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Adaptation cinématographique de chanson douce roman de Leila Slimani


par Imane LAAMIRI
université Chouaib Doukkali - Licence 2021
  

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4.4 Les thèmes

Chanson douce, le roman comme le film véhiculent des thèmes primordialement humains.

Les deux récits (récit écrit, récit filmique) développent quasiment les mêmes sujets, sur la maternité et l'aliénation domestique, l'infanticide ainsi que la différence sociale et culturelle

Le scénario de ce drame angoissant s'attaque à un sujet tabou dans notre société : l'infanticide. Pour écrire son roman, Leïla Slimani s'était inspirée d'une terrible histoire vraie qui s'est déroulé en 2012 aux Etats-Unis pour décrypter les rapports de classes et le rapport complexe qu'entretient une mère avec la nounou de ses enfants.

En fait, l'autrice y a vu de l'inspiration pour parler d'autre choses qu'un meurtre sanglant, elle a voulu s'intéresser à ces femmes qui s'occupent des enfants

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des autres, à la charge mentale, à la solitude, à l'humiliation sociale que peuvent vivre ces personnes occupant un poste si difficile, mais tellement invisible.

Chanson douce propose une allégorie assez lourde sur la lutte des classes modernes, et sur l'humiliation sociale que connaît une partie de la classe moyenne inferieure, incarnée par Louise. D'un côté, il y a ce couple parisien, bobo, qui se plaint que leurs deux enfants partagent la même chambre, dans leur joli quartier du onzième arrondissement. De l'autre côté, il y a Louise qui habite un studio dans une banlieue très lointaine ; aussi, les voyages quotidiens illustrent explicitement le déclassement de Louise.

Chanson Douce (le livre et le film) parle de la domesticité, celle des employés de maison et celle des femmes. C'est sur cet aspect que le scénario, co-écrit avec Jérémie Elkaïm, insiste et nous attache à ses personnages

En revanche, La notion de maternité est au centre, accompagnée par un sentiment de culpabilité toujours présent : la culpabilité d'une femme qui renonce à des moments précieux avec ses enfants pour pouvoir s'accomplir en tant que personne, qui se confronte à la culpabilité avouée à demi-mots d'une autre qui n'a pas pu ou su s'accomplir en tant que mère.

Le récit de Leïla Slimani, en effet, démonte brillamment le mécanisme d'une impitoyable aliénation sociale, morale, sentimentale et psychique qui transforme une pauvre créature sans amour en machine à tuer.

4.5 Les scènes

Pour faire un passage du roman au film ? L'adaptation est le moyen le plus courant ; en fait, une transposition d'une oeuvre à la scène ou à l'écran donne une liberté au réalisateur à des changements, tout en essayant de garder les grandes lignes du roman.

En effet, Lucie Borleteau a permis de modifier les scènes du roman ; nous remarquons qu'elle a gardé certaines scènes, tout en y appliquant des changements.

La réalisatrice et son co-scénariste, Jérémie Elkaim, préfèrent narrer d'une manière linéaire ; ils n'ont gardé ni la construction, ni les éléments du passé qui servaient à éclairer le présent, et aussi sans montrer les corps des enfants a la fin du film ; tandis que l'autrice franco-marocaine ouvrait en effet son récit inspiré d'une histoire vraie, sur l'assassinat glaçant des deux enfants par la nounou et la découverte du crime par la mère, avant de raconter en analepse tout ce qui avait conduit à cela ; l'adaptation s'ouvre sur l'histoire de ses jeunes parents, et de Myriam, mère de deux enfants, épuisée mentalement qui souhaite reprendre son travail d'avocate. Le film se déroule d'une façon chronologique, faisant monter petit à petit la tension, en prenant le parti d'un suspense qui dévoile le récit jusqu'à la scène finale.

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Le film est construit sur une succession d'entrées et de sorties du couple dans l'appartement parisien, de promenades dans le parc, ou d'embrassades plus que nuancées de la nounou vers les petits. La majeure partie de la narration donne à voir les scènes de complicité entre Louise et les deux enfants, qui alternent avec les remontrances des deux jeunes parents.

Malgré une certaine répétition des scènes de vie quotidienne, elles apportent chacune cependant un degré de tension et de folie différent et donc permet la montée en puissance pour nous préparer à la conclusion.

Nous remarquons aussi que tous les chapitres intercalés qui nous donnaient à voir des éléments de la vie de Louise par le prisme de personne l'ayant côtoyée de prés (sa fille, ses employeurs..) ont été supprimés ; ils ont occultés le passé de l'héroïne, qui est très fouillé dans le roman. Pour autant, on retrouve au détour d'une scène des références à ces chapitres supprimés, comme des échos du livre (la petite peluche ayant sans doute appartenu à Stéphanie par exemple).

En revanche, les scènes rajoutées se greffent parfaitement dans l'atmosphère du récit de Leila Slimani, par exemple celle des poulpes. Une scène fait apparaître un poulpe impressionnant qui symbolise une bouffée délirante (qui n'est pas ainsi exprimée dans le livre, où il est dit que Louise est allée dans un hôpital psychiatrique). A noter qu'il s'agit d'un vrai poulpe, avec effets spéciaux, pour qu'il envahisse l'espace.

Pour susciter une réelle empathie, l'héroïne s'offre plusieurs séquences d'anthologie (la tigresse, le lâcher-prise dans l'appartement déserté de ses patrons, le pipi au pot sous les yeux médusés des enfants) ; ce sont des scènes qui provoquent particulièrement le malaise chez les spectateurs, et qui montrent le comportement de Louise qui devient de plus en plus étrange. Le film peine à retranscrire à l'écran la crudité de certaines scènes, comme celle de la carcasse de poulet, détaillée dans le roman jusqu'à l'écoeurement

Parmi les scènes ajoutées au film, il y a celle où Louise s'allongeait, nue, de face, dans un peignoir ouvert, ce qui explique que l'héroïne est aussi inquiétante dans cette déviance maniaque que dans ses désirs de femme.

De ce qui précède, nous pouvons dire que la réalisatrice a ajouté ces détails pour montrer les attitudes maniaco-dépressives du personnage principal « Louise » qui est capable de donner un visage confiant à un monstre qui parait cacher son jeu.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille