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La baisse du nombre de licenciés de tennis en France


par Lucile Pothier
INSEEC U. Chambéry  - Master 2 2020
  

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2. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Il faut remettre la digitalisation à sa place, il s'agit d'un outil. On ne remplacera jamais l'humain. Et le tort qu'on a, il faut même s'en méfier : le tennis était fait de contact. J'arrive dans un club, je n'ai pas de partenaires, les clubs qui peuvent se le permettre ont une personne, c'est un "go between", un

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intermédiaire qui met en relation des gens qui cherchent des partenaires. L'humain doit rester la priorité dans nos clubs. L'outil TEN'UP aujourd'hui est une catastrophe. On peut le prendre sous un angle pratique et on peut le prendre sous un angle où on enlève toute relation humaine. Je réserve un court sur mon téléphone, je vais jouer, je ne vois plus personnes et je m'en vais. C'est la mort de l'esprit de club tel qu'on l'envisageait. Aujourd'hui, sur des grands clubs qui ont la chance d'avoir un salarié ou une personne, ou un club house avec un bar avec un gérant, cela marche bien. La moyenne de nos clubs en Rhône-Alpes ce sont 110 licenciés. Mais dans mon club, on est 200 licenciés, on n'a pas de personnel permanent donc on arrive dans le club, il n'y a personne, je réserve, et je m'en vais. Je n'ai vu personnes, je n'ai parlé qu'avec mon adversaire avec lequel j'ai réservé. C'est quelque chose dont nous, on doit se méfier. Il s'agit d'un outil performant et efficace, mais attention de ne pas délaisser l'humain pour le digital.

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INTERVIEW 4 - Éric LARGERON

Secrétaire Général de la Ligue Occitanie de Tennis Interview téléphonique réalisée le 27 mars 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai été secrétaire général de mon club en 1981 à 19 ans. Ensuite, je suis passé par la commission d'arbitrage de 1990 à 1995, puis à la commission sportive de 1996 à 2000. À partir de 2000 j'ai été président d'un club, dans le comité de l'Hérault. Ensuite de 2008 à 2017, j'ai été président de la Ligue Languedoc-Roussillon. Quand on a fusionné avec la région du Midi-Pyrénées pour faire Occitanie, je suis devenu secrétaire générale de cette nouvelle ligue.

2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés ? Quel a été le constat ? Si oui, comment l'expliquez-vous ?

J'ai été un petit joueur de club, mais je connais bien le fonctionnement des clubs. J'ai vécu la grosse expansion du tennis du début des années 1980, à 1990. À la suite de la victoire de Yannick Noah, il y a eu des opérations fédérales comme la construction des 5000 courts qui ont fait exploser le tennis en France avec un nombre de licences qui a dépassé 1,3 millions. Ensuite, la licence a augmenté un petit peu, les charges des clubs aussi, et puis les propositions de loisirs dans d'autres clubs étaient plus importantes.

Je me suis aperçu d'une érosion, tout d'abord chez les adultes, assez tôt, au milieu des années 2000, entre 2005 et 2010. Et ensuite, il y a également eu l'érosion des jeunes aussi par l'avènement de tout ce qui est vidéo et téléphone. Puis il y a eu toutes les nouvelles propositions de sports et autres activités.

Le gros boom négatif a été le passage des rythmes scolaires à quatre jours et demi d'école au lieu de quatre jours pour les enfants. Il y a eu un saut, plus la conjoncture qui n'était pas forcément très positive. Je dirais que notre sport est un petit peu vieillissant. Oui, la baisse se ressent. Une érosion chez les adultes, plus marquée chez les dames, et ce contre coup chez les enfants avec les rythmes

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scolaires parce que quand on est repassé à 4 jours pour la plupart des communes, on n'a pas forcément beaucoup rattrapé.

Depuis deux ans, cependant, la baisse de licenciés va mieux. L'année dernière on a gagné entre 1 à 2 % par rapport à l'année d'avant. C'est la deuxième saison où on a enrayé la baisse continuelle du nombre de licenciés.

3. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de la Ligue Occitanie pour fidéliser et attirer des licenciés ?

Les actions qui ont été mises en place, est surtout de jouer sur le prix de la licence. J'étais vice-président de la FFT à l'époque de 2013 à 2017, et j'ai fait partie du groupe qui réfléchissait sur les prix de licences, des licences moins chères. On n'a jamais bien abouti sur ce projet.

On était allé sur des licences scolaires beaucoup moins chères. Après, il y a eu la sortie de la licence Découverte. La licence Scolaire est aussi pour faire du chiffre. La licence Découverte est une possibilité offerte aux personnes d'être licenciées alors qu'elles ne prennent pas de cotisation, mais qui prennent des cours ou jouent au tennis seulement au mois de mai ou juin. Elle est valable trois mois. Ce sont des licences d'appel. La licence Découverte est apparue pour ouvrir les clubs facilement à de nouveaux pratiquants ou pour ceux qui jouent occasionnellement, mais qui n'ont jamais pris de licences. Cette licence leur permet de prendre des cours ou jouer au tennis, au padel ou au beach tennis sur une période de trois mois pour un prix dérisoire de 3 euros. La licence Découverte est vraiment pour faciliter l'accès à la pratique du tennis en évitant de faire peur aux pratiquants avec un engagement sur un an. La licence Scolaire est pour offrir une assurance aux enfants lorsqu'ils pratiquent avec leurs écoles. L'objectif est de les faire revenir plus facilement dans les clubs après leur cycle de pratique.

À l'époque, il y a eu une opération appelée "Pass Tennis". Elle était constituée de licences gratuites entre 2000 et 2013. Il n'y a pas eu de résultat particulièrement positif. En pourcentage par rapport au million de licenciés cela ne représentait vraiment pas grand-chose, mais permettait à certains de pouvoir arrondir un peu, de ne pas afficher qu'ils étaient bas au niveau des licences.

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Le reproche que je fais aux deux nouvelles licences Découverte et Scolaire : rien ne les distingue. Il n'y a seulement qu'une assurance proposée. Par exemple, les personnes n'ont pas le droit de faire de compétitions. Il s'agit d'un frein majeur parce qu'on se met au tennis au mois de mai, on veut faire un ou deux tournois pour se classer et puis après cela peut enchaîner sur quelque chose comme une adhésion à l'année au sein d'un club. Si avec une licence découverte, la compétition n'est pas autorisée, cela n'intéresse pas.

Il y a eu également l'instauration de la licence Web. La FFT espérait récupérer des licenciés qui n'étaient pas inscrit dans des clubs, mais qui étaient intéressés que pour faire des tournois. Cette licence intéresse quelques joueurs. Elle est légèrement plus chère que la licence classique. En pourcentage, c'est également très faible, cela ne représente pas grand-chose.

Dans les élections 2017, il y avait trois listes. La liste qui a été choisie s'est démarquée sur trois grands thèmes. Tout d'abord les classements avec la sortie du classement mensuel. Pour les plus petits, l'arrêt de l'âge réel, parce qu'il était mis en place une usine à gaz avec l'âge réel avec le Tennis Galaxie qui allaient. Les enfants jouaient contre des enfants strictement de leurs âges et non pas de leurs catégories d'âges. C'était un des gros aspects de campagne. Et, de changer les missions de la DTN (Direction Technique Nationale) pour aller plus vers les projets individuels. Les mises en place fédérales, les raquettes FFT, ils devaient avoir les raquettes FFT Ados, ce sont des actions fédérales qui ont plus ou moins de succès, mais qui sont bien et qui permettent aux gens de pouvoir adhérer au tennis. Les actions en elles-mêmes sont bien.

Il y a également le projet "de la cour aux courts" au niveau scolaire. A peu près le même projet est mis en place depuis longtemps. Soit les clubs vont dans les cours de récréations et installent du matériel tennis et font jouer une classe, soit la classe vient dans un club pour faire du tennis. Cela est inscrit dans le programme des heures qu'ils ont dans la semaine pour la motricité, la vision dans l'espace, etc. Une convention est signée avec l'Éducation Nationale et l'UNSS pour justement encourager cette action et le faire savoir. L'objectif n'est pas de faire comme dans les écoles de tennis de nos clubs. Le tennis à l'école peut s'organiser selon trois formes : au sein des infrastructures scolaires avec un entraîneur de tennis qui installe du matériel de tennis, dans les clubs à proximité des écoles ou bien du matériel est fourni par la FFT ou l'UNSS.

À l'école les élèves pratiquent le tennis évolutif, au collège, le 6/3 tennis puis au lycée la FFT a développé le beach tennis lycée. Le tennis évolutif correspond à du matériel adapté, notamment les

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balles et les raquettes, qui se joue sur des terrains plus ou moins réduit. Le 6/3 tennis propose un matériel adapté avec des raquettes plus petites et des balles en mousses ce qui permet de faire des échanges. Cela se joue sur un terrain de badminton où le filet est baissé, permettant ainsi d'être facilement mis en place dans un gymnase par les enseignants. Ces deux activités permettent d'aborder tous les coups du tennis tout en favorisant les échanges, donc le plaisir de jouer.

Il y a quelque chose qui à mon avis ne marchera pas : le e-tennis, le tennis sur console. Il y a un Championnat de France qui devait être mis en place en 2020. Les qualifications se sont déroulées pendant le tournoi de Tarbes, il n'y a pas eu d'inscrit. Ils installent des consoles sur un lieu et les gens viennent jouer les uns contre les autres avec des qualifications comme un petit tournoi. Au lieu d'avoir la raquette en main, ils ont les manettes. Cette idée ne marche pas parce que les gens jouent de chez eux. Il y a certes des gros rendez-vous comme les gros forums sur des jeux vidéo, mais ce sont souvent des jeux de guerres et des jeux de stratégie. Le foot s'adapte, mais le tennis moins, il s'agit d'un style de jeu trop monotone, cela n'accroche pas forcément.

4. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Pour l'instant, on n'est pas suffisamment compétent pour pouvoir bien expliquer aux clubs la culture marketing et leur faire adopter le principe. On a besoin d'apporter plus de formation au sein des Ligues pour pouvoir développer ces outils plus facilement au sein des comités et des clubs. Puis certains clubs ne cherchent pas forcément à se développer. Ils ont déjà une activité qui leur suffise. Par exemple ils ont 200 membres, ils restent sur 200. Ils tournent bien, ils ont le nombre de terrains correspondant, les équipes correspondantes et ils vivent comme cela. C'est vrai qu'on pousse les clubs à en faire plus, à se développer davantage, mais parfois, ils se contentent de ce qu'ils ont. Ils ont un équilibre financier, un équilibre au niveau de leurs adhérents et ils ont du monde dans leurs tournois, ce qui leur permet d'avoir un peu de retombées financières. Ils font des animations pour gagner un peu d'argent, ils fonctionnent comme cela. Si effectivement l'activité, donc le nombre d'adhérents, baisse trop, là ils seront plus en difficulté économique. Souvent, la plupart des clubs mettent des choses en place pour maintenir leurs effectifs et non pas pour attirer de nouveaux pratiquants.

Le problème politique qu'il y a souvent à la FFT est qu'on lance une idée et elle est lancée même si elle n'est pas parfaite, même si elle reste totalement perfectible. Cela a été le cas et l'inconvénient de

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l'application TEN'UP. TEN'UP a été annoncé comme sortant le 26 avril 2019. L'application est sortie à cette date alors qu'il y avait des bugs et des choses qui ne marchaient pas. Il s'agit d'un bon outil. Cela remplace l'ancien espace du licencié. Il est beaucoup plus dynamique.

Cependant, il y a des petites imperfections. Par exemple, il n'y a pas de possibilité de communauté, de pouvoir partager un petit peu comme une sorte de réseau social interne au club ou à la FFT. Il y a également différents problèmes. Par exemple, je ne joue pas en équipe, mais mon club m'a quand même mis sur une liste type. Si je regarde mon profil TEN'UP, j'ai un rendez-vous le 24 mai pour jouer contre un tel club en match par équipe. La gestion sportive a programmé un match mais je suis sur la liste type au cas où il y a des problèmes sur les autres joueurs engager. Souvent, sur quatre joueurs, dix joueurs sont inscrits sur les listes au cas où. Mais cela ne veut pas dire qu'ils vont jouer. C'est souvent ce que les clubs font pour apporter de la sécurité et ne pas pénaliser une équipe. Donc, sur tous ceux qui sont sur la liste, il est indiqué qu'ils ont un match le 24 mai sur leur profil TEN'UP. Cela peut poser des problèmes pour celui qui fait l'équipe et qui doit dire aux joueurs "non désolé ce n'est pas toi". En Championnat de France, ce sont des listes de dix joueurs qui sont imposées, du coup les dix joueurs reçoivent la même information. Cela reste minime mais pour la communication interne et la cohérence des clubs ce n'est pas top. Pour moi, il y a un manque de communauté et une grande quantité de bugs qui apparaissent assez souvent.

Par ailleurs, les clubs ont été obligés de mettre en place des offres pour apparaître sur TEN'UP. Ils ont été obligés de mettre en place plein de paramètres assez rapidement, cela été compliqué. Ils s'agissaient plus de contraintes pour les clubs qu'une aide, c'est dommage.

Au niveau de la FFT TV, ils ont évolué. Dans le programme Agir et Gagner, au départ c'était une chaîne 100 % tennis, maintenant, il s'agit plus d'une Web TV. L'inspiration vient d'une chaîne italienne. Ils proposeront une succession de vidéos que les personnes pourront regarder. Ils veulent du one shot, de l'instantané, ils ne veulent pas passer deux heures devant une chaîne. Les spectateurs recherchent cela aujourd'hui. Repasser des matches entiers n'intéresse pas les gens.

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Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Toutes les dames qui ont participé à ces compétitions ont été ravies, malheureusement, il y en a eu beaucoup trop peu. Les épreuves de Raquettes FFT se sont jouées à Annecy en 2018, en 2019 à Saint-Malo. En Occitanie, il y a deux équipes de quatre joueuses donc cela fait dix joueuses par rapport à une Ligue de 90 000 licenciés, dont environ 40 000 adultes dont 12 000 femmes. Le but est vraiment de créer une dynamique au sein des clubs et de proposer une formule qui plaît aux femmes comme un repas et des animations pour assurer une ambiance conviviale. Dans les dix joueuses qui participent aux Raquettes FFT, ce n'est pas forcément cette compétition qui va sauver le tennis féminin. Surtout que nos qualifications concernaient très peu de joueuses. Il faut encore développer cette compétition. Toutes les dames qui ont participé à ces compétitions ont été ravies, malheureusement, il y en a eu beaucoup trop peu. Lorsque les femmes font de la compétition, cela est essentiellement en matchs par équipes avec les copines. Ce format correspond bien à la demande.

Concernant les actions pour le tennis féminin, chaque Ligue a des aides, des subventions pour les clubs qui font des actions. Les Ligues donnent une liste de thèmes prioritaires pour justement pouvoir aider ces actions. Le tennis féminin fait partie d'une des actions prioritaires. Il y a beaucoup de choses mises en place comme des journées d'animations, des cours adultes gratuits où la FFT qui paie le moniteur, tout ceci est mis en place. Il y a également une aide de l'État qui s'appelle l'ANF, anciennement CMDF. Ces systèmes d'aides sont pareils, ils demandent aux Ligues de doter les clubs avec des subventions sur différents thèmes comme le tennis dans les quartiers, le paratennis, le tennis féminin, l'accès à la compétition, le sport adapté, la santé. Le tennis féminin reste quand même une priorité de développement possible, justement pour éviter qu'il y ait trop de femmes qui arrêtent et surtout essayer d'en récupérer d'autres.

6. Les initiatives mises en place sont-elles trop tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la pratique loisir ?

Le loisir est souvent l'affaire des clubs. Je ne pense pas que cela soit une initiative mise en place pour la FFT. C'est-à-dire que ce sont eux qui montent leurs soirées salades où ils proposent de jouer au tennis puis font des soirées à thèmes derrière. Nous au niveau de la FFT si on peut aider, on aide, mais cela vient souvent des clubs. Notre rôle est axé sur la partie plus compétitive.

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7. Pour faciliter l'accès à la compétition, la FFT a mis en place un système de compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi consiste cette initiative ?

La compétition libre est un sujet relativement complexe. La compétition libre pour les jeunes est une bonne chose pour plusieurs raisons. Les jeunes demandent tout de suite quand ils débutent par jouer en compétition, de faire des matchs, et l'offre de compétitions faite par les départements ou par les clubs par l'intermédiaire de leurs tournois n'est pas forcément adaptée. Quand on fait un tournoi, il faut payer une inscription, quand on fait des matchs par équipes, il faut avoir des créneaux pour laisser les terrains au détriment des adhérents ou de l'école de tennis, donc ce n'est pas simple.

L'idée de ce nouveau format est un peu comme le golf. Les joueurs de golf font de l'auto-compétition, c'est-à-dire qu'ils font un parcours et cela compte pour leurs classements. L'idée est que le match contre le copain se transforme en quelque chose d'homologué. Puisque souvent, les personnes prennent le classement comme une récompense et en fait le classement dans la réalité, c'est un niveau de jeu. Si par exemple un jeune bat trois fois un joueur classé 30/5, si ce n'est pas dans le cadre d'un tournoi, mais dans un cadre amical, ce n'est pas gênant qu'il soit 30/4 ou 30/5 à la fin. Il s'agit d'une bonne chose.

Ce même format va être transposé chez les adultes en avril 2020. Il y a des avantages, pareil que chez les jeunes parce qu'il y a des endroits où il n'y a pas de tournois. Certaines personnes n'ont pas le réflexe tournoi parce que s'ils gagnent un match et bien, ils ne sont pas capables de se libérer deux jours après à une heure spécifique pour affronter un autre adversaire. La compétition libre, qui est limitée à 30/1, répond effectivement aux besoins, notamment pour les personnes qui ne peuvent pas faire de compétition le dimanche matin ou en tournois. Mais, justement, on a peur et on pense que les tableaux des non-classés, quatrième série risquent de se vider dans les tournois traditionnels. Pas forcément au départ, mais sur le long terme. Quand les personnes vont comprendre qu'il est possible de jouer contre une autre personne du club, un copain, ou une personne qu'on ne connaît pas forcément, sur une partie d'une heure, et d'avoir un résultat homologué, cette situation-là peut remplacer un tournoi. Donc, on craint que cela vide les matchs par équipes parce que les quatrièmes séries doivent se libérer en général le dimanche de 9 h à 14 h, pour jouer des simples et doubles. Dans la compétition libre, il n'a qu'un seul match à faire et puis le joueur peut rentrer chez lui. Il y a la peur d'une désaffection sur les tournois, on a peur que ce format entraîne un effet de cannibalisation. Il y a déjà certains au service compétition à Paris qui le disent. Par exemple, si on est quatrième série, je décide de jouer quelqu'un qui est classé 30/2, je prends rendez-vous, je joue le match, et nous rentrons nous-même le résultat via TEN'UP sur le téléphone. Ce n'est pas encore en place sur TEN'UP donc pour

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le moment les clubs utilisent ADOC. Le responsable du club ou l'entraîneur de tennis rentrent le résultat. Mais à la longue, l'idée est de rentrer son propre résultat sur TEN'UP. Ce n'est pas forcément très bien au niveau de la vérité et du système. À la FFT on se dit que cela ne concerne que les joueurs en quatrièmes séries, donc au pire si les gens trichent, s'il y a de l'abus, ils n'iront pas tellement haut dans les classements. Il y a l'inquiétude au niveau des abus, notamment du fait qu'il n'y ait pas de contrôles. Les gens ne vont pas forcément jouer le match en entier et faire seulement un seul set. Il faut essayer, on verra bien.

Pour les jeunes, il s'agit d'un format qui marche bien. Au tennis, il n'y a pas forcément cette possibilité d'avoir un match qui compte dans une compétition. La compétition libre est une bonne chose pour cela. Elle permet de faire de la compétition, une fois par semaine comme un jeune qui fait du foot ou du rugby. Par rapport à nos licenciés, il y en a trop peu qui faisait de la compétition, une des raisons pourquoi on n'arrivait pas à fidéliser les jeunes. Par rapport, aux professeurs, il faut leur apprendre à s'amuser, à matcher plutôt que des cours théoriques avec le panier. Il faut mettre en place des revirements pédagogiques.

8. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

Même si le padel n'explose pas en nombre de licences, il est en train de connaître une grosse expansion parce qu'il s'agit d'un nouveau sport.

Ma Ligue est frontalière avec l'Espagne. De notre côté le padel est arrivé déjà depuis quelque temps, en particulier dans les Pyrénées Oriental. J'ai vécu l'avènement de ce sport d'abord en Espagne puis en France. En Occitanie, les structures "poussent comme des champignons". Il y a même une réelle désaffection presque des terrains de tennis au profit des terrains de padel. Tout club qui est important dans notre Ligue a au moins un projet pour construire un ou deux terrains de padel, en plus des terrains de tennis qu'ils ont. Et souvent ils construisent les terrains sur les installations tennis, c'est-à-dire par forcément à part. Un terrain de tennis est utilisé pour faire deux terrains de padel dessus.

Lorsque j'étais encore à la FFT, on s'était posé beaucoup de questions si on allait prendre le padel sous le giron de la FFT ou non. On s'était dit qui si on le prenait sous notre giron, cela serait beaucoup de boulot et n'allait pas être simple. Mais si on ne le prenait pas, la Fédération qui allait se mettre en place et prendre ce sport, risquait de prendre le dessus comme la Fédération de padel en Espagne avec le

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tennis. On a préféré maîtriser le développement de ce sport. Quand une municipalité ou un club décide de faire un ou deux courts de padel, en général, il décide de le placer dans un lieu stratégique qui n'enlèvera qu'un seul terrain de tennis. Si c'était une autre Fédération en charge du padel, le tennis n'aurait pas eu droit à la parole là-dessus. Un maire peut très bien dire qu'il décide de prendre deux terrains couverts de tennis pour faire quatre terrains de padel couvert. On a préféré que le padel reste dans le giron fédéral pour pouvoir maîtriser le développement de ce sport.

En Occitanie, on est dans une courbe ascendante en nombre de pratiquants. Surtout de compétiteurs puisque pour l'instant on ne peut pas vraiment les compter. En Occitanie, il y a entre 70 et 100 structures qui ont des terrains de padel. C'est énorme. Il y a des structures privées avec uniquement des padel et il y a pas mal de gros clubs qui possède au moins un terrain de padel. Après, arrivera le moment où il y aura trop d'installations par rapport aux pratiquants. On s'aperçoit déjà que chez les compétiteurs, ils ont un très bon réseau social entre eux, ils communiquent, partagent beaucoup entre eux, il y a des groupes WhatsApp, ils s'envoient plein d'informations, mais dans les tournois il s'agit plus ou moins les mêmes qui jouent. À un moment donné, on va créer des structures supplémentaires mais est-ce que cela va amener plus d'adhérents pour autant ? Oui, mais pas forcément autant qu'on peut le penser.

Pour l'intégration du beach tennis à la FFT il y a eu le même raisonnement que le padel. En Italie, le beach tennis marche mieux que le tennis. On a décidé de le prendre dans notre giron. Mais en France, ce sport n'a pas forcément accroché. En plus, on a commencé par la vitrine, on a commencé par les Championnats de France. On a organisé des super Championnats de France sur une plage. On voulait avoir un effet de cascade avec la création de structures, etc. En Occitanie, on va dire qu'il y a cinq à six structures de tennis qui ont du beach tennis. Par rapport au padel, cela très peu. Contrairement au padel, où un joueur vient avec ses chaussures, sa raquette et ses balles, le beach tennis se joue sur le sable donc il faut se mettre pieds nus et juste prendre sa raquette et ses balles. Au beach tennis il faut également monter son propre terrain avec les lignes que l'on tend avec des jalons plus le filet que l'on tend aussi, etc. Donc il y a une préparation à faire avant de pouvoir jouer. Après avoir joué, il faut tout ranger dans les sacs, etc. Cette particularité n'attire pas forcément beaucoup de joueurs parce qu'il y a trop de contraintes. Le beach tennis n'attire que les vrais passionnés. Par ailleurs le beach ne peut pas se jouer toute l'année, cette activité reste essentiellement estivale. Pour le développement de cette activité, ce n'est pas un point positif. On doit avoir 200-300 joueurs à peu près en tout en Occitanie. Pour le championnat régional, on a une centaine d'équipes, tout confondu. C'est très occasionnel. On a très peu de vrai joueur de beach tennis.

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INTERVIEW 5 - Julien ISARD

Chargé de développement à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis Interview téléphonique réalisée le 27 mars 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai passé mon DEJEPS au Tennis Club de Pringy puis j'ai été Directeur Sportif au club. Après, j'ai enchainé sur le DESJEPS que j'ai passé en deux ans. Ensuite j'ai été recruté par la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes pour être Conseiller Sportif Territorial sur le département de la Haute-Savoie et de l'Ain. Ensuite, j'ai basculé sur la direction de développement où je gère le développement de la pratique, des clubs et du marketing des clubs. Je suis également beaucoup sur la formation DE, DES à Seyssins et à Bron. Je suis en train de travailler sur un plan pluriannuel sur le développement du tennis. On suit les directives fédérales, on essaie cependant d'avoir une vision innovante et moderne au sein de la Ligue.

2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés ? Si oui, comment l'expliquez-vous ? Quels ont été les changements majeurs ?

Oui, il y a eu une baisse ces dernières années du nombre de licenciés, ceci dit on reste quand même le premier sport individuel en France et le deuxième sport fédéral. On se maintient quand même à un niveau plutôt élevé, on ne s'alarme pas trop de ce genre de chose.

La deuxième chose, il est difficile de dire que le tennis en France, le tennis fédéral en tout cas, régresse parce que ce n'est pas forcément vrai. Ce n'est pas vrai de partout et ce n'est pas dans tous les clubs. Il s'agit d'une donnée très importante. Si on avait une donnée généralisée dans l'ensemble des clubs, là, on pourrait se dire : oui, le tennis est en baisse.

Gilles MORETTON, Président de la Ligue, candidat à la présidentielle de la FFT cette année, il partage cette vision. Il prend souvent cet exemple : "si tu vas dans une rue bondée de restaurant à Lyon, tu demandes à un restaurateur où il n'y a pas beaucoup de monde dedans, comment se passe la restauration en France : "c'est la catastrophe, on paie trop de charges, il y a plus personnes dans les

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restaurants". Deux mètres plus loin, tu as un restaurant qui est plein à craquer, si tu demandes à un autre restaurateur : "non, nous la restauration cartonne, on n'a jamais eu autant de monde, on a embauché encore deux nouvelles personnes"".

Ce sont vraiment des problématiques de clubs, voire de territoires où le tennis marche plus ou moins bien. Par exemple, dans mon club à Pringy, pendant que le nombre de licenciés de la FFT baissait, nous on était en hausse constante pendant 3 ans.

Si on regarde le TC Annecy-le-Vieux, est-ce que le tennis va mal ? Il y a 1100 licenciés, trois terrains couverts, tout va bien. Ce sont vraiment des problématiques de clubs, d'enseignants, de dirigeants, de comment ils font pour que les choses bougent.

Oui, il y a des directives fédérales. On les suit, mais on essaie cependant d'avoir une vision innovante, moderne. Effectivement, la tendance était déjà un peu à la baisse. Passer sous ce fameux chiffre des 1 million de licenciés reste assez symbolique, ce n'est pas des baisses de 15-20 % non plus, il n'y a pas eu un crash. Sur l'année dernière, on a fini en baisse de 1,7 %.

Par ailleurs, dates à dates par rapport à l'année dernière, bon le coronavirus va nous impacter un peu, voire beaucoup, mais début mars, le nombre de licenciés en France était en progression de 2% par rapport à l'année passée, il y a une inversion de la courbe cette année. Dans quasiment dans toutes les ligues, on voit une hausse des effectifs par rapport à ce qu'il se faisait l'année dernière date à date en mars. C'est quand même très prometteur. Il y a cette relance-là qui est en marche, j'espère que le coronavirus va nous laisser tranquille rapidement pour qu'on puisse continuer et clôturer cette année en hausse par rapport à l'an dernier. Il faut prendre cela en considération, cette année marque une rupture et on a une progression qui s'installe.

Cependant, il y a deux autres points à prendre en compte concernant la baisse du nombre de licenciés. Le contexte concurrentiel a beaucoup évolué et il est devenu de plus en plus intense. Aujourd'hui, il y a une concurrence entre les fédérations fédérales, foot, tennis, les grands sports où tout le monde redouble d'ingéniosité pour attirer des licenciés.

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La fédération de boxe, on n'en a jamais entendu parler avant. Maintenant, ils mettent en place des plans de communication, etc. Il y a quand même beaucoup plus de monde qui pratique la boxe en France. Avant la boxe n'était pas un concurrent, et maintenant, ce sport est en train de monter un peu en puissance. Il y a des nouveaux sports fédéraux qui rentre dans cette bataille. Ce contexte évolue. Il est de plus en plus concurrentiel et intense avec des habitudes de consommations qui changent. Nous devons nous adapter.

Ensuite il y a une concurrence accrue des associations non-fédérales. Par exemple, il y a de plus en plus des cours de zumba qui se font à droite à gauche, qui ne sont pas forcément sous la base des licenciés. Il y a eu un essor ces dernières années assez important. Il s'agit d'un autre type de concurrence.

Il y a la concurrence des marques, Nike ou Décathlon organisent des runs dans les rues le soir de semaine, ou même organisé par d'autres marques. C'est quelque chose de nouveau et un autre type de concurrence.

Il y a également les collectivités aussi qui s'y mettent. Maintenant de plus en plus de municipalités pour développer le sport, développer le bien-être, la santé, organisent des événements sportifs notamment de la marche et de la course à pied, au détriment d'une pratique fédérale. Ces pratiques viennent de rentrer en concurrence.

Les sports de la pratique libre de l'outdoor : le sport de montagne, de randonnée, la marche, la course à pied, on vient pratiquer une activité physique et sportive libre, sans contraintes, au moment où on le décide, avec qui on veut, voire seul. C'est quelque chose aussi qui a complétement explosé en France ces dernières années. Forcément, toutes ces concurrences-là, directes ou indirectes, font que le tennis a été légèrement impacté. Les habitudes de consommation des gens ont changé, forcément, maintenant les gens qui viennent dans les sports associatifs pour passer du temps existe un peu moins.

3.

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Pensez-vous vous que les actions misent en place par la FFT incite les personnes à découvrir le tennis ou de rester dans les clubs ?

Les gens veulent consommer du sport sans contraintes, nous, on est une vraie difficulté aussi par rapport à la licence fédérale qui est annuelle, et souvent les clubs proposent des cotisations annuelles à leurs adhérents. Finalement, les gens souhaitent de moins en moins s'engager aussi bien dans le sport que d'une manière générale. Donc il va falloir qu'on s'adapte. Par rapport à cela, il y a des groupes de travail à la Fédération qui sont mis en place.

Il y a une donnée très importante, tout l'enjeu pour nous est vraiment là : on estime à seulement 25 % le nombre de pratiquants de tennis qui sont licenciés à la FFT. Il y en a 75 % qui pratiquent le tennis sur les terrains municipaux, en vacances. Nous, on ne les a pas dans nos statistiques. On a un véritable enjeu, le marché existe, mais pour l'instant, il faut qu'on le pénètre mieux.

Au niveau de la Ligue, on travaille avec une société qui s'appelle France Pub, société lyonnaise. Ils travaillent beaucoup avec des grandes enseignes nationales comme Auchan, Carrefour, Décathlon pour faire du "géomarketing". Cela fait bientôt un an qu'on est client chez eux. On sait exactement ville par ville, voire parfois quartier par quartier dans les grandes villes le nombre de pratiquant tennis et le nombre pratiquant de tennis licenciés. Sur la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, 30 % des pratiquants de tennis sont licenciés. Ce sont les mêmes chiffres au niveau national. On a encore une marge de développement énorme.

4. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de la Ligue-Auvergne-Rhône Alpes pour fidéliser et attirer des licenciés ?

On essaie également de montrer que le tennis est axé sur la santé et le bien-être parce qu'il faut savoir que le tennis est un sport qui maintenant est reconnu par le Ministère de la Santé comme un sport santé bien être. Cela est quelque chose de nouveau qui date de deux ans. Maintenant un médecin généraliste peut faire de la prescription de tennis sur ordonnance, cela veut dire que le tennis apporte vraiment des bien faits et on sait qu'aujourd'hui en France la notion de santé bien être a pris énormément de place.

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La plupart des gens qui vont courir dehors pour être en bonne santé, se sentir bien. Ce n'est pas pour faire de la performance. Quand je vais courir, ce n'est pas pour aller battre un temps sur dix kilomètres, mais pour me sentir bien pour toute la journée. On est assez éloigné d'une pratique compétitive, de tennis très, très compliquée. Il faut qu'on fasse prendre conscience aux gens qu'on peut prendre du plaisir sur la pratique du tennis dès nos premiers courts. Avec s'adapter, le nouveau matériel pédagogique, les nouveaux terrains, notamment le Tennis Galaxie. Faire changer l'image du sport et montrer aussi qu'on peut pratiquer le tennis sans contraintes, on a un vrai travail à faire là-dessus. Le Tennis Santé propose des exercices avec des mouvements pour travailler sur l'assouplissement des muscles et la coordination.

On développe effectivement l'offre tennis santé-bien être. C'est quelque chose sur laquelle la Ligue et la Fédération travaillent beaucoup. On développe des nouveaux services comme le cardio-tennis sur des séances d'1 h, 1 h 30 avec du mix panier tennis, renforcement musculaire, cardio. Finalement le niveau tennis n'est pas obligatoire, on peut mélanger les niveaux, ce n'est pas très grave, il n'y a pas de face-à-face. Un joueur en deuxième série et une joueuse en troisième série peuvent faire la même séance. Il y a du travail au panier, chacun le fait en fonction de son niveau. Des ateliers de motricité, de renfort, de cardio, n'importe qui peut le faire. Cette offre est en train d'énormément émerger au sein des clubs, qui est facile à mettre en place et qui propose quelque chose de nouveau.

5. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Un des autres enjeux pour changer l'image de notre sport est que nous, les équipes de développement, on arrive à inculquer une culture marketing aux clubs pour recruter notamment sur la visibilité digitale. Aujourd'hui, on a un nouvel outil TEN'UP qui est bien mais qui n'est pas encore top à 100 %. Il faut encore que les équipes techniques travaillent dessus parce que le produit n'est pas au point. Il mérite encore d'être travaillé, mais on est sur une voie de développement.

Concernant la visibilité sur Internet, on a fait une étude sur les sites Internet des clubs de la Ligue, c'est à tomber par terre. Cet axe n'est pas du tout développé, que cela soit chez les gros et petits clubs. On travaille sur ces différents piliers pour être plus attractif vers l'extérieur. On a signé un partenariat avec une entreprise qui faitt de la création de site Internet, référencement, développement. On a monté

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une offre pour les clubs. On propose des sites clés en mains, haut de gamme, mais en essayant d'être accessible financièrement pour les clubs pour avoir des sites Internet développés.

On a fait une offre digitale pour les clubs avec différentes options, standard au premium en fonction des tailles de clubs. Par exemple, Annecy Tennis va être le premier club à rentrer dans la démarche très rapidement. On apporte ce service supplémentaire par le biais du partenariat.

Par ailleurs, on a développé un outil ADOC (Aide au Développement et à l'Organisation des Clubs). Il s'agit simplement de la gestion de club comme un back-office. ADOC permet de construire l'offre des clubs et ils les mettent dans TEN'UP. Cela permet aux clubs de créer les groupes d'enseignements, les cotisations, licencier les gens, homologuer les tournois, saisir les résultats, toutes ces étapes se font dans ADOC. On peut même faire sa gestion financière de club dans ADOC. Cet outil complet a ses failles, il y a encore des possibilités d'améliorer le développement de cet outil. Il a quand même bien évolué ces dernières années, il devient un outil fiable. Il est également possible d'intégrer le paiement en ligne, quand quelqu'un se rend sur TEN'UP pour acheter un stage de tennis, il peut payer en ligne, le paramétrage se fait sur ADOC. Il s'agit vraiment un outil pour toute la gestion de club. Avant ADOC était aussi bien un outil qui servait à la gestion de club et il était aussi ouvert aux adhérents pour la réservation des courts. Maintenant toute la partie vitrine, adhérent a basculé sur TEN'UP.

6. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Le TMC (Tournoi Multi-Chance) permet d'être identifié dans un calendrier familial, et cela dure une journée en général. La contrainte du tennis est qu'on ne sait jamais quand on va jouer, quand on va finir les matchs. On se base uniquement sur une estimation. Parfois, les convocations arrivent la veille. On a besoin d'avoir une certaine visibilité et ce format-là plaît beaucoup aux femmes. Cela leur permet également de se retrouver entre elles dans un esprit de compétition certes, mais avec beaucoup plus de convivialité que dans un tournoi traditionnel. Il y a un manque de femmes dans les tournois, les niveaux au niveau des classements sont trop différents. Elles fuient la compétition traditionnelle parce que cela ne les intéresse pas de jouer pour perdre en deuxième match contre une femme beaucoup mieux classée. Le format TMC a une contrainte cependant. Ce type de compétition est facile à organiser pour les clubs, cela rapporte de l'argent, les gens qui en font sont plutôt contents. Cependant, un TMC à entre 8 et 16 personnes, un tournoi comprend 300 joueurs, dont 40 joueuses. Il faudrait faire beaucoup de TMC pour pouvoir toucher autant de personnes. Il s'agit d'une des limites

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aux compétitions type TMC. La compétition traditionnelle sous forme de tournoi à élimination directe, il faut la conserver. Elle est ancrée de notre culture, il ne faut pas l'arrêter pour les gens qui sont déjà des compétiteurs aujourd'hui.

Pour les nouveaux compétiteurs, les formats courts comme le super tie-break au troisième set, l'arrivée des no-ad, signifie moins de contraintes. Cela est un critère important.

7. Les initiatives mises en place sont-elles trop tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la pratique loisir ?

Nous, on véhicule l'image d'un sport très axé vers la compétition et pas forcément hyper accessible techniquement. La pratique du tennis pour beaucoup est très difficile. En plus physiquement cela est dur parce que beaucoup gardent en tête le match de Rafael Nadal contre Novak Djokovic en finale de Roland-Garros en cinq sets. Ils trouvent que le sport est beau, mais il parait extrêmement compliqué. À l'inverse d'autres sports comme le foot ou la course pied où tout de suite on se dit n'importe quelle personne peut pratiquer ce sport. Nous, on a une image pas très accessible, plutôt élitiste et très compétitrice. L'image qu'on dégage aujourd'hui est un vrai problème. Tout l'enjeu est que nous arrivons à faire changer l'image de notre sport en développant notre pratique et en faisant comprendre que le tennis est un sport accessible à tous.

8. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

Cela est important de diversifier l'offre de notre sport. Le beach tennis marche plus ou moins, surtout dans notre région. Cette activité attire plus dans le sud. Cependant, le padel est en plein essor. Le padel est un des moyens pour attirer des nouveaux pratiquants. C'est facile d'accès, fun et marrant. On retrouve tout ce qu'on n'a pas dans le tennis : la proximité entre les joueurs, la convivialité. Une personne qui joue avec des raquettes de plage au bord de la mer, il peut jouer au padel. N'importe quelle personne peut s'y mettre. Il s'agit d'un véritable atout qu'on souhaite développer justement pour attirer le genre de personnes pour qui le niveau technique requis pour le tennis fait peur.

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9. Pour faciliter l'accès à la compétition, la FFT a mis en place un système de compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi consiste cette initiative ?

On considère que la compétition impacte positivement la fidélisation dans les clubs. Il y a un vaste débat en interne, si on développe la compétition, mais que tout autour, l'enseignant n'est pas bon, les infrastructures ne sont pas bonnes, la compétition ne suffira pas à fidéliser, mais en tout cas cela participe à fidéliser. On se rend compte que pour tous ces nouveaux pratiquants, ces pratiquants débutants, leur dire de s'inscrire à un tournoi ou de jouer en match par équipe est difficile pour eux. Ils se dévalorisent, ils se disent de ne pas être à la hauteur et ils ne veulent pas y participer. On avait du mal à les amener à la compétition. Pour développer le nombre de compétiteurs est né l'idée des compétitions libres pour les jeunes. Elles ont été mises depuis un an à peu près. Cela marche plutôt pas mal, c'est en développement. À partir du 1er avril 2020, les matchs de compétitions libres seront ouverts pour les adultes non classés et quatrième série.

Si on prend tous ces nouveaux pratiquants débutants, en plus des cours de tennis, on organise des petites compétitions au sein du club, sans pression, ni contrainte, avec les gens du club comme les enseignements, on organise une animation derrière, cela devrait faciliter l'accès à la compétition. Ceux qui ne prennent pas goût, ils pourront toujours choisir de faire de la compétition plus traditionnelle ou de rester de cette compétition libre. On se rapproche de cette pratique libre qui est au coeur des nouveaux modes de consommation de la pratique sportive. Faire un match de compétition contre un ami, cela devrait venir aussi simple et aussi libre que d'aller courir. On joue le dimanche matin, on décide de l'homologuer, on le dit à l'enseignant de le renseigner dans la base de la FFT. Cette initiative devrait contribuer à cela.

Il s'agit également d'un bon moyen pour faire rencontrer les gens, donner du sens aux animations qu'on fait. Les matchs libres existent depuis toujours. Donner ce côté un peu plus officiel, cela devient intéressant et créer un peu d'enjeu indirectement. Dans le palmarès, cela ne rapporte pas beaucoup de points mais au moins il y a quelque chose de pris en compte. Un peu comme l'image du poker. Il y a juste un peu de pression qui cadre un peu la compétition et change l'état d'esprit parce qu'il y a une petite "récompense" à gagner à la fin. C'est un bon moyen pour amener du fun dans les clubs. Ce n'est pas dans le but de développer la compétition à outrance. Les clubs sont saturés et la compétition traditionnelle n'est pas faite pour tout le monde. On peut être passionnés mais non-compétiteurs.

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Il y a une statistique qui est intéressante en France, seulement 9 % des personnes questionnées évaluent la compétition comme un facteur principal de motivation. Tout miser sur le développement de la compétition est utopique et faux. Cela n'aura pas d'impact. Il faut que la compétition serve à une tranche de la population définie. La compétition libre, est intéressante car ce n'est pas «une vraie compétition», mais l'entre-deux peut être intéressant. Cela est inenvisageable de se tourner uniquement à 100 % sur la compétition car les clubs auront moins de terrains disponibles pour les loisirs. Ce n'est pas possible.

La compétition libre vise aussi à développer la fréquence de jeux et de faire venir jouer les licenciés en dehors des entraînements. Les enseignements de club sont suffisamment expérimentés, ils connaissent bien les joueurs pour voir s'il y en qui abuse ou pas de format.

Il y a deux formats possibles : la compétition libre individuelle ou organisée. Le match libre individuel correspond à deux personnes qui jouent le dimanche matin et qui l'homologuent entre elles. Soit le club qui organise des moments banalisés, le samedi après-midi par exemple où ce sont uniquement des matchs libres et derrière, ils organisent une animation style pétanque avec une soirée derrière.

10. Les changements de compétitions historiques (telle que la Coupe Davis) ont-ils un impact selon vous sur l'attractivité du tennis en France ?

C'était suivi par des téléspectateurs, mais la Coupe Davis marchait bien dans notre pays, mais dans d'autres pays cet événement ne marchait plus. Si on regarde de manière générale, elle devait évoluer. Tous les meilleurs joueurs mondiaux ne participaient plus. La Laver Cup, l'ATP Cup et la Coupe Davis à six semaines d'intervalles - trois compétitions qui se ressemblent, l'ATP/ITF devraient se mettre d'accord sur un format unique qui permettrait d'avoir plus de visibilité et d'avoir une compétition énorme, une vraie coupe du monde de tennis comme dans le foot. Il faut donner du temps, c'était la première édition. Dans le cycle de vie d'un projet, la phase de lancement n'a pas forcément des résultats tout de suite et la phase de croissance prend quelques années. Il y a des choses à améliorer. L'ATP Cup a bien marché. L'ancien format qui disparaît parait logique. Parfois dans le tennis on vit un peu trop avec le passé, il faut savoir évoluer avec le monde moderne.

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La France est l'un des pays qui compte le plus de compétitions, notamment Roland-Garros, comment expliquer cette baisse de licenciés malgré de nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer sur ces manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du tennis ?

Le tennis marche plutôt bien. D'ailleurs Roland-Garros n'a jamais été aussi plein. Le tournoi se joue à guichet fermés tout le temps, même si quelquefois dans les tribunes il n'y a pas grand monde. En tout cas les places sont vendues. Il y a le problème des loges, mais en tout cas, à part les loges, le stade est toujours plein. Il s'agit d'un élément révélateur que le tennis en France ait encore une grande notoriété, une image très positive. Roland-Garros est un vrai levier de développement pour le tennis français. Avec les nouveaux terrains et l'arrivée du toit sur le central, cela va changer beaucoup de choses. Ces travaux étaient pour moi primordial pour continuer de rivaliser avec les trois autres Grand Chelem dans le monde. On voit d'ailleurs que le chiffre d'affaires du tournoi ne cesse d'augmenter d'année en année, cela prouve qu'il y a des visiteurs qui viennent. Roland-Garros est une vraie vitrine. D'ailleurs dans les clubs, on observe une augmentation de fréquentation pendant cette période-là parce que les gens voient Roland-Garros à la télévision et souhaitent jouer, en plus ce sont les beaux jours avec l'arrivée de l'été.

12. Pour vous, quelles seraient les solutions pour atténuer la baisse des licenciés ? Attirer un nouveau public ou fidéliser davantage les licenciés ?

On a un gros travail à faire en premier sur la fidélisation des personnes. On a énormément mal à fidéliser les adultes notamment et les nouveaux licenciés, on a des taux d'abandon à l'issue de la première année de pratique qui est énorme : entre 2018-2019, 1/3 des licenciés ont abandonné en France. 50 % des nouveaux licenciés ont abandonné, presque un nouveau licencié sur deux n'a pas renouvelé cette année, c'est énorme. 60 % des nouveaux seniors, des 18-35 ans, ont abandonné. Et 50 % des non classés.

Par un exemple, si on prend ce profil de joueur, 30 ans, j'ai vu Roland-Garros cela m'a plus, je vais m'inscrire au tennis. Je prends l'exemple de Pringy, je connais les tarifs. 230 euros l'adhésion à l'année. Cependant, il n'a jamais joué, il aimerait prendre des courts mais tout est déjà plein ce n'est pas possible. Il faut savoir que le taux de renouvellement sur les courts collectifs avoisine les 100 %, assez

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peu de joueurs abandonnent quand ils prennent des cours. On lui propose donc des cours individuels avec les profs. Il a déjà payé 230 euros d'adhésion puis il doit payer 30 à 40 euros un cours individuel, ce n'est pas tout le monde qui peut. Par ailleurs, il n'a pas de partenaire, il ne prend pas de cours. Le club envoie des mails pour participer à des animations, mais comme le joueur ne connait personne, il ne vient pas, il ne se sent pas concerné. Au bout de six mois, on regarde les statistiques dans ADOC, il n'a encore jamais réservé. Ce genre de joueurs, pour 230 euros, il ne joue jamais et il s'agit un problème.

On essaie de mettre en place tout un programme de fidélisation, justement pour mieux s'occuper de nos clients, j'utilise ce mot client volontairement. Il faut faire changer l'état d'esprit des clubs. Les clubs pensent encore que les gens viennent et que ce sont juste des adhérents. Non, ce sont des vrais clients qui viennent consommer et si on ne leur apporte pas de satisfaction, ce n'est pas possible. Dans la vie de tous les jours, si on n'est pas satisfait d'un produit ou d'un service, on ne rachète pas. On est vraiment là-dedans.

Il y a différents leviers pour la fidélisation :

1. La cotisation

2. La diversification de l'offre

3. Mieux s'occuper de nos clients, mieux les connaître

Si on descendait de 5 à 10 % le taux d'abandon, on repasserait sur la barre des millions sans problème, sans forcément recruter un nouveau public. Il y a un véritable enjeu sur mieux fidéliser au sein des clubs.

De mon côté, j'ai identifié quelques points qui doivent permettre de mieux fidéliser les licenciés tennis. Soigner l'image du club. Soigner la première prise de contact, la première connexion est importante avec quelqu'un. Un nouvel adhérent qui arrive en club, la personne qui s'occupe de lui doit être en mesure en cinq minutes de lui expliquer le fonctionnement du club, de lui donner une plaquette, la carte de visite de l'enseignant pour peut-être prendre des cours plus tard, lui expliquer comment fonctionne TEN'UP, télécharger l'application avec lui. Très rapidement, on doit être en mesure de lui trouver des nouveaux partenaires de jeu. Prendre des informations sur son niveau, avoir une base de joueurs disponible en fonction des niveaux. Le TC Annecy le Vieux le fait très bien, les hôtesses font

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même la première réservation. Même si la personne ne prend pas de cours, mais qu'elle a un ou deux partenaires, correspond à une présence dans le club assurée.

S'assurer de la satisfaction de nos clients. Trop peu de clubs questionnent leurs adhérents sur la qualité de l'enseignement, la qualité des animations au sein des clubs. Il y a assez peu d'enquêtes de satisfaction auprès des clients. La qualité de l'accueil est quelque chose que les clubs doivent améliorer.

Les clubs doivent mieux connaître leurs clients. On a la chance d'avoir cet outil ADOC, on devrait tout savoir de nos clients, aussi bien au niveau du chiffre d'affaires que du nombre de réservations. Les clubs doivent prendre conscience de la base de données qu'ils ont et mieux l'utiliser.

Élargir son offre via le padel et le beach tennis par exemple.

Le bénévolat. Tout cela est possible uniquement si on motive et implique ses équipes. Il y a une mission humaine. Le coté bénévole, motiver et impliquer ses équipes bénévoles, ce n'est pas facile. Les gens s'investissent de moins en moins dans le bénévolat, comment les valoriser, les impliquer.

Motivation et implication des entraîneurs de tennis. Aujourd'hui, les clubs qui marchent est lorsqu'il y a une équipe pédagogique qui est compétente, impliquée et motivée. Pour être compétente, il faut se former. La formation initiale et continue, proposée par la FFT et la Ligue, est importante. Au niveau des clubs, il faut qu'ils rémunèrent correctement leurs enseignants, c'est un métier qui est beau mais difficile. Être entraîneur tout seul signifie être obligé de tout faire, tous les soirs, le week-end.

Par exemple, Romain COTTAREL, entraineur au TC Drumettaz, qui a 100 licenciés. Il est tout seul, pas de terrains couverts convenables (ils ont un parquet de salle de fête l'hiver, les terrains sont abimés, le club house est un vieux chalet, les équipes bénévoles sont quasi inexistante). C'est difficile, les qualités de travail ne sont pas faciles. Les dirigeants doivent en prendre davantage conscience, il faut que les entraîneurs soient valorisés, responsabilisés.

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Je connais trop d'entraîneurs qui me disent : "j'essaie de mettre des choses en place, je n'ai pas de retour de mes dirigeants. J'ai le sentiment d'être inutile, c'est décourageant". On a un turnover chez les enseignants qui est plutôt important parce qu'on se rend compte au bout de quelques années la motivation baisse et ils se sentent un peu isolés. Dans les gros clubs, il y a des bonnes conditions de travail. Dans les petits clubs, cela est plus difficile.

On travaille également énormément sur l'équipement aussi. C'est très important. Il faut savoir que la FFT et la Ligue, à tous les niveaux, on travaille très étroitement avec les collectivités, avec les municipalités et les régions. On a un schéma directeur entre la Ligue et la Région qui fonctionne extrêmement bien. La Région aide énormément le tennis pour le développement de ses infrastructures. Effectivement, un club de tennis sans terrain couverts ce n'est pas évident même s'il y a deux terrains extérieurs, des enseignants bons, des dirigeants motivés. Si à côté il y a un club de foot avec des infrastructures magnifiques, un gymnase flambant neuf, chauffé, pour le hand et le basket, et une salle de sport privée comme l'Appart Fitness avec des structures splendides. La concurrence, elle est dure. On travaille beaucoup pour enlever tous les terrains en bétons poreux pour mettre de la terre battue artificielle. Développer également au maximum le nombre de structures couvertes, en Haute-Savoie on a de la chance on a beaucoup de terrains avec des courts couverts, ce n'est pas le cas de partout. La Savoie souffre beaucoup du manque de terrains couverts.

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INTERVIEW 6 - Yann BANKHALTER

Responsable Marketing à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis Interview téléphonique réalisée le 9 avril 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai été Conseiller en Développement sur la Haute-Savoie, Savoie et l'Isère pendant quatre ans. Maintenant, je travaille dans le service marketing à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes sur tout ce qui est partenariat, marketing, communication.

J'ai une mission effectivement d'accompagnement des clubs de formation sur la thématique de partenariat parce que certains ont des situations économiques parfois tendues, complexe à gérer. Ils se posent la question de comment trouver des ressources, des financements privés.

2. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes pour fidéliser et attirer davantage de licenciés ?

Malheureusement il n'y a pas de réponses miracles, mais effectivement il y a des initiatives, il y a des choses qu'on met en place pour accompagner les clubs. En tout cas, c'est une vraie question que la FFT se pose.

La FFT pilote une politique de développement fédérale, il y a la DTN (Directeur Technique National), plutôt au niveau du point de vue sportif, entraînement. À côté de ça il y a un pôle de développement, il y a le pôle fédéral qui est à la fédération qui pilote une stratégie politique et derrière ce sont les Ligues qui les déploient sur le terrain. Nous au niveau de la Ligue, on est une équipe de neuf conseillers en développement plus un responsable régional de développement qui pilote notre équipe qui ont pour mission d'accompagner les clubs dans le développement de la pratique. Nous ce qu'on appelle des CED - Conseiller en Développement - ils ont des territoires et on est censé déployer la politique fédérale avec évidemment des adaptions en fonction des territoires. Par exemple, moi je suis conseiller en développement sur la Savoie et Haute-Savoie, je ne vais pas avoir les mêmes problématiques que mon collègue qui est en développement dans l'Allier. Dans l'Allier, sa

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problématique va être l'emploi, moi en Haute-Savoie cela va être comment on peut structurer les clubs pour accueillir plus de monde l'été, comment on peut travailler avec les secteurs privés.

Ce qu'il faut savoir ce que nous, on est pour la plupart des salariés de la Ligue. En étant mis à disposition des comités sur leurs territoires. Pour résumé, la fédération déploie une politique, la Ligue au travers de ses salariés là déploie sur son territoire en étant mise à disposition des comités.

Les initiatives de la FFT partent un peu de partout. La FFT déploie une politique fédérale avec des fois des initiatives que nous, on met en place. Après nous les adapte. Nous aussi de part de notre connaissance du territoire, on essaie de développer nos propres initiatives pour essayer de développer la pratique. Effectivement, le comité peut également avoir des initiatives de son côté pour jouer son rôle de proximité avec les clubs.

Il faut se poser la question du produit qu'est la licence. Si un joueur ne fait pas de compétition au tennis, la licence n'a que très peu d'intérêt en fait. À part d'être prioritaire sur la billetterie de Roland-Garros ou le Master de Paris Bercy. Finalement, quels sont les avantages d'être licencié pour un non-compétiteur. Par exemple, les joueurs compétiteurs et non compétiteurs paient la licence au même prix et les mêmes avantages. Nous quand on est conseiller en développement pour faire la promotion de nos licences vis à vis d'un pratiquant qui va venir jouer une à deux fois dans l'année, cela est compliqué parce que cette licence club, licence traditionnelle, n'a pas d'intérêt. La licence propose une assurance, mais dans la vie les personnes ont déjà toute une assurance pour la responsabilité civile, etc. La licence présente que peu d'intérêts finalement en tant que tel. Comment la FFT peut endiguer la baisse du nombre de licenciés, il faut avoir une réflexion au niveau du produit de la licence en tant que tel. Est-ce que la licence est toujours adaptée à la pratique et à la manière dont en pratique.

Si on veut développer le nombre de licenciés aussi, on travaille très peu avec les entreprises sur les problématiques de la santé. Quand on pense au tennis, on ne fait pas forcément tout de suite le lien avec la santé. Le tennis est plutôt vu comme un sport où on se fait mal au dos ou aux genoux. Alors qu'en fait le tennis est bon pour le cardio et pour plein d'autres choses. L'idée du Tennis Santé est de travailler avec les clubs et les enseignants sur du contenu à proposer et aussi sur comment développer son réseau. Pour faire du Tennis Santé, il faut s'implanter d'un point de vue local, travailler avec des associations spécifiques, des hôpitaux, les comités départementaux pour développer le réseau. Une

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fois qu'il y a une offre bien établie et que l'enseignant est formé, il faut développer son réseau et puis voir des entreprises. On essaie d'accompagner les clubs pour structurer leurs démarches.

3. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Si on regarde l'évolution de la pratique sportive, on est davantage sur une pratique sans contraintes et libre. Le tennis souffre de cela parce qu'on est lié à nos équipements. On ne peut pas jouer au tennis dans un jardin, sur un parking de supermarché et du coup cela représente une difficulté. Le marché du sport évolue. Les gens ne veulent plus avoir de contraintes. Moi le premier, je ne joue plus pratiquement au tennis et quand j'ai envie de faire du sport et que j'ai un peu de temps, je prends mes chaussures de running et je vais courir à côté dans la campagne. J'ai fait mon activité sportive et je n'ai pas besoin d'avoir les clés du court, un partenaire et des raquettes. Il faut parler de cette contrainte-là de notre pratique. Il est là le lien avec TEN'UP. Cet outil a été mis en place pour faciliter l'accès à la pratique. Après cet outil pose d'autres problématiques, il faut que les clubs derrières soit prêt à le mettre en place et le développer. Mais le produit en tant que tel est bien parce que l'idée est de faciliter l'accès à la pratiquer. Il faut que "jouer au tennis" devienne facile. Le problème est lorsqu'on fait le tour des clubs de tennis, souvent, à part les gros clubs, s'il n'y a pas l'enseignant qui est là, le club est fermé, pas forcément très accessible. Quand quelqu'un ne connaît pas du tout le tennis et arrive dans un club en plein tournoi, ce n'est pas très accessible. Les clubs ne donnent pas cette sensation-là. C'est une vraie problématique. La FFT a mis en place TEN'UP pour faire face pour répondre à cette problématique. L'idée est de développer l'attractivité de nos clubs et de les rendre plus accessibles.

Pour jouer au tennis, il faut avoir les codes, il faut payer son adhésion. Parfois, les licenciés payent une adhésion, mais ils jouent que cinq fois dans l'année donc ils sont loin de l'avoir rentabilisée. Le système location ou d'avoir une licence adaptée pour ce type de prestation où derrière ils ont quand même accès aux animations cela pourrait être plus adapté. D'avoir des produits un peu intermédiaires sur le sujet.

TEN'UP est un bon outil, mais après les clubs doivent être en capacité d'attirer en mettant en place des offres. Nous notre rôle est d'accompagner les clubs dans cette modernisation et de développer une branche marketing sur comment les clubs peuvent mettre en place des offres attractives pour attirer les adhérents à venir jouer et à s'adapter au plus près de leurs pratiques. TEN'UP permet de

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donner de la visibilité à ces offres-là. Aujourd'hui, si on se dirige sur les sites Internet des clubs, ils ne sont pas modernes, certaines dates d'au moins 10 ans et ne font pas professionnels. Alors que pourtant certains clubs sont grands et bien développé sur plusieurs autres axes, mais la visibilité digitale est importante. Il y aussi l'outil CMS ONE2R qui aide les clubs dans la gestion de leur propre site internet d'une manière simple et efficace. Une charte graphique fédérale est fournie et les clubs n'ont plus qu'à ajouter le contenu qu'ils souhaitent sur le site internet comme des photos, des annonces, etc. Aucun logiciel spécifique n'est nécessaire. Ces sites sont également consultables sur téléphone. Les partenaires peuvent être mis en avant ainsi que les réseaux sociaux d'un club.

Au niveau de la Ligue, on a mis en place un partenariat avec un prestataire qui fait des sites Internet et on a négocié des prix, mais ces prix ne sont pas donnés, ce n'est pas accessibles à tous les clubs. Mais ce partenariat permet d'offre l'opportunité aux clubs d'avoir des sites performants, modernes et beaucoup plus attractifs. Surtout, on accompagne les clubs dans la mise en place de leurs offres sur TEN'UP. TEN'UP est très bien sauf si le club n'a pas mis à jour et en place ces offres cela fera comme un site Internet, cela ne servira pas à grand-chose en fait. TEN'UP est un moyen, après il faut qu'on accompagne les clubs.

TEN'UP est accessible à n'importe quelle personne. On ne parle plus de licenciés, mais de pratiquants. Un pratiquant lambda peut aller réserver un terrain dans un club affilié sans forcément être licencié. La FFT est en train de sortir de cette réflexion sur la licence seulement. Elle donne maintenant la possibilité à n'importe quel pratiquant de réserver dans un club. TEN'UP est accessible à tous et l'objectif était comment une personne qui n'est pas licenciée dans un club peut aller consommer du tennis dans un club affilié facilement. C'est valable pour le licencié, comment il peut consommer du tennis, réserver un terrain, s'inscrire à un tournoi, prendre une adhésion dans un club. Le pratiquant de tennis de manière générale ou non, il faut que cela soit facile pour lui d'aller consommer du tennis.

On a commandé une étude géomarketing chez les pratiquants de tennis. En Auvergne-Rhône-Alpes, on est 123 000 licenciés, mais cette étude a démontré qu'il y a 300 000 pratiquants de tennis dans la région. C'est une vraie difficulté au niveau fédéral, on parle d'environ un million de licenciés, mais quatre millions de pratiquants, tennis et padel compris. On est en capacité de dire sur le territoire le potentiel. On sait ce que représente le pratiquant de tennis moyen, il gagne x euros, il consomme de telle manière. Cela nous permet sur un territoire de savoir quel est le potentiel. Est-ce que sur ce territoire-là on a plus de pratiquants potentiels. On a travaillé avec une société qui travaille sur le

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recueil de données sur la pratique sportive et sur plein d'autres choses. D'après leurs estimations qui sont justifiées, on est à 300 000 pratiquants qui jouent au moins une fois au tennis dans l'année sur la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes. Effectivement, le nombre de licenciés baissent, mais est-ce que le nombre de pratiquants baisse également ? Ce n'est pas certain et difficile de répondre à cette question.

Les écoles de tennis sont très reliées aux enseignants. Au niveau fédéral, on se préoccupe de la relation avec les enseignants. Il s'agit d'un sujet qui délicat. On forme des enseignants dans nos centres de formations au niveau des Ligues. Le problème est que derrière leurs formations, ils sont lâchés dans les clubs et parfois, cela se comprend, mais ils sont plus dans leur intérêt personnel de développer leurs propres activités que de développer l'activité fédérale, augmenter le nombre de licenciés et de développer le club en fait. Il y a deux manières d'enseigner le tennis, soit en indépendant, soit le salarié du club. Nous la position de la FFT, et de la Ligue, est plutôt d'essayer de salarier les enseignants parce que derrière cela permet de leur donner des objectifs et de développer la pratique. Le problème ce n'est pas le statut de salarié, mais le management des clubs. Les clubs, ce sont des bénévoles, ils ne sont pas forcément formés, habilités à manager des enseignants, des personnes.

L'ARA Tennis Tour est un projet de la Ligue au niveau du développement de la pratique, on a vraiment voulu mettre en place et accompagner les clubs. C'était d'aller faire le tour des clubs, présenter des produits et échanger. Le Tennis Move est un produit mis en place par la Ligue destiné à essayer de lier l'activité du tennis à une activité physique accessible, un peu fitness et ouvert à tous. Les personnes ne sont pas obligées de venir à chaque fois, la prestation est proposée toute l'année. Il s'agit d'une activité physique avec un peu de musique et d'offrir quelque chose à boire derrière. On est sur un produit dérivé du tennis en fait. On avait présenté un produit sur le Tennis Galaxie qui s'appelle Tennis Cooleur. C'est sur l'organisation des contenus pédagogique vis-à-vis des jeunes de l'école de tennis. Comment arriver à mettre en place des jeux et non pas des exercices pour essayer de fidéliser nos jeunes dans les écoles de tennis.

On échangeait avec les dirigeants des clubs sur leurs problématiques de territoires, etc. Ce qu'on mettait nous en avant est l'importance d'avoir une vraie cohérence entre le dirigeant, l'enseignant et la municipalité. On disait que ces partenaires devaient aller dans le même sens pour développer le club. Quand l'enseignant est salarié, lui forcément, plus il va développer l'activité plus il va avoir d'heures d'enseignement, plus il va être content et finalement, il va pouvoir être rémunéré et

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récompensé et ce genre de choses. Alors que dans le cadre d'indépendants, il ne sera pas forcément dans ce type de fonctionnement. La relation entre l'enseignant et l'équipe dirigeantes est très importante. Pour développer le club et donc la pratique, il faut que l'enseignant soit épanoui, qu'il soit récompensé si les actions mises en place marchent bien. C'est une vraie problématique pour nous dans les formations. Ce sont des bénévoles, ils n'ont pas forcément les compétences.

Dans les centres formations, on a déployé une formation sur le Tennis Santé. Après l'ARA Tennis Tour, on a déployé dans les clubs des programmes de formation notamment sur quatre thématiques. Sur le Tennis Move, le marketing et partenariat, le Tennis Cooleur et sur les ressources humaines et le management. On a une vraie politique de volontarisme. On a envie d'être sur le terrain et d'accompagner les clubs, de former nos dirigeants et nos enseignants.

Le club est un modèle associatif, mais qui pourrait très bien travailler directement avec des enseignants et des structures privées qui gèrent le tennis. Cela pourrait être intéressant de pouvoir travailler avec des structures privées sous forme d'habilitation. À la FFT, les clubs sont affiliés et les structures privées sont habilitées. Le problème est que pour l'instant on n'a pas trouvé le modèle viable. Les structures privées sont là pour faire leur business et nous finalement on a du mal à faire le lien avec eux parce qu'une licence coûte 30 euros donc il s'agit d'une charge de 30 euros en plus. À court terme, il faut qu'on arrive à travailler de plus en plus avec les structures privées. Il faut que le tennis se professionnalise. En Savoie, j'ai habilité une structure qui s'appelait Tennis Aventure qui proposait des stages en altitude. Cela n'a pas forcément fonctionné parce qu'ils ne jouaient pas forcément le jeu de la licence, ils ne trouvaient pas leur intérêt. Ce qui les intéressait, c'était de proposer des prestations, des tournois et faire venir des licenciés mais faire la promotion de la licence ce n'était pas dans leur ADN. Ils ne trouvaient pas leur intérêt. Tout cela est difficile à implanter avec une licence non adaptée. On pourra mettre toutes les actions en place possible, mais si les clubs ne sont pas structurés pour les accueillir et les organiser, on manquera de ressources.

4. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Le tennis féminin est une problématique à part entière. On travaille sur comment essayer d'inverser la courbe au niveau de la pratique des compétitions chez le tennis féminin. La problématique est que pour faire un tournoi, il faut vraiment avoir envie car cela est contraignant. Parfois il y a du retard dans les matchs, on ne connaît pas les horaires du prochain match, etc. Le TMC cela permet de cadrer la

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compétition. Les Raquettes FFT sont pour les filles entre 30/4 et non classées pour apporter une découverte de la compétition. La FFT met des offres de compétitions adaptées pour ce public-là. Après, est-ce que cela fonctionne ? Je ne sais pas, mais en tout cas elle agit vraiment sur l'offre de compétition.

5. Le Tennis Galaxie a été instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis chez les jeunes ?

Il y a une vraie problématique au niveau des jeunes. Au niveau de la pratique, on a énormément de difficultés à fidéliser nos jeunes dans les écoles de tennis. La FFT perd un jeune sur trois au tennis une année sur l'autre. On se rend compte, moins sur les moins de 12 ans que sur les 12-18 ans, parce qu'avec la Galaxie, des choses sont faites. On perd beaucoup de jeunes sur la catégorie ado, on n'arrive pas à les conserver parce qu'on n'a pas d'offres adaptées. Dans les écoles de tennis, on consacre énormément de thèmes pédagogiques à la compétition, cela est très. Sur les compétitions par équipes, on se rend que ces démarches ont de l'impact. Mais est-ce qu'il ne faudrait pas développer une autre école de tennis un peu différente basée sur d'autres valeurs et principes ? C'est un enjeu, comment peut-on arriver à fidéliser davantage nos jeunes parce que perdre un jeune sur trois chaque année, car cela beaucoup trop. Si on demande aux personnes ce qu'est le tennis pour eux, ils vont répondre : c'est la compétition. Sauf que chez les jeunes, surtout en 12-18 ans, ce n'est pas forcément ce qu'ils recherchent.

6. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis, padel, tennis fitness ? Sont-elles motrices ou bien un frein au développement du tennis ?

Le beach tennis concerne très peu de gens et il y a très peu de lieux de pratique. Le padel on souffre encore du manque de lieux de pratique, surtout en Savoie. Le padel, est une nouvelle activité très bien, mais comment cela peut développer le nombre de licenciés dans un club ? Il faut que le club soit outillé pour proposer des offres. Parce que le padel en tant que tel, si on vient jouer une fois, on paie notre location, on n'est pas licenciés, on répond à la problématique financière des clubs, mais on ne répond pas à la problématique du nombre de licenciés.

Il faut que les clubs soient adaptés à proposer des offres, de l'enseignement, des animations et des prestations. Il s'agit d'un vrai enjeu pour la FFT et la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes.

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7. La France est l'un des pays qui compte le plus de tournois de tennis (ATP, WTA, Grand Chelem, Master 1000), comment expliquer cette baisse de licenciés malgré de

nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer sur ces manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du tennis ?

La FFT a 80 % de son chiffre d'affaires lié à Roland-Garros. S'il n'y a pas de Roland-Garros, il n'y a plus de modèle fédéral comme on a actuellement. D'un point de vue promotion de la pratique, la FFT organise chaque année pendant les week-ends des finales de Roland-Garros la Fête du Tennis. La Fête du Tennis est une opération qui vise à ce que les clubs ouvrent leurs portes au grand public. C'est bien d'ouvrir les clubs, mais il faut qu'ils soient outillés pour pouvoir intégrer les personnes à l'activité et leur proposer des prestations. Utiliser les événements pour faire la promotion du tennis est important. On a Roland-Garros qui est un outil magnifique, le tournoi donne envie aux personnes qui regardent de faire du tennis. La Fête du Tennis est une belle opération. Il faut juste que nos clubs derrière soient outillés pour proposer des offres, fidéliser et recruter.

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INTERVIEW 7 - Jean-Martial ANDRE

Président du Comité de Savoie de Tennis

Interview téléphonique réalisée le 28 avril 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai toujours été impliqué dans le tennis d'abord en tant que joueur puis je suis rentré au comité après avoir été président du Tennis Club de Chambéry pendant quelques années pour rester dans le tennis, mais en dehors des terrains, car avec mon travail, j'avais moins l'occasion de jouer.

2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés ? Si oui, comment l'expliquez-vous ? Quels ont été les changements majeurs ?

Cette question fait parallèle sur les licences et le projet de nouvelles licences. Historiquement, il y a la licence que tout le monde prend sans dissociation entre le tennis en compétition et loisir. L'approche, aujourd'hui, est d'aller vers des choses plus adaptées. Par exemple, il y a des gens qui ne font pas de compétition et la licence a toujours été perçue comme : j'ai une licence, je fais de la compétition. C'est un peu cette vision dans l'esprit collectif. Il y a l'histoire du prix, mais quelque part avec l'évolution d'une licence loisir et compétition un peu à la carte on pourra ratisser plus large au niveau des publics. Il s'agit quand même d'une réforme qui pourrait être importante.

3. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein du Comité de Savoie pour fidéliser et attirer des licenciés ?

Cela fait quelques années que nous travaillons dessus le tennis féminin. Il y a environ 2000 licenciés en Savoie. On vient puis on relai des actions fédérales. Il y a une commission tennis féminin au sein du Comité de Savoie qui a pour vocation de développer la pratique évidemment et de toucher tous les publics. C'est surtout aussi d'arriver à les fidéliser parce que la population volatile. C'est une approche un peu globale qui a été faite par la FFT.

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Aujourd'hui les approches sont de plus en plus ciblées. Ce qui a été menée comme action principale depuis quelques années, est d'avoir des référents tennis féminin au sein des clubs, suivis et accompagnés par les conseillers en développement voire conseillers sportifs qu'on pouvait avoir. Il s'agit d'une mécanique assez simple, c'est-à-dire que la FFT met en place plein d'actions mais il y a différents types de DE et ce n'est pas forcément dans ses fonctions, il assure plus le relai. Ce n'est pas quelqu'un qui va systématiquement coordonner et animer quelque chose. Le référent est un relai au sein du club parce qu'il organise de la convivialité, des échanges, des entraînements et ainsi de suite. L'objectif a été de tisser un maillage de référents, de les réunir et de créer des animations, des moments de convivialité avec par exemple les TMC.

Les TMC ont été faits au départ pour les seniors puis le format s'est même développé pour les jeunes. Maintenant, il est également utilisé pour le tennis féminin. En fait, il s'agit de s'adapter au marché, avec une parallèle un peu commerciale, mais il faut adapter des produits qui intéressent les clients. Par exemple, moi quand je faisais des tournois, on commence dans un tournoi, on joue en semaine le soir, on ne sait pas quand on va terminer et si on gagne, parfois on rejoue même quelques heures après. Pour des gens actifs où aujourd'hui la notion du temps est importante. On est quand même dans un sport où il faut être accroché. Je suis un peu provocateur, mais pour des parents, si leur enfant joue au foot, il part avec son équipe dans un car pour jouer le samedi, pour le tennis, il n'y a pas de car, les déplacements sont individuels. Le TMC garantit plusieurs matchs en un week-end.

L'avantage du TMC est que cette compétition créée une sorte de tribu de joueuses. Le concept est de jouer des matchs avec des joueurs de mon niveau, j'ai la garantie de faire deux ou trois matchs, à côté, il y a un repas offert, des petites animations comme une petite soirée en fin de tournoi. C'est vraiment la compétition conviviale. Donc le TMC a quand même été une évolution importante. D'ailleurs il s'est développé sur plusieurs autres catégories comme les troisièmes et secondes séries. On s'adapte à cette fameuse notion du temps. On sait que le samedi il y aura trois matchs et on est encore dans la démarche commerciale où les joueurs paient, mais il y a un bon rapport qualité prix.

Après, il y a également les championnats par équipes mixtes, jeunes, seniors et individuel pour les joueuses qui souhaitent faire de la compétition. Il y a aussi des rassemblements sportifs pour des joueuses de certains clubs, notamment les jeunes. Il y a une journée Tennis Féminin qui est un moment de jeu, d'échange, de partage entre chaque participante. Au Comité, on met en place des journées, des soirées notamment la Nocturne des femmes où il y a des animations. C'est un point un peu culminant qui rassemble tous les référents et des pratiquantes de plusieurs clubs. Il faut que les gens

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se sentent bien. Il y a des rassemblements de petites filles adaptés au niveau de jeu. Dans les clubs, on a aussi mis en place du "marrainage "entre jeunes filles et compétitrices. C'est important d'avoir des exemples, des modèles. On a tous besoin d'un exemple. Les enfants s'identifient tous à un sportif ou autre. On a aussi mis en place "Viens jouer avec ta copine". Il y a beaucoup d'opérations. Après, on dit souvent, ce n'est pas toujours vrai mais qu'on voit des filles qui sont moins nombreuses et qui sont dans une école tennis où il y a beaucoup de garçons qui vont être directement dans la compétition en mode, je vais gagner tous les points alors que les petites filles vont être plus dans l'échange et les enjeux. C'est une caricature mais cela reste quand même très représentatif.

Ce n'est pas que par la compétition, mais le tennis par essence est quand même une compétition. Oui on peut jouer en loisir et se renvoyer la balle. Mais même en loisir, à un moment donné ils font quand même un petit format de match. La finalité est de faire des jeux joués.

Après le Comité de Savoie a été à l'initiative des formations des clubs sur le sponsoring pour obtenir d'autres retombées financières. On a été un des premiers comités à le faire. Il y a deux, trois ans, on avait déjà fait une sorte de sensibilisation à l'approche du sponsoring et des partenariats au sein des clubs. On a lancé des formations pour les clubs. Entre fin 2019 et début 2020, on a fait un cycle de formation où on a construit un package entier pour guider les clubs, comme un kit méthodologique.

On avait fait sur comment générer de nouvelles ressources financières dans les clubs. On avait fait un module en trois parties. Le premier module était une présentation de la démarche et un état des lieux. Le deuxième était sur comment construire une offre de partenariat/mécénat et enfin le dernier module reflétait sur comment prospecter de manière efficace.

On a rejoint la Ligue qui a utilisé un outil géomarketing afin de développer notre formation. C'est un outil qui permet d'avoir accès à des données sociales démographiques et qui a permis de voir la répartition des licenciés par secteurs dans la région. Après, on peut potentiellement donner à chaque club dans sa zone de chalandise quels sont ses potentiels, quel est son public, les pratiquants, où sont les licenciés. Ce sont des données marketing qui servent à la culture du club.

Cela a permis aussi de mieux préparer les clubs. Les clubs ne peuvent pas aller vendre sans être entièrement préparé. Le message global est de dire, si vous allez voir des entreprises en tant que club et que vous vendez votre club, il faut arriver avec une offre, mais aussi une analyse de l'environnement du club et de ce qu'il représente. Parce que si un club va voir un annonceur en disant : nous, tel club,

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on est sur telle zone de chalandise, on a tel rayonnement sur la ville, on représente tant de pourcentage de sportifs, de licenciés, nos adhérents appartiennent à telles catégories socioprofessionnelles. C'est d'analyser de manière plus précise et décrire au maximum le produit et ce que le club est. Les clubs ne doivent pas y aller en disant par exemple "vous êtes gentils, on va mettre une banderole sur le court numéro 1 et vous nous donnez 100 euros". Il faut arriver dans un rapport gagnant-gagnant en disant qu'il y a beaucoup de prestations et de choses qui peuvent être mis en place. Et de montrer qu'à travers le club une entreprise peut gagner en notoriété.

C'est aussi une approche d'avoir un produit un peu packagé qui permet de répondre à un commerçant ou à une entreprise qui veut peut-être gagner en notoriété, trouver de nouveaux clients ou même fidéliser ses collaborateurs en apportant quelque chose de plus. Le module trois correspond à être capable d'aller vendre le club. Ce n'est pas tout d'avoir l'outil, il faut avoir après la capacité d'aller le vendre. C'est toujours là où on fait le grand écart parce qu'on est dans un cadre associatif et on explique une démarche commerciale qui n'est pas simple. Il y a pas mal de clubs qui ont suivi et qui ont bien aimé.

L'idée est d'ouvrir les esprits des clubs. C'est un peu la réflexion que l'on a avec la FFT pour répondre par rapport à la crise actuelle. Comme dans toutes situations, il y a ceux qui se demande comment ils vont s'en sortir et qui baissent les bras et puis il y a ceux, les clubs, qui souhaitent construire quelque chose dans la durée avec de l'ambition. Tout est imbriqué. Souvent, des clubs ne cherchent pas à avoir des objectifs sur le long terme, ils ont 50 licenciés et souhaite continuer sur le même rythme avec les mêmes animations. Mais si on est dans une optique où le club a des salariés, il faut être dans une logique d'entreprise. Donc s'il n'y a pas un projet associatif qui embarque tous les volets d'un club tels que les animations, etc. son avenir peut être en danger. S'il n'y pas un projet cohérent et un tableau de bord financier qui va avec, dans un club tel qui soit, il y a les plus et les moins au niveau de la finance, c'est une démarche qui risque d'être compliquée. Tout est imbriqué. Avec la période qu'on vit actuellement, certains clubs vont justement pouvoir se motiver pour recréer un projet associatif dans lequel, vu la situation, il va falloir mettre quelque chose en place pour aller chercher des partenaires en leur montrant ce qu'on leur apporte et ainsi de suite. C'est aussi un volet très important dans la vie d'un club.

On est disponible et on accompagne les clubs dans cette démarche de partenariat. Cela reste quand même du cas par cas lorsqu'il s'agit de la réalisation d'un dossier, même si l'ossature reste commune

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à tous les clubs. Après le côté finance au sein d'une association sportive reste toujours délicat quand même.

La vocation d'un Comité est d'être le "bras armé, les yeux et les oreilles de la FFT". Les conseillers suivent l'évolution des clubs avec ADOC, en effet, mais nous notre secrétaire maitrise parfaitement ADOC et on a mis en place une assistance téléphonique où lorsqu'il y a le moindre questionnement, ou problème, elle est disponible pour répondre. Il faut valoriser ce genre de chose. Souvent, les gens se demandent à quoi sert la licence. La licence correspond aussi à des conseillers et des salariés des comités voire de la Ligue. Ce sont des conseillers qui sont sur le terrain, c'est aussi ADOC et TEN'UP qui sont un outil gratuit. Il y a aussi le CMS ONE2R, ce n'est pas un outil brillant, mais qui permet de mettre en place les sites web. Derrière la licence, il y a aussi quand même beaucoup d'avantages. Tous les conseillers sportifs qui développent la pratique en allant sur le terrain, qui passent de nombreuses heures pour les clubs, on n'envoie pas de factures au club. Aujourd'hui dans n'importe quel secteur d'activité, les formations coûte de l'argent alors que les formations mises en place par la FFT, donc les comités, sont entièrement gratuites. La licence en fait n'a pas été valorisée avec le temps. Bien sûr il y a l'assurance et la possibilité de faire des tournois, mais faut aller au-delà de cela. Après le modèle économique de la FFT est spécial, 80 % vient de Roland-Garros.

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INTERVIEW 8 - Margaret HUREAU

Présidente du Tennis Club d'Annecy-le-Vieux (1100 licenciés) Interview téléphonique réalisée le 21 mars 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

Il y a vingt-trois ans je suis rentrée au Comité de Haute-Savoie en tant que secrétaire générale. J'ai toujours été dans le tennis. J'étais classée négative et mes deux enfants jouent également au tennis. Cela fait maintenant treize ans que je suis présidente du club d'Annecy le Vieux.

2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment l'expliquez-vous ?

Quand je suis arrivée au club, il y avait certaines données qui n'étaient pas très claires. C'est difficile à dire sur plusieurs années si le nombre de licenciés a baissé au sein du club parce qu'il y avait un montant de licenciés très important et en vérifiant, on avait l'impression que certains jeunes payaient deux fois leurs licences dans l'année. Les chiffres étaient un peu trop gonflés. Il faut faire attention, il y a certainement une baisse nationale du nombre de licenciés. Ce n'est plus comme à l'époque où ils ont construit plusieurs courts en France pour démocratiser la pratique. Il faut également prendre en compte comment ce nombre de licenciés est calculé. Est-ce qu'il faut licencier les personnes qui viennent dans le club pour jouer une seule fois pendant l'été ? La licence, c'est une assurance, mais si les pratiquants ont déjà une assurance et le club est déjà assuré, est-ce que cela sert d'avoir une licence en plus par-dessus ?

Il faut un système de licences pour que les joueurs soient assurés, mais si le club est assuré et que le pratiquant à sa propre assurance aussi, ce n'est pas forcément attractif. Il faudrait une offre type "tourisme" aussi. Les étrangers doivent payer 30 euros pour jouer trois fois au club pendant leurs vacances. Peut-être dans le futur, c'est d'avoir une licence par ville qui permet de rentrer dans tous les clubs. A l'origine la licence classique était attractive pour avoir accès aux places de Roland-Garros en avant-première.

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C'est dans les clubs que le travail doit être fait. Ils existent beaucoup de clubs municipaux non affiliés à la FFT, mais où sont les entraîneurs pour donner des cours et servir de support. Tant qu'il y a des courts on peut faire des choses. Il faudrait regarder au niveau des départements d'aller voir les mairies et de mettre des choses en places pour utiliser ces terrains et attirer des gens. Il faudrait répertorier ces terrains et faire des activités avec les enfants. Il y a un vrai axe de développement sur ce sujet. Pour développer le tennis, il faut que l'activité se passe sur le terrain.

C'est sûr qu'il y a un impact, mais je ne pense pas que le tennis soit onéreux. Il y a plusieurs clubs municipaux qui fonctionne. Je pense que par rapport à d'autres sports on ne s'est pas assez vite adapté. Par exemple, au volley-ball, ils ont raccourci et changé leurs formats de jeu. Au tennis on a changé le format de jeu mais est-ce qu'on ne prend pas le train un peu tard en soit ? Maintenant les habitudes des jeunes ont changé. Ils sont impatients, il faut que tout avance vite donc on a changé les formats de jeu notamment avec les TMC et le super tie break dans le troisième set. Je pense que c'est une très bonne chose, mais est-ce qu'on n'arrive pas trop tard ?

Il y a le fait de ne pas avoir de champion français qui gagne des Grand Chelem. On a gagné la Coupe Davis certes, mais il faut des joueurs qu'on voit régulièrement pour que les jeunes joueurs notamment puissent s'identifier. Après, on a compensé en faisant des licences scolaires, mais on n'est pas vraiment certains s'il faut considérer ces jeunes comme des vrais joueurs de tennis. On est en concurrence avec tous les autres clubs autour de nous et je pense que c'est un facteur impactant de ne pas avoir de joueurs champions.

Tous les sports sont en concurrence, pour les subventions notamment. Il faut essayer d'être droit dans ses bottes avec le système de licence. À la fin ces toujours une bagarre de celui qui a le plus de licenciés dans son club.

On a perdu des adhérents lorsqu'on a refait nos courts couverts parce que pendant une année, il n'y avait plus de terrains couverts. Quand ils ont changé les rythmes scolaires, il y a également eu un impact. Le mercredi, on avait beaucoup d'enfants qui étaient dans des écoles publiques, on a gardé un peu d'enfant venant du privé, mais pas beaucoup. Alors qu'il y a d'autres sports comme le foot et rugby, ils n'avaient pas d'entraînements le mercredi matin donc ils n'ont pas tellement été impacté. On a essayé d'occuper les terrains dès qu'on pouvait avec les enfants. Le mercredi entier est dédié aux enfants dans notre club. Les plus jeunes le matin et les adolescents l'après-midi. On a perdu pas mal de jeunes à ce moment-là. Maintenant, on va mieux, on a repris des jeunes.

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À mon avis, il y a une tendance générale du tennis qui descend parce qu'il n'y a pas assez de joueurs sur la scène internationale qui gagne des gros tournois. La baisse du tennis est une tendance depuis un moment. C'est un mix de l'attractivité du sport et du changement de comportements des pratiquants. Par exemple, Roland-Garros arrive, les gens sont contents, il fait beau, ils regardent Roland-Garros à la télévision. Ils ont envie de jouer. Et nous, on ne peut pas recevoir ces gens-là parce qu'on a les matchs par équipes programmés. Les terrains ne sont pas disponibles le week-end. C'est un problème, il faut que les courts soient disponibles quand les gens ont envie de jouer surtout on a remarqué que quand un joueur français fait un bon parcours à Roland-Garros, il y a souvent quelques pratiquants irréguliers qui viennent jouer pendant cette période et nous on est à la limite au niveau de la disponibilité des terrains, pourtant on n'est pas le plus petit club.

Il faut garder Roland-Garros parce que ce tournoi amène un effet positif sur le tennis français en général. Je pense que c'est un événement qui développe indirectement le tennis loisir aussi.

3. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer davantage de licenciés ?

Il faut passer à un format plus rapide notamment pour l'organisation des tournois. Il y a beaucoup d'avis divisés à ce sujet. Certains disent que si on réduit le format, on perd l'authenticité du tennis et le côté physique d'avoir des matchs plus ou moins longs. Cependant, si on réduit le format des matchs, il est possible maintenant d'organiser deux matchs dans la journée. Deux matchs dans une journée est déjà très physique. En réduisant le format des matchs, on a quand même des matchs qui durent jusqu'à deux heures, ce n'est pas rien. Je ne pense pas que ce nouveau format enlève le côté authentique des matchs de tennis où on ne sait jamais à quelle heure on va finir, il le réduit juste.

Au club, on organise beaucoup de tournois. On a remarqué ces dernières années que beaucoup de gens déclaraient forfait parce qu'ils ne pouvaient pas jouer plusieurs fois dans la semaine avec leur travail. La raison principale, c'était parce que les matchs de tennis ont une durée indéterminée et ils ne veulent pas venir jouer si le lendemain, ils ont une réunion importante par exemple. Le super tie-break au troisième permet de réduire la durée d'un match. Je pense qu'il s'agit d'une bonne solution. Après, c'est comme les règles de beaucoup de jeux. À l'inscription, les gens sont au courant du format des matchs. S'ils ne sont pas d'accord, rien ne les oblige à s'inscrire. Dans une société qui change et où le temps est précieux, les gens ne veulent plus passer trois heures sur un court de tennis et finir à minuit. Ils peuvent davantage anticiper leurs activités avec ce format. En plus, on ne prend pas de

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retard avec les matchs prévu après. Au tennis, on a souvent un horaire de début de match en début de journée et après les horaires des autres matchs varient beaucoup en fonction de ce premier match. À un moment donné, il faut prendre des décisions pour que le sport soit plus condensé, il faut raccourcir. La société recherche cela, que le sport soit plus dynamique. Même à la télévision, c'est difficile à gérer lorsqu'un match est en cinq sets et dure quatre heures.

La FFT a programmé la Fête du Tennis début juin, pendant les phases finales de Roland-Garros. C'est une bonne initiative, parce que les gens surfent sur Roland-Garros et cela crée de l'envie. Mais le problème est que pendant ce week-end, on a nos matchs par équipes donc on organise notre Fête du Tennis plus tard. Je pense qu'il y a une volonté de faire bouger le tennis, mais il y a une contrainte de calendrier avec les clubs. Maintenant encore plus parce que la plupart des matchs par équipes se déroulent au mois de mai. Et on ne peut pas supprimer cet événement-là. Les matchs par équipes sont énormément appréciés par les adhérents d'un club. C'est une compétition qui leur donne le sentiment d'être dans une équipe pour défendre leur club. Je trouve que les personnes travaillent à la FFT ne sont pas assez à l'écoute de ce qu'il se passe dans les clubs.

Ce sont les gens dans les clubs qui font que le tennis marche. La Ligue nous donne des recommandations qui viennent de la FFT, mais il faut pouvoir les tenir. Ils nous imposent pour les matchs par équipes d'avoir des arbitres de chaises lorsqu'une équipe est en division Nationale. Cependant, il faut d'abord les trouver, mais aussi pouvoir les convaincre de venir passer deux ou trois dimanches à arbitrer dès 9 h du matin.

On fait également attention aux bénévoles dans notre club. Les bénévoles, ce sont eux qui tiennent les clubs. Ils ont un livre de reconnaissance, etc. Le bénévolat sans compensation financière s'est compliqué maintenant. Il y en a encore des gens, mais cela est compliqué de les trouver et de les motiver.

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4. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

J'ai le retour des DE et des jeunes sur ces nouveaux outils mais pour moi ce n'est pas la meilleure convivialité. La digitalisation est un gros débat au sein du comité. Au club, on utilise TEN'UP l'hiver mais pas l'été parce que tant que nous pouvons payer et avoir des hôtesses à l'accueil, on continuera parce qu'elles ont un impact plus que positif sur la convivialité de notre club. Je pense qu'avec ces outils, on essaie de limiter l'administratif au sein des clubs, mais on ne réalise pas son importance. Avec TEN'UP, personne n'est obligée de passer par le club house ce que je trouve dommage. On s'est battu pour avoir un gérant au sein du club pour développer la convivialité. Le club house est quand même le noyau du club. Pour nous, la convivialité est importante. On fait moitié hôtesse, moitié TEN'UP tant qu'on peut encore continuer de cette manière. Le problème est que nous avons un système de partenaire pour les réservations. On a développé ce moyen qui permet aux personnes du club de trouver un partenaire pour jouer avec un niveau similaire. Il n'y a pas de partenaires sur TEN'UP.

Les gens quand ils viennent au club demander leur terrain, ils ne passent pas le club house. Pour les adhérents qu'on connaît qui réserve sur TEN'UP, ce n'est pas un problème, par contre les adhérents qu'on ne connaît pas, ils vont directement sur leur terrain et on les voit plus. Il n'y a pas d'échanges. Le but est de connaître les gens, les hôtesses connaissent les gens pour ensuite les mettre en partenariat avec d'autres joueurs et les gens sont contents. Via TEN'UP, ils viennent jouer et ne voient personne. Et les nouveaux, on ne les voit pas alors que ce genre de personne nous intéresse pour justement essayer de les fidéliser et leur proposer des offres intéressantes.

Par exemple, il arrive parfois que la liaison entre l'outil TEN'UP et la réservation au sein du club ne fasse pas correctement. TEN'UP affiche des terrains libres alors que tous les terrains sont occupés. C'est une mauvaise image si les personnes arrivent et ne peuvent pas jouer. Autre problème, si un pratiquant voit que tous les terrains sont pris, il va chercher dans un autre club, alors que s'il appelle le club, les hôtesses pourront lui conseiller un autre horaire ou autre chose. S'il y a un bug avec l'application alors il ne passe rien et on ne peut pas jouer alors que si des hôtesses sont là, elles peuvent trouver des solutions.

En plus, la FFT fait des maintenances un peu n'importe quand dans la journée, avec l'outil ADOC notamment. L'année dernière, pendant notre tournoi, ils ont fait des maintenances en plein milieu de la journée, il était donc impossible pour nous de faire les tableaux et de contacter les joueurs pour leur

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donner un horaire de convocation. Ils ont également instauré le paiement en ligne via ADOC pour mettre sur TEN'UP, mais il s'agit plus d'une contrainte qu'autre chose, au niveau administratif cet outil multiplie davantage nos opérations. Quand il faut rembourser les gens, ADOC ne fait plus de remboursement en ligne, on ne peut plus rembourser les gens. Il faut passer par un autre outil et retrouver les coordonnées bancaires. ADOC a été adapté en fonction des demandes des clubs, mais il n'y a plus aucune cohérence dans cet outil, on s'y perd. C'est ADOC qui est derrière TEN'UP donc si le système de base n'est pas au point, TEN'UP ne peut pas bien fonctionner. Il y a une limite du système. L'accueil au sein du club ce n'est pas simplement répondre au téléphone pour réserver un terrain. On discute avec les gens et on développe la convivialité via ce fonctionnement. C'est l'occasion de leur faire passer de messages, il est important d'avoir ces dialogues. Avec TEN'UP, il faut reconnaître que la vie dans le club est plus calme, il y a moins de passage dans le club. Mais bon, on rend un service. Avant de toucher aux hôtesses si jamais cela devient trop cher, on touchera à d'autres choses. TEN'UP est pratique quand on connaît d'autres joueurs dans les clubs, mais quand on est nouveau, on ne peut pas trouver des joueurs via une application, on met en quelques sortes des barrières pour le développement du club. C'est à double tranchant.

Surtout avec la situation du coronavirus, on se rend compte que les gens nous appellent parce que la convivialité du club leur manque et TEN'UP ne peut pas donner cette convivialité du contact humain. Les réseaux sociaux, je suis d'accord, il faut passer par là, mais si on se base que là-dessus, je pense qu'on perd quelque chose. Les nouveaux, ceux qui n'ont pas l'habitude, disent que la convivialité fait la force de notre club. Pour en finir, avec la digitalisation, on ne connaîtra pas les nouveaux et le but est de les connaître.

5. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Il faut continuer les TMC pour les femmes et pour les jeunes parce que cela marche bien. C'est un format de compétition qui fidélise. Les Raquettes FFT aussi marchent bien. Je pense qu'il faut continuer ces initiatives. Je soutiens ces initiatives parce que le tennis est un sport homme/femme. Mais de faire des événements uniquement pour les femmes, je ne suis pas forcément partante. On fait des TMC femmes quand même et c'est très bien. On offre des cadeaux un peu plus féminins comme des vernis, etc. au lieu de donner le traditionnel t-shirt blanc en coton. Par contre on ne fait pas les balles roses, etc. On a mis en place les matinées de la femme, physique et tennis, il y a eu pas mal de joueuses qui sont venues. On a toujours mis en place des événements pour les femmes, mais on ne fait pas

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uniquement cela. Il ne faut pas faire que de la féminisation, il faut faire un mélange des deux. On fait également de la recherche de partenaire pour les femmes. C'est prendre en compte la femme, mais pas seulement en tant que femme, mais en tant que joueuse de tennis.

6. Les initiatives mises en place sont-elles trop tournées vers la pratique compétition aux dépens de la compétition ?

Il faut déjà fidéliser les adhérents. Il faut d'abord penser la qualité de vie du club avec des animations puis la qualité des entraînements. Les compétitions passent après. Pour attirer du monde, il faut ouvrir le club aux loisirs. La plupart des gens ne sont pas dans la compétition. Il faut que les courts soient libres pour que les gens puissent jouer. Avec le coronavirus, les pratiquants sont frustrés de ne pas pouvoir jouer. À la fin de cette crise sanitaire, il faudra rouvrir les clubs et être sûr que les courts soient disponibles au maximum. On ne favorisera pas la compétition. Il faut penser à l'avenir et souvent au club, mais je pense aussi à la Ligue, on est sous la pression des compétiteurs et on n'ose pas mettre des choses en place. Il faut penser au tennis sur l'avenir, au sport en général. Les compétiteurs augmentent, mais pourtant le nombre de licenciés continue de baisser. Je pense qu'il s'agit du public loisir qui ne vient plus dans les clubs ou alors ce sont les clubs qui ne leur donnent pas accès à des offres intéressantes pour eux. Il faut raisonner le plus global possible. Les compétitions sont super, on attire du monde avec, mais il faut voir plus loin.

7. Le Tennis Galaxie a été instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis chez les jeunes ?

Je pense qu'il s'agit d'une bonne initiative. Après je ne suis pas la mieux placée pour en parler. C'est aux enseignants de s'adapter aussi et d'offrir un apprentissage plus accessible. C'est important au niveau de la FFT de ne pas changer les programmes toutes les années, il faut qu'ils instaurent des choses qui soient plus pérennes, surtout chez les jeunes.

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8. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

Si on avait de la place dans notre club, on construirait deux terrains de padel. C'est une activité et une animation en plus. Mais dans notre club, il y a déjà un manque de terrains de tennis. Je ne nous verrais pas enlever un terrain pour faire un padel. Le beach tennis est moins intéressant surtout l'hiver avec les pieds dans le sable. La réussite de la mise en place d'une activité, ce sont les animations qui sont faites autour aussi. Il faut continuer à faire vivre cette activité.

Le padel est plus facile et convivial. Je ne sais pas si le padel amène des adhérents en plus, c'est encore trop tôt pour le dire. Peut-être un peu, parce qu'il s'agit d'une nouveauté, un nouveau produit pour les licenciés des clubs. Par ailleurs, le padel n'a pas forcément besoin d'un club de tennis pour se développer, des structures privées sont montées et marche très bien. Je le vois plus comme un complexe à part. C'est différent, il s'agit d'un autre fonctionnement. Au Tennis Club de Seynod, la commune a dépensé 160 000 euros pour deux terrains où il ne se passe pas grand-chose donc les aides et investissements pour les autres clubs sont moins importants.

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INTERVIEW 9 - Sébastien CURTILLET

Président du Tennis Club du Nivolet (370 licenciés) Interview par email réalisée le 6 avril 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai débuté le tennis en 2012 pour jouer avec mon fils, je suis entré au bureau du TC Bassens en 2014, d'abord comme à la commission d'animation, puis trésorier adjoint et enfin coprésident.

1. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment l'expliquez-vous ?

Non, nous sommes chanceux, nous n'avons pas observé une baisse de notre nombre de licenciés. Par contre nous avons remarqué une demande différente. Du tennis accessible toute l'année et un accès plus simple et plus rapide aux installations.

2. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer davantage de licenciés ?

Nous sommes un club à vocation sur l'école de tennis. Pour fidéliser et attirer plus de joueurs nous avons deux atouts très importants : une politique de prix assez bas (de 150 à 250 euros licence comprise pour une année complète) et un binôme de DE de grande qualité permettant un entraînement riche et varié, inculquant l'esprit de compétition aux plus jeunes sans oublier pour autant que le tennis reste un jeu.

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Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Oui, cela fait écho aux changements dans les demandes de pratique que je signalais dans une des questions précédentes. Le nouveau public du tennis est un public connecté. Il faut donc utiliser et développer tous les outils du numérique, sans pour autant oublier et négliger la bonne vieille affiche.

4. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Le public féminin est assez compliqué à cerner, il ne pratique peu ou pas la compétition, mais il est très assidu aux entraînements. Pour attirer ce public nous avons ouvert plus de créneaux dédiés uniquement aux femmes, jeunes filles et adolescentes sur la semaine. Le taux de remplissage est souvent inférieur au seuil de rentabilité, nous sommes sur du projet, sur de l'investissement club.

5. Les initiatives mises en place sont-elles trop tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la pratique loisir ?

Non, je soutiens que l'un ne va pas sans l'autre. Sans loisir, il n'y a pas de groupes compétitions possibles dans les clubs. Sans la compétition, il n'y a pas une vie de club organisée autour du tennis possible.

6. Le Tennis Galaxie a été instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis chez les jeunes ?

Du point de vue gestion de club, le tennis galaxie a surtout comme intérêt de permettre à un jeune qui débute le tennis de trouver un entraînement adapté à son niveau quel que soit son âge dans un club. Les enfants sont répartis sur cinq niveaux différents : blanc, violet, rouge, orange et vert. Chacun de ces niveaux correspond à une dimension spécifique du terrain, des balles et de leurs raquettes. Du point de vue pédagogique, la réponse doit venir des professionnels, je ne suis pas en capacité de répondre pour eux.

7.

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Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

Pour bien jouer au tennis cela demande du temps et de l'énergie. Les nouvelles pratiques comme le padel semblent d'un abord plus facile et ont un côté ludique plus immédiat. Sans être l'avenir du tennis elles constituent une manière différente de vivre ce sport : le négliger serait une erreur.

8. Les changements de compétitions historiques (telle que la Coupe Davis) ont-ils un impact selon vous sur l'attractivité du tennis en France ?

Pour l'instant, nous ne voyions aucun impact.

9. La France est l'un des pays qui compte le plus de tournois de tennis (ATP, WTA, Grand Chelem, Master 1000), comment expliquer cette baisse de licenciés malgré de nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer sur ces manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du tennis ?

Bien sûr que oui ! Il n'y a rien de mieux que de voir de bons joueurs pour avoir envie de jouer. Dans les bons joueurs je ne me restreins pas aux internationaux, j'inclus également tous les joueurs seconde série dans les clubs. C'est grâce à eux que les jeunes des écoles de tennis entrent dans la compétition et veulent les imiter. Ils servent d'exemple et ont un rôle d'identification.

10. Le TC Bassens a décidé de se mutualiser avec le TC St Alban, quelles sont les raisons de cette mutualisation ?

Elles sont nombreuses et difficiles à expliquer en quelques lignes. Mais en résumant la situation nous pouvons l'exposer en deux temps.

Tout d'abord, nous nous trouvions devant une situation gagnant-gagnant. D'un côté un club, St Alban Leysse, sans entraîneur et avec moins de 70 adhérents, mais avec des infrastructures neuves avec notamment quatre courts en bon état. De l'autre, TC Bassens, presque 300 adhérents, deux entraîneurs et deux courts en état et deux courts en fin de vie. Lorsqu'on

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regarde ces chiffes froidement, sans tenir compte de la rivalité entre ces deux clubs distants de quelques kilomètres, la mutualisation de nos moyens devient une évidence pour que chaque club continue d'exister.

Ensuite, il y a les limites de la mutualisation notamment le passage à la fusion. Mutualiser, c'est bien, mais cela ne permet aucun projet d'avenir ni aucune construction. Un exemple typique, un jeune veut jouer en équipe. Or, dans son club, il est le seul à son niveau, pour l'entraînement pas de problème, on mélange tout le monde. En équipe c'est impossible, ce jeune voit donc ses copains faire des matchs, lui reste sur la touche.

Au TC Bassens, nous savons qu'un club sans projet est un club qui végète, qui perd des adhérents. Nous avions deux énormes projets structuraux à envisager : la refonte du site de Bassens et la création de court couvert avec des terrains de padel. Le nouveau comité directeur à St Alban Leysse issu de la mutualisation en était convaincu également. C'est donc sous l'impulsion des dirigeants des deux clubs que la fusion des deux entités en une seule, le Tennis Club du Nivolet s'est faite. Elle nous rendait plus légitime pour mener à bien ces projets.

La fusion est ensuite devenue une évidence et lors des Assemblées Générales le vote des adhérents en faveur de la fusion a été une simple formalité.

11. Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour limiter cette baisse de licenciés sur le court et long terme ?

Question bien difficile, il faut d'une part élargir notre offre auprès des licenciés, pour cela, il faut que les clubs se dotent de moyens plus importants, en structure (courts, courts couverts, padel...), quitte à fusionner comme nous l'avons fait pour arriver à ces objectifs.

Mais d'autre part, il faut aussi et surtout un investissement humain. Comme je l'ai dit précédemment la force de notre club résiste dans la compétence et la complémentarité de ses DE avant tout bien matériel. Cela exige deux étapes importantes. Une formation plus qualifiante de la part de la FFT, attention, je ne parle pas ici du niveau tennistique, mais bien d'une action sur la pédagogie, l'apprentissage de l'enfant (ce qu'on peut lui demander, ces stades de développement, etc....), puis une transformation dans la gestion des clubs, intégrer

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la notion d'employés rémunérés avec des professionnels de l'apprentissage du sport tennis. Il y a un besoin de professionnalisation des professeurs. Les faire fonctionner comme une petite entreprise. Cette mutation a été faite sur Bassens par Mr Florent Melet.

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INTERVIEW 10 - Yannick DUC

Président du Tennis Club de Mouxy (189 licenciés) Interview téléphonique réalisée le 4 avril 2020

1. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer des licenciés ?

Attirer d'autres licenciés, ce n'est pas forcément notre but principal parce qu'on n'a pas trop à se plaindre de ce côté-là. Sans vraiment aller chercher du monde, on tourne avec un effectif qui permet d'assurer la pérennité du club. On a des activités quand même qui sont assez régulières. On fait des tournois salades en printemps et en automne. On fait un tournoi Open en avril, puis des soirées barbecues, raclettes. L'évolution la plus importante depuis quatre, cinq ans, elle est due à l'embauche à mi-temps de deux entraîneurs. Le nombre de personnes qui prennent des cours a fortement augmenté, il a même doublé. Sur 189 adhérents, ce sont 105-110 adhérents qui prennent des cours. On va dire que notre club a deux forces. Premièrement, le tarif qui est très intéressant au niveau des jeunes, c'est pour cela qu'on récupère aussi beaucoup de jeunes du club d'Aix les bains et des alentours. Puis deuxièmement au niveau des cours adultes. Il y a de plus en plus de cours demandé, notamment des femmes qui veulent prendre des cours. Elles sont à la recherche d'un entraînement pour progresser, mais pas forcément pour faire de la compétition. Elles prennent des cours pour s'améliorer afin de pouvoir jouer entre amies, faire du sport et passer un bon moment en se faisant plaisir.

On a également développé nos infrastructures. Nous avons construit un troisième cours, puis nous avons installé un éclairage dessus. Cela nous a permis de développer davantage notre offre et d'offrir plus de créneaux pour que les joueurs puissent venir jouer. Notre dernière installation est un éclairage sur notre deuxième court. Je ne pourrais pas répondre si le troisième court a ramené du monde. En tout cas, ce nouvel équipement a permis d'augmenter justement le nombre de cours avec les entraîneurs qu'on peut fournir. En effet, maintenant quand on a les courts pour les adultes, notamment on va dire 18 h à 21 h le soir, on peut donner la possibilité aux adhérents de venir jouer pendant ces créneaux là et surtout on peut ajouter plus de monde dans les cours adultes. Le but d'avoir éclairé ce court, c'était de pouvoir justement laisser aux adhérents la possibilité de jouer à partir de 18 h notamment à partir d'octobre à mars. C'est également une opportunité pour nous de faire un tournoi

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FFT, qui n'aura pour l'instant pas lieu avec le coronavirus, qui peut monter plus haut au niveau des classements. Cela veut dire donc plus d'inscriptions et donc plus de rentrées d'argent pour le club. Le tournoi représente de belles retombées financières pour le club, notamment au niveau des inscriptions et de la buvette. Cela nous permet d'améliorer nos infrastructures. On prend soin de l'environnement du club, notamment la pelouse autour du club, les allées. C'est important, on souhaite donner l'impression aux adhérents d'être comme à la maison, dans le jardin. De leur donner envie de venir même quand ils ne jouent pas au tennis, soit pour venir regarder des amis, soit pour venir boire un coup. Nous n'avons pas une personne permanente au club, cependant l'été nous essayons d'avoir des heures de permanence afin d'offrir la possibilité de boire un coup après une partie de tennis.

Par ailleurs, on reçoit de plus en plus d'informations. Jusqu'à présent on avait quelques informations et on était très peu sollicité par la FFT. Depuis deux ans, j'ai vu une différence. On a beaucoup plus d'information qui reviennent de la Fédération, qui redescendent étape par étape, et on voit quand ils veulent mettre en place une initiative, on a des directives et davantage d'information. Ils nous offrent même des supports pour davantage promouvoir l'initiative qu'ils souhaitent mettre en place. Cette démarche nous incite à mettre plus d'animations en place au sein du club.

Par exemple, on a essayé de mettre en place le tennis à l'école cette année. Bien évidemment, avec le Coronavirus, c'est tombé à l'eau. On a fait deux périodes, on a essayé de faire une période en novembre, il n'a pas fait très beau donc il y a eu très peu de cours avec l'école de Mouxy. Puis on avait relancé cette activité après les vacances de février, début mars, mais le premier cours avait lieu le jour du confinement donc on a mis cette activité entre parenthèses. On essayera de relancer cette activité l'année prochaine. Sinon, c'est vrai qu'on essaie de faire redescendre les informations qu'on reçoit de la ligue ou du comité et de communiquer sur des actions et d'essayer d'y participer pour voir et apporter des choses nouvelles.

On a essayé de mettre en place l'année dernière la Fête du Tennis. Sauf qu'on avait fait beaucoup d'animations, surtout au mois de juin. Au niveau des dates, on avait beaucoup de choses de prévu avec notamment le Tournoi Interne, notre fête du club, la fête du tennis.

Ce week-end-là, on avait personnes pour se mobiliser pour cet événement. On avait cependant la possibilité de décaler cet événement dans les quinze jours suivant la Fête du Tennis. On avait cependant la possibilité de décaler cet événement dans les quinze jours suivant la Fête du Tennis. En début de saison, on a un mail justement du comité ou de la FFT qui nous demande si on veut participer. Si on s'inscrit, ils nous envoient des flyers, des affiches afin de communiquer là-dessus. C'est une

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opportunité pour ouvrir notre club à tout type de public et de leur faire découvrir le sport. C'est également une opportunité de montrer l'ambiance de notre club également. Le tennis est un sport qui peut faire peur, notamment sur les idées qu'on se fait de son coût, mais aussi pour les difficultés d'apprentissage. Ce sont des contraintes franchissables. Il faut casser cette fausse idée que le tennis est un sport cher. On peut trouver maintenant du matériel à prix réduit, puis on essaie d'adapter le prix des cotisations. Surtout dans notre où nous n'avons pas de courts couverts donc la possibilité de jouer douze mois dans l'année. La difficulté d'apprentissage de notre sport peut être comblée par une bonne ambiance et des bons entraîneurs.

2. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Oui, c'est une priorité parce que justement, on a des personnes très compétentes là-dedans. Il y a trois bénévoles qui s'occupent des réseaux sociaux. Le fait qu'ils soient bien organisés là-dessus nous aide beaucoup, c'est vrai qu'on délègue complètement les réseaux et le site Internet du club. Personnellement, je ne le ferais pas en tant que président, je ne suis pas connecté à tous ces réseaux. Mais comme il y a des personnes au club très compétentes, on en profite. Cela permet de bien dynamiser la communication. On a aussi beaucoup d'adhérents qui ont choisi notre club parce que justement, c'était vivant, parce qu'il y avait des animations. Quand ils cherchaient une information, ils allaient sur le site Internet qui était à jour. Ils ont comparé par rapport aux autres clubs aux alentours. Il y a deux, trois adhérents qui nous ont dit, "on est venu dans ce club parce qu'on a regardé sur plusieurs sites Internet des clubs du coin et il y en a qui n'ont pas mis leur site Internet à jour depuis un ou deux, il n'y a pas beaucoup d'animations qui sont présentées, etc".

3. Êtes-vous épaulé dans vos démarches notamment pour développer vos infrastructures ?

Au niveau municipal, on a un budget de fonctionnement annuel, mais tout ce qui est projet, on a aucune aide, on a totalement financé le troisième court et l'éclairage. Pour l'éclairage on s'est autofinancé également.

Après, on a des budgets au niveau de la région, le département un petit peu, mais ce n'est pas vraiment lié aux travaux. La région nous aide, on a un budget, on a fait une demande de subventions qui est toujours en attente pour l'instant. Au niveau de la FFT, comité, tout est lié. Il y a pas mal de possibilité d'aller chercher des subventions, en revanche, il faut soi-même se renseigner, faire beaucoup de démarches.

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Avec la dernière élection du comité, ils ont mis en place une réunion pour nous tenir informé des initiatives mises en place par la FFT et la Ligue et ce qu'ils prévoyaient de mettre en place. Avant l'année passée, on n'avait pas trop d'informations, maintenant, on a un retour un peu plus précis de ce qu'ils veulent faire. Ils nous ont même questionnés en tant que président pour avoir notre avis sur l'évolution de certains outils. Cependant, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas forcément adaptés à des petits clubs comme le nôtre. Au sujet de la compétition et du loisir. Les joueurs qui veulent faire de la compétition, ce sont toujours les mêmes et ils continueront à en faire. On ne cherche pas à inciter les adhérents à faire de la compétition. Puis, au niveau des jeunes qui viennent dans notre club, il y en a très peu qui sont là pour faire de la compétition. Dès qu'ils veulent avoir un niveau supérieur, ils vont dans un plus gros club comme le TC Aix les Bains.

4. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

Dans notre club, construire un padel n'a pas été une initiative que nous voulions prendre. Nous étions plutôt sur l'objectif d'installer des éclairages afin de permettre que tous les adhérents puissent jouer déjà plus souvent. C'était déjà plus de développer les infrastructures. Si on veut continuer à évoluer, cela sera plutôt dans l'amélioration de notre club-house avec notamment des vestiaires. Le beach tennis n'était pas non plus une option.

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INTERVIEW 11 - Robin GAILLARDET

DE JEPS et Directeur Sportif au Tennis Club de Pringy (473 licenciés) Interview téléphonique réalisée le 20 mars 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai commencé le tennis, je devais avoir 8 ans. À partir de 16 ans, je n'ai pas lâché, j'ai 27 ans aujourd'hui. Je suis passé par STAPS et j'ai commencé l'enseignement du tennis en deuxième année. Cela doit faire sept ans que j'enseigne le tennis. Je suis arrivée au TC Pringy 2019. Avant, j'étais au GUC à Grenoble. J'ai toujours eu un passé de compétiteur et j'adore enseigner la compétition.

2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment l'expliquez-vous ?

J'ai un peu connu cette situation quand j'étais à Grenoble. Il y a énormément de concurrence là-bas. Il y a trois grosses structures qui ont pris le monopole sur tout le bassin grenoblois. Le GUC, Echirolles et le Grenoble Tennis. La plus grosse perte d'adhérent, c'était par rapport aux infrastructures. Au GUC, on avait quatre courts couverts, mais qui était très vieillissant. Au Grenoble Tennis, ils ont créé une grande et nouvelle structure. Beaucoup de joueurs sont partis là-bas parce qu'ils peuvent jouer en permanence, il y a énormément de terrains. Au GUC, en dehors des entraînements il y avait très peu de possibilités. Les licenciés sont partis par rapport aux infrastructures.

3. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer davantage de licenciés ?

Au TC Pringy, on est en augmentation depuis trois, quatre ans. On a une courbe qui augmente chez les adultes. On est quasiment équilibrés entre adulte et enfant, mais on a plutôt une tendance à avoir une légère augmentation chez les adultes et une légère baisse chez les enfants. Parmi ces adultes, il y a

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beaucoup plus de joueurs loisirs que de compétition qui viennent. Chez les enfants, c'est plutôt l'inverse, ce sont plus des joueurs de compétition que de loisirs.

Quand je suis arrivé, j'ai toujours entendu parler de Pringy pour sa bonne ambiance, pour son côté familial et convivial que les gens n'avaient pas forcément dans leur ancien club.

On a pris la démarche d'avoir que DE sur notre entraînement et je sais que dans certains clubs ce sont souvent des initiateurs. Ce n'est pas la même qualité d'enseignement on va dire même si bien sûr il y a des DE qui ne sont pas forcément au top. Avec cette démarche, cela est un plus dans l'offre du club.

On propose pas mal de choses à côté des séances de tennis. Les adhérents sont au courant qu'ils ont quatre rendez-vous dans l'année avec des animations qui leur sont dédiés. En plus, on a un gros avantage, car on a un restaurant, donc le cadre est plutôt sympa. Les adhérents viennent manger entre midi et deux et après leurs parties de tennis, ils viennent boire un coup. C'est un cadre global qui fait que les gens ont envie de s'installer et de rester dans notre club.

Les animations et ce type d'événement sont vraiment interne au club. Ce n'est pas la FFT qui vient nous donner des idées d'animations. Elles sont inclues dans leur service à l'année, le club prend en charge si on leur offre un pot par le biais du restaurant. C'est le club qui prend en charge, on ne les inclut pas dans les adhésions. Cela permet de fidéliser. C'est une contrepartie. Ils jouent le jeu en venant et en consommant notre produit de tennis adulte loisir et nous en contrepartie, on montre qu'ils ne sont pas là comme simple client, mais qu'ils font bien partie intégrante du club.

On a également mis en place une formule adhésion au mois. On est parti du principe que la société est en train de changer. Les personnes sont plus sur un mode de consommation rapide. On est parti de l'exemple des salles de sport. Il existe soit une adhésion à l'année, soit sur un mois. On a observé que les salles de sport sont en train de se démocratiser avec beaucoup plus d'adhésion. On s'est dit pourquoi pas mettre cela au tennis. C'est vrai que les gens quand on leur demande de mettre 200 euros en début d'année voire un peu plus, souvent, on a des retours négatifs sur cela. Ils le disent, ils vont prendre leurs adhésions, mais ils vont jouer une fois dans le mois. Ils n'ont pas envie de mettre 200 euros. Cette méthode leur permet de venir autant de fois qu'ils veulent dans leur mois d'adhésion. Ils ont aussi accès aux réservations via TEN'UP, ils auront leur identifiant. On offre un service en plus et on montre que pendant un mois, ils font partie intégrante du club. Ils recevront également toute la communication interne et du coup, ils sont libres de faire ce qu'ils veulent pendant un mois au club. Le service est très attractif. On a décomposé cette offre en plusieurs sous-offres avec des services

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suivant les heures creuses et heures pleines pour essayer d'utiliser au maximum nos terrains. Quand on a six terrains avec deux terrains intérieurs qui sont pris, il y a quand même quatre terrains extérieurs qui sont libres, cela fait un peu mal au coeur. On se dit que les joueurs ne viennent jamais jouer, cela est dommage.

Je pense que le système fédéral actuel n'a pas que du négatif. On sent qu'il y a une volonté d'attirer des joueurs, mais également de fidéliser les joueurs qui sont déjà pratiquants.

Je pense que c'est surtout et avant tout aux clubs d'essayer d'aller démarcher les gens et de fidéliser, de faire en sorte de garder leurs joueurs. Je ne sens pas trop l'impact que la FFT pourrait avoir. C'est intéressant, car il y a plein de secteurs que la FFT touche par exemple le tennis à l'école, le tennis santé et le cardio tennis. Mais si les clubs ne sont pas prêts à pouvoir le faire, ni à former ses enseignants pour le faire, cela va être compliqué. Le tennis à l'école, tous les entraîneurs peuvent le faire, mais si les directives du club ne sont pas mises en place correctement alors il ne se passera rien. Pour aller recruter des joueurs comme des petits c'est compliqué.

Je pense vraiment qu'il y a assez de choses mises en place. Il faut peut-être donner du temps et mieux les appliquer dans certains clubs. Pour les adultes, il y a le sport santé, le cardio tennis, plein d'exercices de physique en plus. Il essaie vraiment de se diversifier. Après peut-être le comportement et les changements de consommation des personnes font qu'on est moins sur des inscriptions à l'année. Parce que les personnes maintenant elles ont envie d'avoir un accès immédiat à leurs séances et puis ils viennent quand ils ont envie. Il faut laisser les gens pratiquer librement.

On veut toujours laisser un terrain de libre à nos adhérents pour les laisser jouer. On a environ 86 % d'occupation terrain sous les couverts. On a énormément de personnes qui viennent jouer. C'est aussi pour cela que les gens viennent, ils peuvent venir jouer, il y a toujours un terrain disponible.

Je pense qu'il est important de montrer aux personnes qu'on s'intéresse à eux. C'est important de proposer des animations sportives voir même social où les gens se rassemblent. Pendant les vacances de février, on a proposé une sortie raquette, il y a eu des très bons retours. C'est vraiment sur ces éléments-là qu'on peut jouer pour montrer aux personnes qu'on tient à elles. Du coup, on a tendance à s'écarter de l'essence même d'un club de tennis. On a de plus en plus tendance à sortir du cadre du club et de faire des animations qui ne sont pas forcément en lien avec le tennis. Les adhérents aiment bien cela.

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Trop longtemps, on est resté sur ce qui fait l'authenticité du tennis, je pense que les clubs qui ont du mal à garder leurs licenciés, c'est peut-être en partie parce qu'ils n'ont pas su adapter leur offre en fonction de la demande de leurs joueurs. On est moins sur cet ancien mode de consommation. J'ai l'impression que les clubs qui n'ont pas su adapter leur offre en fonction de ce que les joueurs demandaient, ce sont souvent les clubs qui ont eu du mal. Au GUC, c'était vraiment que j'avais ressenti. On a perdu cette convivialité. C'était "je fais mon heure de cours et après, je rentre". Ces joueurs-là revenaient seulement la semaine d'après. Il ne revenait plus au club en dehors de leurs entraînements. C'est dommage.

À Pringy ce qui est très intéressant et gratifiant, après un entraînement de tennis, on a tendance à voir les joueurs revenir deux, trois jours après pour rejouer entre eux, ils viennent boire un coup après au restaurant. Il y a tout le temps des échanges.

4. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Je pense que la digitalisation du tennis est primordiale. Elle simplifie énormément les démarches. On est de moins en moins à vouloir téléphoner et à passer directement par une personne. L'outil ADOC est très intéressant. Maintenant tout est relié à cet outil. Via TEN'UP, on peut avoir directement le planning des réservations sur n'importe quels clubs. Si demain je décide d'aller jouer dans un autre club, je peux directement avoir accès à leur planning de réservation et réserver directement un terrain. On rejoint un peu ce côté de nouvelle consommation. Avant cela n'existait pas. On a aussi des services interne au club où les gens peuvent acheter leur cotisation en ligne, ils peuvent acheter leur séance individuelle en ligne. Tout ce qui est produit comme boîtes de balle, ils peuvent également l'acheter en ligne. On tend à faciliter l'accès aux clubs par cet outil digital.

On garde quand même une secrétaire qui est à mi-temps, on ne pourrait pas se passer d'elle. De mon côté, je suis énormément sur le terrain, car j'ai également une partie libérale. Elle reste très importante parce qu'elle est la première relation avec les adhérents quand ils arrivent au club alors que nous, on est sur les terrains. Elle s'occupe de tout ce qui est licence et adhésion. Après tout ce qui est au niveau sportif et les changements de niveau des jeunes, c'est nous en tant qu'entraîneur qui nous nous en occupons. Elle nous décharge énormément surtout au niveau de cette mise en place digital. En tant qu'entraîneur ce n'est pas notre coeur de métier.

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Depuis que je suis arrivé au club, nous avons vraiment fait un focus sur notre activité sur les réseaux sociaux. Nous avons des bons retours des adhérents, mais également des personnes externes au club. Souvent, on entend que notre club est un club qui bouge et qui est très actif sur les réseaux. Cela est souvent vu de manière positive. C'est un moyen de se faire connaître aussi et d'être transparent sur ce qui se passe dans la vie du club. Les adhérents aiment bien. On essaie de mettre des petits défis internes au sein du club pour élire un adhérent chaque mois. Les gens aiment bien qu'on parle d'eux.

5. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Je trouve que les démarches mises en place par la FFT notamment les compétitions pour les filles très intéressantes. Le comité de Haute-Savoie avait mis en place le Circuit des Petites Étoiles avec au départ un système de classement en fonction du nombre de joueuses qui participent. Cependant, le comité a été pris de court et ce système de classement n'a pas existé. Du coup, ce type de tournoi rejoint un petit peu les offres que tout le monde propose au niveau des tournois. Je pense que quand on met quelque chose en place, il faut que cela aille jusqu'au bout. Tous les clubs qui participent à ce circuit ne font rien en commun, chacun fait un petit peu sa propre démarche. Il n'y a pas de suite après ce genre d'événement. Je trouve cela dommage notamment au niveau de la fidélisation parce qu'il n'y a pas de système de classement à la fin de ce circuit. Il n'y a pas d'objectifs. Je pense que pour fidéliser les joueuses ce n'est pas la meilleure manière.

Après, il s'agit d'une belle opportunité de faire venir les petites filles et de les faire jouer entre elles. Parce que souvent, elles ont l'habitude de jouer avec des garçons. Le côté convivial et très important chez les filles. Quand on regarde le tennis féminin en France, il n'y a personne, cela fait peur. Après pour les adultes tout ce qui est Raquettes FFT et le Challenger Balle aux Dames, une compétition similaire au Raquettes FFT mais elle est pour les filles de moins de 18 ans. Ce sont des étapes le weekend et il y a une phase finale départementale et régionale. Cette démarche est vraiment très bien avec également les TMC dames. C'est l'occasion de faire une autre sorte de tournoi et ils sont complets en général. Parce que quand on regarde les tableaux des tournois féminins, ce n'est pas rassurant.

L'origine de pourquoi il y a moins de filles qui pratiquent le tennis, je pense que déjà l'adolescence pour les filles est une période compliquée et le tennis est un sport de duel. C'est beaucoup dans la concentration, dans la comparaison avec l'autre. Je pense que si cela ne marche pas, il va vite avoir une ascendance à abandonner. Je pense que cela est plus marqué chez les filles que chez les garçons.

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Après, chez les femmes/filles lorsqu'elles s'inscrivent dans un tournoi, une fille qui est en troisième série va faire un premier tour contre une quatrième série et puis derrière elle va jouer directement à troisième ou seconde série. Elles se demandent à quoi sert de faire des tournois pour payer 18-19 euros, passer un tour et puis revenir pour un match où la différence de niveau est trop importante donc il n'y a aucun plaisir des deux côtés. Il n'y a rien de motivant pour ces femmes.

Le format TMC est pas mal par rapport à ces critères, cela permet de réduire l'écart de classement et de faire plusieurs matchs lors d'une même journée.

Il y a également les formes de pratiques qu'il faudrait adapter. Tout ce qui est du côté fitness et de la forme physique. Ce sont des attributs très important et beaucoup convoité. Je pense qu'il faut qu'on arrive dans le tennis à faire ressortir ce côté-là. C'est ce que beaucoup de pratiquant tennis loisir demande. Leur objectif est de venir non pas pour progresser au tennis, mais plus pour se défouler. Trop longtemps, on est resté sur une approche plutôt technique gestuel, savoir où jouer, alors que ce n'est plus ce que les gens demandent.

6. Les initiatives mises en place sont-elles trop tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la pratique loisir ?

Je pense que la FFT donne plusieurs moyens, elle diversifie ses offres et essayer de faire venir de plus en plus de monde. Je parle vraiment sur la pratique loisir, on sent qu'il y a un vrai focus dernièrement sur la pratique loisir.

Après, il ne faut pas oublier la compétition non plus. On sait au sein de la FFT que faire de la compétition fidélise beaucoup. 70 % des pratiquants qui ont déjà fait un match continuent le tennis derrière. C'est un chiffre très important. Il y a beaucoup de compétitions nationales pour les quatrièmes séries jusqu'à troisièmes séries. Il y a des compétitions qui sont quand même ouverte à plein de monde.

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7. Le Tennis Galaxie a été instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis chez les jeunes ?

C'est vrai que la mise en place du tennis Galaxie a apporté énormément à l'enseignement. Maintenant qu'un joueur soit débutant ou un peu perfectionné, ils sont capables de faire des échanges grâce à l'évolution des balles et des dimensions de terrain. Il y a quelques années, l'apprentissage du tennis c'était avec des balles dures, des raquettes beaucoup trop grandes et sur un grand terrain.

Maintenant le matériel est beaucoup plus adapté. Maintenant, on est beaucoup plus dans l'échange et donc plus rapidement dans la réussite. Après, ils ont instauré ce système pour arrêter l'ancien système de classement et la pression liée aux classements. Ce système mettait directement les jeunes dans la compétition et dans cet état d'esprit de comparaison avec les autres ce qui était un facteur d'abandon. Surtout pour ceux qui n'arrivaient pas. Cependant, il y a toujours ce système de compétition, mais moins accentué. Je trouve que c'est très intéressant parce qu'il s'agit de l'essence même du tennis. Un enfant quand il fait du foot, il fait très vite un match avec son équipe. C'est important tout de même de garder ce côté «duel». Que l'autre échoue je ne vois pas trop d'inconvénients parce qu'en soit cela apporte des valeurs de vie et de l'expérience. Au niveau de l'enseignement, cela permet d'être beaucoup plus progressifs, mais surtout productif, on peut travailler plein de choses lors de l'apprentissage.

Il s'agit d'une bonne initiative parce qu'un petit qui va sortir du lot va brûler des étapes et s'il doit jouer directement en balle dure alors il jouera directement en balle dur. Mais pour un petit qui a un peu plus de mal, qui est dans les normes de l'apprentissage, mais qui ne sorte pas du lot, on va dire, il pourra faire n'importe quelle compétition à son niveau dans sa balle dans sa dimension de terrain et dans son format de jeux. L'enfant s'installe dans un cadre qui lui est propre, sans brûler des étapes.

À partir de cette année, pour les balles orange, si un petit gagne un match à la fin de l'année, il passe directement en balles vertes. Si un jeune en balles vertes gagne 12 matchs, il passe directement en balles dures. C'est une bonne directive mise en place parce qu'il y avait énormément d'entraîneurs qui ne faisaient pas le changement de niveau. Et donc des fois en balles rouges, il y avait des enfants qui avait 10 ans et qui étaient deux fois plus grand que les plus petits. Il n'y avait pas de match et ce n'était pas intéressant pour les deux joueurs. Cela a permis de niveler les niveaux.

8.

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Pour faciliter l'accès à la compétition, la FFT a mis en place un système de compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi consiste cette initiative ?

Je pense que le projet de compétition libre est très intéressant. Pour faire un premier pas dans la compétition, il s'agit d'un bon moyen pour ne pas se prendre la tête et de limiter les contraintes. C'est vraiment une partie amicale avec un enjeu tout de même. Comme un match de foot, on va essayer de se donner les moyens pour gagner le match sans trop d'incidence négatif derrière.

9. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

L'ajout du terrain de padel à ajouter quelques personnes, mais cela reste très petit. Il y a eu seulement cinq, six personnes maximums. Sachant que ce sont des gens qui sont licenciés dans d'autres clubs de tennis qui n'ont pas actuellement de padel. Ils prennent juste une adhésion. On ne les compte pas dans notre quota de licences. Tous nos joueurs padel sont vraiment des joueurs qui sont confirmés au tennis.

C'est super compliqué de faire venir des personnes de l'extérieur et surtout des personnes extérieures au tennis. Pour des personnes qui sont débutantes au tennis c'est hors de question qu'ils jouent au padel. Cela peut intéresser une cible de joueurs qui sont secondes séries. En effet, quand il rentre dans la vie active c'est compliqué pour eux à ce niveau-là de continuer la compétition. Souvent, ils font des tournois dans les clubs où il rencontre toujours les mêmes personnes. Le fait d'aller au padel diversifie la pratique, qui est tout de suite plus abordable, plus ludique et plus convivial parce que ce sport se joue à quatre et techniquement, qui est aussi moins négligent que le tennis. Par exemple avec les effets, mais aussi le service et puis les joueurs savent s'ils veulent faire un tournoi, c'est sur un jour seulement voire un week-end maximum. Ils peuvent vraiment bloquer leurs dates. Alors qu'un tournoi de tennis, ils ne savent jamais trop précisément quand ils vont jouer. Ils ne peuvent qu'estimer. Et puis des fois les matchs finissent à minuit pour être au travail le lendemain à 8 h. Je pense que le padel peut représenter un frein au tennis par rapport à ces aspects-là. Disons que le padel offre plus de possibilités et plus de disponibilités.

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Il y a quelques clubs qui ont construit des terrains de padel dans la région, mais ils n'ont pas trop le service qui va avec. On voulait mettre des cours en place parce que mon collègue est professeur de padel. Cela ne marche pas. Je pense que ce sport a un immense potentiel, mais si on veut le lancer, il faut le faire correctement.

10. La France est l'un des pays qui compte le plus de tournois de tennis (ATP, WTA, Grand Chelem, Master 1000), comment expliquer cette baisse de licenciés malgré de

nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer sur ces manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du tennis ?

Pour moi, oui, c'est important de garder des événements sportifs tels que la Coupe Davis, Roland-Garros ou d'autres tournoi de tennis tout aussi important. Parce qu'il s'agit d'une vitrine pour notre sport. Beaucoup d'enfants s'identifient à des champions, par exemple avec Mbappé, quand ils regardent le foot ils sont tous avec leur t-shirt. Après le tennis est de moins en moins médiatisé. Par exemple la Coupe Davis on a été quasiment champion du monde deux années de suite, mais les enfants ne savent même pas ce qu'est la Coupe Davis ou ils n'ont pas regardé. Les Françaises ont gagné l'année dernière et cela n'a pas fait de bond en termes de licenciés. Je pense qu'en termes de médiatisation, on peut faire beaucoup mieux. Pour Roland-Garros, si on n'a pas Eurosport, il y a de moins en moins de retransmission de match à la télé sur les chaînes gratuites. Après aussi, il ne faut pas se le cacher le niveau français, il est de moins en moins intéressant, moins performant. Il y a une telle suprématie des dix meilleurs joueurs mondiaux. De temps en temps les Français vont faire l'exploit mais cela ne va pas forcément être décisif. Certains joueurs ont des instabilités dans le résultat sportif du coup les enfants ne s'identifie pas forcément dans ses joueurs.

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INTERVIEW 12 - Valérie GESTAS

DES JEPS au Tennis Club d'Annecy-le-Vieux (1100 licenciés) Interview téléphonique réalisée le 19 mars 2020

1. Depuis combien de temps faites-vous parti de l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours ?

J'ai commencé dans l'enseignement du tennis il y a 20 ans. J'ai été joueuse, j'ai travaillé en club, puis à la Ligue Dauphiné Savoie et après, je suis repassée en club par la suite. À la Ligue j'étais CSD (Conseiller Sportif Départemental) sur le département de l'Isère. J'avais des missions sur la formation des jeunes joueurs au niveau départemental et de la Ligue. Puis de la détection dans les clubs de mon secteur, mise en place de structure pédagogique dans les clubs, aider les gens sur l'organisation pédagogique dans leur club. J'étais l'interlocuteur entre les présidents et les enseignants. Actuellement, je suis entraîneur au club du TCAV et je suis titulaire du DE2, équivalent au DES JEPS maintenant.

2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment l'expliquez-vous ?

On a un petit peu ressenti la baisse, on s'est posé la question, on a perdu quelques licenciés. Le constat aujourd'hui est que la baisse de licenciés de manière générale est plus sur le plan national. Je pense qu'aujourd'hui on est dans une société où les gens zappent beaucoup. Ils essaient beaucoup d'activités. Une année du tennis, l'année d'après ils font faire d'autres activités. Ils ont cette dynamique-là. Ils sont plus du tout comme avant, avec un public qui était inscrit dans un club de tennis toute leur vie. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'activités et les gens sont tentés à faire d'autres choses. Les gens zappent plus qu'avant.

Dans notre activité, les stages notamment, on s'est posé les questions de changer nos contenus de stage pour avoir une activité beaucoup plus fun, qui attire beaucoup plus les enfants, qui soit plus marrante, moins stéréotypée coup droit, revers, etc. C'est vrai que dans nos stages, on a des stages multisports. Dans notre contenu sur le terrain, on essaie d'avoir vraiment des exercices sympas. De repenser un peu le tennis, l'enseignement du tennis sur du loisir et non pas sur de la compétition. On se rend compte que les enfants aiment bien, ils s'amusent un peu plus. C'est pour que cela qu'on

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fonctionne toujours aussi bien. On s'adapte en fonction de la société. On a environ 600 enfants, 200250 enfants sont l'école de tennis loisir.

C'est la problématique qu'on a tous les jours au club, la baisse des licenciés. On reçoit des directives du comité, de la Ligue, de la FFT sur la baisse des licences depuis pas mal d'années. Au club, on a une baisse de licenciés qui est minime comparée à la tendance régionale et nationale. Parce que je pense que la force du club, aujourd'hui, est qu'on va vraiment sur le terrain et on prend l'avis des gens, on propose, on essaie de garder l'équilibre entre la compétition et le loisir, qui représente un adhérent lambda. Le point important où on essaie d'être bon et de toujours s'améliorer, c'est tout ce qui est convivialité et surtout l'importance des relations humaines au niveau des clubs. On défend fortement le rôle des hôtesses qui sont à l'accueil, elles ont un rôle primordial. Je connais les adhérents par leur prénom, on s'intéresse à eux, la proximité des adhérents et de proposer des animations pour chaque type d'adhérents. Pour l'enfant du mini-tennis, pour le retraité qui a 70 ans, pour les mamans qui ne travaillent pas, pour les mamans qui travaillent, pour les hommes qui veulent de la compétition. On essaie d'avoir un panel de propositions qui correspondent à tous ces profils. Et d'être proche et accessible aux gens. Il m'arrive de passer au club même quand il est fermé. C'est une présence et être accessible à tout le monde. C'est un des points qui fait la force de notre club, dès qu'on propose une animation, qu'on propose des cours pour n'importe quel public, on est rempli, on a des listes d'attente. Pour nous ce qui est baisse de licenciés, on ne connaît pas tellement. Il faut entretenir tout cela, il faut en permanence proposer des choses. On fait d'autres choses avec les gens. Il faut écouter tout le monde.

On ne refuse pas des adhérents, mais on limite, car on ne peut pas faire plus avec nos infrastructures intérieures et extérieures. Notre cotisation n'est pas excessivement chère parce que les adhérents ont très peu accès aux courts couverts. Quand ils prennent leur adhésion, on leur explique qu'on favorise les entraînements. C'est un club en Haute-Savoie donc l'hiver ils jouent moins au tennis, ils sont au ski.

3.

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Pensez-vous vous que les actions misent en place par la FFT incite les personnes à découvrir le tennis ou de rester dans les clubs ?

Aujourd'hui au niveau de la FFT je regarde plus trop ce qu'il passe. Ils sont tellement loin de ce qui se passe dans les clubs, leurs directives ne servent à rien. On parle de haut niveau chez les enfants nés en 2014 sur un projet sportif. Ils ne se rendent pas compte du quotidien des clubs. Ils sont plus crédibles, ils ne sont pas dans les problématiques de club. Sur la formation des bons joueurs, cela coute une fortune aux parents et la FFT n'aide pas beaucoup. Les clubs ne peuvent pas non plus aider. Ils sont plus assez sur le terrain, ils ne voient ce qu'il se passe.

4. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer davantage de licenciés ?

On a un petit turnover, il y a eu des nouveaux licenciés. Ici, on est une ville où les gens s'installent. Il y a deux types de profils, ceux qui jouent au tennis et ceux qui débutent.

Il y a beaucoup de gens qui viennent au tennis et qui attendent une dimension physique. Je demande en général ce que mes adhérents souhaitent en début d'année. Il y a une attente de physique, de remise en forme. Il y a une approche d'hygiène de vie, les femmes sont demandeuses de ce type d'activité. On a mis en place des séances de tennis cardio chez les femmes aussi, je propose une séance de préparation physique et 7 personnes sur 10 sont des femmes. Il y a beaucoup de mamans et de jeunes adolescentes.

Notre club est une famille. Les familles peuvent laisser les enfants car le club est clos. C'est un lieu de vie. Je pense qu'il faut créer ce contexte-là pour que les gens viennent plus dans les clubs. Le bénévolat joue un rôle important aussi là-dedans.

On propose du physique, du tennis. On va faire la fête du club et la fête du tennis. Tout le monde vient et tout le monde a une occupation. Les gens s'y retrouvent. Il faudrait beaucoup plus diffuser cette idée, il faudrait proposer des choses à toute la famille.

5.

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Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur ?

Il ne faut pas exagérer. Le contact humain est important. Il faut avoir deux systèmes : un système informatique mais aussi humain. On a la chance d'avoir des hôtesses à l'accueil. Il ne faut pas que tout soit digital. Quand le système ne marche pas, c'est difficile de résoudre le problème.

6. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public davantage féminin ?

Je pense que de manière générale par rapport aux garçons, les filles sont moins branchées avec la compétition, elles sont moins attirées par cela. Quand les jeunes filles viennent au tennis, au départ, ce sont les parents qui inscrivent et après elles restent parce qu'il y a les copines. De manière générale par rapport aux hommes, les femmes sont moins branchées avec la compétition, elles sont moins attirées. C'est important de faire aimer l'activité en plus des copines. Le rôle de l'entraîneur de leur fait aimer l'activité et de leur faire prendre confiance en elles. Elles ne vont pas devenir championnes de tennis, mais par contre elles vont s'affirmer, elles vont prendre confiance en elles. Il faut avoir quelqu'un qui leur envoie une image positive d'elle pour leur donner confiance. C'est devenu de la psychologie.

La formule TMC est un nouveau format de compétition qui est très bien que les gens aiment beaucoup. Surtout les femmes et les filles. C'est une formule où elles viennent une journée, une demi-journée, il y a plusieurs matchs, elles rencontrent d'autres filles. Ce format convient tout à fait au public féminin. Cette formule trouvée est très bien. Cette année, la FFT a mis en place les raquettes FFT ados. Ils nous envoient une affiche. On a monté une équipe. Il y a une date de finale nationale. Quand j'ai appelé le comité départemental, au niveau du département, ils ne font pas ce type de compétition, au niveau de la Ligue de Lyon, ils ne connaissaient pas de quoi il s'agissait. C'est moi qui leur ai appris ce que c'était. La FFT met des initiatives en place et après il n'y a rien. Il n'y a pas de suivi derrière. Ce n'est pas toujours cohérent. Il y a des bonnes idées, mais pas de suivi.

On est un grand club, on met des équipes de partout parce qu'on a du public qui répond en face. Dans un petit club, ce sont des choses qui passent inaperçu. Nous, on est l'affût de ces activités, on a cette volonté de faire bouger les choses.

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7. La Galaxie Tennis a été instaurée en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis chez les jeunes ?

Il s'agit d'un nouveau format de jeu. Cela identifie bien le niveau de jeu des enfants, ce n'est pas lié à l'âge, mais plus au niveau des enfants. On essaie de mettre en place des activités plus ludique et moins technique. Il y a un apport technique, mais très vite, on va faire des formes jouées avec un décompte de points pour que les enfants soient dans le jeu. On évite d'être dans les anciennes méthodes d'apprentissages comme du panier, le positionnement, le coup droit avec la boucle, etc. La Galaxie Tennis est un nouveau format de jeu qui identifie bien le niveau de jeu des enfants. L'enfant s'installe dans un cadre qui lui est propre, sans brûler des étapes. C'est aussi une source de motivation pour nous parce qu'on fidélise davantage les enfants à travers ce format. Voir un enfant partir parce qu'il ne prend pas du plaisir est toujours un moment difficile en tant qu'entraîneur. Les matchs sont plus courts et se déroulent en général sur une journée. C'est vraiment un atout pour les parents parce qu'ils peuvent mieux organiser leurs calendriers.

On organise des journées "Jeu et Matchs" pendant lesquelles les enfants jouent en matchs contre d'autres enfants du même niveau. Cette journée nous permet d'évaluer les enfants selon quatre critères, la tactique, la technique, l'arbitrage et le comportement. En fonction de ces critères, nous pouvons choisir si un enfant peut changer de niveau ou non. La FFT a mis en place un passeport. Il s'agit d'un document qui retrace l'évolution des enfants du premier au dernier niveau de la Galaxie Tennis. Les enfants peuvent voir où ils se situent et quels sont les objectifs à atteindre. La FFT donne aussi des poignets éponges, très utilisés chez les joueurs de tennis, aux couleurs de leur niveau afin qu'ils identifient mieux leur niveau

La compétition est maintenant passée à âge réel afin de limiter les inégalités pour les enfants nés en fin d'année. Avant l'âge de 8 ans, les compétitions ne sont pas homologuées. Mais c'est important d'initier les enfants le plus tôt à la compétition, de manière progressive bien sûr, afin de leur enseigner plusieurs valeurs telles que la concentration, la confiance en soi, le respect des autres, etc. Le fait de ne pas homologuer ces matchs permet d'enlever la pression du classement. À partir de 8 ans jusqu'à 10 ans, âge réel, les enfants participent à des compétitions homologuées. Après 11 ans, les joueurs participent aux compétitions traditionnelles par catégories d'âge.

8.

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Pour faciliter l'accès à la compétition, la FFT a mis en place un système de compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi consiste cette initiative ?

Honnêtement, c'est une contrainte. On va passer les samedis à regarder les matchs et les homologuer. On a utilisé ce système sur les TMC orange et vert, on a des enfants qui sont trop jeunes pour valider leurs matchs du coup, on les a rentrés dans le système. Il n'y a pas de cohérence, les enfants de 2014 ne rentrent pas dans le système, car ils sont trop jeunes. Ce sont seulement les entraîneurs et les présidents qui peuvent homologuer les matchs.

9. Les changements de compétitions historiques (telle que la Coupe Davis) ont-ils un impact selon vous sur l'attractivité du tennis en France ?

Pas forcément. Ils ont fait une grosse erreur avec la Coupe Davis car on a perdu un des fondements des matchs par équipes par pays. C'était un évènement historique lié au tennis. Sur une semaine, c'est comme un tournoi. Au club, les matchs par équipes sont des moments hyper importants dans la vie du club. Ce sont des grands moments au sein des clubs.

10. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?

Je ne pense pas que cela va développer le tennis. Il s'agit d'un autre sport. On est un club qui marche et qui a besoin de tous nos terrains, on n'a pas d'intérêt à faire un terrain de padel au club. Pour moi, le padel est un autre sport. Cela ne fera pas plus marcher le tennis, ni le freiner.

11. Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour limiter cette baisse de licenciés sur le court et long terme ?

C'est une action de tous les jours, ce n'est pas seulement une action à un moment précis. C'est la convivialité. On organise un apéro en fin d'année, c'est ce moment-là qui fidélise les licenciés dans les clubs. Il faut identifier des moments importants dans les clubs pour faire venir les gens et puis leur proposer après ce que tu as en face comme activité, comme service, comme animation. C'est ça qui fait venir les gens dans les clubs. Après c'est beaucoup de bouche à oreille.

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INTERVIEW 13 - Romain COTTAREL

DE JEPS au Tennis Club de Drumettaz-Clarafond (100 licenciés) et au Tennis Club du Bourget-du-Lac (85 licenciés)

Interview téléphonique réalisée le 2 avril 2020

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe