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Rites traditionnels en pays Degah. Regard anthropologique sur le Gbà¶nnචdans le village de Motiamo.

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par KOUASSI MALIRET KOUAKOU
EFAC/INSAAC - Master professionnel 2015
  

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CONCLUSION

Dans la perspective de la construction d'une communauté nationale de destin respectueuse de la diversité des appartenances linguistiques et des expressions culturelles, l'Etat de Côte d'Ivoire s'est engagé à tenir compte des conditions et besoins particuliers en matière de culture de tous les groupes sociaux (cf. l'article 52 de la loi N0 2014 - 425 du 14 juillet 2014 portant politique culturelle nationale). Par cette disposition, l'Etat reconnait la diversité culturelle comme fondement de la richesse du patrimoine culturel ivoirien ets'engage à assurer le droit à la culture pour tous les peuples, y compris les groupes minoritaires comme lesDègah.

Bien que minoritaire de par le nombre de sa population, cette communauté retranchée dans seulement trois (3) villages du département de Bondoukou se distingue par la richesse de son patrimoine culturel et la multiplicité de ses différentes formes d'expressions culturelles qui en font une société dynamique et socialement enracinée. Ce patrimoine culturel exclusif, symbole de l'identité du peuple, est un héritage historique vécu et conservé depuis leurs origines voltaïques jusqu'en Côte d'Ivoire, en passant par le Ghana actuel où la plus grande partie de la communauté reste implantée.Au nombre des nombreuses pratiques culturelles qui témoignent de la richesse et la vivacité du patrimoine culturel des Dègah, on a le « Pidii » ou fête d'ignames, le« HarèKwaala » ou sanctification de la terre, le « Hamfaalô » qui désigne la célébration du mariage traditionnel et bien sûr les « Louuri » ou rites funéraires annuels. Notons toutefois que ces célébrations se pratiquent différemment d'un village à l'autre.Par exemple, dans le village de Motiamo, on a entre autres rites, le « Gnangan » ou fête de la nouvelle récolte, le « Koumou » ou fêtede sanctification de la terre, le « Djamé » ou sortie de masques et surtout le « Gbônnô ».A ces différentes célébrations, il faut ajouter les danses traditionnelles comme le « Gban », le « Ganhin », le « Wara », le « Logan », le « Gobié », le « Naya », le « Kpan-nan », le « Mandié », le « Vogora » etc.

S'agissant du Gbônnô qui est le centre d'intérêt de la présente étude, il faut retenir qu'il consiste en un ensemble de rituels et de festivités dans le cadre des rites funéraires annuels ou « Lourri », couplés avec la célébration du nouvel an traditionnel dans le village. Ses fondements sont aussi bien d'ordre culturel et social. Au plan culturel, la commémoration est motivée par la coutume Dègah qui recommande que les morts soient enterrés après leur décès et que leurs funérailles soient reportées pour être célébrées en fin d'année en présence de toute la communauté de parents et amis. Sur le plan social, le Gbônnô apparait comme un évènement festif occasionné par les animations de réconfort après la douleur des funérailles, les réjouissancesdu nouvel an et les retrouvailles annuelles entre les populations. Ainsi, en tant qu'évènement communautaire, sa célébration obéit à un long processus allant de la fixation de la date par les sages jusqu'à la fête populaire du nouvel an, en passant par les tâches préparatoires et les cérémonials funéraires.

Comme tout évènement d'animation culturelle, le Gbônnô n'est pas sans impacts. Ceux-ci s'apprécient à divers niveaux. Au plan religieux et traditionnel, il est facteur de limitation des malheurs et des décès caril permet de purifier le village et d'effacer les impuretés des défunts. Sur le plan social, le Gbônnô se veut un moment précieux et très privilégié de retrouvaillesannuelles et d'intégration socialepour tous les ressortissants du village à l'instar de « Paquinou » en pays Baoulé. En termes d'apport économique, l'évènement occasionne une activité lucrative temporaire notamment dans le domaine de la restauration et de la commercialisation des produits de consommation comme l'igname et autres. Il faut compter également les nombreux projets d'investissements agricoles et immobiliers qui démarrent chaque année dans le village à l'occasion de l'évènement. En outre, il faut noter que sur le plan culturel, le Gbônnô apparait comme l'évènement par excellence qui témoigne du dynamisme et l'unité du village, la vivacité de son patrimoine culturel et l'authenticité de l'identité traditionnelle des populations. L'évènement révèle surtout que le peuple Dègah est très respectueux de la dualité de l'homme qui est corps et esprit, car après les rites souvent pompeux d'accompagnement du corps (l'enterrement), les morts doivent être magnifiés dans leur ascension au royaume divin. C'est évidemment ce qui explique la mobilisation et l'implication del'ensemble des populations autour de la célébration.

Cependant, l'évènement fait face à de sérieuses menaces liées notamment aux difficultés de programmation et de transmission et surtout à l'influence des religions révélées. Le manque de référentiels calendaires dans la fixation des dates de l'évènement occasionne parfois des célébrations faussées au niveau de la périodicité exacte et apparait comme une entrave à la participation de certaines catégories sociales comme les fonctionnaires, les élèves et étudiants qui sont généralement confrontés à un problème d'agenda pendant ce temps. Il y'a aussi le désintérêt des jeunes pour les danses, chants et pratiques traditionnels exécutés pendant l'évènement, ce qui pose un problème de transmission et de pérennisation de la célébration. Aussi, la non-implication directe des religions révélées dans la célébration a pour conséquence imminente la dénaturation totale de l'évènement qui pourrait, à la longue, se réduire à son seul caractère festif commémoratif du nouvel an. Caril n'y aura quasiment plus de décès à célébrer lors des rites funéraires, puisquepresque toutes les populations ont une appartenance au christianisme ou à l'islam. A ces menaces, il faut ajouter l'absence d'un dispositif organisationnel concret et le manque de communication sur de l'évènement pour l'ouvrir au monde. Face à ces constats, nous proposons une approche stratégique de redynamisation allant de l'initiation des jeunes aux usages liés à la traditionà la mise en place d'un plan de communication autour de l'évènement, en passant par l'implication de tous les cadres et autorités administratives locales, la mise en place d'un conseil de sauvegarde de l'évènement et la définition des responsabilités dans l'organisation au sein d'un Commissariat Général du Gbônnô que nous recommandons vivement.

Du point de vue scientifique, s'il y'a un mérite qu'il convient d'attribuer à la présente étude, c'est au sens de l'édification des futurs chercheurs et l'ensemble de la société humaine sur les Dègah de Motiamo et leur tradition, en mettant à leur disposition un mémorandum qui établit définitivement la vérité scientifique sur leurs pratiques culturelles. Cet écrit met ainsi fin au risque de déformation de la tradition des Dègahdans sa transmission. Ce mémoire révèle surtout la menaceà laquelle fait face le Gbônnô en tant qu'évènement culturel majeur dans le village deMotiamo, du fait notamment de l'influence des religions révélées. Ainsi, même si ce travail ne vient rien inventer, il a au moins la convenance de rectifier des spéculations quelques fois erronées sur les Dègah et leur tradition, notamment ceux de Motiamo.

Nous pensons donc que ce travail ne sera pas sans intérêt pourla communauté scientifique, tout le peupleDègah et l'ensemble de la société. Naturellement, il peut être utile aux historiens, aux sociologues, aux ethnologues, aux anthropologues etc., dans la conduite de leurs recherches sur le peuple Dègah. Il apparait également comme une boussole pour les ressortissants Dègah dans la connaissance de leur propre histoire et leur culture. Il permettra surtout à l'ensemble de la société de découvrir ce peuple autonome longtemps assimilé à d'autres du fait de sa minorité. Ce mémoire est donc un moyen de promotion du peuple Dègahdans la dynamique de la promotion de la diversité culturelle et les minorités linguistiques. Aussi, les réflexions et propositions de stratégies qui y sont contenues peuvent servir d'orientation dans le cadre des actions de sauvegarde du patrimoine national. C'est pourquoi il peut être aussi utile à la connaissance des professionnels de l'action culturelle qui pourront s'en inspirer. Ainsi, cette étude devra être largement diffusée et partagée pour l'intérêt de ses potentiels bénéficiaires susmentionnés.

Toutefois, notre sujet tel que formulé, présente un vaste champ d'étude que nous ne prétendons pas avoir intégralement exploité. Le thème abordé nous donne de nous interroger sur un certain nombre d'aspects relatifs àl'organisation des funérailles chez les Dègah. La première problématique que nous sommes tenté de soulever à cet effet est de savoir qu'est-ce qui accompagnent les défunts lors de leur enterrement et pourquoi enterre-t-on certains défunts à la maison et non pas au cimetière? Cette problématique semble d'autant plus fondamentale que l'éluciderpermettra de comprendre par exemple si les Dègah continuent d'enterrer leurs chefs traditionnels avec des têtes humaines comme l'histoire nous l'a enseigné.Une autre préoccupation qu'il convient d'aborder dans cette dynamique est de savoir quels sont les rapports entre les vivants et les morts après les rites d'accompagnement définitif et quel est l'intérêt du « Togan » qui est un rituel annuel d'adoration des morts trois (3) ans après leur côta.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld