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Rites traditionnels en pays Degah. Regard anthropologique sur le Gbà¶nnචdans le village de Motiamo.

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par KOUASSI MALIRET KOUAKOU
EFAC/INSAAC - Master professionnel 2015
  

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2. Le déroulement de la célébration

Le Gbônnô, en tant que rites funéraires et fête de nouvel an, se déroule en deux grandes étapes relatives aux cérémonials funèbres et aux solennités de la célébration du nouvel an.

2.1- Les cérémonials funéraires ou lourri

La première étape du Gbônnô consiste aux grandes funérailles ou Lourri. Cette étape des funérailles dure trois (3) jours et se déroule en trois (3) phases. Il s'agit respectivement du Lawia, le Bouètchôa et le Côta.

- Le Lawia : Les cérémonials funéraires commencent le soir des préparations de la boisson. C'est le premier jour des grandes funérailles correspondant au Sémé dans le calendrier traditionnel. Cette nuit-là, on organise des pleurs dans chaque famille concernée par les rites. Les parents, proches et ami(e)s du défunt convergent dans la cour qui abrite les funérailles pour pleurer à sa mémoire. Le Lawia est donc une sorte d'hommage qui veut dire « pleurs de regrets du défunt ».

- Le Bouètchôa : Après le Lawiadu Sémé qui annonce le début des funérailles, on en arrive le jour suivant au Bouètchôa ou encore Hèlètchôa qui consiste en une veillée traditionnelle dans tout le village à partir du soir. Ce jour correspond au Kanan (troisième jour du calendrier traditionnel). La journée est consacrée aux préparatifs et aux ménages sur les lieux abritant les funérailles dans les différentes familles en deuil. La veillée commence autours de 19h par le Wara qui est la danse traditionnelle qu'on exécute pour la circonstance. Cette danse à laquelle tout le monde peut prendre part, commence à l'entrée du village pour s'établir ensuite sur la place publique. L'exécution du Wara est suivie d'ambiances populaires, fanfare et diverses. A la suite du Wara, toutes les autres danses traditionnelles peuvent être organisées pendant la veillée. Par ailleurs, après le Wara et quelques moments d'animations sur la place publique, les soirées se délocalisent dans les familles en deuil. En cas de plusieurs deuils dans le même quartier, les veillées peuvent être regroupées en un seul lieu. Les veillées durent jusqu'au matin du jour suivant. En guise de soutien aux familles en deuil, la fanfare du village entreprend des visites d'animations tôt le matin dans les différentes assemblées en veillée(2(*)), pour y apporter plus d'ambiances populaires et de ferveurs. Le lendemain du Bouètchôa est consacré à la présentation des condoléances et dons qui sont reçus et officiellement annoncés dans l'assemblée. Les attroupements sur les lieux de deuils perdurent jusqu'à une certaine heure de la matinée (voir l'image ci-dessous).

2- vue d'un lieu de deuil au matin du Bouètchôa

Source : KOUAKOU Kouassi Maliret, Motiamo le 21 novembre 2014

- Le Côta : C'est l'accompagnement définitif des morts. Côta signifie littéralement « jet des vaisselles de terre ou plats en poterie ». Ces vaisselles de terre, faites spécialement pour les funérailles, contiennent des charges qui sont dites renfermer l'âme des défunts. Ces charges sont portées par des jeunes femmes en incarnation des défunts. Celles-ci les abandonnent au cimetière du village au bout d'une longue procession à partir de la place publique. Selon les différentes phases de déroulement de l'évènement, le Côta a lieu au lendemain du Bouètchôa correspondant au Mouléha (quatrième jour du calendrier traditionnel). Le Côta est l'étape la plus importante des funérailles. L'originalité et le caractère spectaculaire de l'évènement en font un festival exclusif qui attire une foule immense de spectateurs composés essentiellement des villageois, quelques invités et étrangers issus de villages voisins. Il intervient dans la soirée, au coucher du soleil. Mais plusieurs rituels précèdent ce moment.

Les préparatifs du Côta :

Tout commence le matin au lendemain du bouètchôa par les préparations. Dans les familles, on abat les bêtes qui vont servir à la confection des repas. Toutes les femmes s'activent à la cuisine pour préparer de quoi à manger aussi bien pour les étrangers reçus que pour leurs familles. Pendant ce temps, les populations se réunissent en assemblées pour débattre des sujets d'intérêts communs et le règlement des problèmes de familles. Cette matinée est aussi l'occasion d'animations traditionnelles éclatées dans le village avec notamment les Yoman. Les Yoman sont les petits fils et petites filles du défunt. Badigeonnés et vêtus traditionnellement, ceux-ci parcourent les quartiers du village en signe de soumission et de dévouement à leurs défunts grands parents, effectuant des visites chez les enfants, neveux et nièces de la personne décédée pour les encaisser de l'argent conformément à la tradition. Mais la personne encaissée a librement le choix du montant qu'elle donne aux Yoman. On parle, pour ce rituel, de Nan-Nan Wia.

Après le déjeuner, les femmes se retrouvent dans les familles de deuil pour préparer le Boûtchoûa-coûlî ou Coûh-djénan qui désigne le repas fait spécialement pour les rites. Avant de commencer, les femmes attendent l'autorisation des sages qui font le tour des familles de deuil pour des rituels autorisant la préparation. Ce repas qu'on appelle traditionnellement Coûlî ou Kabato en d'autres langues, est fait à partir d'un mélange de farine de maïs et de manioc qu'on transforme en patte dans des grosses marmites au feu contenant de l'eau bouillante. La patte est obtenue par l'action des femmes qui pétrissent le contenu de la marmite sur le feu avec des sortes de bois fabriqués à cet effet.Une fois cuit, la part de repas qu'on utilise pour les rituels, appelée Côta-coûlî(3(*)), est servie dans une vaisselle de poterie dite Lacôla. Pendant que les femmes sont à la tâche pour préparer le Boûtchoûa-coûlî, les sages du village font le tour des quartiers de deuil pour le Hîlatchôguî. Il s'agit d'une cérémonie au cours de laquelle des ignames et des bêtes sont apportées par les époux ayant contracté un mariage avec une fille ou une nièce du défunt, en guise de provisions pour son dernier voyage au pays des morts. Cette coutume s'impose à tout époux-gendre de la personne décédée, quelle que soit sa religion. Par ailleurs, le Hîlatchôguî est organisé pour tout défunt concerné par les rites funéraires, qu'il soit homme ou femme. Au cours de la cérémonie, chaque beau-fils ou gendre apporte six (6) ignames accompagnées obligatoirement d'une chèvre ou cabri pour les gendres ayant épousé une fille du défunt et d'un poulet ou chèvre (selon les moyens) pour ceux ayant marié une nièce du défunt, ainsi que de l'argent comme prix de sel. Une fois les dons(4(*)) présentés officiellement dans l'assemblée, il revient aux sages, c'est-à-dire le chef du village et ses notables qui président la cérémonie, d'approuver. Ceux-ci peuvent les accepter ou les refuser selon que le don est incomplet ou qu'il n'honore pas la mémoire du défunt. Dans le partage qui se fait sur place, une igname reste au chef du village et le reste des dons est retourné à la femme du donateur. La cérémonie est marquée aussi par le partage de la boisson traditionnelle fabriquée quelques jours avant. Cette boisson contenue dans des canaris ou Sinvi, est présentée pour être partagée dans l'assemblée. Le nombre de Sinvi qu'on sort dans l'assemblée équivaut au nombre de deuil dans le quartier.

Elle est servie dans des petites calebasses, en commençant par le porte-parole du chef qui fait des libations d'abord.

3- Une vue de Sinvi lors d'une cérémonie de Hiltchôguî

Source : KOUAKOU Kouassi Maliret, Motiamo le 21 novembre 2014

La cérémonie du Hîlatchôguî autorise les familles à procéder aux offrandes de nourriture et l'abattage des bêtes apportées par les gendres.

On commence par tuer les animaux (généralement des poulets ou chèvres) qu'on va utiliser comme viande pour le repas des défunts. Il s'agit de leur dernier repas sur la terre des vivants avant leur départ définitif au pays des morts. Une fois ce repas contenu dans des vaisselles en terre ou Lacôhlî est prêt, il est donné au défunt par des femmes âgées. La nourriture est servie aux défunts à même le sol par les femmes, en même temps qu'elles font des invocations et des prières.

Les offrandes de nourriture font place aux sacrifices des animaux offerts en l'honneur des défunts (voir l'image ci-dessous).

4- Offrande sacrificielle à un défunt avant le Côta

Source : KOUAKOU Kouassi Maliret, Motiamo le 21 novembre 2014

Les Dègah de Motiamo pensent que leurs ancêtres sont dotés d'un pouvoir d'intercession et prient Dieu à travers eux. C'est ainsi que lors des rites funéraires annuels, ils leurs offrent des animaux en sacrifices pour implorer leur bénédiction et leur plaidoyer auprès du Dieu suprême en faveur des vivants. Les enfants du défunt apportent une chèvre ou un cabri qui est offert en sacrifice en l'honneur de leur défunt parent. Les chèvres ou cabris apportés par les gendres directs sont tués à un endroit du mur de la cour après que l'esprit du défunt y ait été invoqué, pendant que les poulets et autres bêtes offerts par les autres gendres sont sacrifiés sur le Lacôla. Ces offrandes sont précédées de libations faites avec la boisson traditionnelle préparée préalablement. Pour toute offrande sacrificielle faite, les animaux sont tués et dépecés, les cuisses gardées dans la famille de deuil et le reste retourné à l'épouse du donateur. Notons que les sacrifices sont faits par des personnes spéciales désignées selon les rapports interculturels et les alliances entre les différentes familles dans le village. C'est dire que pour un deuil dans une famille donnée, il existe des gens dans une autre famille alliée à qui il revient de présenter les offrandes et faire les sacrifices.

Après les offrandes sacrificielles(5(*)), l'étape suivante qui précède le Côta est l'apprêt des Lacôhlîdans les différentes familles de deuil. Cela se fait dans le plus grand secret et la plus grande intimité par les doyen(ne)s. Les Lacôhlî sont les charges qui symbolisent la présence du défunt que l'on est en train d'accompagner définitivement au pays des morts. Ceux-ci sont dits renfermer les âmes des défunts. Ils comprennent généralement des pagnes qui couvrent les vaisselles de terre ou Côla, représentant la partie visible de la charge. Cependant, leur contenu n'est connu que des sages et doyens. Une fois le moment du Côta venu, les Lacôhlî sont chargés par des jeunes femmes jusqu'au cimetière du village pour y être abandonnés. En outre, la charge ou Lacôla est porté uniquement par une jeune femme issue de la même famille que celle des hommes ayant fait les sacrifices d'animaux, c'est-à-dire de la famille alliée à celle du défunt.

Le déroulement du Côta

Le Côta est la dernière phase des rites funéraires. C'est l'étape de l'accompagnement et des adieux. Tout commence autour de 16h sur la place publique du village qui ouvre directement sur le cimetière. Pour l'occasion, toutes les populations et les invités prennent place sur les lieux et le long du passage, assises pour certaines et débout pour d'autres. La disposition est faite de sorte à permettre une ouverture de scène qui sert de passage aux porteuses des charges contenant l'âme des défunts (voir l'image ci-dessous).

5- Passage de porteuses de charges avec des âmes de défunts, symbole du départ de morts

Source : KOUAKOU Kouassi Maliret, Motiamo le 21 novembre 2014

Le départ des morts(6(*)) se fait par une longue procession des jeunes femmes portant l'âme des défunts. Habitées par l'esprit du défunt, elles passent par ordre d'appels sur la place publique devant toutes les populations pour les derniers adieux. Lorsque la cérémonie commence, les jeunes femmes portant les charges sont conduites sur le lieu pour y prendre position avant d'être appelées par ordre de passage selon la place et le rôle de la famille d'appartenance du défunt dans le village. C'est ainsi que les derniers défunts qu'on accompagne sont toujours ceux issus de la lignée du chef, notamment du quartier Yarafôgô. Derrière les jeunes femmes, suivent les membres de la famille, accompagnant leur défunt-parent en pleurs et en larmes. A chaque appel donc, et au son de la fanfare, apparait une jeune femme avec une charge sur la tête. Devant toute l'assemblée et le public présent, elle passe, dit-on, avec l'esprit du défunt.

Cette incarnation se manifeste par le comportement, la démarche, les gestes, la voix, le sourire et le style des jeunes femmes généralement identiques à ceux du disparu de son vivant. On peut noter également des effets stylistiques et émotionnels tels que l'humour, la comédie, le regret, le mécontentement etc., habituels au disparu. Chaque passage peut être est suivi d'une prise de parole pour un dernier message que le défunt laisse à ses proches. Il peut s'agir d'un message de reconnaissance à ses bienfaiteurs de son vivant, de mécontentement, d'adieu, d'invitation à l'amour, à la paix où à la réconciliation entre personnes en conflits ou encore de legs. Toujours concernant le disparu qui s'exprime par l'intermédiaire de la jeune femme qui l'incarne, il produit parfois des gestes qui accompagnent son discours. Il peut, dans cette dynamique, produire des gestes qui ne sont pas souvent compris par tous les participants. Seuls les sages en comprennent généralement le sens et c'est eux qui traduisent ces messages codés aux membres de la famille après la cérémonie.

Aussi, les mouvements de la jeune femme sont très souvent à l'image du disparu selon son état d'âme. Ainsi, peut-elle circuler dans tous les sens quand le disparu est content ou refuse de partir, ou alors ne pas faire du tout de mouvement et marcher tout droit vers le cimetière quand le disparu se sent blessé, par exemple, exprimer son regret ou son indignation suite à une mort prématurée. Au niveau du costume des jeunes femmes, il était autrefois choisi parmi les plus beaux vêtements du disparu selon la manière dont celui-ci s'habillait de son vivant en situation de fête. Mais aujourd'hui les tenues vestimentaires ont été libéralisées de sorte que les jeunes femmes qui portent les charges sont libres du choix de leur habillement pour la circonstance.

Au terme de la procession et de tous les mouvements, les Lacôhlî sont abandonnés au cimetière. Là-bas, la charge est laissée tomber de sorte à casser la vaisselle de terre ou Côla. C'est à ce moment précis que l'esprit du défunt quitte la charge et la jeune femme l'ayant porté. Une fois la charge jetée et le Côla cassé, on récupère le bas et les pagnes qu'on ramène au village. Le reste est abandonné sur les lieux. Le bas de la vaisselle qu'on récupère est gardé soigneusement pour servir à des rituels d'adorations annuelles du défunt à partir de la troisième année après les rites funéraires.

Il faut ajouter aussi que porter le Lacôla est très souvent une épreuve assez difficile pour la jeune femme, vue les mouvements du défunt dont elle porte l'esprit. Elle peut tomber en transe sur le chemin du départ au cimetière ou alors s'évanouir une fois les charges abandonnées et l'esprit du défunt parti. Parfois même en perte de connaissance, la jeune femme doit être portée du cimetière jusqu'à domicile.

Dans le passé, après le Côta tout le village restait dans le silence et le recueillement. Le calme restait toute la nuit pour laisser partir les défunts. Tout le monde dormait très tôt de peur de rencontrer un fantôme, car il se raconte qu'on pouvait sentir la révolte des morts qu'on venait d'accompagner. Il n'était pas rare d'entendre leurs voix et leurs murmures tout au long de la nuit. Cette nuit était sacrée et le village faisait peur surtout qu'il faisait très noir, puisque le Côta a lieu avant la sortie de la lune. Mais avec le modernisme et surtout l'électrification du village, des animations sont désormais permises. Ainsi depuis quelques années, on assiste après le Côta, notamment à partir de 21h, à un concert populaire avec la présence d'artistes, suivi d'un bal poussière jusqu'au matin du premier jour de la nouvelle année consacré aux festivités du nouvel an.

2.2- La solennité du nouvel an

La deuxième grande étape du Gbônnô est la célébration du nouvel an. Elle a lieu au lendemain du Côta. C'est un jour de joie après l'affliction des funérailles, mais surtout un jour de fête pour dire bonne arrivée à la nouvelle année. Au réveil, on se souhaite les meilleurs voeux pour la nouvelle année.

Mais déjà au matin, les femmes des familles endeuillées font le tour des cours pour dire merci aux populations pour leur aide dans l'organisation des obsèques de leurs parents la veille. La matinée est également consacrée aux réunions de familles et aux règlements des problèmes communautaires. On saisit l'occasion pour interpeller les personnes qui ne viennent pas au village en leur transmettant des messages par l'intermédiaire de ceux qui sont en contact avec eux. Les doyens en profitent pour donner des conseils aux plus jeunes. C'est un jour de retrouvailles entre parents, amis, connaissances et invités. Pendant ce temps les femmes sont à la cuisine pour les repas de fête. Chaque famille organise sa fête à sa manière. C'est un jour de partage et de solidarité. Les uns et les autres s'invitent entre amis pour déjeuner.

La solennité du nouvel an est marquée surtout par une grande cérémonie protocolaire qui aboutit à un bal dansant jusqu'à l'aube. La cérémonie enregistre aussi diverses prestations, notamment des défilés(7(*)).Les défilés sont l'une des plus grandes séquences et une étape très attendue du Gbônnô. Ils consistent en une parade carnavalesque des populations par catégories d'âges et professionnelles, au son de la fanfare. C'est une occasion d'intégration et de promotion des différentes couches sociales en présence dans le village notamment les enfants, les jeunes filles, les femmes et les jeunes. La procession commence par les enfants et les élèves de l'école primaire du village. Vêtus de leurs plus beaux habits, ils passent devant toute l'assemblée en colonies organisées de deux (2) rangées, sous le regard admiratif et passionnant de leurs parents et des festivaliers. Ceux-ci sont suivis des jeunes filles, des femmes et des jeunes hommes qui défilent généralement par groupes formés sur des critères d'âges, de mouvements associatifs ou de catégories professionnelles. C'est ainsi qu'on peut les voir suivre le mouvement, des plus jeunes aux plus âgées, très souvent en uniformes différents ou costumes marrants avec des instruments et objets tels que des poteries pour symboliser l'activité qu'ils exercent ou leur rôle dans la société. Ce défilé se veut aussi une sorte de jeu théâtral qui attire l'attention de toute l'assemblée. Il donne lieu à des déguisements et des jeux d'acteurs. Chaque défilant choisit un rôle spécifique pour lequel il est déguisé. Au-delà de ce caractère lyrique, le défilé est aussi un moyen de socialisation, mais surtout une entremise d'éducation et de sensibilisation aux réalités de la société. Pour l'édition 2014 par exemple, des jeunes ont choisi de sensibiliser les populations sur la fièvre hémorragique Ebola en se passant pour des agents de santé lors de leur défilé (voir l'image ci-dessous).

6- Scène de sensibilisation sur Ebola lors des défilés du nouvel an au Gbônnô 2014

Source : KOUAKOU Kouassi Maliret, Motiamo le 21 novembre 2014

En plus des défilés qui donnent un caractère festivalier à la cérémonie, les festivités solennelles du nouvel an enregistrent la présence d'artistes qui viennent donner des spectacles gratuits. Il s'agit généralement d'artistes locaux et parfois même de la scène nationale. Ceux-ci interviennent tout le long du déroulement de la cérémonie meublée également d'allocutions, de remise de prix etc. L'annonce de la présence d'artistes attire les populations des villages voisins. Ainsi, de même que lors du Côta la veille, le village devient ce jour-là un pôle attractif d'animation culturelle et de show.

Cette cérémonie est assortie d'un spectacle géant offert par la fanfare du village débouchant sur une soirée dansante jusqu'à l'aube. La place publique se transforme pour l'occasion en un théâtre plein air. Au rythme des meilleures mélodies de la fanfare reconnue dans tout le département pour son savoir-faire, les populations et les festivaliers partagent leur joie dans la liesse populaire et à travers la danse. Le bal dure jusqu'à 21h environ, pour faire place ensuite à une soirée dansante au son des appareils de sonorisation spécialement affectés pour l'évènement. Pendant ce temps, les maquis et bars battent également leurs pleins, servant de cadres de rencontres, de récréations et de passe-temps entre amis en fête.

Après les festivités officielles du premier jour de la nouvelle année, la fête se poursuit le lendemain avec notamment des rencontres sportives. En effet, des tournois de football et matchs de gala sont organisés à l'occasion de la fête, pour mettre en compétition les différentes couches sociales dans un esprit de brassage, de fraternité et de cohésion entre les populations.

Ces activités sportives, rites traditionnels et autres formes d'animations culturelles qui environnent l'évènement, participent de son caractère socioculturel.

* (2) voir annexe III/ iconographie 1

* (3) voir annexe III/ iconographie 2

* (4) voir annexe III/ iconographie 3

* (5) voir annexe III/ iconographie 4

* (6) voir annexe III/ iconographie 5

* (7) voir annexe III/ iconographie 6

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld