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La victimisation du personnage féminin dans Walaandé, l'art de partager un mari et Munyal, les larmes de la patience de Djaili Amadou Amal


par Germaine DANGA MOUDA
Université de Maroua - Master2 2021
  

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2.2. La dépersonnalisation de la femme

La dépersonnalisationest un état dans lequel on se sent étrange. Les gens qui souffrent voient leur vie de l'extérieur, comme un film. Son propre corps, ses sentiments, mais aussi d'autres personnes et objets semblent étranges. Les rapports sociaux entre les deux sexes restent une question majeure, et surtout brûlante, parce que les hommes, dans leur objectif de mieux dominer, veulent que les femmes se plient aux exigences des moeurs, des croyances, des us et coutumes africains. Ils veulent maintenir les femmes dans la soumission totale. Dans cette foulée, il est question de l'objectivisation de la femme dans Walandé. L'art de partager un mari et Munyal. Les larmes de la patience. Elle est à la fois objet, sujet, esclave et victime. Cette représentation de la femme suggère les souffrances et les conditions dans lesquelles beaucoup de femmes africaines vivent quotidiennement dans leur ménage et leur société. Elles sont souvent victimes de préjugés sociaux ce qui fait qu'elles n'excellent pas à l'école parce qu'elles cumulent les travaux ménagers et parce que les hommes ne valorisent pas l'éducation pour elles. Ce fut le cas de Nafissa à l'image des milliers d'Africaines. On remarque le caractère ambivalent des charges du personnage féminin dans Walandé. L'art de partager un mari. De prime abord, elle est considérée comme un objet au sein de son ménage car c'est elle qui fait toutes les tâches domestiques sans l'aide de son mari et personne ne s'inquiète de son individualité. Dans ce roman, on remarque l'objectivisation de la femme et cela se voit nettement à travers la relation d'AlhadjiOumarou et ses épouses. Les conditions dans lesquelles elles vivent suggèrent les mauvais traitements infligés à la femme. Ensuite, on constate que la société ne protège pas la femme parce qu'elle est considérée comme un objet et c'est la raison pour laquelle elle est ostracisée par l'homme. En outre, la société interdisait tout ce qui peut promouvoir la liberté de la femme. Certaines attitudes d'AlhadjiOumarou suggèrent que toutes ses femmes sont à la disposition de ce dernier.

Le second roman de DjaïliMunyal. Les larmes de la patienceabonde dans le même sens car, selon elle, la femme est considérée comme un accessoire qui orne, un objet qu'on déplace. Au-delà de ce message, l'auteure critique le comportement injuste des hommes qui veulent toujours que les femmes soient dépendantes et soumises. Par ailleurs, on voit que la femme dans la société traditionnelle symbolise un objet qui est au service de l'homme mais aussi qui doit se soumettre à la volonté de son époux. Diverses raisons expliquent ce stéréotype, entres autres la mentalité, le niveau culturel et social n'étaient pas favorables aux femmes. Cette dernière est perçue comme objet de désir sexuel. Une femme objet peut être considérée comme une femme qui ne fait rien, attend tout de son mari. C'est le cas de toutes les femmes du corpus. Elle est soumise à ce dernier, elle n'a même pas le droit de choisir. Il lui impose. La relation n'est pas basée sur la complicité et l'échange car l'homme se croit supérieur à la femme et par-delà le manque de communication suggère l'objectivisation de la femme, un facteur particulier dans les romans à cause des coutumes et religions qui cherchent à entraver l'expression féminine.

Le rôle de la femme se résume au foyer et de s'occuper de l'ensemble des tâches ménagères. Donc c'est la femme qui prend en charge les travaux domestiques de la maison. Son rôle est exclusivement limité. Par contre, officiellement c'est l'homme, représenté dans le roman par AlhadjiOumarou, l'oncle Hayatou et bien d'autres) qui rapportent de l'argent pour couvrir les besoins de sa famille alors que la femme s'occupe du ménage, de la cuisine, mais aussi des enfants. La femme doit toujours respecter les décisions de son mari. Pour conclure, l'objectivisation de la femme est un moyen pour la société patriarcale, les coutumes et la tradition de maintenir la femme sous le joug de la dépendance.

Les personnages féminins sont à l'image d'une société en crise où l'individualisme et la solitude qu'elle génère déséquilibre l'homme. C'est pourquoi les êtres de papiers en souffrance dans les pièces apparaissent introvertis. Plus réflexifs qu'actifs, en effet, ceux-ci sont quasiment figés dans une sorte de remémoration aiguë perdant ainsi leur caractère de sujets agissants. Finalement, la dépersonnalisation de la femme réside ici plus dans l'accablement du personnage par les souffrances qu'elle vit au quotidien, que dans un affrontement inter personnages. Aïssatou dansWalaandé. L'art de partager un mari est immobiliséepar les situations, les multiples trahisons de son époux. « Hadja Aïssatou Aussi ne dormais pas. Comment pourrait-elle dormir alors que Djaïli faisait les cent pas. Mais pourquoi n'arrivait-elle pas à dormir ? Il fallait vraiment être bête pour croire en l'amour d'un homme polygame. » (WAPM : 52). La situation est identique. Flottant dans mes pagnes, je ne cesse de déambuler en proie à l'anxiété. Insomniaque, je passe désormais mes nuits, allongée dans le noir, à remuer toutes sortes de pensées morbides, et c'est seulement au petit matin que je trouve un peu de répit, au moment de la prière de l'aube. Je vis non plus comme au début en suivant le rythme immuable de la grande concession, mais plutôt en fonction des humeurs changeantes de Moubarak, de celles non moins versatiles de ma belle-mère et de l'ensemble de la gent féminine de la concession. (MLP : 105)

Les deux extraits ci-dessus traduisent la force avec laquelle les faits s'imposent à ces femmes. Elles sont désormais astreintes à ne mener aucune action. Elles sont assujetties par la souffrance, qui les maintient dans la même situation. C'est dans l'inactivité du personnage que se joue la violence. Nous avons à faire à des textes faits à partir des lamentations des femmes noyées dans leurs angoisses et de leur malaise.

En fait, les personnages femmes, à force de subir les assauts répétés des hommes, on l'air absente du texte. On est en présence des êtres sans voix dans la mesure où c'est une confusion narrative au sein de laquelle l'émetteur du discours est effacé, noyé dans le flux de parole. Les récits sont dénués de toute action physique. Il y a inexistence de sujets agissants. Ce sont plutôt des voix en procès qui racontent la vie carcérale des détenues. Les personnages de Hindou et les épouses de l'oncle Hayatou sont des figures illusoires qui ne vivent qu'à travers une construction romanesque.

Le caractère du personnage classique disparaît, provoquant ainsi un vide identitaire qui, aux dires de Jean-Pierre Ryngaert, pourrait s'expliquer par « la désertion des héros traditionnels de la sphère dramatique pour ne laisser place qu'à des intervenants simples, anodins, anonymes ». Cette mise en crise du personnage dans le roman de Djaïli établit la suprématie du langage sur l'action. C'est dans l'espace discursif que le personnage, en effet, essaie de se reconstruire par des bribes d'informations pas toujours explicites. La destruction du sujet parlant rime dans les textes avec un balbutiement du système dialogique.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon