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La problématique de l'eau dans les relations internationales: conflits ou coopérations


par Patient Germain Sewanou
UATM Gasa Formation - Master 2 2014
  

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PREMIERE PARTIE :

Le réalisme hydropolitique : de la nécessité

d'une ressource aux conflits interétatiques

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Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

Le discours de la sécurité hydrique renvoie en premier lieu à la crainte d'assister prochainement au déclenchement de guerres pour le contrôle de l'eau douce. Cette forme de discours s'inscrit dans le cadre de l'approche réaliste des relations internationales6. En effet, la pensée réaliste des relations internationales renvoie à la concurrence, à la défense et à l'accroissement des intérêts qui caractérisent les Etats en relations internationales. Ceci revient à dire que nous sommes dans un monde anarchique où les Etats sont mus par des intérêts égoïstes. Ainsi, l'impératif absolu que constitue la sécurité hydrique (capacité d'un Etat à s'assurer de la disponibilité des ressources en eaux et à en user pour le bien de sa population) pour les Etats, peut être la cause de conflits entre ces derniers. D'aucuns pensent même que la sécurité hydrique rejoindra bientôt la sécurité militaire dans les salles d'Etat-major des ministères de la Défense.

L'idée, c'est que la combinaison de la croissance démographique et économique

conduisant à une forte augmentation de la demande en eaux, à des pénuries des ressources hydriques et à la contestation des droits de propriété sur les ressources pourrait conduire à une guerre de l'eau.

En effet, par-delà son absolue nécessité, l'eau est un intrant indispensable pour l'agriculture, l'énergie et l'industrie...la vie. Or, les ressources en eaux douces sont relativement rares dans plusieurs régions surtout en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Leur distribution ne suit pas celle des foyers de population humaine et elles sont partagées entre les territoires de différents Etats. Une situation susceptible d'être aggravée dans le futur par des croissances démographiques et économiques auxquelles correspondront une hausse tant des prélèvements d'eau que de la dégradation de la ressource, cela dans le contexte incertain des changements climatiques (Chapitre I).

L'interdépendance des Etats dans un même système hydrographique (ensemble des ramifications d'un bassin versant) constitue également un enjeu dans la maîtrise et le contrôle des eaux. En effet, le bassin versant renvoie à un cours d'eau qui s'étend sur plusieurs territoires. La capacité d'un Etat à s'assurer de la disponibilité de la ressource dans un contexte de concurrence accrue, due à une forte demande à l'échelle du bassin versant, lui confère une certaine puissance. Dans ce contexte, s'assurer un accès à l'eau procure une justification pour partir en guerre, et les systèmes de fourniture d'eau peuvent devenir un objectif de conquête militaire. En fait, les pénuries d'eau peuvent, comme le pétrole, être cause de conflits internationaux. Les cas du Nil et du Jourdain nous permettrons de toucher du doigt cette nouvelle réalité (Chapitre II).

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6 Cette approche est défendue par les auteurs comme Thucydide, Hugo Grotius, Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes, Carl Von Clausewitz, Hans Morgenthau, Hedley Bull, Edward Carr

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

CHAPITRE I : L'eau : une ressource vitale et stratégique pour les Etats

«Plutôt que d'être nécessaire à la vie, l'eau est la vie elle-même», écrivait Antoine de Saint-Exupéry7. L'eau est présente à tous les niveaux de la société humaine, de l'écologie à l'industrie, en passant par l'agriculture et on ne lui connaît pas de substitut. L'eau est un facteur indispensable au développement et à la croissance d'une économie. Sans eau, il n'y a pas de production industrielle, ni agricole. La pénurie d'eau affecte la capacité d'un Etat à s'industrialiser, à subvenir aux besoins élémentaires de sa population, et peut l'obliger à procéder à des arbitrages difficiles entre ces deux secteurs d'activités, avec des conséquences majeures sur sa population, son aménagement du territoire. Disposer de cette ressource qu'on appelle `'or bleu» revient donc pour les Etats à assurer leurs sécurités en matière de développement.

Au-delà de cette importance vitale que constitue l'eau, elle revêt également une dimension stratégique. En effet, cette dimension stratégique se situe au niveau des bassins versants. Ici, la position de l'Etat, au niveau du bassin versant (soit en amont soit en aval), influe sur sa capacité à mobiliser la ressource et à gérer ses interactions avec les autres Etats riverains (Section I).

L'eau existe en quantité suffisante sur la planète terre. Ce qui lui vaut l'appellation de `'planète bleu». En fait, la terre est recouverte presque entièrement d'eau. Mais, seulement une infime partie de cette ressource est consommable (2,5%). Cette infime quantité suffit largement à répondre aux besoins de la population mondiale en eau. Paradoxalement, la configuration géographique voire climatique de la planète fait que certaines régions sont moins dotées en eau (Afrique du Nord, Moyen-Orient...) comparativement à d'autres qui en sont nantis (Europe, Amérique, Amazonie, Afrique de l'Ouest...). A cela s'ajoute l'incapacité des Etats à mobiliser la ressource. D'où la prégnance de la crise sanitaire qui secoue certaine région du monde (Section II).

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7 Antoine de Saint-Exupéry « Terre des hommes », Op Cit

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

SECTION I : La sécurité hydrique : un impératif absolu pour les Etats

L'eau revêt une importance absolue pour les Etats. Il n'existe aucun substitut pour l'eau. Une analyse succincte des besoins futurs de l'humanité en eau (Paragraphe I) puis de l'enjeu de puissance qu'elle constitue (Paragraphe II) rend bien compte de son absolu nécessité

PARAGRAPHE I : Des projections inquiétantes

A) Sur le plan humain

Au cours des 50 dernières années, la population mondiale a presque triplé et dépasse les sept milliards d'individus. Dans le même temps, la consommation d'eau a été multipliée par quatre. Ce qui suppose la diminution de la quantité d'eau disponible. La rareté de l'eau devrait continuer à s'accentuer encore et atteindre un seuil critique à l'horizon 2040. Cela sera du à une forte demande liée à une croissance démographique importante, notamment dans les pays en développement et émergents. En matière d'accès à l'eau et à l'assainissement, les conséquences sont évidentes. Entre 1990 et 2000, environ 816 millions de personnes ont eu accès à l'approvisionnement en eau et 747 millions de personnes ont eu accès à des infrastructures d'assainissement. Mais la population mondiale est dans le même temps passé de 5,28 milliards à 6,08 milliards d'individus et a atteint 7 milliards d'individus entre 2000 et 20108. D'ici 2025, plus de 3 milliards de personnes vivront dans des pays soumis au stress hydrique et 14 pays passeront d'un état de stress hydrique à un Etat de pénurie d'eau9. L'augmentation de la population a aussi des conséquences à un niveau agrégé, puisque l'augmentation de la population emporte une augmentation de la demande d'eau et de sa consommation pour tous les usages. Il ne s'agit en effet pas de raisonner uniquement en besoin d'eau potable, mais aussi et surtout en besoin d'eau pour assurer la production agricole qui permettra de nourrir les populations. La consommation domestique est un usage très marginal de l'eau. 40 % de la production agricole mondiale dépend déjà de l'agriculture irriguée.

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8 Evolution de la population mondiale sur http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp? Consulté le 10 mai 2014 9Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau », 2006, P. 136

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

Au total, la production vivrière devra croître de 70 % pour nourrir une population de 9 milliards de personnes en 2050. Cela implique de produire un milliard de tonnes de céréales supplémentaires et 200 millions de tonnes de viande supplémentaires.

Selon la FAO, pour répondre à l'accroissement et réduire la malnutrition, ce sont quelques 5 000 km3 de prélèvements en eau supplémentaires par an qui seront nécessaires en 205010. Or, les terres irrigables se raréfient. Seul l'Afrique dispose de terres nouvelles à mobiliser. Les surfaces irriguées pourraient y être multipliées par huit pour atteindre 34 millions d'hectares. Mais il faudrait pour cela disposer de volumes d'eau suffisants et en qualité suffisante.

B) Sur le plan économique

L'urbanisation des sociétés est inhérente à leur développement. La moitié de la population mondiale réside actuellement dans des villes. 16 villes sont devenues des mégalopoles avec 10 ou plus de 10 millions d'habitants (parmi lesquelles Mexico, São Paulo, Bombay, Delhi, Calcutta, Shanghai, Dhaka et Tokyo). Elles rassemblent 4% de la population mondiale. Le problème vient du fait que «l'urbanisation précède souvent l'urbanisme«. En effet, les villes dans les pays en développement ont enregistré une croissance rapide sans planification adéquate des infrastructures, si bien que des millions d'immigrants ont un accès limité à des conditions d'assainissement sécuritaires et à une eau salubre. Cela fait courir des risques à l'ensemble de la population et provoque de graves dommages à l'environnement. Ces villes deviennent de véritables « bombes sanitaires ». Il convient de rappeler que près d'un milliard de citadins vivent dans des taudis, c'est-à-dire le tiers des citadins de la planète.

Une grande partie de la population mondiale peut être qualifiée de «pauvre», et ne dispose donc pas des ressources financières pour consommer quelque produit que ce soit, pas même l'eau. Mais parallèlement à cette pauvreté, certains pays assistent à l'accroissement des revenus et de la population. Cette situation est plus remarquable dans les économies émergentes que sont le Brésil, la Russie, l'Inde, l'Indonésie, la Chine et l'Afrique du Sud (les BRIICS) et quelques pays en développement. L'évolution du mode de

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10 Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture « Principaux défis du point de vue de la sécurité alimentaire et de l'agriculture » ; Première partie ; 2010 ; page 45

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

consommation entraîne également un phénomène d'« occidentalisation». Tout aliment ayant besoin d'eau pour être produit, l'augmentation de leur consommation entraîne ipso facto une augmentation de la consommation en eau.

Le problème principal en termes de consommation d'eau est l'alimentation carnée. Alors que pour produire une tasse de café il faut 140 litres d'eau et que pour un kilo de riz il en faut 2000 à 5000, c'est plus de 11000 litres d'eau qui sont nécessaires à la production d'un seul hamburger (environ la quantité quotidienne à la disposition de 500 personnes vivant dans un bidonville urbain ne disposant pas d'un raccordement domestique au réseau d'eau)11.

L'industrialisation est à la fois la condition du développement économique et la conséquence d'une demande en augmentation de la part des classes moyennes et aisées qui émergent par suite de ce développement. Il faut également de l'eau pour produire de l'énergie, quand bien même elle est ensuite pour l'essentiel restituée au milieu. A cela s'ajoute la consommation d'énergie nécessaire pour mobiliser et produire de l'eau. Les pompes permettant l'irrigation ou l'exploitation des nappes sont fortement consommatrices d'énergie.

En tenant compte, du changement climatique qui affecte la capacité de production d'énergie hydro-électrique à travers la diminution du débit des cours d'eau, tout indique que l'augmentation du besoin en énergie excédera largement la réponse que l'eau peut pourvoir.

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