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Francophonie et intégration internationale des états africains dans la mondialisation.

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par Marius Blum TADA LANDO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2015
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

SOMMAIRE........................................................................................................... .i
AVERTISSEMENT.................................................................................................ii

DEDICACE..........................................................................................................iii

REMERCIEMENT...................................................................................................iv

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS......................................................................v

LISTE DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES......................................................vi

LISTE DES ANNEXES...........................................................................................vii

RESUME............................................................................................................viii
ABSTRACT..........................................................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE.................................................................................1

PREMIERE PARTIE : LA FRANCOPHONIE : UN VECTEUR D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS DANS LA MONDIALISATION...........................................................................................23

CHAPITRE I : LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA FRANCOPHONIE : DES IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS......................................................................................................25

Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et l'originalité de sa vision du monde..................26

Section 2 : Les objectifs de la Francophonie et la promotion des facteurs d'intégration internationale......................................................................................................31

CHAPITRE II : LES STRATEGIES POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA FRANCOPHONIE : DES VOIES PROPICES À L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS............................................................................................40

Section 1 : Une stratégie politique basée sur une double coopération.................................41

Section 2 : Une stratégie diplomatique propice pour une intégration internationale des États.....49

DEUXIEME PARTIE : LA FRANCOPHONIE : UN LEVIER D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS LIMITEE DANS SES ACTIONS............56

CHAPITRE III: LA FRANCOPHONIE COMME ACTEUR STRATEGIQUE DANS LA DYNAMIQUE D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS......................................................................................................58

Section 1 : La Francophonie, un acteur dans  la gestion pacifique des conflits en Afrique........60

Section 2 : La Francophonie, un acteur de l'intégration des états africains dans l'économie mondiale...........................................................................................................69

CHAPITRE IV : LIMITES ET ANALYSE PROSPECTIVE POUR UNE INTEGRATION INTERNATIONALE PLUS EFFICACE DE L'AFRIQUE DANS LA MONDIALISATION..........................................................................................77

Section 1 : Les obstacles à l'action de la Francophonie dans la contribution à l'intégration internationale des États Africains..............................................................................79

Section 2 : Pour une intégration internationale plus efficace des Etats africains par la Francophonie.....................................................................................................81

CONCLUSION GENERALE...................................................................................92

AVERTISSEMENT

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) et l'Université Jean MOULIN Lyon 3 n'entendent donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires. Celles-ci doivent être considérées comme propres à leur auteur.

DEDICACE

A

Feue ma mère NDOUMBO PAULINE qui, bien que nous ayant quitté très tôt, reste à jamais dans nos mémoires ;

Mon père, mes tantes et mes oncles pour les sacrifices consentis, les encouragements renouvelés et dont les soutiens multiformes et inconditionnels à mon égard trouvent leurs fruits dans la réalisation de ce travail de recherche.

REMERCIEMENTS

Afin de réaliser ce travail, nous avons bénéficié d'un soutien aussi bien financier, matériel, psychologique qu'intellectuel de certaines personnes qu'il serait ingrat de ne pas remercier. Nous souhaitons donc manifester notre profonde gratitude aux personnes suivantes :

- Le Professeur BATCHOM Paul Elvic qui a accepté de diriger ce travail de recherche malgré ses nombreuses occupations et dont la rigueur et les conseils nous ont permis d'aller jusqu'au bout. Qu'il reçoive nos remerciements les plus sincères.

- Le Pr. TABI MANGA Jean, Titulaire de la Chaire Senghor, pour ses conseils et orientations.

- Nos enseignants de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun et de l'Université de Lyon III. Qu'ils trouvent en ce mémoire l'expression de notre profonde gratitude pour leurs enseignements dont les richesses ont profondément aiguisé notre appétit du savoir. Il s'agit Particulièrement du :

Pr. Guillaume DEVIN

Pr. François DAVID

Pr. Leila REZK

Pr. MESSANGA NYAMDING

Pr. NTUDA EBODE

Pr. MENDO ZE

Dr. OWONA NGUINI

Dr. Alioume DRAME

- Nos camarades de la Chaire Léopold SEDAR SENGHOR de l'Université de Yaoundé II-SOA.

- Nos frères, cousins et amis BINYAM Donata, TAADA Larissa, TAADA Jordan, TADA Josnel, SOPPO Joëlle, SISSA Steve, NDJACKA Simone, EBOBISSE Guy, Richard BEBEY, EBANDA Wilfried, AKOA Alain, MABONA Joel, TATSINKOU Dany et tous ceux dont je n'ai pas pu citer le nom tellement ils sont nombreux.

- Enfin, nous tenons à remercier particulièrement YOMO Lisa Kelly dont l'affection a constitué une source d'énergie pour la réalisation de ce Mémoire.

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACCT : Agence de Coopération Culturelle et Technique

ACP : Afrique Caraïbes Pacifique

AFD : Agence Française de Développement

AIMF : Association Internationale des Mairies Francophones

APE : Accords de Partenariats Économiques

APF : Assemblée Parlementaire de la Francophonie

AUF : Agence Universitaire de la Francophonie

CEDEAO : Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest

CEEAC : Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale

CEMAC : Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le

Développement

CONFEMEN : Conférence des Ministres de l'Éducation National des pays ayant le français en partage

CONFEJES : Conférence des Ministre de la Jeunesse et des Sports des pays ayant le français en partage

CPI : Cour Pénale Internationale

CPF : Conseil Permanent de la Francophonie

CPCCAF : Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones

CPLP : Communauté des Pays de Langue Portugaise

DDHDP : Délégation aux Droits de l'Homme, à la Démocratie et à la Paix

DDR : Désarmement, Démobilisation et Réintégration

FIDH : Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme

IDH : Indice de Développement Humain

IDE : Investissements Directs Étrangers

MC : Marché Commun

MINUSCA : Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unis pour la stabilisation de la Centrafrique.

MINUSMA : Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unis pour la stabilisation du Mali.

OI : Organisation Internationale

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

OING : Organisation Internationale Non Gouvernementale

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

ONUDI : Organisation des Nations unies pour le développement industriel

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMPI : Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OSC : Organisation de la Société Civile

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

PADL : Programme d'Appui au Développement Local

PDL : Plan de Développement Local

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PROFADEL : Programme Francophone d'Appui au Développement Local

RIFE : Rencontre Internationale de la Francophonie Économique

RNB : Revenu National Brut

RSS : Réforme des Systèmes de Sécurité

TPME : Très Petite et Moyenne Entreprise

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africain

UD : Union Douanière

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture

UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l'Enfance

UNITAR : Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche

ZLE : Zones de Libre-Échange

LISTES DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Carte n0 1 : Carte des conflits en Afrique.

Tableau n01 : Coopération entre l'OIF et le autres Organisations internationales.

Tableau n02 : Position des États Africains membres de l'OIF dans le classement des pays du monde par indice de développement humain (IDH).

Graphique n01 : Contribution francophone aux OP de l'ONU 1948-2008.

Graphique n02 : Organisation institutionnelle de la Francophonie.

Graphique n03 : Évolution du budget de la Francophonie de 1979 à 2013 (en millions d'euros).

Graphique n04 : Répartition des francophones dans le monde (2014).

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Extrait de la charte de la Francophonie du 23 Novembre 2005.

Annexe 1 : Extrait de la déclaration de Beyrouth (Octobre 2002).

Annexe 2 : Extrait de la déclaration de Cotonou (Juin 2001).

RESUME

S'il est un fait indéniable au vu de l'évolution du monde en ce début de 21éme siècle, c'est que l'Afrique est faiblement intégrée dans la scène internationale aujourd'hui hautement influencé par la mondialisation et dirigée par les grandes puissances économiques. Dès lors, en tant qu'acteur à part entière des relations internationales, l'Organisation Internationale de la Francophonie, fort des rapports privilégiées qui la lient à l'Afrique, constitue un moyen d'intégration internationale des États africains dans la mondialisation.

Ainsi, se servant de la grille théorique constituée du réalisme et du néo-institutionnalisme, ce travail de recherche vise à démontrer comment la Francophonie contribue à l'insertion des États africains dans la scène internationale aujourd'hui mondialisée. À cet effet, il ressort que la Francophonie participe à la dynamique d'intégration internationale des États africains de deux façons : D'une part, du fait des idéaux qu'elle défend et de sa vitalité sur la scène mondiale, la Francophonie offre des voies pouvant être utilisées par les États africains pour leur intégration dans le système international. D'autre part, grâce aux actions qu'elle entreprend pour la promotion de la paix et le développement des États africains, elle participe également à la mise en oeuvre des conditions indispensable pour une intégration des États africains dans la mondialisation. Cependant il sied de noter qu'afin de remplir pleinement ces fonctions de vecteur et de levier d'intégration internationales des États africains, la Francophonie se doit de relever un certain nombre de défis liés principalement à la faiblesse de son volet économique.

MOTS CLES : Francophonie, Intégration internationale, Mondialisation, Afrique.

ABSTRACT

An undeniable fact in view of the changing world in this early 21st century is that Africa is poorly integrated into the international scene of today which is highly influenced by globalization and directed by the great powers economic. In this context, as a major player in international relations, the International Organization of la Francophonie, strong of historical relationship that binds her to Africa, is a means of international integration of African countries in globalization.

Thus, using the theoretical framework consists of realism and neo-institutionalism, this research aims to demonstrate how the Francophonie contributes to the integration of African countries in the international scene globalized today. Indeed it appears that the Francophonie is participating in the dynamics of international integration of African States in two ways: First, because it defends ideals and his vitality on the global scene, the Francophonie offers routes that can be used by African States for their integration into the international system. Secondly, thanks to the actions it undertakes to promote peace and development of African states, it also participates in the implementation of the necessary conditions for integration of African countries in globalization.

However it should be noted that in order to fulfill its vector functions and leverage international integration of African States, the Francophonie must take up a number of challenges mainly related to the weakness of its economic component.

KEY WORDS: Francophonie, International Integration, Globalization, Africa.

INTRODUCTION GENERALE

A-CONTEXTE DE L'ETUDE.

Partie de simples associations culturelles et linguistiques basées sur le partage du français dans les années cinquante, la Francophonie a connu une constante évolution au fil des années jusqu'à devenir aujourd'hui une importante organisation politique dans le jeu mondial, connue sous le nom de Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Acteur à part entière des relations internationales, l'OIF regroupe aujourd'hui en son sein 80 Etats parmi lesquels on compte 31 Etats Africains. Et, cette présence accrue des Etats Africains au sein de l'institution « Francophonie » est un sujet de préoccupation qui alimente la polémique entretenue par ses détracteurs qui la considèrent comme une résurgence du néocolonialisme Français.

Cependant, nombre d'auteurs qui appréhendent la Francophonie autrement qu'un mouvement néocolonialiste refusent de « regarder la Francophonie dans le rétroviseur »1(*) et voient en elle une alternative à la mondialisation malheureuse ; « celle de la concurrence déloyale et du dumping : celle où chacun cherche à prendre la croissance de l'autre ou piller les ressources des futures générations »2(*), que connait le monde depuis le début des années 90, et dans laquelle les Etats-Unis apparaissent comme l'épicentre.

En effet, à cette Mondialisation malheureuse, la Francophonie oppose une Mondialisation Humaniste fondée sur la promotion des valeurs communes de solidarité et de partage, de liberté et de paix, d'unité dans la diversité et de dialogue de cultures, fussent-telles américaines, européennes, proche ou moyen-orientales, asiatiques, ou bien africaines ; une Mondialisation multipolaire ou chacun trouve son compte. Ainsi, il apparait que la Francophonie ne se contente plus juste d'être un espace géolinguistique et géoculturel mais elle se veut aujourd'hui aussi un espace géopolitique multilatéral au sein duquel les Etats membres peuvent aspirer à une projection sur la scène internationale. C'est dans cette perspective que s'insère la présente étude qui s'intéresse pour sa part à « La Francophonie et l'intégration des Etats Africains dans la mondialisation ».

Cette étude s'inscrit dans une logique de réflexion sur l'évolution des rapports privilégiés qui ont toujours existé entre l'Afrique et la Francophonie. En effet, si aujourd'hui l'Organisation Internationale de la Francophonie est une réalité sur la scène internationale, il faut noter que cela résulte d'un long processus qui débuta dans les années 1960 lorsque les pères fondateurs, africains pour la plupart, à l'instar du sénégalais Léopold SEDAR SENGHOR, du tunisien HABIB BOURGUIBA et du nigérien HAMANI DIORI décidèrent de lancer un projet d'institutionnalisation de la Francophonie. Ceci dans le but de réunir toutes les anciennes colonies françaises afin de réorganiser ensemble les rapports avec l'ancien colonisateur dans une organisation horizontale aussi bonne que celle qui existait entre l'Angleterre et ses anciennes colonies au sein du Commonwealth. De plus, l'Afrique a toujours eu une place de choix au sein de l'institution Francophonie depuis sa création notamment avec l'élection des deux premiers secrétaires généraux de l'OIF issues du continent Africain (l'Egyptien Boutros-Boutros GHALI et le Sénégalais Abdou DIOUF) qui ont porté haut les voix francophones et Africaines sur la scène internationale.

En outre, du point de vue politico-économique, l'intégration des Etats Africains dans le jeu politico-économique mondial est un sujet de préoccupation qui anime de plus en plus les débats sur la place de l'Afrique et le rôle qu'elle devrait jouer sur la scène internationale aujourd'hui mondialisée. En effet, dominée et mise en marge des sphères de prise de décisions sur le plan international durant la période coloniale et postcoloniale, l'Afrique se voit une fois de plus mise à l'écart depuis la fin de la guerre froide et l'avènement d'un nouvel ordre mondial hautement influencé par la mondialisation économique dirigée par l'hyper puissance Américaine. Ainsi, comme le soulignait déjà le directeur adjoint de l'OMC Ablassé OUEDRAOGO lors du colloque international préparatoire à la 21eme conférence des chefs d'Etats et de gouvernement d'Afrique et de France, l'on observe une « tendance à la marginalisation de l'Afrique dans la mondialisation »3(*). Pour lui, « l'instabilité politique et macroéconomique endémique du continent africain a pour principale conséquence de fragiliser le secteur privé africain sur le plan de la compétitivité. Comme la mondialisation et la marche vers l'économie de l'information reposent largement sur des produits et des services à forte intensité de connaissances, l'Afrique voit sa position déjà fragile dans l'économie mondiale se détériorer»4(*). Ainsi, le bouleversement de l'ordre international à la fin de la guerre froide et l'accentuation de la mondialisation économique ont largement contribué à accroître l'exclusion des Etats Africains du jeu mondial. Cependant, de par son évolution historique et le rôle significatif joué par les Africains dans sa création, ainsi que le combat qu'elle mène aujourd'hui pour une mondialisation multilatérale et humaniste, l'OIF apparait comme une institution pouvant servir de vecteur à une meilleure intégration des Etats Africains dans cet ordre international mondialisé.

C'est donc au regard de ce contexte que nous avons jugé que cette piste de l'intégration des Etats Africains au travers de la Francophonie méritait d'être étudiée. Cependant l'on ne saurait prétendre effectuer une telle étude sans préalablement procéder à sa délimitation.

B-DELIMITATION DU SUJET.

Afin de mieux cerner notre objet d'étude, il serait judicieux pour nous d'effectuer une délimitation temporelle et spatiale.

1. Delimitation temporelle.

Faire une délimitation temporelle consiste à retenir une période d'étude. Cette étude que nous menons va s'étendre sur une période dont le point de départ est le sommet de Beyrouth en 2002, sommet qui marqua l'avènement de la « troisième Francophonie » qui vise à affirmer l'influence de la Francophonie sur le cours de la mondialisation. En effet si le sommet de Hanoi de 1997 avait déjà doté la Francophonie d'institutions lui permettant de jouer un rôle dans les relations internationales telle que la création du poste de secrétaire général, c'est lors du neuvième sommet des chefs d'Etat et de gouvernements qui s'est tenu du 18 au 20 octobre 2002 à Beyrouth (Liban) que la Francophonie a affiché sa présence effective sur l'échiquier mondial. Ainsi, au cours de ce sommet, plusieurs questions d'actualité sur l'état du monde sont débattues et des positions sont adoptées. La Francophonie prend position contre la politique d'invasion de l'Irak poursuivie par les Etats Unis et se présente dès lors comme une alternative à la vision américaine du monde en opposant le dialogue des civilisations au choc des civilisations tel que énoncé par le politiste américain Samuel Huntington5(*).

Cette étude s'étend donc de 2002 (sommet de Beyrouth) à 2014 car cette période marque le début d'un véritable dynamisme politique de la Francophonie sur la scène internationale. Dès lors, cette période permet de mieux appréhender la dynamique d'intégration de la Francophonie dans le jeu politique international et à travers elle, celle des Etats Africains membres de cette institution.

2. Délimitation spatiale.

L'étude que nous voulons mener a pour cadre spatial, l'Afrique Francophone constituée de l'ensemble des Etats Africains membres de l'OIF. Cela parce que si la Francophonie intervient dans tous les domaines qui animent la vie internationale sur tous les continents, force est de constater que son champs d'intervention privilégié reste le continent Africain et particulièrement les Etats Africains membres de l'OIF. Dès lors, cette recherche consistera à analyser comment ces Etats Africains, à travers la Francophonie s'intègrent dans les sphères internationales de prise de décisions. Décisions qui bien souvent les concernent.

C-CLARIFICATION DES CONCEPTS.

Il n'est pas sans intérêt de se plier à l'une des exigences de la recherche scientifique, qui consiste à apprécier le sens des notions qui seront examinées dans la présente étude. En effet, comme l'affirmait René Capitant, « il faut se méfier des mots qui sont la tentation de l'esprit et ne se livrer à eux qu'après les avoir rachetés du mensonge »6(*). Par conséquent, notre sujet convoque des notions a priori anodines mais dont la profondeur pourrait échapper à qui s'y livre sans une certaine distance. Aussi doit-on pour comprendre ce sujet s'appesantir sur une clarification des concepts Francophonie, Intégration Internationale et Mondialisation.

1. FRANCOPHONIE.

Si le terme « francophonie » a été inventé par le géographe Onésime Reclus7(*) pour désigner l'ensemble de peuple utilisant la langue française dans leur vie quotidienne ou dans leurs communications, il faut cependant relever que ce terme renferme deux significations différentes selon qu'il est employé avec un « f » minuscule ou un « F » majuscule.

En effet, le terme « francophonie » employé avec un « f » minuscule a une connotation géolinguistique. Elle a d'abord un sens linguistique parce qu'elle fait référence aux locuteurs qui parlent entièrement ou partiellement la langue française et elle a un sens géographique car elle renvoie à l'ensemble des peuples et des hommes géographiquement localisés dont « la langue (maternelle, officielle, courante, administrative ou encore de culture) est le français »8(*).

Quant au terme « Francophonie » employé avec un « F » majuscule, celui-ci à une connotation géopolitique qui suppose l'ensemble des Etats et des gouvernements membres de l'OIF et des institutions francophones dans le cadre de la charte de la Francophonie. Il s'agit donc de la Francophonie institutionnelle qui regroupe l'ensemble des organisations publiques et privées oeuvrant dans l'espace francophone.

Dans le cadre de cette recherche, il est question de la Francophonie avec « F » majuscule étant donné que c'est sur l'intégration internationale des Etats Africains membres de l'OIF que porte cet objet d'étude.

2. INTEGRATION.

Les réalités internationales ont prouvé qu'il est impossible pour les Etats de vivre en vase clos sur la scène internationale. Ainsi, ces derniers sont obligés de tisser des liens d'interdépendance entre eux pour réaliser leurs intérêts. Cependant, lorsque plusieurs Etats poursuivent des intérêts communs, ceux-ci le plus souvent se regroupent au sein d'organisations dites « Internationales » afin de les réaliser. Dès lors, c'est dans cette perspective de regroupement des Etats que l'on parle habituellement d'intégration.

En ce qui concerne la notion d'intégration, bien qu'elle soit définie par le dictionnaire de langue Française LE ROBERT9(*) comme le fait « d'incorporer de nouveaux éléments à un système »10(*), elle reste une notion complexe et assez difficile à cerner.

En effet, si étymologiquement, le terme intégration vient du mot latin « integrare » qui désigne le fait d'entrer dans un tout. Il existe néanmoins plusieurs définitions de ce concept qui diffèrent selon les domaines dans lesquels il est employé.

Dans le domaine de la sociologie, l'intégration désigne le processus ethnologique qui permet à une personne ou à un groupe de personnes de se rapprocher et de devenir membre d'un autre groupe plus vaste par l'adoption de ses valeurs, et des normes de son système social. Cette intégration nécessite deux conditions : Une volonté et une démarche individuelle de s'insérer et de s'adapter et la capacité intégratrice de la société par le respect des différences et des particularités de l'individu.

Dans le domaine économique, la notion d'intégration désigne « le processus d'unification des politiques économiques entre différents Etats qui passe par l'abolition partielle ou totale des restrictions tarifaires (taxes, droits de douane) et non tarifaires sur le commerce »11(*). Selon le degré d'unification entre les Etats, il existe plusieurs formes d'intégration économique.

Il y a tout d'abord les zones de libre-échange (ZLE) qui regroupent des pays qui suppriment entre eux toutes les barrières commerciales, mais conservent néanmoins les contrôles douaniers. Ainsi, à l'intérieur des ZLE, les échanges de marchandises sont libérés entre les agents économiques. Cependant, peuvent être exclus des accords commerciaux instituant ces ZLE, les secteurs d'activités considérés comme sensibles tels que le secteur de l'armement. C'est le cas par exemple de l'Accord de Libre-échange Nord-Américain (ALENA)12(*).

Par la suite, on a les unions douanières (UD) où l'abandon de souveraineté est plus important que dans les ZLE. Dans les UD, les pays suppriment entre eux les barrières douanières et instituent un tarif douanier commun à l'égard du reste du monde13(*).

Ensuite, on a les marchés communs (MC) qui représentent une étape supplémentaire dans l'approfondissement de l'intégration. Les MC supposent que soient réalisées en plus de l'UD, l'élimination des obstacles techniques au commerce, des frontières fiscales et de la libre circulation de la main d'oeuvre et des capitaux. Ainsi, contrairement aux ZLE qui ne concernent que le marché des produits, les MC consistent donc à une ouverture sur l'ensemble des marchés. On peut prendre comme exemple le Marché Commun Sud-américain (MERCUSOR)14(*).

A un autre niveau on a les unions économiques qui allient la suppression des obstacles à la libre circulation des marchandises et des facteurs de production à l'atteinte d'un certain niveau d'harmonisation des politiques publiques nationales afin d'abolir toute discrimination attribuable aux disparités entre ces politiques. Il s'agit donc du marché commun plus l'harmonisation des politiques économiques. C'est le cas par exemple de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)15(*).

Enfin, on a les unions économiques et monétaires qui représentent la phase ultime de l'intégration économique. Elles comportent outre la mise en oeuvre de politiques communes, la création d'une zone de parités fixes entre les partenaires et, éventuellement, la création d'une monnaie commune. A titre d'exemple on peut citer la communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)16(*).

Dans le domaine politique, la notion d'intégration « désigne des processus par lesquels se tissent des liens multiples soit entre Etats, soit directement entre communautés nationales jusqu'à un seuil remettant en cause, au moins partiellement, le principe même de souveraineté nationale »17(*). L'intégration politique a pour principal objectif l'établissement de la paix et de la sécurité entre les Etats membres participants, ainsi qu'entre ceux-ci et le reste du monde. Cependant, à la différence des alliances où cet objectif est poursuivi par différents engagements de nature politique et militaire, une organisation d'intégration politique est bâtie petit à petit au moyen d'un grand nombre de politiques communes qui cimentent les intérêts communs et créent une solidarité réelle entre les Etats membres.

Cette forme d'intégration peut concerner uniquement les Etats issus d'une même région, on parle alors « d'intégration régionale » qui est définie par l'Union Européenne comme « le processus qui consiste à surmonter, d'un commun accord, les obstacles politiques, physiques, économiques et sociaux qui séparent les pays de leurs voisins, et à collaborer dans la gestion de ressources partagées et de biens communs régionaux »18(*). C'est le cas de l'UE en Europe, l'UA en Afrique ou encore l'ASEAN en Asie. Elle peut aussi concerner l'ensemble des Etats de la planète, on parle alors dans ce cas « d'intégration internationale » qui est un processus dans lequel « les Etats choisissent d'abandonner une part de leur souveraineté nationale en vue de s'insérer dans un ensemble spatial mondial »19(*). Cet abandon peut être limité au seul domaine commercial (OMC), politique (ONU), ou sanitaire (OMS).

En définitive, comme il a été démontré plus haut, la notion d'intégration revêt différents sens selon le domaine dans lequel elle est employée. Malgré cela, force est de constater que quel que soit son sens, cette notion fait toujours référence à un rapprochement entre les Etats. Et dans un cadre de politique internationale, ce rapprochement est matérialisé par l'établissement volontaire par traité ou par accord contraignant d'institutions communes et le développement progressif par elles de politiques communes poursuivant des objectifs communs et servant des intérêts communs comme c'est le cas au sein de l'OIF. C'est donc la définition politique de l'intégration qui sera retenue pour cette étude.

3. MONDIALISATION.

La mondialisation est devenue l'un des concepts les plus en vogue depuis le milieu des années 70. Les définitions de ce concept abondent dans la littérature scientifique, ce qui entraîne une certaine confusion quant à l'utilisation de ce terme. Plusieurs des définitions proposées pêchent soit par minimalisme, en réduisant ce phénomène à ses manifestations économiques, soit par généralisation excessive en l'associant à tous les changements modernes au sein de la société humaine20(*).

Dans le milieu des sciences économiques par exemple, on utilise fréquemment le concept de mondialisation pour ne référer qu'à l'accroissement des transactions commerciales et financières transfrontalières. Ainsi, dans sa définition de la mondialisation, Jean-Luc Ferrandéry insiste sur la nature capitaliste de ce concept qui, selon lui, « désigne un mouvement complexe d'ouverture des frontières économiques et de déréglementation, qui permet aux activités économiques capitalistes d'étendre leur champs d'action à l'ensemble de la planète »21(*). Selon une interprétation encore plus restreinte de la mondialisation d'un point de vue économique, celle-ci résulte d'un ensemble de stratégies économiques résidant dans l'esprit des décideurs, et en particulier des dirigeants d'entreprises privées. Ce point de vue est fortement contesté par plusieurs observateurs qui affirment au contraire que la mondialisation est un processus induit par l'évolution du marché plutôt que le résultat de politiques volontaires.

Dans les autres disciplines des sciences sociales, le concept de mondialisation est souvent utilisé de manière plus englobante où il représente alors la tendance à l'interconnexion mondiale croissante dans pratiquement tous les domaines : économique, culturel, technologique, politique, juridique, militaire, environnemental et social. Grahame Thompson va jusqu'à dire qu'elle fait intervenir « la totalité des phénomènes sociaux contemporains »22(*). La principale lacune généralement associée à une interprétation aussi large est qu'elle fournit peu d'outils qui pourraient être utilisée dans une analyse empirique cherchant à spécifier les causes et les conséquences du phénomène de la mondialisation.

Dans l'une des études les plus complètes réalisées à ce jour sur la mondialisation, une coalition d'auteurs tente de résoudre le problème en proposant une définition à la fois suffisamment large pour saisir la nature multidimensionnelle du processus et assez précise pour lui conférer une certaine utilité analytique : pour eux, la mondialisation est « un processus (ou un ensemble de processus) qui incarne une transformation dans l'organisation spatiale des relations sociales et des transactions apprécié en termes d'étendue de leur intensité, de la vitesse et de l'impact générant des flux et des réseaux d'activités, d'interaction transcontinentaux ou interrégional, et l'exercice du pouvoir »23(*). D'après ces auteurs, cette définition a le mérite de corriger le défaut de la plupart des approches actuelles qui ne différencient pas suffisamment la mondialisation des autres processus plus limités en terme spatial tels que la localisation, la nationalisation, la régionalisation et l'internationalisation. Par ailleurs, la décomposition du processus en termes d'extension, d'intensité, de vélocité et d'impacts permet l'élaboration d'un cadre analytique qui pourra servir à aborder la question d'une manière plus précise.

Cependant, dans le cadre de la présente étude nous optons explicitement pour la définition que donne le Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques selon lequel la mondialisation est « un concept des relations internationales décrivant l'état du monde marqué en même temps par un renforcement de la communication, des interdépendances et des solidarités, par le désenclavement des Etats et des espaces régionaux et par une uniformisation des pratiques et des modèles sociaux à l'échelle de la planète »24(*). Ainsi, la mondialisation apparait donc comme un cadre dans lequel, les phénomènes politiques, économiques et sociaux ne peuvent plus être appréhendés indépendamment de leur insertion dans le système mondial. Dès lors, chercher à analyser l'intégration internationale des Etats Africains comme c'est le cas dans cette étude revient à projeter ces États dans ce cadre.

D-INTERET DU SUJET.

L'intérêt de ce sujet réside dans le fait que notre objet d'étude s'insère dans les débats actuels sur la Francophonie et plus précisément sur le but et la trajectoire que celle-ci devrait prendre en ce début de 21eme siècle.

Au départ l'objectif des pères fondateurs de la Francophonie était de réunir toutes les anciennes colonies françaises au sein d'une organisation devant leur permettre de redéfinir leurs rapports avec l'ancienne métropole comme c'était déjà le cas entre l'Angleterre et ses anciennes colonies au sein du Commonwealth. Cet objectif a cependant évolué en même temps que la Francophonie. En effet, après la « première francophonie » géolinguistique des années 1880 et la « deuxième francophonie » géopolitique des années 60, la Francophonie a dû faire face à de nouveaux défis du fait des mutations qu'a connues le monde suite à la fin de la Guerre Froide et c'est dans ce contexte qu'est apparu le concept de « troisième francophonie » qui est celle de la mondialisation, on parle alors de « francophonie mondialisée »25(*) qui se présente « comme une union géoculturelle de langue française qui vise à agir sur le cours de la mondialisation »26(*).

Ainsi, à l'ère de ce 21eme siècle, la Francophonie se revendique comme une puissance d'influence, un acteur collectif capable de se mobiliser et de travailler en réseaux ainsi qu'un pôle d'équilibre et de régulation dans la mondialisation. Elle participe en particulier au dialogue interculturel qui, dans la mondialisation, constitue le troisième dialogue avec le dialogue politique et économique. Dès lors, l'intérêt de la présente étude est qu'elle donne une autre perspective à cette « francophonie mondialisée » qui pourrait servir à une meilleure intégration des États Africains dans la scène internationale.

E-REVUE DE LITTERATURE.

Si la question de l'intégration des Etats Africains dans la mondialisation fait l'objet de plusieurs écrits, nous n'avons cependant pas trouvé suffisamment de travaux qui ont eu à traiter directement de la Francophonie comme vecteur de cette intégration. Dès lors, nous utiliserons dans le cadre de cette recherche, quelques travaux généraux qui ont retenu notre attention sur la question de l'intégration internationale des Etats et le rôle joué par les organisations internationales dans le système politique international. Nous utiliserons également quelques travaux menés sur les questions de la place de l'Afrique et le poids de la Francophonie dans le jeu politique international car pour que cette dernière soit un vecteur efficace d'une intégration internationale des États Africains, il faudrait d'abord qu'elle ait une certaine influence dans le jeu politique international.

Ainsi, Panayotis SOLDATOS27(*) fait une étude synthétique et critique de la dimension et des contours épistémologiques de la sociologie de l'intégration internationale. Pour lui, «il s'agit d'un domaine de réflexion scientifique portant sur la théorisation partielle ou globalisante des phénomènes d'intégration politique, en l'occurrence internationale, et s'appuyant, d'un point de vue méthodologique, sur un ensemble d'approches et de techniques propres aux sciences sociales, largement développées en sociologie et fréquemment utilisées en analyse politique »28(*).

Ce dernier conclut son étude en relevant qu'en matière de sociologie de l'intégration internationale, il existe un déséquilibre entre la théorie et la réalité car dans ce domaine d'étude, le niveau avancé de théorisation n'a pas toujours été suivi par des recherches empiriques progressant au même rythme. De ce fait, « un décalage est apparu entre le degré de théorisation et le degré d'investigation empirique, entre l'ampleur des travaux théoriques en intégration internationale et le volume de nos connaissances descriptives sur cette même phénoménalité, faisant perdre souvent à la sociologie de l'intégration internationale son contact avec les réalités »29(*). Dès lors, il préconise que pour une étude complète de la sociologie de l'intégration internationale, le spécialiste de l'intégration devrait s'intéresser davantage à des études historico-politiques et même juridico-institutionnelles à caractère comparatif.

De même, Stanley HOFFMANN30(*) met en perspective deux ouvrages à savoir celui de Karl DEUTSCH et ses co-auteurs31(*) et celui d'Ernst Haas32(*). Ceci afin de faire une étude systémique des relations internationales, et particulièrement de toutes les formes de coopération qui se nouent entre les Etats. Ce dernier conclut « qu'une telle étude suppose d'une part des recherches historiques, d'autre part le recours à des concepts sociologiques (comportements des groupes, communications) et aux catégories traditionnelles de la science politique (étude des décisions des dirigeants, mise en lumière du rôle souvent capital d'innovations politiques telles que l'établissement d'institutions capables de capter un tel mouvement qui, sans elles, risquerait de s'épuiser) analyse des doctrines et de leur propagation »33(*).

Il déduit de l'étude de ces ouvrages que ce qui compte dans le mouvement d'intégration n'est pas tant l'existence de croyances communes que celle de relations mutuelles. Ainsi, « l'intégration suppose et consiste en un échange de services entre groupes dont les valeurs sont, sinon identiques, du moins compatibles»34(*). En outre, à travers cette étude, ce dernier détermine comme conditions préalables à l'intégration internationale : une mobilité des personnes, une certaine quantité de transactions de communications entre les Etats et surtout un excédent de puissance des pays participants par rapport à leurs charges car, « pour que l'intégration puisse se produire, il faut que les dirigeants soient en mesure, et de prendre des décisions, et de prêter une attention suffisante aux communications en provenance des autres unités politiques »35(*).Dès lors, cette dernière condition ne saurait être remplie « lorsque des charges militaires ou financières, des tensions intérieures aigues, une stagnation économique prolongée affaiblissent un pays ou monopolisent l'attention de ses dirigeants»36(*)

Dans le même ordre d'idées, Soraya Sidani37(*) se pose la question de savoir pourquoi les Etats restent en dehors des conventions multilatérales et de leur apport en termes d'intégration et de socialisation au sein du système international. Elle propose alors de répondre à cette question en adoptant une interprétation durkheimienne des phénomènes d'intégration et de déviance normative.

La première tâche qu'effectue l'auteure est d'observer le phénomène d'intégration normative autour des règles onusiennes. Ainsi, à partir de l'établissement d'une base de données répertoriant l'ensemble des Etats parties et non parties aux 317 conventions multilatérales dont le secrétaire général de l'ONU était dépositaire en 2014, Sidani identifie six indicateurs de la déviance normative  à savoir : l'intégration régionale (pour elle les Etats participant à des expériences d'intégration régionale ont plus tendance à signer les conventions internationales), la faillite de l'Etat (elle considère que les Etats en situation de guerre civile participent moins aux conventions), le développement économique ( plus le niveau de développement économique d'un Etat est faible, moins il est intégré), l'insularité ( l'auteure estime que les Etats insulaires signent moins de conventions), le type de régime politique ( les démocraties sont plus intégrées) et enfin, la puissance ( selon elle la déviance normative est un privilège des puissants, c'est la raison pour laquelle la Chine ou les Etats-Unis qui n'ont par exemple pas ratifié le statut de Rome créant la CPI s'affranchissent sans coûts du cadre juridique international).

Ensuite, l'auteure se consacre à déterminer les facteurs de l'intégration internationale. Pour elle, la marginalisation des Etats par rapport aux principaux vecteurs de l'intégration sur la scène internationale se « décline autour de l'intégration régionale, du développement socio-économique et politique et du régime démocratique »38(*). Pour elle, les mécanismes d'intégration régionale jouent un effet de levier favorisant l'insertion dans des dispositifs multilatéraux. De même, le développement économique est nécessaire à une participation pleine et entière des Etats sur la scène internationale et enfin la démocratie, de par son pluralisme politique, favorise l'action de la société civile, ce qui a un effet positif sur les mécanismes d'intégration.

Dans la même lancée, Amina Lahrèche-Révil39(*) fait une analyse de l'intégration internationale d'un point de vue économique. Elle estime que l'interdépendance qui gouverne les rapports entre les Etats résulte de l'intégration économique. Dès lors, cette interdépendance se manifeste par le fait « qu'un évènement économique localisé dans un pays affecte les autres économies, essentiellement au travers des flux commerciaux et financiers »40(*).

Celle-ci relève que la régionalisation ne permet pas de répondre à tous les risques de l'intégration internationale ceci pour deux raisons, «tout d'abord, l'accès à une grande zone intégrée n'est pas ouvert à tous les pays du sud, ne serait-ce que parce qu'un certain nombre d'entre eux, en particulier les pays africains, sont éloignés de tout grand centre économique. Ensuite, le cadre régional ne permet pas de régler tous les problèmes posés par les interdépendances »41(*). Ainsi, d'après elle, c'est à cause de ces raisons que les organisations internationales ont un rôle à jouer dans la gestion des interdépendances économiques internationales « soit parce qu'elles ont pour mission d'oeuvrer pour le développement des pays pauvres (Banque mondiale), soit parce qu'elles ont de facto la responsabilité de la stabilité financière internationale (FMI), en raison de leur capacité à coordonner l'action des grands pays industrialisés et à émettre des règles prudentielles »42(*).

Clive Archer43(*) quant à lui fait une étude sur le rôle des organisations internationales(OI) vis-à-vis de leurs Etats membres dans le système politique international. En effet, après avoir défini et fait une classification des OI, ce dernier identifie deux rôles majeurs joués par les OI dans le cadre de la politique étrangère de leurs Etats membres. Pour lui, les OI sont avant tout des instruments qu'utilisent les Etats membres pour atteindre leurs objectifs sur la scène internationale. Selon cet auteur, cela s'explique par le fait que les membres des OI sont des Etats souverains qui ont le pouvoir de limiter ou d'orienter les actions de ces OI. Par la suite, il estime que les OI sont des arènes dans lesquelles les Etats se rencontrent pour discuter, débattre, coopérer ou manifester leur désaccord.

Ainsi, comme le montre les travaux cités, les organisations internationales jouent un rôle déterminant dans le système politique international. Surtout pour les Etats africains qui perdent de plus en plus de place dans l'ordre international comme l'a démontré le Professeur Joseph Vincent Ntuda Ebodé44(*) qui estime que la fin de la Guerre Froide a modifié la place de l'Afrique dans le système international.

Pour lui, «la logique bipolaire qui dominait pendant la Guerre Froide poussait à un quadrillage planétaire par les superpuissances, soit directement, soit par recours à des puissances intermédiaires »45(*). L'Afrique disposait ainsi d'un intérêt stratégique, et même si sa valeur était moindre que celle du Moyen-Orient ou l'Extrême-Orient par exemple, « le fait que tout territoire soit convoité conduisait à une homogénéisation géostratégique d'un système international dans lequel la politique étrangère des Etats africains trouvait ses principaux déterminants »46(*). Cependant le monde post-bipolaire a par contre débouché sur une recomposition des ensembles continentaux en fonction de la valorisation des ressources dont disposent les Etats. Dès lors, l'Afrique s'est trouvée confrontée à la menace d'un déclassement généralisé dans le système international, ce qui est assez paradoxal au vue des multiples ressources dont regorge le continent africain, mais cela s'explique surtout par les divisions qui subsistent entre les Etats africains.

Cependant, au regard de la complexité du système politique international, l'on pourrait se demander si la Francophonie dispose de suffisamment d'influence sur la scène internationale pour servir de vecteur d'intégration aux Etats africains. A ce sujet, Françoise Massart-pierard47(*) met en exergue le déploiement contemporain de la Francophonie sur la scène internationale. Après avoir effectué un tour d'horizon de l'architecture institutionnelle de la Francophonie, de sa singularité en tant qu'organisation internationale et de sa vision spécifique des relations internationales. Elle interroge la capacité de la Francophonie à s'imposer comme un acteur majeur de la vie politique mondiale. Elle affirme que la Francophonie est une « puissance douce » (soft power) qui à travers l'usage de son capital culturel composé de valeurs dites universelles et d'une langue partagée, est en mesure d'exercer un « leadership moral ».

Néanmoins, Dominique Gallet48(*) estime qu'il faut réformer l'OIF et lui substituer une véritable autorité politique francophone. L'objectif étant ainsi de donner aux Etats francophones un outil politique communautaire devant leur permettre d'intervenir avec efficacité dans tous les secteurs du monde contemporain que ce soit sur le plan de la recherche scientifique, de la technologie, de l'économie ou de la diplomatie.

Tous ces travaux ont le mérite d'avoir ouvert la route à toute recherche sur la question de l'intégration internationale. Cependant, la limite qu'on peut leur trouver est de ne traiter la question que d'un point de vue global. Dès lors, l'originalité de la présente étude réside dans le fait qu'elle aborde la question d'un point de vue spécifique en étudiant un cas précis à savoir celui de l'intégration internationale au travers d'une organisation internationale atypique telle que l'Organisation Internationale de la Francophonie. Aussi, cette étude est-elle particulière en ce qu'elle donne une autre dimension aux relations privilégiées qui ont toujours existé entre la Francophonie et les Etats africains en démontrant que l'OIF, de par ses valeurs, sa position d'acteur de poids et son déploiement contemporain sur la scène internationale, peut être un véritable vecteur d'intégration internationale des Etats Africains dans la mondialisation actuelle.

F-PROBLEMATIQUE.

Notre objet de recherche ne pourra être construit qu'en fonction d'une problématique théorique nous permettant de soumettre à une interrogation systématique les aspects de la réalité de l'intégration internationale des Etats africains et surtout le rôle que peut jouer l'OIF dans cette dynamique. En effet, au regard de certains faits tel que : la désunion persistante des Etats Africains que ce soit sur le plan continental et même au sein de l'OIF, le décalage apparent entre les décisions prises dans les différentes déclarations des chefs d'États au sortir des sommets de l'OIF et leurs applications, de même que la quasi-inexistence du volet économique de cette institution ; L'on peut dès lors s'interroger sur les capacités dont dispose l'OIF pour servir de vecteur d'intégration aux Etats Africains dans le système international. En d'autres termes, comment est-ce que la Francophonie contribuer-t-elle à l'intégration des Etats Africains dans le système international ?

G-HYPOTHESE ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE.

Afin d'apporter une solution à notre problématique, nous pouvons émettre l'hypothèse selon laquelle, l'OIF dispose de capacités à la fois actives et passives qui lui permettent de contribuer à l'intégration des Etats Africains dans le système international. En effet, à travers ses idéaux et le dynamisme politico-diplomatique dont elle fait preuve sur la scène internationale, la Francophonie offre des voies pouvant être utilisées par les Etats Africains pour leur intégration internationale (capacité passive). En outre, à travers les actions qu'elle mène en Afrique, l'OIF contribue également à la mise en oeuvre des conditions nécessaires à une intégration des États africains dans le système international bien que ces actions soient limitées par des facteurs dont il sied d'apporter quelques pistes de solutions (capacité active).

L'objectif de cette étude vise à démontrer que la Francophonie, à travers ses idéaux et ses stratégies de même que par les actions qu'elle mène dans différents domaines dans le cadre de la mise en oeuvre de ses programmes, joue un rôle important dans la dynamique d'intégration internationale des Etats africains dans la mondialisation.

H-CADRE THEORIQUE D'ANALYSE.

Toute démarche scientifique (et encore plus en relations internationales) ne peut aboutir sans la considération d'un ensemble de théories qui sont comme le dit Raymond Aron : « des systèmes hypothético-déductifs constitués par des ensembles de propositions, dont les termes sont rigoureusement définis, élaborés à partir d'une conceptualisation de la réalité perçue ou observée »49(*). En outre, comme l'a démontré Kenneth Waltz50(*) , la théorie est un artefact. C'est -à- dire une construction intellectuelle à travers laquelle nous essayons d'interpréter et de comprendre des faits qu'au préalable nous avons sélectionnés, le défi étant d'amener la théorie aussi près que possible des faits pour en tirer une explication et une prédiction.

Deux courants théoriques seront donc mobilisés dans le cadre de cette recherche afin de mieux cerner son objet. Il s'agit du réalisme et du néo-institutionnalisme.

1. Le Réalisme.

Étant l'une des approches traditionnelles des relations internationales, le réalisme privilégie l'État comme acteur central de la scène internationale caractérisée par l'anarchie. Porté principalement par des auteurs tels que Hans Morgenthau51(*) et Raymond Aron52(*), la théorie réaliste s'insurge contre l'idée selon laquelle il existerait des valeurs supérieures à l'intérêt national des Etats. En effet, pour les réalistes, aucune autorité supérieure aux Etats n'est en mesure de veiller à leur droit et à leur protection sur la scène internationale. Par conséquent, les Etats ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour protéger leurs intérêts. Ainsi, il apparait clair que pour le courant réaliste, les engagements internationaux que prennent les Etats ne sauraient être autre chose que des conventions utiles à la recherche ou à la stabilisation de leurs propres intérêts. Dès lors, l'on peut considérer les Organisations Internationales telle que l'OIF comme des instruments au service des États, qui leur permettent d'accroitre leurs gains et de préserver leurs principaux intérêts tout en leur ouvrant de nouvelles perspectives de développement. De ce fait, l'on peut déduire qu'au regard des faibles capacités dont ils disposent pour s'imposer individuellement sur la scène internationale hautement anarchique, les Etats Africains voient en leur appartenance à des Institutions telles que l'Organisation Internationale de la Francophonie, un moyen pour être mieux intégré dans cette scène internationale.

2. Le néo-institutionnalisme.

Se détachant du courant institutionnaliste en raison de sa nature descriptive et a-théorique, le néo-institutionnalisme a pour principal objectif de « structurer le politique53(*) » en donnant aux institutions une importance théorique. Dès lors, contrairement aux autres approches théoriques qui privilégient les acteurs dans l'analyse politique, cette théorie met plutôt les institutions au centre de cette analyse. Porté principalement par James March et Johan Olsen dans leur célèbre article de 198454(*), la théorie néo-institutionnaliste est subdivisée en trois courants distincts à savoir : le néo-institutionnalisme historique, sociologique et des choix rationnels.

Le néo-institutionnalisme historique s'est développé en réaction contre l'analyse de la vie politique en termes de groupes et contre le structuro-fonctionnalisme (théorie selon laquelle les institutions politiques existent parce qu'elles remplissent un besoin social) qui dominaient la science politique dans les années soixante. Ce courant insiste sur la dimension contingente du poids institutionnel sur l'action en émettant l'argument du path dependency dont l'idée principale est que « les phénomènes sociopolitiques sont fortement conditionnés par des facteurs contextuels, exogènes aux acteurs, dont beaucoup sont de nature institutionnelle55(*)». Ainsi, selon cette approche, les choix et les comportements individuels dépendent de l'interaction entre groupes, intérêts, idées et structures institutionnelles. Par conséquent, les phénomènes sociopolitiques ne peuvent être expliqués par la simple volonté des acteurs ni même par la nature de leurs actions car le contexte institutionnel y est décisif.

Quant au néo-institutionnalisme sociologique, ce dernier trouve ses racines dans la théorie des organisations56(*). Cette approche tente de lier la société aux institutions en mettant l'accent sur l'aspect cognitif de ces dernières, contrairement à l'approche historique qui se concentre sur leurs effets contingents ou celle des choix rationnels qui appréhende leur dimension stratégique. L'idée principale véhiculée par cette approche est celle selon laquelle les préférences individuelles ne sont pas uniquement le produit du cadre institutionnel au sens strict, mais qu'elles découlent d'un cadre de référence plus large. Ainsi, ce courant met en évidence le rôle de la culture et de l'organisation sociale dans la définition des choix et des comportements des individus.

Produit des études sur les législatures, l'approche du néo-institutionnalisme des choix rationnels « considère les institutions en fonction des contraintes et des occasions qu'elles offrent aux acteurs57(*) ». Pour ce courant, le comportement d'un acteur est déterminé non par des forces historiques impersonnelles, mais par un calcul stratégique qui est cependant fortement influencé par les attentes de l'acteur concernant le comportement des autres acteurs. Dès lors, les institutions structurent cette interaction en procurant des informations ou des mécanismes d'adoption qui réduisent l'incertitude concernant le comportement des autres acteurs tout en permettant aux acteurs de tirer des gains de l'échange ; ce qui les incitera à se diriger vers certains calculs ou actions précises. Ainsi, selon cette approche, les individus et leurs calculs stratégiques doivent être placés au centre de l'analyse politique bien que les institutions fixent les paramètres de l'action individuelle.

De ces trois courants du néo-institutionnalisme, c'est l'approche des choix rationnels qui convient le mieux à cette recherche car elle explique comment les États font un usage stratégique des institutions pour satisfaire leurs intérêts. Cette formulation présuppose qu'il existe une interaction entre l'existence des institutions internationales et les bénéfices qu'en tirent les Etats qui les composent. Dès lors, les Organisations internationales telles que l'OIF doivent leur survie au fait qu'elles contribuent à la réalisation des objectifs de leurs Etats membres. Et cette approche des choix rationnels s'insère dans le cas de cette étude car, dans une certaine mesure, la Francophonie a une valeur auprès des États Africains parce qu'elle constitue pour ces derniers un moyen d'intégration dans la scène internationale.

I-CADRE METHOLOGIQUE.

1. Techniques de collecte de données.

Par technique, nous entendons l'ensemble de procédés utilisés par le chercheur dans la phase de collecte des données qui intéressent son étude. A cet effet, deux techniques de collecte de données seront utilisées dans le cadre de cette étude, à savoir l'observation scientifique et l'analyse des contenues.

Ainsi, pour collecter les données nécessaires à cette étude, nous utiliserons préalablement l'observation qui est définie comme « la considération attentive des faits afin de mieux les connaitre et de collecter des informations à leur propos »58(*). Toutefois, entre les deux formes différentes d'observation qui existent à savoir : l'observation fortuite qui est une observation spontanée des phénomènes sociaux, sans préparation préalable et guidée par l'intuition et l'imagination, et l'observation scientifique qui est une observation systématique, préparée et méthodique ; nous opterons pour cette dernière car, pour valider l'hypothèse qui a été émise plus haut, il sera question de mener une observation méthodique des interactions qui animent la scène internationale ainsi que le rôle qu'y joue la Francophonie tout en faisant fi des opinions et idées préconçues. A cet effet, afin de garantir l'objectivité des données collectées, nous nous efforcerons de garder une neutralité dans notre observation de la scène internationale comme le recommandait Claude Bernard lorsqu'il notait dans son exposé de la méthode scientifique expérimentale que « L'observateur doit être le photographe des phénomènes, son observation doit représenter exactement la nature. Il faut observer sans idée préconçue ; l'esprit de l'observateur doit être passif »59(*).

Par la suite, une visite dans différentes bibliothèques telles que : celle de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), la bibliothèque de la Fondation Paul ANGO ELA, celle de l'Agence Universitaire de la Francophonie ainsi que la médiathèque de l'Institut Français du Cameroun nous permettra de consulter un ensemble d'ouvrages, articles généraux et spécialisés sur la science politique en générale et les Relations internationales en particulier.

En outre, nous effectuerons également une fouille webographique aussi bien sur le site de l'OIF que sur les sites des autres organisations internationales, le portail des thèses en ligne, le site de l'université Lyon Jean Moulin 3, et tous les sites nécessaires à notre collecte de données en vue de trouver des textes officiels, des discours des articles et des travaux, dont l'importance est capitale pour cette étude.

2. Méthodes d'analyse.

Duverger définit la méthode comme « une démarche ordonnée qui consiste à observer les phénomènes, exprimant d'une façon coordonnée et cohérente tout ce qu'on sait à propos de ces phénomènes afin d'obtenir un résultat60(*) ».

Afin d'atteindre l'objectif préalablement défini, il sera utilisé dans le cadre de cette recherche deux méthodes d'analyse à savoir la méthode hypothético-déductive et la méthode socio-historique.

· Méthode hypothético-déductive.

Encore appelée méthode expérimentale, elle va consister en une confrontation de l'hypothèse faite plus haut aux faits. Et cela s'effectuera par l'articulation des théories ( Réalisme et néo-institutionnalisme) mobilisées plus haut avec un certain nombres de données empiriques et historiques sur l'évolution, le rôle et la place de la Francophonie dans la mondialisation ainsi que les différentes interactions qui existent entre elle et les Etats Africains qui y sont représentés.

· Méthode socio-historique.

Cette méthode consistera à mettre en perspective l'évolution politique de la Francophonie avec la dynamique d'intégration des Etats africains dans le système international. Ceci afin de dégager une grille de lecture du rapport entre l'évolution de l'influence internationale de la Francophonie et la dynamique d'intégration internationale des États africains.

J- ANNONCE DU PLAN.

Ce travail obéit à une double logique basée sur l'analyse de la contribution de l'institution francophone à la dynamique d'intégration des États africains dans la scène internationale aujourd'hui mondialisée. Ainsi, comprend-il, deux parties. Une première partie qui présentera la Francophonie comme un vecteur d'intégration internationale des États Africains à travers deux chapitres qui démontrent non seulement que la Francophonie à travers ses valeurs et objectifs véhicule des idéaux favorables à l'intégration internationale des États africains (Chapitre I). Mais également que l'OIF, à travers les stratégies politico-diplomatiques qu'elle met sur pied, offre des voies propices à l'intégration internationale des États africains (Chapitre II).

Quant à la deuxième partie, elle consistera à démontrer que la Francophonie en tant qu'acteur stratégique dans la résolution pacifique des conflits et le développement des États africains constitue un véritable levier d'intégration internationale pour ces derniers (Chapitre III), mais qui cependant est confronté à des difficultés dont il sied d'apporter des voies de solutions à travers une analyse prospective (Chapitre IV).

PREMIERE PARTIE

LA FRANCOPHONIE : UN VECTEUR D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.

La Francophonie en tant qu'organisation internationale appartient au monde des nouveaux intervenants sur la scène internationale qualifiés par J. Rosenau d' « acteurs hors souveraineté »61(*). Durant ces deux dernières décennies, cette institution a évolué dans ses structures et ses principes afin de se donner les moyens de peser sur les relations internationales. En effet, depuis le premier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement ayant en commun le français en février 1986 à Versailles, la Francophonie s'est, pas à pas, institutionnalisée avec la création d'instances politiques de haut niveau (Sommet, conférence des Ministre, conseil permanant, Secrétariat Général...) et cette transformation dans le sens d'une plus grande action politique s'accorde parfaitement avec le mouvement d'ouverture de la scène internationale à de nouveaux acteurs non étatiques62(*). Dès lors, en ce début de 21eme siècle hautement influencé par la mondialisation, la Francophonie s'identifie en tant qu'acteur influent des relations internationales. Ainsi, celle-ci s'affirme face aux autres organisations internationales classiques de par son mode de fonctionnement axé sur le modèle de la gouvernance entendue comme « un processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux et d'institutions, en vue d'atteindre des objectifs définis et discutés collectivement »63(*). Ainsi donc, la Francophonie s'attèle à établir des coopérations non seulement entre les Etats mais également entre ces derniers et un nombre considérable d'autres Organisations (interétatiques, supranationales ou non gouvernementales)64(*). Dès lors, cette organisation agit comme un vecteur d'influence sur la scène internationale pour ses Etats membres.

Ainsi, la Francophonie se révèle comme un vecteur d'intégration internationale pour ses Etats membres et plus particulièrement pour les Etats Africains dotés pour la plupart de faibles capacités de puissance. Et cette fonction se traduit non seulement à travers les valeurs et les objectifs de cette institution (Chapitre Ier), mais également à travers ses stratégies Politico-diplomatiques (Chapitre II).

CHAPITRE I

LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA FRANCOPHONIE : DES IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.

«  La Francophonie, c'est un combat pour certaines valeurs

(...) une approche originale qui fait avancer en profondeur

ses chantiers de la démocratie et des droits de l'homme »65(*)

Au fil du temps, et grâce à de multiples combats menés par les pères fondateurs (Léopold Sedar Senghor, Habib Bourguiba, Amani Diori), la Francophonie est devenue progressivement un acteur de la vie internationale. A ce titre, elle a pris part et continue à renforcer sa participation aux grandes conférences internationales dans le but de toujours présenter le point de vue de ses membres et de défendre leurs intérêts. En outre, Afin d'atteindre certains de ses objectifs liés notamment aux valeurs qu'elle promeut, l'Organisation Internationale de la Francophonie a parfois, sinon souvent, pris à son tour l'initiative de certaines grandes rencontres internationales où elle a convié des organisations internationales soeurs ou partenaires. Ainsi, il est clair que la Francophonie, à ce jour, ne constitue plus seulement un forum culturo-linguistique mais elle se pose également comme un vecteur d'intégration internationale de ses Etats membres. Et cette légitimité politique que connait la Francophonie sur la scène internationale trouve ses fondements non seulement dans la morale66(*) contenue dans sa vision du monde, et ses valeurs (Section 1) mais également dans les objectifs poursuivis par l'OIF (Section 2).

Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et l'originalité de sa vision du monde.

Dans ses efforts d'humanisation des rapports entre les civilisations dans la mondialisation, la Francophonie, sans en revendiquer la propriété exclusive, s'est appropriée de certaines valeurs universelles relevant du patrimoine naturel et culturel de l'humanité et les a assorties d'une touche particulière qui lui confère une originalité (paragraphe 1). En outre, après un demi-siècle de pratique d'un militantisme associatif multiple, et plus de trente ans d'une implication progressive des gouvernements, la vision du monde de la Francophonie se dégage avec netteté aujourd'hui (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'originalité universelle des valeurs francophones en faveur d'une mondialisation multipolaire.

Comme la démontré le professeur Michel Guillou, « La Francophonie prend conscience de son importance et de son rôle dans la mondialisation multipolaire comme pôle de diversité, de solidarité et de dialogue »67(*). Ainsi, la Francophonie oeuvre pour l'acceptation et la mise en commun de toutes les cultures qu'elles soient Américaines, Européennes où même Africaines à travers la promotion des valeurs de liberté et de diversité culturelles (A). Mais aussi, elle valorise l'interdépendance et la coopération entre les Etats au travers de la promotion des valeurs de solidarité et de dialogue (B).

A. Les valeurs de liberté et de diversité culturelle.

Face à la mondialisation actuelle caractérisée par la domination d'un modèle planétaire unique d'organisation économique et sociale, d'une culture unique et surtout d'une pensée unique à savoir celles Américaines , la Francophonie milite pour la liberté qui est une valeur fondamentale inhérente à l'existence de toute civilisation. Ainsi, à travers la promotion de cette valeur fondamentale qu'est la liberté, L'OIF tourne le dos aux analyses de Samuel Huntington sur « le choc des civilisations »68(*) et plaide pour « un métissage de l'universalisme et de la civilisation de l'universel » 69(*) telle que voulu par son père fondateur L.S. Senghor. En effet, la Francophonie rompt avec toute tendance qui conduit à la confiscation des libertés fondamentales de l'Homme car, comme le constate NGOUAKA-TSOUMOU, « plus les Hommes sont libres dans tous les domaines de leurs activités sociales, économiques, politiques, culturelles, etc., plus ils s'épanouissent et créent des solidarités visant à valoriser l'intérêt général au détriment des égoïsmes de toute sorte que sous-tendent la pensée unique »70(*). Dès lors, c'est sans doute cet esprit de solidarité découlant de la liberté des hommes qui commande les Etats et gouvernements ainsi que tous les autres acteurs de la communauté internationale à concevoir, avec décence, des politiques d'entraide appelées aussi politiques de coopération.

En outre, du fait de la densité du foisonnement actuel des différentes expressions culturelles au niveau international résultant de la mondialisation qui accélère « l'ouverture des sociétés les unes aux autres »71(*) , et de l'asymétrie des forces économiques qui caractérise la scène internationale, on assiste à une tendance à l'acculturation. En effet, avec la mondialisation, on observe une sorte d'impérialisme culturel  des pays économiquement puissants tels que les États-Unis. Ce qui conduit de manière spectaculaire à une standardisation culturelle caractérisée par une « homogénéisation du phénomène culturel »72(*) préjudiciable au développement des pays à faible économie tels que la majorité des pays Africains francophones. Ce phénomène d'acculturation est si manifeste que l'on a assisté depuis quelques années à l'émergence et à la consolidation d'un phénomène dit de l'américan way of life qui exprime la prédominance du mode de vie américain et, partant, de la culture américaine. En opposition à cette uniformisation culturelle du monde au profit de la culture « américano-occidentale »73(*)qui traduit la conception américaine de l'universalisme s'apparentant plus à un universalisme inégalitaire qu'à autre chose, la Francophonie appréhende l'universalisme plutôt comme une « synthèse des différences »74(*). Dans cette perspective, l'accès à l'universel ne passe ni par l'uniformité, ni par l'homogénéité mais par le dialogue des cultures et, partant le respect des spécificités culturelles. Dès lors, la Francophonie se pose donc comme un contrepoids aux effets pervers de la mondialisation culturelle en opposant à l'uniformisation culturelle, la diversité culturelle caractérisée par la considération de toutes les cultures.

B. Les valeurs de solidarité et de dialogue.

La solidarité comme valeur de la Francophonie exige que les Etats soient continûment en dépendance réciproque ou en complémentarité dialectique. Elle constitue de fait, le fondement, à la fois, d'une certaine cohabitation harmonieuse et d'une cohésion réaliste, quel que soit le contexte dans lequel on se trouve. Ce contexte peut être, soit intergouvernemental c'est-à-dire liant un groupe d'Etats et de gouvernements, soit bilatéral donc, impliquant simplement les Etats entre eux, ou encore multilatéral quand il concerne les relations entre les Etats et les Organisations internationales, voire celles-ci entre elles. C'est donc avec de grandes raisons qu'on peut être amené à dire que c'est l'esprit de solidarité qui est la base des rapprochements entre les différents acteurs de la communauté internationale, tant il favorise leur adhésion aux intérêts communs et partagés. Dès lors, ces rapprochements des uns vers les autres, la Francophonie, par la bouche de Léopold Sédar SENGHOR, leur concède l'appellation toute simple de "l'unité". C'est d'ailleurs à ce titre qu'en 1993, lors du cinquième sommet des chefs d'Etats et de gouvernements membres de la Francophonie à l'île Maurice, l'OIF en a fait son thème principal et la formule consacrée était « l'unité dans la différence »75(*). Ainsi, la solidarité est un principe fondateur de la communauté francophone. Elle détermine autant sa stratégie politique que ses actions de concertation et de coopération. Dans cet esprit, la Francophonie avec l'ensemble de la communauté internationale travaille à mettre en oeuvre les résolutions prises à l'issue des grandes rencontres internationales et à promouvoir un développement durable et solidaire.

Outre la liberté, la diversité culturelle et la solidarité, la Francophonie promeut également comme valeur fondateur de sa vision, le dialogue ; plus précisément le dialogue des cultures. En effet, comme le démontre NGOUAKA TSOUMOU, « lorsque des cultures dialoguent, il y a nécessairement une synthèse qui s'opère. Cette synthèse est une formidable richesse explorée par l'Organisation Internationale de la Francophonie qui convie ainsi l'humanité à la suivre dans cette voie vers la paix, gage de toute démocratie »76(*). De ce fait, on parvient alors à comprendre pourquoi les caciques de la Francophonie affirment qu'elle est un métissage des valeurs de l'idéal républicain français et de « la civilisation de l'universel »77(*) de Senghor. Dit autrement, la Francophonie est donc Nord, elle est Sud. Ainsi, « le dialogue est une vertu incontournable, source d'apaisement devant les multiformes défis qu'imposent les relations internationales »78(*). Dès lors, c'est par le dialogue que certaines solutions sont trouvées car le dialogue est tout le contraire de la pensée unique, il admet l'unité dans la diversité. C'est une voie possible d'accéder au développement et à la paix.

Paragraphe 2 : L'originalité de la vision des relations internationales sous l'angle de la Francophonie.

Dans son fonctionnement interne, la Francophonie offre un modèle où les États interagissent non pas seulement entre eux mais aussi avec les autres organisations internationales. Dès lors, sa vision des relations internationales affiche ouvertement sa proximité avec le paradigme idéaliste à travers la primauté qu'elle accorde au multilatéralisme (A) et par sa promotion d'une mondialisation humaniste (B).

A. La primauté du multilatéralisme.

L'un des principes sur lesquels repose le libéralisme politique proche du courant idéaliste est de considérer la guerre, l'injustice et les inégalités comme des problèmes internationaux « qui requièrent des actions collectives ou multilatérales pour y mettre un terme »79(*). Ce à quoi veille la Francophonie qui, dès sa naissance à Niamey en 1970, a opté pour le multilatéralisme80(*). En effet, cette dernière refuse la vision réaliste, une vision pessimiste des relations internationales qui seraient en soi anarchiques et fondamentalement antagonistes parce que compteraient l'intérêt égoïste des Etats défini en termes de puissance. De ce fait, c'est donc cette vision wilsonienne caractérisée par la primauté du multilatéralisme qui se dégage des engagements de la Francophonie pour un ordre international régi non seulement par le droit et la démocratie mais surtout par le multilatéralisme, qui justifie les liens étroits qu'elle entretient avec les autres organisations internationales dont l'ONU et ses institutions sont en bonne place. En effet, grâce à l'appui accordé aux Nations Unies comme cadre légitime de régulation des affaires internationales, la Francophonie, et à travers elle ses États membres, manifeste leur contestation de l'unilatéralisme nord-américain.

A bien des égards, cette vision qu'a la Francophonie des relations internationales, marquée par la renonciation à l'unilatéralisme et à l'uniformisation tels que voulus par le monde occidentale, en faveur du multilatéralisme semble être grandement appréciée par les Etats en ce début de 21eme siècle au vu de l'attrait que suscite l'OIF. En effet, cette dernière n'a cessé d'attirer. Son élargissement quasi continu en témoigne. Vingt-huit Etats francophones avaient participé en 1969 à la première Conférence intergouvernementale des pays partiellement ou entièrement de langue française, convoqués par le président du Niger, Hamani Diori, à Niamey en vue de mettre sur pied ce qui deviendra un an plus tard l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT). Aujourd'hui, les Etats membres de l'OIF sont au nombre de 80 parmi lesquels on compte des Etats non francophones qui n'ont aucun lien avec la langue française (le Qatar) mais qui pourtant adhèrent à cette vision francophone des relations internationales.

B. La promotion d'une mondialisation humaniste.

Depuis la fin de la guerre froide et la défaite par abandon de l'Union soviétique dans l'arène idéologique, le monde est devenu un théâtre d'ordres et de désordres81(*). Rien n'est plus figé, tout bouge. Il s'agit dorénavant de vivre ensemble grâce aux interdépendances économiques encouragées par la mondialisation. Cependant, dans cette mondialisation économique que connait le monde aujourd'hui, il règne une anarchie caractérisée par l'expansion du système capitaliste qui ; au-delà de tous les avantages qui peuvent en découler, « coïncide surtout avec un élargissement quasi général des clivages sociaux »82(*), notamment entre les pays du nord qui profitent des nouveaux modes de production et d'échange et les pays du sud pauvre, qui restent en marge et pâtissent de cette mondialisation mercantile. Il résulte de cette disparité sociale de grands problèmes sociaux liés au sous-développement des pays du sud tels que le chômage, la malnutrition et le développement des pandémies ; qui constituent une grande source d'insécurité, comme en témoigne la multiplication des guerres civiles qui entrainent des flux migratoires et des mouvements de réfugiés. En outre, force est de constater que cette mondialisation s'apparente plus à une arène où règne le chacun pour soi, comme le démontre Philippe Moreau-Defarges par ces propos, « l'occident riche apparaît égoïste et myope, redoutant d'être agrippé par les continents embourbés dans leur pauvreté, lui demandant toujours de l'argent »83(*).

Dès lors, à cette mondialisation dépourvue de considération humaine et caractérisée principalement par le capitalisme et le privilège accordé à la loi du marché tel qu'on la vis aujourd'hui. La Francophonie milite pour une mondialisation plus humaniste. En effet, en tant qu'espace d'échange interculturel mondialisé, de valeurs et de promotion de biens communs de l'humanité, la Francophonie se pose en pôle humaniste de promotion et de régulation d'une mondialisation humaniste et multipolaire. Ainsi, cette dernière se veut non pas comme une arène où règne le chacun pour soi  mais comme une plateforme de coopération et d'entraide non seulement entre les pays du nord et ceux du sud, mais également et surtout entre les pays du sud eux-mêmes.

In fine, il a été démontré tout au long de cette section que, à travers ses valeurs et la vision qu'elle a des relations internationales, la Francophonie véhicule des idéaux très favorables à l'intégration internationale de ses États membres en général, et des États Africains en particulier. Et pour matérialiser ces idéaux, cette dernière s'est fixée des objectifs qui s'apparentent à une mise en oeuvre des facteurs d'intégration internationale.

Section 2 : Les objectifs de la Francophonie et la promotion des facteurs d'intégration internationale.

D'après la charte adoptée le 23 novembre 2005 à Antananarivo, la Francophonie étant consciente des liens que crée entre ses membres, le partage de la langue française et des valeurs universelles, souhaite les utiliser au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable84(*). Dès lors, celle-ci s'est assignée un ensemble d'objectifs qui concourent aussi bien à promouvoir la paix (Paragraphe 1), qu'à favoriser le développement (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les objectifs en faveur de la promotion de la paix.

Afin de promouvoir la paix, une grande partie des objectifs de la Francophonie est orientée vers la prévention des conflits (A), la gestion des crises et la consolidation de la paix (B).

A. La préservation de la paix par la prévention des conflits.

Dans son étude des phénomènes d'intégration et de déviance normative dans le système international, Soraya Sidani85(*) constate que, l'un des principaux indicateurs de la non-intégration dans le système international est la faillite de l'Etat causée généralement par les conflits. En effet, lorsqu'on observe attentivement le phénomène d'intégration dans le monde, force est de constater que le degré d'intégration est très faible, voire nul dans les régions à forte capacité d'instabilité où règnent des tensions et des conflits. Dès lors, le souci étant devenu majeur pour la communauté internationale, d'apporter des réponses adéquates à l'exigence de prévention pacifique des crises et des conflits, considérée comme un des objectifs prioritaires de sa mobilisation, a conduit au déploiement de stratégies d'actions différenciées et complémentaires qui, pour reposer principalement sur une détermination politique à agir trouvant son expression dans des cadres normatifs et de solidarité, doivent pouvoir s'inscrire dans des mécanismes appropriés.

La conférence ministérielle de Saint-Boniface de 2006 sur la prévention des conflits et la sécurité humaine a illustré la volonté de la Francophonie de participer pleinement à cet engagement collectif prioritaire, comme elle s'y est attachée depuis le sommet de Hanoi au titre de la prévention structurelle et diplomatique. Pour ce faire, elle a développé des instruments originaux pour l'observation, l'évaluation ou l'alerte précoce, considérés comme indispensables à une connaissance plus exacte des situations et des faits. Toutefois, la mise au point de tels instruments, fiables et consensuels, selon un champ d'observation et sur la base d'indicateurs acceptés par tous les partenaires concernés, répond à l'exigence, aussi bien pour des raisons ethniques qu'opérationnelles, de disposer d'éléments d'appréciation de la réalisation des politiques de promotion et de protection des droits de l'Homme et de la démocratie valorisées, à l'instar de la Francophonie, par la plupart des organisations internationales, alliant tant le soutient au renforcement des capacités des pays concernés que la mise en oeuvre des dispositions graduées prévues en cas de violation des engagements conçues parfois comme autant de conditionnalités.

Le dispositif spécifique de veille de l'OIF s'inscrit dans une démarche semblable, selon des caractéristiques précisées par la Déclaration de Bamako dans le chapitre V alinéa1 et la note adoptée par le Conseil permanent de la Francophonie (CPF), en Septembre 2001. Sous l'autorité du Secrétaire général qui se tient informé en permanence de l'état des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone, en s'appuyant sur la Délégation à la paix, à la Démocratie et aux Droits de l'Homme (DDHDP), il tend, dans un souci de prévention et sur la base de la grille d'observation du chapitre IV, « à définir les mesures les plus appropriées en matière d'appui à l'enracinement de la démocratie, des droits et des libertés ; d'apporter aux Etats et gouvernements qui le souhaitent l'assistance nécessaire en ces domaines ; de contribuer à la mise en place d'un système d'alerte précoce »86(*).

L'option retenue pour donner sa pleine mesure à cette fonction de veille stratégique est celle d'un mode déconcentré et participatif impliquant dans la collecte et le traitement des informations les différents partenaires du processus de Bamako, mobilisés au sein d'un réseau d'information et de concertation développé par la DDHDP. Celle-ci est chargée d'intégrer ces données, enrichies de celles transmises par l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), les opérateurs et les représentations permanentes, et de produire des rapports périodiques et ad hoc à l'attention des instances et du Secrétaire général qui prend, sur cette base, les mesures appropriées.

Ainsi, la démarche préventive est systématiquement imprégnée dans l'ensemble des actions menées par la Francophonie, non seulement pour éviter l'émergence d'une crise ou son développement, mais également à toutes les étapes des processus de paix.

B. La gestion pacifique des crises et la consolidation de la paix.

Les objectifs de la Francophonie en matière de promotion de la paix vont au-delà de la simple prévention des conflits. En effet, comme le fait remarquer le professeur ATANGANA AMOUGOU, la Francophonie, a transcendé le « périmètre traditionnel de ses missions »87(*) et se pose aujourd'hui comme acteur dans la résolution proprement dite des conflits. Ainsi, dans le cadre de son programme d'accompagnement des situations de crise ou de transition démocratique, la Francophonie a développé deux axes majeurs d'intervention à savoir : le soutien politique et technique aux autorités et acteurs de la résolution du conflit d'une part et l'appui au rétablissement d'un ordre constitutionnel et institutionnel d'autre part.

En cas d'éclatement d'une crise ou d'un conflit dans l'espace francophone, toute l'expertise francophone en matière de médiation est mobilisée pour l'élaboration et la mise en oeuvre des accords politiques. Cela se traduit principalement par le déploiement des missions de médiation et de facilitation par le Secrétaire général de l'OIF qui désigne également des envoyés spéciaux pour favoriser l'émergence de solutions consensuelles de sortie de crise et la conclusion d'accords de paix durables entre les parties en conflits. En outre, la contribution de la Francophonie à la résolution des conflits se traduit également par sa participation aux groupes internationaux de contact regroupant les représentants des Etats concernés par les conflits et les organisations internationales. Cette approche globale et inclusive d'accompagnement des crises vise principalement à assurer un suivi et un accompagnement à la fois politique et technique des situations de crise en contribuant à la définition et à la réalisation des conditions de paix et en mettant à la disposition des pays concernés une assistance appropriée et coordonnée pour aider à mettre en oeuvre les accords de paix conclus entre les protagonistes.

L'action de la Francophonie pour la résolution des conflits se traduit aussi par la participation aux opérations de maintien de la paix initiées par l'ONU. En effet, les Chefs d'Etats et de gouvernement de la Francophonie se sont résolument engagés lors du Sommet de Québec de 2008 à « renforcer les capacités des Etats francophones en matière de maintien de la paix et à les encourager à fournir à l'ONU et aux organisations régionales compétentes, dans la mesure de leurs moyens des contingents francophones (militaires, policiers et civils) afin d'accompagner les transitions et consolider la paix »88(*). Sur la base de ces dispositions, l'OIF a élaboré une stratégie opérationnelle afin d'aider à surmonter les obstacles s'opposant à la participation active des Etats francophones aux opérations de paix et d'accompagner le renforcement de leurs capacités dans ce domaine. Des actions de plaidoyer sont menées par le Secrétaire général de l'OIF auprès des Etats francophones afin de les sensibiliser aux avantages stratégiques de la participation aux opérations de paix. A cet effet, comme en témoigne le graphique suivant, l'on constate une nette augmentation de la contribution francophone aux opérations de maintien de la paix de l'ONU depuis la création du poste de Secrétaire général de l'OIF en 1997.

Graphique no1 : Contribution francophone aux OP de l'ONU 1948-2008.

Source : Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, 2008.

La Francophonie s'attache également à renforcer les institutions des pays en transition, qu'elles soient ad hoc ou permanentes, aux fins de restauration de la stabilité politique et de la démocratie ainsi que du respect des droits et des libertés. Dans ce cadre, ses actions se déclinent sous plusieurs aspects tels que : la participation aux structures de suivi des accords, à titre d'observateur et/ou de facilitateur ; l'organisation d'activités de sensibilisation, de formation, d'intériorisation par les acteurs nationaux des processus de dialogue politique, de concertation et de plaidoyer ; la production et la diffusion d'informations relatives aux pratiques de la démocratie, des droits et des libertés, et le partage d'expériences ; le soutien au renforcement des capacités matérielles et mise à disposition d'expertises auprès des institutions de la transition ; l'appui à la révision ou à l'élaboration des textes fondamentaux ; et enfin l'envoi d'observateurs aux différentes échéances électorales.

Paragraphe 2 : Les objectifs en faveur du développement.

Dans son étude des phénomènes d'intégration internationale évoquée plus haut, Soraya Sidani identifie le développement économique et social comme un facteur d'intégration sur la scène internationale89(*). Ainsi, la Francophonie tend à favoriser l'intégration internationale de ses Etats membres, à travers ses objectifs en faveur du développement qui visent à contribuer par la coopération multilatérale au développement durable d'une part (A) et à favoriser l'essor économique de ses Etats membres d'autre part (B).

A. La contribution par la coopération multilatérale au développement durable.

Compte tenu de la diversité des situations de ses membres  (pays moins avancés, pays pauvres très endettés, petits Etats insulaires en développement, pays enclavés), les différents sommets de la Francophonie ont réaffirmé la nécessité de combiner de façon équilibrée un développement durable, une répartition équitable des résultats de la croissance, une gestion soucieuse de l'environnement et le respect des différentes cultures. A cet effet, l'OIF s'engage à agir pour un développement durable de ces Etats membres en appuyant l'amélioration de la gouvernance économique, le renforcement des capacités, la concertation et la recherche de positions communes dans les grandes négociations internationales. Dès lors, elle identifie 5 piliers principaux sur lesquels reposent ses objectifs pour un développement durable à savoir :

· Un développement respectueux de l'environnement et soucieux de la conservation des ressources naturelles : en effet, la Francophonie s'est engagée à faire appliquer les conventions de Rio90(*) et à faire aboutir la ratification et la mise en oeuvre du protocole de Kyoto91(*). En outre, l'environnement fait régulièrement partie des thèmes abordés lors des différents Sommets des Chef d'Etats et gouvernements de l'OIF comme ce fût le cas du Sommet de Québec dont la Déclaration prévoyait entre autre : la promotion d'une meilleure gouvernance de l'eau incluant la gestion transfrontalière des eaux, l'encouragement de la mise en oeuvre d'initiatives favorisant l'accès durable à l'eau potable et le soutien aux initiatives qui contribuent à une gestion responsable et durable des forêts et la lutte contre la déforestation et la désertification92(*).

· Un développement économique continu : la Francophonie se donne pour objectif de renforcer la solidarité économique en faveur du développement conformément aux recommandations des ministres francophones de l'économie réunis à Monaco en 1999. En effet, rien n'est possible sans l'économie et la Francophonie s'en est rendue compte comme l'atteste la déclaration finale du colloque organisé par l'Université Senghor en 2007 sur le thème « Economie et Francophonie » qui affirmait que : « la Francophonie a besoin d'une stratégie de développement économique sans laquelle ses actions en matière de solidarité, de démocratie et de développements durable resteront fragiles »93(*).

· Un développement fondé sur la démocratie, l'état de droit et les droits de l'homme : pour la Francophonie, une vie politique apaisée et la jouissance par les citoyens de tous leurs droits, objet de la Déclaration de Bamako, sont en effet des éléments indissociables du développement durable. En outre, la gestion des affaires publiques conforme aux principes de la bonne gouvernance est essentielle pour une redistribution plus équitable des ressources.

· Un développement social équitable qui prend appui sur l'éducation et la formation : la Francophonie considère, la formation et l'éducation comme des fondements du développement durable. C'est la raison pour laquelle, l'OIF dispose d'une direction de l'Education qui travaille en étroite collaboration avec la CONFEMEN, l'Université Senghor et l'AUF qui pour sa part, est entièrement vouée aux coopérations universitaires, car l'enseignement supérieur joue un rôle primordial dans la construction des sociétés.

· Un développement attentif à la diversité culturelle et linguistique : en effet, le plein respect de la promotion de la diversité culturelle et linguistique constitue l'un des piliers du développement durable pour la Francophonie. C'est pour cette raison que l'OIF, en collaboration avec les ambassadeurs francophone à l'UNESCO, s'est énormément impliquée dans l'élaboration et l'adoption, en 2005, de la « Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ». Elle s'est ensuite engagée auprès de ses membres pour une ratification large et une entrée en vigueur rapide. En juin 2008, 83 États avaient déposé leurs instruments de ratification auprès de l'UNESCO, parmi lesquels, 43 membres de la Francophonie.

B. Favoriser l'essor économique des Etats.

Afin de contribuer à l'essor économique de ses Etats membres, la Francophonie concentre son action sur les deux principaux axes que sont : l'appui aux politiques de lutte contre la pauvreté et le soutien à l'intégration des pays francophones en voie de développement dans l'économie mondiale.

Dans le cadre de sa politique d'appui au développement local et solidaire pour la lutte contre la pauvreté, l'OIF se donne pour objectif d'apporter son appui et son expertise aux acteurs économiques locaux en les accompagnants dans la réalisation d'actions démonstratives visant la mise en place de petites unités formelles. L'objectif global étant de favoriser le développement et l'ancrage d'une économie solidaire de proximité efficace, c'est-à-dire un tissu économique local caractérisé par un nombre significatif de petites entreprises, d'équipements artisanaux et commerciaux, et de services aux particuliers. L'action de la Francophonie en la matière s'inscrit dans la logique des objectifs du millénaire pour le développement et plus particulièrement celui de réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim d'ici à 2015. Au-delà de l'appui au développement local, les objectifs de la Francophonie en faveur de la lutte contre la pauvreté visent également à favoriser le développement d'institutions de microfinances qui, comme les technologies de l'information et de la communication, peuvent avoir des effets multiplicateurs permettant notamment aux femmes et aux jeunes de trouver plus facilement un emploi ou de s'en créer. De même elle vise aussi à l'incitation au développement du secteur privé et de l'investissement par le renforcement de la capacité des Etats à établir, notamment par la définition et la mise en place de cadres réglementaires et une gouvernance favorable à la création d'activités économiques tel qu'indiqué dans son cadre stratégique94(*).

L'intégration accrue des pays les moins avancés et des pays en développement francophones dans l'économie mondiale est l'un des éléments-clé d'une stratégie de développement économiquement durable et équitable. Cela nécessite une capacité accrue des Etats à faire valoir leurs intérêts dans les négociations internationales et à défendre leurs projets auprès des institutions financières internationales et des coopérations bilatérales et multilatérales. A cette fin, l'OIF suscite des concertations visant à permettre l'échange d'informations et l'élaboration de positions communes entre ses Etats membres lors des forums internationaux. Elle privilégie simultanément les actions visant l'amélioration de la gouvernance, indispensable condition d'accès aux ressources internationales publiques et aux investissements directs du secteur privé.

Ce chapitre avait pour but de montrer que la Francophonie véhicule des idéaux favorables à l'intégration internationale des Etats Africains. Durant cette première analyse, nous avons constaté en effet que la Francophonie prône la diversité culturelle et la solidarité comme compagnons de la liberté, le dialogue comme outil de la paix. Elle choisit pour l'accès à l'universel, la synthèse des différences et non l'affirmation d'un modèle unique et dominant, et privilégie l'approche multilatérale. Ces valeurs fondent son universalisme et mettent en avant sa vision spécifique des relations internationales qui accorde une primauté au multilatéralisme et à la promotion d'une mondialisation humaniste ; vision qu'elle partage d'ailleurs, avec d'autres organisations. De plus, la Francophonie s'est fixée un ensemble d'objectifs qui font d'elle un acteur dans la mise en place des facteurs de paix et de développement qui sont indispensables à l'intégration internationale de ses États membres en général et des États Africains francophones en particulier. Outre ces valeurs et objectifs, le rôle de la Francophonie en tant que vecteur d'intégration internationale se traduit également par ses stratégies politico-diplomatiques.

CHAPITRE II

LES STRATEGIES POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA FRANCOPHONIE : DES VOIES PROPICES À L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.

« La crise mondiale, aux effets graves et multiples, qui touche de plein

fouet tous les Etats et gouvernements membres de l'OIF, nous incite

à nous montrer plus exemplaire et plus attentifs encore dans le choix

des méthodes et des manières d'agir. »95(*)

Ce chapitre nous plonge dans l'étude des stratégies politico-diplomatiques que la Francophonie met sur pied afin de réaliser ses objectifs et de mieux se déployer sur la scène internationale. L'on ne saurait dissocier l'action de coopération politique de la Francophonie de son déploiement diplomatique car « l'action de coopération fait partie de la diplomatie francophone »96(*). Pour mieux saisir la portée de cette assertion, tout en prévenant d'éventuelles confusions pouvant résulter d'une mauvaise lecture ou d'une interprétation qui pourrait s'avérer excessive, on peut se référer à jacques CHAZELLE qui précise avant tout que la science et/ou l'art qui s'attelle à la gestion des relations internationales, à l'exception de l'expansion commerciale et des investissements financiers, ne s'appelle pas autrement que la diplomatie97(*). En d'autres termes, cela veut dire que la conduite de toute politique internationale quelle que soit la forme qu'elle peut revêtir est d'abord par excellence le fait de la diplomatie. Toutefois, dans le cadre de cette étude, l'on s'interroge sur la contribution de l'action politico-diplomatique de la Francophonie dans la dynamique d'intégration internationale de ses États membre en général et des États Africains en particulier. A cet effet, il faut noter que la Francophonie dans son déploiement sur la scène internationale veille à adapter ses interventions à chacun des contextes et aux besoins de ses États membres. Pour cela, elle a mis sur pied à la fois une stratégie politique basée sur une double coopération (section 1), de même qu'une stratégie diplomatique propice pour une intégration internationale de ces Etats membres en général et des États Africains francophones en particulier (section 2).

Section 1 : Une Francophonie politique basée sur une double coopération.

La stratégie politique de la Francophonie est basée à la fois sur une coopération interne au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie (Paragraphe 1), et une coopération externe entre l'OIF et les autres entités internationales (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La coopération interne de la Francophonie.

La coopération interne de la Francophonie se matérialise non seulement à travers les rapports entre l'OIF et ses Etats membres (A), mais également entre l'OIF, les Organisations de la société civile (OSC) et les ONG qu'elle accrédite (B).

A. La coopération entre l'OIF et ses États membres.

La particularité de la Francophonie politique réside dans la synergie qu'elle génère entre les Etats qui la constituent et dont la coopération constitue précisément le moyen d'expression. En effet, la coopération en Francophonie est caractérisée par la politique de soutien réciproque ou encore la politique d'aide technique, économique, scientifique et culturelle apportée par les Etats industrialisés aux Etats moins développés dont l'OIF se fait le vecteur privilégié. Ainsi, dans la sphère de la Francophonie, la coopération est le domaine des actions concrètes où s'applique, s'expérimente et se promeut la solidarité entre les pays membres de l'OIF, notamment entre ceux du Nord et ceux du Sud dont la plupart sont pauvres et sous-développés. Dès lors, le concept de coopération interne en Francophonie est relatif à toute politique d'aide au développement apportée par les pays francophones développés comme la France, la Suisse, le Canada ou tout autre pays développé membre de l'OIF, aux pays pauvres du Sud qui peuplent cette Organisation, et dont la grande majorité sont les États africains.

La Francophonie veille effectivement au développement d'une coopération accrue entre ses Etats membres dans tous les domaines car, celle-ci est essentielle et dans tous les cas indispensable pour témoigner de la solidarité entre les Etats et gouvernements francophones, et bien plus, pour justifier de l'intérêt de la Francophonie politique. Cela est d'autant vrai que, par exemple, la Conférence ministérielle sur la prévention des conflits et de la sécurité humaine à Saint-Boniface les 13 et 14 mai 2006 a permis selon le Secrétaire général de la Francophonie « de confirmer le besoin accru d'une coopération entre Etats et gouvernements francophones en matière de sécurité au service du développement et en particulier en matière de maintien de la paix »98(*)

Pour la Francophonie, la coopération solidaire se matérialise à travers la réalisation des projets de développement d'intérêt communautaire dont l'objectif final consiste à réduire la fracture de pauvreté trop criarde entre les Etats et gouvernements membres de l'OIF. Dès lors, cette coopération contribue notamment à limiter les tensions sociopolitiques en encourageant le développement économique et social, entendu ici dans le sens de François PERROUX que cite Kitsoro KINZOUNZA, c'est-à-dire, la capacité pour une société : « de puiser en son sein propre, l'essentiel des ressources lui permettant de relever les défis de quelque ordre que ce soit (...) qui peuvent se poser à elle »99(*).

Le rôle de la Francophonie comme vecteur de coopération entre les Etats francophones se traduit également à travers son dispositif institutionnel qui privilégie les rencontres directes entre les représentants des Etats.

Graphique no2 : Organisation institutionnelle de la Francophonie.

SOMMET DES CHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT

CONFERENCE MINISTERIELLE DE LA FRANCOPHONIE

CONSEIL PERMANENT DE LA FRANCOPHONIE

SECRETAIRE GENERAL DE LA FRANCOPHONIE

CONSEIL DE COOPERATION

OIF

OPERATEURS DIRECTS DES SOMMETS

Université Senghor d'Alexandrie

AIMF

AUF

TV5

APF

En effet, comme l'on peut le constater sur le tableau précédant, la Francophonie est composée d'organes qui constituent des viviers de coopérations entre ses différents Etats membres. Il s'agit de:

· Du Sommet des chefs d'États et de gouvernement qui est l'instance suprême de la Francophonie. Réunie tous les deux ans, ce Sommet est un grand moment de rencontre et de dialogue au plus haut niveau entre les chefs d'Etats et de gouvernements membres de l'OIF au cours duquel des partenariats sont tissés.

· La conférence ministérielle de la Francophonie qui assure entre deux ans la continuité politique de l'action francophone. Chaque membre des Sommets y est représenté par son ministre des Affaires étrangères ou le ministre en charge de la Francophonie.

· Le conseil permanent de la Francophonie. Présidé par le Secrétaire général, ce conseil est composé des représentants personnels dûment accrédités par les chefs d'Etats ou de gouvernements membre de l'OIF. Celui-ci dispose de quatre commissions : la commission politique, la commission économique, la commission de coopération et de programmation et la commission administrative et financière.

· Les opérateurs directs des sommets que sont : l'AUF qui est le pilier de la coopération universitaire et de la recherche ; TV5 qui a pour vocation le rayonnement du secteur audiovisuel francophone ; l'Université Senghor d'Alexandrie qui forme et perfectionne des cadres et des formateurs francophone de haut niveau dans les domaines du développement et l'AIMF qui est l'opérateur de la Francophonie pour la coopération décentralisée.

Outre ces organes principaux de la Francophonie, celle-ci s'appuie également sur d'autres organes de coopérations que sont la CONFEMEN ; qui organise la coopération entre les Etats francophones dans le domaine de l'éducation, la CONFEJES qui en fait autant dans les domaines de la jeunesse et des sports et l'APF qui conduit des actions de coopérations interparlementaires francophones principalement en directions des parlements du Sud.

B. Coopération entre l'OIF et les OSC et ONG.

La coopération interne de la Francophonie ne se limite pas seulement entre l'OIF et ses Etats membres. En effet, l'intérêt grandissant pour la Francophonie doit beaucoup à la société civile, son rôle fondateur dans la construction de la communauté francophone doit être souligné car c'est par l'action de ses militants que la Francophonie avance. Les organisations de la société civile (OSC) sont les multiplicateurs d'une Francophonie aux moyens limités. C'est pour mieux prendre en compte cet apport et mieux l'associer à ses programmes que la Francophonie institutionnelle a développé depuis sa création des relations de partenariat et de coopération avec les OSC et les Organisations Non Gouvernementales. Cette coopération est précisément prescrite par la charte de l'OIF qui reconnaît l'apport des « nombreux militants de la cause francophone et les multiples organisations privées et publiques »100(*).

Ainsi, depuis de nombreuses années, les ONG sont les partenaires à part entière de la Francophonie. Par leur intermédiaire, l'OIF est à l'écoute de la société civile. En les associant à la mise en oeuvre de certains de ses programmes de coopération et en les consultants régulièrement, elle s'enrichit de leurs expériences d'acteurs de terrain proches des préoccupations des populations. De même que l'OIF, les différents opérateurs de cette organisation développent des actions concrètes de coopération avec les ONG et OSC travaillant sur les sujets d'intérêts communs. Ce partenariat opérationnel prend corps au sein des divers programmes et projets déployés par la Francophonie. Par ailleurs, l'OIF apporte son appui aux ONG et OSC oeuvrant dans les domaines prioritaires de la Francophonie. A cet effet, un répertoire regroupant toutes les organisations désireuses d'échanger avec l'OIF des informations dans des domaines d'intérêt mutuel a été constitué et celui-ci compte près de 80 ONG et OSC parmi lesquelles on peut citer la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) qui a pour objectif de diffuser et de promouvoir les droits de l'homme, de lutter contre leur violation et d'exiger leur respect ; Reporter sans frontières qui multiplie les actions en faveur de la liberté de la presse ou encore l'association Environnement et développement du tiers monde qui a pour mission principale de contribuer à la lutte contre la pauvreté, pour la diversité culturelle et le développement durable101(*).

Dans l'objectif de pérenniser cette coopération, le Secrétaire général de l'OIF convoque tous les deux ans une conférence des OING, ONG et des OSC tel que le prescrit l'article 12 de la Charte. En outre, le président du comité de suivi, élu par la conférence des OING et des OSC, est admis, sur invitation du Secrétaire général aux travaux du Conseil Permanent de la Francophonie portant sur les questions de la coopération en qualité d'observateur.

Paragraphe 2 : La coopération externe de la Francophonie.

Dans son article 9, la charte de la Francophonie dispose que : « L'OIF collabore avec les diverses organisations internationales et régionales sur la base des principes et formes de coopération multilatérale francophone »102(*). Ainsi dans sa stratégie politique, l'OIF entretient des relations de coopérations non seulement avec la principale organisation internationale qu'est l'ONU (A), mais également avec les autres organisations internationales (B).

A. La coopération entre l'OIF et l'ONU.

Si l'OIF entretient des relations de partenariat concrétisées par des accords de coopération avec plusieurs organisations internationales, il faut cependant relever qu'elle accorde un privilège particulier au système des Nations Unies. En effet, l'intégration progressive de la Francophonie dans le tissu des acteurs des relations internationales s'est fait dans le sillage de l'évolution générale de la politique de coopération de l'ONU avec les organisations régionales103(*).

Les Organisations telles que l'OIF occupent une place importante dans la politique de coopération menée par l'ONU avec les organisations régionales surtout dans le domaine sécuritaire qui au-delà du cadre militaire, englobe aujourd'hui sous le terme de sécurité humaine, des considérations propres aux domaines économiques (ex : développement) sociaux (ex : identité) et politiques (ex : doits de l'homme)104(*). En effet, pour faire face aux défis sécuritaires, les organisations comme l'OIF se montrent bien souvent mieux équipées et mieux adaptées sur le plan de l'information, de l'expertise et de la flexibilité. Elles sont également plus à même de prendre en compte les enjeux culturels souvent inhérents aux nouveaux défis. En effet, plus la mondialisation avance, plus la reconnaissance des particularités locales et régionales augmente. L'expression de la diversité du monde requiert ainsi de faire interagir des processus politiques qui se déroulent aux niveaux national, continental, et mondial. Ce qui explique le rôle plus important qui est accordé par l'ONU aux organisations régionales.

La coopération entre l'Organisation des Nations Unies et les organisations régionales se formalise par des accords de coopération105(*). Celui qui lie l'ONU et l'OIF a été signé en juin 1997, au moment où l'OIF s'est dotée d'un Secrétaire général et a pris une véritable dimension politique. Cet accord prévoit plusieurs modalités de coopération, telles que l'échange d'informations, la participation conjointe à des projets d'intérêt commun, une représentation mutuelle aux réunions et conférences de l'une et l'autre, une conjugaison de leurs efforts en matière de production d'informations techniques et juridiques et une coopération entre les secrétariats des deux organisations. La coopération entre ces deux organisations a fait l'objet de plusieurs résolutions106(*) de l'Assemblée Générale des Nations Unies et parallèlement l'OIF a signé 12 accords de coopération avec des institutions du système onusien telles que l'UNICEF, l'UNESCO, le CNUCED, l'ONUDI etc.

Grace à l'accord de coopération qui lie l'OIF à l'ONU, la Francophonie a pu à maintes reprises apporter une contribution significative à la réalisation des objectifs de l'ONU notamment dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité. Ainsi, la Francophonie a su répondre aux attentes de l'Assemblée Générale de l'ONU qui avait appelé les Etats à approfondir le concept de sécurité humaine, avec l'organisation de la conférence ministérielle de Saint-Boniface, en mai 2006, sur le thème précisément de la prévention des conflits et la sécurité humaine107(*). Aussi, l'OIF contribue-t-elle de façon plus directe aux initiatives de règlement pacifique des conflits initiés par l'ONU, avec l'envoi sur le terrain de médiateurs, d'observateurs et de missions d'information et de contacts, impliqués aux cotés des acteurs de l'ONU. En outre, l'OIF et l'ONU ont également renforcé leur coopération dans un domaine dans lequel la Francophonie a depuis longtemps fait ses preuves, celui de l'observation et de l'assistance électorale, avec ces dernières années, plusieurs opérations conjointes dans les pays francophones.

B. Coopération entre l'OIF et les autres Organisations Internationales.

Le nombre de pays participant à la Francophonie lui assure une présence dans toutes les grandes régions du monde et dans autant d'organisations. En effet, en dehors de l'ONU, l'OIF noue également des synergies et développe des partenariats avec les autres organisations internationales et régionales afin d'enrichir l'offre de la coopération multilatérale francophone en direction de ses États et gouvernements. Ainsi, outre sa représentation permanente auprès de l'ONU, l'OIF a également établi d'autres représentations permanentes auprès de l'Union Africaine et de la commission économique pour l'Afrique de l'ONU à Addis-Abeba et auprès de l'Union européenne et du groupe des pays d'Afrique, des Caraïbes et du pacifique (ACP) à Bruxelles.

Comme celle de l'ONU, ces représentations permanentes ont pour objectif de développer la présence et la solidarité francophones dans ces organisations internationales. Elles favorisent les échanges d'informations et la coopération dans le cadre des relations institutionnelles liant la Francophonie à ces différentes organisations. En plus de leur mission de représentations permanentes de l'OIF auprès des institutions, elles suivent et analysent les travaux des conférences, organisent et assurent la concertation régulière des Etats et gouvernements membres de la Francophonie, et facilitent le secrétariat des groupes francophones auprès des organisations concernées.

En dehors de ces organisations au sein desquelles la Francophonie dispose d'une représentation permanente, l'OIF entretient également des partenariats concrétisés par des accords de coopération avec plusieurs autres organismes internationaux. Par ailleurs, les pays membres de l'OIF font également partie de nombreuses organisations internationales dans lesquelles ils font entendre leur voix et revendiquent leur spécificité francophone.

Tableau no1 : Coopération entre l'OIF et le autres Organisations internationales.

Source : Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Ouagadougou à Bucarest 2006.p.135.

Si bon nombre des accords de coopération entre l'OIF et certaines organisations sont restés lettre morte dans la pratique, ils reflètent tout de même la volonté de la Francophonie de s'intégrer pleinement dans le tissu de plus en plus dense des acteurs du système international. De plus, plusieurs de ces partenariats de coopération ont produit des résultats positifs tels que celui avec l'OMC pour l'Amélioration de l'expertise des pays francophones en négociations commerciales multilatérales, celui avec l'Union européenne pour l'amélioration des capacités des pays ACP dans la formulation, la négociation et la mise en oeuvre de politiques commerciales, ou encore le partenariat avec l'UNESCO qui a permis l'adoption de « la Convention sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles » le 20 octobre 2005.

Ainsi, il a été démontré tout au long de cette section que les stratégies politiques de la Francophonie reposent à la fois sur une coopération interne qui n'est pas exclusive aux rapports entre l'OIF et ses Etats membres mais qui inclut également les relations avec les Organisations de la société civile et les Organisations non gouvernementales. De même, cette politique repose aussi sur une coopération externe diversifiée entre l'OIF et les autres organisations internationales. Cependant, pour marquer un peu plus sa présence dans le système international, la Francophonie développe également une stratégie diplomatique qui contribue beaucoup à l'intégration internationale de ses États membres.

Section 2 : Une stratégie diplomatique propice à l'intégration internationale.

Dans les relations internationales, la diplomatie constitue par excellence, « le lieu privilégié du dialogue entendu comme moyen de communication ou de conversation débouchant sur un échange de vues entre les différents acteurs de la communauté internationale »108(*). La Francophonie dans ses rapports avec les autres acteurs de la communauté internationale, possède une stratégie diplomatique qui est mise en oeuvre par des acteurs stratégiques bien définis (Paragraphe 1), et qui a des caractéristiques particulières, propices à l'intégration internationale de ses Etats membres (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les acteurs stratégiques de la diplomatie francophone.

Dans son déploiement diplomatique, la Francophonie s'appuie principalement sur le corps diplomatique de l'OIF constitué du Secrétaire Général et ses collaborateurs (A), mais également sur la force diplomatique que constituent les groupes des ambassadeurs francophones (B).

A. Le corps diplomatique de l'OIF.

La stratégie diplomatique de la Francophonie est principalement mise en oeuvre par le corps diplomatique de l'Organisation Internationale de Francophonie qui a à sa tête le Secrétaire général de l'Organisation et est composé d'un personnel permanent accrédité auprès de l'ONU et des autres organisations internationales et régionales, d'un personnel spécial qui agit directement sur le terrain dans des périodes de crises et de certains fonctionnaires de l'organisation.

Le Secrétaire général de l'OIF est le premier diplomate de la Francophonie, puisqu'il est d'après l'article 6 de la charte de l'OIF, « le porte-parole politique et le représentant officiel de la Francophonie sur la scène internationale »109(*). Elu par les chefs d'Etats et de gouvernement membres de l'OIF, pour un mandat de 5 ans, il assure un lien direct entre les instances et le dispositif opérationnel de la Francophonie. A cet effet, il est le dépositaire de l'action diplomatique multilatérale de la Francophonie sur la scène internationale comme l'indique l'article 8 de la charte qui stipule que dans le domaine de la coopération, le secrétaire général est « responsable de l'animation de la coopération multilatérale francophone »110(*). Pour l'accomplissement de ses fonctions diplomatique, le secrétaire général de la Francophonie s'appuie à la fois sur un administrateur nommé par lui pour un mandat de quatre ans qui a pour mission « d'exécuter, d'animer et de gérer la coopération intergouvernementale multilatérale »111(*), mais également sur les représentants permanents de l'OIF en poste auprès des différentes organisations internationales situées à Addis-Abeba, à Bruxelles, à Genève et à New-York, qui agissent comme relais de l'action diplomatique du secrétaire général sur la scène internationale. Outre ces officiels, le Secrétaire général de l'OIF dans ses missions diplomatiques s'appuie également sur un vivier d'experts et de hautes personnalités à qui il confie des missions ponctuelles d'observation, d'information et de facilitation lors de situations de crises ou de conflits dans l'espace francophone. A ce sujet, il faut noter que la Francophonie se distingue par les personnalités que le secrétaire général parvient à mobiliser pour le représenter sur le terrain des crises. En effet, les représentants et envoyés spéciaux du secrétaire général comptent parmi les plus hautes personnalités politiques francophones et particulièrement africaines telles que l'ancien président du Bénin Emile Derlin Zinsou, l'ancien président du Burundi Pierre Buyoya ou encore l'ancien secrétaire général de l'OUA Idé Oumarou qui ont à maintes reprises effectuée des missions de facilitation et de médiation dans les pays en situation de crise.

Enfin, certains fonctionnaires de l'OIF, notamment le délégué à la paix, aux droits de l'Homme et à la démocratie, peuvent également être amenés à jouer un rôle diplomatique, à l'occasion de leur participation à certains séminaires, colloques ou autres réunions internationales de haut niveau.

B. Les Groupes d'Ambassadeurs francophones.

Les concertations francophones dans les enceintes internationales sont des espaces de dialogue diplomatique et d'échanges d'information originaux qui complètent les concertations francophones institutionnelles, que sont les Sommets des Chefs d'Etats et de gouvernements membres de l'OIF, les conférences ministérielles et les réunions du conseil permanent de la Francophonie112(*). Ces concertations dans les organisations internationales sont menées aux seins des Groupes d'Ambassadeurs francophones qui existent dans les villes où siègent des instances onusiennes ou des organisations régionales et rassemblent tous les Ambassadeurs francophones accrédités auprès de ces organisations internationales ou régionales.

Les Groupes d'Ambassadeurs francophones se regroupent régulièrement et travaillent généralement sur les questions à l'ordre du jour sur l'agenda international qui varient selon les exigences internationales. Il peut s'agir :

· D'esquisser une réflexion sur un sujet nouveau afin d'évaluer la possibilité d'inscrire désormais la question dans les objectifs et les programmes de l'Organisation (exemple : les réflexions francophones autour de la Diversité et des droits culturels ou autour du concept de «sécurité humaine»).

· D'identifier, en prélude à une conférence internationale multilatérale, des points de convergence francophones (exemple : concertations à l'OMC ou lors du Sommet mondial sur la société de l'information).

· D'établir un cadre de discussion permanent lors d'une négociation internationale multilatérale (exemple : le processus de concertation du groupe des ambassadeurs francophones à New York lors des débats sur la réforme de l'ONU).

· D'affirmer un soutien francophone solidaire à l'occasion de l'élection soit d'un candidat, soit d'un pays francophone, au sein d'une organisation internationale multilatérale.

· De s'informer mutuellement, à la veille de la session d'un organe multilatéral (exemple : les concertations en prélude aux sessions de la Commission, puis du Conseil des droits de l'Homme à Genève).

· D'énoncer des objectifs francophones pour promouvoir la langue française au sein des organisations internationales (exemple : l'adoption en 2006 par le groupe des ambassadeurs francophones de New York du document : Promouvoir la langue française à l'ONU).

Ainsi, de manière pragmatique et empirique, les concertations au sein des Groupes d' Ambassadeurs francophones se sont progressivement imposées comme un instrument privilégié de dialogue, d'information et de décision pour la Francophonie et, cette fonction est particulièrement importante dans la mesure où l'OIF transcende les différents groupes régionaux et permet de surmonter les blocages ou les incompréhensions113(*) qui sont monnaies courantes dans les enceintes internationales.

Paragraphe 2 : Les caractéristiques de la diplomatie francophone.

La stratégie diplomatique de la Francophonie comporte deux volets qui ont des caractéristiques propres. En effet, celle-ci est à la fois basée sur une diplomatie francophone bilatérale (A) et une diplomatie multilatérale (B).

A. Une diplomatie bilatérale.

L'on entend par "diplomatie francophone bilatérale" l'ensemble des relations interétatiques ou intergouvernementales qui régissent deux Etats ou deux gouvernements membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie114(*). Forte de la diversité économique de ces Etats membres (pays pauvres, pays riche, pays très endettés...), la Francophonie se révèle être une tribune privilégiée d'expression de la diplomatie francophone bilatérale. Notamment à travers les rencontres de haut niveau tenues entre les chefs d'États membres de l'OIF.

En effet, de même que les Sommets de la Francophonie constituent l'instance suprême sur le plan multilatéral, de même ils le sont tout autant sur le plan bilatéral car, la diplomatie francophone bilatérale dispose au cours de ces sommets d'une tribune majeure pour s'exprimer en marge des travaux. D'ailleurs bien souvent certains Chefs d'État et de gouvernements saisissent bien cette opportunité pour réchauffer leurs relations bilatérales à travers des rendez-vous et autres contacts multiformes qu'ils prennent à l'occasion des Sommets. De plus, au regard du volume élevé de consultations bilatérales qui se déroulent entre les Chefs d'Etat et de gouvernement en marge de ces sommets, l'on peut sans difficulté adhérer à l'hypothèse de NGOUKA-TSOUMOU pour qui, « les Sommets de la Francophonie constituent une aubaine pour certains Etats francophones pauvres qui en profitent pour affermir davantage leurs relations bilatérales avec tel ou tel autre partenaire dont la position géographique rend parfois irrégulière et très onéreuse l'organisation d'une visite officielle »115(*).

L'importance que revêt la diplomatie francophone bilatérale qui s'opère aux cours des rencontres francophones de haut niveau se justifie par les résultats positifs qui en découlent. En effet, au cours des Sommets de l'OIF, certains Etats prennent des décisions qui impliquent bien souvent la diplomatie bilatérale. Ainsi par exemple, certains Etats créanciers au constat que la ruine de leurs débiteurs ne leur permettra pas de facilement recouvrer leurs créances, ont décidés, au nom de la solidarité objective née de l'appartenance à la même communauté francophone, d'annuler purement et simplement certaines ardoises des pays les plus démunis. C'est précisément dans ce contexte qu'il convient d'interpréter la décision hautement souveraine prise par le canada d'annoncer « L'effacement de la dette publique de sept pays francophones »116(*) lors du deuxième Sommet de la Francophonie tenu en 1987 à Québec.

Au bout du compte, il devient possible, après analyse et synthèse, de souligner que les caractéristiques de la diplomatie francophone au niveau bilatéral, telles qu'elles se trouvent développées plus haut, participent de la pérennisation des relations de dépendance réciproque nécessaires à la dynamique de cohésion des États et gouvernements au sein de l'Organisation Internationale de la Francophonie.

B. Une diplomatie multilatérale.

En dehors d'une diplomatie francophone bilatérale très dynamique au sein de l'OIF, la Francophonie, dans sa stratégie diplomatique mise également sur une diplomatie multilatérale basée sur ses multiples partenariats internationaux. En effet, pour une organisation comme l'OIF, travailler en complémentarité avec les autres acteurs de la scène internationale est un choix stratégique fondé sur les valeurs de solidarité et de partage dont elle se fait la promotrice. A cet effet, non seulement la Francophonie ne manque jamais de participer aux rencontres multilatérales organisées par ses partenaires ; mais aussi, elle-même prend régulièrement l'initiative d'en organiser. Offrant ainsi des effets de levier et apportant sa valeur ajoutée dans les grands enjeux internationaux au bénéfice de ses pays membres et de leurs populations. Ainsi par exemple, l'OIF à organisé à Paris un colloque international117(*) portant sur : le partenariat entre l'OIF, l'ONU et l'UA autour de la gestion des crises, de la consolidation et du maintien de la paix, de l'accompagnement des processus électoraux dans l'espace francophone ; la valeur ajoutée des partenariats OIF-UE et OIF-ACP dans l'accompagnement des dynamiques de coopération triangulaire et Sud-Sud en faveur de l'efficacité de l'aide au développement.

Grace au dynamisme de la diplomatie multilatérale que mène l'OIF, la Francophonie s'affirme aujourd'hui comme un partenaire actif des différentes organisations internationales sur divers chantiers de réflexion mais aussi sur des dossiers d'actualité brûlants comme sur des questions d'intérêt mutuel à un grand nombre de pays francophones. Ainsi, à titre d'illustration, l'OIF a été convié à prendre part aux travaux de la treizième session de la Cnuced sur le thème : « une mondialisation centrée sur le développement : vers une croissance et un développement équitable et durable »118(*), au cours duquel elle a mis l'accent sur la convergence des stratégies de développement et la mobilisation en faveur des financements innovants. A l'occasion de cette session, Clément Duhaime, Administrateur de l'OIF et représentant spécialement le Secrétaire général, a participé à l'animation d'une rencontre aux côtés notamment de Mohamed Ibn Chambas, Secrétaire général du groupe d'Etats ACP et Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce119(*).

La diplomatie multilatérale de la Francophonie se traduit également par la signature par le secrétaire général de l'OIF de multiples accords de coopération avec les autres organisations internationales qui animent la scène internationale. A cet effet, on peut citer comme exemples l'accord-cadre signé le 21 mai 2012, au siège de l'OIF, par le Secrétaire général de la Francophonie et de la directrice exécutive de l'ONU-Femmes, Michelle Bachelet, de même que le mémorandum d'entente signé le 31 mai 2012 avec Francis Gurry, directeur général de l'Ompi120(*). En outre, le caractère multilatéral de la stratégie diplomatique de la Francophonie se traduit également par les unions que celle-ci noue avec des organisations soeurs telles que le Commonwealth, afin de mieux peser sur la scène internationale. En effet, l'OIF et le Commonwealth se sont unis plusieurs fois pour défendre des causes communes. A cet effet, la Francophonie contribue régulièrement aux travaux du G20 dans le cadre d'une association régulière et étroite avec le Commonwealth. C'est ainsi par exemple qu'en 2010, le Premier Ministre Canadien alors président du G8 et du G20, lors d'une rencontre avec les Secrétaires généraux de l'OIF et du Commonwealth, avait recueilli et entendu le plaidoyer conjoint des deux organisations en faveur de leurs membres les plus pauvres et les plus vulnérables. Il en a été de même en avril 2012, lorsque le Président mexicain qui assurait la présidence du G20 a reçu dans les locaux de la Banque Mondiale à Washington les pays membres du Commonwealth et de l'OIF ainsi que des représentants des deux organisations autour des thèmes : la croissance et la sécurité alimentaire121(*).

Au terme de ce chapitre, il apparait que la Francophonie, grâce à son déploiement politico-diplomatique sur la scène internationale dispose bel et bien des capacités qui lui permettent de se poser comme un vecteur d'intégration internationale de ses Etats membres en général, et surtout des Etats Africains en particulier. Ainsi, nous avons pu démontrer au cours de notre analyse que les stratégies politico-diplomatiques de la Francophonie lui permettent d'être présente de manière significative et pragmatique non seulement dans le jeu politique mondiale, mais également dans le déploiement de la diplomatie internationale. En effet, sur le plan politique, l'OIF, en tant que plaque centrale de la mise en oeuvre des stratégies politique de la Francophonie est le maître d'ouvrage d'une double coopération. Une coopération interne qui inclut tous les acteurs politiques francophones qu'ils soient Etatiques ou non. Et, une coopération externe qui se traduit par une collaboration efficiente entre l'OIF et les autres organisations internationales qui animent la scène politique internationale. De même, sur le plan diplomatique, la Francophonie dispose d'un corps diplomatique dense auquel vient s'ajouter un vivier d'experts et de hautes personnalités sur lesquels l'OIF s'appuie pour se déployer de manière bilatérale et multilatérale dans le champ diplomatique francophone et international. Cependant, au-delà d'être un simple vecteur d'intégration internationale, l'on peut lire à travers les actions que la Francophonie mène principalement pour la paix et le développement des Etats Africains que, celle-ci se pose également comme un levier d'intégration internationale pour l'Afrique. Cette perspective fera l'objet de la deuxième partie de cette étude.

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DEUXIEME PARTIE 

LA FRANCOPHONIE : UN LEVIER D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS

LIMITÉE DANS SES ACTIONS.

L'une des particularités des organisations internationales réside dans la polémique dont elles font constamment l'objet quant à leur véritable rôle surtout dans un monde en plein ébullition et en profonde transformation, un monde où le défaut d'arrimage aux enjeux contemporains est considéré comme un échec, synonyme d'incapacité à participer efficacement à la politique mondiale. Au coeur des débats y relatifs, figurent trois pôles d'analyses qui relèvent du « triangle de la fonctionnalité »122(*) : la représentativité des organisations internationales, leur légitimité et leur efficacité. Au regard des analyses précédentes, on est tenté de chercher à comprendre dans quelle mesure le triangle de la fonctionnalité peut servir de clé de lecture pour apprécier le rôle de la Francophonie dans la dynamique d'intégration internationale des Etats Africains dans la mondialisation.

L'OIF est une organisation internationale ayant une particularité Africaine qui «se trouve aussi bien dans sa sociogenèse que dans sa configuration qui la pose en une union géopolitique»123(*) dans laquelle l'Afrique occupe une place importante. C'est cette particularité, qui explique d'une part le privilège et la légitimité accordés au continent Africain par la Francophonie dans ses interventions. En effet, l'Afrique est le continent sur lequel l'OIF intervient le plus, surtout dans les domaines de la gestion des conflits qui, sont endémiques sur ce continent, et celui du développement qui y est très faible. Cependant, comme l'a démontré Soraya Sidani124(*) dans son étude du phénomène d'intégration internationale, les conflits, le déficit de démocratie et le sous-développement constituent des freins considérables à l'intégration des Etats sur la scène internationale. Ainsi, étant donné que la Francophonie contribue de manière significative à la gestion des conflits, la consolidation de la démocratie et du développement des Etats Africains, elle constitue dès lors un levier d'intégration internationale pour ces derniers, même si son efficacité est parfois altérée par ses carences.

La deuxième partie de ce travail se propose donc de démontrer dans un premier temps que la Francophonie, à travers ses actions pour la paix et le développement économique en Afrique se pose en acteur stratégique dans la dynamique d'intégration internationale des Etats Africains francophones (Chapitre I), avant de déterminer dans un second temps les limites et perspectives d'une intégration internationale des Etats Africains à travers l'OIF (Chapitre II).

CHAPITRE III

LA FRANCOPHONIE COMME ACTEUR STRATEGIQUE DANS LA DYNAMIQUE D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.

«Il y a dix ans, le continent Africain semblait sur le point de

conquérir une place de choix sur l'échiquier international.

Mais aujourd'hui les choses ont changé.»125(*)

Si déjà dans les années soixante l'auteur français René DUMONT annonçait le mauvais départ du continent africain à travers son ouvrage  l'Afrique noire est mal partie126(*), les situations traversées par cette région depuis les indépendances ont semblé cependant lui donner raison. En effet depuis les années 1960, l'idée que l'Afrique est un continent à l'écart, sous-développé et en proie à la violence ; dont les pays peinent à prendre une autre place sur la scène internationale que celle d'Etats à l'économie sous perfusion et au régime politique instable s'est imposée dans les représentations.

Cette représentation pessimiste de l'Afrique est dû au fait que depuis les indépendances, ce continent n'a cessé de subir des crises multiformes dans presque tous les domaines. Par exemple, sur le plan économique, le continent affiche les performances les plus faibles et semble à l'écart de la mondialisation, ne participant qu'à 3% des échanges mondiaux ; la pauvreté y sévit et la famine comme la mal nutrition est une réalité quotidienne dans certaines régions d'Afrique. De même, sur le plan politique la mal gouvernance semble être une maladie politique ; corruption et détournement de fonds sont courants dans les pays Africains où le contrôle du pouvoir est bien souvent l'enjeu de luttes violentes entre acteurs politiques qui font de nombreuses victimes à travers tout le continent. Ajoutés à cela, les groupes terroristes qui sèment la terreur et alimentent les crises sécuritaires sur l'ensemble du continent. Cependant, malgré toutes ces crises, les Etats Africains n'en demeurent pas moins des acteurs à part entière de la politique internationale et de la mondialisation qui invite non seulement à un rapprochement des peuples et des cultures, mais surtout à une résolution commune des crises qui naissent et se pérennisent sur la scène internationale.

D'ailleurs, dans leur dynamique d'insertion dans la mondialisation, les Etats Africains développent dans le cadre de leurs politiques étrangères des mécanismes de coopération multilatérale avec les organisations internationales qui apparaissent dès lors comme des acteurs stratégiques dans leur dynamique d'intégration internationale. La Francophonie remplit pleinement ce rôle non seulement en tant qu'acteur dans la gestion pacifique des conflits en Afrique (Section I), mais également en tant qu'acteur de l'intégration des Etats africains dans l'économie mondiale (Section II).

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Section I : La Francophonie, un acteur dans  la gestion pacifique des conflits en Afrique.

Comme en témoigne la carte ci-dessous, bon nombre de pays d'Afrique francophone sont dévastés par les conflits ; d'ailleurs, la situation actuelle des pays tels que la République Centrafricaine et le Mali en témoigne.

Carte no1 : Carte des conflits en Afrique.

Source : www.senat.fr. Consulté le 30 avril 2015.

La Francophonie, dans le cadre de la réalisation de ses objectifs en faveur de la paix, se mobilise depuis plus de vingt ans non seulement pour la prévention et la gestion pacifique des crises en Afrique francophone (Paragraphe I), mais également pour la consolidation de la paix dans les pays de cette zone (Paragraphe II).

Paragraphe I : Les actions de la Francophonie en matière de prévention et de gestion des crises en Afrique.

Les actions de la Francophonie en faveur de la gestion des conflits en Afrique passent par une prévention par la mise en place d'un dispositif d'alerte précoce des conflits en Afrique (A), ainsi que par une participation active au règlement pacifique des crises et l'accompagnement des transitions (B).

A. Le dispositif francophone d'alerte précoce et la prévention des conflits en Afrique.

La déclaration de Bamako du 30 novembre 2000 qui sert de corpus juridique de référence à la Francophonie pour la prévention des conflits préconise la mise en place par le secrétaire général de l'OIF d'un dispositif devant lui permettre d'anticiper et de cerner les risques de conflits dans les pays francophones. Ce dispositif consiste comme l'indique le chapitre 5 de ladite déclaration, a un suivi permanent par le secrétaire général des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone, ceci dans l'optique de prévenir les situations pouvant aboutir à l'éclatement d'un conflit.

Dans le cadre du dispositif d'alerte précoce pour la prévention des conflits en Afrique, l'OIF a mobilisé une expertise politique et technique dans plusieurs Etats Africains en situation de fragilité politique. Et les actions mises en oeuvre ont permis d'identifier des signes précurseurs de crise, en particulier dans la gestion des processus électoraux.

Ainsi, au Togo par exemple, dans un contexte de crispation préélectorale, le secrétaire général a désigné Mme Henriette Diagri-Diabaté, grande chancelière de la république de Côte d'ivoire, en qualité de d'envoyée spéciale. Et sur la base des recommandations formulées à l'issue de la mission d'information et de contact que cette dernière avait préalablement conduit à Lomé en avril et mai 2013, l'OIF a développé avec les acteurs togolais et ses partenaires internationaux, un programme d'accompagnement du processus électoral et de prévention de la violence postélectorale. Cette démarche qui encourageait le rétablissement de la confiance entre les parties à travers l'instauration d'un dialogue direct, a grandement facilité la tenue des élections législatives en juillet 2013127(*).

En République de Guinée, l'OIF s'est très fortement mobilisée aux côtés des Nations Unies pour aider à rapprocher les positions des acteurs politiques sur les conditions d'organisation des élections législatives et encourager la mise en place d'un dialogue inter-guinéen. La dynamique née de ce dialogue qui s'est tenu en juin 2013, a permis d'organiser les scrutins législatifs en septembre de la même année. De même, avec cette même volonté d'anticiper d'éventuelles difficultés dans la mise en oeuvre des processus électoraux, le Secrétaire général de l'OIF a mandaté, dès le mois de Mai 2014, Mohamed El Hacen Lebatt128(*) en qualité d'envoyé spécial au Burundi afin d'identifier les secteurs dans lesquels l'appui de l'OIF pourrait être utile pour la tenue d'élections libres et transparentes dans le pays.

Ainsi, grâce à son dispositif d'alerte précoce, la Francophonie contribue considérablement à la prévention des conflits postélectoraux en Afrique comme a d'ailleurs pu en témoigner José Ramos-Horta129(*) en ces termes :

« L'essor de la Francophonie comme acteur majeur de la prévention des conflits (...) doit beaucoup à son Secrétaire général, S.E.M. Abdou Diouf (...) J'ai pu prendre la pleine mesure de ses efforts pour l'accompagnement du processus de sortie de crise en Guinée-Bissau. Dans ce pays, la Francophonie a contribué à la tenue d'élections libres, fiables et transparentes, à la relance du dialogue inclusif visant à la réconciliation nationale, et a oeuvré en faveur de l'apaisement de la vie politique et de la reconstruction de l'État de droit (...) Au regard de la pertinence de sa contribution en Guinée-Bissau et ailleurs, j'encourage fortement la Francophonie à poursuivre et à intensifier son action... »130(*).

Dans son dispositif d'alerte précoce des conflits dans l'espace francophone en général et en Afrique en particulier, la Francophonie veille également à la consolidation de sa coopération avec ses partenaires nationaux et internationaux pour la prévention efficiente des conflits. Elle a ainsi activement participé à la réunion de concertation des points focaux des Nations Unies, de la communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et de l'Union Africaine à Dakar en Décembre 2012. Cette rencontre, préparée à l'initiative du Bureau pour l'Afrique de l'Ouest des Nations Unies, a permis de formaliser un cadre d'échange d'informations permanent entre les organisations participantes. Par ailleurs, en collaboration avec l'Union africaine, l'OIF a pris part à la réflexion sur la mise en place d'un mécanisme continental de prévention structurelle des conflits à Kigali (Rwanda) en juin 2013, et a été régulièrement associée aux rencontres de haut niveau conduites par l'organisation continentale131(*).

Malgré toutes les actions menées par la Francophonie et ses partenaires pour la prévention des conflits en Afrique, ceux-ci perdurent et continuent à mettre à mal l'ordre politique, économique et sécuritaire dans ce continent. Cette situation ne saurait laisser la Francophonie indifférente car si la dimension préventive montre ses limites, certainement faut-il développer des stratégies de gestion des crises pour que finalement la paix et la sécurité ne soient plus mises à mal par les nombreux conflits qui minent le continent africain. C'est à juste titre que la Francophonie intervient également dans la gestion pacifique des crises en Afrique.

B. La participation au règlement pacifique des crises et l'accompagnement des transitions en Afrique.

S'appuyant sur les engagements souscrits par les États et gouvernements francophones dans les déclarations de Bamako et de Saint-Boniface, la Francophonie développe une approche intégrée en matière d'accompagnement des crises et des processus de transition. Cette démarche qui se nourrit des expériences menées sur le terrain vise avant tout à enraciner durablement la démocratie et faire émerger des pratiques garantissant la stabilisation structurelle de pays francophones marqués par la conflictualité132(*). Ainsi, dans le cadre du règlement pacifique des crises et l'accompagnement des transitions démocratiques en Afrique, la Francophonie intervient sur les deux axes majeurs que sont ; le soutien politique et technique aux autorités et acteurs de la transition d'une part, et l'appui à l'organisation des élections d'autre part.

En ce qui concerne le soutien politique de la Francophonie par exemple, on peut prendre le cas de la République centrafricaine. En effet, engagée depuis 2003 dans le pays, l'OIF a intensifié ses actions depuis le début de la rébellion en 2012 et le coup d'État en mars 2013. L'envoyé spécial du Secrétaire général de la Francophonie pour le suivi de la situation en RCA, Louis Michel, a effectué plusieurs missions de bons offices et oeuvré, en lien avec les partenaires internationaux, en faveur du rétablissement de la paix et de la démocratie. En outre, en tant que membre du Groupe international de contact sur la RCA (GIC-RCA), l'OIF a pris part à toutes les négociations qui ont abouti aux accords de Libreville et, en qualité de membre du comité de suivi de ces accords, elle s'est attelée à promouvoir une approche inclusive et participative du processus de transition133(*).

De même, L'OIF a également soutenu le processus de sortie de crise au Mali. Etant membre fondateur du Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali, elle a participé à toutes les sessions de cette instance qui s'est régulièrement réunie avec les autorités maliennes de la transition afin de conduire le processus de sortie de crise. Parallèlement, l'OIF a élaboré, après une mission d'évaluation technique et politique, un plan multisectoriel d'appui aux autorités et institutions de la transition qui passe par : le soutien au dialogue et à la réconciliation nationale, l'appui au processus électoral, aux secteurs de la justice et des droits de l'Homme, ainsi qu'aux actions de restauration de la paix. Dans ce cadre, l'OIF a activement soutenu et renforcé les capacités de la Commission dialogue et réconciliation. Un séminaire d'échange de bonnes pratiques en la matière a été organisé par l'OIF à Bamako (Mali) en mai 2013.

En Guinée-Bissau, l'OIF a apporté un appui aux autorités et institutions de la transition après le coup d'État d'avril 2012. Dans ce cadre, elle a participé, avec la Cedeao, l'Union africaine, l'ONU, la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et l'Union européenne, à la mission conjointe d'évaluation en Guinée-Bissau, en juillet 2013. Cette dernière a permis de relancer le processus de sortie de crise et d'identifier plus précisément les besoins des institutions et des acteurs du pays. Au-delà, les missions francophones ont permis à l'OIF d'affiner ses actions en appui aux efforts déployés par les Bissau-Guinéens.

A Madagascar, L'OIF s'est fortement engagée au côté des autorités malgaches dans leurs efforts de rétablissement de la paix, conformément aux engagements pris dans la feuille de route de sortie de crise et au rétablissement durable de la paix sur l'île. Outre sa participation aux réunions du Groupe international de contact pour Madagascar (GIC-M), l'OIF a concentré ses actions sur la mise en place de cadres de médiation et de concertation entre les différentes parties prenantes, l'appui aux institutions chargées de rédiger les textes fondamentaux et sur l'accompagnement du processus électoral.

L'action de la Francophonie pour la gestion des crises en Afrique se traduit également par son appui à la tenue d'élections libres, fiables et transparentes car, comme on a souvent eu à le constater, les élections, étape fondamentale du processus démocratique, sont parfois génératrices de conflits, voire de violences, en particulier dans les pays en transition ou en sortie de crise. Le cas des élections de 2010 en Côte d'Ivoire en témoigne. Ainsi, l'OIF a favorisé l'accompagnement des processus électoraux de transition en Afrique, en intervenant avec tous les acteurs concernés, et notamment la société civile, pour renforcer leur caractère consensuel.

A titre d'exemple, l'on peut citer le cas de la RCA où l'OIF développe des actions de renforcement des capacités des membres des institutions ainsi que des acteurs politiques et de la société civile impliqués dans le processus électoral. Un important séminaire d'appropriation des pratiques et textes électoraux a d'ores et déjà été organisé par l'OIF en juillet 2014 à Bangui. Peut être aussi pris pour exemple, le cas de Madagascar où plus d'une vingtaine d'actions concrètes ont été menées entre octobre 2012 et décembre 2013 par l'OIF en faveur du renforcement des capacités des acteurs du processus électoral, de son cadre juridique, de la révision des listes, du secteur des médias et de l'observation nationale des élections. Des missions d'observation ont également été déployées à l'occasion des élections présidentielles et législatives d'octobre et de décembre 2013.

On peut également prendre le cas du Mali où à la demande des autorités de ce pays, l'OIF a mis à la disposition des institutions électorales un expert qui a contribué à l'établissement d'un fichier électoral biométrique fiable. La Cour constitutionnelle Malienne a également bénéficié d'un plan de renforcement de ses capacités grâce à un séminaire d'échange d'expériences sur le contentieux électoral en juin 2013. Lors de la tenue des élections présidentielles en août 2013 et législatives en décembre 2013, le Secrétaire général a dépêché deux missions d'information et de contacts.

Paragraphe 2 : les actions de la Francophonie en matière de consolidation de la paix en Afrique.

Afin de contribuer à la consolidation de la paix en Afrique, la Francophonie oriente ses actions vers l'accompagnement des missions de sortie de crises (A) et le renforcement des capacités institutionnelles nationales (B).

A. L'accompagnement aux missions de sortie de crises.

Au premier rang des activités menées par la Francophonie dans le cadre de l'accompagnement aux missions de sortie de crises en Afrique figure la contribution de l'OIF aux opérations de maintien de la paix déployées dans les pays Africains en sorties de crise. En effet, depuis plus d'une décennie, plus de la moitié des effectifs affectés aux opérations de maintien de la paix menées dans le monde sous l'égide des Nations Unies sont déployés dans des pays francophones. Au total, au 31 août 2009, près de 56% des militaires, policiers et observateurs militaires déployés sous la bannière des Nations Unies, se trouvaient dans une opération de maintien de la paix en territoire francophone134(*). Et ce pourcentage a encore augmenté depuis le déploiement de la MINUSMA au Mali et la MINUSCA en République centrafricaine.

Face à une telle situation, l'OIF n'a pas eu de choix que d'intensifier sa politique de participation aux opérations de maintien de la paix en Afrique notamment par les actions de plaidoyer auprès des États et gouvernements membres de la Francophonie pour le renforcement de leur participation aux opérations de la paix. Ainsi, par exemple, en juin 2013, le Secrétaire général a ainsi adressé une lettre aux États francophones afin de les encourager à appuyer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Dans un autre courrier, en juin 2014, il a sollicité leur soutien pour le déploiement de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca)135(*).

Par ailleurs, l'OIF a contribué à l'élaboration de la stratégie et du concept opérationnel (CONOPS) de la Mission internationale de soutien à la RCA sous conduite africaine (Misca) en mettant à disposition une expertise technique dans le cadre de la planification stratégique et opérationnelle de cette mission. Elle a ainsi participé activement aux consultations sur la stratégie de mise en oeuvre du CONOPS organisées au Bénin et au Gabon en septembre 2013. De même, dans le cadre de la formation, l'OIF a par ailleurs développé son appui aux centres de formation francophones au maintien de la paix. Elle a notamment soutenu une session de formation sur le « genre » organisée par l'École de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako (Empabb) en avril 2014. Cette formation était destinée à des stagiaires militaires et civils, originaires d'Afrique francophone, et appelés à être déployés au sein de la MINUSMA.

La contribution de la Francophonie à l'accompagnement des missions de sortie de crises en Afrique se traduit également par une contribution à la demande linguistique des OMP. En effet, en tant que vecteur de dialogue et de négociations sur le terrain, le critère linguistique est devenu une des conditions essentielles du bon fonctionnement d'une OMP et un élément crucial de l'outillage de tout acteur du maintien de la paix136(*). D'ailleurs, Dans son rapport annuel de 2009, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (Comité des 34) admettait que l'interaction des observateurs militaires, des policiers et des civils des Nations Unies avec la population locale est indispensable à l'efficacité et au succès des opérations de maintien de la paix (para. 169). Ainsi, afin de pallier les difficultés linguistiques qui surviennent fréquemment sur le terrain entre les soldats de la paix et les populations dans le cadre des OMP déployées dans les pays Africains francophones, la Francophonie oeuvre pour une « francophonisation des opérations de paix »137(*)en territoire francophone. A cet effet, dans le but de renforcer l'usage du français au sein des opérations de paix, l'OIF a finalisé et diffusé, en 2013 et 2014, les trois tomes de la méthode En avant !, destinée aux forces de défense et de sécurité non francophones appelées à prendre part à des opérations de paix déployées au sein d'un État francophone. Méthode qui a été utilisée pour la formation accélérée d'instructeurs de l'Union européenne amenés à former, en français, des troupes maliennes dans le cadre de la mission EUTM (European Training Mission in Mali).

B. La réforme du système de sécurité et le renforcement des capacités institutionnelles nationales.

Afin d'accompagner les efforts entrepris par les Etats africains en sortie de crise pour la consolidation de la paix, la Francophonie intervient également dans leurs processus de réforme des systèmes de sécurité (RSS). En effet, depuis la fin des années 1990, le processus de réforme des systèmes de sécurité qui incite à adopter une approche globale et coordonnée de l'ensemble des réformes engagées dans les différents secteurs de sécurité (défense, police, justice, contrôle parlementaire et public des acteurs de sécurité...) s'est imposé comme une approche plus intégrée et plus globale vouée à promouvoir la paix et la stabilité dans les pays en sortie de crise. Ceci dit, en matière de soutien à la réforme des systèmes de sécurité, l'OIF s'appuie principalement sur le Réseau international francophone de formation policière (Francopol). En effet, ce réseau est un véritable instrument de soutien à la modernisation et au perfectionnement des dispositifs et de la qualité de la formation et des pratiques policières. Il est particulièrement adapté pour contribuer à la réforme des forces de police de certains États francophones, spécialement ceux en situation post-conflit. Ainsi par exemple, à la demande des autorités maliennes, l'OIF, avec la division police de la Minusma et le réseau Francopol, a organisé une session de formation sur la sécurité publique en période électorale à l'Empabb de Bamako en juillet 2013. Cette formation visait à transmettre à une centaine de hauts fonctionnaires des services de sécurité maliens les connaissances et méthodes de travail nécessaires à la mise en place de dispositifs permettant d'assurer la sécurité publique dans le respect des règles démocratiques, lors de consultations électorales

Par ailleurs, grâce au réseau Francopol, l'OIF a appuyé la mise en place d'unités de cyberpolice dans les pays africains francophones en développement, ceci dans l'objectif de développer un réseau africain d'unités de cyberpolice pour faire face à la montée en puissance des infractions en ligne qui affectent particulièrement le cyberespace des pays francophones d'Afrique. A cet effet, des activités de formation sur la cybercriminalité ont été organisées par Francopol en faveur de policiers et gendarmes du Bénin en 2012, du Burkina Faso et du Tchad en 2013.

Afin de mieux s'impliquer dans la réforme des systèmes de sécurités des Etats africains en sortie de crise, l'OIF collabore avec les autres organisations engagées dans ce domaine. Par exemple, au Mali, l'OIF a identifié puis envoyé un expert en audit sur la réforme de la police civile pour contribuer à la mission conjointe d'évaluation Cedeao/ONU/Union africaine élargie à l'OIF et à l'Union européenne, pour la réforme des secteurs de sécurité. De même, aux Comores, l'OIF a pris part, avec l'Union africaine, les Nations unies et la Banque mondiale, à la mission conjointe d'évaluation du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), et de consolidation de la paix, qui a eu lieu à Moroni en février 2013138(*).

