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Le système financier face au développement économique de la RDC de 1980 à  2013. Quelle efficacité du système financier ?

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par Justin ABUDI
Université Catholique du Congo - Licence 2016
  

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DYNAMIQUE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA RDC : DE 1980 à 2001

III.1.1. Contexte macroéconomique global 

Après quatre années de récession, le redressement de l'économie zaïroise annoncé en 1979 s'est nettement confirmé en 1980 malgré le contexte international défavorable. En 1980, le P.I.B avait pu augmenter de 2,3 % en termes réels. Cette croissance, qui a concerné plus particulièrement l'agriculture et les mines, fut obtenue grâce, essentiellement, à la politique d'allocation des ressources extérieures adoptée par le Conseil Exécutif. Cette politique a consisté à mettre à la disposition du secteur productif, en plus des concours bancaires, un montant en devises destiné à l'importation des matières et autres semi-produits. En effet, après une première allocation de 90 millions de dollars accordée en août 1979, les entreprises ont bénéficié d'une seconde tranche de 20 millions en septembre 1980 et d'une troisième de 15 millions en décembre de la même année. L'exécution du budget s'était soldée à la fin de l'année 1980 par un déficit de 337,5 millions de zaïres dont le financement a été assuré à concurrence de 99,1 millions par l'extérieur et 238,4 millions par le système bancaire intérieur. La maitrise des facteurs générateurs des liquidités monétaires ainsi que l'amélioration de l'approvisionnement du marché intérieur ont influencé favorablement l'évolution des prix dont l'indice moyenne à la consommation à Kinshasa avait enregistré une somme hausse de moins de 50 % contre 120 % en 197935(*).

On note une légère reprise de l'activité économique caractérisée par une la variation positive du taux de croissance qui est passé de -0.3% en 1979 à 5.6 % en 1984, les dépenses publiques en capital, en % du total, sont passées de 5.1 % en 1979 à 11.2% en 1982, l'investissement, en % du PIB, de 9.9% en 1980 à 14.1% en 1987 et un rythme contrasté de l'inflation. Ce retournement favorable de la situation a été renforcé par les programmes d'ajustement de 1983 et de 1987-1988. La discipline imposée par ces programmes, avec notamment la promotion des politiques budgétaires et monétaires restrictives, a permis à l'économie zaïroise à l'époque d'assainir le cadre macroéconomique et d'emprunter une voie, même fragile, de croissance économique.

Cette relative stabilité observée au cours de cette sous-période ne mettra pas longtemps à basculer. La décennie qui suit verra l'économie du pays sombrer dans une récession sans précédent.

En effet, de 1990 à 2001, une période, qualifiée de déglingue économique totale, est la période de la descente aux enfers de l'économie nationale. Il faut noter d'ores et déjà que cette sous-période [1990-2001], consécutive à la suspension du programme d'ajustement structurel, fut marquée par plusieurs événements, les remous sociaux [1990] et pillages [1991 et 1993], une forte récession, une hyperinflation sans nom et l'éclatement des guerres de libération [1996] et d'agression [1998-1999].

La production s'est essoufflée dans presque tous les secteurs d'activité. Les grandes entreprises congolaises du secteur minier ont connu des difficultés d'exploitation [on note l'effondrement de la Gécamines]. Le volume de production du cuivre, du cobalt, diamant, étain, etc. a fortement reculé. L'agriculture a également affiché des contreperformances, liée notamment à la dégradation des routes de desserte agricole.

La non diversification de l'économie congolaise est un phénomène lointain dont le disfonctionnement du secteur minier a toujours eu des répercutions néfastes sur l'ensemble de l'économie nationale. Le tableau qui vient après nous permet de faire une lecture claire et nette de l'évolution de la croissance des différents secteurs et sous secteurs de l'économie pour la période allant de 1990 à 2001.

Tableau n°1 : taux de croissance en volume des différents secteurs de 1990 à 2000

SECTEUR

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Secteur des biens

-7.2

-6.3

-8.2

-2.7

-0.8

-0.8

-0.5

-7.3

-0.7

-1.9

-8.2

Agriculture

2.6

2.8

3.1

1.9

-0.8

-2.3

-2.9

-2.8

-1.4

-5.1

-11.7

Mines

-15.6

-22.8

-36.3

-20.3

1.9

6.3

3.2

-13.9

9.6

7.9

29.1

Industries

-14.6

-21.5

-27.6

-12.2

-10.2

13.1

-3.4

-21.8

-7.3

4.3

-10.9

Electricité & eau

3.2

6.2

7.8

-17.1

-3.3

6.8

18.9

-10.6

-5.9

10.5

-6.6

Construction

-39.7

-16.5

-35

-11.3

20

18.7

24.7

-30.6

4.5

13.7

3.5

Secteurs des services

-5,7

-10.1

-12

-29.4

-10

-0.6

-2.3

-1.3

-4.7

-6.8

-6.9

Commerce de gros et détails

-2.5

-12

-9.7

-28.5

-2.3

-0.6

-0.2

-1.6

-6.7

-11.9

2.3

Transport & com

-27.6

-15.9

13.7

-25.7

-2.8

-0.6

-3.5

-8.4

-8.5

-20.7

28.5

Service Marchand

31.6

-18.4

-26.2

-21.3

-1.3

-0.5

-0.5

-2

-6.5

-5

-18.7

Serv. Non March

7.3

25.2

-9.2

-38.7

-53.8

-1.5

-21.2

15.4

21.7

33.6

-44.7

Droit et taxes à l'imp

-31.6

-30.1

-48.9

-29

-2

47.9

-4.3

58.9

-21.3

-49.4

25.1

PIB

-6.6

-8.4

-10.5

-13.5

-3.9

0.7

-1.1

-5.4

-1.7

-4.3

-6.9

Source : Rapports annuels de la BCC 1992, 1998, 2002

La période de descente aux enfers dont nous avons évoqué il y quelques paragraphes peut facilement se lire sur les lignes de ce tableau. Si l'on présente la structure de l'appareil productif de la République Démocratique du Congo en 2 secteurs distincts (le secteur des biens et celui des services), on sait voir pour le cas de cette décennie, la manière dont chaque sous-secteur a évolué et contribué à la croissance du produit intérieur brut. Dans le secteur des biens, la production agricole a connu une évolution légèrement positive de 1990 à 1993 pour finalement se lancer dans un régime de décroissance en 1994. La production minière pour sa part a connu une situation quasi-contraire à celle de l'agriculture. Le taux de croissance de la production minière est passé de -20,3 % en 1993 à 1.9 %, puis 6,3 % en 1994 et a pu maintenir un rythme à peu prêt positif jusqu'en 2000. Ceci explique que pendant la période de crise, le secteur minier a joué un grand rôle dans la résilience économique et de nos jours, il constitue le fondement sur le quel est assis la croissance de l'économie congolaise. En outre, la production de l'eau et de l'électricité avait également enregistré une croissance positive au début des années 1990 jusqu'en 1993 où elle avait ralenti son rythme. Le secteur industriel pour sa part n'a pas été à mesure de fournir mieux. Déjà avec un mauvais départ en 1990, la crise politique qui s'est soldée par un pillage en 1993 n'a fait qu'empirer la situation des entreprises industrielles. L'industrie n'a enregistré de croissance positive qu'en 1995 puis en 1999.

De nature déjà, l'économie de la RDC est, dans une grande proportion, assise sur le secteur primaire ; le secteur tertiaire qui est celui des services n'avait pas connu d'émergence jusqu'aux années 1990. La télécommunication par exemple n'avait pas encore connu son essor tel qu'il en est le cas de nos jours. Fort est de constater que ce secteur combien important dans la mise en oeuvre des transactions a été moins performant durant toute la décennie. Ainsi, partis d'un taux de croissance négatif en 1990, soit -27,6 %, les services de transports et télécommunication a maintenu son régime de décroissance jusqu'en 1990 où il s'est soldé par une variation à la hausse, enregistrant une croissance de 28.5 %. En effet, cette évolution s'explique par les investissements entrepris dans ce secteur au cours des années 2000. L'implantation des voies de transport et réseaux de communication ont permis la réduction des coûts économiques de transaction et augmenté le rythme de transaction, occasionnant ainsi le règne d'une croissance économique positive qui perdure encore de nos jours. Néanmoins, le déclin de la période de « descente aux enfers » a été, pour le moins, défavorable tel que peut nous le démontrer ce tableau :

Tableau n° 2. Evolution du secteur réel en RDC : de 1997 à 2001

 

1997

1998

1999

2000

2001

Taux de croissance du PIB (en %)

-5.41

-1.74

-4.27

-6.89

-2.11

PIB/habitant (en USD courants)

122.8

84.17

97.96

82.59

127.2

Croissance démographique (en %)

3.29

3.40

3.19

3.37

2.69

Taux d'inflation (en %)

13.76

134.85

483.71

511.21

135.09

Ratio d'investissements (en % du PIB)

8.10

6.50

9.60

11.20

8.10

Dépenses publiques en capital en % du total

8.29

0.95

10.09

3.17

2.5

Ratio pop. Salariée et active (en %)

24.78

29.22

28.55

28.12

35.1

Taux de chômage (en %)

70.2

65.8

66.5

66.9

49.0

Source : BAD et BCC

 
 
 
 
 

Il ressort de ce tableau que toutes les grandeurs macroéconomiques sont au rouge. Le passage d'une année à l'autre est caractérisé par la baisse continuelle de la production réelle, un amenuisement du revenu par tête et une accélération de l'inflation. La part des investissements dans le PIB réel est resté faible, soit 8.1% en 2001. Les dépenses en capital n'ont pas occupé une place de choix dans le budget de l'Etat, elles se sont situées, en % du total, à 0.95% en 1998, 3.17% en 2000 et 2.51% en 2001. Le taux de chômage est resté à un niveau assez élevé alors que le gouvernement s'était déjà orienté dans le sens de la reconstruction du pays. Le taux de chômage étant un ratio, sa baisse [1998-2000] résultait plus d'une augmentation de la population active que d'une baisse du nombre de chômeurs.

Nonobstant, théoriquement l'investissement est un stimulateur majeur de la création des richesses nouvelles, de la croissance et dont de la création d'emploi. Bref, l'investissement se révèle comme une des solutions les plus indispensables de la stabilité économique. Le taux d'investissement en RDC a toujours été le plus faible pour diverses causes à la fois internes et externes. Allons-y comprendre, comme nous l'avons évoqué au premier chapitre, que l'efficacité de tout système financier se trouve cachée derrière sa capacité à répondre aux exigences des épargnants [agents à excédent de liquidité] et à sectionner des investissements rentables [des agents à besoin de liquidité]. Mais la fragilité macroéconomique et le faible pouvoir d'achat de la population congolaise constituent les raisons qui expliqueraient en partie la faiblesse des investissements nationaux directs. Néanmoins, en RDC, cette faiblesse a, d'ores et déjà, toujours été compensé par les investissements directs étrangers. Cela est il suffisant pour attribuer essentiellement la période de dérive au recul des investissements, ou encore dirions-nous que le désinvestissement n'a été que la conséquence d'une économie en décroissance depuis 1990 ? Le graphique qui suit pourra nous éclaircir.

Graphique I.1. : Investissement et cycle de croissance en RDC : de 1990 à 2000

Source : Elaboré par l'auteur.

Dans un contexte macroéconomique purement dramatique, les efforts de redressement par le renforcement des investissements privés n'ont pas permis de conjurer le sort de la récession pendant la décennie. Ceci peut s'expliquer par l'accentuation de l'inflation et de la baisse de la demande qui seraient nuisible à la croissance. Ainsi l'évolution de ces deux variables du graphique confirme l'hypothèse théorique de la corrélation positive entre le taux d'investissement et la croissance économique bien que l'investissement n'a pas été en mesure de permettre une croissance positive. Néanmoins, de 1990 à 1993, l'on peut voir que plus l'investissement diminuait, plus le niveau de croissance reculait. Concrètement, un taux d'investissement de 0,9 % a entrainé une baisse de la croissance économique de l'ordre de -13,4 % en 1993 alors qu'un taux d'investissement de 25,1 % en 1996 a rapproché la croissance économique de la zone positive, en se soldant par un taux de -1,02 %. Et la décélération qui s'en est suivi en 1997 a ramené le taux de croissance à -5,7 %. Ce graphique nous révèle donc le lien qui existe entre l'investissement et la croissance du PIB. Chaque variation du taux d'investissement entraine une variation consécutive du taux croissance, bien que ceci n'ait pas permis de sortir du cercle vicieux de la récession.

Plus loin dans le deuxième chapitre, nous avons évoqué le lien entre l'épargne et la croissance, en référence au modèle d'Harrod et Domar qui nous révèle que l'épargne est une composante essentielle et déterminante de la croissance économique. L'histoire économique de plusieurs nations rend témoignage de l'implication de l'épargne et l'évolution technique dans la dynamique du développement. En épargnant, les agents économiques constituent une ressource dont les investisseurs ont besoin pour lancer leurs investissements. Mais encore, faudrait que les ressources soient canalisées vers des projets jugés utiles et rentables ; c'est ainsi qu'interviennent les acteurs du système financier afin de rendre ceci possible. L'inefficacité du système financier peut donc en partie expliquer l'impossibilité des investissements à déclencher un régime de croissance.

* 35 BCC : Rapport annuel, 1980, p.24

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