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Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

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Annexe 9 (suite)

L'ours et la valorisation des productions locales pyrénéennes

Evelyne Falguière, Midi marketing

Le fromage fermier dés vallées â ours : Pè Descaous

Jérôme Ouilhon, FIEP Groupe Ours Pyrénées

Le broutard du Pays de l'Ours

Catherine Lacroix, Estive do Pays de l'Ours

Pause

 

Les produits labellisés «Ours» : un outil pour améliorer l'acceptation locale en Croatie

Duro Huber, Faculté vétérinaire de Zagreb (Croatie)

La valorisation des produits locaux avec l'image du loup au Nord du Portugal

Maria Ana Borges et Clara Espirito-Santo, Grupo Lobo (Portugal)

Discussion

Présentation et analyses des actions Life COEX menées en Italie

lEA (Italie)

Présentation et analyses des actions Life COEX menées au Portugal

Grupo Lobo (Portugal)

Présentation et analyses des actions Life COEX menées en Espagne

FOP (Espagne)

Présentation et analyses des actions Life COEX menées en Croatie

Faculté vétérinaire de Zagreb (Croatie)

Présentation et analyses des actions Life COEX menées en France

WWF France

Discussion

Déjeuner

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Annexe 10

Extrait des résultats d'une enquête sur l'efficacité des

chiens de protection réalisée entre 2003 et 2005

(source : plaquette éditée par Pays de l'Ours-Adet dans le cadre du programme Life Coex
« améliorer la coexistence entre les grands carnivores et l'agriculture en Europe du Sud »)

Annexe 10 (suite)

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Annexe 11

Adresses de sites internet

www.ours.ecologie.gouv.fr (site du ministère de l'écologie consacré au programme de réintroduction) www.paysdelours.com (site l'association Adet, pays de l'ours qui coordonne la mise en oeuvre du plan-ours)

www.ferus.org (association nationale pour la conservation de l'ours, du loup et du lynx en France) www.loup-ours-berger.org (la Buvette des Alpages, site de promotion de la cohabitation entre l'homme, la nature et les grands prédateurs)

www.aspap.info (site de l'association l'Aspap opposée aux programme de réintroduction) www.aspp65.com (site de l'association l'Aspp65 opposée au programme de reintroduction) www.pyrenees-pireneus.com/Ours_des_Pyrenees.ht m

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Annexe 12

L'entretien de Laurent

L'entretien a lieu un matin du mois de mai environ quinze jours après le début des premières prédations de l'année Laurent, qui a environ 50 ans, est éleveur de brebis et de porcs avec sa femme en haute Ariège à environ 900m d'altitude, l'exploitation se situe en zone intermédiaire. L'entretien a lieu à son domicile. Les bâtiments agricoles sont aux abords de la maison. La pièce principale est à la fois cuisine et salon et l'on s'installe autour d'une grande table en bois. La discussion démarre autour d'un café.

L: vaste sujet hé...y'a quand même un paquet de facettes hein..c'est pas l'ours en tant que tel hein... E: tout ce que ça révèle autour...

L: oui et c'est toute une situation heu...économique, géographique, c'est la vie pastorale heu... (pause)...c'est tout un système en fait...c'est tout un système heu qui est qui est en place depuis des siècles et donc heu...qui est ce qu'il est et qui évidement subit la crise comme beaucoup d'autres secteurs quoi et heu et puis à côté de ça des décisions politiques qui sont prises à haut niveau [...]

E: Est ce que tu pourrais me raconter en fait l'histoire ou les histoires que vous avez eu vous avec les ours ?

L:...(pause)...oui en fait heu moi je veux bien mais c'est heu...j'allais dire c'est heu les histoires c'est quoi ? Les faits divers en fait ? le vécu ?

E: heu oui ce qui vous est arrivé ici quoi?

L: la perception qu'on en a eu, comment on l'a vécu quoi... E: oui...

L: ...(une pause puis une grande inspiration et expiration)...ouais ça c'est très personnel...parce que je m'aperçois que d'un individu à l'autre heu...le le comment dire...les les sont très, les motivations, les réactions ...sont différentes, enfin sont différentes...ouais...après chacun le formule comme il peut selon selon ce qui fait et selon son vécu heu...(pause)...nous au début on l'a perçu comme heu heu...comme une atteinte à à...comme une atteinte à notre travail voilà...dans le mesure où on considère que...et on vit heu...la constitution, l'élaboration, la construction d'un troupeau comme un travail de...de pfff...je vais dire de toute une vie...(pause) donc quand on a eu les premières attaques, ça ça m'a beaucoup touché parce que j'ai pas compris et et je ne...à vrai c'est je...c'est une question de principe je supporte pas...qu'on... qu'on détruise qu'on touche au, comment dire à...à la production d'autrui... au travail d'autrui...quand je dis travail je dis tu vois c'est heu...(pause)...pour moi c'est pas...c'est pas contraignant c'est pas péjoratif, péjoratif:je devrai pas dire ça...C'est heu...c'est plutôt ça fait plutôt appel à la créativité de l'individu, pour moi le travail...hein tel que je l'entend...donc heu dans ce cadre là...nous ici la vie telle qu'on a choisi de...de l'avoir heu...depuis des années...c'était heu...une recherche d'équilibre heu...une recherche d'harmonie avec tout un

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milieu naturel et évidement avec un contexte social heu...et heu donc comme la base de notre économie c'était heu un troupeau d'ovin transhumant...c'était l'amélioration du foncier et heu..enfin tout un un équilibre en fait entre heu...entre un pays et des gens...heu...nous on a ressenties ces attaques comme heu comme heu comme une atteinte voilà...et c'est vrai que moi ça ça...dès le début ça m'a révolté heu...surtout dans la mesure où...jusqu'alors heu je m'étais pas méfié...de...quand j'avais entendu parler de réintroduction d'ours j'étais heu, j'allais dire innocent on s'est pas méfié du tout bon heu évidement qu'y a pas eu de concertation tu dois le savoir même si par ailleurs on dit que les populations, j'pense que les les cartes étaient jouées heu bien après que le...bien avant que tout soit mis en place...(pause)...hein c'était qu'une façade de hum...comment dire de...relations démocratiques avec la population...du terrain...en fait avec les acteurs principaux hein...c'est à dire tous les pastoraux et puis tous les gens qui gravitent autour de la question pastorale et de la vie pastorale...et heu...donc c'est déjà heu un choc heu...et ensuite c'est un souci heu supplémentaire heu de heu...allez on va dire de...d'avril à novembre...dans la mesure où le fonctionnement du troupeau heu veut que...à certaines périodes y'a...tout le troupeau en plein air...en...en extensif hein...heu...donc évidement il est beaucoup plus vulnérable qu'un troupeau qui est rentré tous les soirs et qui est gardé dans la journée et ça bon ça c'est impossible faut faut pas rêver on est tout seul et heu 400 brebis plus heu pas mal d'autre heu boulot heu...(puis il reprend sur un ton plus haut et plus énergique.) donc ça a été un souci permanent de pendant de...2000 à maintenant hein...ça s'est un peu calmé là...depuis deux ans...(pause) alors évidement d'une année sur l'autre depuis depuis 2000 disons que ça en 2000 heu...2000, 2001, 2002 heu là on a eu des prédations (sur un ton qui veut dire qu'il y en a eu beaucoup) régulièrement hein...des cartons...alors bon moi je comprenais pas...des des...(soupir)...des bêtes tuées pas bouffées du tout heu...hum...et à côté de ça évidement un système heu...qui est mis en place depuis longtemps heu...avec heu toute politique de médiatisation heu...et de...heu...d'utilisation de l'emblème de l'ours du du du nounours de l'enfance , de chaque individu et cetera et cetera heu...pour faire passer la pilule quoi, moi je comparais ça au début à...à la mise sur le marché d'un...d'un yaourt bio...(pause)...le plus malheureux dans l'histoire heu hormis tous les gens qui étaient touchés heu c'était qu'on se servait de ces ours pour véhiculer et pour faire passer sûrement d'autres heu enjeux...(pause)...d'autres enjeux que l'emblème des Pyrénées...hein je pense vraiment et puis les recherches qu'on a faites l'on montré, y'a eu comment dire des tractations à haut niveaux entre des élus locaux, conseillers généraux, conseillers régionaux sur des aménagements des infrastructures, d'aménagement du territoire et puis la la réintroduction, l'introduction d'ours slovènes dans les Pyrénées...(pause)...heu voilà maintenant heu...avec un peu de recul quand même et puis heu le combat qu'on a mené depuis 2005, qui était beaucoup plus structuré au sein de l'Aspap heu...heu qui s'avère heu pour beaucoup de de heu de gens la population hum...j'allais dire classique heu...pas forcément des gens de terrain, que c'est une histoire un peu...heu...qui s'emberlificote dans des ...dans des des schémas, des raisons, des raisonnements heu qui tiennent de moins en moins la route, hein parce que je pense qu'au niveau conservation, protection de l'environnement y'a d'autres choses à faire de plus important, beaucoup plus important que de réintroduire des ours slovènes dans les Pyrénées...bon je pense notamment à...à la question des déchets nucléaires heu...bon à une agriculture raisonnée, enfin bref je vais pas énumérer tout ça...donc quand on nous met en avant la protection de l'environnement derniers défenseurs ou dernier maillon de la chaîne...protection de la biodiversité heu bon ça nous fait rigoler quoi...parce que la biodiversité dans les Pyrénées c'est pas heu...(rires)...c'est pas la...l'introduction d'ours, loin s'en faut, heureusement d'ailleurs...heu...voilà...en gros heu j'pense que cette histoire ça va se finir en noeud de boudin..y'a un certain nombre d'ours qui sont là mais ça ça heu ça représente une population qui est pas...viable pour pouvoir heu se perpétuer se régénérer à long terme sans problème de consanguinité...heu je pense que pour heu vraiment pour aller pour que que...les les les

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défenseurs de cette opération heu heu soit soit comment dire heu...poussent jusqu'au bout leur processus faudrait qu'y ait heu facilement 50 ours...heu à l'heure actuelle introduire des ours quelle que soit la zone des Pyrénées heu ça me paraît hypothétique parce que parce que pour un tas de raisons...(profonde respiration)...donc il y a cet espèce de statu quo heu...non volontaire heu je pense que la situation va pourrir...[...]...moi je je je ressens mais ça, c'est tout à fait instinctif hein heu...une fois de plus on aura une espèce d'opération qui aura fait beaucoup de bruit qui aura quand même monté heu...des gens les uns contre...enfin monté...si opposés des gens les uns contre les autres heu...heu qui aura...bon au niveau financier n'en parlons pas heu...qui aura fait dépenser beaucoup d'énergie heu...qu'on soit loin mais alors vraiment loin du...du résultat qu'on nous avait promis et puis qu'on avait laissé envisager heu...bon heu...pour la population en général...

E: c'est à dire...les retombées heu...positives...?

L: bah déjà des des des...l'emblème des Pyrénées qui allait faire venir les touristes heu les gens ils verront jamais un ours heu...bon heu moi je pense que si ils veulent voir des ours heu...ou ils vont dans un pays étranger où y'en a en pagaille où c'est organisé..ou alors on se donne les moyens ici de...enfin l'État se donne les moyens de de structurer heu...je sais pas entre 10 000 ou 5000 hectares heu dans les Pyrénées ça c'est...heu c'est possible et faire un immense parc de vision et voilà d'en faire une activité économique et puis heu d'y mettre des ours qui seront heu...pénards... (pause)...mais heu ce qui a été fait à mon avis c'est heu ça ça a été mal fait, ça manque complètement de bon sens et puis heu le plus grave c'est heu...ça a été heu un mépris heu...de de tous les acteurs de terrain...et qui font que les Pyrénées sont ce qu'elles sont ou qui qui perpétuent heu et qui maintiennent heu...ce qu'ont fait leurs prédécesseurs...et à mon avis heu c'est c'est c'est ce qui fait venir les les visiteurs hein après l'ours des Pyrénées c'est un emblème c'est heu...ça reste du domaine de...(pause)... maintenant de l'imaginaire quoi voilà...(pause) surtout quand on sait la fréquentation qu'il y a dans les Pyrénées entre les stations de ski et les les heu les déboisement qu'il y a eu les pistes forestières heu les pistes d'accès au estives heu le nombre de gens qui fréquentent la montagne heu...de très tôt jusqu'à très tard dans la saison, les pêcheurs, les randonneurs, tout ça heu...voilà c'est vrai que c'est sûrement...un constat malheureux que l'ours autochtone ait disparu mais bon heu c'est comme beaucoup de choses heu de l'existence du règne végétal animal voilà c'est comme nous...heu un jour ou l'autre heu y'a quelque chose qui s'éteint ...bon je le vois comme ça...p't'être que c'est à ce moment là mais heu maintenant on peut tout dire heu...à cette époque là qu'il aurait fallu des mesures de conservation plus draconiennes heu se pencher sur le problème...en attendant le constat c'est que...heu y'a j'sais plus 3, 4 ours autochtones qui tournent en rond heu...qui sont en consanguinité heu...heu heu et voilà...après heu les prédations...c'est c'est c'est j'allais dire c'est du fait divers c'est...le fond du problème il est pas là...le fond du problème c'est une perturbation heu...énorme de tout un équilibre qui est, qui reste fragile qui reste fragile malgré tout parce que c'est des conditions géographiques des conditions météorologiques qui font que...l'agriculture l'élevage de montagne heu...et encore plus l'utilisation des grands territoires, les estives heu...restent quelque chose de très fragile...très très fragile et le moindre heu...grain de sable peut venir bloquer toute une dynamique...voilà...[...]... et heu...il suffit aussi de regarder dans les Alpes avec le loup c'est un peu le même heu...c'est un peu le même constat heu...même si le loup heu...peu importe est réapparu naturellement ou pas alors là le débat reste toujours ouvert... mais heu je dirai même que c'est encore plus grave parce que les attaques de loup c'est vraiment heu...heu...d'après tous tous les témoignages que j'ai entendu ce que j'ai pu voir c'est c'est...c'est pire voilà...c'est pire et y'a des gens des jeunes qui veulent plus s'installer qui avaient décidé de reprendre heu...l'exploitation familiale heu y'a des gens qui sont au bord du du du...(soupir)...j'allais

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dire du désespoir parce que parce que quand une meute de loup intervient et que y'a 20, 25 ou 30 bêtes sur le carreau heu y'a quand même eu depuis plusieurs années j'sais pas combien des milliers et des milliers de brebis heu...

E: ça fait plus de dégâts...?

L: ça fait plus de dégâts et et et donc le choc est plus rude hein...(pause)...et l'État actuellement avec ce problème du loup ne sait plus du tout comment le gérer parce que la population est en constante augmentation et heu quand ils vont être en surpopulation dans les Alpes heu ils vont commencer à chercher ailleurs et c'est ce qui se passe d'ailleurs parce que il en a traversé la vallée du Rhône heu et puis ça a redescendu là sur heu les Pyrénées Orientales heu...et heu nous c'est un de nos plus gros souci heu...que le loup arrive dans...très prochainement...(pause)...alors heu je sais pas y'aura des réactions heu pfff...après tout dépend de du caractère des individus hein heu y'en a qui vont résister heu...y'en a qui vont baisser les bras heu...y'en a qui vont s 'organiser comme on l'a fait, comme on a su le faire..(pause)...heu on..et puis heu...j'espère du moins que heu l'homme trouvera heu les ressources qu'il a toujours eu heu dans ces cas là...ça date pas d'hier et puis heu y'en aura d'autres devant un élément extérieur qui vient heu qui vient perturber heu sa vie son économie heu...il saura trouver les moyens heu je sais pas comment pour heu remettre un équilibre à tout ça...(pause)... mais en attendant heu c'est un c'est un souci de plus, un souci de plus et et et un souci qui est imposé par heu qui est imposé et ça moi je le heu ça j'avoue heu je revendique je le vie...ça ça me révolte, ça me révolte parce que je ressens ça comme une heu...une injustice...malgré tous les discours qu'on nous fait...parce que les premières popula...les premières personnes qu'on aurait du écouter et concerter c'est c'était nous c'était les gens de les gens du terrain et bon, maigre consolation je m'aperçois que dans d'autres domaines c'est la c'est la façon de faire d'un État...on décide heu on organise heu heu...on assène la décision et ensuite heu heu on...on met en place un simili heu un simili concertation heu voilà heu on veut se donner des allures de de processus démocratique, mais en fait heu tout est joué d'avance quoi...et ça ça c'est pas bon...à mon avis c'est pas bon du tout pour heu...pour les relations entre heu...une population, son gouvernement, ses élus heu...c'est pas bon on peut pas faire ce genre de trucs si y'a pas un climat de de confiance réciproque...donc heu nous heu quoi qu'il en soit heu...enfin quand je dis nous, nous c'est heu...c'est les éleveurs de montagne concernés hein les gestionnaires d'estives et cetera on reste très heu vigilants...très très vigilants sur la moindre déclaration, sur tout ce qui va se passer...heu voilà...(pause)

E: et en fait heu...vous avez eu des attaques sur l'estive et ici ?

L: ici...le 28 avril là ici...là en ce moment heu en ce moment...tout le monde est dehors plusieurs lots là, j'ai trois lots heu...y'a un gros de bêtes vides...donc qui ont pas d'agneaux et qui sont heu qui sont dehors là sur une zone de 100 hectares là et sont sous un régime heu d'association foncière pastorale...

E: c'est loin d'ici ?

L: en face là...(il me montre le versant de la montagne où se situe leur exploitation mais plus haut dans la pente) tout ce joli bout de montagne...[...] donc j'y étais ce matin j'y suis tout les matins à heu six heures moins le quart, six heure, la pointe du jour...bon je prend le troupeau et je lui donne une direction et le soir je vais voir où elles sont et et voilà le 28 avril heu j'étais pas loin en fait de du cadavre, c'est un randonneur qui l'a trouvé et aussitôt après il est parti sur heu S., le

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lendemain...et la veille...oui la veille donc ça devait être le 27 dans la nuit...27 au 28 parce qu'il a attaqué du 28 au 29...il a été vu traversant la nationale à l'entrée de P. ...donc il venait de l'autre côté, côté V....

E: hum hum...vous avez fait faire une expertise ?

L: Oui oui ils sont venus le le 29...oui oui y'avait pas photo quoi...on est trop habitué maintenant...on le voit tout de suite quoi...sans être des experts...donc heu voilà heu...en 2007 heu il était resté un moment ici...j'avais eu trois attaques sur les ruches et au moins trois quatre bêtes...

E: c'est toujours à cette période, à la même période ?

L: ouais parce qu'après les troupeaux sont en montagne donc il monte.. [...]

L: ...mi-mai, fin-mai, début juin, les bêtes sont dehors hein...on les rentre plus dedans elles ont plus de foin elles ont à manger dehors et c'est c'est un système heu...je veux dire heu traditionnel...

E: et après l'estive, vous les mettez en estive pas loin d'ici aussi non ?

L: heu c'est pas loin, si c'est loin et pas loin y'a pas de route à traverser heu mais c'est quand même relativement...haut c'est ça fait parti de la commune de S. je peux y accéder par la piste là qui continue...en partie...et après y'a deux heures, deux heures et demi pour arriver à la première cabane mais là pareil y'a 3000...heu cette années y'a à peu près 3400 bêtes hein y'a deux bergers...l'an dernier y'avait eu une attaque heu...très tôt...tout début juin..et une autre heu...en début aussi au mois de juin et après dans l'été y'en a eu une...deux...trois...

E: vous êtes combien d'éleveurs sur l'estive ?

L: quatorze...

E: ah oui quatorze quand même...ça fait un gros troupeau....

L: ouais 3400 bêtes je dis...petites et grosses c'est à dire les mères et les agneaux heu...des jeunes heu...mais heu bon c'est c'est...une perturbation de plus parce que bon les troupeaux sont tranquilles en montagne heu...les les deux jeunes qui font leur boulot, quand il y a une prédation bon y'a les vautours heu bon il faut heu faut dissimuler la carcasse enfin le cadavre...sous une bâche en plastique parce que sinon les vautours en une heure ils ont tout grignoté heu...il faut téléphoner aux experts, faut qu'ils montent, c'est du temps perdu heu... heu...c'est du temps perdu voilà ...que les bergers consacrent pas à leur boulot quotidien et et puis ça perturbe le fonctionnement de l'estive quoi...

[...]

L: ...mais heu voilà ce qui fait un peu notre heu...spécialisation ce sont les agneaux qui descendent de montagne...on fini pas au grain ou aux céréales heu..les agneaux engraissent naturellement là-

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haut..ça c'est un peu une spécificité et heu on a les clients pour ça... E: parce que les clients demandent justement...

L: ouais des agneaux qui ont justement ce goût de réglisse heu de de d'estive d'altitude quoi...bon on a la chance d'avoir une très bonne estive aussi...tous tous les territoires d'estive ont pas la même qualité fourragère hein...la notre pour ça on est bien lotis, disons...

E: et vous avez toujours fonctionné comme ça avec un système de transhumance ?

L: oui...ici placés comme on est on pourrai pas faire autrement...non...avec la race qu'on a...puis c'est des terrains pauvres ici...c'est très c'est des terrains très légers...heu pour nous l'estive c'est le poumon, c'est le poumon de l'exploitation , ça y'a pas de doute là-dessus...les bêtes montent début juin jusqu'à fin septembre début octobre et heu elles font leurs réserves de de...d'un paquet d'éléments qu'elles n'ont pas ici heu..quoi qu'on leur donne hein parce que la flore est particulière heu...C'est une flore d'altitude heu...les bêtes sont habituées ce qui est énorme elles sont habituées à un territoire donc heu...

E: cette race ou ce troupeau, c'est la race qui fait ça ?

L: la la race fait que au moi de mai, elles pensent qu'à une chose c'est monter...ça c'est la tarasconnaise hein...si vous gardez la tarasconnaise en bas dans les parcs en bas elle s'ennuie quoi c'est comme la chèvre de Monsieur Seguin ça...hum..et après le troupeau évidement...depuis maintenant 25, 30 ans qu'on monte elles sont habituées au territoire donc heu elles reconnaissent très vite leurs repères heu...donc là-haut y'a quand même du boulot de surveillance hein..on garde pas un troupeau serré comme on pourrait garder en bas ça ça ça existe pas et dans le livre de justement de Corinne Eychenne c'est très bien expliqué ça...(pause)...

E: le fait que...?

L: que les bêtes doivent être laissées libres en montagne...mais contrôlées, hein libres c'est pas heu à l'abandon...voilà autant pour les vaches que pour les les brebis...(pause)...la liberté ça n'a pas de prix...(pause)...après c'est du boulot parce que faut être toujours sur le terrain heu...regarder où c'est..par quartier, parce que c'est immense, y'a des heures de marche y'a des endroits difficile d'accès...une partie basse plus facile mais une partie haute heu...assez difficile donc heu il faut une condition physique et puis il faut il faut connaître le terrain...mais heu...moi c'est ce que j'ai choisi de vivre depuis longtemps donc heu...voilà c'est le bonheur...

E: ça fait longtemps que vous êtes installés ici ?

L: ça va faire trente ans...

E: vous êtes pas né en Ariège ?

L: non...non non je suis du Lot-et-Garonne...(pause)...

E: et donc vous avez décidé de venir ici...?

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L: les hasards de la vie...on va dire...voilà bon ça aurait pu être ailleurs mais ça aurait été en montagne quoi qu'il en soit...puis c'est une recherche de qualité de vie quoi...voilà...et puis comme je disais tout à l'heure c'est...heu...une recherche d'équilibre heu...d'équilibre...donc c'est pour ça que ça me fait un peu sourire quoi toutes les histoires qu'on nous raconte sur la biodiversité l'écologie heu...en montagne on peut pas être autrement...heu...de pratiquer une écologie quotidienne...parce que la moindre erreur se paye au prix fort...il faut respecter...

E: c'est à dire...par exemple ?

L: il faut respecter hé ben heu par exemple...y'a des choses qu'on fait des travaux qu'on fait à une certaine époque heu on prévoit le temps qu'il va faire heu...c'est beaucoup d'observation beaucoup d'écoute de gens qui ont vécu déjà sur place...beaucoup de connaissance du terrain, connaissance de la flore du sous-sol...heu des expositions heu...des saisons...voilà c'est c'est tout un équilibre...qui est encore plus fragile dans des zones comme ici...oui parce que...ne serait-ce qu'au niveau météo ça peut changer très vite et ça peut être très vite heu...heu compliqué, astreignant et heu donc faut prévoir on fait pas n'importe quoi et comme c'est heu...peu mécanisable, c'est c'est de l'extensif heu je dirai heu raisonné...et heu moi j'pense vraiment qu'on fait un boulot d'intérêt public parce que...si on était pas là c'est c'est la friche, déjà qu'elle y est c'est c'est une heu un combat perpétuel avec la friche avec l'enfriche ment quoi ...et puis c'est aussi une transmission de du savoir-faire...(pause)...

E: transmission heu...l'envie de transmettre...?

O: voilà heu par rapport...aux jeunes bergers heu...qui sont...qui sont...dans le...puisqu'il y a un stage heu de formation berger-vacher et où j'interviens en tant que...professionnel parce que c'est important que y'ait des jeunes qui continuent et puis qui ont envie donc heu...faut leur amener les moyens les outils les connaissances quoi...parce que la la la vie pastorale heu le système pastoral c'est quand même heu la clé de voute de toute une économie montagnarde hein...et y'a beaucoup d'activités qui gravitent autour...donc si les chemins les pacages sont abandonnés c'est vite la la déprise c'est la forêt qui reprend le dessus heu et heu c'est heu...c'est la friche quoi...et heu les utilisateurs de la montagne heu...la friche heu...ça les intéresse pas...ça les intéresse pas...alors là est ce qu'on veut faire des Pyrénées des montagnes sauvages ou si on veut continuer à ce qu'y ait des gens qui viennent heu s'y promener heu...passer les vacances, découvrir les populations ou découvrir le territoire...en fait c'est...le fond du problème il est là...et si tout ça c'est perturbé par heu...des réintroductions de prédateurs heu...je pense pas que ça aille dans le sens d'un développement économique qui est qui existe c'est une dynamique...malgré heu...heu les moyens de préventions qu'on..les indemnisations hein le problème n'est pas là...c'est pas un problème d'argent...c'est un problème de volonté humaine heu...savoir ce qu'on veut faire...et je pense que...c'est d'abord aux gens du terrain aux acteurs locaux à à donner leur avis sur la question...donc heu c'est un choix politique...quelle politique on veut pour heu...le massif pyrénéen...(pause)...

E: et heu est ce que vous pourriez me parler un peu de l'Aspap ?

L: bah l'Aspap heu..l'Aspap c'est heu...heu c'est à un moment donné la création d'une association qui heu...qui a structuré toutes ces...toutes ces révoltes...individuelles...(pause)... alors c'est vrai que c'est c'est parti en Ariège et surtout d'abord en Haute-Ariège donc heu ici hein...entre Tarascon et ...et Merens quoi et Ax...p't'être parce que y'avait heu c'est pas là que les prédations ont vraiment

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commencé à à être mis en exergue hein...c'était le Couserans d'abord heu...je m'en souviens bien...et pt'être que tout simplement y'avait quelques individus heu dans cette zone là heu qui heu j'sais pas qui ont eu l'énergie et puis la perspicacité de de de...de mettre cette association sur pied et puis de définir des objectifs et de rassembler en fait toutes ces énergies heu qui étaient un peu heu...de droite et de gauche heu qui étaient individuelles quoi...et l'individuel quand heu on veut...combattre une opération pareille heu...qui est menée qui est décidée depuis longtemps par un État par des règlements et et c'est coton...donc heu il vaut mieux être heu...organisés on est plus efficace, et heu je pense quand même que...on a marqué pas mal de point...même si y'a des actions qui ont pu paraître heu...un peu dures heu...je pense qu'il fallait qu'elles soient, qu'elles existent à ce moment là...de toute façon c'est un combat c'est un combat...heu...et un combat heu...on y va pas comme ça à l'aveuglette heu...y'a une stratégie y'a des objectifs heu y'a une dynamique heu...heu...l'Aspap a su mettre tout ça sur pied et puis l'insuffler hein...moi je j'en voudrai pour preuve heu..ce que ça a suscité sur toute la chaîne pyrénéenne quoi on a quand même coordonné heu les mouvements qu'il y avait similaires dans d'autres départements hein heu la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées heu...le Béarn heu...Pyrénées Atlantiques heu..on s'est retrouvés au sein de l'Addip...l'Addip c'est quand même une coordination pyrénéenne hein heu bon...les politiques s'y sont mis aussi hein tous les conseillers généraux heu...les maires heu...ça fait de l'énergie tout ça...heu...(pause)...et j'allais dire on est un interlocuteur incontournable...parce qu'au sein de l'Aspap heu...y'a des bon heu...y'a beaucoup de gens qui réfléchissent et qui savent que...un combat ça se mène pas tout seul... (pause)...c'est le combat heu...de toute une population heu... montagnarde...(pause)...et surtout surtout ce sont des gens...bon heu...ce sont des gens du terrain, des acteurs locaux que ce soit, évidement des des gens heu concernés par l'élevage l'agriculture en montagne et aussi les gens du tourisme...des pêcheurs des chasseurs, les chasseurs de plus en plus là en ce moment...ils montent au créneau...depuis le temps qu'on leur dit mais...(pause)...il faut savoir quand même que l'Office National de la Chasse ils sont partenaires de cette opération de d'introductions d'ours slovènes hein...mais heu les fédérations départementales heu...elles se rebellent de plus en plus parce que heu ils s'aperçoivent que...va y avoir des zones interdites de chasse quand il va y avoir par exemple l'ourse avec ses petits et et bon heu...le passé l'a montré hein...quand il y a eu le tir sur Balou heu...tout le monde savait que l'ours était dans le secteur de la battue, le préfet en premier quoi...et il a rien fait pour l'interdire heu parce que parce que les chasseurs c'est quand même un sacré lobby...

E: et pourquoi il l'a pas interdit alors...?

L: je pense qu'il y aurait eu une levée de boucliers et heu...qu'il avait pas besoin..résultat heu l'ours a été blessé et et le chasseur heu il a pas été inquiété...c'est pas un hasard hein...(pause)...y'a un tas d'incohérences et puis d'une année sur l'autre les les les...le fossé se creuse en fait...moi je pense qu'il aurait été tout à l'honneur d'un État de dire heu...heu...on a p't'être fait des erreurs heu on va remettre les choses à plat et on gèle le moratoire heu...et cetera et cetera...on s'assoient autour d'une table et on regarde comment on peut faire...mais non non non (grande respiration) ils sont restés campés sur leurs positions heu alors est-ce que la pression des associations de défense de l'environnement ont heu je sais pas heu y'a sûrement des intérêts...qu'on connait pas...forcement qui rentraient en jeu et et y'a une situation qui s'entérine et qui est pas bonne quoi...pas bonne du tout... (pause)...et puis on s'aperçoit quand même que malgré tout ce qu'on dit heu...l'introduction d'ours dans les Pyrénées heu c'est pas un facteur de développement économique ça c'est des masturbations d'intellectuels, enfin quand je dis d'intellectuels, j'ai rien contre les intellectuels, évidement mais heu...quand je dis intellectuel je pense à des gens qui... voient ça heu...du du du...depuis leur bureau ou depuis leur heu depuis leur maison qui ont rien à voir avec le terrain et qui savent pas comment

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ça se passe et heu (soupir)...qui qui sont un peu aveuglés par heu l'image heu...emblématique de l'ours des Pyrénées qui revient chez lui (rires prononcés)...mais ça je pense que ça fait parti d'une des facettes de notre époque hein...on est très portés sur l'image et sur les emblèmes hein...sur le...la façon de paraître...mais faut pas faut pas s'amuser avec ça....les gens qui en parle le plus c'est les gens qui ont rien à voir avec la réalité du terrain..faut écouter les gens de terrain...c'est un truc tout simple hein c'est une histoire de bon sens...(profonde respiration)...donc l'Aspap reste vigilante heu...à toutes les décisions qui peuvent être prises et heu tout ce qui...(pause)...tout ce qui se passe voilà...parce que dans une stratégie de...de combat parce que pour moi ça reste un combat pour heu...pour une vie...pour une vie...une vie et la perpétuation de de comment dire d'une civilisation pastorale...voilà ça paraît être des grands mots mais en fait heu...je suis persuadé que c'est...c'est ça tout ce que...tout le travail et toute la vie qu'ont ces éleveurs en montagne ces...transhumants...heu...c'est « vie humaine dans les Pyrénées ariègeoises73 »...(pause)..et déjà déjà qu'on est pas nombreux...déjà que les installations de jeunes sont sont difficiles et périlleuses pour un tas de raisons...heu on a pas besoin de...heu..de ce genre d'opérations en plus...et puis ne serait ce que le...le...procédé...voilà moi je...(rire) ça c'est ma réaction personnelle quoi ... moi je suis très à cheval sur certains principes y'a des choses qu'on fait et y'a d'autres choses qu'on fait pas...voilà c'est comme quand on éduque un gosse...heu j'suis désolé mais y'a...y'a des repères y'a des critères, heu y'a des fondamentaux comme on dit...voilà et quand on prend des décisions qui vont concerner heu...toute une population toute une heu...activité économique heu...bon je me répète mais qui est fragile qui est qui est délicate heu...on le fait pas comme ça...on le fait pas sur un coup de tête à grands renforts de médias heu parce que on a les moyens de le faire quoi...(soupir) c'est du mépris tout simplement...et ça c'est pas acceptable...(pause)... si c'était si facile et si on était si aidés que ça y'aurait des centaines de jeunes en montagne...y'aurait des installations en pagaille quoi...

E: si aidés que ça dans le sens des primes, de la Pac et tout ça ?

L: oui voilà...non on fait un boulot on le fait bien...on le fait en conscience...et heu...on...on sait ce qu'on a à faire...hein on a pas la science infuse mais on sait ce qu'on a à faire dans sur notre terrain dans notre partie et on a pas...c'est c'est évidement intolérable d'entendre des gens d'ailleurs venir nous dire comment il faut garder les bêtes et comment élever les troupeaux quoi...ça ça ça tient pas la route, j'oserai jamais dire aux gens de chez Continental ou de chez Caterpillar heu comment il faut faire pour garder leur emploi...c'est à eux de prendre heu...leur combat et leur truc en main, si, tout ce que je pourrai amener c'est de la solidarité...parce que en fait heu...sous d'autres formes ils subissent le même processus que que cette histoire là encore que ça c'est c'est...en ce moment c'est plus grave pour eux quoi...nous on pourra toujours bouffer quoi...mais quand du jour au lendemain y'a une entreprise qui est délocalisée et heu...et des gens qui touchent des ponts d'or pour partir heu...et heu les salariés qui du jour au lendemain qui se retrouvent à la rue heu...je trouve que c'est un peu dur quoi...(pause)...

E: et sinon au niveau des moyens mis en oeuvre par l'Aspap pour heu...?

L: et bé déjà c'est un réseau...c'est un réseau de de connaissances de gens qui sont placés à droite à gauche et puis qui ont leurs compétences quoi...je vois Bruno Beshe-Commenge qui est à la retraite qui est très compétent pour tout ce qui est heu...vie pastorale biodiversité dans nos montagnes heu...bon bé il a fait un boulot énorme...bon bé des gens comme ça heu il font un énorme boulot pour l 'Aspap puis après y'a y'a tous les gens de terrain avec leurs sensibilités différentes mais heu

73 Ouvrage Michel Chevallier, géographe, paru en 1956.

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qui qui se retrouvent au sein de l'Aspap parce que parce que y'a quelque chose de commun...qui les anime...ça c'est énorme ça...en fait ça a fédéré beaucoup de gens qui qui avaient je dirais peu ou pas de rapport entre eux si ce n'est heu heu...leur quotidien...ça a fédéré des gens d'autres départements et bon y'a qu'à voir heu...les rassemblements qui a eu à Bagnère de Luchon, Bagnère de Bigorre heu...c'était énorme donc ça créé un tissu ça créé des liens, ça fait des échanges ça fait des adresses qu'on conserve...heu et heu...et puis et puis...(pause)... les gens se sont mis à parler, ils se sont mis à parler entre eux, on eu le respect de s'écouter et heu voilà de se structurer, ça c'est énorme...en dehors ou en plus du côté efficace de de la création de l'Aspap et de sa stratégie...ça ça a été ça a été un enrichissement...pour beaucoup de gens...parce qu'on est quand même relativement isolés heu chacun dans son coin hein...donc ça par la force des choses, il a fallu se réunir, communiquer heu et et voilà, là le mot solidarité il prend tout son sens...et ça quand c'est quand c'est arrivé une fois, quand on sait ce que c'est heu...(forte expiration) c'est beaucoup j'crois dans...c'est beaucoup...c'est beaucoup parce que on sait ce que ça peut représenter, c'est une force en fait...et dans des cas comme ça heu...on a besoin de se sentir heu...soutenu...parce que bon des prédations chez un éleveur c'est heu...un troupeau c'est quand même une histoire d'amour heu entre heu des bêtes et des hommes et des prédations c'est c'est toujours un choc...hein c'est pas...c'est...on travaille sur du vivant donc heu on a une relation avec heu les bêtes qui qui est...qui est difficilement perceptible par des gens de l'extérieur qui...qui c'est c'est comme ça heu... heu je juge pas mais heu...donc quand on voit des bêtes heu...des bêtes déchirées et éventrées heu...et et qu'on arrive pas heu...sans sans aucuns motifs valables heu, c'est toujours un choc heu et forcément heu...c'est soit de la détresse soit de la révolte...donc c'est une histoire de relations humaines...et ces décisions étatiques heu...heu on le sait quoi ça fait fi des relations humaines et dieu sait si ces relations humaines c'est le ciment de de toute dynamique heu économique...c'est c'est un tout tout ça...(pause)...donc déjà cette solidarité qui s'est crée entre éleveurs dès qu'il y avait une prédation dès qu'il y avait quelqu'un de touché heu les gens se retrouvaient chez lui...bon ça c'est...c'est beaucoup...(pause)...en fait en gros c'est heu la réaction d'une heu...d'une population qui heu...face à heu...face à une décision heu...j'allais dire inique..une décision qui est prise voilà du jour au lendemain heu bon vous allez devoir supporter heu...pour nous c'est la présence du prédateur heu animal protégé heu vous serez indemnisés heu de toute façon vous avez rien à dire heu...on va faire des réunions de concertation mais heu...évidement qu'elles ont eu lieu, elles ont eu lieu les carottes étaient cuites depuis longtemps déjà...

[...]...voilà alors on reste vigilants...heu pfff...là on attend on attend heu...en fait il faudrait que d'ici la fin de l'année il y ait une réponse de l'État parce que heu le plan il s'arrêtait heu en 2009... moi je le vois bien empêtré...comme quoi heu...(pause)....le temps heu fait son oeuvre aussi parce que les gens réfléchissent comme quoi heu notre combat est pas si si...(pause)...est juste je dirais...parce que même les sondages et dieu sait si il faut les prendre avec des pincettes hein...heu les sondages heu on beaucoup évolués à ce niveau là...les gens prennent conscience du fait que à force de répéter les mêmes choses heu...se posent des questions...mais est-ce bien nécessaire heu est ce bien judicieux...y'a des gens sur place, les Pyrénées c'est pas un désert, c'est pas tous des abrutis et et des gens qui y vivent qui travaillent et qui développent des activités...et ça ça fait un moment qu'on le serine quand mê me...(pause)...donc les choses évoluent et et changent dans le bon sens à mon avis...et je pense aussi que Chantal Jouano heu...on l'a rencontré à Toulouse y'a deux ans deux ou trois ans...c'est quelqu'un qui a les yeux en face des trous...et puis bon c'est vrai que l'actualité malheureuse ment...heu elle nous donne un coup de pouce heu entre les ours qui se font écraser heu sur la route et heu...le le désespoir dans lequel se trouve heu...pas mal de gens à cause de ...cette crise économique heu...on a p't'être d'autre chats à fouetter et heu et d'autres choses à faire avec l'argent heu de faire suivre des ours par des gens...(pause)...

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[...]

L: j'ai fait des études, j'suis pas d'un milieu paysan [...] j'avais vraiment envie de vivre heu heu plein air intégral...plein air intégral et puis heu mettre un peu mes idées en pratiques en accord avec heu ce que je pensais de la vie hein...déjà j'ai jamais pu supporter un patron heu...je voulais décider de ma vie voilà...ce que je pense avoir réussi en partie...et ça m'a apporté, ça continue à m'apporter beaucoup de bonheur...et puis heu et puis avoir aussi heu la notion de perpétuer quelque chose quoi, je supportais mal de voir tous ces pays heu en voie de désertification...(pause)...parce que y'a un potentiel énorme heu quand je vois tous ces gens qui font les les fins de marchés pour ne pas dire les poubelles...qui ont des salaires heu...c'est y'a y'a vraiment quelque chose qui ne...qui va pas quoi alors qu'on est sur des dizaines pour ne pas dire des centaines d'hectares qui pourraient nourrir heu toute une population heu...donc moi j'ai choisi ça...bon après c'est heu c'est mon choix hein c'est...et puis t'as moins de contraintes heu évidement des joies et bon et ça correspond à ce que à ce que je cherchais, je suppose que tout individu cherche heu c'est une grande quête quoi la vie...après on trouve on trouve pas heu on réalise on réalise pas heu on se donne les moyens on se les donne pas mais heu...bon moi voilà j'ai eu des opportunités j'ai p't'être fait les choix qui me correspondaient au mo ment...(pause)...

[...]

L: ...voilà...c'est un combat voilà j'aime bien appeler ça comme ça parce que je pense que c'est vraiment ça et heu c'est vraiment pas heu un combat contre l'ours lui-même heu ça c'est c'est ça serait trop réducteur quoi c'est pas ça du tout ...il se trouve que cet ours heu, quand je vois la façon dont ils ont été ramenés, capturés ramenés heu (rire) en fait heu il y est pour rien quoi ...on aurait

ieux fait de les laisser dans les forêts où ils étaient j'pense qu'ils étaient mieux qu'ici...opérés équipés d'émetteurs heu suivis nuit et jour...heu c'est pas de l'écologie ça...c'est une opération heu j'sais pas moi une opération médiatique...qui cachent sûrement d'autres enjeux quoi...(profonde respiration)...mais un des points un des points forts de, ce dont je parlais tout à l'heure c'est heu...cette heu prise de conscience d'appartenir à heu...d'avoir une identité...tous ces gens que j'ai pu côtoyer que je côtoie toujours d'ailleurs et ces élans de solidarité...ça c'est ça c'est énorme...je crois qu'on a surtout besoin de ça...parce que tout seul heu tout seul on est rien...donc ça aura eu au moins le mérite de mettre ça en évidence...que la solidarité c'est pas qu'un mot...et ça ça se...ça se monnaye pas...voilà..parce que c'est quand même ça aussi...on nous parle de moyens financiers heu d'argent à tout bout de champ...et heu le fond du problème il est pas là...le sel de la vie il est pas là, même si c'est incontournable...il faut savoir lui..remettre tout ça à sa place...c'est pas c'est pas l'i mportant...l'important c'est les relations humaines...voilà...

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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King