Toujours dans le cadre de l'accompagnement des processus de sortie de crise et de consolidation de la paix en Afrique, l'Organisation internationale de la Francophonie contribue également à l'ancrage de la démocratie et à la consolidation de l'État de droit à travers le renforcement des capacités institutionnelles nationales des Etats Africains en sortie de crise. En effet, étant donné qu'il ne peut vraiment y avoir de paix durable dans les pays en situation post-conflits sans la mise en place d'institutions démocratiques suffisamment fortes, l'OIF à travers son vaste réseau institutionnel, oeuvre au renforcement de la gouvernance démocratique pour une vie politique apaisée dans les pays ayant connu des conflits, en mettant un accent particulier sur la réforme des textes fondamentaux, l'appui aux parlements, le développement du droit et de la justice et le soutien à la liberté de la presse, le pluralisme et la régulation des médias. Ainsi par exemple, dans le cadre de son programme de renforcement des capacités des institutions judiciaires, l'OIF a assuré la préparation, la tenue et le suivi des états généraux de la justice du Niger, et accompagné le Mali et la Guinée dans leurs efforts de rénovation des moyens matériels et documentaires de leurs juridictions

En dehors de la paix et de la stabilité politique, la pleine intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation nécessite également un développement socio-économique des Etats africains car, comme le démontre Soraya Sidani, plus un Etat est développé, plus il est intégré dans le système international139(*). A cet effet, dans leur dynamique d'intégration internationale, les Etats africains peuvent également compter sur la Francophonie qui contribue au développement socio-économique de ses États membres d'origine africaine pour leur meilleure intégration dans l'économie mondiale.

Section 2 : La Francophonie, un acteur de l'intégration des Etats africains dans l'économie mondiale.

Depuis le début du 21éme siècle, les enjeux liés au développement économique et à la réduction de la pauvreté dans l'espace francophone ont eu, une place importante dans l'agenda de la Francophonie. Cela est dû au contexte international actuel, marqué par la mondialisation des économies et des échanges; dans lequel les pays les moins développés comme ceux d'Afrique francophone peinent à se faire une place. En effet, comme le faisait remarquer le commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire Louis Michel : « Sans développement économique durable, sans une intégration économique régionale puis continentale, l'Afrique ne pourra que difficilement prétendre occuper la place qui lui revient dans l'économie mondiale.»140(*) Ayant depuis compris cela, la Francophonie a construit et développé son action économique en Afrique principalement autour d'une participation au développement socio-économique des Etats Africains (Paragraphe 1) et à la contribution à leur intégration dans le commerce international (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Francophonie et contribution au développement socio-économique des Etats Africains.

Afin de promouvoir le développement socio-économique de ses Etats membres les moins avancés, la Francophonie fournit aussi bien son appui aux efforts de réduction de la pauvreté (A), qu'à l'accompagnement du secteur privé (B).

A. La contribution par la coopération aux efforts de réduction de la pauvreté en Afrique.

L'analyse de la place des Etats africains dans la hiérarchie des nations telle qu'établie par l'ONU via le paramètre, désormais appliqué à l'échelle du globe, de l'indice du développement humain (IDH) 141(*)révèle que la majorité des Etats africains francophones se classent au dernier rang.

Tableau no 2 : Position des Etats Africains membres de l'OIF dans le classement des pays du monde par indice de développement humain (IDH).

Rang

Pays

IDH

 

Rang

Pays

IDH

110

Egypte

0,682

 

165

Bénin

0,476

112

Gabon

0,674

 

166

Togo

0,473

123

Cap-Vert

0,636

 

170

Djibouti

0,467

129

Maroc

0,617

 

171

Côte d'Ivoire

0,452

140

Congo

0,564

 

176

Mali

0,407

142

Sao Tome and

0,558

 

178

Mozambique

0,393

144

Guinée équatoriale

0,556

 

177

Guinée-Bissau

0,396

151

Rwanda

0,506

 

179

Guinée

0,392

152

Cameroun

0,504

 

180

Burundi

0,389

152

Nigeria

0,504

 

181

Burkina Faso

0,388

155

Madagascar

0,498

 

184

Tchad

0,372

159

Comores

0,488

 

185

RCA

0,341

161

Mauritanie

0,487

 

186

RDC

0,338

163

Sénégal

0,485

 

187

Niger

0,337

Source : PNUD. 2014. Extrait du rapport sur le développement humain.

Effectivement, la lecture du tableau ci-dessus permet de constater que l'Afrique francophone reste encore à la traine en matière de développement, raison pour laquelle la Francophonie y concentre une grande partie de ses ressources et de ses actions afin d'y remédier. Cette dernière intervient principalement dans la lutte contre la pauvreté à travers l'incitation au développement local et la promotion de l'emploi par l'entreprenariat des jeunes et des femmes.

En ce qui concerne le développement local, l'OIF a mis sur pied un programme à l'attention des collectivités des zones rurales et périurbaines dénommé Programme francophone d'appui au développement local (PROFADEL/OIF) qui vise à mettre en cohérence les actions de développement local avec les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté afin de mieux répondre au premier des Objectifs du millénaire pour le développement : réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim142(*). En effet, les stratégies de développement local constituent un levier essentiel pour impulser et favoriser la création d'un tissu économique dynamique, générateur de revenus et d'opportunités d'emplois pour et par des populations rurales souvent très démunies. Dès lors, inspiré des leçons tirées du Programme spécial de développement (PSD), ainsi que de celles du Programme d'appui au développement local (PADL), qui ont respectivement soutenu 378 et 50 initiatives à caractère communautaire, le PROFADEL/OIF vise principalement à munir, par des méthodes participatives, les collectivités bénéficiaires de plans locaux de développement (PLD).

A cet effet, deux composantes d'action sont privilégiées par ce programme à savoir : la formation et le renforcement des capacités des communautés promotrices et des acteurs locaux dans divers domaines tels que la planification du développement local, la maîtrise d'ouvrage et le développement des chaînes de valeur ainsi que le soutien aux projets d'intérêt communautaire inscrits dans un Plan de développement local (PDL) ou dans un plan d'actions prioritaires, avec la participation de partenaires au développement143(*). Durant sa phase expérimentale lancée depuis 2011, PROFADEL/OIF est intervenu dans 16 localités de deux pays d'Afrique de l'Ouest (Sénégal et Togo) et de deux d'Afrique centrale (République centrafricaine et Rwanda) où de nombreuses actions ont été initiées en faveur de la structuration du développement local, de la contractualisation avec les organismes relais en charge d'accompagner les bénéficiaires, de la création de comités locaux de développement, de même que pour la mise en place de comités nationaux de veille et de suivi. De nombreux partenaires au développement tels que la Banque mondiale ont depuis montré de l'intérêt à l'initiative de l'OIF, en finançant des projets prioritaires des plans locaux de développement mis sur pied par le PROFADEL/OIF.

Par ailleurs, toujours dans sa stratégie d'appui au développement des Etats Africains, la Francophonie promeut également l'emploi en soutenant l'entreprenariat des jeunes et des femmes en Afrique. En effet, les jeunes de moins de 35 ans représentent en Afrique francophone plus des deux tiers de la population144(*). Pourtant, ces derniers ainsi que les femmes sont majoritairement exclus des processus économiques145(*).Cette situation est due particulièrement à l'inadéquation des cursus d'enseignements face aux perspectives d'emploi et à la faible densité du tissu d'entreprises formelles qui limite le potentiel d'emplois. Dès lors, l'entreprenariat devient un outil stratégique, en ce qu'il donne aux jeunes et aux femmes la possibilité d'assurer leur autonomie financière et de s'insérer dans la vie économique. A cet effet, la Francophonie privilégie trois axes d'intervention à savoir :

- L'accompagnement des jeunes et des femmes porteurs de projets grâce notamment à l'accès à des instruments d'incitation et d'appui à l'entreprenariat, la mise en place d'incubateurs d'entreprises à destination des jeunes et des femmes dans les pays ciblés. Ces incubateurs mis sur pied par la Francophonie ont pour rôle de fournir des appuis à destination des entrepreneurs en termes de renforcement des capacités (formation à l'entreprenariat, tutorat, développement de plans d'affaire et formations complémentaires à l'utilisation d'outils notamment les outils numériques) ;

- L'amélioration de l'environnement entrepreneurial (institutionnel, réglementaire, et financier) afin de faciliter la création d'entreprises par les jeunes et les femmes et d'encourager la formalisation des activités économiques ;

- Le développement de plateformes d'échange de bonnes pratiques sur l'emploi et l'entreprenariat146(*).

B. l'accompagnement du développement du secteur privé.

L'entreprise privée, notamment la très petite et moyenne entreprise (TPME), étant un instrument décisif pour le développement économique et social de l'Afrique, l'OIF accorde une attention particulière au développement de ce secteur avec pour objectif principal la mise en relation des entreprises francophones, ainsi que le soutien au développement de créneaux ou d'outils novateurs.

A cet effet, l'OIF a lancé le projet Amade (Accès aux marchés de l'aide publique au développement) qui a abouti à la création de l'association internationale Amade le 30 octobre 2013 à Tunis. Réunissant 15 organisations intermédiaires du secteur privé de 14 pays francophones dont le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'île Maurice, le Sénégal, la Tunisie, le Congo et Madagascar, cette association a pour principal but de renforcer, par la mutualisation et le développement de l'action collective, l'accès des entreprises aux marchés publics dans les pays francophones du Sud147(*). Ainsi, afin d'atteindre ce but, l'association Amade s'est fixée un ensemble d'objectifs parmi lesquels : favoriser l'échange d'informations et le partage d'expériences sur les marchés publics ; renforcer la dynamique de mise en place de partenariats interentreprises ; favoriser la création de consortiums internationaux pour répondre aux appels d'offres ; développer l'action collective d'influence auprès des bailleurs de fonds et des autorités locales pour faciliter l'accès des PME aux marchés publics. A travers le projet Amade, l'OIF a soutenu la création de services tournés vers l'accès des entreprises locales aux marchés publics dans une vingtaine de pays francophones du Sud, qui ont déjà conduit à plus de 220 contrats gagnés, et permis le développement d'un dialogue public-privé sur cette question148(*).

Par ailleurs, dans sa stratégie pour la promotion du secteur privé en Afrique, la Francophonie s'intéresse également au développement de grappes d'entreprises. Ainsi, à la suite de la première Rencontre Internationale de la Francophonie Économique (RIFE), elle a conduit, avec la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones (CPCCAF) et l'Agence française de développement (AFD), un projet participatif sur le développement et le financement des grappes d'entreprises, jugées capables de mobiliser des acteurs aussi bien privés que publics. Ces grappes sont considérées comme ayant un rôle structurant pour les filières de production et pour les territoires. Dans les six pays d'Afrique francophone partenaires de cette action (Burkina Faso, Cameroun, Comores, Congo, Madagascar, Sénégal), 12 projets de grappes d'entreprises ont vu le jour dans des domaines variés (agriculture, pêche, mécanique, culture, services portuaires). Plusieurs sont à l'étude pour financement par les bailleurs de fonds.

Paragraphe 2 : Francophonie et contribution à l'intégration de l'Afrique dans le commerce internationale.

Afin de mieux défendre les positions et les intérêts des Etats africains francophones dans les négociations commerciales multilatérales, la Francophonie a mis sur pied un dispositif multiforme leur permettant à la fois de renforcer leurs capacités de négocier les accords commerciaux (A) et de mieux formuler leurs politiques commerciales (B).

A. Renforcement de l'expertise en négociations commerciales multilatérales.

En matière de développement des capacités de négociation des politiques commerciales, l'OIF joue un rôle de catalyseur et contribue au renforcement des capacités en matière de commerce et d'investissement, ceci dans le but de permettre aux pays en développement de s'adapter plus rapidement aux exigences du marché mondial et d'en tirer profit. A cet effet, en association avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), des formations pointues d'experts francophones du Sud en négociation d'accords commerciaux sont organisées dans le cadre du projet de Renforcement de l'expertise francophone en négociations des accords commerciaux et d'investissement (Rexpaco) mis sur pied par la Francophonie.

Ce projet vise principalement à créer, au niveau des pays et des régions francophones les moins développées tels que l'Afrique, une masse critique d'expertise pérenne, afin de leur permettre de mieux formuler leurs politiques et leurs stratégies de négociations commerciales et de l'investissement. Ainsi, Dans le cadre du projet Rexpaco, des pôles régionaux de formation ont été mis en place en Afrique centrale, en Afrique de l'Ouest, en Afrique australe et orientale et en Afrique du Nord. Au total, c'est plus de 1000 personnes, dont 30 % d'universitaires et 60 % de cadres de ministères et d'organisations économiques régionales, originaires de plusieurs pays francophones du Sud, qui ont bénéficié de ces formations entre décembre 2004 et décembre 2007. Les bénéficiaires de ces sessions de formation étant des représentants des organisations internationales (OMC, OMPI, OIF), des enseignants expérimentés provenant de l'espace francophone, des cadres des organisations régionales (UEMOA, CEMAC) et des ministères en charge du commerce, ce projet apparait dès lors comme un véritable axe de développement de l'expertise francophone. En outre, des formations diplômantes en ligne mises en place en association avec l'Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (Unitar) sont également ouvertes, dans le cadre de ce projet pour les cadres francophones.

B. Développement des capacités de formulation des politiques commerciales.

Un vaste projet de renforcement des capacités des pays du groupe Afrique-Caraïbe-Pacifique (ACP) en formulation, négociation et mise en oeuvre de politiques commerciales compétitives est engagé depuis 2005 par la Francophonie. Financé essentiellement par le Fonds européen de développement de l'Union européenne, et mené conjointement avec le Secrétariat du Commonwealth, ce projet dénommé (Hub and Spokes), permet d'affecter des experts qualifiés auprès des pays concernés ainsi que de leurs organisations économiques régionales pour former les cadres et les fonctionnaires chargés du commerce extérieur.

S'inscrivant directement dans la réforme des dispositions régissant le commerce entre les pays ACP et l'UE, le projet Hub and Spokes de l'OIF vise à munir les pays ACP et les institutions régionales dont ils sont issus d'instruments techniques appropriés dans la négociation des APE. Reposant sur un dispositif de 19 conseillers en politique commerciale déployés soit à l'échelle nationale, soit au niveau régional (CEDEAO , UEMOA et CEMAC ), et autant de points focaux nationaux et régionaux, ce projet a permis de soutenir la formulation de politiques commerciales axées sur la compétitivité et la réduction de la pauvreté (politiques commerciales inclusives) dans plusieurs pays africains. Il a accordé une place considérable à la sensibilisation et à la formation des acteurs, avec à son actif environ 18 000 acteurs formés aux problématiques liées au commerce et aux politiques publiques dans ce domaine.

Au-delà des formations qu'elle organise, l'OIF apporte également son appui aux processus en cours en Afrique visant à renforcer l'intégration économique et commerciale régionale. En effet, la plupart des États africains membres de l'OIF sont impliqués dans des processus d'intégration régionale (CEMAC, UEMOA, CEDEAO, Commission de l'océan Indien) qui, à terme, permettront la réduction ou l'élimination des obstacles au commerce sur une base régionale, par la mise en place de véritables zones de libre-échange et de libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Dès lors, un projet dénommé (Réduire les obstacles à l'intégration régionale)149(*) a été mis en place par l'OIF afin d'appuyer l'intégration régionale et de promouvoir des échanges intra et interrégionaux. Ce projet vise principalement à soutenir les initiatives concourant à la mise en rapport de partenaires politiques et commerciaux ayant la volonté de prospecter de nouvelles pistes de coopération au sein des espaces d'intégration régionale en Afrique.

Ce chapitre avait pour but de montrer que la Francophonie est un acteur stratégique dans la dynamique d'intégration internationale des Etats africains. A cet effet, nous avons pu constater à travers notre analyse que l'OIF oeuvre énormément pour la mise sur pied des conditions favorables à l'intégration internationale des Etats africains francophones. Notamment à travers la gestion des conflits car, les conflits constituent de véritables freins à l'intégration des Etats sur la scène internationale. Dès lors, il a été démontré que la Francophonie intervenait aussi bien pour la prévention des conflits que dans la gestion des crises et la consolidation de la paix en Afrique. De même, étant donné qu'une pleine intégration des Etats africains dans la scène internationale nécessite également une intégration de ces derniers dans l'économie mondiale, il a également été démontré que l'OIF contribuait non seulement au développement économique des Etats africains mais aussi à leur intégration dans le commerce mondial.

Cependant, toutes ces actions de la Francophonie ont une portée limitée, et l'on n'en ressent pas complètement les effets. Si cela est dû en partie à des causes inhérentes à la Francophonie, il est également en grande partie du fait des Etats africains eux-mêmes.

CHAPITRE IV

LIMITES ET ANALYSE PROSPECTIVE POUR UNE INTEGRATION INTERNATIONALE PLUS EFFICACE DE L'AFRIQUE DANS LA MONDIALISATION.

« La Francophonie a bien contribué au rêve africain.

Son impact est non négligeable, mais les résultats

ne sont pas à la hauteur des aspirations africaines,

beaucoup de choses restent à faire... »150(*)

Comme il a été démontré plus haut dans notre analyse, l'intégration dans la mondialisation constitue un véritable défi pour l'Afrique en général et pour les Etats africains francophones en particulier. En effet, sur le plan économique l'Afrique francophone représente une part très limitée du commerce mondial et des investissements directs étrangers (IDE). Elle est la zone du monde la plus confrontée aux difficultés d'accès aux marchés locaux, régionaux et mondiaux. En outre, le manque d'infrastructures et la dépendance à l'exportation de matières premières constituent des freins importants au développement du commerce au sein des pays d'Afrique francophone et par conséquent à leur intégration dans le commerce mondial. Au-delà des aspects économiques, il faut également relever les défis politiques auxquels cette zone fait face. En effet, l'Afrique francophone demeure l'une des régions les plus politiquement instables au monde, les cas de la RDC, de la Centrafrique, du Mali ou encore les récents évènements survenus au Burkina Faso et au Burundi en témoignent. Ainsi, il apparait bien que l'intégration des pays d'Afrique francophone dans la mondialisation passe par le relèvement de ces défis. Et dans cette optique, les organisations internationales telles que l'OIF apportent leur concours. Cependant ces dernières rencontrent plusieurs difficultés qui bien qu'ayant une influence différente selon les organisations, ne manquent pas d'impacter l'efficacité de leurs actions.

Notre recherche étant focalisée sur le cas de l'OIF, ce dernier chapitre vise donc dans un premier temps à déterminer les obstacles rencontrés par cette organisation dans sa contribution à la résolution des défis que les pays d'Afrique francophone doivent préalablement surmonter pour s'intégrer dans la mondialisation (Section 1), et ensuite d'identifier les mesures qui doivent être mis en oeuvre pour une meilleure intégration internationale de ces États (Section 2).

Section 1 : Une Francophonie limitée dans ses actions.

La contribution de l'OIF à la dynamique d'intégration internationale des Etats africains dans la mondialisation est limitée à la fois par des causes endogènes à la Francophonie elle-même (Paragraphe 1), et des causes exogènes (Paragraphe 2).

Paragraphe 1: Les limites endogènes.

Les limites endogènes à l'action de la Francophonie en tant que levier d'intégration internationale des États africains sont principalement liées à la relative emprise de cette organisation sur les Etats africains (A) et l'influence limitée de son volet économique (B).

A. La relative emprise de la Francophonie en Afrique.

Malgré le fait que l'Afrique soit son lieu d'intervention privilégié, l'emprise de la Francophonie sur les pays d'Afrique francophones reste cependant très relative. En effet, si sur le plan culturo-linguistique, l'OIF possède une réelle influence en Afrique comme le démontre le graphique ci-dessous avec notamment ses 115 millions d'Africains parlant français (43% du total) répartis dans 31 pays d'Afrique. Cette emprise reste cependant limitée

Graphique 4 : Répartition des francophones dans le monde (2014).

Source : http://www.francophonie.org/Estimation-des-francophones consulté le 14 Août 2015.

sur le plan politico-économique. Si cela est dû d'une part à un certain manque d'intérêt de la part de certains Africains pour cette organisation dont ils sont pourtant les fondateurs, l'on peut aussi noter d'autre part que, le fait que cette institution ne dispose pas d'un cadre normatif contraignant et des moyens financiers considérables en est également la raison.

En effet, que ce soit dans les textes ou les résolutions qu'elle adopte lors de ses sommets, l'on constate que toutes les limites mises en lumière font du cadre normatif de la Francophonie un cadre ambigu, peu contraignant, voir sans force juridique151(*). Les sanctions y sont absentes, en dehors des suspensions de toute participation aux assises de l'organisation en cas de rupture de la démocratie. Ainsi par exemple, à la lecture de la déclaration de Bamako152(*), on se rend bien compte que ce texte est difficile à apprécier en tant que texte normatif dans la mesure où on y voit plus de l'éthique que de la norme juridique, ce qui empêche l'OIF d'agir efficacement dans le domaine de la paix et de la sécurité.

En outre, il existe une réelle difficulté liée à la politique, tant les différents pays africains membres trouvent que l'OIF n'est pas la vitrine ou la tribune internationale adéquate pour mieux se projeter dans le champ de la politique mondiale. Ainsi parfois, ces États préfèrent-il observer les règles édictées par les espaces sous régionaux auxquels ils appartiennent car, ils considèrent que ces derniers offrent plus de visibilité et de potentialité d'expression et de projection sur la scène internationale. Ça a par exemple été le cas de la Côte d'ivoire qui meurtrie par une crise politique en 2011 a préféré observer les exigences normatives de la CEDEAO et de l'UA que celles de l'OIF.

GRAPHIQUE 3 : Évolution du budget de la Francophonie de 1979 à 2013 (en millions d'euros)

Source : www.francophonie.org/Le-budget , consulté le 06 juin 2015 à 10h30.

Au-delà de son cadre normatif non contraignant, la faible emprise de la Francophonie en Afrique est également dû au manque criard de moyens financiers auquel fait face l'OIF. En effet, si le budget constitue un facteur essentiel pour l'atteinte ou non des objectifs au sein des organisations internationales, il ne fait aucun doute que la modicité du budget de l'OIF telle que mise en exergue dans le graphique précédent (moins de 100 million d'euros)153(*) pose un réel problème pour l'atteinte de ses objectifs.

En plus, le fait que la France soit le principal pourvoyeur de fonds de l'OIF (50%) entrave encore un peu plus la crédibilité de la Francophonie pour certains africains franco-sceptiques. En effet, pour eux la Francophonie incarne seulement une certaine idée de la France à l'étranger et non une entité indépendante à laquelle la France participe154(*). Ils voient ainsi en elle un continuum néocolonial.

B. La faiblesse de son volet économique.

L'enjeu économique a été pendant longtemps la grande oubliée des politiques francophones. La plupart des analystes de la problématique économique au sein de cette organisation s'accordent sur le fait que le caractère culturo-linguistique initial de la Francophonie justifie l'émergence timide d'une «Francophonie économique». C'est pourquoi la première tentative d'institutionnalisation de la Francophonie a presque marginalisé son volet économique. Ainsi a-t-on pu constater une indifférence manifeste de l'ACCT pour les questions économiques qui ont été totalement évacuées du champ de vision et d'action de la Francophonie155(*) ; le souci étant celui d'une agence internationale au service de la solidarité et du développement culturel. Et même s'il fût mis sur pied à cette époque un instrument financier et économique destiné à financer des secteurs spécifiques de production au niveau des localités (PSD)156(*), celui-ci ne constituait pas un réel outil pouvant servir à la construction d'une véritable politique économique francophone. Dès lors, cette prise de conscience tardive de la Francophonie par rapport à l'enjeu économique a eu des répercussions sur l'organisation qui peine aujourd'hui à trouver ses marques dans l'économie mondiale.

Par ailleurs, la disparité économique qui existe entre les États membres de l'OIF constitue une véritable entorse à la construction d'un espace économique francophone suffisamment puissant pour consolider le rôle de cette organisation en tant que levier de projection internationale de ces États membres. En effet, comme le constate le Professeur Tabi manga, « L'espace francophone, comparativement à d'autres aires géoculturelles, est très désarticulé sur le plan économique. En effet, la Francophonie compte un nombre de pays très pauvres et très endettés et très peu de pays riches. Cette situation déséquilibrée vicie naturellement le dialogue politique et l'échange par rapport à l'espace Commonwealth. Car à côté de la Grande Bretagne et du Canada, on dénombre d'autres pays dont la force et la vitalité économique sont évidentes. C'est le cas de l'Australie, de l'Inde, de la Nouvelle Zélande, de l'Afrique du Sud... En Francophonie, à part des puissances économiques comme la France (quatrième puissance mondiale) et le Canada (huitième rang mondial), économiquement on ne dénombre aucun pays intermédiaire pouvant jouer en Francophonie un rôle sensiblement comparable à celui du Nigéria ou du Kenya au sein du Commonwealth. »157(*) Cet état de chose laisse entrevoir que l'union internationale francophone, campée autour de l'OIF, qui fait face à une situation de disparités économiques ne permet véritablement pas de consolider et de renforcer l'action de la Francophonie dans la construction d'un cadre économique pouvant permettre à cette organisation de rivaliser dans la mondialisation et partant de contribuer efficacement à l'intégration internationale des Etats africains.

Paragraphe 2 : Les limites exogènes à la Francophonie.

La contribution de la Francophonie à l'intégration internationale des États africains est également limitée à la fois par la désunion persistante de ces derniers aussi bien sur le plan continental qu'international (A) et par le déséquilibre croissant entre les pays du Nord et ceux du Sud (B).

A. La désunion persistante des Etats Africains sur le plan continental et international.

Quels que soient les efforts consentis aussi bien par la Francophonie que par les autres organisations internationales pour contribuer au développement, à la paix et partant à l'intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation, ceux-ci ne sauraient porter leurs fruits tant que la désunion qui existe entre les États africains persistera. En effet, si « l'union fait la force », alors la désunion entre les Etats africains constitue l'une des plus grandes faiblesses de l'Afrique dans sa dynamique d'intégration internationale. À l'analyse des phénomènes d'union entre les Etats dans le monde, force est de constater qu'il existe aujourd'hui une marée d'organisations sous régionales en Afrique158(*). Pire encore, la plupart des pays africains se retrouvent parfois membres de plusieurs organisations et participent à plusieurs initiatives d'intégration régionale en même temps159(*), ce qui constitue un réel problème pour l'intégration africaine car, « l'appartenance de certains pays à plusieurs communautés économiques ne facilite pas l'intégration, elle diminue même l'effet d'adhésion à cause de la dispersion des énergies et des ressources dont les pays ne dispose pas à flot »160(*). Au vu de cet état des choses, l'on peut donc adhérer à la pensée de LAVROFF pour qui : « l'unification politique totale de l'Afrique risque de demeurer un mythe du fait notamment des difficultés diverses et de la coopération entre États, coopération qui demeure jusqu'à présent partielle et éparpillée »161(*). En effet, la multiplicité d'organisations sous régionales africaines constitue un réel frein à l'union continentale de l'Afrique. Or l'intégration et la prise en compte des Etats africains sur le plan international en ce temps de mondialisation ne seront possibles que si ces derniers s'unissent pour pouvoir peser sur la scène internationale.

Un corollaire à cette désunion entre les Etats africains sur le plan continental est la division de ces derniers sur le plan international. En effet, à plusieurs reprises les États africains ont affiché ouvertement leur désunion notamment dans les enceintes internationales. Ainsi, l'on peut par exemple prendre le cas très récent de l'élection de la nouvelle Secrétaire Générale de l'OIF le 30 novembre 2014 à Dakar où devant leur difficulté à dégager un consensus sur un candidat issu du continent pour succéder à Abdou Diouf à la tête de l'OIF, les chefs d'États Africains ont pratiquement "offert" au Canada la seule organisation multilatérale à caractère international qu'ils présidaient encore en portant à sa tête « une ressortissante canadienne d'origine haïtienne, qui fut il n'y a pas si longtemps la représentante de la reine d'Angleterre dans son propre pays »162(*).

B. Le déséquilibre croissant entre le Nord et le Sud.

Au cours de l'histoire, le monde a fait l'objet de multiples divisions. Ainsi, les Romains ont divisé le monde entre l'Empire romain et le monde des Barbares. Après les voyages de Christophe Colomb, on parlait de Nouveau Monde et d'Ancien Monde. À la fin de la deuxième Guerre mondiale, un «rideau de fer» a été érigé pour séparer l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest. Et, plus récemment, avec l'accentuation des inégalités socio-économiques entre les peuples, l'on parle désormais de la division du monde entre le Nord riche et développé et le Sud pauvre et sous développé. En effet, avec la mondialisation dont le rythme s'est accentué à la fin du 20é siècle du fait des progrès technologiques, le déséquilibre qui existait déjà entre les pays du Nord et les pays du Sud n'a cessé de croître, atteignant aujourd'hui des proportions démesurées. Ainsi, de nos jours, les Sept pays les plus riches du monde assurent les deux tiers de la valeur produite annuellement sur la planète, alors qu'ils ne regroupent que 12% de ses habitants. À l'opposé, la quarantaine d'États les plus pauvres représentent moins de 2% de la valeur produite alors qu'ils regroupent 20% de la population mondiale163(*).

Du fait de ce déséquilibre qui existe entre le Nord et le Sud, l'on observe une configuration du système international actuel dans lequel les pays riches apparaissent comme un « centre » qui contrôle et décide alors que les pays pauvres constituent une « périphérie » dépendante qui subit le centre164(*). Dès lors, ce dernier groupe (Sud) auquel fait partie la quasi-totalité des États africains se voit donc exclu et même exploité par le premier (Nord) sur la scène internationale. Ainsi par exemple, sur le plan commercial il existe une inégalité doublée d'une injustice dans les échanges entre le Nord et le Sud. L'on constate en effet que, pour beaucoup de pays du Sud, les exportations sont constituées en majeure partie de produits agricoles ou miniers brut, à destination des pays du Nord et que les importations font la part belle à des produits manufacturés à forte valeur ajoutée provenant du Nord. Or si pour les pays du Nord il peut sembler normal que les vendeurs dictent leurs prix, on constate que les marchés des matières premières sont également contrôlés par ces mêmes pays, les acheteurs fixant en l'occurrence les prix des matières premières ; ce qui permet aux pays développés de maintenir au plus bas les prix de ce qu'ils achètent aux pays sous-développés tout en élevant les prix de ce qu'ils leur vendent. De même, sur le plan politique, cet état de domination du Nord sur le Sud est encore plus perceptible notamment à travers le Conseil de Sécurité des Nations Unies où aucun pays du Sud ne dispose d'un siège permanent, et pourtant la majorité des décisions qui y sont prises concernent ces pays du Sud.

Ainsi, la configuration du système international actuel caractérisé par le déséquilibre et les inégalités entre le Nord et le Sud constitue une véritable impasse à l'intégration internationale des États du Sud en général et des États africains en particulier.

Les développements précédents ont permis de mettre en lumière les limites et les difficultés d'une intégration internationale des Etats africains au travers de la Francophonie. Dès lors, il sied dans la section qui suit de faire une analyse prospective afin d'identifier les conditions à remplir pour la réalisation de l'intégration internationale de l'Afrique par l'OIF.

Section 2 : Pour une intégration internationale plus efficace des Etats africains par la Francophonie.

Afin de dépasser les limites qui ont été relevées plus haut, il apparait que la réalisation d'une intégration internationale des États africains au travers de l'OIF repose à la fois sur le développement d'une Francophonie économique efficiente (Paragraphe 1) et le renforcement des capacités d'influence internationale des États africains (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le développement d'une Francophonie économique efficiente.

Le développement du secteur économique est primordial pour toute entité souhaitant être intégrée dans la mondialisation. Dès lors, l'intégration des États africains dans la mondialisation au travers de la Francophonie passe par la mise en valeur de l'espace économique francophone (A) et l'encouragement de partenariats économiques internationaux (B).

A. La mise en valeur de l'espace économique francophone.

Aujourd'hui, l'Organisation Internationale de la Francophonie c'est 80 États et gouvernements membres répartis sur les 5 continents, soit le tiers des pays du monde et presque 13% de la population du globe. Par ailleurs, l'ensemble francophone représente aujourd'hui 14% du revenu national brut (RNB) mondial et 20% des échanges mondiaux164(*), en outre les investissements effectués par les pays francophones représentent le quart des investissements mondiaux. À la vue de ces statistiques, il apparaît que la Francophonie est dotée d'un poids majeur dans l'économie mondiale. Cependant force est de constater que ce potentiel considérable est faiblement mis en valeur par la Francophonie. Or, si cette organisation regroupe en son sein, des pays membres du G8 et du G20, la grande partie de ses États membres, africains pour la plupart, figurent parmi les 48 pays les moins avancés. Dès lors, la valorisation du potentiel économique francophone constitue la clé de l'insertion internationale des États africains dans la mondialisation au travers de leur appartenance à l'OIF.

Cette valorisation de l'espace économique francophone passe principalement par la réalisation d'un espace économique francophone intégré en vue non seulement de renforcer les échanges entre les pays francophones mais également de donner au pays francophones les moins avancés tels que la majorité des pays africains francophones, un moyen de pouvoir, grâce à leur appartenance à cet espace économique francophone intégré, avoir plus de poids dans les négociations économiques avec d'autres aires géoéconomiques. En effet, la mise en place par la Francophonie d'un espace économique intégré contribuerait de manière efficiente à l'accentuation des échanges commerciaux, de la coopération économique et de la solidarité entre les pays francophones telle que souhaitée par l'OIF dans sa charte165(*). Ce qui assurerait non seulement la cohésion interne des pays les plus fragiles, mais également leur insertion dans l'économie et les échanges internationaux. En outre, une mise en place d'un espace économique francophone plus intégré, mieux organisé et plus solidaire permettra également d'améliorer son attractivité pour les investissements internationaux au profit des États francophones les moins avancés comme ceux d'Afrique qui pourront s'en servir comme levier pour leur développement économique.

Cependant, la mise en place d'un tel espace nécessite plusieurs préalables qui font encore défaut dans l'espace francophone. En effet, pour qu'un espace économique intégré soit viable, il faut avant tout que la libre circulation des personnes et notamment des acteurs économiques soit effective dans cette espace166(*). Étant donné que la circulation des idées, des innovations et le développement des partenariats innovants constituent le fondement de la construction d'une économie mondiale durable il faudrait donc, pour un espace économique francophone véritablement efficace, la création d'un visa francophone sur le modèle du visa Commonwealth167(*) afin de permettre aux acteurs économiques francophones de circuler librement dans cet espace. Par ailleurs, afin de renforcer l'espace économique francophone, il faudrait également améliorer l'environnement des affaires dans l'espace francophone, notamment par la densification des relations économiques entre les différents réseaux institutionnels, professionnels et d'entreprises francophones168(*).

B. L'encouragement des partenariats commerciaux Sud-Sud.

Dans le cadre de la mondialisation, les négociations commerciales internationales sont de plus en plus complexes à appréhender. Le défi pour les pays francophones du Sud est de taille puisque leur développement actuel et futur dépend, en grande partie, de leur capacité à défendre leurs intérêts dans un système commercial international gouverné par le capitalisme et dominé par les grandes puissances occidentales. Or, en ce début de 21é siècle, l'économie mondiale est marquée par la libéralisation des échanges, notamment commerciaux. Cette tendance lourde, amorcée dès 1944 avec les accords de Bretton Woods, s'accentue au fil des grandes négociations commerciales multilatérales menées notamment dans le cadre de l'OMC. Les enjeux soulevés par ces négociations sont considérables, en particulier pour les pays du Sud qui, tout en prenant la mesure des opportunités offertes par l'ouverture des marchés, sont néanmoins conscients de leur vulnérabilité et doivent donc faire valoir leurs intérêts spécifiques afin de pouvoir s'insérer efficacement dans l'économie mondialisée.

Dès lors, étant donné que le commerce est un puissant moyen de développement pour les pays pauvres lorsque les parties en présence sont en situation de relatif équilibre. Il apparaît clair que, au-delà de la contribution au renforcement des capacités en négociation commerciale des pays francophones les moins développés, l'amplification par la Francophonie de partenariats commerciaux équilibrés Sud-Sud non seulement entre ses membres, mais également entre ceux-ci et d'autres aires géoéconomiques constitue un important levier à la fois pour la maîtrise des mutations du système économique mondial par les pays du Sud, l'élargissement de leurs marchés et aussi pour l'atténuation des effets pervers de la crise et de la gouvernance économique et financière mondiale sur les États francophones les moins avancés. À cet effet, la Francophonie devrait aider et soutenir les pays du Sud dans l'identification et la conquête de nouveaux marchés, en particulier dans le cadre de la coopération inter-régionale Sud-Sud.

Si le développement d'une Francophonie économique plus efficient constitue une condition nécessaire à l'intégration des États Africains francophones dans la mondialisation, cela ne saurait être efficace sans le renforcement des capacités d'influences internationales des États africains.

Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités d'influences internationales des États Africains.

Étant donné des limites exogènes qui ont été évoquées plus haut, il s'avère qu'une meilleure intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation nécessite également un renforcement des capacités d'influence internationale des États Africains. Et cela passe aussi bien par l'approfondissement des réformes politico-économiques au sein de ces derniers (A) que par une réalisation de l'unité Africaine à travers de la mise en place d'une intégration régionale effective (A).

A. L'approfondissement des réformes politico-économiques en Afrique.

L'Afrique a longtemps été infortunée du fait que ses gouvernements et ses partenaires extérieurs ont relevé la nécessité des réformes politico-économiques mais sans reconnaître qu'il existe un lien entre ces réformes et le développement ; les politiques d'ajustement structurelles en témoignent. Dès lors, face aux risques liés à la mondialisation actuelle, les États Africains ont besoin de mettre sur pied des réformes politico-économiques fiables basées sur la promotion du développement et une gouvernance démocratique adaptée à leur contexte.

En ce qui concerne le développement, il peut être perçu comme une amélioration de la qualité de vie des populations par l'adoption d'un programme national qui accorde une attention particulière à la réduction de la pauvreté à travers l'allégement de la dette et des mouvements concessionnels et coordonnés169(*). Celui-ci requiert une politique macro-économique saine soutenue par les politiques sociales centrées sur le développement du capital humain. En effet, les différents rapports du PNUD sur le développement ont préconisé un paradigme de développement qui place l'homme au centre. Concrètement parlant, il s'agit pour les États sous-développés tels que la majorité des États d'Afrique francophone de mettre en oeuvre des politiques et des programmes visant à développer l'homme par l'éducation et la formation, ainsi que par la répartition équitable des ressources nationales, et visant également le développement par l'homme à travers sa participation dans les processus de construction nationale.

Quant à la gouvernance démocratique, il s'agit d'un sujet qui suscite beaucoup d'émotion en Afrique, puisqu'étant souvent considérée comme une adaptation incontestée du modèle politique occidental qui est étranger à la culture et à la tradition africaine. Ainsi, le défi pour l'Afrique est d'intégrer les concepts et les valeurs traditionnels de participation dans les systèmes ou modes de vie démocratiques modernisés. Ceci devrait donner lieu à l'adoption des politiques et pratiques qui débouchent sur la décentralisation de la prise de décision car, force est de constater que les sociétés qui permettent le choix et la participation des communautés locales décentralisées suscitent la créativité et la productivité de leurs peuples. Et cela conduit à une activité économique en expansion qui offre des perspectives rassurantes d'une croissance et d'un développement durables. Cette croissance et ce développement durables constituent des éléments essentiels de vitalité économique et de concurrence, facteurs d'intégration dans le système économique mondial.

B. La réalisation de l'Unité Africaine.

Un saut dans l'histoire nous montre que, la division du monde au lendemain de la deuxième guerre mondiale en deux blocs dominés par les deux principales superpuissances (USA et URSS) n'a pas manqué d'avoir des répercussions et des attraits sur les jeunes États africains nouvellement indépendants. C'est ainsi qu'au lendemain même de leur accession à la souveraineté internationale, les États du continent africain se retrouvèrent divisés en blocs antagonistes au moment de construire leur unité continentale entre le bloc de Casablanca à tendance progressiste qui, prônait la mise sur pied des États unis d'Afrique et la création d'un marché commun africain et le bloc de Brazzaville-Monrovia à tendance modérée qui au contraire préconisait le renforcement des États-nations en affirmant l'égalité absolue entre eux et le respect de la souveraineté de chacun, de même que le maintien, voire le renforcement des relations économiques avec les anciennes métropoles afin d'attirer les capitaux nécessaires au développement . De cette division naquit l'OUA le 25 mai 1963 à Addis-Abeba en Éthiopie avec la signature solennelle d'une charte la régissant. Cependant, du fait qu'elle était plus un instrument de coopération et non d'intégration politique comme l'avait souhaité Nkwame Nkrumah et à cause des divisions qui la caractérisaient, l'OUA n'a pas pu réaliser cette unité africaine pour laquelle elle avait été créée et dont elle portait le nom. Le constat de cet échec a poussé les chefs d'États africains 39 ans après sa création à la remplacer par l'Union africaine le 09 juillet 2002 à Durban (Afrique du Sud) avec pour objectif de « bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale »170(*). Malgré ce changement, les divisions et le manque de consensus subsistent toujours au sein du continent et l'UA n'a pas jusqu'à présent réellement réussi à réaliser l'unité dont l'Afrique à impérativement besoin pour faire face de manière plus efficace aux défis de la mondialisation.

Ainsi, plus que toute autre région, l'Afrique a besoin d'intégration régionale pour mieux promouvoir son développement économique et mettre en place les capacités de compétitivité requise pour devenir partie intégrante de l'économie mondiale et «échapper à la marginalisation dont elle fait l'objet sur la scène internationale aujourd'hui mondialisée171(*) ». En effet, au regard des défis que doivent affronter les pays du Sud pour s'adapter au contexte de la mondialisation, « Il semble qu'une insertion stratégique de groupes régionaux ou sous régionaux, soit la réponse la plus adaptée, comparativement à la stratégie de "cavalier solitaire" en vue d'une insertion globale de chaque pays »172(*). Ainsi, en réalisant leur unité continentale, les pays africains pourraient mieux tirer profit des opportunités de la mondialisation. Le défi étant pour ces derniers de mettre en place une intégration régionale crédible et de s'en servir comme tremplin pour s'intégrer de manière fructueuse dans l'économie et la politique mondiales. Cependant, afin d'y parvenir, ceux si doivent transcender les divisions qui ont toujours subsisté depuis les indépendances et l'avènement de l'OUA.

Par ailleurs, l'Afrique a d'autant plus que besoin d'une intégration régionale sur le plan économique car, si l'intégration africaine est conçue et mise en oeuvre au sein d'une stratégie de développement plus large visant à promouvoir la diversification économique, celle-ci pourra entre autre renforcer les capacités productives des pays africains, réaliser des économies d'échelle, améliorer la compétitivité, créer de nouvelles possibilités et surtout servir de rampe de lancement à la participation effective des économies africaines à l'économie mondiale. De plus, ayant en face d'elle de puissants regroupements régionaux tels que l'union européenne, les États-Unis d'Amérique où encore la Chine, l'Afrique n'a pas d'autre choix que de se présenter unie à la table de négociations internationales pour défendre ses intérêts et pouvoir occuper la place qui lui revient sur la scène internationale.

La réflexion menée dans ce chapitre avait pour but de déterminer les difficultés liées à une intégration des États africains dans la mondialisation au travers de leur appartenance à l'OIF et de faire une analyse prospective afin d'identifier des solutions pour y remédier. Et il en ressort que, la contribution de l'OIF à la dynamique d'intégration internationale des États africains dans la mondialisation est limitée aussi bien par des causes endogènes telles que la relative emprise de cette organisation sur les États africains et l'influence limitée de son volet économique, que par des causes exogènes telles que la désunion persistante entre les États africains et le déséquilibre croissant entre les pays du Nord et ceux du Sud. Dès lors, il s'avère qu'une meilleure intégration internationale des États Africains nécessite à la fois, le développement d'une Francophonie économique efficiente au travers d'une mise en valeur de l'espace économique francophone et l'encouragement par elle de partenariats économiques Sud-Sud. Par ailleurs, la réalisation de cette intégration nécessite également le renforcement des capacités d'influence internationale des États africains par l'approfondissement des réformes politico-économiques basées sur le développement et une gouvernance démocratique au sein de ces derniers, de même que par la réalisation d'une intégration régionale plus efficace de l'Afrique.

CONCLUSION GENERALE

Au moment où cette réflexion va connaitre son dénouement, la perspective d'une intégration internationale des États africains au travers de leur appartenance à l'Organisation Internationale de la Francophonie se confirme. En effet, tout au long de ce travail de recherche, nous avions pour ultime but de démontrer que la Francophonie joue un rôle majeur dans la dynamique d'intégration internationale des États africains dans la mondialisation. Il s'agissait de prouver concrètement, et conformément à notre boussole de recherche à savoir l'hypothèse selon laquelle, l'OIF offre non seulement des voies pouvant être utilisées par les États Africains pour mieux s'insérer dans le système international. Mais également contribue à la mise en oeuvre des conditions nécessaires à une intégration internationale de ses États membres en général et des États africains francophones en particulier.

Ainsi, il s'est agi dans un premier temps de démontrer que l'OIF est un vecteur d'intégration internationale pour ses États membres et surtout pour les États d'Afrique francophone qui ne disposent pas d'assez de capacités d'influence sur la scène internationale. À cet effet, il a été établi au cours de notre argumentaire que la Francophonie à travers ses valeurs, ses objectif et sa vision du monde véhicule des idéaux favorables à une intégration internationale. De même, il a également été montré dans cette première partie que le dynamisme politico-diplomatique de la Francophonie sur la scène internationale constitue un moyen propice à l'intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation. Par la suite, il a été question de relever dans une deuxième partie que, s'il est vrai que l'OIF à travers ses actions pour la promotion de la paix en Afrique et l'insertion des pays africains dans l'économie mondiale, contribue à mettre en oeuvre les conditions nécessaires à l'intégration internationale des États africains, ces actions restent cependant limitées par de nombreux facteurs liés à la fois au climat politico-économique des pays africains, et à certaines réalités directement attachées à la faiblesse du volet économique de la Francophonie. Dès lors, il a été émis comme perspective pour une meilleure intégration des États africains dans la mondialisation le développement d'une Francophonie économique efficiente et le renforcement des capacités d'influence internationale des États Africains à travers la réalisation de l'unité africaine et l'approfondissement des réformes politico-économiques en Afrique.

Toutefois, il faut dire que conclure ce travail de recherche uniquement sur un simple rappel des éléments ayant structuré notre argumentaire ôte à cette partie sa plus-value scientifique. Ainsi, sur le plan de la théorie des Relations internationales, cette étude nous démontre que même si l'État reste le réfèrent central des relations internationales comme l'estiment les réalistes, ce dernier a cependant besoins des Institutions internationales telles que l'Organisation internationale de la Francophonie pour pouvoir pleinement tirer profit du système internationales très anarchisé. Par ailleurs, cette étude permet également une ouverture sur de nouvelles perspectives de réflexion. Ainsi, au moment où nous voulons mettre un terme à cette recherche, s'ouvrent de nouvelles interrogations susceptibles de constituer des axes de réflexion pour d'éventuels travaux de recherche visant à décrypter les nouvelles stratégies d'influence internationale de la Francophonie. Il s'agit plus précisément de la problématique du rapport entre les enjeux économiques de la mondialisation et l'ambition de rayonnement politico-économique de la Francophonie sur la scène internationale en ce début de 21éme siècle.

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2. Convention sur la Biodiversité, les changements climatiques et la lutte contre la désertification, Rio de Janeiro.1992.

3. Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le 11 décembre 1997. Japon.

4. OIF: Cadre Stratégique décennal de la Francophonie, Ouagadougou. 27 novembre 2004.

5. OIF : Cadre Stratégique de la Francophonie 2015-2022, Dakar. 30 novembre 2014

6. OIF : Stratégie économique pour la Francophonie, Dakar. 30 novembre 2014.

7. OIF : Bilan de l'action de l'OIF dans le domaine économique, Paris. octobre 2014.

8. OIF: Déclaration de Saint-Boniface, 14 mai 2006.

9. OIF : Déclaration de Bamako, 03 novembre 2000.

10. OIF : Déclaration de Beyrouth, 20 octobre 2002.

11. OIF : Déclaration de Montreux, 24 octobre 2010

12. OIF : Déclaration de Kinshasa, 14 octobre 2012.

13. OIF : Déclaration de Dakar, 30 novembre 2014.

14. OIF: Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Moncton à Beyrouth, 1999-2001;

15. OIF: Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Ouagadougou à Bucarest, 2004-2006;

16. OIF: Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Bucarest à Québec, 2006-2008;

17. OIF: Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Québec à Montreux 2008-2010 ;

18. OIF: Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Montreux à Kinshasa 2010-2012.

19. UNESCO: Convention sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles, 20 octobre 2005.

VII. WEBOGRAPHIE.

1. http://www.eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/integration/index_fr.htm.

2. http://www.fidh.org.

3. http//www.francophonie.org.

4. http://www.francophonie.org/chronologie.

5. http://www.francophonie.org/ Développement local.htm.

6. http://www.francophonie.org/Promotion de l'emploi par l'entreprenariat.htm.

7. http//www.iframond.com/index.php?option.

8. www.JeuneAfrique.com.

9. http://www.languefrançaise.net

10. http://www.ong-francophonie.net.

11. http//www.rfi.fr.

12. http//www.un.org/membres.

13. http://www.wikipedia.org/wiki/Intégration_économique.

ANNEXE 1

Un extrait du préambule de la Charte de la Francophonie

Adoptée par la Conférence ministérielle de la Francophonie

Antananarivo, le 23 novembre 2005

Préambule

La Francophonie doit tenir compte des mutations historiques et des grandes évolutions politiques, économiques, technologiques et culturelles qui marquent le XXIe siècle pour affirmer sa présence et son utilité dans un monde respectueux de la diversité culturelle et linguistique, dans lequel la langue française et les valeurs universelles se développent et contribuent à une action multilatérale originale et à la formation d'une communauté internationale solidaire.

La langue française constitue aujourd'hui un précieux héritage commun qui fonde le socle de la Francophonie, ensemble pluriel et divers. Elle est aussi un moyen d'accès à la modernité, un outil de communication, de réflexion et de création qui favorise l'échange d'expériences.

Cette histoire, grâce à laquelle le monde qui partage la langue française existe et se développe, est portée par la vision des chefs d'État et de gouvernement et par les nombreux militants de la cause francophone et les multiples organisations privées et publiques qui, depuis longtemps, oeuvrent pour le rayonnement de la langue française, le dialogue des cultures et la culture du dialogue.

Elle a aussi été portée par l'Agence de coopération culturelle et technique, seule organisation intergouvernementale de la Francophonie issue de la Convention de Niamey en 1970, devenue l'Agence de la Francophonie après la révision de sa charte à Hanoi, en 1997.

Afin de donner à la Francophonie sa pleine dimension politique, les chefs d'État et de gouvernement, comme ils en avaient décidé à Cotonou en 1995, ont élu un Secrétaire général, clé de voûte du système institutionnel francophone, de même que la Conférence ministérielle, en 1998 à Bucarest, a pris acte de la décision du Conseil permanent d'adopter l'appellation « Organisation internationale de la Francophonie ».

À Ouagadougou, en 2004, réunis en Xe Sommet, les chefs d'État et de gouvernement ont approuvé les nouvelles missions stratégiques de la Francophonie et ont pris la décision de parachever la réforme institutionnelle afin de mieux fonder la personnalité juridique de l'Organisation internationale de la Francophonie et de préciser le cadre d'exercice des attributions du Secrétaire général.

Tel est l'objet de la présente Charte, qui donne à l'ACCT devenue Agence de la Francophonie, l'appellation d'Organisation internationale de la Francophonie.

ANNEXE 2

Un extrait de la Déclaration de Bamako 2000

Nous, Ministres et Chefs de délégation des États et gouvernements des pays ayant le français en partage, réunis à Bamako pour le Symposium International sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone ;

Nous fondant sur les dispositions de la Charte de la Francophonie, qui consacrent comme objectifs prioritaires l'aide à l'instauration et au développement de la démocratie, la prévention des conflits et le soutien à l'état de droit et aux droits de l'Homme ;

Rappelant l'attachement de la Francophonie à la Déclaration universelle des droits de l'Homme et aux Chartes régionales, ainsi que les engagements des Sommets de Dakar (1989), de Chaillot (1991), de Maurice (1993), de Cotonou (1995), de Hanoi (1997) et de Moncton (1999) ;

Inscrivant notre action dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l'éducation aux Droits de l'Homme (1995-2004) ;

Considérant l'action d'accompagnement des processus démocratiques menée par la Francophonie ces dix dernières années ;

Soucieux de progresser vers la démocratie par le développement économique et social et une juste répartition des ressources nationales pour un accès égal à l'éducation, à la formation, à la santé et à l'emploi ;

Souhaitant répondre à l'objectif fixé au Sommet de Moncton, de tenir un Symposium International sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone, pour approfondir la concertation et la coopération en faveur de l'État de droit et de la culture démocratique, et d'engager ainsi une étape nouvelle dans le dialogue des États et gouvernements des pays ayant le français en partage, pour mieux faire ressortir les axes principaux tant de leur expérience récente que de leur spécificité.

ANNEXE 3

Extrait de la déclaration de Saint-Boniface 2006

Nous, Ministres et Chefs de délégation des États et gouvernements ayant le français en partage, réunis à Saint-Boniface les 13 et 14 mai 2006, dans le cadre de la Conférence ministérielle de la Francophonie sur la prévention des conflits et la sécurité humaine;

Nous fondant sur les dispositions de la Charte de la Francophonie adoptée à Antananarivo en novembre 2005 ainsi que sur les orientations définies par nos Chefs d'État et de gouvernement dans le Cadre stratégique décennal de la Francophonie, adopté lors du Sommet de Ouagadougou, en novembre 2004, et Rappelant en particulier les objectifs stratégiques arrêtés dans ce dernier, portant sur la consolidation de la démocratie, des droits de l'Homme et de l'État de droit, ainsi que sur la prévention des conflits et l'accompagnement des processus de sortie de crises, de transition démocratique et de consolidation de la paix ;

Convaincus que, dans un monde plus que jamais interdépendant, confronté à des dangers communs et à des menaces transnationales, le multilatéralisme demeure le cadre privilégié de la coopération internationale ; que la construction de la paix, le renforcement de la sécurité collective et le développement durable à l'échelle mondiale sont une tâche commune qui doit se réaliser dans le respect de la souveraineté des États, de l'égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et que le recours à la force est du ressort ultime du Conseil de sécurité, qui l'exerce dans le respect de la Charte des Nations Unies et des règles du droit international ;

Persuadés que l'instauration du dialogue des cultures et des civilisations, comme l'affermissement de la solidarité entre les nations, sont de nature à réduire les tensions, à prévenir les conflits et à renforcer la lutte contre le terrorisme ;

Convaincus également que la prévention des crises et des conflits repose aussi sur la sécurité de l'individu, la satisfaction de ses besoins vitaux, notamment celui de vivre en paix, le respect de tous ses droits, y compris le droit au développement, toutes exigences conditionnées par l'existence d'un État de droit démocratique ; Convaincus enfin que la sécurité, la paix, le respect de tous les droits de l'Homme - assortis de mécanismes de garantie -, la démocratie et le développement, composantes essentielles de la sécurité humaine, sont indissociables et constituent des objectifs liés et interdépendants ;

Conscients de l'étape majeure que représente l'adoption de la Déclaration de Bamako de novembre 2000, pour l'affirmation de la Francophonie politique et l'approfondissement du dialogue et de la coopération entre nos États et gouvernements autour de l'État de droit, de la démocratie et des droits de l'Homme, et

Reconnaissant la contribution significative de la mise en oeuvre du dispositif de Bamako aux progrès accomplis dans la promotion de la paix au sein de l'espace francophone, dans une démarche tant de prévention structurelle que d'accompagnement des sorties de crises et des transitions ;

Faisant nôtres les conclusions du Symposium international sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone (Bamako +5) de novembre 2005, telles qu'exprimées dans l'Acte final qui a confirmé l'adhésion unanime aux engagements et au mécanisme de suivi consignés dans la Déclaration de Bamako, ainsi que la portée de celle-ci comme instrument normatif et d'action au service de la paix, sous l'impulsion du Secrétaire général, et qui a invité l'Organisation internationale de la Francophonie à accroître ses efforts en faveur de la prévention des conflits, grâce à l'alerte précoce et à la diplomatie préventive, ainsi qu'à renforcer son interaction avec les États et gouvernements membres.

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE................................................................................................i

AVERTISSEMENT.......................................................................................ii

DEDICACES..............................................................................................iii

REMERCIEMENTS......................................................................................iv

LISTE DES SIGES ET ABREVIATIONS.............................................................v

LISTE DES CARTES ET TABLEAUX...............................................................vi

LISTE DES ANNEXES.................................................................................vii

RESUME.................................................................................................viii

ABSTRACT................................................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE......................................................................1

A-CONTEXTE DE L'ETUDE...........................................................................1

B-DELIMITATION DU SUJET........................................................................2

C-CLARIFICATION DES CONCEPTS...............................................................4

1. FRANCOPHONIE......................................................................................5

2. INTEGRATION.........................................................................................5

3. MONDIALISATION....................................................................................8

D-INTERET DU SUJET................................................................................10

E-REVUE DE LITTERATURE........................................................................11

F-PROBLEMATIQUE..................................................................................16

G-HYPOTHESE ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE..........................................17

H-CADRE THEORIQUE D'ANALYSE.............................................................17

1. Le Réalisme.............................................................................................17

2. Le néo-institutionnalisme.............................................................................18

I-CADRE METHOLOGIQUE........................................................................20

1. Techniques de collecte de données...................................................................20

2. Méthodes d'analyse....................................................................................21

a. Méthode hypothético-déductive.....................................................................21

b. Méthode socio-historique.............................................................................22

J- ANNONCE DU PLAN..............................................................................22

PREMIERE PARTIE : LA FRANCOPHONIE : UN VECTEUR D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS................................................23

CHAPITRE I : LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA FRANCOPHONIE : DES IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.............................................................................................25

Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et l'originalité de sa vision du monde.........26

Paragraphe 1 : L'originalité universelle des valeurs francophones en faveur d'une mondialisation multipolaire.............................................................................26

A- Les valeurs de liberté et de diversité...............................................................26

B- Les valeurs de solidarité et de dialogue............................................................28

Paragraphe 2 : L'originalité de la vision des relations internationales sous l'angle de la Francophonie.............................................................................................29

A- La primauté du multilatéralisme....................................................................29

B- La promotion d'une mondialisation humaniste...................................................30

Section 2 : Les objectifs de la Francophonie et la promotion des facteurs d'intégration internationale.............................................................................................31

Paragraphe 1 : Les objectifs en faveur de la promotion de la paix.................................32

A- La préservation de la paix par la prévention des conflits.......................................32

B- La gestion des crises et la consolidation de la paix..............................................33

Paragraphe 2 : Les objectifs en faveur du développement.........................................36

A- Contribution par la coopération multilatérale au développement durable....................36

B- Favoriser l'essor économique des États...........................................................38

CHAPITRE II : LES STRATEGIES POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA FRANCOPHONIE : UNE MISE EN OEUVRE DES CONDITIONS PROPICES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.....................40

Section 1 : Une stratégie politique basée sur une double coopération........................41

Paragraphe 1 : Une coopération interne...............................................................41

A- Coopération entre l'OIF et les États membres....................................................41

B- Coopération entre l'OIF, la Société civil et les ONG............................................43

Paragraphe 2 : Une coopération externe...............................................................45

A- Coopération entre l'OIF et L'ONU.................................................................45

B- Coopération avec les autres organisations internationales.......................................46

Section 2 : Une stratégie diplomatique propice pour une intégration internationale des États Africains...........................................................................................49

Paragraphe 1 : les acteurs stratégiques de la diplomatie francophone.............................49

A- Le Secrétaire générale................................................................................49

B- Les groupes des ambassadeurs francophones.....................................................50

Paragraphe 2 : les caractéristiques de la diplomatie francophone.................................52

A- Une diplomatie bilatérale............................................................................52

B- Une diplomatie multilatérale........................................................................53

DEUXIEME PARTIE : LA FRANCOPHONIE : UN LEVIER D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS LIMITEE DANS SES ACTIONS...56

CHAPITRE III: LA FRANCOPHONIE COMME ACTEUR STRATEGIQUE DANS LA DYNAMIQUE D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS..............................................................................................58

Section 1 : La francophonie, un acteur dans  la gestion pacifique des conflits en Afrique....................................................................................................60

Paragraphe 1 : Les actions de la Francophonie en matière de prévention et de gestion des crises en Afrique..........................................................................................61

A- Le dispositif francophone d'alerte précoce et la Prévention des conflits en Afrique......61

B- La participation au règlement pacifique des crises et l'accompagnement des transitions.63

Paragraphe 2 : les actions de la Francophonie en matière de consolidation de la paix en Afrique.....................................................................................................65

A- L'accompagnement aux missions de sortie de crises...........................................65

B- Le soutient à la réforme du système de sécurité et au renforcement des capacités institutionnelles nationales...............................................................................67

Section 2 : La Francophonie, un acteur de l'intégration des États africains dans l'économie mondiale....................................................................................69

Paragraphe 1 : Francophonie et contribution au développement socio-économique des États Africains...................................................................................................70

A- L'appui par la coopération aux efforts de réduction de la pauvreté.........................70

B- L'accompagnement du développement du secteur privé Africain............................72

Paragraphe 2 : Francophonie et contribution à l'intégration de l'Afrique dans le commerce international...............................................................................................74

A- Le renforcement de l'expertise en négociations commerciales multilatérales..............74

B- Le développement des capacités de formulation des politiques commerciales..............75

CHAPITRE IV : LIMTES ET ANALYSE PROSPECTIVE POUR UNE INTEGRATION PLUS EFFICACE................................................................77

Section 1 : Une Francophonie limitée dans ces actions..........................................79

Paragraphe 1 : les limites endogènes à la Francophonie.............................................79

A- La relative emprise de la Francophonie en Afrique.............................................79

B- La modicité de son volet économique............................................................81

Paragraphe 2 : les limites exogènes à la Francophonie..............................................82

A- La désunion persistante des Etats Africains sur le plan continental et international.......82

B- Le déséquilibre croissant entre les pays du Nord et ceux du Sud............................83

Section 2 : Pour une intégration internationale plus efficace des Etats africains par la Francophonie.............................................................................................85

Paragraphe 1 : Le développement d'une Francophonie économique efficiente.................85

A- La mise en valeur et le renforcement de l'espace économique francophone................85

B- L'encouragement des partenariats commerciaux Sud-Sud.....................................87

Paragraphe 2 : le renforcement des capacités d'influences internationales des États Africains....................................................................................................88

A- L'approfondissement des réformes politico-économiques en Afrique.......................88

B- La réalisation de l'Unité Africaine................................................................89

CONCLUSION GENERALE.........................................................................92

BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................x

ANNEXES................................................................................................xv

TABLE DES MATIERES..............................................................................xxi

* 1Guillou, M.  Francophonie-Puissance, Paris, Éditions Ellipses, 2005, p.11

* 2 Sarkozy, N. Ensemble , Saint-Amand-Montrond, XO Édition, 2007, p. 79

* 3 OUEDRAOGO, A. « L'Afrique face aux défis de la coopération internationale à l'ère de la mondialisation », Acte du Colloque international préparatoire de la XXIème Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement d'Afriques et de France sur le thème « L'AFRIQUE FACE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION », Volume II, p.428.

* 4OUEDRAOGO, A. « L'Afrique face aux défis de la coopération internationale à l'ère de la mondialisation », Op.cit. p.429.

* 5 Huntington, S. P., Le choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2000.

* 6 Cité par M. Nguele Abada, « La réception des règles du procès équitable dans le contentieux du droit public », juridis périodique, juillet-aout-septembre 2005, n°63, p. 20.

* 7 C'est en effet dans «  France, Algérie et colonies » et plus précisément dans le chapitre consacré à « La langue française, en Europe et dans le monde. La langue d'oïl et la langue d'oc » qu'on trouve pour la première fois le mot « francophonie ». Ce chapitre du texte d'Onésime Reclus est disponible sur le Site http://www.languefrançaise.net/dossiers/dossiers.php?id_dossier=40.

* 8 Phan, T, Guillou, M, et Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, Tome2 : les grandes dates de la construction de la Francophonie institutionnelle, Éditions Belin, paris, 2012, p.8.

* 9 Le Robert, Dictionnaire de la langue Française, Edition poche, paris, 1998.

* 10 Ibid. p.713.

* 11 http://www.wikipedia.org/wiki/Intégration_économique, consulté le 28 janvier 2015 à 12h54.

* 12 Tshiyembe, M. Organisations internationales : théorie générale et étude de cas, collection « Géopolitique mondiale », L'Harmattan, Paris, 2012. p. 108

* 13 Ibid.

* 14Tshiyembe, M. Organisations internationales : théorie générale et étude de cas, Op.cit. p. 109

* 15 Ibid.

* 16 Ibid.

* 17Hermet, G. Badie, B. Birnbaum, P. et Braud, P.  Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, 7e Edition, Armand Colin, Paris, 2010. p.223.

* 18 Union Européenne -SEAE (Service Européen pour l'action extérieur) / Intégration internationale, http://www.eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/integration/index_fr.htm. Consulté le 28/01/2015

* 19Hermet, G. et al. Op. Cit. p.224.

* 20 David BOLDUC et Antoine AYOUB, La mondialisation et ses effets: revue de la littérature, GREEN -- Université Laval Québec, Canada, Novembre 2000. p. 4.

* 21 Ferrandéry, J. L. Le point sur la mondialisation, Paris, PUF, 1998. p.3

* 22Grahame, T. « Introduction : situer la mondialisation », Revue Internationale des Sciences Sociales, no. 160, juin 1999, pp. 159-174

* 23 Held, D. McGrew, A. Goldblatt, D. Perraton, J. «Global Transformations», Stanford University Press, Stanford, 1999.

* 24Hermet, G. et al. Op. Cit. P. 305.

* 25 Terme propre au professeur M. Guillou pour nommer la nouvelle dynamique de la Francophonie.

* 26 Phan, T, Guillou, M, et Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, Tome2 : les grandes dates de la construction de la Francophonie institutionnelle, Éditions Belin, paris,, 2012, p.95.

* 27 Soldatos, P. « La sociologie de l'intégration internationale : essai de bilan critique », Etudes internationales, vol. 5, no 3, 1974, p. 519-541.

* 28 Soldatos, P. « La sociologie de l'intégration internationale : essai de bilan critique ». Op.cit. p. 524.

* 29 Ibid. p. 541.

* 30 Hoffmann, S. « Vers l'étude systémique des mouvements d'intégration internationale », Revue française de science politique, vol .9, No.2, juin 1959, pp. 474-483.

* 31 Deutsch, K. BurreL, S. Kann, K. Lee Jr, M. Lichterman, M...,  Political community and the North Atlantic Area, International organization in light of historical experience , Princeton University press, 1957, Princeton.

* 32 Haas, E. The Uniting of Europe. Political, social and economical forces. Published under the auspices of the London Institute of world affairs, 1958.

* 33Hoffmann, S. op. Cit. p. 485.

* 34 Ibid. p. 477.

* 35 Ibid.

* 36 Ibid.

* 37 Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international, les presses de sciences Po, coll. « Relations internationales », Paris, 2014

* 38Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international. Op. Cit. p.27.

* 39 Lahreche-revil, A. Intégration internationale et interdépendances mondiales, Editions La Découverte, collection Repères, Paris, 2002

* 40 Ibid. p.54.

* 41 Ibid. p.59.

* 42 Lahreche-revil, A. Intégration internationale et interdépendances mondiales. Op.cit. p.60.

* 43 Archer, C. International Organizations, London, Routledge, 1992.

* 44 Ntuda Ebode, J. V. « De la politique étrangère des Etats africains: ruptures et continuités d'une diplomatie contestée », in African journal of international Affairs, vol.2, N0 1, 1999.

* 45 Ibid. p. 62.

* 46 Ibid. p. 63.

* 47 Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », Revue internationale de politique comparée, 2007/1, vol. 14, p. 64.

* 48 Gallet, D. Pour une ambition francophone, l'Harmattan, Paris, 1995, p.36.

* 49 Aron, R. «What is a Theory of International Relations? », Journal of International Affairs, vol. XXI, 1967, no 2, pp. 185-206.

* 50 Waltz, K. Man, the State and War: A Theoretical Analysis, New York, Columbia University Press, 1954.

* 51 H. Morgenthau, Politics among Nations, New York Knopf, 1948.

* 52 R. Aron., Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy. Paris, 1962.

* 53 Sven Steinmo et al., structuring politics: Historical Institutionalism in Comparative Analysis, Cambridge University Press, Cambridge, 1992.

* 54 March. J et Olsen. J, « The New Institutionalism: Organizational Factors in Political Life», American Political Science Review, Vol. 78, 1984, pp .734-749

* 55 Lecours, A., « L'approche Néo-institutionnalistes en science politique: Unité ou diversité? », Politique et sociétés, vol 21, no 3, 2002, p. 8.

* 56 Ibid. p.9.

* 57 Lecours, A., « L'approche Néo-institutionnalistes en science politique: Unité ou diversité? », Op.cit. p.9.

* 58 Loubert des Bayle, J-L. Initiation aux méthodes des sciences sociales, L'Harmattan, Paris-Montréal, 2000. p.37.

* 59 Bernard, C. Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Paris, Garnier, 1966. p52.

* 60 Duverger, M.  Méthodes des sciences sociales, Paris , P.U.F, 1960, p340.

* 61 Rosenau J. N., Turbulence in World Politics : A Theory of change and Continuity, New York/

London, Princeton University Press, 1990, p. 36 et suivantes.

* 62 Phan, T, Guillou, M, et Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, op. cit. p. 135.

* 63 Boussaquet L., Jacquot S., Ravinet P, (dir.), Dictionnaire des politiques publiques,

Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2004, p. 243.

* 64 Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », op.cit. p. 71.

* 65 Abdou Diouf., « Francophonie et Mondialisation », Revue Hermes, No 40, 2004. p. 384.

* 66 Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », op.cit. p72.

* 67 Guillou, M. Francophonie-Puissance, L'équilibre multipolaire, Paris, Ellipses Éditions, 2005. p.19

* 68 Huntington, S. P., Le choc des civilisations. Op. Cit.

* 69 Christian VALANTIN dans la Préface de GUILLOU(Michel): Francophonie-

Puissance, op.cit., p.3

* 70 Ngouaka-tsoumou. A, L. La diplomatie francophone, Thèse de Doctorat de Sciences Politiques, Université Jean Moulin (Lyon), Lyon 3, 2010. P. 65

* 71 Wolton, D. Demain la francophonie, Paris, Flammarion, 2006, p.32.

* 72 Braz , A. Pensez la mondialisation, Paris, Ellipses, 2009, p.134.

* 73 Willar, C. « La Francophonie : hégémonie ou contre hégémonie », dans Michel BERGES (dir), Penser les relations internationales, l'Harmattan, Paris, 2008, pp.362-387.

* 74 Phan, T. et Guillou. M, op.cit., p.252.

* 75 Quif) 2005: Qui fait la Francophonie?, op.cit., p.23

* 76 NGOUAKA-TSOUMOU André Ludovic, La diplomatie francophone. Op. Cit. 66

* 77 SENGHOR. L, S. Liberté3: Négritude et Civilisation de l'Universel, Paris, Éditions du Seuil, 1977

* 78 NGOUAKA-TSOUMOU André Ludovic, La diplomatie francophone. Op. Cit. 67.

* 79 BRASPENNING D. T., « Constructivisme et relations de puissance. Essai sur l'internationalisme

de la théorie sociale », Notes et Études de l'Unité de Science politique et de Relations internationales,

Département des Sciences politiques et sociales, Université catholique de Louvain, 2001, n°1, p. 15.

* 80Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », op.cit. p77

* 81 Voir « Ordres et désordre dans le monde », cahiers Français, n0263, Paris, 1993.

* 82 De Senarclens, P., « Les organisations internationales face aux défis de la mondialisation », Revue internationale des sciences sociales, no 170, 2001, p. 559.

* 83 Moreau Defarges, P, « Quels ordres ou quels désordres pour l'Europe », in Cahiers Français, n0257, Paris, 1993, pp.132-136.

* 84 Charte de la Francophonie du 23 novembre 2005, article 1.

* 85 Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international. Op. Cit

* 86 Voir Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000.

* 87 Atangana Amougou ; J-L, « Francophonie et résolution des conflits en Afrique » Revue internationale des mondes francophones, No2, Printemps-été 2010. p.39.

* 88 OIF, Déclaration de Québec, du 19 octobre 2008 point 12, p.2.

* 89 Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international. Op. Cit. p.27.

* 90 Convention sur la Biodiversité, les changements climatiques et la lutte contre la désertification adoptée au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992.

* 91 Le protocole de Kyoto est un accord international visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre signé le 11 décembre 1997 lors de la 3e Conférence des Parties à la Convention (COP 3) à Kyoto, au Japon, et entré en vigueur le 16 février 2005.

* 92 OIF, Déclaration de Québec, du 19 octobre 2008 point 8. p.1.

* 93 Ce colloque avait été organisé dans le cadre de la semaine de la Francophonie par l'Université Senghor d'Alexandrie et il s'y était tenu trois tables rondes qui traitaient des sujets suivants : « Réalités économiques de la Francophonie », « La Francophonie et les perspectives de renouvellement économique » et « Les industries culturelles ».

* 94 Il s'agit du Cadre Stratégique de la Francophonie adopté lors du XVe Sommet de l'OIF tenu à Dakar du 29 au 30 Novembre 2014, fixant les objectifs de l'Organisation pour les 8 années à venir.

* 95 OIF : Rapport du Secrétaire Général de la Francophonie de Montreux à Kinshasa, 2010-2012.p.18.

* 96 Ngouaka-Tsoumou. A, L. La diplomatie francophone, Thèse de Doctorat de Sciences Politiques, Op Cit, p.87.

* 97 Chazelle, J. La Diplomatie, Paris, Puf, "Que sais-je?"N°129, 1962.p18.

* 98 DIOUF (Abdou) in Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Ouagadougou à Bucarest,

2004-2006, p.5

* 99 KINZOUNZA, K, « Déontologie de la Fonction Publique et Développement Economique et Social »

Cahiers Africains d'Administration Publique N°25 Tanger, Maroc, 1985, p.17

* 100 OIF, Rapport du Secrétaire général, de Beyrouth à Ouagadougou, 2002-2004.p.139.

* 101 Cette liste peut être consultée sur le site http://www.ong-francophonie.net.

* 102 OIF, Charte d'Antananarivo du 23 novembre 2005.

* 103 Ce terme doit être entendu au sens large car les textes officiels des Nations Unies ne donnent aucune définition précise de la notion d'Organisation régionale. Dès lors, cette dernière renvoie à toutes les organisations coopérant avec l'ONU.

* 104 Julia, M ; « l'évolution de la coopération entre l'ONU et les organisations régionales : l'exemple de l'Organisation Internationale de la Francophonie », Actes des sixièmes entretiens de la Francophonie , Hanoi, 1er et 2 février 2007.p.187.

* 105 Voir la Charte des Nations Unis, Chapitre 8 « Accords régionaux ».p15.

* 106 Résolutions A/RES/33/18 du 10 novembre 1978, A/RES/50/3 du 16 octobre 1995, A/RES/52/2 du 17 octobre 1997 ; A/RES/54/25 du 15 novembre 1999 ; A/RES/56/45 du 7 décembre 2001 ; A/RES/57/43 du 21 novembre 2002 ; A/RES/59/22 du 8 novembre 2004 ; A/RES/61/7 du 20 octobre 2006 etc.

* 107 C'est au terme de cette conférence qu'a été adopté la Déclaration de Saint-Boniface le 14 mai 2006.

* 108 Ngouaka-Tsoumou. A, L. La diplomatie francophone, Op.cit. p. 108.

* 109 OIF, Charte d'Antananarivo du 23 novembre 2005. p.3

* 110 OIF, Charte d'Antananarivo du 23 novembre, Op.cit.

* 111 Ibid.

* 112 Julia, M ; « l'évolution de la coopération entre l'ONU et les organisations régionales : l'exemple de l'Organisation Internationale de la Francophonie », Op cit.p.194.

* 113 OIF, Rapport du Secrétaire général, de Beyrouth à Ouagadougou. Op cit.p.136

* 114 Ngouaka-Tsoumou. A, L. La diplomatie francophone, Op.cit. p. 124.

* 115 Ibid.p.131.

* 116 http://www.francophonie.org/chronologie, consulté le 10 juin 2015.

* 117 Ce colloque avait été organisé le 27 octobre 2011 et avait pour thème : « Cap sur les partenariats innovant » et regroupait des représentants de plusieurs organisations internationales partenaires de l'OIF.

* 118 Cnuced/ Rapport de la treizième session, Doha du 21 au 26 avril. p.8

* 119 OIF/ Rapport du secrétaire général, de Montreux à Kinshasa 2010-2012.p.26.

* 120 Ibid.

* 121 Ibid.

* 122 Devin, G ; Smouts M, C ; Les organisations internationales, Armand Colin, Paris, 2011.p.86

* 123 Awono Eyebe, P ; Le dispositif francophone de prévention des conflits et de gestion des crises : du normatif au stratégique, contribution à la construction d'une Francophonie-puissance, Mémoire de Master en science politique, option Relations Internationale, spécialité Francophonie et Mondialisation, IRIC, 2013, p.71.

* 124 Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international, Op.cit.

* 125 Zaki Laïdi. « Le déclassement international de l'Afrique ». Politique étrangère N°3. 1988. p.667.

* 126 Dumont, R . L'Afrique noire est mal partie. Edition le Seuil, Paris. 1962.

* 127 OIF/ Rapport du secrétaire générale, de Kinshasa à Dakar, 2012-2014.p.80.

* 128 Mohamed El Hacen Lebatt est Professeur de droit, ancien recteur, ancien ministre mauritanien des affaires étrangères, il a également été envoyé spécial du secrétaire général de l'OIF au Tchad.

* 129 José Ramos-Horta est Prix Nobel de la paix, ancien président du Timor-Leste, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Guinée-Bissau

* 130 OIF/ Rapport du secrétaire général. Op.cit.p81.

* 131 OIF/ Rapport du secrétaire générale. Op.cit.

* 132 OIF/ Rapport du secrétaire générale, de Montreux à Kinshasa, 2010-2012.p.66

* 133 OIF/ Rapport du secrétaire générale, de Kinshasa à Dakar, Op.cit.p.81.

* 134 David Morin et Lori-Anne Théroux-Bénoni, « Maintien de la paix et espace Francophone », Bulletin du maintien de la paix, no96, novembre 2009, p.1.

* 135 OIF/ Rapport du secrétaire général, de Kinshasa à Dakar, Op.cit.p.87.

* 136Morin, D et Théroux-Bénoni, « Maintien de la paix et espace Francophone », Op.cit.p.2.

* 137 Morin, D ; Théroux-Bénoni et Zahar, « When peacekeeping intersects with La Francophonie : Scope, Significance and Implications », International Peacekeeping, V.19, No.3, Septembre 2012, p.290.

* 138 Morin, D ; Théroux-Bénoni et Zahar Op.cit.

* 139 Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international. Op. Cit. p.27

* 140 Discours de Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, prononcé lors de la réunion des Ministres du Développement du G8 sur le thème "L'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale", Berlin, 26-27 mars 2007.

* 141 L'Indice de Développement Humain (IDH) est un indicateur du niveau développement d'un pays qui tient compte de l'espérance de vie à la naissance, du taux de scolarisation et d'alphabétisation ainsi que du produit intérieur brut par habitant ; il est compris entre 0 et 1.

* 142 http://www.francophonie.org/ Développement local.htm, consulté le 15 juin 2015.

* 143 Ibid.

* 144 http://www.francophonie.org/Promotion de l'emploi par l'entreprenariat.htm, consulté le 15 juin 2015.

* 145 Ibid.

* 146 Ibid.

* 147 Voir bilan de l'action de l'OIF dans le domaine économique « Développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité », p. 19.

* 148 Ibid.

* 149 Voir bilan de l'action de l'OIF dans le domaine économique « Développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité », p.16.

* 150 Mohamed Lardi HAOUAT, « Quel impact de la Francophonie sur le rêve Africain ! » géostratégiques n° 36
· 2e Trimestre 2012.p. 170.

* 151 Awono Eyebe. P, Le dispositif Francophone de prévention des conflits et de gestion des crises : du normatif au stratégique, mémoire de Master, Op.cit.p.74.

* 152 Déclaration de Bamako Op.cit.

* 153 En comparaison : l'ONU c'est 5.5 milliard d'euros, l'UE c'est près de 141 milliards d'euros.

* 154 Bourges, H ; Pour une Renaissance de la Francophonie, Rapport remis à Monsieur Alain JOYANDET, Secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, Juin 2008.p.4.

* 155 Jean TABI MANGA, Francophonie. Lieu de mémoire, projet d'espoir, op.cit., p.132.

* 156 Le PSD (Programme Spécial de Développement) est un programme conçu en 1975 dans le cadre de l'ACCT. Le PSD est un instrument financier et économique destiné à financer des secteurs spécifiques de production au niveau des localités. Pour plus d'amples informations, consulter Trang PHAN et Michel GUILLOU, op.cit., p.202.

* 157. Jean Tabi Manga. Op.cit. p.139.

* 158 CEMAC, CEDEAO, SADC, UMA, CEA, COMESA...

* 159 C'est par exemple le cas en Afrique centrale avec la CEMAC et la CEEAC et en Afrique de l'ouest avec la CEDEAO, l'UEMOA et la CEAO qui regroupent à quelque exemption près les mêmes pays.

* 160 DIANGITUKWA, F., Géopolitique, intégration régionale et mondialisation ; plaidoyer pour la création d'une communauté économique des pays côtiers de l'Afrique Centrale. Ed. Harmattan, Paris, 2006.p.13.

* 161 LAVROFF, G.D., « Les aspects de l'unification de l'Afrique noire francophone », Année Africaine 1, 1961.p.45.

* 162 Boisbouvier. C, Soudan. F, Mehdi Ba et Boisselet. P, « Francophonie : comment l'Afrique a perdu l'OIF », www.JeuneAfrique.com. Consulté le 15 mars 2015.

* 163 PNUD, Rapport sur le développement dans le monde, 2001.

* 164 Préambule de la stratégie économique pour la Francophonie adopté au XVe Sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage tenu à Dakar, les 29 et 30 Novembre 2014.

* 165 L'article 1 de cette Charte donne pour objectif à la Francophonie de contribuer entre autre au «  renforcement de la solidarité entre les pays membres, par des actions de coopération multilatérale, en vue de favoriser l'essor de leurs économies ».

* 166 Hoffmann, S. « Vers l'étude systémique des mouvements d'intégration internationale », Op.cit. 485.

* 167 Wolton « l'identité francophone dans la mondialisation », Op.cit.p.61.

* 168 Parmi les réseaux Francophones, on peut citer le Réseau de normalisation francophone (RNF), l'Union des Banques francophones (UBF) et le Réseau des associations professionnelles francophones (RAPF).

* 169 Ellen Johnson-Sirleaf, « L'Afrique face aux défis de la construction nationale à l'ère de la mondialisation :

Démocratie, gouvernance et droits de l'homme», Acte du Colloque international préparatoire de la XXIème Conférence des chefs d'État et de gouvernement d'Afrique et de France sur le thème « L'AFRIQUE FACE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION », Volume II. P.134.

* 170 Voir Acte constitutif de l'UNION AFRICAINE adopté le 11 juillet 2000.

* 171 Papa Lafatime Sène ; Les initiatives d'intégration en Afrique, Mémoire de Master de Droit international public et européen, université de Grenoble II, 2005.p.45.

* 172BEKOLO EBE, B ; « L'Afrique face aux défis économiques à l'ère de la mondialisation », Acte du Colloque international préparatoire de la XXIème Conférence des chefs d'État et de gouvernement d'Afriques et de France. Op.cit., p.182.






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