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Une agriculture urbaine durable à  Kigali.

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par Felicien SEBUHINJA
Universite du Maine - Master 2010
  

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V.6. La mise en exergue de la fonction de production de l'agriculture devant les fonctions identitaires

Une recherche menée en Guadeloupe par Dulcire et Chia (2004) a donné les résultats suivants sur ce débat:

«Les points de vue des différents acteurs peuvent être agrégés autour des trois fonctions prioritairement attribuées à l'agriculture:

La fonction économique : d'abord la production

L'agriculture est considérée comme une activité économique parmi d'autres. Sa fonction principale est de produire des richesses, par lesquelles elle participe au bon fonctionnement de la société. Elle est un secteur important de préservation et de création d'emplois directs et indirects par le biais d'activités de diversification non agricoles (tourisme rural, salariat à temps partiel). Elle contribue à l'identité culturelle et à son expression territoriale : création de paysages, structuration et aménagement du territoire.

Cette vision agrège deux sous-groupes de représentations distincts en relation avec les deux « modèles » de l'agriculture, et la prise en compte ou non de l'ensemble des activités : pour le premier sous-groupe, l'agriculture est d'abord une activité de production qui contribue à la richesse « nationale » en contribuant au PIB, à l'emploi, à la dynamique rurale. Pour l'autre sous-groupe, la fonction majeure de l'agriculture reste de produire. Mais d'abord des aliments : elle doit « nourrir un peuple », en commençant par l'agriculteur et sa famille. Pour cela, elle doit être performante et productive, c'est-à-dire, explicitement, menée par des agriculteurs « professionnels » à temps plein : elle s'oppose à la pluriactivité. Les impacts environnementaux négatifs sont à relativiser compte tenu du rôle stratégique de l'agriculture. Ces acteurs considèrent que certaines pollutions sont inévitables car inhérentes à l'activité agricole et par ailleurs exacerbées par les caractéristiques du milieu : insularité, pentes, sols fragiles, saturation foncière.

La fonction environnementale : d'abord la nature

L'activité agricole entretient une relation conflictuelle avec l'environnement qu'elle protège autant qu'elle le menace : elle ne représente même, chez certains, qu'un mal acceptable, l'absence totale d'utilisation du milieu constituant la solution idéale. La fonction de

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conservation de l'espace et de préservation de la biodiversité de l'agriculture est prioritaire. L'agriculture pratiquée doit être non-polluante, permettre un bon contrôle de l'érosion et ne pas faire l'objet d'aménagements destructeurs du milieu.

La fonction territoriale identitaire : d'abord la cohésion sociale

L'agriculture est (...) « naturellement » multifonctionnelle. Elle a une dimension sociale (défense de l'emploi), alimentaire (autosuffisance), d'aménagement territorial, économique (production directe de valeur, ancrage de systèmes d'activités complexes), paysagère, mais aussi culturelle (dynamisme des valeurs locales). Aucune fonction n'a a priori de prééminence sur les autres. La hiérarchisation ne peut être faite que par rapport à une problématique territoriale et faire l'objet d'un consensus entre les différentes forces vives du territoire.

Deux sous-groupes peuvent, là aussi, être distingués : un premier, pour lequel le renforcement des valeurs culturelles (...) est le résultat principal attendu d'une renaissance de l'agriculture. Un second, pour lequel cette composante identitaire, prégnante, représente le lien qui « donne sens » aux différentes fonctions assumées conjointement par l'agriculture».

L'analyse de ces différentes idéologies montre que les missions attribuées à l'agriculture sont très différentes et parfois contradictoires : production intensive, maintien de la biodiversité, maintien des traditions, maintien d'un paysage ouvert, recyclage des déchets urbains....

La question qui se pose maintenant est de savoir comment gérer les espaces agricoles par rapport à la ville, à la fonction de production de l'agriculture et aux exigences du développement durable: faut-il cloisonner ces trois aspects ou tenter de les réconcilier ?

L'optique d'un développement durable reviendra à calculer la valeur hors marché de l'agriculture et à examiner sous quelle forme on pourrait assurer la rémunération des services qu'elle rend à la société. L'utilité sociale ainsi créée permettrait de justifier les investissements nécessaires à son maintien ou à son développement.

Mais un tel raisonnement ne peut pas s'appliquer aux biens environnementaux. En effet, d'après Kah E. (2003), les biens environnementaux étant des biens non marchands, ils ne sont pas intégrés au marché, ce qui signifie qu'ils n'y sont pas monétarisés, alors qu'ils ne sont pas dénués de valeur.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote