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L'humour, inné ou acquis. Vers une formation des manipulateurs en électroradiologie médicale ?

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par Etienne CORDIER
Institut Supérieur Technologique Montplaisir - DTS Imagerie médicale et radiologie thérapeutique 2016
  

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B.2. LIMITES ET CONTRAINTES : DES RIRES AUX LARMES

B.2.1. La systématisation de l'humour

Pratiquer l'humour dans une démarche soignante, c'est savoir réaliser un équilibre naturel entre le sérieux et la plaisanterie (Groddeck, 1922). L'humour peut être utilisé dans une prise en charge soignante, mais uniquement à bon escient. Rubinstein (1983) considère que « avoir le sens de l'humour ne signifie pas rire de tout, à tout propos. C'est être capable d'apprécier le côté comique des choses en même temps que leur côté sérieux ». Un mauvais usage de l'humour peut compromettre la relation de confiance entre soignant et soigné, voire même engendrer des conséquences néfastes sur le patient.

Panichelli (2007) met en avant cette sombre facette de l'humour : « l'humour peut être utilisé afin d'augmenter le soi aux dépens des autres, dans une attitude agressive qui risque de mettre en péril le soutien social du patient. Il s'agit du sarcasme, de la dérision, de la moquerie et de la ridiculisation de l'autre ». Toutes les formes d'humour ne sont donc pas adaptées, certaines pouvant conduire à l'irrespect des valeurs morales du patient et de sa dignité. Cet aspect agressif de l'humour est d'autant plus présent lorsque la situation ne s'y prête pas. On ne rit pas avec une personne, même si celle-ci y est perméable en temps normal, lorsque le moment n'est pas opportun.

Par ailleurs, considérer l'humour comme un outil thérapeutique, ne revient pas à l'assimiler à un médicament miracle. L'humour est une aide indiscutable dans la relation de soin, mais en aucun cas il ne permet d'apporter la solution à tous les problèmes rencontrés. Le soignant doit être apte à juger à quel moment il est pertinent de se servir de cet outil, en vue de contribuer significativement à l'amélioration de l'état de santé du patient. Patenaude (2006) détaille de manière plus explicite les situations de soins pour lesquelles l'humour n'a pas sa place : « Lors d'une phase critique sur le plan physique, lors d'anxiété ou de stress élevé, lors de douleur intense ou abdominale, chez une personne psychotique, l'humour peut être inapproprié à moins que ce ne soit le patient lui-même qui l'initie ».

L'emploi de l'humour n'est donc en aucun cas systématique. Bien plus subtil qu'il ne le laisse paraître, l'humour est à manier avec précaution, sans être abusif ou inapproprié au contexte clinique.

B.2.2. Le déni de la réalité

En tant que mécanisme de défense, l'humour à court terme permet au soignant de résister à l'épuisement professionnel, et au patient de diminuer son anxiété face à un examen ou à sa maladie. A long terme, il ne s'agit plus de dédramatiser une situation, mais bien de la banaliser jusqu'à fuir une réalité difficilement acceptable. Panichelli (2007) évoque cette utilisation potentiellement néfaste de l'humour : « l'humour peut aussi être utilisé par le patient afin de dénier la

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ETIENNE CORDIER - Promotion 2013/2016

réalité et d'éviter d'affronter les problèmes ». Un mécanisme d'évitement qui consiste à s'auto-convaincre par l'humour, du caractère insignifiant d'une situation pourtant cruciale. Aussi bien côté patient que soignant, l'humour est « un moyen très efficace de détourner la conversation, par exemple lorsque l'on aborde des sujets douloureux, difficiles ou conflictuels » (Panichelli, 2007).

L'humour est parfois utilisé comme autodépréciation, afin d'émettre un jugement défavorable vis-à-vis de soi, éloigné de la réalité. Le sujet n'est alors plus dans l'autodérision, mais dans l'atteinte de l'estime de soi. Pour Panichelli (2007), la dépréciation « consiste à s'attribuer à soi-même des défauts exagérés ». En se dénigrant lui-même, l'individu cherche à recouvrer un lien social en autorisant les autres individus à se moquer de lui, quitte à paraître ridicule. L'enjeu étant de retirer à cela un bénéfice relationnel, quitte à entacher sa propre personne et à mettre en péril son bien-être psychologique.

Systématisation de l'humour et déni de la réalité sont étroitement liés. C'est au travers d'un surdosage de l'humour que l'individu minimise l'importance de la situation. Du point de vue soignant, cela peut mener à une éventuelle remise en question quant à son sérieux et à ses compétences professionnelles. Du point de vue patient, cela se traduit par la peur d'affronter la vie réelle, sa situation de malade.

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