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Une agriculture urbaine durable à  Kigali.

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par Felicien SEBUHINJA
Universite du Maine - Master 2010
  

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VI.3.2. L'agriculture urbaine dans le projet de territoire urbain VI.3.2.1. L'agriculture dans le master plan de la ville de Kigali

D'après le master plan l'agriculture sèche sera la première occupation dans les zones réservées à l'agriculture sèche et les zones résidentielles rurales. Les utilisations agricoles vont de l'agriculture commerciale à des coopératives agricoles, aux petits jardins potagers des ménages et aux zones de pâturage du bétail.

Dans les zones urbaines, le pourcentage de terres consacrées à l'agriculture va diminuer et les usages agricoles seront moins fréquents. Les petits jardins potagers des ménages continueront à exister dans la moyenne et basse densité. Dans les zones à haute densité, l'agriculture sera quasi inexistante mais des jardins sur les toits des maisons (rooftopgardens) seront possibles. Les espaces ouverts seront utilisés plus pour des raisons esthétiques, de loisirs et d'infrastructures que pour les utilisations biologiques et écologiques.

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Les zones humides et les forêts devront surtout rester intactes. Ces zones ont une plus haute valeur environnementale, écologique et biologique pour Kigali, et devront être protégées contre l'urbanisation dans la mesure du possible.

Le master plan a déterminé les zones où seront installées et développées les activités d'agriculture urbaine qui sera réservée uniquement aux producteurs et n'aura pas une densité élevée de population (10 personnes par hectares).Ce plan a identifié 47 000 hectares soit 65% de la superficie de la Ville de Kigali comme zones naturelles (natural features) classés et répartis comme suit :

Tableau 4: Répartition des espaces ouverts de la ville de Kigali

Zones à usage rural

Hectares

Pourcentage

Agriculture sèche

3,481

7.4%

Forêts existantes

3,123

6.6%

Parcs et espaces ouverts

3,277

7 %

Reforestation

16,996

36.2 %

Zones humides

10,108

21.5 %

Residentiel-Rural

10,021

21,3 %

Total

47,005

Source : Kigali conceptual master plan (2007, pp 70-72)

Ainsi, 45% des espaces verts ont été désignés pour la reforestation, 20% pour l'agriculture et 6% pour les parcs et espaces ouverts. La plupart de ces espaces est localisée dans le district de Gasabo, le district le plus rural. Environ 30 000ha soit 70% de la superficie de ce district resteront rural (Kigali conceptual master plan, p.72).

a) Objectifs assignés à l'agriculture urbaine par le master plan

Les objectifs assignés à l'agriculture selon le master plan (Kigali conceptual master plan,

2007, p. 120) sont les suivants:

- aider les résidents en transition de la sphère rurale à la sphère urbaine;

- utiliser l'agriculture urbaine comme une technique destinée à couvrir les besoins pratiques

des citadins tout en participant à l'amélioration écologique et environnementale du paysage;

- Valoriser les zones de Kigali qui ne peuvent pas être densément développées ;

- Perpétuer l'héritage culturel et agricole du Rwanda en l'utilisant comme un

élément structurant du paysage urbain là où c'est possible.

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b) Stratégies et actions prévues par le master plan

· protéger les droits fonciers et préserver le choix individuel dans l'exploitation agricole.

· Encourager l'utilisation rationnelle et durable des exploitations agricoles en offrant des options pour l'agriculture collective dans les cas où il peut être plus productive.

· Mettre en oeuvre la régularisation foncière.

· Protéger et promouvoir l'accès des femmes aux ressources en terres et à leur utilisation en veillant à leur participation à la réforme foncière dans les lieux où ils peuvent facilement aller participer (non loin de leurs domiciles ou à des moments inappropriés).

· Soutenir la croissance des possibilités d'emploi hors ferme, l'approvisionnement et la distribution des opportunités selon la localisation judicieuse de ces activités par rapport à d'autres parties de la chaîne de valeur.

· créer "des centres d'innovation» au niveau des secteurs et des districts qui regroupent l'ensemble des diverses activités liées à l'intensification agricole en appui de la politique nationale qui identifie l'agriculture comme un tremplin pour la transition économique à l'appui de ce programme ;

· Mettre en évidence les possibilités d'éducation et de renforcement des capacités pour la transition agricole, une agriculture et un entrepreneuriat à forte intensité, axé sur la valeur ajoutée et orienté vers le marché ;

· Utiliser l'éducation publique et des médias pour renforcer les capacités sur les techniques de l'agriculture urbaine et les stratégies utilisées dans d'autres villes en Afrique et dans d'autres parties du monde ;

· promouvoir et soutenir l'agriculture urbaine dans des endroits appropriés en tant que stratégie urbaine moderne et progressive pour la durabilité environnementale, économique et sociale ;

· Utiliser l'agriculture urbaine dans la planification urbaine.

· Mettre en oeuvre des outils de planification (SIG et des études de potentiel des terres) et le renforcement des capacités au niveau du district, du secteur et de la communauté pour mettre en oeuvre les stratégies énumérées ci-dessus ;

Plusieurs actions en appui à l'agriculture urbaine et péri urbaine sont prévues (stratégie d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine, 2009) :

1. La collecte et le recyclage des déchets ;

2. Le compostage ;

3.

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L'agroforesterie et la sylviculture ;

4. La protection des marais et l'agriculture des marais ;

5. L'agriculture commerciale et la transformation (des produits agricoles et d'élevage) C) Enjeux

- Risques associés à la diminution de la production d'aliments locaux ou des cultures de subsistance et les problèmes liés à la transition entre les cultures vivrières de subsistance aux cultures de rente ;

- Coûts de démarrage élevés associés à l'adoption de nouvelles pratiques agricoles ou de nouvelles cultures ;

- Intégration des petits agriculteurs marginaux dans des programmes agricoles plus efficaces et plus productifs ;

- Intégration des programmes d'éducation et d'auto-assistance axée sur la transition des pratiques agricoles ;

- Marginalisation des femmes dans l'agriculture et la reconnaissance de l'importance de leur rôle dans les pratiques agricoles actuelles à travers le pays ;

- Manque de sécurité foncière, et la nécessité de finaliser le programme de régularisation foncière ;

- Manque de plans de gestion des ressources / cartes pour aider les agriculteurs et les planificateurs à prendre des décisions d'utilisation des terres et la gestion des exploitations.

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Tableau 5 : Infrastructures vertes de la zone rurale de la ville de Kigali

 

Forêts existantes

Reforestation

Agriculture sèche

Zone résidentielle rurale

Zones humides (wetlands)

En résumé

Seront protégées.

De vastes zones seront

L'agriculture traditionnelle et

Cette zone n'est pas appropriée

Les zones rangées dans la catégorie de

 

mises de côté pour être

commerciale sous forme de

au développement urbain suite

zones humides ou zone tampon des

Leurs exploitations

reboisées.

production végétale ou animale

au manque de routes et autres

zones humides (wetland buffers) seront

seront extrêmement

 

sera la première utilisation dans

infrastructures ainsi que sa

protégées.

limitées: récolte de bois

L'usage résidentiel n'y est

cette zone.

topographie arpentée.

Elles seront les principaux composants

de chauffage, collecte

pas permis

 

Une agriculture à petite échelle

des zones de traitement

de plantes médicinales, chasse, etc

 

Aucun nouveau peuplement ne peut se faire dans cette zone.

(small-scale agriculture) et une
faible densité de peuplement
(autour de 10 habitants ou 2

environnementales et aideront dans

l'amélioration de la qualité de l'eau ainsi que le traitement des eaux usées.

L'usage résidentiel y est

 

L'usage résidentiel sera limité

logements par ha) seront la

Economiquement, les zones humides

interdit

 

aux familles engagées dans la

première utilisation de cette

constituent une source de revenus en

 
 

production agricole.

zone.

L'agroforesterie et l'agriculture des zones humides adjacentes sont encouragées.

supportant diverses formes d'agricultures humides allant de la culture de canne à sucre à la culture de riz. Aucun usage résidentiel n'est permis dans les 20m de cette zone.

Type

d'infrastructure verte

Réserves naturelles Peuplement contrôlés Agroforesterie

Pâturage/élevage

Reforestation et
agroforesterie

Agriculture commerciale Jardins de subsistance Coopératives agricoles

 

Réserves naturelles, jardins communautaires,

agriculture commerciale, coopératives
agricoles

Source : Kigali conceptual master plan (2007, p.82)

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Tableau 6 : Infrastructures vertes de la zone urbaine de la ville de Kigali

 

ZONE DE FAIBLE DENSITE

ZONE DE DENSITE

MOYENNE

ZONE DE HAUTE DENSITE

CENTRE URBAIN

En résumé

-Densité moyenne : 40 habitants par

-Densité : 85 habitants ou 17

- Densité : 250 habitants/ha

Zone à usage mixte similaire à la

ha ou

logements par hectares

- immeubles de plus de 4 étages

zone avec haute densité mais avec

10 logements par ha.

- Usage résidentiel avec des

avec appartements.

une concentration élevée

- usage résidentiel avec un peu de

immeubles de moins de 4 étages.

-Développement de copropriété et

d'équipements culturels et publics

commerce et d'industries.

-Parcelle de 1000m2 en moyenne. - L'habitat sera du haut standing au medium standing avec des centres commerciaux aux intersections.

- parcelle moyen standing et bas standing de 500m2 en moyenne.

- centres commerciaux avec des

services sociaux comme
pharmacies et écoles maternelles

parcelle bas standing

- parcelle de 200m2 en moyenne

- usage résidentiel mais
dominance de l'usage commercial

avec des centres de services

régionaux: hôpitaux, universités,

écoles secondaires et primaires,

bâtiments gouvernementaux,

départements de police, stades,

bureaux multi-étages, maisons de

-pente supérieure à 10%.

aux intersections

- pentes supérieures à 5%

sociaux comme centres de santé, écoles, terrain de sports, ...

détail, centre de commerce en salle et en ligne

 
 

-pente de moins de 5%

Cette zone sera installée au sommet des collines sur des pentes de moins

 
 
 

de 5%

Type d'infrastructure

Drainage avec de la végétation

Jardins dans des conteneurs et

Parcs artificiels

Jardins sur les toits des maisons

verte

(vegetated drainage), potagers de

jardins communautaires

Vases sur les balcons

 
 

cuisine, terrains de loisir

 

Arbres de rues

Arbres de rue

Source : Kigali conceptual master plan (2007, p.82)

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VI.3.2.2. L'agriculture urbaine dans le plan stratégique d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine

a) Objectifs de la stratégie pour l'agriculture urbaine et périurbaine

Le plan stratégique élaboré par la mairie donne comme objectif global de l'agriculture urbaine et péri urbaine de contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations urbaines par l'amélioration de la disponibilité et de l'accessibilité durables des produits agricoles de qualité, frais et diversifiés, tout au long de l'année, tout en créant des emplois et des possibilités de revenus en faveurs des producteurs et éleveurs urbains et péri urbain à faibles ressources (Document de plan stratégique d'appui à l'agriculture urbaine et périurbaine, p.10).

b) Actions envisagées

La stratégie d'appui à l'Agriculture Urbaine et Périurbaine (AUP) repose sur 5 axes qui correspondent aux principaux défis à relever, à savoir (idem, p.12) :

Sécuriser la disponibilité en terre et en eau (réserves d'espaces et d'eau de qualité pour l'AUP)

Les interventions proposées consistent à :

- Affiner les spécifications des espaces disponibles et préciser leur vocation pour des activités sélectives d'AUP

- Cartographier, borner et enregistrer au cadastre les espaces, et terres qui pourront être réservées aux activités de l'AUP : 15 000 ha selon le master plan

- Adopter des dispositions légales suffisantes pour les réserver et les protéger pour les activités de l'AUP

- Faire le bilan des ressources en eau disponibles pour l'AUP (eau de surface, de nappe phréatique, de pluie)

- Développer l'irrigation avec un coefficient élevé d'utilisation de l'eau (irrigation au goutte à goutte) pour les cultures à haute valeur ajoutée.

Ainsi, après inventaire et appréciation de la valeur agricole de ces terres, leur cartographie et bornage et leur inscription au cadastre qui va délivrer un document d'enregistrement, ces

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terres seront données aux associations/coopératives qui vont les exploiter. Les marais et les zones de culture sèche seront aménagés, pourvus de drainage et d'irrigation en fonction des besoins et des potentialités et les groupements bénéficiaires formés à leur usage et maintenance.

Sécuriser la qualité et l'innocuité des produits et la protection de l'environnement Les interventions proposées consistent à :

- Préciser les protocoles de production et de distribution des produits de l'AUP afin d'assurer la conformité avec les normes de qualité et d'innocuité et la préservation de l'environnement

- Assurer la formation des encadreurs et des producteurs ainsi que le suivi technique pour la mise en oeuvre de ces protocoles,

- Renforcer la capacité pour le contrôle de qualité.

- Prendre les dispositions pour éviter la pollution des ressources en eau et vérifier que leur

qualité soit conforme aux normes pour les eaux d'irrigation établies par la FAO et l'OMS - Assurer le recyclage des déchets ménagers et urbains et les transformer en compost de

qualité ou autres sous-produits utiles tels que les briquettes d'énergie.

Les principes des Bonnes Pratiques Agricoles -BPA7- et du Portail Phytosanitaire International -PPI8- pour l'intensification et la diversification des productions agricoles de qualité seront établis et mis en oeuvre. Les cadres techniques et les producteurs seront formés tandis que les associations paysannes seront formées et informées à l'approche de l'école au champ.

Les déchets organiques de la ville et des ménages seront récupérés et transformés en compost ou en briquettes énergétiques. Des normes d'hygiène et de qualité seront mises au point et contrôlées.

Les zones vertes de la ville ainsi que les zones forestières et agroforestières de la Ville de Kigali seront maintenues et protégées (Urban Greening).

7 Les BPA est un ensemble de règles à respecter pendant l'implantation et la gestion des cultures. Selon la FAO (2002), le cadre pour de bonnes pratiques agricoles présente les principes directeurs de bonne agriculture en regroupant dans 11 éléments de ressources (sol, eau, production végétale et fourragère, protection des cultures, production animale, santé animale, bien-être des animaux, récolte et transformation sur l'exploitation, et entreposage, gestion de l'énergie et des déchets, bien-être, santé et sécurité des humains, faune sauvage et paysage) les problèmes, les disciplines et les pratiques pertinents. Il est possible d'élaborer, à l'aide du cadre proposé, des directives de gestion détaillées pour les différents systèmes de production au sein d'agro-écosystèmes spécifiques.

8 Le PPI est le mécanisme électronique mis en place par le Secrétariat de la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV) dans le but de faciliter les échanges d'informations phytosanitaires officielles (y compris les communications sur les organismes nuisibles) entre Organisations Nationales de Protection des Végétaux (ONPV), Organisations Régionales de Protection des Végétaux (ORPV) et/ou le Secrétariat de la CIPV

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Sécuriser l'appropriation durable de l'agriculture urbaine et périurbaine par les acteurs de la filière

Les interventions proposées consistent à :

- Assurer la disponibilité et l'accès aux intrants de qualité (semences et produits agro-chimiques selon les principes des BPA)

- Assurer un mécanisme d'accès au micro crédit adapté au contexte et aux spéculations de l'AUP

- Faciliter et promouvoir l'organisation des producteurs en groupements professionnels

- Mettre en place un système de gestion et de capitalisation des connaissances y compris un système de suivi évaluation susceptible d'appréhender l'impact du plan stratégique.

Des activités productives de la filière AUP seront mises en oeuvre et gérées par des

groupements, des familles individuelles ou des institutions dans une logique de
professionnalisation.

Sécuriser les débouchés

Les interventions proposées consistent à :

- Conduire une démarche proactive pour créer la demande basée sur une alimentation mieux équilibrée incluant la consommation de fruits et légumes pour la santé ;

- Développer les opportunités de transformation en respectant les normes d'hygiène et de qualité en la matière ;

- Explorer et favoriser les modalités de commercialisation adaptées au contexte urbain et

notamment la vente directe et de proximité au niveau des « Imidugudu » (villages) ;

- Négocier des accords avec des consommateurs « institutionnels » et « commerciaux » ;

- Valoriser des opportunités à l'exportation de produits à haute valeur (i.e. plantes

ornementales, condimentaires, médicinales, aromatiques, à huiles essentielles)

Sécuriser le contexte politique, institutionnel et opérationnel

Les interventions proposées consistent à :

- Renforcer la place de l'AUP dans les documents clé de politique à savoir dans le plan national de l'agriculture, PSTA II, et autres documents de politiques sectorielles y compris la politique nationale en matière de l'habitat.

- Mettre en place et opérationnaliser un mécanisme de concertation et participation des acteurs et partenaires de la filière AUP,

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- Consolider le contexte institutionnel par le renforcement du PAPUK, son ancrage au niveau de la Mairie avec des liens multidisciplinaires avec les partenaires du secteur public et privé.

- Activer un mécanisme de gestion et de concertation de l'AUP pour la mise en oeuvre d'un plan d'actions en intégrant les diverses initiatives (Conseil PAPUK).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote