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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

( Télécharger le fichier original )
par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

Disponible en mode multipage

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L'EVOLUTION DES POLITIQUES AGRICOLES ET LEUR INCIDENCE SUR L'ECONOMIE CAMEROUNAISE DE L'INDEPENDANCE A L'ERE DE LA MONDIALISATION

(1960-2014)

Mémoire présentée en vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de l'Enseignement Secondaire deuxième grade (DI.P.E.S II)

Par

Arsène Guy Davy Meba

Licenciée en Histoire

Sous la direction du

Pr. Robert Kpwang

Professeur

Année académique 2013 / 2014

SOMMAIRE

SOMMAIRE Erreur ! Signet non défini.

DEDICACE i

LISTE DES TABLEAUX iii

LISTE DES PHOTOS iv

LISTE DES GRAPHIQUES ET CARTES v

LISTES DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES vi

RESUME viii

Table des matières 178

DEDICACE

A

Mon fèreMba Eyi Cyrille de regretté mémoire

REMERCIEMENTS

Ce travail est loin d'être le fruit des efforts d'un seul individu ; mai la combinaison des forces morale, intellectuelle et matérielle de plusieurs personnes. C'est ici l'occasion pour nous de leur exprimer notre reconnaissance et nos remerciements pour tous les efforts consentis à sa réalisation.

Nous témoignons d'abord notre profonde gratitude au Professeur Robert Kpwang qui, en dépit de ses nombreuses responsabilités,a accepté diriger ce travail.

Notre reconnaissance va également à l'endroit de tous les enseignants des départements d'Histoire de la Faculté des Arts,Lettres et Sciences humaines(FALSH) et ceux de l'Ecole Normale Supérieure de l'Université de Yaoundé I,qui ont assuré notre formation.

Nos remerciements s'adressent aussi à tous nos informateurs, qui n'ont pas manqué la manifestation de leur disponibilité à répondre à toutes nos questions, et ils nous ont une fois de plus facilité la compréhension de ce sujet.

Au Dr Ella Jean-Gothare, Eyi Eyi Alfred Basile, Ndong Eyi Raymond Pascal, Ondo Eyi Christophe pour leur soutien financier.

A Mme Ezeme Eyi,Eto'oMinko Fabrice, Ntyam Josiane, Atyam Mireille, Ezeme Eyi Marilyne et toute la famille Eyi Ndong Daniel pour leur soutien morale.

A tous ceux qui ont contribué à l'édification de ce travail et que nous n'avons pas pu citer, recevez l'expression de notregratitude

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES PHOTOS

LISTE DES GRAPHIQUES ET CARTES

LISTES DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES

ACP

:

Afrique Caraïbes Pacifique

AFD

:

Agence Française pour le Développement

ASPPA

:

Appui aux Stratégies Paysannes et à la Professionnalisation de l'Agriculture

AVZ

:

Agent Vulgarisateur de Zone

BCD

:

Banque Camerounaise de Développement

BIRD

:

Banque Internationale pour laReconstruction et le Développement

BM

:

Banque Mondiale

CAC

:

Crédit Agricole du Cameroun

CAMCULL

:

Cameroon Cooperative Credit Union Ligue

CAMSUCO

:

CameroonSugarCompagny

CDC

:

CameroonDevelopment Corporation

CEMAC

:

Communauté Économique et Monétaire d'Afrique Centrale

CENADEC

:

Centre National de Développement Coopératif

CENEEMA

:

Centre d'Etude et d'Expérimentation du Machinisme Agricole

CIFOR

:

Center for International Forestry Research

CIRAD

:

Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement

COBAC

:

Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

CRA

:

Centres De Recherches Agronomiques

DSCE

:

Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi

DSDSR

:

Document de Stratégie du Développement du Secteur Rural

DSRP

:

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

ENSSAI

:

École Nationale Supérieure des Sciences Agro-industrielles

FAO

:

Food and Agriculture Organization

FASA

:

Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles

FASR

:

Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée

FIMAC

:

Financement des Micro-réalisations Agricoles et Communautaires 

FMI

:

Fond Monétaire International

FONADER

:

Fond National de Développement Rural

FONDAOR

:

Fonds d'appui aux Organisations Rurales

GIC

:

Groupement d'Intérêt Commun

HEVECAM

:

Hévéa du Cameroun

IFI

:

Institues Financières Internationales

IMF

:

Institutions de Micro Finance

IPPTE

:

Initiative Pays Pauvre Très Endettés

IRA

:

Institut de Recherche Agronomique

IRAD

:

Institut de Recherche Agricole pour le Développement

IRD

:

Institut de Recherche pour le Développement

IRZ

:

Institut de Recherche Zootechnique

ISSEA

:

Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée

M

:

Mutuelles Communautaires de Croissance

MIDENO

:

Mission de Développement du Nord-Ouest

MIDEVIV

:

Mission de Développement des cultures Vivrières et maraîchères

MINADER

:

Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

MINCOMMERCE

:

Ministère du Commerce

MINEPAT

:

Ministère des Affaires Économiques, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire

MINEPIA

:

Ministère de l'Élevage, des Pêches et des Industries Animales

MINRESI

:

Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation

MINREST

:

Ministère de la Recherche Scientifique et Technique

NEPAD

:

Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique

NPA

:

Nouvelle Politique Agricole

NPADG

:

Nouvelle Politique Agricole de Deuxième Génération

NPA-ND

:

Nouvelle Politique Agricole Nouveaux-Défis

OCB

:

Organisation Camerounaise de la Banane

OCDE

:

Organisation de Coopération et de Développement Économiques

OMC

:

Organisation Mondiale du Commerce

OMD

:

Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONCC

:

Office National du Cacao et du Café

ONCPB

:

Office National de Commercialisation des Produits de Base

PADC

:

Programme d'Appui au Développement Communautaire

PAS

:

Programmes d'Ajustement Structurel

PASA

:

Programme d'Ajustement du Secteur Agricole

PDDAA

:

Plan Détaillé pour le Développement de l'Agriculture Africaine

PIB

:

Produit Intérieur Brut

PIB

:

Produit Intérieur Brut

PME

:

Petite et Moyenne Entreprise

PMI

:

Petite et Moyenne Industrie

PNB

:

Produit National Brut

PNDP

:

Programme National de Développement Participatif

PNE

:

Programme National des Engrais

PNVA

:

Programme National de Vulgarisation Agricole

PNVRA

:

Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole

PRASAC

:

Pôle Régional de Recherche Appliquée au développement des Savanes d'Afrique Centrale

SEMRY

:

Société d'Expansion de Modernisation de la Riziculture de Yagoua

SNRA

:

Système National de Recherche Agricole

SOCAPALM

:

Société Camerounaise des Palmeraies

SODEBLE

:

Société de Développement du Blé

SODECOTON

:

Société de Développement du Coton

SODENKAM

:

Société de Développement agro-industrielle du Nkam

SGP

:

Système Généralisé des Préférences

SNAR

:

Système National d'Alerte rapide

SODES

:

Société de Développement Spécialisée

TVA

:

Taxe sur la Valeur Ajoutée

UE

:

Union Européenne

UNDVA

:

UpperNounValley Development Authority

WADA

:

Wum Area DevelopmentAuthority

WDI

:

World DevelopmentIndicators

ZAPI

:

Zones d'Action prioritaires Intégrées

RESUME

Au lendemain de l'indépendance, le Cameroun hérite des mécanismes de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles. Elle met ainsi en place une politique agricole calquée sur le modèle colonial pendant la première décennie de son indépendance. Le nouvel Etat continu ainsi l'interventionnisme étatique et la primauté aux cultures de rente développée par l'ancienne métropole. La véritable politique agricole souveraine du Cameroun intervient dans les années 70 et se caractérise par une continuité de la primauté aux cultures de rente et un développement des cultures vivrières au vue de l'accroissement démographique que connait le pays. Cette période traduit le passage d'une une économie de traite reposant sur les activités d'intermédiation, vers une économie de production où le secteur productif se consolide avec la mise en place du secteur industriel. L'agriculture constitue pendant cette période le véritable poumon de l'économie camerounaise en assurant plus de la moitié des exportations du pays. Toutefois, cette croissance économique ne profite pas au secteur rural. Cette situation s'aggrave avec l'avènement de la crise des années 80 qui amène le gouvernement à réorienter sa politique agricole. Malgré une reprise sensible de la croissance, la situation du paysan camerounais se détériore avec l'avènement de la libéralisation agricole. Le gouvernement est obligé de revoir sa politique en vue de son émergence à l'horizon 2035 avec l'adoption de l'agriculture de seconde génération qui est censé faire sortir le secteur agricole de sa vetusté.

ABSTRACT

INTRODUCTION GENERALE

PRESENTATION DU SUJET

Le thème retenu, de commun accord avec notre directeur, s'intitule : l'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie camerounaise et le développement rural de l'indépendance à l'ère de la mondialisation (1960-2014). Il s'inscrit dans le cadre des productions scientifiques en vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de l'enseignement secondaire 2e grade (DIPES II).Le choix de cette thématique se fonde sur des raisons précises.

RAISON DU CHOIX DU SUJET

Gordon Mace et François Petry énoncent que l'importance ou la pertinence politique et sociale d'un problème est le premier élément qui sert à justifier le choix d'un sujet1(*). Ainsi, le succès de la recherche dépend souvent des considérations qui interviennent au moment même de choisir son objet d'étude. Il ne serait donc pas anodin de dire, en substance, que l'idée de cette recherche n'a rien d'hasardeux. Elle est le produit d'un ensemble de questionnements enracinés tout autant dans les détours théoriques que dans notre besoin profond de comprendre la complexité des relations entre le secteur agricole et la situation économique camerounaise. Ainsi, ce travail de recherche prend une allure de conquête du savoir sur l'évolution des politiques agricoles au Cameroun au sens bachelardien du terme. Lequel pour résumer la démarche scientifique disait que «le fait scientifique est conquis, construit et constaté dans les faits»2(*).

Les raisons qui justifient le choix de notre sujet sont donc à la fois personnelles et scientifiques. Nous avons opté pour l'étude sur l'évolution des politiques agricoles au Cameroun car, nos parents étant des cultivateurs par excellence, nous nous sentons directement concerné par le secteur agricole qui englobe d'ailleurs près de 70%3(*) de la population camerounaise et qui sera d'ailleurs l'une de nos activités parallèles.

Par ailleurs le choix de travailler sur cette thématique part d'un constat : peu d'historien s'intéressent à l'étude des mutations connues par le secteur agricole au Cameroun. Cette étude est généralement effectuée par des économistes et des politologues dans une approche qui cadre avec leurs sciences respectives. En outre le secteur agricole camerounais a connue de récentes mutations qui méritent d'être élucidées. Notons également que les éléments sur l'action gouvernementale dans le secteur agricoles sont peu connus par les agriculteurs camerounais dont la plupart sont des ruraux. Notre travail se veut donc une modeste contribution à la connaissance de l'histoire économique du Cameroun pendant cette période. Plus précisément, nous désirons élargir ce domaine peu étudié par les historiens et l'enrichir davantage.

INTERET DU SUJET

Après une période dominée par le tout Etat et une autre caractérisée par la libéralisation tous azimuts, il est important de s'arrêter et de faire un bilan ; c'est dans ce cadre que notre étude justifie son intérêt pour ce qui est des politiques agricoles au Cameroun. Ce sujet présente donc plus d'un intérêt à juste titre.

Sur le plan historique, l'intérêt de cette étude réside en grande partie dans le fait que peut d'historiens se sont intéressés à l'étude de l'évolution et l'impact des politiques agricoles sur l'économie camerounaise depuis l'accession du pays à l'indépendance. Un chercheur a même menée une étude globale sur la politique agricole au Cameroun de 1960 à 2008. Pourtant, il n'existe pas une politique agricole globale au Cameroun, mais des politiques agricoles qui se sont succédées depuis la période coloniale au Cameroun.

Sur le plan théorique, ce travail permettra d'enrichir la littérature existante sur les études relatives sur le secteur agricole et plus particulièrement sur les politiques agricoles. Il permettra aux chercheurs intéressés par le sujet d'avoir une idée sur l'évolution et les effets des mesures entreprises par les Etats dans le domaine agricole sur l'économie en Afrique sub-saharienne en générale et au Cameroun en particulier.

Sur le plan pratique, son importance est capitale sur l'avenir de la place de l'agriculture dans l'économie camerounaise. En effet, cette étude permettra d'informer les gestionnaires du secteur agricole au Cameroun et les décideurs politiques sur la situation du secteur agricole depuis l'adoption du premier plan quinquennal au lendemain de l'indépendance du pays jusqu'à nos jours. Il vise ainsi à booster la nécessité et des orientations de l'action publique dans le secteur agricole en Afrique en général et aux Cameroun en particulier.

Sur le plan heuristique, cette étude met en exergue, les mécanismes de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles dans le monde en générale et au Cameroun en particulier. Ceci permet d'apprécier la complexité de la conception et de l'application des politiques agricoles dans les pays de l'OCDE qui sont les principaux partenaires économiques du Cameroun.

JUSTIFICATIONS DES BORNES CHRONOLOGIQUES

L'Histoire est l'organisation par l'intelligence des donnés qui se rapportent à une temporalité4(*). Elle étudie le passé de l'humanité dans sa totalité et sa globalité. Cette étude doit s'insérer dans un espace temporel bien précis car c'est dans le temps que se déroule la vie des hommes qui sont les principaux acteurs de l'histoire. C'est également dans le temps que se succèdent les évènements qui constituent le passé dont nous analysons les faits. Notre étude se base ainsi sur des limites chronologiques bien précises. Elles sont institutionnelles et caractérisent chacune un évènement bien précis.

La borne inférieure (1960) marque l'accession du Cameroun à l'indépendance. Le Cameroun cesse ainsi d'être partiellement sous la domination coloniale dont il fut l'objet depuis la signature du traité germano-Douala le 12 juillet 1884. Le territoire est ainsi censé voler de ses propres ailes sur le plan économique. C'est dans ce sillage que le nouvel Etat adopte une politique de planification de l'économie camerounaise. L'année 1960 marque dont l'adoption du premier plan quinquennal 5(*)(1960-1965) et le début de la politique interventionniste de l'Etat dans le secteur agricole.

La borne supérieure (2014) marque la deuxième année de la phase pilote de l'agriculture de seconde génération lancée en 2011 au comice agro-pastorale d'Ebolowa.

Cette période de plus de cinquante ans nous place ainsi dans la perspective historique de l'école des annales. En effet dans les années 30 apparait en France un nouveaux courant historique nommé l'école des annales. Ayant comme promoteur Marc Bloch et Lucien Febvre, l'école des annales systématise l'histoire sociale et économique sur la base des études sérielles et quantitatives. Se mettant en contradiction avec le courant positiviste, l'école des annales néglige l'événement et insiste sur la longue durée ; déplace son attention de la vie politique vers l'activité économique, l'organisation sociale et la psychologie collective ; s'efforce de rapprocher l'histoire des autres sciences humaines6(*).

Ce travail aborde également un courant encore peu exploré par l'historiographie africaine: l'histoire du temps présent. En effet pendant plusieurs décennies, les historiens se sont vautrés dans un débat sur la période à utiliser dans l'écriture historique. Pour les historiens classiques, la distance temporelle, le principe de recul, devaient être au coeur de l'historiographie. Pour ces derniers, traiter des faits qui ne remontent pas à plusieurs décennies, s'apparenterait à la pratique journalistique. D'ailleurs Thiérnot affirmait : «le domaine de l'histoire c'est le passé ; le présent revient à la politique et l'avenir appartient à Dieu »7(*). Mais, depuis la fin de la décennie 1970, une nouvelle école d'historiens a progressivement émergé et s'est imposée. Celle-ci milite en faveur d'une histoire du présent, d'une histoire récente. Dans le contexte africain, elle prend tout son sens dans la mesure où elle ose aborder les préoccupations de l'heure. C'est dans ce sillage épistémologique que nous avons également choisi de situer notre travail.

CADRE CONCEPTUELLE DE LA RECHERCHE

Emile DURKHEIM indique que le savant doit d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est question8(*). L'une des principales exigences de tout travail qui se veut scientifique, surtout dans le domaine particulier des sciences humaines, réside ainsi dans la définition des termes. Cette exigence constitue comme un préalable sine qua non de toute recherche d'ordre historique. C'est dans ce sens que Robert Marichal écrit :

Un historien ne doit jamais aborder l'histoire d'une idée, d'un concept ou d'une institution sans faire théoriquement et exhaustivement l'histoire des mots par lesquels on l'a exprimée ou désignée, et cela... non pas hâtivement en feuilletant les lexiques, mais par sondage, naturellement, dans les textes mêmes.9(*)

Cette étude est basée autour des expressions ou concept clés à savoir, «politique agricole», et «mondialisation»

La politique agricole peut se définir comme l'action des autorités publiques dans le secteur agricole. C'est en d'autres termes l'ensemble des mesures d'interventions publiques qui portent sur la production agricole nationale ou sur les importations et les exportations des produits agricoles10(*). NigouFall renchérie cette définition en ces termes : «Une politique agricole, c'est avant tout une vision pour s'accorder sur l'idée que l'on se fait de l'agriculture».11(*)Les politiques agricoles sont avant tout des politiques publiques.

Selon Leslie Pal, les politiques publiques représentent «une série d'action ou d'inactions que des autorités publiques choisissent d'adopter pour régler un problème ou un ensemble de problème»12(*). C'est en d'autre termes «ce que l'État choisit de faire ou de ne pas faire»13(*). De façon générale, on s'entend pour dire qu'une politique publique expose les orientations et les objectifs privilégiés par un gouvernement ou une collectivité sur une question d'intérêt public (santé, éducation, environnement, emploi, égalité des sexes, etc.). Elle peut être explicite et/ou implicite14(*). Selon, Jacob Rothmayr,«une politique publique peut être assimilée à un organisme vivant dont la croissance est rythmée par des étapes successives allant de sa naissance jusqu'à sa mort ou sa renaissance»15(*). On distingue ainsi cinq grandes étapes d'une politique publique à savoir : la prise en compte de l'émergence et de l'identification d'un problème qui aboutit au diagnostic à base d'une évaluation ex ante16(*) ;la mise à l'agenda qui consiste à interpeller les structures compétentes à intégrer le problème identifié dans l'agenda administratif ; la formulation et 1'adoption d'une politique ou d'un programmequi consiste à élaborer les choix stratégiques constituent des esquisses de réponses aux problèmes majeurs identifiés lors de la première phase 17(*) ; la mise en oeuvre qui consiste à agir en vue de concrétiser les objectifs spécifiques de la nouvelle politique ; l'évaluation ex post et la terminaison18(*).

Les politiques agricoles suivent cette même logique dans leur formulation. Elles se caractérisent généralement par «un ensemble de mesures réglementaires, dispositifs structurels, moyens financiers et humains interdépendants, mis en oeuvre par la puissance publique pour contribuer à la progression du secteur agricole»19(*). L'Etat est ainsi au centre du processus car ce sont ses instituions qui mettent en place ces politiques, leurs moyens financiers et assurent également leurs suivis. Toutefois, ce ne sont pas toutes les mesures que l'Etat entreprend dans le domaine agricole qui peuvent être considérées comme des politiques agricoles. Il faut que l'on distingue toutes les caractéristiques d'une politique publique pour donner le qualificatif d'une politique agricole à une série de mesures entreprises dans le secteur agricole. En outre, pour qu'on parle d'une politique agricole il faut : qu'il y ait une cohérence globale tout au long du processus de politique agricole, depuis le choix de la stratégie, la formulation des objectifs spécifiques, l'identification des instruments et mesures, leur mise en oeuvre et leur évaluation, et qu'il y ait une cohérence avec les autres politiques sectorielles menées (commerciale, environnementale, etc.) ; qu'il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre en oeuvre ces mesures, sans rupture dans le financement, de manière à ce que la politique soit appliquée de manière stable.20(*)

Les politiques agricoles disposent d'une série de finalités. Ces finalités doivent répondre aux attentes de la société et de l'Etat à l'égard de l'agriculture. La finalité générale des politiques agricoles est de produire des aliments en quantité suffisante et pour un prix raisonnable afin de nourrir une population urbaine en constante augmentation21(*). Cette objectif générale se subdivisent en plusieurs objectifs spécifiques à savoir, stabiliser les prix et réguler les marchés, développer les filières agricoles, moderniser les exploitations et intensifier la production, soutenir le revenu des producteurs, rendre l'alimentation accessible aux populations les plus vulnérables, préserver l'utilisation durable de la terre et des autres ressources naturelles, etc.22(*)

Ainsi, au niveau des agriculteurs, les politiques agricoles visent à porter les revenus agricoles ou les revenus des ménages à un niveau acceptable23(*) ; réduire la variabilité des revenus et améliorer la compétitivité du secteur agricole. En ce qui concerne les consommateurs, il s'agit de proposer des produits alimentaires saints et de bonne qualité ; assurer la sécurité des aliments et contribuer à la sécurité énergétique. La dernière vague des objectifs concerne la société en générale : il s'agit de protéger le milieu naturel et la biodiversité, préserver les paysages écologiques et culturels et contribuer à la viabilité des zones rurales24(*). Ces objectifs sont généralement visibles au sein des politiques agricoles des pays industrialisées25(*) et servent généralement d'exemple aux politiques agricoles africaines.

Analyser les politiques agricoles revient ainsi, à décrire et à expliquer comment se réalise ces politiques dans leurs différentes phases dans l'espace et dans le temps. Cette analyse est parfois mal perçue par le pouvoir politique. Cette méfiance entre le «savant et le politique» est exprimée en ces termes par Raymond Aron:«La vocation de la science est inconditionnellement la vérité, le métier de politicien ne tolère pas toujours qu'on la dise »26(*). En effet, dans les pays en voie de développement, les politiques agricoles tendent le plus souvent à être ce que Jean François Bayart, appelle «la politique du ventre»27(*)et les stratégies élaborées restent théoriques et non-effectives.

La mondialisation désigne une vague «de libéralisation des échanges, des investissements et des flux de capitaux ainsi que l'importance croissante de tous ces flux et de la concurrence internationale dans l'économie mondiale»28(*). Ayant pour synonyme le terme globalisation, elle désigne ainsi une internationalisation des échanges économiques et socio-culturels faisant ainsi du monde un village planétaire. Cette analyse conceptuelle nous ouvre ainsi la voie vers la problématisation de notre thème.

PROBLEMATIQUE

Une étude scientifique qui veut conduire à des résultats objectifs doit, au-delà de ses multiples hypothèses de travail qui peuvent la structurer, se fixer une préoccupation centrale autour de laquelle la réflexion est menée29(*). Notre recherche se fonde sur une question centrale.

Dégager ainsi une question principale sur une étude qui porte sur les politiques agricoles au Cameroun ne semble pas très évident, tant l'actualité relative à ce sujet, l'engouement des érudits de tout bord, peuvent conduire à déclarer le sujet épuisé. Mais lorsque cette étude met l'accent sur les effets ou les répercussions de ces politiques sur l'économie camerounaise et le développement rurale, elle devient de plus en plus intéressante quant on sait que«le secteur agricole joue un rôle fondamental dans l'économie et la société de la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne»30(*) . Elle domine la plupart de leurs économies, représentant 30 à 50% du produit intérieur brut (PIB), et des gains dus aux échanges avec l'étranger. L'agriculture est en train de retrouver son importance économique en Afrique, comme le montre la hausse prononcée de la croissance du secteur agricole: 2,7 % en 2002, 3,0 % en 2003 et 5,3 % en 200431(*). L'évolution favorable des prix d'un certain nombre de produits a contribué à cette tendance, des conditions de production améliorées constituant un facteur de croissance supplémentaire. Le secteur est également la plus grande source d'emploi et représente un gagne-pain pour plus de deux tiers de la population. Par conséquent, un secteur agricole fort et en évolution est indispensable pour le développement économique, et aussi pour stimuler et soutenir la croissance des industries qui lui sont associées32(*) et l'agriculture a toujours occupé une place de choix dans l'économie camerounaise. Comparé au pays de l'OCDE où la politique agricole est scrupuleusement respectée et les rendements très visibles, les politiques agricoles adoptées au Cameroun semblent apporter un effet positif moins considérable sur la situation économique du paysan et celle du pays en générale. Malgré la succession de plusieurs politiques agricoles entreprises depuis l'adoption des plans quinquennaux en 1960, une large part de la population qui dépend de l'agriculture vit au-delà du seuil de pauvreté. La situation de l'agriculture demeure toujours peu performante tant bien sur le plan national qu'international.

Malgré un riche potentiel agricole repartie en cinq grandes zones agro-écologiques, il est pour le moins étonnant, pour ne pas dire scandaleux qu'un tel potentiel ne soit que faiblement valorisé et que le pays se retrouve toujours en train de dépenser des sommes astronomiques pour importer des denrées alimentaires33(*). On se retrouve donc face à un paradoxe qui pourrait être considéré comme un cas d'école. En cardiologie par exemple,

Les chercheurs désignent sous le vocable« the french paradox? le fait que les français des régions viticoles, très portés sur l'excellent vingt rouge, le consomment quotidiennement au moment des repas, mais enregistrent les taux parmi les plus bas au monde de maladies cardiovasculaires34(*).

Vu le caractère nocif de l'alcool lorsqu'il est consommé à l'excès, les cardiologues en ont fait un cas d'école. Le secteur agricole camerounais apparait également comme un cas d'école au vu de l'inadéquation entre le potentiel agricole et la situation économique du pays. Nous rejoignons sur ce point les jérémiades de Marie Claire Nnana en ces termes :

Quand on a passé en revue tous les poncifs destinés à vanter les prodiges de notre terre ô combien féconde, dans un exercice d'autocélébration qui sidère toujours autant les étrangers, on n'a pas commencé à effleurer le dixième de la complexité du paradoxe : une terre si fertile, oui, mais alors, pourquoi l'agriculture et l'agro-industrie n'ont-elle pas fait depuis longtemps notre fortune ? Pourquoi tant de sous-emploi et parfois tant de famine ? Sommes nous malhabiles, paresseux, ou sans imagination ? Y a-t-il une malédiction de la terre comme il existe une malédiction du pétrole ?35(*)

L'on pourrait imputer cette situation aux mauvaises performances du secteur agricole ou à l'inefficacité des mesures adoptées dans le domaine agricole par l'Etat camerounais.C'est sous ce rapport que nous nous interrogeons sur l'évolution et l'efficacité des politiques agricoles sur l'économie camerounaise et le développement rural. Ainsi, au regard de ces différentes périodes de l'évolution de l'action publique agricole de l'Etat camerounais, quelle est l'impact que les politiques agricoles ont sur le développement économique et le secteur rural camerounais depuis 1960 ? À cette préoccupation centrale se greffent des questions subsidiaires :

ü Quelles sont les différentes stratégies adoptées par l'Etat dans la promotion du secteur agricole camerounais ?

ü Les politiques agricoles camerounaises sont elles conjoncturelles36(*) ou structurelles37(*) ?

ü Les politiques agricoles favorisent-elles la croissance économique camerounaise et le développement rural au cours de la période étudiée ?

ü Quel bilan pouvons-nous établir des différentes interventions de l'Etat dans le secteur agricole camerounais ?

REVUE DE LA LITTERATURE

Pour Lawrence Olivier, Guy Bedard et Julie Ferron, la revue de la littérature désigne le « repérage des auteurs et des ouvrages importants ayant traité un sujet donné»38(*). C'est dire que la revue de la littérature se rapporte à la recension des productions scientifiques (ouvrages, articles de revues scientifiques, thèses, mémoires, actes de colloques ou de conférences, etc.), ayant un rapport directe avec le sujet traité.

Le domaine de la recherche n'est pas statique. Il appelle inconditionnellement à revenir sur ce que d'autres ont eu à évoquer d'une manière superficielle ou succincte. C'est d'ailleurs ce que pense Frogniere cité par EsameEsame quand il dit : «on est rarement le premier à aborder un sujet»39(*). Autrement dit, c'est admettre qu'avant nous, plusieurs se sont penchés sur la question de l'agriculture en générale et des politiques agricoles au Cameroun en particulier. L'examen des sources effectuées dans le cadre de ce travail de ce travail révèle dont qu'il existe une littérature abondante sur les politiques agricoles au Cameroun. Mais la plupart des travaux y afférents se penchent davantage sur une analyse superficielle de leur évolution sans toutefois ressortir leur impact sur la situation économique camerounaise et celle du petit producteur. Ces travaux mettent très peu d'accent sur cet impact.

Ondoua Manga Tobie André dans«Analyse des politiques agricoles mis en oeuvre au Cameroun depuis 1960», analyse le contexte et les mesures politiques relatives au secteur agricole mis en oeuvre depuis l'indépendance. C'est dans ce sens qu'il effectue premièrement une présentation très partielle des politiques agricoles au Cameroun depuis 1960 et poursuit ensuite avec les mécanismes d'élaboration des politiques agricoles et les différentes mesures adoptées par l'Etat dans le secteur agricole. Nous pouvons à partir de son analyse ressortir les grandes phases de changement des politiques agricoles au Cameroun à savoir, une première phase caractérisé par un interventionnisme de l'Etat jusqu'à la fin des années 80 et une seconde phase caractérisée par un désengagement partiel ou une libéralisation du secteur agricole. Toutefois, son document est très partiel et ne met pas l'accent sur l'effet de ces politiques sur la situation économique camerounaise. En outre sa borne chronologie (2006) ne tient pas compte de l'évolution récente dans la définition de la politique publique en matière d'agriculture au Cameroun.

Dans la même lancée, le groupe de travail thématique Inter-réseaux et Développement rural a menée une étude sur les «dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au Cameroun : vers la reconnaissance par les politiques agricoles des organisations de producteurs et des exportations familiales» en mai 2008. La note retrace les grandes évolutions et tendances des politiques agricoles de l'indépendance à 2008. La note établit un bref aperçu des phases ayant marqué les évolutions en matière d'appui au secteur agricole à savoir un système d'encadrement descendant et normatif dans les années 1960-1986, avec des plans quinquennaux décidés «d'en haut» par l'Etat ; des programmes d'ajustement structurel des années 80 et surtout 90, avec le désengagement de l'État, une Nouvelle Politique Agricole et met un accent particulier sur le développement des organisations de producteurs. Comme le premier auteur, l'on ne retrouve pas les mesures adoptés par l'Etat, les différents programmes de développement du secteur agricole et un cadre réservé à l'impact des ces mesures sur l'économie camerounaise et le secteur rural au cours de cette période.

La Fondation Rurale de l'Afrique de l'Ouest, dans son rapport de mission au Cameroun sur les initiatives de concertation dans la filière manioc intitulé «Implications des acteurs ruraux dans la définition des politiques de développement des filières vivrières en Afrique de l'Ouest et du Centre» consacre une fine partie sur le processus d'élaboration des politiques agricoles au Cameroun en mettant un accent sur les cadres de concertations. On note également une analyse très partielle, des manquements des différentes phases de l'évolution des politiques agricole ; et l'absence de leurs effets sur nos cibles choisies.

Le MINADER a également mené une étude sur le secteur agricole camerounais intitulée «Evolution et situation actuelle de l'agriculture». Il consacre sa première partie à une étude brève de l'intervention de l'Etat dans le domaine agricole de la période coloniale à celles des crises et des réformes structurelles et le reste à un état des différentes productions agricoles, les facteurs, structures et zone de production et achève son étude par une brève présentation des productions agricoles et une présentation très partielle et très brève de la situation économique de l'agriculture camerounaise. En dehors de la partialité de ce rapport, la borne chronologique se limite à 2006, mettant ainsi à l'écart les changements intervenus dans le secteur agricole depuis 2006.

Le Réseau d'Expertise des Politiques Agricoles (REPA), a effectué un rapport intitulé «stratégies de réduction de la pauvreté et politiques agricoles au Cameroun». Ce rapport relève dans son introduction générale, la situation de l'agriculture camerounaise de 1961 à la formulation du DSRP en 2003. Poursuivant avec le processus d'élaboration du DSRP40(*) au Cameroun, il mène enfin une analyse sur les politiques et les programmes agricoles au Cameroun en rapport avec les orientations du DSRP. Toutefois, une analyse quantitative de la participation des politiques agricoles dans la situation économique du Cameroun est absente.

L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) effectué un rapport sur la situation agricole de trois pays à savoir le Mali, le Ghana et le Cameroun. Intitulé «Progrès agricole au Cameroun, au Ghana et au Mali: Comprendre les causes et maintenir la dynamique». Ce rapport est une évaluation globale des politiques agricoles au Ghana, Mali et au Cameroun en matière de prix et de taxation douanière, en se concentrant sur les dix à vingt dernières années durant lesquelles chaque pays se remettait de la crise. On note ainsi une comparaison des tendances en matière de production agricole et de pauvreté rurale, avant et après les périodes de crises connues par chacun des trois pays. Cette étude conclut sur les implications pour les politiques et identifie un certain nombre de points qui méritent une analyse plus approfondie.

METHODOLOGIE

Au sens large, la méthode s'entend comme «l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie...»41(*). Plutôt qu'une fin en soi, les approches méthodologiques constituent des plans d'observation, des moyens d'investigation auxquels est subordonné l'objet étudié pour atteindre une finalité qui est le but de la recherche42(*). Dans le souci de mieux cerner les contours de ce sujet, et d'en faciliter la compréhension, nous avons eu recours à une approche thématique et chronologique dans une analyse systémique qui impose l'interdisciplinarité et un examen critique des différentes sources d'informations. L'approche systémique, nous a permis d'établir le processus d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques agricoles. A travers l'interdisciplinarité nous avons exploré les techniques de certaines disciplines proches de l'histoire, en particulier la géographie, la science politique et la science économique dont l'expérience théorique, conceptuelle et analytique nous ont été d'un grand apport. Ainsi la science politique et la science économique nous ont permis d'effectuer une analyse des politiques publiques, grâce à l'une de leur discipline qui n'est rien d'autres que l'analyse des politiques publiques. Elles nous ont également permit de maitriser des concepts propres au domaine économique.

Dans cette étude, nous avons également fait appel à l'analyse documentaire et à l'observation empirique, dans une perspective critique, pour parvenir à une confrontation des sources qui sont parfois «de faible qualité, éparses et discontinues, largement fabriquées, discutées et ouvertement sujettes à caution...»43(*)

Dans le cadre de notre recherche, les sources écrites sont constituées en grande partie, des articles scientifiques, des rapports, des journaux et périodiques, des mémoires et thèses, et des documents de travail ayant traité d'une manière générale et spécifique des questions relatives à l'agriculture en générale et des politiques agricoles en particulier. Notre sujet faisant appel à des connaissances scientifiques d'horizons divers, en dehors de l'histoire, les ouvrages généraux ont également concerné les sciences politiques et économiques, la géographie économique et humaine et la biologie végétale. Ce qui signifie que nous avons eu recours à une approche pluri et transdisciplinaire pour enrichir la compréhension de notre sujet. Nous nous sommes ainsi rendus à la Bibliothèque centrale de l'université de Yaoundé I, celle de l'ENS, de la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricole de Dschang et l'antenne d'Ebolowa, du MINRESI, de l'Institut Français ; aux Archives Nationales de Yaoundé ; les centres de documentation du MINADER et du MINEPIA ; à l'Institut de la Recherche Agronomique et du Développement (IRAD) de Nkolbisson et Nkoevoan.

Les sources orales qui sont extrêmement importantes dans le cadre de l'historiographie africaine nous ont permit de comprendre en profondeur les motivations profondes des acteurs de la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricoles au Cameroun et la situation de l'agriculteur camerounais depuis 1960. Des interviews ont ainsi été réalisées à l'aide d'un guide d'entretien ; lesquelles nous ont permis d'entrer véritablement en contact de notre sujet. Nous nous sommes déployés dans certaines zones rurales du Centre, de l'Ouest et du Sud Cameroun dans le but de retrouver des témoins crédibles de la période étudiée.

Dans un souci d'élargir le champ de nos sources et de les enrichir, nous avons eu recours aux Technologies de l'Information et la Communication, notamment la recherche sur Internet qui nous a permis d'accéder à divers bibliothèques en ligne tels que les Classiques, la bibliothèque en ligne de l'université de Montréal ; des portails de revues scientifiques tels que le portail des revues en sciences humaines et sociales (Persée), Politique africaine, Afrique contemporaine, les cahiers d'outre-mer, le Monde diplomatique, Revues.org etc. Cet instrument nous a également permis d'accéder à certains mémoires en ligne sur Mémoire online et le site de l'ENS, aux différents sites des organisations internationales telles que le FAO, le PAM, la Banque Mondiale, le FMI, la BAD etc. Nous avons également eut recourt aux logiciels de traitement de données et de confection des graphiques tel que XLStat pro.

DIFFICULTES RENCONTREES

Notre principale difficulté a été de rencontrer et d'interviewer les décideurs du secteur agricole au Cameroun. Ainsi dans la ville de Yaoundé par exemple il fut très difficile de mener des enquêtes de terrain auprès de ces personnalités qui présentaient des fins de non-recevoir à nos demandes d'interview et nos questionnaires. Ceci nous permit de constater que le secteur agricole devient de plus en plus un secteur important et rentable au point où certains préfère ne pas se prononcer même sous anonymat. Nous fûmes ainsi obligés de nous rabattre auprès des principaux acteurs du secteur agricole à savoir les agriculteurs et quelques agents agricoles dans les régions pour mener nos entretiens.

En outre, l'extrême lenteur administrative de l'administration camerounaise nous a rendus la tâche très difficile dans la collecte des données auprès des ministères et des délégations régionales. Nous fûmes en outre confrontés à de nombreux obstacles liés à la détérioration de certains documents dans les bibliothèques et centres d'archives. Mais ces difficultés n'ont pas pour autant été déterminantes, au contraire, elles ont été une raison supplémentaire pour persévérer dans l'effort, vue l'importance que ce travail représente pour nous.

PLAN DU MEMOIRE

Une fois que l'historien a choisit son sujet et qu'il reste inchangeable, l'effort du travail historique consiste à retrouver son organisation44(*). C'est dans cette logique que ce travail est répartit en quatre chapitre ainsi qu'il suit :

Le chapitre I intitulé «Historique des politiques agricoles au Cameroun jusqu'en 1960» fait un rappel historique du processus de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles pendant la période coloniale. Ce chapitre retrace la mise en place et le développement des politiques agricoles pendant la période coloniale.

Le chapitre II intitulé «premiers plans quinquennaux et choix de l'interventionnisme étatique dans le secteur agricole (1960-1970) fait une analyse du choix de l'Etat indépendant du Cameroun de continuer sur la mouvance coloniale à travers une primauté accordée aux cultures de rente et une marginalisation du secteur vivrier. Les premières mesures et les premières structures mises en place sont ainsi calquées sur le modèle coloniale dans une approche interventionniste.

Le chapitre III intitulé «la révolution agricole (1971-1985) fait une analyse de la réorganisation des politiques agricoles effectuée par le gouvernement camerounais dès les années 70. C'est pendant cette période que le gouvernement lance une véritable politique agricole souveraine. Toutefois, il y ressort des résultats mitigés dans le secteur économique et le développement rural au cours de la période de l'économie administrée.

Le chapitre IV intitulé « Crise économique, désengagement de l'Etat et nouvelle politique agricole (1985-2000)» fait une étude de la rupture de l'interventionnisme étatique orchestrée par la crise économiques des années 80. L'adoption du Programme d'Ajustement Structurel Agricole réoriente la politique agricole camerounaise qui permit non seulement une reprise de la croissance mais aussi une paupérisation du paysan camerounais.

Le dernier chapitre intitulé «La nouvelle politique agricole en vue de l'émergence du Cameroun» démontre le retour de l'interventionnisme étatique telle que formulée dans les documents de stratégie élaborée dès 2002. Il présente également le lancement de la nouvelle politique agricole de deuxième génération qui est toujours d'actualité.

CHAPITRE I : HISTORIQUE DES POLITIQUES AGRICOLES AU CAMEROUN JUSQU'EN 1960

La politique agricole ne fut pas une réalité apparue au Cameroun en 1960. Elle fut instaurée par les Occidentaux et passa par un processus essentiellement évolutif selon les différentes périodes de la présence européenne au Cameroun. Ainsi, pour mieux cerner l'évolution des politiques agricoles au Cameroun entre 1960 et 2014, il faudrait comprendre comment elles se sont mises en place sur le territoire avant l'acquisition de la souveraineté et les différentes transformations qu'elles ont subit. Ce regard rétrospectif permet d'appréhender de manière globale les choix stratégiques des systèmes politiques en place en montrant leur application à l'agriculture ; choix stratégiques dont héritera le Cameroun au lendemain de son indépendance. Ce chapitre, s'intéresse ainsi à la genèse des politiques agricoles au Cameroun pendant la période allemande et des politiques agricoles françaises.

I. L'INSTAURATION DES POLITIQUES AGRICOLES PAR LES ALLEMANDS AU CAMEROUN

C'est avec la signature du traité germano-douala en 1884 que le territoire qui devait devenir le Cameroun change de statut. C'est au lendemain de cette date qu'officiellement le drapeau allemand est fixé sur le plateau Joss à Douala pour matérialiser la présence d'un pouvoir légitime, somme toute étranger, qui prend possession du territoire et qui engage des mesures d'extension de son autorité à l'intérieur du pays, pour finalement développer à partir de la fin des années 189045(*), les premières mesures agricoles. Au vue de cette décennie qui marque véritablement le début de l'action publique de l'administration allemande dans le secteur agricole, l'on se pose la question de savoir pourquoi avoir attendue la dernière décennie des années 1800 pour débuter l'action publique agricole ? Ceci nous amène ainsi à nous interroger sur les mobiles de l'instauration d'une politique agricole au Cameroun.

A. Les mobiles de l'instauration des politiques agricoles au Cameroun

La politique agricole ne naquit pas ex-nihilo au Cameroun. Elle fut l'aboutissement d'une conjonction de plusieurs facteurs externes et internes. Sous ce rapport, l'Allemagne traverse une situation économique dominée par un secteur agricole morose au 19ième siècle. Cette situation favorise l'annexion du Cameroun qui présente des potentialités économiques favorables pour les investissements allemands46(*).

1. La crise agricole de l'empire allemand du 19ième siècle et l'annexion du Cameroun

L'Allemagne est touchée dès le début des années 1870 par une grande dépression causée par la révolution industrielle. En effet, la révolution industrielle provoqua une forte augmentation de la production agricole qui devait aboutir à une surproduction dans un marché européen où l'industrie avait considérablement évolué favorisant ainsi l'installation d'une concurrence internationale. La dépression qui touche ainsi touts les pays européens est caractérisée pardes surcapacités et une déflation importante47(*).Cette dépression, survenue dans toutes les économies industrialisées, est en fait une restructuration des économies nationales dans un marché en train de se mondialiser grâce aux progrès rapides dans le secteur des transports et de la communication. L'appareil productif économique en générale et agricole en particulier, avait grandi trop rapidement dans un marché où s'installait la concurrence internationale car la plus part des pays européens sont déjà fortement industrialisés et leurs produits sont déjà à mesure de concurrencer ceux des puissances industrielles. Les entreprises nationales furent de plus en plus forcées à s'organiser, à se concentrer horizontalement et verticalement et à se transformer en de grandes entreprises opérant à un niveau mondial48(*).La baisse des prix parut cruelle aux entreprises habituées à la facilité de la poussée industrielle des années 50 et 60.

En outre,Après la guerre de sécession aux Etats-Unis, une grande partie du nouveau monde était devenu un territoire agricole. Grâce à la mondialisation qui entraîna une forte diminution des coûts, des grandes quantités de blé et d'autres productions furent exportées vers le marché européen qui devenait de plus en plus saturé, et contribuèrent à la baisse des prix des produits agricoles, qui était déjà amorcée à cause de la crise de méventes des produits agricoles qui sévissaient déjà en Europe49(*). De plus, la déflation alourdissait les dettes du secteur agricole européen qui devait compenser cette dette par une augmentation de la productivité.

Dans cette situation, les colonies semblaient ouvrir une porte de secours, en offrant non seulement des ressources bon marché, mais aussi des débouchés importants pour la production abondante. Ainsi une dynamique de course aux colonies s'installa en Europe dans les années 80. Chaque puissance voulut s'assurer une partie des potentiels fournisseurs de matières premières et marchés pour les surproductions des industries européennes, de peur qu'une autre puissance ne puisse la devancer. En Allemagne, les effets liés à la crise agricole renforcèrent l'opinion selon laquelle la colonisation devenait un dérivatif à touts les soucis agricoles que connaissait l'Allemagne. Par la suite, ils renforcèrent l'idée selon laquelle l'Allemagne devait plus s'investir dans l'exploitation de son protectorat du Cameroun50(*).

Cette situation amena l'Allemagne à abandonner le libre-échange prôné jusqu'alors en Europe pour le protectionnisme qui se caractérise par une augmentation des tarifs douaniers, la signature de plusieurs traités commerciaux avec d'autres pays51(*). Ces différents traités jetèrent les bases de la politique agricole allemande. Ce protectionnisme favorise également l'avènement de l'impérialisme colonial allemand. C'est ainsi qu'on observera une exportation des capitaux privés allemands vers de nouveaux territoires. Dans la recherche de ces nouveaux territoires où investir leurs capitaux, des hommes d'affaire Allemands seront amenés à installer quelques unes de leurs firmes sur les côtes camerounaises. Ils constitueront un poids décisif dans le revirement de Bismarck en faveur de l'impérialisme colonial52(*).

Parmi ceux qui influencèrent le plus sur l'annexion du Cameroun furent des hommes d'affaires ayant pour la plupart des intérêts économiques dans la région. Il s'agit entre autre des hommes comme Adolphe Woermann, Thormahlen, Jantzen etc.53(*) La raison principale de la colonisation allemande du Cameroun était donc la recherche du profit pour palier aux problèmes économiques de l'Allemagne. Les premiers colons qui arrivèrent au Cameroun voulaient placer leurs capitaux et réaliser des bénéfices54(*). Du fait de la grande dépression économique subsistant dans l'Allemagne des années 1870-1880 et provoquée par des investissements au-delà de la demande et une forte spéculation boursière, les colonies semblaient donc ouvrir une porte de secours en offrant non seulement des ressources bon marché mais aussi des débouchés à la surproduction agricole de l'Allemagne.

2. Des potentialités camerounaises favorables au développement de l'agriculture

Le Cameroun, tel que nous le connaissons actuellement, c'est-à-dire comme une entité territoriale, humaine et politique ayant des contours et des frontières bien définis, est purement une création allemande55(*).

Avant l'arrivée des Allemands, la région qui devait devenir le Cameroun était un territoire morcelé par des sociétés centralisés et décentralisées. Certaines sociétés entretenaient déjà des rapports commerciaux avec les européens au niveau de la côte.

En effet, depuis le quinzième siècle, la côte camerounaise entretenait des relations commerciales avec des Portugais. Jusqu'à la fin du seizième siècle, le commerce d'esclaves y prit une place prédominante. Les Européens ne pénétrèrent pas dans le pays, mais achetaient à des intermédiaires africains. Après l'abolition du commerce d'esclaves par les Anglais, l'estuaire du Wouri se développa en un centre du commerce d'ivoire et d'huile de palme entre les Européens et le peuple des Doualas.

Là encore les Européens n'avaient pas de bases sur la côte et restaient dépendants de la bonne volonté des chefs doualas qui obtenaient un droit de douane sur le commerce. Ce commerce fit prospérer les Doualas qui pouvaient affirmer leur position de monopole grâce aux armes à feux acquises dans ce commerce56(*). Devant l'abondance des produits vendus par les Duala et que ceux-ci supposaient être récoltés à l'état sauvage, les Allemands vont conclure que l'acquisition de la région s'imposait du fait que celle-ci se prêtait fort bien à la création des plantations. La richesse de la brousse en épices, caoutchouc, noix de palme et autres fournissait un indéniable témoignage de la fertilité des sols et montrait combien ces ressources pourraient être accrues par la culture57(*). La plus part des témoignages provenaient des récits des explorateurs et des missionnaires qui ont toujours été une force de pénétration de l'impérialisme coloniale en Afrique58(*). C'est dans ce sillage que la région fertile du Mont Cameroun figura dans une série de récits et des rapports des explorateurs basés à Fernando-Pô, tels que nous livre celui de l'aventurier Rogozinsky :

Le sol de ce massif, sain et pittoresque ne fournit aujourd'hui au commerce qu'un peu d'huile de palme et du caoutchouc. Mais si l'on commence par introduire dans ces belles régions de véritables travailleurs, le Cameroun pourra un jour exporter les mêmes articles que Fernando-Pô et rivaliser de prospérité avec cette île59(*)

II n'est donc pas étonnant que les milieux de Hambourg, qui poussèrent Bismarck à l'intervention, se soient intéressés très tôt au Mont Cameroun pour mettre en marche la machine agricole au Cameroun:

L'acquisition de la dite région s'impose tout particulièrement pour la raison qu'elle se prête très bien à l'installation de plantations, estimait la Chambre de Commerce en juillet 1883. La richesse de la brousse en épices, caoutchouc, café, etc., donne un témoignage indéniable de la fertilité des sols60(*).

Les Allemands étaient donc déjà en possession d'une série d'information sur la richesse du Cameroun. Le territoire devenait ainsi un débouché pour la surproduction, une amélioration de leur condition d'approvisionnement des produits agricoles et cela à des coûts aussi faibles que possible. L'attitude hostile du parlement obligea l'administration allemande au Cameroun à se procurer une grande partie des ressources nécessaires pour la mise en place des politiques agricoles.

B. L'appropriation des terres : prélude à la mise en place des politiques agricoles

La colonisation, basée essentiellement sur l'économie de plantation, avait besoin, pour être efficace, de posséder les terres. Non seulement l'installation des colons nécessitait l'appropriation des terres, mais de par son but, la question agricole était d'abord une question foncière. Au départ, l'acquisition des terres s'effectue sans un contrôle du gouvernement colonial61(*). Cette absence du contrôle étatique fut à l'origine de plusieurs exactions avec la signature des contrats frauduleux, des mésententes avec la population. Une tentative de contrôle est effectuée en 1894 par le gouverneur Zimmerer qui publia un décret obligeant tout acquéreur à rendre son offre publique et ne reconnaissant comme légaux que les contrats passés devant un représentant du gouvernement62(*). Il faut attendre 1896 pour voir le gouvernement renforcer la législation foncière à travers l'ordonnance du 15 Juin 1896 qui fit de toutes les terres «inoccupées» («herrenlos ») des «propriétés de la Couronne»63(*). Le premier paragraphe stipule que :

sous réserve des droits de propriété ou d'autres droits réels que des particuliers ou des personnes morales, que des chefs ou des collectivités indigènes pourraient prouver de même que sous réserve des droits d'occupation de tiers fondés sur des contrats passés avec le gouvernement impérial, toute terre à l'intérieur du territoire de protectorat du Cameroun est terre de la couronne comme étant sans maître. Sa propriété échoit à l'empire64(*).

Les colonisateurs dans le souci d'atteindre leurs objectifs, mirent en place des instances de régulations leur permettant de contrôler la plus part des terres fertiles du territoire. Les politiques agraires seront l'une de ces institutions. La loi citée ci-dessus marqua l'avènement d'un changement dans la possession des terres et l'organisation territoriale. Elle fut accompagnée d'une série de lois qui concrétisèrent la spoliation des terres du fait de de l'importance de la terre dans l'application des politiques agricoles65(*). Ainsi, de manière pernicieuse mais efficace, une nouvelle organisation des terres s'imposa à l'ensemble des populations du territoire pour permettre aux allemands développer des politiques agricoles.

C. Les politiques agricoles allemandes au Cameroun

Le Cameroun allemand connue une multitude de politique agricoles entrecoupées par des périodes de discontinuités. En effet, la colonisation allemande fut marquée par des politiques agricoles variées de 1884 à 1914 et l'absence de continuité 

tenait essentiellement à l'attitude des chefs de gouvernement successifs vis-à-vis de ce qui n'était pour certains, qu'une folle aventure et pour d'autres, une raison d'espérer devant les rudes problèmes auxquels le peuple allemand et son gouvernement devaient faire face66(*).

Ainsi la variation des orientations agricoles est fonction de la politique agraire du chancelier en place. C'est dans ce sillage que nous aurons une première phase des politiques agricoles allant de 1894 à 1897 caractérisée par la politique des grandes concessions, et une autre allant de 1987 à 1914 caractérisée par la politique des grandes plantations.

1. Hohenlohe-Schillingsfürst et l'avènement du régime des grandes concessions au Cameroun

Il est important de rappeler qu'avant l'arrivée de Hohenlohe-Schillingsfürst à la chancellerie allemande en 1894, ses prédécesseurs à savoir Otto Von Bismarck et Von Caprivi manifestaient un engagement minimum dans l'entreprise coloniale67(*). On note seulement la mise en place en 1889 d'un jardin botanique sur l'initiative du gouverneur Julius vonSoden pour soutenir l'aménagement des plantations de cacao introduites au Cameroun en entre 1886 et 188768(*), et étendre, peu à peu, le champ des expériences agricoles69(*) et quelques tentatives de mise en place des législations foncières effectuées par Zimmerer. C'est sous le chancelier Hohenlohe-Schillingsfürst que l'empire allemand commencera à édicter des règles juridiques organisant l'agriculture au Cameroun. La politique agricole jadis passive sous l'ère de Bismarck et Von Caprivi devient de plus en plus agressive. C'est à ce chancelier aux ambitions mondialistes et expansionnistes que l'on doit également l'ordonnance de juin 1896 et surtout l'avènement du régime des grandes concessions.

En effet, la politique des grandes concessions était la nouvelle forme de développement agricole prônée par la chancellerie de Hohenlohe-Schillingsfürst. Il se posait une nécessité d'exploiter les richesses de l'Hinterland connue depuis les années 90. Cette exploitation devait être confiée aux compagnies agricoles déjà existantes. La formule trouvée fut ainsi celle de procéder à des grands regroupements constitués par ces sociétés et leur confier la gestion et l'exploitation de vastes étendues du protectorat.70(*) L'exploration des terres concédées et la mise en valeur des régions obtenues figuraient parmi les multiples aspects de la mission assignée à ces concessions.71(*)

Le régime des grandes concessions prend sa forme définitive à la suite de l'ordonnance du 15 juin 1896 sur la législation foncière. Il se créa à cet effet à Bruxelles une compagnie germano-belge, Gesellschaft Sud-Kamerun72(*) spécifiquement organisée pour exploiter la riche région forestière du Sud-Ouest soit 9 millions d'Hectares dans le bassin supérieur de la Sangha73(*). Le 31 juillet 1899 est créée une société similaire, la GesellschaftNord-WestKamerun pour exploiter les régions Bamoun et Bamiléké74(*). Toutefois, le bilan de ses grandes concessions fut en deçà des attentes du gouvernement colonial car leurs résultats furent médiocres. Cet échec était dû à la précarité des moyens mis en oeuvre pour assurer l'exploitation de ces immenses étendues.75(*) C'est ainsi que le régime des concessions fit place au régime des grandes plantations.

2. la politique des grandes plantations au Cameroun

La période allant de 1897 à 1914 marque l'essor économique du Kamerun. Cette période coïncide avec une réorientation de la politique agricole dès la fin du règne de Hohenlohe-Schillingsfürst. Cette réorientation politique se poursuit avec ses successeurs notamment, A.Von Bülow, Bernhard Dernburg, Theobald Von Bethmann-Hollweg qui vont accentuer l'interventionnisme de l'empire allemand dans l'action agricole76(*). Ce sont ces différents chanceliers qui encouragent les gouverneurs allemands au Cameroun à faire du territoire un pays de grandes plantations en vue d'y récolter la plupart des produits tropicaux nécessaires aux industries métropolitaines.

Cette politique prend sa forme sous le gouvernement de Jesko Von Puttkamer77(*).

En effet, partisan d'une colonisation systématique et maitrisant bien la région du Mont Cameroun, Puttkamer ne cessa d'encourager l'aménagement de plantations sur des larges superficies78(*). C'est dans ce sillage que la West AfrikanischePflanungsGesellschaft Victoria (W.A.P.V) voit le jour en janvier 189779(*).Elle avait une superficie de 15000 hectares et pratiquait la culture du cacao et du caoutchouc80(*). La fondation de la W.A.P.V. donna le signal d'un développement des grandes sociétés de culture. Elle était secondée en termes de superficie par laWest AfrikanischePflanungsBibundi (W.A.P.B.) qui possédait 14.000 ha le long de la mer au nord de Victoria81(*). Elle est créée en 1897 sur l'initiative du baron Scharlach de Hambourg avec des terres de la firme Jantzen-Thormâhlen.La troisième était la C. W. KommanditGesellschaft dans la zone de Bimbia et la région du Moungo82(*). Ces trois sociétés de culture étaient liées par une filiale commune qui vit le jour en janvier 1899 à savoirla MoliwePflanzungGesellschaft. En dehors de ces trois grands venaient les plantations installées le long du Nordbahnde Douala à Nkongsamba ; elles se consacraient à la culture du tabac, de la banane et surtout du palmier. D'autres plantations étaient disséminées au sud, à Campo, Kribi, Lolodorff et le long de la Sanaga. Une vingtaine de plantations furent mises en place avant 1906 ;Les premières plantations industrielles d'huiles sont établies en 1907 dans les plaines côtières autour du Mont Cameroun et d'Edéa83(*). en 1913, il y en avait déjà 5884(*). Le caractère immense de ces plantations devait poser un problème de main-d'oeuvre.

En effet, Les plantations ont des proportions géographiques immenses et la main-d'oeuvre européenne très faible connait un important taux de mortalité. Cette situation amène le gouvernement allemand à entreprendre l'intégration volontaire ou forcée des indigènes dans l'appareil de production85(*). Il devenait donc nécessaire de recruter la main-d'oeuvre locale et bon marché. H. Rudinrésumebien la situation lorsqu'ilaffirmeque:

Worked were needed for the plantation, for the transportation of traders goods, and for the clearing of jungle for railrood. The employment of large numbers of white men for such task in tropical Africa was unthinkable. Very early the Germans realized that the best asset they had for the exploitation of the ressources of the Cameroons was the native, for without his labour nothing could be done86(*)

On observera ainsi un recrutement de la main d'oeuvre locale. On peut distinguer deux catégories de travailleurs des plantations: les «volontaires» qui venaient après contrats qu'eux-mêmes ou leurs chefs avaient passés avec des agents recruteurs et les travailleurs forcés envoyés après condamnation.

A la première catégorie appartenaient les hommes des souverains Bali, Galéga, puis Fonyonga III qui fournissaient la main d'oeuvre à Zintgraff87(*) devenu co-directeur local de la W.A.P.V. Il faut noter que toute cette main d'oeuvre n'était pas volontaire. Très peu même étaient Bali. Ceux-ci dédommagés par des «Dash» (cadeaux) fournissaient des esclaves ou des domestiques qu'ils exploitaient d'ailleurs largement en se réservant une partie de leurs gains, à leur retour. Plus encore les Bali multiplièrent les petites expéditions de razzias accompagnées par les Allemands chez leurs voisins Bamiléké des chefferies de Bafut, Bikom, Bangwa pour avoir une main d'oeuvre forcée88(*).

Dans la seconde vague, nous pouvons citer le recrutement forcé des Bulu de la région de Kribi-Lolodorf. La féroce répression de la guerre Bulu menée par Oba'aBeti de 1899-1900 permit à l'administration de disposer d'une main-d'oeuvre gratuite89(*). Leurs chefs rapportèrent d'ailleurs aux Français que des milliers de Bulu furent envoyés à Victoria où ils travaillèrent six ans sans rétribution90(*).

L'une des méthodes de recrutement de la main d'oeuvre était également l'imposition.

En effet, Les populations étaient obligées de payer des taxes sous peine d'être emprisonnées ou recrutées pour les travaux forcés. La nécessité de la main d'oeuvre a poussé les allemands à mettre sur pied des techniques leur permettant d'obliger les autochtones à travailler pour eux et surtout dans les plantations. Parmi ces multiples taxes, on notait le steuerarbeit91(*) (impôt sur le travail) qui était en réalité un mode de recrutement de main d'oeuvre pour les plantations.Officiellement, les imposables pouvaient s'acquitter de leur devoir fiscal, exceptionnellement en offrant 30 journées de travail gratuit à l'administration. On notait également l'impôt de capitation qui fut instauré en 1903 qui était l'impôt par excellence pour obliger l'indigène à travailler92(*).

L'autre moyen de recrutement de main-d'oeuvre se faisait chez les prisonniers. En fait, d'après la circulaire provinciale concernant le règlement des prisons allemandes, il est prescrit que les prisonniers insolvables devaient régler le payement de leur impôt par le travail forcé dans les plantations allemandes93(*).

Enfin, à travers les expéditions militaires ou les conquêtes de pacification, laschutztruppe recruta par voie de contrainte de nombreux travailleurs94(*).

En plus, l'administration allemande procédait par réquisition. En effet, l'administration avait réussi à faire en sorte que lui fournir de la main-d'oeuvre était devenu un devoir pour les autorités traditionnelles au même titre que la perception d'impôts. Cette réquisition consistait à exiger des autorités traditionnelles de mettre à la disposition de l'administration, un certain nombre de travailleurs destinés en principe aux chantiers publics. Seulement, l'administration fournissait également aux entreprises privées de la main-d'oeuvre ; il s'agissait surtout des firmes agro-commerciales de la côte.

Ainsi donc, la politique des grandes plantations fut tentée de velléités esclavagistes. Ce régime légalisait l'exploitation systématique des indigènes qui se traduisait par la mise en place des pratiques déshumanisantes en matière de recrutement de la main d'oeuvre et les conditions de vie désastreuses au sein des plantations il y eut une tentative de révision de ces conditions avec l'arrivée d'un nouveau secrétaire d'Etat aux colonies, Von Bülow quiinitiera des mesures afin d'améliorer les conditions de vie des autochtones95(*). Toutefois, le mérite de la politique des grandes plantations est d'avoir accentuée la culture de rente au Cameroun. Ainsi, le développement des cultures d'exportation à savoir : le cacao, le café, la banane, le caoutchouc, l'huile de palme s'est fait par le biais des grandes plantations. Des instituts agricoles contribuèrentà l'introduction de nouvelles cultures dans le territoire du Cameroun. Ce fut le cas du Jardin botanique de Victoria où le Professeur Hass sollicitaitla création d'une école d'agriculture destinée aux indigènes96(*). Il était orienté en vers l'amélioration des cultures existantes, la fourniture des semences et des plants et enfin, la recherche des moyens de lutter contre les parasites97(*).

De nombreuses routes ont été ouvertes pour l'évacuation des produits cultivés. En outre les pratiques de ce régime ont contribué à l'apprentissage par les Camerounais de nouvelles techniques agricoles.Cet apprentissage ira de pair avec l'encouragement des Allemands et favorisera par la même occasion la vulgarisation des techniques agricoles. Ainsi, dans le souci de faire participer les Camerounais au développement des cultures de rente, l'assistant agronome Berger ira encourager la culture du cacao par les indigènes dans la région du Mungo.98(*) Vers 1910, l'administration allemande décida d'apprendre les techniques indispensables aux cultures de rente aux populations locales. En outre, en 1913, un «Guide pour la culture du cacao par les indigènes» produit par le centre d'essais agricoles de Victoria fut mis en projet par les Allemands99(*). Mais les Allemands n'auront guère le temps de parachever leur politique agricole du fait de la grande guerre qui sonna le glas de la période allemande au Cameroun.

II. Changement de colonisateur et nouvelle politique agricole

L'occupation allemande s'achève en 1916. Un nouvel ordre se mit en place et influença l'évolution des structures économiques et sociales dont l'agriculture fait partie intégrante.La partie orientale du Cameroun qui était la plus vaste fut confiée à la France. Les autorités coloniales françaises développèrent également une série de mesure dans le domaine agricole en conformité avec leurs plans d'actions agricoles.

A. Les plans d'actions agricoles de la France au Cameroun

Les plans d'actions agricoles constituent le canevas de l'action publique agricole française au Cameroun. Il s'agit ici de tracer des voies qui permirent à la France de mettre en oeuvre ses politiques agricoles. Ils sont concrètement mis en place sous le gouvernement de Pierre Boisson en 1936100(*). Mais les bribes de ces plans se font déjà ressentir au lendemain de l'avènement de la France au Cameroun. Ces plans renvoyaient entre autres à une primauté des cultures vivrières et le développement des cultures d'exportations.

1- Développer les cultures vivrières

Le devoir de l'administration coloniale ici est d'assurer la sécurité alimentaire. Cette politique s'inscrivait en droite ligne avec la politique de mise en valeur des colonies définie par A. Sarraut. Le but envisagé ici était la constitution d'une propriété individuelle où la famille en pleine indépendance et de sa propre initiative devait travailler pour obtenir unerécolte dont elle tirera entièrement profit101(*).Car il fallait assurer aux Camerounais une vie matérielle meilleure pour l'augmentation de leur pouvoir d'achat et l'élévation de leur standard de vie. Des mesures furent ainsi envisagées à savoir, imposé aux villages la constitution de greniers de réserves ; veiller attentivement à ce que l'étendue des cultures vivrières soit bien en rapport avec les besoins des populations ; et de déceler, par de fréquentes enquêtes médicales, la sous-alimentation possible102(*).

2- Développer les cultures d'exportation

C'est un développement devait être restrictif car il devait s'effectuer dans la mesure où les autorités coloniales devaient être à même d'en assurer le contrôle technique.

En effet, selon les autorités coloniales, L'indigène n'est pas un mauvais agriculteur. En certaines circonstances même, il a su tirer un parti remarquable de son sol et de son outillage rudimentaire depuis la période allemande. Il n'en reste pas moins que la nécessité de certaines disciplines lui échappe et que, par ignorance autant que par tempérament, il répugne à s'astreindre aux soins méthodiques et constants que demandent certaines cultures. Il lui faut encore certaines techniques pour ne pas gaspiller les cultures telles que le cacao103(*).

C'était donc, au premier chef, une préoccupation de sauvegarde qui inspirera à l'administration locale les dispositions très strictes des textes qui devaient être rédigés pour réglementer la culture du café et celle du cacao; qui devait inspiré aussi les instructions qu'elle devait donner pour que l'indigène ne soit autorisé à planter que sur des terrains choisis par les agents d'agriculture, à ne planter, par exemple, que la variété de café qui lui est indiquée, à ne mettre en terre que les plants qui devaient être fournis par les pépinières administratives et à ne constituer sa plantation que suivant le dispositif.

Il fallait également revaloriser systématiquement toutes les cultures dont l'avenir sur le marché mondial pouvait apparaître prometteur à plus ou moins longue échéance.

Les plans d'actions constituaient ainsi pour l'agriculture de grandes lignes bien dessinées qui orienteront les politiques agricoles françaises au Cameroun. Reste à voire à présent comment la France met en oeuvre ces politiques au Cameroun.

B. La mise en oeuvre des plans d'actions agricoles

La mise en oeuvre des plans d'actions agricoles se concrétisa sur plusieurs domaines en commençant par une valorisation des cultures vivirières

1. La mise en oeuvre de la politique de valorisation des cultures vivrières

Comme nous l'avons montré en supra, avant l'arrivée de Boisson en 1936 et la véritable matérialisation des plans agricoles, des initiatives avaient déjà été mise en place depuis 1920. En effet, le 31 décembre 1920, le Commissairede la République française au Cameroun, Bonnecarrere signa un arrêté qui rendait obligatoire la pratique des cultures vivrières et l'élevage au Cameroun. L'article 2 de cet arrêté stipulait que :

Les collectivités «indigènes », les propriétaires et détenteurs des biens privés, les chefs d'entreprises publiques et privées, sont tenus de justifier à toute réquisition  de la mise en culture vivrière d'une superficie suffisante, pour alimenter largement tous les membres des collectivités «indigènes», les propriétaires et détenteurs de biens, les employés ouvriers et manoeuvres des entreprises publiques et privées104(*).

Comme les plantations européennes ne prenaient pas d'envergure, l'attention fut dirigée sur les exploitations familiales camerounaises. L'administration espérait constituer une classe de petits propriétaires ruraux dont les intérêts coïncideraient avec les siens. Pour y parvenir, elle abolit le régime de concession instauré par les allemands et orienta plutôt sa politique vers un autre système à savoir, celui des concessions moyennes, dont le but était de favoriser l'accession de «l'indigène» à la propriété du sol105(*). Le développement de la petite propriété foncière avait pour corollaire l'accroissement des surfaces destinées aux cultures vivrières car, l'administration allemande ne s'était évertuée qu'à promouvoir les cultures de rente sans se soucier réellement du reste106(*).

Les français mirent également en place des obligations de cultiver les plantations du gouvernement. Il s'agit des plantations vivrières pour palier aux déficiences. En effet, les entreprises en vue de création et celles déjà en place avaient un urgent besoin d'un ravitaillement permanent des denrées alimentaires diverses. Et la simple production traditionnelle villageoise était loin de satisfaire à la fois les besoins des autochtones restés au village et ceux des leurs travaillant dans les plantations et sur les chantiers européens. Il s'agissait là d'une nécessité vitale. C'est pourquoi la France imposa des récompenses.

En effet, l'article 5 de ce fameux arrêté stipule que : «Des primes seront accordées...aux collectivités et aux indigènes qui se seront distingués par leur zèle et les résultats obtenus».107(*) Dans le but de mettre les populations camerounaises à l'abri des famines, le gouvernement de Boisson imposa la constitution des greniers au sein des villages108(*).

Toutefois, les cultures vivrières avaient un rôle secondaire et étaient essentiellement destinées à l'autoconsommation. Cette inertie de l'administration française à négliger les cultures vivrières s'explique par le fait que ces cultures n'avaient pas de place au marché mondial. Avec le développement des villes constituées par les pôles d'installation des administrations coloniales et/ou de commerce des produits, les populations rurales apportaient des vivres en ville et achetaient du sel, des vêtements et de l'huile. Mais le mérite de cette politique de valorisation des cultures vivrières est d'avoir vulgarisée leur production sur l'étendue du territoire. Bien qu'elle ne put permettre une surabondance de la production vivrière, elle permit néanmoins de réduire la fréquence des disettes dans certaines régions du pays. Mais étant donné que l'optique des puissances européenne en Afrique a toujours été l'exploitation, les Français devaient accordée une priorité aux cultures de rentes.

2. L'encouragement cultures de rentes

Le développement des différentes cultures pendant la période française s'est fait selon les zones agro écologiques. En effet, les Français procédèrent à une spécialisation de chaque zone agro-écologiques dans la pratique d'une ou de plusieurs cultures109(*). Dans le Nord caractérisé par des climats soudanien et sahélien, la culture commerciale du coton fut introduite en 1951 sous l'impulsion de la Compagnie française pour le développement des fibres textiles (CFDT)110(*). La CFDT développa cette culture de rente pendant les deux décennies suivantes et l'a introduite dans la quasi-totalité des villages des deux régions septentrionales. Le développement à grande échelle de cette culture dans cette zone fut la transformation économique la plus importante réalisée par les français111(*).

La colonisation française entraîna de profonds changements agro-écologiques au niveau des hautes terres de l'Ouest-Cameroun, avec la mise en place d'un modèle agro-exportateur - processus présentant à bien des égards un caractère paradoxal. Le café arabica s'avérant bien adapté aux zones d'altitude, l'administration française opta pour sa diffusion dès la fin des années 1920112(*) en favorisant officiellement les plantations autochtones de type familial.

En même temps, elle réglementa sévèrement l'adoption de cette culture, craignant des déficits vivriers dans les zones les plus peuplées ou des pénuries de main-d'oeuvre chez les colons européen. L'autorisation était acquise par le versement du prix des semences calculé à raison de 20 Fr le kg113(*). Ainsi, avant qu'un  indigène  ne reçoive l'autorisation de créer une plantation, un moniteur agricole blanc descendait sur le terrain pour s'assurer qu'il était de bonne qualité. Il veillait à ce que le nombre de plants autorisés soit respecté. En cas de fraude, l'excédent était arraché et le contrevenant amendé ou emprisonné. Contrairement à nombre de paysanneries africaines qui n'ont accepté les cultures d'exportation que sous la contrainte, les paysans bamiléké manifestent rapidement un vif engouement pour le café, qu'ils intègrent judicieusement à leurs systèmes de production traditionnels. L'encouragement du café dans ces zones avait une proportion énorme telle que le décrit J. L. Dongmo :

A la différence de ce qui s'est passé dans presque toute l'Afrique intertropicale, les autorités coloniales n'ont pas eu besoin d'imposer les cultures d'exportation par la force en pays Bamiléké. Ici, les indigènes se sont lancés dans la caféiculture avec un engouement si fort qu'elles ont dû intervenir pour discipliner leur ardeur, afin d'éviter qu'ils ne consacrent trop de terres au café au détriment des cultures vivrières, ce qui exposerait le pays à la famine. On redoutait ainsi que des gens mal préparés ne créent des plantations médiocres qui deviendraient des foyers de maladies pour les autres plantations de la région, ou dont la production de mauvaise qualité nuirait la réputation du café camerounais sur le marché.114(*)

Les colons français n'étaient pas en reste dans cette révolution agricole. En effet, ils investirent rapidement les meilleurs espaces que l'administration se hâta de borner. La France cherchait en effet à limiter ses importations de café étranger : dans ce but, en 1938, le ministre des Colonies fit adopter une loi qui accordait des prêts et des subventions aux entreprises qui investissaient dans l'extension des surfaces plantées en caféiers d'Arabie115(*). De nombreuses entreprises se ruèrent alors sur la région et en 1941, 32 concessions avaient été achetées par les Européens dans l'extension des surfaces plantées en caféiers d'Arabie. C'est donc par le biais des grandes plantations coloniales que le caféier se répandit dans cette région.

La zone littorale et du Sud demeurait une zone du cacao. La culture se répandit d'abord de façon diffuse et inorganisée. Son intérêt commercial par rapport aux produits de traite habituels (palmistes, caoutchouc) fut très tôt reconnu, avant même que l'administration encourage cette spéculation116(*). Au tout début, des fèves dérobées dans les plantations côtières furent rapportées au pays par des travailleurs. Dans la Lékié117(*) par exemple, elles provenaient du pays basaa, d'où les Eton les ramenaient en cachette quand ils allaient au marché d'Eséka, grand centre de collecte des produits de la forêt, avant le prolongement de la voie ferrée jusqu'à Yaoundé en 1927. Entre 1919 et 1920, les autorités françaises distribuèrent des cabosses aux chefs indigènes de la région du Nyong et Sanaga (dont le très célèbre Charles Atangana, chef supérieur des Ewondo, qui possédait en 1924 plus de 100 ha de cacaoyers...)118(*). Ce n'est qu'à partir de 1924-25 que le cacao prit son essor dans le Sud Cameroun. En 1927, une ferme expérimentale était créée à Ebolowa, par les frères Pascalet119(*) dans le but de promouvoir le développement de la culture du cacao dans la zone. Le paiement de l'impôt de capitation va être également un puissant accélérateur de ce processus. En 1926, le paiement de l'impôt pour un couple, nécessitait 30 kg de noix palmistes, soit un mois de travail ; les années suivantes, 200 kg et sept mois de travail120(*). En 1933, le même couple pouvait payer son impôt avec 53 kg de cacao (environ 450 pieds à 0,12 kg par arbuste), soit une centaine d'heures de travail, de la mise en place des arbustes, à la récolte121(*).

En outre, les plantations de gouvernement qui concernaient uniquement les produits vivriers furent également introduites pour les produits de rentes, d'abord les palmiers à huile, plus tard aussi le café et le cacao122(*). Au début les résultats étaient médiocres, mais quand une coordination avec les stations agricoles fut mise en place, cette mesure contribua à une extension importante de ces cultures d'exportation.

Par ces différentes mesures, le gouvernement colonial français parvint ainsi à vulgariser la culture des produits de rentes sur l'étendue du territoire.

3. Les instruments de mise en oeuvre des politiques agricoles françaises

Plusieurs instruments furent mobilisés par la puissance mandataire pour mettre en oeuvre leurs politiques agricoles. Les premiers instruments de ces politiques furent les inspections agricoles.

a. Les inspections agricoles

Le décret du décret du 7 janvier 1927 met en place une inspection agricole123(*). Elles constituaient le sommet de la pyramide des instituions agricoles et étaient tenues par un officier forestier qui était en même temps ingénieur agronome. Sa juridiction s'étend sur tout le territoire124(*). L'inspection de l'agriculture était chargée de la documentation relative aux cultures et aux exportations agricoles, d'étudier les mesures propres à intensifier la production et l'amélioration des produits, de surveiller enfin les essais entrepris dans les stations agricoles. En plus du développement agricole proprement dit, l'inspecteur de l'agriculture assurait la direction et la surveillance du fonctionnement des commissions agricoles, des coopératives, des mutuelles d'agriculture ainsi que l'enseignement donné dans les écoles d'apprentissage à caractère agricole125(*).

Immédiatement après, viennent huit postes d'inspecteurs régionaux, dont le ressort s'étend à un secteur constitué par une ou plusieursrégions administratives suivant le cas, le groupement des régions administratives en secteur ayant été effectué en raison des similitudes présentées dans le domaine qui concerné; enfin, dernier échelon, un poste agricole a été créé dans chaque région administrative. Le chef de poste, qui était un conducteur des travaux agricoles, était l'agent d'exécution de l'administrateur commandant la région. Il était soumis au contrôle technique de l'inspecteur régional, chef de secteur.Pour compléter ce schéma, il faut en outre mentionner trois stations d'essai entre lesquelles fut répartie l'étude des divers problèmes que posait l'amélioration des cultures vivrières ou d'exportation, pratiquées sur l'étendue du territoire.C'est de ces stations, renforcées dans leurs possibilités d'action, que partaient les enseignements qui, adaptés aux nécessités de la vulgarisation, s'inscrivait en prescriptions dans les plans d'action agricole.

En étendant sur tout le Territoire ce réseau d'activités techniques, l'objectif était d'encadrer aussi solidement que possible le paysannat indigène. Pour des raisons financières évidentes, il ne fut pas possible d'accroître l'effectif des agents européens des services agricoles.

Dans ces conditions, les français estimèrent qu'il convenait de s'adresser à l'élite indigène pour lui demander son concours. Notons, en passant, que cette préoccupation des français d'associer à leur oeuvre d'éducation de la masse les plus évolués de leurs administrés, ne s'inspirait pas que de motifs budgétaires. En effet elle répondait surtout à une véritable nécessité politique et sociale.

Ainsi fut donc créé une École Supérieure d'Agriculture. Les élèves y rentraient au niveau du certificat d'études. La première promotion de la nouvelle école fut recrutée en 1938126(*). La scolarité comportait trois ans d'études en internat, dirigées par le service d'agriculture, et un an de stage passé près d'un chef de poste agricole. L'école possédait un domaine agricole, car l'enseignement devait être pratique. Par soucis de décentralisation, il fut également crée dans certaines villes des postes de paysannat chargés du contrôle de l'évolution des cultures de rente, des cultures vivrières, de l'éducation de base, des pistes villageoises, des points d'eau127(*). D'autres organismes à compétences régionales furent également mis en place, à savoir les commissions agricoles

b. Les commissions agricoles et les sociétés de prévoyances africaines

Les commissions agricoles furent mises en place par l'administration mandataire le 20 décembre 1923128(*). Présidées par l'administrateur en chef de la circonscription administrative, elles étaient chargées d'appliquer la politique agricole au niveau des circonscriptions et avaient ainsi compétence pour délibérer sur toutes les questions ayant trait à l'agriculture. Elles permirent le développement rapide des produits d'exportation et vivriers129(*).

L'administration tenta également de promouvoir l'agriculture au Cameroun à travers les coopératives dès 1924. Ces coopératives servaient surtout à acheter de l'outillage et du matériel de lutte phytosanitaire130(*). Elles étaient très centralisées et entièrement aux mains de l'administration et étaient incapables de prendre en compte les véritables intérêts des paysans. Elles furent doncréorganisées en 1938 en sociétés africaines de prévoyance131(*).

Les sociétés de prévoyances répondaient aux attentes des Français dont la quintessence nous est livrée par le Commissaire Boisson :

Pour apprécier l'institution, il faut d'abord se rappeler que le cultivateur indigène est, en règle très générale, un homme sans moyens. Il vit au jour le jour et toute dépense d'outillage est pour lui un problème dont il ajourne volontiers la solution, souvent par nécessité, mais même lorsqu'il pourrait faire autrement. Nous avons dès lors pensé que par l'association, et l'association obligatoire, nous pouvions lui donner à la fois les moyens qui lui manquent et suppléer à son insouciance native132(*).

Dans chaque région administrative, une société de prévoyance groupait tous les cultivateurs (ou tous les éleveurs, s'il s'agit de populations pastorales). La cotisation, qui était de l'ordre de 1 à 2 Frs, se recouvrait comme s'il s'agissait de centimes additionnels à l'impôt133(*). La société était administrée par un conseil de notables présidé par l'administrateur commandant la région. Le rôle joué fut considérable dans sa portée et fut extrêmement varié dans ses modalités.

La société de prévoyance constituait des équipes de traitement. Celles-ci passaient de village en village, taillaient, recépaient, et appliquaient méthodiquement les directives des services agricoles. Devant elles, la brousse reculait, les cacaoyers bien dégagés reprenaient de la vigueur, les plantations s'ordonnaient, et la productivité augmentait. C'est ainsi que 400.000 pieds de cacao furent visitées en Mai 1938 dans une subdivision proche de Yaoundé134(*).

En d'autres circonstances, elles assuraient la préparation des produits du sol, intervenaient dans leur vente. Pour accroître leurs moyens d'action, l'administration les subventionnait budgétairement, et leur donnait des fonds de démarrage que devaient reconstituer les cotisations annuelles.

En dehors de ces principales institutions agricoles, nous pouvons ajouter la mise sur pied par un arrêté du 22 juin 1921 d'une chambre de commerce, d'agriculture et d'industrie au Cameroun dont le rôle était consultatif en matière agricole. L'agriculture étant principalement une activité humaine, l'administration française utilisa également les indigènes comme instrument de mise en oeuvre de leur politique agricole.

c. La main-d'oeuvre indigène

Avec la création des grandes plantations, se posa le problème de la main-d'oeuvre. De nombreux autochtones sont arrêtés parfois avec la complicité des chefs traditionnels pour être employés dans les travaux forcés. Ce problème de main-d'oeuvre devint si crucial qu'il fut créé en 1937 des Offices Régionaux du Travail (ORT) dont l'une des attributions était la fourniture de la main-d'oeuvre aux grandes plantations.

Pour échapper à cette situation, de nombreux jeunes n'hésitèrent pas à s'enfuir vers la zone anglaise comme le décrit le chef de subdivision de Bafang :« il y a une diminution des effectifs des hommes adultes du fait de nombreux exodes vers le sud. Conséquences à la fois des appels à la main-d'oeuvre»135(*). Pour palier à cet exode des populations l'administration mit en place le système des prestations136(*).

En principe, le travail forcé était aboli par le mandat; mais une exception resta permise: pour les travaux publics essentiels et sous condition d'une rémunération équitable, le travail forcé était possible. On était donc dans la continuation en quelque façon du système allemand. En effet, le système des prestations consistait à 10 jours de travail forcé par ans pour tous les hommes adultes137(*).

En outre, l'indigénat, une institution juridique limitant sérieusement les droits des indigènes permettait la répression sévère de toute tentative d'autodéfense. Le système des prestations et l'indigénat furent parmi tant de systèmes qui permettaient aux français d'obtenir la main-d'oeuvre. Ce système de travail forcé eut un effet sur l'activité économique traditionnelle comme le décrit L. Kaptué :

Dans ce contexte, l'agriculture villageoise souffrit particulièrement, dans certains secteurs. Des champs de cultures vivrières ne virent jamais le jour, tandis que ceux qui existaient déjà étaient rapidement envahis par les herbes, faute de bras pour les entretenir. Ils finissaient ainsi par disparaître complètement ou, en tout cas leur étendue diminuait dramatiquement. Alors, la famine et les disettes de tous genres étaient le lot des invalides restés au village. Et leur situation se compliquait d'avantage quand, parce que mal nourris, ou pas du tout, sur les chantiers, les recrutés, les requis, retournaient se ravitailler dans leur village d'origine, mettant par là à contribution pour leur entretien physique, des personnes qui n'avaient déjà pas de quoi se nourrir elles-mêmes138(*)

Ainsi, l'histoire de la naissance des politiques agricoles et leur évolution pendant la période coloniale nous donne l'opportunité de comprendre que ce sont les allemands qui introduisent les politiques agricoles au Cameroun. Ils accordèrent une primauté aux cultures de rentes dès l'instauration de la culture du cacao au Cameroun.

Les premiers essaies sont fait à Victoria, l'Allemagne étant alors le troisième consommateur mondial de cacao139(*).Face à la demande croissante, il fallait produire vite. C'est ainsi qu'ils se jetèrent dans la création des grandes plantations industrielles, en vue de mieux contrôler la production et assurer un approvisionnement régulier de la métropole. Leurs successeurs français effectueront un recadrage vers les cultures vivrières tout en accentuant l'agriculture des grandes plantations héritées des allemands et en favorisant la production paysanne. Ainsi, au départ des Français en 1960, certains éléments sont déjà en place pour permettre au jeune Etat souverain d'entamer sa politique agricole souveraine.

CHAPITRE II : PREMIERS PLANS QUINQUENNAUX ET CHOIX DE L'INTERVENTIONNISME ETATIQUE DANS LE SECTEUR AGRICOLE (1960-1970)

Le Cameroun étant à présent un territoire souverain se doit de mettre en place une politique agricole souveraine. C'est dans ce sillage que les orientations stratégiques agricoles s'inscriront dans le cadre de la planification économique envisagée par le gouvernement dès 1960. Il s'agira donc dans ce chapitre de présenter les politiques agricoles dans le cadre de la première décennie de l'économie planifiée. Le premier axe consistera à mener une étude sur l'interventionnisme étatique en Afrique au lendemain des indépendances et les méthodes de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles pendant la période de planification. Le second, qui constitue l'essentiel de ce chapitre consistera à montrer la continuité de la politique agricole coloniale dans le cadre des deux premiers plans quinquennaux.

I. L'INTERVENTIONNISME EN AFRIQUE ET LES METHODES DE FORMULATION ET DE MISE EN OEUVRE DES POLITIQUES AGRICOLES PENDANT LA PHASE DE PLANIFICATION DE L'ECONOMIE CAMEROUNAISE

Les stratégies d'exploitation économique pendant la période coloniale se caractérisaient par une politique interventionniste accrue qui plaçaient l'administration coloniale au centre de la gestion économique du territoire. Cette philosophie de développement se perpétua dans les premières décennies d'indépendance en Afrique et influença l'élaboration des stratégies économiques en général et du secteur agricole en particulier.

A. L'interventionnisme étatique en Afrique au lendemain des indépendances

Au sortir de la colonisation, l'intervention publique s'avérait être un vecteur essentiel de la dynamique de croissance dans tous les pays africains. Les objectifs économiques fixés par les pays africains après l'indépendance tournaient ainsi autour de la promotion du développement à travers l'interventionnisme publique, c'est-à-dire une implication généralisée et poussée de l'Etat dans le processus de développement du pays. L'Etat intervenait ainsi directement dans tous les secteurs de l'économie dans le but de promouvoir un développement généralisé.

Introduit en Afrique à la période coloniale dans le but d'accélérer l'exploitation des matières premières au profit des métropoles occidentales, l'interventionnisme d'Etat perdure après les indépendances au point de devenir l'apanage des politiques de développement. Avant la colonisation, le but de la production était de garantir la sécurité et la permanence du groupe. Le chef de la communauté domestique avait alors le monopole du pouvoir de décisions sur tout ce qui avait trait à la production agricole: techniques agricoles et artisanales, utilisation de la terre, l'énergie humaine, moyens de production individuels. Pendant la colonisation, les cultures d'exportation furent introduites de manière coercitive dans les petites exploitations familiales: café et cacao constituaient des exigences de l'administration coloniale, sans rapport avec la nécessité de survie des groupes domestiques locaux. Pour assurer la réussite de ces nouvelles cultures, la puissance coloniale créa des institutions spécialisées: stations de recherche, fermes de multiplications, services d'encadrement des producteurs, services d'approvisionnement en intrants et de commercialisation des produits. Et même les producteurs étaient organisés en groupements coopératifs.

Ce décor fut maintenu après les indépendances : l'exploitation des matières premières s'intensifia dans le cadre du développement économique et social des Etats, l'objectif étant d'assurer des devises pour soutenir les efforts de développement, et, à terme, d'améliorer les conditions de vie des populations. L'adhésion à l'interventionnisme d'Etat devint la principale forme de développement et la planification devint son modus operendis.

Une étude menée dans plusieurs pays Africains révèle en effet que la planification des projets se généralisa dans le secteur agricole en Afrique après les indépendances140(*). Cet étude montre que :

L'existence des Plans de Développement peut être considérée comme le meilleur indicateur de l'intervention de l'Etat dans les activités économiques, sociales et culturelles.141(*)

L'interventionnisme étatique en Afrique, sous la forme d'une planification volontaire, eut un impact globalement positif sur la productivité. Il convient néanmoins de signaler qu'il se caractérisait par une confiscation de la prise des décisions de production par les technocrates, aboutissant à une marginalisation et à la «dépaysannisation» des populations rurales142(*). Certaines politiques interventionnistes, axées sur l'autosuffisance alimentaire, servirent, à dessein ou pas, à cloîtrer les populations rurales hors de la logique de marché et des réseaux de redistribution des richesses143(*). Ce qui contribua plus à accroître leur appauvrissement qu'à leur permettre de sortir de la pauvreté et accentua le phénomène de l'exode rurale. C'est sous cette approche interventionniste que le gouvernement camerounais élaborait ses politiques agricoles.

B. Méthodes de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles pendant la phase de planification de l'économie camerounaise

Au lendemain de son indépendance en 1960, le Cameroun à l'instar d'autres pays d'Afrique eut pour principal objectif le développement. Se développer signifiait ici élaborer des politiques d'investissement pour un développement durable de la nation,définir la stratégie de développement de l'activité économique, évaluer les ressources disponibles et fixer leur distribution suivant les priorités sectorielles144(*). C'est dans ce conteste que le nouvel Etat indépendant du Cameroun élabora les premiers plans quinquennaux à travers ses programmes de développement145(*).

Ainsi l'une des fonctions que le gouvernement devait remplir parmi tant d'autres, fut le développement de la production agricole. La contrainte ici était que la responsabilité de la formulation des politiques devait être retrouvée dans ses différentes institutions telles que ses ministères et les divisions ministérielles. C'est dans ce contexte que nous distinguons une multitude d'acteurs dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques agricoles au Cameroun pendant la phase de planification.

De 1960 au milieu des années 80, la politique économique du Cameroun est dans une phase de planification sous-tendue par les plans quinquennaux de développement146(*) décidés «d'en haut» par l'Etat.Il s'agissait d'objectifs de développement que se fixait l'Etat sur une période de cinq ans. Durant cette phase, six plans quinquennaux furent mis en oeuvre dont cinq arrivèrent à terme, le sixième ayant été interrompu par la crise économique du milieu des années 80147(*).Dans chacun de ces plans quinquennaux, l'agriculture ressortait comme un des principaux éléments sur lequel devait se baser le développement économique.

Durant cette planification quinquennale, l'Etat était fortement impliqué dans l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique agricole. Il était présent dans les différentes phases de l'exécution de celle-ci et s'engageait dans les opérations de production, de distribution, de commercialisation, et la recherche. Son souci était d'assurer l'encadrement gratuit des agriculteurs de la production à la commercialisation, y compris le financement. L'Etat était ainsi au coeur du dispositif d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques agricoles. Il s'impliquait fortement dans le secteur agricole via deux institutions spécialisées à savoir le Ministère de l'Agriculture (MINAGRI) qui était en charge des questions relatives au développement de la production végétale, et le Ministère de l'élevage, des Pêches et des Industries Animales, (MINEPIA) qui était en charge des questions relatives au développement de la production animale148(*).

Les fonctions régaliennes de ces deux ministères étaient la conception et la mise en oeuvre des politiques agricoles du pays. Ils étaient accompagnés dans ce processus par les services déconcentrés de l'Etat à savoir les sociétés de développement. L'Etat s'était ainsi constitué en seul maître d'ouvrage et maître d'oeuvre de la politique agricole pendant la période de l'économie administrée149(*). Le secteur agricole était alors tributaire d'une économie administrée en vigueur car les pouvoirs publics, à travers les plans quinquennaux, concevaient et définissaient les politiques agricoles nationales sans impliquer les autres acteurs150(*).

La conception des politiques agricoles débutait au sein de des administrations sectorielles en charges des questions agricoles qui effectuaient premièrement une évaluation ex ante du secteur. Elles procédaient ensuite à la rédaction d'un bilan diagnostic du secteur agricole. Ce bilan permettait de dégager les principales contraintes au développement du secteur agricole et isolaient les tendances151(*). Il était ensuite transmis aux comités chargés de l'élaboration des politiques agricoles, qui transmettaient le nouveau dispositif, à leur tour à la commission nationale de la planification chargée de l'élaboration du plan quinquennal152(*). Les instruments de mise en oeuvre et de suivi des politiques agricoles étaient les organismes publics et parapublics de l'Etat qui assuraient le développement intégré des régions agricoles du pays. L'omniprésence de l'Etat dans l'appareil de production agricole rendait le suivi et l'évaluation de la politique administratifs et comptables153(*). Cette période de l'histoire du Cameroun fut donc marquée par une prépondérance de l'État dans le déroulement de l'activité activité agricole. Comment comprendre cette implication de l'Etat Camerounais à l'amont et à l'aval de la conception et de la mise en oeuvre des politiques agricoles pendant cette période ?

Pour mieux appréhender cette toute puissance de l'Etat dans le processus d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques agricoles, il faut tenir compte du contexte de l'époque.

En effet, au lendemain des indépendances, la plupart des Etats africains o connurent l'accroissement considérable de leur poids dans la société, compte tenue notamment du développement de l'Etat-providence154(*). Le but recherché était d'étendre l'emprise de l'Etat sur l'espace national et aussi d'instaurer l'Etat-providence moderne155(*). L'instauration de l'Etat-providence ouvra ainsi deux décennies d'âge d'or de l'Etat, où dans un contexte de croissance économique, l'intervention de l'Etat s'accrut dans touts les secteurs de l'économie et de la société. C'est l'Etat qui assurait ainsi la promotion du développement économique et social. Au Cameroun comme par ailleurs, le grand dessein politique était le «développement»156(*). Dans ce contexte de régime à partie unique157(*), la domination politique rimait avec la domination économique. L'Etat était ainsi présent dans touts les secteurs et assurait la prise en charge de tous les secteurs stratégiques par des investissements directs. Cette extension du rôle de l'Etat était assez largement acceptée ne serait-ce que parce qu'elle coïncidait avec une amélioration importante des conditions des populations et une période de paix.

Toutefois, les agriculteurs en générale et plus particulièrement les ruraux vers qui étaient dirigés les outputs de la politique agricole avaient une marge de manoeuvre très réduite pour influencer la conception de la politique car cette dernière impliquait beaucoup plus les fonctionnaires que les producteurs. Et même lorsque l'Etat mettait en place des coopératives pour accompagner les paysans, le rôle de ces associations de paysans était d'aider les fonctionnaires à mieux gérer leurs activités.

II. LE PREMIER ET LE SECOND PLAN QUINQUENNAL : DANS LA CONTINUITE DE LA POLITIQUE AGRICOLE COLONIALE

La politique économique au Cameroun depuis son indépendance en 1960, a toujours accordé une place particulière au secteur agricole. Les autorités camerounaises se sont depuis rendues à l'évidence que la voie du développement économique passe par le développement de l'agriculture. Ceci parce que cette activité a toujours été la principale en milieu rural, milieu qui reste le plus concerné par le faible niveau des revenus ainsi que la précarité des conditions de vie.

Cette politique d'amélioration des conditions de vie de la population devait passer par l'augmentation de la productivité agricole.Il était ainsi normal que dès l'aube de l'indépendance, les pouvoirs publics aient consacré leur effort au développement de l'agriculture qui constituait sans doute, « l'essieu du char du développement économique et social »158(*).Le contexte économique de cette période imposait donc l'agriculture comme un pilier du développement de l'économie camerounaise. L'activité agricole possédait par ricochet pour le gouvernement camerounais un avantage comparatif sur les autres secteurs dans la mise en place d'une politique économique de développement. Car l'incidence d'une amélioration de la situation de cette activité devait avoir des effets plus marquants sur la population rurale. C'est dans ce sillage que le nouvel Etat se dota premièrement d'une politique économique de développement qui servit de base à la réalisation des objectifs agricoles.

A. Politique de développements économiques et objectifs agricoles des deux premiers plans quinquennaux

La politique de développement économique constituait généralement le socle des différentes stratégies sectorielles et sous-sectorielles mises en place par l'Etat camerounais. C'est en fonction de la vision économique que les stratégies agricoles étaient élaborées. La première politique de développement adoptée au Cameroun fut le libéralisme planifié.

1. La politique de développement économique des deux premiers plans quinquennaux : le libéralisme planifié

A l'indépendance, l'économie camerounaise était en pleine transformation. Les différents acteurs économiques étaient toujours entrain de tenter de réaliser les nouvelles opportunités ouvertes par les contacts avec l'Europe et de s'adapter aux exigences nouvelles. Pour réaliser s'adapter à ces exigences, le président Ahidjo décida de poursuivre une politique d'ouverture envers les capitaux étrangers et de planification indicative à l'aide de plans quinquennaux avec un rôle très actif du secteur public : c'est le libéralisme planifié.

Le libéralisme planifié renvoie à une forme de libéralisme moderne qui encourage l'initiative privée tout en accordant àl'Etat un rôle général d'organisation, d'orientation, d'impulsion et de contrôle du développement entre les différentes régions du pays159(*).La course vers le développement d'un secteur économique solide trouvait donc sa légitimité dans la thèse libéraledéfendue par le président Ahidjo en ces termes :

Le facteur le plus dynamique de notre démarrage est, croyons-nous, notre option pour le libéralisme en matière économique. Le libéralisme grâce auquel la perspective du profit légitime excite l'initiative et grâce auquel la liberté fertilise l'imagination. Mais, c'est un libéralisme ordonné, sélectif non anarchique...dans la conjoncture nationale et mondiale actuelle, cette politique de libéralisme est sans aucun doute la meilleure pour notre pays et par conséquent, le plus conforme à l'intérêt de notre peuple. Elle représente l'heureuse conjonction entre l'idéal de notre développement vers lequel nous tendons et le réel160(*).

Le libéralisme planifié visait la promotion de l'initiative privée, et l'assignation à l'Etat de la tâche de mobilisation, de coordination et d'encadrement de ces initiatives dans une atmosphère de respect de l'intérêt général et de la souveraineté nationale.

L'Etat camerounais devait donc adopter des mesures incitatives afin d'orienter les producteurs et autres agents économiques dans le sens des orientations des plans quinquennaux. Il devait mettre en place des structures d'encadrement des paysans dans le but de susciter un changement dans leur condition. Dans cette perspective, son intervention en matière de développement agricole devrait lui permettre de prendre en charge des activités socialement rentables ou relevant de la souveraineté alimentaire et qui ne pouvait être laissées à l'initiative privée ou locale161(*).

Les deux premiers plans eurent dont pour fondement doctrinaire le libéralisme planifié.Bien que le premier se soit préoccupé essentiellement du cadre institutionnel de la planification, ces deux plans sont complémentaires dans la mesure où ils servent de base à la définition des politiques économiques dans la jeune économie africaine162(*).

2. Les objectifs agricoles des deux premiers plans quinquennaux

De façon générale, les plans de développement économique étaient basés sur une politique d'incitation à travers la recherche, l'encadrement, l'appui à la mécanisation des zones rurales, la promotion du crédit agricole, la formation des paysans et leurs organisations professionnelles, et l'amélioration des conditions de vie en milieu rural. Ils étaient organisés autour de trois programmes prioritaires: l'agriculture, la structuration du monde rural et l'aménagement de l'espace rural.

Le secteur agricole devait jouer un rôle moteur pour l'ensemble de l'économie. Les fils conducteurs de la politique agricole étaient le maintien et la consolidation de la sécurité alimentaire, le développement des exportations et l'amélioration des conditions de vie des paysans. Le plan définissait la politique agricole à travers la recherche, l'encadrement, l'appui à la mécanisation des zones rurales, la promotion du crédit agricole163(*), la formation des paysans et leurs organisations professionnelles, et l'amélioration des conditions de vie en milieu rural.

Le premier plan quinquennal (1960-1965)164(*), était consacré essentiellement aux infrastructures et l'agriculture d'exportation. L'objectif visé pour ce premier plan de développement économique, social et culturel était de doubler le revenu national par tête de 1960 à 1980.En termes de chiffre, un tel objectif revenait à faire passer le revenu moyen par tête de 27 000 à 54 000 FCFA165(*). Ainsi, dans un pays à vocation agricole et où la population rurale constituait 80% de la population totale, il était normal que dès l'aube de l'indépendance, les pouvoirs publics se dotent d'une stratégie de développement agricole efficace. Le volume d'investissements prévus pour le développement rural était de 53,18 milliards FCFA166(*). La stratégie de développement reposait sur l'encadrement technique du monde rural et l'accès aux zones de production. Trois gros projets d'infrastructure furent programmés pour relier les zones de production au port de sortie: il s'agit de la construction du port de Douala167(*), de l'extension du chemin de fer, et de l'ouverture d'axes routiers vers les zones de production168(*).

Le bilan de ce premier plan montra qu'il y eut une prolifération de coopératives non viables pour la plupart, et une absence généralisée de ressources financières pour permettre le développement par l'accroissement des revenus comme initialement prévu169(*). En outre,les exploitations agricoles traditionnelles, représentaient la grande majorité des terres cultivées au Cameroun tandis que les exploitations de type moderne n'intéressaient queles productions de quelques cultures de rentes qui ne représentaient que 5% des superficies cultivées170(*). Les productions du cacao, du coton, de l'arachide, toute la production vivrière, étaient le fait d'exploitation de type traditionnel.

Le deuxième plan (1966-71), baptisé «Plan Paysan»171(*), avait pour ambition d'augmenter la production des cultures d'exportation.Cette augmentation devait être cherchée dans quatre voies à savoir : l'amélioration des rendements des cultures existantes ; l'augmentation des superficies cultivées par exploitation172(*); la spécialisation dans les productions, et la diversification des cultures173(*). Il visait de manière spécifique «l'amélioration des conditions de vie en milieu rural», par une stratégie d'encadrement, de structuration et d'aides pour l'achat des intrants modernes.Le volume des investissements prévus pour le secteur rural était de 18,58%174(*). L'accent fut également mis sur l'exode rural175(*). Ces orientations nous permettent de dégager les grands traits des politiques agricoles de la première décennie d'indépendance.

B. Les grands traits de la politique agricole pendant la première décennie d'indépendance

Une responsabilité que le gouvernement camerounais devait remplir dès l'accession à l'indépendance fut de prendre en main la gestion du secteur agricole héritée de l'administration coloniale. L'économie camerounaise étant en essor, le gouvernement choisit de se placer dans le prolongement de l'administration coloniale et dans une situation de dépendance. C'est dans ce sillage que la primauté des cultures de rentes resta toujours en vigueur.

1. Continuité de la promotion des cultures de rentes

Dans le prolongement de l'administration coloniale, l'Etat camerounais choisit de s'investir dans la promotion des cultures d'exportation.Le premier et le second plan quinquennal de développement économique et social orientèrent ainsi leurs actions sur la promotion de l'agriculture paysanne à travers les secteurs de modernisation et un accent particulier sur les cultures de rentes. Ces principales cultures sont : le cacao, le café arabica et robusta, le caoutchouc naturel, le coton graine, la banane d'exportation, l'huile de palme, le thé. Pour le jeune Etat, ces cultures étaient sources de devises176(*) et procuraient d'importantes recettes. Le cacao représentait la principale exportation de rente. Entre 1963 et 1964, sa production totale fut de 93 235 tonnes pour une superficie cultivée de 357 500 hectares177(*).En 1965, cette culture comptait pour plus de la moitié des exportations des principaux produits agricoles camerounais.

Graphique 1 : structure des exportations des principaux produits de base en1965

Source:World Bank, World Developpment Indicator,2014

Le gouvernement camerounais continua également la promotion de l'agriculture de rente paysanne comme au temps de la colonisation en incitant la création des plantations paysannes et en distribuant gratuitement des intrants agricoles aux planteurs178(*). Dès 1960,le gouvernement camerounais débuta avec la sensibilisation sur le rôle bénéfique des engrais. À cet effet, fut mis en place le Programme National des Engrais (PNE) en 1960179(*).

Ce programme avait pour objectifs la sensibilisation de la population sur l'usage rationnel des engrais, la mise en évidence de l'efficacité des engrais par des démonstrations pratiques, d'organiser des essais et des démonstrations en engrais afin de mettre en évidence l'efficacité et la rentabilité de l'usage de cet intrant par les paysans180(*). Notons en outre que certaines plantations furent abandonnées par les colons et d'autres furent rétrocédées au paysans dès 1960181(*).Les premières rétrocessions furent d'ailleurs effectuées entre 1960 et 1965, juste après l'indépendance182(*) et l'Etat camerounais prenait en charge touts ces planteurs dans sa politique interventionniste.

2. Une recherche agronomique monopolisée par l'ancienne puissance coloniale

Elle s'inscrivait dans le cadre de la recherche scientifique qui était encore embryonnaire au lendemain de l'indépendance et tributaire de l'ancienne métropole.

En effet, comme dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la science dite moderne fut introduite au Cameroun pendant la période de colonisation183(*). On doit le début des activités de recherche scientifique au Cameroun aux explorateurs, missionnaires chrétiens, administrateurs des colonies, officiers des armées allemandes et françaises, ainsi qu'aux chercheurs et universitaires isolés184(*). La période coloniale fut ainsi marquée par la mise en place dès 1889 des jardins d'essaies, la Société d'Etude Camerounaise (SECAM) en 1935, la création, par les services d'agriculture du Haut Commissariat de laRépublique Française, des premières, mais nombreuses, stations expérimentales185(*), et la mise en place des instituts spécialisées dans la recherche agricole186(*) .

Au lendemain de l'indépendance, le nombre de chercheurs camerounais formés était très peu et la recherche resta entièrement administrée et contrôlée par les Français. Camerounais et français évitèrent toute rupture ou changement brutal dans le fonctionnement de la recherche, qui aurait de toutes manières abouti à la paralysie du secteur, le nouvel Etat n'ayant pas les moyens d'une relève rapide.

Ainsi jusqu'en 1965,les instituts de recherche français, l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM)187(*), l'institut Pasteur, se chargeaient des activités de recherche188(*).Les frais de fonctionnement des instituts étaient pris en charge par les autorités camerounaises, mais les salaires des chercheurs, qui étaient pour la plupart français, étaient assurés par l'ancienne puissance coloniale. Le fait que la recherche fut, en partie, prise en charge par la France, permit à l'Etat camerounais naissant de concentrer dans un premier temps ses moyens à l'enseignement et à la formation supérieure. D'où la création en 1960, avec l'appui de la coopération américaine de la première institution scientifique camerounaise en matière d'agriculture à savoir l'Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie (ENSA)189(*). Le souci de préparer la relève par la formation des hommes, qui auront par la suite à prendre en charge la recherche agronomique, pourrait avoir prévalu dans cette orientation.En 1961 est créée l'Université fédérale de Yaoundé, suivi d'un Conseil de laRecherche Scientifique et Technique par le décret n°62/LF/364 du 02 octobre1962190(*), afin de concevoir les orientations de la recherche. Cet organe était directement rattaché à la Présidence de la République, ce qui lui conférait une certaine prééminence statutaire par rapport aux autres secteurs d'activité191(*). Malgré cette création, il n'y eut guère, dans le fond, de changement en matière de recherche agronomique durant toute la première décennie de l'indépendance.

En fait, l'Etat ne put peut-être concentrer ses efforts sur l'enseignement supérieur que parce que la recherche est déjà bien implantée dans les centres de recherche hérités de la colonisation. D'ailleurs, la création en 1963 de l'Office National de la Recherche Scientifique et Technique (ONAREST)192(*) n'apporta aucun changement au monopole de ces instituts sur la recherche camerounaise puisque l'effectivité de cet institut fut à partir de 1974. Au contraire, la position quasi monopolistique française fut renforcée à la suite des accords de coopération franco-camerounais de 1963, relatifs à la recherche scientifique et technique193(*). A la suite de ces accords, la recherche resta entièrement sous la conduite des Français, et était réalisée dans des instituts français implantés au Cameroun.

La recherche restait pour l'essentiel agricole, et était axée sur les cultures d'exportation. Elle visait l'amélioration des variétés cultivées, la protection des cultures et le perfectionnement des systèmes culturaux. Elle s'intéressait à peine aux cultures vivrières, jusque-là délaissées au profit des cultures d'exportation. Les programmes de recherche devaient résoudre les problèmes exigés par les usines de transformation de l'ancienne métropole perpétuant ainsi le système du pacte colonial. Plusieurs solutions trouvées dans d'autres pays étaient calquées au Cameroun.

Ainsi d'un point de vue scientifique, l'histoire de la recherche en générale et de la recherche agronomique des années 60 au Cameroun établit que les sujets, les thèmes et les préoccupations retenus pour la recherche par les chercheurs occidentaux répondaient exclusivement aux intérêts administratifs, économiques et géopolitiques de l'ancienne métropole.S'il y avait des recherches sur le Cameroun et sur les Camerounais, il n'y avait pas de recherche camerounaise. Avec la création des instituts universitaires mentionnées en supra, les premiers chercheurs nationaux firent des recherches universitaires pour acquérir des distinctions académiques. Ces recherches scolaires ont enfermé les premiers chercheurs camerounais dans des «tours d'ivoire», et les ont coupés de la réalité sociale ou publique détournant ainsi ces derniers de leur mission primordiale qui était la recherche pour le développement.

3. Un système d'entreprise et de mission de développement embryonnaire

Selon la théorie keynésienne, l'Etat est considéré comme un agent économique agissant au nom de la société et utilisant au besoin la contrainte. Les entreprises publiques, les missions de développement et les fonds de développement font partie de l'ensemble des politiques mises en oeuvre par l'Etat pour booster le secteur économique194(*). Ces instruments étatiques concourent à la maximisation de l'utilité sociale et de la production agricole.

a. Une agro-industrie embryonnaire

Au lendemain de l'indépendance, la nécessité pour le gouvernement camerounais de prendre en main l'économie s'était imposée. Il est trivial de dire que les années d'avant indépendance furent caractérisées par une mise à l'écart des nationaux de la vie politique et économique du pays. En raison de l'absence, mieux du manque de maturité de l'initiative privée, le rôle d'impulsion de l'économie fut pris en charge par l'Etat au moyen de nombreuses entitéséconomiques et juridiques que l'on regroupe sous le vocable d'entreprises publiques. Les premières entreprises publiques camerounaises furent mises en place dans un contexte politique morose.

En effet,c'est le contexte d'un pays nouvellement indépendant, caractérisé par des élans d'ambitions politiques de la part de chaque faction ayant participé à la lutte pour l'obtention de la libération. Malheureusement, cette transition ne s'opérera guère sans heurts pour le cas camerounais contrairement à d'autres pays nouvellement indépendants. Cette instabilité sur le plan politique entama quelque peu les efforts menés sur le plan économique.La course vers l'indépendance s'opéra dans une atmosphère de lutte armée. L'on se souvient encore du célèbre maquis et la guerre de libération menée par l'UPC. L'accession du Cameroun à l'indépendance, le 1er janvier 1960 ne mit pas fin à cette lutte présente sur l'ensemble du territoire. L'histoire de la lutte politique nous apprend les difficultés rencontrées par le jeune pouvoir dont l'ex-président Ahmadou Ahidjo assurait la direction.

En effet, des factions armées refusaient de déposer leurs armes justifiant ce comportement par l'absence de représentativité de l'équipe au pouvoir. Pour eux, l'indépendance ne fut pas accordée grâce au dialogue mais par la seule force des armes. Bénéficiant alors d'une réelle sympathie dans certaines grandes provinces du pays, les résistants mirent à mal l'autorité de l'Etat. Les uns parlèrent même de son «illégitimité»195(*). Le gouvernement avait donc grand besoin de s'affirmer, ce qui peut expliquer les coûteux investissements pour assurer la sécurité du pays et l'éradication à la longue de la rébellion armée. La pression constante de certains groupes armés et la volonté des pouvoirs publics de les faire disparaître avaient certainement pris le pas sur les questions de développement économique.L'incertitude, mieux l'instabilité du politique avait inévitablement déteint sur l'économique. Hormis les entreprises françaises et britanniques existantes, très peu d'entreprises furent créées196(*) entre 1960 et 1969. Le tableau ci-dessous retrace un peu le rythme de création des entreprises publiques sur cette période :

Tableau n°1 Entreprises publiques camerounaises créées entre 1960 et 1969parsecteur

Entreprises

Secteur d'activité

Année de création

Banque camerounaise de développement (BCD)

Tertiaire

1962

Société Nationale d'Investissement (SNI)

tertiaire

1963

Société Sucrière du Cameroun (SOSUCAM)

Primaire

1964

Equatoriale électrique

Secondaire

1964

Contreplaquées du Cameroun

Primaire

1966

Chocolaterie du Cameroun

Primaire

1967

Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC)

Secondaire

1967

Parc national de génie civil

Secondaire

1967

Société camerounaise des palmeraies (SOCAPALM)

Primaire

1968

Crevettes du Cameroun

primaire

1968

Source : compilation auteur

Au total, l'Etat n'avait pu créer qu'une dizaine d'entreprises publiques en dix ans d'indépendance. On ne compte que quatre entreprises agro-industrielles camerounaises197(*). Une preuve que le gouvernement était en majeur partie tourné vers la consolidation du pouvoir en place qu'à la question du développement économique dans la première décennie post-indépendance.

b. Des sociétés et missions de développement en gestation

La Loi n°68-LF-9 du 11 juin 1968, promouvait les sociétés de développements198(*).Comme leur nom l'indique, cette variété d'entreprise constitue un support de développement du pays en contribuant au développement de la région dans laquelle elle est implantée.C'est d'abord un instrument de la politique gouvernementale199(*). Dans la première décennie de la souveraineté camerounaise, ces sociétés sont encore embryonnaires. En dehors de la SOCAPALM, on note la mise en place ZAPI (Zones d'Actions Prioritaires Intégrées) et des opérations de colonisations agricoles qui méritent une attention particulière.

b-1-Naissance des Zones d'Actions Prioritaires Intégrées (ZAPI)

Les ZAPI étaient des sociétés régionales de développement dont le but initial était d'aider les paysans à s'auto-organiser200(*).

En effet, le manque d'encadrement et les rivalités claniques constituaient les principaux défauts des planteurs des régions. La nécessité s'imposait donc d'entreprendre des actions afin d'accroitre le pouvoir d'achat des paysans, étapes préalables en vue d'une augmentation quantitative de la production envisagée dans le second plan quinquennal201(*).Avec l'opération de développement rural intégrée, l'Etat désirait prendre en charge de façon totale, l'ensemble des activités et des acteurs. L'intégration était à la fois verticale pour tout ce qui concerne la production et horizontale pour les opérations de promotion économique et sociale du milieu202(*).

Pour cela les ZAPI devaient aider les planteurs à maximiser leurs revenus en prenant elles-mêmes en charge, la réussite de cette étape de transition devant mettre fin à leur existence, en même temps qu'elles devaient marquer le début de l'ère des coopératives des producteurs dans les régions203(*). Ce type de développement fut mis en place dès 1967 avec la création la ZAPI de Nguelemendouka dans le cadre des ZAPI Est. Le gouvernement créa quatre autres jusqu'en 1977. Dans chaque ZAPI fut mise en place une Entreprise de Progrès Locale (EPL) qui s'appuyait sur desorganisations de base de petits planteurs à savoir, les Comités de Développement de Village (CODEVI) et Comités de Développement de Succursale (CODES), et le travail en groupe dans des équipes. Le but était ici de faire autogérer très rapidement le projet, de lui donner des cadres nationaux et d'assurer l'autofinancement.

En termes de développement, on avait une entreprise qui assumait relativement bien toute une variété de tâches : encadrement technique et commercialisation du café et du cacao ; approvisionnement en biens de consommation ; diversification des cultures ; promotion des femmes ; amélioration des routes et de l'habitat ; distribution d'engrais ; service de santé etc. les activités de vulgarisation agricole relevait généralement de la Direction de l'Agriculture du MINAGRI. Le système national de vulgarisation agricole était chargé de la multiplication et la distribution des semences et des plants améliorés et de la formation des paysans204(*).

Le bilan semblait positif même si les ZAPI de l'Est n'avaient pas atteint le seuil de rentabilité205(*). Elles touchaient cependant 113 villages, près de 40 000 habitants à cette époque.Fleurons du développement rural censé être communautaire au Cameroun, les ZAPI ont réussi ainsi à intégrer certaines régions marginales qui resteraient, sans cela, à la traine.

b-2-Les missions de colonisation agricoles 

L'Etat lançait également des missions de colonisation agricoles encadrées par des sociétés de développement. Il s'agit ici de l'opération Yabassi-Bafang lancée en 1966 dans la partie septentrionale du département du Nkam et qui fit appel à un important mouvement d'immigration en vue d'une colonisation agricole impulsée par le gouvernement le long d'un axe routier206(*).

Entre les plateaux de l'ouest du Cameroun et le littoral, l'opération Yabassi-Bafang échelonnait 14 villages d'immigrés de part et d'autre d'une route qui traversait la zone actuelle de Nkondjok. Cette opération de «colonisation»207(*) agricole dans une zone forestière resta à l'écart des grands axes de circulation mis en place par l'économie coloniale. L'opération fut lancée en janvier 1966, date à laquelle trois villages de «colons» furent, installés, conjointement avec l'avancée du chantier routier Yabass-Bafang208(*).Elle visait à augmenter la production des cultures industrielles exportables quantitativement en ouvrant à l'immigration les vastes étendues forestières du Nkam et, qualitativement, par un encadrement, agricole très dense (sélection des plants par des pépinières gérées, directement par l'encadrement technique et l'implantation d'une ferme expérimentale)209(*). Les populations venaientde Doualaoù les chômeurs formaient une masse dangereusement mobilisable au moindre incident, du Mungo et des départements bamiléké où on notait un accroissement spectaculaire du volume démographique des chefs-lieux, accroissement qui ne correspondait pas au nombre d'emplois qui y était offert210(*).

Deux catégories de colons fournirent les premiers contingents : les gardes civiques et les originaires du Haut Nkam, formés rapidement en 1960 pour seconder l'armée dans les opérations de pacification. Les gardes civiques devaient envisager leur reconversion après leur participation dans l'armée211(*). Déjà initiés à la forêt par leur lutte contre les maquis du Nkam212(*) et habitués à la vie des campements militaires, ils répondirent volontiers à l'appel que leur lancèrent les promoteurs de l'opération. Leur présence armée assura, d'ailleurs, une fonction sécurisante indispensable en 1966 où des troubles étaient encore craindre à 1'Est de la zone de colonisation. Ce contexte historique qui a vu naître l'opération et les difficultés rencontrées lors de leur installation en pleine forêt, leur a value le terme de pionniers213(*).

Les colons recevaient un lot de 6 à 8 hectares dont ils devenaient propriétaire au terme d'un délai de 5 ans pendant lequel ils auraient respecté certaines normes214(*). Les exploitations agricoles mises en place par les colons étaient très centrées sur les plantations de café et de cacao et bénéficiaient des subventions de l'Etat. Les contraintes écologiques empêchaient le développement de certaines activités comme le petit élevage. Encore en gestation pendant la première décennie des plans quinquennaux, ce processus va s'accentuer dès l'année 1971.

4. Une politique agricole sous assistance étrangères

Dans la première décennie de l'indépendance, le Cameroun est encore un pays essentiellement agricole. Huit camerounais sur dix tirent leurs profits de la terre. Dans cette activité rurale, la part des cultures destinées à l'exportation occupait une place prépondérante. Fournissant les 3/4 des exportations, les produits agricoles constituent un véritable moteur de l'économie camerounaise. Ceci met en évidence la nécessité de donner à cette agriculture les moyens de se défendre sur les marchés internationaux où la concurrence revêt fréquemment des aspects redoutables. Ces moyens peuvent être aussi bien, selon les circonstances, la disposition d'un matériel technique adéquat, l'accès à des moyens de transport sans surprise, ou encore l'apprentissage de méthodes de culture plus rationnelles. Pour remplir ces objectifs, le nouvel Etat décida de faire partie du groupe de pays africains ayant décidé de mettre sur pied une coopération avec la Communauté Européenne en pleine gestation.

En effet, le Cameroun a été de 1957215(*) à 1975 associées à la Communauté Economique Européenne (CEE). En 1963 d'abord, et 1969 ensuite, 18 Etats Africains et Malgache décidèrent de s'associer à la CEE en raison de leurs liens particuliers avec l'un ou l'autre des six pays européens qui avaient constitué la Communauté, et de leurs besoins économiques chaque fois pour cinq ans216(*). C'est dans la capitale du Cameroun que furent signées les premières et deuxièmes conventions d'association, qui pour cette raison portent le nom de convention de Yaoundé217(*). A chacune de ces trois périodes correspondait un Fond Européen de Développement qui devait soutenir les EAMA.

Concernant le Cameroun, le premier FED qui fut mis en activité au même moment que le premier plan quinquennal consacrait 69% de ses investissements aux infrastructures économiques. Le second FED (1964-1949) coïncidait avec le second plan quinquennal dont l'objectif primordial était l'augmentation de la production agricole218(*). Il consacrait ainsi la majeure partie de l'aide à la production et à la diversification des cultures. Ce FED, mis en oeuvre en même temps que la première convention de Yaoundé, comportait, une tranche de ressources financières réservées aux aides à la production219(*). Cette particularité fut imaginée par les auteurs de la première Convention de Yaoundé pour adoucir les transformations qui s'opéraient alors dans la structure économique des EAMA et leurs anciennes métropoles220(*). Une aide financière fut ainsi prévue dans la première convention de Yaoundé sous forme, selon les besoins de chaque Etat associée, de subventions dégressives de prix étalées sur cinq ans, et d'aides à l'amélioration et à la diversification des cultures221(*). Pour sa part, le Cameroun bénéficia à ce titre d'un total de plus de 14,4 millions d'U.C. (3 milliards 791 millions FCFA) consacré par le deuxième FED au soutien des prix, à l'amélioration des structures et à la diversification des productions222(*).

Le premier et surtout le deuxième FED furent d'une très grande utilité pour l'agriculture camerounaise encore balbutiante dans la première décennie.

En effet, centré essentiellement sur les infrastructures de transport, le premier FED avait consacré 4,4% de ses interventions à la production agricole. Celles-ci concernaient principalement la conservation des sols et la lutte contre l'érosion dans le Margui-Wandala, au Nord-Cameroun223(*).

Cette opération inscrite au premier plan de développement du gouvernement de Yaoundé visait à assurer la sauvegarde de terres encore cultivables et la récupération supplémentaire sur 80 Hectares.

L'autre aspect des interventions du premier FED portait sur la production animale par une opération d'amélioration de l'élevage dans l'Adamaoua qui fournissait alors 4/5ième de la production et par une campagne contre la peste bovine complétant l'infrastructure vétérinaire mise en place par la France.

La grande nouveauté du second FED fut l'introduction des aides à la production et à la diversification conçue pour amener progressivement l'agriculture d'exportation des EAMA à supporter la concurrence internationale.

Au Cameroun, les aides à la production portèrent sur trois produits : le coton qui occupait en 1963, année précédent la mise en oeuvre du programme d'amélioration des structures, environs 111.000 planteurs, faisant ainsi vivre 800.000 personnes sur 72 000ha. Pour améliorer les rendements particulièrement faibles dans le Nord224(*), le FED finança des primes encourageant de meilleurs méthodes de cultures et la fourniture des intrants.

On note ensuite l'arachide qui couvrait un peu plus de 100 000 ha et qui bénéficia pendant cinq ans d'un soutient des prix dégressifs ainsi que d'aides à la culture attelée, aux désinfectants, à la recherche agronomique et d'investissement au stade de la commercialisation (achat de décortiqueuses mécaniques, construction des hangars de stockage).

On note enfin le café qui constituait avec le cacao la principale structure d'exportation du pays. Le programme soutenue par le FED visait surtout à accroitre les rendements : achat d'installations d'usinage et de stockage, de camions équipés de pulvérisateurs, application de fumure, recherche agronomique. Inauguré en 1965 ce programme s'étala sur cinq ans et fut complété pendant les campagnes 1969-1970 et 1970-1971, tandis que les rendements à l'hectare du café augmentèrent de 40% pendant la même période225(*).

Pour réduire sa dépendance à l'égard des cours mondiaux du café et du cacao, le Cameroun s'engagea, également avec la contribution du FED dans une politique de diversification des cultures. C'est à ce titre que fut financée par un prêt à condition spéciale de 1.600 millions de FCFA, la création d'un centre de production d'huile de palme dans la région de Likomba-Mpunda226(*). Il s'agissait d'une plantation de 4.380 ha de palmiers à huile à haut rendement et d'une usine de traitement d'une capacité de 60 000 tonnes par ans de fruits. Le prêt du FED était destiné au défrichage des terrains, à la fourniture des graines, à l'établissement des pépinières, la construction de l'usine, des bâtiments annexes, des routes et des pistes227(*). Il comprenait en outre le financement du personnel de direction de l'opération, et la mise à sa disposition des moyens de réalisation et d'exploitation pendant neuf ans.

Au total, le deuxième FED consacra pendant sept ans ses actions de soutien des prix et des améliorations structurelles des cultures environ 7.131.200 unités de compte soit 1 milliard 981 millions de FCFA. Cette réalisation faisait partie d'un programme plus vaste auquel, non seulement le FED mais aussi la Banque Mondiale, l'aide bilatérale américaine et française apportèrent leur concours. il s'intégrait dans les objectifs du second plan quinquennal du Cameroun qui visait à faire passer de 21.700 ha en 1963-1964 à 40.650 ha en 1976-1977 les surfaces des plantations industrielles, doublant ainsi la production nécessaire pour satisfaire la demande intérieure228(*). C'est pourquoi ce projet financé en 1967 par le second FED devait subir une nouvelle opération financière dans les plans suivants.

Pendant la première décennie de l'indépendance du Cameroun, la politique agricole ne fut ainsi qu'une continuité de la politique agricole coloniale. L'économie du nouveau pays indépendant étant en essor, le pays opta ainsi pour une intervention accrue dans le secteur agricole. Toutefois cet interventionnisme était encore en gestation vue le contexte politique de la première décennie camerounaise. Le nouveau gouvernement orienta la majeure partie de ces forces à la consolidation du pouvoir politique en place et l'éradication de la guérilla upéciste, marginalisant ainsi le développement économique de l'Etat. Il se contentait de poursuivre les stratégies agricoles héritées de la colonisation à savoir, une promotion des cultures de rentes tout en marginalisant le secteur vivrier. Ne disposant guère d'assez de fonds pour son agriculture, le pays se mit au lendemain de son indépendance sous la perfusion financière de l'occident perpétuant ainsi la dépendance économique héritée de la colonisation et inaugurant également son endettement. L'endettement de l'Etat souverain du Cameroun date ainsi des premières années de son indépendance. Toutefois, la politique agricole de la première décennie jeta les bases de l'interventionnisme étatique qui devait s'accentuer dès le troisième plan quinquennal.

CHAPITRE III : LA REVOLUTION AGRICOLE (1971-1985)

Les années 70 sont marquées par l'épuisement de la rébellion upécistes à la suite de l'exécution d'Ernest Ouandie le 15 Janvier 1971 et l'éradication des dernières poches de résistance. Une fois, l'UPC épuisée, le gouvernement camerounais devait ainsi détourner ses dépendances vers la transformation du secteur économique en générale et l'agriculture en particulier. En outre le pays connait depuis le milieu des années 60 une démographie sans cesse croissante. D'où la nécessité de de maximiser la production agricole en mettant en valeur les cultures vivrières, sans toutefois marginaliser les cultures de rentes. C'est cette nouvelle orientation stratégique qui caractérisa la politique agricole du troisième, quatrième et cinquième plan quinquennal. Ce chapitre essaye donc de passer en revue les différents éléments ayant favorisé une réorganisation de l'action publique agricole pendant cette période allant de la révision de la philosophie de développement économique à l'évaluation des politiques agricoles sous économie administrée en passant par les caractéristiques des politiques agricoles des années 70 et 80.

I. REVISON DE LA PHILOSOPHIE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE NOUVEAUX OBJECTIFS AGRICOLES

Un recadrage de la philosophie de développement économique était nécessaire afin que le Cameroun mette en place en place une véritable politique agricole souveraine.

A. Une nouvelle orientation de la politique de développement économique : le développement autocentré

Le libéralisme planifié, leitmotiv officiel du mode de développement camerounais, était supposé substituer l'Etat à une initiative privée défaillante. Toutefois, les limites de cette philosophie de développement économique ne permirent pas d'atteindre les objectifs escomptés229(*). Pour palier à ces limites, le gouvernement camerounais décida de procéder à une révision du libéralisme planifié. C'est dans cet ordre d'idée que le président Ahmadou Ahidjo annonça, le 10 février 1975 à Douala, lors du deuxième congrès ordinaire de l'UNC, la politique de développement autocentré comme nouveau principe de développement national du Cameroun230(*).

Ainsi à la philosophie du libéralisme planifié devait désormais être associée celle du «développement autocentré» qui se définit comme la nécessité de résoudre en priorité la question du contrôle des recettes productives231(*). Il s'agit donc selon les termes du chef d'Etat de mobiliser toutes les ressources et toutes les énergies nationales en vue d'un développement national autocentré232(*) . Le développement autocentré apparaissait comme une méthode de développement en vue de soutenir le libéralisme planifié par le renforcement du contrôle de l'Etat dans la définition et la mise en oeuvre des politique économiques233(*) tout en effectuant un appel contrôlé aux investissements étrangers. Il résultait de la volonté politique d'un développement endogène qui devait se réaliser par le peuple et pour le peuple camerounais234(*). Il reposait sur deux axes : la recherche de l'autosuffisance alimentaire et la valorisation à long terme des ressources locales comme base d'une accumulation nationale, en partie grâce aux investissements étrangers235(*). Les troisième et quatrième plans eurent ainsi pour base doctrinaire respective le développement autocentré alors que le cinquième reposa sur le libéralisme communautaire.

B. Des objectifs agricoles novateurs

Les premiers plans quinquennaux n'ayant pas atteint leurs objectifsceux-ci furent reversés dans le IIIème plan (1971-1975), à l'instar du secteur agricole qui devait subir des réformes hardies. Le développement de l'agriculture devrait reposer sur des programmes intégrés qui, iraient parfois jusqu'à la création des complexes agro-industriels, qui devait permettre la valorisation sur place des produits locaux236(*). Le troisième plan avait ainsi bâti son action autour de la promotion des complexes modernes agro-industriels d'État237(*). Il était celui de la production et de la productivité.On assista alors à un changement de stratégie avec une réorientation sur le secteur de production moderne.

Une politique vigoureuse de modernisation des structures orientées vers les débouchées aussi bien intérieurs qu'extérieurs devait être menée en priorité dans les zones offrant les meilleurs garanties de rentabilité. Cette modernisation devait s'appuyer sur, un encadrement rapproché dans certaines zones choisies pour leurs fortes potentialités, sur le crédit agricole et sur le financement des campagnes. Le plan prévoyait une augmentation de la production vivrière de 2,3% par an en moyenne, contre 5,4% par an pour les produits agricoles d'exportation238(*).

Le quatrième plan, (1976 à 1980),quant à lui s'était surtout préoccupé de l'extension du secteur moderne créé au cours du plan précédent par la multiplication des sociétés de développement.Alors que les ressources extérieures ont jusque là représentaient au moins 60% du financement des trois premiers plans, le quatrième rompait avec cette coutume et prévoyait un financement intérieur de 72,1%. C'est ce plan qui commença véritablement le positionnement de l'économie dans la phase de transition d'une économie de traite reposant sur les activités d'intermédiation, vers une économie de production où le secteur productif se consolide avec la mise en place du secteur industriel239(*). 60% des investissements furent ainsi consacrés à l'agro-industrie240(*). A l'issue de ce plan, un bilan diagnostic du secteur agricole fut entrepris en 1980 par le MINAGRI et ses recommandations furent prises en compte dans le cinquième plan quinquennal241(*).

Le cinquième plan (1981-1985), mit l'accent sur la participation des paysans aux décisions.La stratégie de cette participation allait dans le sens de la promotion d'organisations rurales, de la formation, de la responsabilisation, et dans un sens plus global, de la promotion du capital humain. Sa mise en oeuvre devait comprendre :l'établissement de relations «d'un type nouveau» entre l'administration et les paysans ; la prise en compte des revenus des producteurs dans la fixation des prix agricoles ; la maîtrise par l'Etat de la production et de la transformation des produits agricoles ; la création d'une structure de développement dotée d'une autonomie administrative et financière dans chaque zone agricole ; l'intensification de la formation des agents de développement ruraux ; un encadrement des paysans opérationnel dans les zones couvertes par des sociétés de développement ; la subvention de l'accès à certains facteurs de production (notamment les intrants agricoles), dans le but de promouvoir l'autosuffisance alimentaire242(*).

En 1986, un sixième plan fut conçu juste avant l'annonce officielle de la crise. Il demeura inachevé, n'ayant pas pu se mettre en place normalement, les effets précurseurs de la crise se faisant déjà sentir.

II. EXTENSION DU SECTEUR MODERNE, DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE ET DE LA POLITIQUE DES INTRANTS

la stratégie de mise en oeuvre de la politique agricole était axée en grande partie sur la mise en place, au titre des mesures d'accompagnement des programmes d'incitation des producteurs, d'un cadre approprié et des infrastructures économiques nécessaires pour favoriser le développement du secteur. C'est sous cet angle que le gouvernement débuta par une extension du secteur moderne.

A. Extension du secteur moderne

Cette extension se traduisait par une multiplication des sociétés et missions de de développements.

1. Multiplication des Société de Développement Spécialisés (SODES)

Dès le troisième plan quinquennal, l'interventionnisme étatique se fit par une généralisation du recours aux organismes publics et parapublics pour assurer le développement de certaines régions du pays. Le gouvernement camerounais se lança ainsi dans une multiplication des sociétés de développement. D'où le l'expression «plan SODES» en raison des Sociétés de Développement Spécialisées sur des cultures particulières qui furent mises en place243(*). Ces sociétés de développement avaient un statut spécial car elles contribuaient d'une part, à l'exécution des plans quinquennaux et, d'autre part, à la mise en oeuvre de la politique agricole des pouvoirs publics camerounais244(*). Elles pouvaient être des sociétés d'Etat, des établissements publics, ou même des sociétés d'économie-mixte. Ces sociétés étaient généralement des agro-industries publiques dotées d'une autonomie financière, qui était constituée essentiellement des subventions publiques et menaient des actions en coexistence avec d'autres agro-industries privées. Elles se retrouvaient principalement dans des filières d'exportation telles la banane, le thé, l'hévéa, le cacao, le café etc. et prenaient une part entière dans le fonctionnement de ces filières. Elles furent pour la plupart mises en place dans des régions où le système coopératif n'a pas pris ou fonctionné correctement sur le plan technique245(*).

Les sociétés de développement étaient alors conçues et mises en oeuvre pour être les principaux instruments du développement local et de l'amélioration de la compétitivité des filières basées pour l'essentiel sur des cultures industrielles et d'exportation246(*). Elles rachetaient la production d'un groupe ciblé de paysans, généralement des organisations de paysans créées par elles, à des prix subventionnés. L'encadrement de ces paysans leur incombait ainsi que la facilitation pour ces derniers de l'accès au crédit et aux intrants agricoles247(*). A travers ces sociétés, l'Etat assurait ainsi la production, les fonctions de fixation des prix, de crédit, d'approvisionnement, de conseil technique, de regroupement et de stockage, la formation et l'information des paysans, ainsi que la garantie d'un circuit de commercialisation248(*). Le tableau ci-dessus nous présente les différentes sociétés de missions et agro-industrie de 1971 à 1985 :

Tableau n° 2 :liste de quelques sociétés de développement et agro-industries crées entre 1971 et 1985 par capital, domaine d'activité et effectif

Société

Capital social (en 106 FCFA)

Domaine d'activité

Effectif

CAMSUCO

10691

Sucre

3800

SEMRY

4580

Riz

1370

SODEBLE

4500

Blé

366

SOCAME

3800

Engrais

580

SODERIM

1535

Céréales

400

SODECOTON249(*)

4529

Textile

600

CCFI

2200

Alimentation

120

MIKY WAY

600

Lait

102

NOBRA

5000

Brasserie

507

SOCAPROD

600

Boisson

256

IB

2400

Brasserie

700

SITABAC

1260

Tabac

302

Source : G. B. TamokwePiaptie

A ce groupe, nous pouvons associer, la Société de Développement du Cacao (SODECAO), qui est un organisme public à caractère industriel et commercial crée par décret n°74/373 du 02 février 1974250(*), l'UpperNunValleyDevelopmentAuthority UNVDA crée en 1970, et d'autres sociétés que nous retrouvons dans la répartition régionale suivante :

Tableau n° 3 : liste des agro-industries par spéculation et par région de 1960 à 1985

Spéculation

Société

Région d'implantation

Banane d'exportation

OCB

CDC

SPNP

Littoral

Sud-Ouest

Littoral

Riz

SEMRY

SODERIM

UNDVA

Extrême-Nord

Ouest

Nord-Ouest

Huile de palme

SOCAPALM

CDC

PAMOL

SAFACAM

SPFS

Littoral

Sud-Ouest et Littoral

Sud-Ouest

Littoral

Littoral

Sucre de canne

CAMSUCO251(*)

SOSUCAM

Centre

Centre

Caoutchouc

HEVECAM252(*)

CDC253(*)

SAFACAM

Sud

Sud-Ouest

Littoral

Thé

CDC

Sud-Ouest

Nord-Ouest

Ouest

Maïs

SODEBLE

MAISCAM

Adamaoua

Adamaoua

Source :Anonyme, «Bilan diagnostic du secteur agricole», p.106.

D'une manière générale, nous pouvons affirmer qu'au cours des derniers plans quinquennaux, l'activité industrielle en générale et du secteur agro-industriel en particulier connut une progression rapide. Cette bonne santé générale se reflète dans la répartition sectorielle du PIB du Cameroun sur la période allant de 1964 à 1985 :

Tableau 4 : répartition sectorielle du PIB de 1964 à 1965 (en %)

 

64 - 65

68 - 69

74 - 75

77 - 78

79 - 80

81 - 82

83 - 84

84 - 85

Primaire

32,9

31,9

38,8

36,1

28,7

27,0

21,9

20,5

Secondaire

21,3

21,7

17,2

18,7

23,5

30,3

34,6

34,3

Tertiaire

45,8

46,4

44,0

45,2

33,9

29,4

30,1

32,9

Autres

-

-

-

-

13,9

13,4

13,3

12,3

Total

100

100

100

100

100

100

100

100

Source : IIe, IIIe, IVe et Ve plan quinquennaux et DSCN

Cette répartition démontre l'accélération de prépondérance de l'industrie au cours des exercices 1981-1982 et 1983-1984 où le poids du secteur secondaire gagne respectivement 6,8 points et 4,3 points.

2. Multiplication des missions de développement

Les missions de développement étaient assez proches des sociétés de développement. Elles furent créées pour répondre à des besoins immédiats dans les domaines où l'État n'a pas jugé nécessaire de créer une société de développement et étaient parfois circonscrites dans une région particulière. Elles étaientplacées sous la tutelle du Ministère de l'économie et du plan, et mobilisaient d'importants moyens financiers extérieurs (dette) qui en firent par la suite des «éléphants blancs».

Le quatrième plan se caractérise par une multiplication de ces sociétés. On peut citer entre autre : laWum Area DevelopmentAuthority (WADA) ; Mission de Développement de la Haute Vallée du Noun ; la Mission de Développement des cultures Vivrières et maraîchères (MIDEVIV). Des sociétés de développement pouvaient également être des missions de développement de certaines cultures dans des régions précises : c'est le cas des SODES mentionnés dans le tableau 3. Étant donné que les plans en cours visent une augmentation de la production vivrière, une attention particulière sera portée ici sur la MIDEVIV.

La MIDEVIV fut créée par décret présidentiel n°73/584 du 26 septembre 1973 et était chargée à l'époque de sa création de résoudre les problèmes alimentaires en assurant l'équilibre entre la production et la demande en produits vivriers d'une part, et en garantissant une distribution rationnelle de nature à irriguer les centres urbains dans les meilleures conditions d'autre part254(*).

En effet, c'est pour faire face au problème de l'approvisionnement des grands centres urbains en produits vivriers et à des prix compatibles avec les ressources des consommateurs que le gouvernement lança l'opération «ceinture verte»255(*) et créa ainsi la MIDEVIV pour sa mise en oeuvre.256(*)C'était un établissement public à caractère agricole, industriel et commercial.

Ses attributions telles que définies par le décret étaient : la mise sur pieds du programme ceinture verte autour des grandes villes ; l'identification, l'étude et la mise en oeuvre de tous les projets de développement des cultures vivrières, maraichères et fruitières en vue de ravitailler les centres urbains ; la réalisation des plantations des cultures vivrières, maraichères et fruitières , et la commercialisation de ces produits257(*).

La MIDEVIV consacra ses efforts sur deux goulots d'étranglement : la productivité dans les exploitations agricoles traditionnelles et les prix des produits alimentaires dans les grands centres urbains. Par la collecte et la distribution des productions vivrières traditionnelles des zones environnantes des villes, la MIDEVIV put raccourcir le circuit de distribution de nombreux produits vivriers qui étaient jusqu'ici marqués par la surabondance des intermédiaires. Ces actions permirent substantiellement de réduire les tensions qui sévissaient sur ces marchés258(*). De 1974 à 1983, elle commercialisa 18.000 tonnes de vivres (Yaoundé, Mbalmayo, Garoua)259(*). Dès 1976, la MIDEVIV lança le projet «Semencier Nord», qui visait à produire et à diffuser les semences améliorées d'arachide et de sorgho et ce avec l'aide de l'US-AID et de la FAO en vue d'étendre l'opération sur tout territoire260(*).

Mais une telle politique se révéla, à terme, irréalisable dans la pratique, du fait des problèmes rencontrés sur le terrain par la MIDEVIV. Les produits offerts par cette dernière dans les régions du Centre (Yaoundé) et du Sud (Ebolowa) sont périssables, contrairement à ceux de la province du Nord261(*).

B. La politique des intrants et l'encadrement des agriculteurs

La clé du développement agricole, passait impérativement par une augmentation de l'aide accordée par l'Etat aux producteurs à travers une augmentation des subventions en intrants agricole et un encadrement accru.

1. La politique des intrants

L'interventionnisme de l'Etat persistait dans ce domaine à travers une distribution parfois gratuite des intrants aux agriculteurs. L'Etat subventionnait entièrement cette opération à travers les SODES, les missions de développement et les organismes financiers.

En 1973 fut mis en place un programme d'engrais en vue d'accentuer la vulgarisation débutée en 1960 par le PNE. Les paysans étaient approvisionnés à moitié prix, voir gratuitement en engrais et d'autres intrants agricolestels que les produits phytosanitaires et des pulvérisateurs262(*) et des semences sélectionnées. Ces intrants étaient importés ou produits localement par l'Etat et leur coût était déduit du prix versé par les SODES ou les coopératives au moment de l'achat de la récolte.

2. L'encadrement des agriculteurs

L'encadrement des agriculteurs s'inscrit en grande partie dans le sens de l'extension de l'agriculture d'exportation paysanne. C'est dans ce sens qu'elle est beaucoup plus visible au sein de certaines SODES et des structures d'encadrement des PME.

La SODECAO par exemple, encourageait la production du cacao et assurait également l'achat auprès des paysans. De manière spécifique, elle améliora la production paysanne grâce aux semences hybrides à haut rendement sélectionnées à la station de Nkoemvone près d'Ebolowa263(*). Elle assurerait la formation des planteurs et leur organisation en même temps que l'intensification des mesures de lutte contre la pourriture brune et les capsides et effectuait des opérations de récolte et de préparation du cacao, ainsi que celles du transport et de l'achat de ce produit auprès des planteurs. La fourniture des plants améliorés, produits phyto-sanitaires, et un encadrement technique rapproché264(*) figuraient également parmi ses activités d'encadrement.Dans les régions forestières du Sud, la SODECAO mena une lutte sans merci contre les insectes et les maladies du cacao265(*). De vastes campagnes de lutte anti-capside et de lutte contre la pourriture brune furent lancées.

A la disposition des planteurs, la SODECAO affecta des agents et techniciens agricoles afin de les accompagner dans ce combat. Cette structure avait ainsi réussi à faire acquérir aux planteurs, une maitrise certaine des différents dosages utilisés dans l'emploi des sachets de fongicides266(*). Elle a assura pendant plusieurs années, le suivi d'un échantillon d'exploitations agricoles réparties dans des villages différents de la zone cacaoyère. L'UCCAO effectuait les mêmes tâches dans le domaine du café267(*) et la SODECOTON dans le domaine du coton268(*).

Il faut également noter quepour le soutien aux petites et moyennes entreprises, deux structures d'encadrement furent créées. Ce fut le cas en 1970 du Centre d'Assistance pour PME (CAPME) dont les fonctions comprenaient la formation d'entrepreneurs, l'assistance technique et gestionnaire de projets et la coordination de tous les efforts de promotion des petites et moyennes entreprises269(*). Il fut suivi en 1975, du Fond de Garantie pour PME (FOGAPME), pour subvenir aux besoins financiers des PME par la prise en charge d'études de projet, la prise de participation dans des PME, l'octroi de garanties bancaires et de crédits.

C. Amélioration de la recherche agronomique

La poursuite du processus d'institutionnalisation de la recherche au Cameroun donna lieu à la mise en place effective de l'ONAREST en juin 1974270(*).L'ONAREST avait pour mission de coordonner la recherche scientifique sur l'ensemble du territoire, donner un avis au gouvernement sur tout ce qui est scientifique et programmer de la recherche271(*). Il était en quelque sorte l'organe scientifique du gouvernement et s'occupait surtout des instituts français de recherche dont il assurait la coordination272(*). Ces instituts continuaient à jouer un rôle important en fournissant leur personnel de recherche et des possibilités de formation à l'étranger pour les camerounais. Elles se regroupèrent plus tard au seindu Groupement d'Etudes et de Recherches pour le Développement de l'Agriculture Tropicale (GERDAT)273(*) qui s'occupait également des recherches sur les cultures.

L'ONAREST fut réorganisé enen mars 1976274(*) et remplacée par la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST) en 1979275(*), qui commença à fonctionner en 1980. Elle comprenait cinq instituts de recherche parmi lesquelles on notel'Institut de la Recherche Agronomique (IRA) et l'Institut des Recherches Zootechniques (IRZ). Ce sont ces institutsqui couvraient l'ensemble des recherches agricoles au Cameroun pendant cette période : l'IRA (pour les cultures et la forêt) et l'IRZ (pour les animaux, les pâtures, les fourrages, et les pêches).

Chaque institut était divisé en centres comprenant une ou plusieurs stations. Ces dernières pouvaient être responsables administrativement d'une ou plusieurs antennes et points d'essai dans la région. L'IRA comprenait quatre centres de recherches agronomiques (CRA), un centre de recherches forestières (CRF) et un centre national des sols (CNS). Le CRA regroupait 11 stations de recherche et 26 antennes. Le CRF comptait quant à lui 4 stations et 8 antennes et le CNS 2 stations et 2 antennes. L'IRZ était structuré autour de 3 centres, 7 stations et 5 antennes276(*).Les programmes dans les instituts de recherche portaient sur des productions alimentaires et certaines disciplines scientifiques.

La recherche agricole s'effectuait également à travers des institutions para-étatiques, ceci en liaison avec l'IRA et l'IRZ, ou indépendamment. Ce fut le cas du Centre National d'Etude et d'Expérimentation du Matériel Agricole (CENEEMA), crée le 26 janvier 1974 par décret présidentiel dans le but d'accélérer la mécanisation du secteur agricole277(*). Il réalisait des tests et des essais de machines, créait des équipements adaptés aux petites exploitations, exécutait des recherches sur les énergies renouvelables et conseillait le gouvernement en matière de machinisme agricole.

III. FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE, POLITIQUE COMMERCIALE ET PROMOTION DU MOUVEMENT COOPERATIF

La politique interventionniste du gouvernement camerounais était également visible dans le financement du secteur agricole et le mouvement coopératif.

A. Le financement du secteur agricole

Dans le monde rural, le capital est reconnu comme étant un handicap sérieux dans la production agricole. Plusieurs auteurs soutiennent que la modernisation de l'agriculture passe absolument par l'approvisionnement des producteurs en crédit pour financer l'achat des inputs modernes indispensables278(*).Cette nécessité a été très tôt comprise par la plupart des pays africains. Ainsi, de nombreux organismes spécialisés dans la distribution du crédit agricole ont été mis sur pied. Le Cameroun n'est pas resté en marge de cette évolution.

Dès le troisième plan quinquennal, le financement du monde rural connut une forte implication de l'Etat. Dans l'application de sa politique interventionniste, l'Etat assurait l'essentiel du financement de l'activité agricole à travers les SODES et des structures de financement279(*). A cet effet, la structure la plus importante fut leFond National de Développement Rural (FONADER)

Crée par l'Ordonnance n°73/24 du 29 mai 1973, le FONADER était un organisme financier public d'intervention en milieu rural chargé de fournir un support financier au développement rural du pays280(*). Ilfut conçu comme une «banque du paysan»281(*).Il était le support financier naturel des coopératives, des groupements de paysans et des organismes d'intervention en milieu rural.

A ce titre, il devait accorder directement des crédits aux paysans individuels ou à des groupements engagés dans l'agriculture ou l'élevage282(*), assurer le stockage et la distribution des intrants agricoles subventionnés283(*) ;Il devait également intervenir dans les projets agricoles pour une promotion du marketing des produits.

Pour parvenir à ses objectifs, le fonds se dota d'une structure décentralisée au niveau des provinces et des départements avec des bureaux périodiques installés un peu partout dans le pays afin de se rapprocher du monde rural. Son activité de crédit s'effectuait soit de façon directe aux individus, aux groupes d'agriculteurs afin de réduire les coûts de transaction et faciliter le recouvrement ; soit sous forme de crédits d'investissements aux coopératives et aux adhérents des coopératives qui permettaient de refinancer les crédits mis à ladisposition de celles-ci afin de leur permettre d'atteindre les petits agriculteurs ; soit encore aux sociétés de développement avec ou sans activité de commercialisation284(*).

Pour canaliser les diverses subventions en direction du monde rural, il utilisait comme relais le système coopératif285(*).Les coopératives dans l'ensemble jouaient ainsi le rôle de courroie de transmission dans la distribution de Crédit Engrais, Crédit Fongicides et Crédit Pulvérisateurs financés par le FONADER286(*). Le tableau 5 nous présente les crédits accordés par le FONADER aux différents acteurs.

Tableau 5 : crédits accordés par le FONADER par catégorie d'acteurs (103 FCFA) entre 1973 et 1985

Exercice

Montant par catégorie de bénéficiaires

Montant

TOTAL

Individus

GAM

COOP

Sociétés de Développement

1973-74

45590

41628

11773

62150

161 141

1974-75

418762

154918

194875

121246

889 801

1975-76

646789

256988

97200

285906

1 286 883

1976-77

711264

370281

291625

446647

1 819 817

1977-78

702543

410824

396881

891635

2 401 883

1978-79

635330

481854

425638

925658

2 468 480

1979-80

876372

502430

652390

25000

2 056 192

1980-81

876879

482606

412686

406000

2 178 171

1981-82

876000

460842

567597

46810

1 951 249

1982-83

1001919

154052

676889

367000

2 199 860

1983-84

1391755

245434

201363

150000

1 998 552

1984-85

4210448

234462

2597794

40000

7 082 704

Source : Stratégies de développement agricole 1980-1990, Extrait de Ondoa Manga Tobie

Le FONADER apporta un soutien financier aux sociétés d'encadrement du monde rural. Toutefois, il faillit à sa mission d'assistance matérielle et pécuniaire aux paysans. Et pour cause : ne disposant que de sept agences à Yaoundé, Douala, Bafoussam, Kumba et Bertoua etc., il n'était pas en mesure d'assurer, une couverture complète du pays. En outre, au lieu d'accorder des crédits aux paysans qui se présentaient à ses rares agences, le FONADER préférait satisfaire les fonctionnaires disposant d'appuis politiques, des protections au plus haut niveau qui le sollicitaient à titre d'agriculteurs, ou à ceux qui disposaient des biens pouvant être hypothéqués287(*).Les fonds étaient ainsi prêtés à des agriculteurs de façade, le plus souvent des hommes politiques, dans l'optique d'une plus value politique.288(*) Et comme par-dessus tout cet organisme supportait des charges de fonctionnement élevées, il allait connaitre des défaillances. Ainsi, au début de l'année 1982, face à l'amenuisement de ses ressources lié au non recouvrement des prêts consentis aux fonctionnaires déguisés en agriculteurs, aux frais defonctionnement élevés et à une gestion approximative, il ne pouvait plus fournir un soutien financier aux sociétés d'encadrement rural, ni accorder de nouveaux crédits.

B. Promotion des coopératives

Au lendemain de l'unification des deux Cameroun en 1972, fut promulguée la loi n°73/15 du 7 décembre 1973 portant statut des sociétés coopératives au Cameroun avec son décret d'application n°74/874 du 29 octobre 1974289(*). Cette loi conférait les pouvoirs les plus étendus d'inspection et de contrôle à l'État vis-à-vis des coopératives290(*), celui-ci approuvant les nominations ou nommant directement les directeurs des coopératives291(*)et ayant par ailleurs le droit de révoquer un membre du conseil d'administration.

L'État encouragea la création des coopératives et cette volonté politique fut à l'origine de l'émergence des organisations rurales de producteur de natures diverses : associations, coopératives, Groupements d'Initiatives Commune (GIC), Groupements d'Intérêt Economique (GIE), Groupements d'Agriculteurs Modernes (GAM)292(*). Les coopératives servaient de relais à l'Etat et aux SODES dans l'organisation de la distribution des intrants, la collecte des produits, 293(*)la mise en oeuvre d'exécution de certaines opérations agricoles, l'octroi et du recouvrement des crédits, et l'organisation de l'épargne.

Le mouvement coopératif était surtout visible dans la zone Bamiléké. Dans le département des Bamboutos par exemple, fut fondée en 1978, la Coopérative Agricole des Planteurs du Bamboutos (CAPLABAM). Des coopératives existantes depuis la période coloniale fusionnèrent pour devenir de grands ensembles. Ce fut le cas de la fusion entre la Coopérative de Collecte et de Vente (COOPCOLV)294(*) et la Coopérative Agricole des Planteurs Bamiléké de Café d'Arabie (CAPBCA)295(*) qui donna naissance à la Coopérative des Planteurs de la MENOUA (COPLAME) qui devient par la suite la Coopérative Agricole des Planteurs de la Menoua (CAPLAME). La région comptait concrètement sept coopératives placées sous la tutelle de l'Union des Coopératives de Café Arabica de l'Ouest qui changea de nom en 1975 pour devenir l'Union Centrale des Coopératives Agricoles de l'Ouest296(*).

A travers une série de réformes, les coopératives cessèrent d'être de simples caisses de dépôts en matière d'épargne, et on arriva à des coopératives d'épargne et de crédit dont certaines opèrent comme de véritables-micro banques rurales.Ce mouvement des coopératives d'épargne et de crédit avait déjà vu le jour au Cameroun dans la zone anglophone, avec la création de premières caisses d'épargne et de crédit en 1963, sous l'impulsion de missionnaires catholiques297(*). La «Cameroon Coopérative Credit Union League» (CAMCCUL) qui était ainsi née était considérée comme un système d'épargne et de crédit coopératif mutuel, privilégiant l'épargne. Son expansion débuta en 1968 dans le sud-ouest, et se poursuit à partir de 1973 vers l'ouest, le littoral, le centre, le sud298(*).

Dans la zone francophone, les coopératives d'épargne et de crédit naissent en 1970, soit une décennie après la partie anglophone, toujours sous l'impulsion de l'église catholique et l'appui du mouvement international Desjardins299(*). Le mouvement s'étend dans le diocèse et crée une union de caisses dès 1973, l'Union des Caisses Populaires de Yaoundé (UCPY) qui commence par mobiliser l'épargne avant d'octroyer des prêts vers 1978300(*). Cependant ces caisses vont succomber suite au zèle des responsables qui voulaient accroître les ressources en diversifiant les placements autres que les prêts aux membres.

L'interventionnisme de l'Etat constituait un frein pour le bon fonctionnement des coopératives. En effet, à travers les services agricoles, l'Etat contrôlait les coopératives de près, alors que son soutien était très relatif. Cela rendait le rôle des coopératives, ambigüe. Leur proximité à l'Etat les rendait vulnérables aux mêmes phénomènes d'abus que l'Etat lui-même, mais leur fonction resta néanmoins importante, qu'elles restèrent toujours à peu près fonctionnelles.

C. La politique commerciale

La politique commerciale des produits agricoles étaient en grande partie assumée par l'Office National de la Commercialisation des Produits de Bases (ONCPB)301(*).

Cette institution fut mise en place par le décret n°76/20 du 09 Septembre 1796302(*) à la suite de la fusiondu «Marketing Board» et de la «caisse de stabilisation» qui opéraient respectivement dans le Cameroun anglophone et francophone. Sa mission était d'effectuer des prélèvements sur les recettes d'exportation et d'assurer en retour une stabilité des prix aux planteurs303(*),financer les SODES et les missions de développement, le désenclavement des zones de production et effectuer des placements auprès des banques commerciales et du trésor public pour l'achat des produits auprès des paysans304(*).

En plus de son activité de marketing, l'office finançait et mettait à la disposition du secteur rural un certain nombre de services notamment, les intrants agricoles en finançant le FONADER afin qu'il puisse mettre à la disposition des ruraux des intrants à des prix fortement subventionnés ; Les crédits305(*)  et les services de recherche et de vulgarisation. 

L'ONCPB, agissait à travers les coopératives et leurs réseaux et son activité était majoritairement axée vers les cultures de rentes tout en tenant compte de certaines cultures telles que les arachides et les noix de palme306(*). Les prélèvements effectués sur les recettes de ces cultures étaient utilisés partiellement pour assurer la stabilité des prix aux producteurs, accorder des subventions et financer les entreprises publics et parapubliques qui se sont révélées être des gouffres financiers.

A l'exportation l'ONCPB contrôlait le commerce du cacao, café et coton. Elle servait d'intermédiaire entre les producteurs et les organisations internationales impliquées dans le secteur.Tout en offrant des circuits de commercialisation aux producteurs, il joua également un rôle de tampon face aux fluctuations des prix sur le marché mondial. En cas de baisse des prix mondiaux, les prix aux producteurs étaient subventionnés, dans le but d'encourager les agriculteurs à continuer la production des cultures d'exportation jugées stratégiques. Elle avait également la charge de la gestion des fonds STABEX307(*) avec les partenaires européens et siégeait à l'Organisation Internationale du Cacao (OIC).

IV. REVOLUTION VERTE ET EVALUATION DES POLITIQUES AGRICOLES SOUS ECONOMIE ADMINISTREE

Au terme des vingt glorieuses du jeune Etat camerounais, une évaluation ex post des différentes politiques agricoles entreprises est nécessaire. Toutefois, nous ne pourrions entamer cette évaluation sans évoquer l'un des programmes phare de cette période à savoir la révolution verte.

A. LA REVOLUTION VERTE

La révolution verte lancée au Cameroun fut avant tout un concept importé d'ailleurs et concrétisait l'avènement de l'agriculture de première génération au Cameroun.

1. la révolution verte : un concept importé d'ailleurs

Au cours des années soixante, des bailleurs de fonds internationaux308(*) ainsi que des fondations privées, notamment les fondations Ford et Rockefeller, mirent l'accent sur la nécessité de financer la recherche agricole dans les pays en développement. Plusieurs centres de recherche nationaux et internationaux virent le jour : La FAO, créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fut ainsi chargée de gérer l'assistance technique et les programmes de formation. Les Fondations Ford et Rockefeller, la Banque Mondiale, la FAO et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) créèrent le Groupe Consultatif pour la RechercheAgricole Internationale (GCRAI)309(*), dont l'un des objectifs était de «[...] produire des retombées technologiques positives, notamment dans les pays qui n'étaient pas en mesure de tirer le plein profit de leur investissement dans la recherche»310(*). On note également l'Institut International de Recherche sur le Riz aux Philippines en 1959 et le Centre International pour l'Amélioration du Blé et du Maïs au Mexique en 1963311(*). Ces instituts élaborèrent de nouvelles variétés de céréales à haut rendement qui devaient assurer les besoins alimentaires croissant des pays du Sud.

En effet, on pensait que les variétés de céréales traditionnelles caractérisées par de faibles rendements, ne permettraient pas de faire face à l'accroissement de la demande générée par une démographie galopante. L'introduction dans les agricultures du Sud de ces nouvelles Variétés à Haut Rendement (VHR) prit le nom de «green revolution» («révolution verte») dont la paternité du terme est attribuée à William Gaud en 1968312(*). Contrairement à ce qu'avancent certains, l'Afrique noire a connu sa révolution verte dans les progrès accomplis pour améliorer les rendements des cultures d'exportation et de certaines cultures alimentaires. Le Cameroun n'était donc pas en reste.

2. La révolution verte au Cameroun : lancement de l'agriculture de première génération

C'est le 9 mars 1973, lors du premier comice agropastoral de Buea, qu'Ahmadou Ahidjo lançala «révolution verte» pour la première fois au Cameroun. Dans le contexte camerounais, Cette révolution verte,

Implique la solution du problème de développement de l'agriculture comme base nationale de l'alimentation de la population et de l'essor industriel du pays, et surtout comme acteur essentiel dans la stratégie de croissance...c'est le refus que l'agriculture soit en retard, le parent pauvre de la croissance ; c'est la ferme volonté de placer l'agriculture en tête des facteurs de croissance313(*).

Elle suppose le passage d'une agriculture traditionnelle à une agriculture moderne et exprime le souhait de l'abandon d'une agriculture de subsistance pour une agriculture de marché, d'assurer une alimentation suffisante à la population et d'augmenter les exportations des produits agricoles314(*). Elle avait pour objectif initiaux : l'accélération de la croissance du monde rural en remédiant à la pénurie des denrées alimentaires, la stimulation du progrès général de l'économie en favorisant la production des matièrespremières nécessaires à l'essor industriel, en accroissant les exportations des produits agricoles et en élargissant les débouchés intérieurs des industries existantes ou à créer315(*).

En outre, la révolution verte visait à aménager l'espace rural dans le but de limiter considérablement l'exode rurale et constituer une main d'oeuvre abondante pour le secteur agricole. Les initiatives prises et les projets envisagés concernaient ainsi l'aménagement collectif des campagnes, l'objectif étant de maintenir un nombre important de personnes en campagne, main d'oeuvre utile à la fois pour les exploitations des cultures de rente et de cultures vivrières. Les instruments de mise en oeuvre de ce projet de développement étaient les SODES, les missions de développement et le FONADER et les comices agro-pastoraux

B. Evaluation des politiques agricoles sous économie administrée

Il s'impose à ce niveau de faire un break et d'évaluer les effets des politiques agricoles pendant l'économie administrée et la situation du paysan.

1. Politiques agricoles et croissance économique pendant les vingt glorieuses (1960-1980)

Dans les années soixante, l'économie camerounaise profita de la stabilité des cours mondiaux de ses biens d'exportation les plus importants, le café et le cacao. Malgré les problèmes de rendement et de qualité, la production agricole augmenta de façon significative grâce à des extensions de la surface de production. Cela permit la réalisation d'une croissance du PIB de 5,9% par an en moyenne entre 1960 et 1969 (en prix constants de 1980)316(*). Cet accroissement du fut le fait d'une économie exportatrice de matières premières agricoles. Par exemple, alors qu'il exportait 93 600 tonnes de cacao et 48 800 tonnes de café en 1965, le Cameroun en exporte respectivement 110 620 tonnes et 92 460 tonnes en 1975317(*).

Tableau n° 6 : Évolution de la part de l'agriculture dans le PIB au Cameroun de 1965 à 1972

année

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

part de l'agriculture dans le PIB (%)

32,732

31,851

31,133

31,506

30,724

31,364

31,004

31,965

Source : Banque Mondiale, World DevelopmentIndicator, 2014

Dans la première moitié des années 70, cette dynamique de croissance se ralentit. Bien que la croissance des recettes d'exportation de café et de cacao se poursuivait, cela ne se répercutait plus sur le PIB, dont la croissance moyenne annuelle en prix constants de 1980 baissa à 4,1% par an (de 1969 à 1976)318(*). La part de l'agriculture dans le PIB stagna autour de 30%. A partir de 1977, la croissance des recettes d'exportation de café et de cacao s'affaiblit et devint même négative dans les années 80. C'est l'exploitation de pétrole débutant en 1977 qui fut à l'origine de la croissance économique de cette période. La part de l'agriculture dans le PIB stagna autour de 30% (tableau n°7). Pendant la période de l'économie administrée, les produits agricoles d'exportation représentaient plus de 50% de la valeur des exportations du pays (tableau n°8).

Tableau n° 7 : Évolution de la part de l'agriculture dans le PIB au Cameroun de 1965 à 1980

année

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

part de l'agriculture dans le PIB (%)

30,793

29,54

29,12

27,61

33,645

31,353

30,824

31,272

Source : WDCI 2014

Tableau n°8: contribution de l'agriculture à la croissance du PIB de 1966 à 1985

Année

Contribution (%)

Année

Contribution (%)

1966

1,28%

1976

0,44%

1967

2,00%

1977

0,46%

1968

1,99%

1978

1,19%

1969

2,04%

1979

3,99%

1970

1,84%

1980

0,07%

1971

0,50%

1981

3,90%

1972

2,18%

1982

1,09%

1973

1,52%

1983

-2,09%

1974

1,84%

1984

2,11%

1975

0,44%

1985

2,09%

Source : Banque Mondiale (WDI, 2014)

Graphique 2: évolution du rendement des cultures d'exportation

Source : FAOSTAT

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

ANNEES

KG/HA

Café

Cacao

Coton

2. Un bilan mitigé

Le bilan de actions menées par l'Etat révéla que : malgré l'effort de développement de la recherche agronomique, les acquis sont restés inaccessibles aux paysan du fait d'une part, du niveau peu développé des liaisons entre la recherche et la vulgarisation ou de leur quasi inexistence dans certains cas ; d'autre part, de l'inadaptation des thèmes de recherche aux besoins réels des petits producteurs.

Les actions menées par l'Etat témoignaient certes d'une volonté politique affirmée de consolider l'agriculture comme moteur essentiel, mais les résultats furent peu insuffisants.Le constat qui peut être fait est que la bonne tenue des cours des produits de base n'a pas toujours profité au secteur agricole : les paysans enregistrèrent au cours des vingt glorieuses une dégradation continue de leur capital social319(*) du fait d'une activité agricole dans laquelle les fonctionnaires se trouvent à l'amont et à l'aval des décisions et des axes stratégiques. Ce capital remplissait néanmoins une double fonction. D'une part, il servait de soupape sécuritaire aux chefs de ménages en termes d'assurance, de retraite, de rente annuelle, et permettait d'autre part de financer la scolarisation des enfants ainsi que les soins primaires320(*).

La volonté de s'appuyer sur la paysannerie pour développer les productions destinées au marché intérieur ne s'est pas traduite par l'accroissement des moyens mis à sa disposition. La révolution verte lancée en fanfare en 1973 n'a pas réussi sa percée comme prévu : le taux d'exode rural s'est en fait accéléré : 16% de la population vivaient dans les centres urbains aux alentours de 1970, 34% en 1980321(*). Bien que l'agriculture soit le moteur économique pendant cette période, on distingue toujours un secteur rural défavorisé, fortement enclavé et vivant pratiquement dans des conditions de pauvreté totale322(*).

Malgré le maintient de l'autosuffisance alimentaire et une évolution favorable de la production agricole,le constat qui s'impose est que les performances de ce secteur ont connu une évolution mitigée et les potentialités de production sont restées insatisfaisantes (graphique 3 et 4) pour un pays comme le Cameroun.

Graphique 3: evolution des principales cultures d'exportation de 1960 à 1980 en tonne

0

200000

400000

600000

800000

1000000

1200000

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

Caoutchouc

Café

Cacao

Palmier à huile

Coton

Banane

Canne à sucre

Graphique n° 4: evolution des principales cultures vivrières en tonne de 1960 à 1980

Source : FAOSTAT

Source : FAOSTAT

0

500000

1000000

1500000

2000000

2500000

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

Manioc

Plantains

Taro (Colocassiaspp)

Igname

Racinesettubercules

Sorgho

Maïs

Riz paddy

Blé

L'impact du programme de mécanisation agricole reste marginal et 85,3% des agriculteurs continuent d'utiliser uniquement l'énergie humaine dans la production agricole contre 12,9% utilisant la traction animale et 1,8% pour les tracteurs.Les sociétés de développement créées pour encadrer les producteurs sont devenues pour la plupart des gouffres financiers pour les subventions publiques sans résultats probants.Les coopératives mises en place ont de piètres performances en raison de l'interventionnisme poussé des pouvoirs publics et de la mauvaise gestion des bureaucrates dirigeants. Notons de même que le système de commercialisation des produits d'exportation comporte beaucoup d'intermédiaires ; ce qui entraîne des coûts de commercialisation élevés.

Le secteur rural est toujours miné par une précarité totale malgré l'émergence de grands cultivateurs de cacao, ce produit étant vendu uniquement entre le mois de septembre et octobre. Tout le long de l'année, le paysan est ainsi quasiment abandonner à lui-même et se livre à une économie de subsistance ou d'autocosommation.

Ainsi, bien que le secteur agricole ait bénéficié du cinquième environ des investissements publics du pays et de l'interventionnisme pendant la période des vingt glorieuses, le succès des stratégies successives est reste mitigé et la condition du paysan du paysan reste à déplorer. Les gains du secteur agricole ont plutôt servit dans d'autres domaines que le secteur rurale qui renferme les ¾ des producteurs agricoles. Cette situation s'empire avec l'avènement de la crise des années 80 qui amène le gouvernement à revoir sa politique économique

CHAPITRE IV : CRISE ECONOMIQUE, DESENGAGEMENT DE L'ETAT ET NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE (1985-2000)

Durant deux décennies, et malgré deux chocs pétroliers, le secteur agricole assura une progression lente mais continue de la croissance économique du Cameroun. Le pays était classé parmi les pays à revenus intermédiaires avec un avenir d'autant plus prometteur qu'il engrangeait depuis 1977 de substantiels revenus de l'exploitation de ses gisements de pétrole. Quelques années après, cet élan de progrès économique fut durablement brisé. Le pays entra dans une profonde récession dont le corollaire fut une réorientation du système économique camerounais en générale et du secteur agricole en particulier. Ce chapitre s'intéresse à cet effet à la réorientation des politiques agricoles pendant et après la période de crise au Cameroun.

I. CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE ET PROGRAMME D'AJUSTEMENT STRUCTUREL DU SECTEUR AGRICOLE

Vers le milieu des années 80, les économies africaines sont brutalement stopper dans leur élan par une fluctuation orchestrée par des facteurs externes et internes. Ce processus fut à l'origine d'une véritable réorganisation du secteur économique. Le Cameroun ne fut pas à la marge de ce marasme.

A. Contexte macro-économique : la crise économique des années 80

Après avoir connu l'euphorie pétrolière sans mettre en place les conditions d'une croissance économique durable, le Cameroun vit, au milieu des années 1980, ses termes de l'échange se détériorer, les déficits financiers s'accumuler et son économie régresser.

En effet, deux violents chocs externes révélèrent les faiblesses de 1'économie camerounaise : la chute des cours mondiaux du cacao, du café323(*) et du pétrole qui affecta très fortement les termes de 1'échange; la dépréciation du dollar324(*). Sur le plan interne, la crise se justifie par une mauvaise orientation de la politique de crédit, carence technique des professionnels, l'inefficience de l'interventionnisme étatique ; les nombreuses insuffisances de l'environnement des affaires, «la politique du ventre»325(*) menée par les dirigeants326(*).

Confronté au déclin de son économie, le pays dont les dirigeants refusaient de voir la crise327(*) lança son propre ajustement structurel en 1986, sans recours aux institutions financières internationales328(*). Ainsi, pour faire face à ses échéances internes329(*), le gouvernement puisa dans ses recettes pétrolières, placées dans des comptes «hors budget» à l'utilisation plus ou moins secrète330(*). Elles s'épuisèrent vite et à la fin de l'année 1986, tous les indicateurs économiques virèrent au rouge. Les finances publiques enregistrèrent un déficit d'une envergure jusqu'alors inconnue, correspondant à 12,8% du PIB331(*). La crise de liquidité de l'Etat s'étendit rapidement au secteur bancaire et au secteur privé suite à l'incapacité de l'Etat d'honorer ses dettes internes. La récession affecta le fonctionnement du système productif et la structure de l'emploi en milieux ruraux traditionnellement marqués par les cultures de rente332(*).

La sévérité de la récession contraint le gouvernement à se placer sous la perfusion financière du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale dans le cadre d'un programme d'ajustement structurel. La signature le 18 septembre 1988333(*) du premier accord de confirmation avec le FMI mit fin à cinq lustres de développement planifié et ouvra l'ère de l'ajustement structurel. L'objectif était de stabiliser les finances publiques. Le programme économique exécuté comportait les grands axes suivants : relèvement du niveau des impôts et taxes, réduction de la masse salariale, restructuration des entreprises publiques, avec des options de liquidation ou de privatisation pour celles qui ne sont pas performantes334(*). Un deuxième accord de confirmation fut signé en décembre 1991 pour une durée de neuf mois335(*), suivi d'un troisième en mars 1994 pour 18 mois336(*).

Le Franc CFA fut dévalué de 50 % en janvier 1994 pour restaurer le niveau de compétitivité. Parallèlement, les réformes fiscales aggravèrent le chômage et détériorèrent davantage le niveau de vie de la population accentuant ainsi la pauvreté. Entre 1984 et 1996, la proportion de la population pauvre passa de 20,91% à 43,94% suivant la ligne de pauvreté inférieure, et de 39,2% à 67,98% suivant la ligne de pauvreté supérieure337(*). Le secteur agricole devait également intégrer les PAS à travers le PASA.

B. Le Programme d'Ajustement Structurel Agricole (PASA)

Le PASA était un ensemble de programme d'austérité qui consistait en la réduction des dépenses publiques dans le secteur agricole et donc en une révision du rôle de l'Etat dans la définition et la mise en oeuvre des politiques agricoles. Il rentrait dans le cadre général des politiques de rééquilibrage du secteur agricole au sein desquels ont distinguait deux types d'actions : D'une part les politiques dites de stabilisation qui cherchaient à résorber à court terme le déséquilibre entre l'offre globale et la demande globale, d'autre part les politiques dites d'ajustement structurel338(*) qui cherchaient à résorber le déséquilibre sectoriel afin de relancer la production agricole ; en particulier les cultures exportables.

Cette cure d'austérité du secteur agricole fut instituée dans le cadre des accords de confirmation signés par le Gouvernement et les institutions de Bretton-Woods339(*). Ce programme était axé sur une nouvelle stratégie de développement, à moyen terme, du secteur agricole. Un ensemble de mesures fut ainsi entrepris: libéralisation progressive dans l'approvisionnement en intrants agricoles; privatisation progressive des activités de développement de l'agriculture; restructuration des entreprises publiques du secteur agricole devant déboucher sur un meilleur équilibre de leur situation financière et une large autonomie de leur gestion interne; plus grande responsabilisation des agriculteurs340(*). La mise sous ajustement structurel agricole s'est traduite par le désengagement et une libéralisation du secteur agricole.

1. Désengagement de l'Etat

La mise sous ajustement structurel agricole conduit au retrait de l'Etat de la plupart des services qu'il assumait avant. Face à la pression de Washington et aux tensions de trésorerie, le gouvernement du Cameroun procéda sensiblement à une réduction, puis une élimination des subventions accordés à l'agriculture en général, et aux intrants agricoles tels que les engrais chimiques, les pesticides, en particulier341(*). Après un abandon de touts les projets de développement rural prévues dans le cadre du sixième plan quinquennal et des services fournis par le MINAGRI, le Cameroun se vit imposer, la suppression de toute intervention publique au niveau de la commercialisation des produits de rentes, et notamment la fixation du prix au producteur342(*). Dans cette mouvance, tous les dispositifs d'appui au monde rural, en ce qui concerne la vulgarisation, la commercialisation des produits d'exportation, la mise en place et le fonctionnement des organisations paysannes, ainsi que le crédit rural subventionné, furent supprimés.

2. Libéralisation du secteur agricole

A partir de 1988, l'Etat du Cameroun entreprit sous la houlette des bailleurs de fonds des réformes visant à libéraliser le secteur agricole. Pour ce faire, plusieurs mesures législatives édictées jetèrent les bases juridiques de libéralisation agricole au Cameroun.

Dans le domaine des cultures de rente, la libéralisation fut lancée par la loi n°95/11 du 27 juillet 1991 portant organisation du commerce du cacao et du café. Son décret d'application n°95/674/PM du 15 décembre 1995 fut parachevé en 1997 par la signature de trois textes réglementaires à savoir, le décret n°97/130/PM du 23 mars 1997 qui portait sur réglementation du conditionnement et de la commercialisation des fèves de cacao ; le décret n°97/131/PM du 23 mars 1997 qui réglementait le conditionnement et la commercialisation des cafés verts ; le décret n°97/142/PM du 25 août 1997 qui modifiait et complétait certaines dispositions du décret n°91/272 du 12 juin 1991 portant création de l'office national du cacao et du café343(*).

A base de ces textes juridiques, des pas importants furent faits dans le domaine de la libéralisation. L'organisation d'Etat qui monopolisait la commercialisation du cacao et du café (ONCBP) fut dissoute et une autre institution, avec un rôle fortement réduit (l'ONCC)344(*) pris sa place en 1991345(*). Les producteurs parastataux avec des coûts élevés furent supprimés : ONCPB, SODEBLE, MIDEVIV, Office Céréalier, FONADER etc. D'autres furent privatisées par le décret n°90/1423 du 3 octobre 1990 portant privatisation de certaines entreprises du secteur public et parapublic  et le décret n°94/125 du 14 juillet 1994 portant admission de certaines entreprises du secteur public et parapublic à la procédure de privatisation346(*). Il s'agit de :SOCAPALM, CAMSUCO, OCB, CENEEMA, COCAM, HEVECAM, SODECOTON347(*). L'approvisionnement et la distribution d'engrais, qui était habituellement entièrement une opération d'Etat, devint largement privés. L'autre mesure de libéralisation fut la levée des taxes à l'exportation, jouant pleinement son effet à partir de 1996/97348(*). C'est dans ce contexte de libéralisation que fut ainsi élaborée une nouvelle politique agricole.

II. LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE (NPA)

La période libérale correspondait à l'élaboration et la mise en oeuvre de la Nouvelle Politique agricole (NPA) soutenue par plusieurs bailleurs dont le FMI et la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD). Elle correspondait à la dimension agricole des PAS déclinée dans le Programme d'Ajustement du Secteur Agricole.

A. Processus d'élaboration et orientations stratégiques de la NPA

Vue l'échec des méthodes de formulation des politiques agricole pendant la phase de planification, l'Etat décida de revoir son cadre d'élaboration des politiques agricoles et définit de nouvelles orientations.

1. Processus d'élaboration de la NPA

La NPA fut adoptée en 1990 dans un contexte des mutations institutionnelles. La plupart des entreprises publiques évoluant dans le secteur agricole furent privatisées, et une relation de partenariat se noua avec le secteur privé. Ceci eut pour impact une implication plus accrue des acteurs de ce secteur dans la définition de la NPA. En outre, le contexte des mutations institutionnelles coïncida avec l'émergence d'une société civile forte et d'organisations paysannes. Ces deux nouveaux acteurs jouèrent, à coté de l'Etat du Cameroun et du secteur privé, un rôle de premier plan dans la conception de la NPA349(*).

En résumé, dans le cadre de la NPA l'Etat du Cameroun s'efforça à créer un cadre stratégique à l'initiative du secteur privé et des OP350(*), à travers des mesures de déréglementation et de privatisation visant à réduire les gaspillages dans le secteur agricole, à rationnaliser les ressources du secteur et à trouver des modes de gestion plus efficients et durables.

L'étroite collaboration entre l'Etat à travers le Ministère de l'Agriculture et la Banque Mondiale351(*), abouti à l'élaboration de plusieurs projets/programmes définis sur la base de résultats d'études et d'enquêtes participatives ayant impliquées les acteurs du monde rural. Car dans ce contexte, l'élaboration des politiques agricoles obéissaient à la vision des institutions de Bretton-Woods qui firent valoir leur influence en mettant à la disposition du pays des consultants internationaux chargés de l'élaboration des politiques agricoles352(*).

Concernant la démarche méthodologique, il convient de préciser que la NPA fut définie au niveau de la direction en charge de la planification du développement agricole au sein du Ministère de l'Agriculture. Ce travail de conception se basa sur la mobilisation concertée des compétences de tous les acteurs de ladite Direction. Après consensus, le projet de la NPA fut soumis aux autres responsables de direction du Ministère de l'Agriculture à l'occasion de la concertation annuelle des responsables353(*). Par la suite, une première monture amendée fut discutée avec les opérateurs économiques privés, les responsables des organisations de producteurs et ceux des administrations partenaires au développement agricole et rural354(*). Enfin, la NPA fut présentée à la communauté des partenaires extérieurs au développement. Cette concertation visait une plus grande cohérence entre la politique agricole de l'Etat et les stratégies de développement agricole du secteur privé.

2. Orientations stratégiques de la NPA

La nouvelle politique agricole était axée en priorité sur la consolidation des acquis tant sur le plan de l'autosuffisance alimentaire que sur celui des recettes d'exportation et une amélioration significative des performances par le biais d'optionsnouvelles dont : la privatisation progressive des activités de développement de l'agriculturevisant à réduire les gaspillages, à rationaliser les ressources et à trouver des modes de gestion plus efficients ;la responsabilisation plus accrue des agriculteurs ;la diversification de la production agricole ;la protection de la production nationale355(*).

La stratégie de mise en oeuvre de cette politique reposait sur une meilleure valorisation du potentiel de production et des possibilités de commercialisation existantes. A cet effet, cinq objectifs prioritaires furent retenus à savoir, la modernisation de l'appareil de production en vue d'améliorer la productivité des exploitations agricoles et la production ; la maîtrise de la sécurité alimentaire ; la promotion et la diversification des exportations ; le développement de la transformation des produits agricoles ; l'équilibre des filières de production356(*).

L'évaluation ex ante du secteur agricole révéla également la nécessité de promouvoir l'utilisation des intrants, le renforcement de la recherche agronomique et de la vulgarisation agricole, le développement du crédit et des infrastructures économiques de base. Ces objectifs devaient constituer les grands domaines de la NPA.

B. Domaines prioritaires et programmes de la NPA

La NPA regroupe une multitude d'axes stratégiques que nous avons choisi de regrouper en fonction de leur importance pour le secteur agricole. Ces axes s'accompagnent d'une multitude de programmes dont nous en éluciderons les plus importants.

1. Intrants, recherche agronomique et vulgarisation agricole

Ce premier groupe a toujours constitué le domaine prioritaire de toutes les politiques agricoles formulées au Cameroun. On assiste pendant la NPA à sa restructuration en commençant par les intrants.

a. Intrants agricoles

Au niveau des intrants, les réformes mises en oeuvre portaient sur la suppression des subventions, la libéralisation du commerce des engrais et pesticides et la mise en place d'une nouvelle législation phytosanitaire. Ces mesures étaient accompagnées par la mise en place de lignes de crédit pour en faciliter l'importation. Deux programmes de réforme pour couvrir respectivement le Sud et le Nord du pays furent mis en place. Ces programmes avaient pour but de mettre en place un système durable et efficace pour l'importation, la distribution et l'utilisation des intrants, fondé sur un mécanisme privé non subventionné357(*).

Des importateurs privés assuraient l'approvisionnement à plus de 90% du marché des engrais. Le produit devait passer par les revendeurs en gros et le réseau de vente au détail avant de pouvoir être utilisé par les agriculteurs. Les prix des engrais étaient très élevés et il existait des problèmes de qualité. Une réforme du secteur des engrais fut instaurée en 1994, avec l'appui de l'USAID : le Programme de Réformes du Sous-Secteur Engrais (PRSSE)358(*). Son but était de faciliter les importations et la commercialisation des engrais. Un programme de suivi avec la South African Merchant Bank visait à améliorer l'accès aux engrais pour les petits agriculteurs359(*).

Quant aux semences, les deux orientations définies portaient sur la privatisation de la production et du commerce du matériel végétal et sur la définition des axes complémentaires de recherche.

b. Recherche agronomique et vulgarisation agricole

Le programme de restructuration de la recherche agronomique mis en oeuvre aboutit, après un audit scientifique, à l'adoption d'un plan national de la recherche à moyen et long termes et la création par le décret n°96/050 du 12 mars 1996 d'un Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD)360(*). Cet institut naquit à la suite à la fusion de l'IRA et l'IRZV361(*). La mission assignée à l'IRAD fut d'assurer la conduite des activités de recherche visant la promotion du développement agricole dans les domaines des productions végétale, animale, halieutique, forestière et de l'environnement, ainsi que des technologies alimentaires et agro-industrielles362(*).

En claire, l'IRAD dès sa création avait pour objectif, entre autres, de mettre en oeuvre une programmation scientifique autour des axes prioritaires pour le développement du Cameroun, à partir des besoins réels des utilisateurs tant sur le plan national que dans chacune des zones agro-écologiques du Cameroun. L'institut instaura une collaboration avec quelques sociétés de développement dans la recherche d'accompagnement par filière363(*).

L'IRAD constituait presque la seule organisation en charge de la sélection variétale au Cameroun et fournissait également des semences de prébase et des semences de base pour le maïs, le millet, le sorgho, le riz, la dolique asperge, les arachides, les tubercules et racines, le coton, les arbres fruitiers et les palmiers à huile.

Les objectifs et les programmes de recherche furent redéfinis afin de les adapter à l'évolution de l'agriculture et du cadre macroéconomique dans son ensemble. Ainsi, diverses approches participatives associant les opérateurs économiques bénéficiaires furent initiées dans plusieurs filières dont celles du palmier à huile, de l'hévéa, du coton et des fruits et légumes.

Pour favoriser l'utilisation des résultats de la recherche par les producteurs, des actions furent engagées dans le cadre du Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA)364(*). Son objectif globale était d'augmenter les revenus et la productivité des paysans les plus pauvres et en particulier ceux des femmes de manière durable, ceci à travers le renforcement des services de vulgarisation et de recherche dans la mise en oeuvre de la nouvelle politique agricole camerounaise365(*). Ses objectifs spécifiques étaient d'améliorer la production agricole; intégrer dans les activités de vulgarisation les problèmes des producteurs aux ressources limités et ceux des femmes engagées dans la production vivrière; appuyer les réformes institutionnelles engagées au niveau des services de vulgarisation et de recherche agricole; promouvoir des initiatives visant à réduire l'incidence des fonds publics dans le transfert des innovations technologiques366(*).

Pour améliorer les relations entre chercheurs, vulgarisateurs et agriculteurs, plus de 2 350 cadres techniques furent déployés en 1996 sur l'ensemble du territoire national avec des moyens de déplacement et un équipement permettant de couvrir plus d'un million d'exploitations. Cet effort permit d'avoir un taux d'encadrement d'un Agent Vulgarisateur de Zone (AVZ) pour 800 exploitations367(*).

Au plan régional, le Cameroun s'associa en 1995 avec le Tchad et la République centrafricaine pour monter un programme de recherche, le Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC), en partenariat avec le Centre Internationale de Coopération en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD)368(*), l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD)369(*) et l'Université de Leyde, sous l'égide du Conseil Ouest africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) et de la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC)370(*). Opérationnel depuis fin 1988 sur un financement du Fonds d'aide et de coopération (France), le Prasac permit la mise en commun des ressources matérielles et humaines, l'échange de méthodes, de références et de résultats entre les partenaires afin de résoudre, avec plus d'efficacité et un coût amoindri, les problèmes de développement communs de la sous-région.

Outre les centres de recherche, certains établissements d'enseignement supérieur assurant la formation des cadres d'agriculture apportaient aussi une contribution à la recherche. Il s'agit de la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l'Université de Dschang, de la Faculté des sciences (FS) de l'Université de Yaoundé I, et de l'École Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles (ENSSAI) de l'Université de Ngaoundéré.

Toutes ces structures oeuvraient dans le cadre du Système National de Recherche et de Vulgarisation Agricole, (SNRVA). Le PNVRA constituait la principale institution de ce dispositif.

2. Mécanisation, financement, promotion du mouvement coopératif et de la professionnalisation agricole

Ce deuxième groupe entrait dans le cadre de la libéralisation et la modernisation du secteur agricole. Le succès d'une nouvelle politique agricole libérale passait premièrement par une promotion de la mécanisation agricole.

a. Mécanisation de l'agriculture

Après avoir longtemps été la seule structure d'appui à la conception et à la mise en oeuvre d'une politique de mécanisation de l'agriculture, le Centre National d'Etude et d'Expérimentation du Machinisme Agricole (CENEEMA) subissait déjà la concurrence, depuis la fin des années 80, des initiatives menées par les pouvoirs publics, le privé et les Organisations Non Gouvernementales (ONG). C'est dans ce sillage que fut mis sur pied un projet de promotion de la culture attelée dans le Nord-Ouest par une ONG371(*). Il en est de même de la motorisation intermédiaire qui connut un important taux de développement dans les provinces septentrionales, notamment autour des productions de coton et de maïs. Le CENEEMA fut d'ailleurstransformé en un organisme performant de prestation de service mettant des machines et outils agricoles adaptés à la disposition des agriculteurs372(*)

b. Financement

Après l'échec du FONADER, le gouvernement camerounais créa le Crédit Agricole du Cameroun (CAC).

Mis sur pied en 1990, le CAC démarra ses activités en octobre de la même année. Fruit de la coopération germano-camerounaise, il fut présenté comme étant la véritable banque du monde rural avec vocation agricole. Il était une institution publique qui devait administrer les fonds de crédit provenant de la coopération avec les bailleurs de fonds internationaux tels que la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement (BAD)373(*).

Il avait pour mission le financement du monde rural à travers les caisses villageoises et les caisses locales légalement reconnues qu'il devait mettre en place sur la base des associations existantes.

Il servait également de courroie de financement à de nombreux projets de développement. Le CAC avec le temps s'avéra inefficace dans le financement du monde rural et affirma plutôt sa vocation de banque commerciale. La FAO observa un an après le lancement de la libéralisation agricole la banque ne proposait aucun crédit rural374(*). L'octroi des crédits sur la base des montagnes de dossier pas très fiables la rendit en quelques années largement déficitaire au point où elle fut finalement liquidée le 9 juin 1997 la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (COBAC) sans avoir servi ceux pour qui elle fut créée375(*). Après cet échec la politique en matière de crédit s'orienta vers des systèmes de financement décentralisés.

Ainsi, le Fonds d'Investissement des Microprojets Agricoles (FIMAC) fut créé pour venir en suppléance à la défunte CAC376(*). Le FIMAC constituait l'une des composantes du projet de sécurité alimentaire financé à son démarrage en 1991 en majorité par des dons japonais et les institutions de Bretton-Woods377(*). Le programme étendit ses activités sur toutes les régions du Cameroun en employant le personnel du Ministère de l'agriculture. Les crédits octroyés par le FIMAC s'adressaient aux groupes de petite taille (3 à 20 membres) vivant dans des zones défavorisées en milieu rural et ayant une expérience d'épargne satisfaisante (tontine, caisse etc.)378(*). Le FIMAC finança des projets productifs d'élevage, de pêche, de pisciculture, de transformation et de conditionnement des produits vivriers, d'artisanat, de cultures vivrières et maraîchères. Il concernait également les infrastructures de soutien à la production agro-pastorale au sens large. La durée des crédits variait suivant la nature du projet présenté par le groupe. Les crédits de campagne étaient assez peu représentés. En milieu rural, ces crédits étaient destinés à l'acquisition d'équipement agricole ou de petites infrastructures. Ils servirent également à financer l'équipement en traction animale, ainsi que les animaux de trait. Ils étaient accordés à un taux nul via des structures d'encadrement. Un Programme de Développement de l'Epargne et du Crédit Rural (PDECR), lancé en 1995 avec l'appui de l'Agence Française pour le Développement (AFD), permit de constituer 70 caisses villageoises autogérées et le financement de 3 000 projets par le FIMAC pour plus de 2 milliards de francs CFA379(*). On estimait en 1999 que 1143 micro projets ont été financés380(*).

Toutefois, l'impact de ce projet fut limité en raison d'une absence de fonds nécessaires pour couvrir tout le secteur rural camerounais. Une bonne partie du secteur rural restait encore à la marge du financement agricole.

Face au retrait des banques d'Etat du financement de l'agriculture, à l'arrêt progressif des grands projets agricoles, au repli des SODES sur l'activité de soutien des cultures, au désengagement de l'Etat de l'accompagnement des exploitations agricoles, la réforme du secteur financier, couplée à la libéralisation des organisations et à la loi sur les Coopératives et Groupements d'Initiative Commune (COOP/GIC) de 1992 entraina l'essor de la micro-finance. Ce nouveau mode de financement était effectué par les coopératives qui profilèrent au lendemain de la libéralisation agricole.

L'aide bilatérale et multilatérale constituait également une source de financement de l'agriculture. Les financements du Stabex jouèrent à cet effet un rôle crucial dans la restructuration des filières cacao et café au Cameroun381(*). En forte augmentation à partir de 1989, ils totalisaient sous le 7ème FED 244 MECU et furent utilisés pour pallier aux conséquences néfastes de la gestion publique des cultures de rentes café et pour encourager le recentrage du rôle de l'Etat sur ses fonctions régaliennes382(*).

c. promotion du mouvement coopératif et de la professionnalisation agricole

En 1992, la loi n°92/006, du 14 août 1992 relative aux sociétés coopératives et le décret n°92/455 PM fixant les modalités d'application furent promulguées pour redéfinir la nouvelle coopérative et les groupes d'initiatives communes (GIC)383(*). Le programme d'appui à la mise en application de ces lois permit de redynamiser le secteur associatif et de jeter les bases d'une organisation plus autonome et plus responsable des producteurs. Plusieurs coopératives développèrent ainsi partout au Cameroun sous diverses formes : coopératives de production, coopératives de commercialisation, coopératives d'épargne et de crédit384(*). On assista à cet effet à une extension des coopératives existantes385(*). Une multitude de Coopératives d'Epargne et de Crédit (COOPEC) virent le jour parmi lesquelles on note des structures importantes telles que : le Crédit du Sahel, les Mutuelles Communautaires de Croissance (M), le Fond d'Appui aux Organisations de Base (FOCAOB) du service d'appui aux initiatives locales de développement (SAILD)386(*) etc. L'Etat camerounais instaura en outre des programmes destinés à accompagner l'émergence et la structuration de ces organisations dont le premier fut le Central Unit for Rural Organisation Reform (CUROR)

Le CUROR fut créée au ministère de l'Agriculture en 1992 et était financée par l'Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID). Elle mena diverses actions : campagnes d'information sur les nouvelles lois relatives à l'organisation des producteurs agropastoraux, mise en place d'un service du Registre des coopératives et GIC.

A partir de 1993, le Fond d'appui aux organisations rurales (FONDAOR) fut aussi mis en place sur financement de l'Union européenne (UE) et l'Agence française de développement (AFD).

Doté de 800 millions de FCFA, le FONDAOR visait à aider les organisations à se payer les services de prestataires privés en matière de formations, appui/conseil, études de faisabilité, appui au processus de légalisation comme GIC387(*) ou coopérative, etc. Des ONG, des bureaux d'études, des associations et autres prestataires de service étaient ainsi rémunérés sur ce fond. L'action du FONDAOR contribua à une meilleure connaissance de la législation relative aux coopératives et GIC par les ruraux, à l'augmentation du nombre des prestataires de services et la diversification de l'offre d'appui, etc. Elle contribua aussi à révéler la difficulté pour des organisations paysannes très jeunes et inexpérimentées de nouer des relations de partenariat avec des intervenants extérieurs388(*).

Le projet Appui aux Stratégies Paysannes et à la Professionnalisation de l'Agriculture (ASPPA), devenu ensuite Appui à la professionnalisation des organisations paysannes au Cameroun (APOPC) fut mis en oeuvre entre 1995 et 2002. Il incluait un appui institutionnel au MINAGRI, qui avait notamment débouché sur la création, au sein du MINAGRI, d'une cellule chargée de la Promotion des Organisations Professionnelles Agricoles (PROMOPA), transformée ensuite en sous-direction389(*).

Ces projets de professionnalisation étaient présentés soit comme un moyen de combler des vides créés par le désengagement de l'Etat (zone café-cacao) ou alors comme un moyen d'alléger les charges qui pesaient sur une filière (zone cotonnière). Ces projets furent construits et mis en oeuvre indépendamment des organisations paysannes préexistantes et sans grandes relations avec elles. Ils traitèrent directement avec les organisations de base (GIC et Unions des GIC) volontaires. L'action de ces projets aux organisations de producteurs porta entre autre sur l'appui à la réflexion et à l'analyse, l'apport d'information et le renforcement des compétences techniques et économiques au sein de l'organisation à travers divers types de formation.

3. Sécurité alimentaire et diversification de la production agricole

Ce troisième groupe visait directement la population et les producteurs car ce sont eux qui étaient touchés de plein fouet par le marasme économique.

a. Sécurité alimentaire

En dehors des différentes actions ci-dessus dont la finalité était d'assurer la sécurité alimentaire et procurer un revenu permettant aux agriculteurs de mener une vie décente, des actions spécifiques furent entreprises dans le domaine de la sécurité alimentaire en vue d'assurer à tous les Camerounais la satisfaction de leurs besoins alimentaires en quantité et en qualité. Le programme de sécurité alimentaire comprenait plusieurs volets menés par les services de vulgarisation, le FIMAC et le Système National d'Alerte Rapide (SNAR)390(*).

Un projet de sécurité alimentaire financé par la BIRD et le gouvernement Japonais fut ainsi lancé dès 1991 et couvrait l'organisation des marchés vivriers dans les villes secondaires avec l'appui des mairies. Ce projet s'appuyait par ailleurs sur les couches défavorisées à travers l'éducation nutritionnelle et le FIMAC. Il en était de même du Système National d'Alerte Rapide (SNAR) qui informait à traversle Système d'Information sur les Marchés Agricoles (SIMA) sur les marchés alimentaires et sur les prévisions de récolte, notamment dans les zones à écologie fragile et pour les populations à risque d'insécurité alimentaire391(*). L'arrêt du financement japonais, principal bailleurs du SNAR, mit cette structure en veilleuse, ce qui priva les paysans d'une source importante d'information et les replaça en situation de dépendance par rapport aux intermédiaires.

b. diversification de la production agricole

Face à la baisse continue des cours mondiaux des produits agricoles de rente, la diversification se révéla comme une alternative en vue d'améliorer le revenu des paysans au travers du développant d'autres spéculations. Le gouvernement camerounais encouragea ainsi la diversification de la production agricole.

Les producteurs de cacao et de café camerounais adoptèrent de nouvelles stratégies qui privilégiaient, dans un souci de diversification ou de reconversion, d'autres cultures. Celles-ci renvoyaient aux cultures vivrières pour les besoins alimentaires des familles et la satisfaction de la demande urbaine, ou des cultures de rente plus rémunératrices, comme les cultures fruitières ou celle du palmier à huile, dont les contraintes correspondaient mieux aux possibilités techniques et financières des exploitants392(*).

Depuis la crise économique en 1986, le cacao et le caféstagnèrent, surtout en termes de superficie. Les agriculteurs comblèrent ce manque à gagner en augmentant la production des cultures vivrières393(*), plus particulièrement travers le plantain394(*), qui était habituellement cultivéedans les champs de forêt et qui devenait une importante source de revenus dans les zones transfrontalières. Les superficies allouées aux cultures vivrières subirent ainsi une augmentation spectaculaire et plus particulièrement celles allouées à la banane-plantain395(*).

En outre, les populations rurales développèrent de plus en plus l'exploitation des Produits Forestiers Non-Ligneux Alimentaires (PFNLA)396(*) que par le passé. Il s'agit principalement des espèces végétales comme les fruits et les amandes de mangue sauvage (Irvingiagabonensis), le njansang (Ricinodendronheudelotis), la noix de cola (Cola acuminata), le safoutier(Dacryodesedulis), l'okok (Gnetum africanum) (photo 1), le vin de palme (sève d'Elaeis guineensis), et la cola amère (Garcinia kola)397(*).

Photo 1 : cargaison de Gnetum africanum (okok) sur le tronçon Limbé-Idenau

Source : M. Mbolo,«les perspectives de la certification des produits forestiers non ligneux Afrique centrale», 2006. (Projet GCP/RAF/398/GER du FAO)

La politique d'exploitation de ces produits a subit plusieurs phases au Cameroun :avant 1997, il n'existait pas à proprement parler des taxes pour les récoltes cachées, car elles étaient presque totalement ignorées de l'administration forestière et fiscale, comparé au bois d'oeuvre et aux produits de chasse. Dès 1997, il y eut suppression des permis d'exploitation, et attribution de manière plus ou moins contrôlée, des autorisations de récolte des PFNL par leMinistère de l'Environnement et des Forêts (MINEF). Cette situation dura jusqu'à 2001. A partir de 2001, il y eut ré-institution de la délivrance des permis d'exploitation par le MINEF. Cette année, correspondait également à la dernière date des permis attribués pour l'exploitation des produits spéciaux au Cameroun398(*).

Ces produits complétaient la production agricole des ménages en leur apportant des denrées nutritionnelles essentielles, des produits à usage médicinal etc. Ils devinrent pourvoyeurs des aliments de secours pendant la période de soudure et constituèrent un filet de sécurité alimentaire d'urgence contre des aléas saisonniers et financiers dans les centres urbains et ruraux en cas de nécessité urgente pour les ménages.

C. Les filières de rentes restructurées par la NPA

Pour chaque filière à l'exportation, la stratégie de restructuration portait sur la libéralisation des prix, la mise en place d'un cadre de gestion privilégiant la concertation et la négociation entre les acteurs et l'identification des acteurs et programmes susceptibles de relancer la filière. Dans sa mise en oeuvre, la déclinaison de cette stratégie en actions fut différenciée selon les filières.

1. Les filières cacao et café

Le cadre de réforme adopté dans le cadre de la NPA porta premièrement sur la dissolution de l'ONCPB et la création d'un organisme public Office National du Cacao et du Café (ONCC). Cette structure plus légère autorisait une plus grande libéralisation commerciale tout en maintenant une certaine stabilisation annuelle. Une liquidation non sans problème car comment apurer les créances de l'ONCPB relatives à la livraison du cacao et du café par les structures intermédiaires et dues au titre de la stabilisation des prix? Car l'ONCPB se trouvait en état de cessation de paiement alors qu'il fallait impérativement rembourser des milliers de planteurs. C'est dans ce cadre que le gouvernement camerounais entrepris la seconde phase de restructuration du secteur à savoir le remboursement des arriérés aux planteurs.

En effet, une des phases clé du plan de restructuration tenait au recouvrement des dettes contractées au près des planteurs. C'est dans ce contexte que «l'opération chèque planteur» fut mise sur pied avec l'appuie des fonds Stabexpour un montant de 44, milliards de FCFA399(*). Pour mener à bien l'opération, une cellule Stabex fut implantée au pays. Sa mission était de coordonner et de vérifier les montants des créances des structures intermédiaires de même que les listes des paiements effectués en faveur de leurs planteurs. Ces listes furent extraites des cahiers de compte des intermédiaires, et sur la base de reçus remis par les planteurs. Après comparaison des listes fournies par les intermédiaires avec les audits menés au niveau de l'ex-ONCPB, les montants furent fixés proportionnellement à l'indice ; le solde éventuel restant après paiement des planteurs fut alloué à la structure intermédiaire. Pour un remboursement efficace, un système de chèque fut mis en place d'où le terme «opération cheque planteur»400(*).

Des chèques individuels et non endossables furent confiés, après signature d'une décharge, aux intermédiaires au cours de cérémonies publiques. Par la suite, il incombait aux intermédiaires, une fois les chèques en main, d'en assurer la distribution aux planteurs informés auparavant par voie de radio et de presse de même que par des agents administratifs le tout relayer par «le téléphone arabe». Le retrait des liquidités se fit auprès des agences bancaires, opération facilitée dans les régions enclavées parla mise en place de caisses mobiles du Crédit Agricole du Cameroun, la banque commerciale associée à l'opération. Au total, cette opération assura le remboursement de plus de 50 000 planteurs appartenant à 5 régions différentes401(*).

Les autres points de la restructuration consistèrent en la création en 1992 du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC); la libéralisation complète de la commercialisation et la mise en place d'un système d'information sur les prix à l'export et les prix d'achat aux producteurs ; et la promotion des groupements de producteurs pour permettre aux planteurs d'acquérir progressivement les compétences nécessaires pour maîtriser les opérations de production et de mise au marché.

2. La filière coton

Comme dans les précédentes filières, les principales actions menées dans la filière coton ont porté sur le paiement des arriérés aux producteurs, la réduction des coûts de fonctionnement de la société d'encadrement, le recentrage de ses activités ainsi que sur la suppression de la fixation par l'Etat du prix d'achat aux producteurs. Ce système a permis,avec la dévaluation du franc CFA, d'améliorer le revenu du paysan (graphique n°5), ce qui a contribué à une augmentation sensible de la production de coton graine402(*).

Graphique n° 5 :évolution des revenus des producteurs de coton

Source : F.J. Blessem's«Cameroun Pages» in http://www.geocities.com/MotorCity/Speedway/4939/geo/sdcc.html consulté le 28 Février 2014.

III. EVALUATION DE LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE

La NPA était axée en priorité sur la consolidation des acquis tant sur le plan de l'autosuffisance alimentaire que celui des recettes d'exportation et sur une amélioration significative des performances par le biais d'options nouvelles figurant parmi les axes mentionnées en supra. Tout comme les politiques des périodes quinquennales, les politiques agricoles de la période libérale eurent également un bilan mitigé se traduisant par une reprise de la croissance et des aspects négatifs augmentant la situation précaire du paysan.

A. Une reprise sensible de la croissance économique

De nombreuse réformes et diverses actions engagées durant cette période eurent des résultats globalement satisfaisant. Ces interventions, conjuguées à partir de 1994 avec l'amélioration de la compétitivité des produits nationaux liés au réajustement monétaire403(*), permirent une reprise sensible de la croissance notamment constaté dans certaines filières comme le coton, le cacao, le café (graphique 6 et 7), la banane, le caoutchouc, le maïs et les fruits et légumes.

Graphique n°6:Evolution des exportations (cacao, café, coton) en volume

Source : MINEFI

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

140000

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Années

Tonnes

café

cacao

coton

Graphique n°7: evolution des exportations en valeur

Source : MINEFI

0

10000

20000

30000

40000

50000

60000

70000

80000

90000

100000

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Années

millionsdeFCFA

café

cacao

coton

Ces divers facteurs contribuèrent à l'amélioration de certains indicateurs économiques nationaux : croissance du PIB sectoriel et national augmentation de 15 à 30% (tableau n°9) de la part des produits agricoles brut dans les exportations, diminution de certaines importations de produits alimentaires.

Tableau n°9 : contribution de l'agriculture à la croissance du PIB

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Contribution (%)

-0,26%

-1,08%

1,62%

0,35%

0,96%

2,85%

2,55%

2,66%

2,44%

2,49%

Source : WDI, 2014

B. Les limites de la NPA

Les outputs de la NPA, bien qu'elles permirent une nette reprise de la croissance économique, ne changèrent pas considérablement la situation de l'agriculteur camerounais en général et du paysan en particulier. On notait ainsi des résultats en deçà des attentes et des politiques peu favorables au paysan camerounais.

1. Des résultats en deçà des attentes

Les premiers résultats de la NPA restaient encore insuffisants au regard des attentes de l'économie nationale. En effet, après l'effet levier provoquée par la dévaluation du FCFA et la remontée des cours mondiaux de certains produits, on observa une stagnation du volume globale des produits agricoles destinés à l'exportation et un tassement de leur part dans la valeur des exportations. Dans ce contexte, la situation sociale resta préoccupante, marquée par des conditions de vie toujours précaires dans les campagnes, une émigration rurale forte et une aggravation du chômage en milieu urbain.

2. Une politique des intrants, de la vulgarisation agricole et du mouvement coopératif défavorable au paysan

La nouvelle politique des intrants provoqua une hausse de prix des intrants au moment où les petits producteurs disposaient de moins en moins de moyens leurs permettant de les acquérir du fait de la chute des prix de leurs produits consécutivement à la baisse des prix internationaux. Il en résulta, pour certains produits, une baisse de la production et donc une aggravation de la précarité rurale404(*). Le prix élevé des intrants et des produits phytosanitaires augmenta les coûts de production de la matière première et d'entretien des plantations. Le traitement phytosanitaire des plantations paysannes devint ainsi irrégulier. Ce qui provoqua une stagnation du rendement des cultures de rente avec des rendements faibles405(*). La dégradation des conditions de vie fut très rapide dans le secteur rural : forte déscolarisation, dégradation des services de santé et de solidarité, dégradation des plantations et montée en puissance d'un secteur informel de survie406(*).

Quant à la vulgarisation, malgré les efforts du SNRVA dans la vulgarisation agricole, des problèmes demeuraient car la question de l'acquisition des variétés améliorées n'était pas réglée, les paysans ne disposant pas, de fonds nécessaires pour acquérir les plants407(*). Les résultats des recherches menées par l'IRAD furent peu exploités du fait du faible revenu des paysans qui limitait leur pouvoir d'achat408(*). L'agriculture devenait de plus en plus réservée aux fonctionnaires et hauts fonctionnaires disposant des fonds pour l'acquisition des plants.

En ce qui concerne les coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), leur impact resta faible sur les ruraux, la raison étant que plus de la moitié d'entre elles était en milieu urbain. Plusieurs COOPEC manquaient d'appui et de suivi, et faisaient preuve de très peu de transparence dans la gestion, les fonds étant détournés par les promoteurs. Les caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées, quant à elles, étaient encore trop localisées, et leur rayon d'action était géographiquement limité.

Ainsi, la reprise de la croissance au cours de cette période ne fut pas bénéfique pour le paysan qui est l'acteur majoritaire du secteur agricole au Cameroun. Etant destinée en grande partie au développement rurale, la NPA consacra plutôt l'avènement du «fonctionnaire agriculteur» qui dispose de moyens pour développer l'activité agricole.. De nouveaux défis interpellaient ainsi les acteurs du secteur agricole.

CHAPITRE V : LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE EN VUE DE L'EMERGENCE DU CAMEROUN

Le Cameroun entra dans le troisième millénaire avec des atouts importants, mais aussi des défis majeurs à relever pour booster son secteur agricole. Ces défis devaient être relevés dans un contexte macroéconomique favorable marqué par l'atteinte du point de décision en 2003 et du point d'achèvement en 2006 qui permirent l'élaboration de plusieurs documents stratégiques dans l'optique du projet de société des «Grandes Ambitions» et des «Grandes Réalisations», visant à faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035. Ainsi ce chapitre s'intéresse-t-il aux différents axes de cette nouvelle politique agricole à savoir une révision de la NPA et l'adoption de la Nouvelle Politique Agricole de Deuxième Génération (NPADG) et quelques programmes phares.

I. REVISION DE LA NPA ET RESURGENCE DE L'INTERVENTIONNISME ETATIQUE

Le nouveau cadre macro-économique du Cameroun marqué par une reprise sensible de la croissance économique, amena le gouvernement camerounais à revoir ses orientations stratégiques agricoles à travers une révision de la NPA et un recourt à l'interventionnisme.

A. La NPA «Nouveaux Défis» (NPA-ND) : une révision de la NPA

Huit ans après sa mise en oeuvre, la NPA fut évaluée par le Ministère de l'agriculture. Les objectifs de la NPA furent revus, aboutissant à l'élaboration de la NPA-ND. Il s'agissait à cet effet de consolider le secteur agricole comme moteur du développement économique et social du pays, promouvoir l'organisation professionnelle et interprofessionnelle des différents opérateurs économiques qui devraient constituer les principaux acteurs du développement de l'agriculture, et améliorer la sécurité alimentaire des populations grâce à l'augmentation des productions et de l'ensemble des revenus.

Il s'agissait en d'autres termes de rechercher une croissance moyenne de la production agricole de l'ordre de 4% par an. Pour les produits vivriers, cette croissance devait se situer globalement autour de 3,2% par an. Les efforts devraient porter en particulier sur les céréales, le manioc et la banane-plantain. La croissance moyenne des productions destinées à l'exportation et aux agro-industries devrait atteindre 5% par an et être principalement soutenue par les grandes filières de production, dont la diversité constituait un atout majeur dans une période d'instabilité des cours mondiaux409(*).

Il s'agissait également de : suivre l'augmentation naturelle de la demande intérieure, contribuer à la stabilisation des prix à la consommation des produits alimentaires de base, réduire les postes d'importation tout en développant les exportations vers les marchés sous-régionaux porteurs, et enfin, approvisionner les industries locales qui sont grandes consommatrices de matières premières provenant de l'extérieur410(*).

La stratégie de mise en oeuvre de ces orientations s'articulait autour de trois axes programmes à savoir l'augmentation de la production agricole et des revenus agricoles, l'amélioration des facteurs environnementaux et du cadre incitatif du secteur agricole et la modernisation du cadre institutionnel de ce secteur. Cette stratégie de mise en oeuvre fut intégrée dans le cadre du DSDSR et DSRP.

B. Le Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural (DSDSR) et le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) : Le gouvernement renoue avec la planification stratégique

Le DSDSR et le DSRP constituèrent les principaux cadres stratégiques pour le développement économique du Cameroun. Le DSDSR avait en ligne de mire le développement rural tandis que le DSRP constituait le cadre fédérateur des politiques sectoriels.

1. Le DSDSR : cadre de développement agricole et rurale

Le Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural, adopté en adopté en février 2002 et révisé en 2005, ne se présentait pas comme une politique agricole en tant que telle mais comme le cadre de l'action de l'Etat en matière de développement agricole et rural. Il reprit, en revoyant à la hausse l'essentiel des objectifs de la NPA-ND. Plusieurs ministères contribuèrent à son élaboration411(*). Un Comité de pilotage qui fut établi pour la mise en cohérence des orientations de la DSDSR le réactualisa en 2005.

Les orientations stratégiques agricoles du DSDSR émanaient de la politique des «Grandes Réalisations» énoncées par le chef d'Etat en 2004. Il s'agissait ainsi de : faire sortir l'agriculture de sa vétusté et de son traditionalisme ; mettre en oeuvre un programme systématique de désenclavement des campagnes ; permettre un développement et une organisation des communautés villageoises ; rééquilibrer le soutient apporté aux cultures de rente en vue du renforcement de l'autosuffisance alimentaire ; accorder une attention particulière au développement des agro-industries alimentaires, animales et de pêche412(*).

La stratégie intégrée de développement rural fut bâtie autour des quatre grands axes stratégiques suivants :la modernisation de l'appareil de production qui consistait à rendre accessibles et disponibles les facteurs de production (terre, eau, intrants), notamment aux populations rurales les plus défavorisées ; la promotion de l'accès aux innovations techniques à travers le renforcement de la liaison recherche/vulgarisation; et le développement de la compétitivité des filières de production. Un accent particulier fut mis sur l'agriculture paysanne et le développement des petites et moyennes entreprises agricoles ; la restructuration du cadre institutionnel dans le but de consolider la politique de professionnalisation du secteur rural afin que les producteurs agricoles, acquièrent les capacités de s'organiser de façon autonome autour d'objectifs conformes à leurs priorités et à leurs intérêts ; l'amélioration du cadre incitatif dans le but de promouvoir en partenariat avec le secteur privé, les bases d'un meilleur fonctionnement des mécanismes de marché en vued'améliorer l'accès des producteurs ruraux aux exigences de la demande, aux nouvelles technologies et au marché financier413(*).

Pour concrétiser ces grandes orientations stratégiques agricoles nationales, la Stratégie de Développement du Secteur Rural (SDSR) horizon 2020 du sous-secteur agriculture et développement rurale fut finalisée en 2012, et comportait quatre programmes à savoir : l'amélioration de la productivité et de la compétitivité des filières ; la modernisation des infrastructures du monde rural et de production agricole ; la gestion durable des ressources naturelles spécifiques à l'agriculture et la gouvernance et l'appui institutionnel au sous-secteur414(*).

2. le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) 

Après les limites de la Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée (FASR)415(*), la nouvelle approche de l'appui aux programmes des réformes s'ordonna autour de stratégies de réduction de la pauvreté définies par les pays eux-mêmes et énoncées dans un nouvel instrument à savoir, les Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP)416(*).

Elaboré en Avril 2003 au Cameroun avec l'appuie des IFI dans le cadre de l'Initiative PPTE, et soutenu par de nombreux bailleurs de fonds, le DSRP fut placé dès ladite année comme la stratégie nationale en matière de croissance avec un accent particulier sur la réduction de la pauvreté.Il se présentait donc comme un cadre intégré de développement pour des stratégies macroéconomiques et sectorielles, destiné à améliorer la croissance économique, à réduire la pauvreté et à atteindre les objectifs de développement du millénaire (ODM). L'objectif ultime que lui assigna le gouvernement camerounais fut l'amélioration de façon durable et effective les conditions de vie des populations en s'attaquant aux principales causes de la pauvreté. Par ailleurs le DSRP fut intégré dans la contribution des Objectifs Millénaires du Développement (OMD)417(*) dont le premier est d'éliminer l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié le nombre de camerounais vivant au dessous du seuil de pauvreté et qui souffre de la faim à l'horizon 2015418(*).

Dans le cadre du sous-secteur agricole, l'Etat camerounais assigna au DSRP un objectif de croissance soutenue, durable et équitable à travers quatre axes d'intervention à savoir : l'augmentation de l'offre des produits alimentaires ; la création des revenus équitablement distribués et le devoir d'assurer la compétitivité des produits ; valoriser les ressources naturelles419(*). Les principaux axes directeurs d'intervention assignés au document furent : la modernisation l'appareil de production ; la restructuration du cadre institutionnel ; la construction d'un environnement incitatif  et la gestion durable des ressources naturelles. Ceci impliquait donc le passage à une agriculture semi-intensive et industrielle permettant d'assurer la sécurité et l'autosuffisance alimentaire des ménages ; de dégager un surplus important permettant d'approvisionner l'industrie de transformation des produits agricoles à travers la modernisation des outils de production et des méthodes culturales en vue de l'augmentation des rendements420(*).

En ce qui concerne les filières agricoles, il fut prévu que le secteur devait subir une augmentation de la productiondes cultures vivrières de 10% par an, afin d'augmenter l'offre et la part de l'agriculture vivrière dans le PIB et les exportations421(*). Pour les cultures traditionnelles d'exportation, l'indice des prix des exportations non pétrolières fut prévu de croître à un taux de 6% en moyenne. L'étude des sources de croissance indiquait que d'autres produits pouvaient émerger et décoller après la mise en oeuvre des promotions ciblées. Les tendances au moment de l'adoption indiquaient ainsi un taux de croissance entre 2.8% en 2003 et 4.2% en 2015422(*). Les bases étaient déjà ainsi jetées pour favoriser l'avènement de la Nouvelle Politique Agricole de Deuxième génération.

II. LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE DE SECONDE GENERATION (NPADG)

Pour booster davantage le secteur agricole en pleine mutation, le gouvernement camerounais lança en 2011 une nouvelle politique agricole baptisée Nouvelle Politique Agricole de Deuxième Génération. L'étude de cette nouvelle politique agricole nécessite premièrement une étude sur son cadre stratégique à savoir le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE)

A. Le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi : cadre stratégique de la NPADG

L'avènement du DSCE marqua un changement de cap du gouvernement dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricoles au Cameroun. Il fut mis en place dans un contexte macro-économique morose.

1. Contexte macro-économique de la mise en place du DSCE

Le gouvernement camerounais s'engagea en 2009 dans la mise en oeuvre des stratégies pour relancer la croissance et crée des emplois décents. C'est dans ce sillage que fut élaborée une vision de développement à long terme du Cameroun (Vision 2035) en septembre 2009423(*) et l'élaboration du DSCE au mois d'Août de la même année. Il s'agit d'un colossal programme de développement devant conduire le Cameroun à l'émergence économique à l'horizon 2035424(*). La réalisation de ce dernier document fut l'aboutissement de la révision du DSRP entamée en 2008. Cette révision se fit dans un contexte international et national tendue.

En effet, le DSCE fut élaboré selon une approche participative dans un environnement caractérisé par le renchérissement du coût de la vie. En 2008, la flambée des prix des produits alimentaires engendra une crise alimentaire mondiale et des émeutes de la faim dans de nombreux pays en voie de développement425(*).

Cette crise dévoila les limites de tous les efforts déployés en faveur de l'agriculture au Cameroun.Déjà perceptible au début des années 2000, la crise alimentaire s'accentua en 2007 et se manifesta en février 2008 par d'intenses jacqueries sociales résultant notamment de la flambée des prix des denrées alimentaires provoquées entre autres par l'urbanisation grandissante, des perturbations comme le phénomène des coupeurs de route, l'afflux massif des refugiés, la hausse des prix des intrants agricoles, la forte demande des produits nationaux dans les marchés de la sous-région, le phénomène de la grippe aviaire, etc. La crise financière vint aggraver la situation dans le secteur. Elle toucha progressivement les filières coton et bois et se caractérisa dans ces secteurs par l'annulation des commandes à l'étranger, la baisse du chiffre d'affaire de certaines entreprises, les difficultés d'accès au crédit spécialisé, la réticence de certaines banques commerciales à financer les activités du secteur426(*).

2. Orientations stratégiques agricoles du DSCE

Le DSCE se positionna comme un dérivatif aux problèmes mentionnées en supra et se proposa de : relever le défi de la croissance et de l'emploi ; trouver les solutions aux problèmes d'une meilleure répartition des fruits de la croissance ; réduire le déficit énergétique qui impactait la croissance ; et de répondre aux problèmes nés de la crise financière et de la crise alimentaire427(*).

En ce qui concerne le secteur rural au sein duquel intervient le sous-secteur agricole le gouvernement entreprit dans sa stratégie 2010-2020, de lancer un vaste programme d'accroissement de la production agricole en vue de satisfaire non seulement les besoins alimentaires des populations, mais également des agro-industries428(*). Les objectifs qui furent assignés à cette stratégie consistaient premièrement à rendre accessible et disponible les facteurs de production notamment : la terre, l'eau, les intrants. En outre, il fut décidé de promouvoir l'accès aux innovations technologiques à travers le renforcement de la liaison recherche/vulgarisation ; et développer la compétitivité des filières de production; l'accès au crédit agricole grâce à l'ouverture auprès des établissements de micro-finance et des banques intéressées de lignes de crédit spécialisées, sans préjudice pour le projet de création d'une banque agricole ; l'accès aux marchés par une meilleure organisation des circuits internes de commercialisation, des marchés frontaliers et de l'appui à la promotion des produits agricoles du Cameroun sur les marchés extérieurs429(*).

Un accent particulier fut également mis sur le passage d'une agriculture extensive à une agriculture plus intensive, moderne et mécanisée430(*). Ce ci concernait les filières porteuses de croissance, et créatrice d'emplois notamment la banane dessert, la banane plantain, le sucre, le sorgho et le palmier à huile sans que soient négligées les autres filières émergentes, notamment la pomme de terre, le niébé et les légumineuses, ni les produits de niche comme l'horticulture431(*).La priorité fut accordée, en ce qui concerne les productions de rente, à la dynamisation des cultures de cacao, de café, de banane et de coton. Les actions devraient viser à améliorer la couverture sanitaire du verger, la régénération de celui-ci et l'extension des superficies cultivées432(*). Un document de stratégie de relance de la culture du café fut élaboré en 2010. L'objectif principal du gouvernement Camerounais étant de passer d'une filière de subsistance à une filière professionnalisée et durable, économiquement profitable pour l'ensemble des acteurs et repositionner le Cameroun sur le marché mondial433(*).

Le secteur agro-industriel qui constitue un élément important de la modernisation agricole ne fut pas délaissé. Ainsidans une approche par filière privilégiant le développement de la chaîne des valeurs, le gouvernement prit pour objectif de négocier et mettre en place systématiquement des plans de développement des industries de transformation des produits du terroir (farines locales, sucre, huile de palme, banane plantain, maïs, cacao, coton, etc...)434(*)Tout était ainsi planifié pour lancer la NPADG en 2011.

B. Le comice agro-pastorale d'Ebolowa : lancement de la NPADG

Dans la même lancée de mettre en place une nouvelle «révolution verte» au Cameroun, le gouvernement camerounais renoua avec la tradition des comices en 2011. Une brève compréhension de l'historique des comices au Cameroun est nécessaire avant d'analyser le comice agro-pastorale d'Ebolowa.

1. Les comices agro-pastoraux au Cameroun

Symbole de la révolution verte lancée en 1973, le Comice agro-pastoral était considéré comme la vitrine du génie agro-pastoral camerounais. Il visait à intensifier la production agricole nationale tout en encourageant ses acteurs à plus d'ardeur au travail. Cette grande fête du monde rural, servit au fil des années, d'un instrument de valorisation des savoirs des paysans. C'était une école où les agriculteurs se retrouvaient pour échanger des expériences pour rivaliser de compétition sur la qualité et la qualité de leurs produits. Bref, c'était une école pour les agriculteurs et les éleveurs du pays. Les populations venaient de toutes les régions du pays. Des prix étaient offerts par un jury aux meilleurs produits d'où l'usage courant du terme comice dans les langues bétis lorsqu'on est en présence d'un produit agricole spectaculaire435(*).

A travers le comice, le gouvernement camerounais visait la promotion du développement du monde rural par la mise en place d'un cadre pérenne d'échanges, de compétition entre acteurs (producteurs agro-pastoraux, offreurs de facteurs, utilisateurs des produits et technologies accompagnatrice de développement) et d'évaluationen vue de susciter l'excellence et l'augmentation quantitative des produits agricoles et pastorales. Le Chef de l'Etat Ahmadou Ahidjo lança le premier comice à Buea le 09 mars 1973. Il y eut ensuite le comice Ngaoundéré le 10 décembre 1974, Bafoussam en novembre 1977, Bertoua en 1984, Ngaoundéré, et Maroua en 1988436(*). Le successeur d'Ahidjo décida ainsi de renouer avec cette tradition 23 ans plus tard à Ebolowa.

2. Le comice agro-pastorale d'Ebolowa (janvier 2011)

Ebolowa, la capitale régionale du Sud-Cameroun abrita le cinquième comice agro-pastorale camerounais en 2011. Cet évènement mobilisa toutes les instances décisionnelles du pays, dès ses préparatifs.

a. Les préparatifs du comice

Dans sa politique de lancer une révolution agricole au Cameroun, le chef d'Etat décida d'organiser un comice agro-pastorale à Ebolowa, capitale régionale du Sud, en Décembre 2010. L'organisation de ce comice relevait du comité national créé par le Président de la République, et présidé par le Vice-Premier Ministre, Ministre de l'Agriculture et du développement rural, assisté du Ministre de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales437(*).

Au niveau local, le gouverneur de la Région du Sud présidait un comité qui coordonnait les activités sur le terrain. Membre de ce comité local, le Délégué du gouvernement assurait le suivit sur le terrain avec les chantiers engagés par la Communauté Urbaine d'Ebolowa pour l'embellissement de la ville. Toutefois, ces préparatifs furent teintés de polémiques sur l'organisation, la logistique ou la capacité d'accueil de la région438(*).

À la veille des élections présidentielles, l'agriculture demeurait de plus que jamais un enjeu majeur. Le chef d'Etat, qui avait longtemps affirmé son ambition pour l'agriculture camerounaise moderne décida d'avancer la date de ce comice qui se déroula plutôt en Janvier 2011.

b. Le chef d'Etat lance la NPADG au comice

Le comice d'Ebolowa, qui débuta le 17 Janvier 2011, fut pour le moins le bienvenu dans la vision du gouvernement camerounais dans la mesure où il marqua une reprise en main par l'Etat d'un secteur vital pour le Cameroun, à savoir le secteur agricole. On comprend à cet effet la pression que le chef d'Etat exerça sur le gouvernement pour que cet événement se tienne au moment où les pénuries alimentaires observées çà et là provoquaient des tensions sociales sur le continent, et dans la perspective de faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035. Une analyse de son discours nous permet d'élucider le lancement de la NPADG.

En effet, la présence et le discours du président de la République à l'occasion du comice d'Ebolowa étaient de ce fait très attendus. Paul Biya saisit l'occasion du comice agropastoral national d'Ebolowa pour resituer l'agriculture dans l'économie camerounaise et esquisser à grands traits les grands axes de sa nouvelle politique agricole qu'il qualifia lui-même d'agriculture de deuxième génération.La NPADG fut ainsi officiellement énoncée par le Chef de l'Etat, dans son discours d'ouverture du Comice en ces termes :

Le moment est donc venu de mettre en pratique de manière résolu la grande politique agricole que j'ai souvent publiquement appelée de mes voeux. J'engage les départements Ministériels concernés dans cette voie, à des résultats substantiels439(*).

S'agissant de la place de l'agriculture dans l'économie nationale, le chef de l'Etat rappela sa place prépondérante au sein de l'économie camerounaise et fit savoir que sa vocation est de nourrir la population, d'assurer l'autosuffisance alimentaire, et d'être le principal pourvoyeur d'emplois dans la mesure où 60% de la population en vivent.

Le chef de l'État appela en outre à se libérer de la dépendance des importations agricoles car, soutenait-il, en s'appuyant sur la Déclaration de Yaoundé à l'occasion de la conférence Africa 21 : «l'Afrique ne doit plus importer pour manger»440(*).

En ce qui concerne les produits vivriers, Paul Biya estima que désenclaver les bassins de production, augmenter les productions déficitaires et améliorer les voies de communication avec les zones rurales devaient désormais être considérées comme d'urgentes priorités.

S'agissant des produits de rente, il encouragea le redressement de la production du cacao et du café et appela à plus d'engagement dans la culture du coton, de la canne à sucre, de l'hévéa, et du palmier à huile. Il loua les progrès réalisés dans la production animale qui permirent de réduire les importations, mais observa qu'il y avait encore d'importantes marges de progression, tout comme toutes les possibilités des ressources halieutiques restaient, de son point de vue, sous-exploitées.

Fort de ce constat, Paul Biya appela à avancer dans la modernisation de l'agriculture, de l'élevage et de la pisciculture afin d'accroître la production et la productivité des petites exploitations et de favoriser l'émergence d'unités de production de «seconde génération». Ces unités, Paul Biya les définissait comme des entreprises de moyenne et de grande taille.

Tout en se félicitant des résultats obtenus, le chef de l'État déplora une trop grande dispersion et un certain manque de cohérence dans la mise en oeuvre des programmes et projets. Aussi appela-t-il les départements ministériels à mettre en pratique et de manière résolue une «grande politique agricole» dont il attendrait des résultats substantiels. L'objectif du chef de l'État visait ainsi à assurer l'autosuffisance alimentaire, créer des emplois en milieu rural, réduire les importations tout en développant les exportations des produits agricoles afin que l'agriculture dans son acception la plus large joue un rôle moteur dans l'économie camerounaise.

Il annonça en outre plusieurs grands chantiers à savoir : la mise en place d'une unité de production d'engrais ;la mise en activité de l'usine de montage de machines agricoles ; la réhabilitation des fermes semencières ; la préparation d'une réforme foncière ; la construction de marchés et de centrales d'achat des produits agropastoraux et halieutique, le renforcement du dispositif de financement des activités rurales par l'ouverture de la banque agricole et de la banque des PME-PMI441(*) et la création d'une banque agricole.

Durant cinq heures, le couple présidentiel surprit son protocole et visita les stands du comice (photo 2). Un marathon que l'ensemble des acteurs du monde rural apprécia.

Photo n°2 : Paul Biya au comice agropastoral d'Ebolowa

Source :journal médiateur Comice n°8 du 14 Février 2011

3. Les caractéristiques de la NPADG

La NPADG inaugura la volonté du gouvernement camerounais de rompre avec l'importation des produits agricoles et sa prise de conscience pour la relance de la production intensive et par ricochet, sauver l'évasion des devises nationales. Il s'agit selon les propos du chef d'Etat de lancer une «révolution agricole révolution agricole pour faire de ce secteur un des piliers de notre développement»442(*), de valoriser le métier d'agriculteur et redonner confiance aux producteurs443(*) ; assurer la souveraineté et la sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays à travers une modernisation raisonnée et équilibrée des systèmes de production. Le chef de l'Etat réitéra cette relance au comice agropastoral et le ministre de l'agriculture déclina lors du lancement de la campagne agricole à Lagdo en 2012 en ces termes :

Je demande aux populations du Cameroun, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest de faire passer l'agriculture d'une activité de subsistance à un business, c'est-à-dire celle qui permet à la famille de changer ses conditions de vie. L'on devrait aujourd'hui faire de l'agriculture pour gagner sa vie ...Il est possible aujourd'hui de doubler ses revenus en une seule saison agricole444(*).

C'est ce que le ministre appela agrobusiness445(*) qui consistait à étendre les surfaces de production agricole de 20% pour 2015 en triplant le nombre de tracteurs dans le pays, en pratiquant la mécanisation qui permet une augmentation des récoltes et mettre en place des PME agricoles. La demande nationale pouvait ainsi être satisfaite et, dans le même temps, les exportations vers les pays voisins soutenues. Il le précisait d'ailleurs en ces termes :

je vous exhorte à vous arrimer à la nouvelle donne en matière du développement agricole de notre pays et à vous donner le devoir, non seulement d'assurer notre autosuffisance alimentaire, mais de faire de l'agriculture une affaire, un business permettant ainsi de glaner des devises des pays voisins et même ceux de l'Afrique de l'Ouest446(*).

C'est bien de cette façonque le secteur agricole devrait participer à la réussite des grands projets de développement que le chef de l'Etat avait défini dans le souci de doubler la production agricole à l'horizon 2015447(*), de lutter contre la pauvreté et favoriser l'émergence du Cameroun en 2035.

L'agribusiness448(*) devint ainsi le leitmotiv de la NPADG,le double objectif étant de tripler la production en dix ans et de faire de ce secteur un gisement de croissance, tremplin pour le développement de l'ensemble de l'économie nationale.

Quatre piliers furent assignés à la NPADG à savoir : l'augmentation des écoles d'agriculture ; la recherche dans le but d'isoler les semences à haut rendement ; le désenclavement des bassins de production afin que ceux qui produisent puissent évacuer leurs productions vers les lieux de consommation ; et afin la mécanisation qui permet de cultiver et de récolter, de conserver et de transformer, et de vendre449(*). A cet effet une dotation spéciale fut allouée à l'IRAD pour produire des semences hybrides. S'agissant des bassins de production, le gouvernement procéda à une carte des sols en partenariat avec l'IRAD et l'Université de Dschang dans le but de savoir les types de sol et leur potentiel450(*).

C'est dans ce sens que le secteur agricole pour relever le défi fut inscrit non seulement dans le sens de la production suffisante pour augmenter la croissance, mais aussi dans la création d'un nombre élevé d'emplois pour résorber le chômage. Le gouvernement reconnut le caractère énorme de la tâche et exigea la participation de tous les acteurs dans le processus de développement du secteur agricole. Il comptait particulièrement sur les coopératives qui ont toujours eu la capacité d'entreprendre autrement et qui devront être les acteurs directs du projet agrobusiness451(*).

L'Agriculture de seconde génération s'appuie à la fois sur les Exploitations Agricoles Familiales (EAF) et sur les Exploitations de Moyenne et Grande Importance (EMGI), qui, quel que soient leurs tailles ou leurs statuts, doivent contribuer à la bonne gestion des ressources naturelles et à la protection de l'environnement et s'inscrit ainsi dans une logique d'économie verte. Ce ciblage s'effectue via le renforcement de leurs complémentarités et en et la promotion de leur intégration dans les chaînes de valeurs et leurs connexions aux marchés.

C. le Plan National d'Investissement Agricole (PNIA) : cadre sectoriel de la NPADG

Le DSCE étant le cadre fédérateur de toutes les politiques sectorielles en vue d'accélérer la croissance du Cameroun, le gouvernement camerounais adopta un plan d'investissement agricole, le 29 avril 2014452(*) qui devait constituer le cadre sectoriel de la NPADG. Ce plan s'intègre également dans le cadre du Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA). Il convient donc premièrement de mener une étude sur la formulation PNIA dans la mise en oeuvre du PDDAA au Cameroun.

1. le pacte PDDAA et la formulation du PNIA

Le Programme Détaillé pour le Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) est une initiative continentale lancé par le NEPAD et de l'Union Africaine. Il fut adopté par les Chefs d'Etat et de Gouvernements africains lors du Sommet de Maputo tenu en 2003 au Mozambique453(*). Dans le cadre de sa mise en oeuvre, les Etats membres s'engagèrent à atteindre progressivement un seuil d'allocation de 10% du budget national au développement du secteur agricole, en vue d'atteindre un taux de croissance agricole d'au moins 6% par an454(*).

Le Pacte PDDAA fut signé le 17 juillet 2013 par le Premier Ministre et l'ensemble des Ministres liés au secteur rural, les représentants du NEPAD et de la CEEAC, les organisations représentatives des producteurs, de la société civile et du secteur privé et par l'Ambassade d'Allemagne au nom des partenaires technique et financiers. La mise en oeuvre de ce processus au Cameroun intervient dans un contexte national particulier marqué par la pleine entrée en vigueur du Nouveau Régime Financier de l'Etat (NRFE) adopté en 2007 et dont la conséquence fut l'adoption de budget-programmes455(*). Ce pacte définissait quatre domaines thématiques prioritaires qui furent développés à travers la formulation du PNIA. C'est à la suite d'un long processus participatif ayant impliqué plusieurs acteurs du secteur agricole, que le PNIA fut soumis à la revue externe du NEPAD avant d'être présenté la réunion d'Affaire (Business meeting) et validé le 29 Avril 2014.

2. Les domaines thématiques du PNIA

Ce document de 78 pages propose des axes de développement basés sur quatre domaines à savoir: le développement des filières de production (végétales, animales, halieutiques et forestières) ; la modernisation des infrastructures de production et l'élaboration des mécanismes d'accès aux financements; la gestion et la valorisation durable des ressources naturelles ; le renforcement des capacités des acteurs et la promotion de la concertation456(*). Quatre piliers majeurs lui furent assignés à savoir: étendre les superficies exploités en gestion durable des terres; améliorer les infrastructures rurales et les capacités d'accès aux marchés liées au commerce ; augmenter l'approvisionnement alimentaire et réduire la faim ; accroître la recherche agricole, la diffusion et l'adoption des technologies innovantes pour une agriculture de seconde génération457(*).

Ce plan constitue le cadre unique de référence et de mise en cohérence des investissements qui permettront d'améliorer les rendements dans ce secteur. La validation de ce plan donnait désormais la possibilité au Cameroun de porter les performances du secteur rural à la hauteur des potentialités du pays, avec une croissance d'au moins 10% à l'horizon 2020. Un acte d'engagement qui donnait une plus grande impulsion à la croissance dans ce secteur et qui devait permettre également au pays d'assurer une bonne sécurité alimentaire. D'où l'optimisme lors de l'atelier de validation de ce document du ministre de l'Agriculture et du développement rural, EssimiMenye qui voyait un réveil que venait de vivre le secteur agricole et une concrétisation de l'agriculture de seconde génération, dont les acteurs du secteur agricole venaient d'obtenir les clés.

Le plan fut évalué à 3550 milliards de FCFA, au cours de la période 2014- 2020 pour stimuler la croissance de la production agricole.

III. QUELQUES PROGRAMMES PHARES DU SECTEUR AGRICOLE DEPUIS 2000

Plus d'une trentaine de programmes sont pilotés par le MINADER et le MINEPIA depuis 2000. Certains sont cofinancés par des organisations internationales, certains dans le cadre de la coopération bilatérale et d'autres font partie de la nouvelle orientation agricole lancée en 2011.

A. Les projets et programmes cofinancés par les organismes internationaux

Plusieurs organismes internationaux participent à la définition et à la mise en oeuvre des projets et programmes agricoles au Cameroun. On note premièrement le FAO dans le cadre du PNSA.

1. Le Programme Nationale de Sécurité Alimentaire (PNSA)

Après les graves récessions économiques mondiales de 1986-1996, le Cameroun se retrouva parmi les 96 pays à faible revenus vivriers (PFRDV) qui adhérèrent au programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA). Ce programme initié en 1994 par le FAO pour faire face à la pauvreté dans les pays en développement fut conçu en deux phases au Cameroun : une phase pilote exécutée au Cameroun de Février 2002 à Février 2005 grâce à un financement de la BAD, de la FAO et du gouvernement camerounais458(*). Le PNSA est la seconde phase, en cohérence avec le DSCE.

L'objectif principal qui fut assigné au programme est la lutte contre la faim et la sécurité alimentaire afin de réduire de moitié le nombre d'affamé notamment du niveau des ménages vulnérables des zones périurbaines à l'horizon 2015. Les objectifs principaux sont :accroitre les productions végétale, pastorale et halieutique par l'introduction de variétés améliorées adaptées et l'approvisionnement en intrants ; sécuriser les productions grâce à la maitrise de l'eau à la gestion de la fertilité des sols, à la protection de l'environnement et à la conservation des ressources naturelles ; améliorer le revenu monétaire des producteurs surtout ceux des femmes et des jeunes ; améliorer le système de stockage des céréales, en particulier dans les zones à risque ; contribuer à l'amélioration de l'état nutritionnel des populations459(*).

L'organisation et le cadre institutionnel du PNSA fut fixé par décret du Premier ministre le 14 juin 2009. Les principaux bénéficiaires sont les populations vulnérables, celles dont les moyens d'existence relèvent essentiellement des activités agricoles et rurales et leurs organisations socio-professionnelles, les collectivités territoriales, l'encadrement technique et les ONG partenaires. Au total il fut décidé que le PNSA devrait atteindre 366 000 ménages soit environ 2 200 personnes460(*). Le programme se décline en sept sous-programmes à savoir : la valorisation des ressources naturelles de base de 3 000 ha de petit périmètre ; l'intensification des cultures ; la diversification des systèmes de production ; la transformation et la commercialisation ; la nutrition ; l'aide alimentaire et les mesures d'accompagnement461(*).

2. Le Programme Nationale de Développement des Racines et des Tubercules (PNDRT)

C'est un programme qui démarra en 2005 et prit fin en 2012. Financé majoritairement par le Fond International du Développement de l'Agriculture (FIDA)462(*), il couvrait les huit régions méridionales principales productrices des tubercules et des racines, et avait pour objectif général de contribuer, par le développement des racines et des tubercules, à la sécurité alimentaire au Cameroun. Il s'inscrivait dans le DSDSR, en stimulant l'emploi dans le secteur agricole. A travers une approche «marketdriven», le PNDRT entendait toucher 6 000 villages pour un effectif de 120 000 familles réunies en groupements professionnels463(*). Plus spécifiquement, le PNDRT visait : le renforcement des capacités des petits producteurs et transformateurs de racines et tubercules afin de mettre en place des organisations paysannes fortes d'une part, et d'autre part de planifier et gérer efficacement le développement du secteur de manière intégrée, ouverte et durable ; l'amélioration durable de l'accès des organisations de producteurs et productrices de racines et tubercules aux marchés locaux, nationaux et sous-régionaux ; l'amélioration durable de l'accès des productrices et transformatrices de racines et tubercules à des techniques appropriées de traitement post-récolte et de transformation, afin de répondre à la demande des consommateurs ; la contribution majeure à la croissance de la production de racines et tubercules par le recours à des techniques améliorées répondant aux besoins du marché, et susceptibles d'être largement adoptées par les paysans pauvres produisant des racines et tubercules464(*).

3. Le Programme d'Appui à la Compétitivité Agricole (PACA)

En 2010, la Banque Mondiale lança un Programme d'Amélioration de la Compétitivité Agricole au Cameroun (PACA) ayant pour objectif global d'améliorer de manière durable les revenus des exploitants agricoles par un accroissement des productions, de la productivité et de la valeur ajoutée465(*)capables à la fois de réaliser des transactions internationales en devises et de contribuer à la sécurité alimentaire du pays. Plus spécifiquement le programme s'orienta dès son lancement à la réhabilitation des infrastructures, au renforcement des capacités et la promotion des partenariats économiques et l'appui institutionnel466(*).

Il s'agissait ainsi de rendre les filières plus compétitives, d'améliorer la qualité de la production ainsi que l'impact du secteur agricole sur l'économie et l'emploi. À terme, il s'agissait d'augmenter de 20% la commercialisation de ces produits sur le marché international en les rendant plus compétitifs par rapport à d'autres produits concurrents. Le PACA fut décliné en quatre composantes à savoir : le développement des infrastructures structurantes; le soutien à la création de partenariats économiques bâtis autour des filières porteuses et accompagnés d'investissements productifs au travers de fonds à coûts partagés dans des bassins de production à haut potentiel ; le renforcement des capacités des acteurs du développement rural ; et l'accompagnement des réformes institutionnelles nécessaires, notamment en matière de sécurisation foncière et d'amélioration de l'entretien des pistes rurales467(*). La population cible est la même que celle du PNDRT. Les cultures concernées au premier chef sont le cacao, les cafés, l'hévéa, la banane dessert, le coton, le palmier à huile, la banane plantain, le maïs, le riz, le soja, le sorgho, le manioc et la pomme de terre.

C'est dans ce sens que le gouvernement se lança dans une intensification de la formation des pépiniéristes privés afin de produire massivement des plants de cacaoyers, de caféiers arabica et robusta, de bananier plantain et d'arbres fruitiers. Dans le cas concret de la banane plantain, le gouvernement lança en 2013, un programme biannuel d'acquisition de 5 millions de plants in vitro auprès de l'IRAD468(*).

4. Les programmes D du développement rural

Avec la coopération française et dans le cadre du contrat de désendettement développement (D)469(*), trois programmes phares ont été mis sur pied et sont toujours en cours, la deuxième phase ayant été lancée le 13 Novembre 2013. Il s'agit premièrement du Programme d'Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Agropastorales (ACEFA), Programme d'Appui à la Formation Professionnelle (AFOP) et le Programme d'Appui à la Maîtrise d'Ouvrage (AMO) du MINADER et du MINEPIA. Ces trois programmes, formulés par les services du MINADER et du MINEPIA, sont basés sur des principes communs, reflétant l'évolution de la stratégie de développement agricole menée par le gouvernement camerounais : la cogestion des programmes avec la profession agricole, qui constitue une innovation majeure au Cameroun ; le concept de «programme-processus» ; la complémentarité entre les programmes ; l'implication des bénéficiaires et de la profession agricole dans la mise en oeuvre des programmes ; la réponse à la demande des bénéficiaires ; la contractualisation entre la maîtrise d'ouvrage et les bénéficiaires470(*)

Les objectifs spécifiques du programme ACEFA visent à améliorer les capacités de gestion technico-économique des exploitants et de leurs groupements ; renforcer les capacités de production et de valorisation des produits agricoles, par le cofinancement de projets portés par les groupements de producteurs (GP) ; améliorer la gouvernance des groupements et des OPA et améliorer les services rendus par ces derniers aux exploitations agricoles ; renforcer l'implication des organisations professionnelles dans l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi des politiques publiques agricoles territoriales et nationales471(*).

Le programme AFOP opère une profonde refonte du système de formation professionnelle agricole, par la réforme du cadre réglementaire et la redéfinition de la nature et du contenu des formations. De plus, il accompagne directement des centres et écoles de formation dans l'élaboration de leur projet pédagogique et la mise à niveau de leurs infrastructures472(*).

Le programme AMO quant à lui s'attache à renforcer les capacités des administrations du secteur à remplir leurs missions régaliennes, pour une mise en oeuvre efficiente de la Stratégie de Développement du Secteur Rural473(*).

B. Le programme économique d'aménagement du territoire pour la promotion des entreprises de Moyennes et de grande importance dans le secteur rural au Cameroun (AGROPOLES): moteur de la NPADG

Le Vendredi 24 Aout 2012, le gouvernement camerounais présenta officiellement son projet Agropoles474(*). C'est une expression qui désigne l'ensemble d'entreprises circonscrites dans une aire géographique donnée, qui entretiennent des relations fonctionnelles dans leurs activités de production, de transformation et de commercialisation d'un produit animal, végétal, halieutique ou forestier donné475(*). Il est censé apporter des solutions pour la relance de la production agricole dans le pays selon les termes du ministre délégué à l'économie et au plan :

Le programme Agropoles est le principal levier sur lequel le gouvernement va s'appuyer pour passer à une agriculture de seconde génération, gage de sécurité alimentaire, d'approvisionnement des industries et de rééquilibrage de la balance commerciale, hors pétrole. L'initiative est désormais perçue comme étant mûre, convaincante et crédible pour porter les espoirs de la mutation de notre agriculture476(*).

Lancé officiellement le 15 janvier 2013 avec l'installation des responsables du programme, il vise à accroître la production agricole, halieutique et du secteur de l'élevage dans les zones rurales à travers le financement d'activités génératrices de revenus et créatrices d'emplois477(*). Plus spécifiquement il vise à faciliter et sécuriser l'accès à la terre ; faciliter et sécuriser l'accès à la terre ; aménager les espaces agricoles ; développer les infrastructures sociocommunautaires ; faciliter l'accès aux intrants ; impulser la mécanisation ; assurer l'encadrement technique des acteurs ; faciliter l'accès au crédit ; induire la valeur ajoutée ; renforcer la structuration des acteurs ; résorber les déficits de production.

Depuis le lancement de sa phase pilote en 2013 de nombreux entrepreneurs reçurent des financements de l'Etat pour développer substantiellement leur activité478(*). A titre d'illustration : en avril 2014, dans le Littoral, un agropole de transformation du soja, qui devrait produire 8000 tonnes annuellement, vit le jour ; en janvier 2014 à Mbalmayo, dans le Centre, Fapam Sarl, une entreprise, reçut un soutien de 1,4 milliard de F CFA pour transformer 16.000 tonnes de fèves de cacao en beurre et en poudre de cacao479(*) ; à Abang, toujours dans le Centre, en novembre 2013, c'est un élevage de porcs qui reçut 1,5 milliards de FCFA pour porter sa production de 5000 à 26.000 têtes annuellement; 3,6 milliards de FCFA pourl'agropole de production et de commercialisation des oeufs de table de Baleng480(*) ;477 691 400 FCFA en Avril 2013 pour la production de porcs à Kribi481(*) ; production de maïs à Mbandjock ; production et commercialisation de poisson à Bankim ; production et transformation de viande porcine à Bafoussam ; production et transformation de poulet de chair à Bomono dans le littoral ; production et transformation de soja à Mokolo etc.

IV. SORTIR DE L'AUTO-SUBSISTANCE

Une analyse des actions menées depuis l'avènement de la NPA-Nouveaux Défis révèle la persistance des problèmes pouvant servir de frein à l'émergence agricole du pays dans un contexte de mondialisation. Il s'agit entre autres de la cherté des intrants, de la marginalisation du petit producteur dans le cadre des financements du secteur agricole et une dégradation de la sécurité alimentaire. L'objectif de faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035 ne peut dont pas être atteint avec l'Etat actuel de l'agriculture. Il convient donc de proposer certaines lignes qui boosteront davantage le secteur agricole camerounais

A. Croissance du volume de la production agricole et introduction des mutations technologiques et techniques

Pour atteindre une croissance à deux chiffres, l'agriculture est un pôle dominant. Pour un taux de croissance de 10%, la contribution de l'agriculture devrait être de 4 à 5% au moins pour assurer l'équilibre alimentaire et imprimer une nouvelle dynamique à la croissance. Plus concrètement, le pays doit augmenter sa production de céréales, de tubercules, en tête de bétail, etc., et ce à un niveau suffisamment élevé pour représenter un vrai saut qualitatif. Au-delà de cette croissance en volume, le pays doit significativement améliorer la qualité de cette production et la qualité de conservation.

En outre des mutations technologiques doivent être introduites. On ne peut pas penser que la production puisse quantitativement franchir un vrai cap avec les mêmes méthodes culturales qui datent de près de cinquante ans. C'est le lieu ici de poser le problème des intrants, et notamment des engrais et des plants dont les prix doivent être à la disposition du petit producteur. Il convient également de renouveler le verger national, la majorité des plantations de cacao et de café ayant vu le jour il y a plus de 50 ans. La population productrice doit également être rajeunie, vue le vieillissement que subit la population d'agriculteurs. Dans la même perspective, il y a toute une stratégie à développer pour transformer le milieu rural, pour l'amener à adhérer aux indispensables mutations qu'appelle une exploitation optimale du potentiel agricole du pays. Les actions à mener ont trait à l'animation du monde rural, à l'encadrement des agriculteurs, à la mise en place des circuits de commercialisation tributaire eux-mêmes du développement des infrastructures.

B. Replacer le paysan camerounais au centre de la question agricole

Nous estimons que le moment est venu de mettre un terme à un système incestueux dans lequel, des fonctionnaires, et autres agents de l'Etat, au mépris de tout conflit d'intérêt, se trouvent aux deux bouts de la filière agricole, alors même que la quasi-totalité des ingénieurs agronomes et des techniciens formés, dont l'effectif est pourtant notoirement insuffisant, restent confinés dans des bureaux climatisés du ministère de l'agriculture, ou dans les délégations régionales désargentées. La refondation de notre agriculture exige, de notre point de vue de replacer le paysan camerounais et ses organisations syndicales au centre du dispositif de la gouvernance du secteur rurale. L'Etat a ainsi vocation à structurer le monde paysan, à lui donner une colonne vertébrale, en appuyant ceux des regroupements de producteurs qui existent ou en suscitant la création d'organisation paysanne la où elles n'existent pas encore. C'est à ce prix que le gouvernement pourra se donner des interlocuteurs qui soient de véritables acteurs de la profession et non des intermittents du spectacle rural.

Tout pourrait ainsi changer du jour au lendemain, par le fait d'une volonté politique clairement affirmée ; une volonté politique porteuse d'objectifs précis à court et à moyens termes, d'une programmation de moyens financier adéquat, d'une mise en synergie des activités de recherche agricole qui devrait ouvrir au paysan camerounais de nouvelle perspectives.

C. Mise en place d'instruments spécifiques de financement

Il s'agit ici de mettre en place des organismes et des guichets de financements spécifiques dont les conditions ne peuvent être identiques à celles appliquées par les banques ou institutions traditionnelles, et accessibles par le paysan.

On pourrait ainsi reprendre certaines expériences du passé, tels le FONADER ou la MIDEVIV, mêmes s'ils n'ont pas eu le succès escompté. Il s'agirait alors de réfléchir aux insuffisances qui entravèrent leurs missions respectives afin d'y apporter des mesures correctives et de mettre en place des organes de contrôle efficaces. En orientant les flux financiers vers les cibles et en s'assurant que les crédits sont effectivement remboursés, on donnerait l'impulsion nécessaire à la production rurale. Dans le même ordre d'idée, la réflexion devrait s'orienter vers les structures de mutualisation et les coopératives pour faire en sorte que les exploitants soient de véritables acteurs.

Un autre point important concerne l'implication des élites. Ce rôle devrait les placer au coeur du processus de modernisation de l'outil de production mais aussi au niveau de la diffusion des nouvelles techniques de production et l'introduction des variétés les plus productives. Leur rôle est aussi déterminant dans la mobilisation des financements dans la mesure où les élites disposent d'une capacité d'endettement qui permet de drainer en les orientant mieux les flux financiers vers le secteur agricole.

D. Repenser le système éducatif

Repenser l'agriculture camerounaise, implique de repenser le système éducatif dès le primaire pour que dès ce niveau on apprenne à l'enfant qu'il peut gravir l'échelle sociale, créer des sources de revenus en exerçant une activité agricole. Dans l'enseignement secondaire et le supérieur, il faudrait multiplier et disséminer les établissements où l'on apprenne non seulement les techniques de production mais aussi où l'on développe des capacités entrepreneuriale permettant au capital humain ainsi formé de réussir son insertions.

CONCLUSION GENERALE

Notre préoccupation centrale dans cette réflexion était d'élucider l'évolution et l'impact des politiques agricoles sur le développement économique et le secteur rural camerounais. Nous avons eu recours à une approche thématique et chronologique dans une analyse systémique, qui impose l'interdisciplinarité et un examen critique des différentes sources d'informations. Cette approche nous a permis de rendre compte de la situation de l'action publique agricole et son incidence sur le développement économique du Cameroun en générale depuis 1960. Elle nous a également permis de retracer la situation de l'agriculteur camerounais et en particulier le paysan dans les différentes phases de l'évolution des politiques agricoles au Cameroun.

Le constat est clair. Les politiques agricoles sont une réalité antérieure à la souveraineté du Cameroun en 1960. Instaurées par les allemands à travers la politique des grandes concessions et des grandes plantations, elles se poursuivent pendant la période française à travers les plans agricoles dont la concrétisation fut l'encouragement de la culture des rentes, le développement des cultures vivrières, la promotion du développement coopératif et la mise en place d'une série d'instrument de mise en oeuvre des stratégies agricole. Ce développement des politiques agricoles pendant la période coloniale fit du territoire, une zone essentiellement agricole dont la production était destinée au ravitaillement de la métropole. La rentabilité du secteur échappait ainsi aux indigènes au profit des colons.

Depuis l'accession du pays à l'indépendance, la stratégie de développement agricole au Cameroun a changé en fonction de l'évolution globale de l'économie nationale. Ainsi pendant les deux premiers plans quinquennaux, le gouvernement est dans la continuité de la politique agricole coloniale en optant pour l'interventionnisme étatique et la primauté accordée aux cultures de rente. Ces mesures héritées de la colonisation placèrent le pays dans une dépendance qui se matérialisait par l'apport des instruments de la relation UE-ACP à savoir le Stabex et les FED.

La période allant de 1970 à 1985 constitua un véritable tournant dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricole au Cameroun. Cette période faste fut celle de l'accroissement de l'intervention de l'Etat à travers une augmentation des entreprises agricoles publiques et parapubliques, des Missions et Projets de développement. L'action de l'Etat continua à accordé un privilège aux cultures d'exportation héritée de la colonisation. Celles-ci apportèrent d'importantes devises avec une contribution significative au PIB. L'encadrement agricole était organisé et assuré par l'Etat à travers le déploiement d'équipes techniques. La primauté aux cultures de rentes ne signifiait pas une continuité de la marginalisation du secteur vivrier qui reçut également des actions gouvernementales via des structures telles que la MIDEVIV. Les agriculteurs avaient dès lors un rôle et surtout une responsabilité relativement réduite car les services à l'agriculture relevaient des structures mises en place par l'Etat: approvisionnement, financement, commercialisation. Cette période fit de l'agriculture le principal moteur de croissance économique du Cameroun et le capital social du paysan permit à ce dernier de favoriser l'ascension scolaire de ses enfants et d'avoir un statut social prisé.

Avec la crise économique intervenue dans les années 80 à la suite de la chute des cours mondiaux des produits de rente et la dépréciation du dollar, l'Etat fut confronté à l'obligation de restructurer son action dans le secteur agricole. Il décida ainsi de réduire ses dépenses et revit son rôle au niveau général de l'économie avec comme principales orientations : la libéralisation, la privatisation et le désengagement. Au niveau agricole, l'Etat se désengagea de la plupart des services autrefois assumés (encadrement technique, financement, commercialisation, etc.) et encouragea l'émergence d'acteurs privés et de dynamiques paysannes pour assurer désormais ces activités à travers les lois de la libéralisation adoptée en 1990. Toutes ces mesures furent confinées dans la NPA adoptée en 1990. Ces mesures bien qu'elles permirent une reprise sensible de la croissance, diminuèrent considérablement le capital social du paysan. La libéralisation agricole remit en cause le droit à la sécurité alimentaire des plus faibles, en déstabilisant les agricultures locales et en renchérissant le coût de la facture alimentaire. Elle provoqua également un renchérissement des intrants agricoles dont le corolaire fut la dégradation de la santé des plantations, une évolution à pat de tortue de la production agricole, augmentant ainsi la pauvreté en milieu rurale et l'exode rural. Cette dernière eut pour corollaire un vieillissement de la population agricole. Ainsi la libéralisation agricole ne fut guère bénéfique au paysan camerounais, elle favorisa plutôt l'émergence du fonctionnaire agriculteur qui présentait une situation crédible face aux institutions financières et aux IMF par rapport au petit producteur.

Le début des 2000 constitua un retour de l'interventionnisme étatique et de la planification stratégique du développement économique à travers la formulation des documents stratégiques. Deux ans après la révision de la NPA, le gouvernement avec l'appuie des IFI, adopta le Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural qui traduisait la volonté du gouvernement de reprendre en main la question du développement rurale. Il fut associé au Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui s'inscrit dans la stratégie à long terme du gouvernement de devenir un pays émergent à l'horizon 2035. Sa révision conduit à l'adoption du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi dont les objectifs visent globalement à moderniser et à rendre plus productif le secteur agricole camerounais. C'est dans cette ligne stratégique que le chef de l'Etat lança la nouvelle politique agricole de deuxième génération (NPADG) au comice agro-pastorale d'Ebolowa en 2011. C'est cette nouvelle politique dont la phase pilote a débuté avec le programme des Agropoles qui couvre la période.

De ce fait une analyse à mi-parcours a permis de déceler la continuité des obstacles qui peuvent servir de frein à l'émergence agricole du Cameroun à savoir une continuité de la cherté des intrants, un financement marginalisant le petit producteur et une dégradation de la sécurité alimentaire. Des propositions furent ainsi faites à savoir une croissance du volume de production accompagnée d'une introduction des mutations technologique, un recadrage de la place du paysan dans la question agricole et le développement rural, une mise en place des instruments de financement spécifiques et accessibles par le petit producteur et un recadrage du système éducatif camerounais. C'est dire qu'aujourd'hui, comme il y a 50 ans, le secteur agricole reste au coeur des préoccupations de l'Etat camerounais dont les projets et programmes ne doivent pas restés confiné dans les tiroirs ou donner naissances à des gouffres financiers ou des éléphants blancs. Il doit promouvoir le développement rural dans le but de favoriser l'augmentation de la classe moyenne dont le pourcentage constitue un indicateur important du développement économique d'une Etat.

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I- SOURCES ARCHIVISTIQUES

A- Archives Nationales de Yaoundé (ANY)

· ANY APA 11820, Rapports de tournées 1936-1941, Bafang (Subdivision) de Bamiléké, Noun

· ANY Journal Officiel du Cameroun Numéro du 1er octobre 1973.

· ANY, J.O.C N° 219 du 15 juillet 1929

· ANY, APA10904/B

· ANY, FA 1 /790, proposition du Professeur Hass de Victoria relative à la création d'une école d'agriculture destinée aux indigènes, 1906

· ANY, FA 1/808, guide pour la culture du cacao par les indigènes produit par le centre d'essais agricoles de Victoria (projet), 1913

· ANY, FA 1/864, rapport de l'assistant agronome BERGER sur la mission dans la région du Mungo en vue d'encourager la culture du cacao par les indigènes.

· ANY, N.F. 3860, procès-verbaux des déclarations de chefs, 1918. Déclarations de Sase Oba, chef de région, EbenvokNgombayo (Nkomakak), Assam Ndoum (Ecohon), NyiémouriLomegouna

· ANY, TA 22 et bis, Circulaire souveraine sur la création, la prise de possession et l'aliénation des terres de la couronne et sur l'acquisition et l'aliénation des terres dans le territoire du Cameroun du 15 juin 1896.

· Rapport annuel adressé par le Gouvernement français au Conseil de la Société des Nations sur l'administration sous mandat des Territoires du Cameroun (1927-1938)

B- Archives Nationales de Buea (ANB)

· ANB, Pf/h/1916/1, German prison laws-Victoria division

II- DECRETS

· Décret n°2012/2274/PM du 06 aout 2012 portant sur la mise en place des agropoles.

· Décret n°73/584 du 26 septembre 1973 portant sur la création de la Mission de Développement des cultures Vivrières et maraîchères

· Décret n°90/1423 du 3 octobre 1990 portant privatisation de certaines entreprises du secteur public et parapublic 

· Décret n°94/125 du 14 juillet 1994 portant admission de certaines entreprises du secteur public et parapublic à la procédure de privatisation

· Décret n°96/050 du 12 mars 1996 portant création d'un Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD)

III- SOURCES ORALES

Noms

Ages

Fonctions

Lieu et date

AbondoJérome

70 ans

planteur de Cacao

Biba, 12 juillet 2013

Anonyme

48 ans

Ingénieur agronome en service à l'IRAD, (antenne de Nkoevone)

Nkoevone, 19 juin 2013

Anonyme

53 ans

cadre à la Communauté Urbaine d'Ebolowa

Ebolowa, 19 mars 2013

Anonyme

40 ans

fonctionnaire à la délégation départementale de MINADER Ambam

Ambam 21 Juin 2013

Ekoto Gabriel

55 ans

producteur de cultures maraichères

Sangmelima, 03 Mars 2013

Essono Ondo Emmanuel

65 ans

planteur de cacao et professeur de lycée en retraite

Ambam, 13 Août 2013

Ndong Ella Armand

75 ans

planteur de Cacao

Assandick, 20 juin 2013

NdongNguema Bertrand

82 ans

planteur de cacao

Abang-Minko'o, 27 juillet 2013

Ondo Eyi Christophe

42 ans

Conseiller d'orientation au lycée de Banganté

Banganté 14 Aout 2013

IV- RAPPORTS ET DOCUMENTS DE TRAVAIL

· Anonyme «Faire progresser l'agriculture africaine, Proposition de coopération aux niveaux continental et régional pour le développement agricole en Afrique», RapportCommission européenne, Bruxelles, 24 Juillet 2007.

· Anonyme, « Bilan diagnostic du secteur agricole 1980-1990», Février 1993, p. 11. (Publication du MINAGRI)

· Anonyme, « Bilan diagnostic du secteur agricole de 1960 à 1980», Yaoundé, 1980, (publication du Ministère de l'Agriculture)

· Anonyme, «Cameroun étude de compétitivité de la chaine de valeur du secteur agricole», Rapport Banque Mondiale, n°AAA25-CM, juin 2008

· Anonyme, «Cameroun, Fond Européen de Développement 1960-1975», Bruxelles, Rapport de la Commission des Communautés Européennes, 1977.

· Anonyme, «dynamiser le marché du travail point sur la situation économique du Cameroun», in Cahiers économiques du Cameroun, n°3Janvier 2012.

· Anonyme,«Enquête de base sur le travail des enfants dans l'agriculture commerciale/cacao au Cameroun», Rapport OIT, Février 2004.

· Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP: Cameroun», Rapport Investissement DevolppmentConsultancy, Août 1998.

· Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'Union européenne aux pays ACP, Evaluation sur le terrain, étude de pays 4 : Cameroun» Rapport lnvestmentDevelopmentConsultancy, Août 1988.

· Anonyme, «Évaluation des Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté et de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance», Document de synthèse FMI, 2003.

· Anonyme, «Evaluation du projet de développement rural intégré ZAPI Cameroun : annexes techniques», Rapport Banque Mondiale n°1737a-CM, Février 1978.

· Anonyme, «Examen des politiques commerciales au Cameroun», Rapport OMC, Juin 2001.

· Anonyme, «Implications des acteurs ruraux dans la définition des politiques de développement des filières vivrières en Afrique de l'Ouest et du Centre», Rapport de synthèse Fondation Rurale de l'Afrique de l'Ouest,Avril 2011.

· Anonyme, «La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2004», Rapport FAO, 2004.

· Anonyme, «Programme ACEFA : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2», rapport AFD, novembre 2012

· Anonyme, «Programme ACEFA : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2», rapport AFD, novembre 2012.

· Anonyme, «Programme AFOP : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2, rapport AFD, novembre 2012

· Anonyme, «Programme AFOP : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2, rapport AFD, novembre 2012.

· Anonyme, «Programme d'Appui à Maîtrise d'Ouvrage (AMO) des administrations du secteur rural MINADER-MINEPIA, phase II, 2013 - 2016», 2014 p.6. (publication du MINADER et du MINEPIA)

· Anonymous, «ZAPI integrated rural developmentproject (credit 776-cm)» World Bank projectcompletion report n°6808, May 29, 1987.

· D. Frisch, «La politique de développement de l'Union européenne, un regard personnel sur 50 ans de coopération internationale», Maastricht, Rapport Centre Européen de Gestion des Politiques de Développement, 2008, p

· F. Menjo Baye et al., «Stratégies de réduction de la pauvreté et politiques agricoles au Cameroun», Rapport Réseau d'Expertise des Politiques Agricoles (REPA), 2004.

· Frank van Tongeren, « Elaboration et mise en oeuvre des politiques agricoles, une synthèse», document de travail OCDE, 2008

· G. Fongang, «Les organisations de producteurs en Afrique de l'Ouest et du Centre : attentes fortes, dures réalités, le cas du Cameroun», Rapport Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM) Septembre 2012.

· H. David, P. Levang, «Le développement du palmier à huile au Cameroun», Document de travail IRD/CIFOR/WWF, 2012.

· H. Khelfaoui et J. Gaillard, «La science au Cameroun», Paris, IRD, Rapport final du 21 décembre 2001.

· J. Gaillard, E. Zink, «Les capacités de recherche scientifique au Cameroun: Une évaluation de l'impact des activités de l'IFS», Rapport International Foundation for Science (IFS), Stockholm, 2003.

· M. BoutiomBoukong «Cadre de Politique de Réinstallation (CPR) du Projet d'Amélioration de la Compétitivité Agricole (PACA)», rapport définitif, Avril 2009.

· M. J. NkodoNgono, «Aide au développement de l'agriculture du Cameroun», draft document de travail OECED, 2007.

· MINEPAT, «Atlas national de développement physique du Cameroun», 2014.

· MINEPAT, «Cameroun vision 2035», 2009.

· MINEPAT, «Document de Stratégies pour la Croissance et l'Emploi», 2009.

· M-R. Mercoiret et Denis Pesche, «Capitalisation des enseignements des programmes d'appui à la professionnalisation de l'agriculture en Afrique de l'Ouest et du Centre : Le cas du Cameroun», Document de travail provisoire, Paris, ministère des Affaires étrangères, 2003.

· P. Guillaumont et al., «Evaluation globale du Stabex », Rapport CERDI/CNRS, Novembre 1997.

· République du Cameroun, «Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural (DSDSR)», 2005.

· République du Cameroun, «Plan National d'investissement Agricole du Cameroun (PNIA) 2014 - 2020» Vol. 1,2014

· République du Cameroun, «Révision du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté», Document transitoire, 2005

· T. Ondoua Manga, «Analyse des politiques agricoles mises en oeuvre au Cameroun depuis 1960», Document de travail OECD, 2006

· Youness El Kadiri et Al., «Rapport du module Environnement : Mondialisation», Ecole Nationale Supérieure des Mines Saint-Etienne, Décembre 2003-Avril 2004

V- OUVRAGES

1- Ouvrages généraux

· Assidon E., Les théories économiques du développement, Paris, La découverte, 1992

· AssigaAteba E. M., Economie des entreprises publiques au Cameroun, Douala, Presse Universitaire de Douala, 2007

· Assoumou, F., Agriculture d'exportation et bataille du développement en Afrique Tropicale : L'Economie du cacao, Edition universitaire, 1977.

· Bayart J.-F., L'État en Afrique : la politique du ventre, Paris, Fayard, collection «espace du politique», 1994.

· Bertholot J., L'agriculture, talon d'Achille de la mondialisation, Clés pour un accord solidaire à l'OMC, Paris, Harmattan, 2001.

· Bienayme A., L'enseignement supérieur et l'idée d'université, Paris, Economica, 1986.

· Brasseul J. Introduction à l'économie du développement, Paris, Armand Colin, 1989.

· Courade G. (dir.), Le village camerounais à l'heure de l'ajustement, Paris, Karthala, 1994.

· Dongmo J-L, Le dynamisme Bamiléké; vol. I : La maîtrise de l'espace agraire, Yaoundé, CEPER,1981

· EtogaEily F., Sur les chemin du développement ; essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Yaoundé, CEPMAE, 1971

· Eyongetah T., et R. Brain, A History of the Cameroon, London, Longman, 1974.

· Fodouop K., Citadins et développement des campagnes au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 2003

· Gifford L., German and Britain in Africa, London, Longman , 1967.

· Hibou B., L'Afrique est-elle protectionniste ?, Paris, Karthala, 1996

· Kaptue L., Travail et main-d'oeuvre au Cameroun sous régime Français, Paris, Harmattan, 1986

· Kouomou D.S., Structure, Performance et Portée des Institutions de Finance Rurale : Une Analyse du Réseau des Caisses Populaires du Cameroun (CamCCUL), Göttingen, Cuvillier Verlag, 2006.

· Levine V.T., le Cameroun du mandat à l'indépendance, Vol 1, Paris, Nouveaux Horizon, 1970

· Ndongko W.-A, La gestionéconomique du Cameroun. Politiques et performances, Yaoundé, Institut des SciencesHumaines, Fondation Friedrich Ebert, 1984.

· Ngoh J. V., Cameroun 1884-1985, 100 ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990.

· NtudaEbodé J. V., Les Etats-Unis, les associations occidentales de science politique et question soviétique : sens et puissance à l'aube de la guerre froide, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du septentrion, 1998.

· Owona A., La naissance du Cameroun, 1884-1914, Paris, L'Harmattan, 1996.

· République du Cameroun, Cameroun potentialités économiques et opportunités d'investissement, 2010.

· Rudin H., Germans in the Cameroons, A case study in modem imperialism, Yale, 1938.

· Santoir C., Sous l'empire du cacao, Etude diachronique de deux terroirs camerounais, Paris, ORSTOM/Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération, 1992.

· Santoir C., Sous l'empire du cacao, Etude diachronique de deux terroirs camerounais, Paris, ORSTOM/Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération, 1992.

· Sarraut A., La mise en valeur des colonies françaises, Paris, Payot, 1923

· Tedga J.M.,Entreprises publiques, Etat et crise au Cameroun. Faillite d'un système, Paris,L'Harmattan, 1990.

· Van Der Hoeven R., Van Der Kraaj (dir.) L'ajustement structurel et au-delà en Afrique subsaharienne. Thèmes de recherche et thèmes politiques, Paris, Khartala, 1995.

· Venet B., Libéralisation Financière et Développement Economique : unerevue critique de la littérature, CREFED-CERPEM, Université Paris IX Dauphine, 2004.

2- Ouvrage méthodologiques

· Bachelard G., la formation de l'esprit scientifique, contribution à une psychanalyse de la connaissanceobjective, J. Vrin, 1965

· Beaud M., L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 1985

· Durkheim E., Les règles de la méthode en science sociale, Paris, Flammarion, 1988

· Mace G. et Petry F., Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, Paris, De Boeck université, 2003

· Olivier L. et al., L'élaboration d'une problématique de recherche. Sources, outils et méthode, Paris, L'Harmattan/Collections Logiques Sociales, 2005

· Pal L., Public Policy Analysis, Toronto, Nelson, 1992.

· Paquin S. et al, L'analyse des politiques publiques, Montréal, Presse Universitaire de Montréal, 2010.

· Veyne P., Comment on écrit l'histoire?, Paris, Seuil, 1971

VI- THESES ET MEMOIRES

· Abate R., «Crise économique et politique de relance de la production vivrière dans l'espace rural d'Ebolowa II», mémoire de DIPES II, option géographie, Université de Yaoundé I, ENS Yaoundé, 2012.

· AwoumouAmougou J-D., «La Libéralisation des marchés et le développement durable en Afrique : le cas du secteur agricole au Cameroun», Mémoire de Master, Ecole Nationale d'Administration (ENA) (Strasbourg), 2004.

· Bella H., «Agriculture et croissance économique au Cameroun», Mémoire ISSEA, 2009.

· Diallo A., «La dimension politique du partenariat U.E. / A.C.P. depuis l'Accord de Cotonou : défis, enjeux et perspectives» Thèse de Doctorat de Droit Public nouveau régime, Université de Reims, 2008.

· EsameEsame D., «Exploitation forestière et développement local : cas de l'arrondissement de Mvangan». Mémoire de DIPES II, ENS Yaoundé, 2005

· Fark-Grüninger M., «La transition économique à l'ouest du Cameroun, 1880-1990, jeux et enjeux», Thèse de doctorat, Université de Neuchâtel, Zurich, 1995.

· Folefack D. P., «Coordination des acteurs dans un contexte de crise : le cas de la filière coton au Cameroun depuis 1990», Thèse de doctorat, Université rennes 2 Haute Bretagne, 2010.

· FongangFouepe G. H., «Les mutations du secteur agricole bamiléké étudiées à travers ses acteurs : Une analyse à partir des localités de Fokoué et de Galim» Thèse de Doctorat, Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement, Paris, 2008.

· KanguelieuTchouake M., «La région du Moungo sous régime français (1916-1960) : essor économique et social», Thèse de Doctorat 3e cycle en Histoire, Université de Yaoundé, 1990.

· Leroux X., «Politiques agricoles de la banque mondiale et modernisation des systèmes paysans d'Afrique sub-saharienne», Mémoire de maitrise en Science Politique, Université du Québec, Montréal, 2007.

· ManfouoFountongNamekong I., «Les effets de la disparition des organismes publics d'appui financier et de la libéralisation des filières sur le monde agricole dans la région de l'ouest Cameroun» Mémoire de Master,Université de Dschang, 2012.

· MbiliOnana A. M., «Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques camerounaises : le rôle du conseil d'administration», Mémoire de DEAen Sciences de Gestion,Université de Yaoundé II Soa, 2004.

· MoulendeFouda T., « Les mécanismes de financement en milieu rural camerounais : Une analyse des déterminants de la demande de services financiers des ménages», Thèse de doctorat en science économique, Université de Versailles, 2003.

· TagneKommegne C. S., «L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation de l'Etat au Cameroun (1884-1914)» Mémoire de Master en Science Politique, Université de Yaoundé II, 2007.

· TamokwePiaptie G. B., «Globalisation et diversification dans l'appareil industriel du Cameroun», Thèse de doctorat Ph.D. es sciences économiques, Université de Douala, 2004.

· Tezampa A. D., «Planification économique au Cameroun : méthodologie d'élaboration des plans», Mémoire de Maîtrise en Sciences Economiques, Université de Yaoundé, 1987.

VII- ARTICLES ET JOURNAUX

· Abaye S. «Caféiculture du Cameroun...la relance ?» in Afrique agriculture, «A la une : le comice agropastorale d'Ebolowa», Hors-série Décembre 2010.

· Alary V. et Courade G., «Une expérience inédite : l'opération chèque planteur au Cameroun» Le Courrier n°151, Mai-juin 1995, pp.73-74

· Alary V., «La libéralisation de la filière cacaoyère vue et vécue par les planteurs», Revue Région et Développement n°4, 1996.

· Anonyme, « Paul Biya veut mettre en oeuvre une «révolution agricole» in Investir au Cameroun, «La révolution agricole en marche», n°10, janvier 2012, pp.4-11.

· Anonyme, « Paul Biya veut mettre en oeuvre une «révolution agricole» in Investir au Cameroun, «La révolution agricole en marche», n°10, janvier 2012, pp.4-11.

· Anonyme, «Comice agricole de Ngaoundéré du 10 au 11 décembre 1974, Yaoundé», 1975, p. 7. (Publication du MINAGRI)

· Anonyme, «Comice agropastoral national d'Ebolowa, les préparatifs en bonne voie», in Journal Comice, Edition spéciale juillet - août 2010.

· Anonyme, «Le projet «Agropoles» fait les yeux doux aux banquiers du Cameroun» in Investir au Cameroun, «Le Cameroun agricole prend forme» n°15, Janvier 2015.

· Anonyme, «Le Vème Plan de Développement Economique, Social et Culturel 1981-1986», Yaoundé, 1986, p.4. (Publication du Ministère du Plan et de l'Aménagement du Territoire)

· Barbier J.C, «Les villages pionniers de l'Opération Yabassi-Bafang, Aspects sociologiques de l'émigration Bamiléké en zone de forêt dans le département du Nkam», Yaoundé, ORSTOM, 1971, p.120.

· Barbier J-C , «opérations de développement et histoire des populations cas de l'opération Yabassi-Bafang (Cameroun)» Cahiers de l'O.R.S.T.O.M., série Sciences Humaines, volume XVI, n° l-2, 1979, pp.129-158.

· Barbier J-C, «A propos de l'opération Yabassi-Bafang (Cameroun)», ONAREST, 1977.

· Brunel S., « Les difficultés du Cameroun: fin d'un modèle ou crise de croissance ?», L'information géographique, Vol. 67 n°1, 2003.pp.134-142.

· BTP Afrique « le Cameroun en 2008», Hors-série, Mars 2008.

· Chouchane V., «Une analyse empirique de l'impact de la libéralisation financière en Afrique subsaharienne sur la période 1983-1996», Revue Tiers Monde, n°179, 2004, pp. 617-641.

· Courade G., «Des complexes qui coûtent cher : la priorité agro-industrielle dans l'agriculture camerounaise», Politique africaine n°14, juin 1984.

· Courade G., «Organisation paysanne, sociétés rurale, Etat et développement au Cameroun (1960-1980)» Colloque sur l'économie politique du Cameroun - perspectives historiques, Tome I, Leiden, Juin 1988, pp.57-93.

· Courade G., et al., «La liquidation des joyaux du prince : Les enjeux de la libéralisation des filières café-cacao au Cameroun», Politique africaine, n°44, 1991 pp. 121-128.

· Dessouanne P., Verre P., «Cameroun : du Développement Autocentré au National Libéralisme», Politique Africaine, n° 22, 1986, pp.120-137.

· EkomoEngolo, «Mutations socio-économiques et conditions de vie des ménages ruraux au Cameroun», Revue française de sociologie, 2001, 42-2. pp. 281-294.

· Fambon S. et al. «Réformes économiques et pauvreté au Cameroun durant les années 80 et 90, dynamique de la pauvreté et de la répartition des revenus au Cameroun durant les années 80 et 90», Rapport intérimaire Projet Collaboratif sur la Pauvreté/AERC/CIRPEE/UYII, Université Yaoundé II, Mars 2004.

· Foko E., « Les paysans de l'ouest Cameroun face au crédit agricole institutionnel», Économie rurale, n°219, 1994. pp.12-15.

· Griffon M. et al., «Filières agroalimentaires en Afrique comment rendre le marché plus efficace ?» Ministère des Affaires étrangères (France), 2001, p.276 (une étude du CIRAD)

· Gubry P.et al. «Population et planification du développement au Cameroun» Cahiers de l'O.R.S.T.O.M, revue scientifique et technique sciences humaine Vol.V-1987/1988, pp.15-33.

· Guillermou Y., «Organisations de producteurs et dynamiques paysannes dans l'Ouest-Cameroun», Afrique contemporaine, n° 222, 2007, p. 251-271.

· Herrera J., « La nature de la crise financière camerounaise et les mesures prises pour la combattre: faut-il ajuster le programme d'ajustement structurel?» in G. Courade (sd), Le village camerounais à l'heure de l'ajustement, Paris, Karthala, 1994, pp. 40-51.

· Jagoret P. et al., «Diversi?cation des exploitations agricoles à base de cacaoyer au Centre Cameroun : mythe ou réalité ?»Biotechnol. Agron. Soc. Environ. n°13, 2009, pp.271-280.

· Janin P., «Un planteur sans Etat peut il encore être planteur », Politique africaine, n°62 juin 1996, p.49.

· l'Action n°914 du Mercredi 14 Août 2013.

· Mbock C. G. et al., «Utilisation des résultats de la recherche dans l'action publique au Cameroun», Revue internationale des sciences sociales , 2004 n°179, p. 43-51.

· Moupou M. et AkeiMbanga L., «Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer, n° 241-242, Janvier-Juin 2008, pp. 163-183.

· Nguihé Kanté P., « Les contraintes de la privatisation des entreprises publiques et parapubliques au Cameroun» Revue internationale de droit économique t. XVI, 2002, pp. 603-625.

· Roesch M., et al., «Financer la campagne agricole dans un contexte de libéralisation : de nouvelles formes de coordination entre acteurs à construire», in J. Y. Jamin, et al.(éds), «Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis», Actes du colloque, mai 2002, Garoua, CIRAD, 2003.

· Sy Aziz et al. (eds.), «Diagnostic du système national de recherche et de vulgarisation agricoles du Cameroun et stratégie de renforcement des capacités pour la dissémination des connaissances et des technologies agricoles», 2008, p.13 (une étude du FAO)

· Taton R., «Le Cameroun, les perspectives des cinq prochaines années en agriculture et élevage», Europe d'Outre-mer, n°548, septembre 1975, pp. 27-49.

· Toye J. «Contexte, hypothèses, origine et diversité», in R. Van Der Hoeven et F. Van Der Kraaj (sd) L'ajustement structurel et au-delà en Afrique subsaharienne. Thèmes de recherche et thèmes politiques, Paris, Khartala, 1995, pp. 41-66.

· TsafackNanfosso R., «Economie politique d'une dynamique dans les exportations camerounaises», Nordic Journal of AfricanStudies n°15 2006, pp.344-366.

· Verre P., «Cameroun : du développement autocentré au national libéralisme», Politique Africaine, n°22,1986, pp.120-137.

· William J.-C., «Cameroun : les avatars d`un libéralisme planifié» politique Africaine, n° 18, 1985, pp 44-70.

VIII- SOURCES WEBOGRAPHIQUES

· AntaganaEteme E.,«les plans quinquennaux au Cameroun» in http// :www.atangana-eteme-emeran.com/les plans_quinquennaux_au_cameroun.php, consulté le 12 Août 2013

· Anonyme, «SustainableDevelopmentDepartment», July 1997, in http://www.fao.org/waicent/faoinfo/sustdev/WPdirect/WPre0017.htm consulté le 12 mai 2013.

· Voufo M. P., «Les grands défis de l'agriculture»,in http://www.lavoixdupaysan.org/lejournal.htm consulté le 04 mai 2012

· MbondoAwono T., «Révolution agricole au Cameroun : l'appel d'EssimiMenye à Lagdo» in http://www.leseptentrion.net/2012/06/revolution-agricole-au-cameroun-lappel-dessimi-menye-a-lagdo.htm

· Caslin O., «Agrobusiness-Cameroun, Yaoundé enclenche la première», in http://www.JeuneAfrique.com/agrobusiness/cameroun-agriculture-paul-biya-usineagrobusiness-cameroun-yaounde.htm consulté le 23 mai 2014

· Mazda A., «Coopération: L'agro-business made in Cameroon», in http://www.Cameroun.infos.net/agro-business_made_in_cameroun.htm , consulté le 22 Mai 2013.

· Anonyme, «Le Cameroun doté d'un Plan National d'Investissement Agricole», in http://www.CRTV.org/Nouvelle_CRTV.htm. Consulté le 04 Mai 2014.

· Valeurs Actuelles, «les chantiers du renouveau», 27 février 2014. pp.44-49, in http://www.VA.fr consulté le 24 mai 2014

· journal du Cameroun.com «Relance de la production au Cameroun: Le gouvernement propose les Agropoles», 29 Avril 2012 in http://www.JournalduCameroun.com/Relance_ de_ la_ production _au _Cameroun_ le_gouvernement propose_ les_ Agropoles.html.Consulté le 27 mai 2013.

ANNEXES

Table des matières

* 1 G. Mace et F. Petry, Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, Paris, De Boeck université, 2003, p.9

* 2 G. Bachelard, la formation de l'esprit scientifique, contribution à une psychanalyse de la connaissanceobjective, J. Vrin, 1965, p.61.

* 3 Ministère de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire, Cameroun potentialités économiques et opportunité d'investissement, 2010, p.17

* 4 P .Veyne, Comment on écrit l'histoire?, Paris, Seuil, 1971, p.33

* 5 Un plan de développement est élaboré sur la base d'un grand ensemble de buts se référant à des secteurs spécifiques et / ou à l'économie toute entière. Chaque plan était établi pour une période de 5 ans.

* 6P. Diagne, «Histoire et linguistique », in Ki-Zerbo J., (dir), Histoire Générale de l'Afrique, T. 1, Méthodologie et préhistoire en Afrique, Paris, Unesco, 1980, pp. 259-269.

* 7 R. Bonnaud, Le système de l'histoire, Paris, Fayard, 1989, p. 58

* 8 E. Durkheim, Les règles de la méthode en science sociale, Paris, Flammarion, 1988, p.127.

* 9 R. Marichal, La critique des textes, in L'Histoire et ses méthodes, Paris, Encyclopédie de la Pléiade, p. 132, cité par F. KangeEwane, Semence et moisson coloniales. Un regard d'africain sur l'histoire de la colonisation, Yaoundé, Clé, 1985, p. 87.

* 10 Anonyme, «Instruments de politiques agricoles. Quels choix pour l'Afrique de l'Ouest ?», Etude du groupe Inter-réseaux et développement rural, in www.Inter-resaux.org consulté le 8 mai 2013.

* 11 Anonyme, «L'agriculture en quête de politiques», Grain de sel n°41-42, décembre 2007-mai 2008, p.12.

* 12 L. Pal, Public policyanalysis, Toronto, Nelson, 1992, p.19, cité par S. Paquin et Al., L'analyse des politiques publiques, Montréal, Presse Universitaire de Montréal, 2010, p.2

* 13 D. Thomas., Understanding Public Policy, London, Longman, in Ibid.

* 14 On dit d'une politique qu'elle est explicite lorsqu'elle est clairement énoncée par un gouvernement grâce à la publication d'un document officiel. Celle-ci est habituellement exposée dans un document qui : présente un cadre de valeurs et d'action sur un sujet donné; détermine les orientations de certains programmes publics; expose la répartition des pouvoirs de décision, le partage des responsabilités et les grands principes d'organisation et d'administration. À l'inverse, une politique publique peut être qualifiée d'implicite lorsque elle est exprimée de façon indirecte et sous-entendue par le biais de certaines mesures ou activités

* 15 J. Rothmayr,L'analyse des politiques publiques, p.71.

* 16 Se dit d'une analyse économique prévisionnelle

* 17 Ministère de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, Guide méthodologique de planification stratégique au Cameroun, 2011, p. 24.

* 18 J. Rothmayr, L'analyse des politiques publiques, p. 72.

* 19 Anonyme, «Instruments de politiques agricoles», p.2.

* 20 Ibid.

* 21 Frank van Tongeren, « Elaboration et mise en oeuvre des politiques agricoles, une synthèse», document de travail OCDE p.12.

* 22 Anonyme, «Instruments de politiques agricoles», p. 3.

* 23 Le niveau et l'instabilité des revenus agricoles ont longtemps constitué l'une des préoccupations majeures des politiques agricoles

* 24 Le développement rural occupe une place de premier plan dans les objectifs de la politique agricole des pays car, l'agriculture est l'activité qui occupe la plus grande partie des terres dans les zones rurales. Mais c'est rarement la première source d'activité économique ; c'est pourquoi l'articulation entre agriculture et développement rural n'est pas si évidente.

* 25 La politique agricole commune de l'Union Européenne par exemple poursuit plusieurs objectifs : (i) augmenter la productivité, via le progrès technique ; (ii) fournir un revenu équitable aux agriculteurs ; (iii) stabiliser les marchés ; (iv) assurer la sécurité d'approvisionnement des consommateurs et des industries de transformation des produits agricoles ; (v) fournir des produits à des prix raisonnables pour le consommateur. In J. Berthelot et Al., «Guide de la Politique agricole commune (PAC)», Montreuil (France), Groupe PAC, 2010 p.13

* 26 R. Aron cité par A. Bienayme, L'enseignement supérieur et l'idée d'université, Paris, Economica, 1986, p.196.

* 27 J.-F. Bayart, L'État en Afrique : la politique du ventre, Paris, Fayard, collection «espace du politique», 1994.

* 28Youness El Kadiri et Al., «Rapport du module Environnement : Mondialisation», Ecole Nationale Supérieure des Mines Saint-Etienne, Décembre 2003-Avril 2004, p. 3

* 29 M. Beaud, L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 1985, pp.31-32.

* 30 J. Dewbre et A.Borot de Battisti, «progrès agricole au Cameroun, au Ghana et au Mali, comprendre les causes et maintenir la dynamique», 2008 p. 11. (Publication de l'OCDE)

* 31 Anonyme «Faire progresser l'agriculture africaine, Proposition de coopération aux niveaux continental et régional pour le développement agricole en Afrique », RapportCommission européenne, Bruxelles, le 24 Juillet 2007, p. 3.

* 32 Anonyme, «Contribution of farm power to smallholder livelihoods in Sub-Saharan Africa», Rome, 2005,p.17.(FAO publication)

* 33 M. Ma Pondi, «potentiel en friche, le gâchis des trésors méconnus» in Agroscope, «Ce Cameroun si fertile» Hors série Cameroun Tribune, Décembre 2010, pp. 88-89

* 34 M. C. Nnana, «si fertile et pourtant ...?in ibid. pp.5-7

* 35 Ibid. p. 5

* 36La conjoncture est l'ensemble des données variables qui déterminent à un moment précis la situation de l'économie

* 37 Politique liée à la structure économique et non à la situation ponctuelle. Elle s'inscrit dans le long terme

* 38 L. Olivier et Al., L'élaboration d'une problématique de recherche. Sources, outils et méthode, Paris, L'Harmattan/Collections Logiques Sociales, 2005, p.31.

* 39D. EsameEsame. «Exploitation forestière et développement local : cas de l'arrondissement de Mvangan». Mémoire de DIPES II, ENS Yaoundé, 2005, p.6

* 40 Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

* 41M. Grawitz, Méthode des sciences sociales, p.34

* 42 J. V. NtudaEbodé, Les Etats-Unis, les associations occidentales de science politique et question soviétique : sens et puissance à l'aube de la guerre froide, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du septentrion, 1998, p.49.

* 43B. Hibou, L'Afrique est-elle protectionniste ?, Paris, Karthala, 1996, p.32.

* 44P. Veyne, Comment on écrit l'histoire, p. 35

* 45 F. EtogaEily, Sur les chemin du développement ; essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Yaoundé, CEPMAE, 1971, p. 181.

* 46 C. S. TagneKommegne «L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation de l'Etat au Cameroun (1884-1914)» Mémoire de Master en Science Politique, Université de Yaoundé II, 2007, p.19.

* 47 H.Rosenberg, Grosse Depression und Bismarckzeit.Wirtschaftsablauf,Gesellschaft und Politik in Mitteleuropa. Frankfurt/Berlin, Wien, Ullstein 1967, p. 42. Cité par M. Fark-Grüninger, «La transition économique à l'ouest du Cameroun, 1880-1990, jeux et enjeux», Thèse de doctorat, Université de Neuchâtel, Zurich, 1995, p.43.

* 48 H. U.Wehler, Bismarck und der Imperialismus, Köln/Berlin, Kiepenheuer und Witsch, pp.65-66, 1969. Cité par M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun», p. 43.

* 49 R. Aldenhoff-Hübinger, «Le protectionnisme en France et Allemagne», Histoire et sociétés rurales, Vol. 23, 2005, pp.65-87.

* 50 C. S. TagneKommegne, «L'imposition des cultures de rente», p. 20.

* 51 Le chancelier Léo von Caprivi, conclut en 1892 et 1894 une série de traités pour les exportations industrielles avec l'Autriche-Hongrie, l'Italie, la Belgique, la Suisse, la Roumanie, la Serbie et la Russie. Ces traités furent en vigueur jusqu'à la fin de 1903 et portaient principalement sur l'abaissement des droits sur le blé et le seigle.

* 52 Le Reichskanzler Bismarck était d'abord un adversaire décidé du colonialisme. Ceci était la conséquence tout autant de sa politique extérieure qu'intérieure. Après une période marquée par de nombreuses guerres, Bismarck suivait une politique d'équilibre, que des conquêtes coloniales auraient mise en danger. De plus, à son avis les coûts d'une colonisation dépassaient largement ses bénéfices et ne valaient donc pas la peine. Mais une pression de plus en plus forte l'obligea finalement à changer de politique.

* 53 F. EtogaEily, Sur les chemin du développement, p. 139.

* 54 L. Kaptue, Travail et main-d'oeuvre au Cameroun sous régime Français, Paris, Harmattan, 1986, p.10

* 55 A. Owona, La naissance du Cameroun, 1884-1914, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 62.

* 56 T. Eyongetah, et R. Brain, A History of the Cameroon, London, Longman, 1974, p.53.

* 57 F. EtogaEily, Sur les chemin du développement, p.128.

* 58 Barth pour les régions du Nord-Cameroun dès 1850. Son travail fut poursuivi de 1869 à 1873 par Gustav Nachtigal. Un peu plus tard, de 1882 à 1883, Flegel qui était à la fois explorateur et commerçant, pénétra dans l'Adamaoua par le Niger et la Bénoué.

* 59 S. Rogozinsky, «Voyage à la côte occidentale d'Afrique dans la région des Cameroons», conférence faite à la Société de Géographie du Havre, le 24 novembre 1885 sur le rôle de Rogozinsky, in H. Rudin, Germans in the Cameroons, A case study in modem imperialism, New Heaven,Yale, 1938, pp. 43-59.

* 60 Chambre de Commerce de Hambourg, Mémoire du 6 juillet 1883, n° 8271 cité par M. Michel, «Les plantations allemandes du mont Cameroun (1885-1914)» Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 57, n°207, 2e trimestre 1970, pp. 183-213.

* 61 M. Michel, «Les plantations allemandes du mont Cameroun», p.193.

* 62 Ibid.

* 63 Ibid.

* 64 ANY, TA 22 et bis, Circulaire souveraine sur la création, la prise de possession et l'aliénation des terres de la couronne et sur l'acquisition et l'aliénation des terres dans le territoire du Cameroun du 15 juin 1896.

* 65 C. S. TagneKommegne «L'imposition des cultures de rente», p.37.

* 66 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.179.

* 67 Ibid.

* 68 C. Santoir, Sous l'empire du cacao, Etude diachronique de deux terroirs camerounais, Paris, ORSTOM/Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération, 1992, p.61.

* 69 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.191.

* 70Ibid.p.171.

* 71Ibid. p. 181.

* 72 A. Owona, La naissance du Cameroun, p. 76.

* 73 Ibid.

* 74 V.T. Levine, le Cameroun du mandat à l'indépendance, Vol 1, Paris, Nouveaux Horizon, 1970, p. 59.

* 75 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.189.

* 76 C. S. TagneKommegne «L'imposition des cultures de rente», p. 56.

* 77 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.190.

* 78 J. Von Puttkamer, Gouverneursjahre in Kamerun, Berlin, 1912 cité par M. Michel, «Les plantations allemandes du mont Cameroun,», p.187.

* 79 M. Michel, «Les plantations allemandes du mont Cameroun », p.188

* 80 Elle possède également des filiales à savoir, la KautschukPflanzungMeanja, fondée en 1903 ; la Deutsche Kautschuk A.G constituée en 1906.

* 81 Ibid.

* 82 Ibid.

* 83 H. David, P. Levang, «Le développement du palmier à huile au Cameroun», Document de travail IRD/CIFOR/WWF, 2012, p.5.

* 84 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'Ouest du Cameroun», p. 53.

* 85 L. Kaptue, Travail et main-d'oeuvre au Cameroun, p. 23.

* 86 Ibid.p.21

* 87Zintgraff est connue comme le promoteur du recrutement de la main d'oeuvre de l'intérieure du pays grâce à ses connaissances géographiques et économiques acquises lors de ses explorations et grâce aux liens d'amitié qu'il noua avec les Fon de Bali entre 1888 et 1889.

* 88 E. M. Chilver, «Paramountcy and protection in the Cameroons ; the Bali and the Germans, 1880-1913», in L. Gifford, German and Britain in Africa, 1967, p.497.

* 89 J. V. Ngoh, Cameroun 1884-1985, 100 ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990, pp. 59-60.

* 90 ANY, N.F. 3860, procès-verbaux des déclarations de chefs, 1918. Déclarations de Sase Oba, chef de région, EbenvokNgombayo (Nkomakak), Assam Ndoum (Ecohon), NyiémouriLomegouna.

* 91 C. S. TagneKommegne «L'imposition des cultures de rente », p. 55.

* 92 Au début cet impôt été seulement perçue auprès des Doualas, ensuite à partir de 1907dans tout le sud du pays.

* 93 ANB, Pf/h/1916/1, German prison laws-Victoria division.

* 94 En mars 1905, le lieutenant Rausch fit une incursion dite punitive dans la chefferie Bamendu en pays bamiléké et en ramena 61 travailleurs. Ensuite, Rausch exigea l'envoi par an de 200 autres travailleurs dans les plantations de la côte. Ce fut là, le plus important point de ce qui se passait pour un traité de paix. Les autorités de Bamendu durent accepter cette grave clause sous la contrainte des armes. InZ. Saha, «Le Bezirk de Dschang: relations entre l'administration coloniale Allemande et les autorités traditionnelles (1907 -1914)», Mémoire de maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé, 1993, p.82.

* 95 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.204.

* 96 ANY, FA 1 /790, proposition du Professeur Hass de Victoria relative à la création d'une école d'agriculture destinée aux indigènes, 1906.

* 97 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.191.

* 98 ANY, FA 1/864, rapport de l'assistant agronome Berger sur la mission dans la région du Mungo en vue d'encourager la culture du cacao par les indigènes.

* 99 ANY, FA 1/808, guide pour la culture du cacao par les indigènes produit par le centre d'essais agricoles de Victoria (projet), 1913.

* 100 F. Boisson. «Le mandat français au Cameroun», Politique étrangère n°1, 1938, pp. 59-67.

* 101 A. Sarraut, La mise en valeur des colonies françaises, Paris, Payot, 1923, p.27.

* 102 F. Boisson. «Le Mandat français au Cameroun», p.60.

* 103 Ibid.

* 104Journal Officiel du Cameroun, 1921, p.18.

* 105F.EtogaEily, Sur les chemin du développement,p.371.

* 106 L. Kaptue, Travail et main d'oeuvreauCameroun, p.34.

* 107Journal Officiel du Cameroun, 1921, p.18.

* 108 F. Boisson. «Le Mandat français au Cameroun», p.60.

* 109 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.345.

* 110 D. P. Folefack, «Coordination des acteurs dans un contexte de crise : le cas de la filière coton au Cameroun depuis 1990», Thèse de doctorat, Université rennes 2 Haute Bretagne, 2010, p.48

* 111 J-C Devèze, «Le coton, moteur du développement et facteur de stabilité du Cameroun du NordAfrique contemporaine, n° 217, 2006, pp. 107-120.

* 112 Y. Guillermou, «Organisations de producteurs et dynamiques paysannes dans l'Ouest-Cameroun », Afrique contemporaine, n° 222, 2007, pp. 251-271.

* 113 ANY, J.O.C n° 219 du 15 juillet 1929, p. 72.

* 114J-L Dongmo, Le dynamisme Bamiléké; vol. I : La maîtrise de l'espace agraire, Yaoundé, CEPER, 1981, p.125.

* 115 L. Uwizeyimana, «Après le café, le maraîchage ? Mutations des pratiques agricoles dans les Hautes Terres de l'Ouest Cameroun», Les Cahiers d'Outre-Mer, n°247, 2009, pp. 331-344.

* 116 Cependant, dès l'époque allemande, l'adjoint du major Dominik, Von Krosit, aurait donné des fèves à différents chefs de clans de la région du Sud.

* 117 Selon, A. Fadani et L. Temple, les premières plantations de cacao de la zone française se sont développées dans les départements de la Lékié et du Sud. In A. Fadani, L. Temple. «Cultures d'exportation et cultures vivrières au Cameroun», Économie rurale, n°239, 1997. pp. 40-48.

* 118 C. Santoir, Sous l'empire du cacao, p.61.

* 119 Marius Pascalet fut le premier agent d'agriculture européen, en poste à Sangmélima vers 1928. Il développa une intense activité pour répandre la cacaoculture et conseilla les nouveaux planteurs. Depuis, son nom est devenu en pays bulu, synonyme de moniteur agricole (singulier : paskalé, pluriel: bepaskalé).

* 120 ANY, APA10904/B

* 121 C. Santoir, Sous l'empire du cacao, p.61.

* 122 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun», p.59.

* 123 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p.345.

* 124 F. Boisson. «Le Mandat français au Cameroun», p. 61.

* 125 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p. 346.

* 126 F. Boisson. «Le Mandat français au Cameroun», p, 62.

* 127 M. KanguelieuTchouake, «La région du Moungo sous régime français (1916-1960) : essor économique et social», Thèse de Doctorat 3e cycle en Histoire, Université de Yaoundé, 1990, p.94.

* 128 F. EtogaEily, Sur les chemins du développement, p. 346.

* 129 Ibid.

* 130 Rapport annuel adressé par le Gouvernement français au Conseil de la Société des Nations sur l'administration sous mandat des Territoires du Cameroun, (1927-1938).

* 131 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun», p.59.

* 132 F. Boisson. «Le Mandat français au Cameroun», pp. 62-63.

* 133 Ibid.

* 134 Ibid.

* 135 ANY APA 11820, Rapports de tournées 1936-1941, Bafang (Subdivision) de Bamiléké, Noun.

* 136 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun», p.60.

* 137 V. T. Levine, Le Cameroun du mandat à l'indépendance, p. 187.

* 138 L. Kaptue, Travail et main-d'oeuvre au Cameroun, pp. 266-267.

* 139 Anonyme,«Enquête de base sur le travail des enfants dans l'agriculture commerciale/cacao au Cameroun», Rapport OIT, Février 2004, p. 5

* 140 F. TchalaAbina «Interventionnisme et dépaysannisation dans les stratégies de développement agricole en Afrique: un point de vue critique» in Kamajou (éd.) et al. «Actes du Séminaire sur les organismes d'intervention en milieu rural dans le processus de développement»,16 - 21 juillet 1984, Centre Universitaire de Dschang, 1984, pp.107-120.

* 141 Ibid. p.109.

* 142 T. MoulendeFouda, « Les mécanismes de financement en milieu rural camerounais : Une analyse des déterminants de la demande de services financiers des ménages», Thèse de doctorat en science économique, Université de Versailles, 2003, p.55.

* 143 N. Long «Rural developementstrategies and outcomes: acriticalreview», in ibidem, pp.39

* 144 B. Bekolo-Ebe, «Rétrospective d'une décennie de croissance de l'économie camerounaise : 1975-1986», Revue camerounaise de management, mars 1987, pp.7-28.

* 145 L'expérience de la planification commence au Cameroun bien avant l'indépendance : pendant la période coloniale, le Cameroun connut deux plans quadriennaux entre 1946 et 1959, sous la houlette du Fonds International de Développement Agricole (FIDA). Au moment où le Cameroun accède à l'indépendance, l'économie française vit déjà son troisième plan. Cette culture de la planification dans la métropole influença les dirigeants du jeune Etat camerounais dans l'élaboration de ses plans.

* 146 T. Mama,«Place et importance de l'agriculture dans le développement économique», Conférence annuelle des responsables des services centraux, déconcentrés et des organismes sous-tutelles du MINADER, Palais des congrès, 10-12 juin 2008, p.8

* 147 E. AntaganaEteme, «les plans quinquennaux au Cameroun» in http// :www.atangana-eteme-emeran.com/les-plans_quinquennaux_au_cameroun.php, consulté le 12 Août 2013.

* 148 Anonyme, «Processus d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques agricoles au Cameroun»,2006, p. 20. (Publication du MINADER)

* 149 T. Ondoua Manga, «Analyse des politiques agricoles mises en oeuvre au Cameroun depuis 1960», Document de travail OECD, 2006, p.5

* 150V. Achancho et A. Lothoré, «Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au Cameroun : vers la reconnaissance par les politiques agricoles des organisations de producteurs et des exploitations familiales», Etude du groupe Inter-réseaux et développement rural, 2008, p.13.

* 151 Anonyme, « Bilan diagnostic du secteur agricole 1980-1990», Février 1993, p. 11. (Publication du MINAGRI)

* 152 T. Ondoua Manga, «Analyse des politiques agricoles », p.27.

* 153 Ibid.

* 154 Conception de l'Etat qui lui assigne, notamment, la mission de prendre en charge de manière très complète les divers risques sociaux. L'Etat-providence se caractérise par un interventionnisme accru de l'Etat dans la vie économique et sociale du pays

* 155 A. Nguelieutou, «L'évolution de l'action publique au Cameroun : l'émergence de l'Etat régulateur», Polis/R.C.S.P. /C.P.S.R. Vol. 15, Numéros 1&2, 2008, p.7

* 156 Ibid.

* 157 Les cadres de concertation sur la politique du pays étant fortement contrôlé par l'Etat, le seul cadre et unique canal formel d'expression des professionnels du secteur agricole était la Chambre d'Agriculture, d'Elevage et des Forêts (CHAGRI)

* 158 Propos de M. G. AndzeTsoungui, ministre de l'agriculture en 1977 tiré de L'Economie camerounaise « L'agriculture camerounaise », 2e édition, 1977, p.2.

* 159 A.T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations des politiques économiques au Cameroun sous l'ère du président Ahmadou Ahidjo de 1960 à 1982 : analyse historique» in AnaleleUniversitãþii Dunãrea de Jos Galaþi, seria 19, Istorie, tom VIII, 2009, pp.231-227.

* 160 A. Ahidjo, Par lui-même, Monaco, Edition Paul Bory, 1968, pp.54-55, cité par A.T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations», p.215.

* 161 G. H. FongangFouepe, «Les mutations du secteur agricole bamiléké étudiées à travers ses acteurs : Une analyse à partir des localités de Fokoué et de Galim» Thèse de Doctorat, Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement, Paris, 2008 p. 71.

* 162M. Gaud, Les premières expériences de planification en Afrique noire, Paris, Cujas, 1967 p. 59.

* 163 Le crédit rural apparaît un peu plus tard dans la chaîne

* 164 Il s'inspirait des deux plans FIDES mis en place par la France Coloniale en 1945 et 1953.

* 165 Ministère de l'économie et du plan, le Cameroun économique, Yaoundé, 1976, p. 34.

* 166 E. AntaganaEteme, «les plans quinquennaux au Cameroun», p.2.

* 167 Recouvrant à lui seul 85% du financement.

* 168 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.57.

* 169 M Tankou, «L'historique de la politique camerounaise en matière de développement rural depuis1960» in Kamajou (éd.) et al., «Actes du Séminaire », pp.49-64.

* 170 Anonyme, «la politique agricole dans le second plan quinquennal», Fond documentaire ORSTOM n°15380, 1966 p.2.

* 171 P. Gubry J-M. Wautelet, «Population et processus de développement au Cameroun» in C. QueteletIntégrer population et développement, Paris, Académie/l'Harmattan, 1993, pp. 641-667.

* 172 Il fut par exemple envisagé, lors du second plan quinquennal de porter à 35 000 ha la superficie de la cacaoyère camerounaise intéressée par une telle action; soit 10% de la surface totale cultivée en cacaoyers. Une demande de financement d'un montant de 164 millions de francs CFA fut déposée auprès du Fonds d'aide et de Coopération.

* 173 Anonyme, «la politique agricole dans le second plan quinquennal», p. 3.

* 174 E. AntaganaEteme, «les plans quinquennaux au Cameroun», p.2

* 175 Dans les années 60, le phénomène d'urbanisation entraina l'augmentation de ce phénomène qui à son tour entraina les jeunes actifs en dehors du circuit de production agricole, provoqua une dégradation des infrastructures villageoises, accéléra la croissance démographique dans les villes et posa par la suite le problème du type d'industrialisation.

* 176 Pendant cette période, les produits agricoles d'exportation représentaient plus de 50% de la valeur des exportations du pays.

* 177 J. Champaud, «L'économie cacaoyère du Cameroun» Cahiers de l'ORSTOM, série Sciences humaines, 1966, pp.106-123

* 178 Entretient avec NdongNguema, 82 ans, planteur de cacao, Abang-Minko'o, le 27 juillet 2013.

* 179 H. Bella, «Agriculture et croissance économique au Cameroun», Mémoire ISSEA, 2009, p. 36.

* 180 E. Bamou, et al, «Agriculture et nouveau programme des négociations de l'OMC des années 2000: analyse économique des intérêts et options politiques du Cameroun», étude de la Banque Mondiale, Février 2001, p.4.

* 181 L. Uwizeyimana, «Après le café, le maraîchage», p.334.

* 182 Ibid. p. 336

* 183 J. Gaillard, E. Zink, «Les capacités de recherche scientifique au Cameroun: Une évaluation de l'impact des activités de l'IFS», Rapport International Foundation for Science (IFS), Stockholm, 2003 p.11.

* 184 H. Khelfaoui et J. Gaillard, «La science au Cameroun», Paris, IRD, Rapport final du 21 décembre 2001, p.14.

* 185 À Dschang en 1925 (café arabica et quinquina), à Ngaoundéré en 1930 (productions animales), à Bambui en 1933 (cultures vivrières), à Ebolowa en 1938 (café robusta et cultures vivrières), à Nkongsamba (sols) et à Djarengol-Maroua (arachide et traction animale)

* 186 Après la deuxième Guerre Mondiale, les premiers instituts français spécialisés dans la recherche agricole coloniale commencent à s'installer au Cameroun. L'Institut Français des Fruits et Agrumes Coloniaux (IFAC, qui deviendra plus tard l'IRFA) est le premier à s'installer à Njombé en 1944, suivi par l'Institut de Recherche pour les Huiles et Oléagineux (IRHO) à Dibamba en 1948 et l'Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des pays Tropicaux (IEMVT) à Wakwa en 1955. Ces trois derniers instituts sont également présents dans la plupart des pays d'Afrique Centrale et de l'Ouest.

* 187 D'une manière générale, l'ORSTOM monopolisa les recherches en Afrique francophone pendant plus de soixante ans. Au Cameroun, ce monopole a persisté longtemps après l'indépendance

* 188 Anonyme, «l'amélioration de la gestion de la recherche agricole au Cameroun», Rapport International Service for National Agricultural Research (ISNAR), Institut Panafricain pour le Développement (IPAD), Juin 1984, p.8

* 189 H. Khelfaoui et J. Gaillard, «La science au Cameroun», p.16

* 190 C. G. Mbock et al., «Utilisation des résultats de la recherche dans l'action publique au Cameroun», Revue internationale des sciences sociales , 2004 n°179, p. 43-51.

* 191 Ibid. p.50.

* 192 Anonyme, «l'amélioration de la gestion de la recherche agricole», p.9.

* 193 H. Khelfaoui et J. Gaillard, «La science au Cameroun», p.19.

* 194A. M.MbiliOnana, «Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques camerounaises : le rôle du conseil d'administration», Mémoire de DEAen Sciences de Gestion,Université de Yaoundé II Soa, 2004, p.22. 

* 195J.M. Tedga, Entreprises publiques, Etat et crise au Cameroun. Faillite d'un système, Paris,L'Harmattan, 1990, P.78

* 196 Les EPIC ou Entreprise publics Industrielles et Commerciales sont créés après par décrets présidentiels ou par voies législatives, décrets et lois qui définissent leurs natures et qui déterminent leurs activités. Leur capital est alloué par la loi ou le décret créant l'établissement. Ils sont soumis à des règles de gestion en vigueur dans les établissements du secteur privé, mais avec des obligations de service public. Leur capital est financé par le budget de l'Etat. De même, leur dissolution intervient par un décret ou une loi, ainsi que leur restructuration et/ou privatisation.

* 197 Il faut noter que certaines entreprises privées sont également présente. C'est le cas de PAMOL, SABC, UCB et GUINNESS

* 198 E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises publiques au Cameroun, Douala, Presse Universitaire de Douala, 2007, p. 13

* 199 Ces sociétés sont la résultante de la confrontation de deux écoles de pensée ; la première préconisant la préférence de l'Etat pour les complexes agro-industriels tandis que la seconde est une plaidoirie en faveur de la «villagisation». C'est cette deuxième école qui va influencer la création des sociétés de développement à qui l'Etat avait assigné, en plus des critères de croissance, de productivité et de rentabilité, celui de la garantie de l'intérêt social

* 200J.M. Tedga, Entreprises publiques, p.43.

* 201 Ibid.

* 202 G. Courade, «Organisation paysanne, sociétés rurale, Etat et développement au Cameroun (1960-1980)» Colloque sur l'économie politique du Cameroun - perspectives historiques, Tome I, Leiden, Juin 1988, pp.57-93

* 203 Anonyme, «Evaluation du projet de développement rural intégré ZAPI Cameroun : annexes techniques», Rapport Banque Mondiale n°1737a-CM, Février 1978, Annexe 3 p.1.

* 204 Ibid.

* 205Anonymous, «ZAPI integrated rural developmentproject (credit 776-cm)» World Bank projectcompletion report n°6808, May 29, 1987, p.23

* 206 J-C Barbier, «opérations de développement et histoire des populations cas de l'opération Yabassi-Bafang (Cameroun)» Cahiers de l'O.R.S.T.O.M., série Sciences Humaines, volume XVI, n° l-2, 1979, pp.129-158.

* 207 P. Gubry J-M. Wautelet, «Population et processus de développement au», p. 648.

* 208 J-C Barbier, «A propos de l'opération Yabassi-Bafang (Cameroun)», ONAREST, 1977, p.15

* 209P.Gubry et al. «Population et planification du développement au Cameroun» Cahiers de l'O.R.S.T.O.M, Revue scientifique et technique sciences humaine Vol.V-1987/1988, pp.15-33

* 210 Ibid. p.39

* 211 J-C Barbier, «opérations de développement et », p. 132.

* 212 L'opération fut premièrement motivée par une situation militaire. A la veille de l'accession du Cameroun à l'indépendance, la région de Douala et les pays basaa et bamiléké connaissent de graves troubles politiques causés par des éléments upécistes qui contestent la façon dont s'opère cette accession à l'indépendance. En 1960, l'ensemble du pays bamiléké connaît une véritable guerre civile. L'intervention de l'Armée y met rapidement fin mais des upécistes se réfugient à la périphérie des plateaux bamiléké où ils forment des maquis. Ils s'installent, notamment dans la région de Nkondjok où le relief tourmenté, couvert de foret, et à l'écart de toute voie de communication, constitue un excellent refuge pour des centres de formation et d'entrainement, puis de repli. Par la main mise sur cette région, les maquisards ont accès au Mungo, à Douala, et au pays basaa, sans avoir besoin d'emprunter les axes routiers où les contrôles policiers et militaires sont fréquents. Lors du lancement de l'opération, les maquis ont, déjà été désorganisés, mais des éléments isolés restent encore dangereux.

* 213 J.C Barbier, «Les villages pionniers de l'Opération Yabassi-Bafang, Aspects sociologiques de l'émigration

Bamiléké en zone de forêt dans le département du Nkam», Yaoundé, ORSTOM, 1971, p.120.

* 214 Présence effective, construction d'une case tôlée en brique de terre sèche, défrichement d'une superficie minimum

* 215 Dès la création de la Communauté en 1957, le traité de Rome réservait une place particulière aux territoires d'outre-mer (essentiellement les colonies belges et françaises) des Etats membres. Les articles 131 à 136 (anciens) du Traité prévoyaient la mise en place d'une association entre la Communauté et les pays et territoires d'outre-mer. Celle-ci avait pour objectif la promotion du développement économique et social des pays en question, et l'établissement de relations économiques étroites entre eux et la communauté dans son ensemble

* 216 A. Diallo, «La dimension politique du partenariat U.E. / A.C.P. depuis l'Accord de Cotonou : défis, enjeux et perspectives» Thèse de Doctorat de Droit Public nouveau régime, Université de Reims, 2008, p.16.

* 217 Ibid.

* 218 Anonyme, «Cameroun, Fond Européen de Développement 1960-1975», Bruxelles, Rapport de la Commission des Communautés Européennes, 1977, p.9.

* 219 Ibid.

* 220 D. Frisch, «La politique de développement de l'Union européenne, un regard personnel sur 50 ans de coopération internationale», Maastricht, Rapport Centre Européen de Gestion des Politiques de Développement, 2008, p.4

* 221 Ibid.

* 222 Anonyme, «Cameroun, Fond Européen de», p.10

* 223 Ibid.p.21

* 224 350 kg à l'ha.

* 225Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'Union européenne aux pays ACP, Evaluation sur le terrain, étude de pays 4 : Cameroun» RapportlnvestmentDevelopmentConsultancy, Août 1988, p.3

* 226 Ibid.

* 227 Ibid.

* 228 Anonyme, «Cameroun, Fond Européen de», p.12.

* 229 Cet échec était dû à l'omniprésence exponentielle de l'Etat dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricoles qui rendait ainsi l'initiative privé inexistante une mauvaise orientation des stratégies de développement

* 230 A. T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations», p.220.

* 231 E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises publiques, p.31.

* 232 A. D. Tezampa, «Planification économique au Cameroun : méthodologie d'élaboration des plans», Mémoire de Maîtrise en Sciences Economiques, Université de Yaoundé, 1987, pp50-56. Cité par A.T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations», p.219.

* 233 A. T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations », p.220.

* 234 P. Verre, «Cameroun : du développement autocentré au national libéralisme», Politique Africaine, n°22,1986, pp.120-137.

* 235 Ibid.p.120.

* 236«Présentation du 3e Plan quinquennal de développement à l'Assemblée Nationale», communication de S. E. El Hadj Ahmadou Ahidjo, Président de la République Unie du Cameroun, Yaoundé, le 17 Août 1971.

* 237 L'accent est mis sur l'industrie en général, l'énergie et les mines qui prennent 25,1% contre 9,02% pour le développement rural et 20,5% pour les infrastructures sur un volume des investissements qui s'élève à 280 milliards de FCFA.

* 238 «Présentation du 3e Plan quinquennal de développement », p.12.

* 239 G. B. TamokwePiaptie, «Globalisation et diversification dans l'appareil industriel du Cameroun», Thèse de doctorat Ph.D. es sciences économiques, Université de Douala, 2004, p.80.

* 240 G. Courade, «Des complexes qui coûtent cher : la priorité agro-industrielle dans l'agriculture camerounaise», Politique africaine n°14, juin 1984, pp.75-9.

* 241 Lire : Anonyme, « Bilan diagnostic du secteur agricole de 1960 à 1980», Yaoundé, 1980, (publication du Ministère de l'Agriculture)

* 242 Anonyme, «Le Vème Plan de Développement Economique, Social et Culturel 1981-1986», Yaoundé, 1986, p.4. (Publication du Ministère du Plan et de l'Aménagement du Territoire)

* 243 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.58.

* 244 E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises,p.14.

* 245 G. Courade et al., «L'Union centrale des Coopératives agricoles de l'Ouest du Cameroun (UCCAO) : de l'entreprise commerciale à l'organisation paysanne», Tiers-Monde, «Politiques agraires et dynamismes paysans : de nouvelles orientations ?», tome 32, n°128. 1991, pp. 887-899.

* 246V. Achancho et A. Lothoré,«Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au Cameroun», p.1.

* 247E. Bamou, et al., «Agriculture et nouveau programme des négociations», p.5

* 248 M. Moupou, L. AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun», Les Cahiers d'Outre-Mer, n°61, 2008, pp.163-183.

* 249 Créée le 10 mai 1974

* 250 R. Abate, «Crise économique et politique de relance de la production vivrière dans l'espace rural d'Ebolowa II», mémoire de DIPES II, option géographie, Université de Yaoundé I, ENS Yaoundé, 2012, p.60

* 251 Créée en mars 1975

* 252 Créée le 30 avril 1975

* 253 Créée depuis 1947 mais transformée en société de développement le 28 Septembre 1973

* 254W.-A  Ndongko, La gestionéconomique du Cameroun. Politiques et performances, Yaoundé, Institut des SciencesHumaines, Fondation Friedrich Ebert, 1984 cité par E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises, p.16

* 255 Politique de promotion des cultures vivrières lancée par l'Etat dans le but d'assurer l'approvisionnement des villes

* 256 ANY,Journal Officiel du Cameroun, Numéro du 1er octobre 1973, p.16.

* 257 Décret n°73/584 du 26 septembre 1973 portant sur la création de la Mission de Développement des cultures Vivrières et maraîchères, article 3.

* 258L'économie camerounaise, p.13.

* 259 E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises,p17.

* 260 Ibid.

* 261 A l'exception du Nord (alimentation basée sur le mil-sorgho), les féculents (manioc, igname, taro, macabo, patate douce et banane plantain) occupent une place importante dans l'alimentation.

* 262 Entretient avec R. Ada Alo'o,71ans, planteur de cacao Ndjazeng, le 24 Août 2013

* 263 R. Abate, «Crise économique et politique de relance», p.59.

* 264 C. Santoir, Sous l'empire du cacao, p.156.

* 265 R. Abate, «Crise économique et politique de relance», p.58.

* 266 Entretient avec J. Abondo, 70 ans, planteur de Cacao, Biba, le 12 juillet 2013

* 267 Lire Y. Guillermou, «Organisations de producteurs et dynamiques paysannes dans l'Ouest-Cameroun», Afrique contemporaine, n° 222, 2007, p. 251-271

* 268Lire D. P. Folefack, «Coordination des acteurs dans un contexte de crise», p.164.

* 269 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun»,p.81

* 270 Sa mise en place effective est accompagnée de celle de neuf instituts de recherche camerounaises et français, parmi lesquelles nous avons : l'Institut des cultures pérennes ( ICP), l'institut français du café, du cacao (IFCC), L'Institut des Cultures Vivrières et Textiles (ICVT ), l'institut de Recherches Agronomiques Tropicales et des cultures vivrières (IRAT), l'institut Français de recherche fruitière outre - mer (IFAC), L'institut des Recherches Médicales et d'Etude des Plantes Médicinales (IMPM) etc.

* 271 H. Khelfaoui et J. Gaillard, «La science au Cameroun», p.18.

* 272 Ibid.

* 273 Anonyme, «l'amélioration de la gestion de la recherche agricole au», p.7.

* 274 Réduction du nombre d'instituts de recherche de neuf à cinq et allégement des missions.

* 275 C. G. Mbock et al. «Utilisation des résultats de la recherche», p.44.

* 276 E. Bamou, et al., «Agriculture et nouveau programme des négociations», p.4 et Anonyme «l'amélioration de la gestion de la recherche agricole au», p.9.

* 277 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.63.

* 278 F. Kamajou «Establishingcostestimates of agricultural lendingfrommultipurpose agricultural projets», MS Thesis, University of Illinois, 1975, p.145

* 279 Dès l'indépendance, l'une des premières actions du nouveau gouvernement camerounais fut la création de la Banque Camerounaise de Développement (BCD) dont l'une des principales missions était d'assurer la distribution du crédit en milieu rural pour en stimuler le développement.

* 280 E. Foko, « Les paysans de l'ouest Cameroun face au crédit agricole institutionnel», Économie rurale, n°219, 1994. pp.12-15.

* 281K. Fodouop, Citadins et développement des campagnes au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 2003, p.70.

* 282 M. Roesch, et al., «Financer la campagne agricole dans un contexte de libéralisation : de nouvelles formes de coordination entre acteurs à construire», in J. Y. Jamin, et al.(éds), «Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis», Actes du colloque, mai 2002, Garoua, CIRAD, 2003, p.4

* 283 Les activités du FONADER allaient au-delà de l'approvisionnement des planteurs en engrais et couvrent tous les autres intrants agricoles tels que les produits phytosanitaires

* 284 I. ManfouoFountongNamekong, «Les effets de la disparition des organismes publics d'appui financier et de la libéralisation des filières sur le monde agricole dans la région de l'ouest Cameroun» Mémoire de Master,Université de Dschang, 2012, p.35.

* 285 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.176.

* 286 D.S. Kouomou, Structure, Performance et Portée des Institutions de Finance Rurale : Une Analyse du Réseau des Caisses Populaires du Cameroun (CamCCUL), Göttingen, Cuvillier Verlag, 2006, p.120.

* 287 E. Foko, « Les paysans de l'ouest Cameroun face au crédit», p.14.

* 288P. Janin, «Un planteur sans Etat peut il encore être planteur », Politique africaine, n°62 juin 1996, p.49.

* 289 Anonyme, «Bilan diagnostic du secteur agricole», p.100.

* 290 Article 40

* 291 Article 42 du décret d'application

* 292 D. P. Folefack, «Coordination des acteurs dans un contexte de crise», p.166.

* 293 G. Fongang, «Les organisations de producteurs en Afrique de l'Ouest et du Centre : attentes fortes, dures réalités, le cas du Cameroun», Rapport Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM) Septembre 2012, p. 17

* 294 Créée vers 1948

* 295 Créée en 1932

* 296 G. H. FongangFouepe, «Les mutations du secteur agricole bamiléké», p.107.

* 297 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.179.

* 298 Ibid.

* 299 Ibid.

* 300 Ibid.

* 301 Plusieurs autres organismes jouèrent un rôle similaire dans la commercialisation des produits agricoles. L'Office Céréalier pour stabiliser les prix des céréales ; Les sociétés de développement qui constituaient l'acheteur exclusif de la production en fin de campagne telle que la SODECOTON, qui jouèrent ce rôle auprès de nombreuses associations paysannes du Nord-Cameroun ; la MIDEVIV pour les cultures vivrières.

* 302 H. L. Van der Laan, «Cameroon's main marketing board, History and scope of the ONCPB», Workingpapers n° 10, AfricanStudies Centre Leiden, 1987, p.6.

* 303 I. ManfouoFountongNamekong, «Les effets de la disparition des organismes publics», p.37.

* 304 Anonyme, «Bilan diagnostic du secteur agricole», p.99.

* 305 La fourniture des intrants agricoles était mise à la disposition des agriculteurs sous forme de crédit et les coûts de crédit étaient déduits du prix de vente ultérieur des récoltes.

* 306 H. L. Van der Laan, «Cameroon's main marketing board», p.9

* 307 Système de stabilisation des recettes d'exportations créé dans le cadre de la première Convention de Lomé en 1975. Il s'agit-en d'autres termes d'un système de compensation du déficit des recettes d'exportation des Pays ACP en raison de la fluctuation des prix. Les instruments Stabex visent à aider respectivement le secteur agricole. Lorsque le Stabex fut créé, il correspondait à la volonté d'apporter aux pays ACP et plus particulièrement aux agriculteurs produisant des biens exportés vers la Communauté européenne une garantie de revenu face aux chutes qu'ils pouvaient connaître (de prix ou de quantité) à la suite d'aléas dus à des facteurs imprévus d'ordre externe ou interne (marchés internationaux, climat,...). Cet instrument, faut-il le rappeler, n'était dans la première Convention de Lomé, comme dans les autres, qu'une des modalités de coopération avec les pays ACP, à côté des autres aides du Fonds européen de développement, en partie destinée elle-même à l'agriculture, à côté également de mesures particulières, comme le protocole sucre et de la coopération commerciale. La convention de Cotonou (2000) met fin à ce système.

* 308 Banque Mondiale

* 309 X. Leroux, «Politiques agricoles de la banque mondiale et modernisation des systèmes paysans d'Afrique sub-saharienne», Mémoire de maitrise en Science Politique, Université du Québec, Montréal, 2007, p.26.

* 310 Anonyme, «La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2004», Rapport FAO, 2004, p.30.

* 311 X. Leroux, «Politiques agricoles de la banque mondiale ».p.27.

* 312 A. T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations», p.221

* 313Anonyme, «Comice agricole de Ngaoundéré du 10 au 11 décembre 1974, Yaoundé», 1975, p. 7. (Publication duMINAGRI)

* 314 R.Taton, «Le Cameroun, les perspectives des cinq prochaines années en agriculture et élevage», Europe d'Outre-mer, n°548, septembre 1975, pp. 27-49.

* 315 A. T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations des politiques», p.221.

* 316 M. Fark-Grüninger, «La transition économique à l'ouest du Cameroun», p.83.

* 317 G. H. FongangFouepe, «Les mutations du secteur agricole bamiléké», p.87.

* 318 M. Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du Cameroun», p.84.

* 319 P. Dessouanne, P. Verre, «Cameroun : du Développement Autocentré au National Libéralisme», Politique Africaine, n° 22, 1986, pp.120-137.

* 320 Entretient avec C. Ondo Eyi, 42 ans, Conseiller d'orientation au lycée de Banganté, le 14 Aout 2013

* 321 J.-C. William, «Cameroun : les avatars d`un libéralisme planifié» politique Africaine, n° 18, 1985, pp 44-70

* 322Anonyme, 65 ans, Ingénieur agronome à la retraite, Yaoundé, le 12 juin 2013.

* 323 Le cours moyen mondial du café arabica qui était de 1953 f cfa / kg en 1985 baissa à 782 f cfa en 1987. Celui du Cacao qui était de 1039 f cfa / kg en 1985 baissa à 760 f cfa le kg en 1986. Le cours moyen mondial du café robusta qui était de 1094 f cfa / kg en 1986 baissa à 651 f cfa / kg en 1987.

* 324 Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP: Cameroun», Rapport Investissement DevolppmentConsultancy, Août1998, p.10

* 325 Gestion privilégiant l'intérêt privé à l'intérêt public, théorisée par Jean-François Bayart. A titre d'exemple, la bureaucratie chargée de la gestion des offices de commercialisation avait une fâcheuse tendance à consommer elle-même un pourcentage croissant des ressources dégagées, aussi bien par les charges salariales que par l'appropriation frauduleuse.

* 326 A. Chouchane-Verdier, «Une analyse empirique de l'impact de la libéralisation financière en Afrique subsaharienne sur la période 1983-1996», Revue Tiers Monde, n°179, 2004, pp. 617-641.

* 327 La crise toucha beaucoup plus tardivement le Cameroun que ses voisins ivoiriens et nigérians

* 328 J. Herrera, « La nature de la crise financière camerounaise et les mesures prises pour la combattre: faut-il ajuster le programme d'ajustement structurel?» in G. Courade (sd), Le village camerounais à l'heure de l'ajustement, Paris, Karthala, 1994, pp. 40-51.

* 329 Paiement des fonctionnaires, dépenses de fonctionnement et d'investissement

* 330 S. Brunel, « Les difficultés du Cameroun: fin d'un modèle ou crise de croissance ?», L'information géographique, Vol. 67 n°1, 2003.pp.134-142.

* 331Anonymous, « Trends in Developing Economies», Washington, World Bankrepport, (1990), p.76

* 332C. EkomoEngolo, «Mutations socio-économiques et conditions de vie des ménages ruraux au Cameroun», Revue française de sociologie, 2001, 42-2. pp. 281-294.

* 333 A. Aziz Sy et al. (eds.), «Diagnostic du système national de recherche et de vulgarisation agricoles du Cameroun et stratégie de renforcement des capacités pour la dissémination des connaissances et des technologies agricoles», 2008, p.13 (une étude du FAO)

* 334 Ibid.

* 335 Les deux programmes d'ajustement conclus avec le FMI en 1988, puis en 1991, avaient échoué malgré un appui financier important de la France (3 250 millions de FF de 1988 à 1993). Les décaissements avaient été suspendus en 1992. Le Cameroun avait mis en oeuvre en 1993 des mesures d'ajustement réel notamment en baissant de 35 à 60 % les salaires des agents de 1'Etat in P. Hugon «Sortir de la récession et préparer l'après-pétrole: le préalable politique» politique africaine n°62, 1996, pp. 35-44.

* 336Abdoul Aziz Sy, «Diagnostic du système national de», p.14.

* 337 S. Fambon et al. «Réformes économiques et pauvreté au Cameroun durant les années 80 et 90, dynamique de la pauvreté et de la répartition des revenus au Cameroun durant les années 80 et 90», Rapport intérimaire Projet Collaboratif sur la Pauvreté/AERC/CIRPEE/UYII, Université Yaoundé II, Mars 2004, p.25.

* 338 J. Toye «Contexte, hypothèses, origine et diversité», in R. Van Der Hoeven et F. Van Der Kraaj (sd) L'ajustement structurel et au-delà en Afrique subsaharienne. Thèmes de recherche et thèmes politiques, Paris, Khartala, 1995, pp. 41-66.

* 339 Anonyme, «Examen des politiques commerciales au Cameroun», Rapport OMC, Juin 2001, p.10.

* 340 Ibid.

* 341 M. Moupou et L. AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer n° 241-242, Janvier-Juin 2008, pp. 163-183.

* 342 V. Alary, «La libéralisation de la filière cacaoyère vue et vécue par les planteurs», Revue Région et Développement n°4, 1996, p.8

* 343 J-D. AwoumouAmougou «La Libéralisation des marchés et le développement durable en Afrique : le cas du secteur agricole au Cameroun», Mémoire de Master, Ecole Nationale d'Administration (ENA) (Strasbourg), 2004, p.21

* 344 Office National du Café et du Cacao

* 345G. Courade, I. Grangeret, P. Janin, «La liquidation des joyaux du prince : Les enjeux de la libéralisation des filières café-cacao au Cameroun», Politique africaine, n°44, 1991 pp. 121-128.

* 346 P. Nguihé Kanté, « Les contraintes de la privatisation des entreprises publiques et parapubliques au Cameroun» Revue internationale de droit économique t. XVI, 2002, pp. 603-625.

* 347 Ibib.p.611

* 348M. Griffon et al., «Filières agroalimentaires en Afrique comment rendre le marché plus efficace ?» Ministère des Affaires étrangères (France), 2001, p.276 (une étude du CIRAD)

* 349V. Achancho et A. Lothoré, «Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au Cameroun», p.2.

* 350 Organisations Paysannes, Organisation de Producteurs

* 351 La stratégie de la Banque est essentiellement centrée sur les programmes d'aide au développement agricole et rural dans les domaines suivants : i) mise en place de l'infrastructure rurale ; expansion des activités agroindustrielles du secteur privé ; iii) mise en place et capitalisation de réseaux financiers privés plus efficaces ; iv) meilleure gestion des ressources naturelles ; v) renforcement des capacités ; et vi) intégration régionale

* 352M. J. NkodoNgono, «Aide au développement de l'agriculture du Cameroun», draft document de travail OECED, 2007, p.35.

* 353Anonyme, «Implications des acteurs ruraux dans la définition des politiques de développement des filières vivrières en Afrique de l'Ouest et du Centre»,Rapport de synthèseFondation Rurale de l'Afrique de l'Ouest,Avril 2011, p.40.

* 354 Ibid.

* 355 République du Cameroun, «Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural (DSDSR)», 2005, p.4

* 356 Ibid.

* 357E. Bamou, et al., «Agriculture et nouveau programme », p.4.

* 358 Anonyme, «Cameroun étude de compétitivité de la chaine de valeur du secteur agricole», Rapport Banque Mondiale, n°AAA25-CM, juin 2008, p.9.

* 359 Ibid.

* 360 L'IRAD est un établissement public administratif doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est placé sous la tutelle du MINREST et du Ministère des finances et du budget. Il dispose d'un organe d'orientation et de contrôle, le conseil d'administration; d'un organe de gestion, la direction générale dont l'outil central de gestion technique est la direction scientifique; de deux organes consultatifs qui sont (i) au niveau national: le comité scientifique et le comité national des programmes et (ii) au niveau régional: les comités régionaux des programmes; des structures opérationnelles décentralisées que sont les centres et stations de recherche. L'IRAD hérita du personnel de l'IRA et de l'IRZV. Mais la mise en place des réformes au niveau des structures s'est accompagnée d'un allègement des effectifs. C'est ainsi que quelques chercheurs ont quitté le dispositif de IRAD.

* 361A. Aziz Sy et al. (eds.), «Diagnostic du système national de recherche», p.25.

* 362 A. Njoya, «Quelle évolution de la recherche agricole», p.5.

* 363 SODECOTON pour la filière coton, la CDC et HEVECAM pour la filière hévéa, etc.

* 364 En 1988 débute le Programme national de vulgarisation et de formation agricole (PNVFA), avec une phase pilote dans 4 régions : Extrême Nord, Sud, Nord ouest et Est. Le PNVFA fut remplacé par le PNVA en 1995 (programme national de vulgarisation agricole), puis PNVRA en 1998 (Programme national de vulgarisation et de recherche agricole).

* 365A. Aziz Sy et al. (eds.), «Diagnostic du système national de recherche», p.40.

* 366 Ibid.

* 367E. Bamou, et al., «Agriculture et nouveau programme», p.5.

* 368 Cette institution est le produit des anciennes institutions françaises de recherche en agronomie tropicale implantées au Cameroun depuis 1942

* 369 Autrefois l'ORSTOM

* 370 A. Njoya, «Quelle évolution de la recherche agricole», p.5.

* 371 Ce projet fut finalement arrêté, pour manque de financement.

* 372 T. Ondoua Manga, «Analyse des politiques agricoles», p.18.

* 373 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement en milieu rural camerounais», p.183.

* 374 Anonyme, «SustainableDevelopmentDepartment», July 1997, in http://www.fao.org/waicent/faoinfo/sustdev/WPdirect/WPre0017.htmconsulté le 12 mai 2013.

* 375 P. Nguihé Kanté, « Les contraintes de la privatisation des entreprises», p.623.

* 376 J-D. AwoumouAmougou «La Libéralisation des marchés et le développement durable en Afrique», p.35.

* 377 A. Njoya, «Quelle évolution de la recherche agricole», p.6.

* 378 Ibid.

* 379 Anonyme, «Elaboration et Evaluation des Politiques Agricoles : Outils et Méthodes», 2002, p.12 (publication du MINAGRI)

* 380 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement », p.81.

* 381 P.Guillaumontet al., «Evaluation globale du Stabex », Rapport CERDI/CNRS, Novembre 1997, p.257.

* 382 Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP: Cameroun», p.16.

* 383 L. Uwizeyimana, «Après le café, le maraîchage», p.339.

* 384 M. Moupou et L. AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun», p.166 

* 385 la CAMCCUL avec ses 360 agences qui virent le vu le jour ; Les Caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées (CVECA) disposant de 173 caisses etc.

* 386 Les Mutuelles Communautaire de Croissance (M) sont des institutions financières mises en place et gérées par des membres de la communauté et dont la mission est principalement de promouvoir le développement rural. Environ 90% des M ont été mise en place dans des zones rurales reculées de 5,000 à 25,000 habitants. Leurs services ciblent ainsi les populations rurales. Le concept de M fut développé par le Dr. Paul Fokam, co-fondateur et banquier qui affirmait: La victoire contre la pauvreté (VP) est possible si l'on combine les moyens (M) et les compétences (C) de la communauté (C) : (VP=M x C x C=M). La première M vit le jour en 1992 à Bayam, une communauté rurale de la province ouest du Cameroun. Depuis lors, le réseau s'est rapidement développé en termes de nombre d'institutions et de personnes touchées.

* 387 Les GIC fonctionnent comme les coopératives et fondent leurs actions sur l'entreprenariat en milieu rural. Ces groupements se développent de façon exponentielle et constituent une véritable armée paysanne, structurée, ramifiée, qui irrigue le village camerounais

* 388 M-R. Mercoiret et Denis Pesche, «Capitalisation des enseignements des programmes d'appui à la professionnalisation de l'agriculture en Afrique de l'Ouest et du Centre : Le cas du Cameroun», Document de travail provisoire, Paris, ministère des Affaires étrangères, 2003, p.23.

* 389 Ibid.

* 390 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.56.

* 391E. Bamou, et al., «Agriculture et nouveau programme», p.6.

* 392P. Jagoret, et al., «Diversi?cation des exploitations agricoles à base de cacaoyer au Centre Cameroun : mythe ou réalité ?»Biotechnol. Agron. Soc. Environ. n°13, 2009, pp.271-280.

* 393 Les femmes participèrent activement à cette pluriactivité tant au niveau de la dynamique interne au ménage par la survie alimentaire, source de revenus monétaires incontournables, qu'au niveau des échanges commerciaux. La commercialisation des vivres par les femmes assurait dorénavant la survie de la famille en crise.

* 394 H. Biki, et al., «L'Impact de la crise économique sur les systèmes agricoles et le changement du couvert forestier dans la Zone Forestière humide du Cameroun» Center for International ForestryResearch (CIFOR) occasionalpaper n°27, February 2000, p.7

* 395 Ibid.

* 396 les PFNL alimentaires sont des produits d'origine biologique, autres que le bois, dérivés des forêts, d'autres terres boisées et d'arbres hors forêts et destinées à l'alimentation humaine, l'alimentation animale, à la transformation agroalimentaire et à la commercialisation. Ils peuvent être récoltés dans la nature, ou produits dans des plantations forestières ou des périmètres d'agroforesterie, ou par des arbres hors forêt.

* 397 Ibid.p.15

* 398B. YelemHamman, «Implication des populations riveraines dans la gestion de la forêt communale tout en déterminant la place qu'occupe l'exploitation des PFNL, comme instrument de lutte contre la pauvreté dans le plan stratégique d'exploitation de la commune rurale de Dimako», Mémoire Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de Dschang, 2005, p.15.

* 399 V. Alary et G. Courade, «Une expérience inédite : l'opération chèque planteur au Cameroun» Le Courrier n°151, Mai-juin 1995, pp.73-74.

* 400 Ibid.

* 401 Ibid.p.74

* 402 D. P. Folefack, «Coordination des acteurs dans un contexte de crise », p.144

* 403 Grâce aux diverses réformes et aux retombées de la dévaluation en 1994, le contexte économique marque une certaine reprise de la croissance avec quelques performances économiques prometteuses: taux de croissance de l'ordre de 5% par an depuis 1994/95, les déficit budgétaire tombe à moins de 2% du PIB, le taux d'inflation est maîtrisé autour de 3,5%.

* 404Anonyme, 40 ans, fonctionnaire à la délégation départementale de MINADER Ambam, le 21 Juin 2013.

* 405 R. TsafackNanfosso, «Economie politique d'une dynamique dans les exportations camerounaises», Nordic Journal of AfricanStudies n°15, 2006, pp.344-366.

* 406 Entretient avec E. Essono Ondo, 65 ans, planteur de cacao et professeur de lycée en retraite, Ambam, 13 Août 2013

* 407Entretien avec G. Ekoto, 55 ans, producteur de cultures maraichères, Sangmelima, le 03 Mars 2013.

* 408Anonyme, 48 ans, Ingénieur agronome en service à l'IRAD, (antenne de Nkoevone), le 19 juin 2013

* 409 Anonyme, «Cameroun-évaluation de l'assistance du groupe de la banque au secteur agriculture et développement rural, 1996-2004», 2008, p. 5. (Etude de la BAD)

* 410 Anonyme, «Implications des acteurs ruraux dans la définition des politiques», p.15.

* 411 Le Ministère de l'Agriculture qui reçut la maîtrise d'ouvrage, le Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales, le Ministère de l'Environnement et des Forêts. D'autres Ministères ont également pris part à la rédaction du document de façon transversale, tels que le Ministère des Finances, le Ministère des Investissements Publics et de l'Aménagement du Territoire, le Ministère des Mines, de l'Eau et de l'Energie, le Ministère des Travaux Publics et le Ministère de la Recherche Scientifique et Technique.

* 412 Ibid.p.15.

* 413 Anonyme, «Appui à la mise en oeuvre du PDDAA vol. I, Programme National d'Investissement à Moyen Terme (PNIMT)», 2004, pp.22-23. (Publication duNEPAD et du FAO)

* 414 République du Cameroun, «Plan National d'investissement Agricole du Cameroun (PNIA) 2014 - 2020» Vol. 1,2014, p.3.

* 415 De 1987 à 1999, l'essentiel des prêts concessionnels du FMI fut accordé dans le cadre de la Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée (FASR). Les évaluations internes et externes conduites en 1997 et 1998, respectivement, montrèrent qu'un certain nombre d'obstacles limitaient l'efficacité des programmes appuyés par ce mécanisme.

* 416 Anonyme, «Évaluation des Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté et de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance», Document de synthèse FMI, 2003, p.4

* 417 Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), après leur adoption par les IFI en l'an 2000, furent retenus par le Gouvernement camerounais comme cadre de référence de la politique et de la stratégie de développement économique et social, au plan macroéconomique et sectoriel.

* 418 L'horizon temporel des cadres stratégiques tels que le DSRP et le DSDSR est de l'ordre de 10 à 15 ans.

* 419 République du Cameroun, «Révision du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté», Document transitoire, 2005, p.18.

* 420 Ibid.

* 421F.Menjo Baye et al., «Stratégies de réduction de la pauvreté et politiques agricoles au Cameroun», RapportRéseau d'Expertise des Politiques Agricoles (REPA), 2004, p.43.

* 422 Ibid.

* 423 MINEPAT, «Cameroun vision 2035», 2009, p.1.

* 424 MINEPAT, «Atlas national de développement physique du Cameroun», 2014, p.6.

* 425BTP Afrique« le Cameroun en 2008», Hors-série, Mars 2008, p.74.

* 426 Anonyme, «dynamiser le marché du travail point sur la situation économique du Cameroun», in Cahiers économiques du Cameroun, n°3Janvier 2012, p.8

* 427 MINEPAT, «Document de Stratégies pour la Croissance et l'Emploi», 2009, p.27.

* 428 République du Cameroun, Cameroun potentialités économiques, p.45.

* 429 Ibid.

* 430 MINEPAT, «Cameroun vision», p. 25.

* 431 MINEPAT, «Document de Stratégie», p.65.

* 432 Ibid.

* 433S. Abaye «Caféiculture du Cameroun...la relance ?» in Afrique agriculture, «A la une : le comice agropastorale d'Ebolowa», Hors-série Décembre 2010, p.7.

* 434 Ibid.p.68.

* 435 Entretient avec, A. Ndong Ella ,75 ans, planteur de Cacao, Assandick, le 20 juin 2013.

* 436 Anonyme, «Comice agropastoral national d'Ebolowa, les préparatifs en bonne voie», in Journal Comice, Edition spéciale juillet - août 2010, p.24.

* 437 Ibid.p.14.

* 438Anonyme, 53 ans, cadre à la Communauté Urbaine d'Ebolowa, le 19 mars 2013.

* 439 Discours du Président de la République, Paul Biya lors de la cérémonie d'ouverture du comice agro-pastoral d'Ebolowa, le 17 janvier 2011.

* 440 Ibid.

* 441 M. P. Voufo «Les grands défis de l'agriculture»,in http://www.lavoixdupaysan.org/lejournal.htm consulté le 04 mai 2012.

* 442Anonyme, « Paul Biya veut mettre en oeuvre une «révolution agricole» in Investir au Cameroun, «La révolution agricole en marche», n°10, janvier 2012, pp.4-11.

* 443M. P. Voufo, «Les grands défis de l'agriculture», p.2.

* 444T. MbondoAwono, «Révolution agricole au Cameroun : l'appel d'EssimiMenye à Lagdo» in http://www.leseptentrion.net/2012/06/revolution-agricole-au-cameroun-lappel-dessimi-menye-a-lagdo.htm.

* 445 O. Caslin, «Agrobusiness-Cameroun, Yaoundé enclenche la première», in http://www.JeuneAfrique.com/agrobusiness/cameroun-agriculture-paul-biya-usineagrobusiness-cameroun-yaounde.htm consulté le 23 mai 2014.

* 446T. MbondoAwono, «Révolution agricole au Cameroun», p.2.

* 447Anonyme, « Paul Biya veut mettre en oeuvre », p.4.

* 448 Le terme d'agribusiness désigne l'activité agricole pure ainsi que toutes les autres industries et services constituant la chaîne d'approvisionnement qui relie l'exploitation agricole au consommateur en passant par la transformation, la vente en gros et au détail («du pré à l'assiette» en ce qui concerne les produits alimentaires). C'est un vaste concept qui recouvre les fournisseurs d'intrants, les agro-industriels, les courtiers, les exportateurs et les détaillants. L'agribusiness fournit des intrants aux agriculteurs et met ceux-ci en contact avec les consommateurs par le biais du financement, du traitement, de la transformation, du stockage, du transport, de la commercialisation et de la distribution des produits de l'agro-industrie. Il peut être décomposé en quatre grands secteurs d'activité à savoir : Les producteurs d'intrants agricoles permettant d'améliorer la productivité agricole, tels que les machines, les équipements et les outils à agricoles; les engrais, les pesticides, les insecticides; les systèmes d'irrigation et les équipements associés; L'agro-industrie: aliments et boissons; dérivés du tabac, cuir et dérivés du cuir; textile, chaussures et confection; bois et dérivés du bois; dérivés du caoutchouc; ainsi que le secteur de la construction strictement consacré aux installations agricoles; Équipement destiné à la transformation des matières premières agricoles, ce qui inclut les machines, les outils, les installations de stockage, les systèmes de refroidissement et les pièces détachées; divers services, entreprises de financement, commercialisation et distribution, y compris les systèmes de stockage, de transport, les technologies de l'information et de la communication (TIC), les matériaux d'emballage et la conception d'emballages permettant d'améliorer la commercialisation et la distribution.

* 449 Interview du Ministre de l'agriculture et du développement rurale, L. EssimiMenye in l'Action n°914 du Mercredi 14 Août 2013.

* 450 Ibid.

* 451 A. Mazda, «Coopération: L'agro-business made in Cameroon», in http://www.Cameroun.infos.net/agro-business_made_in_cameroun.htm , consulté le 22 Mai 2013.

* 452Anonyme, «Le Cameroun doté d'un Plan National d'Investissement Agricole», in http://www.CRTV.org/Nouvelle_CRTV.htm. Consulté le 04 Mai 2014.

* 453TOndoa Manga et E. Ayong, «Revue des politiques, stratégies, programmes et projets de développement rural au Cameroun», version provisoire, 2013, p.11. (publication FAO)

* 454 Ibid.

* 455 Selon la loi n°2007/006 du 26 décembre 2007 portant Régime Financier de l'Etat(NRFE) effective depuis 2013. L'exécution du budget doit se faire sous forme de programmes reflétant les politiques publiques et déclinés en objectifs précis, assortie d'indicateurs de performance. Avec l'avènement du budget-programme, les programmes lancé ou en vue d'être lancé furent ramener à quatre.

* 456 République du Cameroun, «Plan National d'investissement Agricole», p.2.

* 457 Ibid.p.21.

* 458Anonyme, «Le petit guide des programmes», in Agroscope, «Ce Cameroun», p.99.

* 459 MINADER, «Répertoire des projets et programmes du MINADER», 2012, p.7.

* 460 République du Cameroun, FAO, «Programme national de sécurité alimentaire (PNSA) 2008-2015», 2007, p.6

* 461 Ibid.

* 462 Le gouvernement de la République du Cameroun et le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) signèrent, dans le cadre du programme national de développement des racines et tubercules (PNDRT), le 23 juillet 2003, un accord de prêt pour l'octroi d'un prêt de 9,6 millions dollars.

* 463T Ondoa Manga et E. Ayong, «Revue des politiques », p.30.

* 464 Fondation Rurale de l'Afrique de l'Ouest, «Implications des acteurs ruraux dans», p.18.

* 465M.BoutiomBoukong«Cadre de Politique de Réinstallation (CPR) du Projet d'Amélioration de la Compétitivité Agricole (PACA)», rapport définitif, Avril 2009, p.9.

* 466 O. Caslin, «Agrobusiness-Cameroun», p.1.

* 467 MINADER, MINEPIA, «cadre de politique de réinstallation», p.10.

* 468 Propos du Ministre de l'agriculture et du développement rurale L. EssimiMenye in Valeurs Actuelles, «les chantiers du renouveau», 27 février 2014. pp.44-49, in http://www.VA.fr consulté le 24 mai 2014.

* 469 Les «Contrats de désendettement et de développement (D)» qui concernent 23 pays constituent le volet bilatéral français pour l'allègement de la dette contractée au titre de l'aide publique au développement (APD). Ce volet est additionnel à l'Initiative multilatérale d'allègement de la dette des pays pauvres (initiative PPTE - Pays Pauvres Très Endettés). Le D correspond à un refinancement par dons des créances d'APD : les pays continuent d'honorer leur dette, mais aussitôt le remboursement constaté, la France reverse au pays la somme correspondante pour l'affecter à des programmes de lutte contre la pauvreté sélectionnés d'un commun accord avec l'État partenaire. Il est mis en oeuvre à partir du point d'achèvement de l'initiative PPTE et vient s'ajouter aux annulations de dette consenties dans le cadre du Club de Paris.

* 470 République de France, République du Cameroun, «le contrat de désendettement et de développement (D) entre la France et le Cameroun, le secteur agricole», Mars 2011, p.4.

* 471 Anonyme, «Programme ACEFA : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2», rapport AFD, novembre 2012, p.2.

* 472Anonyme, «Programme AFOP : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2, rapport AFD, novembre 2012, p.3.

* 473 Anonyme, «Programme d'Appui à Maîtrise d'Ouvrage (AMO) des administrations du secteur rural MINADER-MINEPIA, phase II, 2013 - 2016», 2014 p.6. (publication du MINADER et du MINEPIA)

* 474 Cette présentation intervient à la suite du décret n°2012/2274/PM du 06 aout 2012 portant sur la mise en place des agropoles.

* 475 J. C. Medou,«Présentationduprogramme économique d'aménagement du territoire pour la promotion des entreprises de Moyennes et de grande importance dans le secteur rural au Cameroun (AGROPOLES)», Novembre 2012, p.11

* 476 Propos du ministre délégué à l'Economie et au plan, Yaouba Abdoulaye in journal du Cameroun.com «Relance de la production au Cameroun: Le gouvernement propose les Agropoles», 29 Avril 2012 in http://www.JournalduCameroun.com/Relance_ de_ la_ production _au _Cameroun_ le_gouvernement propose_ les_ Agropoles.html, Consulté le 27 mai 2013.

* 477 Anonyme, «Le projet «Agropoles» fait les yeux doux aux banquiers du Cameroun» in Investir au Cameroun, «Le Cameroun agricole prend forme» n°15, Janvier 2015, p.19.

* 478 Certain agropoles sont cofinancés par l'Etat et les planteurs

* 479 Ce projet a pour objectif de transformer 16 000 tonnes de cacao par an au lieu de 3000 t par an actuellement les produits semi-finis à mettre sur le marché étant 5000 t de beurre et 5000 t de poudre de cacao.

* 480 cet agropole a pour objectif de booster la production des oeufs de table en quantité et en qualité en passant de 142 650 000 oeufs à 251 250 000 oeufs par an

* 481 J. C. Medou, coordonnateur dudit programme, signa avec une vingtaine de porciculteurs, le cahier de charge relatif à la mise en place de ce projet. Il est attendu de ce projet agropole une production de 9200 porcs par an. Et pour signifier l'importance que le Gouvernement attache à la réussite du projet, un appui multiforme a été remis aux producteurs, dont 133 truies et sept verrats.






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