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Analyse des risques hydrologiques ( inondation et remontées de capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon, Tergal à  Douala).

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par Casimir Pascal KAMGHO KAMSU
Université de Douala au Cameroun - Master 2013
  

Disponible en mode multipage

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    À mon cousin,

    KAMGHO WAMBO Aurel Jaurel, décédé.

    REMERCIEMENTS

    Je remercie L'Eternel Dieu Tout-Puissant, dont la providence nous accompagne.

    Je remercie également:

    Ø Pr NGO BALEPA Aurore, Chef de département de géographie de l'Université de Douala, pour avoir personnellement demandé que nous soyons reçus à la faculté de géographie de Yaoundé I, lors des analyses de nos échantillons de sol en laboratoire.

    Ø Pr TCHAWA Paul, chef de département de géographie de l'Université de Yaoundé I, pour la mise à notre disposition dudit laboratoire.

    Ø Dr TCHIADEU Gratien, mon directeur de mémoire pour sa disponibilité, ses conseils, sa rigueur scientifique et l'intérêt qu'il a porté à ce travail.

    Ø Tous les enseignants du département géographie qui m'ont formé, notamment :

    Pr KUETE Martin, Pr ELONG Gabriel, Pr TCHAWA Paul, Pr ASSAKO ASSAKO René Joly, Pr FOGWE NJI Zephania, Dr TCHIADEU Gratien Dr FOUDA Martin, Dr BAANA, Dr MBAHA Pascal, Dr MAYI, Dr MEVA' ABOMO Dominique, Dr MOPOU, Dr DZALLA NGANGUE Charly, Dr KALDJOB.

    Ø M. DOUANLA, laborantin au département de géographie de Yaoundé I, avec qui nous avons effectué l'analyse granulométrique.

    Ø Tous les membres de ma famille, pour leur inlassable soutien, en particulier :

    Mon père, KAMSU KAMGHO Jean-Marie, ma mère KAMMOGNE Véronique.

    Ø Mes frères et soeurs, MODJO CEDRIC, BOUMDA FOTSO Alice, NGEMTCHUENG Gay, MAFFO Francine, MINDOU Suzanne, FOTSO Valère, MAGNE Rita, KENMEGNE Nina, pour leurs encouragements.

    Ø Mon oncle et son épouse M. et Mme MOUHOUE, pour leur soutien financier.

    Ø Tous mes amis pour leurs encouragements et à tous mes camarades de promotion, spécialement : FEMPOL Fabien, MVONDO Brice, CHEUTEU Boniface, TEGUIA Gilles, YENGOUA Guy, BIYAGA Paul, VAMON NEBA, MEUTOU Christine, ENGANEBEN Amélie, pour leurs conseils et leur soutien multiforme.

    Tous ceux qui de près ou de loin, de quelque manière que ce soit, ont participé à ce travail.

    AVANT PROPOS

    La présente étude vient sanctionner la seconde étape de notre parcours universitaire. Elle nous a permis de faire nos premiers pas dans le monde de la recherche appliquée. Les résultats que nous proposons ici sont l'aboutissement de cette passionnante expérience. En effet, le but était d'apporter une contribution à la compréhension et à l'évaluation des risques d'inondations et de remontées de capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal. L'atteinte de cet objectif a nécessité une approche originale. Ainsi, ce travail repose sur un assemblage de conceptions du risque naturel élaborées par des auteurs incontournables dans le domaine. Ce pari était assez risqué, car l'éventualité de l'incompatibilité de ces conceptions, aurait pu biaiser les résultats attendus. Fort heureusement, la flexibilité des concepts, a garanti leur exploitation sur le terrain. C'est donc dire que notre analyse s'est affinée progressivement autour d'un compromis entre la phase théorique et la partie pratique du travail. Cet aller et retour permanent, nous a permis de récolter un bon nombre d'informations susceptibles d'éclairer notre compréhension des phénomènes étudiés. Toutefois le travail se termine sur quelques questionnements : les populations présentes sur le site ne contribuent- t - elles pas à la modification de la dynamique de l'aléa ? N'existe -t-il pas d'autres éléments de vulnérabilité dans la zone ? Notre approche peut - elle s'appliquer à d'autres espaces à risque ? Autant de questions qui s'inscrivent dans le prolongement de cette étude et que nous aurions souhaité explorer ! Par ailleurs les résultats que nous présentons ici sont limités par nos horizons personnels et nos moyens. Ce n'est donc que le fruit d'un raisonnement qui ne saurait avoir la profondeur de celui d'un chercheur chevronné.

    RESUME

    Pendant la saison de pluie de nombreux quartiers de la ville de Douala sont touchés par les inondations et les remontées de capillarité. Les quartiers pauvres comme Nkolmintag, Nylon et Tergal sont parmi les plus affectés. En effet, ces phénomènes qui mettent en danger la vie des populations sont des aléas inhérents aux caractéristiques du milieu physique. Autrement dit les inondations et les remontées de capillarité ont tendance à prendre un développement dangereux dans cette zone à cause des pluies abondantes, de la topographie plane du site, des sols sablo - argileux ou sablo - limoneux, de la densité du drainage ; l'affleurement de la nappe souterraine. Finalement, ces conditions physiques augmentent la susceptibilité de la zone. De l'autre côté les populations déjà fragilisées par leur faible statu socio économique - visible à travers les facteurs d'implantation sur le site et certains éléments tels que le revenu mensuel, l'habitat, la source d'approvisionnement en eau - se retrouvent dans une grande vulnérabilité. Les enjeux mis en péril sont essentiellement économiques, sociaux et sanitaires.

    Au demeurant, nous pensons qu'une cartographie des risques étudiés, leur prévision et un renforcement de la culture du risque peuvent permettre de réduire l'exposition des populations qui vivent dans ce milieu.

    Mots clés : inondation et remontées de capillarité, aléa, susceptibilité, vulnérabilité, conditions physiques, facteurs d'implantation, enjeux.

    ABSTRACT

    During the rainy season, several quarters of the Douala town are attacked by floods and the rise of capillarity. Poor quarters such as Nkolmintag, Nylon and Tergal are among the most affected areas. In fact, these phenomena that put the life of the population in danger are hazards inherent to the characteristics of the physical environment. Putting it differently, inundations and the rise of capillarity tend to take a dangerous proportion in these quarters because of abundant rain falls, the flat topography of the region, the sandy -clayey soil or the sandy- muddy soil, the density of the drainage and the rise of the underground water. These physical conditions finally enhance the susceptibility of the region. The populations on their part are in a great exposure; being already weakened by their impracticable socio-economic status noticeable through the reasons of their settling in the site and other elements such as their monthly income, their habitat and their source of water supply. Economic, social and sanitary stakes are particularly in danger.

    However, we think that cartography of studied risks, the prevision of these risks and the strengthening of the awareness about the risks can reduce the exposure of the population who live in these environments.

    Key words: flood and capillarity rise, risk, susceptibility, vulnerability, physical conditions, reasons of Settling, stakes.

    Sommaire

    DEDICACES............................................................................................. i

    REMERCIEMENTS................................................................................... ii

    AVANT - PROPOS...................................................................................... iii

    RESUME.................................................................................................. iv

    ABSTRACT............................................................................................. v

    TABLE DES MATIERES............................................................................. vi

    LISTE DES TABLEAUX............................................................................ xi

    LISTE DES FIGURES................................................................................ xii

    LSTE DES PLANCHES PHOTOS.................................................................. xiii

    LISTE DES ABREVIATIONS...................................................................... Xiv

    INTRODUCTION GENERALE.......................................................................... 1

    CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE................. 3

    Introduction................................................................................................... 3

    1.1- CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE.............................................................. 3

    1.1.1- Contexte de l'étude................................................................................... 3

    1.1.1.1- contexte général................................................................................... 3

    1.1.1.2- Contexte scientifique.................................................................................................. 5

    1.1.2 Justification du choix du sujet et délimitation spatiale.......................................... 7

    1.1.2.1 Justification du choix du sujet.................................................................... 7

    1.1.2.2 Délimitation spatiale........................................................................... 7

    1.1.3 Problématique de recherche........................................................................ 9

    1.1.3.1 Problème............................................................................................. 9

    1.1.3.2 Débat........................................................................................... 10

    1.1.3.3 Positionnement.................................................................................. 10

    1.1.4 Questions de recherche................................................................................ 11

    1.1.5 Objectifs de la recherche et hypothèses ........................................................... 11

    1.1.5.1 Objectifs de la recherche ....................................................................... 11

    1.1.5.2 Hypothèses de recherche ...................................................................... 12

    1.1.6 Présentation des théories et des concepts liés à l'étude......................................... 12

    1.1.6.1 Présentation des théories en rapport avec l'objet d'étude.................................... 12

    1.1.6.2 Présentation des concepts ou conceptualisation en rapport avec l'objet d'étude........ 16

    1.1.7 L'intérêt de l'étude.................................................................................... 30

    1.1.7.1 L'intérêt scientifique............................................................................. 30

    1.1.7.2 L'intérêt socio - économique................................................................... 30

    1.1.8 Résultats attendus.................................................................................... 31

    1.9 La revue de la littérature................................................................................ 31

    1.2 APPROCHE METHODOLOGIQUE............................................................... 36

    1.2.1 Méthodes de collecte de données.................................................................. 36

    1.2.1.1 La recherche documentaire..................................................................... 36

    1.1.12 Les descentes sur le terrain..................................................................... 36

    1.2.2 Méthodes d'analyse et de traitement de données................................................ 38

    1.2.2.1 Les données qualitatives................................................................... 38

    1.2.2.2 Les données quantitatives................................................................ 39

    1.2.2.3 Les données de prélèvement des sols................................................... 39

    1.2.2.4 Les données cartographiques............................................................ 39

    Conclusion................................................................................................... 39

    CHAPITRE 2 : INONDATIONS ET REMONTEES DE CAPILLARITE :

    TYPOLOGIE ET ETUDE DES FACTEURS DES ALEAS HYDROLOGIQUES.................................................................................. 40

    Introduction............................................................................................. 40

    2.1 Les inondations et les remontées de capillarité : définition et typologie.......................... 40

    2.1.1 Définition........................................................................................ 40

    2.1.2 Les types d'inondation et de remontée de capillarité....................................... 40

    2.2 Les facteurs d'inondations et des remontées de capillarité dans la zone d'étude............. 42

    2.2.1 Les facteurs des inondations................................................................... 42

    2.2.1.1 Les pluies.................................................................................... 42

    2.2.1.2 La crue....................................................................................... 45

    2.2.2 Les facteurs des remontées de capillarité...................................................... 46

    2.2.2.1 La proximité de la nappe phréatique...................................................... 46

    2.2.2.2 La porosité du sol........................................................................... 46

    Conclusion.................................................................................................. 47

    CHAPITRE 3 : ETUDE DE LA SUSCEPTIBILITE COMME FACTEUR

    AGGRAVANT DES ALEAS............................................................................ 48

    Introduction................................................................................................ 48

    3.1 La contribution du relief et des précipitations à l'occurrence des inondations et des

    remontées de capillarité....... .................. 48

    3.1.1 Un relief monotone 48

    3.1.2 Les pentes un facteur de stagnation des eaux 50

    3.1.2 Des précipitations abondantes 50

    3.2 La contribution des cours d'eau et des sols à l'occurrence des phénomènes étudiés . 52

    3.2.1 Un drainage assez dense 52

    3.2.1.1 Présentation générale des cours d'eau 52

    3.2.1.2 La longueur des drains 53

    3.2.1.3 Le lit des drains et la hauteur de la lame d'eau 54

    3.2.1.4 Les débits 55

    3.3 Analyse des sols de la zone d'étude 57

    331 Formation des sols du bassin de Douala 57

    33.2 Nature des sols de la zone d'étude 57

    3.3.3 La Granulométrie des sols de la zone d'étude 59

    3.3.3 Le rôle des sols dans l'occurrence des phénomènes hydrologiques étudiés ........ 62

    Conclusion................................................................................................. 64

    CHAPITRE 4 : LES FACTEURS ET LES ELEMENTS DE VULNERABILITE DANS

    LA ZONE D'ETUDE ... 65

    Introduction............................................................................................. 65

    4.1 Les facteurs de vulnérabilité dans la zone d'étude 65

    4.1.1 Les facteurs économiques 65

    4.1.1.1 Le mirage économique de la ville de Douala 65

    4.1.1.2 le revenu des chefs de ménage enquêtés 66

    4.1.1.3 Le prix des terrains et du logement dans la zone d'étude 67

    4.1.2 Les facteurs démographiques. 69

    4.1.2.1 Historique du peuplement de la zone d'étude ......................... 69

    4.1.2.2 L'origine des chefs de ménage 70

    4.1.2.3 L'âge des chefs de ménage 71

    4.1.3 Les facteurs sociologiques 72

    4.1.3.1 Le mode d'accès au sol 72

    4.1.3.2 Le besoin du chez - soi et la présence d'un proche 73

    4.1.3.3 L'organisation fonctionnelle des quartiers 74

    4.2 Les indicateurs de vulnérabilité dans la zone d'étude 77

    4.2.1. Le type d'habitat 77

    4.2.2 Nature du matériau du sol des maisons enquêtées 79

    4.2.3 L'approvisionnement des ménages enquêtés en eau 79

    4.2.4 Le niveau de perception des risques étudiés par les populations .......... 80

    4.3 Les enjeux vulnérables dans la zone d'étude 82

    4.3.1 Les enjeux économiques 82

    4.3.1.1 Les activités économiques 82

    4.3.1.2 Les biens domestiques de valeur des chefs de ménage 83

    4.3.2 Les enjeux sociaux vulnérables dans la zone d'étude 83

    4.3.3 Les enjeux sanitaires 85

    4.3.3.1 La relation entre les phénomènes étudiés et les maladies hydriques 85

    4.3.3.2 Bilan des cas maladies enquêtées dans la zone d'étude 87

    Conclusion................................................................................................ 88

    CONCLUSION GENERALE ........................................................................ 89

    BIBLIOGRAPHIE.................................................................................... 91

    ANNEXE............................................................................................... 96

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 : Quelques dates marquantes des inondations dans la zone d'étude.................. 43

    Tableau 2 : Ordre de grandeur de l'ascension capillaire suivant la texture du sol............... 47

    Tableau 3 : Fiche d'identité des drains de la zone d'étude.......................................... 56

    Tableau 4 : Valeurs des pesées de chaque échantillon de sol....................................... 60

    Tableau 5 : Fiche granulométrique de sols tamisés................................................... 60

    Tableau 6 : Quelques valeurs du coefficient de perméabilité de Darcy (d'après Costany, 1967)........................................................................................................ 61

    Tableau 7 : caractéristiques des sols de la zone d'étude............................................. 63

    Tableau 8 : Evolution de la population dans la ville de Douala et de l'occupation des

    surfaces dans la Zone d'étude............................................................ 66

    Tableau 9 : Estimation des revenus des chefs de ménage par rapport à l'activité exercée....... 67

    Tableau 10 : Estimation des prix de terrain............................................................ 68

    Tableau 11 : comparaison entre le prix moyen d'un loyer dans la zone d'étude et dans un

    Quartier exondé............................................................................................ 68

    Tableau 12 : Effectif réel (Nij)........................................................................... 76

    Tableau 13 : Résultat du Khi2............................................................................ 76

    Tableau 14 : Contribution de chaque élément au Khi 2.............................................. 77

    Tableau 15 : Matériau de construction des maisons et revêtement de la surface du sol........... 79

    Tableau 16 : Utilisation de l'eau par les populations de la zone d'étude........................... 80

    Tableau 17 : Résultats d'enquête sur le niveau de perception des phénomènes étudiés par les populations.................................................................................................. 81

    Tableau 18 : Les activités économiques menées dans la zone d'étude............................. 82

    Tableau 19 : Enjeux sociaux dans la zone d'étude................................................... 83

    Tableau 20 : Quelques maladies auxquelles s'exposent les habitants de la zone d'étude...... 86

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1 : Localisation de la zone d'étude............................................................. 9

    Figure 2 : Conceptualisation du risque naturel inspirée de Carrega............................... 18

    Figure 3 : Conceptualisation de l'aléa en rapport avec l'objet d'étude............................ 20

    Figure 4 : Conceptualisation de la susceptibilité en rapport avec l'objet d'étude inspirée de Carrega...................................................................................................... 22

    Figure 5 : Conceptualisation de la vulnérabilité en rapport avec l'objet d'étude

    inspirée de D'ercole....................................................................................... 26

    Figure 6 : Conceptualisation de la santé en rapport avec l'objet.................................... 29

    Figure 7 : Pluviométrie (en mm) des mois de septembre et d'octobre 2011 (source : Douala météo)....................................................................................................... 44

    Figure 8 : Les courbes de niveau dans la zone d'étude............................................... 49

    Figure 9 : Régime pluviométrique moyen (en mm) de 1960 à 2008 (Source : Douala météo 2008)......................................................................................................... 51

    Figure 10 : Les principaux drains de la zone d'étude................................................. 53

    Figure 11 : Coupe schématique du sol de nylon au lieu dit Barcelone............................... 58

    Figure 12 : Susceptibilité de la zone d'étude............................................................ 64

    Figure 13 : Répartition des chefs de ménage de la zone d'étude en fonction de leur origine...... 71

    Figure 14 : Effectifs des chefs de ménages de la zone d'étude par âge.............................. 72

    Figure 15 : Facteurs d'installation des populations sur la zone d'étude............................... 75

    Figure 16 : Occupation du sol dans la zone d'étude.................................................... 85

    Figure 17 : Nombre de cas de maladies hydriques dans la zone d'étude............................ 87

    LISTE DES PLANCHES PHOTOS

    Planche 1 : Les remontées de capillarité « in door ».............................................. 42

    Planche 2 : Inondation dans le quartier Nkolmintag............................................... 44

    Planche 3 : Urbanisation anarchique et occupation du lit du des cours d'eau ................. 55

    Planche 4 : Un habitat en mutation................................................................... 78

    LISTE DES ABREVIATIONS

    ARAN : Agence de Restructuration et d'Aménagement de la zone Nylon.

    BUCREP : Bureau Central des Recensements et d'Etude de la Population.

    CLUVA : Climate Urban Vulnerability Asset.

    CUD : Communauté Urbaine de Douala.

    CNRS : Centre National de Recherche Scientifique.

    GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts du Climat.

    GPS : Global Positionning System.

    IGN : Institut Géographique national.

    MAERTUR : Mission d'Aménagement et d'Equipement des Territoires Urbains et Ruraux.

    OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique.

    OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

    OMS : Organisation Mondiale de la Santé.

    ONG : Organisation Non Gouvernementale.

    PDU : Projet de Développement Urbain.

    PER : Plan d'Evaluation des Risques.

    POS : Plan d'Occupation du Sol.

    PPR : Plan de Prévention des inondations.

    SMIC : Salaire Minimum de Croissance.

    UNESCO : Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture.

    UTM : Univers Travers Mercator.

    INTRODUCTION GENERALE

    La croissance urbaine modifie très souvent certaines caractéristiques du milieu naturel, ce qui perturbe en retour l'équilibre de la ville (Patrick P., 1994). Ce phénomène complexe et difficile à maîtriser, se déroule en Afrique subsaharienne de façon extrêmement rapide et s'accompagne de profondes mutations spatiales, environnementales, sociales (Fotsing J.M et Etouna J., 2002).

    Au Cameroun, pays de l'Afrique centrale, situé au fond du golfe de Guinée, le processus d'urbanisation a conduit à la naissance de plusieurs villes, parmi lesquelles Yaoundé et Douala sont respectivement capitale politique et économique. De même que dans la majorité des villes des pays en développement, les questions de production d'un cadre de vie sain et agréable se posent dans ces deux métropoles avec persistance.

    La ville de Douala qui nous intéresse, se trouve sur l'estuaire du Wouri, à 30 kilomètres de l'océan Atlantique. Elle se distingue tant par ses caractéristiques naturelles que par son évolution spatiale. En ce qui concerne le milieu physique, il est marqué par un relief presque plat et des sols hydromorphes. Quant à la croissance spatiale, elle se déroule sans grand contrôle administratif et s'explique surtout par la forte pression démographique. En 1976 la population de Douala était de 458 426 habitants contre plus de 1 907 479 aujourd'hui (Rapport BUCREP, 2010). Cette explosion démographique doublée du non respect des règles d'aménagement urbain aboutit à un étalement de la ville sur des espaces vulnérables et à risque (Mainet G., 1986). En réalité les problèmes de logements, d'accès au sol et à la propriété accentués par la pauvreté ambiante amènent les populations démunies à s'installer dans les zones marécageuses sujettes aux risques hydrologiques.

    Cette situation soulève un ensemble de problématique propre à l'occupation des zones où planent les risques hydrologiques, par des populations urbaines en quête de réussite économique. Nkolmintag, Nylon et Tergal situés au sud Est de la ville, objet de cette étude, font partie de ces quartiers qui se sont développés hors de tout contrôle des pouvoirs urbains et sur un espace marécageux, peu propice à l'habitat. Peuplés en majorité des populations au faible niveau de vie, ces quartiers, sont soumis aux risques hydrologiques tels que : les inondations et les remontées de capillarité. Dès lors, il semble intéressant de présenter, dans un premier temps, les risques étudiés; ensuite de mettre en évidence le rôle des éléments du milieu naturel lors des inondations et des remontées de capillarité et enfin de ressortir les éléments de vulnérabilité en vue d'aider à la gestion de ce problème.

    Sans la prétention de faire oeuvre originale, ce travail se propose d'apporter - en dépit des perceptions réductrices du « champ du probable » des phénomènes étudiés, par les populations et les décideurs - des éléments qui témoignent de la prégnance des risques hydrologiques sur le site étudié ; une analyse sur les caractéristiques du milieu naturel qui participent au développement des phénomènes étudiés ; et enfin une évaluation de l'impact social, économique et sanitaire possible, lié à la concrétisation des risques hydrologiques étudiés.

    Notre but ultime est de contribuer à l'atteinte des objectifs du millénaire, conformément à la cible « 7D » qui prévoit d' « améliorer de moitié les conditions de 100 millions d'habitants de taudis ». Nous voulons également soulever ici des axes de réflexion susceptibles de conduire à l'amélioration des conditions de vie des populations de la zone étudiée, prises malheureusement au filet de la marginalité.

    CHAPITRE 1 :

    CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

    Introduction 

    Cette étude porte sur l'analyse des risques d'inondation et de remontées de capillarité à travers l'approche : aléa - susceptibilité - vulnérabilité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal. Elle cherche à comprendre les mécanismes en oeuvre dans l'occurrence des phénomènes ci-dessus et évaluer le danger réel qu'ils représentent pour les populations de la zone d'étude. Afin d'y parvenir, nous avons défini le cadre théorique de l'étude dont les lignes maîtresses sont : le contexte de l'étude, la problématique et le questionnement qui en découle, la présentation des théories et des concepts à étudier.

    1.1. - CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

    1.1.1 - Contexte de l'étude

    1.1.1.1 - Contexte général

    Les inondations font partie des catastrophes naturelles qui affectent le plus les sociétés humaines. De 1971 à 1991 seulement, elles ont causé la mort de trois millions de personnes et bouleversé la vie de 800 millions d'autres (UNESCO, 1991 in Simard M., 1999) ; selon le Dartmouth Flood Observatory (2004), au cours de l'année 2004 on a recensé près de 200 inondations de grande ampleur dans le monde, responsables de la mort de plus de 200,000 personnes et du déplacement de près de 51 millions d'individus. Les dégâts selon ce même observatoire, sont estimés à 7500 milliards de dollars américains. Ces chiffres sont d'autant plus préoccupants que les prédictions des experts du G.I.E.C font état d'un accroissement de la fréquence du nombre des inondations dans les zones déprimées du globe probablement dû aux effets induits du réchauffement climatique.

    Contrairement aux inondations, le phénomène de remontée de capillarité, encore appelé remontée de nappe, ne menace pas directement la vie des individus. Il se produit uniquement dans les points marécageux où la nappe phréatique est affleurant. Son impact économique et social est assez limité. Cependant ses conséquences sanitaires sont indéniables.

    En Afrique ces deux phénomènes sont bien connus, surtout en milieu urbain. Toutefois seules les inondations sont considérées comme une véritable préoccupation, étant donné que les villes de ce continent, déjà meurtries par la pauvreté, subissent régulièrement les dégâts liés à ce phénomène. Ces villes sont particulièrement touchées à cause de leurs fortes densités humaines et d'un aménagement qui échappe au respect des normes urbanistiques. Il règne donc au sein des villes d'Afrique noire une anarchie qui débouche sur l'occupation des bas fonds, des plaines inondables sans aucun encadrement sécuritaire. Au Gabon par exemple certains quartiers de la ville de Libreville, pour des raisons sus mentionnées, sont depuis deux décennies confrontés à une accentuation des problèmes d'inondation (Mouganga M.D., 2005).

    Au Cameroun, bien qu'il existe très peu de données archivées sur les inondations, on sait à partir des relais médiatiques et des travaux de recherche, qu'elles posent d'énormes difficultés aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD). Les villes de Limbé, Kribi, Maroua, sont fréquemment touchées (Direction de la Protection Civile 2003). Par ailleurs, les inondations survenues au mois de septembre de cette année, au nord, à l'extrême - nord, à l'est, et au nord - ouest du pays, entraînant la mort de près de 20 personnes et le déplacement de 40 000 autres, n'ont fait que révéler la vulnérabilité du territoire national à ce phénomène.

    La ville de Douala, connaît également des inondations fréquentes. En effet on ne compte plus les cas d'inondation graves qui surviennent chaque année. La crue de référence reste celle du 03 Août 2000, qui a entraîné deux pertes en vies humaines (Mutation 04 août 2000) et de nombreux dégâts matériels. La plupart des victimes se trouvaient dans les quartiers défavorisés et appartenaient à la couche de population démunie.

    Les autorités urbaines mettent en oeuvre des projets d'assainissements pour contourner cette contrainte. Or, les limites des opérations d'assainissements comme réponse aux inondations sont tangibles, particulièrement dans notre zone d'étude. Car il est à noter qu'au cours des années 1970 l'acuité des problèmes liés aux inondations dans cette partie de la ville a conduit les autorités à engager une vaste opération de restructuration pilotée par l'ARAN (Ndjanteng M.C., 2005). Cette restructuration a permis de reconfigurer les lots, de tracer des routes, d'ouvrir des canalisations, de drainer le quartier. Mais à l'heure actuelle la zone connaît régulièrement des inondations et des remontées de capillarité, ce qui contraint la communauté urbaine de Douala (CUD) à cureter les drains, sans pour autant résoudre le problème.

    Dans la perspective de l'autonomisation des CTD, avec la constitution du 18 janvier 1996 et les lois portant orientation de la décentralisation du 22 juillet 2004, les communes se verront transférer de plus en plus de compétences. Il est donc urgent que les CTD, principaux intervenants de la gestion du risque d'inondation sortent du cadre réduit de l'assainissement dans lequel ils mènent leurs actions depuis quelques décennies pour rentrer résolument dans celui de la gestion durable et intégrée des bassins versants (Fogwe Z. et Tchotsoua M., 2005).

    De leur côté, les riverains ayant été à l'avant-garde de la viabilisation de ces quartiers estiment que le pire est derrière eux et évoluent par conséquent dans ce milieu avec une quiétude étonnante. L'accoutumance aux rigueurs du milieu naturel et la sous estimation du risque perçu peuvent expliquer un tel état d'esprit qui, en réalité, est loin d'être rassurant pour tout spécialiste des questions du risque. La situation est encore plus criarde quand on sait qu'une grande partie des populations de la zone étudiée vit en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour).

    1.1.1.2 Contexte scientifique

    Le risque est omni présent dans la société moderne (Veyret Y., 2004). Pratiquement toutes les disciplines traitent directement ou indirectement des risques, car ils engagent inévitablement une réflexion transversale allant aussi bien des sciences humaines aux sciences dures. Toutefois le champ d'action du risque, à l'interface nature-culture, et la réflexion épistémologique qu'il engage, en ont consacré l'étude aux sciences sociales, précisément à la géographie.

    En géographie, on distingue les risques technologiques et les risques naturels. Les questions sur les risques naturels, thématique de cette étude, sont très anciennes. Cependant celles-ci font leur incursion dans le monde scientifique suite à l'étude des catastrophes (Veyret Y., 2004). En effet, l'essor du positivisme au XIXe siècle, dans les sociétés occidentales, fait reculer l'interprétation théologique ou magique des catastrophes au bénéfice d'explications rationnelles et logiques. Cette approche heuristique sécularise la perception des évènements naturels dommageable. Ainsi les catastrophes et incidemment les risques naturels sortent de la sphère métaphysique pour devenir des objets d'étude scientifique à part entière. La place est alors faite à l'analyse des principes et des lois universelles de la physique régissant les évènements extrêmes (Allard P., 2006).

    La géographie anglo-saxonne va s'inscrire pendant longtemps dans ce créneau. La plupart des contributions se cantonne à l'analyse de la partie physique du risque c'est-à-dire l'aléa. Quant à la vulnérabilité elle est considérée comme une composante passive moins importante (Reghezza N., 2004). Il s'agit là d'une analyse monocausale, déterministe, taxée de naturaliste par certains auteurs. En fait, celle-ci cherche à expliquer le risque par la seule activité de l'aléa. D'ailleurs, Hewitt G. (1997) cité par Pigeon P. (2002) qualifie cette démarche - qui étudie le phénomène naturel dans sa régularité, ses temps forts et son intensité afin de l'anticiper ou de le contrer - d' « hazard paradigm » ; pour signifier qu'elle se concentre uniquement sur « l'effet de la nature », en ignorant volontairement l'action des sociétés à l'intérieur desquelles cet « effet » se produit. Dans le même ordre d'idée la géographie française, avec des figures comme Pardé à Grenoble et Tricart à Strasbourg, tous deux géographes physiciens, s'intéresse prioritairement à l'étude des processus naturels en rapport avec le risque spécialement le risque d'inondation (Ribas P., 1994).

    Ce n'est qu'à partir des années 1980 que la géographie française, sous l'influence de l'école vidaliènne, et les travaux des universitaires américains tels que White G., Burton et Kates, font évoluer la réflexion vers l'étude des processus humains qui déterminent le risque. On assistera à la valorisation de la dimension « vulnérabilité », parfois au détriment de l'aléa. « Ce courant connu sous le nom de «  Hazard Research »  se penche sur les « impacts » des situations de risque et cherche à connaitre les modalités d'un ajustement adéquat des sociétés aux caprices du milieu » (Rebotier J., 2011). Dans contexte nouveau, pour le moins déterministe, les travaux portent non seulement sur l'évaluation de la vulnérabilité de trois manières : quantitative, qualitative ou selon « l'analyse multicritères » (Theys et Fabiani in Veyret Y. et al., 2004), mais aussi sur sa représentation cartographique.

    Actuellement les publications sur les risques naturels s'alimentent de cette conception dualiste : aléa + vulnérabilité, déjà profondément ancrée dans l'interprétation des spécialistes. Malgré les mérites de ce paradigme, il comporte plusieurs faiblesses. D'un côté, au plan sémantique il est impropre de parler d'aléa purement naturel puisque le peuplement agit en retour sur ce dernier. Autrement dit, il y a presque toujours une anthropisation des causes naturelles d'un sinistre (Pigeon P., 2002). De l'autre, au niveau conceptuel, la vulnérabilité est limitée pour rendre compte des réalités dynamiques dans le temps, l'espace et les sociétés, qu'elle est supposée recouvrir (D'Ercole R. 1998). C'est pourquoi, ce dernier préfère parler de système de vulnérabilité. La réflexion épistémologique se poursuit actuellement autour de l'évaluation quantitative exacte de l'endommagement ; de l'adéquation entre l'évaluation et la réduction de la vulnérabilité.

    Il faut noter l'introduction d'un nouveau concept dans l'étude des risques qui est celui de la susceptibilité. Ce concept est présent dans les travaux de Carrega sur les risques d'incendie de forêt dans la région de la méditerranée. En effet, la susceptibilité permet de rechercher des paramètres sur la prédisposition du milieu naturel à amplifier l'aléa. Cette démarche aboutit à une meilleure compréhension de l'aléa et à sa cartographie, ce qui permet ensuite une prédiction fine de son comportement.

    En Afrique la recherche sur les risques naturels est assez récente. Elle se conjugue avec l'urbanisation et reste le domaine privilégié des géographes. Une fois de plus la part belle est consacrée à l'étude de l'aléa qui s'appuie sur des réalités géophysiques - certes évolutives mais dont les structures sont assez stables (climat, sol, hydrographie) - en oeuvre dans le déclenchement des risques naturels. La tendance actuelle, ne s'inscrit pas en faux de l'acception traditionnelle du concept de risque naturel, en même temps elle incorpore la dynamique spatio - temporelle du risque selon les territoires, les legs coloniaux, les particularismes socio-culturels. On note également un travail de cartographie et de géo - référencement des risques (Zoning A., 2010).

    Nous voulons nous inscrire dans la méthode hydrologique des crues. Cette dernière suit actuellement trois lignes : l'étude des mécanismes d'écoulement sur des bassins expérimentaux, l'étude hydrologique de certains épisodes catastrophiques, l'analyse de la relation eaux souterraines eaux superficielles dans les épisodes d'inondations (Ribas P., 1994).

    1.1.2 Justification du choix du sujet et délimitation spatiale

    1.1.2.1 Justification du choix du sujet

    Deux raisons concourantes expliquent le choix de ce sujet.

    Dans un premier temps, l'étude des risques hydrologiques en tant que croisement entre l'aléa, la susceptibilité et la vulnérabilité est un domaine d'étude nouveau et encore peu exploré dans notre contexte. En effet, l'urbanisation des sites marécageux par les populations à faible revenu pose aux villes africaines plusieurs problèmes parmi lesquels les inondations et les remontées de capillarité. Les villes camerounaises, particulièrement Douala, ne sont pas épargnées par ces phénomènes.

    Deuxièmement, ce travail qui est réalisé en vue de l'obtention d'un Master II en géographie option « Homme - Milieu » ne sacrifie pas à la tradition de l'analyse spatiale du géographe. Cela nous donne également une possibilité de tester, de manière pratique, la pertinence du trinôme aléa- susceptibilité-vulnérabilité dans l'étude des risques naturels en milieu urbain.

    1.1.2.2 Délimitation spatiale de la zone d'étude

    Les quartiers Nkolmintag, Nylon, Tergal se situent à l'ancienne périphérie sud - Est de la ville de Douala. Ces quartiers appartiennent à la zone Nylon et sont compris entre les Communes d'Arrondissement de Douala IIème (Nkolmintag) et Douala IIIème (Nylon, Tergal) (fig1) ; ils présentent une quasi homogénéité de peuplement et sont assez représentatifs des sites de topographie plane dans la ville de Douala. Ils sont limités :

    - Au Nord par le plateau Bassa sur lequel se trouve le centre industriel.

    - A l'Ouest par le quartier de New - Bell au lieu dit casino.

    - Au Sud - Ouest par la barrière de sécurité de l'ancien aéroport et vers le Sud - Est par le quartier Brazzaville.

    - A l'Est se trouve le quartier Oyack

    Notre zone d'étude appartient au bassin versant du Mgoua. Elle est traversée au nord par le boulevard des Nations Unies qui la sépare du plateau Bassa. La limite entre Nkolmintag et Nylon est marquée par le passage de l'autoroute de l'aviation.

    Source : CUD et travaux de terrain 2011

    Fig1 : Localisation de la zone d'étude

    1.1.3. Problématique de recherche

    1.1.3.1 Problème

    La position estuarienne de la ville de Douala, sa topographie, ses données climatiques et hydrologiques y compris son poids démographique, prédisposent certains quartiers aux inondations et aux remontées de capillarité en saison pluvieuse (Mainet G., 1986).

    C'est le cas des quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal, où la platitude du relief, la nature du sol et les cours d'eau produisent des conditions propices à l'occurrence des risques hydrologiques étudiés. Aujourd'hui plusieurs milliers de personnes, pauvres pour la plupart, habitent cette zone à risque. Ces dernières sont réellement exposées aux risques hydrologiques étudiés. Lors des inondations et des remontées de capillarités on enregistre très souvent des pertes matérielles, de nombreux sinistrés et une dégradation du milieu de vie.

    1.1.3.2 Débat

    Au delà du cadre de cette étude, la prégnance du risque d'inondation dans la ville de Douala intéresse plusieurs chercheurs. Leurs positions sur ce risque naturel sont diverses. Sans être exhaustif, les travaux de Meva'a D. et al. (2010) sur « l'analyse spatiale du risque d'inondation dans le bassin versant du Mbanya, à Douala capitale économique du Cameroun », reposant sur une problématique de gestion pré - catastrophe, s'inspirent de l'approche classique aléa-vulnérabilité. Toutefois cet auteur donne une dimension « sociétale » à l'aléa. Ce qui permet de mettre en lumière les logiques individuelles qui plombent la gestion préventive et participative des inondations et de leurs corollaires dans le bassin versant du Mbanya. Ce postulat rend effectivement compte de la connexité des rapports entre risque naturel et société. Travaillant sur les facteurs d'aggravation du risque d'inondation dans la ville de Douala, Onana V.P. et al., (2005), démontrent que ceux-ci sont dus à sa croissance spatiale anarchique. Cette dernière exerce une pression sur l'environnement qui se traduit par « un étranglement des réseaux de drainage naturel ou des cours d'eau et une colonisation des berges des réseaux de drainage naturels et des environs des plans d'eau », principale cause des inondations. Cette étude conçoit également le risque comme un croisement entre l'aléa et la vulnérabilité. La vulnérabilité, telle que définit par l'auteur, est supposée rendre compte d'une réalité statique or l'étude est diachronique. Ce décalage, susceptible de restreindre l'action politique, provient de l'insuffisance de ce concept à interpréter des réalités dynamiques (Pigeon P., 2002). D'autres auteurs pensent que le risque d'inondation est préoccupant dans certains bassins versants de la ville de Douala parce qu'il est mal géré depuis plus d'une décennie par les autorités urbaines (Fogwe Z. et Tchotsoua M. 2007). On voit bien qu'ici la question du comment réduire le risque, est abordée sous l'angle de la vulnérabilité fonctionnelle, c'est - à - dire que l'exposition au risque d'inondation relève d'un déficit d'appropriation de cette contrainte en tant que point focal de la gestion des sites urbains exposés.

    1.1.3.3 Positionnement

    Ce travail se propose, de traiter des risques hydrologiques étudiés en tant que synthèse d'une combinaison de l'aléa, de la susceptibilité et de la vulnérabilité. Ceci dit, nous pensons que la survenance des inondations et des remontées de capillarité est nécessairement liée aux caractéristiques du milieu physique et à l'occupation du site par des populations au faible statut économique.

    1.1.4 Questions de recherche

    Ø Question principale

    Les risques hydrologiques identifiés dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal sont-ils le produit de la rencontre entre l'aléa naturel, la susceptibilité du milieu et la vulnérabilité des populations ?

    Ø Questions spécifiques :

    - Quel est le type d'inondation et de remontée de capillarité qui se produisent dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal ?

    - Comment se décline la susceptibilité aux risques hydrologiques étudiés dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal ?

    - Quelle évaluation peut-on faire de l'exposition des populations de Nkolmintag, Nylon et Tergal aux risques hydrologiques étudiés ?

    1.1.5 Hypothèses et objectifs de recherche

    1.1.5.1 Objectifs de recherche

    Ø Objectif principal

    L'objectif principal est de déterminer les variantes des phénomènes d'inondation et de remontées de capillarité afin de comprendre  leur comportement, et surtout leur impact sur les populations des quartiers étudiés.

    Ø Objectifs spécifiques

    Cette étude vise à :

    - Présenter les spécificités des aléas hydrologiques étudiés dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal.

    - Contribuer à une meilleure connaissance du rôle joué par chaque élément du milieu naturel dans la production des aléas étudiés.

    - Identifier les facteurs et les éléments de vulnérabilité, à partir de l'approche semi quantitative de D'ercole.

    1.1.5.2 Hypothèses de recherche

    Ø Hypothèse principale

    L'hypothèse sur laquelle repose ce travail est la suivante : les risques hydrologiques étudiés sont entretenus par la susceptibilité du milieu et la vulnérabilité socio-économique des populations.

    Ø Hypothèses secondaires

    - L'occurrence des inondations et des remontées de capillarité n'est pas déterminée par la hauteur d'eau tombée au cours d'une averse.

    - Les inondations et les remontées de capillarité sont aggravées par les caractéristiques physiques du milieu.

    - Les inondations et les remontées de capillarité sont responsables de l'endommagement de nombreux biens, et de fragilisation de la santé des populations de Nkolmintag, Nylon et Tergal.

    1.1.6. Présentation des théories et des concepts liés à l'étude

    1.1.6.1 Présentation des théories en rapport avec l'objet d'étude

    Ø Le déterminisme et le naturalisme

    Le déterminisme est une théorie énoncée pour la première fois par Laplace (1776) et largement exploitée en philosophie. Il a été introduit dans le milieu géographique par les auteurs allemands tels que, Ritter (1779 - 1859) ; Ratzel (1884 - 1904).

    Ce courant de pensée appliquée en géographie renvoie à un postulat qui accorde une place prépondérante au milieu naturel dans l'analyse et l'explication des sociétés (Berdoulay V., 2005). Cette théorie accorde notamment une grande part à l'influence des éléments naturels sur les paysages et sur les sociétés humaines. Dans cette optique on peut comprendre et analyser les dislocations paysagères en milieu urbain (quartiers riches ; quartiers pauvres) ; par des contraintes naturelles qui s'y exercent. Bien plus le déterminisme étant soutenu par la loi de causalité, tout espace soumis aux mêmes conditions naturelles devrait en principe avoir des paysages identiques. En considérant l'urbanisation de la ville de Douala on s'aperçoit bien qu'il y a une forte ressemblance physionomique entre certains quartiers spontanés de la ville. En sachant que ces quartiers répondent aux mêmes conditions topographiques (bas fonds) ; édaphiques (sols hydromorphes) et climatiques ; ne faut-il pas penser qu'il y a là une mécanique sous - jacente en action (causalité) attribuable au milieu naturel ? Bref, ne peut - on pas conclure à un résultat de cause à effet ? Sans verser dans un déterminisme arriéré nous voulons simplement comprendre le poids du milieu naturel dans la production des quartiers à habitat précaire.

    En rapport avec l'objet d'étude, cette théorie a fortement imprégné le courant naturaliste de l'approche du risque, forgée par les auteurs anglo-saxons. En effet, pendant longtemps la démarche explicative des catastrophes naturelles consistait à les présenter comme la déclinaison de la toute puissance de la nature « natural uncotrollable physical events » (Pigeon P., 2002). Dans cette trajectoire, l'ampleur des dégâts est intimement liée à l'intensité du phénomène naturel contre laquelle la société ne peut rien faire. De là, s'élabore le concept de « natural hazard » dont le contenu, exclut la société de la dynamique de l'aléa.

    Même si elle peut être crédible cette théorie comporte plusieurs failles dont la plus prononcée est « sa méconnaissance des processus humains sur le risque » (White G., 1936) et les capacités psychiques, intellectuelles et technologiques de l'homme à dépasser l'aliénation ou la tyrannie de la nature. D'où l'intérêt pour la vulnérabilité (Veyret Y., 2004).

    Ø Théorie de la formation socio - spatiale et le constructivisme

    La théorie de la formation socio spatiale sera la clé de voûte de ce travail.

    En effet comment donner un visage aux risques sur lesquels nous planchons, ou du moins comment les comprendre et les maitriser si un effort de territorialisation des phénomènes en question n'est pas réalisé ? En ce sens, pour mieux inscrire les risques étudiés dans le territoire nous allons recourir à l'approche de Di Méo G. (1998) qui envisage le territoire sous ses aspects superstructurels et infrastructurels.

    Il est question, dans un premier temps, d'une instance immatérielle du territoire se déclinant en deux dimensions : idéologique et politique.

    La sphère idéologique englobe l'ensemble des héritages culturels, cultuels, moraux... plus au moins positifs qui déterminent la mise en valeur d'un espace. Ce processus peut se traduire par des signatures spatiales (emblèmes, symboles, pratiques....), qui trahissent non seulement les perceptions qu'ont les groupes sociaux de leur espace de vie mais aussi le lien qu'ils entretiennent avec ce même espace. Partant de là et en s'appuyant sur une démarche phénoménologique -- qui, à partir des faits rend compte des mobiles qui les ont préalablement déterminés -- nous pourrions établir le rapport que la population cible entretient avec le milieu naturel.

    Sachant que le territoire cristallise toutes les intensions de développement, la contrainte posée par les risques hydrologiques peut enrayer cette dynamique d'autant plus que nous sommes en milieu urbain. Alors un territoire urbain à risque oblige nécessairement une gestion spécifique. C'est ainsi que la puissance publique chargée de garantir la sécurité et le bien être des collectivités doit s'employer à fixer des règles normatives (régime foncier, Plan d'occupation du sol, schéma directeur, permis de bâtir...) dont la visibilité spatiale témoigne du niveau de territorialisation des risques hydrologiques étudiés.

    Dans le cadre de ce travail, on peut s'interroger sur le poids des décisions qui relèvent de la sphère politique sur l'évolution du territoire que nous étudions. Car de l'efficacité de ces mesures dépend la limitation des dommages causés par les inondations et les remontées de capillarité.

    Au total tout territoire relève d'abord de l'idéel où des considérations idéologiques et des décisions politiques s'entremêlent pour produire une vision d'un objet identitaire qui s'inscrit aisément dans l'échelon local, régional, national  ou international.

    Toujours selon la théorie de la formation socio - spatiale le territoire dans sa dimension géographique comporte une facette physique qui est le milieu naturel et une facette économique qui est l'espace produit (Leberre M., 1991).

    Le milieu naturel est fait de ressources valorisables et, leur mise en valeur demeure tributaire des représentations et de la règlementation en la matière. Il est à souligner que l'abondance d'une ressource peut rendre un milieu moins attractif en raison du niveau de développement technologique ou des perceptions des groupes sociaux sensés le valoriser.

    Ainsi on peut comprendre que notre zone d'étude aux sols hydromorphes (gorgés d'eau), soit considérée comme répulsive par certains (natifs et classe bourgeoise) et très attrayant pour d'autres (migrants et classes défavorisées). Force est de reconnaitre que ce milieu où plane les risques hydrologiques est une niche idéale pour les populations économiquement marginalisées, car loin de tout contrôle, elles peuplent des espaces à risques. De toute évidence les catastrophes qui découleront de l'occupation de l'espace à risque ne pourront logiquement être taxées de naturelles.

    De ce constat nait le constructivisme, qui entrevoit le risque comme le fruit d'un construit social où le phénomène naturel n'est qu'un facteur et non une cause. Cette dernière doit être recherchée dans les représentations, les perceptions et les discours que le corps social tient sur le risque. Selon cette théorie les déterminants de la vulnérabilité de la société face aux risques s'expriment par les déterminants sociaux (héritage colonial, représentation symbolique, niveau de vie...) et même politiques (discours, actions, gestion...) Rebotier J., (2011).

    Dans le cadre de cette étude nous prendrons en compte d'une part la perception du risque dans la zone d'étude et d'autre part les logiques et les pratiques des groupes sociaux face aux contraintes du milieu physique. Cela nous permettra d'apprécier le niveau de territorialisation des risques hydrologiques étudiés.

    Ø Le structuralisme et l'individualisme méthodologique

    Le structuralisme est développé par le linguiste Saussure (1916). Il sera repris et divulgué par l'ethno anthropologue Levi - Strauss C. (1950). Il se construit autour de l'idée que tout phénomène s'inscrit dans un système ou une structure selon des lois plus au moins explicites. Alors il suffit parfois de remonter à l'idée inconsciente qui dicte chaque phénomène pour obtenir un principe d'interprétation pouvant se généraliser à d'autre cas.

    Cette théorie fait son apparition en géographie récemment. Elle considère « qu'une catégorie de faits doit être étudiée selon un ensemble organisé, structuré ». (Bailly A. et Al., 1997). Pour donner à cette théorie une force opérante, il serait primordial d'établir des « invariants, des fondamentaux qui ont une signification pour la connaissance des systèmes sociaux et spatiaux ». (Bailly A. et Al 1997). Ainsi l'analyse de la structure socio - économique du groupe évoluant sur l'espace étudié permettra d'avoir une idée sur le profil mental des populations de Nkolmintag, Nylon et Tergal. D'autres théories complètent celle du structuralisme.

    La théorie de la praxis vient du néomarxiste Althusser (1965). Elle affirme qu'il y a une relation dialectique entre d'une part l'homme et la nature et d'autre part l'homme et l'environnement social. Ce paradigme voudrait que l'homme, en transformant la nature et l'environnement social par son travail, finisse par se transformer lui - même. Cela pourrait expliquer le fait que les populations de la zone d'étude, en viabilisant le milieu naturel et en exerçant une activité économique cherchent à s'arracher définitivement aux structures écotopiques (climat, inondations, maladies) et socio - économiques (pauvreté, marginalisation, classes) parfois oppressantes.

    La théorie de l'habitus de Bourdieu P. (1979) correspond à une capacité acquise socialement par un individu et qui lui permet d'avoir la réaction immédiate et approprié à un environnement. Selon cette théorie bourdienne quand l'habitus est atteint, tous semble naturel à l'individu. Celui-ci peut alors effectuer des choix correctes c'est - à - dire ceux conformes à son ethos (la culture de son groupe). D'un point de vue géographique il s'agit simplement du degré d'appropriation de l'espace par un individu et des liens sociaux qui en découlent.

    Selon certains auteurs, le structuralisme ou l'holisme conduit à de redoutables à priori. Pour eux les contraintes sociales présentes, agissent exclusivement sur les individus qui sont impliqués dans la relation « Intention - action », de ce fait un individu n'ayant pas « d'intentions » n'est soumis à aucune contrainte (Boudon R. et Al., 1982).

    Il est donc important de s'intéresser aux « micro comportements »pour comprendre et expliquer certains phénomènes. En rapprochant cette théorie de notre sujet d'étude cela nous aidera à mettre en évidence les logiques individuelles des populations qui vivent dans la zone. On constate justement qu'en fonction des individus cet espace est choisi suivant une stratégie de lutte contre la pauvreté ; ou de recherche d'un logement individuel, ou encore de recherche de proximité par rapport au centre ville.

    Toutes ces théories nous aideront à mettre en relation les phénomènes sociaux associés aux risques et les doctrines épistémologiques qui les expliquent

    1.1.6.2 Présentation des concepts ou conceptualisation en rapport avec l'objet d'étude

    Nous avons choisi de structurer ce travail autour de trois principaux concepts : 

    Ø Le risque

    Dans son étymologie le mot risque vient d'un terme italien du moyen âge : risco, provenant lui - même du latin : resecum qui signifie « coupant » ; risco désigne littéralement le roché escarpé, l'écueil (Veryet et Al., 2004).Le sens qu'on accorde à ce terme aujourd'hui varie selon les milieux. Pour le commun des mortels, le risque représente un danger, une menace, une potentialité de perte conformément aux racines étymologiques du mot. Tandis que chez le géographe ce terme a un sens plus systémique.

    De manière classique le risque est décrit suivant l'équation : risque = aléa + vulnérabilité. Le risque est donc la confrontation d'un aléa (phénomène naturel dangereux) et d'une zone géographique où existent des enjeux qui peuvent être humains, économiques ou environnementaux. Cette définition est insuffisante elle ne laisse pas apparaitre le résultat catastrophique possible de cette confrontation. La cindynique, science qui étudie les risques, les définit comme «  la probabilité d'occurrence de phénomènes d'intensité donnée dommageables pour une société donnée.»

    L'analyse critique et la fonctionnalité de ce parangon conceptuel du risque révèlent quelques failles, en rapport avec la vraisemblance de l'épithète naturel à aléa et l'incapacité de la vulnérabilité à exposer les réalités qu'elle recouvre (Pigeon P., 2005). Pourtant beaucoup d'auteurs et même de décideurs continuent de travailler sur ce paradigme, « le dogme pourrait-on dire, est : risque = aléa + vulnérabilité » (Pigeon, 2003cité par Metzger et D'ercole 2011).

    Présentant les confusions conceptuelles ou usuelles de la division traditionnelle du risque en aléa et vulnérabilité, Carrega P., propose d'ajouter une troisième composante : la susceptibilité. Cet auteur la définit comme « la potentialité qu'un aléa puisse entrainer un développement dangereux ». Il s'agit en quelque sorte du maillon manquant entre les deux piliers du risque. Autrement dit l'aléa et la vulnérabilité ne permettent pas de comprendre la distribution géographique non seulement de l'intensité du phénomène mais surtout des dommages possibles à l'intérieur d'un espace donné. Le supplément ici est la perspective d'étudier et de quantifier simultanément les facteurs physiques aggravants du risque (à priori indépendants de l'aléa exemple : la topographie, le sens des masses d'air...) et les facteurs humains (à priori indépendants de la vulnérabilité exemple : l'urbanisation, les remblais, la présence d'une autoroute,...). La conceptualisation du risque suivant le modèle aléa - susceptibilité - vulnérabilité, répond selon Carrega au besoin « de quantifier » de prédire efficacement le risque pour en garantir une meilleure prise de décision.

    Dans un article, « réflexion sur les notions et les méthodes en géographie des risques dit naturels », Pigeon P. expose, outre les ambiguïtés posées par la définition classique du risque, les problèmes d'ordre méthodologiques qui en découlent. Pour lui, la géographie des risques naturels devrait vider les absurdités sou jacentes de son discours et redéfinir ses méthodes afin d'avoir dans un premier temps un discours logique ensuite de donner une plus grande opérationnalité à ses concepts. Pigeon P., pour sa part, définit le risque en tant que : « probabilité d'occurrence de dommage compte tenu des interactions entre processus physiques d'endommagement (aléas) et facteurs de peuplement (vulnérabilité) ». Il entend par processus physiques d'endommagement la modification que subit le phénomène naturel et induite par le peuplement qui en retour lui donne un potentiel destructeur. Cette action (peuplement) - rétroaction (milieu agressif) met l'homme au coeur de la genèse du risque (anthropisation de l'aléa) ; les facteurs de peuplement résument les actions et/ou les non-actions territoriales (modes d'occupation du sol, densité de peuplement, politiques de gestion...) pouvant conduire à « l'endommagement effectif ou potentiel ». Une telle conception bouleverse les habitudes et les pratiques car elle impose de sortir de l'analyse courante monocausale (soit c'est le milieu naturel qui entretient le risque soit c'est la société) pour effectuer une analyse combinatoire. De plus l'endommagement effectif ou potentiel s'évalue suivant une démarche à postériori. Cette approche conceptuelle a prouvé son opérationnalité à Chablais (Pigeon P. 2005).

    La notion de risque hydrologique quant à elle renvoie au risque lié à l'eau. L'adjectif « hydrologique » est pris ici au sens relatif à l'eau et non au sens propre (relatif à l'hydrologie). Certes, elle est peu usitée et n'est définit dans aucun texte officiel mais elle a été indirectement « officialisée » par le CNRS dans l'un de ses programmes nationaux qui porte sur cette problématique et qui s'appelle « risques hydrologiques » au même titre que d'autres programmes sur « les risques volcanologiques » et les « risques sismiques » (Carbonnel J., et Margat J., 1996).

    Au cours de cette étude, qui vise justement à étudier les risques hydrologiques dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal, sous le prisme aléa -susceptibilité- vulnérabilité nous nous en tiendrons à la définition du risque tel que proposée par Carrega P. Toutefois nous envisagerons également la vulnérabilité selon l'acception de D'Ercole R.

    I

    SUSCEPTIBILITE

    VULNERABILITE

    I- approche classique ; II- approche de l'étude

    -- Fig. 2 : conceptualisation du risque naturel inspirée de Carrega

    Ø L'aléa

    L'alea se définit, au sens large, comme toute source de danger. L'alea peut sembler impropre que son équivalent anglo-saxon « hasard » pour designer la composante naturelle du risque (Laganier R 2006), « l'aléa caractérise le phénomène physique » (OnanaV.P., 2005). On retrouve cette approche chez Carrega, « l'aléa est par contre considéré comme assez indépendant de l'homme, il est l'évènement naturel à la source du risque ». En cindynique, il se définit à partir de son intensité : c'est alors, la probabilité d'occurrence d'un phénomène d'intensité donnée. Au sens le plus complet, l'aléa est donc un évènement ou un processus naturel défini par une intensité, une occurrence spatiale et temporelle (Dauphiné, 2001). De ce qui précède l'aléa est un élément distinct de la vulnérabilité car supposé naturel. Or cette distinction n'est jamais facile à opérer « on peut se demander au fond où cesse l'aléa et où commence la vulnérabilité ?» (Carrega 2003). Ce problème se pose de manière précise en milieu urbain, lorsqu'il s'agit d'étudier les inondations, puisqu'ici on assiste à une anthropisation de l'aléa par l'imperméabilisation des surfaces, la réduction des chéneaux d'écoulement, la colonisation des champs d'expansion des crues... (Meva'a D., et al., 2010). Compte tenu de cette interrelation indéniable entre le peuplement des zones à risque et les transformations de l'aléa, Pigeon parle d'endommagement physique au lieu d'aléa. L'endommagement physique, n'est rien d'autre que les modifications apportées par l'homme à un phénomène qui au départ est naturel, inoffensif mais dont la dangerosité lui est attribuée par l'action humaine.

    Pour nous, l'aléa est un phénomène naturel doté d'une dynamique intrinsèque ou provoquée, potentiellement dommageable aux sociétés. Nous opérons ainsi, une subtile distinction entre les fondements naturels de la source de danger et sa manifestation destructrice, fruit d'un ajustement aux processus naturels ou humains. Par conséquent l'aléa ici est rendu agressif en raison de la susceptibilité, c'est-à-dire, la propension du milieu à jouer sur l'intensité du phénomène.

    La littérature

    Crue

    CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES VARIABLES INDICATEURS

    Les marqueurs spatiaux

    Spatiale

    Un ancien marécage

    Eaux stagnantes

    Observations directes

    Inondations

    Documents d'urbanisme

    Structure en charge

    Gestion

    Territoriale

    Action institutionnelle

    Protection

    Action individuelle

    ALEA

    Niveau de la nappe

    Quartier

    Densité de drainage

    Spatiale

    Encaissement

    Site

    Remontées de capillarité

    Etat des murs et du plancher

    Humidité

    Intensité

    Temporelle

    Fréquence

    Eaux résurgentes

    Saisonnière

    Intermittente

    Liens de dépendance

    Liens interdépendants

    Liens indirects

    Fig. 3 : Conceptualisation de l'aléa en rapport avec l'objet d'étude.

    Ø La susceptibilité

    La notion de susceptibilité est bien connue dans le domaine de la médecine spécialement celui de la recherche génétique. Il s'agit d'un paradigme selon lequel les infections communes seraient favorisées par des dizaines de gènes de susceptibilité, chacun d'eux apportant une modeste contribution au déclenchement de la maladie. Laurent Abel et Jean-Laurent Casanova (2011) expliquent que : «  des pathologies graves et communes telles que la lèpre et la tuberculose reflètent en fait l'existence d'un gène majeur de susceptibilité, du moins dans certaines populations. »

    Ce concept est introduit dans l'étude géographique des risques par Carrega. Les travaux de terrain de cet auteur ont montré que la quantification et la spatialisation des risques, en vue de les prévenir, ne peut convenablement se faire suivant le schéma simpliste aléa-vulnérabilité. En effet, la susceptibilité est : « le potentiel physique de développement d'une crise », il l'explique de la manière suivante : «  à conditions météorologiques égales... une averse donnée provoque une plus forte crue sur un substrat imperméable (argiles) et un réseau hydrographique hiérarchisé ». Ce troisième agrégat du risque est nécessaire dans la caractérisation de la sensibilité spatio-temporelle (extrêmement variable) d'un lieu à un risque donnée. Il s'agit des éléments du milieu naturel qui, sans être rattachés directement à l'aléa peuvent l'aggraver, en créant une sorte de forçage. Dans cette logique l'aléa est d'autant plus dommageable que l'espace où il se produit est susceptible. La prise en compte de ce conditionnement naturel permet d'établir une cartographie fine de l'intensité du phénomène.

    Susceptibilité

    Conjoncturelle

    Physiographie

    Altimétrie

    Interannuelle

    Relief

    Structurelle

    Relief

    Climat

    Hydrosystème

    Sol

    Mensuelle

    Superficielle

    Souterraine

    Structure

    Texture

    Topographie

    Altitudes

    Pentes

    Hauteur mensuelle des pluies

    Distribution annuelle des pluies

    Hauteurs journalières du le plus mois pluvieux

    Séquences journalières du mois le plus pluvieux

    Longueurs et largeurs des drains

    Hauteur de la lame d'eau et débit

    Variation piézométrique

    Ecoulement souterrain

    Superposition des couches de sol

    Coupe du sol

    La perméabilité

    La porosité

    CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES VARIABLES INDICATEURS

    Liens de dépendance

    Liens interdépendants

    Liens indirects

    Fig. 4 : Conceptualisation de la susceptibilité en rapport avec l'objet d'étude inspirée de Carrega

    Ø La vulnérabilité

    Ce concept « souffre d'un trop - plein sémantique puisqu'il évoque aussi bien la dépendance ou la fragilité, la centralité, la complexité, l'absence de régulations efficaces, le gigantisme ou la faible résilience » (Fabiani JF. et Theys J. 1987) il existe donc une pluralité de définition parfois contradictoires (Veyret Y. et al., 2004).

    Les ingénieurs, les aménageurs, les économistes définissent la vulnérabilité comme «  le niveau de conséquences prévisibles d'un phénomène sur des enjeux (hommes, biens, milieux) » (P.P.R, 1997). Cette conception est analytique, parce qu'elle procède d'une estimation quantitative de la vulnérabilité. Elle repose par conséquent sur une juste évaluation des éléments dommageables. Or cette évaluation, faite avant la catastrophe, comporte volontairement des biais (D'Ercole et al., 1994) et ne peut être fidèle à la réalité.

    Dans les sciences sociales, ce concept, partie faible de la définition des risques (Gilbert, 2009), est à géométrie variable. Veyret in les risques naturels (2004) présente d'abord son évolution et propose ensuite une approche communément admise. En effet, initialement la vulnérabilité exprime le degré de perte et de dommage causés par la survenance de l'aléa. Par la suite, elle s'étend au degré au degré d'exposition à la source de danger. Plus tard elle devient l'incapacité pour un bien ou un groupe social à absorber la catastrophe. La vulnérabilité est alors fonction du seuil d'acceptabilité et de la résilience du groupe social en danger. La tendance actuelle venant de l'école anglo - saxonne consiste à distinguer deux types de vulnérabilité :

    - La vulnérabilité biophysique : c'est « une fonction de l'aléa, de l'exposition et de la sensibilité aux impacts de l'aléa ». Cette vulnérabilité n'est rien d'autre que le croisement entre un élément naturel (physique) source de danger et un complexe d'éléments pouvant être endommagés (biologique). Les enjeux sont définis comme vulnérables lorsqu'ils sont sensibles à l'aléa. Du reste l'exposition à une source de danger sans conséquence dénote d'une absence de fragilité du système biologique. Toutefois, son évaluation se fait à posteriori, c'est-à-dire qu'elle vise à comptabiliser les dommages après une catastrophe au détriment d'un examen de la solidité, de la résistance du système avant la survenance de l'aléa. Ce concept a servi de base aux travaux sur les risques liés au changement climatique.

    - La vulnérabilité sociale quant à elle fait appel à une mécanique « d'auto régulation du système vulnérable » En d'autres termes elle s'exprime ou se mesure à partir de « la capacité d'absorption du choc, de réponse et de redressement par rapport à l'impact de l'évènement sur la population ». La vulnérabilité proviendrait donc de l'incapacité d'un retour à l'état initial. Les enjeux sont d'autant plus vulnérables qu'ils recouvrent difficilement l'équilibre ancien après le choc. Cette approche se soucie peu de l'aléa et met l'accent sur la capacité des structures mentales ou socio - économiques à digérer la catastrophe. Dans ce cas, la vulnérabilité résulte du déséquilibre fragilités - capacités. Cette école réalise un compromis entre ce que les auteurs appellent la vulnérabilité passive (propension à subir l'aléa) et active (propension à modifier l'aléa). Sur le plan pratique il est moins évident de déterminer la vulnérabilité.

    Dans le cadre d'un travail sur la vulnérabilité des villes africaines face aux changements climatiques lancé par le CLUVA, la vulnérabilité est subdivisée et étudiée en quatre variables : « asset vulnerability » (vulnérabilité individuelle), « institutional vulnérability » (vulnérabilité institutionnelle), « attitudinal vulnerability » (vulnérabilité sociale), enfin « physical vulnérability » (vulnérabilité physique). Il faut noter que cette traduction littérale décrit difficilement le contenu de chacune des variables. Toutefois l'existence des vulnérabilités montrent que cette notion est intégrative et qu'il s'agit en réalité d'un système.

    On retrouve cette idée de système chez D'Ercole (1994), qui définit la vulnérabilité comme, « l'expression synthétique d'un certain contexte, d'un certain nombre de conditions propices, ces dernières étant susceptibles d'engendrer des dommages et/ou dysfonctionnements majeurs en cas de concrétisation de l'aléa ». Selon cet auteur, vu que les risques en milieu urbain sont intrinsèques au système urbain (November V., 1994), on ne peut convenablement les étudier, spécialement la partie vulnérabilité, que dans ce système. Peut-on parler de la vulnérabilité liée aux phénomènes naturels indépendamment de la vulnérabilité liée aux phénomènes sociaux ? L'approche systémique est donc de mise. Cette dernière conçoit la vulnérabilité, objet d'étude composite où se distinguent les facteurs de vulnérabilité et les éléments de vulnérabilité. Cette distinction est créée artificiellement afin de simplifier la compréhension des interrelations et interactions qui se combinent au coeur d'un système vulnérable. D'après cette logique, il existe trois démarches dans l'approche de la vulnérabilité : la démarche qualitative portant sur les facteurs de vulnérabilité ; la démarche semi-quantitative portant à la fois sur les facteurs de vulnérabilité et les éléments de vulnérabilité ; la démarche quantitative relative aux éléments de vulnérabilité.

    En somme le concept de vulnérabilité est polysémique, il varie en fonction de chaque auteur. Dans ce travail nous nous appuierons sur la conception de D'Ercole qui premièrement embrasse notre approche méthodologique (systémique globale) et deuxièmement la perspective d'analyse qu'elle offre, cadre bien avec notre problématique (démarche semi-quantitative). Cependant, nous n'aborderons que des facteurs préalablement définis et des éléments repérables sur le terrain. Economique

    Locale

    Superstructurelle (facteurs)

    Prix du loyer

    Profession des chefs de ménage

    Socioprofessionnelle

    Revenu mensuel des chefs de ménage

    Sociale MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE

    Origine des chefs de ménage

    Sociodémographiques

    Statut, ancienneté

    Biens estimables

    Habitations, chantiers

    Individuelle MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE

    Mobiliers, commerces

    Vie humaine

    Biens non estimables MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE

    Santé

    Infrastructurelle (éléments)

    Services publics

    Communale MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE

    Transcommunale

    MATERIELLE MATERIELLE

    Marchés, gare routière

    Avenues

    Aires sociales

    Collectif MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE

    Relance économique dès 1945

    Contingente

    Crise des années 1990

    Prix des terrains

    CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES VARIABLES INDICATEURS

    VUNERABILITE

    Fig. 5 : Conceptualisation de la vulnérabilité en rapport avec l'objet

    d'étude inspirée de D'Ercole

    Ø Marchés, gare routière

    Avenues

    Aires sociales

    La santé

    De manière Courante, la santé se confond à l'absence de maladie, pourtant elle va bien au delà d'un dysfonctionnement biologique du corps humain. Selon L'O.M.S (1946) « La santé est un état de complet bien être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Cette définition est assez satisfaisante car elle prend en compte toutes les dimensions de l'individu. Cependant elle semble être un idéal, un luxe hors de portée des êtres humains. Peut-on espérer atteindre un état de santé quand on sait combien cette dernière est précaire ?

    Hippocrate propose une réponse « si quelqu'un désire la santé il faut lui demander s'il est prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement il est possible de l'aider ». C'est une solution un peu radicale, puisqu'il existe des maladies d'origine congénitale ou sociétale. L'idée dans cette affirmation est bien de montrer que la santé ne se résume pas à la prise de médicaments et qu'elle est un enjeu ou un capital susceptible d'être dégradé par des agents pathogènes d'origines diverses (biologiques, psycho - sociales, environnementales)

    La santé s'exprime et s'exerce donc dans chacune de ces dimensions, biologique, psycho - sociale, environnementale (La charte de Ljubljana 2006). Dès lors la recherche en santé échappe aux seules préoccupations biomédicales (Lebel J. 2003) ; elle épouse par conséquent une démarche transdisciplinaire. Les sciences comme l'anthropologie, la sociologie, la psychologie ont une tradition de l'étude de la santé humaine. L'intérêt pour cette notion en géographie est assez récent surtout dans les pays en développement et se justifie par le fait que les questions de santé exigent l'étude de l'écologie de la maladie.

    L'écologie de la maladie est tout ce qui contribue à l'émergence de la maladie (la charte de Ljubljana 2006). Elle fait appel à une démarche écosystémique dans laquelle le géographe s'intéresse aux conditions naturelles et humaines capables de déterminer le développement des agents infectieux à l'extérieur du corps humain. Au bout du compte c'est une discipline qui est au coeur des problèmes de santé, tant il est vrai que bon nombre de maladies sont d'origine environnementale (O.C.D.E 2003). 

    Dans ce travail la santé se décline en deux dimensions :

    Elle est d'une part, une réalité spatiale, dans ce sens où les caractéristiques du milieu physique déterminent très souvent la distribution géographique des maladies et donc de la santé. C'est le cas des zones de forte prévalence ou d'endémicité de certaines maladies liées à un habitat naturel qui leur est propice. Or cette écologie de la maladie peut être créée ou amplifiée par les aléas naturels.

    D'autre part, la santé revêt une dimension socio-économique, puisque d'un côté le coût élevé des soins de santé, l'absence d'assurance maladie, la vente au noir des produits pharmaceutiques de qualité douteuse. De l'autre, les modes de construction, l'incivisme des populations, une vision fataliste de la maladie, l'auto médication... sont autant de paramètres qui influent sur la santé des populations dans notre zone d'étude.Coûts de traitement

    Coûts d'internements

    Accès aux soins de santé

    Les établissements sanitaires

    Discours courants sur la maladie

    Lien entre maladie et milieu de vie

    Maladies hydriques

    Hybridation des traitements

    Exposition des puits

    Disposition des latrines

    Remontée de capillarité

    Humidité accrue

    Prévalence des maladies hydriques

    Achat de médicaments dans la rue

    Eaux stagnantes

    Inondations

    Suivi médical

    Offre de soin de santé

    Perceptions et conceptions

    Pratiques sociales

    Insécurité

    Inconfort

    Etat de santé des populations

    Insalubrité

    Economique

    Sociale

    La maison

    Le quartier

    Spatiale

    SANTE

    Socio- économique

    CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES VARIABLES INDICATEURS

    Liens interdépendants

    Liens indirects

    - Fig. 6 : Conceptualisation de la santé en rapport avec l'objet

    1.1.7 L'intérêt de l'étude

    Cette étude revêt un triple intérêt : scientifique, socio - économique et environnemental.

    1.1.7.1 L'intérêt scientifique

    Le problème de l'occupation des zones à risque par les groupes humains, généralement défavorisés, fil conducteur de cette recherche, nous a permis de tester la pertinence des concepts tels que : l'aléa, la susceptibilité et la vulnérabilité.

    En effet, cette étude apporte un éclairage supplémentaire à la compréhension des risques d'inondation et des remontées de capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal. De plus, la mise à jour des données géophysiques, socio-économiques et sanitaires, collectées directement sur le terrain peuvent être utilisées dans le cadre de recherches ultérieures.

    1.1.7.2 L'intérêt socio - économique

    Les quartiers sont supposés être des espaces de bien-être social. Or, ici les inondations et les remontées de capillarité mettent en péril la vie des populations et empêchent leur épanouissement. Cette étude focalisée sur l'analyse de ces risques peut aider d'abord à une bonne compréhension de ces phénomènes ensuite permettre de limiter les dommages sociaux qu'ils entrainent.

    Sur le plan économique, on constate que les dégâts matériels causés par l'inondation et les coûts engagés dans leur prévention et leur réparation sont colossaux. Réduire l'impact de ce phénomène aiderait tous les acteurs en particulier les ménages, à économiser beaucoup d'argent. Plus largement on observe que le marché de la sécurité dans la ville de Douala est encore en gestation, précisément celui des assurances sur les risques naturels. En effet les acteurs de ce secteur ne s'intéressent pas à l'élaboration d'un produit spécifique pour couvrir les dommages des catastrophes naturelles, pourtant il y a là une bonne opportunité d'affaire.

    1.1.7.3 L'intérêt environnemental

    Une gestion efficace des inondations et des remontées de capillarité contribuera significativement à la production d'un cadre de vie sain dans la zone d'étude. Dans le même ordre d'idée, ce travail met en exergue les risques sanitaires inhérents à la dégradation des conditions d'habitat par les phénomènes hydrologiques étudiés. Leur prise en compte pourra aider à la réduction du taux d'infection de certaines maladies dans la zone d'étude.

    1.1.8 Les résultats attendus

    Cette étude débouchera, a priori, sur :

    Ø Une présentation des aléas étudiés.

    Ø L'identification des variables naturelles en cause dans le phénomène d'inondation et des remontées de capillarité.

    Ø Le mode d'action des variables naturelles en cause dans le phénomène d'inondation et des remontées de capillarité.

    Ø Les facteurs de peuplement du site d'étude.

    Ø Réalisation d'une carte de susceptibilité.

    Ø Une identification et une hiérarchisation des enjeux exposés aux inondations et aux remontées de capillarité.

    Ø Répertorier les menaces sanitaires liées aux risques étudiés.

    1.1.9 La revue de la littérature

    La thématique qui est la nôtre nous a conduit vers une littérature très variée que nous pouvons regrouper autour des axes suivants :

    Ø Ouvrages généraux

    L'urbanisation

    C'est le processus de création et de développement des villes. Pigeon P. (1994) pense que la ville naît de la polarisation des flux de personnes et de biens de son environnement immédiat et lointain. Ainsi les migrations qui en résultent, influencent en retour l'espace urbain. Il y a en effet un jeu d'action /retro - action entre la ville et la campagne environnante. Ce qui est source de nombreuses mutations de l'espace urbain. L'émergence des risques naturels, spécialement celui d'inondation fait partie de ces mutations. Il préconise que la gestion des risques naturels soit intégrée, qu'elle puisse combiner une gestion moins réglementaire mais davantage pragmatique de la vulnérabilité ; aux travaux de correction en tenant compte du phénomène dans sa globalité. Ce document nous a permis de comprendre la complexité des rapports entre la ville et son environnement, les défis qu'implique la croissance spatiale d'une ville. Bref que la ville est un organisme vivant qui se régule et s'auto régule.

    Granotier B. (1980) ; Laulan Y. (1974) ; Canel P., Décis Ph., Giraud (1990) ; Antoine Ph., et al (1987) ; se sont intéressés aux villes africaines. Il ressort de leurs publications que les villes subsahariennes se distinguent par leur paysage hétéroclite et la misère qui y est rampante. Pour eux, le monde urbain en Afrique se caractérise par un dualisme qui laisse apparaître une ville bien aménagée correspondant à la ville coloniale et une ville anarchique où évoluent les populations déshéritées. Celles-ci sont exclues de la plupart des biens et services classiques d'une ville et doivent donc faire face à tout type de problème dont celui des inondations. Ces travaux témoignent non seulement des difficultés à calquer le modèle d'urbanisation à l'occidental, mais aussi des conséquences socio-spatiales d'une mauvaise maîtrise de ce phénomène. Ces auteurs rangent généralement les inondations dans le cortège des phénomènes qui contribuent à la marginalisation des quartiers non planifiés. Grâce à ces publications nous réalisons que le processus de construction des villes africaines est un facteur de vulnérabilisation d'une catégorie de population.

    Mainet G. (1986), Mouafo D. (1992), Dongmo J.L. (1980), Haeringer PH. (1993), ont traité de l'urbanisation au Cameroun avec comme objet d'étude la ville de Douala qui nous intéresse. Sans mener un travail spécifique sur les problèmes d'inondation, ils remarquent néanmoins l'ampleur de ce phénomène sur la ville et spécialement dans les quartiers périphériques. Leurs analyses convergent vers la reconnaissance du poids de l'héritage climatique, géomorphologique et pédologique du milieu naturel qui doublée de la pression démographique et foncière constante dans le déclenchement des inondations des quartiers de la ville de Douala. Ceci participe d'une recherche des causes des inondations, susceptible d'éclairer notre réflexion

    Les inondations

    Le phénomène d'inondation est un sujet très fouillé dans la littérature, tout d'abord parce que c'est un problème ancien Allard P. (2000), ensuite parce que le risque d'inondation continue et continuera de planer sur nos sociétés,  « le risque zéro » étant une pure chimère Veyret Y. et al (2004). Laganier R. (2006) étudie le risque d'inondation en le mettant en relief avec le territoire. Ceci lui permet de jeter un regard critique sur les outils de gestion du risque d'inondation dans les bassins versants de la Semoy, l'Aude et la Lys en France. A la fin de l'analyse, il recommande que le risque soit intégré au territoire, non pas un territoire administratif mais celui qui lui est propre et qui ne respect pas très souvent les limites conventionnelles (administratives) ; Il abonde dans le même sens en prescrivant une gestion concertée du risque entre tous les acteurs, cette dernière doit s'inscrire dans une politique holistique en adéquation avec la réalité du terrain. L'apport de cette étude, pour nous, est indiscutablement : les méthodes originales d'évaluation de l'efficacité des plans de lutte contre les inondations (P.P.R.I ; P.E.R ; P.O.S ...) ; La mise en exergue des facettes de cet alea et de sa flexibilité qui lui permet de contourner des mesures purement techniques visant à le contrer ; Il procède finalement à une évaluation minutieuse de la vulnérabilité des habitants de la zone étudiée. Cet ouvrage nous aidera à concevoir une enquête sur la vulnérabilité dans notre zone d'étude, même si un effort de contextualisation reste à fournir.

    Mouganga M.D. (2007) montre l'impact des inondations sur l'aménagement de l'espace urbain. En effet à partir de ses travaux menés dans la ville de Libreville, il montre que les inondations sont déclenchées par une combinaison d'éléments naturels et qu'elles sont aggravées par la squattérisassion des zones vulnérables par des populations peu nanties. Autrement dit, l'insuffisance de l'offre foncière, de logement et l'absence de planification rigoureuse de l'occupation des espaces sensibles, aboutissent à une grande exposition des populations à faible niveau de vie. L'analogie de cette production scientifique avec notre sujet d'étude est frappante, d'où son intérêt.

    Tadonki G. (1992) à son tour montre que les inondations dans le bassin versant du Tongo Bassa sont un facteur aggravant de la marginalisation des groupes de populations migrantes installées clandestinement dans cette zone. Il expose également les techniques originales déployées par ces populations pour contrer les effets ravageurs de ce phénomène. Sa conclusion est en quelque sorte une interpellation des autorités urbaines à tirer avantage de la formidable énergie débauchée par ces riverains pour valoriser ce site marécageux. Cette approche humaniste n'est pas nécessairement partagée, toutefois ce travail retient notre attention à partir du moment où l'unité écologique explorée (marécage) est similaire à la nôtre.

    Wade S., Rudant J.P., Ba K., Ndoye B. (2007) s'intéressent aux inondations qui touchent régulièrement la côte Sénégalaise précisément dans la ville de Saint Louis, située sur le site amphibie du delta du fleuve Sénégal. Ces auteurs mettent à contribution la télédétection et les SIG (Système d'Information Géographique) dans l'étude de ce phénomène ; ils réalisent une collecte minutieuse des données satellitaires (Landsat) climatiques, hydrologiques et cartographiques. Ce qui leur permet ensuite d'analyser le fonctionnement des crues. Si dans cette analyse les auteurs soulignent l'importance des caractéristiques du milieu sur les inondations ils ne font pas fi des facteurs sociaux (dynamique urbaine) qui exposent les populations. Cette approche a le mérite d'intégrer l'utilisation des SIG dans la compréhension du risque d'inondation.

    Zoning A. (2010), travaillant sur les villes de Yaoundé et Douala se situe dans la même mouvance. A l'aide des images satellitaires et des SIG, il réalise une cartographie fine du phénomène d'inondation dans ces métropoles. Ce qui permet de discriminer les zones ou les quartiers les plus vulnérables de ceux qui le sont le moins. Onana V. pour sa part, se sert des images satellitaires pour mettre en relation la croissance spatiale de la ville de Douala et l'aggravation des phénomènes d'inondation.

    Fogwe Z. et Tchotsoua M. (2007) publient les résultats d'une analyse froide et rigoureuse de la lutte contre les inondations dans la ville de Douala depuis deux décennies, leurs conclusion est amère, que d'énergie gaspillée ! Et des sommes d'argent trébuchantes dépensées sans résultat durable. Ils critiquent notamment la méconnaissance du phénomène se traduisant par la réalisation de travaux ponctuels et inefficaces par les autorités urbaines en charge de ces questions. Le second auteur, a également publié une série d'article sur les problèmes des inondations dus, en grande partie, à la présence du barrage de Lagdo dans la vallée de la Benoué.

    Ø Ouvrages spécialisés

    - Les risques naturels

    La littérature relative à cette thématique abonde, spécialement les articles. Parmi les auteurs consultés nous avons : Carrega P. (2003) ; D'ercole R. (1998) ; Pigeon P. (2005) ; Veyret Y. (2004) ; November V. (2004). Il s'agit pour l'essentiel des travaux de réflexion épistémologique qui renseignent sur l'évolution et les ambiguïtés des concepts rattachés au risque. En effet tandis que les uns proposent une redéfinition de ces concepts (Pigeon), les autres préfèrent les maintenir, soit en intégrant de nouveau concept (Carrega), soit en élargissant les domaines de ces concepts. Ces publications nous ont permis de nous situer par rapport à ces divergences conceptuelles et même méthodologiques.

    - Caractéristiques du milieu naturel

    Même si les documents exploités n'avaient pas toujours un lien direct avec notre zone d'étude, ils ont éclairci beaucoup de points de notre analyse.

    Suchel B. (1988), travaillant sur les climats du Cameroun décrit les caractéristiques climatiques du bassin géologique de Douala dans lequel se trouve la ville de Douala. Il montre que le climat ici subit fortement l'influence de la mousson atlantique dont le paroxysme est atteint au mois d'août. Focalisant sur les précipitations Tchiadeu G. (2010) s'intéresse à la date de démarrage des pluies dans la ville de Douala. Grâce à une méthode qui paraît la plus objective il détermine, sans doute avec un certain degré d'incertitude, la date du début des pluies dans la ville de Douala. Ses résultats sont d'autant plus importants pour cette étude qu'ils donnent une précision sur l'élément principal responsable du déclenchement des crues qui entrainent parfois des inondations.

    Quant aux sols, Bertrand R. et Gigou J. (2000) mettent en relief l'influence des paramètres des sols tropicaux (indice de stabilité, texture, structure, stabilité...) sur la productivité agricole. Nous emprunterons certaines techniques d'analyse des caractéristiques sols afin d'établir la contribution de ceux-ci aux phénomènes d'inondation et de remontée de capillarité dans les quartiers étudiés.

    L'hydrosystème est un élément central du phénomène d'inondation dans son ouvrage pédagogique intitulée les eaux courantes (Cosandey et al., 2003) ressort les formules et les méthodes utiles aux différents calculs hydrologiques. En effet cet ouvrage donne la possibilité d'explorer les notions d'évapotranspiration, bilan hydrique, d'appréhender les mouvements horizontaux et verticaux de l'eau aussi bien dans le sol qu'à la surface. C'est une aubaine pour ce travail dont le centre d'intérêt réside dans le fonctionnement de l'hydrosystème du terrain d'étude.

    Dans un autre registre, celui de la pollution des eaux de surface Fogwe Z. (2005) montre que les eaux du bassin versant de la Mgoua auquel appartient notre zone d'étude sont largement polluées par les effluents industriels et domestiques. Tandis que Moukoko N., Gaye C. (2001) mais cette fois à Brazzaville relèvent le problème de contamination des eaux des nappes souterraines par rejets domestiques. Ils concluent que les nappes des sites de bas fond ou des plaines sont plus susceptibles d'être infectées lorsque les sources de pollution sont à proximité et en aval du sens d'écoulement des nappes phréatiques. Bien que géographiquement éloigné de notre zone d'étude ce sujet montre que la résurgence des eaux gravifiques n'est pas sans risque sur la santé des populations. Les remontées de capillarité qui s'observent dans les domiciles à Nkolmintag, Nylon, Tergal ne sont pas anodines.

    La zone Nylon

    Le PDU (1980) dans son étude de factibilité réalisée par le cabinet Halcrow fait une description plus ou moins monographique de la zone Nylon en vue définir une meilleure méthodologie d'aménagement des quartiers de la zone Nylon. La quintessence de ces travaux peut s'effectuer suivant une double articulation il s'agit d'une description sommaire du milieu naturel et des résultats des enquêtes socio- démographiques sur le statut socio -économique des chefs de ménage.

    Ismaïla (2005) pour sa part, s'interroge justement sur le bilan de ce projet. Il constate que les réalisations de l'ARAN ont beau être nombreuses elles restent cependant insuffisantes au niveau des avancées en terme des conditions de vie. L'opération a donc un succès mitigé pour le moment et les populations au centre de ce projet, quoique assistée par des O.N.G demeurent très vulnérables.

    Tchounkoué S. (1978) Roumy M. (1973), Lemaire A. (2004), ont également travaillé sur la zone nylon. Leur contribution présente les vicissitudes de la zone nylon à s'intégrer dans la ville en termes d'équipement, d'intégration aux différents réseaux, de normalisation de l'habitat...

    Mbassi Elong (1972) travaillant sur le problème d'accès et de qualité de l'eau à Douala spécialement dans la zone Nylon expose des résultats d'analyse bactériologiques qui attestent que les eaux souterraines ici sont contaminées. Il va plus loin en montrant que cet espace marécageux est un gîte larvaire de l'Aèdes principal vecteur de plasmodium falciparum et de plasmodium vivax agents pathogènes du paludisme. Cette contribution nous permet d'envisager les eaux des inondations et des remontées de capillarités comme des habitats naturels des vecteurs de cette maladie.

    1.2 - APPROCHE METHODOLOGIQUE 

    L'analyse de ce sujet de recherche se fera par le biais de l'approche hypothético - déductive. C'est-à-dire que les hypothèses formulées plus haut seront soumises à une vérification dans les chapitres à venir.

    1.2.1 Méthode de collecte de données

    1.2.1.1 La recherche documentaire

    Elle vise à regrouper une somme de documents pouvant nous aider à mieux cerner notre problématique. Elle nous a conduit vers des bibliothèques notamment celle de l'Université de Douala et de l'ENSET, du Centre culturel Français, la bibliothèque municipale de Douala 2ème, dans les centres de documentation, spécialement celle de la communauté urbaine et de la MAETUR. Nous avons également consulté des mémoires au département de Géographie de Douala et de Yaoundé. L'étape suivante a été la descente sur le terrain.

    1.2.1.2 Descente sur le terrain

    Elle s'est effectuée en plusieurs phases :

    Ø Les enquêtes exploratoires

    Les premières descentes visaient à une reconnaissance de terrain et à l'observation empirique des indicateurs retenus dans notre étude. Cette technique exploratoire nous a d'abord permis de parcourir l'étendue de la zone d'étude en observant des faits frappant et en établissant des premiers contacts avec les populations ; ensuite d'avoir une représentation de la structure du relief, du paysage atypique de ces quartiers enfin des contraintes d'aménagement liées aux inondations. Les prémisses de résultats engrangés au cours cette opération nous ont imprégné de la réalité de notre terrain.

    Ensuite nous sommes passés à des entretiens verbaux non structurés avec des habitants du quartier. Il était question de mesurer leur intérêt pour le sujet, de vérifier le niveau de conscience par rapport à la problématique et enfin l'existence d'une volonté de changement.

    Parallèlement, à l'aide des entretiens guidés, nous avons discuté avec des responsables des quartiers et de la MAETUR en charge de la viabilisation de la zone. L'objectif était d'avoir une version officielle sur la réalité du phénomène, sur l'impact de ce phénomène dans la gestion du quartier enfin de compte sur les stratégies mis en oeuvre pour résorber cette épineuse question d'inondation.

    Dans le but d'obtenir des informations précises sur l'incidence des inondations sur la vie des populations nous nous sommes adressés directement à elles.

    Ø Les enquêtes ménages

    Elles nous ont permis de collecter des données qualitatives et quantitatives relatives aux modalités d'occupation de l'espace, le niveau de conscience des risques étudiés, les stratégies pour les contourner et l'impact de ceux - ci sur le plan sanitaire. Nous avons procédé à un échantillonnage de la population. Cette démarche nous a permis de retenir 222 ménages à qui nous avons administré directement un questionnaire. La population ciblée était les chefs de ménage.

    La distribution du questionnaire s'est faite de bloc en bloc (structure de base du quartier) privilégiant les zones les plus affectées. Toutefois cette distribution était loin d'être systématique car il n'était pas rare d'essuyer des fins de non recevoir. Bien plus le tracé des rues était parfois dévoyant et incohérent. On a donc été astreint d'opter pour un recouvrement extensif et aléatoire dans l'optique de balayer un périmètre très large.

    Ø Les prélèvements de sol

    La problématique de cette étude nous a mené vers une analyse de sol. Après un recoupement de la carte topographique IGN 1962 et celle de l'occupation du sol, nous avons décidé d'effectuer des prélèvements de sol à Nkolmintag, Nylon et Tergal.

    Nous avons choisi des lieux facilement identifiables. A Tergal le prélèvement s'est effectué à l'intérieur de l'hôpital de district. A Nylon, il s'est déroulé au centre du service social ; A Nkolmintag au niveau de la chefferie du quartier.

    La méthode de prélèvement était assez modeste nous nous sommes muni d'une pioche, nous avons creusé le sol, à Nkolmintag et à Nylon, sur une profondeur d'environ 30 cm. Les échantillons étaient directement retirés sur la masse de terre qui avait été dégagé. A Tergal, compte tenu de l'engorgement du sol nous avons effectué le prélèvement à l'aide d'un tube, ces échantillons ont été portés au laboratoire de géomorphologie de L'Université de Yaoundé I pour analyse.

    Ø les mesures hydrologiques

    Au cours des travaux de terrain nous avons mesuré, à l'aide d'un mètre ruban, les dimensions des drains (largeur du lit, profondeur du drain, hauteur de la lame d'eau) qui traversent les quartiers étudiés et dont le débordement entrainerait des dommages. Dans le même temps nous avons réalisé des mesures utiles au calcul les débits de base ou normaux et instantanés ou à ras le bord. Les mesures des débits normaux ont été effectuées au mois de mars une fois encore grâce à un mètre ruban ; tandis que les débits instantanés ont été mesurés au mois de juillet, à partir d'un jaugeur et d'un chronomètre. Toutes les informations recueillies seront appliquées dans différents calculs hydrologiques.

    Ø les cartes

    Les données cartographiques ont été collectées en deux temps. Premièrement nous avons d'abord recherché les cartes du mode d'occupation du sol de 1992, du linéaire disponibles à la Communauté Urbaine de Douala et le feuillet topographique n °5 IGN. Deuxièmement nous sommes allés sur le terrain munis d'un GPS (Global Positionning System) pour relever les coordonnées des éléments spatiaux en rapport avec notre problématique, afin de les intégrés dans des cartes géoréférencées.

    1.2.2. Méthodes de traitement et d'analyse des données

    1.2.2.1. Les données qualitatives

    Elles portent principalement sur les modalités d'occupation du sol et la perception que les populations ont de leur milieu de vie. La somme d'informations des enquêtes semi - directives ont été dépouillé manuellement et représenter à l'aide du logiciel Excel version 2007. En supplément nous avons mis en corrélation certaines variables qualitatives et ce à partir du khi 2 de Pearson.

    1.2.2.2. Les données quantitatives

    Elles proviennent principalement des données météorologiques de précipitation disponible au service météorologique de douala ; de l'enquête socio - économique et des données épidémiologiques. Le traitement statistique de toutes ces données a été effectué grâce au logiciel Excel en raison de leur volume relativement bas.

    1.2.2.3 Les données de prélèvement des sols

    Les échantillons prélevés ont été acheminé à Yaoundé 24 heures après le prélèvement. Une fois au laboratoire ils ont été pesés, séchés pendant deux jours ensuite soumis à une étude granulométrique. En réalité, après avoir été séché, ils ont été lavés et ressuyés pendant 6 heures. Ensuite ils ont été tamisés et pesés, les résultats se trouvent en Annexe. (Le prélèvement de Tergal, ressuyé ne pesait que 24g, il n'a donc pas suivi le reste des analyses.)

    1.2.2.4 Les données cartographiques

    Les différentes cartes qui illustreront ce travail ont été traitées grâce au logiciel Arcgis 9.2. La vectorisation du feuillet topographique n°5 IGN a permis de passer les informations cartographiques du support papier au support numérique. Cette nouvelle carte géoreférencée puis, projetée suivant le système de coordonnées UTM (Univers Travers Mercator), a servi de base de données pour la réalisation du profil topographique. Les autres cartes de ce travail ont été obtenues après ajustement des cartes disponibles à la Communauté Urbaine.

    CONCLUSION 

    En définitive, les différents paliers du champ théorique que nous avons développé, permettent de nous situer clairement, dans la mouvance de la réflexion épistémologique sur les risques d'une part et d'autre part, par rapport à l'objet même de cette étude. Dès lors, il ne nous restait plus qu'à préciser notre approche méthodologique. Notre approche méthodologique consiste à collecter un ensemble de données sur les faits physiques et humains qui influencent de près ou de loin les risques hydrologiques dans notre zone d'étude. Ces données seront exploitées par des techniques courantes tel que : les techniques quantitatives et qualitatives, les analyses en laboratoire (pour les sols prélevés), et la cartographie assisté par ordinateur.

    CHAPITRE 2 : INONDATION ET REMONTEE DE CAPILLARITE : TYPOLOGIE ET ETUDE FACTEURS DES ALEAS

    INTRODUCTION

    Les aléas hydrologiques peuvent se définir comme des phénomènes qui émanent des dysfonctionnements de l'hydrosystème. Les inondations et les remontées de capillarité constituent les aléas hydrologiques les plus observés de notre zone d'étude. Ils résultent de la saturation du milieu en eau de pluie. L'objectif de ce chapitre est d'étudier le type d'inondation et de remontées de capillarité afin de mieux les comprendre.

    2.1- Les inondations et les remontées de capillarité : définition et typologie

    2.1.1 Définition

    L'inondation est une submersion des terres qui en temps normal ne sont pas submergées (Natech, 2011). En d'autres termes l'inondation se manifeste par la présence gênante d'un plan d'eau sur une surface ordinairement exondé.

    Les remontées de capillarité quant à elles, renvoient au cheminement ascensionnel des eaux souterraines vers la surface (Musy A., Soutter M., 1991).

    2.1.2. Les types d'inondation et de remontées de capillarité

    Veyret et al., 2004, distinguent plusieurs types d'inondation à savoir :

    Les inondations rapides : par convention c'est une inondation dont le temps de concentration des eaux est inférieur à 12 heures.

    Les inondations lentes ou de plaine : Ici la montée des eaux s'effectue à un rythme lent. Elle est liée à la fois à des pluies prolongées ; un relief monotone et des sols perméables.

    Les inondations par ruissellement urbain : Elles sont liées à l'inadéquation des ouvrages d'évacuation des eaux pluviales et à l'imperméabilisation des surfaces.

    Les inondations par torrent ; Elles se produisent lorsque des cours d'eau chargés dévalent les pentes

    La submersion marine : c'est une inondation des zones côtières liée soit à la rupture d'un cordon dunaire ou d'une digue, soit à des vagues de fortes amplitudes entraînées par des glissements sous - marins

    L'inondation estuarienne : Elle est due à la conjonction d'une crue fluviale et de la marée ce qui entraîne le ralentissement voire le blocage de l'évacuation des eaux.

    Les inondations par remontée de la nappe : La remontée du niveau de la nappe ou remontée de capillarité peut entraîner des inondations lors des fortes pluies

    En ce qui concerne les remontées de capillarité, nous pouvons distinguer de manière empirique :

    Les remontées « out door » : Elles se produisent sur sol libre, lors d'un gonflement du niveau des nappes d'eau souterraines.

    Les remontées « in door » : Elles se produisent sur sol bâti, sous la forme courante, elles se manifestent par une humidification dangereuse des bases du mur jusqu'à une hauteur maximale 1,50m ; sous la forme prononcée, par contre, elles se transforment en eaux résurgentes qui se répandent dans la maison (Planche1, page 42).

    Photo 1 : l'humidification des murs par l'effet de capillarité

    Photo 2 : flaque d'eau capillaire « in door »

    Photo 4 : l'eau de capillarité décape le mur

    Photo 3 : l'eau de capillarité trace un chemin dans la maison

    Ø Planche 1 : Les remontées de capillarité « in door »

    2.2 Les facteurs d'inondation et des remontées de capillarité

    2.2.1 Les facteurs des inondations

    2.2.1.1 Les pluies

    Elles constituent le facteur le plus déterminant des inondations. Car en saison sèche le risque de voir une inondation se produire est nul tandis qu'il est élevé pendant la grande saison de pluie (tableau 1 ci-après).

    Tableau 1 : Quelques dates marquantes des inondations dans la zone d'étude

    Les dates marquantes des inondations dans la zone d'étude

    Août 1971

    Juillet 1986

    03 Août 2000

    Août 2006

    27 Sept 2011

    15 Oct. 2011

    Sources

    mémoires

    P.D.U

    habitants

    Journaux

    Habitants

    Auteurs

    Habitants

    Enquête de terrain

    Enquête de terrain

    Source : enquête de terrain + autres sources

    Cependant l'occurrence des inondations et ne s'effectue pas systématiquement après une pluie. Fusse - t - elle abondante.

    Au cours des descentes sur le terrain, il nous a été donné d'observer deux inondations : la première a eu lieu le mardi 27 septembre 2011 et la seconde le samedi 15 octobre 2011 (Planche 2, page 44)

    Photo 2

    Photo1 

    Photo3 photo4

    - de la droite vers la gauche : Photos 1 et 2 inondations du 27 septembre à Nkolmintag ; Photos 3 et 4 inondations du 15 octobre dans le même quartier (2011).

    Ø Planche 2 : Inondations dans le quartier Nkolmintag

    Or, en croisant ces inondations avec la pluviométrie des mois de septembre et d'octobre 2011 (fig.1, page 44), on s'aperçoit que les jours de l'inondation ne correspondent pas aux jours les plus pluvieux.

    Hauteur des pluies en mm

    Fig. 7 : Pluviométrie (en mm) de septembre et d'octobre 2011 (source : Douala météo)

    Cette figure révèle que la quasi-totalité des jours du mois de septembre et d'octobre sont pluvieux. Au début du mois de septembre, après un premier jour sec, s'enchainent 06 jours consécutifs de pluies. S'amorce ensuite une trêve qui ne dure pas. Entre le mercredi 21 et le 27 on note le passage intermittent de 02 jours secs mais immédiatement après le deuxième jour sec on a une recrudescence des pluies qui va durer 03 jours. C'est donc au petit matin du troisième jour que se produit l'inondation photographiée (planche2, page 44).

    A en juger par la montée progressive des eaux on peut dire que l'accumulation des jours pluvieux, marquée par des séquences de plus d'une semaine, produit un engorgement ou une saturation des sols et des nappes phréatiques qui entraîne l'expansion des eaux sur les surfaces exposés du quartier.

    La pluviométrie du mois d'octobre et la survenance de l'inondation sus présentée permet de faire le même développement. Ici, après deux jours de répit s'ouvre une longue séquence de 02 semaines arrosées, au cours desquelles aura lieu l'inondation du 15, aux environs de 8 heures. La hauteur d'eau tombée ce jour est de 55mm, finalement assez modeste pour déclencher des inondations.

    Il est plausible que la source de danger soit la longueur des séquences pluvieuses et beaucoup moins le volume d'eau qui s'abat immédiatement dans la zone d'étude. Il est donc fort possible que les inondations observées pendant nos enquêtes de terrain n'aient pas été causées par les eaux tombées fraichement ce jour mais par des eaux déjà présentes dans le sol : « si la pluie est bien à l' origine des crues, ce n'est pas souvent majoritairement l'eau de la pluie qui vient de tomber... » qui en est responsable (Cosandey, 2003). 

    2.2.1.2 La crue

    Les cours d'eau de la zone d'étude connaissent des crues en saison pluvieuse. Toutes les crues ne sont pas débordantes, il peut simplement s'agir d'un rehaussement du niveau des eaux après une averse. Des sources de terrains appuyées par des articles de journaux (annexe1) présentent la crue du 03 Août 2000 comme la plus exceptionnelle. Il faut dire que cette crue a entrainé des inondations dans la majorité des bassins versants de la ville de Douala. Le débordement des eaux a atteint près de 6m par endroit.

    Outre cette crue de référence, la zone d'étude est le plus souvent soumise à des crues `'modestes'' mais non moins responsables des inondations. En effet l'exhaussement des eaux pendant la crue agit comme une barrière aux eaux de ruissellement, ce qui ralentit l'évacuation des eaux pluviales. A ce moment si les eaux de drainage prennent de l'importance une inondation peut se produire.

    D'autre part les eaux du cours d'eau peuvent déborder pendant une averse au point de s'étaler sur une certaine enveloppe du lit majeur, ceci produit des inondations localisées (photo2, Planche3 page 55).

    Les crues à Nkolmintag se distinguent par une montée progressive des eaux, qui finissent par remonter les petits chenaux d'écoulement. Ce qui n'était alors que de minces filets d'eau traversant le quartier se transforment en de véritables cours d'eau qui s'étalent sur les routes et dans les maisons. Cette montée des eaux se produit généralement au milieu de l'averse et diminue aussitôt quelque temps après. La lame d'eau stagnante est très souvent de coloration blanchâtre et très peu chargée de matière en suspension, elle sert quelque fois d'eau de baignade aux enfants du quartier.

    A Nylon, les crues sont rares, les inondations sont difficilement imputables aux crues débordantes. Lors de la pluie, on assiste à la naissance spontanée des chenaux d'écoulement à travers les rues non bitumées du quartier. Ces chenaux, se nourrissent des eaux pluviales qui cherchent à intégrer le système de drainage, gonflent et recouvrent des rues.

    A Tergal, le réseau de drains est aussi dense que le quartier est exposé aux crues. Quand il y a une averse les eaux recouvrent les zones déprimées et la plupart des ruelles tortueuses. L'empilement des eaux peut atteindre 15 cm à leur niveau moyen. L'écoulement de ces eaux est plus rapide qu'à Nkolmintag en raison de la pente.

    2.2.2 Les facteurs des remontées de capillarité

    2.2.2.1 La proximité de la nappe phréatique

    Les pluies sont la principale source d'alimentation en eau de l'hydrosystème souterrain. Autrement dit, l'augmentation du niveau piézométrique est largement tributaire des pluies, vu que la nappe phréatique est située à de très faibles profondeurs. En effet lorsque celle - ci gonfle, elle atteint facilement la zone non saturée du sol. Dès lors, la présence d'un conduit poreux fin suffit à faire remonter les eaux à la surface. Des grandes quantités d'eau peuvent s'exfiltrer pendant l'averse et même quelques jours après.

    2.2.2.2 La porosité du sol

    La porosité, c'est le rapport du volume total au volume vide. Elle dépend du diamètre et de la disposition des grains. La porosité des couches superficielles du sol conditionne l'infiltration et

    l'exfiltration des eaux. Elle est très déterminante dans les phénomènes hydrologiques étudiés. En effet les vides laissés par les grains se comportent comme des canaux au travers desquels l'eau circule du haut vers le bas et vise versa. Il existe 4 types de porosité

    Ø Lorsque les vides laissés par les grains sont importants (0,2 à 2mm de diamètre), on parle de macro porosité, la force de rétention est presque nulle et l'eau circule librement vers le bas sous l'effet de la gravité.

    Ø Lorsque les vides ont un diamètre compris entre 0,2mm et 6um, on parle de méso - porosité : l'effet de la gravité se fait moins ressentir et l'eau de drainage souterrain est moins rapide.

    Ø Lorsque les vides mesurent entre 6um et 0,2um de diamètre on parle de micro porosité. La force de rétention est très importante et l'eau circule très lentement.

    Ø Lorsque les pores sont extrêmement fins, on parle de porosité matricielle. L'eau est retenue énergiquement. La gravité n'a plus d'effet et les forces de sussions déclenchent un mouvement ascensionnel des eaux vers la surface lorsque le sol est saturé en eau. C'est ce mécanisme qui conduit aux remontées de capillarité.

    Tableau 2 : Ordre de grandeur de l'ascension capillaire suivant la texture du sol.

    Type de sol Hauteur (en m)

    Sol sableux grossier

    0,35 à 0,4 m

    Sol à sable fin

    0,70 à 0,80 m

    Sol limoneux

    1 à 1,2 m

    Sol argileux

    1, 2 à 1,5 m

    Source : Bertrand R. et Gigou J. (2000)

    CONCLUSION 

    Les quartiers Nkolmintag, Nylon, Tergal constituent un espace voué à l'occurrence des inondations et des remontées de capillarité, dans la mesure où les cumuls pluvieux sont importants. De surcroît les crues sont régulières en saison de pluie et la nappe phréatique peu profonde. Il importe à présent d'examiner les processus naturels qui peuvent induire tout développement dangereux des aléas hydrologiques mis en cause.

    Chapitre 3 : ETUDE DE LA SUSCEPTIBILITE COMME FACTEUR AGGRAVANT DES ALEAS

    HYDROLOGIQUES.

    INTRODUCTION 

    La susceptibilité au risque naturel est la prédisposition ou l'inclinaison d'un lieu à subir une amplification de l'aléa du fait de ses caractéristiques physiques (Carrega 2003). La situation littorale de la ville de Douala détermine une bonne partie ses caractéristiques physiques notamment le climat et la topographie. Or, avec la croissance démographique rapide doublée d'une offre foncière et en logement limitée, on assiste géneralement à une occupation anarchique des bas reliefs. Il est donc question pour nous d'étudier les composantes mésologiques des quartiers étudiés et leurs influences sur les phénomènes mis en cause.

    3.1 La contribution du relief et des précipitations à l'occurrence des inondations et des remontées de capillarité

    3.1.1 Un relief monotone

    Le relief de la ville de Douala est marqué par deux grands ensembles : d'un côté on a de vigoureux interfluves argileux sableux et de l'autre des bas fonds marécageux (Kuété M., 2005). Notre zone d'étude est une étendue marécageuse, aujourd'hui urbanisée. En effet, l'espace étudié marque le point de rupture entre le plateau Bassa et les basses terres du Sud - Est de la ville. Cette démarcation s'effectue à travers un front de dénivellation, qui varie de 15 à 35 m de haut d'est en ouest. La dénivellation laisse place à une étendue de terres déprimées au relief monotone en allant vers le sud (fig. 8, page 49).

    Ce qui frappe sur le terrain c'est la platitude du relief. Il s'agit décidément d'une micro-plaine drainée par des cours d'eau de faible importance. Toutefois l'analyse du feuillet N°5 de la carte topographique de Douala IGN (1962), qui a servi à la réalisation du modèle numérique de terrain permet de relever quelques petites nuances de relief selon les quartiers.

    A Nkolmintag, les altitudes de terrain varie de 1 à 8 m. Les courbes de niveau sont dans l'ensemble très relâchées ce qui donne un profil sensiblement linéaire, où se distinguent difficilement des pentes. Compte tenu de la platitude de ce bas relief, les eaux débordantes ont tendance à stagner sur les surfaces inondées.

    A Nylon, le relief est tout aussi linéaire. Le point le plus élevé est à 8,4m et le plus bas à 1m. L'altitude maximale s'observe vers la lisière ouest à proximité de l'autoroute de l'aéroport. Tandis le point le plus bas se trouve à l'extrémité sud - Est à la confluence des cours d'eau qui drainent le quartier. Le reste est une étendue plane interrompue par endroit des monticules de remblais.

    A Tergal, le relief est légèrement différent car, on remarque dans la partie nord-est un versant surélevé qui peut atteindre les 40 m de hauteur. Ce versant est le prolongement Est de la ligne d'escarpement sus évoquée (Mbassi Elong, 1972). Toutefois, nous nous intéresserons uniquement à la partie en aval, affaissée, nivelée, et sujette aux inondations et aux remontées de capillarité. Il est évident que la configuration de ce relief entraine une mobilisation rapide des eaux de pluies vers l'aval susceptible de créer des phénomènes hydrologiques extrêmes.

    Source : CUD + travaux de terrain 2011

    Fig. 8 : Les courbes de niveau de la zone d'étude

    3.1.2 Les pentes un facteur de stagnation des eaux

    En ce qui concerne les pentes, les séquences topographiques que nous avons étudiées montrent qu'elles sont très faibles, même si le quartier Tergal se distingue par sa forte déclivité dans la partie Nord (la dénivellation est de 40 m). À Nkolmintag et à Nylon la platitude du relief adoucit considérablement les pentes d'où leur inclinaison d'environ 2%. C'est pourquoi lors des abats pluvieux l'onde de crue se propage très lentement, le niveau du cours d'eau monte progressivement jusqu'à envahir le lit majeur et les habitations qui s'y trouvent. De l'autre coté, à Tergal les choses sont assez différentes sur les 50 premiers mètres nord sud de la ligne de faille on a une pente qui suit une inclinaison de 45°. Ensuite elle diminue sensiblement jusqu'à devenir sensiblement nulle sur les 100 derniers mètres (fig.9, page 51). Ce paramètre influe sur le comportement des eaux de ruissellement car celles-ci dévalent la pente et arrivent avec une grande célérité vers l'aval. Ainsi, pour une même averse, le temps de réponse (temps nécessaire au déclanchement du ruissellement de l'eau de pluie) à Nkolmintag et Nylon est différé de quelques secondes par rapport à celui de Tergal. Toutefois la vitesse de propagation de l'onde de crue reste en général faible.

    En définitive la disposition du relief, la faible déclivité des pentes, la topographie plane du site sans oublier le drainage et la nature des sols prédisposent notre zone d'étude aux phénomènes d'inondation et de remontées de capillarité.

    3.1.3 Des précipitations abondantes

    La ville de douala a un climat de mousson Atlantique (Suchel B., 1988). Ceci dit l'étude de la répartition saisonnière des précipitations est un paramètre à prendre en compte dans la compréhension des aléas mis en cause.

    Les donnés pluviométriques mensuelles de 1960 à 2008 collectées auprès du service météorologique de la région du littorale et mesurées à la station de P.K 30 (Douala), nous ont permis d'élaborer un régime pluviométrique moyen (Fig.9 page 51)

    Hauteur des pluies en mm

    Mois

    Fig. 9 : Régime pluviométrique moyen (en mm) de 1960 à 2008 (Source : Douala météo)

      Le régime pluviométrique obtenu, permet d'isoler deux périodes fortes qui coïncident elles - même avec les « temps forts » des phénomènes naturels étudiés. Il s'agit de la période d'indigence pluviométrique et de la période de prodigalité des pluies.

    La première période qui va de novembre à février correspond, à la saison sèche. Elle se caractérise par une diminution drastique des abats pluvieux. Les pluies qui tombent alors sont peu efficaces, au sens hydrologique du terme, et leur incidence sur les inondations et les remontées de capillarité est négligeable.

    La deuxième période, va de mars à octobre et marque le début de la saison de pluie. Elle démarre statistiquement selon le critère agroclimatique le 9 mars (Tchiadeu G., 2010). Toutefois, il serait intéressant de distinguer à l'intérieur de cette période une « petite » et une «  grande » saison  de pluie.

    La « petite saison de pluies » va de Mars à juin. A ce moment les pluies qui arrivent sont précédées de vents violents, elles sont battantes et de courtes durées. Ces pluies amorcent la recharge des nappes phréatiques. Dès lors la sensibilité du milieu aux pluies ultérieures est alors accrue.

    La « grande saison de pluies » s'étale de juillet à octobre, c'est la période du règne de mousson S.S, magnifiée par des pluies journalières régulière et incessante : « ces jours de pluies qui, certaines années se succèdent sans interruption pendant des semaines et des mois et tendent, en fait, à se présenter comme une alternance de séquence fortement ou faiblement pluvieuse » (Suchel B., 1988). Le total des précipitations de cette saison sur notre série est de 2457.36 mm soit plus de deux tiers du total annuel. Une telle alimentation en eau n'est que de nature à mettre à rude épreuve le système de drainage existant.

    3.2 La contribution des cours d'eau et des sols à l'occurrence des phénomènes étudiés

    3.2.1 Un drainage assez dense

    3.2.1.1 Présentation générale des cours d'eau

    De manière générale, la zone d'étude se situe dans la partie aval du bassin de la Mgoua. Son niveau de base est le fleuve Wouri. Ce cours d'eau arrose notre zone d'étude par le biais de trois chenaux d'écoulement : le Casino, le Picasso, et le Lébipaga (qui signifie rivière des carpes en Ewondo) (fig. 10, page 53). De nos jours ils ont perdu leur richesse biologique et la plupart des espèces animales exploitables ont disparu à cause de la pollution permanente des eaux. Pendant la « grande saison de pluies » (juillet à octobre), ces cours d'eau regagnent leur vitalité et ont tendance à reconquérir leur espace de liberté. L'espace de liberté pouvant être défini comme « l'espace du lit majeur à l'intérieur duquel le ou les chenaux fluviaux assurent des translations latérales pour permettre une mobilisation des sédiments ainsi que le fonctionnement optimum des écosystèmes fluviaux et terrestre » (Epteau et Al., in Lagarnier R., 2003).

    En effet, pendant les pluies, certaines crues se caractérisent par un exhaussement de la lame d'eau qui envahit les rives en aggravant les inondations. Il devient donc primordial de comprendre le fonctionnement de ces cours d'eau si on veut élucider la prégnance des inondations et des remontées de capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal.

    Picasso

    Casino

    Lebipaga

    .

    Source : CUD + travaux de terrain 2011

    Fig. 10 : carte des principaux drains de la zone d'étude

    3.2.1.2 La longueur des drains

    Lors de l'étude de factibilité de la restructuration de la zone Nylon menée par le cabinet Halcrow et Fox (1980) les longueurs des drains ont été mesurées. Par défaut d'instrument de mesure nous avons décidé de travailler avec ces mêmes longueurs sachant que certains drains ont pu être recalibré, mais sans impact majeur sur leur longueur.

    Ainsi le 1er drain qui marque la limite naturelle entre le quartier New - Bell et Nkolmintag portant le référent de « Casino » mesure près de 880 m de long et s'écoule du Nord - Ouest au Sud - Est. Le 2nd drain appelé le « Picasso » traverse le quartier Nkolmintag, mesure environ 550m de long et s'écoule suivant la même direction que le précédent. Le 3ème drain le « Lébipaga », sépare les quartiers Nylon et Tergal (carte 3 ci-dessus). Son bras gauche traverse le quartier Nylon au lieu dit « Foyer Bangou ». Il a la même longueur que le drain précédent et s'écoule du Nord au Sud. Tous ces drains sont collectés par le Mgoua à hauteur du quartier Brazzaville. Les eaux prennent leur source sur le plateau Bassa (25 à 30 m) et drainent un petit bassin versant de 158 ha. Leur action érosive s'applique autant sur le fond du lit que sur les flancs du cours d'eau, elle est très intense pendant la période des crues en saison pluvieuse.

    3.2.1.4 Le lit des drains et la hauteur de la lame d'eau

    Pour obtenir les données de la largeur du lit majeur, du lit mineur et de la hauteur de la lame d'eau, nous avons effectué des mesures directes au mois de Mars sur le drain Casino, le drain Picasso, le drain Lebipaga à l'aide d'un mètre ruban. Les mesures réalisées en aval du drain Casino donnent une hauteur moyenne de la lame d'eau de 9 cm, sur une section de 5m. Et une largeur maximale du lit mineur de 1,30m et 5,90m pour le lit majeur. Quant au Picasso les mesures ont été prises à l'amont où nous avons obtenu une hauteur moyenne de la lame d'eau de 6 cm, sur 5 m ; pour un lit mineur de 1,90m de large et un lit majeur de 6m. Enfin, pour le Lébipaga, les mesures ont été effectuées juste quelques mètres avant qu'il ne rejoigne le quartier Brazzaville, nous avons enregistré une hauteur moyenne de la lame d'eau de 4 cm sur 5 m, avec un lit mineur de 1,20m de large et un lit majeur de 5,50m.

    Avec le phénomène d'urbanisation anarchique le lit majeur des cours d'eau est parfois occupé ou obstrué par les populations (planche3, page 55). Lors des crues majeures, le cours d'eau reconquiert son espace de liberté entrainant des inondations assez localisées et de moindre importance. Le lit mineur pour sa part est l'arène où s'observe le dépôt des sédiments transportés. Ce processus aboutit au rétrécissement du chenal d'écoulement qui ralentit la vitesse d'écoulement des eaux.

    Photo1 : Maison construite sur un drain photo2 : la reconquête de l'espace occupé par les eaux

    Photo3 : Sacs remplis de sable, un dispositif anti-crues photo4 : Bouteilles usagers qui obstruent un drain

    Planche 3 : Urbanisation anarchique et occupation du lit des cours d'eau

    La profondeur de l'eau qui s'écoule est étroitement liée aux précipitations. Elle diminue considérablement en l'absence de pluie, mais augmente de manière exponentielle pendant une averse, au point de regagner lit majeur (photo2 de la planche3). Cette forte variation de la hauteur des eaux met à rude épreuve le système de drainage.

    3.2.1.5 Les débits

    Le débit représente le volume d'eau qui s'écoule dans un cours d'eau ou un fleuve en un point donné en mètre cube par seconde (m3/s.). Il est tributaire de la pente, du rythme des précipitations et des conditions atmosphériques. A partir des données sus-jacentes nous avons calculé, à partir de la formule hydraulique classique: d = l*h*d  - où (l) est la largeur du lit ; (h) la hauteur de la lame d'eau et (d) la distance de la section d'écoulement des eaux - les débits de base ou normaux de la zone d'étude au mois de Mars. Il ressort que :

    Le Casino possède un débit de base de 0,26 m3/s ; celui du Picasso est de 0,57m3/s enfin pour le Lébipaga on a 0,87m3/s. Ces modestes débits de base du mois de Mars signifient qu'à cette période précise l'éventualité d'une crue débordante est peu probable. Dans ce cas les débits instantanés sont plus significatifs.

    Les débits instantanés se calculent lors d'une crue. Parmi les méthodes qui permettent d'effectuer ce calcul nous avons retenu la méthode de jaugeage aux flotteurs, car elle est simple à effectuer, pratique et recommandée en l'absence d'un outillage adéquat ; elle est néanmoins imprécise (Cosandey, 2003). Lors du calcul des débits instantanés des cours qui nous intéressent nous avons obtenu : 7,434 m3/s pour le Casino ; 5,04 m3/s pour le Picasso ; 13,44 m3/s pour le Lebipaga.

    Ces débits peuvent sembler dérisoires comparés à ceux des grands fleuves. Mais beaucoup moins si on considère l'écart entre le débit de base et le débit de pointe (instantané). Cette dynamique saisonnière des cours d'eau amène parfois les populations à occuper le lit majeur, moyennant de graves désagréments en cas de crue débordantes

    Tableau 3: Fiche d'identité des drains de la zone d'étude.

    caractéristiques

    Drains

    Longueur (m)

    Pente (0)

    Largeur du lit mineur (m)

    Largeur du lit majeur (m)

    Profondeurs

    de la lame

    d'eau (cm)

    Débits (m3/s)

    Casino

    880

    2

    1,3

    5,9

    9

    7,434

    Picasso

    550

    2

    1,9

    6

    6

    5,04

    Lébipaga

    550

    60

    1,2

    5,5

    4

    13,44

    Source : enquête de terrain 2010

    Il faut dire que ces cours d'eau subissent des modifications continuelles : dans un premier temps du fait de leur mobilité dans un deuxième temps par les acteurs territoriaux. Ces cours d'eau sont largement mis en cause dans le phénomène d'inondation. Quelques fois des opérations qui visent à réduire leur capacité de nuisance sont réalisés (curetage, déguerpissement, nettoyage...). Actuellement ceux - ci sont rétrécis, dénaturés et dépourvus de toutes richesses faunistiques. Interrogé sur le Lebipaga, le chef du quartier Tergal répond : « ce cours d'eau était beaucoup plus grand, les pirogues y circulaient et les femmes du quartier, à l'aide des nasses y péchaient du poisson». De ce cours d'eau, il ne reste qu'une mince lame d'eau qui se fraie difficilement un chemin dans son lit encombré. La perte de vitalité de ce cours d'eau pousse les populations à occuper son lit inondable.

    3.3 Analyse des sols de la zone d'étude

    Le vaste bassin géologique de Douala, est entouré d'un socle continental en forme de voûte qui tranche avec les accumulations sédimentaires de l'estuaire du Wouri (fig4, page 58). Cette accumulation est de près de 8000m de profondeur au niveau de Kwa Kwa (Chiarelli A., 1973).

    La mise en place de cette série stratigraphique aurait débuté il y a 180 millions d'années. Bien qu'il existe des périodes géologiques lacunaires, le processus se serait déroulé normalement jusqu'à la période la plus récente du mio - pliocène (Chiarelli A., 1973). Il faut dire que l'hydrodynamisme superficiel ou souterrain, amplifié par la pluviométrie, et la position estuarienne de Douala participent à l'empilement de nouvelles couches sédimentaires sensibles aux activités humaines (Zoning A., 1983)

    3 3 1 Formation des sols du bassin de Douala

    Le bassin géologique de Douala présente une succession de couches disposées en demi - croissant allant de la bordure méridionale aux échancrures littorales du socle, lui-même orienté nord ouest - sud et constitué de roches volcaniques.

    La série géologique en question s'est constituée au fil des ères géologiques dont la plus ancienne est le crétacé et la plus récente le pléistocène (Chiarelli A., 1973). Elle laisse apparaître du bas vers le haut : une strate de grès de base, des calcaires gréseux, des argiles schisteuses à intercalation de grès ; Suivi des grès marneux, des marnes noires, des sables fluviatiles et des limons typiques littoraux propres à la ville de Douala (Zoning A., 1973). Il s'agit donc des sols essentiellement sédimentaires, peu consolidés.

    3 3.2 Nature des sols de la zone d'étude

    Le Toponyme « Nylon », que porte la grande zone à laquelle appartient notre zone d'étude, vient de la réaction des sols face aux eaux de pluies. En effet, les premiers habitants du quartier nylon, précisément le chef de la communauté bassa Biteck Emmanuel, aurait constaté qu'après une averse les sols laissaient couler de l'eau comme des fibres synthétiques (Roumy M., 1973).

    En ce qui concerne la structure du sol, un sondage réalisé au pénétromètre statique par une équipe du Labogenie au lieu dit Barcelone dans le quartier Nylon donne le résultat suivant

    m

    0,00

    0,5 A (zone évaporation)

    0,8 B (zone d'infiltration)

    1,40 C (zone d'aération)

    3,25 D (zone de saturation)

    A et B: remblai fait de sable argileux rougeâtre et quelques quartz roulés ; C : sable fin gris ; D : argile sableuse grise.

    Fig. 11 : Coupe schématique du sol de nylon au lieu dit Barcelone (source : Labogenie 1982)

    Avant toute analyse, cette coupe qui n'est valable qu'au lieu du sondage est assez révélatrice du contexte pédologique de cette étude.

    La couche A ou zone d'évaporation, est la partie superficielle du sol qui reçoit directement l'eau de pluie. Elle régente les mouvements verticaux des eaux. L'infiltration vers les couches sous- jacentes est largement tributaire de sa perméabilité (Cosandey, 2003). C'est une zone de prélèvement par évaporation mais en même temps elle assure une réserve hydrique et une réserve hygrométrique (portion d'eau liée autour des grains). La réserve hydrique est le stock d'eau utilisable par les plantes lors des déficits pluviométriques. Cette couche n'a qu'une épaisseur de 0,5m au lieu dit Barcelone et la masse d'eau qu'elle mobilise ne peut être utilisée par défaut de végétation. Par conséquent, en saison de pluie cette réserve d'eau inutilisée, gonflée de l'élévation du niveau piézométrique provoque un engorgement du sol. Ce qui augmente la susceptibilité du site aux phénomènes hydrologiques étudiés.

    La couche C ou zone d'aération se situe, quant à elle, à l'interface entre la zone d'évaporation et de la zone de saturation. Son épaisseur, au lieu dit Barcelone, est de 0,6m. C'est une structure de transit qui assure les déplacements verticaux des eaux infiltrées. Sa teneur en humidité est quasi constante et ne varie que lors des précipitations (Cosandey, 2003). C'est la zone où s'effectue le battement saisonnier du niveau de la nappe. Lorsque le toit de celle - ci est à son plus haut niveau (0,5 m), les phénomènes hydrologiques étudiés sont susceptibles de se produire, en cas d'évènement pluvieux. Mentionnons également que le séjour de l'eau qui percole à travers cette section dépend de la superficie totale des grains ou surface spécifique, qui elle - même varie selon le diamètre de ces grains. Ainsi les grains sont-ils d'autant plus grossiers que la capacité de rétention de cette partie du sol est faible. Par conséquent les eaux y circulent facilement. Le niveau de la nappe dans la zone d'aération est un révélateur pertinent de l'imminence des phénomènes hydrologiques extrêmes qui nous intéresse, dans la mesure où la hauteur d'eau précipitée ne représente un danger qu'à partir du moment où elle ne peut être drainée ni stockée.

    La zone de saturation pour sa part abrite en permanence la nappe d'eau libre. Elle se trouve juste en dessous de la zone d'aération à partir de 1,4 m (à Barcelone). En effet c'est le lieu de stockage des eaux d'infiltration (saison pluvieuse) ou de percolation (saison sèche). Sa limite inférieure dénote la présence d'une surface imperméable. L'eau contenue dans cette zone circule horizontalement pour ravitailler les cours d'eau et les puits. Dès lors cet écoulement très important en saison pluvieuse augmente le débit des cours d'eau, pouvant alors générer les inondations. Dans le même ordre d'idée, compte tenu de la faible profondeur de la zone de saturation, lorsque le volume de la nappe d'eau est à son maximum, elle sature les horizons supérieurs et empêche les infiltrations. A ce moment les eaux de pluies peuvent soit stagner comme à Nkolmintag, soit ruisseler rapidement comme à Nylon et Tergal pour achever leur course dans les cours d'eau qui serpentent ces quartiers.

    3.3.3 La Granulométrie des sols de la zone d'étude

    Les données granulométriques ont été obtenues à partir de l'analyse en laboratoire des échantillons de sol prélevé sur le terrain.

    La granulométrie des sols tient une place importante dans la mécanique d'infiltration et d'exfiltration des eaux, qui agit à son tour sur l'intensité des phénomènes hydrologiques étudiés.

    L'analyse en laboratoire des échantillons prélevés a donné les résultats contenus dans le tableau4 ci- après

    Tableau 4: Valeurs des pesés de chaque échantillon de sol

     

    Poids brut

    Poids séché

    Poids séché et tamisé

    Nkolmintag

    200g

    168g

    100,9g

    Nylon

    200g

    115,20g

    18,57g

    Tergal

    200g

    12g

    0g

    Source : laboratoire de géomorphologie de l'université de Yaoundé I (2010)

    Ce premier résultat permet de constater que la masse d'eau contenue dans le sol de Nkolmintag est d'environ 32g contre 84,80g pour Nylon et 188g pour Tergal.

    Tableau 5: Fiche granulométrique de sols tamisés.

    Diamètres en (mm)

    <0,040

    0,040 à 0,080

    0,1 à 0,2

    0,25 à 0,5

    0,6 à 0,8

    1 à 2

    Masse (g) Nylon

    0

    3,65

    7,02

    4,02

    0,98

    0,82

    Masse (g) Nkolmintag

    0,01

    13,02

    23,11

    34,8

    17,74

    19,67

    Nature des particules

    limons

    Sable très fin

    Sable fin

    Sable moyen

    Sable grossier

    Sable très grossier

    Source : laboratoire de géomorphologie de l'université de Yaoundé I (2010)

    Le tableau ci-dessus nous donne la proportion des types de particules présentes dans chaque échantillon. Il indique que les sols de cette zone sont de nature hydromorphes à hauteur des lieux de prélèvement. Le sol de Nkolmintag est surtout constitué de sables moyens tandis qu'à Nylon les sables fins prédominent. Ces caractéristiques ont une incidence sur la perméabilité et la porosité des sols, sont sans doute impliquées dans l'occurrence des inondations et des remontées de capillarité.

    La perméabilité c'est la capacité d'un sol à laisser circuler un liquide, c'est donc la valeur du flux d'eau qui traverse le sol. Elle s'exprime en m/s. Elle ne se mesure que lorsque le sol est saturé. La perméabilité d'un sol dépend de sa granulométrie et de sa porosité. Elle est décrite par la loi expérimentale de Darcy (Bertrand R., et Gigou J., 2000):

    k = d/si où d : débit de l'eau au travers d'une colonne (s) sous un gradient (i)

    k : coefficient perméabilité

    Cette formule permet de déterminer un coefficient de perméabilité lorsque le sol est saturé et la température des eaux souterraines constantes. Connaissant leur nature, le coefficient de perméabilité des sols de la zone étudiée peut être déduit à partir du tableau suivant proposé par Costany in cosandey 2003.

    Tableau 6 : Quelques valeurs du coefficient de perméabilité de Darcy (d'après Costany, 1967)

    Nature du matériau

    Argiles

    limons

    Sables fins

    Sables grossiers

    Sables très grossiers

    k (m/s)

    < 10-9

    1,8, 10-7 à

    66,10-7

    1,8. 10-5 à

    7,3.10-5

    2,9.10-4 à

    6,4. 10-4

    1,8. 10-3 à

    7,3. 10-3

    Degré de perméabilité

    Nulle

    Médiocre

    Médiocre

    Bonne

    Bonne

    Type de formation

    Imperméables

    Semi- perméables

    Semi- perméables

    Perméable

    Perméable

    Source : Cosandey (2003)

    Au regard de la relation entre la granulométrie et la perméabilité, que présente ce tableau et les résultats de notre analyse granulométrique nous pouvons conclure que la perméabilité de la zone d'évaporation est bonne à Nkolmintag et médiocre à Nylon. Ceci dit, après une averse l'eau va immédiatement disparaître à la surface du sol de Nylon, comme s'il était recouvert d'une paroi filtrante, à l'inverse elle aura tendance à s'infiltrer grandement à Nkolmintag créant des points de stagnation des eaux, une saturation précoce du sol. Logiquement les inondations seront plus marquées à Nkolmintag.

    3.3.3 - Le rôle des sols dans l'occurrence des phénomènes hydrologiques étudiés

    Les résultats du sondage au pénétromètre statique et de l'analyse granulométrique sus-présentés, permettent d'établir la relation entre l'eau et les sols étudiés. Il faut dire que cette relation est très déterminante dans la survenance des inondations et des remontées de capillarité.

    En considérant le sondage au pénétromètre statique on peut constater, au lieu de l'essai, la faible épaisseur des couches géologiques, spécialement la couche B (fig.11, page 58). A l'évidence, la capacité d'absorption de ces couches est réduite, indépendamment de leur perméabilité. Autrement dit pendant l'évènement pluvieux l'infiltration de l'eau se trouve limitée, ce qui induit des excès d'eau pouvant être responsables des inondations et/ou des remontées de capillarité.

    Pour ce qui est de l'interprétation des résultats de l'analyse granulométrique, il ressort que les sols sont assez hydromorphes (tableau 5, page 60), d'où leur sensibilité aux apports hydriques pluvieux. Par ailleurs les caractéristiques de perméabilité et de porosité vérifient, à un certain degré, la production des phénomènes hydrologiques incriminés dans cette étude.

    En effet, les sols de Nkolmintag et de Nylon ont respectivement une perméabilité bonne et médiocre (tableau 7 page 63). En raison de ces degrés de perméabilité, il se trouve qu'après une averse à Nkolmintag, le sol se sature et empêche l'infiltration. Les eaux s'amassent alors à la surface et s'écoulent difficilement (à cause de la nullité des pentes), stagnent dans les rues et inondent les édifices. A Nylon le scenario est un peu différent. Ici, l'étale d'eau qui se forme au cours de l'averse à tendance à disparaitre rapidement. Ce qui traduit une bonne faculté de ressuyage de ce sol.

    Les remontées de capillarité se manifestent dans la zone d'étude à cause du type de porosité. En réalité pour qu'il y ait remontée de capillarité, il faut que l'espace vide du sol forme des canaux de diamètres extrêmement fins pour permettre l'ascension des eaux, sous l'effet des forces de sussions. Ce phénomène s'observe lorsqu'on place une mèche dans du pétrole lampant. Les remontées de capillarité « in - door » (c'est - à dire à l'intérieur de la maison) qui nous intéressent sont amplifiées par l'affleurement de la nappe phréatique et l'effet de l'ombre. L'effet de l'ombre est le maintient de l'humidité du sol par obstruction des rayons lumineux par les constructions. Dans ce cas, les excès d'eau ne pouvant être prélevés par évaporation remontent sous forme visible ou invisible (planche 2, page 44).

    Au demeurant, les inondations dans la zone d'étude sont fortement liées au caractère hydromorphes des sols, ajouté à de faible capacité des drains chargés de l'évacuation des eaux de pluie. Les remontées de capillarité tiennent simplement du type de porosité des sols. On ne saurait évacuer l'effet du peuplement qui est responsable de l'imperméabilisation des surfaces, de l'occupation du lit majeur voire mineur des cours d'eau et des remblais qui modifient la mécanique des sols.

    Par ailleurs nous avons tenté de déterminer le seuil d'infiltrabilité des sols étudiés, qui pour nous représente le volume potentiel d'eau qu'un sol peut recueillir dans ses structures inférieures lors d'une séquence d'infiltration des pluies. En nous appuyant sur l'évolution de la vitesse d'infiltration au cours du temps sur sol sec (annexe 3), nous avons pu établir mathématiquement que : pour atteindre le seuil d'infiltrabilité dans notre zone d'étude, il suffit de 10cm d'eau tombée au bout de 3h, au cours de la saison de pluie. Or il est établit que les pluies de récurrence de 25 ans dans la ville de Douala dépassent largement ce seuil (P.D.U). Ceci dit pour les pluies de cette récurrence on est en droit de s'attendre à une saturation complète des sols, susceptible de provoquer les inondations graves et les remontées de capillarité soutenues.

    Tableau 7 : caractéristiques des sols de la zone d'étude.

     

    Profondeur

    Texture

    Degré de perméabilité

    Porosité

    Nylon

    3,25m

    Sablo- limoneuse

    Médiocre

    Méso- porosité

    Tergal

    /

    argileuse

    Médiocre

    Micro- porosité

    Nkolmintag

    /

    Sablo- limoneuse

    Bonne

    Macro- porosité

    Source : enquête de terrain (2010)

    Il faut dire que les sols sur lesquels nous avons travaillé ont été modifiés par l'urbanisation, notamment par les remblais et l'imperméabilisation de certaines surfaces. Notre analyse tient implicitement compte de ces paramètres et permet de dresser une carte de susceptibilité de la zone aux phénomènes étudiés (fig. 12, page 64).

    Madagascar

    Brazzaville

    Nkoulouloun

    Kilomètre 5

    New-Bell nouveau terrain

    Centre industriel Bassa

    Oyack

    Limite des quartiers

    Nylon

    Tergal

    Nkolmintag

    Source : CUD + travaux de terrain 2011

    Fig.12 : susceptibilité de la zone d'étude aux risques hydrologiques

    CONCLUSION 

    La combinaison de ces différents éléments du milieu naturel fait de notre zone d'étude une zone écologiquement fragile, encline aux catastrophes liées à la concrétisation des phénomènes hydrologiques étudiés. D'ailleurs lorsque la ville s'y est étendue, c'était un vaste marécage déclaré impropre pour l'habitation par L'O.M.S (Baron C. 2003). Aujourd'hui l'homme n'a pas seulement occupé ce milieu il l'a profondément modifié. Pourtant les réalités climatiques, pédologiques et hydrologiques continuent de favoriser des inondations par saturation du sol et les remontées de capillarité. On peut donc se demander quels sont les facteurs qui expliquent le peuplement de cette zone et surtout quels sont les enjeux mis en péril ?

    Chapitre 4 : LES FACTEURS ET LES ELEMENTS DE VULNERABILITE DANS LA ZONE D'ETUDE

    INTRODUCTION 

    L'étude du milieu physique nous a révélé que la zone étudiée était peu propice au développement de l'habitat. Il s'agit donc a priori d'un milieu naturel répulsif. Curieusement le phénomène urbain s'y est répandu et de manière anarchique. En effet, les populations qui occupent cet espace s'exposent aux phénomènes hydrologiques étudiés. Aussi doit-on étudier les processus qui ont conduit à cette exposition et établir les dommages possibles d'une catastrophe afin de pouvoir établir les composantes majeures de la vulnérabilité des populations de notre zone d'étude.

    4.1 Les facteurs de vulnérabilité dans la zone d'étude

    Il est question de tous les faits : historiques, économiques et sociaux qui ont conduit à l'occupation de la zone d'étude et donc à l'exposition permanente des populations aux inondations

    4.1.1 Les facteurs économiques

    4.1.1.1 Le mirage économique de la ville de Douala

    Après les années 1945, on assiste à Douala à la reprise du trafic maritime et à des réalisations du plan Dorian, qui se traduisent par le lancement de nombreux chantiers d'intérêt public (extension du port, construction des routes, du pont rail-route). Il va sans dire que ce rayonnement économique de la ville de Douala va polariser d'importants flux migratoires nationaux et internationaux (Dizian R., Cambon 1962). Par ailleurs le déferlement d'une importante partie de cette vague migratoire aura lieu à New - Bell. De fait le seuil d'habitabilité sera très rapidement atteint. Cette pression démographique étire le tissu urbain dans la direction du sud-est, d'où la naissance des quartiers Nkolmintag, Nylon, et Tergal (Mainet G., 1985). C'est au cours de cette extension spatiale peu contrôlée que ces quartiers précaires vont naitre. Ils deviendront ensuite un bassin de peuplement, pour des populations qui recherchent des conditions de vie favorables. Ce schéma va presque se reproduire lors de la crise économique du début des années 80.

    La majorité des Etats africains y compris le Cameroun ont connu entre 1985 et 1995 un marasme économique sans précédent cette période de dépression de l'économie Camerounaise sera marquée par : « L'âpreté des mesures de stabilisation et d'ajustement [.....] À la suite de deux baisses successives des salaires des agents de l'Etat et du réalignement monétaire de janvier 1994 (dévaluation du franc CFA) l'on a assisté à l'expansion de la pauvreté surtout en milieu urbain » (Dzalla G., 2000). La ville de Douala déjà perçue comme  un eldorado : « Depuis plus de vingt-cinq ans, l'attrait exercé sur les ruraux par ce « paradis » urbain a été constant et continu » Franqueville A. (1980), est alors la destination prioritaire des migrants venant tous azimut et qui veulent échapper à la morosité économique du moment.

    Tableau 8 : Evolution de la population dans la ville de Douala et de l'occupation des surfaces dans la Zone d'Etude (ZE).

    Années

    1955

    1964

    1976

    1980

    1990

    2005

    Population de Douala

    113 000

    196 000

    458 000

    612 000

    1 204 000

    1 612 923

    Occupation des surfaces dans la Z.E (ha)

    /

    87

    153

    170

    174

    176

    Source : PDU et enquête de terrain

    Des lignes qui précèdent il ressort que cette crise a conduit à une forte concentration des populations et à une densification des habitations dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal.

    4.1.1.2 le revenu des chefs de ménage enquêtés

    Les `'income'' des chefs de ménage varient en fonction de leur emploi. Le récapitulatif des enquêtes de terrain donne le tableau suivant :

    Tableau 9: Estimation des revenus des chefs de ménage par rapport à l'activité exercée.

    Profession

    Revenu mensuel (en F.cfa)

    Effectifs %

    Employé d'Etat / du Privé

    [100 000 - 110 000[

    07,20

    Commerçant

    [65 000 - 75 000[

    37,02

    Maçons / Menuisiers

    [60 000 - 70000[

    09

    Chauffeurs

    [45 000 -55 000[

    15,85

    Agent de sécurité

    [40 000 - 50 000[

    13,02

    Coiffeur / Couturier

    [35 000 - 45 000[

    09,45

    Sans emploi fixe

    [20 000 - 30 000[

    18,37

    Source : enquête de terrain 2010

    Ces résultats sont à prendre avec beaucoup de circonspection car le revenu ne peut être mesuré exclusivement à partir du revenu mensuel brut, il devrait également intégrer l'aide familiale, les tontines, les emprunts. S'ajoute le fait que la question sur le revenu est assez intrusive voire embarrassante et suscite parfois des réponses peu péremptoires. Bien que les chefs de ménage aient été interrogés sur le sujet par le biais d'une question orientée, ils avaient tendance à choisir des revenus minimaux pour faire valoir leur situation de précarité, mieux encore celle des personnes en détresse qu'il faut urgemment secourir. En dépit de cette hypothétique distorsion entre les déclarations de revenu des chefs de ménage et la réalité des faits, l'enquête révèle que 72% des revenus sont plus élevés que le S.MI.C qui est de près de 28.000 F.

    4.1.1.3 Le prix des terrains et du logement dans la zone d'étude

    La valeur marchande des terrains dans les quartiers étudiés est actuellement d'environ 2000 FCFA/m² contre 900 FCFA/m2 dans les années 1960. Cette fluctuation des prix se justifie d'abord par la mutation des conditions du milieu physique et par la situation péricentrale de la zone. Ces prix sont parmi les plus bas qui se pratiquent dans ce rayon de la ville (Tableau10 page 68), même si la plupart des terrains ont déjà trouvé preneur et sont bâtis.

    Tableau 10 : estimation des prix de terrain

    Position et statut du terrain

    Central exondé

    Péricentral exondé

    Péricentral inondé

    Périphérique exondé

    Périphérique inondé

    Prix (FCFA/m²)

    [8000 - 10000[

    [6500-8500[

    [2000-2500[

    [5000-7500[

    [1000 - 7500[

    Source : Estimation d'un agent immobilier

    Par ailleurs le prix du bail varie en fonction du site. Les habitations situées loin du lit majeur et proche des routes sont un peu plus cher que celles qui sont situées dans le lit majeur. Quant à celles qui se trouvent très proche d'un cours d'eau ou dans des zones légèrement encaissées le prix est encore plus bas (tableau11 page 68). Ces maisons portent des marques apparentes de leur vulnérabilité (matériau de récupération, accès difficile...), mais leurs prix sont tellement minables que les chefs de ménage sont prêts à s'exposer au risque d'inondation et de remontées de capillarité. La plupart d'entre eux sont de jeunes célibataires ou des chefs de familles extrêmement pauvres. Lorsque les eaux envahissent la maison, les objets les plus précieux sont mis hors d'atteinte (matelas, vêtements, pièces d'Etat civil...) ; les chefs de famille peuvent également compter sur la solidarité des voisins en termes de secours, d'hébergement, d'assistance.

    Tableau 11 : comparaison entre le prix moyen (en Fcfa) d'un loyer dans la zone d'étude et dans un quartier exondé

    Prix moyen d'un trois pièces dans la Z.E (fcfa)

    Situation matériau

    Lit majeur

    Lit mineur

    Zone de remontée de capillarité

    Dur

    [25 000 20 000[

    [10.000 15 000[

    [15 000 - 12 000[

    Evolutif (parpaing, planche)

    [18 000 - 15 000 [

    [10.000 - 7 000[

    12 000 - 10 000[

    précaire

    [15 000 - 10 000 [

    [8 000 - 7 000 [

    [10 000 - 7 000 [

    Prix moyen d'un deux pièce à Ndogbong (fcfa)

    Situation

    Standing

    proche d'une avenue

    Non loin d'une avenue

    Loin d'une avenue

    Haut

    [150 000 - 100 000[

    [100 000 - 90.000[

    [100 000 - 80 000[

    Moyen

    [90 000 - 70 000[

    [80 000 - 50 000 [

    [70 000 - 40 000 [

    Bas

    [45 000 - 30 000[

    35000 - 25000 [

    [30 000 - 25000[

    Source : Estimation d'un agent immobilier

    Les prix dérisoires de la location des maisons dans ce quartier représentent un autre attrait pour les populations. Les chefs de ménage en location dans la zone sont généralement des hommes qui sont soit réellement incapables de louer une maison dans un quartier exondé soit décident de tirer profit des aménités économiques d'un bail peu couteux, au détriment des conditions d'habitat, mais dans l'espoir de réaliser suffisamment d'économie pour s'installer un jour sur un plateau bien aménagé (Dzalla N. 2000). Cependant une évolution s'observe au niveau du bâti. Il n'est pas rare de rencontrer des maisons construites à partir des parpaings. Ceci s'explique par l'immatriculation des parcelles par la MAETUR, ce qui donne lieu à d'importantes transactions et restaurations immobilières. La présence de ces maisons en dur augmente inévitablement la valeur quantitative des enjeux mis en péril en cas d'inondation ou de remontées de capillarité.

    Ce différentiel de prix aussi bien au niveau des terrains que du loyer, rend la zone étudiée attractive pour les populations qui ont un faible pouvoir d'achat.

    4.1.2 Les facteurs démographiques

    4.1.2.1 Historique du peuplement de la zone d'étude

    En recoupant des sources historiques, nous avons pu retracer le peuplement de la zone d'étude. L'occupation des quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal découle d'une croissance spatiale anarchique liée en partie aux errances de l'administration colonial. En réalité l'étirement du tissu urbain dans la direction du sud - est, consécutive de l'occupation du quartier périphérique New - Bell, émane de décisions arbitraires prise d'abord par les allemands ensuite par les français (Haeringer Ph., 1973).

    En effet, l'empire allemand après la signature des accords de protectorat avec les chefs Douala le 12 Juillet 1884, décide ensuite d'installer son administration dans le quartier Bonanjo. Celle - ci conçoit un projet d'équipement en infrastructures urbaines les plateaux de la façade maritime (Bonanjo, Akwa, Deido) Mainet G. (1986).

    Au cours de la réalisation de ce projet, l'administration allemande exproprie les populations natives et les implante sans encadrement sur les versants Est des plateaux à aménager, au delà de la « Frei zone » zone libre en français, précisément dans les quartiers New Bell, New Akwa, New Deido. Ces déguerpissements entrainent une première extension urbaine non planifiée.

    Suite à l'arrivée de la puissance mandataire à fin de la guerre de 1914, une autre dynamique spatiale sera enclenchée. En effet le clan Bell meurtri par les expropriations, profite pour refluer vers leur ancien territoire. Ce faisant, il libère le quartier New - Bell, espace marécageux, et s'installe dans l'ancienne « Frei zone » dont la véritable raison d'être était de créer une démarcation spatiale entre la « ville Blanche », propre, bien aménagée et la « ville noire », dangereuse, et désordonnée - en créant les quartiers tel que Bali, Bonadoumé (Mainet G., 1986). La France hérite donc d'une situation foncière tendue. Pourtant sa gestion et son aménagement de la ville porte, toute proportion gardée, les mêmes schèmes ségrégationnistes raciaux (Tadonki G., 1996). Puisque le plan directeur d'urbanisme de 1925, envisageant l'extension des quartiers européens et l'organisation des quartiers africains ne prend pas en compte le quartier New - Bell ; alors considéré par l'administration française comme « un bien collectif, en indivision du clan Bell » (Dizian et Cambon 1962). Cette exclusion entraine la naissance d'un bidonville, réceptacle pour les nouveaux migrants désoeuvrés dont le nombre ne cesse de s'accroitre.

    Désormais le tissu urbain doit composer avec un nouvel organisme, qui tel un kyste « s'auto régule ». Les conséquences de cette situation sont très graves « le cas de New - Bell avait déjà le caractère d'une véritable catastrophe urbaine » (Dizian et Cambon, 1962). C'est alors qu'en 1956 l'administration pour des raisons de stabilité et de sécurité lance quelques travaux de percement de rues, de construction certains équipement de base, entrainant des déguerpissements (Baron C. et al 2003). Les populations déguerpies, de revenu modeste, sont installées à Nkolmintag, zone marécageuse frontalière à New - Bell.

    D'autres populations, qui avaient des problèmes de cohabitation avec les Bassa à Nkolounloung vont immédiatement solliciter des terrains dans ce quartier en création. En réalité des sources orales, que nous n'avons malheureusement pas critiquées, relatent que la communauté Béti dans une situation délétère avec les Bassa à Nkolounloung, viendra s'installer dans le quartier et le baptisera du toponyme : « Nkolmintag », qui signifie « colline de la paix ». Ce réfèrent toponymique montre bien qu'il y a eu une vague de migration dominante de cette communauté. Les quartiers Nylon et Tergal seront des excroissances de Nkolmintag.

    4.1.2.2 L'origine des chefs de ménage

    Les chefs de ménage vivant dans notre zone d'étude sont d'origines diverses, d'aucuns sont issus des premiers courants migratoires, d'autres arrivent nouvellement dans le quartier. La majorité est originaire de la région de l'ouest (80%), le reste vient du centre (11%), du grand nord (7%) et des autres régions (2%) (fig.5 page 71)

    Source : enquête de terrain 2010

    Fig. 13 : Répartition des chefs de ménage de la zone d'étude en fonction de leur origine

    La zone d'étude est donc peuplée de migrants. Cependant le lien entre l'origine des populations et leur vulnérabilité aux phénomènes étudiés est peu probable. Dans le cas échéant, la vulnérabilité provient plutôt des insuffisances du système urbain à produire des espaces viables aux migrants moins nantis. Ceci dit le véritable facteur de vulnérabilité est la difficulté d'accès au sol - qui sera étudiée plus bas - pour les populations migrantes au faible statut économique

    4.1.2.3 L'âge des chefs de ménage

    De l'enquête sur l'âge des chefs de ménages, il ressort de notre que la tranche dominante est celle de [30 à 40 ans [ (fig.6 page 72). Il s'agit des jeunes nés pour la plupart dans la zone d'étude. Certains ont procédé à la construction de leur propre maison, d'autres vivent au domicile parental qu'ils auraient hérité. Ces chefs de ménage n'ont pratiquement pas vécu l'époque où le milieu était totalement marécageux et très répugnant. L'assainissement du cadre de vie par les pionniers et par la MAETUR a placé ces derniers dans un pseudo - sentiment de sécurité vis-à-vis des risques hydrologiques étudiés. De surcroit, ils ont adopté une attitude attentiste qui les pousse à vivre en indifférence avec le milieu naturel. Ce qui se traduit par : le dépôt des déchets dans les cours d'eau, le rejet de toute forme de mutualisation d'efforts et de moyens pour assainir et sécuriser davantage le cadre de vie.

    âges

    Effectifs

     

    Source : enquête de terrain 2010

    Fig. 14: Effectifs des chefs de ménages de la zone d'étude par âge

    Les chefs de ménages qui ont un âge avancé compris entre [50 - 60[ ans ont pour la plupart passé le clair de leur vie dans la zone étudiée. Ils l'ont vu évoluer et de nos jours, ils sont stupéfaits qu'on vienne leur parler des problèmes d'inondation ou de remontée de capillarité. Pour eux le fait de ne plus vivre quotidiennement dans la puanteur du marais signifie qu'il n'y a plus de raison d'évoquer l'inondation parmi les problèmes de la zone. On comprend en creux que ceux-ci éprouvent un réel soulagement après les travaux d'assainissement de la zone par les pouvoirs publics et que de nos jours ils minimisent le risque d'être frappé par une éventuelle catastrophe hydrologique.

    On note également qu'une infime partie des chefs de ménage fait partie du 3ème âge [70,80[ ans. Cette composante de la population correspond aux tous premiers migrants. Ils sont les témoins vivants de la période où la zone était complètement marécageuse. Aujourd'hui affaiblis par le poids de l'âge ils sont très exposés aux problèmes des inondations et des remontés de capillarités.

    4.1.3 Les facteurs sociologiques

    4.1.3.1 Le mode d'accès au sol

    L'échec de l'aménagement planifié est dû en partie à l'ambigüité du statut juridique du sol en Afrique (Touna Mama et al. 2004). En effet le droit naturel ou coutumier a prévalu pendant longtemps sur les terres de la ville de Douala. Suite aux accords de protectorat et au processus de création d'un Etat indépendant du Cameroun le droit positif ou moderne va désormais s'appliquer sur toutes « les terres vacantes et sans maitre ».

    Toutefois en raison du lien ombilical qui lie l'homme à sa terre en Afrique, l'administration coloniale d'abord et le nouvel Etat indépendant du Cameroun ensuite vont définir un domaine national qui n'inclut pas les terres coutumières. Les terres coutumières sont alors circonscrites à l'espace mis en valeur par le clan et sont un bien indivis. Or la propriété collective des terres n'exclut généralement pas des transactions individuelles. Cette dérogation légale du Régime Foncier (1963), consacrée par les pratiques, va poser le problème de la délimitation des terres vacantes sans maitres (domaine national) et des terres appartenant au clan (domaine traditionnel). Ainsi se heurte- t - on à un chevauchement du droit naturel et du droit positif. Ceci débouche sur une attribution des droits de propriété foncière délivrés d'abord de manière « illégale » par les ayants droit coutumiers et de manière légale par l'administration. Ce mode d'accès au sol pratiqué dans notre zone d'étude pourrait expliquer l'occupation anarchique du sol y compris des zones sujettes aux inondations et aux remontées de capillarité. Il est vrai que de nos jours pour la seule filière d'accès au sol dans notre zone reste la MAETUR. Il n'en demeure pas moins que des transactions informelles subsistent.

    Dans le même ordre d'idée, l'ordonnance n0 74 - 1 du 07 juillet 1974 sur le régime foncier, déclare toutes les terres marécageuses comme zone « non aedificandi » faisant partie du domaine public de l'Etat. La notion de marécage renvoie certainement à un terrain au sol hydromorphe, pas encore appropriés, comme l'était la zone que nous étudions. Cette disposition légale passe pour être une mesure normative visant à éviter l'exposition des populations. La zone d'étude étant marécageuse, n'aurait jamais dû rentrer dans le patrimoine d'un individu. Pourtant les « ayants droit coutumiers », en toute légitimité, l'ont attribué à des jeunes migrants par une convention de donation (annexe) à titre d'usage. La distribution des lots va se faire entre les migrants au simple gré à gré et surtout sur la base de l'appartenance tribale.

    4.1.3.2 Le besoin du chez - soi et la présence d'un proche

    Toute la littérature sur l'occupation des quartiers populeux où plane le risque, révèle une soif irrépressible chez les habitants d'avoir un « chez - soi » (Mainet G. 1985). Cette aspiration fondamentale répond à une construction sociale du groupe tribal prédominant dans la zone d'étude.

    Le droit au logement est inhérent à tous les individus, c'est sans doute pour disposer pleinement de ce principe naturel que les individus recherchent des habitations individuelles et personnelles. Or, dans une ville comme Douala, tout le monde ne peut pas se construire une maison qui plus est respecte les normes d'urbanisme. Dans cette perspective les populations les moins nantis vont entreprendre des démarches peu courantes pour obtenir un lopin de terre et se bâtir coûte que coûte une maison. Ces populations au revenu modeste ne vont pas hésiter à s'établir dans des zones inondables. Dans notre zone d'étude l'enquête de terrain révèle que 23,42% de chefs de ménage se retrouvent sur le site parce qu'ils avaient là l'opportunité de posséder un chez soi.

    Posséder un « chez - soi » a une forte valeur symbolique chez le bamiléké. Car le regard et la considération familiale et sociale que l'on porte sur un homme sont d'autant plus positifs, qu'il est propriétaire de son propre domicile. A vrai dire être « chez soi » est un signe de réussite sociale. Cette perception du domicile est sédimentée par l'idée latente selon laquelle le jeune homme qui réside encore chez ses parents est un éternel assisté qui vit au crochet de sa famille. Il y a donc dans ce groupe une pression morale liée à la culture qui amène les jeunes chefs de ménage en quête de prestige et d'estime à devenir propriétaire d'une habitation. Quitte à la bâtir dans un quartier inondable.

    Les enquêtes révèlent que 2 ,8% des habitants interrogés se sont installés dans la zone d'étude en recherchant la proximité d'un proche. On peut donc s'imaginer qu'à ce moment, les chefs de ménage choisissaient de s'installer dans le quartier pour se rapprocher ou habiter chez un frère du village. Cette filière de migration se fonde sur les liens de solidarité et permet une reconstitution identitaire post tribale, bien avantageuse dans un contexte urbain de pauvreté et de maitrise laborieuse du milieu naturel.

    A présent, très peu de chefs de ménage arrivent dans les quartiers étudiés par ce type de migration. Car le milieu naturel a beaucoup évolué et les prix immobiliers ont flambé. Ceci dit la zone accueille maintenant très peu de courant migratoire en provenance du monde rural. On note cependant une migration intra - urbaine et ceux qui s'y installent recherchent plutôt la proximité au centre ville (Bonanjo, Akwa) ; aux marchés : Central, Madagascar où ils exercent des activités génératrices de revenus.

    4.1.3.3 L'organisation fonctionnelle des quartiers

    A l'intérieur du groupe social établit dans la zone étudiée, il existe une forme d'organisation du pouvoir qui est basée sur l'unité territoriale du quartier qui est la parcelle de terre.

    La parcelle est propriété d'un chef de ménage : il est responsable de sa viabilisation et de son inviolabilité. Evoluant pour la plupart dans l'illégalité, car ne possédant pas de titre de propriété dûment délivré, celui-ci peut aménager sa parcelle selon son dessein. Dès lors la disposition du bâti sur la parcelle n'est assujettie à aucun plan d'ensemble (plan d'alignement, plan de construction), ce qui conduit parfois à l'obstruction ou à la déviation des drains. Ces logiques individualistes - accentuées par une prise de décision non encadrée et légitimée par l'antériorité de l'occupation du site par les populations sur l'aménagement de la puissance publique - est source d'une grande exposition aux risques d'inondation et de remontée de capillarité.

    En somme, les populations se retrouvent sur ce site où le risque d'inondation et de remontées de capillarité plane telle une « épée de Damoclès », en majorité, pour des raisons d'ordre socio-économiques (fig.7 page 75). A partir des résultats de l'enquête nous avons soumis ces facteurs qui poussent les populations à s'installer dans la zone d'étude, au test de Khi2 de Pearson, afin d'isoler statistiquement la variable prépondérante.

    Recasés

    Fig.15 : Facteurs d'installation des populations sur la zone d'étudeTableau initial 12 : effectif réel (Nij)

     

    recasés

    Prix des terrains

    Chez - soi

    Proximité du centre urbain ou d'un frère

    total

    Nkolmintag

    17

    59

    13

    04

    94

    Nylon

    02

    40

    21

    06

    69

    Tergal

    1

    33

    18

    08

    59

    Total

    20

    132

    52

    18

    222

    Source : enquête de terrain 2010

    Tableau 13: résultat du Khi2

     

    Déguerpissement

    P.T

    C.S

    P.

    T.

    Nkolmintag

    4,76

    0,15

    6,23

    4

    15,14

    Nylon

    8

    0,01

    1,19

    0

    9,21

    Tergal

    16

    0,12

    0,88

    9,38

    26,38

    Total

    28,76

    0,29

    8,3

    13,38

    50,73

    Source : enquête de terrain 2010

    - Test du Khi 2. u= (k - 1) (P - 1)

    = (3 - 1) (4 - 1)

    u = 6

    Le Khi2 fourni par la table (annexe3) est de 12,59 au seuil de 5%. Ainsi le Khi2 calculé étant supérieur au Khi2 fourni par la table on rejette l'hypothèse d'indépendance entre les deux caractères c'est-à dire qu'il y a une relation entre la présence des populations dans ces quartiers et les facteurs présélectionnés. Alors il ne reste plus qu'a déterminer l'intensité de cette liaison

    cij = ( ni'j - nij') 2

    Nij

    C = 0,23

    La valeur de C montre que la relation entre les deux caractères est relativement faible. Dès lors on peut rechercher l'élément explicatif qui contribue le plus à cette liaison.

    Tableau 14 : Contribution de chaque élément au Khi 2

     

    recasement

    Prix de terrain

    Le chez-soi

    Recherche de proximité

    Nkolmintag

    0,20%

    0

    0,7%

    0,06%

    Nylon

    0,05%

    0

    0,03

    0

    Tergal

    0,06%

    0

    0,08

    0,17

    Total

    0,31%

    0

    0,81%

    0,21

    De ce qui précède nous pouvons dire que le besoin d'avoir un chez soi semble être la principale raison pour laquelle les populations prennent le risque de s'installer en zone inondable. La prise en compte de cette réalité pourrait réduire les éléments de vulnérabilité sur le site étudié.

    4.2 Les indicateurs de vulnérabilité dans la zone d'étude

    4.2.1. Le type d'habitat

    C'est l'élément le plus frappant sur le terrain. Il est très diversifié : sur la façade principale des rues on a quelques immeubles qui contrastent avec les habitations précaires en arrière plan (Panche4 page 78).

    photo1 : maison haut standing face à l'autoroute de l'aéroport photo2 : maison précaire faites de matériaux

    photo3 :-maison construite à partir des matériaux de récupération photo 4 : maison précaire en subsidence

    Planche 4 : un habitat en mutation

    Notre intérêt sera porté sur le type d'habitation construit à partir des matériaux précaires. Ces habitations correspondent à des résidences individuelles groupées. Elles ne respectent aucun plan d'alignement, ce qui rend beaucoup d'entre elles peu accessibles. Dès lors une hypothétique intervention en cas d'inondation ne peut se faire dans les meilleurs délais.

    Comme nous l'avons susmentionné le type d'habitation dominant est construit à base de matériau provisoire, Il s'agit notamment de la maison en planche. Encore appelée maison en « Carabotte » c'est un indice du faible statu économique des populations de la zone étudiée et par conséquent du niveau de vulnérabilité.

    4.2.2 Nature du matériau du sol des maisons enquêtées

    L'observation du phénomène de remontée de capillarité nous a mené à l'intérieur de certains domiciles. Seulement 46 ménages ont bien voulu nous laisser franchir le seuil de leur porte. Qu'a cela ne tienne nous avons obtenu les résultats suivants (tableau 15 page 79).

    Tableau 15 : Matériau de construction des maisons et revêtement de la surface du sol

    Type d'habitation

    état du sol

    Chutes de planches

    Tôle

    Evolutif

    Parpaing

    Total

    Cimenté entièrement

    14

    X

    4

    31

    49

    Cimenté partiellement

    72

    2

    20

    4

    98

    Terre nue

    45

    23

    5

    X

    73

    Carreau

    X

    X

    X

    2

    02

    Total

    131

    25

    29

    37

    222

    Source : enquête de terrain 2010

    X = pas d'observation.

    Soulignons que si la surface du sol de certaines maisons est partiellement cimentées c'est parce que l'humidité permanente du sol et les remontées de capillarité créent des fissures sur la couche de ciment et finissent par la dégrader. A ce moment les eaux résurgentes viennent s'accumuler dans les différentes pièces de la maison. Tout contact avec ces eaux est potentiellement dangereux pour la santé. Nous observons également que le sol à l'intérieur de bon nombre de maisons n'est pas revêtit. Cet état de la surface du sol témoigne de la vulnérabilité économique de cette population.

    4.2.3 L'approvisionnement des ménages enquêtés en eau

    La question d'approvisionnement en eau potable demeure un épineux problème dans la zone étudiée, l'eau du puits, du forage et de la pluie sont encore très utilisées (tableau 16 page 80). Le puits reste la principale source d'alimentation. L'accès à cette source d'eau non potable est gratuit et rendu facile par la proximité de la nappe phréatique. Le réseau d'adduction en eau potable, quant à lui, dessert effectivement les quartiers étudiés mais sur les ménages enquêtés seulement sept y sont connectés. Ces ménages entretiennent alors un circuit informel de commercialisation où le litre d'eau se négocie au robinet à partir de 5Fcfa et en bouteille à 25Fcfa.

    Tableau 16: Utilisation de l'eau par les populations de la zone d'étude

    Usages

    Source

    d'approvisionnement

    Boisson

    Cuisson

    Ménage

    Lessive

    CDE

     

    ü X

    X

    X

    Fontaine

     

    ü X

    X

    X

    Puits

     
     
     
     

    ü ü ü ü Pluie

     
     
     
     

    ü ü ü ü Source : enquête de terrain 2010

    ü = utilisée

    X = pas utilisée

    L'utilisation des eaux de puits s'effectue sous toutes les formes. Précisons tout de même que ces eaux servent de boisson lorsque le ravitaillement en eau potable est impossible (coupures intempestives, rupture d'abonnement). Sur le terrain ces puits sont aménagés sans grand soin généralement laissés à ciel ouvert à la merci des intempéries et des eaux souillées des inondations.

    4.2.4 Le niveau de perception des risques étudiés par les populations

    Les premières enquêtes exploratoires nous ont permis de relever un fait curieux. Au cours des entretiens verbaux non structurés, sur un échantillonnage de 10 personnes vivant dans la zone d'étude, tiré au hasard dans les secteurs à priori exposés, toutes connaissaient le phénomène d'inondation mais refusaient en être exposés et admettaient parallèlement en être victimes. Visiblement elles ne ressentaient pas l'« épée de Damoclès » au dessus de leur tête. Les enquêtes ménages ont donné un résultat presque similaire (Tableau17 page 81).

    Tableau 17 : Résultats d'enquête sur la perception des phénomènes étudiés par les populations

    Questions

    Oui %

    Non%

    SR*

    Total

    Nkolmintag

    Q1- connaissez-vous le phénomène d'inondation ?

    100

    -

    -

    100

    Q2- connaissez-vous les remontées de capillarité ?

    14,01

    81,65

    04,34

    100

    Q3- êtes-vous exposés aux inondations ?

    26,53

    71,2

    2,2

    100

    Q4- avez-vous déjà été victime d'inondations et/ou remontées de capillarité ?

    94,35

    03,24

    02,41

    100

    Nylon

    Q1-

    100

    -

    -

    100

    Q2-

    09,56

    89,44

    01

    100

    Q3-

    05,47

    92,63

    01,9

    100

    Q4-

    68

    32

    -

    100

    Tergal

    Q1-

    100

    -

    -

    100

    Q2-

    40,86

    59,14

    -

    100

    Q3

    49,21

    50,79

    -

    100

    Q4-

    97,6

    02,4

    -

    100

    *SR (Sans réponse)

    Source : enquête de terrain 2010

    Cette attitude qui consiste à dénier l'exposition au risque peut s'expliquer par trois arguments. Premièrement, il est probable que les années de viabilisation du site par les populations, renforcée par l'action de la MAETUR, a considérablement baissé la fréquence des inondations. Deuxièmement, il est tout aussi plausible, que les populations interrogées faces preuve d'une amnésie cyndinique ou qu'elles se soient accoutumées à ces phénomènes et les banalisent à présent. Troisièmement cette perception peut être liée au comportement propre aux phénomènes naturels étudiés. Car d'une part les remontées de capillarité s'effectuent sans brutalité et peuvent être perçues comme sans conséquences, d'autre part il y a une grande variation de l'ampleur des inondations suivant les années. Ainsi entre deux inondations de grande ampleur, la population s'installe dans un pseudo - sentiment de sécurité, rejetant l'idée d'être sous la menace d'une future inondation.

    Tout compte fait, les observations de terrain (planche1 et 2 pages 43 et 45) et le bilan de l'inondation du 03 août 2000 (perte en vie humaines, annexe1) contrastent avec le niveau de perception des risques hydrologiques étudiés par les populations. Ce contraste est révélateur non seulement de l'absence de la culture du risque, mais aussi d'un certain conditionnement social qui relativise la catastrophe.

    4.3. Les enjeux vulnérables dans la zone d'étude

    Il s'agit des endommagements possibles liés à l'occurrence d'une catastrophe hydrologique.

    4.3.1 Les enjeux économiques

    4.3.1.1 Les activités économiques

    Les activités économiques sont nombreuses dans la zone. Les exploitations économiques les plus remarquables sont : les hôtels, les Boulangeries, les pharmacies, les ventes emportées ou « bars », les boutiques de vente en détail, des ateliers de coutures, de menuiserie... (Tableau 18 page 82)

    Tableau 18 : Les activités économiques menées dans la zone d'étude

    Activités

    Quartiers

    Hôtels

    Boutiques

    Pharmacies

    Ateliers

    Bars

    Nkolmintag

    4

    19

    3

    12

    15

    Nylon

    2

    26

    7

    6

    28

    Tergal

    01

    17

    /

    31

    19

    Total

    07

    64

    10

    49

    52

    Source : Enquête de terrain 2010

    La zone étudiée connait donc un bon nombre d'activités économiques qui s'installent et s'exercent sans tenir compte des caprices du milieu naturel. Il n'est pas rare que des commerçants constatent avec amertume que la marchandise (sucre, lait en poudre, farine...) ait été endommagée. Les chiffres sur les dégâts matériels subits par les commerces dans la zone étudiée sont malheureusement inexistants, mais un chef de ménage qui tient une petite boutique de biens manufacturés dans le quartier, nous rapporte qu'il a déjà été victime de plusieurs pertes dues aux inondations. En effet, l'eau s'est infiltrée dans son échoppe à une hauteur d'un demi - mètre lors des inondations d'Août 2000 et a détruit tous les produits qui s'y trouvaient.

    4.3.1.2 Les biens domestiques de valeur des chefs de ménage

    Les inondations et les remontées de capillarité sont responsables de la destruction des habitats. On compte environ 30 maisons abandonnées ou inachevées, envahies par les eaux stagnantes.

    Les eaux de remontée de capillarité et d'inondation menacent également les biens immobiliers présents dans les maisons. Car en dépit de leur état parfois précaire elles sont généralement équipées en télé, radio, meuble... ces biens matériels peuvent être détruits en cas d'inondations ou de remontées de capillarité.

    4.3.2 Les enjeux sociaux vulnérables dans la zone d'étude

    Il existe plusieurs lieux sociaux dans les quartiers étudiés, ceux qui nous intéressent le plus sont : Etablissements scolaires, les foyers sociaux, les terrains de football (tableau 19)

    Tableau 19 : Enjeux sociaux dans la zone d'étude

    Enjeux sociaux

    Quartiers

    Etablissements scolaires

    Foyers sociaux

    Terrains de football

    Nkolmintag

    04

    03

    02

    Nylon

    06

    03

    01

    Tergal

    02

    01

    01

    Source : Enquête de terrain 2010

    Les établissements scolaires sont soit des écoles primaires soit des écoles maternelles. Certains établissements privés sont crées de manière clandestine. Les 09 établissements de la zone d'étude accueillent environ 725 enfants, âgés en moyenne de 04 à 11 ans. Parmi ces écoles seules trois sont aménagées durablement, le reste est construit en matériaux de récupération et dans des conditions sanitaires déplorables. S'il est vrai que la période des inondations la plus redoutable coïncide avec celle des grandes vacances (juillet à octobre), il n'en demeure pas moins que, les pluies du mois d'avril et de mai dégradent l'état du sol dans les salles de classe au plancher non cimentées. Les jeunes élèves se trouvent alors dans un environnement malsain, source d'exposition à des maladies et à des frustrations. De plus, une perturbation du cycle saisonnier des pluies peut conduire à des évènements pluvieux extrêmes, au moment où tous ces enfants sont à l'école. Ces derniers se retrouveront alors à la merci des eaux.

    Les Foyers sociaux sont des salles construites pour le regroupement de certaines communauté évoluant dans ou hors de la zone d'étude. Ce sont des lieux où s'organise et se manifeste la solidarité entre les membres d'une même communauté villageoise. Nous en avons dénombré plus d'une dizaine construits de façon durable. Lors des inondations ces quartiers ne sont pas fréquentables à cause de la stagnation des eaux et des difficultés d'accès, cela bloque ces mouvements communautaires, pourtant utiles à l'obtention de petits prêts (tontines) et autres formes d'aide.

    Les terrains de football dans cette zone sont les derniers espaces de loisirs. Ils permettent aux jeunes de se fréquenter et de s'intégrer facilement dans le quartier et même dans la ville. Ces quartiers passent pour être parmi les plus chauds de la ville, la présence de telles infrastructures ne peut que canaliser positivement l'énergie de la jeunesse désoeuvrée. Or en période de pluie ces terrains deviennent impraticables et cela ne va pas sans accroitre un certain ressentiment déjà enraciné par la pauvreté ambiante ( fig.16, page 85).

    Madagascar

    Brazzaville

    Nkololoun

    Kilomètre 5

    New-Bell nouveau terrain

    Centre industriel Bassa

    Oyack

    Nylon

    Tergal

    Nkolmintag

    Lebipaga

    Casino

    Picasso

    Source : CUD + travaux de terrain 2010

    Fig.16 : occupation du sol dans la zone d'étude

    4.3.3 Les enjeux sanitaires

    4.3.3.1 La relation entre les phénomènes étudiés et les maladies hydriques

    Les inondations et les remontées de capillarité produisent des conditions physico chimiques propices au développement de certains agents pathogènes. Il s'agit spécialement des agents des maladies hydriques. En effet la stagnation des eaux provenant de ces phénomènes agissent de manière directe, par contact ou alimentation, ou indirecte en tant que habitat d'organismes pathogènes, dans la transmission des maladies suivantes (tableau20)

    Tableau 20 : Maladies auxquelles s'exposent les habitants de la zone d'étude

    Maladies

    Agent pathogène

    Rôle de l'eau

    Phénomène responsable

    Ankylostosomiase

    Ankylostome

    Contact avec une eau souillée

    Inondation

    Remontée de capillarité

    Paludisme

    Anophèle femelle

    Niche des eaux stagnantes sont des niches larvaires

    Habitat pour le germe pathogène

    Inondation

    Dysenterie bacillaire

    salmonelle

    Absorption d'une eau contaminée

    -Inondation

    -remontée de capillarité

    Filariose lymphatique

    Anophèles culex, aèdes

    Habitat pour le germe pathogène

    Inondation

    Bilharziose

    Schistosome

    Contact avec des eaux contaminées

    -Inondation

    -remontée de capillarité

    Amibiase

    amibe

    Absorption d'une eau contaminée

    -Inondation

    -remontée de capillarité

    Fièvre typhoïde

    Bacille d'Ebert

    Absorption d'une eau contaminée

    -Inondation

    -remontée de capillarité

    Source : OMS + enquêtes de terrain

    On peut également évoquer le choléra dont le spectre pèse sur tous les quartiers précaires de la ville ( ASSAKO ASSAKO R.J.,et al 2004.) En effet les eaux pluviales agissent comme un facteur d'endémicité dans la mesure où les produits humains porteurs de germes sont libérés, par les populations, dans les eaux de ruissellement. Ces eaux entraînent alors la dilution du capital bactérien et sa pérennité au niveau des exutoires Félix H. (1991).

    4.3.3.2 Bilan des cas maladies enquêtées dans la zone d'étude

    L'enquête réalisée auprès des ménages à propos des maladies les plus récurrentes montre que plus de 80% (fig.8 page 87) des chefs de ménages sont touchés par le paludisme. Il peut s'avérer que les déclarations des ménages ne soient pas les conclusions d'un diagnostic posé par une autorité médicale. Mais cette maladie a déjà fait tellement de victimes que ses symptômes sont bien connus. L'anophèle femelle qui transmet la maladie trouve dans les quartiers étudiés des conditions propices à son développement. En effet, la permanence des plans d'eau favorise la reproduction des moustiques. Leur prolifération augmente les risques de transmission de cette maladie.

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Fig.17 : Nombre de cas de maladies hydriques dans la zone d'étude

    A ce titre le nombre élevé de cas de paludisme dans ces quartiers s'explique en grande partie par la sensibilité de ce milieu aux inondations et aux remontées de capillarité. La fièvre typhoïde, la dysenterie et les gastro -entérites sont également très récurrentes. Elles n'ont pas un lien direct avec l'inondation. Cependant il faut signaler que l'eau de cuisson provient majoritairement des puits qui sont très souvent aménagés de façon sommaire. En cas d'inondation ceux - ci sont parfois infectés. Dès lors toute absorption peut entraîner de troubles gastriques et d'autres complications.

    Les remontées de capillarité entraînent aussi des infections sanitaires. Car les eaux qui s'exfiltrent sont de qualité douteuse en raison du principe de vase communicant qui met les eaux souterraines en contact avec des sources de pollution éloignées (effluents industriels et domestiques, fosse d'aisance qui ne respectent pas les règles d'hygiènes). Quand ce phénomène se produit à l'intérieur de la maison, les enfants surtout ceux qui ont entre 1 et 5 ans sont très vulnérables puisqu'ils peuvent jouer dans cette eau ou encore l'absorber.

    On note également les maladies de la peau comme la filariose qui s'attrape ici par contact avec l'eau sale. Les inondations et les remontées de capillarité agissent comme des vecteurs de cette maladie. En effet lorsqu'il y a une inondation les populations n'hésitent pas à plonger les pieds dans l'eau pour allez vaquer à leur occupation. Il arrive quelque fois que les enfants se baignent dans les piscines d'eau souillées qui se créent. Les habitants de ces quartiers savent qu'à partir du moment où le niveau d'eau est en dessous de la ceinture il n'empêche pas le déplacement. Pourtant cette eau, forcément contaminée, est source de maladies épidermiques.

    CONCLUSION 

    En somme, notre zone d'étude est réellement exposée aux inondations et aux remontées de capillarité. Une crue exceptionnelle poserait de graves dommages matériels et affecterait la vie de milliers de personnes. Au delà du pouvoir destructeurs des eaux pluviales, celles - ci créent dans le milieu des conditions écologiques propices au développement des maladies hydriques. Les problèmes de santé qui en découlent constituent une menace supplémentaire à laquelle il faut veiller.

    CONCLUSION GENERALE : 

    Les risques d'inondations et de remontées de capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal ont été analysés tout au long de ce travail. En effet, la possibilité de tester l'approche aléa-susceptibilité-vulnérabilité tout en vérifiant nos hypothèses de départ, a guidé ce travail. L'utilisation de l'approche aléa-susceptibilité-vulnérabilité a été fondamentale, car elle nous a permis de disloquer artificiellement le sujet en éléments simples et faciles à étudier. Même si elle semble linéaire, elle a l'avantage de permettre une meilleure détermination et spatialisation des phénomènes incriminés, et de cerner les facettes de la vulnérabilité. Quant à nos hypothèses, la première s'est partiellement vérifiée. En réalité, notre développement montre que les risques d'inondation et de remontées de capillarité ne se produisent pas forcement après une forte pluie. La deuxième hypothèse, pour sa part s'est largement vérifiée. Ceci dit, c'est la concentration des évènements pluvieux sur les mois de « la grande saison de pluie » combinée à la topographie plane du site, sa faible altitude, ses pentes insignifiantes, ses sols sablonneux, et ses cours d'eau très actifs qui amplifient les phénomènes hydrologiques étudiés. Il ne fait donc pas de doute que lorsque ces conditions naturelles sont celles d'un milieu habité, les populations vulnérables sont affectées. Ceci nous pousse à passer à la troisième hypothèse dont l'analyse a montré que les populations des quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal sont réellement exposées aux risques d'inondation et de remontées de capillarité. En effet, les facteurs économiques (conjoncture globale, coût des terrains et des loyers, revenus...), sociologiques (l'âge, mode d'accès au sol...) agissent comme des forces qui créent une grande vulnérabilité des habitants de la zone d'étude. Cette vulnérabilité est perceptible à travers le type d'habitat dominant, les sources d'approvisionnement en eau et le revêtement de la surface du sol des habitations... Ensuite, il existe plusieurs enjeux qui peuvent être affectés dans l'espace étudié notamment la santé humaine, les commerces, les établissements scolaires, les commerces... L'état des lieux décrit dans cette étude impose quelques recommandations. Afin de maitriser les risques hydrologiques analysés, nous proposons :

    Ø la création d'un observatoire de veille et de lutte contre les phénomènes hydrologiques étudiés.

    Ø La réalisation d'un document stratégique de réduction des risques d'inondation et de remontées de capillarité.

    Ø La délimitation des espaces de libertés des cours d'eau à l'aide des outils cartographiques et de la télédétection et éventuellement leur dépeuplement.

    Ø La surveillance de l'évolution des précipitations afin de déclencher l'alerte.

    Ø La mise en place d'un organisme autonome de gestion des catastrophes.

    Ø La conservation sur le terrain de la mémoire des ces phénomènes afin d'éviter l'oubli.

    Ø La construction des logements sociaux qui tient compte des contraintes du milieu moyennant leur gratuité pour les occupants actuels du site, voire un recasement.

    Ø La délimitation par la MAETUR d'un zonage en fonction de la gravité des phénomènes hydrologiques étudiés.

    Ø L'installation, pour les domiciles où se produisent les remontées de capillarité, d'un dispositif léger et durable qui est l'électro osmose inverse. Sommairement il permet d'inverser le champ electro - magnetique produit par le déplacement de l'eau ce qui inverse le sens déplacement. On le réalise par un cerclage du bâtiment avec un fil de cuivre sur lequel on place des anodes (électrode cuivre) à espaces réguliers dans le mur; ce fil est relié à une cathode (Fiche d'acier galvanisé dans le sol) mis à la terre. Les anodes sont reliées à un générateur de courant continu (6 à 8 volts) ; qui pourra fonctionner à énergie solaire

    Ø La prise en compte et la sensibilisation des populations aux politiques et aux actions de réduction de la vulnérabilité.

    BIBLIOGRAPHIE

    I - OUVRAGES

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    7- HAERINGER Ph., 1973, « Propriété foncière et politiques urbaines à Douala». Inédit

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    14- ONANA V. P., RUDANT J. P., ETOUNA J., WADE S., 2005, «  Dynamique urbaine à l'aide d'images RSO et son impact dans les facteurs d'aggravation des risques d'inondation en milieu urbain : cas de la ville de Douala (Cameroun) », Télédétection, vol.5, n°(2-2-3), pp. 19 - 32.

    15- TESSIER D., 1994, « Le rôle de l'eau sur les propriété physiques des sols », Sècheresse, vol.5, n°3, pp. 143 - 150.

    16- TCHAWA P., 2007, « Approche des dynamiques territoriales des hautes terres de l'Ouest par le modèle de la formation socio spatiale », Annales de la FALSH, UYI, vol.1, n°6, nouvelle série, premier semestre, pp. 160 - 187.

    17- TCHIADEU G., 2010, «  A propos du démarrage de la saison de des pluies au Cameroun », Mutibe, revue de la FLSH, UD, vol. 2, n°spécial, pp. 203 - 213

    18- TCHOTSOUA M., FOTSING J. M., MOUSSA A., 6 - 9 Novembre 2007, « Evaluation des risques d'inondation dans la vallée de la Benoué en aval du barrage de Lagdo (Cameroun) », Actes des J.SIRAUF, Hanoi, 9p.

    III- THÈSES ET MÉMOIRES

    v THÈSES

    1- DELORME - LAURENT V., 2007, contribution à la méthode hydrogéomorphologique de détermination des zones inondables, Thèse de doctorat, tome 1, Université D'Aix Marseille 1, 436p.

    2- SUCHEL J-B., 1988, Les climats du Cameroun, Thèse de doctorat d'Etat, tome 3, Université de Bordeaux III, 1175p. et un atlas hors textes.

    v MÉMOIRES

    1- DZALLA N., 2000, Pauvreté et environnement : l'action anthropique dans les écosystèmes du bassin atlantique camerounais ; le cas de la mangrove de Douala, Mémoire de maîtrise, Université de Dschang.

    2- ISMAILA, 2005, Initiative de développement urbain et précarité dans lma zone nylon à Douala : cas des quartiers Tergal et Madagascar, Mémoire de DEA, FLSH, Université de Douala, 90p.

    3- M'BASSI ELONG, 1972, Le problème de l'eau à Douala, Mémoire de DESS, UCAC, Yaoundé, 68p.

    4- NDJANTENG M-C., 2005, Logiques des acteurs et gestion de l'espace périurbain : cas de la zone Nylon et de Douala Nord, Mémoire de DEA, FLSH, Université de Douala.

    5- NGIEKOU G. P., 2010, Gestion foncière et problématique de l'aménagement urbain au Cameroun, Mémoire de master II, FALSH, UYI.

    6- NGUEAGNE H., 2007, Pollution des eaux souterraines, Mémoire de maîtrise, Faculté des Sciences, UD, 38p.

    7- SIMARD M., 1999, Proposition de mesures à adopter pour réduire les risques inhérents à d'éventuelles inondations catastrophiques de la rivière Saint- François à Sherbrooke, Mémoire de maîtrise, Faculté d'Aménagement, d'Architecture et des arts Visuels, Université de Laval, 171p.

    8- TADGUIDJE L., NGOUANG Y., NTOLO U., 2004, Etude géotechnique des couches superficielles du sol de la ville de Douala, Mémoire de DIPET II, ENSET, Université de Douala, 42p.

    VI- RAPPORTS ET SITES INTERNET

    v RAPPORTS

    1- BUCREP, 2010, Rapport de présentation des résultats définitifs du recensement de 2005, 67p.

    2- MINATD, Direction de la Protection Civile, 2003, Prévention des risques et gestion des catastrophes au Cameroun, 41p.

    3- GREPA, 2004, De la planification urbaine à l'urbanisme des projets de lotissements au Cameroun : impacts sur les stratégies d'accès à la propriété et aux services urbains, rapport final, 122p.

    v SITES INTERNET

    1- http://www.jle.com/fr:institutionnel/credits.mhtml, 2010

    2- http://www.persée.fr./web/revues/home/prescript/article, août 2012

    3- http://cybergeo.revues.org/22022, juillet 2012

    4- http://hydrologie.org/glu/FRDI/DICRISQU.HTM le 12/03/2012






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