1.1.2. Les types d'inflation.
L'inflation peut être classifiée en plusieurs
types, chacun ayant des causes et des conséquences spécifiques.
Voici les principaux types :
? L'inflation monétaire
La théorie quantitative de la monnaie établit
une causalité entre les variations de la quantité de monnaie en
circulation et celles du niveau général des prix en se basant sur
l'équation de Fisher : M×V=P×T (avec M = stock de monnaie en
circulation, P = niveau général des prix, V = vitesse de
circulation de la monnaie et T = volume des transactions). Selon les
monétaristes, en considérant le plein emploi des facteurs de
production, toute variation de la quantité de monnaie implique une
variation des prix, la vitesse de circulation de la monnaie et le volume de
transaction restant constants. L'inflation dans une économie est donc le
résultat d'une émission de monnaie trop importante qui
dépasse la valeur des biens produits (volume de production) au cours
d'une période donnée. En d'autres termes, l'inflation
monétaire résulte d'une inadéquation entre la
quantité de monnaie et le volume de biens et services dans
l'économie.
? L'inflation par la demande
Dans La Théorie générale de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie (1936), John Maynard Keynes affirme que
les prix, qu'ils soient globaux ou spécifiques à un bien,
obéissent à une même logique : ils sont régis par la
loi de l'offre et de la demande. Autrement dit, le niveau général
des prix dans une économie résulte, tout comme les prix
individuels, de
18 | P a g e
l'interaction entre la quantité de biens disponibles
(offre) et la quantité de biens souhaités par les consommateurs
(demande).
L'inflation dite « par la demande » se produit
lorsqu'il y a un déséquilibre : la demande globale de biens et
services dépasse les capacités de production de
l'économie, c'est-à-dire qu'il y a davantage de consommateurs
désireux d'acheter que de produits disponibles sur le marché.
Selon le fonctionnement du marché, le « prix
d'équilibre » d'un bien est atteint lorsque la quantité
offerte égale la quantité demandée. Ce raisonnement,
d'abord applicable à un marché isolé (niveau
microéconomique), peut être élargi à l'ensemble des
marchés, à l'échelle de l'économie dans son
ensemble (niveau macroéconomique). C'est ainsi que l'on peut
interpréter l'inflation par la demande comme une hausse
généralisée des prix due à une pression excessive
de la demande globale par rapport à l'offre agrégée.
Graphique N°1 : L'inflation par la
demande16.

La courbe OG (Offre Globale) représente la
quantité totale de biens et services que les entreprises d'un pays sont
prêtes à produire et à proposer sur le marché. Cette
offre globale augmente avec le niveau général des prix : plus les
prix sont élevés, plus les entreprises sont encouragées
à produire, car cela rend la production plus rentable.
16 MASHALA M.,
Notes de cours de microéconomie, L1LMD, UKA,
2025.
19 | P a g e
De l'autre côté, la courbe DG (Demande Globale)
reflète la quantité totale de biens et services que les
différents agents économiques souhaitent acheter. Elle regroupe
:
? la consommation des ménages,
? les investissements des entreprises,
? les dépenses publiques (DP),
? et les exportations vers le reste du monde.
Contrairement à l'offre, la demande globale diminue
lorsque les prix augmentent. Pourquoi, Parce que des prix plus
élevés réduisent le pouvoir d'achat des consommateurs et
freinent les décisions d'investissement ou d'achat.
L'intersection entre ces deux courbes, au point E, traduit
l'équilibre global : c'est là que la quantité offerte est
exactement égale à la quantité demandée. Le prix
correspondant est appelé prix d'équilibre, noté P.
Maintenant, imaginons une situation où la demande
globale augmente. par exemple, à cause d'une hausse des dépenses
publiques ou d'une plus grande consommation. Graphiquement, cela se traduit par
un déplacement de la courbe DG vers la droite, passant de DG à
DG1.
Deux scénarios peuvent alors se produire selon la
capacité de réaction de l'offre :
1. Si l'offre est parfaitement élastique : cela
signifie que les entreprises peuvent augmenter immédiatement leur
production pour répondre à la demande croissante. Elles disposent
de ressources inutilisées, comme de la main-d'oeuvre disponible ou des
machines sous-exploitées. Dans ce cas, la quantité produite
augmente sans tension sur les prix : l'économie s'adapte sans
inflation.
2. Si l'offre est inélastique : les entreprises
atteignent leurs limites de production. Elles manquent par exemple de
main-d'oeuvre ou de capacités techniques pour produire davantage. Dans
ce contexte, l'offre ne peut pas suivre le rythme de la demande.
Résultat
20 | P a g e
? L'excès de demande provoque une hausse
généralisée des prix, autrement dit une inflation par la
demande.
? Inflation des coûts
Cette forme d'inflation est causée par une augmentation
des coûts de production, notamment les salaires, les matières
premières et l'énergie. Lorsqu'une entreprise fait face à
des coûts plus élevés, elle répercutera ces
augmentations de prix sur les consommateurs, générant ainsi une
inflation. Quand le prix des intrants agricoles (la houe, la bêche, les
semences, ou les engrais) augmente, les producteurs transmettent souvent ces
coûts aux consommateurs sous forme de prix plus élevés.
Cela peut avoir des conséquences directes sur la rentabilité des
exploitations agricoles à Kananga et sur la disponibilité des
produits à des prix accessibles17.
? Inflation importée
Elle résulte de l'augmentation des prix des biens
importés, souvent à cause de fluctuations des taux de change ou
de l'augmentation des prix sur les marchés internationaux. Cela affecte
directement le coût de la vie, surtout pour les pays dépendants
des importations c.-à-d. elle est causée par des augmentations
des prix des biens et services provenant de l'extérieur, l'inflation
importée a également un impact significatif sur les prix des
produits agricoles locaux, notamment lorsque les coûts des
matières premières internationales augmentent18.
? Inflation structurelle
Cette inflation apparaît en raison de
déséquilibres structurels dans une économie, tels que des
secteurs en difficulté ou des erreurs de politique économique.
Elle est souvent plus difficile à contrôler et nécessite
des ajustements structurels profonds. Ce type d'inflation résulte de
l'évolution des structures économiques. Par exemple, des abus
de
17 IDEM
18 MANKIW, N.G. (2021). Principles of
Economics. Cengage Learning.
21 | P a g e
monopole dans la distribution peuvent faire grimper les prix,
ou des changements dans les politiques agricoles peuvent influencer les
coûts de production19.
? L'inflation budgétaire
Désigne la hausse générale des prix qui
survient lorsqu'un État finance ses déficits par la
création excessive de monnaie (la fameuse "blanche à billet") ou
par un recours trop important à l'emprunt. En générant de
la monnaie sans augmenter la production, le pouvoir d'achat se voit
dilué, poussant les prix à la hausse.
Par ailleurs, un endettement excessif peut éroder la
confiance des investisseurs et entraîner des taux d'intérêt
en augmentation, exacerbant ainsi le déséquilibre
budgétaire. À ces mécanismes s'ajoutent d'autres facteurs,
tels qu'une politique fiscale inadéquate ou des chocs économiques
externes, qui peuvent alimenter un cercle vicieux d'instabilité
économique. Une gestion rigoureuse et équilibrée des
finances publiques est donc essentielle pour préserver la
stabilité et garantir le bien-être collectif.
Note: Les changements de comportement peuvent
créer un cercle vicieux, où la réduction de la
consommation entraîne une diminution de la demande pour les produits
agricoles, conduisant éventuellement à des pertes pour les
agriculteurs. Une compréhension approfondie de ces dynamiques est
essentielle pour élaborer des politiques qui soutiennent non seulement
les producteurs, mais également les consommateurs.
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