WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse critique de la bancassurance au cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Francis Valery Beukam
Institut des relations relations internationales du cameroun - DESS 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GENERALE

Intérêt et actualité du sujet

La distinction entre une banque et une société d'assurance relève du passé1(*). L'assurance fait aujourd'hui partie intégrale du paysage financier. Depuis les années 1970, les banques et les sociétés d'assurance se sont associées pour créer la bancassurance.

En France par exemple, les banques sont devenues les premiers réseaux de distribution des produits d'assurance vie, au détriment des agents généraux et des courtiers. En effet, les banques occupent plus de 63% du marché de la distribution des assurances vie en France depuis 19932(*). Par rapport à ces acteurs traditionnels de distribution, les établissements bancaires bénéficient d'une implantation géographique plus importante. La distribution d'un produit nouveau par un réseau bancaire se fera à coût fixe, pratiquement constant, et à coût marginal très faible. Par ailleurs, la gestion des produits d'assurance vie est très similaire à la gestion des produits d'épargne bancaire classique.

La bancassurance semble être justifiée parce que les deux métiers possèdent des éléments communs parmi lesquels on peut citer : les relations de proximité avec la clientèle, les similitudes dans la nature de la clientèle, la technicité des produits, et la maîtrise des techniques économiques et financières. En effet, la bancassurance peut être considérée comme un moyen pour améliorer les performances de l'assurance vie dans les pays membres de la CIMA. Il est important de relever que le développement de l'assurance procure des ressources durables au financement de l'économie. En ce sens que les compagnies d'assurance investissent notamment dans les valeurs mobilières , les dépôts à terme, et les actifs immobiliers.

On est en droit de se demander si la distribution des contrats d'assurance par des guichets bancaires contribue à l'amélioration du produit net bancaire3(*) d'une part, et à la promotion de l'assurance au Cameroun d'autre part.

Définition des concepts et questions de recherche

Généralement, la bancassurance est perçue comme un néologisme d'origine française apparu dans les années 1980, et qui désigne les différents modes de rapprochement entre les établissements bancaires et les sociétés d'assurance.

D'après le dictionnaire LAROUSSE (2004), la bancassurance se définit comme la pratique des opérations d'assurance par les banques.

M. CHARRE-SERVEAU ET J. LANDEL (1992) définissent la bancassurance comme l'ensemble des démarches visant à rapprocher les activités des banquiers et des assureurs, dans différents domaines :

§ en matière financière, par la création de holdings, par des prises de contrôle ou de participations croisées ou non, entre groupes bancaires et d'assurance, afin d'accroître leurs fonds propres et leurs capacités d'intervention sur les marchés financiers et dans l'économie.

§ dans le domaine du marketing et de la distribution, les banquiers vendant des produits d'assurance à leurs guichets de banque et réciproquement, les assureurs commercialisant des produits bancaires et des cartes de crédit, dans le cadre d'une offre de services financiers visant à intégrer l'ensemble des besoins patrimoniaux d'un client. Ainsi par exemple, les assureurs proposent à leurs clients de régler leur budget d'assurance à crédit, ce qui «bancarise» les primes d'assurance : la prime réglée comptant à l'assureur par l'organisme bancaire et réclamée mensuellement par ce dernier à l'assuré.

A partir des définitions ci-dessus, notre étude consistera à répondre à deux interrogations essentielles :

1. Quelles sont les raisons qui ont poussé certaines banques du Cameroun à commercialiser les produits d'assurance vie?

2. Pour quels motifs la population camerounaise ne souscrit-t-elle pas suffisamment les produits d'assurance ?

Nous allons répondre à ces interrogations tout au long de notre développement.

Revue de la littérature

La bancassurance a fait l'objet d'une littérature abondante. Des auteurs tels E. Bogoina et E. James, (1991) démontrent que la bancassurance automobile continue de progresser. Ils constatent que la bancassurance dommage s'accapare un marché de plus en plus significatif. Mais la motivation des banques à se lancer dans le développement de la bancassurance automobile est celle de la rentabilité des guichets, car la commercialisation des contrats d'assurance par un même réseau permet à la banque d'amortir les charges d'infrastructures élevées. Cependant, leurs travaux ne font pas allusion à l'assurance vie.

De même, J.P., Daniel (1992) explique les raisons du succès de la commercialisation des contrats d'assurance vie dans un réseau bancaire. Il affirme que plus de la moitié des contrats d'assurance vie sont vendus par les banques en France et pose la question de savoir si c'est la dernière étape avant la fin. Car, pour lui, les banquiers savent vendre les produits financiers et sont désormais installés comme des acteurs à part entière dans la distribution des produits d'assurance à domination financière. Il se demande si après leur succès sur la commercialisation des assurances vie, les banques ne devraient pas explorer les produits d'assurance automobile, et estime que la domination des banques sur le marché des assurances va faire réagir les assureurs qui pourront se mettre à vendre certains produits bancaires et on pourra arriver à la déspécialisation des intermédiaires financiers. Cet auteur ne s'intéresse qu'au système financier français et n'aborde pas les autres marchés.

P. Carsuald et S. Priami (1995) présentent la bancassurance comme l'une des pôles filiales des banques. Ils estiment que l'activité de la bancassurance se divise en deux grands métiers : l'assurance vie (assurance et placement) et l'I.A.R.D. (Incendie, Accidents et Risques Divers). La commercialisation de l'assurance vie par les banques est assez ancienne, alors que celle de l'assurance I.A.R.D est relativement récente. Ces auteurs ne s'intéressent qu'aux filiales d'assurances créées par les banques , puisqu'ils se réfèrent aux assurances FRUCTIVIE et PACIFICIA, qui sont des filiales d'assurance des banques françaises Crédit Mutuel et Crédit Agricole respectivement. Les accords de distribution entre sociétés d'assurance et banque ne sont pas abordés dans leurs travaux.

Dans le magazine « Economic research » du 03 mars 1994, la bancassurance est présentée comme un concept prometteur, sans être nouveau. Il ressort de l'analyse qu'en Suisse, depuis le XIXe siècle, les banques et les assurances se sont rapprochées, en fondant ensemble des entreprises ou en s'accordant réciproquement des soutiens financiers. Il n'est pas toujours facile de discerner à quel secteur, celui de la banque ou celui de l'assurance, attribuer exactement le rapprochement de services offerts par chacune des institutions. Le crédit Swiss Group est devenu par exemple un géant financier qui offre aussi bien des produits de banque et d'assurance séparément que des services intégrant les activités de banques et celle d'assurance dans une même entreprise.

M. PEBERREAU (1989) reconnaît que les banques sont des entreprises. Elles doivent à l'écoute des clients et des marchés, car la rentabilité est, plus que dans tout autre secteur économique, la condition de développement. La bancassurance répond ainsi à un besoin de satisfaction de la clientèle et à la recherche de la rentabilité.

André LECOMTE(1994), Président du groupe Cial4(*) estime que « les produits d'assurance épargne sont des produits bancaires et il faut bien faire partager cette conviction à son réseau ». De même, M. BANDOC(1990) estime que dans le contexte concurrentiel de l'Europe sans frontière, les dirigeants de la banque et de l'assurance doivent adopter une stratégie agressive, pour faire face à la concurrence communautaire.

Selon M. BENEDICTE (1996) les produits d'assurance sont très sollicités par les ménages français. La stratégie de bancassurance conduit les établissements de crédit à inclure ces produits dans leurs offres de service. Pour ces produits spécifiques, une stratégie marketing adaptée paraît nécessaire.

Problématique

Les établissements de crédit doivent rester à l'écoute de leurs clients et des marchés aujourd'hui. Ceci du fait que la rentabilité est plus que dans tout autre secteur économique, la condition de leur développement. Le traditionnel métier d'intermédiation financière est attaqué de deux bouts. Le développement de la finance de marché fera perdre probablement aux banques de gros clients parmi les grandes entreprises. Car, les entreprises trouveront probablement des ressources peu coûteuses par l'émission des valeurs mobilières (actions et obligations) sur le marché financier. Pour faire face à cette pression concurrentielle, les banques vont recourir au développement des commissions et essayer de réduire les frais généraux. La bancassurance apparaît comme un début de solution.

Il nous paraît judicieux de traiter de la bancassurance à travers les raisons qui ont incité les banques à commercialiser les contrats d'assurance. Il est important de comprendre dans quel contexte et selon quelles logiques les banques ont été amenées à franchir la frontière traditionnelle séparant les activités de banques et d'assurance.

Notre recherche s'articule autour de deux questions auxquelles nous nous efforcerons de répondre : Pourquoi la bancassurance au Cameroun ? Quels sont les obstacles à son émergence .?

Méthodologie de l'étude

Le premier exercice de lecture auquel nous nous sommes consacré nous a révélé l'existence d'une littérature scientifique abondante sur la question. Les travaux sur la bancassurance sont animés par les chercheurs occidentaux. Cependant, les chercheurs issus des pays en voie de développement commencent à s'y intéresser.

La première source d'information a consisté en l'exploitation des sources documentaires disponibles sur la bancassurance. Ensuite, nous avons eu des entretiens avec des responsables des différentes banques commerciales exerçant au Cameroun. Enfin, nous avons réalisé une enquête auprès des différents acteurs de la bancassurance (administrations, banques, Association des Sociétés d'Assurance du Cameroun).

Afin d'établir un premier entretien avec des personnes chargées de la bancassurance, nous avons soumis un questionnaire aux responsables du département bancassurance des banques, dans le but de nous rendre compte de la place accordée aux produits d'assurance dans l'offre de service. Par la suite, nous avons pris rendez-vous avec le chef de division des assurances au ministère des finances. Il nous a semblé nécessaire de connaître la politique gouvernementale en matière de bancassurance. Enfin, nous avons adressé une correspondance à l'Association des Sociétés d'Assurance du Cameroun pour obtenir plus d'informations des professionnels du secteur.

Pour ce qui est de nos interviews (voir annexes), l'objectif était d'obtenir des informations non confidentielles, permettant d'approfondir les points essentiels de notre analyse.

Par ailleurs, nous nous sommes intéressés aux contraintes liées à l'évolution de la bancassurance et avons souhaité dégager la part des contrats d'assurance commercialisés par les banques au cameroun.

Notre démarche a consisté en une exploitation documentaire des données brutes issues des questionnaires administrés respectivement aux dirigeants des banques, aux responsables du Ministère de l'Economie et des Finances et au menbre de L'ASAC. L'analyse vise à apporter des éléments de réponse à notre question centrale de recherche, et à nos questionnements annexes.

Objectif de l'étude

L'objectif de cette étude est de mettre en évidence l'importance de la bancassurance, mais aussi de voir comment elle se met en place et s'articule concrètement à plusieurs niveaux.

Ce travail est d'une importance indéniable pour les banques, les sociétés d'assurance et l'Etat.

En effet, Les banques ont dans la bancassurance, un moyen de fidéliser, de diversifier leur porte-feuille et d'améliorer leur produit net bancaire

Pour les entreprises d'assurance, ce travail met en exergue l'intérêt de négocier des partenariats avec les banques pour la distribution de leur contrat d'assurance, car la banque doit être désormais considérée comme un courtier privilégié.

Pour les Etats, ils ont tout intérêt à encourager la promotion de l'assurance. En effet, on peut citer entre autres le fait que, les compagnies d'assurance sont des investisseurs institutionnels. Par ailleurs, les sociétés d'assurance aident l'Etat dans la couverture des besoins sociaux du citoyen assuré en cas de sinistre, ce qui participe directement ou indirectement à la lutte contre la pauvreté.

Notre travail s'articulera autour de deux grandes parties. La première partie abordera l'approche théorique de la bancassurance et la seconde explorera cette la pratique de cette discipline au Cameroun.

* 1Cette affirmation est de Rainer Gut, Président du Crédit Suisse.

* 2 Rapport PREDICA 1994

* 3 Le produit net bancaire est constitué essentiellement de la marge sur intérêt et des commissions

* 4 rapport PREDICA,1994

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon