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Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

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5. réinvestir les territoires de montagne

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Face à ce qu'ils voient comme une volonté d'ensauvager les montagnes, ils estiment qu'au contraire, il faudrait que les montagnes soient plus peuplées et ils trouvent illogique que l'on mette en oeuvre des actions qui ont pour conséquence une accélération de la diminution du nombre d'éleveurs de montagne. Ils voudraient que l'on favorise plus l'installation de gens dans les montagnes et ils y voient même une solution à certains problèmes de société.

«Quand tu vois dans les villes au contraire où tout est prêt à exploser parce qu'y a pas de boulot, que les gens ils n'arrivent plus à se loger, ils n'arrivent même plus à manger correctement et qu'on ne favorise pas justement l'installation dans les campagnes mais c'est c'est la solution de demain c'est ça! ...au moins laisser ceux qui y sont., ne pas leur dire vous fermez les portes et vous allez pointer au chômage à Toulouse» (Mme Joly)

C'est donc plutôt un réinvestissement des milieux ruraux qu'ils préconisent, pas simplement comme lieu de résidence mais comme lieu de travail, d'exploitation des ressources naturelles pour l'agriculture, l'élevage. Donc pour eux, il y a quelque chose d'illogique, dû au système économique dans lequel on évolue, dans le fait de laisser à l'abandon des zones qui pourraient faire vivre des gens, les «nourrir ». Ce qui leur paraît illogique c'est notamment que des gens qui sont dans les villes n'arrivent pas à vivre correctement alors que des zones rurales sont à l'abandon sans personne pour les cultiver ou les exploiter. Et c'est d'ailleurs même en partie pour cette raison que Laurent est venu s'installer dans la région pour devenir éleveur :

« Je supportais mal de voir tous ces pays euh en voie de désertification...(pause)...parce que y 'a un potentiel énorme euh quand je vois tous ces gens qui font les fins de marché pour ne pas dire les poubelles...qui ont des salaires euh...c'est y'a y'a vraiment quelque chose qui ne va pas quoi, alors qu'on est sur des dizaines pour ne pas dire des centaines d'hectares qui pourraient nourrir euh...toute une population euh...donc moi j'ai choisi ca ».

Les éleveurs de montagnes sont conscients des difficultés que rencontre leur profession. Mais ils ont aussi conscience que leur travail est bénéfique pour le maintien d'un certain paysage et semblent avoir incorporé cette fonction de « jardinier de la montagne » et même, ils la revendiquent. De plus ils ont conscience que leur activité longtemps marginalisée, car peu productive, peut aujourd'hui au contraire être valorisée comme un mode de production respectueux

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de l'environnement générateur de produits naturels de qualité. D'autant plus que la demande en produits écologiques est en pleine augmentation.

En conclusion, ce que ces gens ont a reprocher à cette réintroduction, c'est notamment le fait que cela va à l'encontre de la façon dont ils considèrent que le territoire doit être géré. Et aussi, parce que cela vient perturber leurs habitudes, que c'est une contrainte qui s'ajoute à d'autres déjà existantes. Ils contestent le caractère écologique de cette opération de réintroduction qui d'un autre côté leur semble mettre en péril une activité agricole respectueuse de l'environnement, par opposition aux exploitations agricoles de la plaine de type plus industriel qui produisent en masse et non en qualité. Leur activité, ils la voient comme bénéfique pour le paysage et donc indispensable pour le tourisme et pour le territoire. Tout ceci les amène à se considérer comme écologistes, les « vrais écologistes », par opposition à ceux qu'ils considèrent comme centrés sur une espèce dite emblématique et voulant « ensauvager leurs montagnes » pour revenir à une sorte de nature originelle préservée de l'action « néfaste » de l'homme. Et c'est pour cela, et ils le disent, que la cible de leur colère, c'est ceux qui ont fait en sorte que ce plan voie le jour et ceux qui le mettent en pratique tous les jours, bien plus qu'une colère envers l'animal sauvage qu'est l'ours: « j'en veux pas particulièrement à l'ours à la bête [...] [mais]c'est le mode de réimplantation de l'ours... » (M.Joly).

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