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Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

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5. l'impact des prédations sur les hommes et leur travail

Les adhérents de l'Aspap estiment que les indemnités ne sont qu'une compensation financière

33 Sur ce point, pour M. Joly, c'est le fait que ses bêtes mangent principalement de l'herbe qui en fait des produits naturels et même «bio ».

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qui ne peut réparer le tort émotionnel causé aux éleveurs et aux bergers, selon leur degré de sensibilité. Et aussi le tort causé au travail que constitue l'élaboration du troupeau. Et cela d'autant plus qu'ils se présentent comme des passionnés, travaillant beaucoup, mais avec plaisir. Sans cette passion, beaucoup disent qu'ils ne feraient pas ce métier là qui ne rapporte pas beaucoup voire même, quasiment rien.

« On a les exploitations qui sont sentimentalement vivables...mais...pas pratiquement... » (M. Joly)

«L'argent ça n'a rien à voir avec avec le fait du sentiment qu'il retrouve l'éleveur...l'éleveur il a tout perdu là...il a perdu toutes les brebis qu'il avait tous les jours qu'il a nourri, les brebis les agneaux qui sont nés...qui sont passés par les doigts, que tu fais téter, t'y passes des heures à faire téter et...merde tu t'y attaches à ces bêtes ! C'est obligé ou alors t'es mauvais éleveur ». (M. Joly à propos d'un éleveur qui a perdu un grand nombre de brebis suite à un dérochement causé par une attaque d'ours)

« Nous au début on l'a perçu comme une atteinte à notre travail voilà...dans la mesure où on considère que, on vit la constitution, l'élaboration, la construction d'un troupeau comme le travail de toute une vie...(pause) donc quand on a eu les premières attaques, ça m'a beaucoup touché parce que j'ai pas compris [...] qu'on détruise, qu'on touche à la production...au travail d'autrui, quand je dis travail [...] ça fait plutôt appel à la créativité de l'individu ». (Laurent)

Ensuite, ils estiment que les dommages collatéraux34 ne sont pas suffisamment pris en compte et que parfois ils ne peuvent pas être pris en compte comme dans le cas des bêtes qui ne sont pas retrouvées. Il faut bien une preuve pour être indemnisé, mais dans ces cas là, ils ne peuvent pas l'être faute de preuve.

Ils pensent que ceux qui ne vivent pas la situation ne peuvent pas comprendre et que c'est pour cela qu'ils ne sont pas soutenus au delà du niveau local. Et il semblerait également que certains de ces éleveurs de montagne souffrent du fait que l'image qu'ils ont d'eux-mêmes est très différente de celle que le reste de la société leur renvoie. L'image de personnes qui vivent en dehors des réalités de la société, peu sociables, égoïstes, qui ne veulent pas laisser de place à l'ours. Et c'est notamment par le biais de l'Aspap qu'ils souhaitent pouvoir exprimer et changer cela.

« Mais celui qui est pas dedans, il peut pas se rendre compte, c'est pas possible » (M. Joly)

34 Tels que les avortements, le stress causé aux bêtes, le temps parfois très long qu'il faut pour rassembler le troupeau et qui oblige à abandonner les autres tâches en cours.

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« C'est sûr que suivant qu'on est éleveur et victime d'attaques, on a pas le même raisonnement que celui qui le voit de l'extérieur. [...]Ce qu'il faut lutter aussi, c'est contre cette image de ringardise de tous ceux qui sont contre, c'est des ringards c'est des vieux machins heu...ils ne pensent qu'à eux, non c'est pas ça quoi, enfin nous on se considère pas du tout comme ça quoi...on est ouverts à plein de choses »(Mme. Joly)

A propos de cet impact psychologique, une des éleveuses interviewée raconte qu'il y a une spécificité dans le rapport entre un éleveur et son troupeau de brebis qui pourrait expliquer une sensibilité particulière en cas d'attaque sur le troupeau. En effet les brebis sont des animaux qui vivent en troupeau, et ont l'esprit grégaire, comme s'ils ne formaient qu'une seule entité, un peu comme un banc de poissons. Et cela obligerait l'éleveur ou le berger à une attention constante particulière à son troupeau le rendant plus sensible en cas de perturbation par un élément extérieur. Voici comment Bernadette exprime cette idée:

« T'as quand même une sensibilité comme ça au troupeau, c'est un effet de troupeau les brebis c'est pas des animaux c'est un troupeau, c'est très particulier et...t'es toujours en communication avec le troupeau donc quand y'a des événement comme ça qui arrivent c'est c'est très traumatisant... même si tu fais pas de la sensiblerie si tu veux, je sais pas comment dire donc voilà...y'a une réponse quoi tu réponds et si t'as pas cette capacité là, tu fais pas d'élevage longtemps parce que tu te plantes, ça veut dire que tu perçois pas les problèmes » (Bernadette)

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld