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Le Knowledge Management: fondements et gestion de projet

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par Karim Hamadache
Institut Supérieur de Gestion et de Planification - Master management 2006
  

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Chapitre II : Les notions de base

Introduction

L'objet de ce présent chapitre est de traiter des notions de base du KM. Nous essayerons d'expliciter les principales notions connexes au KM pour une meilleure compréhension des enjeux des démarches de gestion des connaissances.

Nous aborderons l'objet du KM qui s'avérera être difficile à circonscrire. De cette première analyse émergera le premier concept important qu'est «la connaissance». Ensuite les différentes notions relatives à la pratique du KM seront abordées.

Il convient de signaler que le KM est un champ de recherche foisonnant et éclaté entre des disciplines qui n'ont a priori rien en commun. Vouloir tout exposer est utopique, sans parler de l'inutilité d'un travail qui s'attellerait à énumérer des concepts

et des pratiques sans prendre en compte une finalité pratique bien déterminée. C'est pour cela que nous nous limiterons aux notions les plus opératoires et les plus aptes à éclairer la pratique managériale quotidienne.

Nous exposerons dans un premier temps les éléments relatifs à la connaissance en nous limitant aux définitions de la connaissance (I.1). Dans un deuxième temps nous aborderons les notions relatives au KM en commençant par une approche de définition

(II.1), puis par les enjeux du KM (II.2), ensuite nous aborderons deux dimensions importantes qui sont la dimension cognitive (II.3) et la dimension sociale à travers une approche des communautés professionnelles (II.4).

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Pour illustrer l'ambiguïté que pose le concept du Knowledge Management (KM) pour les acteurs de l'entreprise, Prax J-Y. écrivait :

«Lorsqu'on explique ce qu'est le Knowledge Management dans les conférences ou séminaires, on entend parfois une réaction violente : «mais, nous, cela fait depuis toujours qu'on en fait, on ne l'appelait simplement pas comme cela !»»1

Prusak L. répondait à ces septiques (selon son terme) dont il jugeait la position comme n'étant pas non naturelle, ainsi :

«Je voudrais leur dire que le KM, comme tout système de pensée qui a de la valeur, est en même temps ancien et nouveau et sa combinaison de nouvelles idées avec des idées que «tous

le monde connaît depuis toujours» doit rassurer les praticiens plus que ça ne doit les déstabiliser»2 .

Pour y voir plus clair, on ne peut faire l'économie d'un examen approfondi des notions mises

en jeu dans l'approche KM. C'est l'objet de ce présent chapitre.

I. La connaissance

1. Les définitions de la connaissance

Quel est l'objet de la gestion des connaissances ? On serait tenté de répondre que c'est les connaissances, évidemment. Cela n'est pas si évident. L'analyse de la littérature fait ressortir une multitude d'objets se rattachant aux concepts de Knowledge Management : connaissance, connaissances, savoir, compétences, informations, capital intellectuel...etc.

Nous pensons pour notre part qu'il s'agit d'une confusion inhérente aux premières tentatives de structurer un champ de recherche éclaté. La constitution d'un vocabulaire commun a permis d'atténuer les divergences au profit d'une acception des connaissances comme objet du KM. En contrepartie, le débat s'est déplacé vers la définition des connaissances.

Nous essayerons dans ce qui suit d'examiner cette notion et les notions connexes pour y voir plus clair dans ce débat.

1.1. Typologie des définitions de la connaissance

Plusieurs typologies des définitions des connaissances ont été proposées. Alavi M. et Leidner D E. relèvent dans la littérature six perspectives pour la définition des connaissances3 :

1 Prax J-Y., Le manuel du Knowledge Management, Dunod, Paris, 2003, p.21.

2 Prusak L., Where did Knowledge Management come from?, IBM Systems Journal, vol. 40, n°4, 2001, p.1002, http://www.research.ibm.com/journal/sj/404/tocpdf.html

3 Alavi M. et Leidner D.E., Knowledge Management and Knowledge Management Systems : conceptual foundations and research issues, MIS Quarterly, vol.25, n°1, p.107-136, Mars 2001, cité par Dudezert A., La

valeur des connaissances en entreprise : recherche sur la conception de méthodes opératoires d'évaluation des connaissances en organisation, Thèse de doctorat en science de gestion, Ecole Centrale, Paris, 2003, pp.160-

161, dirigée par Bocquet J C.

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La vue hiérarchique : les connaissances comme éléments situés par rapport aux données et aux informations. La connaissance est alors positionnée dans une optique hiérarchique allant de la donnée (fait brut), à la connaissance (information à forte valeur ajoutée et interprétée) en passant par l'information (donnée traitée) ;

La connaissance vue comme un état d'esprit : La connaissance est définie comme un état d'esprit qui permet de comprendre et de connaître ;

La connaissance vue comme un objet : la connaissance peut être manipulée et stockée ;

La connaissance vue comme un processus d'application d'une expertise acquise ;

La connaissance vue comme une condition d'accès à l'information : elle est ce qui permet de comprendre et d'accéder à l'information ;

La connaissance vue comme la capacité d'un individu à influencer l'action.

Il est clair que chaque perspective de définition implique une méthodologie différente pour aborder la question de la gestion des connaissances. La première implication se retrouve dans la division des connaissances en catégories distinctes.

1.2. Les différentes catégories de connaissances

Les distinctions majeures généralement admises sont de deux ordres4 :

Il existe des connaissances explicites et des connaissances tacites. Les connaissances explicites renvoient à ce que nous pouvons énoncer et communiquer, tandis que les connaissances tacites sont ce que nous connaissons sans avoir conscience de le connaître5 . Grundstein M. reprend la même distinction avec un vocabulaire différent, pour lui «les connaissances de l'entreprise se présentent en deux grandes catégories

(...) : les connaissances explicites et formalisées qui constituent ce que l'on peut appeler «les savoirs de l'entreprise» et les connaissances tacites explicitables ou non qui constituent ce que l'on peut appeler «les savoir-faire de l'entreprise»». (Voir figure 3 : les deux catégories des connaissances de l'entreprise) ;

4 Simoni G., Capitaliser les connaissances générées dans les projets R&D, document de travail, LEST-CNRS, UMR 6123, p.7, disponible sur Internet.

5 Polanyi M., The Tacit Dimension, Doubleday, Garden City, NY, 1966, cité par Simoni G., ibid., p.7.

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Figure 3: Les deux catégories de connaissances de l'entreprise

Connaissances

de l'entreprise

Savoir de l'entreprise

Eléments tangibles

Savoir-faire de l'entreprise

Eléments intangibles

Connaissances explicites,

formalisées, spécialisées

Connaissances tacites,

explicitables ou non, adaptatives

Données, procédures, modèles,

algorithmes, plans...

Connaissance des contextes

décisionnels, talents, habileté...

Hétérogènes, incomplètes ou

redondantes, fortement marquées par les circonstances de leur création, n'expriment pas le non-dit de ceux qui les ont formalisé

Acquises par la pratique,

souvent transmises par apprentissage collectif implicite ou selon une logique maître- apprenti

Réparties Localisées

Représentatives de l'expérience et de la culture de l'entreprise. Emmagasinées dans les archives,

les armoires, les systèmes informatisés et les têtes des personnes. Encapsulées dans les procédés, les produits et les services. Caractérisent les capacités d'études, de réalisation, de vente, de support

des produits et des services. Constituent et produisent la valeur ajoutée de ses processus

organisationnels et de production.

Source : Grundstein M., GAMETH : un cadre directeur pour repérer les connaissances cruciales de

l'entreprise, MG Conseil, rapport de recherche réf : RR090202.doc, 2002, p.5, disponible sur internet.

Il existe des connaissances déclaratives et des connaissances procédurales. Les connaissances déclaratives «donnent des informations sur les objets (réels ou hypothétiques) du monde» ; les connaissances procédurales «donnent des indications

sur les procédures et les conditions d'utilisation de ces procédures»6 . (Voir figure 4 : Les caractéristiques distinctives des connaissances déclaratives et procédurales)

6 Weil-Barais A., L'homme cognitif, Puf, Paris, 1994, cité par Simoni G., ibid., p.7.

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Figure 4 : Les caractéristiques distinctives des connaissances déclaratives et

procédurales

Connaissances déclaratives

Connaissances procédurales

Savoir "quoi"

Savoir "comment"

Indépendantes des actions susceptibles de les mettre en jeu

Inscrites dans l'action

Décontextualisées et statiques

Dépendantes de leur contexte et constituant un savoir plus opérationnel

exemple : les connaissances scientifiques

exemple : savoir conduire

Source : Simoni G., Capitaliser les connaissances générées dans les projets R&D, document de travail, LEST-

CNRS, UMR 6123, p.7, disponible sur Internet.

Dans la littérature, la distinction le plus fréquemment utilisée est celle entre connaissances tacites et connaissances explicites. Nonaka I. et Takeuchi H. assimilent les deux distinctions (tacite/explicite, procédural/déclaratif), comme rendant compte d'une même réalité7 . Nous retiendrons donc cette distinction comme cadre d'analyse dans le présent travail.

1.3. Les modes de conversion des connaissances : la spirale du savoir

Pour Simoni G., la théorie de Nonaka I. et Takeuchi H. est enracinée dans les deux éléments suivants8 :

«La pierre angulaire de notre épistémologie se trouve dans la distinction entre connaissances tacites et connaissances explicites» ;

«La connaissance est créée par l'interaction entre connaissance tacite et explicite». Un autre élément nous semble aussi d'une importance capital :

«L'activité primordiale d'une entreprise créatrice de savoir est de rendre le savoir individuel accessible aux autres»9 .

De ces trois considérations découlent quatre schémas de base pour la création du savoir

en entreprise10 :

1. La socialisation (de tacite à tacite) est définie comme «un processus de partage d'expériences créant de ce fait des connaissances tacites telles que les modèles mentaux partagés et les aptitudes techniques» ;

7 Nonaka I., Takeuchi H., La connaissance créatrice. La dynamique de l'entreprise apprenante, De Boeck

Université, 1997, cité par Simoni G., ibid., p.8.

8 Nonaka I., Takeuchi H., opus cité, in Simoni G., ibid., p.8.

9 Nonaka I., L'entreprise créatrice de savoir, Harvard Business Review : Le Knowledge Management, Ed. d'Organisation, Paris, 1999, p.41, première publication Novembre-Décembre 1991.

10 Nonaka I., Takeuchi H., opus cité, in Simoni G., ibid., pp.8-9.

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2. L'extériorisation (de tacite à explicite) est définie comme «un processus d'articulation des connaissances tacites en concepts explicites. C'est un processus qui est la quintessence de la création de connaissances parce que la connaissance tacite devient explicite sous la forme de métaphores, analogies, concepts, hypothèses ou modèles» ;

3. La combinaison (d'explicite à explicite) est définie comme «un processus de systématisation de concepts en un système de connaissances» ;

4. L'intériorisation (d'explicite à tacite) est définie comme «un processus d'incorporation de la connaissance explicite en connaissance tacite».

Malgré son aspect théorique, susceptible de provoquer les réticences des manager, ce cadre nous semble extrêmement fécond sur deux plans :

Il montre les multiples interactions possibles et replace la communication de connaissances explicites, qui occupe une place de choix dans le fonctionnement des entreprises, dans un cadre plus général où elle est plutôt marginale. Pour Nonaka I.,

«La grande force de la démarche japonaise c'est d'avoir compris que la création des nouveaux savoirs n'est pas juste une question de «traitement de l'information» objective. Elle dépend également de la capacité à capter les points de vue, les intuitions et les pressentiments tacites et éminemment subjectifs des salariés pris individuellement et à les mettre à la disposition de l'ensemble de l'entreprise pour qu'elle les teste et les utilise. Au coeur du processus, se trouvent l'engagement personnel et le sens de l'identité de l'entreprise et de sa mission chez les salariés»11 .

Il permet de faire une typologie des outils et technologies pour le KM. Ce cadre est particulièrement pertinent puise qu'il met en évidence la façon dont chaque outil ou technologie permet de créer et de partager les connaissances.12

1.4. La notion de compétence13

Une première observation conduit à différencier la notion de compétence de la notion de savoir-faire. En effet, parler des savoirs et des savoir-faire utilisés et produits par l'entreprise

ne préjuge pas de la façon dont ces connaissances sont mises en oeuvre au quotidien, dans des situations opérationnelles soumises à des contraintes techniques, économiques et psychosociologiques. De ce point de vue, on peut évoquer la notion de compétence comme la capacité des personnes à mettre en oeuvre les savoirs et les savoir-faire constitutifs des connaissances de l'entreprise dans des conditions de travail et des contraintes données : le poste de travail, un rôle déterminé, une mission spécifique. Ainsi la compétence se réalise dans l'action : c'est un processus qui, au-delà des savoirs et des savoir-faire, fait appel aux comportements des personnes, à leur savoir être, à leurs attitudes éthiques.

La deuxième observation porte sur les connaissances individuelles. Si l'on considère les

«savoir-faire de l'entreprise», on peut penser qu'ils reposent strictement sur des connaissances

11 Nonaka I., ibid., p.39.

12 Voir sur ce point: Marwick A D., Knowledge management technology, IBM Systems Journal, vol. 40, n°4,

2001, pp.814-830.

13 D'après Grundstein M., GAMETH : un cadre directeur pour repérer les connaissances cruciales de l'entreprise, MG Conseil, rapport de recherche réf : RR090202.doc, 2002, p.5, disponible sur Internet

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individuelles. Néanmoins, certaines connaissances individuelles ont une dimension collective qui se traduit par des compétences et des logiques d'action spécifiques de l'entreprise.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo