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Le processus décisionnel dans la politique étrangère du cameroun: le cas du recours au règlement judiciaire dans le conflit de Bakassi


par Zoulica RANE MKPOUWOUPIEKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun/Université de Yaoundé II - Master en Relations Internationales 2011
  

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4. Le conflit

L'opposition entre le Cameroun et le Nigeria à propos de la péninsule de Bakassi est tantôt qualifiée de « crise », tantôt de « différend », tantôt de « conflit », mais jamais de guerre. Il convient de prime abord d'apporter des éclaircissements sur ces concepts.

La Guerre, au sens du Droit international, est « un procédé de contrainte avec emploi de la force qui comprend obligatoirement deux aspects : un aspect militaire et un aspect interétatique »29. L'aspect militaire renvoie à une lutte armée et à l'intention de guerre30. Toutefois, avec l'évolution de la réalité des luttes armées, le concept « conflit armé », perçu comme plus neutre, est de plus en plus privilégié au terme originel de « guerre ».

Dans une perspective de sociologie des conflits, les conflits renvoient selon Lewis COSER à : «des affrontements entre acteurs collectifs sur des valeurs, des statuts, des pouvoirs ou des ressources rares et dans lesquels l'objectif de chaque protagoniste est de neutraliser, d'affaiblir ou d'éliminer les rivaux »31. Lorsque l'antagonisme ou l'hostilité conflictuelle emprunte les voies et les modalités violentes et armées d'expression, l'on se trouve dans une situation de conflit armé. En Droit international humanitaire, le conflit armé international renvoie selon les Conventions de

27NGUYEN QUOC DINH, 1975, op cit, p. 652.

28 Département de l'information des Nations Unies, La Cour internationale de justice, Questions et réponses sur l'organe judiciaire principal des Nations Unies, New York, Nations Unies, 10ème éd., 2000, p.2.

29 NGUYEN QUOC DINH, 1975, op cit, p. 731.

30 Pour qu'il y'ait guerre, il faut encore que les Etats intéressés qualifient comme telle leur lutte armée.

31 Lewis COSER, Les Fonctions du conflit social, Paris, PUF, 1982, p.132.

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Genève de 1949 et le Protocole additionnel n° 1 de 1977 entre autres, à des échanges armés entre deux ou plusieurs Etats, mais aussi à tous les cas d'occupation de tout ou partie du territoire d'un Etat, même si cette occupation ne rencontre aucune résistance militaire32.

La crise quant à elle, est généralement associée à une situation qui menace les objectifs visés par un groupe, un Etat ou une ethnie, où le temps presse, où il existe un danger d'escalade, enfin, où se retrouve un fort élément de surprise politique, diplomatique, ou militaire33 .

Le terme « différend » a une connotation beaucoup plus juridique et renvoie selon la C.I.J., à « un désaccord sur un point de droit ou de fait, une contradiction, une opposition de thèses juridiques ou d'intérêts »34.

Dans le cadre de cette étude, le concept plus général de conflit a été privilégié en raison de l'hostilité et de l'antagonisme ponctués d'affrontements armés, qui a opposé le Cameroun au Nigeria, du 21 Décembre 1993 au 14 Août 2008 à propos principalement de la péninsule de Bakassi ; d'où l'expression « conflit de Bakassi ».

L'analyse du processus de prise de décision du Cameroun, nécessite une circonscription temporelle et spatiale de la présente étude.

III. LA DELIMITATION DU SUJET

En vue d'une analyse cohérente des principales variables explicatives de la décision du Cameroun de recourir au règlement judiciaire, il est nécessaire de procéder in limine litis à une délimitation de l'étude dans l'espace et dans le temps.

Géographiquement, les variables dont il est question n'ont pas de limites spatiales précises. Entrent en compte, bien entendu à côté de la péninsule de Bakassi et des deux principaux pays concernés que sont le Cameroun et le Nigeria, toutes zones géographiques ayant contribué de près ou de loin à la décision des autorités de Yaoundé.

32 Il existe plusieurs situations couvrant la notion de conflit armé internationaux selon les Conventions de Genève de 1949 et le Protocole additionnel n° 1 de 1977 : la première situation est celle de l'état de belligérance ; la deuxième concerne les conflits d'occupation ; la troisième situation de conflit armé international concerne les luttes d'autodétermination interne ou conflit opposant un peuple à un régime raciste. On vise ici non seulement ceux qui sont à l'intérieur, mais aussi ceux qui peuvent les aider. Il y a enfin les conflits mettant en jeu des forces qui luttent pour le maintien de la paix.

33 Charles Philippe DAVID, La guerre et la paix, approches contemporaines de la sécurité et de la stratégie, Paris, Presse de science politique, 2000, p.134.

34 Définition donnée par la C.I.J. dans le cadre de l'affaire Bakassi, pour répondre à la cinquième exception préliminaire du Nigeria relative à la non existence de différend concernant la délimitation de la frontière avec le Cameroun. Voir Guy Roger EBA'A, Affaire Bakassi. Genèse, évolution et dénouement de l'affaire de la frontière terrestre et maritime Cameroun-Nigeria (1993-2002), Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2008, p. 26. Voir également CPJI, affaire des concessions Mavromatis en Palestine, arrêt du 30 août 1924, Série A, n° 2, p. 11.

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Du point de vue temporel, cette étude s'intéresse uniquement à la requête introductive d'instance déposée par la République du Cameroun le 29 mars 1994 auprès de la C.I.J., afin de lui demander la reconnaissance de la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de Bakassi35. Elle exclut ainsi la requête additionnelle du 6 Juin 1994, qui procède à un élargissement de l'objet du différend. La borne inférieure principale de l'analyse est l'année 1993, plus précisément le 21 décembre, date de l'invasion de la péninsule de Bakassi par l'armée nigériane. Toutefois, dans le cadre des recherches, les faits antérieurs à cette date permettant de comprendre la dynamique du processus décisionnel ont été pris en compte. Le 29 mars 1994, date à laquelle le Cameroun saisit la C.I.J. d'une requête introductive d'instance, a été retenue comme borne supérieure.

L'analyse du processus par lequel le Cameroun a privilégié le règlement judiciaire du conflit de Bakassi revêt un intérêt particulier.

IV. L'INTERET DE L'ETUDE

L'intérêt de la présente étude s'analyse sur un triple plan : sur le plan diplomatique et politique, sur le plan scientifique et sur le plan personnel et pratique.

La paix est un idéal, une valeur, un état, un objectif et une construction permanente36. En ce sens, ce sujet revêt un intérêt diplomatique et politique indéniable ; car, il permet :

- de ressortir le processus par lequel le Cameroun par son option pour le règlement judiciaire, a favorisé la préservation de la paix et des relations avec son voisin le Nigeria ;

- de se rendre compte de la complexité des relations entre le Cameroun et son « grand voisin » occidental.

- Enfin, ce sujet est intéressant sur le plan diplomatique et politique car, la connaissance des raisons bureaucratiques qui ont conduit à une décision donnée aide les Etats à reconsidérer les problèmes, par une meilleure gestion des crises et un meilleur décryptage de certaines décisions des Etats rivaux.

Sur le plan scientifique, l'intérêt de la présente étude s'apprécie à deux niveaux :

- d'une part, elle permet de vérifier l'applicabilité de modèles explicatifs de la décision de politique étrangère, généralement élaborés dans un contexte occidental, sur une décision prise par un pays africain en développement. A cet effet, il est à rappeler que l'analyse des variables explicatives de la décision camerounaise relève d'un constat ; celui, selon les termes de KORANY,

35 Le Cameroun a en effet saisit la C.I.J. de deux requêtes successives, réunies ensuite en une seule affaire, à la suite de la revendication formelle par le Nigeria d'une partie de la région camerounaise du Lac Tchad. La requête additionnelle (6 juin 1994) a permis d'élargir l'objet du différend sur toute la frontière.

36 Jacques LE DAUPHIN, « Le concept de paix », Intervention lors du colloque sur « l'éducation à la paix » à l'I.U.F.M. de Dijon les 20 et 21 mars 2002, [En ligne], www.institutidrp.org, consulté le 3 mars 2010.

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du « sous-developpement de l'étude des pays sous-developpés »37. En effet, d'après lui, « les analystes de la politique étrangère continuent à élaborer des modèles (censément universels) pour expliquer aussi bien la politique étrangère du Ghana, que celle de la Suède, de l'Indonésie ou de la République fédérale d'Allemagne, partant de l'hypothèse implicite que les différents acteurs en cause sont interchangeables »38.

- d'autre part, cette recherche est scientifiquement intéressante car elle se préoccupe de l'étude d'une décision prise en situation de crise. En effet, l'analyse des processus de décision gouvernementale, centrée sur l'étude des crises, constitue un domaine privilégié de l'étude des Relations Internationales, car « elle met en lumière le comportement des dirigeants politiques dans cette zone imprécise entre la politique et la stratégie, entre la diplomatie et la guerre »39. Dans ce domaine également, les études ayant pour objet des pays en développement sont quasi-inexistantes.

Sur le plan pratique et personnel, cette étude permet au futur diplomate de s'imprégner de la politique étrangère du pays qu'il s'engage à servir, à travers la maîtrise de ses rouages essentiels, de ses fondements et objectifs, mais aussi de ses déterminants et contraintes. Elle permet aussi de comprendre la logique qui guide le Cameroun dans la formulation de sa politique étrangère.

Après avoir présenté l'intérêt qu'il existe à étudier la décision camerounaise, il convient de ressortir les objectifs poursuivis par la présente analyse.

V. L'OBJECTIF DE L'ETUDE

La présente étude a pour objectif de ressortir de la manière la plus exhaustive possible les principaux facteurs qui ont influencés la décision du Cameroun de privilégier à d'autres voies, le règlement judiciaire du conflit frontalier qui l'a opposé au Nigeria, à propos de la péninsule de Bakassi. Toutefois, il convient de prendre en compte dans cette entreprise le caractère essentiellement opaque du processus décisionnel en matière de politique étrangère40. En effet, dans ce domaine, le seul qui « pourrait » fournir une explication optimale est celui qui a pris la décision étudiée, en l'occurrence le Président Paul BIYA. John F. KENNEDY affirme à ce propos que: «the essence of ultimate decision remains impenetrable to the observer - often, indeed, to the decider

37 Bahgat KORANY, « Les modèles de la politique étrangère et leur pertinence empirique pour les acteurs du Tiers monde : critique et contre-proposition » in Revue internationale des Sciences sociales, vol. XXVI, 1974, pp. 76-103, tiré de Philippe BRAILLARD, Théories des Relations internationales, 1ère édition, Paris, PUF, Coll. Thémis, 1977, p.152.

38 Idem.

39 Pierre de SENARCLENS et Yohan ARIFFIN, La politique internationale. Théories et enjeux contemporains, Paris, Armand Colin, 5ème éd., 2006, p.56.

40 Lire à ce propos Frédéric CHARILLON (dir.), 2002, op cit, p. 13.

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himself...There will always be the dark and tangled stretches in the decision-making process - mysterious even to those who mays be most intimately involved»41.

Cette étude a également pour objectif de vérifier l'applicabilité de modèles explicatifs de la décision de politique étrangère, généralement élaborés dans des pays développés et en particulier anglo-saxons, sur une décision prise par un pays en développement (en particulier africain).

Afin de mettre en exergue la spécificité de cette recherche, une revue de la littérature s'impose.

VI. LA REVUE DE LA LITTERATURE

Consciente que l'étude de la politique étrangère du Cameroun ne constitue pas une terra incognita doctrinale, la présente recherche ne prétend pas faire fi de ce qui a été fait en la matière. Toutefois, il est important de mentionner que les travaux scientifiques consacrés à l'analyse d'une décision spécifique de politique étrangère prise par le Cameroun, sont rares.

L'ouvrage de Narcisse MOUELLE KOMBI, intitulé La Politique étrangère du Cameroun42, traite de façon générique de la politique étrangère dudit pays à travers ses acteurs institutionnels, ses contraintes, ses objectifs, ses principes fondamentaux, et son réseau relationnel dans le monde. En ce qui concerne le conflit de Bakassi, l'auteur soulève quatre éléments importants pour cette recherche : l'attachement du Cameroun au règlement pacifique des différends ; l'incidence de l'affaire du Cameroun septentrional sur les relations entre le Cameroun et la C.I.J. ; le recours à la C.I.J. après avoir essayé de trouver une solution diplomatique au conflit ; et la pertinence des motifs présentés par le Cameroun dans sa requête introduite le 29 mars 1994 devant la C.I.J. Toutefois, il ne s'intéresse ni aux raisons à l'origine du choix porté par le Cameroun sur le règlement judiciaire, ni au processus décisionnel dans la politique étrangère dudit pays.

Contrairement aux pays africains comme le Cameroun, la prise de décision a donné lieu à une littérature foisonnante aux Etats-Unis. Parmi les travaux publiés en la matière, certains ont particulièrement marqué la discipline. L'ouvrage de Graham T. ALLISON, Essence of Decision : Explaining the Cuban Missile Crisis43 qui traite de la crise des missiles de Cuba, d'octobre 1962,

41 John F. KENNEDY, «Preface» to Theodore SORENSON, Decision-Making in the White House: The Olive Branch and the Arrows, New York, 1963, cite par, Graham T. ALLISON, 1971, op. cit., Preface, p. vi. Traduction de l'auteur de la présente étude : « L'essence de l'ultime décision demeure impénétrable à l'observateur - souvent, vraiment, au décideur lui-même...Il y aura toujours de l'obscurité et un enchevêtrement étendue dans le processus de prise de décision - mystérieux, même pour ceux qui sont censés être intimement impliqués dans le processus ».

42 Narcisse MOUELLE KOMBI, La Politique étrangère du Cameroun, Paris, l'Harmattan, 1996.

43Graham T. ALLISON Essence of Decision: Explaining the Cuban Missile Crisis, Boston, Little Brown, 1971.

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entre l'Union Soviétique et les Etats-Unis dans un contexte de Guerre Froide, est un de ceux là44. Dans cet ouvrage, il souligne l'importance du comportement des acteurs dans la conduite de la politique étrangère. Il est le premier auteur à avoir tenté d'élaborer des modèles théoriques pour l'analyse de décisions de politique étrangère ; d'où l'importance de son ouvrage pour qui souhaite étudier la prise de décision en politique étrangère. Tout en élaborant « un modèle rationnel » de la prise de décision, il met en exergue le rôle joué par les appareils bureaucratiques dans le processus décisionnel ; ceci à travers deux cadres de référence qu'il propose : le « modèle organisationnel » et le « modèle bureaucratique ».

Certes, l'ouvrage d'ALLISON est un profond travail d'analyse, mais son contexte est différent de celui de la présente étude. La crise des missiles de Cuba a lieu pendant la Guerre Froide et oppose les deux géants de l'époque à savoir, les Etats-Unis (USA) et l'Union Soviétique (URSS). A ce titre, les variables explicatives des décisions analysées par ALLISON - notamment, l'installation des missiles à Cuba par l'URSS, le blocus maritime décidé par les USA, et le démantèlement des missiles par les USA - ne peuvent être assimilées à celles du recours du Cameroun - pays africain en voie de développement et ne jouissant ni d'autant de ressources de puissance, ni du même régime politique que les USA ou l'URSS - à la C.I.J.

Simplice ATANGA compte parmi les rares chercheurs qui ont travaillé sur Le processus de prise de décision de politique étrangère au Cameroun45. Il analyse les acteurs internes, officiels et sociétaux qui influencent la prise de décision dans la politique étrangère du Cameroun. L'analyse des acteurs officiels lui permet de traiter de la concentration des pouvoirs au sommet de l'exécutif, du démembrement de l'exécutif et de l'effacement du législatif. Quant à l'analyse des acteurs sociétaux, elle lui permet d'examiner l'influence du Parti (unique à l'époque), des groupes de pression et de l'opinion publique sur l'élaboration de la politique étrangère au Cameroun. Là s'arrête l'apport du travail de Simplice ATANGA pour la présente recherche. Son étude n'est pas basée sur un cas spécifique de prise de décision, et il ne s'intéresse ni à l'influence des variables systémiques, ni à celle des variables idiosyncratiques, pourtant essentielles à la compréhension et à l'explication des processus décisionnels.

A cet égard, le rôle essentiel des processus cognitifs dans la compréhension et l'explication de la décision de politique étrangère a été mis en exergue par des auteurs comme Ole HOLSTI. Il affirme dans « The belief System and National Images: a case study »46 que, l' « image » que les

44 Samy COHEN, « Décision, pouvoir et rationalité dans l'analyse de la politique étrangère » in SMOUTS Marie-Claude (dir.), Les Nouvelles relations internationales, Pratiques et théories, Paris, Presses de Sciences Po, 1998, p.75.

45 Simplice ATANGA, Le processus de prise de décision en politique étrangère au Cameroun, Thèse de Doctorat, IRIC, Yaoundé, 1991.

46 Ole HOLSTI, « The belief System and National Images: a case study », Conflict Resolution, September, 1962.

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décideurs se font de la réalité acquiert plus d'importance que la « réalité objective » et influence leur comportement. Robert JERVIS47 dans Perception and misperception in International Politics essaye de ressortir les facteurs cognitifs qui perturbent le bon fonctionnement du processus de prise de décision et qui faussent l'analyse. Il s'agit, selon lui, de la tendance à percevoir ce à quoi on s'attend (le wishful thinking48), et à chercher à intégrer les informations nouvelles dans des représentations déjà établies, à les accorder aux croyances préexistantes ; ce qui en période de crise ou de conflit peut conduire à une vision erronée de l'adversaire, à sous-estimer les risques ou au contraire à les surestimer49. A travers l'article d'Alexander GEORGE intitulé « The operational code: A neglected approach to the study of political leaders and decision making »50, on perçoit l'influence que peut avoir le système de croyances d'un dirigeant sur les décisions de politique étrangère. Cet auteur y propose dix questions - cinq d'ordre philosophique et cinq d'ordre instrumental - qui, « posées à un acteur donné, permettent de saisir l'essentiel de ses croyances politiques dans ses réponses et de faire le lien entre lesdites croyances et son comportement »51.

Néanmoins, ces auteurs donnent juste de façon générale des outils pour étudier l'influence de la psychologie des hommes d'Etat sur la prise de décision. Ils ne se préoccupent pas de l'applicabilité de leurs réflexions dans un contexte précis, tel que celui d'un pays africain. Bahgat KORANY a dénoncé cette attitude dans un article intitulé « Les modèles de la politique étrangère et leur pertinence empirique pour les acteurs du Tiers monde : critique et contre-proposition »52.

James ROSENAU53 quant à lui, propose dès 1966 dans « Pre-Theories and Theories of Foreign Policy », cinq groupes de variables explicatives de la décision de politique étrangère à savoir, les variables idiosyncratique, de rôle, gouvernementale, sociétale, et systémique. Dans cette étude, il postule que la clé pour mieux comprendre le comportement d'un Etat-nation est de découvrir son génotype. Selon lui, tous les Etats ont des caractéristiques particulières qui peuvent faire en sorte que certaines variables soient plus déterminantes que d'autres sur leurs décisions de politique étrangère. Utilisant des critères tels que le degré de développement, la transparence (« accountability », c'est-à-dire le caractère ouvert ou fermé du système politique) et la superficie,

47 Robert JERVIS, Perception and misperception in International Politics, Princeton, Princeton University Press, 1976.

48 L'expression « wishful thinking » signifie la prise, par le décideur, de ses désirs pour des réalités.

49 Lire Samy COHEN, 1998, op. cit., pp. 88-91, pour une analyse de l'approche cognitive de la décision et ses limites.

50 Alexander GEORGE, «the operational code: A neglected approach to the study of political leaders and decision making» in International studies quarterly, N° 13, 1969, pp. 190-222.

51 David S MCLELLAN., «The «Operational Code» Approach to the Study of Political Leaders: Dean Acheson's Philosophical and Instrumental Beliefs» in Canadian Journal of Political Science, N°4, Cambridge University Press, 1971, pp. 52-75 (résumé de l'article consulté le 20 juillet 2010, in http://journals.cambridge.org ).

52 Bahgat KORANY, 1974, op. cit,. pp. 76-103, tiré de Philippe BRAILLARD, 1977, op. cit., p. 152.

53 James ROSENAU, « Pre-Theories and Theories of Foreign Policy », in Barry R. FARRELL Ed., Approaches to Comparative and International Politics, Evanston, Northwestern University Press, 1966, pp. 27-92.

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ROSENAU a élaboré huit génotypes54. C'est ainsi qu'il affirme que dans les pays développés, les variables de rôle55 sont plus prépondérantes, alors que dans les pays en développement, les variables idiosyncratiques sont les plus déterminantes. Considérant le second critère, il postule que les variables sociétales sont plus dominantes dans les pays au système politique ouvert, a contrario des pays à forte concentration du pouvoir au sommet de l'exécutif où les variables gouvernementales sont d'un intérêt plus grand56. A propos du troisième critère, il affirme que la puissance de la variable systémique varie en fonction de la superficie du pays dont la décision est étudiée. Selon lui, « there being greater resources available to larger countries and thus lesser dependence on the international system than is the case with smaller countries »57. Ces comparaisons ont été utiles pour la présente étude, car elles ont permis d'identifier les variables qui ont été les plus déterminantes dans le processus de prise de décision des autorités camerounaises. Conformément aux caractéristiques attribuées au Cameroun, il s'agit des variables idiosyncratiques, gouvernementales, et systémiques.

S'agissant justement de la prépondérance des variables idiosyncratiques, NKOBENA Boniface FONTEM, dans un ouvrage intitulé Sacerdoce politique et stabilité des systèmes : le paradigme Paul BIYA. Manuel pour les hommes politiques d'aujourd'hui et de demain58, postule le lien de causalité existant entre les qualités idiosyncratiques du Président Paul BIYA et la durabilité ainsi que la stabilité du système politique camerounais. Il retrace le parcours familial, académique et professionnel du Chef de l'Etat, et identifie dix traits caractéristiques qui résument ses qualités idiosyncratiques et influencent son action politique. Ces informations seront utiles pour l'analyse de l'influence du tempérament du Président Paul BIYA sur l'option du Cameroun pour le règlement judiciaire. Toutefois, là se trouve la principale contribution dudit ouvrage à la présente recherche. En ce qui concerne le conflit de Bakassi, les auteurs qui s'y sont spécifiquement intéressés sont nombreux.

54 Les huit types de génotype ou de sociétés identifiés sont les suivants : 1. large/développé/ouvert; 2. large/développé/fermé; 3. large/en développement/ouvert; 4. large/en développement/fermé; 5. petit/développé/ouvert; 6. petit/développé/fermé ; 7. petit/en développement/ouvert ; 8. petit/en développement/fermé. Pour un tableau récapitulatif de ces génotypes et des variables les plus pertinentes par rapport au type de société voir, Eugene L. MALTAIS, Rosenau's Pre-Theories : The DIEFENBAKER Dilemma on Nuclear Warheads, Edmonton, Alberta, University of Alberta, Master of Arts, 1972, p. 12.

55 D'après les variables de rôle, la décision s'explique non par les attributs personnels du décideur, mais par le rôle auquel sa fonction lui assigne conformément aux normes établies et à respecter. Dans ce cas précis, l'attitude adoptée par le décideur, est celle attendue de quiconque occupant le même poste.

56 Lire Eugene L. MALTAIS, 1972, op. cit., pp. 13-14.

57 James ROSENAU, 1966, op. cit., p. 47. Traduction de l'auteur de la présente étude : « il existe plus de ressources dans les larges pays ; ce qui induit moins de dépendance, comparée aux petits pays, vis-à-vis du système international ».

58 Boniface FONTEM NKOBENA, Sacerdoce politique et stabilité des systèmes : le paradigme Paul BIYA. Manuel pour les hommes politiques d'aujourd'hui et de demain, Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, 2008, 186p.

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MGBALE MGBATOU Hamadou dans son mémoire intitulé : Le Conflit Frontalier Cameroun-Nigeria: explications socio-politiques, enjeux, et déterminants d'une crise bilatérale59, ressort les données historiques du conflit en présentant les causes des conflits frontaliers en Afrique comme remontant à la conférence de Berlin de 1884, et la frontière Cameroun-Nigeria comme un héritage colonial, facteur belligène. Il analyse les déterminants et les enjeux internes et externes du conflit du côté nigérian et camerounais, mais aussi les forces en présence. Toutefois, ce travail ne s'intéresse qu'aux déterminants du conflit frontalier et non à ceux de l'option du Cameroun pour un règlement judiciaire.

Le même auteur en l'occurrence MGBALE MGBATOU Hamadou, a travaillé sur La politique camerounaise de résolution pacifique de la crise de Bakassi. Une approche réaliste et transnationale60. Dans cette étude, il se consacre à l'analyse d'une part, des déterminants de la politique de résolution pacifique de la crise de Bakassi, et d'autre part, de la mise en oeuvre de ladite politique. L'utilité de ce travail pour la présente étude réside dans le fait que le règlement judiciaire fait partie de la famille des procédés pacifiques de règlement des conflits. Donc, certains déterminants analysés dans le travail de MGBALE MGBATOU, seront utiles dans le cadre de cette étude. Toutefois, l'effet globalisant du titre dépasse largement l'objet de la recherche menée dans le cadre d'un mémoire. Il analyse de façon générale la politique camerounaise de résolution pacifique et non la décision de recourir à la C.I.J. Qui plus est, l'auteur base son analyse sur les théories générales que sont le réalisme et le transnationalisme, ce qui illustre une fois de plus le caractère général de son analyse.

L'ouvrage de Zacharie NGNIMAN, Nigeria-Cameroun : La guerre permanente ?61, constitue une grande source d'informations sur le conflit de Bakassi. La précision avec laquelle l'auteur retrace les évènements a été précieuse dans l'analyse du processus décisionnel. Il expose les évènements militaires de 1993 à 1996, présente les acteurs intervenus dans le processus de résolution de la crise et les différents procédés employés. L'intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu'il met à la disposition du chercheur des informations souvent difficiles d'accès, mais pourtant nécessaires à l'accomplissement d'un travail scientifique. Néanmoins, l'auteur n'analyse pas les déterminants qui conduisent à la saisine de la C.I.J. par le Cameroun ; ce qui rend son ouvrage plus descriptif qu'analytique et en diminue l'intérêt scientifique.

L'aspect juridictionnel du conflit de Bakassi est étudié par Guy Roger EBA'A dans son ouvrage intitulé Affaire Bakassi, Genèse, évolution de l'affaire de la frontière terrestre et maritime

59 Hamadou MGBATOU MGBALE, 1999, op cit.

60 Hamadou MGBATOU MGBALE, 2001 op. cit.

61 Zacharie NGNIMAN, Nigeria-Cameroun : La guerre permanente ?, Yaoundé, CLE, 1996, 173p.

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Cameroun-Nigeria (1993-2002)62. L'auteur y présente d'abord la C.I.J. et les enjeux pétroliers dans le golfe de Guinée. Il consacre ensuite la majeure partie de son ouvrage au litige devant la C.I.J., de sa naissance à son dénouement. Cet ouvrage est intéressant dans la mesure où l'auteur y relate les évènements avec une grande précision, et présente les arguments juridiques du Cameroun et du Nigeria devant la C.I.J. Toutefois, il ne procède à aucun travail d'analyse de la situation. Il ne recherche pas les raisons qui amènent le Cameroun à préférer la saisine de la C.I.J. à toutes autres alternatives.

Jean Pierre FOGUI compte également parmi les auteurs qui se sont penchés sur l'affaire Bakassi. Dans son ouvrage intitulé Les leçons du conflit de Bakassi, il entreprend une analyse de la stratégie adoptée par le Président Paul BIYA dans la gestion du conflit de Bakassi. Cette analyse ressort succinctement les fondements de l'option du Cameroun pour un règlement pacifique, et les leçons qu'il faut en retenir. Toutefois, elle reste classique, la présente étude a pour ambition d'user d'une approche complètement différente en faisant recours à la Foreign Policy Analysis comme base de l'analyse.

Pour orienter la recherche, une problématique est nécessaire.

VII. LA PROBLEMATIQUE

Les problèmes frontaliers entre le Cameroun et son voisin occidental, le Nigeria, ne datent pas de 1993. Ils remontent au lendemain des indépendances, et ont occasionné des périodes de tensions extrêmes en 1981, 1993 et 1996. Avant mars 1994, le Cameroun avait toujours privilégié la voie diplomatico-politique pour régler ces difficultés.

Dès lors, il serait intéressant de rechercher, les raisons qui l'ont amené à déposer une requête auprès de la C.I.J., pour un règlement judiciaire du conflit de Bakassi. En d'autres termes, qu'est ce qui explique le choix porté par le Cameroun sur la C.I.J., dans le cadre du règlement du conflit frontalier qui l'a opposé au Nigeria à propos de la péninsule de Bakassi ?

De cette problématique naît l'hypothèse de la recherche.

VIII. L'HYPOTHESE

Selon Gordon MACE et François PETRY, l'hypothèse se présente comme une réponse anticipée à la question spécifique de la recherche, un résultat à la formulation du problème et le point de départ de toute vérification63.

62 Guy Roger EBA'A, 2008, op. cit.

63 Gordon MACE et François PETRY, Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, Québec, Presses Universitaires de Laval, 2000, p. 123.

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Dès lors, la présente étude postule que le choix porté par le Cameroun sur le recours à la C.I.J. s'explique d'une part, par la recherche de l'optimisation de l'intérêt national escompté, à savoir le respect par le Nigeria de son intégrité territoriale sans recours à la guerre (modèle de l'acteur rationnel d'ALLISON), et d'autre part, par une combinaison de cinq variables indépendantes (inspirées de ROSENAU) à savoir les variables idiosyncratique, gouvernementale, systémique, de rôle et sociétale.

L'hypothèse ainsi présentée a nécessité pour sa vérification, des techniques et méthodes de recherche précises.

IX. LES TECHNIQUES ET METHODES DE RECHERCHE

Dans tout travail de recherche, la méthodologie renvoie à deux considérations majeures : d'une part, les techniques par lesquels les données sont collectées et, d'autre part, les méthodes par lesquelles, lesdites données sont analysées.

Les techniques de recherche regroupent les procédés par lesquels le chercheur collecte les données et les informations qu'il analyse. Dans le cadre de cette recherche, deux techniques ont été utilisées pour la collecte des données : l'entretien et l'analyse documentaire détaillée. L'entretien a permis de recueillir des informations de première main auprès des personnalités qui ont été impliquées dans la prise de décision64, ou qui ont eu connaissance du processus décisionnel. Quant à l'analyse documentaire détaillée, elle a été faite à partir d'ouvrages (généraux et spécialisés), d'articles de revues scientifiques et de journaux, d'archives publiques et de documents officiels traitant du sujet.

Selon Madeleine GRAWITZ, la méthode désigne « l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie »65. Pour le traitement des données recueillies, la méthode de l'analyse de décision et celle de l'analyse systémique ont été utilisées.

La méthode de l'analyse de décision a permis d'ordonner la matière historique de telle sorte que celle-ci devienne plus intelligible. Cette méthode, en phase avec le cadre conceptuel de ROSENAU, impose certaines normes de recherche, comme l'obligation de considérer une unité décisionnelle composée d'individus différents plutôt que la simple entité abstraite qu'est l'Etat. Elle exige également une étude psychologique des personnalités, des caractères66. Ces exigences répondent à la nature des questions que l'on se pose face à une décision. « Comment l'occasion

64 Voir à cet effet le Protocole d'entretien, qui figure à l'Annexe 14 (page 143).

65 Madeleine GRAWITZ, op. cit., p. 351.

66 Ferry DE KERCKHOVE, 1972, op. cit., p. 499.

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d'une décision survient-elle ? Comment la configuration des facteurs au moment de cette occasion affecte-t-elle le déroulement du système de décision ? Quel est ce système ? Quelle est l'unité décisionnelle principale, secondaire ? Quels sont les canaux de communications privilégiés ? Enfin, comment la personnalité des dirigeants affecte-t-elle l'orientation de la décision et son processus politique ?»67. Comme l'affirme avec pertinence DE KERCKHOVE, ce n'est pas tellement la multiplicité des questions qui rend l'analyse compliquée, mais bien l'orientation interdisciplinaire qu'elles impliquent68.

L'analyse systémique quant à elle, s'applique à toute recherche théorique ou empirique, qui part du postulat selon lequel, la réalité sociale présente les caractères d'un système, pour interpréter et expliquer les phénomènes sociaux par les liens d'interdépendance qui les relient et qui les constituent en une totalité69. D'après elle, le système comprend d'une part le foyer d'action, et d'autre part, l'environnement pertinent à l'objet d'analyse. Un système réagit comme un tout aux pressions extérieures et aux réactions de ses éléments internes. L'analyse systémique est utilisée dans la présente étude pour ressortir l'influence du contexte national et international sur l'option de Yaoundé pour le règlement judiciaire du conflit de Bakassi.

Le cadre général de l'analyse ainsi dégagé ne peut être rendu opérationnel qu'à travers l'exposé de la trajectoire de l'étude.

X. L'ANNONCE DU PLAN

La présente étude commence par un chapitre préliminaire consacré au cadre théorique. Elle se subdivise ensuite en deux parties. La première partie est consacrée à l'analyse de l'option du Cameroun pour le règlement judiciaire du conflit de Bakassi, selon le modèle rationnel de la prise de décision élaboré par ALLISON. Cette partie ressort les desseins du Cameroun face aux convoitises nigérianes, les solutions non judiciaires envisagées (Chapitre I) et les enjeux du recours au règlement judiciaire (Chapitre II).

La deuxième partie procède à l'explication de la décision du Cameroun selon le cadre conceptuel élaboré par ROSENAU. Elle met ainsi en exergue l'influence des acteurs institutionnels (Chapitre III) et le rôle des variables sociologiques (Chapitre IV) sur le processus de prise de décision étudiée.

67 Ferry DE KERCKHOVE, 1972, op. cit., p. 499.

68 Idem.

69 Roger Gérard SCHWARTZENBERG, Sociologie politique, Paris, Montchrestien, 1988, p.79.

CHAPITRE PRELIMINAIRE : LE CADRE THEORIQUE

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La présente étude se voulant opérationnelle, ce chapitre préliminaire a pour objet de ressortir le référentiel théorique sur lequel est basée la vérification de l'hypothèse de recherche. En d'autres termes, il s'agit d'analyser les outils conceptuels de base à partir desquels l'on pourra saisir les variables qui ont influencées la prise de décision du Cameroun.

En effet, la théorie des Relations Internationales est « un ensemble cohérent et systématique de propositions ayant pour but d'éclairer la sphère des relations sociales que nous nommons internationales»70. Toutefois, le nombre de théories des relations internationales serait extrêmement restreint, si l'on se cantonnait uniquement à cette définition de la théorie, entendue comme ensemble cohérent et systématique de propositions. Philippe BRAILLARD relève à ce propos, qu'il est d'usage de ranger sous l'expression « théories des Relations Internationales », non seulement les formulations théoriques proprement dites, mais aussi les travaux d'élaboration théorique (construction de taxinomies, élaboration et étude de modèles, formulation et mise à l'épreuve d'hypothèses) ne permettant pas encore d'aboutir à la formulation d'un ensemble cohérent de propositions, mais constituant tout de même une approche théorique71. La présente recherche se situe précisément dans le cadre des travaux d'élaboration théorique.

Par ailleurs, la majorité des travaux consacrés aux relations internationales n'a pas pour objet une compréhension globale de ces relations mais certains types précis de phénomènes ou de processus, certains aspects particuliers. Les théories ou éléments théoriques élaborés dans le cadre de ces travaux ont donc un caractère partiel et non général, étant donné la limitation de leur objet72. Aussi, les théories de la décision sont-elles dites partielles.

La présente recherche qui s'inscrit dans le champ d'étude de la Foreign policy analysis73 (FPA) aura donc pour outils conceptuels de base les modèles explicatifs élaborés par ALLISON

70 Philippe BRAILLARD, 1977, op. cit., p.17.

71 Idem.

72 Ibid., p.120.

73 La FPA est née aux Etats-Unis dans les années 1960. Elle définie la politique étrangère par ses variables indépendantes, et en cela, pour elle, le processus de prise de décision est tout aussi important que la décision. C'est une approche qui privilégie la décision politique comme variable dépendante et qui tente d'en démontrer le processus comme mode d'explication des relations entre un Etat et les acteurs internationaux. Prenant à contre-pied les spécialistes qui expliquent la politique étrangère par l'analyse des objectifs, des stratégies et des intentions des décideurs à partir des résultats, la FPA s'intéresse prioritairement aux processus internes (qu'ils soient politiques, bureaucratiques ou cognitifs) et extérieurs capables d'influencer la politique étrangère. Pour une analyse sur l'évolution de la Foreign Policy Analysis, lire SMITH, HADFIELD et DUNNE, op. cit., [En ligne]. Pour un examen des relations entre la FPA et le réalisme, Voir Stefano GUZZINI et Sten RYNNING, 2002, op. cit., pp. 33-63.

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(Section I), et les variables indépendantes mise en place par ROSENAU pour l'explication des décisions de politique étrangère74 (Section II).

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