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Quelles stratégies d'implantation à  l'export des entreprises agro-alimentaires africaines. Cas de Dafani santé.

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par Boureima Naba
Jean Moulin de Lyon 3 - Master en management international, spécialité Affaires internationales  2014
  

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UNIVERSITE JEAN MOULIN LYON 3 Année Universitaire 2013-2014

MEMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION D'UN MASTER

SPECIALITE : AFFAIRES INTERNATIONALES
OPTION : MANAGEMENT INTERNATIONAL

THEME :

« QUELLES STRATEGIES

D'IMPLANTATION A L'EXPORT DES

ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES

AFRICAINES : CAS DE DAFANI SA? »

Rédigé et soutenu publiquement par: Sous la direction de:

NABA Boureima Catherine Mercier-Suissa

Enseignants-Maître de conférence, Université Jean Moulin Lyon 3.

1

SEPTEMBRE 2014

2

INTRODUCTION

Parfois qualifié de « village planétaire », le monde est marqué, depuis la fin des années 1980, par de fortes mutations des échanges de biens et services entre pays ou entre groupes de pays.

Ces changements ont inspiré de nombreux chercheurs qui ont démontré que l'évolution du processus de globalisation pourrait être source d'opportunités comme de menaces pour les entreprises quels qu'en soient leur taille ou leur lieu d'implantation.

En effet, le dynamisme du commerce international est à l'origine de la globalisation de l'économie et donc d'une interconnexion complexe entre plusieurs acteurs, notamment des entreprises à travers le monde. Par conséquent, la réussite d'un engagement international d'une entreprise exige une gestion performante des instruments de veille économique.

Mais, il apparaît que les recettes à l'export additionnelles escomptées sont parfois surévaluées alors que les coûts des investissements y relatifs sont sous évalués. D'autres contraintes relatives aux évolutions imprévisibles et incontrôlables de l'environnement international (variation des taux de change, instabilité des pays), les barrières culturelles et la recrudescence des pressions protectionnistes ne facilitent pas l'accès au marché international.

En dépit des enjeux y relatifs, de nombreuses entreprises fondent leur développement sur l'accroissement de leur chiffre d'affaires à l'export face à une stagnation de la croissance de leurs activités au niveau national et la progression de la concurrence dans leur pays d'origine. En outre, l'accès au marché international des biens et services d'une entreprise constitue pour elle un atout majeur pour acquérir des technologies innovantes, améliorer sa compétitivité, étendre les risques à travers plusieurs pays, se spécialiser et tirer profit des avantages concurrentiels.

De même, en se fondant sur la théorie néo-classique du commerce international, les pays dotés d'une main d'oeuvre qualifiée à bon marché, d'une abondance de la matière première agricole et d'une technologie de production performante, devraient avoir un avantage comparatif susceptible de favoriser le développement du potentiel de leur industrie agroalimentaire. Ces atouts peuvent dans certains cas compenser le difficile accès au financement et aux technologies innovantes, les coûts élevés de l'énergie, l'inadéquation des infrastructures, la faiblesse du pouvoir d'achat des consommateurs, la faiblesse des marchés intérieurs.

Cependant, bien que les marchés internationaux soient des débouchés potentiels capables de contribuer au développement de l'industrie agroalimentaire africaine, cela doit se faire en tenant compte des contraintes d'accès et de la dynamique des rapports internationaux. D'où l'intérêt pour les industries agroalimentaires africaines de chercher à développer des stratégies adaptées à leur capacités opérationnelles pour accroître la présence de leurs produits sur les différents marchés extérieurs tout en faisant face aux barrières d'accès et aux risques encourus.

Malgré la faiblesse du commerce intra-africain (entre 2 et 3% du commerce international) et les barrières à l'exportation vers l'Europe, il convient de souligner que ces deux continents représentent un marché potentiel pour l'industrie agroalimentaire africain.

Pour des raisons pratiques, la présente réflexion étudiera le cas particulier de la société burkinabè DAFANI, spécialisée dans la production de jus de fruits à base de mangue, orange et ananas, pour répondre aux trois questions essentielles suivantes :

· Quelles sont les principales contraintes qui se dégagent lors du processus d'exportation des jus de fruits de DAFANI SA en Europe et en Afrique?

·

3

Quelles pourraient être les clefs de réussite à l'accès au marché européen et africain pour les industries agroalimentaires africaines ?

· Quelles sont les différentes stratégies commerciales à l'international adaptées à une industrie agroalimentaire africaine ?

Pour tenter de répondre à ces questions, il sera passé en revue le concept de l'internationalisation, analysé le potentiel du marché européen et africain de jus de fruits et les entraves d'y accéder, établi un diagnostic export de DAFANI SA. Partant de ce qui précède, des marchés potentiels seront sélectionnés et des stratégies de développement des activités à l'export de DAFANI-SA seront proposées.

CHAPITRE I : INTERNATIONALISATION DES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES

 

4

L'émergence de la globalisation de l'économie depuis la seconde moitié du XXe siècle1 s'est accompagnée par le développement de firmes multinationales (FMN). En effet les FMN, caractérisées par une application de différentes stratégies de développement de leurs activités dans de nombreux pays à partir d'un centre de décision unique, se sont développées grâce à des options stratégiques d'intégration, de spécialisation et de diversification des systèmes de production et des marchés. En particulier l'intégration internationale des marchés a été favorisée par :

· l'abaissement des barrières tarifaires et l'harmonisation des normes ;

· l'ouverture des marchés financiers et bancaires ;

· les progrès en matière de techniques de transport ;

· les convergences observées en matière de styles de vie et de mode de consommation ;

· l'accélération des innovations et des technologies.

Pour bon nombre d'auteurs2, l'internationalisation des entreprises est un des moteurs de la mondialisation voire de la globalisation des différentes économies. Elle revêt plusieurs définitions non consensuelles. Selon le sociologue Guy Rocher : « l'internationalisation se réfère aux échanges de diverses natures, économiques, politiques, culturels, entre Nations, aux relations qui en résultent, pacifiques ou conflictuelles, de complémentarité ou de concurrence... » Mais, dans le cadre de cette réflexion, le choix se portera sur la dimension économique de cette notion qui peut être définie comme une stratégie de développement d'une entreprise au-delà de son marché national d'origine.

Pour Catherine Mercier, l'internationalisation n'est pas un phénomène économique éphémère, mais elle est une révolution irréversible qui influence le comportement des différents acteurs face à la survie économique et sociale. Bien qu'elle s'avère parfois indispensable pour la croissance dans certains secteurs d'activités, le choix de l'internationalisation d'une entreprise doit s'effectuer suivant des approches scientifiques rigoureuses (étude de marché, diagnostique export, sélection de marché, positionnement stratégique, etc.). L'internationalisation de l'entreprise qui revêt aussi bien des avantages que des inconvénients, nécessite ainsi une vision stratégique claire, à long terme, de l'entreprise sur les marchés ciblés.

Au regard de ses multiples facettes, il convient avant tout de comprendre les enjeux et le processus d'internationalisation des entreprises et de s'inspirer des expériences à l'internationalisation des entreprises agroalimentaires au niveau des pays développés et des pays africains.

1.1. Les enjeux de l'internationalisation des entreprises

1 Même si des entreprises ont entamé des activités hors de leur pays d'origine, c'est pratiquement entre 1945 et 1990 que l'internationalisation des entreprises a connu une forte progression en faveur de la mise en place du libre échange dans de nombreux pays à travers le monde.

2 Le concept d'internationalisation a été initialement introduit par Coase en 1937 avant d'être développé par d'autres auteurs (Williamson en 1975, Andreff en 1987, Bodnar, Tang et Weintrop en 1999, etc.).

5

Une entreprise qui décide d'étendre ses activités hors du pays d'origine peut en tirer des bénéfices mais aussi s'exposer à des risques susceptibles de menacer sa pérennité.

Le dynamisme de l'internationalisation des entreprises s'explique par plusieurs facteurs avantageux dont les plus importants à mettre en évidence sont entre autres :

+ une recherche de débouchés commerciaux

Dans le processus de croissance d'une entreprise, il est possible qu'à un moment donné, le marché domestique n'offre plus des opportunités en raison soit de son étroitesse ou du déclin du produit vendu sur ce marché. Pour éviter la faillite, les entreprises s'intéressent aux marchés extérieurs dans lesquels leurs offres peuvent correspondre aux besoins de consommateurs du fait des différences culturelles et du dynamisme de certains marchés étrangers. Par exemple, la FMN « Nestlé » a rapidement développé ses activités hors des frontières de la Suisse face à l'étroitesse des marchés locaux.

En outre, l'internationalisation est une voie pour une entreprise de remédier aux pertes de parts de marché national provoquées par l'irruption de nouveaux concurrents ou le ralentissement de la croissance économique dans le pays d'origine. Elle offre également des possibilités aux entreprises d'accroître leurs revenus sans avoir à augmenter la pression concurrentielle sur marché intérieur, d'élargir son portefeuille clients et d'augmenter ses ventes.

De façon spécifique, les ventes ou l'implantation dans un pays étranger permettent de contourner des barrières tarifaires et/ou non tarifaires qui entravent l'accès à son marché intérieur, de soutenir l'évolution du cycle de vie international du produit et d'accompagner le prolongement naturel d'une stratégie de spécialisation.

+ une diversification du risque

L'internationalisation de l'entreprise, réduit sa dépendance vis-à-vis du marché interne et de ses clients habituels et lui donne du coup l'opportunité de diversifier ses risques. De plus, au niveau des devises et des taux de change, l'internationalisation est bénéfique pour une entreprise dans la mesure où elle lui favorise son indépendante au niveau monétaire, c'est-à-dire : « d'être moins à la merci d'une seule économie grâce à des revenus répandus sur plusieurs pays.» (SARRAILH, 2010).

+ une réalisation d'économie d'échelle

Une l'implantation à l'international peut également favoriser la diminution des prix de revient d'un produit final à partir de l'exploitation de matières premières à moindre coût dans un autre pays en raison de l'efficacité de la technologie, de réglementations plus souples, de conditions de travail plus souples et du faible coût de la main d'oeuvre.

En particulier, la quête d'une main d'oeuvre bon marchés et parfois hautement qualifiée justifie les implantations dans les pays en voie de développement. De même, l'augmentation de la demande suite à une internationalisation de ses activités pourrait entrainer à la fois un accroissement de la production de l'entreprise et une réduction du coût unitaire du produit en cours de fabrication.

+ une exploitation des opportunités conjoncturelles

Des entreprises investissent à l'international pour satisfaire à des demandes spontanées reçues, par exemple, lors de leur participation à des manifestations commerciales, des rencontres

6

fortuites de représentants d'entreprises. Toutefois, un examen approfondi est conseillé pour s'assurer que les opportunités de marché sont fiables et viables pour l'entreprise.

Un autre facteur d'opportunité peut se présenter à une entreprise à suite d'une hausse importante de sa production dont l'exportation de l'excédent serait un premier coup d'expérimentation de l'extension de ses activités à l'internalisation.

Si l'internationalisation offre des avantages aux entreprises, elle peut également être sources de certains risques cachés, incontrôlables ou sous-estimés. Il s'agi principalement :

+ de l'instabilité politique et économique dans le pays d'accueil

Un des défis majeurs de l'internationalisation d'une entreprise est la menace récurrente de l'instabilité endémique due en grande partie aux défaillances de la gouvernance économique, politique et sociale. Cette instabilité est caractérisée par une inefficacité des politiques socio-économiques, une fragilité des institutions politiques et administratives, un développement de la corruption et parfois par des conflits sociaux, ethniques ou religieux. Or dans de tels contextes, il est difficile voire impossible de sécuriser des investissements et de rentabiliser durablement des affaires, en occurrence pour les investissements à long terme3.

+ des différences de modes de consommation selon les pays

Il existe d'énormes différences dans un pays et entre pays quant aux comportements des consommateurs dans le choix de la qualité, du volume, de la gamme des divers produits. C'est pourquoi l'étude préalable du changement des modes de consommation dans un pays ciblé est indispensable pour une entreprise afin de lui permettre de choisir et d'adapter le produit à lancer, de définir les objectifs de vente et d'élaborer un budget convenable au financement de ses activités à l'international.

+ de la multiplication de cadres légaux différents

Malgré les actions d'harmonisation des cadres réglementaires et juridiques régissant plusieurs domaines d'activités au niveau international, des différences persistent toujours entre pays et même entre ceux appartenant à une zone de libre échange. Ces différences sont parfois à l'origine d'entraves aux échanges et à la création d'entreprise dans un pays donné. La conformité aux différents cadres légaux engendre également des coûts additionnels qui influencent négativement sur la compétitivité des firmes transnationales.

+ des différences culturelles

De plus en plus, les entreprises s'occupent des distances entre les cultures4 et les religions dans leur stratégie managériale aussi bien dans leur pays d'origine qu'à l'étranger car il serait une erreur monumentale de croire que la mondialisation réduirait les particularismes culturels. En effet, selon Philippe d'Iribarne : « les différences ethniques, liées à la langue, la religion ou la race, continuent d'être de puissants facteurs d'identités. ». Par conséquent, la prise en compte de l'évolution et de la diversité des cultures se présente comme une condition incontournable pour réussir la pénétration d'un produit sur un nouveau marché ou l'implantation d'une filiale à l'étranger.

3 En effet, la découverte puis la conquête de nouveaux marchés exige parfois de gros investissements et de longs délais avant le début des premières affaires concrètes et du retour sur investissement.

4 Elles sont une sorte de normes et de pratiques qui orientent les manières d'être, d'agir, de ressentir, de s'exprimer et de communiquer d'un groupe ou d'une société.

7

A titre illustratif, la FMN « Mac Donald » adapte sa communication commerciale à la coutume musulmane pour montrer que ses produits peuvent être consommés par les musulmans même durant le mois de ramadan.

+ des difficultés de gestion et d'organisation des activités

Si les grands groupes n'éprouvent pas parfois ces difficultés, les petite et moyennes entreprises (PME), par exemple, ont la plupart du temps du mal à assurer une bonne gestion internationale de ses ressources humaines en raison des coûts élevés et l'accroissement de la taille.

En effet, pour étendre ses activités à l'international les entreprises de tailles réduite doivent réaliser des opérations d'exploration, des études de marchés à l'international, sont des opérations très onéreuses dont la plupart des PME ne peuvent en supporter seules, les coûts.

En ce qui concerne la taille, la plupart des PME sont de taille très modeste et se lancent généralement dans des activités destinées aux marchés locaux.

En outre, l'internationalisation sous-entend une distance géographique qui rend parfois difficile la relation managériale et la localisation des activités de gestion.

+ de l'instabilité des taux de change et les impayés

Toutes activités humaines sont pavées de risques internes et externes qui peuvent mettre en péril sa survie. Les vulnérabilités des entreprises s'accroissent une fois qu'elles entreprennent des relations économiques (commerciales ou productives) à l'étranger. Elles sont le plus souvent liées aux risques de change et d'impayés dus à la volatilité accrue des devises et à l'inadaptation des modes de paiement.

En somme, l'internationalisation d'une entreprise n'est pas une fin en soi, mais elle pourrait être considérée comme une stratégie complémentaire aux trois autres options stratégiques (spécialisation, intégration et diversification) dans un contexte de globalisation. Elle devrait donc se mener de façon progressive avec plus de prudence.

1.2. Les modalités d'internationalisation des entreprises

Le mode de présence ou la forme de vente sur les différents marchés extérieurs peuvent passer par plusieurs étapes (Desreumaux, 1999).

Lorsque l'entreprise opte pour une exportation classique de ses produits, sa production est effectuée exclusivement dans son pays d'origine tout en l'adaptant aux exigences de la demande et de la réglementation des pays de destination. En effet, en fonction de son degré de maîtrise de règlementation des pays visés, l'entreprise peut choisir parmi les trois modalités d'internationalisation suivantes:

~ Exportation contrôlée (avec maîtrise de la vente)

L'exportation ou l'implantation contrôlée suppose que gère depuis son pays d'origine les commandes, la livraison et la facturation sur le marché étranger sans passer par un représentant ou un intermédiaire sur place. Sous cette hypothèse, l''internationalisation est considérée donc comme un processus par lequel une entreprise réalise à l'étranger une part importante de son chiffre d'affaires, sans réaliser d'investissement international direct (Huault, 1998).

8

Ensuite, l'entreprise exportatrice peut traiter ses demandes extérieures avec le concours de ses représentants salariés à l'étranger, de préférence originaires du pays importateur. Habituellement, ces derniers sont chargés de prospecter et de gérer les ventes sur le marché concerné au profit de son employeur et perçoivent un salaire fixe majoré d'éventuelles commissions en fonction du chiffre d'affaires réalisé.

Une fois que ses ventes augmentent suffisamment, elle peut également évoluer vers la création d'autres formes de structures: Un bureau de représentation ou une succursale, une filiale ou une agence commerciale.

~ Exportation concertée (vente en coopération)

Il existe d'autres types de stratégies d'exportation concertée ou contractuelle est une technique commerciale selon laquelle une entreprise exportatrice coopère avec d'autres entreprises nationales ou étrangères par le biais de la mise en commun des compétences, des moyens, et le partage des risques, des activités, de savoir-faire et des coûts. Un tel partenariat est un moyen que les PME peuvent exploiter pour contourner les problèmes d'accès au financement, leur inexpérience à l'internationalisation et leur insuffisance en ressources humaines qualifiées.

Cependant, l'entreprise exportatrice n'aura qu'une maitrise partielle de sa politique commerciale et devrait se préparer à gérer des incompréhensions en raison des différences culturelles et linguistiques.

Les principales formes de vente en coopération sont: le portage ou piggyback5, les groupements d'exportateurs, le contrat de licence d'importation, la franchise et la joint venture.

~ Exportation sous-traitée (vente par intermédiaire)

De même, l'entreprise peut exporter indirectement ses produits sans que cela ne l'oblige à être présente elle-même à l'étranger. L'exportation sous-traitée peut également s'effectuée à l'aide des intermédiaires tels que: une société de gestion à l'export, une société de commerce international, un commissionnaire, un courtier, un bureau ou centrale d'achat, des importateurs locaux. Cette forme d'exportation, souvent utilisé en cas d'obstacles à l'accès aux marchés (barrières culturelles et linguistiques) des pays ciblés, a le double avantage de n'exiger aucun savoir-faire spécifique et de réduire les coûts. Cependant, elle n'offre pas l'opportunité à l'entreprise exportatrice de promouvoir elle-même sa propre image.

Après cette brève présentation théorique des différents modes d'implantation à l'international, il sera abordé dans les lignes suivantes, le cas spécifique des entreprises agroalimentaires.

En rappel, l'industrie agroalimentaire (en abrégé IAA) est l'ensemble des activités industrielles qui transforment des matières premières issues de l'agriculture, de l'élevage ou de la pêche en produits alimentaires destinés essentiellement à la consommation humaine.

Contrairement à l'industrie manufacturière, l'internationalisation des entreprises agroalimentaires est un phénomène assez récent. En effet, depuis une dizaine d'années l'uniformisation et la simplification des techniques de production et des règlementations commerciales ont largement contribué à lancer les échanges et des investissements dans secteur agro-alimentaire. Parmi ces avancées, l'on peut citer entre autres :

· le démantèlement progressif des barrières tarifaires et l'harmonisation des normes techniques, sanitaires et phytosanitaires qui a impulsé les échanges régionaux et multilatéraux des produits agroalimentaires ;

5 Il consiste à avoir recours aux réseaux de distribution d'une entreprise plus importante et/ou déjà active dans un espace économique visé.

·

9

la révision des codes nationaux des investissements, la privatisation des entreprises publiques et les autres réformes d'amélioration du climat des affaires ont accéléré la création de nouvelles entreprises agroalimentaires à travers le monde ;

· le développement des innovations et le transfert des technologies (technique de production, techniques de transport, etc.) qui ont facilité l'amélioration de la compétitivité des industries, y compris des industries agroalimentaires.

1.3. L'internationalisation des industries agroalimentaires des pays développés

A l'instar des autres secteurs de l'économie, l'internationalisation des industries agroalimentaires est dominée par des grands groupes des pays développés (cf. tableau ci-dessous).

Tableau 1: Classement des 4 premières industries agroalimentaires en termes de CA

Rang

Entreprise

Pays

Chiffre d'affaires (en milliards de $)

1

Nestlé

Suisse

98,5

2

PepsiCo

États-Unis

65,5

3

The Coca-Cola Company

États-Unis

48

4

Danone

France

26,8

 

Source : Constituée par l'auteur.

L'implantation des industries agroalimentaires des pays développés s'est effectuée avec la multiplication de marques.

A titre illustratif, Danone (38), Nestlé (21), PepsiCo (17) et Unilever (12) détenaient le record des marques des entreprises agroalimentaires en 2007 (cf. figure suivante).

Figure 1: Internationalisation des grands groupes de l'agroalimentaire en termes de nombre de pays d'implantation et de marques créées

200 180 160 140 120 100

80

60

40

20

0

 

Nombre de pays où le groupe est présent

Nombre de marques globales

 

Source : Xerfi, 2007, mise à jour par l'auteur.

A la faveur de la politique d'intégration régionale conduite par l'UE, il s'est développé des réseaux de production transnationaux, notamment au sein de l'Union européenne. Pour les IAA européennes, le développement de la sous-traitance est un des moyens pour accroître le niveau de leur productivité grâce aux avantages spécifiques des différents territoires d'accueil.

En effet, l'analyse des flux internationaux d'investissement en Europe entre 2002 et 2006 montre que les FMN qui exercent dans l'agroalimentaire ont le plus souvent privilégié l'Europe de l'Ouest. Toutefois, la segmentation dans l'industrie agroalimentaire reste faible comparativement à d'autres secteurs comme l'automobile ou l'informatique.

10

Tout comme dans d'autres domaines d'activités, les entreprises agroalimentaires des pays développés se sont également vues contraintes de procéder régulièrement à des restructurations ou à des adaptations de leur stratégies de positionnement sur les marchés internationaux face à la forte concurrence, à la volatilité des coûts et à l'évolution de la demande. En effet, certaines IAA ont décidé de constituer des fusions ou des alliances caractérisées par une forte concentration de l'offre mondiale de produits agroalimentaires alors qu'au même moment d'autres ont préféré recentrer leurs activités vers des domaines plus rentables ou diversifier leur offre en investissant dans de nouveaux secteurs porteurs.

Ces différents réajustements structurels des industries agroalimentaires des pays développés démontrent à tel point celles-ci jouent un rôle primordial dans la satisfaction des besoins alimentaires où l'ont observe une évolution permanente des normes et règlementation visant la préservation de la santé humaine, les animaux et l'environnement.

C'est en partie l'une des raisons qui poussent certaines IAA à s'orienter également vers l'offre de produits alimentaires destinés au marché biologique ou équitable.

Si au niveau des pays développés, le secteur agro-alimentaire se caractérise par la concentration des acteurs et la diversification et l'internationalisation des activités, qu'en est-il au niveau des industries agroalimentaires africaines ?

1.4. L'internationalisation des industries agroalimentaires africaines

L'internationalisation a d'abord concerné les grands groupes, mais de plus en plus elle est devenue aussi l'affaire de nombreuses PME dans le monde, y compris en Afrique. En effet, des entreprises agroalimentaires africaines de taille modeste n'hésitent pas à investir hors de leur pays d'implantation initiale pour entrer en compétition avec des multinationales.

Longtemps considérée comme une source d'approvisionnement bon marché des pays développés en matières premières à faible niveau de valeur ajoutée, l'Afrique devient de plus en plus un contient propice au développement des affaires. Ainsi, des FMN s'implantent en Afrique pour l'exploitation des gisements (hydrocarbures, diamant, or, uranium, etc.), le développent des services financiers et bancaires et récemment l'ouverture d'industries agroalimentaires qui contribuent à la valorisation des chaînes de valeurs sur le continent.

De manière stratégique, les FMN, qui investissent en Afrique, y occupent progressivement les secteurs porteurs et dynamiques en réalisant des investissements ne nécessitant pas d'énormes apports en capital. En effet, ces multinationales s'implantent premièrement sur les marchés africains par le biais des franchises et des licences dans un ou deux pays à fortes capacités. Dans une seconde phase, elles y créent des agences commerciales, des bureaux de ventes, voire des filiales.

Concernant le secteur agroalimentaire, les investissements directs des FMN sont le plus souvent orientés vers la production et la distribution de tabac, de boissons alcoolisés et non alcoolisés, sous la licence de la maison mère. Parmi ces grandes brasseries installées dans les capitales de presque tous les pays africains, l'on peut citer Coca-cola et SABmiller qui a commencé par l'Afrique du Sud avant de s'internationaliser dans une trentaine de pays africains.

Une autre stratégie d'implantation sur le continent africain privilégiée par les grands groupes étrangers est la coopération avec des partenaires locaux, notamment les agriculteurs qui les fournissent des matières premières en contrepartie de semences améliorées, d'engrais, d'assistance technique et de conditions financières préférentielles.

11

Selon une étude6 de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l'Afrique australe et l'Afrique du Nord sont les deux premières destinations préférées par les FMN. Cependant, elles investissent moins dans la filière agroalimentaire en Afrique de l'Ouest et en Afrique de l'Est malgré des opportunités offertes par certains pays situés dans ces deux régions. Par exemple, en Afrique de l'Ouest, les investisseurs étrangers de l'agroalimentaire visent beaucoup plus le Nigéria qui abrite environ 50% de la population de régionale.

Avec la forte concurrence des grands groupes étrangers et les bienfaits du transfert de technologies, de plus en plus d'investisseurs africains commencent à développer leurs activités économiques hors de leur pays d'origine pour s'attaquer à des marchés africains, y compris sur les marchés de l'agroalimentaire. Il n'est donc pas étonnant de voir que l'émergence des entreprises africaines s'accélère dans les régions qui reçoivent les plus d'IDE.

En effet, près d'une vingtaine d'entreprises africaines et d'une dizaine de l'Afrique du Nord sont classées parmi les plus prospères à l'échelle mondiale.

Après avoir réussi à étendre leur pouvoir de marché sur les marchés africains, les entreprises agroalimentaires africaines s'internationalisent de nos jours hors du continent en s'associant parfois à des firmes non africaines. A titre illustratif, on peut citer SABmiller (Afrique du Sud), Cairo Poultry (Egypte) et Dangote Sugar Rafinery (Nigeria) dont les produits ont conquis des marchés à travers le monde.

Toutefois, même s'il semble se présenter de bonnes perspectives pour le développement à l'international des IAA africaines, il ne faut pas occulter qu'elles sont constamment confrontées à des difficultés qui sont de deux ordres :

+ Contraintes externes (dans le pays visé) :

- asymétrie d'informations sur les conditions juridiques et financières d'implantation ;

- Barrières non tarifaires (lourdeurs des procédures administratives) ; - limite d'accès au financement dans les pays d'implantation.

+ Contraintes internes (dans le pays d'origine) :

- Inexistence ou inefficacité des structures publiques d'appui à l'implantation des entreprises africaines à l'international ;

- la faiblesse des compétences en matière de technique commerciale internationale ;

- contraintes financières, faiblesse de la compétitivité prix-qualité, contraintes logistiques ;

- faiblesse du niveau de performance des structures d'appui ;

- prédominance de l'informel ; - rigidité des taux de change ;

6 Intitulée : « Nouvelles approches de l'agriculture africaine Quelques jalons: Quelques jalons », page 14.

12

- manque d'expérience et difficulté à sélectionner le bon pays et le bon partenaire ; - instabilité politique, faible niveau d'industrialisation, lourdeurs administratives.

Comme clefs de succès à l'internationalisation des entreprises africaines d'une manière générale, il pourrait être envisagé :

- le renforcement institutionnel et organisationnel des structures d'appui à l'internationalisation des entreprises : moyens humains ayant des expériences à l'international, fonds adéquats,

- la formation et l'information des entreprises orientée vers l'internationalisation sur les techniques, les règlementations du commerce international ;

- la révision des textes pour inciter les investissements à l'étranger dans la création des filiales ou des joint ventures ;

- le développement de la culture entrepreneurial et de l'innovation adaptée aux exigences d'une implantation à l'international ;

- la négociation de facilités d'implantation dans les pays développés au profit des entreprises africaines ;

- le transfert de technologies performantes pour booster les capacités productives des entreprises africaines ;

- la mise en place d'instruments financiers pour soutenir l'implantation à l'export des entreprises nationales ;

- l'établissement de fonds de garantie pour gérer les risques liés à l'internationalisation;

- la lutter contre la corruption.

Cette première partie a permis de constater que les entreprises africaines, y compris celles qui évoluent dans l'agroalimentaire peuvent, en principe, réussir dans l'internationalisation de leurs activités non seulement en Afrique, mais également hors du continent, en dépit des contraintes.

13

CHAPITRE II : MARCHE EUROPEEN DES JUS DE FRUITS

2.1. Les conditions d'accès au marché européen

Pour exporter sur le marché européen, il faudra prendre des dispositions nécessaires afin de s'acquitter des droits de douane et respecter les exigences établies par la législation alimentaire pertinente ou des conditions équivalentes.

Toutefois, le Burkina Faso étant bénéficiaire du régime « Tout sauf les armes7 », les produits d'origine burkinabè tels que les jus de fruits de DAFANI peuvent, théoriquement, accéder au marché européen en franchise de droit et de quota et sans condition de réciprocité.

Par contre, face à l'évolution des habitudes alimentaire et pour des raisons de sécurité et de santé, une réforme de la directive communautaire 2001/112/CE relative aux jus de fruits et à certains produits similaires a été réalisée en 2012. En effet, son application est un moyen d'offrir aux consommateurs européens des produits moins sucrés. En effet, la Directive 2012/12/UE relative aux jus de fruits et à certains produits similaires destinés à l'alimentation humaine du 19 avril 2012, se fonde sur la norme internationale Codex adoptée en 2005, pour adapter les règles d'étiquetage relatives aux allégations et les règles de composition liées à l'ajout de sucres.

En résumé, les changements majeurs au niveau du texte révisé sont les suivants:

· :. Jus de fruits: dorénavant les arômes, pulpes et cellules peuvent être issus des fruits de la même espèce. En outre, le mélange de jus de fruits et de purées de fruits est autorisé dans la production de jus de fruits ;

· :. Jus de fruits à base de concentré: la réintroduction d'arômes, laissée aux choix des opérateurs, n'est plus obligatoire ;

· :. Nectar de fruits: les seuls ingrédients exigés sous cette dénomination sont l'élément fruit, sous la forme de jus ou de purée, additionné à de l'eau. De même, les nectars qui ne contiennent pas de sucres ne pourront pas avoir la mention « absence de sucres ajoutés » s'ils contiennent des édulcorants ;

· :. Sucres ajoutés: l'addition de sucres n'est plus autorisée dans toutes les catégories de jus de fruits ;

· :. Tomate: l'ajout de la tomate dans les fruits autorise notamment l'élaboration de jus de tomate à base de concentré. Pour le nectar de tomate, la teneur minimale en fruits est de 50 %.

Pour veiller au respect de la réglementation y afférente, l'Union Européenne (UE) a pris des mesures conservatoires soumettant les livraisons de produits alimentaires à un contrôle obligatoire avant toute sortie de la douane. A cet effet, un certain nombre de formalités administratives (certificats de santé, d'échantillonnage et d'analyse officielle, etc.) sont exigées afin de se conformer aux conditions particulières de santé de l'UE.

7 Le règlement 416/2001 du conseil du 26 février 2001, communément appelé "tout sauf les armes" octroie un accès libre au marché européen pour les Pays les Moins Avancés (PMA) pour tous les produits hormis les armes et les munitions, sans droit de douane et ni restriction de quantité (sauf pour les bananes, le sucre et le riz et ceci pour une période de temps limitée (septembre 2009 pour le riz et octobre 2009 pour le sucre).

14

Quant au contrôle sanitaire, il s'applique à tous les produits alimentaires importés dans l'UE en vue de garantir aux consommateurs européens des aliments sains n'ayant pas d'effets néfastes sur leur santé. A ce titre, la législation alimentaire de l'UE repose sur les deux principes fondamentaux suivants :

- le principe de conformité ou d'équivalence qui stipule que « les aliments importés doivent être conformes à la législation communautaire ou à des conditions équivalentes » ;

- le principe de traçabilité qui sous-tend que « toute entreprise du secteur alimentaire, y compris l'importateur final, doit être en mesure de détecter et d'identifier d'où leurs produits proviennent et où ils sont acheminés, et de fournir rapidement ces informations aux autorités compétentes, si nécessaire ».

Des dispositions sont également prises pour définir les limites par type de contaminants alimentaires pour éviter qu'ils ne portent préjudice à la santé humaine. Par exemple, pour les jus de fruits, le niveau maximal du contaminant appelé « lead » toléré est de 0,05 mg/kg, pour le « patulin » 50 mg/kg et pour le « tin » 100 mg/kg.

Dans un souci de mieux informer le consommateur et lui permettre de faire un choix en toute connaissance de cause, des informations essentielles telles que le nom sous lequel le produit est vendu, la liste des ingrédients, la date limite de consommation, le pays d'origine doivent figurer sur les étiquettes.

Pour le cas spécifique des jus de fruits, jus de fruits concentrés, jus de fruits déshydratés et les nectars de fruits, l'étiquette préciser si le jus final est un mélange de jus de fruits différents, s'il a été édulcoré ou si le jus final a été obtenu entièrement ou partiellement à partir d'un concentré. Au cas où des jus de fruits concentrés ne sont pas destinés au consommateur final, il doit figurer sur l'étiquette sur l'addition au produit de sucres, le jus de citron ou d'agents acidifiants.

Par ailleurs, lorsqu'une industrie agroalimentaire opte pour l'utilisation d'un label bio pour ses produits, elle est tenue de respecter les critères relatifs à :

+ la production, transformation, emballage, transport et stockage des produits ;

+ l'utilisation de certains produits et substances lors de la transformation des denrées alimentaires ;

+ l'usage d'ingrédients autorisés fondée sur la base de données du Système d'Information de l'Agriculture Biologique ;

+ l'interdiction d'utiliser des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des produits fabriqués à partir d'OGM.

En particulier, l'importation de produits biologiques est soumise à des conditions beaucoup plus strictes et restrictives. En effet, seuls les pays dont les méthodes de production et de contrôle sont équivalentes à celles appliquées en Europe se voient délivrer une autorisation d'importation renouvelable. Conformément à la réglementation y relative, la Commission Européenne a délivré des autorisations d'importation des produits biologiques originaires d'Argentine, d'Australie, du Canada, du Costa Rica, d'Inde, d'Israël, du Japon, de Suisse, de Tunisie et de Nouvelle-Zélande. Concernant les autres pays (y compris tous les pays de l'Afrique de l'Ouest) qui ne figurent pas sur cette liste, les demandes sont examinées au cas pas cas pour la délivrance d'une autorisation d'importation individuelle et particulière.

15

Pour les pays hors communautaires, l'UE procède au contrôle pour s'assurer de l'équivalence des exigences de production et des mesures de contrôle du pays requérant un label bio européen avec celles de sa législation. Si l'équivalence est établie, le pays non-UE est inclus dans la liste des pays autorisés. A partir de ce moment, le contrôle des produits alimentaires originaires de tout pays inscrit sur la liste à destination de l'UE peut être effectué par les autorités nationales ou par des organismes d'inspection de référence.

2.2. La production de jus de fruits en Europe

L'industrie européenne de jus de fruits est constituée à la fois par des grandes sociétés spécialisées et des petites et moyenne entreprises de niche qui transforment des fruits et des jus de fruits concentrés importés ou des fruits d'origine européenne (notamment les agrumes).

Les industriels importent habituellement la majorité de leurs intrants directement auprès de producteurs des pays d'exportation, des structures de ces pays spécialisées à l'export. Ils ont également recours à des agents commerciaux ou d'autres importateurs spécialisés en cas d'urgence.

De plus en plus, l'industrie européenne de jus de fruits s'intéresse aux produits africains afin de saisir les opportunités offerts par le marché de niche des fruits tropicaux et les jus de fruits biologiques. La plupart des professionnels de ce sous secteur basent en priorité leurs achats sur des contrats fixes et complètent leur demande auprès de courtiers majoritairement situés à Rotterdam8.

Parmi les grandes entreprises installées en Europe et qui s'approvisionnent en pulpe de mangue, on peut citer :

+ « Eckes-Granini » une entreprise allemande considérée comme le leader européen du marché des jus de fruits. Elle vend ses produits à travers plusieurs filiales et marques (Granini, Clippo, Fruchttiger, Hohes C, Joker, Marli, Mehukatti, Réa, Sio und Yo). Elle est présente dans plus de soixante-dix (70) pays et emploie plus de 2 000 salariés.

+ PepsiCo, multinationale américaine avec sa marque « Tropicana » occupe 50 % de part de marché des jus de fruits en Angleterre. En 2010, Tropicana a été reconnue comme la marque de jus de fruits et de légumes la mieux vendue en Europe occidentale avec une part de marché de 5,5 %.

+ Hero AG qui est un groupe suisse spécialisé dans l'industrie alimentaire, implanté dans 30 pays. Spécialisé dans l'alimentation des bébés et des enfants, le groupe également d'autres produits tels que les smoothies9, les confitures et des boissons au lait pour le petit déjeuner.

+ Unilever, multinationale anglo-néerlandaise occupe la quatrième place mondiale derrière Nestlé, PepsiCo et Kraft Foods sur le marché de l'agroalimentaire. Ses produits sont classés en quatre catégories : boissons et crèmes glacées, alimentaire, soin de la personne et entretien de la maison.

8 Le port de Rotterdam est en 2011 le quatrième port du monde en termes de trafic total, le dixième mondial pour le trafic de conteneurs et le plus grand port européen avec 434 millions de tonnes de marchandises traitées.

9 Dans le commerce, les « smoothies » désignent des boissons à base de fruits mixés et de jus de fruits pressés, sans lait, ni yaourt ajoutés. Généralement, ils sont pasteurisés instantanément, ce qui permet de conserver au mieux les vitamines et les saveurs des fruits.

16

+ FrieshlandCampina est une coopérative néerlandaise de produits laitiers. Elle a diversifié sa gamme de produits en proposant du lait, de la nourriture pour enfant, des boissons lactées, des yaourts, des desserts, des fromages, du beurre, du jus de fruits et boissons aux fruits.

+ Gerber Foods Soft Drinks Ltd est une multinationale anglaise spécialisée dans la fabrication de smoothies et la fourniture de jus ambiants et refroidis en Europe.

+ D'autres groupes tels que AGRANA Juice & Fruit Holding GmbH, Orangina Schweppes (marque : Pampryl), J. García Carrión (marque : Don gracia et pays : Espagne), Del Monte sont également présents dans l'industrie européenne des jus de fruits, des conserves de fruits, des eaux rafraîchissantes et des produits laitiers.

A partir du mélange d'un ou de plusieurs fruits ou concentré de fruits d'origines différentes et en additionnant d'autres ingrédients autorisés par la règlementation de l'UE, ces sociétés produisent des variées de jus de fruits qu'elles vendent aux consommateurs européens par le biais des industriels de boissons, les restaurants, les hôtels, les grandes chaînes de distribution de produits alimentaires. Une autre partie de leur production est réexportée, parfois même vers les pays d'importation des matières premières.

La transformation de jus de fruit en Europe provient également de la production d'agrumes (orange, pamplemousse, pompe, citron, etc.) localisée principalement en Espagne, Chypre, France, Grèce, Italie et Portugal.

Avec la crise économique de 2007 et 2008, la production de jus d'agrumes en Europe a chuté de 5% entre 2008 et 2009 avant d'entamer une légère augmentation jusqu'en 2013 où la production est restée toujours inférieure à celle de 2008.

Contrairement, à l'industrie fruitière de certains pays en développement, celle de l'Europe semble avoir atteint un niveau de maturité qui ne permet plus assez de marge de manoeuvre pour son développement en termes de production. Par contre, les innovations, les dépenses dans la recherche, l'utilisation de technologies modernes, les subventions des Etats pour l'appui à la production et à l'exportation contribuent à améliorer la compétitivité de la filière fruits et légumes dans l'Union Européenne.

Tableau 2 : Evolution de la production de jus de fruits et légumes (en litres)10 dans l'UE

Produits / Années

 

2008

 
 

2009

 

2010

 
 

2011

 
 

2012

 
 

2013

 

Jus de tomate

 

320

391

 

143947

 

145

041

 

147

464

 

144

222

 

144

671

Jus d'orange non concentré congelé

 

67

669

 

75188

 

75

188

 

60

150

 

75

188

 

105

263

Jus d'orange non concentré (congelé exclu)

3

200

000

 

2839141

3

000

000

2

768

416

2

707

426

2

847

066

Autres jus d'orange

 

119

528

 

107261

 

122

581

 

147

759

 

156

771

 

144

448

Jus de pamplemousse

 

140

893

 

142897

 

140

452

 

138

363

 

123

396

 

119

749

Jus d'ananas

 

298

782

 

230914

 

255

470

 

264

771

 

272

888

 

307

665

Jus de raisin

 

750

838

 

689703

 

635

239

 

731

935

 

783

615

 

853

215

Jus de Pomme

1

681

979

 

1809711

1

894

000

1

903

411

1

958

090

1

924

313

Cocktail de fruit et légumes

2

257

710

 

1953610

2

070

406

2

187

573

2

184

014

2

121

049

Jus Non concentré d'agrumes (excluant orange et pamplemousse)

 

331

196

 

244425

 

207

654

 

253

745

 

244

589

 

246

467

Jus Non concentré de fruit ou légume (excluant orange, pamplemousse, ananas, tomate, raisin et jus de pomme)

1

039

788

 

1364207

1

016

199

1

102

416

1

052

783

1

124

382

Autres jus de fruits et légumes

 

700

000

 

715789

 

800

000

 

718

692

 

757

485

 

815

372

Total

10

908

774

10

316 793

10

362

229

10

424

695

10

460

466

10

753

662

 

Source : Eurostat ( http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/statistics/search_database)

10 Pour le Jus d'orange non concentré gelé, la formule de la masse volumique (soit 1,33g/cm3 à 20°C) a été appliquée pour convertir la masse (kilogramme) en volume (litre).

17

Malgré les efforts de développement de la filière agrumicole de l'UE, les quantités de jus issues de la transformation des agrumes d'origines communautaires restent relativement stables et largement en deçà des besoins de la consommation. En effet, seulement environ 1/5 de la production européenne d'agrumes produits (en majorité constituée des écarts de tri du marché du frais) dans l'UE est transformée en jus d'agrumes, correspondant environ à 1/10 de la consommation européenne. D'où la nécessité pour l'UE de recourir aux importations à la fois de fruits frais et de jus ou concentrés de fruits pour satisfaire à l'évolution de la demande.

2.3. Les importations et les exportations européennes de jus de fruits

Les importations extra-communautaires de jus de fruits de l'UE (cf. tableau 3), qui étaient estimées à 105 667 669 litres en 2009, ont fortement régressé (soit de 61%) durant la crise de qui a secoué l'économie mondiale entre 2007 et 2009. Mais, à partir de 2010, elles vont enregistrer une très forte progression (soit 3 486%) pour atteindre 1 549199 248 litres. Malgré quelques légères baisses en 2011 et 2012, les importations extra UE reprennent la tendance haussière (+22% entre 2012 et 2013).

Tableau 3 : Evolution des importations de jus de fruits (en Litres)11 de l'UE (Extra UE 28

Années

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Importations (Litres)

105 667 669

40 989 474

48 798 496

43 199 248

1 549 199 248

1 495 415 789

1 419 208 271

1 731 612 030

Variation (%)

 

- 61

19

- 11

3 486

- 3

- 5

22

 

Source: Export Helpdesk ( www.exporthelp.europa.eu)

Lorsqu'on se réfère aux données de l'International Trade Center (ITC), les cinq (05) pays de l'UE qui importent le plus les jus de fruits et légumes en 2013 sont respectivement la Belgique (1 309 154 tonnes), la France (1 189 049 tonnes), les Pays-Bas (1 181 743 tonnes), l'Allemagne (1 001 768 tonnes) et les Royaume-Unis (899 938 tonnes). Un autre indicateur pertinent la part de l'UE dans les importations mondiales de jus de fruits et de légumes qui varie entre 50 et 55%.

Tableau 4 : Importations de jus de fruits (en tonnes) de l'UE 28 entre 2009 et 2013

Importateurs

 

2 009

 
 

2 010

 

2 011

2 012

 

2 013

 
 

quantité importée

quantité importée

quantité importée

quantité importée

Monde

12

165

436

12

393

058

12

930

799

Pas de quantité

Pas de quantité

l'Union européenne (UE 28) Aggregation

 
 
 
 
 
 

6

974

952

 
 

7 125

021

Belgique

1

160

895

 

982

780

 

983

974

904

655

1 309

154

France

1

187

453

1

195

048

1

200

957

1 200

557

1 189

049

Pays-Bas

1

175

531

1

154

654

1

154

294

1 136

127

1 181

743

Allemagne

1

122

165

1

063

849

1

110

877

1 044

921

1 001

768

Royaume-Uni

 

924

844

 

943

981

 

995

608

880

116

899

938

Autriche

 

223

555

 

214

458

 

190

606

228

118

214

820

Espagne

 

210

237

 

209

532

 

203

450

182

598

189

314

Pologne

 

104

251

 

124

629

 

116

925

128

799

178

839

Italie

 

164

641

 

218

317

 

239

834

221

922

175

459

Suède

 

119

740

 

121

294

 

126

323

129

823

143

818

Danemark

 

101

517

 

101

370

 

100

257

100

030

117

745

Irlande

 

119

840

 

122

167

 

135

954

111

360

111

360

Portugal

 

61

338

 

75

005

 

76

029

92

547

84

687

Finlande

 

44

727

 

45

003

 

45

389

53

791

49

110

République tchèque

 

71

426

 

75

677

 

59

061

47

522

45

905

Hongrie

 

43

278

 

39

255

 

37

834

33

872

43

850

Slovaquie

 

31

453

 

33

702

 

27

993

26

934

31

129

Grèce

 

46

998

 

41

377

 

38

895

37

314

29

813

Roumanie

 

25

933

 

29

930

 

27

856

24

646

23

667

Luxembourg

 

14

389

 

13

861

 

14

366

14

859

15

906

Lituanie

 

16

637

 

18

000

 

15

589

15

844

15

097

Slovénie

 

21

587

 

17

523

 

15

385

13

697

13

995

Estonie

 

11

364

 

11

574

 

9

551

12

273

13

831

Bulgarie

 

15

187

 

16

711

 

14

285

11

236

11

479

Chypre

 

8

423

 

11

152

 

11

426

10

530

10

452

Lettonie

 

10

379

 

10

234

 

10

031

9

521

9

729

Croatie

 

9

826

 

9

490

 

8

919

6

861

8

765

Malte

 
 

-

 
 

-

 

3

284

 

-

4

599

 

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org)

11 Pour des raisons d'analyse, la formule de la masse volumique (soit 1,33g/cm3 à 20°C) a été appliquée pour convertir la masse (kilogramme) en volume (litre).

18

Depuis ces cinq dernières années, la configuration des pays extracommunautaires leaders en matière d'exportation de jus de fruits par catégorie dans l'UE se définit comme suit:

- Orange: Brésil, Etats-Unis ;

- Pomme: Chine, Pologne ;

- Raisin: Europe du sud, USA ;

- Pêche: Amérique du sud ;

- Ananas: Thaïlande ;

- Mangue: Inde.

Le Brésil avec plus de 2 200 242 000 $ US de jus de fruits exportés vers l'UE en 2013 (soit 25%) pour toutes les catégories confondues demeure le leader sur ce marché. Les Etats-Unis figurent parmi les dix premiers exportateurs de jus de fruits dans l'UE. Parmi les pays africains qui exportent les plus dans l'UE, figurent l'Afrique du Sud (22ème position au niveau mondial), le Kenya (40ème) et le Ghana (42ème) et le Maroc (63ème). Le Burkina Faso se classe parmi les cinq pays qui exportent le moins du jus de fruits toutes catégories confondues dans l'UE.

Le tableau ci-dessous montre également que les pays de l'UE consomment une part importante de jus de fruits d'origine communautaire. En effet, sur les dix premiers exportateurs de jus de fruits, se trouvent huit pays européens (Pays-Bas, Allemagne, Espagne, Belgique, Pologne, l'Italie, l'Autriche et la France) qui représentent à eux seuls environ 60% des valeurs exportées de l'UE (y compris les exportations extracommunautaires).

Tableau 5 : Evolution des exportations de jus de fruits (en milliers de dollars US) de l'UE ar pays exportateurs entre 2009 et 2013

Rang
oc c upé

Exporta te urs

2

0 0 9

2 0 10

2

0 11

2 0 12

2 0 13

P a rt

(%)

1

Brésil

 

1 649 439

1 652 869

 

2 124 077

2 036 407

2 200 242

25

2

Pays-Bas

 

764 445

805 627

 

914 682

891 754

921 481

11

3

Allemagne

 

984 668

834 799

 

984 168

956 951

919 950

11

4

Espagne

 

608 900

575 421

 

771 477

754 225

753 631

9

5

Belgique

 

527 283

541 702

 

656 662

579 378

610 830

7

5

Pologne

 

340 520

361 613

 

554 160

596 722

596 120

7

6

Italie

 

409 750

429 402

 

531 615

511 528

484 505

6

7

Autriche

 

325 394

336 653

 

447 444

372 723

416 697

5

8

France

 

260 101

241 184

 

263 589

241 261

252 264

3

9

Etats- Unis d'Amérique

 

139 006

161 461

 

262 269

158 545

151 054

2

11

Royaume-Uni

 

100 545

105 773

 

121 442

112 616

134 173

2

12

Costa Rica

 

123 049

141 906

 

125 733

139 913

133 465

2

14

Argentine

 

92 171

106 975

 

120 644

99 424

110 955

1

16

Mexique

 

55 914

58 021

 

138 409

81 592

103 552

1

17

Israël

 

91 370

107 918

 

112 337

106 581

97 928

1

18

Thaïlande

 

120 324

147 215

 

155 136

98 527

91 977

1

20

Chine

 

161 309

123 542

 

215 482

93 594

77 675

1

21

Equateur

 

80 666

73 545

 

57 963

50 014

57 500

1

22

Afrique du Sud

 

30 541

45 241

 

48 870

42 983

52 375

1

47

Ghana

 

1 814

4 961

 

4 699

8 262

8 493

0

52

Inde

 

4 016

4 971

 

6 177

3 676

4 916

0

 
 

451 104

507 669

 

549 534

585 154

564 558

6

 

Total

7

322 329

7 368 468

9

166 569

8 521 830

8 744 341

100

 

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org), après traitement.

Concernant les exportations de jus de fruits et légumes, les 28 pays de l'UE représentent ensemble environs 40% des exportations mondiales.

La Belgique (1 001 530 tonnes), les Pays-Bas (922 223 tonnes exportées), l'Allemagne (867 146 tonnes exportées), l'Espagne (724 654 tonnes exportées) et l'Italie (421 451 tonnes exportées) sont les cinq premiers pays de l'UE exportateurs de jus des fruits et légumes en 2013.

19

La France (150 559 tonnes) se classe en huitième position après la Pologne (421 451 tonnes) et l'Autriche (210 736 tonnes). En 20013, le Royaume-Uni a occupé la 11ème place des pays exportateurs de l'UE avec 57 081 000 tonnes de jus de fruits toutes catégories confondues exportées à travers le monde.

Quant aux autres pays (notamment la Grèce, le Malte, la Croatie et le Luxembourg) de L'UE, ils exportent de faibles quantités de jus de fruits.

exportateurs entre 2009 et 2013

Tableau 6 : Evolution des exportations de jus de fruits (en tonnes) de l'UE par pays

Exportateurs

2009

2010

2011

2012

2013

 

quantité exportée

quantité exportée

quantité exportée

quantité exportée

Monde

12

268

039

13

359

071

13

267

189

Pas de quantité

Pas de quantité

l'Union européenne (UE 28) Aggregation

5

212

929

5

400

658

5

329

035

 
 

Belgique

 

936

938

1

061

471

1

067

136

1 017 703

1 001 530

Pays-Bas

 

994

698

 

994

807

 

999

422

960 084

922 223

Allemagne

 

964

912

 

922

853

 

852

280

856 443

867 146

Espagne

 

643

326

 

674

762

 

747

614

778 210

724 654

Italie

 

509

391

 

583

959

 

581

766

563 990

503 456

Pologne

 

363

472

 

344

041

 

286

893

356 789

421 451

Autriche

 

195

379

 

217

965

 

209

009

196 523

210 736

France

 

163

955

 

167

945

 

166

418

154 435

150 559

Danemark

 

87

353

 

64

270

 

66

094

79 245

87 750

Hongrie

 

82

980

 

70

184

 

67

461

82 923

87 121

Royaume-Uni

 

42

530

 

46

762

 

41

057

42 187

57 081

Irlande

 

53

781

 

55

714

 

55

534

48 542

42 455

Portugal

 

45

419

 

50

299

 

49

105

45 762

39 004

Chypre

 

19

451

 

25

026

 

31

111

31 048

34 051

République tchèque

 

17

760

 

15

868

 

15

868

18 402

23 910

Roumanie

 

16

537

 

17

577

 

10

478

Pas de quantité

11 982

Bulgarie

 

8

691

 

12

397

 

11

459

11 192

11 568

Lituanie

 

6

227

 

5

787

 

6

955

7 206

9 908

Suède

 

9

249

 

9

782

 

9

877

12 157

9 162

Lettonie

 

8

009

 

7

804

 

6

452

8 038

8 935

Slovaquie

 

8

401

 

11

923

 

7

635

6 153

5 151

Finlande

 

5

121

 

5

045

 

5

289

5 119

4 983

Slovénie

 

3

386

 

3

919

 

3

262

3 098

2 513

Estonie

 

1

822

 

1

968

 

1

973

2 006

2 154

Luxembourg

 
 

348

 
 

587

 
 

688

1 184

1 179

Croatie

 
 

992

 

2

481

 

2

234

1 414

1 143

Malte

 
 

1

 
 

74

 
 

140

682

324

Grèce

 

22

800

 

25

388

 

25

825

33 814

Pas de quantité

 

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org)

2.4. Le marché européen de jus de fruits

Avec une population estimée à 505,7 millions d'habitants selon les données de « Eurostat » et une consommation annuelle de 11,2 milliards de litres de jus de fruits et légumes, l'Union européenne représente un important marché des jus de fruits assez diversifié où sont commercialisées les variétés suivantes : les purs jus, les jus à base de concentré, les nectars12.

L'importation européenne de purées de fruits est tirée depuis quelques années par la demande des industries de production de crèmes glacées, de yaourt et de cocktails de fruits. Mais la demande de concentré de mangue reste encore faible en Europe.

Dans l'UE les habitudes de consommation des ménages sont les plus variables du monde du fait de la forte urbanisation, du développement des infrastructures de transport, du dynamisme des

12 Les purs jus de fruits sont obtenus à partir d'une simple pression des fruits, sans aucun ajout ni d'eau, ni de sucre. Quant aux jus à base de concentré, ils sont produits avec du jus concentrés à partir d'un processus d'évaporation et de reconstitution du même volume d'eau, sans adjonction de sucre. Les nectars sont obtenus du mélange d'une part, de jus, purée ou pulpe de fruits variant entre 25 et 50% et d'autre part, de l'eau et du sucre.

20

échanges commerciaux inter Etats et à l'intérieur de chaque pays, du fort pouvoir d'achat de la quasi totalité des habitants (15 millions de dollars). Un autre facteur important qui contribue au dynamisme du marché européen des produits agroalimentaires (des jus de fruits et légumes, viandes, etc.) est l'importante population musulmane (16 millions de personnes).

Jusqu'en 2009, avec une consommation communautaire estimée à cent treize millions (113 000 000) d'hectolitres, l'Union Européenne était classé comme le premier marché des jus et nectars devant l'Amérique du Nord (95 millions d'hectolitres) et l'Asie Pacifique (80 millions d'hectolitres). Malgré les différentes crises économiques, alimentaires et financières, l'Europe demeure toujours à la tête des plus gros consommateurs de jus de fruits grâce à sa consommation annuelle évaluée à 26 litres/habitant.

Toutefois, entre 2011 et 2015, l'évolution des volumes des ventes de jus de fruits sur les marchés allemand, irlandais, autrichien et grec risque de connaître un repli tandis qu'elle pourrait augmenter en Turquie, au Pays- Bas, en France et en Espagne.

Même si en 2011 le Royaume-Uni reste le plus gros marché d'Europe de jus de fruits et de légumes, le marché des Pays-Bas se présente comme l'un des plus promoteurs avec une hausse prévue de l'ordre de 29,7% entre 2011 et 2015. L'Allemagne est considérée comme le second marché le plus vaste au niveau européen suivi de la France.

Au total, neuf cent-onze (911) nouveaux types de jus de fruits et de légumes et de collations aux fruits ont été introduits sur le marché Européen durant les sept premiers mois de 2011. Une fois de plus, avec une attraction de 17 % des nouveaux produits le marché du Royaume Uni s'inscrit parmi les plus dynamiques de l'Europe occidentale. Il fut suivi de près par l'Allemagne (16 %), de la France (14 %), l'Italie (10 %) et l'Espagne (9 %). Au titre de ces nouveaux produits introduits sur le marché européen face à la stagnation de la demande de jus de fruits et légumes, figurent des produits haut de gamme à base essentiellement de fruits tropicaux et des produits de luxe, particulièrement les smoothies.

Parmi les jus de fruits et de légumes, les jus d'orange, de pomme, de raisin, d'ananas et de pamplemousse sont les plus consommés par les européens. Mais, les jus de mangue ne représentent que 1% de part de marché. En outre, contrairement à certains fruits, la mangue n'est utilisée qu'en faible proportion (2,5 à 20%) dans des cocktails à base de fruits à cause de ses prix jugés chers, de son épaisseur et son goût prononcé.

A titre illustratif, la consommation de jus de fruits par les Français en 2013 par ordre décroissant se présente comme suit : les purs jus (800,6 millions de litres vendus, soit 48,95% des parts de marché), les jus « A Base de Concentré » (540,1 millions de litres vendus, soit 33,02% des parts de marché) et les nectars (287,2 millions de litres vendus, soit 17,56% des parts de marché). Quant aux smoothies, dont la consommation a chuté de 13,58% entre 2012 et 2013, continuent d'occuper une part marginale de marché. En effet, 7,9 millions de litres de smoothies ont été vendus en 2013, soit 0,48% de part de marché contre 0,44% en 2010.

Tableau 7 : volumes, évolution et part de marché par catégorie de produits en France en 2013

Type de produit

Volume

(Million de litres)

Parts de marché

Evolution

(2012-2013)

Pur jus

800,6

48,95%

+1,83%

Jus à base de concentré

540,1

33,02%

-3,15%

Nectars

287,2

17,56%

-6,59%

Smoothies/divers

7,9

0,48%

-13,58%

Total

1635,8

100,0%

-1,49%

 

Source: Nielsen Company, 2013.

21

De même, le jus d'orange (47,83% des ventes), le jus de pomme (9,76%) et les jus vitaminés (8,02%) figurent parmi les jus de fruits les plus consommés en France en 2013.

Tableau 8 : Volumes, évolution et part de marché du jus de fruits et nectars par type de

arfum en France en 2013

Parfum

Volume (Million de litres)

Parts de marché

Evolution (2012-2013)

Abricot

9,12

0,65%

8,44%

Ananas

44,24

3,16%

-4,19%

Exotique

38,61

2,76%

-0,04%

Fruits rouges

17,76

1,27%

-11,54%

Orange

669,37

47,83%

-1,52%

Pamplemousse

35,04

2,50%

-10,93%

Pêche

2,84

0,20%

-18,62%

Poire

3,76

0,27%

-6,42%

Pomme

136,62

9,76%

-2,04%

Raisin

27,94

2,00%

-16,81%

Tomate

6,78

0,48%

-2,92%

Vitaminés

112,18

8,02%

-8,77%

 

Source: Nielsen Company, 2013.

La consommation européenne de jus de mangue est encore à une étape primitive et ne représente pas une quantité assez importante comme les autres types de parfums de jus de fruits. Elle est estimée en moyenne à 16 000 tonnes par an, correspondant à 5% de la consommation mondiale et 10% du commerce équitable.

Au niveau mondial, la demande se répartit comme suit :

- 25% par le Moyen Orient ; - 20% par l'Asie du Sud-Est ; - 15% par les États-Unis.

Malgré sa faible consommation de jus et nectars de mangue, l'Union européenne demeure un vaste marché où la demande de purée de mangue utilisée dans la fabrication de certains jus et fruits est en constance augmentation. En effet, plusieurs industriels (notamment les « compound house ») et autres fabricants de jus européens s'intéressent à l'importation de purée ou concentré de mangue utilisé dans la production de plusieurs mélanges de jus de fruits, en occurrence dans les boissons tropicaux (max 5% de la teneur en mangue).

L'Inde, le Mexique, la Colombie, l'Equateur et le Pérou sont les plus gros producteurs et exportateurs de purée, y compris en Europe. Avec la production de pulpe de mangue à base de d'une des meilleures variétés du monde, « Alphonso »13 et de la variété Totapuri, l'Inde reste le leader mondial du jus de mangue.

Des pulpes de mangue à base d'autres variétés (Tommy Atkins, Keitt, Kent, Criollo, Haden ; Palmer, Manille, Oro et Chato Ica bénéficient pour l'instant d'un marché de niche. En effet, elles ne sont commandées le plus souvent qu'en cas d'indisponibilité de la purée de mangue de l'Alphonso indienne sur le marché.

13 Selon les conclusions du document d'Orientation Stratégique pour la chaine de valeur mangue dans la CEDEAO, « la pulpe de la variété Alphonso en Inde est la plus chère, suivie par les autres à 70% et à des prix plus bas ».

22

Aussi, du fait de leurs prix relativement plus élevés et de la possibilité de les substituer aux concentrés d'autres agrumes (orange, pamplemousse) moins chers, les concentrés de mangue ont du mal à se frayer un chemin sur le marché biologique et équitable de pulpe.

Par exemple, l'analyse du marché Bio en France en 2013 révèle que concernant les jus biologiques, le pur jus Bio (33,7 millions de litres vendus) continuent à être le plus préféré des Français. Il est suivi du nectar Bio (22,2 millions) et du Jus ABC bio (4,4 millions).

En outre, le marché classique des jus de fruits et nectars en France, avec une consommation de 1635,8 millions en 2013 contre 60,3 millions sur le marché biologique, demeure le plus important.

Tableau 9 : évolution des ventes (volume - en millions de litres) de jus Bio en France en 2013

Type de produit

2010

2011

2012

2013

Bio pur jus

27,3

31

32

33,7

Bio nectar

11,2

15,9

18,4

22,2

Bio Jus ABC

1,7

3,7

5,1

4,4

Total

40,2

50,6

55,5

60,3

 

Source : Nielsen Company, 2013.

Particulièrement, il importe de relever que les variétés produites par les pays africains n'étant pas pour le moment connues sur le marché international, les jus de mangue en provenance de l'Afrique s'y vendent difficilement.

Mais pour réussir à convaincre les acheteurs européens, la purée de mangue doit nécessairement satisfaire à leurs exigences qui portent sur la certification du produit, son goût, son acidité, son taux de sucre, les garanties microbiennes du produits, de la fiabilité du fournisseur et du système de traçabilité. Outre ces barrières non tarifaires, les exportateurs qui s'intéressent au marché de l'UE doivent prendre en considération les barrières linguistiques et culturelles au regard de la diversité européenne.

A cet effet, les entreprises qui envisagent leur implantation à l'export en Europe pourront s'appuyer sur le ciblage des marchés de certains pays à partir de l'analyse principalement de leur environnement économique, politique et socioculturel, sa règlementation en commerce internationale, leur situation géographique, leurs infrastructures de transport et de communication. En outre, elles devront fonder la sélection des marchés potentiels sur leurs capacités réelles à tirer profit des opportunités offertes et à surmonter les contraintes afin de mieux atteindre les objectifs commerciales poursuivis.

23

CHAPITRE III : MARCHE OUEST AFRICAIN DES JUS DE FRUIT

3.1. Les conditions d'accès au marché ouest africain

Dans le cadre du développement des échanges inter-Etats des produits industriels, la CEDEAO a institué un régime préférentiel spécial (RPS) 14 fondée sur la Taxe Préférentielle Communautaire (TPC).

Selon le principe du RPS, les produits industriels originaires de la CEDEAO peuvent bénéficier pour les exportations dans les autres Etats membres, d'un régime préférentiel reposant sur le prélèvement d'une taxe à l'import dite « Taxe de Préférence Communautaire » en lieu et place de l'ensemble des droits et taxes d'effets équivalents perçus à l'importation dans chaque Etat membre. En effet, la TPC est un régime douanier préférentiel spécial qui permet aux produits industriels originaires de bénéficier d'un taux d'importation plus faible que celui appliqué aux produits similaires importés des pays tiers ou même à des produits originaires non agréés à ce régime. Le taux de la TPC dans certains cas est nul. Au cas où il ne l'est pas, le TPC est considéré comme une taxe fiscale permettant aux Etats membres importateurs de se procurer des recettes budgétaires par la perception directe de la taxe sur les produits entrant dans leur territoire.

La jouissance du traitement préférentiel par tous produits industriels (par exemple : les jus de fruits et les purées de mangues produits par DAFANI-SA, identifiés comme produits entièrement obtenus dans l'espace communautaire) doivent remplir les conditions suivantes :

· être originaires d'un Etat membre de la CEDEAO;

· être accompagnés d'un certificat d'origine et d'une déclaration d'exportation ;

· être agréés.

Pour bénéficier de l'agrément, les entreprises soumettent une demande sous forme de dossier type aux autorités compétentes de leur pays d'implantation qui l'examinent et le transmettent à la Commission de la CEDEAO. Après examen du dossier par les structures techniques de la CEDEAO, il est soumis au Conseil des ministres qui décide de l'octroi ou non de l'agrément. En cas de suite défavorable, le dossier est réexpédié à l'entreprise par l'intermédiaire des autorités nationales.

En principe, l'application de la TPC devrait permettre de :

· intensifier les échanges intracommunautaires des produits industriels ; accélérer l'industrialisation des pays membres ;

· protéger les industries naissantes dans chaque Etat membre.

Toutefois, bon nombre d'industriels et commerçants de l'espace communautaire dénoncent des incohérences dans l'application de politiques commerciales et le durcissement des obstacles techniques au commerce appliqués aux frontières de chaque pays. Ces pratiques anormales constatées lors des procédures d'exportation fragilisent la compétitivité des produits industriels originaires par rapport aux produits similaires importés et limitent du coup les échanges intra-communautaires.

14 Le principe du régime préférentiel spécial de la CEDEAO est précisé dans le chapitre VIII et la décision A/DEC/1 5/5/80 du 28 mai 1980.

24

Selon les résultats du rapport du 1er trimestre 2013 de l'observatoire des pratiques anormales le Niger reste en tête du peloton des pays en matière de paiements illicites les plus élevés. Le meilleur élève reste le Ghana. La moyenne globale des pots-de-vin aux 100 km de tous les corridors augmente depuis l'introduction du corridor du maïs Parakou - Niamey. Les temps moyens de contrôle, qui varient entre cinq et huit minutes sur 100 km, ont fortement augmenté ce trimestre sur tous les corridors. Les commerçants d'oignon passent plus de temps aux barrières parce qu'ils acceptent difficilement les paiements illicites.

En ce qui concerne le commerce et la consommation des jus de fruits et des produits similaires destinés à l'alimentation humaine, contrairement à l'UE, la CEDEAO ne dispose pas d'une règlementation spécifique. L'absence d'une règlementation claire en matière de production, de commercialisation et de consommation des boissons sucrés (boissons gazeuses et jus de fruits et légumes) pourrait être une aubaine pour des opérateurs économiques véreux d'y écouler des jus ou cocktails de fruits de mauvaise qualité.

Les industries fruitières de l'Afrique de l'Ouest subissent également ces obstacles aux échanges (lourdeurs administratives, logistique inadéquate, etc.) malgré la détention d'un agrément qui atteste l'origine communautaire de la pulpe ou du jus de mangue qu'elles tentent d'exporter dans l'espace CEDEAO. Il en découle parfois que les exportations vers l'Europe coûtent moins chers que la satisfaction de la demande communautaire de jus de fruits.

Jusqu'à présent, les fruits des efforts de mise en oeuvre du schéma de libéralisation du commerce et d'intégration régionale sont toujours espérés par tous les usagers des différents corridors pour juguler les obstacles et booster davantage le commerce intracommunautaire au profit de l'économie régionale.

3.2. La production de jus de fruits en Afrique de l'Ouest

A l'instar des autres régions subsahariennes, l'Afrique de l'Ouest produit une large variété de fruits et légumes (selon FAOSTAT la région est classée 8ème producteur mondial de fruits et agrumes, 14ème pour l'ananas et 22ème pour la mangue et la goyave).

Malgré ces potentialités, elle enregistre d'importantes pertes dans la valorisation de certaines denrées agricoles périssables du fait de leur faible taux de transformation et l'attaque de parasites. En effet, selon une étude réalisée par la Banque Africaine de Développement (BAD), les pays sub-sahariens subissent en moyenne des pertes après-récolte comprise entre 35 et 50% de la production réalisable totale concernant les fruits et les légumes. Pour la mangue, la production globale de la région s'élevait à 1,1 millions de tonnes en 2010 avec des pertes après-récolte qui atteignaient 320 000 tonnes (soit 29%).

Cependant, depuis les années 2000, l'industrie fruitière en Afrique de l'Ouest connaît un certain dynamisme grâce à la création d'industries modernes de conditionnement et de transformation des fruits et légumes en jus, en confiture ou en purée dans la plupart des pays de la CEDEAO.

A côté des unités modernes, de petites entreprises traditionnelles de transformation, en majorité constitués par des femmes, contribuent également au développement de la chaîne de valeur des fruits et légumes en Afrique de l'Ouest à travers la production de jus de gingembre, de bissap, de tamarin et autres produits non ligneux.

Même si les statistiques sur la production régionale de jus de fruits est quasi inexistante ou difficile à recueillir en raison de la prédominance du caractère informel dans le sous secteur, il faut néanmoins relever la floraison de plusieurs marques locales de jus ou de cocktail de fruits. Il s'agit entre autres de :

·

25

« Ivorio » en Côte d'Ivoire ;

· « Délicio » et « DAFANI » au Burkina Faso ;

· « Bravo » au Bénin ;

· « Frutelli » au Ghana ;

· « Présséa » au Sénégal.

Le Nigéria qui demeure le plus vaste débouché15 de la CEDEAO pour la majorité des biens et services, a mis du temps avant d'entamer la transformation industrielle de ses fruits et légumes. En effet, c'est à partir de 2012 que ce pays va effectivement booster sa production de concentré de fruits avec la reprise de l'industrie Teragro qui dispose d'une capacité de traitement par heure de 6 tonnes d'oranges, 5 tonnes de mangues et 4 tonnes d'ananas.

En dépit des potentialités existantes, des opportunités d'affaires et des efforts de promotion de la chaîne de valeurs des filières fruits et légumes en Afrique de l'Ouest, d'une manière générale son industrie agroalimentaire continue à faire face à plusieurs défis relative à :

> une amélioration de la compétitivité (sur le plan de la qualité, de la quantité et de prix), de l'emballage et de l'étiquetage des produits ;

> une organisation et une communication efficace entre les professionnels des filières et les associations de défenses des consommateurs ;

> une interconnexion entre l'offre et la demande par le renforcement de la connaissance du marché et des circuits de distribution, la réduction des entraves aux échanges

intracommunautaires et la mise en oeuvre de stratégies commerciales performantes ;

> un accès à des services financiers et non financiers adaptés aux besoins de financement.

En attendant, de relever toutes ces contraintes, les quantités de jus de fruits fabriqués dans chaque pays de la CEDEAO sont loin de satisfaire à l'évolution de la demande. Par conséquent, la Communauté continue à importer du jus de fruits et légumes non originaires de la région pour combler les déficits de la production communautaire de jus de fruits.

3.3. Les importations et les exportations de jus de fruits de l'Afrique de l'Ouest

Même si pour le moment les importations de jus de fruits contribuent à alourdir le déficit de la balance commerciale dans la plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest, l'ensemble des quantités importées au niveau de la CEDEAO restent encore marginales car elles ne représentent en moyenne que 0,45% des importations mondiales de ce produit.

Le Nigéria, le Ghana, le Sénégal, le Cap Vert et la Côte d'Ivoire sont les pays de la CEDEAO qui ont le plus importé de jus de fruits au cours de la période 2009 et 2013 (cf. graphique 1). Par exemple, en 2013 ces cinq (05) pays ont importé, à eux seuls, plus de 85% des jus de fruits dans la région ouest africaine.

La Sierra Leone, la Guinée-Bissau, la Gambie et le Burkina Faso sont les pays de la communauté qui importent le moins du jus de fruits. En effet, ces quatre (04) pays en ont importé environ 4% en 2013.

15 Le Nigéria dépense par an plus d'un milliard de dollars dans l'importation des concentrés de fruits.

26

Source : l'auteur à partir du traitement de données extraites du tradmap de l'ITC

En moyenne, les importations de jus de fruits ont enregistré une faible croissance (8% en valeur et 1% en quantités) entre 2009 et 2013.

Cependant, on constate que certains pays de la CEDEAO ont continué à accroitre leurs dépenses d'importations de jus de fruits pour répondre aux besoins de la demande. Parmi ces pays, se trouvent le Nigéria (de 21 136 000 $ US en 2009 à 27 919 000 $ US en 2013), le Sénégal (de 6 955 000 $ US en 2009 à 12 363 000 $ US en 2013).

Par contre, certains pays où des efforts de renforcement de la chaîne de valeur de la filière fruits et légumes ont été déployés, il ressort que la valeur des importations non seulement reste faible, mais a tendance à baisser ou connaitre une faible progression. Il s'agit notamment du Bénin, de la Guinée Bissau et du Burkina Faso. En particulier pour le Burkina Faso, l'importation de jus de fruits a évolué en hausse entre 2010 et 2012 suite à la fermeture de DAFANI-SA en 2009. Mais avec la reprise des activités de la société en 2011, ce n'est qu'à partir de 2013 que la mise sur le marché des nectars de fruits de DAFANI contribue à réduire la valeur des importations de jus de fruits.

Tableau 10 : Evolutions des importations de jus de fruits (en milliers de dollar US) par les

ays de la CEDEAO

Importateurs

valeur importée en 2009

valeur importée en 2010

valeur importée en 2011

valeur importée en 2012

valeur importée en 2013

Monde

13

275

854

13

822

983

17

290

459

16

800

805

16

503

650

la Communauté économique des Etats de l'Afrique l'Ouest (CEDEAO) Aggregation

 

53

972

 

63

285

 

78

065

 

85

704

 

73

996

Nigéria

 

21

136

 

22

880

 

25

066

 

28

788

 

27

919

Ghana

 

10

091

 

13

701

 

22

080

 

26

055

 

15

352

Sénégal

 

6

955

 

5

778

 

10

811

 

10

967

 

12

363

Cabo Verde

 

4

576

 

5

577

 

5

728

 

5

392

 

4

816

Côte d'Ivoire

 

2

355

 

3

546

 

2

361

 

3

501

 

2

457

Mali

 
 
 
 

3

063

 

2

728

 

1

863

 

2

210

Guinée

 
 
 
 

1

870

 

1

191

 

1

024

 

1

483

Niger

 
 

613

 
 

510

 
 

903

 
 

901

 

1

356

Bénin

 

1

672

 

1

430

 

1

478

 

1

365

 

1

147

Libéria

 
 

749

 

1

076

 
 

921

 
 

868

 

1

027

Togo

 
 

375

 
 

513

 

1

181

 
 

979

 

1

007

Burkina Faso

 
 

820

 

1

774

 

1

839

 

1

963

 
 

950

Gambie

 
 

603

 
 

893

 
 

829

 
 

888

 
 

833

Guinée-Bissau

 

3

676

 
 

256

 
 

529

 
 

298

 
 

542

Sierra Leone

 
 

351

 
 

418

 
 

420

 
 

852

 
 

534

 

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org/Index.aspx?lang=fr)

Tableau 11 : Evolutions des importations de jus de fruits (en tonnes) par les pays de la CEDEAO

2009

 

2010

 

2011

 

2012

 

2013

quantité importée, Tonnes

quantité importée, Tonnes

quantité importée, Tonnes

quantité importée, Tonnes

quantité importée, Tonnes

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Pas de quantité

 

12 165 436

 
 
 

12 393 058

 
 
 

12 930 799

 
 
 

Pas de quantité

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Importateurs

Monde

la Communauté économique des Etats de

 
 
 
 
 
 
 
 

l'Afrique l'Ouest (CEDEAO) Aggregation

 

80

929

87

133

150

049

 
 

Niger

Bénin

Mali

Togo

Burkina Faso

Libéria

Ghana

Cabo Verde

Côte d'Ivoire

Guinée

Gambie

Guinée-Bissau

Sénégal

Sierra Leone

Nigéria

15 834

12 588

4 577

2 730

2 721

2 697

2 628

2 562

1 859

1 299

481

993

865

516

Pas de quantité

15

651

20

875

33

906

53

987

7

521

5

945

10

062

11

322

4

888

5

916

5

195

5

041

3

168

2

696

2

410

2

674

 
 

3

248

3

963

3

385

1

288

1

762

2

381

1

869

1

001

1

154

2

542

3

055

2

523

3

050

2

737

4

460

 
 

6

710

3

495

2

614

1

625

3

826

4

824

5

220

 

824

1

475

1

063

1

033

2

016

2

732

2

983

 

848

 

315

 

318

 

470

 

322

Pas de quantité

 

517

 

578

1

085

16 540

20

705

10

524

53

134

 

27

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org/Index.aspx?lang=fr)

Les exportations globales de la CEDEAO de jus de fruits qui représentent en moyenne près de 0,10% des exportations mondiales sont encore plus faibles que celles des importations. Cela signifie que la balance commerciale de la Communauté pour les jus de fruits reste déficitaire malgré ses potentialités en fruits. Ce qui prouve que le marché ouest africain peut contribuer au développement de la chaîne de valeur de la filière mangue, à condition que les industries et les transformateurs locaux y exploitent au mieux leurs avantages comparatifs pour l'écoulement des jus ou pulpe de fruits.

A l'heure actuelle, les exportations, de jus de fruits originaires de la CEDEAO, aussi bien en valeur qu'en quantité, ont tendance à baissé tandis que ses importations sont en recule. En effet, les exportations de la région qui étaient de 14 541 000 $ US en 2009 ont été évaluées à 11 939 000 $ US en 2013.

Tableau 12 : Evolutions des exportations de jus de fruits (en millier de dollar US) de la CEDEAO

 

valeur exportée

valeur exportée

valeur exportée

valeur exportée

valeur exportée

Exportateurs

 
 
 
 
 
 

en 2009

en 2010

en 2011

en 2012

en 2013

 

Monde

la Communauté économique des Etats de l'Afrique l'Ouest (CEDEAO) Aggregation

Togo

Ghana

Sénégal

Côte d'Ivoire

Sierra Leone

Guinée-Bissau

Guinée

Cabo Verde

Gambie

Bénin

Nigéria

Niger

Burkina Faso

Mali

Libéria

12 652

402 13

519

257 16

993

591 16

590

615

14

541

13

552

14

087

21

777

1

670

1

245

3

011

9

138

 

641

 

356

 

653

 

741

 

159

 

33

 

125

 

218

5

520

7

069

7

813

6

811

2

726

4

464

1

932

3

607

 

5

 

11

 

24

 

425

 

-

 

11

 

51

 

203

 

22

 

2

 

11

 

57

 

9

 

3

 

5

 

4

 

289

 

16

 

13

 

254

 
 
 

173

 

117

 

117

 
 
 

159

 

14

 

18

 

-

 

-

 

-

 

-

3

456

 

10

 

318

 

-

 

44

 

-

 

-

 

184

 

16 289 338

11 939

-

8 812

1 694

480

365

241

182

108

54

2

1

-

-

-

-

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org/Index.aspx?lang=fr)

Tableau 13 : Evolutions des exportations de jus de fruits (en tonnes) par la CEDEAO

quantité exportée, Tonnes

2011

quantité exportée, Tonnes

2012

quantité exportée, Tonnes

2009

quantité exportée, Tonnes

2010

quantité exportée, Tonnes

2013

Exportateurs

Monde

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

12 268 039

 

13 359 071

 

13 267 189

 

Pas de quantité

 

Pas de quantité

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

la Communauté économique des Etats de l'Afrique l'Ouest (CEDEAO) Aggregation

 
 
 
 
 
 

2 648

677

257

2 207

4 514

5

Pas de quantité

18

24

Pas de quantité

274

63

2 058

337

75

2 684

5 926

13

10

2

8

Pas de quantité

13

473

57

5

3 838

550

328

2 676

7 601

42

89

7

9

Pas de quantité

23

285

17

120

7 351

905

548

3 110

7 091

415

182

55

6

Pas de quantité

454

221

6

Pas de quantité

24

Pas de quantité

Pas de quantité

100

Libéria

Nigéria

Niger

Bénin

Burkina Faso

Mali

Ghana

Côte d'Ivoire

Togo

Guinée-Bissau

Cabo Verde

Guinée

Gambie

Sénégal

Sierra Leone

Pas de quantité

5 394

1 379

1 083

227

565

340

93

56

7

Pas de quantité

-

Pas de quantité

Pas de quantité

Pas de quantité

Source : Trademap de l'ITC ( http://www.trademap.org/Index.aspx?lang=fr)

28

3.4. Le marché ouest africain de jus de fruits

Depuis quelques années, la plupart des pays africains connaissent une forte croissance de leur population, un accroissement de l'urbanisation et une diversification de l'alimentation aussi en milieu urbain que rural. Ces changements offrent des débouchés assez importants pour l'écoulement des denrées agroalimentaires de production locale, y compris les jus de fruits et légumes.

Malgré ces atouts, des marques de boissons gazeuses (coca-cola, Fanta, Tonic, etc.) et des boissons alcooliques (bières, vin, etc.) fabriquées par des filiales de multinationales ou importées continuent à s'imposer aux habitudes de consommation de bon nombre de population ouest africaine au détriment de la consommation de jus de fruits, en dépit des risques sur la santé des consommateurs. En effet, les insuffisances les différents dispositifs règlementaires appliqués dans l'espace CEDEAO ne favorisent pas toujours la production, l'importation et la mise sur le marché des produits alimentaires susceptibles de nuire le moins possible à la santé des consommateurs.

En plus des boissons sucrées et gazeuses (BRAKINA au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Togo, au Ghana, etc.) dans les pays de l'Afrique de l'Ouest, il se développe dans certaines capitales africaines la vente de jus pressé à base de fruits importés sous le contrôle de puissantes filiales étrangères.

Toutefois, avec la prise de conscience des effets bénéfiques des fruits et dérivés sur leur santé et le développement de l'industrie fruitière au niveau de la région, de plus en plus la population ouest africaine s'intéresse à la consommation de jus de fruits naturels.

A titre d'exemple, la consommation annuelle de jus de fruit au Nigéria a augmenté d'approximativement 10 pour cent à partir de 2002 à 2010. En effet, le nombre de consommateurs de jus de fruits et légumes dans ce plus gros marché ouest africain a accru de 15 millions en 2002 (avec une consommation de 200 millions de litres) à 55 millions en 2007 (320 millions de litres). Dans ce pays, le marché des concentrés de jus de fruit, des jus et cocktail de

29

fruits a grimpé de 1,5 millions de kilogrammes en 2002 jusqu'à 30 millions de kilogrammes (évalués à plus de 85 millions de dollars) en 2007.

Par ailleurs, la création d'entreprises dans l'espace CEDEAO spécialisées dans la production et la commercialisation des crèmes glacées, des yaourts fruités ou des boissons à partir de concentrés ou purées importés (par exemple Unilever etc.) constitue un véritable débouché aux concentrés et purées de fruits d'origine communautaire.

30

CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC EXPORT DE LA SOCIETE DAFANI

L'industrie « DAFANI-S.A », créé en 2007 par une quarantaine de producteurs de mangue et des hommes d'affaires, est une industrie agro-alimentaire burkinabè qui produit de la purée de mange, du nectar et du cocktail de fruits. Les investissements réalisés au démarrage de la société s'élèvent à 3,2 milliards de Francs CFA (4,9 millions d'euros) dont un capital propre de 750 millions de francs CFA (1,14 millions d'euros).

Elle emploie plus de cent vingt-six (126) salariés permanents et environ deux cent (200) saisonniers durant la campagne de production de mangues comprise entre avril et juillet. En dépit d'une progression assez appréciable de sa part de marché, la société sera obligée de cesser ses activités en 2010 en raison de l'incapacité de faire face à ses difficultés financières. Au regard de l'importance de cette industrie en matière de valorisation de la filière fruitière au Burkina Faso, de création de richesses et d'emplois, l'Etat a apporté un soutien déterminant16 pour le redémarrage de ses activités de production et de commercialisation de ses produits en avril 2011.

4.1. Politique de production et commerciale de DAFANI

La grande part des matières premières utilisées par DAFANI-SA est constituée de mangues collectées auprès d'un réseau de plus de quatre cent (400) producteurs burkinabè. Les cinq (05) variétés utilisées par DAFANI-SA sont : l'Amélie (à hauteur de 65%) est produite de Mars à Juin, la Lippens (15%) est produite de Mai à Juin, la Brook (10%), la Kent (8%) et la Keitt (2%) sont produites de Juin à Août.

Ensuite les quantités de mangues collectées sont acheminées à l'unité de stockage, de lavage et de mûrissement d'une capacité d'approvisionnement de 150 tonnes par jour de l'unité de transformation où seront produits de la purée de mangue aseptique et du nectar de fruits.

L'unité de transformation est composée de deux (02) lignes de fabrication. La première ligne de fabrication de purée qui est fonctionnelle quatre (04) mois par an dispose d'une capacité maximale de cinq (05) tonnes/heure. Quant à la seconde ligne d'une capacité de 25 500 litres/heure sert à la fabrication et au conditionnement de jus et de nectar de fruits. Mais, en pratique l'unité de transformation produit par jour environ 120 tonnes de mangue fraîche en 100 tonnes de purée (soit une production annuelle estimée à 13 500 tonnes) grâce à un rendement de 92% pour la variété « Amélie » et 73% pour les autres, soit un rendement moyen de 85%.

Pour le moment, la société produit et vend trois (03) gammes de purée de mangue aseptiques (la purée de mangue aseptique conventionnelle, la purée de mangue aseptique biologique et la purée de mangue aseptique équitable) et quatre (04) gammes de jus de nectar (le nectar de mangue, le nectar d'orange, le cocktail de mangue-orange et le cocktail de mangue-ananas-fruits de la passion)

Une grande part de la production de purée est conservée dans des conditions rigoureuses pour les besoins de la production de nectar de fruits destinés au marché national et marché régional.

En 2012, DAFANI-SA a réalisé 4 186 191 810 francs CFA (soit 80,98% de part de marché) de chiffre d'affaires au Burkina Faso contre 3 917 420 604 francs CFA (soit 73,82% en 2013. Malgré cette baisse de son chiffre d'affaires, la société reste le leader sur le marché burkinabè des jus de fruits.

16 L'appui de L'Etat burkinabè a été rendu possible grâce à l'intervention du Programme d'appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP) et du Programme de restructuration et de mise à niveau des entreprises en difficulté.

31

Même si l'on observe en 2013 une diversification et un dynamisme des sources d'importation de jus de fruits au Burkina Faso, les industries ghanéennes de jus de fruits (7,37% en 2012 contre 8,29% en 2013) y conservent la deuxième place en termes d'occupation de marché. Les ventes de jus de fruits originaires de la Chine sur le marché burkinabé sont à la hausse.

En effet, elles sont passées de 41 962 679 francs CFA en 2012 (soit 0,81%) à 130 067 853 francs CFA en 2013 (soit 2,45%). De même, les jus de fruits français (de 1,32% en 2012 à 2,31% en 2013) et Béninois (0,93% en 2012 à 1,85% en 2013) ont connu une hausse de part de marché. Par contre, les jus de fruits en provenance de la Côte d'Ivoire, des Pays-Bas et du Nigeria ont enregistré une régression de leurs ventes.

Bien que les consommateurs Burkinabè apprécient bien le goût du jus de fruits ou nectar DAFANI, les statistiques démontrent qu'ils commencent à s'intéresser de plus en plus aux jus de fruits importés, probablement dans un souci de diversification des goûts et de saveurs en en tenant compte de leur pouvoir d'achat.

Par exemple, les jus de fruits importés comme KALYPPO, JUS D'OR, TAMPICO, IVORIO, JOCKER, FRUITY, PAQUITO bien que de qualité jugée inférieure par les consommateurs burkinabè, ces derniers n'hésitent pas à acheter les produits concurrents en raison de leurs prix relativement plus compétitifs.

Tableau 14 : Comparaison de l'évolution des parts de marché de jus de fruits au Burkina entre 2012 et 2013

Part des marché de jus fruits au Burkina Faso en 2012

Part des marché de jus de fruits au Burkina Faso en 2013

Origine

Valeurs (FCFA)

Valeurs (%)

Origine

Valeurs (FCFA)

Valeurs (%)

Burkina Faso (DAFANI-SA)

4

186

191

810

80,98

Burkina Faso (DAFANI-SA)

3

917

420

604

73,82

Ghana

 

380

942

701

7,37

Ghana

 

439

816

012

8,29

Côte d'Ivoire

 

86

099

832

1,67

Chine

 

130

067

853

2,45

Pays-bas

 

76

689

516

1,48

France

 

122

499

400

2,31

France

 

68

328

438

1,32

Côte d'Ivoire

 

114

365

024

2,15

Nigéria

 

49

289

495

0,95

Bénin

 

98

392

750

1,85

Bénin

 

48

324

235

0,93

Togo

 

76

537

598

1,44

Togo

 

43

034

436

0,83

Emirats Arabes Unis

 

53

279

670

1,00

Chine

 

41

962

679

0,81

Espagne

 

47

151

384

0,89

Vietnam

 

33

908

187

0,66

Autriche

 

46

219

869

0,87

Espagne

 

22

154

818

0,43

Pays-bas

 

36

820

457

0,69

Autriche

 

18

415

559

0,36

Turquie

 

31

585

344

0,60

Mali

 

17

460

753

0,34

Mali

 

26

044

662

0,49

Afrique du Sud

 

15

448

603

0,30

Brésil

 

23

613

473

0,44

Taïwan, Province de Chine

 

14

747

724

0,29

Nigéria

 

21

228

763

0,40

Liban

 

8

802

505

0,17

Afrique du Sud

 

17

651

435

0,33

Turquie

 

8

673

901

0,17

Maroc

 

16

885

000

0,32

Emirats Arabes Unis

 

8

373

044

0,16

Inde

 

14

262

500

0,27

Arabie Saoudite

 

7

805

730

0,15

Liban

 

9

505

181

0,18

Bangladesh

 

7

764

146

0,15

Australie

 

8

378

504

0,16

Chypre

 

4

857

146

0,09

Sénégal

 

7

819

431

0,15

Cameroun

 

4

252

770

0,08

Taïwan, Province de Chine

 

7

322

715

0,14

Inde

 

4

227

000

0,08

Bangladesh

 

6

777

017

0,13

Etats-Unis

 

3

413

751

0,07

Egypte

 

5

441

498

0,10

Belgique

 

2

650

875

0,05

Allemagne

 

5

209

000

0,10

Pakistan

 

2

225

706

0,04

Cameroun

 

4

180

000

0,08

Malaisie

 

1

476

000

0,03

Vietnam

 

3

845

000

0,07

Sénégal

 

1

162

093

0,02

Thaïlande

 

3

666

000

0,07

Canada

 
 

712

230

0,01

Grande Bretagne

 

3

416

500

0,06

Niger

 
 

212

500

0,00

Malaisie

 

3

000

000

0,06

TOTAL

5

169

608

183

100,00

Belgique Italie

 

2

2

206

055

400

885

0,04

0,04

 
 
 

262

000

0,00

 
 
 

118

086

0,00

 

5

307

045

015

100,00

 

Source : Direction commerciale et marketing (DCM) de DAFANI-SA

Face à la montée de la concurrence sur le marché national, la société a initié des actions qui se rapportent essentiellement à :

32

+ l'organisation de campagnes de diffusion de spots télé sur de courtes périodes en vue de maintenir la marque « DAFANI » dans l'esprit du consommateur et de l'amener à demander le produit à chaque fois qu'il est dans le besoin ;

+ la promotion de l'image de DAFANI-SA à travers le sponsoring des évènements à fort impact publicitaire par des remises de packs de jus ou des contributions financières ;

+ l'organisation de tournées des Chefs de produit dans les grandes villes du pays pour permettre un suivi quotidien des grossistes et des détaillants et une collecte d'informations sur le marché et la concurrence ;

+ l'octroi de crédit d'enlèvement pour accompagner des distributeurs et renforcer leur capacité de commande ;

+ l'organisation de cérémonies de récompense aux meilleurs grossistes par le biais d'attestations de reconnaissance et collations de fin de rencontres bimestrielles avec les grossistes afin de discuter de leurs préoccupations.

Concernant les échanges sur les marchés extérieurs, DAFANI-SA exporte de la purée en Europe et du nectar de fruits dans l'espace UEMOA et CEDEAO. Lors de ses opérations d'exportation en Europe, notamment en France, elle contracte une assurance pour l'exportation de la purée car les clients exigent des cotations à l'incoterm DDP. Pour les nectars de fruits, les exportations s'effectuent sous l'incoterms « EXWORK » et au comptant ; donc tous les charges et risques sont supportés par le client.

En effet, elle exporte difficilement une faible quantité de sa purée essentiellement vers la France, même si à sa création DAFANI-SA ambitionnait d'exporter de la majorité de sa production (soit 80%), notamment sous forme de purée ou pulpe. Les nectars de fruits devaient occuper qu'une petite part du marché surtout le marché local.

Malheureusement, dès le démarrage, la purée qui était produite pour le marché européen n'a pas eu d'acheteurs car les variétés de mangue produites au Burkina Faso ne sont pas connues. Par conséquent, la société s'est focalisée dans la production et la commercialisation des nectars sur le marché local et prospecte d'autres opportunités sur des marchés africains.

En 2008, la société a vendu à l'export prés de 43 000 cartons de 6 litres/carton par l'entremise de ses partenaires notamment, Global business (Bénin), la société de distribution UATAM (Côte d'Ivoire), MANDINGO SARL au Mali et les Etablissements LOMPO au Niger. En 2009, environ 30 700 cartons (soit seulement 6% du chiffre d'affaires) ont été exportés grâce aux commandes des mêmes partenaires précédents.

Quant à la purée, la société DELIFRUIT, grâce à l'appui de l'association Aide Technique Bénévole en France (ATB France) a acheté 80 tonnes soit 1% du Chiffre d'affaires réalisé en 2009 par DAFANI-SA.

Au redémarrage de ses activités en 2011, DAFANI-SA a repris les exportations en 2012 dans les mêmes pays.

Pour l'année 2012, elle a vendu :

+ environ 80 000 cartons de nectar de fruits au total, soit 480 000 litres ;

+ 118 tonnes de purée de mangue dont 114,7 tonnes en France et 2,46 à Kirène au Sénégal.

33

En 2013, les statistiques commerciales de DAFANI-SA se résument comme suit :

+ vente de 283 000 cartons de nectar de fruits, correspondant à environ 1 698 000 litres (soit plus du triple des ventes de 2012) ;

+ vente de 350 tonnes de purée de mangue en France et au Sénégal (soit environ le triple des ventes de 2012).

Au niveau des pays de la CEDEAO (Côte d'Ivoire, Bénin, Togo, Niger, Sénégal) dans lesquels DAFANI-SA exporte déjà ses produits, sa politique commerciale est axée sur :

· le renforcement de la couverture des capitales en s'assurant que les produits intègrent l'ensemble des canaux de distribution ;

· l'accroissement de la notoriété des jus DAFANI dans ces pays.

Au niveau des pays à prospecter, en occurrence, la Guinée Bissau, le Mali et le Ghana, il s'agira essentiellement d'y effectuer des missions de prospection afin d'évaluer leur potentiel de marché et recueillir des contacts de prospects.

En dépit des performances commerciales de DAFANI-SA relativement encourageantes, elle reste, à l'instar de la plupart des industries agro-alimentaires, confronté à des difficultés lors de ses opérations à l'export dont les principales sont :

+ la mauvaise qualité des mangues est parfois à l'origine d'un taux de pourriture atteignant parfois jusqu'à 60%, de la non maîtrise de la teneur en sucre (variant entre 14° et 18° Brix) et de la présence de bactéries susceptibles de modifier le goût de la purée ;

+ les prix des produits, jugés élevés et peu compétitifs, malgré les efforts consentis par la société pour rendre ses conditions plus attrayantes17 ;

+ la complexité et le coût relativement élevé du transport international, du fait de l'éloignement de certains pays et de l'enclavement du pays ;

+ des barrières non tarifaires liées aux exigences du marché européen18 avec des spécifications très particulières sur la qualité et la délivrance d'une certification Bio et équitable de la purée ;

+ les droits et taxes douanières, les tracasseries aux frontières des pays ainsi que les contraintes administratives (lenteur et lourdeur administrative) et légales dans la plupart des pays, en dépit de la détention de l'agrément UEMOA et CEDEAO ;

+ les difficultés pour suivre à distance et de manière soutenue le portefeuille international, se soldant par une pénétration plus faible des marchés extérieurs, de lentes rotations des

stocks des importateurs-distributeurs internationaux, des commandes irrégulières.

Eu égard à ces contraintes qui compromettent véritablement l'exportation de la purée de mangue vers l'Europe, DAFANI-SA a sollicité l'appui technique du CIRAD en 2009 afin de lui permettre de respecter les exigences européennes en matières de normes techniques et sanitaires

17 DAFANI-SA a procédé au réajustement de ses tarifs lors de la reprise de ses activités en 2011 et constitue d'importants stocks promotionnels tout au long de l'année.

18 Contrairement aux variétés indiennes « Alfonso » et « Totapuri » qui sont bien connues et appréciées par les fabricants européens de jus et de nectars de mangue celles du Burkina Faso sont méconnues et ont du mal à être vendu sur le marché européen.

34

et de saisir les opportunités de vente auprès des entreprises de production de jus et nectar de mangue, notamment avec la filiale française de REFRESCO, c'est-à-dire Délifruits.

Les résultats de l'essai de transformation et de commercialisation de la purée de mangue « DAFANI » avec Délifruits a permis de convenir d'un partenariat qui ouvre de bonnes perspectives de création de nouvelles saveurs susceptibles d'intéressés davantage les acheteurs français et européens.

A priori, la société DAFANI semble avoir une longueur d'avance sur ses concurrents au niveau du marché burkinabè des jus de fruits, même si elle doit continuer à innover et améliorer sa productivité pour anticiper sur les stratégies de ces derniers. L'occupation confortable du marché local amène la DAFANI-SA à prospecter et conquérir de nouveaux marchés extérieurs.

A cet effet, il s'agira dans les lignes qui suivent d'évaluer les grandes fonctions de DAFANI-SA en cohérence avec ses forces et faiblesses afin de mesurer ses capacités réelles à tirer profit des opportunités et d'analyser sa compétitivité technologie et commerciale pour définir son positionnement sur les marchés extérieurs dans un contexte de globalisation de l'économie.

4.2. Evaluation des grandes fonctions de DAFANI-SA

L'évaluation des principales fonctions de DAFANI-SA vise à réaliser son diagnostic interne à l'aide d'un système de notation19 de critères pertinents utilisant une grille d'analyse du profil de l'entreprise.

Dans le cadre de cette étude de cas, la grille d'analyse du profil de DAFANI-SA repose sur le choix de principaux critères pour chacune des cinq (05) principales fonctions retenues.

Les clés de succès d'un projet de développement des activités à l'international d'une entreprise se déterminent en premier lieu au niveau de l'efficacité de son système de production et de la logistique.

Aussi, l'internationalisation des activités d'une entreprise n'est pas immédiatement rentable car celle-ci a besoin parfois d'une période d'adaptation assez longue avant que tous les investissements engagés (augmentation de la capacité de production, réalisation d'études de marchés, financement du réseau de distribution, etc.) ne commencent à réaliser des profits. Pire, il arrive parfois que les aventures sur les marchés se terminent par des échecs lorsque les énormes coûts additionnels et les risques commerciaux et financiers (risque de change et risque de non-paiement) n'ont pas été maîtrisés. D'où la nécessité de s'assurer, en second lieu, si la capacité financière de DAFANI-SA est suffisante pour réussir ses activités à l'export.

La complexité des activités internationales sont notamment dues aux spécificités légales, culturelles, linguistiques et aux habitudes commerciales hétérogènes des marchés étrangers. C'est pourquoi, avant de s'engager dans une extension éventuelle de ses activités, DAFANI-SA a intérêt de connaitre si ses ressources humaines seront à la hauteur.

Pour ce qui concerne le quatrième niveau d'évaluation, il s'agira d'étudier la fonction marketing de DAFANI-SA pour lui permettre de décider d'entreprendre ou non toute activité de conquête des marchés extérieurs.

19 Sur la base d'une échelle allant de 1 à 5, chacun des critères est noté en fonction du degré de maîtrise de l'entreprise (1 : très faible maîtrise, 2 : faible maîtrise, 3 : maîtrise moyenne, 4 : forte maîtrise, 5: très bonne maîtrise).

35

Dans le cadre de ses activités d'exportation, toute entreprise devrait avoir une bonne maîtrise de l'environnement politique et légal du marché endogène et des marchés extérieurs. Elle devrait également connaître le fonctionnement des opérations juridiques au niveau régional et international.

Toutes ces dispositions juridiques sont importantes pour cerner les entraves (embargo, sanctions ou licences d'importation ou d'exportation, conventions fiscales et de travail, application contrats internationaux) les avantages (aides et des régimes préférentiels) liés à l'application de la règlementation économique au niveau national, régional ou international. Ces quelques raisons justifient le choix d'évaluer, également, la fonction juridique de DAFANI-SA.

Sur la base du système de notation précédemment défini et de l'analyse des informations recueillies auprès de DAFANI-SA, les résultats décrivant son profil (cf. tableau suivant) se présentent comme suit :

+ Fonction production et logistique

Disposant d'une capacité de production maximale de 2600 unités/heure, DAFANI-SA produit habituellement 2000 unités/heure soit 166 cartons de jus de fruits conditionnés en 0,5 litre et 333 cartons en 1 litre. Avec un tel niveau de production, la société est à mesure de satisfaire le marché national de jus et cocktail de fruits sans trop de problème. En revanche, sa capacité de production actuelle ne lui permet pas de satisfaire à de fortes commandes extérieures.

De même, sa capacité de production de la purée de mangue évaluée à 50 tonnes par jour, ne lui permet pas d'adapter ses produits et de répondre convenablement à une demande supplémentaire. Par conséquent, la société devra réaliser des investissements complémentaires qui, bien qu'ils soient indispensables pour améliorer sa productivité, entraineront des surcoûts difficilement supportables pour la société.

L'achat d'une laveuse automatique a permis d'améliorer la qualité en réduisant le taux d'acide hydrique et la productivité de la main d'oeuvre.

En l'absence d'unités de transformation locales capables de respecter ses exigences, DAFANI-SA ne peut avoir recours à la sous-traitance pour assurer une partie de sa production.

En matière de veille concurrentielle, c'est la direction commerciale et marketing (DCM) qui est chargée de suivre les activités de la concurrence sur le marché (les nouveaux produits, les prix, etc.). Hormis pendant la phase de montage du projet où un bureau d'études à contribué à l'étude de marché, la société DAFANI n'a plus encore fait appel à des organismes professionnels pour la veille commerciale de son secteur d'activité.

Elle n'utilise pas de banques de données des structures spécialisées pour la veille commerciale et technologique, seules les données consignées dans les rapports de la DCM sont exploitées.

La location d'un dépôt d'une capacité de 2 600 m2 suffit pour le moment de rendre disponible les mangues et autres fruits pour les besoins de la transformation et stocker les produits finis. De même, l'emballage et le transport des jus de fruits ou pulpe de mangue sont sous-traités.

De l'analyse du système de production de DAFANI-SA, il ressort qu'il n'est pas pour l'instant à mesure d'accroître sa production à coût réduit ou raisonnable et de l'adapter dans un délai court aux besoins d'éventuelles demandes supplémentaires.

C'est pour cela que les dirigeants de DAFANI-SA sollicitent, depuis la reprise de ses activités, l'assistance de l'association Aide Technique Bénévole (ATB) installée en France dans le cadre

36

de formation technique du personnel, de la recherche de marché pour la purée et des entretiens de son usine.

Ils peuvent également s'appuyer sur l'assistance technique du Cadre intégré renforcé (CIR) qui est un programme financé par plusieurs donateurs (Banque mondiale, CCI, CNUCED, FMI, OMC et PNUD) en vue d'aider les pays les moins avancés (PMA) à renforcer leurs capacités liées au commerce et à intégrer les questions commerciales dans leurs stratégies globales de développement national.

+ Fonction financière

Au Burkina Faso, DAFANI-SA finance ses investissements à travers des emprunts auprès des banques et des actionnaires et des subventions du Programme Agro-syvo-pastoral (PAFASP) et de l'Etat à travers le bureau de restructuration et de mise à niveau des entreprises (BRMN).

A l'extérieur, l'ATB apporte un appui financier à la réalisation de certains projets visant à aider DAFANI-SA à pénétrer efficacement le marché français.

La capacité d'autofinancement de DAFANI-SA qui était négatif en 2012, s'améliore progressivement grâce aux résultats nets de plus de 800 millions et 1, 3 milliards de francs CFA réalisés respectivement en 2012 et 2013.

A l'inverse, l'accroissement de l'activité entraine une augmentation du Besoin en Fonds de Roulement de la société qui malgré l'appui des banques et des actionnaires continue à être la « bette noire » de la société.

Par ailleurs, la société est de plus en plus confrontée à des difficultés liées aux modalités de paiements et à l'allongement des délais de règlement. Par exemple, il arrive que pour éviter des risques d'impayés, DAFANI-SA retarde ou annule des contrats de ventes, notamment avec des clients installés hors du Burkina Faso.

De l'analyse des états financiers de DAFANI-SA, l'on constate que le niveau de la dette est assez important. La concentration de cette dette en grande partie au niveau du pool bancaire limite sa capacité d'endettement. Mais, avec l'accroissement du volume du chiffre d'affaires enregistré ces dernières années, la société arrive peu à peu à donner conquérir la confiance des banques et d'autres structures d'assistance financières.

Sur la base de ce qui précède, la société exportatrice DAFANI-SA a intérêt à renforcer les partenariats en cours et à prospecter d'autres partenaires techniques financiers, notamment celles basées en Afrique.

A cet effet, elle pourra solliciter l'appui de la banque africaine de l'Import/Export qui met l'accent sur la facilité de garantie de risque pays et le soutien des opérations de prêts des banques en Afrique pour promouvoir le commerce intra africain et les exportations africaines vers d'autres continents.

Elle est également un excellent intermédiaire dans la sécurisation des modalités de paiement en ce sens qu'elle permet à des banques internationales de confirmer des lettres de crédit de leurs clients africains sans exiger de garantie.

+ Fonction Ressources humaines

La production des jus et cocktails de fruits et de la purée de mangue est assurée par des techniciens supérieurs et qualifiés soutenus par des cadres de niveau ingénieur. Mais, DAFANI-

37

SA ne dispose pas d'une structure interne à l'export. Les tâches administratives de management des opérations à l'export sont effectuées par la Direction commerciale et marketing de la société qui ne dispose pas d'assez de personnel qualifié en matière de techniques et règlementation commerciales internationales.

En effet, en plus des activités de promotion commerciale conduite à l'intérieur du pays, le directeur commercial et marketing n'est assisté que par deux collaborateurs pour gérer également les activités à l'export.

Si DAFANI-SA souhaite booster davantage ses échanges à l'international, elle a intérêt à créer une structure interne chargée de gérer les activités à l'export. Cette structure, animée par des spécialistes en commerce international, peut dans un premier temps faire partie de la Direction commerciale et marketing avant d'être rattachée directement à la direction générale dès que le chiffre d'affaires à l'international deviendra plus important.

+ Fonction Marketing

Pour la vente de ses produits, DAFANI-SA travaille avec des distributeurs agrées recrutés aussi bien sur le marché national que sous régional. Le contrôle de ses intermédiaires sur le marché domestique est assuré par son service Marketing et Distribution à travers l'organisation de tournées quotidiennes. Des rapports sur les différentes actions permettre de faire le bilan et d'apporter des corrections, si de besoin.

Ces activités de suivi-évaluation contribuent à une meilleure maîtrise des réseaux de vente sur les marchés intérieurs, en occurrence.

En outre, elle est chargée de la mise en oeuvre du plan annuel d'actions commerciales et marketing. La plupart des documents de communication sont élaborés en français, sauf quelque plaques d'informations sont en partie présentées en anglais.

La politique de communication a permis aux produits DAFANI d'être bien appréciés par les consommateurs de l'espace CEDEAO. Progressivement, bon an mal an DAFANI-SA exporte progressivement ses produits en France avec l'appui de ses partenaires. Par exemple, en 2014, elle a déjà reçu des commandes Délifruits (100 tonnes de purée de mangue conventionnel, équitable et bio) et de Promatura (54, 3 tonnes de purée de mangue bio).

Toutefois, une certification des produits DAFANI et une stratégie de communication appropriées pour le marché européen ou d'autres pays émergents sont à envisager pour permettre aux industriels et aux consommateurs de connaître et s'habituer aux produits bio et équitables de DAFANI-SA

Pour l'instant, les ventes de la société sont concentrées au Burkina Faso avec 80,93% de part de marché en 2012 contre 73,82% en 2013. Cette baisse du chiffre d'affaires au niveau national s'explique par une progression de la conquête du marché des concurrents étrangers et nationaux de DAFANI-SA et éventuellement par une légère hausse de ses exportations à destination de la France et des pays de l'UEMOA.

Même si la pression de la concurrence sur le marché domestique doit servir de raison à DAFANI-SA pour s'internationaliser, elle doit s'assurer que cela ne portera pas préjudice à sa stratégie de reconquête du marché intérieur, voire à sa survie. De ce fait, elle a intérêt à rechercher un positionnement sur les marchés extérieurs sans pour autant réduire sa part de marché au Burkina Faso.

38

+ Fonction juridique

Après quelques années d'expériences, les dirigeants de DAFANI-SA ont une forte maîtrise de la législation et des pratiques de la politique commerciale aux niveaux national et sous régional. Ce qui leur permet de réussir l'accès aux marchés communautaire en dépit des barrières non tarifaires appliquées dans tous les pays de l'espace CEDEAO.

De même, le niveau de connaissance de la politique commerciale internationale appliquée sur les marchés extérieurs et du droit de la propriété intellectuelle et des procédures de dépôt de brevet et de marque sont jugés très satisfaisant.

En revanche, les niveaux de maîtrise du droit des contrats internationaux et de la législation commerciale internationale méritent d'être renforcés. D'autres points faibles de DAFANI-SA portent entre autres sur l'inexistence d'un organisme national chargé d'assurer les risques politiques et la faiblesse des aides publiques à l'export malgré l'assistance apportée par l'Agence pour la promotion des exportations du Burkina (Apex-Burkina) aux exportateurs.

De l'analyse de la fonction juridique de DAFANI-SA, il importe de recourir aux services de spécialistes en matière de législation commerciale international, notamment lors de la signature de contrats internationaux afin de minimiser les risques encourus.

Tableau 15 : Profil de l'entreprise DAFANI-SA

PROFIL DE DAFANI-SA

 
 
 
 
 

CRITERE D'EVALUATION

1

2

3

4

5

FONCTION PRODUCTION ET LOGISTIQUE

 
 
 
 
 

Capacité de production disponible

 
 

*

 
 

Capacité de production excédentaire

 

*

 
 
 

Délais de production

 
 

*

 
 

Conformité aux normes techniques, sanitaires et environnementales internationales

 
 

*

 
 

Disponibilité et qualité de sous-traitants

 

*

 
 
 

Capacité de stockage

 
 

*

 
 

Application d'un système de veille concurrentielle

 
 

*

 
 

FONCTION FINANCIERE

 
 
 
 
 

Mode de financement des investissements commerciaux au Burkina Faso et à l'étranger

*

 
 
 
 

Fonds de roulement

 

*

 
 
 

Capitaux propres

*

 
 
 
 

Capacité d'autofinancement et d'endettement

*

 
 
 
 

Eligibilité aux aides publiques

*

 
 
 
 

Protection contre le risque de non paiement des clients

 
 

*

 
 

Protection contre le risque de change

 
 

*

 
 

RESSOURCES HUMAINES

 
 
 
 
 

Compétence interne des pratiques commerciales étrangères et linguistiques

 

*

 
 
 

Capacités techniques de la structure interne à l'export

*

 
 
 
 

Disponibilité en ressources humaines pour les activités d'export (nombre de salariés occupés à plein temps à l'exportation)

*

 
 
 
 

Niveau d'expériences interne en matière de législations étrangères, de techniques à l'export et des formalités administratives

 

*

 
 
 

Niveau de compétence en matière de négociation commerciale

 

*

 
 
 

Exécution de programmes de formation du personnel à l'export

*

 
 
 
 

Possibilité financière d'engagement de personnel supplémentaire

 

*

 
 
 

FONCTION MARKETING

 
 
 
 
 

Chiffre d'affaires sur le marché domestique

 
 
 

*

 

Chiffre d'affaires sur les marchés d'exportation

*

 
 
 
 

Disponibilité d'études de marché

 
 

*

 
 

Avantage concurrentiel du produit

 

*

 
 
 

Efficacité du système de distribution utilisé

 

*

 
 
 

Degré de dépendance par rapport aux clients et par rapport aux marchés

 

*

 
 
 

Image de marque et notoriété de l'entreprise

 

*

 
 
 

Protection de la marque et des brevets dans le marché domestique et à l'étranger

 
 

*

 
 

Niveau d'acceptabilité et d'adaptation du produit aux marchés étrangers

 

*

 
 
 

Participation de l'entreprises à des manifestations commerciales (foires,salons, etc.)

 
 

*

 
 

Efficacité des actions de communication mises en oeuvre (augmentation du volume de ventes, amélioration de l'image de marque,...)

 

*

 
 
 

FONCTION JURIDIQUE

 
 
 
 
 

Niveau de connaissance de la politique extérieure du marché domestique

 
 
 

*

 

Niveau de connaissance de la politique extérieure des marchés étrangers

 
 

*

 
 

Connaissance de la politique de soutien à l'export du gouvernement national

*

 
 
 
 

Possibilité de bénéficier d'aides à l'export du gouvernement national

*

 
 
 
 

Existence d'un organisme public visant à l'assurance des risques politiques

*

 
 
 
 

Niveau de maîtrise du droit des contrats internationaux

 

*

 
 
 

Niveau de maîtrise de la législation internationale

 

*

 
 
 

Niveau de connaissance du droit de la propriété intellectuelle et des procédures de dépôt des brevets et marques

 
 

*

 
 
 

Source : L'auteur à partir des informations recueillies auprès de la DCM de DAFANI-SA.

39

4.3. Analyse de la compétitivité de DAFANI

Le marché mondial de la purée de mangue est évalué à 30 000 tonnes. Le coût moyen est compris entre 700 à 800 US$/T. Pour toute entreprise désirant conquérir des parts sur le marché international devra être compétitive à la fois aux niveaux de la production et de la commercialisation de ses produits.

C'est pourquoi, il est primordial d'évaluer la compétitivité de DAFANI-SA en termes de production et d'exportation de la pulpe de mangue.

> Compétitivité technologique

A la faveur de l'appui de l'Etat par le biais du Bureau de restructuration et de mise à niveau (BRMN), DAFANI-SA s'est lancé deux défis majeurs à savoir la sécurisation de l'unité et la qualité de ses produits.

Les actionnaires, les dirigeants et les travailleurs conjuguent quotidiennement leurs efforts pour relever des deux défis à l'effet d'accélérer le processus de diversification de la production, d'améliorer la compétitivité et de conquérir marché international de la purée.

Pour atteindre ces objectifs, des investissements (construction d'un hall de mûrissement, acquisition d'une laveuse de mangue, équipements de laboratoire, etc.) ont été réalisés pour renforcer les capacités technologique, le savoir-faire de DAFANI-SA en matière de production de purée de mangue d'excellente qualité. A cet effet, la société s'est engagée dans des réformes de management de la sécurité des denrées alimentaires visant à terme une certification ISO 22 000.

Déjà, il faut souligner que les investissements réalisés ont permis à DAFANI-SA de disposer d'une bonne technique automatisée de production qui satisfait aux normes exigées au Burkina, en Afrique de l'Ouest et voire en Europe. Pour l'Europe, par exemple, le soutien de la société DELIFRUITS du groupe REFRESCO, à donné l'occasion à DAFANI-SA d'entamer un processus de conformité aux normes européennes pour la purée.

> Compétitivité commerciale

Des dispositions ont été prises pour assurer la protection de la marque « DAFANI ». En plus, la DCM est chargée de promouvoir cette marque.

De nos jours, la société à mis sur le marché huit (08) produits repartis en deux formats (0,5 L et 1L) et en quatre (04) saveurs (mangue, mangue orange, mangue ananas passion et l'orange) qui s'adapte bien à l'évolution de la demande. Des recherches sont en cours pour la création d'une nouvelle saveur à base de la mangue.

La qualité des produits DAFANI-SA est un atout majeur qui les rend relativement compétitifs, en particulier au sein de l'espace CEDEAO. Mais au niveau de compétitivité prix, la réduction des coûts de production est nécessaire, notamment pour la purée de mangue qui est destinée à l'exportation. Pour l'UE, la société exportatrice a opté pour un positionnement sur les marchés bio et équitable tout en respectant les exigences de traçabilité et de qualité des produits exportés.

Les actions de promotion et la mise en oeuvre des contrats de partenariat ouvrent de bonnes perspectives pour les jus et la purée de fruits DAFANI qui de plus en plus intéressent des consommateurs africains et européens malgré le leadership des industriels de jus de fruits et pulpe de mangue asiatiques ou de l'Amérique Latine.

Forces

Opportunités

~ forte disponibilité d'une capacité de production

innovante ;

~ capacité de production excédentaire relativement

importante ;

> importante capacité de stockage ;

> bonne maîtrise de la veille concurrentielle, surtout

sur le marché domestique ;

~ prise de précautions pour limiter les risques de non

paiement ;

~ protection de la marque DAFANI-SA ;

> participation à des manifestations commerciales ;

~ assez bonne compétence interne en matière de

pratiques commerciales extérieures ;

> excellent partenariat avec les producteurs pour

garantir la disponibilité de la matière première ;

> emploi de techniciens qualifiés ;

> bon niveau d'acceptabilité et d'adaptation des

produits DAFANI aux marchés étrangers ;

~ utilisation d'emballage biodégradable ;

~ etc.

> Appui à la restructuration et à la mise à niveau par l'Etat ;

> Existence d'une forte demande communautaire et internationale de jus de fruits et purée de mangue ;

> Chance de succès d'un positionnement sur le segment des produits bio ou équitable ;

~ Existence de la matière première au Burkina Faso, au mali, en Côte d'Ivoire, au Ghana, etc. ;

> Appui des partenaires techniques et financiers ;

> La relative réputation de la mangue originaire de l'Afrique de l'Ouest en Europe ;

~ Le développement de produits innovateurs avec des partenaires techniques et commerciaux ;

> Existence de structures africaines d'appui à l'export ;

~ Collaboration avec des universités ou centres de recherches au niveau national et sous régional ;

~ Les réformes de la politique nationale de développement industriel et les avantages du code des investissements ;

~ Etc.

Faiblesses

Menaces

> très faible maîtrise sur les financements des investissements ;

~ insuffisance de fonds de roulement, de capitaux propres, de capacité d'autofinancement et d'endettement ;

~ indisponibilité des subventions à l'export et de structure de gestion de des risques à l'export ;

~ inexistence de conditionnement de faibles quantités adapté à la bourse de certains consommateurs ;

> inexistence d'une structure interne spécialisée à l'export ;

> Insuffisance du chiffre d'affaires à l'export ;

> Faible expérience à l'export sur les marchés européens et émergents ;

~ Faible diversification de la production ;

> Niveau de compétitivité inférieur aux concurrents sur les marchés internationaux ;

~ Etc.

~ L'approvisionnement en matières premières de qualité inférieure et en quantité insuffisante ;

~ La pression de la concurrence des produits transformés importés plus compétitifs ;

> La lourdeur des procédures administratives, la corruption, la précarité des infrastructures de transport réduisent la compétitivité à l'export ;

~ Le non respect du régime commercial préférentiel accordé aux PMA augmente les coûts de logistique ;

~ La prolifération ou le durcissement des mesures non tarifaire entrave l'accès au marché des pays développés ;

~ Incapacité à respecter les termes de certains contrats au-delà de la capacité de production maximale ;

> Le leadership des concurrents sur les principaux marchés de pulpe ou jus de mangue ;

> L'inadaptation des produits de DAFANI-SA aux goûts des consommateurs ;

~ Etc.

40

Toutefois, la compétitivité commerciale de DAFANI-SA est toujours limitée par des normes sanitaires ou techniques, des coûts supplémentaires engendrés par des lourdeurs administratives, la précarité des infrastructures de transport, la mauvaise qualité de la matière première.

Le tableau ci-dessous résume les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces qui peuvent être prises en considération en vue de renforcer les chances de réussite d'une éventuelle activité à l'international pour DAFANI-SA.

Tableau 16 : Analyse SWOT de DAFANI-SA

41

4.4. La sélection des pays cibles

La sélection des marchés potentiels concernera successivement des pays de l'Union Européenne et ceux de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

> Sélection de pays de l'UE

Tout d'abord au niveau de l'UE, il convient de souligner que l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, les Pays-Bas et les Royaume-Uni ont été retenus comme les six pays cibles du marché européen au regard des opportunités d'affaires apparentes qu'ils offrent aux industries agroalimentaires.

Ensuite, il a été élaboré une grille d'analyse sur la base de onze (11) variables d'observation. Puis, une échelle de notation comprise en 1 et 5 (5 : situation très favorable, 4 : situation assez favorable, 3 : situation moyennement favorable, 2 : situation faiblement favorable et 1 : situation moins favorable) a été appliquée pour classer les différents pays (voir le tableau ci-dessous).

Cette première étape du processus de sélection classe le Royaume-Uni, la France et la Belgique comme les trois premiers pays qui offriraient plus d'opportunités favorables à l'internationalisation des industries fruitières.

Tableau 17 : Données socio-économiques collectées par pays cible de l'UE et notation

Pays

Population en 2013

% musulmans

Croissance économique 2009-2013 (%)

PIB/h en

2013 ($

US)

Dépenses de consommation de produits alimentaires et de boissons non alcolisées (1000)

Import/Export de

jus de fruits

Taux de

croissance annuele de la pénétration des

produits bio

% de produits

bio vendus

dans les

supermarchés (%)

Chiffre d'affaires

total réalisé par les

filiales étrangères
en 2011 (euros)

Taux d'inflation alimentataire en 2013 (%)

variation

du côut

de la

main d'oeuvre

Rang

Alemagne

80 716 000

3,7

0,4

45 085

112

1,16

10,9

24

1 188 133

3,4

1,8

 

11 203 992

6

0,3

45 387

135

1,31

20,0

65

372 670

3,0

0,4

 

66 417 590

7

0,2

41 421

134

7,90

13,3

37

733 344

2,9

0,2

 

59 685 227

2,6

-1,9

34 619

186

0,44

246,6

22

486 789

2,5

0,4

 

16 783 092

5,5

-0,8

47 651

105

1,28

16,50

20

486 438

2,0

- 0,4

 

63 665 597

4,6

1,7

39 351

99

15,42

10,80

70

% de produits

bio vendus

dans les

supermarchés (%)

1 331 006

Chiffre d'affaires

total réalisé par les

filiales étrangères
en 2011 (euros)

3,2

Taux

d'inflation en

2013 (%)

1,3

variation TOTAL

du côut

de la

main d'oeuvre

(%)

 

EUROSTAT,

Population en 2013

FMI, BANQUE

% musulmans

MONDIALE,

Croissance économique 2009-2013 (%)

PIB/h en

2013 ($

US)

REAJUSTEMENT

DE L'AUTEUR Dépenses de consommation de produits alimentaires et de boissons non alcolisées (1000)

Importation/Export

ation de jus de
fruits

Taux de

croissance annuele de la pénétration des

produits bio
(%)

 

5,00

2,64

1,18

4,73

3,01

0,37

0,22

1,71

4,46

- 5,01

- 5,00 13,33

4e

Belgique

0,69

4,29

0,88

4,76

3,63

0,42

0,41

4,64

1,40

- 4,41

- 1,11 15,60

3e

France

4,11

5,00

0,59

4,35

3,60

2,56

0,27

2,64

2,75

- 4,26

- 0,56 21,06

2e

Italie

3,70

1,86

- 5,59

3,63

5,00

0,14

5,00

1,57

1,83

- 3,68

- 1,11 12,35

5e

Pays-Bas

1,04

3,93

- 2,35

5,00

2,82

0,42

0,33

1,43

1,83

- 2,94

1,11 12,61

6e

Royaume-Uni Source: notation

3,94

de l'auteur

3,29

5,00

4,13

2,66

5,00

0,22

5,00

5,00

- 4,71

- 3,61 25,92

1er

 

Cependant, l'analyse précédente ne permet pas retenir les pays préférentiels car elle n'intègre pas des dimensions très importantes telles que les risques liés au pays, les barrières ou les facilitations d'échanges, les capacités réelles de l'entreprise face à la concurrence.

Par conséquent, une seconde étape s'avère nécessaire pour prendre en considération d'autres données quantitatives et même qualitatives. Pour des raisons pratiques, le choix sera porté sur la matrice d'analyse stratégique de Mac Kinsey afin de mieux identifier et sélectionner, en fonction de la position concurrentielle de DAFANI-SA, les marchés potentiels les plus attractifs.

42

En rappel, cette matrice utilise des indicateurs composites pour mesurer d'une par l'attractivité du pays et la position concurrentielle de l'entreprise dans le pays cible.

Dans le cadre de la présente simulation, le choix des critères d'évaluation de l'attractivité de chaque pays ciblé portera sur les indicateurs de la réglementation des marchés de produits (RMP) élaborés par la CNUCED à la fin des années 90 afin de comparer les politique de réglementation des ses membres. Selon les experts de la CNUCED: « ces indicateurs permettent d'évaluer dans quelle mesure les politiques publiques favorisent ou entravent la concurrence sur les marchés de produits. » Ils englobent les règlementations relatives au contrôle exercé par l'État sur les entreprises industrielles ou commerciales, aux obstacles juridiques et administratifs à l'entrepreneuriat, aux obstacles aux échanges et à l'investissement internationaux. Outre ces indicateurs de la RMP, le classement risque pays de la COFACE sera utilisé dans la mesure de l'attractivité des différents marchés visés.

Quant à la mesure de la position concurrentielle de DAFANI-SA, elle se fondera sur sa part de marché dans chaque pays cible, l'importance de ses ressources financières, technologiques et humaines, le niveau de qualité, l'image et la réputation de son produit.

La somme pondérée des notes attribuées à chaque critère a permis d'obtenir les résultats suivants qui donnent un aperçu sur l'attractivité et la position concurrentielle de DAFANI-SA sur les six marchés cibles au niveau de l'UE (voir tableau et graphique ci-dessous).

L'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni qui ont connu des améliorations de leur niveau de classement par la COFACE ajoutées à une règlementation du marché des produits sont les plus attractifs. Mais, compte tenu des barrières linguistiques, de l'inexpérience de DAFANI-SA dans ses pays, il est peu probable que la société puisse avoir en réalité une maitrise sur les quelques menaces auxquelles elle sera confrontée sur les marchés allemand, hollandais, belge ou anglais.

A l'inverse, la matrice de sélection des marchés (voir graphique ci-dessous), présente la France et l'Italie comme les pays les moins attractifs. Mais, contrairement à l'Italie, la France (malgré qu'elle soit classée parmi les plus taxés de l'UE)20 est un pays où DAFANI-SA effectue déjà des exportations et aura donc plus de chances à y faire face aux barrières à l'entré du marché.

Pour DAFANI-SA, il est souhaitable d'éviter le marché italien au démarrage de ses activités en Europe car l'Italie qui apparait comme le moins attractif et présente le plus de menaces export difficilement surmontables par la société au regard de ses forces et limites.

Par contre, la petite expérience à l'export de DAFANI-SA sur le marché français, le partage de certains valeurs communes entre la Burkina Faso et la France à travers la culture francophone, la présence de nombreux africains et musulmans en France sont des clefs de solution aux différentes formes de barrières à l'entrée au vaste marché européen.

Par conséquent, DAFANI-SA pourra pénétrer le vaste marché de l'UE à partir de ses expériences sur le marché français. Pour ce faire, elle devra surveiller régulièrement ce marché et être davantage apte à répondre aux éventuelles opportunités d'affaires dans de meilleurs délais par rapport à ses concurrents, en particulier ceux de l'Inde qui ont déjà conquis le marché européen de la purée de mangue. En effet, la réussite de DAFANI-SA peut provenir de sa capacité à identifier des signaux extérieurs mêmes des plus faibles et à anticiper les évolutions de la demande, voire de l'offre de ses produits et de ceux des concurrents sur les marchés. Cela nécessiterait de part de DAFANI-SA la mise en place d'un dispositif de veille commerciale et

20 Sous prétexte de veiller à la santé publique (lutte contre l'obésité), la France a augmenté les droits d'accise des boissons sucrées et gazeuses, passant ainsi de 1992 à 2012 du 21è au 7è pays le plus taxé.

43

concurrentielle afin de mieux adapter ses produits aux exigences des consommateurs et de la règlementation des pays cibles.

En outre, la réussite de cette société sur le marché européen, passe par une amélioration de ses capacités en matière de négociation commerciale, en occurrence pour bénéficier de mesures favorables à l'exportation de sa pulpe de mangue. Elle pourra à cet effet faire prévaloir les accords préférentiels « tout sauf les armes » que l'UE accorde aux Pays les moins avancés (PMA) et solliciter l'assistance technique des structures spécialisées telles que le cadre intégré renforcé du Burkina Faso, le Centre du Commerce International (ITC), etc. pour bénéficier d'une certification de ses produits au niveau international.

Tableau 18 : Données recueillies et matrice de sélection des marchés de l'UE pour DAFANI-SA

 

ATTRACTIVITE DES MARCHES

 

POSITION CONCURRENTIELLE DE DAFANI-SA

Pays

Règlementation du

marché des produits

Risque export juillet 2014)

(Coface,

Expérience pays cible

d'exportation dans

chaque

Allemagne

1,21

 

A1

 
 

Non

Belgique

1,17

 

A3

 
 

Non

France

1,43

 

A3

 
 

Oui

Italie

1,26

 

B

 
 

Non

Pays-Bas

0,91

 

A3

 
 

Non

Royaume-Uni

1,09

 

A2

 
 

Non

 

Sources : OCDE, COFACE, DAFANI-SA.

Diagnostic externe (Attraits et menaces des pays

ALLEMAGNE PAYS-BAS

-

FRANCE

ITALIE

-

+

ROYAUME-UNI BELGIQUE

+

Diagnostic interne

(Forces et faiblesses de DAFANI-SA)

Source : Adapté par l'auteur à partir de la matrice de BARELIER (A), DUBOIN (J.) et autres.

> Sélection de pays de la CEDEAO

Concernant le marché africain de jus et pulpe de mangue, DAFANI-SA pourra viser des pays de l'Afrique de l'Ouest qui offrent des opportunités durables et exploitables dans ce sous secteur de l'agroalimentaire. A cet effet, sur la base du « Document d'Orientation Stratégique pour la chaine de valeur mangue dans la CEDEAO », la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Sénégal et le Mali (catégorie A, plus de 65% de score), le Nigéria, le Bénin et le Togo (catégorie B, plus de 50%) et enfin le Niger (catégorie C, moins de 50%) ont été identifiés comme pays cibles, dans un premier temps.

Pour plus de précisions, il faut souligner que dans le cadre de l'analyse des forces de la chaîne de valeur de la filière mangue dans l'espace CEDEAO, des scores ont été attribués aux cinq principaux critères utilisés pour la détermination d'une « filière porteuse ». Il s'agit de :

~ la capacité à livrer une qualité abordable à un prix de revient compétitif ; ~ la disponibilité des matières premières en quantités adéquates ;

·

44

la capacité de la diversification à tirer le meilleur parti des quatre qualités (supérieure, première, deuxième et industrielle) ;

· la fiabilité de la logistique ;

· la compétence en matière de gestion.

Tableau 19 : Données socio-économiques collectées par pays cible de la CEDEAO et notation

Dans une seconde étape, la méthode de la grille de sélection employée pour le cas des pays de l'UE sera encore privilégiée avec néanmoins quelques modifications sur des variables d'observation pour la sélection parmi les huit (08) pays ciblés au niveau de la CEDEAO. Elle a permis de classer le Nigéria, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et la Ghana comme les quatre (04) pays les plus promoteurs pour l'exportation de jus de fruits.

Pays

Population en 2013

%

musulmans

Croissance économique 2009-2013 (%)

PIB/h en

2013 ($

US)

Importation de jus de fruits

Taux

d'inflation à la consommation en 2009-2013 (%)

Taux d'imposition

total (% des
bénéfices commerciaux)

DE L'AUTEUR TOTAL

Rang

Bénin

10

323 474

24,4

5,6

805

1 147

1,0

65,9

 

20

316 086

36,9

8,7

1 521

2 457

2,6

46,4

 

25

904 598

16,1

7,1

1 850

15 352

11,6

22,9

 

15

301 650

92,4

2,1

715

2 210

- 0,6

49,5

 

17

831 270

98,3

3,9

413

1 356

2,6

48,0

 

173

615 345

47,9

7,3

3 010

27 919

8,5

33,8

 

14

133 280

95,9

4,0

1 072

12 363

0,7

48,5

 

6

816 982

12,2

5,1

696

1 007

1,8

49,4

 

MONDIALE,

Population en 2013

WIKIPEDIA,

%

musulmans

LES INSTITUTS

Croissance économique 2009-2013 (%)

PIB/h en

2013 ($

US)

NATIONAUX

Importation de jus de fruits

DE LA STISTIQUE,

Taux

d'inflation en

2013 (%)

REAJUSTEMENT

Taux d'imposition

total (% des
bénéfices commerciaux)

 
 

0,30

1,24

3,22

1,34

0,21

- 0,43

- 5,00

 

0,87

7e

Côte d'Ivoire

 

0,59

1,88

5,00

2,53

0,44

- 1,12

- 3,52

 

5,79

3e

Ghana

 

0,75

0,82

4,08

3,07

2,75

- 5,00

- 1,74

 

4,73

4e

Mali

 

0,44

4,70

1,21

1,19

0,40

0,26

- 3,76

 

4,43

5e

Niger

 

0,51

5,00

2,24

0,69

0,24

- 1,12

- 3,64

 

3,92

6e

Nigeria

 

5,00

2,44

4,20

5,00

5,00

- 3,66

- 2,56

 

15,40

1er

Sénégal

 

0,41

4,88

2,30

1,78

2,21

- 0,30

- 3,68

 

7,60

2e

Togo

 

0,20

0,62

2,93

1,16

0,18

- 0,78

- 3,75

 

0,56

8e

 

Source: NOTATION DE L'AUTEUR

Enfin, dans une troisième étape, les résultats du diagnostic interne et externe de DAFANI-SA seront exploités ainsi que les données sur la règlementation commerciale et la classification des risques pays, pour la sélection de deux ou trois pays pour lesquels la société a le plus de chance de réussir ses activités de vente à l'étranger.

Ainsi à l'aide de la matrice de BARELIER, DUBOIN et autres, les huit pays présélectionnés ont été classés en quatre (04) groupes :

· un seul pays figure à la classe (1), c'est-à-dire le Ghana qui est apparemment attractif au regard de son meilleur classement en matière d'amélioration du climat des affaires et de gestion du risque pays, mais DAFANI-SA sera limité dans la maîtrise du contrôle de ses activités de vente en raison de certaines barrières culturelles et linguistiques et de la forte concurrence des industriels ghanéen. Les commandes venant du Ghana sont à étudier avec beaucoup plus de précautions, notamment au niveau de la signature d'éventuels contrats de partenariat ;

· au niveau des pays de la classe (2), DAFANI-SA a plutôt intérêt à y développer ses exportations car ils sont attractifs et présentent quelques menaces

45

surmontables. Toutefois, il lui sera utile de rechercher des partenaires basés au Sénégal ou au Bénin afin de l'aider à contourner des obstacles non tarifaires ;

· Pour l'instant, DAFANI-SA doit absolument éviter de s'aventurer sur les marchés nigérian et malien qui présentent des risques pays les plus élevés avec un climat des affaires les moins attractifs (cf. classe (3)) ;

· Par contre, elle pourra mettre en place un dispositif de veille pour saisir toutes opportunités en Côte d'Ivoire, au Togo ou au Niger en dépit des menaces permanentes sur la stabilité socio-politique dans ces pays et de la concurrence de l'industrie locale (cf. classe (4)).

Tableau 20 : Données recueillies et matrice de sélection des marchés de la CEDEAO pour DAFANI-SA

 

ATTRACTIVITE DES MARCHES

CONCURRENTIELLE DE DAFANI-SA

Pays

Evaluation environnement des affaires

Risque pays

Expérience d'exportation

dans chaque pays cible

Bénin

C

B

Oui

Côte d'Ivoire

C

C

Oui

Ghana

B

B

En cours de prospection

Mali

C

D

En cours de prospection

Niger

D

C

Oui

Nigeria

D

D

Non

Sénégal

B

B

Oui

Togo

D

C

Oui

 

Sources : Banque mondiale, COFACE, DAFANI-SA

Diagnostic externe (Attraits et menaces

des pays

+

-

- + Diagnostic interne

(Forces et faiblesses de DAFANI-SA)

NIGERIA MALI

(3)

(1)

GHANA

BENIN

NIGER/TOGO

(4)

(2)

SENEGAL

COTE D'IVOIRE

Source : Adapté par l'auteur à partir de la matrice de BARELIER (A), DUBOIN (J.) et autres.

Au terme du processus de sélection des marchés, la France, le Sénégal, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Togo sont les pays qui offrent plus d'opportunités d'affaires correspondant aux capacités d'exploitation de DAFANI-SA.

Toutefois, il convient d'avoir à l'esprit que cette analyse peut avoir des limites dans la mesure où le choix de certaines variables d'analyse aurait pu influencer les résultats obtenus.

Mais, quel qu'en soit le pays ciblé, il s'impose à toute entreprise un choix de stratégies commerciales à l'international adaptées eu égard à ses forces et faiblesses. L'étape suivante traitera donc du choix de stratégies susceptibles de permettre à DAFANI-SA de pénétrer durablement les pays sélectionnés ou d'y accroître ses parts de marchés.

46

4.5. Proposition de stratégies commerciales à l'international de DAFANI-SA

> Stratégies commerciales en Europe

Pour accroître sa part de marché de purée de mangue dans l'UE, DAFANI-SA pourrait s'y positionner sur des marchés de niche de pulpe de mangue bio (sans additif de sucre et avec moins d'acide nitrique). Même si la demande européenne de la purée de mangue est encore faible, de plus en plus d'industriels et de grands distributeurs ont tendance à accroître leur gamme de produits biologiques pour répondre aux attentes des consommateurs.

Les producteurs de pulpe de mangue qui sauront faire face à la cherté de la mangue biologique et respecter les exigences en matière de traçabilité en minimisant les prix du produit final seront capables de tirer profit de l'expansion éventuelle de la demande européenne de jus biologique. Présentement, les industriels européens se concentrent sur les saveurs de jus européens telles que l'orange, le raisin, la pomme. Néanmoins, compte tenu des possibilités de combiner sa saveur à celle des autres produits tropicaux et de ses vertus pour la santé et le bien être, la pulpe de mangue est un produit qui pourrait dans les années à venir connaître une position intéressante sur le marché européen.

DAFANI-SA gagnerait ainsi à prendre les devants en collaboration avec les producteurs pour s'approvisionner en mangues de bonne qualité à des coûts réduits à l'effet de lui permettre de mettre sur le marché européen une purée de mangue biologique de qualité supérieur à des prix compétitifs. Cela est également envisageable dans la mesure où les produits de DAFANI-SA pourront bénéficier de l'application de tarifs douaniers préférentiels.

Pour être compétitif sur le marché de l'UE, elle devra opter pour une stratégie de spécialisation car sa taille et ses moyens sont insuffisants pour lui permettre de se diversifier et d'y assurer directement elle-même ses ventes.

La stratégie de spécialisation a l'avantage d'offrir à DAFANI-SA l'occasion de mieux maitriser son métier qui est de mettre à la disposition des consommateurs des produits améliorant leur bien-être. Elle lui permet également d'avoir un contrôle sur les risques auxquels la société s'expose. Mais, avec un mode d'organisation et de production rigide, une telle stratégie ne lui offre pas assez de possibilités pour réagir efficacement aux variations de la demande.

De même, il lui sera très difficile de s'implanter en France à travers la création soit d'une succursale, soit d'une filiale ou joint-venture du fait que:

· les investissements initiaux sont très importants ;

· des lourdeurs administratives dans le pays d'implantation peuvent réduire les performances de DAFANI-SA ;

· la distance et la diversité culturelle compliquent le contrôle financier et des ressources humaines ;

· la conformité aux exigences de la règlementation et des formalités d'implantation en France sont longues et coûteuses ;

· DAFANI-SA risque à un moment donné d'être racheter par des concurrents avec l'ouverture d'une participation à son capital propre.

47

En revanche, les dirigeants et les actionnaires de DAFANI-SA, s'ils souhaitent être présents durablement sur le marché européen, pourraient envisager la prospection des possibilités de (cf. tableau suivant) :

· Contracter un partenariat avec un agent commercial qui sera rémunéré proportionnellement à son chiffre d'affaires réalisé. Pour minimiser les coûts, DAFANI-SA pourra négocier avec l'Ambassade du Burkina Faso basé à Paris pour qu'un de ses conseillers économiques puisse jouer ce rôle d'agent commercial ;

·

Tableau 21 : Modes de présence envisageables en Europe

Ouvrir un bureau de représentation afin de permettre à DAFANI-SA d'avoir une meilleure connaissance du marché et de soumettre des offres techniques et financières en adéquation avec les besoins de ses clients européens.

Stratégies
d'implantation

Avantages

Inconvénients

Agent commercial

> connaissance des réalités (concurrentielles,

juridiques, politiques, culturelles) du pays

> l'expansion des activités de

DAFANI-SA dépendent fortement

 

de la performance du seul agent
commercial dont l'efficacité est

 

parfois limitée dans un vaste

 

pays ;

 

> les risques de gestion des

 

commandes sont supportés par

 

DAFANI-SA dans le cas où

l'agent ne se porte pas ducroire ;

 

> la clientèle de DAFANI-SA

appartenant à l'agent commercial,
les coûts en cas de rupture de

 

contrat pourraient être élevés pour

 

DAFANI-SA

 
 
 

Bureau de représentation

 

> L'intégralité des bénéfices réalisés revient à DAFANI-SA ;

> La meilleure connaissance du marché permet à DAFANI-SA de soumettre des offres techniques et financières en adéquation avec les besoins de ses clients ;

> Possibilité de créer un climat de confiance entre les autorités administratives, les potentiels partenaires et les clients ;

> Collecte de données nécessaires (sur les concurrents, les coûts, la règlementation, etc.) ;

> Possibilité pour DAFANI-SA de contourner certaines barrières tarifaires et non tarifaires ;

> maîtrise de la mise en oeuvre de la stratégie commerciale de DAFANI-SA : promotion de l'image de marque, de la qualité, du prix des services, etc.

> lourdeurs administratives peuvent réduire l'efficacité de DAFANI-SA ;

> Champ d'activité strictement règlementé, il ne constitue pas une force de vente ;

> DAFANI-SA doit assumer

l'intégralité du risque commercial ainsi que la responsabilité de tous les actes de son bureau car cette forme d'implantation ne dispose pas de personnalité juridique, fiscale et commerciale propre ;

 

48

> Stratégies commerciales en Afrique de l'Ouest

En vue de se positionner comme un des leaders ouest africains de jus et purée de mangue, la société peut opter pour deux stratégies de positionnement. Il s'agit de :

· la stratégie « d'image » qui consiste à développer ses produits dans les circuits de distribution spécialisées capables de mettre en valeur une identité spécifique de la marque DAFANI-SA ;

· la stratégie de « volume » à travers une présence des produits DAFANI dans les circuits de distribution des produits de grande consommation afin de rendre les accessibles à un maximum de consommateurs de la sous région ;

· la stratégie de diversification vers la production et la vente de nouvelles saveurs de jus ou nectar de fruits ou d'autres produits dérivés comestibles (conserve, vinaigre, mayonnaise, confiture) et non comestibles (produits cosmétiques, compost et aliment pour animaux). En outre, face à la concurrence, DAFANI-SA gagnerait à diversifier les types de conditionnements de ses produits pour les adapter à l'évolution des goûts et surtout du pouvoir d'achat des consommateurs.

La stratégie d'exportation peut se fonder sur la vente directe à l'étranger et avec l'intermédiaire de distributeur agréé (cf. tableau ci-dessous).

Pour éviter les intermédiaires et réduire les coûts de gestion à l'exportation, DAFANI-SA peut se charger elle-même de sa représentation dans les pays potentiels ciblés dans l'espace CEDEAO. Ainsi, à partir de sa force de vente acquise au Burkina Faso, DAFANI-SA peut tirer les enseignements pour vendre directement sa purée de mangue aux industriels de l'Afrique de l'Ouest qui utilise la purée de mangue comme matières premières.

Par contre, pour booster ses exportations de jus ou cocktail de fruits, la recherche de partenariat avec des distributeurs agrées dans chacun que des pays de l'Afrique de l'Ouest sélectionné est un canal à privilégier. De même que la participation à de grandes manifestations commerciales organisées dans ces pays, . L'exportation des produits finis DAFANI-SA par l'intermédiaire de centre de distribution ou d'importateur distributeur permet de réduire les coûts et les risques.

49

Tableau 22 : Modes de présence envisageables en Afrique de l'Ouest

Stratégies
d'implantation

 

Avantages

Inconvénients

Vendeur à l'exportation (Vente directe)

>

une meilleure maîtrise ou autonomie de DAFANI-SA dans la gestion de sa politique

> Les frais de déplacement très élevés ;

> Exigence de se doter d'une expertise

 

commerciale (choix des produits et des circuits de distribution, fixation des prix de

internationale (techniques commerciales, financières et logistiques spécifiques à

 

vente, choix des actions de communication, etc.) ;

l'exportation) de haut niveau très

coûteuse de la part DAFANI-SA ;

>

meilleur contrôle sur les activités des

> Un délai parfois très long avant

 

vendeurs ;

d'atteindre un niveau de ventes rentables.

>

une meilleure connaissance du marché et une relation directe avec le client permettraient à

 
 

DAFAni-SA d'adapter ses produits à ses attentes.

 

Distributeur agréé

ou

importateur distributeur

>

permet de réduire les coûts à l'exportation ;

> peu de contrôle sur les prix de vente avec

un risque de rendre les produits DAFANI

>

le distributeur connaît bien son marché et peut aider à mieux écouler les produits

moins compétitifs ;

>

importés ;

réduction de démarches pour l'exportateur

> moins de contrôle sur la promotion de la

marque DAFANI-SA ;

 

car les opérations logistiques et

> peu contrôle sur le marketing-mix

 

administratives (transport marchandises,

facturation, recouvrement des créances,

dédouanement, ...) son assurées par le
distributeur ;

> forte dépendance vis-à-vis des

performances du distributeur ;

> risque de réduction de la marge

bénéficiaire de DAFANI-SA.

Peu importe le choix du mode de développement à l'international choisi par DAFANI-SA, il sera important de disposer au préalable des informations précises sur les coordonnées, la capacité d'achat, les modalités de paiement, la solvabilité, la crédibilité, les conditions de livraison des partenaires commerciaux. Le traitement de toutes ces informations doit être mené avec beaucoup de rigueur et de professionnalisme afin de réduire au maximum les risques d'impayés.

50

CONCLUSION

Ce document s'est intéressé aux questions relatives à l'internationalisation des entreprises agroalimentaires africaines en se focalisant sur l'expérience de l'entreprise burkinabè DAFANI-SA spécialisée dans la transformation industrielle de fruits (mangue, orange, ananas).

Avant de traiter du sujet à proprement dit, une brève revue de la littérature a montré que l'internationalisation est source de gain de compétitivité et d'accroissement du chiffre d'affaires au profit des entreprises exportatrices. Cependant, des précautions sont à prendre pour minimiser d'éventuels risques auxquels elles s'exposent dans le cadre d'une implantation à l'export.

Ensuite, une analyse comparée de l'internationalisation des entreprises agroalimentaires des pays développés avec celles de l'Afrique, a permis de cerner les contraintes internes et externes qui plombent le développement à l'international des entreprises africaines, en général.

Les principaux obstacles sont liés aux barrières non tarifaires (lourdeurs des procédures administratives), l'inexistence de structure d'appui à l'internationalisation des entreprises africaines, le faible niveau de la compétitivité, la faible des compétences en matières de technique commerciale internationale et la prédominance du secteur informel.

Le succès des entreprises africaines à l'international passe évidemment par la recherche de solutions idoines pour lever les contraintes au niveau de l'administration publique et du management des entreprises privées.

Partant d'une étude des marchés de l'UE et de la CEDEAO et de l'analyse diagnostique de DAFANI-SA, la France, le Sénégal, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Togo ont été retenus comme les pays à privilégier lors de son processus d'implantation à l'export.

Enfin, au regard des capacités réelles de DAFANI-SA à saisir les opportunités exploitables dans les pays visés, il a été proposé un positionnement stratégie des produits DAFANI et des stratégies d'exportations présentant le moins de risques pour la société. En Europe, se positionnant sur le marché bio de la pulpe de mangue, DAFANI-SA pourra recourir aux services d'un agent commercial ou ouvrir un bureau de représentation en France pour y exporter ses produits dans un premier et viser progressivement les autres pays de l'UE. En Afrique de l'Ouest, elle peut choisir la vente directe à l'étranger ou avec l'intermédiaire de distributeur agréé pour y accroître le volume de ses ventes, promouvoir son image de sa marque et s'orienter vers la diversification de sa production.

Les travaux ont donné l'occasion d'aborder la problématique de la présence à l'international des entreprises agroalimentaires. Toutefois, faute de données officielles, il n'a pas été traité de manière plus approfondie des éléments très importants tels que les aspects financier, logistique et commercial. Ce qui aurait permis d'établir un business plan plus détaillé afin d'évaluer de la rentabilité de la mise en oeuvre des stratégies d'internationalisation proposées.

51

BIBLIOGRAPHIE

Frey O. et Mauget R. (2012), Stratégies d'internationalisation des coopératives agroalimentaires du top 30 de l'Union Européenne: impact sur le modèle d'affaires, la performance et la gouvernance.

CEDEAO, Centre du Commerce International, Agence canadienne de développement international (2011), « Document d'Orientation Stratégique pour la chaine de valeur mangue dans la Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ».

TOURE Seydou (2012), « Côte d'Ivoire: étude nationale mangue ».

THOBURN John (2000), « A la recherche d'une voie pour l'industrie africaine - enjeux et options stratégiques ».

PEREZ Roland (1996), « Sur l'internationalisation des industries et des stratégies des firmes alimentaires », In: Économie rurale. N°234-235, 1996. Globalisation des économies agricoles et alimentaires. Situation et prospective. pp. 29-33.

MARTINEZ Isabelle (2011), L'internationalisation est-elle créatrice de valeur?, 22ème CONGRES DE L'AFC, France (2001).

XERFI (juin 2010), « Les marchés des industriels agroalimentaires hors GSA et RHF ». P. IRIBARNE (d'), La logique de l'honneur, Seuil, 1989.

THERY Benoît (2000), Management interculturel: de quoi parle-t-on ? Un monde de valeurs. Magazine Personnel n° 406.

D'IRIBANE Philippe (1989), Les entreprises françaises dans une Europe multiculturelle, Revue française de gestion, n°83 - 1991.

DESREUMAUX Alain (1999), Théorie des organisations, Ed. Management Et Societe Eds, 224 p.

Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 2009, « Nouvelles approches de l'agriculture africaine Quelques jalons: Quelques jalons », Amazon, France.

Institut Royal des Tropiques (KIT) et la Banque mondiale (2009), « Affaire juteuse ou déception amère : quel est l'avenir des produits dérivés de la mangue au Burkina Faso et au Mali ? Perspectives et stratégies pour la production et commercialisation de la mangue séchée, de la pulpe et du jus de mangue ».

52

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : INTERNATIONALISATION DES INDUSTRIES

AGROALIMENTAIRES 4

1.1. Les enjeux de l'internationalisation des entreprises 4

1.2. Les modalités d'internationalisation des entreprises 7

1.3. L'internationalisation des industries agroalimentaires des pays développés 9

1.4. L'internationalisation des industries agroalimentaires africaines 10

CHAPITRE II : MARCHE EUROPEEN DES JUS DE FRUITS 13

2.1. Les conditions d'accès au marché européen 13

2.2. La production de jus de fruits en Europe 15

2.3. Les importations et les exportations européennes de jus de fruits 17

2.4. Le marché européen de jus de fruits 19

CHAPITRE III : MARCHE OUEST AFRICAIN DES JUS DE FRUIT 23

3.1. Les conditions d'accès au marché ouest africain 23

3.2. La production de jus de fruits en Afrique de l'Ouest 24

3.3. Les importations et les exportations de jus de fruits de l'Afrique de l'Ouest 25

3.4. Le marché ouest africain de jus de fruits 28

CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC EXPORT DE LA SOCIETE DAFANI 30

4.1. Politique de production et commerciale de DAFANI 30

4.2. Evaluation des grandes fonctions de DAFANI-SA 34

4.3. Analyse de la compétitivité de DAFANI 39

4.4. La sélection des pays cibles 41

4.5. Proposition de stratégies commerciales à l'international de DAFANI-SA 46

CONCLUSION 50

BIBLIOGRAPHIE 51

ANNEXES

53

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

UNIVERSITE DE LYON 3

PROGRAMME DE MASTER EN MANAGEMENT

INTERNATIONAL, SPECIALITE : AFFAIRES INTERNATIONALES

ETUDIANT : NABA Boureima.

THEME :

« QUELLES STRATEGIES D'IMPLANTATION A L'EXPORT DES ENTREPRISES
AGROALIMENTAIRES AFRICAINES : CAS DE DAFANI SA ?»

QUESTIONNAIRE N°1

1. Décrire les grands faits marquants l'expérience de DAFANI SA à l'international (dates, quantités exportées, nom des partenaires, pays, difficultés, solutions) depuis sa création ?

2. Quels sont les marchés privilégiés (africains et européens) par DAFANI SA pour ses exportations ?

3. Quelles sont vos contraintes d'accès aux marchés européens, africains ? Vos produits bénéficient-ils d'une certification internationale?

4. Quelle est la stratégie actuelle d'exportation de DAFANI SA ?

5. Pouvez-vous mettre à notre disposition des informations sur l'analyse de marchés du jus de fruits au Burkina Faso et dans la sous-région ?

6. A quelle(s) structure(s) avez-vous recours pour couvrir vos risques financiers à l'export ?

7. Quelles sont les actions entreprises pour faire face à la concurrence sur le marché national ?

8. Vos produits sont-ils brevetés ? Que faites-vous pour éviter éventuellement la contrefaçon de vos produits ?

9. Quelles sont les objectifs de DAFANI SA pour les cinq prochaines années en termes de production, de chiffres d'affaires à réaliser sur les marchés européens, africains hors Burkina Faso et national) ?

10. Nous vous remercions de mettre à notre disposition toute autre information que vous jugerez nécessaire pour la rédaction du présent projet de mémoire.

QUESTIONNAIRE N°2

A. ANALYSE FONCTIONNELLE DE DAFANI-SA

11. Fonction production

a. Disposez-vous d'une capacité de production suffisante ?

b.

54

Sous-traiter vous toute ou une partie de votre fabrication ?

c. Pourrez-vous faire face à une demande supplémentaire sans surcoût ? Si oui précisez la quantité et le délai ?

d. Votre outil de production permet-il une adaptation du produit à coût réduit ?

e. Quelle est votre capacité théorique de production ?

f. Quelle est votre niveau de production maximale réalisée ?

12. Fonction financière

a. Quelles sont vous sources de financements au Burkina Faso et à l'extérieur ?

b. Quelle l'évolution de votre capacité d'autofinancement ces 5 dernières années?

c. Quelle est l'évolution de votre Besoin en Fonds de Roulement ces 5 dernières années ?

d. Quelle est votre capacité d'endettement ?

13. Fonction ressources humaines

a. Quel est le niveau de formation et d'expérience du personnel ?

b. Disposez-vous d'une structure export au sein de votre entreprise ?

c. Comment sont assurées les tâches administratives de suivi de vos opérations d'exportation ?

14. Fonction marketing

a. Quel est le taux de croissance du marché de jus de fruits au Burkina et dans l'espace CEDEAO ?

b. Quelle est la part de marché de DAFANI-SA au Burkina, dans l'espace CEDEAO et dans l'UE ?

c. Quels sont les réseaux de distribution utilisés pour la vente de vos produits ?

d. Comment DAFANI-SA contrôle-t-elle les intermédiaires (notamment les commerciaux) ?

e. DAFANI-SA a-t-elle des documents la concernant en langues étrangères ? Lesquels ? Et dans quelles langues ?

f. Disposez-vous d'un plan de communication ? Budget ?

15. Fonction logistique

a. DAFANI-SA pratique-elle la veille concurrentielle et technologique ?

b. Avez-vous déjà fait appel à des organismes professionnels pour la veille commerciale de votre secteur d'activité?

c. Utilisées-vous des banques de données pour la veille commerciale et technologique ?

d. Quelle est votre capacité réelle de stockage ?

e. Sous-traiter vous l'emballage, le stockage ou le transport de vos produits ?

f. Qui se charge de vos formalités administratives à l'export ?

B. POSITIONNEMENT COMPETITIF DE DAFANI-SA

1. Compétitivité technologique

a. DAFANI-SA dispose-elle d'un savoir-faire technique de pointe ?

b. Avez-vous déposez des brevets ?

c. Votre société satisfait-elle aux normes exigées au Burkina, en Afrique de l'Ouest et en Europe ?

2. Compétitivité commerciale

a.

55

DAFANI-SA a-elle une politique de marque ? Combien de marques ? Vos marques sont-elles protégées ?

b. Disposez-vous de plusieurs types de produits susceptibles de s'adapter à l'évolution de la demande et de la concurrence ?

c. Quels sont les goûts et habitudes de consommations en Afrique et en Europe par rapport à vos produits ?

d. Vos produits sont-ils compétitifs sur les marchés africains et européens ?






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway