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Le vocabulaire des discours d'investiture au Québec et en France (1995-2006)

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par Jean-Marie GIRIER
Institut de la communication - Université Lyon 2 - Master 1 en Sciences de l'Infomation et de la Communication 2006
  

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Le rythme du discours

Le rythme du discours revêt également une grande importance, et la ponctuation permet de nous éclairer à cet endroit. Les signes de ponctuation sont des formes graphiques, donc le logiciel de statistique textuelle les comptabilise comme n'importe quel mot. Cela nous permet de disposer des fréquences et d'effectuer ensuite quelques calculs supplémentaires104(*).

On peut constater que les locuteurs ayant le vocabulaire le plus riche sont ceux dont les phrases sont les plus longues du fait d'une argumentation complexe. Ainsi Bernard Landry, qui présente le plus fort taux de hapax (18%) et une diversité de 460 formes pour 1 000 mots, est le Premier ministre dont les phrases sont les plus longues avec plus de 28 mots. Souvent qualifié de littéraire, cet excellent orateur a présenté une vision générale dans un discours très court. Il s'est inscrit dans les discours de son prédécesseur, qui présentent sensiblement les mêmes caractéristiques, en imposant un style de maîtrise des clés de l'État.

Les résultats apparaissent assez homogènes, même si les discours québécois se détachent parfois du fait de leur longueur. Bien évidemment, c'est particulièrement dans ces mesures qu'il est envisageable de faire ressortir les caractéristiques personnelles, mais tout cela reste bien relatif. Ainsi, la moyenne du nombre de mots se situe aux alentours de 20, alors que si nous la comparons à des corpus de grands orateurs, nous pouvons voir que François Mitterrand utilisait 33 mots par phrase105(*), et l'ancien journaliste René Lévesque 36 mots106(*) ! Les discours d'aujourd'hui sont plus pragmatiques et beaucoup moins enflammés qu'autrefois, en témoigne le faible nombre de virgules par phrase : 0,87 pour Charest, 1,13 pour Juppé, 1,6 pour Bouchard. Cet indicateur permet de distinguer le recours à des phrases plus ou moins complexes. Tandis que René Lévesque utilisait autrefois plus de deux virgules par phrase dans de longs raisonnements intellectuels, la tendance se profile actuellement à la simplification du propos, grâce à une épuration du vocabulaire complexe, l'offre de raccourcis heuristiques à travers des mots clés, etc... Face à une médiatisation croissante, les discours doivent plus que jamais se rendre intelligibles. Avec des phrases courtes, des incises peu nombreuses, le Premier ministre est assuré que l'auditoire ne perdra pas le sens. Dans cette optique, Denis Monière avance que la longueur idéale pour une bonne compréhension est d'environ 24 mots par phrase : tous les discours des Premiers ministres se situent d'ailleurs dans cette moyenne.

Pour le reste, les autres formes de ponctuation nous apprennent relativement peu de choses. Nous pourrons simplement noter que toutes exclamations ou interrogations sont bannies, ce qui marque la différence avec des discours davantage polémiques. Par ailleurs, les tirets sont peu employés, signe de l'abandon du style cumulatif, toujours dans l'optique de se purger de tout obstacle à la compréhension. Enfin, notons que la citation n'est plus de mise, les Premier ministres évitent désormais le recours à d'autres pour attester la valeur de leurs propos.

* 104 Cf. annexes, tableau n° 11, page 12.

* 105 Dominique Labbé, Le vocabulaire de François Mitterrand, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1990, et Jean-Marie Cotteret, et al., Giscard d'Estaing/ Mitterand, 54774 mots pour convaincre, Paris, Presses Universitaires de France, 1976.

* 106 Dominique Labbé, Denis Monière, « Essai de stylistique quantitative. Duplessis, Bourassa et Lévesque », Saint-Malo, Actes des 6ème journées internationales d'analyse statistique des données textuelles, 2002, 9 pages.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius