parcelle des résidus de récolte, l'éleveur y conduit chaque matin ses bovins.

Photo 1 : cheptel bovin dans un projet de vaine pâture, acheté par un éleveur à Diambo

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(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

Ce système de gestion est le plus souvent utilisé par des agro-pasteurs dont le cheptel bovin dépasse rarement 50 UBT .Ceux qui ont un cheptel élevé c'est-à-dire supérieure à 50 UBT, ont tendance à transhumer vers le jeeri ou le ferlo. Les éleveurs ne pourront supporter l'investissement d'achat des résidus de récolte pour un cheptel bovin très nombreux ; le cheptel est conduit avec un membre de la famille accompagné de sa femme et de ses enfants chargés de la gestion des troupeaux bovins ou un seul berger qui logera chez une famille d'accueille ayant un lien de parenté avec sa famille d'origine. Ainsi, ce cheptel issu de la zone humide, entre donc dans une zone géographique à caractère typiquement pastoral et dont l'alimentation du bétail dépend de la couverture du tapis herbacé, qui varie en fonction de la pluviométrie.

1.3 Le parcours quotidien du cheptel bovin des pâturages du jeeri et une transhumance tournée vers le sud (ferlo, Sénégal oriental).

Le mode de prise en charge alimentaire n'a pas beaucoup varié à l'échelle du jeeri. Il reste un parcours journalier sur les pâturages du tapis herbacé, disponibles dans un espace multidimensionnel dépourvu d'aménagements agricoles, à l'instar de quelques périmètres des champs de cultures sous pluies. Ici, les pâturages sont liés à une bonne pluviométrie ; les troupeaux bovins pâturent dans l'aire géographique du jeeri et reviennent le soir au village d'origine pendant la saison des pluies. Cette dernière marque le temps de repos des éleveurs ; du fait de l'abondance et l'accès facile aux pâturages verts. C'est pourquoi, les sociétés pastorales

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durant cette période, se livrent le plus souvent aux mariages, aux événements culturels et religieux, après une bonne pluviométrie, source de stabilité dans le secteur de l'élevage.

Les modifications notées dans la politique alimentaire du cheptel bovin des éleveurs du jeeri, résident dans la réorientation de l'itinéraire de transhumance après la fin des pâturages, en saison sèche (ceedu). Auparavant, les éleveurs peulh du jeeri, venaient s'implanter dans le waalo afin d'exploiter les résidus de récolte des champs de décrue qui étaient des cannes de mil, de sorgho et de niébé. Ainsi, la vaine pâture arrivait à assurer la nourriture du cheptel, en attendant l'arrivé prochainement de la saison des pluies (nduggu) qui marque le retour du cheptel au jeeri.

Aujourd'hui, à chaque fin des pâturages dans le jeeri, les éleveurs orientent le parcours du bétail vers le ferlo et le Sénégal oriental pour accéder aux pâturages. Cette nouvelle orientation des éleveurs vers le sud est relative à la nouvelle configuration spatiale de la vallée, conduisant à une dislocation des échanges entre agriculture et élevage. En effet, beaucoup d'éleveurs soutiennent d'une part, une difficulté d'accès aux pâturages dans le Walo, à cause des exploitations agricoles nécessitant l'accompagnement quotidien des troupeaux par un berger et d'autre part à l'accès aux résidus de récolte, qui est désormais un produit commercialisé, jugé aussi très cher par l'éleveur. Ainsi, l'éleveur du jeeri, préfère transhumer vers le sud où l'accès aux pâturages est gratuit ; au lieu de dépenser beaucoup d'argent dans l'achat de vaine pâture et du paiement des dommages de divagation.

2. Achat d'aliments de bétail : une consommation principale du cheptel bovin

élevé à domicile.

Par ailleurs, les populations vouées à « l'élevage de case », se localisent généralement dans les agglomérations urbaines de la bretelle Taredji-Dioum, concernant les gros villages de Taredji, Guédé, Lérabé et de la bretelle Taredji-Podor qui regroupe les localités de Ndiawara, Diambo et de Guia. Ces populations, qui ont d'autres activités principales telles que l'agriculture et le commerce, investissent de gros moyens financiers pour nourrir sur place leur bovin dépassant rarement 10UBT. L'animal bovin est nourri d'aliment de bétail et des herbes ramassés ou coupés directement dans les champs par l'éleveur, disposant d'un périmètre agricole. Les propriétaires de bovin qui n'ont pas d'exploitations agricoles, sont obligés d'acheter tous les vivres de l'animal. Marieme Sy, qui développe un élevage sur place à Taredji témoigne, « j'ai élevé 2

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vaches à l'intérieur de notre maison, que je nourris des tourteaux d'arachide à hauteur de 4 kg/jour et des fourrages que je ramasse aux champs à l'aide de mes enfants ». En effet, ces propos traduisent les gros efforts d'investissement pour l'acquisition d'aliment de bétail. Ainsi, les tourteaux d'arachide constituent la principale ration journalière de l'animal et dont le prix du sac de 50kg varie en fonction de la disponibilité des pâturages naturels.

Tableau 7: Analyse des différents prix des tourteaux d'arachide et la ration journalière par bovin

Saisons

Prix d'un sac de 50kg

Ration d'un bovin par jour

Saison sèche

6000 à 8000 CFA

2 à 3 kg

Saison pluvieuse

4500 à 5500 franc CFA

0,5 à 1kg

(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

Ce tableau traduit une variabilité du coût d'achat des tourteaux d'arachide et la ration journalière du bovin. En effet, en saison sèche, avec la rareté des pâturages naturels, les pasteurs achètent des sacs de tourteaux d'arachide (rakal) pour les vaches laitières en général, qui sont très vulnérables à cette période délicate pour l'élevage. De ce fait, le prix du sac augmente dans les marchés hebdomadaires, à cause de la forte demande de la denrée par tous les groupes d'éleveurs, au secours de leur cheptel bovin.

La ration par bovin, va aussi augmenter à cause de l'absence des fourrages naturels que les éleveurs ramassaient aux environs de leurs villages, constituant des ressources supplémentaires dans la nourriture de l'animal.

Le prix du sac revient à la baisse dès la saison pluvieuse ; de même que la ration du bovin par jour. En effet, les pluies sont sources de végétation arborée et herbacée florissantes que les éleveurs à domicile exploitent comme sources de pâturages supplémentaires pour leurs bovins, entretenus sur place. Ainsi, l'éleveur diminue la consommation des aliments du bétail achetés durant cette période en augmentant la ration journalière, par l'herbe humide, prisent dans le terroir gratuitement ou payés aux enfants qui vendent le sac de 50kg rempli d'herbe humide à un coût de 200FCFA.

3. Le développement de la culture végétale : une nouvelle alternative alimentaire

du cheptel bovin.

Beaucoup d'acteurs scientifiques, ont eu à souligner dans leurs écrits, le manque d'innovation et de créativité des éleveurs dans la pratique de leur activité d'élevage. Ils dépendent énormément de la pluviométrie qui est très faible pour assurer les besoins des cheptels bovins en pâturages durant toute l'année.

Malgré cette forte dépendance à la nature, certains éleveurs ont pu maitriser la nourriture du bétail par la pratique de cultures de prairie dans les périmètres irrigués de la zone waalo et des cultures fourragères autour de certains forages dans le jeeri ; à l'image de Biddi. Là, il s'agit de la naissance d'une véritable révolution indépendante, prise par ces éleveurs afin de donner aux cheptels la nourriture quotidiennement sans la bénédiction de la nature (sans dépendance aux précipitations). En effet, les éleveurs investissement des techniques agricoles modernes pour développer des cultures fourragères et de la prairie en saison sèche, dans les aménagements hydro-agricoles. Ces agro-pasteurs pour enrichir leurs terres, divisent leur espace en deux qu'ils alternent en périmètre de cultures de rente et de cultures végétales. Ainsi, la photographie ci dessous présente un troupeau de bovin d'Abdoulaye Racine, habitant au village de khodith entrain de paitre sur une parcelle de prairie qu'il a produit dans ses terres par l'irrigation.

(Source : enquête de terrain ; projet ESCAPE, 2013).

66

Photo 2 :troupeaux bovins sur une parcelle de prairie

67

Cette image explique des efforts entamés par certains éleveurs dans la modernisation de l'accès à la nourriture du cheptel bovin. En effet, dans les aménagements agricoles du canal de Niangua, Ablaye Racine a montré son savoir faire pour un système agro-pastoral productif. Il a profondément modernisé son système de l'élevage. Son bétail ne manque pas de pâturage ; son cheptel bovin est en sécurité du fait de la disponibilité de pâturages ; il ne transhume plus vers le jeeri en saison sèche ; il produit du lait toute l'année.

Actuellement, conscient, de la réussite d'Abdoulaye Racine dans son innovation agricole, certains agro-pasteurs ont formalisé des projets de cultures de prairie pour rentabiliser leur pratique agricole, longuement hostile à l'intégration de l'élevage dans les périmètres irrigués, du fait de l'option politique de l'Etat d'un développement porté uniquement par l'agriculture irriguée.

Tableau 8 : le modèle de production de cultures végétales par Abdoulaye Racine Hann.

Nom de l'agro-

pasteur

Superficie aménagée

pour la
culture végétale

Nombre UBT

Durée

d'exploitation

Durée

d'utilisation

par le
cheptel bovin

Coût de

production

Avantages de ce système d'élevage

Ablaye racine hann

1ha

20

1 mois

3 mois

200.000

FCFA au
maximum

Cheptel nourrit

suffisamment ;

disponibilité du

lait ; habitat fixe.

bovin engraissé;
source de revenus

après vente de
bovin.

(Source : enquête de terrain ; projet ESCAPE, 2013).

68

Ce système de production montre la possibilité d'intégration de l'élevage dans les périmètres irrigués, mais aussi un modèle source de développement durable. En effet, l'agro-pasteur par cette stratégie d'alternance des terres de production d'élevage et terres agricoles, n'a pas besoin d'acheter des engrais chimiques pour enrichir les sols ; il bénéficie des déjections du cheptel bovin qui fertilisent ses exploitations agricoles.

Dans le jeeri, le développement des cultures fourragères arrosées par les forages est d'actualité. En effet, l'Etat du Sénégal dans sa volonté de moderniser le secteur de l'élevage et de répondre aux besoins alimentaires du bétail, a initié par le biais de ses services départementaux de l'élevage des projets d'exploitation de cultures fourragères. Le forage de Biddi est l'un des sites ciblés où un projet de cultures fourragères est en phase d'expérimentation.

Ce modèle de production de l'élevage bovin mis en oeuvre dans les périmètres irrigués, a défié la politique d'aménagement de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, qui n'a pas pris en compte les potentialités économiques et écologiques d'intégrer l'élevage dans l'agriculture irriguée.

4. Les moyens d'abreuvement du cheptel bovin.

4.1 L'abreuvement du bétail en milieu waalo.

L'accès du cheptel bovin à l'eau est une préoccupation fondamentale et quotidienne des acteurs de l'élevage. En effet, la distribution de la ressource eau n'est pas homogène ; la zone waalo est arrosée à partir du nord par les cours d'eaux du fleuve Sénégal ; elle est le terroir généralement humide de la communauté rurale Guédé-village. Dans cette partie, les troupeaux bovins s'abreuvent directement aux points d'eaux du fleuve (tufdé) qui sont bien connus par le cheptel conduit par le berger. En effet, le POAS a identifié 43 points d'accès aux cours d'eau par le bétail .Malgré les aménagements hydro-agricoles tout au long des cours d'eau de notre zone, les points d'accès aux eaux de surfaces, sont ouverts par des pistes de bétail, facilitant la conduite des bovins aux pâturages après l'abreuvement.

Les cheptels bovins qui s'abreuvent aux cours d'eau du fleuve appartiennent généralement aux éleveurs habitants les villages waalo tels que Dioundou, Diambo-diaobé, Boyo et aussi de troupeaux bovin de la zone centre ou moyen jeeri (Décollé-Taredji, Medina-Fresbé) après le tarissement des marres d'eau.

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En outre, disposant d'une charrette attelée à deux ou trois ânes, les éleveurs transportent l'eau des cours d'eau au village dans des chambres à air ou des bidons afin d'abreuver les veaux et les bovins vulnérables à domicile. Dans cette partie, l'accès à l'eau des cheptels bovins est favorable de par les potentielles des eaux de surface offertes par la nature même si certains éleveurs notent des difficultés d'accès à cause des périmètres irrigués.

4.2 Système d'abreuvement du cheptel bovin dans la partie jeeri.

Les difficultés d'accès à l'eau des cheptels constituent un frein au développement de l'élevage au niveau de la zone jeeri. Rappelons que le jeeri n'est pas concerné par les cours d'eaux traversant la partie nord de la communauté rurale de Guédé-village. L'accès à l'eau y demeure souvent un acte pénible pour les sociétés pastorales chargées de satisfaire tout un cheptel. Forages et puits restent les principaux sources d'eau, hormis les marres des saisons de pluies qui peuvent rester jusqu'au mois de décembre pour tarir.

Cependant, dans une volonté de répondre aux besoins des populations du jeeri ; essentiellement éleveurs, la politique Communautaire a favorisé l'implantation des forages pastoraux qui sont au nombre de six (6) forages. Ces infrastructures hydrauliques sont localisées à Bellel-Kellé, Maffré, Mbiddi, Mboyo-Diéri, Nénette, Petel-Diéguess.

Ces infrastructures en eaux ont réussi d'une part à l'organisation de la société peulh mais aussi à diminuer la transhumance vers des destinations extérieurs (Sénégal oriental, ferlo, waalo). En effet, les forages constituent aujourd'hui des points de convergence des troupeaux bovins à la recherche d'eau mais aussi des lieux de retrouvailles et d'échanges des pasteurs peulh. Ainsi, dans cette zone, les troupeaux n'ont pas besoin l'accompagnement d'un berger aux pâturages, mais il reste au forage pour les aider à s'abreuver correctement et de les pousser vers les pâturages (ortinowo). Tant que le tapis herbacé est disponible, les éleveurs resteront fixer dans leurs localités qui sont aujourd'hui de gros village ; à l'image de Biddi et Maffré.

Face à la saturation des forages par un nombre élevé de troupeaux, aux pannes récurrentes, et la perte de temps des troupeaux aux forages pendant la saison sèche, les cheptels bovins s'abreuvent rarement chaque jour. Comme dans la partie waalo, l'éleveur du jeeri ramène l'eau des forages au village dans une chambre à air ou des bidons sur une charrette attelée d'ânes sous

70

la conduite d'une femme ou de l'enfant de l'éleveur pour permettre aux veaux et les vaches laitières de s'abreuver sur place (à domicile).

En somme, les acteurs de l'élevage qui sont des agro-pasteurs avec l'implication de tous les groupes sociaux-ethniques, dans la partie waalo, et pasteurs essentiellement peulh dans la zone jeeri, sont très dynamique dans la pratique de l'élevage bovin. Ainsi, les acteurs de l'élevage bovin dans l'espace communautaire de Guédé-village, tendent à l'amélioration de la production du cheptel bovin. Dans le jeeri, le manque d'eau rend très difficile la pratique de l'élevage bovin ; les éleveurs du jeeri perdent beaucoup de temps aux forages et aux puits pour chercher de l'eau.

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CHAPITRE IV : LA REPRODUCTION GENETIQUE DE LA RACE BOVINE ET LA SANTE ANIMALE.

Dans ce chapitre, il s'agit d'analyser les innovations dans l'évolution génétique de la race bovine, et d'étudier les actions en cours pour une sécurité sanitaire des animaux bovins, dans la communauté rurale de Guédé-village.

I. Dynamique et évolution de la race bovine.

1. Le zébu cobra : la race historique des sociétés pastorales dans la CR de Guédé-

village.

Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, le zébu gobra (Bos indicus) constitue la principale race élevée par les éleveurs ; essentiellement peulh. Selon Pajal (1985), cité par Nkolo.S C (2009), la race zébu gobra : « c'est un bovin à bosse de grande taille (1,25à 1,40) et de format moyen. Le poids adulte est estimé à 415 kg chez le mâle et 332 kg chez la femelle. Les cornes en forme de lyre sont courtes chez la femelle et longues chez le mâle. La bosse est très développée, la robe est généralement blanche ou blanc rayée, le fanon est large et plissé prés des membres. La production laitière de la femelle zébu gobra est estimée à 1,5L à 2L du lait par jour et la durée de lactation est de 150 à 180 jours ».Traditionnellement, la relation entre l'éleveur peulh et son zébu gobra est qualifiée par beaucoup d'acteurs scientifiques et politiques, comme un attachement non pas à caractère d'ordre économique, mais plutôt affectif et culturel. Le zébu gobra est un patrimoine peulh qu'il doit garder le plus longtemps possible dans le cheptel. Ainsi, la vache traditionnelle de l'éleveur peulh porte le plus souvent un nom ; l'éleveur connait la généalogie de la vache, son caractère et sa possibilité de production laitière. Ainsi, beaucoup d'éleveurs adoptent la stratégie de distribution des bovins de type zébu gobra au sein de tous les membres de la famille, afin de les conserver durablement dans le cheptel de la famille. L'économie de subsistance basait sur le troc entre produits laitiers et de la récolte (mil, maïs, niébé), limitait aussi le rapport entre l'éleveur à la vache à une seule exploitation des produits laitiers.

L'autre attachement des éleveurs à l'élevage de race zébu gobra, est lié à sa capacité de supporter de long déplacement et la variabilité bioclimatique. Ainsi, durant les périodes sans pâturages ; à l'image de la sécheresse de 1973 au Sénégal, des cheptels ont pu quitter la CR de Guédé-village

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pour se rendre jusqu'au Saloum et dans le Sénégal oriental (Vélingara, Tambacounda) à la quête du pâturage, témoigne un éleveur pasteur à Maffré.

Cependant, la règne de la monnaie comme principal moyen d'échange dans la vallée du fleuve Sénégal et le phénomène de la « mondialisation », ont fortement bouleversé le lien solide longuement noué entre l'éleveur et la race bovine de type zébu gobra.

2. L'appropriation de nouvelles races bovines.

La déperdition culturelle qui se traduit par la perte de valeurs propres à une société humaine, est un « virus » qui a pu affecter également la société d'éleveurs de la moyenne vallée du fleuve Sénégal. Présentement, les éleveurs sont entrain de transformer leur cheptel par l'adoption de nouvelle race bovine telle que la race pakistanaise (boussera) et le zébu maure (safroyé).

La race pakistanaise se caractérise par sa grande taille et de grosses oreilles. Elle provient de l'Asie durant le début des années 1990 et accède aux éleveurs par les marchés hebdomadaires de daaras, de Niassanté et de Wido. Elle grandit très vite et a une assez bonne capacité de production laitière.

Le zébu maure (safroyé) s'identifie par sa robe rouge ou rouge blanche en général, ainsi qu'une bonne production laitière. « Elle est considérée comme une bonne laitière et produit en élevage extensif 800 à 1000L de lait à 4,5% de matière grasse en 240 jours », selon Kabera (2007). Son importance aujourd'hui, est facilité par la proximité géographique avec la Mauritanie (voire Carte localisation Guédé-village).En effet, notre zone constitue un lieu de transit du cheptel mauritanien à la recherche de pâturage et à la conquête des marchés de bétail. Ainsi, les agriculteurs des périmètres irrigués qui pratiquent l'élevage à domicile le plus souvent, sont les principaux éleveurs du zébu maure. Il est la race d'embouche des agro-pasteurs de préférence.

Avec l'élevage de ces nouvelles races, les éleveurs s'ouvrent dans une ère où la recherche d'animal à forte potentielle productive est d'actualité. Ils ont besoin de race capable de fournir beaucoup de lait et précoce pour répondre aux besoins du marché.

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II. L'insémination artificielle : un renouveau scientifique dans la transformation

génétique de la race bovine

1. Définition et historique de l'insémination artificielle.

L'insémination artificielle est une technique qui consiste à reposer à l'aide d'un instrument approprié et au moment opportun, la semence d'un mâle dans la partie la plus convenable des voies génitales d'une femelle sans qu'il ait un acte sexuel.

La découverte de l'insémination artificielle date depuis le XVIIIe siècle en Europe ; elle fut utilisée pour la première fois en 1779 par Lauro Spallanzani chez la chienne, selon Serge Claire Nkolo (2009). En Afrique, elle a été introduite pour la première fois en 1935 au Kenya par Anderson.

C'est n'est qu'en 1995 que l'insémination artificielle a été initiée au Sénégal par le Programme d'Appui au développement de l'élevage (PAPEL), à l'aide la Banque Africaine de Développement(BAD), dans le cadre de sa politique de modernisation de l'élevage afin de maximiser la production laitière. Ceci traduit, une volonté politique visant à répondre aux besoins des populations qui dépendent trop du lait importé de l'Europe et de l'Asie ; ce qui est paradoxale souvent si les éleveurs témoignent qu'ils déversent du lait pour les animaux en saison pluvieuse par manque de moyen de conservation ou de transformation des produits laitiers.

2. Les résultats de la pratique de l'insémination artificielle dans la CR de Guédé-village.

Malgré les réticences notées dans l'adoption de cette technique moderne par beaucoup d'éleveurs, le service départemental de l'élevage démontre que l'insémination artificielle a abouti à 45% de gestation en 2012 sur 1486 vaches inscrites. En effet, dans notre périmètre de recherche, l'insémination s'organise annuellement dans les différents parcs de vaccination, que dispose la Communauté Rurale de Guédé-village. En effet, suivant un calendrier bien défini, le service vétérinaire chargé du programme d'insémination, informe les chefs des villages de la date retenue. Ces derniers transmettent le message aux éleveurs qui dès le jour fixé par le vétérinaire, ramènent au parc de vaccination 1 à 5 vaches en âge de vêlage prête à l'insémination.

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Tableau 9: campagne d'insémination artificielle communauté rurale de Guédé-village 2012.

Centres d'insémination

Vaches inscrites

Vaches synchronisées

Guia

75

98

Ndiawara

90

68

Diatar

22

68

Dioundou

47

14

Guédé village

111

00

Taredji

50

38

Medina fresbé

22

27

Maffré

75

212

Mbiddi

80

62

Gawdé-boffé

00

28

(Source: enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ; données SDEL).

Ce tableau reflète les villages de la CR de Guédé-village qui sont en phase au programme d'insémination artificielle. En effet, il s'agit de 10 villages comprenant les 3 zones géographiques de la communauté rurale de Guédé-village qui ont opté l'insémination artificielle soit 38% de l'ensemble des villages officiels.

Le nombre de vaches synchronisées est différent d'un village inscrit à l'autre. Mais, il est important de remarquer que les éleveurs du jeeri ont eu plus de vaches synchronisées par rapport aux villages de la zone waalo. Par exemple, à Maffré le nombre de vaches synchronisées est de 212 vaches, contre 98 vaches synchronisées à Guia où la synchronisation est meilleure dans la partie waalo. Cette disparité dans la portée de l'insémination artificielle, s'explique d'une part par l'importance de l'élevage dans le jeeri, par rapport au waalo dont les activités agricoles sont

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dominées par l'agriculture irriguée et d'autre part à la volonté des éleveurs pasteurs à moderniser l'élevage bovin.

Toutefois, Les éleveurs ont noté des complications dans cette méthode scientifique qui les poussent à rejeter le plus souvent ce programme d'amélioration génétique élaboré par l'Etat du Sénégal. En effet, les éleveurs ont notés que les vaches où la gestation a échoué après insémination restent 3 à 4 années sans reproduire ; ce qui menace l'augmentation de leur cheptel bovin. Ainsi, un éleveur témoigne avoir vendu une vache inséminée de son cheptel qui est resté 3 ans sans se reproduire.

Néanmoins, les actions actuelles de l'amélioration génétique ont des résultats visibles dans la communauté rurale de Guédé village, même si les populations d'éleveurs sont généralement pessimistes au regard des programmes de modernisation du secteur de l'élevage que l'Etat juge archaïque ou inadapté, dans un contexte de mutation sociale et économique.

Ci-dessous une illustration des résultats de l'insémination artificielle dans la CR de Guédé-

village.

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Photo 3: bovin de l'insémination artificielle dans le village de Khodith.

(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

Cette photo montre l'engagement de certains éleveurs dans l'amélioration génétique de la race bovine. En effet, ce type de race a une capacité productive en lait plus important que celle de race locale. Ainsi, elle est une source d'exploitation économique de l'éleveur qui a besoin d'énorme quantité de lait, très prisé en saison sèche à cause de sa rareté et de sa forte utilisation dans les repas journaliers des populations de la moyenne vallée du Sénégal.

Tableau 10: Analyse des capacités productives des différentes races bovines dans la CR de Guédé-village.

Type de race

prix de vente d'un taureau
âgé de 3ans

production laitière par
traite

Zébu gobra

85000 à 110000

1 à 2

Boussera ou pakistanaise

125000 à 160000

2 à 2,5

Race maure ou safroyé

85000 à 130000

3 à 4

Bovin de l'insémination

350000à 400000

5 à 8

(Source: enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

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Ce tableau traduit les potentielles productives qu'offrent les différentes races bovines .Il reflète de grandes disparités dans la capacité de production laitière et à procurer de l'argent après vente. Ainsi, la race locale offre une production faible par rapport à la race boussera et surtout le bovin issu de l'insémination qui a une capacité productive, variant de 5 à 8 litre de lait par traite.

Par ailleurs, les éleveurs s'intéressent aussi à l'achat de taureau bon géniteur pour rendre leur cheptel bovin plus productif et bénéfique économiquement, dans un espace où l'échange est de plus en plus monétarisé. En effet, les races exotiques comme la race pakistanaise et celle issue de l'insémination sont vendues très chères dans le marché du fait de leurs capacités à produire beaucoup plus de lait, par rapport au zébu gobra dont la production laitière est quasiment nulle en saison sèche. De ce fait, certains éleveurs de la communauté rurale de Guédé-village sont plus que jamais déterminés dans la transformation de leurs cheptels, généralement zébu gobra en race exotique répondante aux besoins du marché bétail.

III. La santé animale : un programme majeure des éleveurs bovins.

1. Généralités sur la situation sanitaire du cheptel bovin.

La santé de l'animal bovin est une préoccupation du service de l'élevage et des éleveurs dans, la communauté rurale de Guédé-village. En effet, l'une des actions majeures de l'Etat demeure la campagne de vaccination annuelle organisée gratuitement dans tous les centres pastoraux. Ainsi, la campagne de vaccination effectuée en 2012, a concerné 35500UBT dans la CR de Guédé-village. Ainsi, les différentes données statistiques obtenus pour notre connaissance de la santé animale, ne concernent strictement pas notre zone d'étude ; mais sont des chiffres globaux de toutes les collectivités qui composent le département de Podor.

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Tableau 11 : épidémiologie des différentes affections des cheptels bovins dans le département de Podor.

Affections

Foyers

Morbidité

Mortalité

Localisation (Arrondissement)

Pasteurellose bovine

01

707

73

Thillé Boubacar, Gamadji Saré, Cas-cas.

Clavelée

01

106

16

Thillé Boubacar, Gamadji Saré, Cas-cas.

Avortement

01

30

00

Saldé

Distomatose

02

30

00

Thillé Boubacar

Botulisme

01

106

16

Gamadji Saré

(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).

Ce tableau évoque les différentes affections animales bovines dans le département de Podor. En effet la pasteurellose bovine, la clavelée et le botulisme paraissent plus fréquentes dans l'arrondissement de Gamadji-Saré à laquelle appartient notre zone d'étude. La pasteurellose bovine une mortalité estimé à 73UBT, restent l'affection la plus présente.

En outre, le service vétérinaire a noté l'apparition dans la zone waalo de nouvelles maladies bovines telles que la bilhargeoise animale ou schistomatose, l'hermoparasitose ou maladie du sang. Ces maladies sont apparues avec la modernisation agricole qui se traduit avec l'utilisation des engrais chimiques affectant l'écosystème de la zone.

2. Dynamique de la prise en charge sanitaire des bovins.

L'éleveur pasteur peulh a toujours eu une méfiance à toute politique ou appui extérieur à son mode de gestion d'élevage à cause des croyances culturelles. De ce fait, beaucoup d'éleveurs utilisent des stratégies locales et traditionnelles pour soigner leurs cheptels selon des connaissances transmises par les ancêtres. Ainsi, les campagnes de vaccination était considérée par les éleveurs comme un moyen élaboré uniquement par l'Etat pour estimer et contrôler les cheptels ; ce qui est contradictoire à la culture du pasteur peulh. C'est pourquoi l'adhésion des pasteurs peulh à la vaccination des troupeaux bovins a pris assez de temps.

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Aujourd'hui, les éleveurs ont visiblement montré un intérêt aux moyens sanitaires modernes pour la santé animale. En effet, l'engouement des éleveurs lors des campagnes de vaccination devient de plus en plus fort, ainsi qu'à l'achat de médicaments et de vaccins pour soigner leurs bovins. Aliou Sow, un éleveur à Mbiddi témoigne, « j'ai toujours avec moi des médicaments et des vaccins que j'achète lors du marché hebdomadaire de Mbiddi pour prendre soins de mes animaux en cas de maladies ». Ainsi, les éleveurs conscients de l'intérêt des sciences vétérinaires actuelles, investissent des moyens financiers pour s'offrir de médicaments et de vaccins pour le cheptel.

Cependant, les éleveurs à domicile sont très préoccupés pour une bonne santé de l'animal. En effet, les éleveurs à domicile font généralement l'embouche bovine et sont intéressés par l'engraissement de leurs sujets bovin pour les vendre à bon prix. De ce fait, ils font un suivi périodique de la santé animale mais aussi achètent des médicaments vitamines pour accélérer l'engraissement des animaux bovins.

Enfin, la pratique de l'élevage bovin subit des changements allant de la reproduction génétique à la santé animale.

Les éleveurs, dans le souci de rendre très productif l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village et les mutations sociaux environnementaux de la moyenne vallée du Sénégal, ont entamé la modernisation de l'élevage par l'insémination artificielle et l'achat de race exotique.

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CHAPITRE III : LE MODE D'EXPLOITATION DU CHEPTEL BOVIN.

L'exploitation du cheptel bovin dans la CR de Guédé-village connait présentement des changements ; elle n'est plus seulement limitée à la vente du lait pour prendre en charge les besoins alimentaires de base de l'éleveur, ni à la transhumance périodique pour assurer la nourriture du cheptel. Les éleveurs sont aujourd'hui de véritables acteurs dynamiques dans la gestion des cheptels bovins, en cherchant à rendre plus productif leur secteur économique et s'ouvrent aux institutions financières et techniques pour mieux exploiter le cheptel bovin.

I. Les stratégies de multiplication du cheptel bovin.

1. L'investissement des revenus agricoles sur l'achat de bovins.

La possession d'un cheptel bovin ou d'un périmètre irrigué dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, garantit l'investissement des acteurs concernés dans le secteur agricole. Conscients de cela, les agro-pasteurs, réinvestissent le plus souvent leurs revenus de l'agriculture dans l'achat de bovin après la vente des produits de récolte. Ce bétail acheté est généralement élevé à domicile et est totalement pris en charge par le propriétaire ; elle peut intégrer le cheptel et transhumé si la taille du cheptel d'accueille est de type extensif. L'acquisition du bétail acheté par les bénéfices issus de la vente des produits de récoltes, permettrait aux agro-pasteurs de multiplier leur cheptel bovin afin de sécuriser les fonds des revenus de l'agriculture. En outre, dès la préparation d'une campagne agricole dans les périmètres irrigués, certains agro-pasteurs, vendent quelques bovins pour réaliser l'exploitation agricole qui nécessite beaucoup de moyen financier. En guise d'illustration, Hamet Coly Dia ; chef de village de Diambo-diaobé, témoigne dans nos entretiens, « on n'a pas besoin de contracter une dette avec la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCAS) pour financer nos activités agricoles ; il nous suffit de vendre des bovins pour le financement de la campagne ». Cette stratégie des agro-pasteurs, montre la détermination d'acteurs qui veulent plus de liberté et de bénéfices dans leurs pratiques agricoles. Ainsi, la CNCAS principale partenaire des agriculteurs de la vallée du fleuve Sénégal, avec un taux d'intérêt de 7%, est décriée par les paysans qui n'ont pas d'autres sources de financement. De ce fait, ceux qui disposent de cheptel bovin ; à l'image des agropasteurs du village de Diambo-diaobé maximisent leurs productions agricoles et n'ont généralement aucun souci avec les institutions financières comme la CNCAS.

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A. Bénéfice de la campagne agricole.

B. Achat de C .Vente de bovins pour une nouvelle

bovine. Campagne agricole.

Figure 6: mode d'épargne des agro-pasteurs (enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013)

2. Le rajeunissement du cheptel bovin.

En cas de vieillissement du cheptel bovin, la productivité diminuerait .Conscients de cela, les éleveurs, ont tendance à vendre des vaches dont les capacités de production sont menacées par l'atteinte à l'âge maximale. En effet, beaucoup d'éleveurs ne laissent mourir des bovins en âge de vieillissement ; ils les trient dans le cheptel et les vendent dans les marchés hebdomadaires aux agriculteurs qui les engraissent avant de les revendre dans les marchés hebdomadaires ou lors des cérémonies religieuses (Gamou).

Cette stratégie de commercialisation, permet aux éleveurs de prendre en charge leurs dépenses familiales mais aussi d'acheter d'autres sujets bovins plus aptes à la production.

3. Le recours aux institutions financières pour la gestion de l'élevage bovin.

Les éleveurs, font recours aux institutions financières et investissent sur le bétail. Les uns sont de véritables opérateurs économiques qui empruntent de l'argent pour faire de l'embouche bovine ; les autres éleveurs font des prêts pour l'achat de nourriture de leur bétail, à la fin des pâturages naturels. Les éleveurs ont en général deux (2) sources de financement :

Le Fond d'Appui à la Stabulation (Fonstab) ;

La Coopérative d'Epargne et de Crédit (COPEC).

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3.1 Le fond d'appui à la stabulation (FONSTAB) : un financement de l'Etat

Le fond d'appui à la stabulation est un investissement de l'Etat du Sénégal, lancé en 2008 pour financer les éleveurs dans le cadre du programme de modernisation de l'élevage.

Les objectifs spécifiques de ce fond d'investissement, selon le ministère de l'élevage sont de faciliter le financement de certaines activités telles que:

« -La réalisation d'infrastructures respectant les normes modernes d'élevage ,
·

-L'acquisition d'équipement de production, de transformation, de conditionnement, et de commercialisation des produits animaux ,
·

-La pratique de cultures fourragères ,
·

-l'acquisition d'intrants et des facteurs de production pour les animaux en stabulation et la modernisation des pratiques ,
·

-L'installation d'unités artisanales, semi industrielles et industrielles de modernisation et d'intensification des techniques de production animales » .En effet, ce fond logé à la CNCAS de chaque département, est géré par les services départementaux de l'élevage chargés d'étudier et d'autoriser le financement après une étude de la viabilité du projet de l'éleveur. Dans le département de Podor, les éleveurs s'organisent en GIE (Groupement d'Intérêt Economique) ou sont des individuelles pour demander le financement de leur activité d'élevage. Ce programme d'investissement initié par l'Etat du Sénégal a connu un succès dans le département de Podor avec 84% de remboursement en 2013, selon le service départemental de l'élevage. La stratégie de ces emprunteurs, s'articule à acheter des bovins en période sèche, les prendre en charge à domicile afin de les revendre à bon prix quelques mois après engraissement.

3.2 La COPEC : une initiative locale pour le financement des agropasteurs.

La COPEC est un programme mis en oeuvre par la coordination des agro-pasteurs pour le développement (CORAD) pour financer les activités de l'élevage et de l'agriculture. Elle connait une vaste adhésion des populations de la communauté rurale de Guédé-village avec 1743 membres dont 925 femmes. Ce programme de la CORAD, traduit les actions de développement

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initiées et conçues par les acteurs économiques locaux et dont les éleveurs participent activement.

D'après notre entretien avec l'agent de la mutuelle à Taredji, la majorité des emprunteurs sont des éleveurs avec un taux de 90% de remboursement. En effet, en saison sèche, le coût de vente des bovins étant très faible, les éleveurs préfèrent emprunter de l'argent à la mutuelle pour prendre en charge leurs besoins vitaux et les besoins du cheptel durant cette période difficile au lieu de bazarder leurs bovins dans les marchés hebdomadaire. Ainsi, ils achètent des tourteaux d'arachide et des projets de vaines pâtures pour la complémentation de la nourriture du cheptel. Après la saison des pluies, les bénéficiaires pourront vendre quelques bovins à bon prix afin de rembourser la somme contractée à la mutuelle.

II. Les innovations dans la commercialisation et la transformation du lait de vache :

Exemple du GIE Dental Bamtaré Toro.

Jadis, le commerce des produits laitiers se faisait sous forme de troc (thipaal) ; les éleveurs spécifiquement des femmes, écoulaient leur production laitières dans les villages d'agriculteurs (remobé) et de pêcheurs (cubbalbé) contre du riz, maïs, mil, et du niébé.

Actuellement, le système d'échange des produits laitiers se fait généralement contre la monnaie ; des avancés sont notés avec l'initiative révolutionnaire entamée par le GIE Dental Bamtaré Toro, dans le cadre de la transformation et de la commercialisation du lait. En effet, Le Dental Bamtaré Toro est une association pour le développement, crée le 15/01/1987, dans la communauté rurale de Guédé-village et regroupe vingt (20) villages. Sa première activité est l'alphabétisation. En 1992, pour palier au manque de vétérinaire elle a formé 43 auxiliaires vétérinaires, choisis dans chaque village de la communauté rurale.

Dental Bamtaré Toro, s'est investi dans l'exploitation des produits laitiers, par l'implantation d'une unité de conservation et de transformation laitière à Taredji. Cette unité laitière, dirigée par une femme peulh, montre une rupture de la hiérarchisation sociétale dans le Fouta et l'engagement des femmes dans la modernisation de l'élevage. Cette laiterie achète de lait frais chez les éleveurs des villages peuls environnants, le transforme en lait caillé et le met dans des sachets propres à l'entreprise sous le label Dental. Ce produit laitier transformé est vendu sur place à Taredji, dans les centres urbains comme Dioum et Podor et dans les marchés

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hebdomadaires tels que Fanaye, Guia par les revendeurs. Les éleveurs qui ravitaillent la laiterie sont rémunérés chaque mois en fonction de la quantité du lait fournit. Les producteurs laitiers sont organisés d'après Djiby Ba coordinateur à la laiterie, qui témoigne, « Les villages d'éleveurs nous produisent du lait ; chaque village a une section avec qui nous discutons des modalités de partenariat. ». En effet, ce système de commercialisation formalisé, amorce une professionnalisation du secteur de l'élevage bovin. Ainsi, les éleveurs associés à cette entreprise ont été déchargés des vas et viens dans les maisons d'agriculteurs pour vendre leur produits laitiers ; ils ont désormais une destination unique qui est l'unité laitière et ne bazardent plus le prix du lait selon l'entretien avec Sada Sow, agent service communautaire de Guédé-village. Ainsi, l'éleveur producteur du lait à la laiterie pourra percevoir une bonne somme d'argent à la fin du mois et subviendrait à ses besoins vitaux en laissant son cheptel bovin à l'abri de la vente.

Par ailleurs les variabilités climatiques influent sur la commercialisation de ce produit laitier issu des bovins. En effet, en période d'hivernage, la production laitière fournit par les éleveurs diminue et devient très élevée en période d'hivernage. De ce fait, le prix acheté par l'unité laitière n'est pas fixe ; il varie en fonction de la quantité du lait de lait produit et livré. Ainsi, la production laitière est de 40litres en moyenne par jour.

Ce mode d'exploitation des produits laitiers entamé par le GIE Dental Bamtaré Toro, ouvre les éleveurs dans le marché de l'innovation du secteur de l'élevage qui regorge d'énormes potentielles de développement non exploitées allant des déjections animales ; à la fertilisation des sols, en passant par la viande jusqu'à la peau de la vache.

Pour conclure ce chapitre, nous avons vu la stratégie des éleveurs pour la multiplication des cheptels bovin qui se résume en : investissement des revenus agricoles et le recours aux institutions financières en période de soudure.

L'élevage bovin constitue une source d'épargne des agro-pasteurs afin de financer la campagne agricole, sans emprunts à la CNCAS.

L'accès aux financements par les éleveurs bovins est un mode de gestion permettant aux éleveurs de satisfaire leurs besoins vitaux, en saison sèche et de vendre quelques têtes de bovin à bon prix en saison des pluies, pour le remboursement du prêt.

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CHAPITRE IV : IMPACTS DES MUTATIONS DANS LA GESTION DE L'ELEVAGE BOVIN ET LE DIAGNOSTIC DES SES CONTRAINTES.

Les évolutions notées dans la gestion de l'élevage bovin sont facteurs d'impact dans la gestion foncière, sur le développement économique, social et culturel des sociétés d'éleveurs. Dans ce chapitre, nous retraçons l'ensemble des effets liés aux mutations dans la gestion de l'élevage bovin et les principales difficultés de l'élevage.

I. Les effets des mutations dans la gestion de l'élevage bovin.

1. Les effets environnementaux.

Le changement du rapport agriculture et élevage a fortement influé l'environnement de la zone waalo. En effet, les déjections animales dans les champs de décrue rendaient les sols fertiles à l'exploitation agricole. Considérant que la vaine pâture est vendue actuellement dans les périmètres irrigués après les récoltes, les éleveurs qui ont un cheptel élevé ou ceux qui n'ont pas de moyens financiers pour acheter cette vaine pâture, préfèrent rester dans la zone jeeri ; autour des forages. Désormais, après la fin des pâturages dans le jeeri, aux mois de mai et juin, les éleveurs transhument vers le sud du Sénégal et se déplacent à la fin des pâturages vers le ferlo. Avec cette nouvelle orientation des éleveurs vers d'autres horizon que le waalo, autrefois lieux de refuge des troupeaux du jeeri en saison sèche, les agriculteurs utilisent intensivement les engrais chimiques pour fertiliser les sols aménagés.

Cette utilisation abusive d'engrais chimiques a rendu plusieurs hectares de terres incultivables dans la communauté rurale de Guédé-village, selon le délégué général de la SAED de Podor. C'est pourquoi, les agriculteurs voient la production agricole diminuée avec l'épuisement des sols et sont obligés de trouver d'autres terres arables pour mener l'activité agricole. Ainsi, l'appauvrissement des terres aménagées et cultivées dans les périmètres irrigués, est l'une des origines du rétrécissement de l'espace agro-pastoral du fait que les paysans ont l'exploitation de nouvelles terres comme alternative, pour une meilleure production agricole.

De même, les engrais chimiques utilisés dans la fertilisation des sols, contaminent les cours d'eaux par les canaux d'irrigation qui arrosent les surfaces aménagées. Et, le cheptel qui s'abreuve aux points d'eaux (toufdé) est exposé à des maladies infectieuses d'origine chimique.

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2. L'impact socioculturel et économique lié aux mutations dans la gestion de l'élevage bovin.

La gestion actuelle de l'élevage bovin a eu un impact social dans la vie des éleveurs. En effet, la société pastorale, essentiellement peulh, fut considérée comme peuple sans domicile fixe ; un peuple dépendant de la disponibilité du pâturage et de l'eau pouvant supporter les besoins du bétail. Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, ces éleveurs par des mouvements saisonniers, s'implantaient dans le jeeri en saison de pluie et dans la zone waalo en saison sèche.

Aujourd'hui, beaucoup d'éleveurs de la zone waalo ont renoncé au nomadisme qui constituait le déplacement de toute une famille de l'éleveur vers le jeeri avec le cheptel en saison sèche. En effet, les éleveurs de la zone waalo sont en même temps des agriculteurs qui se livrent quotidiennement à la culture irriguée. Ainsi, la transhumance actuelle vers le jeeri, concerne généralement un membre de la famille chargé de prendre en charge le cheptel (aggo).

Les éleveurs de la zone jeeri, qui n'ont que l'élevage comme activité économique, transhument rarement vers le waalo en période post récolte ; ils restent autour des forages de Biddi et de Maffré jusqu'à la fin des pâturages afin de remonter vers le ferlo pour récupérer très tôt l'hivernage s'installant progressivement au Sénégal à partir du sud-est. Là aussi, toute la famille de l'éleveur ne se déplace pas avec le cheptel bovin ; un seul membre accompagné de sa femme et de quelques jeunes bergers (sourgabé) font cette transhumance temporelle.

Cette nouvelle configuration du pastoralisme dans notre zone, est à l'origine de la stabilisation des éleveurs dans leur terroir ; d'où l'existence de gros villages d'éleveurs. Dans le jeeri, de gros villages comme Maffré, Biddi, Petel-Diéguess se concentrent autour des forages, mais aussi autour des périmètres irrigués, dans la partie waalo (Diambo, Dioundou).Ces villages disposent des services sociaux de base (école, case de santé, eau potable,) et des types d'habitats qui s'évoluent considérablement vers des constructions en ciment, à la place des cases en paille.

Cette concentration de villages d'éleveurs est marquée par la scolarisation des enfants d'éleveurs à l'enseignement français. Les éleveurs étaient réticents à l'école française qu'ils considéraient comme outil de déracinement à la culture peulh que les générations doivent conserver. Mais aussi, les enfants jouaient un rôle fondamental dans la conduite des troupeaux aux pâturages et aux points d'eaux. De ce fait, les premiers diplômés de l'école française dans notre périmètre de

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recherche sont le plus souvent issus des familles d'agriculteurs et de pêcheurs. Ainsi, le mode actuel de l'élevage qui se traduit par la fixation progressive des sociétés pastorales, dans de gros villages facilitent l'acceptation de l'école française dans ses villages peulh qui s'intègrent de plus en plus dans le monde extérieur où l'éducation est primordiale. La société pastorale, à l'égard des agriculteurs et pêcheurs, s'intéressent à l'éducation qui se traduit par l'émergence de nouvelles élites dont les parents sont éleveurs peulh pasteurs.

L'autre effet résultant des mutations dans la gestion de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village, est l'apport de revenus économiques aux éleveurs. Rappelons que l'élevage bovin n'est plus une activité de substance où l'éleveur échange seulement ses produits laitiers avec les récoltes de l'agriculteur pour vivre ; l'élevage est actuellement source de production économique. En effet, l'insémination artificielle, l'achat de taureau bon géniteur et des projets de vaines pâtures, rentrent dans une nouvelle conscience de rendre plus productif l'élevage bovin.

Ces nouvelles formes d'élevage bovin ont aussi des effets économiques ; les éleveurs réinvestissent dans le commerce. Ainsi, dans les agglomérations comme Taredji, des éleveurs ont investi le commerce en ouvrant des boutiques d'alimentation générale, d'autres parcourent les marchés hebdomadaires en commercialisant des marchandises (vivres, vêtements, chaussures, médicaments). Donc, les éleveurs ne se limitent plus à l'élevage ; ils diversifient leurs activités d'élevage en y associant le commerce et l'agriculture.

II. Les difficultés de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village.

1. Les problèmes majeurs de l'élevage dans la CR de Guédé-village.

Les éleveurs sont confrontés à des contraintes énormes dans la pratique de l'élevage. Ainsi, les principales difficultés sont :

? Le manque de pâturage suffisant pouvant supporter annuellement la charge du bétail ; ? La cherté des aliments de bétail pendant la saison sèche, après la fin des pâturages ; ? La fragilité du bétail face aux pathologies ;

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? Le manque d'eau dans la zone jeeri, avec une récurrence des pannes des forages où s'abreuvent des milliers de bovins par jour ;

? Des conflits avec les agriculteurs à cause des cas de divagations, dans les périmètres irrigués.

L'autre problème de l'élevage est lié à la faiblesse des investissements de la part de l'Etat. En effet, l'appui de l'Etat aux éleveurs est limité qu'aux programmes de vaccination, et des subventions des aliments de bétail à la fin des pâturages. Les infrastructures d'élevage élaborées par l'Etat sont très faibles.

Carte 5 : Infrastructures de l'élevage de la CR de Guédé-village

Cette carte des infrastructures de l'élevage dans la communauté rurale de Guédé-village, montre que les efforts de l'Etat et des élus locaux sont encore minimes dans le cadre d'équipement

89

d'élevage. Ainsi, en matière de conservation et de transformation laitière, seule la localité de Taredji dispose d'une unité laitière qui est même une réalisation locale d'organisation d'éleveurs. Les éleveurs, surtout ceux du jeeri, manque d'équipement de conservation du lait en période pluvieuse pendant laquelle la quantité produite est très élevée.

L'insuffisance de forages pastoraux qui sont au nombre de six(6) dans la CR de Guédé-village freinent le développement de l'élevage dans la partie jeeri où les populations pasteurs font des km à la recherche de l'eau.

2. Les feux de brousse : un souci majeur pour la préservation des pâturages de la CR de Guédé-village.

Le feu de brousse (Cummu) est l'ennemi numéro un (1) de l'éleveur. Pourtant, il ravage chaque

année des milliers d'hectares dans les espaces ruraux, obligeant les éleveurs à la transhumance vers le ferlo et le Sénégal oriental à la recherche du pâturage.

Tableau 12 : les conséquences des feux de brousse en 2012.

Période

Localité

CR

Superficie
brulée

Dégâts causés

24 au 27 octobre

2012

De Ndogmami à
Ganina

Dounga Lao,
Dodel, Gamadji
Saré, Guédé
village,
Ndiayéne
Pendao, Fanaye

65000Ha

Tapis herbacé ; animaux,
récoltes, écoles brulés.

30 octobre 2012

 

Guédé village,
Gamadji Saré

700 ha

Tapis herbacés brulés.

(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ; données service des eaux et forets).

Ce tableau est un exemple des dégâts causés annuellement par les feux de brousse touchant notre zone d'étude. En effet, ces deux (2) feux de brousse en 2012 ont brulé 65700ha dans neuf (9) collectivités du département. Cette superficie ravagée montre la vulnérabilité de ces espaces ruraux face aux dégâts. Ainsi, les populations et les services des eaux et forets n'ont pas les

90

moyens nécessaires pour lutter contre les feux de brousse. L'importance des surfaces brulées en cas de feux de brousse n'est plus à démontrer dans cet espace géographique.

91

CONCLUSION GENERALE.

Au terme de notre travail de recherche scientifique sous un approche géographique, nous retenons que la gestion de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village a subi des mutations, tant au niveau de la prise en charge alimentaire, que sur le plan de la reproduction et de l'exploitation du cheptel bovin. Ces évolutions dans la gestion de l'élevage bovin, constituent simplement des stratégies d'adaptation des éleveurs aux changements environnementaux et sociaux présentement visibles dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal. En effet, l'espace pastoral se rétrécit au profit des aménagements hydro-agricoles dans la zone waalo où l'Etat du Sénégal, avec l'appui de ses partenaires au développement, a mis des moyens techniques, financiers et juridiques pour l'expansion de l'agriculture irriguée en riz. Il oublie le rôle social, économique et écologique de la complémentarité agriculture/élevage pastoral et pêche qui était à la base de l'organisation des peuples vivants dans cet espace. Par conséquent, dans cette partie de la communauté rurale de Guédé-village, les éleveurs confrontés à des difficultés d'accéder aux pâturages, entrent souvent en conflit avec les agriculteurs du fait de la récurrence des divagations de bovins dans les périmètres irrigués.

Face à ce nouveau paysage de la zone waalo, les éleveurs dépensent aujourd'hui beaucoup de revenus financiers dans l'achat de vaine pâture, et d'aliment de bétail pour entretenir le cheptel bovin. C'est pourquoi, les éleveurs de la zone waalo diversifient leurs activités en pratiquant l'agriculture, le commerce du bétail et de la viande dans les agglomérations urbaines et lors des marchés hebdomadaires. L'élevage traditionnel à lui seul n'arrive plus à supporter la charge animale et celle de la famille, dans une société où les échanges sont désormais monétarisés. L'accès aux produits alimentaires se fait avec la monnaie remplaçant le troc des produits de l'agriculture (mil, mais, riz, sorgho, niébé), de pêche (poissons) et de l'élevage (lait).

Pour s'adapter à la configuration spatiale de la zone waalo, favorable à l'agriculture, les éleveurs ont aussi développé des innovations dans la reproduction et l'exploitation du cheptel bovin .Certains d'entre eux ont accepté l'insémination artificielle des vaches laitières et l'appropriation de races exotiques, plus productives que le zébu gobra. Il s'agit d'un renouveau dans la transformation génétique du cheptel bovin des sociétés pastorales pour qui, le zébu gobra est considéré comme « un patrimoine » à cause de son lien historique avec l'éleveur.

92

Les changements notés dans la gestion de l'élevage bovin dans la zone jeeri, sont généralement observés dans les mouvements périodiques ou saisonniers du cheptel bovin et le mode de transhumance des éleveurs. En effet, l'expansion hydro-agricole dans le waalo, ne facilite pas aujourd'hui la présence des cheptels bovins venus du jeeri, en saison sèche, à la recherche de pâturage. Les éleveurs restent autour des forages pastoraux avec les animaux et transhument vers le sud du Sénégal, à la fin des pâturages. Ainsi, l'espace jeeri, se densifie avec l'émergence de gros villages d'éleveurs, avec l'amélioration d'un cadre de vie des éleveurs qui se traduit par l'implantation des services sociaux de base.

Enfin, malgré les changements climatiques qui se traduisent par des variations des températures, des précipitations et le rétrécissement de l'espace pastoral par l'expansion agricole, l'élevage reste une activité présente et développée dans la communauté rurale de Guédé-village. Il permet aux éleveurs d'investir sur l'exploitation agricole et le commerce, dans un but de diversifier les activités économiques et d'assurer l'entretien du bétail, qui n'est possible que par l'accès à des ressources supplémentaires.

93

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100

GLOSSAIRES DE MOTS VERNACULAIRES

Aggo : individu spécialisé à l'élevage pastoral.

Aynabé : éleveurs

Ban bana : commerçant de détail.

Bamwami : Colotropis procera.

Balboré : Ingofera oblongifolia.

Ceedu : Saison sèche.

Ceernebé : Marabouts.

Cipowo : vendeuse du lait.

Cubbalbé : pécheurs.

Cummu : Feux de brousse.

Diabé : Zizyphus mauritania.

Diacré : Bourrelets recouverts par la crue moyenne rarement cultivés et occupés par les acacias.

Dioula : Commerçant de bétail.

Dental Bamtaré : Association pour le développement.

Fondé : Hautes levées anciennes.

Gawdé : Acacias nilotica.

Halpulaar : Individu qui parle la langue Pulaar.

Hollaldé : Argile.

Jeeri : Zone non inondable dans la vallée du fleuve Sénégal.

Jejeengol : Zone de transition entre le Jeeri et le Waalo.

Jom gallé : Chef de ménage.

Mbessdi : Vaches laitières.

Maccubé : esclaves.

Ndabunde : Contre saison froide.

Niaygaal : Pénétration des troupeaux dans les champs après récolte pour les résidus de récolte.

Ortinowo : Conducteur des troupeaux aux pâturages après abreuvement.

Remobé : Agriculteurs.

Rakal : Tourteaux d'arachides.

Sourgabé: Employés ou apprentis.

Safroyé : Zébu maure.

Toufdé : Point d'eau du fleuve.

Thilloky: Acacia radiana.

Torodo: Classe noble du Fuuta Toro.

Waalo : Zone inondable par la crue du fleuve.

LISTE DES CARTES :

Carte 1 : Localisation de la communauté rurale de Guédé village.

Carte 2 : Sols de la communauté rurale de Guédé village.

Carte 3 : Répartition des localités de la communauté rurale de Guédé village.

101

Carte 4 : Infrastructures d'élevage de la communauté rurale de Guédé village.

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Evolution des températures de la station de Podor.

Figure 2 : Composition ethnique de la CR de Guédé village.

Figure 3 : Les différents périmètres aménagés dans la CR de Guédé village.

Figure 4 : Estimation cheptel département Podor.

Figure 5 : Schéma descriptif de la prise en charge alimentaire des bovins.

Figure 6 : Mode d'épargne des agro-pasteurs.

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Cheptel bovin d'un éleveur à Diambo dans un projet de vaine pâture. Photo 2 : Troupeaux bovins sur parcelle de cultures fourragères.

Photo 3 : Vache issue de l'insémination artificielle.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Moyenne des précipitations à la station de Podor de 1982 à 2011 en mm.

Tableau 2 : Les principales espèces végétales de l'espace communautaire de la CR de Guédé-

village.

Tableau 3 : Estimation par sexe de la population de la CR de Guédé-village en 2012.

Tableau 4 : Estimation cheptel CR Guédé-village.

Tableau 5 : Les différents prix du bétail commercialisé selon les 4 périodes de l'année.

Tableau 6 : Présentation des types de l'élevage bovin dans notre terroir de recherche.

Tableau 7 : Analyse des différents prix des tourteaux d'arachides et la ration journalière par

bovin.

Tableau 8 : Le modèle de production de cultures végétales par l'agro-pasteur d'Abdoulaye

Racine Hann.

Tableau 9 : Campagne d'insémination artificielle CR de Guédé-village 2012.

Tableau 10 : Analyse des capacités productives des différentes races bovines, dans notre zone

d'étude.

Tableau 11 : Epidémiologie des différentes affections des cheptels bovins.

Tableau 12 : Les feux de brousse et leurs conséquences en 2012.

102

ANNEXE 1

Cumul des précipitations de 1951 à 2011 (station de Podor). Cumul par décennie

De 1951 à 1960

ANNEE

1951

1952

1953

1954

1955

1956

1957

1958

1959

1960

PRECIPITATIONS

384

366

337

199

793

334

279

375

223

310

De 1961 à 1970

ANNEE

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

PRECIPITATIONS

309

125

329

352

342

247

271

210

431

255

De 1971 à 1980

ANNEE

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

PRECIPITATIONS

137

110

153

151

225

264

132

315

227

220

De 1981 à 1990

ANNEE

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

PRECIPITATIONS

140

169

76

57

143

246

201

297

340

128

De 1991 à 2000

ANNEE

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

PRECIPITATIONS

135

158

283

153

284

168

234

259

246

201

De 2001 à 2011

ANNEE

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

PRECIPITATIONS

402

228

348

159

338

312

197

221

327

385

211

Evolution des températures de 1982 à 2011 (station de Podor).

 

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Moy.

T°max

31

33,9

36,7

39,4

45,4

40,8

37,7

36,7

37,2

39

36,2

33,6

36,9

T°min

16

18

20,1

22

24,6

24,9

25

25,2

25,4

24,7

20,9

17,6

22

Am

15

15,9

16,6

17,4

16,8

15,9

12,7

11,5

11,8

14,3

15,3

16

14,9

Moy.

23,5

26

28,4

30,7

33

32,8

31, 3

30,9

31,3

31,8

28,5

25,6

29,4

Source : (ANACIM, 2012)

Estimation cheptel (bovins, ovins, caprins, équins) département de Podor

103

Collectivités locales

 

Total cheptel

Bollo Birane

111468

Bokki dialoubé

100749

Dunga lao

71928

Madina ndiathbé

88371

Méri

66038

Gamadji Saré

103275

Dodel

76258

Guédé village

88700

Fanaye

112268

Ndiayéne Pendao

105236

Podor

6743

Ndioum

17685

Ngolléré

7484

Ndiandane

8952

Galoya

4029

Peté

4765

Mboumba

12789

Aéré lao

18593

Bodé lao

1870

Démette

6300

Walaldé

5948

Guédé chantier

6349

Estimation cheptel bovin département de Podor 2012.

Collectivités locales

Total cheptel

Bollo Birane

23657

Bokki dialoubé

26928

Dunga lao

25066

Madina ndiathbé

25150

Méri

16446

Gamadji Saré

29860

Dodel

19150

Guédé village

26800

Fanaye

26244

Ndiayéne Pendao

23911

Podor

935

Ndioum

3091

Ngolléré

1115

Ndiandane

1520

Galoya

1420

Peté

1650

Mboumba

1050

Aéré lao

3718

104

Bodé lao

1108

Démette

1230

Walaldé

1050

Guédé chantier

950

(Source SDEL/Podor)

ANNEXE 2

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE
PRESIDENT DE LA CR RURALE.

· La politique du conseil rural pour l'élevage bovin.

· Les projets du conseil rural portant sur le développement de l'élevage.

· Si les infrastructures de l'élevage sont elles réalisées par le conseil rural.

· L'apport de l'élevage à l'économie de la zone d'étude.

· Si des terres sont elles affectées aux éleveurs.

· Si oui ces terres sont elle intégrées dans un système agro-pastoral ?

· Comment est l'évolution du foncier pastoral de 1974 à nos jours ?

· Liste des infrastructures de l'élevage ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE CHEF
DU CADL

Quel est le programme conçu par l'Etat pour l'élevage ?

Quelles sont les réalisations de L'Etat en matière d'élevage ?

Dans quel domaine technique l'appui de l'élevage bovin est accentué ?

Y'a-t-il changements dans la pratique de l'élevage bovin ?

Comment se présente ces changements ?

Y'a-t-il des financements aux projets d'élevage bovin ?

105

Quels sont les actions et démarches du CADL face aux risques climatiques ?

Quels sont les bailleurs de fond pour appuyer le développement de l'élevage bovin ?

Quel est l'évolution de l'appui de l'Etat au secteur de l'élevage bovin dans la zone de 1974 à nos

jours. GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE SOUS

PREFET

Quelle est la place de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village ?

Existe-t-il des règles ou normes relatives à la bonne cohabitation des activités agriculture et élevage ?

Quelle est votre appréciation du climat social actuel entre éleveur et agriculteur dans la zone d'étude ?

Connaissez-vous le code pastoral ? Est-il en vigueur dans la Communauté rurale ?

Quelle évaluation peut-on faire des politiques sources de changement et d'innovation en matière de l'élevage bovin ?

Quelle est l'évolution du foncier pastoral ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PRESIDENTS D'ASSOCIATION D'ELEVEURS

Nom de l'association

Qui composent cette association d'éleveurs ?

Pourquoi l'association est elle crée ?

Quels sont les objectifs de l'association ?

L'association a-t-elle une vision de modernisation de l'élevage bovin ?

106

Dire le ou les domaines dans lequel l'association a réussi à moderniser l'élevage ?

Quels sont les partenaires de l'association ?

Quelle est la priorité de l'association ?

Quelles sont les limites et les défis de l'association ?

Quel est votre point de vue sur l'évolution du climat durant ces dernières décennies ?

Quelles sont les modifications intervenues dans la pratique de l'élevage de 1974 à nos jours ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES ORGANISMES FINANCIERES DE L'ELEVAGE BOVIN.

Nom d'institution financière ? Lieu d'implantation . ?

Les types de financements aux éleveurs bovins ?

Quelle est la principale aire géographique (Waalo, jejeengol, jeeri) des éleveurs emprunteurs ?

Quelle est la motivation des éleveurs à solliciter un prêt ?

Quelle est la période des prêts et de remboursement par les éleveurs durant l'année ?

Le taux de remboursement des emprunts par les éleveurs bovins ?

Quelle différence entre le financement attribué aux éleveurs et aux agriculteurs ?

Les difficultés rencontrées dans le financement des éleveurs bovins ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES ELEVEURS BOVINS

107

Prénom Nom Village

? Faire un tableau récapitulatif du système d'élevage bovin selon la zone géographique où se trouve l'éleveur bovin.

Aire

géographique

Type de

l'élevage

Espèce bovine

Mode de prise en

charge alimentaire

Moyens

d'abreuvement des bovins

Système de

production et

d'exploitation du bétail

Méthodes pour la santé animale

Impacts des

changements environnementaux

et sociaux sur
l'élevage bovin

zone waalo

 
 
 
 
 
 
 

Jejeengol

 
 
 
 

.

 
 

zone jeeri

 
 
 
 
 
 
 

Y'a-t-il une nouveauté dans la pratique de l'élevage ? Si oui de quelle manière cette nouveauté s'apprécie ? Cette nouveauté est elle rentable ?

Où se situe cette rentabilité ?

Est-ce qu'il existe des projets d'appui au développement de l'élevage ? Quels genres de projets sont-ils ?

Ces projets d'appui ont-ils abouti à des réalisations ?

Quelles sont les réalisations de ces projets d'appui à l'élevage ?

108

Connaissez-vous la loi domaniale et la procédure d'acquisition de terres ?

Est-ce que les éleveurs bénéficient-ils des terres réservées uniquement à la pratique de l'élevage ?

Si oui, les terres d'élevage affectées suffisent-elles pour la charge animale ?

Est-ce que le besoin en nourriture du bétail suffit-il aujourd'hui dans cette zone?

Si non quelle alternative l'éleveur a t'il adopté pour la satisfaction totale des besoins du bétail ?

Quelles stratégies les éleveurs utilisent pour l'accès à l'eau du bétail ?

Y'a-t-il des aménagements hydrauliques réservés aux éleveurs ?

Quelle est la relation actuelle entre l'éleveur et l'agriculteur ?

Comment s'apprécie la cohabitation agriculteur/éleveur ?

Existe-t-elle une solidarité ou un partenariat entre l'agriculture et l'élevage ?

Comment est le comportement actuel de l'élevage face aux aménagements hydro-agricoles ?

L'élevage est-il intégré dans le système agricole de la zone ?

Comment est pratiqué l'élevage par rapport aux exploitations agricoles ?

L'élevage bénéficie t'il de l'exploitation agricole de la zone ?

Si oui dans quel domaine l'élevage profite t'il de l'exploitation agricole ?

Le troupeau a-t-il augmenté ? Est-il plus productif ?la situation sanitaire du bétail a-t-elle évolué ?

Quels types d'animaux de bétail l'éleveur s'investit le plus ? Dans quel but ? Y'a-t-il innovations dans les marchés de bétail ?quelles sont ces innovations ?

L'éleveur est il conscient des changements climatiques ? Comment il perçoit ces changements sur l'élevage ?

109

Quelles sont les stratégies d'adaptation de l'élevage face aux changements climatiques ?

Quelles sont les alternatives que l'éleveur a adoptées face aux changements sociaux-démographiques et politiques du terroir ?

L'éleveur est-il doté de moyens techniques, financiers, matériels pour faire face aux risques climatiques et réussir sa pratique actuelle de l'élevage ?

Quelles sont les contraintes liées à la pratique de l'élevage ? Quelles sont les difficultés du bétail liées à la nourriture, l'accès à la terre à l'eau et au marché ?

Quelle est la différence entre l'élevage actuel et l'élevage d'aujourd'hui ? Est-ce une réussite ? Comment l'éleveur perçoit l'avenir de son activité ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC L'AGENT DES EAUX ET FORETS.

Quel est le rôle d'agent forestier dans la pratique de l'élevage ?

Existe-t-il des projets intégré de protection d'environnement avec les éleveurs ?

Si oui quelles sont les réalisations de ces projets ? La gestion de l'environnement est-elle participative avec les éleveurs ? Le code forestier est-il respecté ?

Quelles sont les résultats de cette protection de la nature ?

Quelle est le comportement des éleveurs face aux forets classés de la zone ? Quelle est la dynamique des ressources végétales de 1974 à nos jours ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC L'INSPECTEUR DEPARTEMENTAL DE L'ELEVAGE.

110

Quelle est la situation sanitaire du bétail ?le bétail est il plus productif ? Quelle est la politique et les réalisations pour le bien être de l'élevage ? Les éleveurs adoptent t'ils la nouvelle politique sanitaire ?

La Vaccination et l'insémination artificielle sont-elles dans l'agenda des éleveurs ? Quel est le bilan des politiques sanitaires ? Quelles sont les maladies liées aux mutations actuelles de l'environnement ?

Y'a-t-il accroissement du bétail ? Si oui dans quel type de bétail cet accroissement est notée ? Quelle est l'évolution de la sante animale de 1974 a nos jours ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LA PRESIDENTE DE L'UNITE DE TRANSFORMATION ET DE CONSERVATION DES PRODUITS LAITIERS

Nom de l'unité Lieu d'implantation Année de création

Quels sont les objectifs et les réalisations de l'unité laitière ?

Quel est le système de transformation et de conservation du produit laitier ? Quels sont les éleveurs producteurs du lait de vache pour l'unité laitière ? Quel est le taux de production annuelle par les producteurs laitiers ?

La production laitière et le prix du lait varient t'ils en fonction de la saison pluvieuse et de la saison sèche ?

Quel est le mode de commercialisation des produits laitiers ?

Quelles sont les difficultés rencontrées dans l'accès au lait de vache et de sa commercialisation ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE DELEGUE GENERAL DE LA SAED DE PODOR.

111

Quelle est la politique agricole de la SAED ?

L'élevage est-il intégré dans la politique agricole dans la SAED ? Sino pourquoi ?

Comment est structuré le Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols de la Cr de Guédé

village?

Quelle est la place de l'élevage dans le POAS ?

Quel est le rôle de la SAED dans les conflits agriculteurs éleveurs ?

Quels sont les perspectifs de la SAED dans l'appui des agro-pasteurs ?

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES COMMERCANTS DE BETAIL

Qui sont les commerçants de bétail dans la communauté rurale de Guédé-village ?

Comment s'organise le commerce des bovins dans la zone ?

Quel est l'intervalle des prix des bovins dans les marchés ?

Qu'est ce qui est à l'origine de la variation des prix de bovin d'un marché à l'autre ou d'une

période à une autre ?

Quelle est la période où le marché est saturé de bovins ? La période qui correspond à une vente

de bovin faible par les éleveurs ?

Quels sont les types d'éleveurs qui sont les plus grands fournisseurs de bovins dans les marchés ?

Quels sont les principaux acheteurs de bovins de la zone ?

Quel est le type de bovin acheté ? Quelle est la race bovine la plus chère ? Pourquoi cette

différence de prix entre race bovine ?

Quels sont les grands changements notés dans la commercialisation de bovin ?

Quelles les difficultés dans la commercialisation de bovins ?

112

Table des Maatières

SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS : 1

AVANT-PROPOS 4

INTRODUCTION GENERALE. 6

CHAPITRE I : ANALYSE DES FACTEURS PHYSIQUES. 23

CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLES. 41

II. L'élevage : une activité agricole viable dans la CR de Guédé-village. 44

1. La place de l'élevage dans le département de Podor. 44

2. Dynamique de l'élevage dans la Communauté Rurale de Guédé-village. 46

3. Les ressources halieutiques de la Communauté Rurale de Guédé-village. 47

III. La dynamique des échanges des productions agricoles. 48

CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC DES SERVICES SOCIAUX DE BASE. 50

I. L'accès à l'eau dans la Communauté Rurale de Guédé-village. 50

II. L'éducation. 51

III. Les infrastructures sanitaires. 52

IV. L'électrification rurale. 52

CONCLUSION. 53

CHAPITRE III : LE SYSTEME ACTUEL DE PRODUCTION EN ELEVAGE BOVIN. 57

1. Les types actuels de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village. 58

2.1 L'élevage bovin en zone waalo. 58

2.2 L'élevage bovin en milieu jeeri. 58

2.3 Etude comparative de l'élevage de transhumance et l'élevage à domicile. 59

II. Les stratégies des éleveurs pour une prise en charge alimentaire des bovins. 61

1. Le parcours journalier des aires de pâturages de la zone waalo et l'achat de vaine pâture aux

agriculteurs des périmètres irrigués. 61

2. Achat d'aliments de bétail : une consommation principale du cheptel bovin élevé à domicile. 64

3. Le développement de la culture végétale : une nouvelle alternative alimentaire du cheptel bovin. 66

4. Les moyens d'abreuvement du cheptel bovin. 68

I. Dynamique et évolution de la race bovine. 71

1. Le zébu cobra : la race historique des sociétés pastorales dans la CR de Guédé-village. 71

2. L'appropriation de nouvelles races bovines. 72

II. L'insémination artificielle : un renouveau scientifique dans la transformation génétique de la race

bovine 73

113

1. Définition et historique de l'insémination artificielle. 73

1. Généralités sur la situation sanitaire du cheptel bovin. 77

2. Dynamique de la prise en charge sanitaire des bovins. 78

CHAPITRE III : LE MODE D'EXPLOITATION DU CHEPTEL BOVIN. 80

I. Les stratégies de multiplication du cheptel bovin. 80

1. L'investissement des revenus agricoles sur l'achat de bovins. 80

II. Les innovations dans la commercialisation du lait de vache : Exemple du GIE Dental Bamtaré

Toro. 83

CHAPITRE IV : IMPACTS DES MUTATIONS DANS LA GESTION DE L'ELEVAGE BOVIN ET

LE DIAGNOSTIC DES SES CONTRAINTES. 85

I. Les effets des mutations dans la gestion de l'élevage bovin. 85

1. Les effets environnementaux. 85

2. L'impact socioculturel et économique lié aux mutations dans la gestion de l'élevage bovin. 86

III. Les difficultés de l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé-village. 87

1. Les problèmes majeurs de l'élevage dans la CR de Guédé-village. 87

2. Les feux de brousse : un souci majeur pour la préservation des pâturages de la CR de Guédé-village.

89

CONCLUSION GENERALE. 91

BIBLIOGRAPHIE 93

LISTE DES CARTES : 100

LISTE DES FIGURES 101

LISTE DES PHOTOS 101

LISTE DES TABLEAUX 101

ANNEXE 1 102






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand