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Theme : la vie communautaire et le problème de la déscolarisation des filles dans la commune de Sinendé.

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par Moussa TAMOU YATAOU
Université Nationale dà¢â‚¬â„¢Abomey-Calavi Bénin - Maîtrise es sociologie-anthropologie 2006
  

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4-2/ Approche analytique :

La population de Sinendé est une société paysanne au sein de laquelle la tradition culturelle influence les comportements et les pratiques des habitants. C'est une société d'interconnaissance dans laquelle la création et la consolidation des liens interfamiliaux et la solidarité mécanique entre membres de la communauté régissent la vie quotidienne. La fille/femme constitue la pièce maîtresse dans la création et la consolidation de ces liens par le biais du mariage coutumier. C'est ce qui explique la perception communautaire des écolières comme étant prédestinées au rôle d'épouse pour les fonctions reproduction biologique et celles de production de biens et de services.

Le système de production en vigueur, nécessite une nombreuse main d'oeuvre familiale. Ainsi, dans cette logique d'économie d'autosubsistance, la société donne un rôle central au groupe domestique à l'intérieur duquel la fille/femme occupe d'importantes responsabilités aussi bien dans sa famille qu'au sein de la communauté. Si le nombre des filles qui abandonnent très tôt l'école est plus important que celui des garçons, c'est parce qu'elles sont beaucoup plus sollicitées dans d'autres rôles que leur a assigné la communauté. Elles subissent des pressions social/harcèlement afin de les contraindre à remplir la fonction de reproduction biologique incompatible à la fréquentation de l'école. Elles sont aussi abusivement sollicitées pour l'accomplissement de la fonction de reproduction de biens et de services dans les ménages et au sein de la communauté.

Cette menace du maintien des filles à l'école est une conséquence de la perception communautaire sur leur place et leur rôle dans la société. Leur place est secondaire dans le foyer aux côtés des hommes où elles sont prédestinées aux rôles d'épouse. Les pressions sociales dans ce domaine interviennent quand la fille approche l'âge de la puberté (entre 9 à 11ans). Dans cette tranche d'âge les filles sont généralement entre la classe du CE1 et celle du CM1 où les abandons sont plus prononcées.

Il faut signaler au passage que, les pratiquants locaux de la religion musulmane, qui sont bien écoutés et respectés par la population, participent au renforcement de cette perception sur l'avenir de la fille. Les maîtres des enseignements coraniques, généralement appelés "alfa", adhèrent aux perceptions sociales de la communauté afin d'avoir en retour l'adhésion massive des populations à l'Islam. C'est une situation qui empêche les filles de s'occuper de leurs études comme les garçons.

La fille baatonu dans la société paysanne de Sinendé est assujettie à ces exigences sociales dans le processus de socialisation qui constitue en fait son éducation. On lui enseigne traditionnellement dans le cadre familial, tous le savoir socioculturel, les comportements et pratiques de sa société. Tout commence dès la naissance par les attouchements et comportements envers le bébé selon son sexe et son clan et aussi selon beaucoup d'autres considérations. Le processus est continu et comporte plusieurs stades qui sont inhérents à la vie de l'individu au sein de ce cadre de vie social.

Mais, il sera pris en compte pour le cas de cette étude le 1er stade où l'enfant commence par jouer avec ses semblables. Précisément entre l'âge de 18 mois environ à 6 ans et le 2nd stade situé entre 6 et 12 ans.

Au 1er stade, chez les paysans, la différenciation des rôles sociaux se fait déjà sentir. Car les jeunes garçons commencent par être traités dans les blagues et les jeux comme des "Hommes", des responsables de demain, des courageux, des chefs de ménage. Les jouets qu'on leur offre ou qu'on conseille sont des objets en miniature semblables à ceux qu'utilisent les adultes-hommes (la houe, la machette, le tam-tam, la trompette, des gourdins, des arcs, des flèches etc.). Il en est de même pour les rôles que les enfants garçons s'attribuent dans les jeux (grand agriculteur, griot, chef de village, éleveur, chasseur etc.).

Ces jeux se font dans l'harmonie avec l'environnement socioprofessionnel immédiat de l'enfant-garçon. La communauté l'aide à s'identifier de façon progressive à son père, à son clan et à l'homme, `'sexe fort'' de sa société.

Par contre, la fillette s'identifie à sa mère. Elle est éduquée de façon à ce qu'elle soit douce, aimable, coquette et surtout serviable pour l'homme, utile pour le ménage, ainsi que pour l'entretien de la maison et toujours prête pour la reproduction. La femme est éduquée en milieu paysan bariba particulièrement à Sinendé, pour servir dans toutes les activités de production. Ce qui n'est pas le cas chez les garçons qui ne doivent pas intervenir à la cuisine, à la corvée d'eau, à l'entretien des petits enfants et beaucoup d'autres rôles qui sont spécifiques aux filles dans les activités de production.

L'enfant vit plus ou moins exclusivement ce type d'éducation jusqu'à l'âge scolarisable. C'est-à-dire autour de 6 ans où il est récupéré par l'école, et fait l'apprentissage d'une autre éducation formalisée qui s'ajoute à celle donnée par les parents et la communauté villageoise.

A l'âge de 6 ans environ l'enfant est confronté à deux types d'éducation :

D'un part l'éducation traditionnelle avec comme modèle ses parents et la collectivité paysanne. Et d'autre part l'éducation moderne formelle avec comme seuls modèles les quelques enseignants et parfois l'encadreur du Développement rural de la localité. Car, l'ensemble de la commune est pauvre en modèle de réussite scolaire résidant.

Le modèle paysan est donc dominant dans l'environnement social des enfants. C'est une référence qui détermine l'avenir des membres de la communauté et fixe les repères pour les activités quotidiennes. C'est ce qui explique une prédominance des abandons dans les écoles des localités périphériques au chef lieu de la commune. Ces localités rurales présentent un très faible niveau d'adoption de la culture scolaire et les perceptions traditionnelles sur la fille/femme y sont plus fortes. Cela se confirme par le contenu de l'emploi du temps quotidien des enfants.

Tableau 1 : Emploi du temps quotidien d'un enfant scolarisé en fonction du sexe du moment de la journée.

Activités

filles

garçons

6h à 7h45'

12h15 à

14h45'

18h15 à

21h30'

6h à

7h45'

12h15 à

14h45'

18h15 à

21h30'

Corvée d'eau

 
 
 

0

0

0

Balayage

 
 
 

0

0

0

Vaisselle

 
 
 

0

0

0

Lavage du linge

Tous les jours de repos

0

0

0

Transformation

 
 
 

0

0

0

Cuisine

 
 
 

0

0

0

Marchandise

 
 
 

0

0

0

Corvée de bois

Tous les jours de repos

0

0

0

champêtres

Tous les jours de repos

Tous les jours de repos

- Source : Enquête de terrain (décembre 2003)

- Légende : exécute l'activité

0 n'exécute pas l'activité

L'analyse des données de ce tableau donne un aperçu de la nature de la division sexuelle du travail dans le milieu d'enquête ainsi que le rôle joué par une fille / écolière dans les activités de production au sein d'une famille baatonu.

En effet la fillette dès l'âge de cinq ans participe aux travaux ménagers en aidant sa mère ou l'épouse du chef de ménage dans ses activités. Dans le même temps un garçon de cet âge apprend à jouer avec ses semblables. L'aide d'une fillette pour la ménagère prend de l'importance avec son âge. Cette aide que la fille apporte à la femme adulte, prime sur toutes les autres activités de sa vie. Car la société perçoit ce travail de la fille comme un apprentissage à leur fonction de reproduction biologique. Cette situation est de nature à compromettre l'évolution normale des filles à l'école ainsi que le réel développement de la commune.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote