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Jeux, enjeux et contraintes des grandes puissances au cours du printemps arabe. Le cas des membres du CSNU.

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par Ange Joachim MENZEPO
Université de Dschang-Cameroun - Master en Sciences politiques 2015
  

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PREMIERE PARTIE :

LES JEUX DIVERSIFIES DES GRANDES PUISSANCES 

Le printemps arabe a vu la participation de plusieurs acteurs dont les grandes puissances en Libye, Tunisie et Egypte. Elles ont développé plusieurs stratégies et se sont illustrées par une pluralité d'actions qui ont mis en exergue plusieurs configurations de jeux. Par configuration, il faut entendre « la figure globale toujours changeante que forment les joueurs. Elle inclut non seulement leur intellect mais toute leur personne, les actions et les relations réciproques»132(*). Elles sont plurielles dans le cas des jeux des grandes puissances au cours du printemps arabe.

La configuration est en permanence reconstruite par les actions et les interactions des joueurs. On ne joue pas n'importe où, encore moins n'importe comment, avec n'importe qui et surtout pas n'importe quand, on attend quelques fois, stratégiquement. Il y a tantôt concurrence, tantôt interdépendance entre les acteurs. Concurrence et interdépendance se présentent dès lors comme des facteurs déterminants les jeux des acteurs. Ceci est d'autant plus intéressant que « lorsqu'on étudie les hommes, on peut concentrer les feux des projecteurs tantôt sur les individus, tantôt sur les configurations que forment entre eux plusieurs hommes »133(*). Quoique N. ELIAS parle, ici des individus, ce propos peut être appliqué aux Etats. Dès lors, nous pouvons dire que lorsqu'on étudie les Etats, on peut concentrer les feux des projecteurs tantôt sur leurs actions individuelles, tantôt sur les configurations que forment entre eux plusieurs Etats. Ces configurations sont déterminées par la concurrence qui les amène à jouer en solo et l'interdépendance qui les amène à jouer en duo, trio, quatuor et même en des nombres plus importants encore.

Ainsi, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Chine et la Russie ont fait leurs entrées sur la scène arabe notamment en Tunisie, Egypte et Libye. Il est opportun de relever que ces puissances ne jouent pas de la même façon et surtout pas à tous leurs coups, chacune a sa stratégie : quelques fois, animées par la concurrence, dans une perspective d'unilatéralité, elles jouent en solo s'inscrivant dans une stratégie d'influence134(*), d'autres fois, animées par l'interdépendance, dans une perspective de multilatéralité ou de bilatéralité, elles jouent en collège, ce qui a laissé découvrir des jeux individuels (chapitre I) et des jeux collectifs (chapitre II).

CHAPITRE I

LES JEUX INDIVIDUELS DES GRANDES PUISSANCES

Les grandes puissances ont décidé, pour certaines, de corriger leurs erreurs du passé135(*) puisque l'Afrique du Nord n'est pas le premier laboratoire des interventions de celles-ci à travers la planète136(*). Pour d'autres, la routine a été le mot d'ordre c'est-à dire refaire ce qu'on a toujours fait à l'instar de la Russie qui reste dans sa posture non interventionniste137(*). Elles ont ajusté leurs positions, affiné leurs coups afin de récolter le meilleur résultat possible. Elles ont fait fi de la souveraineté des Etats en question dans le printemps arabe. Ce qui est la preuve que la souveraineté des Etats n'a jamais été acquise comme s'interroge Bertrand BADIE138(*). Pour y parvenir, dans un élan de concurrence, elles posent des actions individuelles. C'est ce qui est qualifié de jeux individuels.

Chaque grande puissance voudrait être reconnue comme ayant joué un rôle déterminant, voire incontournable, dans le dénouement de la crise arabe en cours. C'est ainsi qu'une pluralité de jeux a pu être observée. Si certaines grandes puissances ont été très actives, d'autres ont décidé d'être moins actives en raison de leurs principes d'actions sur la scène internationale. Cependant, ces grandes puissances se révèlent par des jeux similaires (section I). Cela n'est néanmoins pas le cas pour tous les jeux, on en a qui sont dissemblables (section II).

SECTION I : LES JEUX SIMILAIRES.

Que ce soit pour les puissances très actives (paragraphe I), ou pour les puissances moins actives (paragraphe II), on observe des jeux similaires. Par jeux similaires, nous entendons les actions identiques mises en oeuvre par plusieurs puissances. Il s'agit par exemple des pressions sur les dirigeants, des encouragements et appuis multiformes aux rebelles.

PARAGRAPHE I : LES ACTIONS DES PUISSANCES TRES ACTIVES

Au rang des puissances très actives, nous avons la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis. Ces puissances sont caractérisées par leurs soutiens explicites aux revendications des peuples en Tunisie, en Egypte et en Libye. Leurs actions tournent autour des pressions sur les dirigeants en place (A) et des appuis multiformes aux rebelles139(*) (B). Ceci dans une perspective unilatérale140(*) de maximisation de leurs puissances141(*), dans la poursuite de multiples enjeux qui modèlent leurs différents jeux.

A. Les pressions sur les dirigeants.

Par des discours et d'autres formes d'actions (1), les grandes puissances ont apporté leurs soutiens aux rebelles. Elles ont également dans le cas de la Libye, établi avec les rebelles des relations diplomatiques (2).

1- Discours et autres actions de pression sur les régimes de Ben ALI, Hosni MOUBARAK et Mouammar KADHAFI.

Nous présenterons la construction des pressions par les discours (a) puis les autres formes de pressions (b).

a- La construction discursive des pressions.

Le constructivisme place la culture au centre de toute analyse142(*). Les grandes puissances, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, sont reconnues universellement, selon les principes143(*) qu'elles ont elles mêmes établis, comme étant des démocraties. Cette culture démocratique les a poussées à soutenir les revendications de démocratisation faites dans le monde arabe puisque quand les manifestations commencent à Tunis, au Caire ou encore à Benghazi, les dirigeants, à savoir Ben ALI, Hosni MOUBARAK et Mouammar KADHAFI sont hostiles à toute idée de quitter le pouvoir. Elles se sont inscrites dans une perspective d'identités, « représentations et attentes spécifiques de rôle, définies de manière relationnelles en fonction de principes, de valeurs et de normes »144(*), la démocratie étant perçue comme une valeur chez les P3. Ces démocraties occidentales ont décidé de changer le destin de ces pays. Elles profitent des mouvements sociaux pour inviter les gouvernants de ces régimes à partir145(*).

Dès lors, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, décidant de saisir cette fenêtre d'opportunités146(*) n'ont pas hésité à faire valoir leur puissance.

Les pressions des Etats-Unis

Une pensée s'impose depuis les années 1990 aux Etats-Unis. Selon celle-ci, « Washington n'avait pas d'autre alternative que d'exercer le leadership, sans quoi le monde pourrait devenir chaotique et la sécurité serait menacée »147(*). S'inspirant de cette réflexion, c'est donc un leadership par défaut, mais nécessaire à la sécurité du monde148(*). Ainsi, les révoltes dans le Maghreb ne pouvaient pas, dans un contexte de village planétaire prescrit par la mondialisation, laisser les Etats-Unis indifférents. Agissant dans le cadre de la mise en oeuvre du soft power - puisque les Etats-Unis sont dominants dans le monde mais « être dominant ne signifie pas être despote »149(*) - faisant reposer la puissance des Etats-Unis à la fois sur son appareil politique et administratif150(*), ils sont intervenus pour mettre la pression sur les dirigeants en place au début des manifestations afin que reviennent la paix et la sécurité. Nous présenterons respectivement les pressions exercées sur le régime de Ben ALI, H. MOUBARAK et M. KADHAFI.

- Les pressions sur le régime de Ben ALI.

En Tunisie, Barack OBAMA et Hilary CLINTON en premier, cautionnent les manifestations, invitant Ben ALI à se plier à la « volonté des peuples ». Ils mettent la pression pour arrêter toute tentative à bloquer internet151(*) et, s'empressent de féliciter les « changements » avant même que la vision sur l'aboutissement de la situation ne devienne claire152(*).

Préoccupé par les troubles de Tunis, le 7 janvier 2011, le gouvernement américain convoque l' ambassadeur Mohamed Salah TEKAYA pour inciter Tunis à respecter les libertés civiles, la liberté d'expression, en particulier sur internet, et à faire preuve de modération dans l'usage de la force contre les manifestants153(*). S'exprimant à ce sujet, un haut responsable américain affirme : « nous avons encouragé le gouvernement tunisien à faire en sorte que les libertés civiles soient garanties, notamment la liberté de rassemblement. Nous avons aussi soulevé la question de ce qui ressemble à une ingérence du gouvernement tunisien dans l'internet, particulièrement dans les comptes Facebook »154(*). Cette action dont l'intérêt a été expliqué par le propos de ce haut responsable américain a eu pour effet d'amener les autorités tunisiennes à revoir leurs positions qui tendaient à étouffer les revendications.

Ainsi, dans un élan de protection de sa souveraineté155(*), le gouvernement tunisien a également convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie en signe de résistance à l'injonction américaine. Il déclare : « nous sommes surpris par le contenu de cette déclaration faite sur la base d'informations recueillies auprès d'éléments hostiles, sans vérification ni consultation avec les autorités officielles »156(*). Et il affirme : « nous tenons, à cet égard, à souligner de nouveau, que toutes les libertés, y compris la liberté de rassemblement, sont garanties par la Constitution et la Loi en Tunisie. Les rassemblements n'ont jamais été interdits ni gênés lorsqu'ils sont pacifiques et non violents. Les évènements enregistrés ces derniers temps dans quelques régions ont pris, dans certains cas, un caractère violent, face auquel une réaction légitime s'est imposée pour préserver l'ordre public, la sécurité des citoyens et la protection des biens publics et privés »157(*).

Cet argument est valable en ceci que, la souveraineté reconnaît à l'Etat le monopole de la violence légitime pour faire face aux événements pouvant porter atteinte à son intégrité. Le pouvoir en place a redoublé d'ardeur dans sa détermination à censurer toute parole publique, il a multiplié les arrestations de jeunes blogueurs tunisiens. Prenant prétexte du nécessaire combat qu'il mène contre l'islamisme radical, il a choisi de menacer ceux qui osent exprimer leur mécontentement. La communication politique de M. ABDALLAH158(*) s'est évertuée envers l'opinion publique étrangère à présenter Ben ALI comme un bouclier contre l'islamisme radical159(*). Ses journalistes, agents véreux crient au loup : « les islamistes veulent prendre le pouvoir »160(*). Le régime de Ben ALI a ainsi choisi de faire diversion, de présenter le problème comme se trouvant ailleurs. Toutefois, le rapport de force n'est pas équilibré entre la Tunisie et les Etats-Unis. Poursuivant l'effort de pression, la secrétaire d'Etat américaine Hillary CLINTON mêle sa voix à celles des autres et appelle le gouvernement tunisien à oeuvrer à une solution pacifique pour faire cesser les troubles sociaux qui secouent le pays.

Dans une interview, elle déclare : « nous sommes inquiets quant aux troubles et à l'instabilité qui touchent la Tunisie. Nous sommes également préoccupés par la réaction du gouvernement, qui a malheureusement provoqué la mort de certains jeunes protestataires »161(*). Elle s'exprime de manière manichéenne, portant un jugement sur la situation qui prévaut en Tunisie et accusant le gouvernement dans son intervention qui cause des morts. Cette accusation vise implicitement à attirer son attention afin qu'il fasse cesser ces manoeuvres.

Ces pressions conjuguées du gouvernement des Etats-Unis ont eu pour effet de faire céder le régime de Ben ALI qui, contraint de laisser libre court à l'usage d'internet162(*) à donner aux dissidents la possibilité de s'organiser, de se rassembler et cela a conduit à son départ.

Le 14 janvier 2011 au soir, dans un communiqué diffusé par la Maison-Blanche, le président américain Barack OBAMA condamne et déplore l'usage de la violence contre les citoyens « exprimant pacifiquement leurs opinions » et « applaudit le courage et la dignité du peuple tunisien »163(*).

- Les pressions sur le régime de H. MOUBARAK

En Egypte, les pressions des Etats-Unis ont été très déterminantes pour l'issue de la crise à savoir la démission de H. MOUBARAK.

Le 28 janvier 2011, soit quelques jours après le début des revendications164(*), Robert GIGGS, chargé de la communication à la Maison Blanche annonce que les Etats-Unis entendent revoir leur aide à l'Egypte en fonction de l'évolution des évènements165(*).

Les Etats-Unis envisagent en effet augmenter ou diminuer les financements en fonction de l'avancée démocratique de cet Etat. R. GIGGS annonce que les Etats-Unis contrôlent la situation166(*). Par cette annonce, il démontre la puissance des Etats-Unis au mépris de la souveraineté du gouvernement égyptien. Au soir du 28 janvier 2011, le porte-parole de la diplomatie américaine appelle à « respecter les droits fondamentaux, à éviter la violence et à permettre les communications »167(*). Pour sa part, Hillary CLINTON appelle le gouvernement égyptien à engager de profondes réformes sociales et économiques168(*).

Dans la même veine, B. OBAMA s'entretient avec H. MOUBARAK pendant 30 minutes au téléphone. Au cours de cet entretien, il précise à son interlocuteur qu'il faut des réformes en Egypte169(*). Le président américain a ensuite fait une brève allocution depuis la Maison Blanche, après cet entretien téléphonique : « ce qui est clair et ce que j'ai indiqué au président MOUBARAK, c'est que la transition politique doit être profonde, qu'elle doit être pacifique et qu'elle doit commencer maintenant »170(*). Il a, par cette allocution, apporté des précisions sur le résultat qu'il attend des actions à mener par le président MOUBARAK.

Pour soutenir la pression sur le dirigeant égyptien, le 30 janvier 2011, s'exprimant sur CNN, H. CLINTON affirme : « nous sommes du côté, comme nous l'avons été depuis plus de 30 ans, d'une Egypte démocratique qui pourvoie des droits politiques et économiques à son peuple, qui respecte les Droits de l'Homme universels pour tous les égyptiens »171(*). Elle poursuit en ces termes « nous avons été assez clairs que nous voulons voir une transition vers la démocratie et nous voulons voir le genre de démarche qui conduise à cela »172(*). Elle a martelé, réitéré les attentes du gouvernement américain vis-à-vis du gouvernement de H. MOUBARAK. Comme pour  « répéter, répéter afin qu'il en reste toujours quelque chose »173(*).

Afin de poser les actes qui apporteraient le plus de succès, B. OBAMA décide de contacter un certain nombre de dirigeants du monde dont il requiert les jugements sur la crise égyptienne. Il s'agit notamment de Benjamin NETANYAHU (Premier Ministre israélien), de David CAMERON (Premier Ministre britannique), de Recep TAYYIP (Premier Ministre turc) et du Roi ABDOULLAH d'Arabie saoudite. Avec eux, B. OBAMA échange les points de vue et leur fait part de son opposition à la violence et de l'appel à la retenue qu'il lance au régime de H. MOUBARAK174(*).

Les manoeuvres se sont poursuivies exigeant toujours plus de réformes et immédiatement. Le responsable américain de la sécurité nationale s'adressant à Hosni MOUBARAK, l'invite à démissionner, lui disant « maintenant c'est maintenant »175(*). Le 02 février 2011, H. MOUBARAK essaye de résister à cet appel pressant à sa démission. Il annonce qu'il ne se présentera pas à l'élection présidentielle prévue en septembre de la même année. Ceci en conformité avec ce que lui a demandé B. OBAMA précise Mark LANDLER du New York Times176(*). En effet, B. OBAMA a donc décidé de  faire triompher au sein de cette relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances.

Aussi, R. GIBBS réitère l'appel des Etats-Unis à la cessation des violences en Egypte. Précisant que le moment de la transition est arrivé, il indique : « ... le processus doit commencer maintenant »177(*) il ajoute, « plusieurs de ces changements arriveront en Egypte... il est clair que les Egyptiens ont besoin de voir des progrès et des changements immédiatement »178(*). Pour sa part, le président Barack OBAMA a réitéré son souhait de voir émerger une transition «ordonnée» et «significative» qui mène à l'avènement d'un gouvernement représentatif. « Les Egyptiens veulent la liberté, des élections libres et justes, ils veulent un gouvernement représentatif, ils veulent un gouvernement réceptif. Et nous l'avons dit, vous devez engager la transition immédiatement (...). Une transition ordonnée»179(*), a-t-il affirmé.

Ces discours laissent entendre que les Etats-Unis sont résolument engagés à promouvoir le changement en Egypte. Il dénote de la capacité des Etats-Unis d'amener le président H. MOUBARAK à faire ce qu'il n'aurait pas fait en l'absence de cette relation avec les Etats-Unis.

Barack OBAMA déclare aussi : « je pense que le président MOUBARAK tient à son pays. Il est fier, mais c'est aussi un patriote. La principale question qu'il devrait se poser maintenant est celle de savoir comment laisser derrière lui un héritage qui permette à l'Egypte de surmonter cette période de transformation. Et j'espère qu'il prendra la bonne décision »180(*). Sans le lui demander explicitement, le président B. OBAMA suggère ainsi à H. MOUBARAK une démission, il oriente son action.

Appelé par les Etats-Unis à s'effacer le plus rapidement possible de l'espace politique égyptien, Hosni MOUBARAK ne montrait aucun signe d'une volonté de démissionner181(*). Le 10 février 2011, la Maison Blanche va plus loin dans les pressions sur lui pour qu'il s'en aille alors qu'il a transmis le pouvoir à son vice-président Omar SOULEIMANE, ce qu'elle estime insuffisant. Un communiqué est libellé en ces termes : « les Egyptiens ont reçu l'assurance qu'il y aurait une transition du pouvoir, mais elle n'est pas encore acquise. Que celle-ci soit immédiate, significative et suffisante »182(*).Cette pression cadencée et sans cesse plus pressante, avec jour après jour des exigences plus grandes sera couronnée de succès avec la démission, malgré toutes les résistances, de H. MOUBARAK, un jour plus tard à savoir le 11 février 2011. Dans la même veine, avec moins de succès néanmoins, les Etats-Unis mettent la pression sur le régime de Mouammar El KADHAFI.

- Les pressions sur le régime de M. KADHAFI

Au sujet de la crise libyenne, les Etats-Unis cherchent au départ à maximiser leur puissance, ceci sans se soucier du point de vue de ses alliés et même du dirigeant libyen. Dans cet élan, les pressions commencent le 21 février 2011.

Alors que la répression a été entamée en Libye, Hillary CLINTON demande de faire « cesser ce bain de sang »183(*). Elle reprend sa déclaration deux jours plus tard et affirme que le gouvernement libyen sera tenu responsable de ses actes. Barack OBAMA décide quant à lui de rompre enfin184(*) le silence pour la première fois sur l'insurrection en Libye. Dans une courte déclaration, le 23 février 2011 il déclare que « la violence en Libye est monstrueuse et (...) doit cesser rapidement »185(*).

En juin 2011, Hilary CLINTON s'exprime en ces termes : « tous les pays du monde ont des leçons à tirer de ces mouvements démocratiques (...). Pour les dirigeants qui s'accrochent au pouvoir à tout prix, qui suppriment toute dissension, qui s'enrichissent et enrichissent leurs partisans au détriment de leur peuple. A ces dirigeants, notre message doit être on ne peut plus clair : soyez à la hauteur de cette occasion historique, montrez que vous avez l'étoffe d'un chef en vous engageant dans une voie qui honore les aspirations de votre peuple ; créez un avenir dans lequel vos jeunes auront foi, un avenir que vos jeunes défendront et qu'ils aideront à construire »186(*).

Par son discours, elle présente le sens vers lequel elle veut voir orientées les actions du régime de KADHAFI à savoir celui de la construction d'un avenir radieux pour les jeunes de son pays. Le mettant, en garde en lui précisant contre ce à quoi il s'expose en cas de refus d'obtempérer, elle poursuit : « parce que si vous ne le faites pas, si vous pensez que les libertés et les possibilités que nous qualifions d'universelles ne s'appliquent pas à votre peuple, aux hommes et aux femmes sur un pied d'égalité ou si vous ne souhaitez pas aider votre peuple à travailler et à vivre dans la dignité, vous vous trouvez à contre-courant de l'Histoire et le temps vous donnera tort »187(*). Elle présente ainsi une porte de sortie honorable à M. KADHAFI et à son régime afin que celui-ci puisse quitter le pouvoir ou tout au moins améliorer les conditions de vie de ses populations en accédant à leurs aspirations à la démocratie. Comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne a usé de pressions sur les dirigeants en place au Maghreb pendant la crise.

Les pressions de la Grande-Bretagne.

Les pressions de la Grande-Bretagne se sont faites tant en Tunisie qu'en Egypte et en Libye. Toutefois c'est en Egypte que la présence discursive est accentuée. En effet, le gouvernement britannique y demande des changements réels.

Pendant que le président Hosni MOUBARAK est encore au pouvoir, la Grande-Bretagne soutient les revendications qui ont lieu sous forme de rassemblement sur la place Tahrir. Elle exprime à H. MOUBARAK son désir de voir des changements réels, visibles et complets dans ce pays188(*). David CAMERON déclare : « je ne pense pas qu'il soit dans l'intérêt de quelqu'un que les gens soient tués comme ils le sont dans la rue en Egypte. Ainsi, j'espère que les violences vont cesser. Mais clairement, quand vous avez des gens qui ont des doléances et des problèmes, il est dans l'intérêt de tous qu'il y ait des lois et des règles fortes, une démocratie bien ficelée »189(*).

Il invite le régime à poser des actes concrets, à ne pas éluder les besoins évoqués par les populations mais plutôt à y donner une issue favorable. Il tient un propos qui présente un caractère totalitaire en ceci qu'il donne des ordres, des injonctions à propos de ce qui est bon, juste, efficace, raisonnable de faire. Il indique à MOUBARAK quelles sont ses attentes, ici, l'édification d'une démocratie.

Contrairement aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne n'est pas très intéressée par le départ obligatoire de H. MOUBARAK. Sachant mieux que quiconque quels sont ses intérêts, elle est prudente et prend quelques distances par rapport à la position des Etats-Unis. Ceci est perceptible dans ce propos de D. CAMERON qui ajoute : « je pense que ce dont nous avons besoin c'est des réformes en Egypte. Ce que nous soutenons c'est l'évolution, la réforme, pas la révolution. Evolution et réformes pour que ceux qui ont des doléances les voient satisfaites »190(*).

William HAGUE, secrétaire d'Etat britannique aux affaires étrangères dans la même lancée, s'adressant au gouvernement égyptien le 27 janvier 2011 lui fait une injonction. Il s'est exprimé en ces termes : « vous devez répondre positivement aux demandes légitimes du peuple par des réformes et respecter les droits des peuples à la liberté de rassemblement et la liberté d'expression. Il est important de reconnaitre que les revendications du peuple sont légitimes. Et c'est très important que le gouvernement y réponde positivement »191(*).

En rupture avec l'idée de D. CAMERON, W. HAGUE va plus loin et veut plus que des réformes, il demande le « départ » de H. MOUBARAK. Il indique : « le système doit changer ». Parlant de MOUBARAK, il ajoute : « c'est le moment pour lui de partir. Nous sommes ici pour montrer notre solidarité au peuple égyptien »192(*). Aussi, la Grande-Bretagne a invité le président MOUBARAK à organiser les élections dans le pays pour ainsi marquer la fin du régime193(*). La France n'a pas été en reste dans l'exercice des pressions.

Les pressions de la France.

Les pressions exercées par la France n'ont pas épousé le même canal dans les trois pays de l'Afrique du Nord touchés par le printemps arabe. Par le discours, elle s'illustre en Egypte où elle demande l'organisation des élections et des manifestations pacifiques.

En effet, en Egypte, la France ne s'est pas montrée très intéressée par la situation en cours. Le président N. SARKOZY a vaguement demandé que des élections soient organisées194(*). Il est intervenu le 02 février 2011 après l'annonce par H. MOUBARAK195(*) de ce qu'il ne sera pas candidat à l'élection prévue en septembre de la même année.  

A la suite du discours du président MOUBARAK, N. SARKOZY réitère son souhait qu'un processus de transition concret s'engage sans tarder et permette de répondre au désir de changement et de renouvellement exprimé avec force par la population196(*).

Le chef de l'Etat a aussi appelé tous les responsables égyptiens à tout faire pour que ce processus crucial se déroule sans violence. Liée à l'Egypte par une ancienne et profonde amitié, la France renouvelle son appui aux aspirations des Egyptiens pour une société libre, démocratique et diverse. Le chef de l'Etat annonce: « nous serons aux côtés de tous ceux qui entendent conserver un caractère pacifique et exemplaire à l'expression et à la satisfaction de ces attentes légitimes »197(*).Par cette déclaration, N. SARKOZY indique que son intérêt se trouve ailleurs. Il n'est pas forcément dans le départ de H. MOUBARAK. Ce qui l'intéresse c'est la paix, l'accès aux aspirations des peuples. Et c'est ce qu'il attend du régime de MOUBARAK. Pour lui peu importe celui qui est au pouvoir.

Les discours, les interpellations n'ont pas suffi pour faire tomber les régimes contestés du Maghreb, les puissances on dû recourir à d'autres moyens.

b- Les autres formes de pression.

Il s'agit ici de révéler les moyens non discursifs par lesquels les grandes puissances sont passées pour influencer les décisions de Ben ALI et de Hosni MOUBARAK et même pour accentuer la pression sur Mouammar KADHAFI. Parmi ces moyens, nous avons d'une part des mesures difficiles prises contre Ben ALI par la France et d'autre part, les négociations avec l'armée égyptienne faites par les Etats-Unis et la prise de décisions contre KADHAFI.

La prise de mesures contre Ben ALI par la France.

La prise de mesures contre Ben ALI est une véritable volte-face198(*) pour la France. Pour appuyer le mouvement de revendications qui a cours en Tunisie, elle décide de mettre la pression sur Ben ALI en bloquant ses fonds ainsi que ceux des membres de sa famille. Pour Raphaël HADDAD199(*), face à l'escalade répressive particulièrement inquiétante, « la France doit faire entendre sa voix »200(*). Ainsi elle, qui a longtemps soutenu Ben ALI, devait faire un choix entre voir les droits de l'Homme, valeur qu'elle promeut, être bafoués ou se résoudre à intimer à Ben ALI l'ordre de faire cesser les exactions sur le peuple.

Pour s'accorder avec ses valeurs, la France annonce prendre des dispositions pour bloquer administrativement tout mouvement financier suspect concernant des avoirs tunisiens dans le pays et demande au Tracfin, chargé de la lutte contre le trafic de capitaux, d'empêcher la fuite des avoirs financiers détenus en France par le président tunisien et ses proches201(*). La France qui ne condamne pas le dénouement de la situation voudrait par ce geste, apporter son soutien au peuple tunisien et garantir de l'argent pour la reconstruction de la Tunisie.

Elle a continué à mettre la pression sur Ben ALI, en permettant que la diaspora tunisienne établie en France apporte son soutien moral aux manifestations en cours à Tunis. Elle a permis l'organisation de marche de soutien à la révolution tunisienne sur son sol202(*).

Les autres formes de pression sur H. MOUBARAK et M. KADHAFI initiées par les Etats-Unis.

Pour mettre à mal le président H. MOUBARAK, les Etats-Unis ont décidé de l'isoler. Ils opèrent deux manoeuvres : la négociation avec l'armée et la préparation du vice-président à la succession.

- La négociation avec l'armée égyptienne

Placées entre le devoir de réserve et les appels provenant des différents acteurs politiques, les forces armées en Afrique ne peuvent pas rester insensibles aux convulsions sociopolitiques. Elles n'échappent pas aux luttes politiques inhérentes au processus de construction de l'Etat.203(*) S'appuyant sur cette réalité les Etats-Unis négocient avec l'armée égyptienne la stabilité en Egypte, avec en filigrane un intérêt sur lequel nous allons revenir. Car, parlant de l'Afrique et des Etats-Unis en relation, Jennifer SEYMOUR WHITAKER écrivait : « les occasions de proposer une protection militaire ne manqueront pas de se présenter d'un bout à l'autre du continent »204(*). Elle ajoute, « en répondant à des demandes spécifiques, il faut examiner certains critères. Le pays est-il important du point de vue des intérêts américains »205(*)?

Le gouvernement américain fait peser la réalité du financement206(*) que l'armée égyptienne reçoit de lui pour lui demander de laisser libre cours aux manifestations. Cela est un succès car l'armée a refusé de tirer sur les manifestants de la place Tahrir207(*), permettant ainsi le déroulement de manifestations pacifiques. Le président B. OBAMA a d'ailleurs félicité ce comportement208(*).

- La préparation d'Omar SULEIMANE à la succession de MOUBARAK

Pour s'assurer de la démission de MOUBARAK, les Etats-Unis négocient un plan pour celle-ci avec transmission du pouvoir au vice-président Omar SULEIMANE avec le soutien de l'armée209(*). Ils préparent ce dernier à assumer l'intérim en lui assurant leur assistance210(*).

Au sujet de Mouammar KADHAFI, le Président B. OBAMA signe un décret présidentiel dans la nuit du 25 au 26 février 2011, gelant les avoirs du colonel KADHAFI, de sa famille et de ses proches aux Etats-Unis211(*). Aussi, le Sénat adopte une résolution unanime pour condamner fermement les violations systématiques des droits de l'Homme en Libye212(*). Le Président B. OBAMA entend ainsi accroître les pressions sur KADHAFI pour que cessent les exactions sur les civils. Pour davantage mettre la pression sur les dirigeants en place les grandes puissances entrent en contact avec les rebelles.

2- L'établissement de relations diplomatiques entre les insurgés et les grandes puissances.

Les grandes puissances ayant choisi leur camp, elles se sont attelées à nouer avec les rebelles des contacts diplomatiques. Ceux-ci tournent autour de la nomination d'un nouvel ambassadeur dans le cas de la France en Tunisie (a) et de la reconnaissance du CNT en Libye par la France et les autres puissances (b).

a- La nomination d'un nouvel ambassadeur en Tunisie par la France.

Le président N. SARKOZY nomme un nouvel ambassadeur à Tunis le 26 janvier 2011 en la personne de Boris BOILLON213(*). Après les critiques essuyées par l'ambassade de France à Tunis pour son manque d'anticipation face à la « révolution de jasmin », Nicolas SARKOZY décide donc de nommer l'un de ses proches, pour reprendre les affaires en main214(*).

La mission qui l'attend est celle de renouer les liens entre le peuple tunisien et la France, perçue comme ayant trop longtemps cédé à la complaisance vis-à-vis du régime Ben ALI215(*). La France ne veut pas louper le coach dans la dynamique de reconstruction de la Tunisie. Elle accompagne la Tunisie dans sa marche vers la démocratie. Elle veut être aux premières loges c'est pourquoi un homme ayant une certaine maîtrise de la région est nommé ambassadeur à Tunis avant le 07 mars 2011, date de la mise sur pied d'un gouvernement de transition après la fuite de Ben ALI.

b- La reconnaissance du CNT en Libye.

Par la reconnaissance, un Etat prend position sur une situation ou un fait qui s'est produit en dehors de lui et dont il est disposé à tenir compte216(*). Dans cet élan, le cas libyen est le plus illustratif. La France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis n'ont pas hésité à prendre attache avec les autorités du CNT allant jusqu'à l'expulsion des ambassadeurs pro-KADHAFI au profit de ceux du CNT.

La reconnaissance du CNT libyen par la France.

En Libye, la France s'engage aux côtés des révolutionnaires et leur apporte son soutien. Dans une perspective de concurrence, elle met sur pied une stratégie qui lui permet de devancer les autres puissances. Elle recourt à des offensives diplomatiques217(*).

Le 10 mars, elle annonce reconnaître le Conseil National de Transition, qui réunit l'opposition au régime du colonel KADHAFI comme le seul « représentant légitime du peuple libyen »217(*). Cette reconnaissance du CNT libyen est la première en la matière. La France l'a faite de façon unilatérale, sans concertation avec ses partenaires européens218(*). Cette situation les a d'ailleurs stupéfaits219(*). Elle est la preuve que la France veut être devant toutes les autres puissances mondiales. De même, elle atteste son mépris vis-à-vis de M. KADHAFI, considéré comme interlocuteur indigne dans la crise que traverse la Libye. Pour les dirigeants du CNT, la France est leur soutien le plus important220(*) et ceci sera pris en compte dans l'octroi des marchés. Afin certainement de ne pas être délaissée lors de cette attribution, la Grande-Bretagne n'est pas indifférente.

La reconnaissance du CNT en Grande-Bretagne.

La Grande-Bretagne fait un grand geste à l'endroit du CNT libyen. Elle le reconnait comme partenaire de dialogue. Dans cet élan, elle expulse de l'ambassade libyenne à Londres les diplomates pro-KADHAFI au profit de ceux du CNT221(*), marquant ainsi son adhésion totale au combat mené par ce dernier.

Dans la foulée, le chef de la diplomatie britannique, William HAGUE, convie à Londres, le (CNT), porte-parole des insurgés, pour une conférence internationale annoncée comme décisive222(*).

La reconnaissance du CNT par les Etats-Unis.

En vue de caractériser la reconnaissance du CNT, Barack OBAMA établit des liens diplomatiques avec ses autorités. En mars 2011, il nomme un représentant auprès de cette institution223(*). Cette nomination permet à cette dernière de se sentir reconnue et investie du pouvoir légitime de parler au nom des Libyens.

Les pressions sur les dirigeants ainsi que l'établissement de relations diplomatiques avec les rebelles ont entamé les jeux des grandes puissances, elles les ont poursuivis à travers des appuis multiformes.

A- Les appuis logistiques, financiers, économiques et militaires aux rebelles.

Dans le cadre du printemps arabe, nous présenterons, les appuis logistiques (1) puis les soutiens financiers et économiques (2) et enfin militaires (3) que les grandes puissances ont apportés aux rebelles.

1- Les appuis logistiques

Les grandes puissances se sont engagées à fournir des formations (a) du matériel (b) aux rebelles (c).

a- Les offres de formation aux rebelles par les Etats-Unis : le cas des blogueurs égyptiens.

Les Etats-Unis s'illustrent par un nombre impressionnant de formations qualitatives ayant eu un apport déterminant dans la conduite du printemps arabe. Mohammad-Mahmoud OULD MOHAMEDOU224(*), citant Ron NIXON225(*), rapporte à cet effet que le New York Times présente l'action des think tanks américains, oeuvrant dans le monde arabe tels Freedom House, le National Democractic Institute et le National Endowment for Democracy, comme ayant contribué à façonner les révolutions. Nous relevons la plus saillante qui est la formation des dissidents égyptiens à l'usage de l'informatique.

Pour Ahmed BENSAADA, parlant du printemps arabe, « il est clair que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont fait cette révolution, mais il n'en demeure pas moins que ce sont eux qui ont accompagné et encadré les principaux activistes que ce soit en Tunisie, en Egypte et  dans les autres  pays arabes à travers leur formation»226(*). Il analyse tout au long de son ouvrage227(*), qui a prêté à cet article son titre, le lien entre les dirigeants de Twitter, Facebook et Google et l'administration américaine ainsi que leurs rôles. La stratégie adoptée par les Etats-Unis a été de faciliter les mouvements au moyen de sessions de formation.

Selon Eric DENECE228(*), ces révolutions ne sont pas spontanées, car dès 2007-2008, des conférences organisées sous l'égide d'ONG américaines, comme Freedom House, l' International Republican Institute ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont créé un contexte favorable aux révolutions. Déjà, l'action des ONG américaines nourrit ce projet.

Celles-ci, financées par des fonds publics et privés américains font partie d'une politique concertée pour une implantation plus solide des Etats-Unis au Moyen-Orient et en Afrique du Nord229(*). Le gouvernement américain dépense chaque année plus d'un milliard et demi de dollars au titre des programmes liés à la promotion de la démocratie dans le monde230(*).

Dans la même veine que l'idée traduite par E. DENECE, une autre source231(*) indique que les Etats-Unis ont créé les conditions pour le printemps arabe et le suivent tout en assurant le service après vente. Un document rendu public par un think tank américain révèle que le « printemps arabe » est loin d'être un mouvement spontané de populations avides de changements politiques, mais bel et bien une reconfiguration mûrement réfléchie et orchestrée par l'administration américaine232(*). L'administration d'OBAMA assure même « le service après-vente » de « ces révolutions » qui participent à remodeler le « Grand Moyen-Orient » selon la vision américaine. Un bureau de coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient a été créé en septembre 2011. William B. TAYLOR a été nommé à sa tête233(*). Selon le rapport du département d'Etat, le bureau du coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient coordonne l'assistance du gouvernement américain « aux démocraties naissantes » dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et donc en Egypte, en Tunisie et en Libye234(*). Les Etats-Unis entendent ainsi s'assurer que tout est bien fait.

De même, une synergie est née entre les acteurs publics et les acteurs privés des Etats-Unis, les uns assistés ou financés par les autres. Pour Ali FARES235(*), « les révolutions arabes ont été concoctées dans les laboratoires d'organisations américaines ». Les ONG américaines ont apporté un grand soutien aux cyber-activistes du Printemps arabe. Salem BENNAMAR236(*) le dit en s'interrogeant : « qui saurait nier enfin le soutien logistique des ONG américaines aux cyber activistes du Printemps arabe  » ?

On découvre, les cycles de formation, organisés par certaines institutions américaines, financées par le gouvernement fédéral ou par des fondations secrètes, et dont des jeunes arabes ont bénéficié, sur la thématique de « Mobilisation non violente des foules à travers internet et les réseaux sociaux ». Le géant américain de l'informatique, Google, a fourni les codes secrets nécessaires pour contourner le blocage d'internet en Egypte où le symbole de la mobilisation n'est autre que Wael GHONIM, loin d'être un simple activiste mais aussi et surtout le représentant de Google au Moyen-Orient. Il aurait pu être licencié, ce qui n'a pas été le cas, preuve que Google, s'il fallait encore le prouver, soutient les revendications. Notons que internet a été un moteur de rassemblement très puissant d'où le nom de baptême donné à ces révolutions par certains auteurs à savoir : « révolutions 2.0 »237(*).

Ces soutiens internationaux en particulier l'alliance américaine ont contribué au succès de la révolution égyptienne. Khamis et Vaughn estiment, par exemple, que les NTIC ont été pour beaucoup dans la réussite du soulèvement du 25 janvier 2011238(*). Les cyber-activistes dont la plupart a été, formée aux Etats-Unis ou dans les universités américaines du Caire, ont réussi, par leur publication sur internet, à former la position officielle des Etats-Unis la faisant basculer en faveur des manifestants au détriment du pouvoir en place. C'est du moins ce que pense Marc LYNCH pour qui ce soutien diplomatique aux manifestants est l'exemple le plus spectaculaire de l'effet des nouveaux médias sur les changements politiques dans la région239(*). Egalement, au service des dissidents on a l'action d'un homme, Alec ROSS240(*) qui est qualifié de « l'homme qui twitte les révolutions ». Son action confirme, si besoin était, l'assistance cybernétique apportée par le gouvernement américain aux dissidents arabes241(*).

b- La fourniture du matériel de guerre aux insurgés par la France et les Etats-Unis.

La France s'est attelée à aider les insurgés libyens en leur fournissant du matériel de guerre. Après avoir reconnu le CNT qui la considère comme son soutien le plus important, la France, pour faciliter la tâche aux rebelles, sous couvert de fret humanitaire, fournit des canons de 105 mm et des batteries antiaériennes à ceux-ci. Cette fourniture s'est accomplie en réalisation d'une promesse du président SARKOZY242(*).

De leur côté, les Etats-Unis se sont engagés à fournir pour 25 millions de dollars d'équipements « non létaux » aux rebelles libyens (uniformes, tentes, etc.). C'est ce qui ressort d'une lettre envoyée au Congrès par le Président B. OBAMA243(*). Cette fourniture d'équipements devait certainement permettre aux rebelles de mieux se camoufler.

2- Les soutiens financiers et économiques.

Les soutiens financiers et économiques ont été apportés par le Grande-Bretagne (a) et les Etats-Unis (b).

a- Le soutien financier de la Grande-Bretagne pour le développement du système judiciaire.

En visite en Tunisie, William HAGUE, saluant la volonté de liberté du peuple a annoncé la création d'un partenariat, « the Arab Partnership Initiative », débloquant des fonds à hauteur de £5 millions pour aider la région à développer son système judiciaire, la liberté d'expression et la démocratisation des institutions244(*).

b- Le soutien économique des Etats-Unis.

Les Etats-Unis, par la voix de leur président lors de son discours du 19 mai 2011 sur les printemps arabes annonçaient un changement subtil dans l'orientation de la politique étrangère américaine à l'égard du Moyen-Orient. Les Etats-Unis allaient désormais cesser de tenter d'imposer la démocratie par le haut, constatant l'échec de la politique de « changement de régime » en Irak, afin de soutenir les mouvements citoyens qui exigent des réformes démocratiques245(*). Considérant que les mouvements populaires à la base des révoltes en Tunisie et en Egypte avaient été amorcés par des citoyens ordinaires, le président annonçait une série de mesures économiques bilatérales et multilatérales, qui ont rapidement reçu le sobriquet de « Plan Marshall pour le Moyen-Orient », pour tenter d'aider économiquement ces pays246(*). Ce plan d'aide internationale est composé d'initiatives de stabilisation économique, de développement d'entrepreneuriat privé et de libre-échange. L'objectif de Washington étant d'assister ces transitions et permettre l'émergence de cette démocratie en l'aidant à se doter de bases plus solides247(*).

Ensuite, les Etats-Unis allaient offrir des mesures pour aider l'Egypte à réduire sa dette extérieure afin d'encourager la transition vers la démocratie. Pour ce faire, le président américain s'engageait à alléger la dette égyptienne envers les Etats-Unis d'un milliard de dollars248(*). L'administration américaine a en effet décidé d'effacer un milliard de dollars de la dette égyptienne, dont l'ardoise totale vis-à-vis de Washington s'élève à 3 milliards. Elle a également apporté son soutien à un prêt de 4,8 milliards de dollars, en cours de négociation avec le Fonds Monétaire International. L'objectif officiel pour Washington étant de «favoriser la transition démocratique»249(*).

Il ressort aussi des constats que les Etats-Unis comptent travailler avec la Banque Européenne pour le Développement et la Reconstruction pour fournir le même type de soutien aux transitions démocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord que celui qui avait été offert pour les pays d'Europe de l'Est250(*).

Les P3 ne se sont pas arrêtées là, elles sont allées jusqu'à l'assistance tactique.

3- Les appuis militaires.

Les appuis militaires ont été déterminants dans l'issue du printemps arabe. En Libye, les puissances ont été d'une assistance indéniable, voire décisive, pour la chute du guide libyen Mouammar KADHAFI. La France (a), les Etats-Unis (b) et la Grande-Bretagne (c) n'ont pas manqué l'occasion de se rapprocher des insurgés, ceci indépendamment de leurs actions sous la bannière de l'OTAN.

a- Les appuis militaires de la France.

La France a soutenu les insurgés libyens s'engageant avant l'harmonisation des actions sous le couvert de l'OTAN dans une opération militaire dénommée « opération Harmattan »251(*). Elle se révèle par une forte présence au sol de ses militaires252(*). A cet effet, « il a fallu prendre des libertés avec la loi internationale »253(*), estime Nicolas SARKOZY. Cette prise de liberté n'est pas surprenante lorsqu'on sait que, « les acteurs d'un conflit transgressent toujours les règles du jeu »254(*). Concrètement sur le terrain, cette présence permet un soutien à la coordination des actions des insurgés.

Après le vote de la résolution 1973, quand le commandement des opérations est remis à l'OTAN, la France décide de coordonner les opérations des insurgés. L'Elysée promet le 20 avril 2011 d'apporter un réconfort aérien aux rebelles et annonce l'envoi des conseillers militaires auprès d'eux255(*). Cette promesse a été concrétisée par l'envoi des officiers de liaison chargés d'aider les combattants à coordonner leurs opérations et même de plusieurs instructeurs devant prodiguer des conseils d'ordre technique et logistique aux insurgés. Aussi, au cours de la crise libyenne, on note « l'envie de la France de garder l'initiative du dossier »256(*)surtout que les Etats-Unis ont commencé à préparer une intervention militaire fin février 2011.

La France est totalement engagée aux côtés des rebelles d'autant plus que M. KADHAFI oppose une véritable résistance. Malgré la pluie de missiles et de bombes, le système KADHAFI n'est pas tombé comme le fruit annoncé257(*). Pourtant, la France prédisait que les rebelles avanceraient rapidement jusqu'à Syrte, la ville natale du Guide, et que tout cela contraindrait KADHAFI à partir très vite258(*). Il avait galvanisé les siens en leur lançant : « même si vous n'entendez pas ma voix, poursuivez la résistance »259(*). Pour se garantir les services de ses sympathisants, Mouammar KADHAFI leur a promis des récompenses afin que perdure la résistance. «Les plus jolies filles», telle est la promesse qu'il leur a faite, s'ils continuent le combat260(*). Fort de toute cette résistance la France ne se soucie point du coût de cet engagement. Son Ministre de la défense précise à cet effet: « (...) ça coûtera beaucoup moins cher que le déshonneur de voir un peuple se faire massacrer »261(*).

Ainsi, des conseillers militaires français, dont le nombre a été évalué par l'état-major des armées à «quelques dizaines», se sont trouvés en Libye. Ceux-ci « assurant la liaison pour les affaires militaires avec le CNT»262(*), a indiqué le porte-parole de l'état-major français. Les Etats-Unis ont tenu à se manifester aussi.

b- Les appuis militaires des Etats-Unis aux insurgés libyens.

Un rapport du CIRET-AVT et du CF2R263(*) révèle que le président OBAMA a signé en avril 2011 un mémorandum secret permettant de conduire des opérations clandestines en Libye. Ces opérations ont été menées par la CIA pour rentrer en contact avec les insurgés et guider les frappes. Les Etats-Unis n'ont par ailleurs pas exclu de possibles livraisons d'armes aux rebelles263(*).

Avant même que la résolution 1973 ne soit votée, les Etats-Unis positionnent des forces navales et aériennes autour de la Libye264(*). Le 28 février 2011, ils annoncent le déploiement d'un groupe aéronaval comprenant le USS Enterprise et le USS Kearsarge265(*) au large des côtes libyennes au moment où les puissances occidentales envisagent la possibilité d'une intervention militaire contre le régime de KADHAFI. Ils finissent par lancer l'opération « Odissey Dawn »266(*) qu'ils abandonneront au profit de l'opération que conduira l'OTAN.

Les Etats-Unis ont également envoyé un citoyen américain qui a coordonné les opérations des rebelles depuis Benghazi. Il s'agit du Général HAFTAR, un refugié libyen aux Etats-Unis qui a obtenu la citoyenneté américaine267(*). Il a été nommé dès son arrivée à Benghazi en mars 2011, chef des forces terrestres par le CNT et a participé activement à la guerre contre les forces de KADHAFI. Dans les jours qui précédèrent son départ pour Benghazi, il avait été contacté par l'ambassadeur américain en Libye, Gene CRETZ qui séjournait à Washington depuis janvier ainsi que par des agents de la CIA268(*).

c- L'aide aux renseignements apportée par la Grande-Bretagne aux insurgés libyens.

La Grande-Bretagne a dépêché des agents sur le terrain afin que ceux-ci rapportent des informations sur les positions des troupes du colonel KADHAFI269(*). Il importe de relever que quelques fois ces opérations ont mal tourné. C'est ainsi que huit personnes envoyées pour ce service ont été arrêtées et interrogées par les rebelles avant que le gouvernement britannique n'intervienne pour ordonner leur extraction par hélicoptère270(*).

Si les puissances très actives ont mené des actions qui sont similaires, il en est de même pour les moins actives.

* 132 ELIAS (N), op.cit., p.157.

* 133 Ibid., p. 155.

* 134 « Elle peut avoir pour objet pour un Etat ou un groupe d'Etats d'amener les autres acteurs à agir en conformité avec ses intérêts, principes et valeurs, soit en instaurant un ordre international (ou des normes) qui encadrent ou orientent leurs actions, soit en instaurant les conditions d'une communauté objective de vues ou d'intérêts », COURMONT Barthélémy, NIQUET Valérie et NIVET Bastien, « Quelle évolution de la notion de puissance et de ses modes d'action à l'horizon 2030, appliquée aux Etats-Unis, à l'Europe et à la Chine ? », IRIS, 2004, p. 17-18.

* 135 Les Etats-Unis ont, par exemple, été très critiqués pour leur intervention en Irak en 2003. C'est pourquoi ils se veulent très prudents.

* 136 On les a vues en Irak, en Afghanistan et au Kosovo à titre illustratif.

* 137 James ROSENAU appréhende l'intervention comme l'action d'un acteur international dont la forme altère significativement les formes de relations préexistantes. ROSENAU James, « Intervention as a scientific concept », The Journal of Conflict Resolution, 13 (2) juin 1969.

* 138BADIE Bertrand, Un monde sans souveraineté : Les Etats entre ruse et responsabilité, Paris, Fayard, 1999.

* 139 Par rebelles, nous entendons des personnes qui refusent l'autorité et se soulèvent contre celle-ci, Dictionnaire Larousse.

* 140«  L'unilatéralisme désigne le choix d'un Etat de prendre ses décisions et d'agir seul, sans concertation avec ses alliés ni négociation avec l'adversaire et quelque fois au mépris de celui-ci. » SMOUTS (M.C.), et al. op.cit, p. 532.

* 141 Au sens de Hans MORGENTHAU, « l'emprise d'un acteur sur l'esprit et les actions des autres », cité par SMOUTS (M.C.), et al. op.cit., p. 446.

* 142 ONUF Nicholas, World of our making : Rules and Rule in social theory and international relations, Columbia, university of south Carolina press, 1989.

* 143 On peut citer le multipartisme, l'alternance au pouvoir, la liberté d'expression, les élections libres, régulières et transparentes etc.

* 144 WENDT Alexander, «Anarchy is what states make of it: the social construction of power politics», International Organization, vol. 46, n°2, 1992, p. 391-425 et voir aussi JEPERSON Ronald , WENDT Alexander, KATZENSTEIN Peter, «Norms, Identity, and Culture in National Security», dans KATZENSTEIN Peter, The Culture of National Security, New York, Columbia University Press, 1996.

* 145 SAWADOGO Poussi, « Dynamiques africaines 2011 : le retour de l'Histoire », Revue Défense Nationale, octobre 2011, p. 1.

* 146 Les fenêtres d'opportunités constituent un des éléments importants de l'approche constructiviste. Voir WILGA Maciej, « Le constructivisme dans le domaine de l'intégration européenne », dans L'Europe en formation N°322, automne 2001.

* 147 HUNTINGTON Samuel, «Why International Primacy Matters», International Security, printemps 1993, p. 83.

* 148 COURMONT (B.) et al., op. cit., p. 25.

* 149 TESSIER Manon et FORTMANN Michel, « Les Etats-Unis : mutation d'une superpuissance dans l'après guerre froide », Revue internationale et stratégique, n° 41, printemps 2001, p. 170.

* 150 COURMONT (B.) et al., op. cit., p. 28.

* 151 En Tunisie, Ben ALI a cédé aux injonctions de Hillary CLINTON.

* 152 « Washington critique le gouvernement tunisien », Radio Canada International, 07 janvier 2011 en ligne, consulté le 22 mars 2013.

* 153 Ibid.

* 154 http:// stade7- tunisie.over-blog.com

* 155 « La souveraineté signifie qu'à l'extérieur, l'Etat ne reconnait aucune autorité au dessus de lui ; tous les Etats sont égaux au regard du Droit International. » SMOUTS (M.C.), et al. op.cit., p. 510.

* 156 « La Tunisie convoque l'ambassadeur des Etats-Unis », AFP, 10 janvier 2011.

* 157 « La Tunisie convoque l'ambassadeur des Etats-Unis », op. cit.

* 158 Le beau-frère du président Ben ALI et responsable de la Télévision nationale tunisienne.

* 159 « Tunisie : la véritable nature du régime de Ben ALI » publié sur Nawaat.fr le 13 janvier 2011, consulté le 25 janvier 2014.

* 160 Ibid.

* 161 Hillary CLINTON, interview accordée à la chaine al-Arabiya diffusée le 11 janvier 2011.

* 162 A cet effet, en guise de signification de mécontentement, la Tunisie a convoqué l'ambassadeur américain en Tunisie. Elle a exprimé, par ailleurs, son étonnement face aux allégations sans fondement de blocage de l'accès aux sites sociaux d'Internet en Tunisie.
Elle dit s'employer à promouvoir l'Internet et à faire des technologies de l'information et des communications un levier important du développement global du pays. L'accès aux réseaux sociaux est libre et ouvert à tous en Tunisie. Elle conclut que pour les hackers interpellés qui ont attaqué de nombreux sites tunisiens, tous ont déjà été libérés à l'exception de deux qui ont été inculpés par le procureur de la république et déférés devant la justice, pour tentative de destruction délibérée de sites électroniques officiels tunisiens.

* 163 Communication officielle de Barack OBAMA sur le site de la Maison Blanche, 14 /01/2011

* 164 Les revendications ont débuté au Caire le 25 janvier 2011, jour déclaré « journée de la colère » contre la torture, la corruption et le chômage.

* 165 Source : BAUMANN Nick et MAHANTA Siddhartha « What's happening in Egypt explained» publié le 23 février 2011 sur Nawaat.fr, consulté le 25 mars 2013.

* 166 Ibid.

* 167 « Les événements en Egypte sont profondément inquiétants selon les Etats-Unis », Le Point publié le 28 janvier 2011.

* 168 « Hillary CLINTON : l'Egypte doit respecter les droits de ses citoyens et engager des réformes », Le Nouvel Observateur publié le 28 janvier 2011.

* 169 BAUMANN (N) et MAHANTA (S) op.cit..

* 170 Ibid.

* 171 CNN, 30 janvier 2011.

* 172 Ibid.

* 173 Citation de Joseph GOEBBELS, Ministre du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande sous le Troisième Reich de 1933 à 1945, cité par DOUNKENG ZELE Champlain, Cours d'Analyse du discours politique, Master II Science Politique 2011-2012.

* 174 BAUMANN (N) et MAHANTA (S) op.cit.

* 175 Ibid.

* 176 The New York Times du 02 février 2011.

* 177 R. GIBBS cite par BAUMANN (N) et MAHANTA (S) op.cit.

* 178 Ibid.

* 179GOUTALI Amine, « Egypte : les manifestants persistent, MOUBARAK résiste », publié dans Horizons le 07 février 2011.

* 180 Barack OBAMA cité par LABEVIERE Richard, « Printemps, été et automne arabes. Révolutions et contre-révolutions post-globales », dans La Revue internationale et stratégique 83 automne 2011, p. 78.

* 181 ENNAHAR, « MOUBARAK s'accroche au pouvoir malgré la pression », publié le 05 février 2011 sur Nawwat.fr, consulté le 25 mars 2013.

* 182 Communiqué de la Maison Blanche du 10 février 2011.

* 183 Voir le journal Le Monde du 21 février 2011.

* 184 Enfin parce que jusqu'à cette date, il observait juste et son silence lui a été reproché par le New York Times.

* 185 Voir journal Le Monde du 23 février 2011.

* 186 Hilary CLINTON, le 13 juin 2011 à l'occasion de sa visite à la commission de l'Union Africaine à Addis-Abeba.

* 187 Ibid.

* 188 Voir Cameroon Tribune du 03 février 2011, p. 30.

* 189 Communication publiée par les services du Premier Ministre à Downing Street, le 28 janvier2011.

* 190 Communication publiée par les services du Premier Ministre à Downing Street, op. cit.

* 191 Ibid.

* 192 Ibid.

* 193 Cameroon Tribune du 31 janvier 2011, p. 30.

* 194 Cameroon Tribune du 31 janvier 2011, op. cit.

* 195 H. MOUBARAK s'est exprimé le 1er février 2011.

* 196 Source : Le Point.Fr, publié le 02 février 2011.

* 197 Ibid.

* 198 Nous parlons de volte-face parcequ'au début de la crise tunisienne la France a soutenu Ben ALI.

* 199 HADDAD Raphaèl, « Tunisie, pourquoi est-il urgent que la France s'implique davantage ? », AFP, 11 janvier 2011.

* 200 Ibid.

* 201 « Paris prêt à bloquer les comptes du clan Ben Ali en France », AFP/Le Monde, 15/01/2011, article en ligne, consulté le 25 mars 2013.

* 202 http://rebellyon.info/A-Lyon-manifestation-de-soutien-html.

* 203 RABENIRAINY Jaona, « Les forces armées et les crises politiques », Politique Africaine n°86, juin 2002, p. 86.

* 204 WHITAKER SEYMOUR Jennifer, Les Etats-Unis et l'Afrique, Paris, éditions Karthala, 1981, p. 172.

* 205 Ibid., p. 187.

* 206 Plus de 2 milliards de dollars par an : Le figaro.fr, consulté le 20 mars 2012.

* 207 Cameroon Tribune du 03 février 2011, p. 30.

* 208 Ibid.

* 209The New York Times du 03 février 2011.

* 210 Ibid.

* 211 INDYK Martin S., LIEBERTHAL Kenneth G., O'HANLON Michael E., Bending History: Barack Obama's Foreign Policy, Washington DC, The Brookings Institution Press, 2012, p. 158-159.

* 212 BAUMANN (N) et MAHANTA (S) op.cit.

* 213C'est un arabisant, bon connaisseur du Maghreb et du Moyen-Orient. Il a travaillé à Mascate, à Alger et à Jérusalem en tant que Consul général adjoint. En mai 2007, il est nommé à l'Elysée au poste de conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient.

* 214 BARLUET Alain, « Boris BOILLON nommé ambassadeur à Tunis » publié le 26/01/2011 sur Le Figaro.fr, consulté le 20 mars 2012.

* 215Ibid.

* 216 SMOUTS (M.C.), et al., op.cit., p. 461.

* 217 DEMESMAY Claire et SOLD Katrin, « Réactions au printemps arabe, à la recherche du plus petit dénominateur commun », dans Politique étrangère et de sécurité, 2012, p. 73.

* 217 «  Libye : les forces pro-Kadhafi auraient repris Ras Lanouf » [  archive], sur Le Figaro, 10 mars 2011.

* 218 DEMESMAY (C) et SOLD (K) op.cit., p. 73.

* 219 « Libye : un avenir incertain », Compte-rendu de mission d'évaluation auprès des belligérants libyens, Paris mai 2011 réalisé par le CIRET-AVT et le CF2R, p. 37.

* 220 Ibid.

* 221 Voir Cameroon Tribune du 29 juillet 2011, p. 32.

* 222 Ibid.

* 223 Voir le journal Le Monde du 11 mars 2011.

* 224 MOHAMEDOU OULD Mohammad-Mahmoud, « La démocratie arabe au regard du néo-orientalisme », La Revue Internationale et Stratégique N° 83, Automne 2011, p. 86.

* 225 NIXON Ron, «U.S. groups helped nurture Arab uprisings» The New York Times, 14 avril 2011.

* 226BENSAADA Ahmed, « Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe » source :Source : http://www.elwatan.com/actualite/canada-parution-d-un-essai-sur-le-role-des-etat-unis-dans-le-printemps-arabe-20-04-2011-121362_109.php, consulté le 22 mars 2013.

* 227 BENSAADA Ahmed, Arabesque Américaine: Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe, Alger, édition SYNERGIE, 2012.

* 228 DENECE (E) op.cit.

* 229 GUILMAIN Olivier, « L'influence des ONG américaine sur le printemps arabe ; l'exemple de la National Endowment for Democracy » in DENECE (E.) (dir.), La face cachée des révolutions arabes op.cit. pp.385-414.

* 230 Ibid., p. 385.

* 231 BAKER Sonia, « Le document qui prouve que le printemps arabe a été provoqué par les Etats-Unis », publié sur le site de Comité Valmy, consulté le 14 juin 2014.

* 232 Ibid.

* 233 Ibid.

* 234 BAKER (S.), op. cit.

* 235 FARES Ali, « La face cachée des révolutions arabes. Les révoltes arabes ont chacune leur propre dynamique », Liberté du 10 janvier 2013.

* 236« La pax americana et les révolutions du printemps arabe ou la face cachée de ces révolutions » publié par Dr Salem BENNAMAR le 21 novembre 2011 sur Le Parisien.fr, consulté le 20 juillet 2013.

* 237 HUYGHE François-Bernard (Dir) « Facebook, twitter, al- jazeera et le « printemps arabe », IRIS, 04 Avril 2011, p. 1.

* 238KHAMIS Sahar and VAUGHN Katherine, « Cyberactivism in the Egyptian revolution: how civic engagement and Citizen journalism titled the balance », Arab Media and Society N° 13, 2011, cité par SAADA Julien « Printemps arabe et révolution de l'information, le poids des nouvelles technologies dans les relations internationales », Chaire Raoul-Dandurand, décembre 2013, p. 28.

* 239 LYNCH Marc, «After Egypt : the limits and promise of online challenges to the authoritarian arab state», Perspectives on Politics, 2011, pp 301-310.

* 240 C'est un jeune conseiller d'Hillary CLINTON. Il est à la tête du service de l'innovation, le pole « nouvelles technologies » au département de la défense.

* 241 PEYRY Yves-Marie et CHARRET Alain, « ONG et réseaux sociaux au coeur des révolutions arabes » dans DENECE Eric (dir.), La face cachée des révolutions arabes, op.cit., p. 415.

* 242 Relevé de Le canard enchainé cité dans Libye : un avenir certain op.cit.

* 243 « Libye, Washington veut envoyer des équipements aux rebelles », The Guardian du 21 avril 2011 publié sur LeMonde.fr consulté le 02 août 2014.

* 244 « Royaume-Uni-révolutions arabes : après le déluge, moi ! » Article publié le 23-02-2011 par Marie Billon pour France 24, consulté le 20 mars 2014.

* 245 ALAOUI Alexandre, « L'aide internationale américaine envers les pays du printemps arabe : quel bilan peut-on en tirer jusqu'ici ? » Chronique Etats-Unis, Chaire RAOUL-DANDURAND, MARS 2013.

* 246 Ibid.

* 247 Ibid.

* 248 Ibid.

* 249 PICARD Maurin, « Washington veut conserver l'Egypte dans son giron », Le Figaro, 04 septembre 2012.

* 250 PICARD (M.), op.cit.

* 251 RAZOUX Pierre (Dir), « Réflexions sur la crise libyenne », Etudes de l'IRSEM 2013-N° 27.

* 252 Ibid.

* 253 Nicolas SARKOZY, propos rapportés par AÏT AKDIM Youssef et TILOUINE Joan, « Libye : fallait-il reverser KADHAFI ? », publié le 26 août 2014 sur Jeune Afrique.com, consulté le 24 octobre 2014.

* 254 CALAS Bernard, « Introduction à une géographie des conflits... en Afrique », Les Cahiers d'Outre-mer [En ligne], 255 | Juillet-Septembre 2011, mis en ligne le 01 juillet 2011, Consulté le 20 février 2012, p. 300.

* 255 LEYMARIE Philippe « L'OTAN dans l'engrenage libyen », dans Manière de voir, avril-juin 2011, p. 17.

* 256 ROEHRIG (B.), op.cit.

* 257 LEYMARIE (P.), op. cit., p. 16.

* 258 JAUVERT Vincent, « Libye, les ratés d'une guerre française », op.cit.

* 259 Source : « LIBYE. Kadhafi veut lancer une "guérilla" pour combattre les rebelles », Le Nouvel Observateur, 02 septembre 2011.

* 260 SAKKAI Kahina, « Kadhafi, ses partisans et les plus jolies filles », Reuters, 13 septembre 2011.

* 261 AFP, 05 avril 2011.

* 262 Source : le figaro.fr consulté le 24 mai 2014.

* 264 Libye : un avenir incertain... op.cit.

* 263 LEYMARIE (P.), op. cit., p. 17.

* 264 AFP : « Un navire militaire américain se rapproche de la Libye », Le Parisien, 1er Mars 2011.

* 265 Ibid.

* 266 RAZOUX (P) op.cit., p. 30.

* 267HAUSLOHNER Abigail et KOUDDOUS Sharif Abdel, « Khalifa Hafter, the ex-general leading a revolt in Libya, spent years in exile in Northern Virginia », The Washington Post, 19 mai 2014, http://www.washingtonpost.com/world/africa/rival-militias-prepare-for-showdown-in-tripoli-after takeover-of-parliament/2014/05/19/cb36acc2-df6f-11e3-810f-764fe508b82d_story.html, consulté le 24 octobre 2014.

* 268 BENGALI Shashank, « Libyan rebel leader with U.S. ties feels abandoned », McClatchy DC, 12 avril 2011, http://www.mcclatchydc.com/2011/04/12/112071/libyan-rebel-chief-with-us-ties.html, consulté le 24 octobre 2014.

* 269 Libye : un avenir incertain... op.cit., p. 33.

* 270 Ibid.

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