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Francophonie et intégration internationale des états africains dans la mondialisation.

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par Marius Blum TADA LANDO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2015
  

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D-INTERET DU SUJET.

L'intérêt de ce sujet réside dans le fait que notre objet d'étude s'insère dans les débats actuels sur la Francophonie et plus précisément sur le but et la trajectoire que celle-ci devrait prendre en ce début de 21eme siècle.

Au départ l'objectif des pères fondateurs de la Francophonie était de réunir toutes les anciennes colonies françaises au sein d'une organisation devant leur permettre de redéfinir leurs rapports avec l'ancienne métropole comme c'était déjà le cas entre l'Angleterre et ses anciennes colonies au sein du Commonwealth. Cet objectif a cependant évolué en même temps que la Francophonie. En effet, après la « première francophonie » géolinguistique des années 1880 et la « deuxième francophonie » géopolitique des années 60, la Francophonie a dû faire face à de nouveaux défis du fait des mutations qu'a connues le monde suite à la fin de la Guerre Froide et c'est dans ce contexte qu'est apparu le concept de « troisième francophonie » qui est celle de la mondialisation, on parle alors de « francophonie mondialisée »25(*) qui se présente « comme une union géoculturelle de langue française qui vise à agir sur le cours de la mondialisation »26(*).

Ainsi, à l'ère de ce 21eme siècle, la Francophonie se revendique comme une puissance d'influence, un acteur collectif capable de se mobiliser et de travailler en réseaux ainsi qu'un pôle d'équilibre et de régulation dans la mondialisation. Elle participe en particulier au dialogue interculturel qui, dans la mondialisation, constitue le troisième dialogue avec le dialogue politique et économique. Dès lors, l'intérêt de la présente étude est qu'elle donne une autre perspective à cette « francophonie mondialisée » qui pourrait servir à une meilleure intégration des États Africains dans la scène internationale.

E-REVUE DE LITTERATURE.

Si la question de l'intégration des Etats Africains dans la mondialisation fait l'objet de plusieurs écrits, nous n'avons cependant pas trouvé suffisamment de travaux qui ont eu à traiter directement de la Francophonie comme vecteur de cette intégration. Dès lors, nous utiliserons dans le cadre de cette recherche, quelques travaux généraux qui ont retenu notre attention sur la question de l'intégration internationale des Etats et le rôle joué par les organisations internationales dans le système politique international. Nous utiliserons également quelques travaux menés sur les questions de la place de l'Afrique et le poids de la Francophonie dans le jeu politique international car pour que cette dernière soit un vecteur efficace d'une intégration internationale des États Africains, il faudrait d'abord qu'elle ait une certaine influence dans le jeu politique international.

Ainsi, Panayotis SOLDATOS27(*) fait une étude synthétique et critique de la dimension et des contours épistémologiques de la sociologie de l'intégration internationale. Pour lui, «il s'agit d'un domaine de réflexion scientifique portant sur la théorisation partielle ou globalisante des phénomènes d'intégration politique, en l'occurrence internationale, et s'appuyant, d'un point de vue méthodologique, sur un ensemble d'approches et de techniques propres aux sciences sociales, largement développées en sociologie et fréquemment utilisées en analyse politique »28(*).

Ce dernier conclut son étude en relevant qu'en matière de sociologie de l'intégration internationale, il existe un déséquilibre entre la théorie et la réalité car dans ce domaine d'étude, le niveau avancé de théorisation n'a pas toujours été suivi par des recherches empiriques progressant au même rythme. De ce fait, « un décalage est apparu entre le degré de théorisation et le degré d'investigation empirique, entre l'ampleur des travaux théoriques en intégration internationale et le volume de nos connaissances descriptives sur cette même phénoménalité, faisant perdre souvent à la sociologie de l'intégration internationale son contact avec les réalités »29(*). Dès lors, il préconise que pour une étude complète de la sociologie de l'intégration internationale, le spécialiste de l'intégration devrait s'intéresser davantage à des études historico-politiques et même juridico-institutionnelles à caractère comparatif.

De même, Stanley HOFFMANN30(*) met en perspective deux ouvrages à savoir celui de Karl DEUTSCH et ses co-auteurs31(*) et celui d'Ernst Haas32(*). Ceci afin de faire une étude systémique des relations internationales, et particulièrement de toutes les formes de coopération qui se nouent entre les Etats. Ce dernier conclut « qu'une telle étude suppose d'une part des recherches historiques, d'autre part le recours à des concepts sociologiques (comportements des groupes, communications) et aux catégories traditionnelles de la science politique (étude des décisions des dirigeants, mise en lumière du rôle souvent capital d'innovations politiques telles que l'établissement d'institutions capables de capter un tel mouvement qui, sans elles, risquerait de s'épuiser) analyse des doctrines et de leur propagation »33(*).

Il déduit de l'étude de ces ouvrages que ce qui compte dans le mouvement d'intégration n'est pas tant l'existence de croyances communes que celle de relations mutuelles. Ainsi, « l'intégration suppose et consiste en un échange de services entre groupes dont les valeurs sont, sinon identiques, du moins compatibles»34(*). En outre, à travers cette étude, ce dernier détermine comme conditions préalables à l'intégration internationale : une mobilité des personnes, une certaine quantité de transactions de communications entre les Etats et surtout un excédent de puissance des pays participants par rapport à leurs charges car, « pour que l'intégration puisse se produire, il faut que les dirigeants soient en mesure, et de prendre des décisions, et de prêter une attention suffisante aux communications en provenance des autres unités politiques »35(*).Dès lors, cette dernière condition ne saurait être remplie « lorsque des charges militaires ou financières, des tensions intérieures aigues, une stagnation économique prolongée affaiblissent un pays ou monopolisent l'attention de ses dirigeants»36(*)

Dans le même ordre d'idées, Soraya Sidani37(*) se pose la question de savoir pourquoi les Etats restent en dehors des conventions multilatérales et de leur apport en termes d'intégration et de socialisation au sein du système international. Elle propose alors de répondre à cette question en adoptant une interprétation durkheimienne des phénomènes d'intégration et de déviance normative.

La première tâche qu'effectue l'auteure est d'observer le phénomène d'intégration normative autour des règles onusiennes. Ainsi, à partir de l'établissement d'une base de données répertoriant l'ensemble des Etats parties et non parties aux 317 conventions multilatérales dont le secrétaire général de l'ONU était dépositaire en 2014, Sidani identifie six indicateurs de la déviance normative  à savoir : l'intégration régionale (pour elle les Etats participant à des expériences d'intégration régionale ont plus tendance à signer les conventions internationales), la faillite de l'Etat (elle considère que les Etats en situation de guerre civile participent moins aux conventions), le développement économique ( plus le niveau de développement économique d'un Etat est faible, moins il est intégré), l'insularité ( l'auteure estime que les Etats insulaires signent moins de conventions), le type de régime politique ( les démocraties sont plus intégrées) et enfin, la puissance ( selon elle la déviance normative est un privilège des puissants, c'est la raison pour laquelle la Chine ou les Etats-Unis qui n'ont par exemple pas ratifié le statut de Rome créant la CPI s'affranchissent sans coûts du cadre juridique international).

Ensuite, l'auteure se consacre à déterminer les facteurs de l'intégration internationale. Pour elle, la marginalisation des Etats par rapport aux principaux vecteurs de l'intégration sur la scène internationale se « décline autour de l'intégration régionale, du développement socio-économique et politique et du régime démocratique »38(*). Pour elle, les mécanismes d'intégration régionale jouent un effet de levier favorisant l'insertion dans des dispositifs multilatéraux. De même, le développement économique est nécessaire à une participation pleine et entière des Etats sur la scène internationale et enfin la démocratie, de par son pluralisme politique, favorise l'action de la société civile, ce qui a un effet positif sur les mécanismes d'intégration.

Dans la même lancée, Amina Lahrèche-Révil39(*) fait une analyse de l'intégration internationale d'un point de vue économique. Elle estime que l'interdépendance qui gouverne les rapports entre les Etats résulte de l'intégration économique. Dès lors, cette interdépendance se manifeste par le fait « qu'un évènement économique localisé dans un pays affecte les autres économies, essentiellement au travers des flux commerciaux et financiers »40(*).

Celle-ci relève que la régionalisation ne permet pas de répondre à tous les risques de l'intégration internationale ceci pour deux raisons, «tout d'abord, l'accès à une grande zone intégrée n'est pas ouvert à tous les pays du sud, ne serait-ce que parce qu'un certain nombre d'entre eux, en particulier les pays africains, sont éloignés de tout grand centre économique. Ensuite, le cadre régional ne permet pas de régler tous les problèmes posés par les interdépendances »41(*). Ainsi, d'après elle, c'est à cause de ces raisons que les organisations internationales ont un rôle à jouer dans la gestion des interdépendances économiques internationales « soit parce qu'elles ont pour mission d'oeuvrer pour le développement des pays pauvres (Banque mondiale), soit parce qu'elles ont de facto la responsabilité de la stabilité financière internationale (FMI), en raison de leur capacité à coordonner l'action des grands pays industrialisés et à émettre des règles prudentielles »42(*).

Clive Archer43(*) quant à lui fait une étude sur le rôle des organisations internationales(OI) vis-à-vis de leurs Etats membres dans le système politique international. En effet, après avoir défini et fait une classification des OI, ce dernier identifie deux rôles majeurs joués par les OI dans le cadre de la politique étrangère de leurs Etats membres. Pour lui, les OI sont avant tout des instruments qu'utilisent les Etats membres pour atteindre leurs objectifs sur la scène internationale. Selon cet auteur, cela s'explique par le fait que les membres des OI sont des Etats souverains qui ont le pouvoir de limiter ou d'orienter les actions de ces OI. Par la suite, il estime que les OI sont des arènes dans lesquelles les Etats se rencontrent pour discuter, débattre, coopérer ou manifester leur désaccord.

Ainsi, comme le montre les travaux cités, les organisations internationales jouent un rôle déterminant dans le système politique international. Surtout pour les Etats africains qui perdent de plus en plus de place dans l'ordre international comme l'a démontré le Professeur Joseph Vincent Ntuda Ebodé44(*) qui estime que la fin de la Guerre Froide a modifié la place de l'Afrique dans le système international.

Pour lui, «la logique bipolaire qui dominait pendant la Guerre Froide poussait à un quadrillage planétaire par les superpuissances, soit directement, soit par recours à des puissances intermédiaires »45(*). L'Afrique disposait ainsi d'un intérêt stratégique, et même si sa valeur était moindre que celle du Moyen-Orient ou l'Extrême-Orient par exemple, « le fait que tout territoire soit convoité conduisait à une homogénéisation géostratégique d'un système international dans lequel la politique étrangère des Etats africains trouvait ses principaux déterminants »46(*). Cependant le monde post-bipolaire a par contre débouché sur une recomposition des ensembles continentaux en fonction de la valorisation des ressources dont disposent les Etats. Dès lors, l'Afrique s'est trouvée confrontée à la menace d'un déclassement généralisé dans le système international, ce qui est assez paradoxal au vue des multiples ressources dont regorge le continent africain, mais cela s'explique surtout par les divisions qui subsistent entre les Etats africains.

Cependant, au regard de la complexité du système politique international, l'on pourrait se demander si la Francophonie dispose de suffisamment d'influence sur la scène internationale pour servir de vecteur d'intégration aux Etats africains. A ce sujet, Françoise Massart-pierard47(*) met en exergue le déploiement contemporain de la Francophonie sur la scène internationale. Après avoir effectué un tour d'horizon de l'architecture institutionnelle de la Francophonie, de sa singularité en tant qu'organisation internationale et de sa vision spécifique des relations internationales. Elle interroge la capacité de la Francophonie à s'imposer comme un acteur majeur de la vie politique mondiale. Elle affirme que la Francophonie est une « puissance douce » (soft power) qui à travers l'usage de son capital culturel composé de valeurs dites universelles et d'une langue partagée, est en mesure d'exercer un « leadership moral ».

Néanmoins, Dominique Gallet48(*) estime qu'il faut réformer l'OIF et lui substituer une véritable autorité politique francophone. L'objectif étant ainsi de donner aux Etats francophones un outil politique communautaire devant leur permettre d'intervenir avec efficacité dans tous les secteurs du monde contemporain que ce soit sur le plan de la recherche scientifique, de la technologie, de l'économie ou de la diplomatie.

Tous ces travaux ont le mérite d'avoir ouvert la route à toute recherche sur la question de l'intégration internationale. Cependant, la limite qu'on peut leur trouver est de ne traiter la question que d'un point de vue global. Dès lors, l'originalité de la présente étude réside dans le fait qu'elle aborde la question d'un point de vue spécifique en étudiant un cas précis à savoir celui de l'intégration internationale au travers d'une organisation internationale atypique telle que l'Organisation Internationale de la Francophonie. Aussi, cette étude est-elle particulière en ce qu'elle donne une autre dimension aux relations privilégiées qui ont toujours existé entre la Francophonie et les Etats africains en démontrant que l'OIF, de par ses valeurs, sa position d'acteur de poids et son déploiement contemporain sur la scène internationale, peut être un véritable vecteur d'intégration internationale des Etats Africains dans la mondialisation actuelle.

* 25 Terme propre au professeur M. Guillou pour nommer la nouvelle dynamique de la Francophonie.

* 26 Phan, T, Guillou, M, et Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, Tome2 : les grandes dates de la construction de la Francophonie institutionnelle, Éditions Belin, paris,, 2012, p.95.

* 27 Soldatos, P. « La sociologie de l'intégration internationale : essai de bilan critique », Etudes internationales, vol. 5, no 3, 1974, p. 519-541.

* 28 Soldatos, P. « La sociologie de l'intégration internationale : essai de bilan critique ». Op.cit. p. 524.

* 29 Ibid. p. 541.

* 30 Hoffmann, S. « Vers l'étude systémique des mouvements d'intégration internationale », Revue française de science politique, vol .9, No.2, juin 1959, pp. 474-483.

* 31 Deutsch, K. BurreL, S. Kann, K. Lee Jr, M. Lichterman, M...,  Political community and the North Atlantic Area, International organization in light of historical experience , Princeton University press, 1957, Princeton.

* 32 Haas, E. The Uniting of Europe. Political, social and economical forces. Published under the auspices of the London Institute of world affairs, 1958.

* 33Hoffmann, S. op. Cit. p. 485.

* 34 Ibid. p. 477.

* 35 Ibid.

* 36 Ibid.

* 37 Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international, les presses de sciences Po, coll. « Relations internationales », Paris, 2014

* 38Sidani, S. Intégration et déviance au sein du système international. Op. Cit. p.27.

* 39 Lahreche-revil, A. Intégration internationale et interdépendances mondiales, Editions La Découverte, collection Repères, Paris, 2002

* 40 Ibid. p.54.

* 41 Ibid. p.59.

* 42 Lahreche-revil, A. Intégration internationale et interdépendances mondiales. Op.cit. p.60.

* 43 Archer, C. International Organizations, London, Routledge, 1992.

* 44 Ntuda Ebode, J. V. « De la politique étrangère des Etats africains: ruptures et continuités d'une diplomatie contestée », in African journal of international Affairs, vol.2, N0 1, 1999.

* 45 Ibid. p. 62.

* 46 Ibid. p. 63.

* 47 Massart-Pierard, F. « La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène internationale », Revue internationale de politique comparée, 2007/1, vol. 14, p. 64.

* 48 Gallet, D. Pour une ambition francophone, l'Harmattan, Paris, 1995, p.36.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille